Mal, Le
Auteur: PAULSEN, DAVID L.

[Le concept du mal chez les saints est également expliqué dans l'article Démons. L'article suivant traite d’une vue de la raison d’être du mal et présente une réaction mormone aux traitements traditionnels du problème du mal.]
Dans le discours ordinaire, le terme «mal» a une définition très large et, avec le terme «mauvais», est utilisé le plus souvent pour désigner des intentions, des choix, et des actions moralement inacceptables de personnes agissantes (mal moral), des actions de nature non humaine telles que la maladie, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques et les tornades (mal naturel) et la douleur et la souffrance humaines et animales (mal psychologique) que le mal moral et le mal naturel peuvent causer. Dans un discours philosophique plus technique, il s’applique également aux limites et aux défauts inhérents aux humains (mal métaphysique).
Le terme est utilisé avec des significations supplémentaires dans les Écritures et le discours des saints. Dans l'Ancien Testament, il est la traduction de l’hébreu ra’ et de termes apparentés, dont les applications couvrent tout un éventail de sens depuis (1) ce qui a mauvais goût ou est laid, déplaisant ou triste, en passant par (2) la méchanceté morale et la détresse, le malheur et les tragédies qui en découlent, jusqu’à (3) la désobéissance délibérée à Dieu et à ses intentions pour les êtres humains. Les deux derniers sens du terme prédominent dans le Nouveau Testament et dans les Écritures modernes. Étant donné la grande diversité de ses significations, le sens précis du mal doit être recherché dans son contexte.
L'Écriture moderne jette un éclairage supplémentaire sur les indices bibliques au sujet des desseins de Dieu pour ses enfants et aide, de ce fait, à rendre clair un sens fondamental du mal. Dieu a révélé à Moïse: «Voici mon œuvre et ma gloire: réaliser l'immortalité [la résurrection avec la durée éternelle du corps] et la vie éternelle [qualité ou mode d’existence divin] de l'homme» (Moï. 1:39). Ainsi, tout ce qui est en contradiction avec la réalisation de ces buts, y est contraire ou y est opposé, serait mauvais.
Il ne semble y avoir aucune base dans les Écritures modernes pour les idées privatives ou relativistes du mal préconisées par certains philosophes. Au Ve siècle, St-Augustin, embarrassé par l'existence du mal dans un monde qui avait été créé par Dieu, en tirait la conclusion que le mal ne devait pas être une substance ou une réalité concrète en soi, mais seulement l'absence de bien (privatio boni). Or, dans les Ancien et Nouveau Testaments, le mal est dépeint comme une réalité menaçante, une conception que partage l’Écriture moderne. Il n’y a aucune indication non plus dans les Écritures que le bien et le mal soient simplement une affaire de préférence personnelle. Rejetant ce genre de relativisme, les Proverbes déclarent: «Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue, c’est la voie de la mort» (Prov. 14:12) et Ésaïe avertit: «Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume !» (És. 5:20). Le relativisme est également rejeté dans les Écritures modernes (2 Né. 28:8).
Les non-croyants comme les croyants demandent souvent pourquoi Dieu permet que le mal, quel qu’il soit, existe. La question devient particulièrement aiguë dans une conception augustinienne des choses qui affirme que Dieu est le créateur ex nihilo ou créateur absolu de tout ce qui existe à part lui-même. Sur cette base, il s'avère que Dieu est la source ou cause finale de tout le mal ou, du moins, est sciemment complice par instigation et, par conséquent, intégralement responsable de tout le mal qui se produit.
Les saints des derniers jours rejettent la prémisse gênante de la création ex nihilo (à partir du néant), affirmant, au contraire, qu'il y a des réalités qui sont coéternelles avec Dieu. Ces réalités coéternelles sont les intelligences (parfois perçues comme étant les entités pensantes originelles), la matière chaotique (ou masse-énergie) et les lois et les principes (peut-être mieux considérés comme étant les propriétés et les relations de la matière et des intelligences). Étant donné cette pluralité d’entités incréées, il ne s’ensuit pas, dans la conception que les saints ont des choses, que Dieu soit la source finale du mal. L’origine du mal peut être imputée soit aux choix d'autres agents autonomes (tels que Lucifer, le diable) qui sont également coéternels avec Dieu, soit, peut-être, même à des propriétés récalcitrantes de la matière chaotique incréée.
Bien qu’il soit clair, sur la base de la révélation moderne, que Dieu n’est ni la source ni la cause du mal moral ou naturel, la question se pose toujours de savoir pourquoi il ne l'empêche pas ou ne l'élimine pas. Le philosophe antique Épicure pose le problème sous forme de dilemme: Ou bien Dieu n’est pas disposé à empêcher le mal qui se produit ou bien il ne peut pas l'empêcher. S'il ne le peut pas, il n'est pas omnipotent; s'il n’y est pas disposé, alors il n'est pas parfaitement bon. L’énoncé du dilemme par Épicure est basé sur deux hypothèses: (1) un être parfaitement bon empêche tout le mal qu'il peut; et (2) un être omnipotent peut faire n'importe quoi et, par conséquent, peut empêcher le mal.
Du point de vue des saints, la première hypothèse est fausse. Un Être parfaitement bon souhaiterait certainement maximiser le bien, mais si, de par la nature des choses, permettre l’expérience du mal était une condition nécessaire pour parvenir au bien le plus grand, un Être parfaitement bon le permettrait. Par exemple, il semble évident que l'existence de l'opposition et de la tentation est une condition nécessaire à l'expression d’une liberté moralement significative et à l’élaboration de personnalités véritablement justes (voir 2 Né. 2:11-16; Moï. 6:55).
Les saints des derniers jours rejettent aussi la deuxième hypothèse. Puisqu'il y a des réalités qui sont coéternelles avec Dieu, son omnipotence doit être comprise non comme étant le pouvoir de susciter n'importe quel état de choses de manière absolue, mais plutôt comme étant le pouvoir de susciter n'importe quel état de choses compatible avec la nature des réalités coéternelles. Cette vision des choses permet une conception instrumentaliste du mal. Une fois les hypothèses de base d'Épicure ainsi modifiées par la révélation moderne, il semble possible de construire un concept mormon cohérent de la nature, de l'utilisation et de l'existence du mal (voir Théodicée). [Voir aussi Grande et abominable Église; Péché; Guerre dans les cieux.]
DAVID L. PAULSEN

Manuscrits de la mer Morte

[Cette rubrique comprend deux parties:
Manuscrits de la mer Morte: Aperçu
Manuscrits de la mer Morte: Vus par les saints.

Manuscrits de la mer Morte: Aperçu
Auteur: CROSS, FRANK MOORE

Le gros des rouleaux de la mer Morte, environ 600 manuscrits, date de v. 250 av. J.-C. à 68 av. J.-C. Les autres ouvrages du Rift du sud de la Jordanie, principalement du Nahal Hever et du Nahal Seelim, datent de 131 à 135 av. J.-C. Massada a donné des documents du premier siècle av. J.-C. à 73 apr. J.-C.
Les manuscrits contiennent des extraits de toutes les Écritures hébraïques (excepté Esther; voir Ancien Testament), et plus d'une variante d’un grand nombre d’entre elles. Par exemple, les trois manuscrits de Samuel trouvés à Qumran sont des textes beaucoup plus complets que ceux de la Bible massorétique (le texte traditionnel). On a aussi trouvé des fragments de livres apocryphes et pseudépigraphiques, ainsi que des manuscrits d’ouvrages religieux précédemment inconnus, notamment un rouleau du temple, un manuel de discipline et un rouleau d'actions de grâces.
Les rouleaux ont nécessité une réévaluation des connaissances dans trois catégories: (1) le développement des Écritures hébraïques avant la formation du canon; (2) la datation et l'influence dominante de la pensée apocalyptique et (3) le milieu religieux du Nouveau Testament.
1. La bibliothèque «biblique» de Qumran représente une étape fluide du texte biblique. Ces documents ne montrent aucune influence de la révision rabbinique du canon, l'ancêtre direct de la bible hébraïque traditionnelle. Les rouleaux permettent de situer le texte et le canon pharisaïques à l’époque de Hillel, en gros, le temps de Jésus. Dans leur choix de livres canoniques, les rabbins ont exclu ceux attribués aux prophètes ou aux patriarches d’avant Moïse (par exemple, la littérature sur Hénoc, les ouvrages écrits au nom d'Abraham et d'autres patriarches). Ils ont suivi la succession des prophètes de Moïse aux personnalités de la période perse. Les oeuvres tardives ont été exclues, excepté Daniel, que les rabbins ont vraisemblablement attribué à la période perse.
2. La littérature de Qumran comprend des apocalypses et des œuvres teintées d’apocalyptique. Les auteurs voyaient l'histoire du monde aux prises avec une guerre finale entre l'esprit de vérité et l'esprit du mal; ce conflit est à la fois cosmique et terrestre. Ils se considéraient comme les héritiers légitimes d'Israël et contractèrent une nouvelle alliance, comme Fils de Lumière, d’affronter les Fils des Ténèbres. Ils avaient une lecture stricte de la loi, vivaient dans le renoncement quotidien, pratiquaient des ablutions et avaient des repas cérémoniels. Leur Manuel de Discipline reflète leur espoir de voir la venue immédiate du royaume céleste. Un «Maître de justice» était apparemment le chef sacerdotal de la communauté terrestre de Dieu; les forces du bien étaient également menées par une puissance cosmique ou Saint-Esprit appelé le «Prince de Lumière». Les auteurs considéraient leur époque comme celle de la fin. Le Messie était sur le point d'apparaître, «apportant l'épée». L'effondrement des autres structures sociales était imminent avant la nouvelle ère. Les habitants de Qumran, probablement des Esséniens, s’attendaient à ce que le Messie davidique ou royal apparaisse pour battre les puissances terrestres et cosmiques de la méchanceté. Les commentaires sur les textes bibliques, trouvés dans la même région, traitent des prophéties traditionnelles dans ce contexte eschatologique. Leur église était une église d'anticipation.
Le Rouleau du Temple montre que ces prêtres juifs étaient des séparatistes qui prétendaient que le culte du temple était périmé. Ils avaient remplacé le calendrier lunaire par un calendrier solaire pour les fêtes et avaient introduit des fêtes d'huile et de vin mentionnées nulle part dans le Pentateuque. Se considérant comme des guerriers dans la dernière guerre sainte, combattant aux côtés de saints anges, ils interdisaient toute impureté (ce qui, à leurs yeux comprenait les boiteux, les aveugles et les malades) dans le temple espéré et dans la ville du temple. Au moins pour la durée de la guerre, ils étaient célibataires.
Il faut maintenant se rendre compte que l’apocalypticisme doit dorénavant être considéré comme un élément majeur de la matrice complexe qui a constitué la base du développement du judaïsme tannaïque et du christianisme primitif. Guershom Scholem a choqué les savants de cette génération en démontrant l'existence et l'importance du mysticisme apocalyptique à l’époque de Rabbi Akiba. Il est maintenant nécessaire de faire remonter la pensée apocalyptique plus tôt que les savants ne le pensaient jusqu’alors, peut-être dès le quatrième siècle av. J.-C. et qu’elle a duré la moitié d’un millénaire.
3. Le Nouveau Testament reflète ces tendances théologiques apocalyptiques que les savants ont jusqu'ici traitées à la légère. Par exemple, il s'avère maintenant que la pensée et les enseignements de Jean-Baptiste et de Jésus de Nazareth sont plus apocalyptiques que prophétiques dans leur caractère essentiel. Le cadre dualiste, apocalyptique et eschatologique marque Jean comme étant le plus juif des quatre Évangiles. Dans l'Évangile de Jean, l'esprit de vérité est appelé Paraclet ou Avocat. Il est le Saint-Esprit, mais, comme à Qumran, il n'est pas tout à fait identique à l’esprit de Dieu, ce qui explique pourquoi il ne parle pas de sa propre autorité (Jn. 16:13). L'accent mis sur la lumière et les ténèbres, l’unité, la communauté et l’amour est réitéré et étendu. Le thème du savoir religieux dans un sens eschatologique est comparable aux déclarations que l’on trouve dans les épîtres de Paul et l'Évangile de Matthieu. L'évangile de Luc cite presque mot à mot une apocalypse pré-chrétienne de Daniel, trouvée dans la grotte 4, qui parle d’un roi eschatologique, que nous pensons être le Messie royal d’après les titres «Fils de Dieu» et «Fils du Très-Haut». Dans la parabole du festin dans Luc 14:15-24, Jésus condamne ceux qui cherchent des places d’honneur dans son royaume, peut-être en réponse polémique à la pratique des Esséniens d’exclure tout le monde de leur banquet sauf l'élite du désert qui partageait ses marchandises et était des «hommes de renom».
Pour les Esséniens, l’Âge Nouveau était encore à venir. Pour les premiers chrétiens, Jésus avait été ressuscité pour être le Messie qui apportait l’Âge Nouveau. Les deux communautés vivaient dans l’attente du plein avènement de la rédemption ou de la consommation du royaume de Dieu. Les Esséniens constituaient une communauté d’apocalyptiques sacerdotaux. Le mouvement chrétien primitif était constitué en grande partie d’apocalyptiques laïques, un peu comme le parti des pharisiens. Les uns et les autres sondaient les prophètes pour trouver chez eux des allusions aux événements de leur temps, qu'ils considéraient comme étant les «derniers temps» et les uns et les autres parlaient une langue imprégnée de la terminologie de l'apocalyptique juive.
FRANK MOORE CROSS, JR.

Manuscrits de la mer Morte: Vus par les saints
Auteur: CLOWARD, ROBERT A.

Comme beaucoup de Juifs et comme d'autres chrétiens, les saints des derniers jours ont été profondément intéressés par l'annonce que des manuscrits antiques, datant de l’époque du Nouveau Testament, avaient été découverts en 1947 en Palestine. L'ardeur initiale a donné lieu à quelques traitements superficiels, à du sensationnalisme et à des malentendus. Mais dans les décennies qui ont suivi les premières découvertes, les saints des derniers jours qui ont suivi les analyses plus soigneuses en sont venus à apprécier plusieurs apports des manuscrits de la mer Morte, notamment des aperçus de la diversité littéraire et religieuse du judaïsme du temps de Jésus, de nouveaux éléments relatifs à l'histoire et à la conservation du texte biblique, des avancées dans la science de la datation des documents hébraïques et araméens sur la base des changements dans l’écriture et les ajouts précieux à la collection des textes et des genres littéraires juifs.
Certains aspects des rouleaux ont particulièrement intéressé les saints des derniers jours. Par exemple, les Esséniens de Qumran acceptaient les notions de révélation continue et de canon ouvert comme le font les saints des derniers jours, contrairement à l'enseignement courant de la plupart des chrétiens et Juifs. Les commentaires de Qumran sur les livres de Habacuc, de Nahum et d'autres prophètes de l'Ancien Testament contiennent de nouvelles interprétations prophétiques esséniennes des événements mondiaux des derniers jours, et le Rouleau du Temple de Qumran se dit être une révélation directe donnée à Moïse. De même, les saints des derniers jours croient que la Bible ne contient pas toute la parole de Dieu, mais qu'il a révélé sa volonté aux prophètes dans le Livre de Mormon et à Joseph Smith et qu’il continue à révéler de nouvelles vérités aux prophètes modernes.
Les saints des derniers jours font remarquer que la Bible n’exige pas l’exclusivité. Maintenant la bibliothèque de Qumran a montré que certains des Juifs les plus pieux et les plus pratiquants des environs de la période du Christ consultaient non seulement des textes extra-bibliques mais aussi une variété de textes différents des livres bibliques. Pour les Esséniens, le caractère sacré de l'Écriture n'imposait pas un texte fixe ou standard. Par exemple, leur bibliothèque contient plusieurs versions du livre d'Ésaïe, avec des différences mineures dans les mots. Ils utilisaient les versions longue et courte de Jérémie. Ils avaient des collections variables des Psaumes. Cette ouverture d'esprit à l’égard des paroles et des éditions des Écritures est semblable à celle des saints (voir, par exemple, les divers récits de la création chez les saints). Les manuscrits de la mer Morte montrent que les concepts théologiques successifs (1) d'un texte faisant autorité, (2) d'un texte fixe, et finalement (3) d’un texte infaillible ont commencé avec le judaïsme pharisaïque ou rabbinique.
Certains ont fait grand cas des comparaisons entre les pratiques des Esséniens et celles de l'église du Nouveau Testament, ou entre ces deux-là et des éléments du mormonisme. Par exemple, les rituels de purification des Esséniens sont, par certains côtés, semblables aux baptêmes du Nouveau Testament et les repas rituels des Esséniens peuvent être interprétés comme sacramentels. Certains voient l'idée chrétienne de la conversion dans la doctrine des Esséniens qu'une personne est élue dans la communauté par un choix et une initiation délibérés plutôt que par la naissance et la circoncision des nourrissons. Certains relient le conseil communautaire des Esséniens, avec ses douze hommes et ses trois prêtres, à l'appel, par Jésus, de douze apôtres et à la préférence accordée parmi eux à Pierre, Jacques et Jean ou à l'organisation des saints des derniers jours avec douze apôtres et une Première Présidence composée de trois membres. Le rôle des évêques du Nouveau Testament ou des évêques mormons modernes semble correspondre à beaucoup de fonctions du maskil qumranique ou «tuteur».
Pour les saints des derniers jours, l'apparition de tels parallèles n'a rien d’étonnant. Les alliances de l’Ancien et du Nouveau Testament ont plus de ressemblances que de différences (voir Dispensations de l'Évangile). Elles procèdent du même Dieu. Cependant, les similitudes sont contrebalancées par des différences radicales entre les pratiques esséniennes et les enseignements de Jésus-Christ, de Paul ou de l'Église dans les temps modernes. Notamment, les Esséniens enseignaient à leurs adhérents à haïr leurs ennemis. Leur secte était stricte et exclusive. Leurs idées de pureté rituelle revenaient à interdire aux femmes l’accès au temple et à Jérusalem, ville du temple. Ces points de doctrine esséniens vont à l’encontre des enseignements chrétiens et mormons postérieurs. Il convient donc d’expliquer les ressemblances entre l’essénisme et les concepts chrétiens ou mormons comme une dispersion d’idées parmi des groupes qui ont en commun des connexions antiques plutôt que comme la preuve de rapports plus intrinsèques.
Les manuscrits de la mer Morte ont encore beaucoup à nous apprendre. Beaucoup de fragments et certains rouleaux ne sont toujours pas publiés ou ne sont pas encore entièrement compris. Beaucoup de lumière peut encore être versée sur les formes du culte des Juifs antiques, sur la littérature apocalyptique, sur l'angélologie et sur le sectarisme au-delà de ce qui nous est accessible dans les récits bibliques.

Bibliographie
On trouvera une déclaration générale plus ample dans S. Kent Brown, "The Dead Sea Scrolls: A Mormon Perspective", BYU Studies 23, hiver 1983, pp. 49-66. Hugh Nibley fait un traitement dans les grandes lignes dans An Approach to the Book of Mormon, Since Cumorah, et The Prophetic Book of Mormon, dans CWHN, vols. 6-8. On trouvera une liste des éditions des rouleaux dans Robert A. Cloward, The Old Testament Apocrypha and Pseudepigrapha et The Dead Sea Scrolls: A Selected Bibliography of Text Editions and English Translations, Provo, Utah, 1988.
ROBERT A. CLOWARD

Mariage

[Cette rubrique se compose de deux articles: Le premier, Mariage: Considérations sociales et comportementales, est un aperçu du concept des types de mariage dans la société des saints. Le deuxième article, Mariage: Mariage éternel, porte sur les croyances propres aux saints concernant le mariage pratiqué par les membres de l’Église dans leurs temples. L’un des objectifs religieux les plus élevés pour les saints des derniers jours, hommes et femmes, est de se marier pour l’éternité dans un temple mormon et de s’efforcer continuellement de fortifier les liens de l’amour et de la justice dans le mariage. Le mariage civil est reconnu comme légal et salutaire, mais il ne continue pas après la mort.]

Mariage: Considérations sociales et comportementales
Auteur: HOLMAN, THOMAS B.

Le mariage est plus qu’une question de conventions sociales ou de réalisation d’un besoin individuel dans la société et le mode de vie des saints des derniers jours; il est essentiel à l’exaltation de chaque personne: «Si un homme épouse une femme par ma parole qui est ma loi, et par la nouvelle alliance éternelle, et que leur union est scellée par le Saint-Esprit de promesse, par celui qui est oint, à qui j’ai donné ce pouvoir et les clefs de cette prêtrise, et… [s’] ils demeurent dans mon alliance… [ce mariage] sera pleinement valide lorsqu’ils seront hors du monde… Alors ils seront dieux, parce qu’ils n’ont pas de fin; c’est pourquoi, ils seront de toute éternité à toute éternité» (D&A 132:19-20). Les saints des derniers jours considèrent donc qu’il est de la plus haute importance «1. d’épouser la bonne personne, au bon endroit, par la bonne autorité et 2. de respecter l’alliance faite en rapport avec cet ordre saint et parfait du mariage» (MD, p. 118).
Au centre de la théologie de l’Église, il y a la croyance que les hommes et les femmes ont existé comme progéniture d’esprit de parents célestes dans une vie prémortelle. Les saints des derniers jours considèrent la vie sur terre comme un temps pour se préparer à rencontrer Dieu (Al. 12:24) et pour s’efforcer de devenir comme lui (Mt. 5:48; 3 Né. 12:48). Pour devenir comme Dieu, il est essentiel de contracter «le mariage céleste» pour «le temps et toute l’éternité», car en fin de compte tous les êtres exaltés seront entrés dans cet ordre patriarcal, le plus élevé de la prêtrise. Les saints des derniers jours croient que le lien matrimonial et familial peut continuer dans la vie post-terrestre et est en fait nécessaire à la vie éternelle, qui est la vie dans le royaume céleste avec Dieu le Père, la Mère céleste, Jésus-Christ et les autres êtres glorifiés.
Étant donné ces points de doctrine, le mariage, chez les saints, est distinct et différent à plusieurs égards du mariage dans d’autres confessions et le mariage chez les saints des derniers jours fidèles diffère de celui des membres de l’Église moins engagés. Les recherches sur le mariage chez les saints révèlent des distinctions dans quatre domaines: l’attitude et le comportement vis-à-vis du sexe, la formation au mariage, le divorce et le rôle des sexes dans le mariage.
ATTITUDE ET COMPORTEMENT VIS-À-VIS DU SEXE. À cause de l’importance du lien conjugal et des relations familiales dans cette vie et la vie à venir, les relations sexuelles prénuptiales ou extra-conjugales sont considérées comme totalement inacceptables. Le pouvoir de procréation est essentiel pour le Plan du Salut tout entier. Il est tenu pour sacré, pour n’être utilisé que «comme le Seigneur l’a commandé»; comme tel il est considéré comme «la clef même» du bonheur (Packer, «Why Stay Morally Clean», Ensign, juillet 1972, p. 113). Les études faites au cours des années 70 et des années 1980 ont uniformément prouvé que les saints des derniers jours ont une attitude plus restrictive vis-à-vis des relations sexuelles avant le mariage et il y moins de risques qu’ils aient eu des rapports sexuels avant le mariage que les membres d’autres confessions religieuses. Les saints des derniers jours pratiquants ont également une attitude plus conservatrice à l’égard des rapports sexuels avant le mariage et sont moins susceptibles de s’y être livrés que ceux qui sont moins pratiquants dans l’Église (voir Sexualité).
Un échantillonnage récent des ménages aux États-Unis a montré que les mormons approuvaient sensiblement moins l’idée que les adolescents aient des relations sexuelles ou pratiquent la cohabitation avant le mariage que les non-mormons (Heaton etc., 1989). Une autre étude portant sur plus de 2.000 adolescents dans les lycées publics de l’Ouest des États-Unis, a prouvé que 17% des saints des derniers jours avaient eu des rapports sexuels avant le mariage, par comparaison avec les 48% des catholiques, 51% des gens sans affiliation religieuse et 67% des protestants (Heaton, 1988). La différence continue quand on prend en considération l’activité dans l’Église et que l’on compare les saints des derniers jours pratiquants avec les non-pratiquants. L’attitude et le comportement des mormons non pratiquants ressemblent davantage à ceux des autres cultes (pratiquants ou non) qu’aux saints des derniers jours pratiquants (Heaton, 1988).
L’attitude des saints des derniers jours concernant le sexe dans le mariage et la fréquence des rapports sexuels dans le mariage sont semblables à celles des autres cultes. Bien qu’il n’existe pas de données concernant la fréquence de la sexualité extra-conjugale, les saints des derniers jours en général approuvent moins les relations extra-conjugales que les autres populations américaines (Heaton etc., 1989).
FORMATION AU MARIAGE. Les membres de l’Église aux États-Unis et au Canada sont plus susceptibles de se marier et de se remarier que les catholiques, les protestants conservateurs, les protestants libéraux ou ceux qui n’ont pas d’affiliation religieuse (Heaton et Goodman, 1985). Une étude des Canadiens indique que les catholiques canadiens sont trois fois, les protestants deux fois et les gens sans affiliation religieuse quatre fois plus susceptibles que les saints des derniers jours de ne pas s’être mariés avant l’âge de trente ans (Heaton, 1988). Les données nationales les plus récentes aux États-Unis montrent que les saints des derniers jours sont plus susceptibles d’être mariés actuellement et moins susceptibles de ne jamais s’être mariés que les autres Américains dans la même situation (Heaton etc., 1989). En outre, les mêmes données montrent que les hommes chez les saints se marient environ un an et demi plus tôt que les non-mormons, mais les femmes se marient à peu près au même âge que les autres femmes.
Bien que les résultats ne soient pas concluants, il semble bien que les mormons moins pratiquants (ceux qui ne se marient pas dans un temple) se marient à un plus jeune âge que ceux qui se marient dans un temple (Thomas, 1983). Cette différence s’explique en partie par le nombre de saints des derniers jours pratiquants qui font une mission au cours de leur jeunesse. La plupart des jeunes saints des derniers jours célibataires qui vont en mission le font entre dix-neuf et vingt et un ans.
Étant donné la nécessité d’épouser un autre saint des derniers jours dans un temple pour réaliser le plus grand bonheur dans cette vie et l’exaltation dans le plus haut niveau du Royaume céleste dans l’au-delà, on pourrait s’attendre à ce que les mormons en général et les saints des derniers jours pratiquants en particulier aient un pourcentage inférieur de mariages interconfessionnels à celui des membres d’autres confessions ou des personnes qui n’ont aucune affiliation. Le peu de recherches qui ont été faites sur les mariages interconfessionnels des saints tend à être basé sur de petits échantillons localisés. Il apparaît toutefois qu’en général (1) les mormones ont plus de chances de se marier en dehors de l’Église que les mormons; (2) les mormons pratiquants risquent moins d’épouser des non-mormons que les mormons non pratiquants et (3) les conjoints non mormons (particulièrement les maris non mormons) ont plus de chances de se convertir à l’Église que les mormons de se convertir à la religion du conjoint non mormon (Barlow, 1977).
DIVORCE. Sur la base de recherches faites dans les années 1970 et le début des années 1980, on a conclu que les saints des derniers jours risquent moins de divorcer que les catholiques et les protestants et bien moins que ceux qui n’ont pas d’affiliation religieuse. D’une étude comparant les mormons des États-Unis et du Canada avec les protestants, les catholiques et ceux qui n’ont aucune affiliation religieuse, il découle que 14% des mormons et 19% des mormones avaient divorcé. Les chiffrer comparables parmi les autres groupes étaient de 20% et de 23% pour les catholiques masculins et féminins 24% et 31% pour les protestants libéraux, hommes et femmes, 28% et 31% pour les protestants conservateurs et 39% et 45% respectivement pour les personnes sans affiliation religieuse (Heaton et Goodman, 1985).
Les saints des derniers jours mariés dans une cérémonie au temple risquent beaucoup moins de divorcer que ceux qui sont mariés en dehors du temple (Thomas, 1983). Parmi les hommes et les femmes qui étaient mariés dans le temple, 6% des hommes et 7% des femmes ont divorcé, alors que parmi les hommes et les femmes non mariés dans le temple les chiffres étaient de 28% et de 33% respectivement (Heaton, 1988).
RÔLES DES SEXES. «Dieu a décrété que le père doit présider au foyer. Il doit assurer la subsistance, aimer, enseigner et diriger. Mais le rôle de la mère est également ordonné par Dieu. La mère doit concevoir, enfanter, nourrir, aimer et former. C’est ce que déclarent les révélations» (Benson, p. 2). Cette déclaration, faite par Ezra Taft Benson, président de l’Église, est un exemple de l’enseignement des saints que les hommes et les femmes ont des rôles différents, mais étroitement liés et se soutenant mutuellement, des rôles dans le cadre matrimonial et familial. Les recherches confirment cette distinction. Les mormons, hommes et femmes, ont tendance à être plus conservateurs et plus traditionnels dans leur attitude et leur comportement que les membres des autres cultes (Brinkerhoff et Mackie, 1988 Heaton, 1988 Heaton et autres, 1989). Les saints masculins passent une quantité de temps à peu près identique à accomplir des tâches ménagères que les non-mormons de sexe masculin, mais les mormones consacrent sensiblement plus de temps à ce genre de tâches que des non-mormones. Les mormones passent plus de temps non seulement à accomplir des tâches traditionnellement féminines, mais également à des tâches traditionnellement masculines (par exemple, des tâches à l’extérieur, le paiement des factures et l’entretien du véhicule) que les non-mormones. Ni les mormons ni les mormones ne considèrent ces différences d’attitude et de comportement comme négatives. Ils ont autant de chances d’être satisfaits de leur mariage et de leur rôle dans le mariage que leurs homologues non mormons (Heaton et autres, 1989).

Bibliographie
Bahr, Howard M., et Renata Tonks Forste. "Toward a Social Science of Contemporary Mormondom." BYU Studies 26 (1986), pp. 73-121.
Barlow, Brent A. "Notes on Mormon Interfaith Marriages." Family Coordinator 26 (1977), pp. 143-150.
Benson, Ezra Taft. To the Mothers in Zion. Salt Lake City, 1987.
Brinkerhoff, Merlin B., et Marlene MacKie. "Religious Sources of Gender Traditionalism." Dans The Religion and Family Connection, dir. de publ. D. Thomas. Provo, Utah, 1988.
Heaton, Tim B. "Four C's of the Mormon Family: Chastity, Conjugality, Children, and Chauvinism." Dans The Religion and Family Connection, dir. de publ. D. Thomas. Provo, Utah, 1988.
Heaton, Tim B., et Kristin L. Goodman. "Religion and Family Formation." Review of Religious Research 26 (1985), pp. 343-359.
Heaton, Tim B., Darwin L. Thomas et Kristin L. Goodman. "In Search of a Peculiar People: Are Mormon Families Really Different?" Society for the Scientific Study of Religion, oct. 1989.
Thomas, Darwin L. "Family in the Mormon Experience." Dans Families and Religion, dir. de publ. W. D'Antonio et J. Aldous. Beverly Hills, Calif., 1983.
THOMAS B. HOLMAN

Mariage: Mariage éternel
Auteur: DUKE, JAMES T.

Le principe du mariage éternel et les ordonnances qui le mettant en application constituent un élément très distinctif et précieux de l’Église. Il comporte une cérémonie accomplie dans un saint temple par un officiant doté de l’autorité sacerdotale de faire contracter des alliances qui doivent être efficaces pendant le temps et l’éternité. C’est une cérémonie sacrée et simple unissant le mari et la femme dans les liens de l’amour éternel et dans l’espérance de l’éternité. Le président Joseph Fielding Smith a enseigné que ce genre de mariage implique «un principe éternel ordonné dès avant la fondation du monde et institué sur cette terre avant que la mort n’y soit introduite» (Smith, p. 251), parce que Adam et Ève ont été donnés l’un à l’autre en mariage par Dieu dans le jardin d’Éden avant la Chute (Ge. 2:22-25 Moï. 3:22-25). Cet acte sacré du mariage a été l’acte suprême de toute la création: «Lorsque Dieu créa l’homme, il le fit à la ressemblance de Dieu. Il créa l’homme et la femme, il les bénit» (Ge. 5:1-2). Avec sa bénédiction, ils pouvaient vraiment donner l’exemple à leurs descendants qui dorénavant pouvaient, deux par deux, un homme et une femme, quitter leurs père et mère, s’attacher l’un à l’autre et devenir «une seule chair» (Ge. 2:24). C’est ainsi qu’a commencé le grand plan de Dieu pour le bonheur de tous ses enfants.
Les saints des derniers jours croient que la vie est plus sécurisée et plus joyeuse quand elle est vécue dans les liens sacrés de la famille éternelle. Ceux qui entretiennent des rapports aussi dignes sur terre vivront en famille dans le Royaume céleste après la résurrection. Ainsi, une personne qui mène une vie juste dans la condition mortelle et qui a contracté un mariage éternel peut s’attendre à vivre, dans le monde postmortel, avec un conjoint digne et avec ceux qui étaient sur la terre enfants, pères, mères, frères et sœurs terrestres. Bruce R. McConkie, un apôtre, a expliqué que la famille éternelle commence par «un mari et une femme, unis en une cellule familiale. Elle s’étend ensuite à nos enfants, les esprits que Dieu nous donne comme membres de notre famille, à nos petits-enfants et ainsi de suite jusqu’à la dernière génération. Elle remonte également jusqu’à nos parents et à nos grands-parents jusqu’à la première génération» (p. 82). Le président Brigham Young a déclaré que le mariage éternel «est le fil qui va du commencement à la fin du saint Évangile de salut, de l'Évangile du Fils de Dieu il est d'éternité en éternité» (Discours de Brigham Young, John A. Widtsoe, dir. de publ., Salt Lake City, 1971, p. 195).
De même que le mariage marque le point culminant du processus créateur de Dieu, de même il est pour chaque personne le point culminant sacré des alliances et des ordonnances de la prêtrise de Dieu et est, en effet, vraiment une nouvelle alliance éternelle (D&A 131:2). Le mariage éternel est une alliance, une promesse sacrée que la femme et le mari se font entre eux et avec Dieu, certifiée à la fois par des témoins mortels et par des anges célestes. Dans les conditions appropriées, ce genre de mariage est scellé par le Saint-Esprit de promesse et le couple, par sa fidélité, peut par la suite hériter l’exaltation et la gloire dans le Royaume céleste de Dieu (D&A 132:19). Les Écritures confirment que le mariage éternel, accompli par l’autorité de la prêtrise, scellé ou affirmé par le Saint-Esprit et soutenu par une vie juste «sera pleinement valide» après la mort (D&A 132:19; cf. 1 Co. 11:11). L’expression «jusqu’à ce que la mort vous sépare» est considérée comme une formule tragique qui prédit la dissolution finale du mariage et cette phase n’est pas annoncée dans la cérémonie du mariage au temple.
La cérémonie sacrée du mariage au temple a lieu dans le recueillement et la simplicité et l’événement est quelque chose de beau et de joyeux pour les saints des derniers jours. La jeune mariée et le jeune marié se réunissent avec la famille et les amis dans une salle de scellement du temple. L’officiant accueille le couple par quelques mots de bienvenue, de conseils et de recommandations paternelles. Il peut exhorter le couple à se traiter durant toute la vie avec le même amour et la même gentillesse qu’il ressent en ce moment et peut ajouter d’autres encouragements, avec sa bénédiction sur l’aventure qu’ils vont vivre à deux. Le couple est invité s’avancer et à s’agenouiller en se faisant face de part et d’autre d’un autel situé au milieu de la salle. Le scelleur attire parfois l’attention des personnes présentes sur les miroirs placés sur des murs opposés, qui reflètent à l’infini l’image du couple à l’autel et en explique le symbolisme. Ensuite le scelleur prononce les mots simples de la cérémonie, qui promettent, sous condition d’obéissance, des liens durables avec le potentiel d’une joie éternelle pour ces deux personnes scellées pour l’éternité. Le président Ezra Taft Benson a déclaré: «La fidélité à l’alliance du mariage apporte la joie la plus complète ici-bas et de merveilleuses récompenses dans l’au-delà» (pp. 533-534). À la fin de la cérémonie, le couple s’embrasse par-dessus l’autel et peut alors se lever et quitter l’autel pour échanger les alliances.
Par cette ordonnance du mariage éternel, l’homme et la femme s’engagent avec un amour pur à rester fidèles l’un à l’autre et à Dieu pour toute l’éternité. Le divorce est déconseillé et on enseigne aux couples à limiter leurs relations intimes à eux-mêmes. Entreprendre et honorer les alliances du mariage au temple exige que l’on vive d’une manière qui contribue à une vie de famille heureuse et réussie. Le futur d’un couple peut comporter des conflits et même le divorce, qui, quand il se produit, est souvent le résultat de la violation des alliances du temple; mais le taux des divorces parmi les couples qui ont été scellés dans un temple est très bas (voir Divorce; Statistiques démographiques).
Bien entendu, le mariage éternel n’est pas simplement pour le bien, le bonheur ou le profit des conjoints. C’est un acte de service, d’engagement et d’amour qui est une bénédiction pour la génération suivante. Dieu a commandé à Adam et Ève: «Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre» (Ge. 1:28). Un but essentiel du mariage au temple dans cette vie est la progression et la maturation dans la participation à l’œuvre créatrice de Dieu en élevant des enfants dans la justice. Les parents entrent dans un partenariat avec Dieu en participant à la procréation de corps mortels, qui abritent les enfants d’esprit de Dieu. À une époque future, tous les fils et toutes les filles dignes de Dieu seront réunis à leurs Parents célestes comme une famille étendue éternelle dans un état de gloire ressuscitée.
Les gens qui mènent une vie digne mais qui ne se marient pas dans un temple pour différentes raisons indépendantes de leur volonté, parmi lesquelles le fait de ne pas se marier du tout, de ne pas avoir entendu l’Évangile ou de ne pas avoir accès à un temple pour que le mariage puisse être scellé pour l’éternité, en recevront un jour l’occasion (voir Baptême pour les morts; Salut des morts; Scellement). Les saints des derniers jours croient qu’ils ont l’honneur et le devoir d’accomplir ces ordonnances sacrées par procuration pour les ancêtres décédés et pour d’autres, et ce dans la mesure du possible. La plupart des ordonnances de scellement (cérémonies de mariage au temple) accomplies pour les défunts sont pour des couples qui étaient mariés par l’autorité civile dans la condition mortelle, mais sont morts sans entendre la plénitude de l’Évangile. Dans ce programme de service par procuration, des hommes et des femmes se réunissent sur rendez-vous dans le temple où ils jouent le rôle de représentants pour leurs parents, grands-parents ou d’autres qui sont passés dans l’autre monde, et font les alliances solennelles qui entreront en vigueur pour tous ceux qui les acceptent dans le monde d’esprit, pour trouver leur point culminant au jour de la résurrection.
Tous les dirigeants de l’Église encouragent les couples à faire leurs vœux de mariage dans un saint temple. Pour ceux qui ne le font pas, qu’ils soient convertis à l’Église, des couples de membres qui connaissent un regain de spiritualité à l’âge mûr ou les jeunes couples de saints qui se sont mariés en dehors du temple et ont ensuite ressenti le désir de faire les alliances éternelles, le mariage au temple est un renouvellement des vœux prononcés d’abord lors d’une cérémonie de mariage civil. Pour que ces engagements soient honorés pendant toute l’éternité, les couples doivent être mariés par un officiant ayant le pouvoir de lier sur terre et dans le ciel (Mt. 16:19; D&A 124:93). Ils doivent donc se rendre dans un temple où se trouvent ceux qui sont ordonnés et ont reçu le pouvoir de sceller des alliances pour le temps et l’éternité.
Pour les saints des derniers jours, le mariage éternel est un accès à la joie éternelle. Matthew Cowley, un apôtre, a exprimé sa conviction que c’est «une chose merveilleuse… de se mettre à genoux devant un autel dans le temple de Dieu en étreignant la main de la personne qui va être votre conjoint non seulement pour le temps, mais également pour toute l’éternité et de voir ensuite naître, dans cette alliance sacrée et éternelle, des enfants pour l’éternité. Dieu est amour. L’amour est éternel. Le mariage est l’expression la plus belle et la plus sacrée de l’amour, par conséquent le mariage est éternel» (Cowley, p. 444).

Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson. Salt Lake City, 1988.
Brown, Hugh . You and Your Marriage. Salt Lake City, 1960.
Burton, Theodore M. Good’s Greatest Gift. Salt Lake City, 1976.
Cowley, Matthew. Matthew Cowley Speaks. Salt Lake City, 1954.
McConkie, Bruce R. “The Eternal Family Concept”. Dans Genealogical Devotiopnal Address, pp. 81-93. Second Annual Priesthood Genealogical Research Seminar, université Brigham Young. Provo, Utah, 1967.
Smith, Joseph Fielding. The Way to Perfection. Salt Lake City, 1931.
JAMES T. DUKE

Mariage plural
Auteurs: BACHMAN, DANEL et ESPLIN, RONALD K.

Le mariage plural est la pratique des saints des derniers jours du XIXe siècle de se marier avec plus d’une femme. Généralement qualifiée de polygamie, c’était en fait de la polygynie. Bien que la polygamie ait été pratiquée pendant une grande partie de l’histoire dans beaucoup de régions du monde, cette pratique, dans l’Amérique «éclairée» du XIXe siècle, était considérée par la plupart des gens comme incompréhensible et inacceptable, ce qui en fit la pratique de l’Église la plus controversée et la moins comprise. Bien que le principe ait été vécu pendant une période relativement brève, il a eu un impact profond sur la perception que les saints ont d’eux-mêmes, contribuant à les définir comme un «peuple à part». La pratique a aussi amené beaucoup de non-membres à prendre leurs distances par rapport à l’Église et à voir les saints des derniers jours d’une manière plus négative que cela aurait autrement été le cas.
Les rumeurs de mariage plural parmi les membres de l’Église dans les années 1830 et 1840 ont conduit à des persécutions, et l’annonce publique de la pratique après le 29 août 1852 en Utah a donné aux ennemis une arme puissante pour exciter l’hostilité publique contre l’Église. Les saints des derniers jours croyaient que leur pratique du mariage plural basée sur la religion était protégée par la Constitution des États-Unis, mais les adversaires l’ont utilisée pour retarder l’accession de l’Utah au rang d’état jusqu’en 1896. Une législation de plus en plus rigoureuse contre la polygamie a dépouillé les saints des derniers jours de leurs droits de citoyens, a dissout l’Église et a permis la saisie de ses biens jusqu’à ce que le Manifeste de 1890 annonce la cessation de la pratique.
Le mariage plural a également été un problème pour les membres de l’Église. Descendants spirituels des Puritains et conservateurs dans le domaine de la sexualité, les premiers à pratiquer le mariage plural ont d’abord dû se débattre avec cette perspective et n’ont adopté le principe par la suite qu’après avoir reçu personnellement la confirmation spirituelle qu’ils devaient le faire.
En 1843, un an avant sa mort, le prophète Joseph Smith dicta une longue révélation sur la doctrine du mariage pour l’éternité (D&A 132; voir Mariage: Mariage éternel). Cette révélation enseignait aussi que, sous certaines conditions, un homme pouvait être autorisé à avoir plus d’une épouse. La révélation fut mise par écrit le 12 juillet 1843, mais tout porte à croire que le principe du mariage plural avait été révélé à Joseph Smith plus d’une décennie plus tôt lors de son étude de la Bible (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)), probablement début 1831. Les passages montrant que des patriarches et des prophètes vénérés d’autrefois étaient polygames suscitèrent des questions qui incitèrent le prophète à interroger le Seigneur sur le mariage en général et sur la pluralité des épouses en particulier. Il apprit alors que quand le Seigneur le commandait, comme il le fit avec les patriarches d’autrefois, un homme pouvait avoir plus d’une épouse vivante à la fois sans être condamné pour adultère. Il comprit également que l’Église serait un jour invitée à vivre la loi (D&A 132:1-4, 28-40).
Il y a peu de données sur la pratique du mariage plural pendant les années 1830. Seul un petit nombre de personnes était au courant de la révélation encore non écrite et il se peut que le seul mariage plural connu ait été celui entre Joseph Smith et Fanny Alger. Il y avait cependant des bruits qui couraient qui annonçaient les problèmes futurs.
En avril 1839, Joseph Smith sortit de six mois d’emprisonnement à la prison de Liberty avec le sentiment qu’il était urgent qu’il mène à bien sa mission (voir Histoire de l’Église 1831-1844, périodes de l’Ohio, du Missouri et de Nauvoo). Depuis qu’il avait reçu d’Élie la clef du scellement dans le temple de Kirtland (D&A 110:13-16) en avril 1836, le prophète avait travaillé pour préparer les saints pour des enseignements et des ordonnances supplémentaires, dont le mariage plural.
Joseph Smith se rendait compte que l’introduction du mariage plural susciterait immanquablement de violentes critiques. Après l’expérience de Kirtland, il savait les tensions que cela créerait dans sa propre famille; même si Emma, qui avait foi en son appel prophétique, avait accepté la révélation comme venant de Dieu et pas de son propre chef, elle ne pouvait pas se résoudre à la pratique. En outre, cela risquait de diviser l’Église et d’augmenter l’hostilité de l’extérieur. Malgré tout, il se sentait obligé d’aller de l’avant. «Mon but est d’obéir et d’apprendre aux autres à obéir à Dieu exactement dans tout ce qu’il nous dit de faire, enseigna-t-il plusieurs mois avant sa mort. Peu importe que le principe soit populaire ou impopulaire, je soutiendrai toujours un principe juste, même si je dois le faire seul» (EPJS, p. 269).
Bien que certain que Dieu l’exigerait de sa part et de l’Église, Joseph Smith ne l’aurait pas introduit quand il le fit sans la conviction que Dieu l’exigeait à ce moment-là. Plusieurs de ses confidents dirent plus tard qu’il n’alla de l’avant avec le mariage plural à Nauvoo qu’après une lutte intérieure et un avertissement divin. Lorenzo Snow devait se rappeler distinctement plus tard une conversation en 1843 au cours de laquelle le prophète décrivit la bataille qu’il menait pour «surmonter la répugnance de ses sentiments» à l’égard du mariage plural. Il connaissait la voix de Dieu – il savait que le commandement du Tout-Puissant était qu’il devait aller de l’avant – donner l’exemple et établir le mariage plural céleste. Il savait qu’il avait non seulement ses propres préjugés et idées préconçues à combattre et à surmonter, mais aussi ceux du monde chrétien tout entier… mais Dieu… avait donné le commandement [The Biography and Family Record of Lorenzo Snow, pp. 69-70 (Salt Lake City, 1884)].
Malgré tout, Snow et d’autres confidents s’accordent pour dire que Joseph Smith n’agit à Nauvoo que quand un ange lui eut déclaré qu’il devait le faire sinon son appel serait donné à quelqu’un d’autre (Bachman, pp. 74-75). Après ceci, Joseph Smith dit à Brigham Young qu’il était bien décidé à aller de l’avait même si cela devait lui coûter la vie, parce que «c’est l’œuvre de Dieu, et il a révélé ce principe, et ce n’est pas à moi de le censurer ou de le dicter» (Discours de Brigham Young, 8 oct. 1866, Archives de l’Église).
Ce ne fut pas non plus aveuglément ou simplement parce que Joseph Smith l’avait dit que d’autres contractèrent le mariage plural, en dépit des précédents bibliques. Les récits personnels confirment que la plupart de ceux qui contractèrent le mariage plural à Nauvoo connurent une crise de la foi qui ne fut résolue que par un témoignage spirituel personnel. Ceux qui participèrent ne le firent généralement qu’après avoir été rassurés et y voyaient un devoir religieux.
Même les plus proches de Joseph Smith furent choqués par la révélation. Lorsqu’il apprit l’existence du mariage plural, Brigham Young dit qu’il enviait le cadavre d’un cortège funèbre et qu’il lui fallut longtemps pour s’en remettre (voir JD 3:266). Hyrum Smith, frère du prophète, résista obstinément à la possibilité même jusqu’à ce que les circonstances le forcent à s’adresser au Seigneur pour comprendre. Tous deux enseignèrent plus tard le principe à d’autres. Emma Smith vacillait, se répandant un jour en injures contre lui et donnant le lendemain son consentement pour que Joseph soit scellé à une autre épouse (voir les commentaires d’Orson Pratt, JD 13:194).
Le fait de devoir enseigner le nouveau mariage et les nouvelles dispositions familiales là où les principes ne pouvaient pas être traités ouvertement ne faisait que multiplier les problèmes. Ceux qui étaient autorisés à enseigner la doctrine mettaient l’accent sur les alliances, les obligations et les responsabilités strictes qui s’y rattachaient – l’antithèse de la licence. Mais ceux qui ne faisaient qu’entendre les rumeurs ou qui avaient choisi de déformer l’enseignement imaginaient souvent et parfois pratiquaient quelque chose de tout à fait différent. John C. Bennett, maire de Nauvoo et conseiller de Joseph Smith, était de ceux-là et il déforma l’enseignement à son propre avantage. Profitant des rumeurs et du manque de compréhension parmi les membres de l’Église en général, il enseigna une doctrine d’ «épouses spirituelles». Ses comparses et lui cherchèrent à avoir des rapports sexuels illicites avec des femmes en leur disant qu’ils étaient mariés «spirituellement» même s’ils n’avaient jamais été mariés officiellement et que le prophète approuvait cet arrangement. Le scandale Bennett eut comme conséquence son excommunication et la défection de plusieurs autres. Bennett voyagea alors dans tout le pays, parlant contre les saints des derniers jours et publiant une dénonciation violente et antimormone accusant les saints de libertinage.
Le scandale Bennett fut à l’origine de plusieurs déclarations publiques visant à armer les saints contre les mauvais traitements. Deux ans plus tard, des ennemis et des dissidents, dont certains avaient fréquenté Bennett, publièrent le Nauvoo Expositor pour démasquer, entre autres, le mariage plural, déclenchant ainsi les événements qui aboutirent à la mort de Joseph Smith (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).
Or, loin d’impliquer le libertinage, le mariage plural était un système soigneusement réglementé et ordonné. L’ordre, les accords mutuels, la régulation et les alliances étaient au centre de la pratique. Comme l’écrivit Parley P. Pratt en 1845: «Ces ordonnances saintes et sacrées n’ont rien à voir avec l’impudicité, les relations illégitimes, la confusion ou le crime; mais tout le contraire. Elles ont des lois, des limites et des frontières de la manière la plus stricte, et seuls ceux qui ont le cœur pur, les strictement vertueux ou ceux qui se repentent et deviennent tels, sont dignes d’y prendre part. Et… une condamnation sévère attend ceux qui les pervertissent ou en font mauvais usage» [The Prophet, 24 mai 1845; cf. D&A 132:7].
Le Livre de Mormon montre bien que même si le Seigneur commande à des hommes par ses prophètes de vivre la loi du mariage plural à des moments précis pour des buts qui lui sont propres, la monogamie est la règle générale (Jcb. 2:28-30); la polygamie non autorisée était et est considérée comme de l’adultère. Une autre sauvegarde était que les mariages pluraux autorisés ne pouvaient être accomplis que par le pouvoir de scellement administré par l’autorité présidente de l’Église (D&A 132:19).
Une fois que les saints eurent quitté Nauvoo, le mariage plural fut pratiqué ouvertement. À Winter Quarters, par exemple, les commentaires sur le principe étaient un «secrets de Polichinelle» et les familles plurales étaient reconnues. Dès 1847, les gens qui visitaient l’Utah parlaient de la pratique. Malgré cela, peu de nouveaux mariages pluraux furent autorisés en Utah avant l’achèvement, en 1855, de la Maison des Dotations à Salt Lake City.
Une fois les saints bien installés dans le Grand Bassin, Brigham Young annonça publiquement la pratique et publia la révélation sur le mariage éternel. Sous sa direction, le dimanche 29 août 1852, Orson Pratt commenta et défendit publiquement la pratique du mariage plural dans l’Église. Après avoir examiné les précédents bibliques (Abraham, Jacob, David et d’autres), frère Pratt déclara que l’Église, comme héritière des clefs autrefois requises pour que les mariages pluraux soient approuvés par Dieu, était tenue d’accomplir ce genre de mariage parce que cela faisait partie du Rétablissement. Il proposa des raisons à cette pratique et mentionna plusieurs avantages possibles (voir JD 1:53-66), un précédent suivi plus tard par d’autres. Mais ces commentaires venaient après le fait et n’en étaient pas la justification. Les saints des derniers jours pratiquèrent le mariage plural parce qu’ils croyaient que Dieu le leur commandait.
D’une manière générale, le mariage plural ne comportait que deux épouses et rarement plus de trois; les familles plus nombreuses comme celles de Brigham Young ou de Heber C. Kimball étaient des exceptions. Parfois les épouses partageaient simplement les maisons, chacune ayant sa propre chambre à coucher, ou vivaient dans un système «duplex», chacune avec une moitié de la maison identique à l’autre. Dans d’autres cas, les maris construisaient des maisons séparées pour leurs épouses, parfois dans des localités séparées. Bien que les circonstances et les mécanismes de la vie de famille fussent divers, en général le mode de vie était simplement une adaptation de la famille américaine du XIXe siècle. Les mariages polygames étaient semblables aux normes nationales pour ce qui est des taux de fertilité et de divorce. Les épouses d’un mari tissaient souvent de forts liens d’amour entre elles; cependant, de profondes antipathies pouvaient également apparaître entre épouses.
En butte à une campagne nationale contre la polygamie, les femmes de l’Église étonnèrent leurs sœurs de l’Est des États-Unis qui assimilaient la polygamie à l’oppression des femmes, en faisant des manifestations publiques en faveur de leur droit de vivre le mariage plural en tant que principe religieux. À en juger par les prédications, les femmes étaient au moins aussi disposées à contracter le mariage plural que les hommes. Au lieu d’exhortations publiques invitant les femmes à contracter le mariage plural, on en trouve beaucoup invitant les hommes dignes à «faire leur devoir» et à entreprendre de prendre soin d’une épouse plurale et d’enfants supplémentaires. Bien que certains fussent réticents à accepter une telle responsabilité, beaucoup répondirent et cherchèrent une autre épouse. Il n’était pas rare qu’une épouse prenne l’initiative et insiste que son mari prenne une autre femme; par contre, dans d’autres cas, un premier mariage se dissolvait parce que le mari insistait pour se marier de nouveau.
Comme pour les familles en général, certaines familles plurales fonctionnaient mieux que d’autres. Des détails anecdotiques et les enfants sains provenant de beaucoup de ménages pluraux témoignent que certains fonctionnaient très bien. Mais certaines épouses plurales n’aimaient pas l’arrangement. Les plaintes les plus courantes des deuxième et troisième épouses venaient de ce que le mari se montrait trop peu sensible aux besoins des familles plurales ou ne les traitait pas de manière égale. Il n’était pas rare que les épouses se plaignent que le mari passait trop peu de temps avec elles. Mais lorsque les maris distribuaient consciencieusement une même quantité de temps et que les épouses acquéraient un amour et un respect profonds entre elles, les enfants grandissaient comme membres de grandes familles harmonieuses.
Le mariage plural a contribué à façonner l’attitude de l’Église vis-à-vis du divorce dans l’Utah pionnier. Bien que Brigham Young détestât le divorce et le déconseillât, quand des femmes demandaient le divorce, il l’accordait généralement. Il estimait qu’une femme piégée dans une relation impossible sans solution de rechange méritait une chance d’améliorer sa vie. Mais quand un mari demandait à être dispensé de ses responsabilités familiales, le président Young lui recommandait systématiquement de faire son devoir et de ne pas vouloir divorcer de toute épouse disposée à le supporter.
Contrairement aux caricatures d’une presse mondiale hostile, le mariage plural n’a pas eu comme conséquence une progéniture aux capacités réduites. Des hommes et des femmes normaux sont sortis de foyers pluraux et leurs descendants sont des gens éminents dans tout l’Intermountain West. Certains observateurs pensent que les responsabilités supplémentaires qui tombaient tôt sur certains enfants dans de tels ménages ont contribué aux réalisations exceptionnelles qui allaient être les leurs. Le mariage plural a aussi aidé beaucoup d’épouses. La flexibilité des ménages pluraux a contribué au grand nombre de femmes accomplies de l’Église qui ont été des pionnières dans la médecine, la politique et d’autres carrières publiques. En fait, le mariage plural a permis aux épouses de faire une carrière professionnelle qui ne leur aurait sinon pas été accessible.
Le pourcentage exact de saints des derniers jours qui ont participé à la pratique n’est pas connu, mais les études permettent d’estimer qu’un maximum de 20 à 25 pour cent d’adultes de l’Église étaient membres de ménages polygames. À son point culminant, le mariage plural n’a probablement impliqué que le tiers des femmes parvenant à l’âge du mariage, bien que parmi les dirigeants de l’Église le mariage plural ait été la norme pendant un certain temps. L’opposition publique à la polygamie a mené, en 1862, à la première loi contre la pratique et, dans les années 1880, les lois furent de plus en plus punitives. L’Église contesta la constitutionnalité de ces lois, mais la Cour suprême soutint la législation (voir Reynolds contre les États-Unis), ce qui déboucha sur une campagne antipolygame fédérale dure et efficace que les saints des derniers jours appelèrent «le Raid». Maris et femmes se réfugièrent dans la «clandestinité» et des centaines furent arrêtés et condamnés à des peines de prison en Utah et dans plusieurs prisons fédérales. Cette campagne eut un impact désastreux sur les familles concernées et l’attaque menée en parallèle contre l’organisation et les biens de l’Église diminua considérablement sa capacité de fonctionner (voir Histoire de l’Église: 1878-1898, fin de la période pionnière d’Utah). Après une vision lui montrant que continuer le mariage plural mettait en danger les temples et la mission de l’Église, et pas simplement l’accès de l’Utah au rang d’état, le président Wilford Woodruff publia le Manifeste en octobre 1890, annonçant la fin officielle à de nouveaux mariages pluraux et facilitant la résolution pacifique finale du conflit.
Les familles polygames déjà existantes continuèrent à exister jusque dans le vingtième siècle, causant encore d’autres problèmes politiques pour l’Église et les nouveaux mariages pluraux ne cessèrent pas entièrement en 1890. Après avoir vécu le principe pendant un demi-siècle au prix de certains sacrifices, beaucoup de saints des derniers jours dévots trouvèrent que mettre fin au mariage plural était une épreuve presque aussi complexe que l’avait été sa création dans les années 1840. Dans les années 1890, certains nouveaux mariages pluraux furent contractés dans les colonies de saints au Canada et dans le nord du Mexique et quelques-uns ailleurs. Comme l’attention nationale était de nouveau attirée sur la pratique au début des années 1900 pendant l’enquête relative au Député-élu B.H. Roberts et les travaux de la commission sénatoriale concernant le Sénateur-élu Reed Smoot (voir Procès Smoot), le président Joseph F. Smith publia son «Second Manifeste» en 1904. Depuis lors, la politique de l’Église est d’excommunier systématiquement quiconque pratique ou préconise ouvertement la pratique de la polygamie. Ceux qui le font aujourd’hui, principalement les membres des groupes fondamentalistes, le font en dehors de l’Église.

Bibliographie
Bachman, Danel W. "A Study of the Mormon Practice of Plural Marriage before the Death of Joseph Smith." M.A. thesis, Purdue University, 1975.
Bashore, Melvin L. "Life Behind Bars: Mormon Cohabs of the 1880s." Utah Historical Quarterly 47 (Winter 1979): 22-41.
Bennion, Lowell ("Bell’). "The Incidence of Mormon Polygamy in 1880: ‘Dixie’ versus Davis Stake." Joumal of Mormon History Il (1984): 27-42.
Bitton, Davis. "Mormon Polygamy: A Review Article." Journal of Mormon History 4 (1977):101-118.
Embry, Jessie L. Mormon Polygamous Families: Life in the Principle. Salt Lake City, 1987.
Foster, Lawrence. Religion and Sexuality: The Shakers, The Mormons, and the Oneida Community. Oxford, 1981.
James, Kimberly Jensen. "‘Between Two Fires’: Women on the ‘Underground’ of Mormon Polygamy." Joumal of Mormon History 8 (1981): 49-61.
Van Wagoner, Richard S. Mormon Polygamy: A History. Salt Lake City, 1986.
Whittaker, David J. "Early Mormon Polygamy Defenses." Journal of Mormon History Il (1984): 43-63.
DANEL W. BACHMAN
RONALD K, ESPLIN

Messie
Auteur: GALBRAITH, DAVID B.

Messie est un terme hébreu signifiant «oint». L'équivalent grec est christos, d'où le nom Christ. Jésus, le nom du Sauveur donné par Dieu (Mt. 1:21), dérive de l’hébreu Yechoua ou Yehochoua (ou Josué, comme on le trouve généralement en français), d'une racine signifiant «sauver». Avec les autres chrétiens, les saints des derniers jours sont d'accord pour dire que dans le nom Jésus-Christ se trouve implicitement la doctrine qu'il est le Messie, l’Oint qui sauve.
Comme le Nouveau Testament, le Livre de Mormon identifie clairement Jésus comme étant le Messie (1 Né. 10:4-17; 2 Né. 25:16-20; Hél. 8:13-17). Il déclare également qu'une connaissance du Messie a existé «depuis le commencement du monde» (1 Né. 12:18; Mos. 13:33-35) et prophétise des détails de sa vie et de sa mission. Par exemple, le Messie apparaîtrait dans un corps (1 Né. 15:13), son nom serait Jésus-Christ (2 Né. 25:19; Mos. 3:8) et il serait baptisé comme exemple d'obéissance (2 Né. 31:4-9). En outre, des signes accompagneraient sa naissance, sa mort et sa résurrection (2 Né. 26:3; Hél. 14:2-8, 20-28). Il serait mis à mort et ressusciterait d’entre les morts, réalisant la résurrection (1 Né. 10:11; 2 Né. 2:8). Au dernier jour, il apparaîtra en puissance et en gloire (2 Né. 6:14) pour régner comme roi et législateur (D&A 45:59; 1 Ti. 6:14-15). [Voir aussi Jésus-Christ, noms et titres de.]
DAVID B. GALBRAITH

Messie: Concept et espérance messianiques
Auteur: OGDEN, D. KELLY

C’est un point de doctrine chez les saints que la connaissance du rôle de Jésus-Christ en tant que Messie existe sur la terre depuis le commencement. Dieu a instruit Adam et Ève au sujet du Messie qui rachèterait l'humanité. Appelé «Fils unique» et «Fils de l'Homme», même son nom Jésus-Christ a été révélé (Moï. 5:7-11; 6:52-57) Ce sont là, naturellement, des mots francisés signifiant «Sauveur Oint». Dieu a également enseigné à Hénoc que le «Messie, le roi de Sion» mourrait sur une croix (Moï. 7:53-55).
D'autres sources montrent clairement que le peuple hébreu croyait en un rédempteur, bien que les détails varient. La Bible parle de lui à l’aide d’images telles que «le berger, le rocher d'Israël» (Ge. 49:24), «une pierre éprouvée» ou «une pierre… solidement posée» (És. 28:16), le «rameau… d’Isaï» et le «rejeton» (És. 11:1; Jé. 33:15-16). Il est aussi appelé Rédempteur, Saint d'Israël, Sauveur, Seigneur des armées, le Premier et le Dernier (És. 43:1-15; 44:6), et même un serviteur (És. 42:1; 49:3; 50:10; 52:13).
Puisque la prophétie biblique utilise l’image de la royauté, certains ont cru qu’à sa première venue, le Messie les sauverait de la servitude politique. Jacob prédit que le Schilo viendrait, et que le peuple irait à lui (Ge. 49:10). Moïse prophétise: «Un astre sort de Jacob, un sceptre s’élève d’Israël» (No. 24:17). Ésaïe voit naître un enfant et «la domination reposera sur son épaule…. de l'accroissement… une paix sans fin au trône de David et à son royaume» (És. 9:6-7). Michée écrit que de Bethlehem «sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël» (Michée 5:2). Jérémie voit que «Il régnera en roi… il pratiquera la justice et l’équité» (Jé. 23:5). Cependant, les prophéties royales comme celles-là concernant un roi, un souverain, allaient s’accomplir dans le rôle éternel du Messie plutôt que dans son rôle terrestre.
Les prophètes ont planté les semences de la croyance en un Messie, des semences qui fleuriraient bien plus tard. Les manuscrits de la mer Morte révèlent l’espérance en deux Messies qui mèneraient un renouveau religieux. L'exemple de Judas Maccabée (m. 160 av. J.-C.), renversant les Grecs et rétablissant l'indépendance juive, a engendré l'espoir au début de la période romaine (63 av. J.-C.- 70 apr. J.-C.) qu'un Messie délivrerait la nation juive. Bien que les images de royauté et de bataille dans la Bible aient été interprétées comme signifiant la délivrance politique, ces images portaient sur le salut spirituel. Jésus a dit: «Mon royaume n'est pas de ce monde» (Jn. 18:36).
Le titre Messie (machiah en hébreu, christos en grec) signifie «l’oint». Chez les anciens Israélites, les personnes mises à part pour l’œuvre de Dieu étaient ointes d'huile, notamment les prophètes, les prêtres et les rois. Jésus, citant une prophétie messianique d'Ésaïe (61:1), dit à ses auditeurs à Nazareth: «L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle… pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance» (Lu. 4:18).
Ésaïe dit du «serviteur» qu'il sera frappé (És. 50:6), même «blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités» mais «il a intercédé pour les coupables» (53:3-5, 12). Zacharie ajoute qu'il sera blessé dans la maison de ses amis (Za. 12:10; 13:6-7). Les auteurs du Nouveau Testament comprenaient également que Jésus devait souffrir avant d'entrer dans sa gloire (par exemple, Lu. 24:26; Ac. 3:18).
Dans tout son ministère, Jésus a clairement compris qu’il était le Messie (cf. 3 Né. 15:20-23). Par exemple, quand la Samaritaine reconnaît: «Je sais que le Messie doit venir», Jésus répond: «Je le suis, moi qui te parle» (Jn. 4:25-26). Peter déclare: «Tu es le Christ [Messie]» (Mt. 16:16); et André, frère de Pierre, annonce: «Nous avons trouvé le Messie» (Jn. 1:41). On rapporte que même les démons disent: «Tu es le Christ, le Fils de Dieu» (par exemple, Lu. 4:41).
La description que fait la Bible d'un Messie mortel méprisé plutôt que gouvernant, rejeté plutôt que régnant est amplifiée dans le Livre de Mormon. Comme son sous-titre moderne l’indique, le Livre de Mormon est un autre témoignage de Jésus-Christ ou de Jésus le Messie. Les auteurs du Livre de Mormon enseignent que tous les prophètes ont parlé du Messie (Jcb. 7:11; Mos. 13:33). Vers 600 av. J.-C., Léhi enseignait que «la rédemption vient dans et par l'intermédiaire du saint Messie… Voici, il s'offre en sacrifice pour le péché… afin de réaliser la résurrection des morts» (2 Né. 2:6-10).
Néphi 1 écrit que puisque tous sont dans un état déchu, ils doivent s’appuyer sur le Messie, le Rédempteur. Il a appris que le Fils de Dieu était disposé à venir en tant que Messie, prêcher l'Évangile, donner l’exemple d’une vie juste et être mis à mort pour les péchés de tous (1 Né. 10:4-6, 11; 11:26-33; 19:9; 2 Né. 25:11-19; 31:9-16).
Le roi Benjamin explique que Jésus-Christ viendra du ciel pour demeurer dans un corps mortel, «accomplissant de grands miracles, tels que guérir les malades… Et il chassera les démons» et subira les tentations et la fatigue. Même du sang lui sortira «de chaque pore, si grande sera son angoisse pour la méchanceté et les abominations de son peuple.» Et on dira qu’il n’est qu’un homme et que «il a un démon, et on le flagellera, et on le crucifiera» (Mos. 3:5-10).
Alma le Jeune dit à propos du ministère du Messie: «Et il ira, subissant des souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce… Et il prendra sur lui la mort, afin de détacher les liens de la mort qui lient son peuple; et il prendra sur lui ses infirmités… afin qu'il sache, selon la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités.» (Al. 7:11-12).
Plus de cinq siècles avant la naissance du Christ, Jacob écrivait: «Car c'est dans ce but que nous avons écrit ces choses, afin qu'ils sachent que nous avions connaissance du Christ et que nous avions l'espérance de sa gloire bien des centaines d'années avant sa venue; et non seulement nous avions nous-mêmes l'espérance de sa gloire, mais aussi tous les saints prophètes qui ont été avant nous.» (Jcb. 4:4).

Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
D. KELLY OGDEN

Miracles
Auteur: HEDENGREN, PAUL C.

Un miracle est un événement bénéfique causé par la puissance divine que les mortels ne comprennent pas et qu’ils ne peuvent pas reproduire par eux-mêmes. Les membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours croient que les miracles existent parce qu’ils croient en l'existence de Dieu et en son pouvoir et sa bonté.
Tout comme un berger s’occupe de ses troupeaux, veille sur eux et utilise son pouvoir pour les aider, Jésus-Christ a utilisé son pouvoir et sa connaissance pour aider les autres quand il était sur terre. Par exemple, quand le vin est venu à manquer lors des noces de Cana, Jésus, à la demande de sa mère, a fourni miraculeusement du vin (Jn. 2:1-10). Ce geste était le fait de son amour et de sa compassion, mais nous ne comprenons pas comment il s’y est pris pour changer l'eau en vin et les hommes ne peuvent pas reproduire cela par eux-mêmes. C’est pour cela qu’on le qualifie de miracle. Parmi les nombreux autres exemples de résultats bénéfiques des miracles accomplis par Jésus il y a la résurrection du fils de la veuve de Naïn (Lu. 7:11-16), la purification des dix lépreux (Lu. 17:12-19) et le recouvrement de la vue de l'aveugle à Bethsaïda (Mc. 8:22-26).
Les saints des derniers jours apprécient les miracles à cause de leur caractère salutaire. Comme le dit le Livre de Mormon: «C'est ainsi que Dieu a fourni à l'homme le moyen d'accomplir, par la foi, de grands miracles; et c'est pourquoi il devient un grand bienfait pour ses semblables» (Mos. 8:18). Bien que Dieu provoque des événements merveilleux pour le bien de l'humanité, on sait que toutes les manifestations spirituelles ne viennent pas nécessairement de Dieu (EPJS, pp. 163-172; Ap. 13:13-14; voir aussi Signes, Recherche de).
La foi est considérée comme nécessaire pour susciter l’intervention divine en faveur de ceux qui sont dans le besoin. Par exemple, comme le remarque Alma le Jeune, prophète du Livre de Mormon, le liahona, une sorte de compas, a été donné à Léhi et à son groupe d'émigrants pour diriger leurs déplacements vers une nouvelle terre promise. «Et il marchait pour eux selon leur foi en Dieu; c'est pourquoi, s'ils avaient la foi pour croire que Dieu pouvait faire que ces aiguilles indiquent le chemin qu'ils devaient suivre, voici, cela se faisait; c'est pourquoi ils voyaient, jour après jour, ce miracle et aussi beaucoup d'autres miracles s'accomplir par le pouvoir de Dieu» (Al. 37:40).
Dieu désire faire du bien à ses enfants et il le fait parfois d’une manière qui exige la manifestation d’un pouvoir extraordinaire. Il n’est retenu que par leur manque de foi. L'absence de miracles est donc la preuve d’un manque de foi parmi ses enfants, «car c'est par la foi que les miracles s'accomplissent; et c'est par la foi que les anges apparaissent aux hommes et les servent; c'est pourquoi, si ces choses ont cessé, malheur aux enfants des hommes, car c'est à cause de l'incrédulité, et tout est vain» (Mro. 7:37). «Car s'il n'y a pas de foi parmi les enfants des hommes, Dieu ne peut faire aucun miracle parmi eux; c'est pourquoi, il ne s'est montré qu'après leur foi» (Ét. 12:12).
Quand les fidèles reçoivent une bénédiction de Dieu, particulièrement une qui nécessite une manifestation de son pouvoir extraordinaire, il convient qu’ils aient de la gratitude envers Dieu pour la bénédiction (D&A 46:32). Les manifestations du pouvoir extraordinaire de Dieu ne se produisent habituellement qu’une fois que l’on a la foi et ne créent pas nécessairement celle-ci (cf. Ét. 12:7); il ne convient donc pas d’étaler en public des expériences aussi sacrées comme démonstration de sa croyance religieuse. La recherche de manifestations du pouvoir extraordinaire du divin pour susciter la foi est considérée comme une recherche de signes inacceptable.
Le Seigneur dit à propos des dons miraculeux de l’Esprit qui sont accordés aux justes: «Car en vérité, je vous le dis, ils sont donnés pour le profit de ceux qui m'aiment et qui gardent tous mes commandements, et de celui qui cherche à faire ainsi; afin que puissent en profiter tous ceux qui cherchent ou qui me demandent, qui demandent, mais pas pour avoir un signe dans le but de satisfaire leurs passions… Et tous ces dons viennent de Dieu pour le profit des enfants de Dieu» (D&A 46:9, 26).
Un don miraculeux particulièrement apprécié est la guérison des malades. Cela ne veut cependant pas dire que toutes les âmes fidèles qui sont malades guériront, car le Seigneur a dit: «Et tous ceux d'entre vous qui sont malades et n'ont pas la foi pour être guéris, mais croient, seront nourris en toute tendresse avec des herbes et une nourriture légère… Et les anciens de l'Église, deux ou plus, seront appelés, prieront pour eux et poseront les mains sur eux en mon nom. S'ils meurent, ils mourront pour moi, et s'ils vivent, ils vivront pour moi» (D&A 42:43-44). Ainsi, bien que les malades puissent être guéris (D&A 46:19), si cela ne se produit pas, ils doivent être soignés par tous les moyens prudents, notamment ceux qui sont proposés par la médecine moderne. Les anciens de l'Église accomplissent cette ordonnance de l'imposition des mains aux malades, comme les Écritures le prescrivent (cf. Ja. 5:14-15; D&A 46:20), et la guérison ou d'autres bénédictions sont alors accordées selon la volonté de Dieu.
L’expérience personnelle d’un miracle peut confirmer la foi des bénéficiaires. Elle peut, en outre, donner à d'autres une confiance accrue dans les histoires de miracles rapportées dans les Écritures.
De tous les dons miraculeux de Dieu accordés à ses enfants, celui qui apporte le plus grand bien est l'expiation de Jésus-Christ. Par des pouvoirs et des moyens que ne comprennent pas les simples mortels, Jésus a pu prendre sur lui les péchés du monde et permettre à chacun, par le repentir, d’échapper aux souffrances sinon inévitables du péché et à la condamnation à la mort, et de retourner ainsi en la présence de Dieu. «Car voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent… Et ces souffrances m'ont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et elles m'ont fait saigner à chaque pore et m'ont fait souffrir de corps et d'esprit» (D&A 19:16, 18). Le miracle du pardon et la merveille de la résurrection sont véritablement sublimes.

Bibliographie

Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle, chap. 1. Salt Lake City, 1972.

PAUL C. HEDENGREN

Mormon
Auteur: ROUNDY, PHYLLIS ANN

Mormon est un prophète, auteur et dernier commandant militaire néphite (vers 310-385 apr. J.-C.). Le Livre de Mormon porte son nom parce qu'il a été le principal auteur-abréviateur des plaques d'or dont il a été traduit. Les expériences de sa jeunesse le préparent à devenir prophète: il apprend «la science de [son] peuple», est «un enfant sérieux» et «rapide à observer» et, dans sa quinzième année, est «visité par le Seigneur» (Mrm. 1:2, 15). À seize ans, il devient général de toutes les armées néphites et réussit en grande partie à préserver son peuple de la destruction jusqu'en 385 apr. J.-C., quand quasiment tous sauf son fils Moroni 2 sont détruits dans les batailles avec les Lamanites (6:8-15; 8:1-3). Comme gardien des annales néphites, Mormon abrège les grandes plaques de Néphi, les relie avec les petites plaques de Néphi et y ajoute sa propre brève histoire (Pa. 1:1-5; Mrm. 1:1). Avant sa mort, il cache dans la colline Cumorah les annales qui lui ont été confiées, «sauf ces quelques plaques que [qu’il donne] à [s]on fils Moroni» (Mrm. 6:6). Le prophète Joseph Smith reçut et traduisit l'abrégé de Mormon, les petites plaques de Néphi et quelques autres documents, et les édita en 1830 sous le titre Livre de Mormon.
Mormon aura surtout été un prophète pour son peuple, l’exhortant à se repentir et à être baptisé au nom de Jésus, et de se saisir de l'Évangile du Christ» (Mrm. 7:8). Il lui enseigne qu'il est «un reste de la postérité de Jacob» (7:10) et pourra avoir les bénédictions d'Israël s'il vit de manière à les mériter. Il souligne aussi la relation de soutien mutuel de la Bible et du Livre de Mormon: «Car voici, ceci [le Livre de Mormon] est écrit dans l'intention que vous croyiez cela [la Bible]; et si vous croyez cela, vous croirez ceci aussi» (7:9).

Moroni 2, fils de Mormon, terminera les annales, notamment l’un des discours de Mormon et deux de ses épîtres dans son propre livre de Moroni. Le discours de Mormon sur la foi, l'espérance et la charité (Mro. 7) enseigne que la charité, la plus grande de ces trois vertus, est «l'amour pur du Christ, et elle subsiste à jamais; et tout ira bien pour quiconque sera trouvé la possédant au dernier jour» (7:47). Une des lettres de Mormon (Mro. 8) condamne le baptême des petits enfants qu’il dénonce comme une pratique qui nie l'expiation de Jésus-Christ, disant que «c'est une moquerie solennelle devant Dieu que vous baptisiez les petits enfants» (8:9). Au contraire, les petits enfants n'ont pas besoin de se repentir, mais «sont vivants dans le Christ depuis la fondation du monde» (8:12). Dans l'autre épître (Mro. 9) Mormon note que la destruction des Néphites est un châtiment juste de leur méchanceté, qui est si grave qu'il ne peut les «recommander à Dieu, de peur qu'il ne [le] frappe» (9:21).
Abréviateur des annales néphites, Mormon a accès à une véritable bibliothèque de documents gravés et il va lui être commandé de faire un abrégé des grandes plaques de Néphi pour que Lamanites, Juifs, et gentils modernes puissent connaître les alliances du Seigneur et ce qu'il a fait pour leurs ancêtres et soient ainsi convaincus que Jésus est le Christ (voir Livre de Mormon: Page de titre du Livre de Mormon). En faisant son abrégé, Mormon fait souvent remarquer qu'il ne pourrait pas inclure ne serait-ce qu’une centième partie de ses sources (par exemple, Hél. 3:14). Il recherche régulièrement l'occasion de tirer des leçons spirituelles du cours des événements vécus par son peuple. L'expression «et nous voyons ainsi que» présente fréquemment l’une des observations interprétatives de Mormon (cf. Hél. 3:27-30). L’un des passages les plus importants écrits de sa main apparaît dans Hélaman 12 où il propose des idées très convaincantes sur le caractère souvent vain et inconstant de la nature humaine, particulièrement en réponse à la prospérité matérielle.
En tant qu'auteur, Mormon exprime ses sentiments, affligé de devoir vivre dans une société perverse (Mrm. 2:19), et admet avoir aimé son peuple et avoir prié pour lui (3:12), mais qu’il a enfin perdu tout espoir (5:2). Il mesure la civilité par le sort réservé aux femmes et aux enfants (4:14, 21), cherchant à les unir aux maris et aux pères même dans les pires situations (6:2, 7). Quand les derniers Néphites tombent, il écrit une lamentation intense en souvenir d’eux (6:16-22).
En tant que général des armées néphites (Mrm. 2-6), Mormon s’efforcera, pendant quelque cinquante-huit ans, de protéger son peuple de la destruction par les Lamanites, mais il commencera ensuite à les perdre d'abord à cause du péché et puis de la mort (Mrm. 2:11-15). Néanmoins, il enseigne aux survivants qu'ils seront épargnés s’ils se repentent et obéissent à l'Évangile de Jésus-Christ, «mais ce fut en vain, et il [le peuple] ne se rendait pas compte que c'était le Seigneur qui l'avait épargné et lui accordait une occasion de se repentir» (3:3). À un moment donné, les Néphites deviennent si méchants et endurcis que Mormon refuse de les mener au combat (3:11). Mais il ne peut supporter de les voir périr et, bien qu'il n'ait aucun espoir qu'ils puissent survivre, il se radoucit (5:1) et les dirige dans leur dernière bataille à laquelle seuls lui, son fils Moroni 2 et quelques autres survivent (8:2-3). Ce sera Moroni 2 qui finira les annales de son père (8:1).

Bibliographie
Holland, Jeffrey R. "Mormon: The Man and the Book". Ensign 8, mars 1978, pp. 15-18; avril 1978, pp. 57-59.
PHYLLIS ANN ROUNDY

Moroni 1
Auteur : THORNE, MELVIN J.

Le premier Moroni mentionné dans le Livre de Mormon (mort vers 56 av. J.-C.) a vingt-cinq ans quand il est nommé capitaine des armées néphites (Al. 43:16). Il défend la liberté des Néphites contre les menaces que constituent les armées d’envahisseurs et les «hommes-du-roi» qui essaient de rétablir une monarchie par la force après avoir échoué dans leur tentative d’obtenir l'appui populaire. Moroni mobilise son peuple pour une lutte de sept ans en brandissant «le titre de la liberté», une bannière sur laquelle il a écrit ses raisons de se défendre et en invitant son peuple à faire alliance de défendre sa liberté et d’obéir aux commandements de Dieu (Al. 46:12-13, 20).
En dépit de nombreuses batailles, Moroni ne deviendra pas sanguinaire. Il va agir dans la légalité et, quand il obtient l'avantage sur l’ennemi, il lui propose la liberté s'il dépose les armes et fait serment de ne plus faire la guerre. Il crée de nouvelles armes et de nouvelles fortifications et recherche les directives d'un prophète sur ce que ses armées doivent faire (Al. 43:23 ; voir aussi Livre de Mormon, histoire de la guerre dans). Cinq cents ans plus tard, Mormon, principal rédacteur et compilateur du Livre de Mormon, écrira: « Si tous les hommes avaient été, et étaient, et devaient être un jour semblables à Moroni, voici, les puissances mêmes de l'enfer auraient été ébranlées à jamais» (Al. 48:17). Mormon ira jusqu’à donner son nom à son fils, Moroni 2.

Moroni 2
Auteur: PETERSON, H. DONL

Moroni 2 est le dernier prophète et l’auteur du dernier livre du Livre de Mormon. Sa vie couvre la dernière partie du IVe siècle et le début du cinquième. Il est à la tête d’une armée de dix mille hommes lors de la dernière bataille contre les Lamanites sous la direction de son père Mormon, commandant en chef. Avant la guerre finale, Mormon a abrégé les plaques de Néphi qui couvrent mille ans de l'histoire de son peuple. Il a commandé à Moroni de terminer les annales néphites en écrivant « la triste histoire de la destruction de [leur] peuple» (Mrm. 8:3) et de préserver tous les écrits sacrés (Mro. 9:24).
Après avoir écrit le post-scriptum demandé aux annales de son père et avoir prophétisé sa découverte future (Mrm. 8-9), il y ajoute un abrégé d’inscriptions jarédites antiques, les annales d’une nation qui avait habité le continent américain pendant approximativement 1.700 ans avant l'arrivée des Néphites ou peut-être en chevauchant leur arrivée (livre d'Éther). «Selon la volonté du Seigneur», il ajoute enfin dix chapitres de conclusion sur des ordonnances, des principes et des pratiques religieuses, qu'il appelle le livre de Moroni.
Moroni parle avec une assurance prophétique de la situation dans les derniers jours parce que «Jésus-Christ vous a montrés à moi, et je sais ce que vous faites» (Mrm. 8:35). Avec ferveur, il proclame que le Christ est un Dieu de miracles qui est le même à toutes les époques à moins que l'incrédulité fasse cesser les miracles. Il parle avec assurance de la divinité et des enseignements de Jésus-Christ parce que « j'ai vu Jésus, et qu'il a parlé face à face avec moi… comme un homme parle à un autre, dans ma propre langue» (Éther 12:39).
Il note aussi les prophéties du frère de Jared, un prophète jarédite, qui a conduit sa colonie vers le Nouveau Monde. Ces prophéties sont «scellées» pour paraître un jour futur (Éther 4:1-7).
Sa dernière inscription dans le Livre de Mormon a probablement été faite vers 421 apr. J.-C., trente-six ans après la bataille finale. Il finit alors d'écrire la page de titre du Livre de Mormon et enterre les plaques du Livre de Mormon pour les préserver pour une future génération.
Quatorze cents ans plus tard, ce même Moroni, alors ressuscité et «envoyé de la présence de Dieu», apparaîtra à Joseph Smith, dix-sept ans, la nuit du 21 septembre 1823, et lui parlera des annales sacrées déposées dans un coffre en pierre dans une colline voisine (la colline Cumorah) dans ce qui est maintenant le comté d'Ontario (New York), à quelques kilomètres de chez Joseph dans l’arrondissement de Manchester. Il lui apparaîtra plus de vingt fois pendant les six années suivantes pour le former pour son appel comme prophète et lui donner des conseils et des informations concernant l’obtention, la traduction et la garde des plaques du Livre de Mormon (Joseph Smith–Histoire 1:27-54).
Moroni est fréquemment associé à l'Église parce qu’il est souvent représenté sonnant de la trompette, manipulant les plaques d'or ou instruisant Joseph Smith – par exemple sur les flèches des temples, sur la couverture de plusieurs impressions du Livre de Mormon et dans des peintures. La représentation de Moroni avec une trompette est l'emblème officiel sur les tombes des soldats mormons américains.
Moroni est couramment représenté avec une trompette à cause d’une interprétation d'une prophétie de Jean le Révélateur dans laquelle il a vu un ange annonçant le retour de l'Évangile éternel sur la terre dans les derniers jours: «Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Il disait d'une voix forte : Craignez Dieu, et donnez–lui gloire, car l'heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d'eaux » [Ap. 14:6-7]. [Voir aussi Statue de l’ange Moroni.]
Bibliographie
Peterson, H. Donl. Moroni: Ancient Prophet, Modern Messenger. Bountiful, Utah, 1983.
H. DONL PETERSON

Moroni, Ange
Auteur : ROMNEY, JOSEPH B.

L'ange Moroni est le messager céleste qui a rendu visite au prophète Joseph Smith en 1823. En tant que mortel appelé Moroni (2), c’est lui qui a terminé la compilation et la rédaction du Livre de Mormon. Il a exercé son ministère auprès de Joseph Smith comme être ressuscité, en accord avec sa responsabilité à l’égard du Livre de Mormon, puisque «les clefs des annales du bois d'Éphraïm» lui avaient été confiées par le Seigneur (D&A 27:5). Conformément à cette responsabilité, il apparaît à Joseph Smith la nuit du 21 au 22 septembre 1823 (JS–H 1:29-49 ; D&A 128:20) et lui parlera ensuite lors de plusieurs nouvelles apparitions jusqu'à ce que le livre soit publié en 1830. Pendant ce temps, il va instruire Joseph Smith, témoigner aux trois témoins du Livre de Mormon et aider à l’œuvre de rétablissement de l'Évangile.
À cause de son rôle dans le rétablissement de l'Évangile éternel qui doit être prêché au monde entier (cf. Ap. 14:6-7; D&A 133:31-39), l'Église a placé une statue le représentant comme héraut du rétablissement sur le temple de Salt Lake City et, plus tard, sur la colline Cumorah près de Palmyra (New York) où il avait autrefois enterré les plaques du Livre de Mormon. Des copies de la statue ont été également été placées sur les autres temples de l’Église [Voir aussi Moroni – Statue de l’ange; Moroni, Visitations de.]

Moroni, Visitations de
Auteur : RICKS, ELDIN

De 1823 à 1829, l'ange Moroni apparut au moins vingt fois à Joseph Smith et à d'autres. Ces apparitions ouvrirent la voie à la traduction et à la publication du Livre de Mormon et posèrent les fondements de beaucoup des enseignements les plus caractéristiques de l'Église. En tant que messager ressuscité de Dieu, Moroni parla à Joseph Smith des annales néphites sur plaques d'or et l'instruisit au sujet du rassemblement d'Israël, de la visite future d'Élie, de l'imminence de la seconde venue de Jésus-Christ et des jugements qui allaient se déverser sur le monde avant cet événement.
Joseph Smith écrivit à propos de l'apparition de Moroni, la nuit du 21 septembre 1823: «Après m'être mis au lit pour la nuit, je commençai à prier et à supplier le Dieu Tout-Puissant de me pardonner tous mes péchés et toutes mes sottises et aussi de m'accorder une manifestation pour que je connusse mon état et ma situation vis-à-vis de lui… Tandis que j'étais ainsi occupé à invoquer Dieu, je m'aperçus qu'une lumière apparaissait dans ma chambre; elle s'accrut jusqu'à ce que la chambre fût plus claire qu'à l'heure de midi, et, tout à coup, un personnage parut à mon chevet; il se tenait dans les airs… Il était vêtu d'une tunique ample de la plus exquise blancheur, d'une blancheur qui surpassait tout ce que j'avais jamais vu de terrestre… Il avait les mains nues, les bras aussi, un peu au-dessus des poignets; il avait également les pieds nus et les jambes aussi, un peu au-dessus des chevilles. La tête et le cou étaient nus également… toute sa personne était glorieuse au-delà de toute description» [JS–H 1:29-32].
L'ange se présenta sous le nom de Moroni et, pendant qu'il parlait des annales néphites, de leur contenu et des interprètes enterrés avec elles, Joseph eut la vision de l’endroit où elles se trouvaient dans la colline Cumorah. Moroni avertit Joseph qu’il ne devait montrer les plaques ni les interprètes à qui que ce soit excepté à ceux que le Seigneur désignerait. Il cita aussi certaines prophéties de la Bible, notamment Malachie 3-4, Ésaïe 11 et Actes 3:22-23.
Après le départ de l'ange, Joseph resta couché à réfléchir à cette expérience. Moroni revint et répéta mot à mot tout ce qu’il avait dit lors de sa première visite, ajoutant plus de détails sur les jugements à venir, puis une troisième fois pour répéter ses instructions et pour avertir Joseph qu'il devait mettre de côté toute idée de richesse profane et se concentrer uniquement sur la traduction des annales et l'établissement du royaume de Dieu.
Joseph dit que quand Moroni l’eut laissé pour la troisième fois, il entendit le coq chanter, les visitations ayant occupé la nuit entière. Il se leva et se rendit aux champs avec son père et son frère aîné Alvin, mais se sentit fatigué et faible. Son père, remarquant l'état de son fils, lui dit de retourner à la maison. Tandis qu’il franchissait une clôture, il tomba par terre sans connaissance.
La première chose qu'il se rappela avoir vue, ce fut Moroni debout au-dessus de lui, répétant ses instructions de la nuit précédente, ajoutant que Joseph devait maintenant parler des visitations à son père. Joseph s’exécuta et son père, assuré que la vision venait de Dieu, dit à Joseph de suivre les instructions de l'ange (JS–H 1:46-50).
Joseph Smith se rendit alors à la colline et trouva l'endroit qui lui avait été montré en vision la nuit précédente. Il dégagea les plaques et était sur le point de les prendre quand Moroni lui apparut de nouveau pour lui dire que le moment n’était pas encore venu. Au lieu de cela, il commanda à Joseph de retourner à cet endroit au même moment l'année suivante et de continuer ainsi jusqu'à ce que le moment fût venu d’obtenir les plaques (JS–H 1:51-54).
Il semblerait que, pendant ces années, Joseph Smith reçut aussi des visites de Mormon, de Néphi et d'autres «anges de Dieu dévoilant la majesté et la gloire des événements qui allaient se produire dans les derniers jours» (HC 4:537; cf. JD 17:374; Peterson, p. 131). Joseph raconta certaines de ses expériences à sa famille. Sa mère, Lucy Mack Smith, écrit: «À partir de ce moment-là, Joseph continua à recevoir des instructions du Seigneur et nous continuâmes à rassembler les enfants chaque soir pour l'écouter nous en parler… Il décrivait les anciens habitants de ce continent, leurs habits, leur façon de se déplacer et les animaux qu’ils montaient, leurs villes, leurs bâtiments, avec tous les détails, leur façon de faire la guerre et aussi leur culte religieux. Cela, il le faisait apparemment avec autant de facilité que s’il avait passé sa vie entière parmi eux» (pp. 82-83).
Moroni reprit temporairement les plaques et les interprètes lorsque Martin Harris perdit les 116 premières pages de manuscrit de la traduction. Plus tard, quand Joseph Smith quitta Harmony (Pennsylvanie) pour Fayette (New York) en juin 1829, Moroni les lui rendit là-bas (Smith, pp. 149-150). Plus tard encore, il montra les plaques aux trois témoins (HC 1:54-55), les reprit une fois la traduction terminée (JS–H 1:60) et les remit encore une fois brièvement à Joseph pour qu’il les montre aux huit témoins (voir Livre de Mormon, Témoins).
En plus de Joseph et des trois témoins, Mary Whitmer vit aussi l'ange et parla avec lui. Elle dit que Moroni lui montra les plaques d'or quand elle conversa avec lui (Peterson, pp. 114, 116). Selon d'autres sources, Moroni apparut également à W. W. Phelps, Heber C. Kimball, John Taylor et Oliver Granger (Peterson, pp. 151-152).

Mort
Auteur : Gillespie, L. Kay

À la mort, l'esprit et le corps se séparent et « les esprits de tous les hommes, dès qu'ils quittent ce corps mortel, oui, les esprits de tous les hommes, qu'ils soient bons ou mauvais, sont ramenés auprès de ce Dieu qui leur a donné la vie » (Alma 40:11 cf. Ecclésiaste 12:7). Alma le Jeune décrit comment les esprits des « justes seront reçus dans un état de bonheur, qui est appelé paradis, un état de repos, un état de paix, où ils se reposeront de toutes leurs difficultés, et de tous les soucis, et de toute tristesse » (Alma 40:12 ; voir Paradis; Monde des esprits ). Par contraste, les méchants, qui « ont choisi les œuvres mauvaises plutôt que les bonnes », subissent la crainte de la colère de Dieu (voir Alma 40:13). Ceux qui sont au paradis, comme ceux qui sont dans la prison d’esprit, attendent la résurrection et le jugement de Dieu (voir Prison d’esprit : Jugement, jour du, final).
LA RÉSURRECTION. Grâce à l'expiation du Christ, tous les mortels seront ressuscités indépendamment de leur justice personnelle. Leur esprit récupérera leur corps physique : il y aura donc une unité permanente de l'esprit avec un corps immortel incorruptible (Jean 5:28-29 ; Alma 11:42-45 ). À l'exception de la résurrection du Christ, « cette chair aurait dû se coucher pour pourrir et se désagréger, et retourner à la terre, sa mère, pour ne plus se relever » et les esprits des hommes seraient devenus des démons, assujettis à Satan pour l'éternité (2 Né 9:7-9 ).
NATURE DE LA MORT. Les Écritures enseignent que la mort ne change pas notre personnalité (Alma 34:34). L’identité de chacun est éternelle (D&A 18:10 ; 93:29). Donc tous ceux qui ont été obéissants aux commandements de Dieu à n'importe quelle époque du monde peuvent s'attendre à des retrouvailles avec leurs proches et à la fréquentation de leurs ancêtres et de leurs descendants. Les saints des derniers jours croient que la mort ne doit pas forcément mettre fin à la conscience personnelle ou aux relations entre personnes. Pour les justes, les liens familiaux peuvent continuer au-delà de la mort grâce aux scellements dans le temple. Ainsi, les membres de la famille qui ont reçu l'Évangile dans la condition mortelle recherchent leurs ancêtres et accomplissent les ordonnances par procuration nécessaires dans le temple pour les membres de la famille décédés (voir Temple, Ordonnances). Beaucoup de saints des derniers jours se sentent proches de leurs ancêtres des générations passées parce qu'ils ont étudié leur vie et que certains les ont représentés dans les ordonnances du temple (voir Moïse 6:45-46). Les parents affligés savent que les enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité et d'autres tels que les handicapés mentaux, reçoivent l'amour et le salut éternels par la grâce du Christ et retrouvent une plénitude pour continuer leurs relations familiales (Mro. 8:17, 22 ; D&A 137:10 ).
Néanmoins, les saints des derniers jours ne sont pas attirés par la mort et ne la recherchent pas (voir Prolonger la vie). Ils condamnent le suicide mais laissent le jugement au Seigneur (Ballard, p. 6-9). L'avortement est considéré, lui aussi, comme un péché grave dans la plupart des cas et peut causer beaucoup de chagrin.
La meilleure préparation pour la mort est de se repentir et de vivre dans la justice. Ceux qui ont le sentiment que leur vie est menacée par la maladie peuvent recevoir des bénédictions par les anciens de l'Église, qui, détenant la prêtrise de Dieu, «prieront pour eux et poseront les mains sur eux en mon nom. S'ils meurent, ils mourront pour moi, et s'ils vivent, ils vivront pour moi » (D&A 42:44 ; Voir aussi Malades, Bénédiction des). Ceux qui connaissent des souffrances extrêmes dans une maladie en phase terminale peuvent invoquer le Seigneur pour avoir du réconfort ou pour être soulagés de la douleur et s’en remettre à lui pour prolonger ou raccourcir leurs jours sur la terre. Permettre à une personne qui est en phase terminale de décéder plutôt que de maintenir une existence végétative par un soutien artificiel n'est pas l'équivalent spirituel de ne pas sauver la vie d'une personne face à la mort dans d'autres circonstances. Le Seigneur est, toutefois, en fin de compte, celui qui donne et reprend la vie.
Pour les saints des derniers jours, comme pour tout le monde, la mort peut être tragique, inattendue ou même un terme bienvenu à la souffrance. La perte d'êtres chers est une occasion de deuil. Toutefois, dans la doctrine des saints, la mort est aussi une occasion d'espoir, une naissance dans la prochaine vie, une étape dans le Plan du Salut qui a commencé dans l'existence prémortelle et conduit, si l'on est juste, à la vie éternelle avec Dieu dans le royaume céleste. Le deuil des fidèles se ,manifeste, et c’est naturel, par le chagrin et l’espoir, pas par le désespoir et la dépression. Pourtant, la perte d'un être cher ne doit pas être pris à la légère ni froidement. Le chagrin et l'amour sont compatibles – si pas essentiels – dans les émotions des fidèles. Et les saints des derniers jours qui affrontent eux-mêmes la mort, tout en éprouvant une incertitude et de l’inquiétude pour ceux qui restent, peuvent trouver de l’espoir dans le Plan du Salut et la promesse du Seigneur que « ceux qui meurent en moi ne goûteront pas la mort, car elle leur sera douce » (D&A 42:46).
MORT DE NOURRISSONS. Joseph et Emma Smith affrontèrent des pertes personnelles, notamment la mort de plusieurs de leurs enfants. Joseph écrit : « J'ai médité sur ce sujet et j’ai posé la question : comment se fait-il que des bébés, des enfants innocents, nous sont enlevés, en particulier ceux qui semblent être des êtres extrêmement intelligents et les plus intéressants ? Les raisons qui se présentent à mon esprit sont les suivantes… Ils étaient trop purs et trop beaux pour vivre sur la terre...[mais] nous les retrouverons bientôt » (EPJS, p. 158).
MORT DE JEUNES. Joseph Smith a fait ce commentaire sur la mort prématurée des jeunes lors de l'enterrement du jeune Ephraim Marks : « [Cette occasion] me rappelle la mort de mon frère aîné, Alvin, qui mourut à New York, et de mon frère cadet, Don Carlos Smith, qui mourut à Nauvoo. Il m’a été dur de vivre sur la terre et de voir enlevés d’auprès de nous, en pleine jeunesse, ces jeunes gens, sur le soutien et la consolation desquels nous nous sommes reposés. Oui, il a été difficile de se faire à cette idée... cependant je sais que nous devrions nous taire et savoir que c’est de Dieu » (EPJS, p. 174). Le prophète a également trouvé un grand réconfort dans ce que dit l'Évangile sur les rapports de la condition mortelle avec l'éternité: « De tous les peuples de la terre, c’est nous qui avons des raisons d'avoir la plus grande espérance et la plus grande consolation à l’égard de nos morts ; car nous les avons vus marcher en dignité parmi nous et les avons vus s’endormir dans les bras de Jésus ; et ceux qui sont morts dans la foi sont maintenant dans le royaume céleste de Dieu » (EPJS, p. 291).
Le deuil n’est pas seulement approprié ; c'est aussi l’une des expressions les plus profondes de l'amour pur : «Vous vivrez ensemble dans l'amour, de sorte que vous pleurerez la perte de ceux qui meurent » (D&A 42:45). Alma l’Ancien a enseigné que dans le cadre de l'alliance du baptême, les saints doivent « pleurer avec ceux qui pleurent ; oui, et… consoler ceux qui ont besoin de consolation » (Mosiah 18:9). Le deuil peut augmenter notre foi et nos espoirs. Joseph Smith, le prophète, a dit : « L’espérance de voir mes amis le matin de la résurrection réjouit mon âme et me permet de faire face aux maux de la vie. C'est comme s’ils partaient pour un long voyage et à leur retour nous les retrouverons avec une joie accrue » (EPJS, p. 238).
OBSÈQUES. Les obsèques chez les saints sont des occasions solennelles et douloureuses, mais elles projettent aussi un esprit d'espoir fondé sur l'attente des retrouvailles avec le défunt après cette vie. Elles ont habituellement lieu dans une chapelle de l’Église ou dans une morgue sous la direction de l'évêque de la paroisse (Packer, p. 18). Elles commencent et finissent par de la musique sacrée et une prière, comportant parfois des chants par l’assemblée ou par une chorale (Packer, p. 19). Certain cantiques de l’Église décrivent la vie après la mort comme un retour en la présence de Dieu (Cantiques, p.185) ou comme un état de repos loin des soucis mortels et comprennent souvent un rappel que les vicissitudes de la condition mortelle sont temporaires : « Et si la mort nous arrête en chemin, heureux jour, tout est bien ! Fini l’effort et fini le chagrin car le ciel est atteint. » (Cantiques, p. 18).
Lors des obsèques on évoque des réminiscences et des éloges et il y a aussi des discours sur l'Expiation, la résurrection, la vie après la mort et des points de doctrine sur ce genre de sujets qui réconfortent et inspirent les personnes en deuil. Certaines familles demandent à des membres de la famille ou à des amis de parler de la vie du défunt ou de chanter un cantique approprié. Il est de coutume qu’une prière soit faite au nom de la famille par un de ses membres avant le début de la cérémonie publique.
CÉRÉMONIE AU BORD DE LA TOMBE. Après les obsèques, on organise habituellement un service de dédicace au bord de la tombe auquel n’assistent que les parents et les amis intimes. Quelqu’un qui détient la Prêtrise de Melchisédek, habituellement un membre ou un ami proche de la famille, consacre la tombe en demandant à Dieu de la protéger contre les éléments ou toute autre perturbation comme un lieu de repos sanctifié jusqu'à la résurrection.
Dans certains pays, les lois locales peuvent imposer l’incinération plutôt que l'enterrement, mais en l'absence d'une telle loi, l’enterrement est préférable en raison de son symbolisme doctrinal (Packer, p. 19). Les circonstances peuvent également dicter un service commémoratif ou un service au bord de la tombe uniquement. Il est conseillé aux évêques de tenir compte des souhaits de la famille en accord avec la nature spirituelle et respectueuse de l'événement (Packer, p. 19-20).
RÉSUMÉ. Tout comme la mort a commencé avec la Chute, elle prendra fin avec l'Expiation, grâce à laquelle tous seront ressuscités et la terre elle-même deviendra immortelle (D&A 29:22-29 ; 1 Corinthiens 15:19-26 ; Apocalypse 21:1-4). L'espoir engendré chez les saints des derniers jours par cette perspective à longue portée d’un Sauveur aimant, ayant triomphé de la mort, se reflète dans une lettre de Joseph Smith à l'Église en 1842 : « Or, qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu? Une voix d'allégresse! Une voix de miséricorde venant du ciel et une voix de vérité sortant de la terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse pour les vivants et les morts, de bonnes nouvelles d'une grande joie » (D&A 128:19). Bien qu'elle cause du chagrin à ceux qui restent, la mort fait partie du « plan miséricordieux du grand Créateur » (2 Né 9:6), c'est « un mécanisme de sauvetage » (Packer, p.21), une étape essentielle dans le « grand plan du bonheur » du Seigneur (Alma 12.25). [Voir aussi Au-delà ; Autopsie ; Enterrement ; Incinération.]

Bibliographie
Ballard, M. Russell. "Suicide: Some Things We Know, and Some We Do Not." Ensign 17, oct. 1987, p. 6-9.
Barlow, Brent A. Understanding Death. Salt Lake City, 1979.
Hinckley, Gordon B. "The Empty Tomb Bore Testimony." Ensign 18, mai 1988, p. 65-68.
Cantiques de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Salt Lake City, 1985.
Kimball, Spencer W. "Tragedy or Destiny?" IE 69, mars 1966, p. 178-180, 210-214, 216-217.
Madsen, Truman G. "Distinctions in the Mormon Approach to Death and Dying." In Deity and Death, dir. de publ. Spencer J. Palmer, p. 61-74. Provo, Utah.
Packer, Boyd K. "Funerals-A Time for Reverence." Ensign 18, nov. 1988, p. 18-21.
L. KAY GILLESPIE

Nauvoo
Auteur: LEONARD, GLEN M.

Nauvoo, Illinois, siège social de l’Église et lieu de résidence de beaucoup de ses membres de 1839 à 1846, a commencé et a fini en tant que communauté en exil. En 1838-1839, les saints des derniers jours fuirent le Missouri à la recherche d’un asile religieux pour échapper aux persécutions des émeutiers. Ils trouvèrent un abri dans l’est de l’Iowa et l’ouest de l’Illinois où ils créèrent de nouvelles collectivités. Joseph Smith appela la ville principale Nauvoo, qui signifiait, disait-il «un bel endroit, un lieu de repos». Lorsque, sept ans plus tard, les saints quittèrent Nauvoo pour les montagnes Rocheuses, ils étaient une fois de plus des exilés religieux à la recherche d’une patrie.
La population de Nauvoo grandit rapidement sur les terres achetées à des colons et à des spéculateurs disposés à vendre sur contrat. Joseph Smith, agissant en tant qu’agent pour l’Église, acheta les fermes en Illinois à Hugh et William White et des terres d’investissement à Isaac Galland et Horace Hotchkiss, 240 hectares en tout. Il revendit des lots de 40 ares à Nauvoo délimités sur les marécages le long du fleuve en concurrence avec d’autres promoteurs membres de l’Église qui lotissaient des terrains sur les promontoires voisins. Un relevé fixa des rues de quinze mètres de large sur le territoire urbain recouvrant les villes existant «sur papier» de Commerce et de Commerce City. En décembre 1840, Nauvoo devint une personne morale en vertu de la charte de Nauvoo décernée par le gouvernement de l’Illinois et assurant aux saints la meilleure protection juridique qu’ils eussent jamais connue. Nauvoo était maintenant une patrie.
Tandis que les saints des derniers jours exilés du Missouri et d’Ohio se rassemblaient dans leur nouveau pieu de Sion, les missionnaires des États-Unis et de Grande-Bretagne baptisaient beaucoup de convertis (voir Missions des Douze aux îles Britanniques). Encouragés par Joseph Smith, les convertis américains et canadiens vinrent s’installer à l’ouest, à Nauvoo. Certains utilisèrent les voies navigables, d’autres des chariots bâchés et des chevaux, et quelques-uns allèrent simplement à pied. À partir de 1840, des milliers traversèrent l’océan Atlantique depuis Liverpool et remontèrent le Mississippi à partir de la Nouvelle-Orléans. C’était une émigration religieuse, une réaction individuelle et familiale à une croyance religieuse, facilitée par les agents d’émigration de l’Église à Liverpool, qui organisèrent des convois et désignèrent des bergers pour ceux fuyaient en Sion (voir Immigration et émigration).
Les nouveaux venus étaient accueillis à Nauvoo par leurs amis, leurs parents, les missionnaires et le prophète Joseph Smith lui-même. Pendant les années de forte progression, de 1841 à 1843, il devint de plus en plus difficile de louer une maison ou de trouver d’autres logements provisoires. Aussi rapidement que possible, les nouveaux colons engageaient les rares entrepreneurs et artisans pour construire des maisons. Le bois de construction récolté dans les forêts voisines non exploitées ou importé et, plus tard, les briques faites à Nauvoo, allèrent dans des centaines de maisons confortables mais petites. Nauvoo devint une ville champignon.
Les jardins des lots municipaux donnaient des légumes, des herbes, des fruits et des baies. La viande et les pommes de terre, quand on en avait, et le maïs –– moulu en farine pour bouillir, cuire et frire ––étaient la base de l’alimentation de tout le monde. Dans les prairies voisines, les fermiers labouraient, clôturaient en coopérative et ensuite semaient des centaines d’hectares de maïs, de blé et de pommes de terre. Les artisans trouvaient sans peine du travail à Nauvoo, de même que les négociants désireux d’importer les produits manufacturés de St-Louis, de Cincinnati et de la côte Est.
Les partisans de Nauvoo et leurs adversaires politiques des localités voisines ont exagéré, pour différentes raisons, leurs évaluations de la population de Nauvoo. En 1845, les recenseurs de l’Illinois ont compté 11.057 résidants. Si l’on y ajoutait la croissance jusqu’à la fin 1845 et si l’on y incluait les environs de la ville, cela pousserait l’estimation à 15.000 à l’apogée de Nauvoo, ce qui était presque l’équivalent d’un Chicago en croissance plus rapide.
Pour satisfaire les besoins publics, les groupes municipaux construisirent uns salle de musique et une salle culturelle, et les collèges de prêtrise projetèrent leurs propres salles de réunion. La construction, commanditée par l’Église, de la Maison de Nauvoo, d’un grand hôtel et du temple de Nauvoo donna à la croissance de Nauvoo une signification religieuse.
Bien que tous les membres contribuassent, selon que le leur permettaient leurs moyens et leur foi, à la construction du temple, ils ne vivaient pas tous à Nauvoo. Certains restèrent dans leur localité natale à cause de pressions économiques ou familiales. D’autres se joignirent à la Marche vers Nauvoo, mais trouvèrent de quoi construire et des terres à l’écart du siège de l’Église. Sur un terrain de 5.200 hectares acheté par l’Église dans le comté de Lee (Iowa), juste en face de Nauvoo, de l’autre côté du fleuve, les saints fondèrent une ville appelée Zarahemla et neuf autres colonies plus petites. Joseph Smith organisa un pieu d’Iowa et y approuva la colonisation ainsi que dans plusieurs nouvelles localités dans l’ouest de l’Illinois. En plus de Nauvoo, les membres de l’Église du comté de Hancock vivaient à Ramus (maintenant Webster); dans le comté d’Adams à Lima, Quincy, Mount Hope (maintenant Columbus) et Freedom (près de Payson); dans le comté de Morgan à Geneva; dans le comté de Sangamon à Springfield; et dans le comté de Spike à Pleasant Vale (maintenant Canton). En plus, les frères présidents organisaient des branches de l’Église partout où il y avait des concentrations de membres en Amérique du Nord et dans les îles Britanniques.
Partout où ils vivaient, les saints des derniers jours se tournaient vers le prophète Joseph Smith pour ce qui était de la direction religieuse. Ses révélations et ses sermons publiés à Nauvoo étaient distribués dans toute l’Église. Pour les résidants, le prophète offrait en direct la prédication, l’enseignement et les recommandations. En plus de cela, son influence à Nauvoo était accrue par ses rôles d’agent immobilier, de maire, de chef de la milice, de magistrat et de négociant. Il n’est donc pas étonnant qu’après sa mort et l’abrogation de sa charte, la ville aient été renommée la Cité de Joseph.
Pendant ses dernières années à Nauvoo, le prophète révéla des aspects supplémentaires de l’Évangile rétabli. Il répondit aux questions sur les croyances de base des saints par treize articles de foi, qui décrivaient les points de doctrine fondamentaux. Il publia un autre ouvrage scripturaire révélé, le livre d’Abraham. Il enseigna de nouvelles idées sur les origines communes de toute l’humanité et son destin éternel, en particulier lors de l’éloge funèbre d’un membre appelé King Follett (voir Discours sur King Follett). Beaucoup parmi les nouveaux enseignements portaient sur le temple et envisageaient un effort collectif pour accomplir les ordonnances pour le salut des ancêtres décédés et l’exaltation des saints fidèles. Les premiers baptêmes pour les morts furent accomplis dans le Mississippi, mais dès la fin novembre 1841, les baptêmes par procuration commençaient dans les fonts baptismaux du temple. En attendant, alors que le temple n’était pas encore achevé, plusieurs hommes, dont deux des Douze, reçurent, le 4 mai 1842, les premières dotations du temple dans une pièce à l’étage du magasin-bureau du président. L’année suivante leurs épouses et d’autres hommes et femmes reçurent les mêmes ordonnances, constituant un groupe d’initiés qui, à partir de décembre 1845, allaient administrer les ordonnances du temple à des milliers d’autres personnes dans le temple de Nauvoo.
Le temple était au centre de la vie religieuse à Nauvoo. Les saints en soutinrent la construction par la dîme en temps et en moyens, et ils aspiraient à recevoir les bénédictions du temple promises. Pour ceux qui avaient la chance d’habiter Nauvoo, le temple et la théologie qui lui était associée donnèrent un sens nouveau et éternel à la naissance, au mariage, à la vie et à la mort.
Bien que la direction personnelle de Joseph Smith dominât la vie religieuse à Nauvoo, une structure institutionnelle soutenait ses efforts et continua après sa mort en 1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Pendant les années de Nauvoo, le Collège des Douze accepta un rôle accru. Organisé en 1835, ses membres acquirent de l’expérience d’abord comme dirigeants de mission en Angleterre et puis comme administrateurs à Nauvoo. Avec la Première Présidence et d’autres autorités, ils avaient des occasions de faire, en chaire dans le bosquet près du temple, des commentaires scripturaires le dimanche et de s’adresser aux saints lors des conférences générales. Ces conférences d’avril et d’octobre, qui étaient parmi les réunions les plus importantes à Nauvoo, rassemblaient des milliers de saints pour traiter des affaires et donner des instructions. Des réunions semblables se produisaient ailleurs pour les branches dispersées. Les procès verbaux publiés dans le Millennial Star en Grande-Bretagne et dans le Times and Seasons de Nauvoo aidaient les membres qui étaient ailleurs à se tenir au courant des affaires de l’Église, de la croissance du nombre des membres et de la prédication. Les périodiques de l’Église publièrent les premières livraisons de la History of the Church, de Joseph Smith, un projet auquel il travailla diligemment avec ses secrétaires de 1838 jusqu’à sa mort en 1844.
La Société de Secours des femmes, organisée en 1842, pourvoyait aux besoins des pauvres et enseignait les principes de la pureté sexuelle. En cela, elle aidait les évêques des paroisses débutantes de Nauvoo, des entités administratives toutes neuves à vaquer aux besoins temporels et à superviser la dignité religieuse. Après que Brigham Young et les Douze eurent succédé au prophète comme dirigeants, les soixante-dix et les autres collèges de la Prêtrise de Melchisédek grandirent rapidement en nombre et en importance. Les soixante-dix construisirent un bâtiment, patronnèrent une bibliothèque et se préparèrent pour des missions et pour les bénédictions du temple.
Si la loyauté des saints des derniers jours de Nauvoo allait avant tout à leur appartenance religieuse, leur vie n’en reflétait pas moins les expériences typiques des autres citoyens de l’Amérique jacksonienne. Les non-mormons vivant dans et autour de Nauvoo se joignaient à eux pour la fête de l’Indépendance. Les cortèges militaires, les fanfares, les discours patriotiques et les autres festivités attiraient les citoyens qui arrivaient à cheval, en chariot et par bateau. Les festivités de Noël étaient des points culminants pour la famille et les amis, avec des dîners par étapes, des chants et des danses. L’appartenance aux loges maçonniques, organisées en 1841-1842, affirmait la loyauté de groupe dans l’Église et incitait aux liens fraternels avec les autres. Malheureusement et contrairement à ce à quoi l’on s’attendait, la croissance rapide des loges créa une polémique qui durcit les rapports avec les autres francs-maçons (voir Franc-maçonnerie à Nauvoo).
La société mormone américaine à Nauvoo, travaillée de plus en plus par l’influence des immigrants britanniques et scandinaves, se livrait aux divertissements typiques du XIXe siècle. Des fanfares jouaient lors des bals et des rassemblements patriotiques, accompagnaient les chœurs de l’Église et jouèrent pour la cérémonie de la pose de la pierre angulaire du temple. Des chorales d’adultes et de jeunes, des instrumentistes et des chanteurs distrayaient et édifiaient lors des assemblées festives et religieuses. La musique interprétée venait des sociétés organisatrices, mais certains cantiques étaient nouvellement écrits pour les services religieux de l’Église. Les poètes mormons commémoraient régulièrement les événements et les personnes et mettaient des messages religieux importants en vers pour les périodiques bimensuels. Les comédiens de Nauvoo jouaient des pièces de théâtre populaires ou patronnaient des troupes d’acteurs itinérants dans la maison de la culture de Nauvoo. Les autres attractions occasionnelles étaient les expositions artistiques, le cirque et les excursions en bateau fluvial (voir Histoire sociale et culturelle).
Les enfants avaient peu de jouets, la plupart du temps des chariots, des toupies et des poupées faits maison. Ils faisaient des jeux tels que le renard et les oies ou le saute-mouton. Les jeunes se livraient à des passe-temps tels que jouer aux billes, la lutte, la course à pied, la chasse, la pêche, la traction au bâton, le jeu de quilles et le base-ball. Les adultes participaient à beaucoup de ces activités récréatives et passaient parfois le temps à jouer aux cartes, à rouler en chariot ou à des rencontres de salon. Quand ils ne vaquaient pas aux besoins du moment, les habitants de Nauvoo faisaient également des études. Pour obtenir une formation de base dans la lecture, l’écriture et l’arithmétique pour leurs familles, les parents engageaient des précepteurs ou inscrivaient les enfants dans une des dizaines de classes proposées par les instituteurs à temps partiel de Nauvoo. On payait les instituteurs en leur assurant la pension complète et un peu d’argent. L’université de Nauvoo n’existait que dans quelques classes dispersées. Les adultes masculins et les jeunes hommes organisaient des salles et des sociétés de conférences pour développer l’art oratoire. Ils traitaient de sujets politiques aussi bien que de sujets religieux pour préparer les participants au service missionnaire et au service civique. Les livres étaient rares dans les maisons privées, mais une bibliothèque de prêt à ses membres proposait deux cents ouvrages reçus en don sur la science, les religions, l’histoire et la littérature mondiales. Les journaux religieux et profanes de Nauvoo, le Times and Seasons et le Nauvoo Neighbor (à l’origine The Wasp), édités par des citoyens mormons éminents, circulaient parmi les saints des derniers jours sur deux continents. À «l’ère de l’homme du commun», la vie sociale et éducative de Nauvoo était faite d’agréments et de participation.
Comme ailleurs dans la société américaine, la famille était le centre de la vie quotidienne. Les femmes satisfaisaient aux besoins domestiques en combinant leur propre travail et les revenus du travail de leurs maris. La famille produisait et cuisinait la nourriture, mais les négociants de Nauvoo importaient ou échangeaient aussi beaucoup de produits alimentaires. Les femmes faisaient souvent les vêtements d’usage courant, les couvertures de lit, les tapis et des choses telles que des serviettes et des rideaux dans du tissu acheté. Les meubles, les ustensiles de cuisine et les outils des artisans étaient importés ou apportés par les immigrants. Les remèdes domestiques, complétés par des bénédictions de prêtrise, étaient administrés avec foi en la guérison. La mortalité infantile était élevée et la mort était une possibilité constante pour tout le monde à cause de maladies apparentées à la malaria, des maladies incurables et des accidents.
Pour les saints des derniers jours de Nauvoo, la famille prenait un nouveau sens religieux. La conversion divisait malheureusement souvent les familles, même si les lettres envoyées de Nauvoo entretenaient des liens et invitaient aux retrouvailles. Les ordonnances du temple par procuration donnaient la possibilité d’unir les familles à travers les générations et au-delà de la tombe. Des associés choisis acceptèrent le défi privé du prophète de contracter l’alliance du mariage avec des épouses plurales (voir Mariage plural), bien que ce point de doctrine n’ait pas été prêché publiquement avant 1852 en Utah. En vue du temple, l’enseignement du principe de la famille éternelle apportait une touche spéciale à la vie de famille des saints. Les ordonnances de scellement pour les maris et les femmes donnaient au mariage et à la famille à Nauvoo une perspective éternelle.
Au moment même où la vie semblait être revenue à la normale après le martyre, la perte de la charte de Nauvoo et le harcèlement des émeutiers en 1845 menacèrent la paix de la Belle Ville de Joseph Smith. Les adversaires politiques et schismatiques prédirent «la fin du mormonisme». Des saints des derniers jours mécontents menaçaient l’unité religieuse et proposaient une tutelle et une nouvelle direction prophétique par opposition aux Douze. L’Église survécut, mais la position de Nauvoo comme centre de l’Église prit fin. Le Collège des Douze annonça, à la conférence d’octobre 1845, ses plans d’évacuation au printemps suivant.
Tout au long de l’hiver, les résidants s’organisèrent pour l’exode tout en se pressant de terminer leur temple pour en recevoir les ordonnances (voir Émigration vers l’Ouest: Planification et prophétie). Ils achetèrent des bœufs, firent des chariots, vendirent leurs propriétés et s’équipèrent pour le long voyage dans le désert de l’ouest tout en faisant des vêtements pour le temple et en effectuant les travaux de finition à l’intérieur du temple sur la colline. Brigham Young et les Douze nommèrent des agents pour liquider les propriétés invendues et organisèrent des convois d’émigration tout en supervisant les détails de la construction du temple. En décembre, juste avant que le départ ne commence, des milliers de fidèles de Nauvoo commencèrent à recevoir leur dotation du temple qu’ils attendaient depuis si longtemps. Avant la fin de l’hiver, plus de 6.000 personnes avaient reçu les ordonnances du temple et étaient donc disposées à partir. Après sept années mouvementées, les saints des derniers jours repartaient une fois de plus, transplantant leur société de l’alliance dans une nouvelle terre promise.

Nauvoo – Charte de
Auteur: KIMBALL, JAMES L., JR.

Par une législation signée en force de loi le 16 décembre 1840, l’Assemblée générale de l’Illinois accorda à Nauvoo le statut de ville. Parmi littéralement des centaines de colonies de l’Illinois, seules Alton, Chicago, Galena, Quincy et Springfield avaient un statut juridique aussi distinctif. Les saints des derniers jours et leurs voisins s’attendaient à ce que cela ait des conséquences importantes.
Beaucoup d’Illinoisans, choqués par le traitement féroce que les Missouriens avaient fait subir aux saints des derniers jours (voir Conflit au Missouri), cherchèrent à secourir les disciples assiégés de Joseph Smith en les aidant politiquement et en leur fournissant des sauvegardes juridiques. De plus, le tissu économique de l’état souffrait des effets de plus en plus graves des paniques de 1837 et de 1839, et beaucoup de législateurs voyaient un avantage économique à l’immigration future de plusieurs milliers de nouveaux colons. Encouragés par les dirigeants politiques de l’état, les saints croyaient qu’une charte municipale leur garantirait un genre de sécurité qu’ils n’avaient encore jamais eu. Même Stephen A. Douglas, juge à la Cour suprême de l’état, en dépit de décisions judiciaires précédentes allant en sens contraire, était d’avis qu’une charte était irrévocable et perpétuelle.
Le document de Nauvoo, qui n’était ni la charte la plus longue ni la plus courte, ressemblait beaucoup aux chartes d’autres villes de l’Illinois. Plus de la moitié des sections étaient rédigées sur le modèle de la charte de Springfield. Le statut de ville permettait le gouvernement par un conseil choisi par un électorat; à la différence des autres conseils municipaux d’Illinois, le Conseil de Nauvoo se composait d’échevins, de conseillers municipaux et d’un maire. Le document de Nauvoo différait également des autres en ce qu’il était non une mais trois chartes, accordant à la ville le statut de corporation, une université et une milice municipale. La pratique précédente était de créer des écoles et également des unités de milice par des actes séparés. L’université de la ville de Nauvoo, régie par le conseil municipal, était la seule université de l’état administrée par une ville.
Une disposition importante disait que le Conseil de Nauvoo pouvait passer toutes les ordonnances non contraires à la constitution des États-Unis ou à celle de l’Illinois. Ceci avait pour effet de donner aux autorités de Nauvoo un pouvoir équivalent à l’Assemblée générale de l’Illinois. Les ordonnances passées par le Conseil de Nauvoo pouvaient être en violation directe ou ne pas tenir compte de la loi de l’état et être malgré tout valides à Nauvoo, à condition de ne pas être en conflit avec les pouvoirs spécifiques accordés par les constitutions fédérales et d’état. Les dirigeants de la milice municipale, connue sous le nom de Légion de Nauvoo, et les administrateurs de l’université pouvaient également décréter des lois qui n’étaient limitées que par les constitutions de l’état et fédérales.
Presque immédiatement ce pouvoir se retrouva au centre de malentendus et d’une polémique, bien que la même délégation d’autorité existât également dans trois des cinq autres chartes municipales. Puisque cette disposition n’était pas unique, la réaction négative suscitée par elle avait beaucoup à voir avec la façon dont les autres considéraient les saints des derniers jours et la mise en application de la disposition par Nauvoo et ses dirigeants. Le tribunal municipal de Nauvoo, le troisième tribunal du genre autorisé par l’Assemblée générale de l’Illinois, devint aussi un sujet de controverse. Alors que les tribunaux municipaux de Chicago et d’Alton agissaient sous la direction d’un seul juge, le juge principal de Nauvoo était le maire de la ville, siégeant comme premier magistrat, avec les échevins municipaux comme juges associés. Pour les adversaires, la manière dont Joseph Smith, comme maire de Nauvoo, utilisait les pouvoirs législatif et judiciaire accordés par la loi avait comme conséquence des abus «anti-républicains».
En accordant la charte, certains législateurs avaient peut-être espéré protéger les saints des derniers jours contre les persécutions, mais cela s’avéra être une épée à deux tranchants. Quand la majorité de l’Illinois se tourna contre Nauvoo sans disposer des outils légaux pour limiter le pouvoir et l’influence de la ville, elle eut recours à des moyens extralégaux. Plus tard, après des violences, elle réussit également à faire abroger la charte de Nauvoo. Bien que basée solidement sur des précédents non qualifiés d’ «anti-républicains» jusqu’à ce que les saints des derniers jours les aient obtenus et utilisés, la charte de Nauvoo ne réussit néanmoins pas à assurer aux saints la paix et la protection qu’ils désiraient.

Bibliographie
Kimball, James L., Jr. "The Nauvoo Charter: A Reinterpretation." Journal of the Illinois State Historical Society 54, printemps 1971, pp. 66-78.
JAMES L. KIMBALL, JR.

Nauvoo – Économie de
Auteur: FLANDERS, ROBERT B.

Nauvoo, qui fut pendant sept années le siège social de l’Église, était une ville fluviale avec un arrière-pays agricole, installée parmi une société préétablie de seconde génération de non-mormons. Fondée en 1839 par des saints réfugiés du conflit au Missouri, elle n’a existé en tant que communauté de saints que jusqu’en 1846. Les ajouts à sa population en croissance rapide étaient dus surtout à de nouveaux convertis, beaucoup venus d’Angleterre, qui apportaient presque toujours des qualifications et parfois de la richesse. Bien que le commerce de marchandises et de services ait été actif, la principale importation de Nauvoo était les convertis (voir Immigration et émigration), et son exportation principale, les missionnaires.
Nauvoo n’était ni communal ni communautaire. Toutefois, les influences de la société de l’Église imprégnaient la société et l’économie. À Nauvoo, Joseph Smith exprima, en tant que prophète, l’extrême urgence de construire la ville et son temple, une urgence qui l’emportait sur tout. Nauvoo était le premier modèle à échelle humaine du royaume de Dieu sur terre tel qu’envisagé par Joseph Smith. Les saints de Nauvoo consacrèrent donc une grande énergie à «édifier le royaume», ce qui, en termes économiques, signifiait construire la ville et établir son infrastructure.
Comme d’autres collectivités de son époque, Nauvoo avait des forgerons, des tonneliers, des potiers, des armuriers et des étameurs, mais ce qui était le plus recherché, c’était les scieurs, les fabricants de briques et les menuisiers. La construction était l’industrie principale. Le hameau de Commerce, dont Nauvoo occupait l’emplacement, avait peu de bâtiments, aussi la demande de logements était grande. Les saints n’envisageaient pas de logements de groupe à la manière des moraves, des shakers et d’autres sociétés communautaires, mais ils voulaient des logements unifamiliaux séparés selon la tradition rurale anglo-américaine. Il en allait de même des bâtiments commerciaux et industriels. Avec ses nombreux petits bâtiments érigés sur de grandes parcelles dans des rangées plus ou moins ordonnées, organisées en un damier de rues larges avec entre elles du terrain libre pour des annexes, des jardins, des vergers et des prés, Nauvoo devint le prototype de la ville mormone (voir Urbanisme).
Les travaux publics constituaient la majeure partie des constructions à Nauvoo. On ne mit jamais à exécution un plan ambitieux d’endiguer le Mississippi pour faciliter le développement industriel, mais on commença les travaux pour creuser un canal à travers la péninsule de la ville. Le projet visait à contourner les Rapides de Des Moines du Mississippi, un obstacle qui transformait l’emplacement en portage de fleuve une grande partie de l’année; mais le projet fut abandonné quand les ouvriers rencontrèrent un soubassement calcaire. La pierre fut plus tard extraite pour le temple de Nauvoo.
Le temple, point focal de la vie religieuse et économique de Nauvoo, était essentiel pour que Nauvoo soit une manifestation littérale du royaume. La construction du temple mit à l’épreuve le zèle religieux et les ressources économiques de tous les saints, de Nauvoo et d’ailleurs. Les résidants étaient censés «payer la dîme pour le temple» en temps, en marchandises ou en argent. Les saints qui n’avaient pas encore rallié Nauvoo furent exhortés à le faire rapidement pour pouvoir participer à l’entreprise. Ceux qui ne pouvaient pas le faire devaient soutenir la construction du temple avec de l’argent liquide. Les douze apôtres écrivirent en 1841 aux saints anglais : «Le premier grand objectif devant nous et devant les saints en général, c’est [l’achèvement] du temple… pour assurer le salut de l’Église» (HC 4:449). Pour Joseph Smith, l’achèvement du temple était la priorité absolue. La révélation de 1841 autorisant le temple menaçait également de rejeter l’Église si l’édifice n’était pas achevé dans un temps suffisant (voir D&A 124:30-32). Malgré tout, quand Joseph Smith fut tué en 1844, les murs n’étaient construits qu’à moitié.
Bien que la construction du temple fût un travail d’amour, son coût économique épuisa les ressources de la ville. Des capitaux furent retirés d’entreprises nécessaires pour fournir des marchandises et de l’emploi. Même Joseph Smith, quoique enthousiaste pour le temple, reconnaissait le problème. «Je prophétise, dit-il en 1843, que dès que nous aurons construit le temple, pour que nous ne soyons plus obligés d’épuiser nos moyens là-dessus, nous aurons le moyen de rassembler les saints par milliers et par dizaines de milliers» (HC 5:255).
L’économie de Nauvoo se développa pendant la dépression nationale de 1839-1843. Les fondateurs réfugiés étaient pratiquement indigents, mais peu d’Américains, quel que fût leur milieu, avaient du bon argent pendant cette période. Les banques avaient fait banqueroute et l’argent liquide avait disparu. Les saints inventèrent un système d’échanges ingénieux mais précaire basé sur le troc, les lettres de crédit, des reconnaissances de dette non officielles et des «bonds-for-deed», des engagements de vendre des terres au lieu d’actes, une nécessité parce que tout le territoire de Nauvoo avait été acheté en vertu d’un contrat à long terme sans acte jusqu’à paiement intégral. Le système fonctionnait parce que l’économie était en augmentation générale et que les saints se faisaient mutuellement confiance et étaient liés par un but commun.
L’achat de terres, le temple, la Maison de Nauvoo (un grand hôtel), et tout le projet d’édification du royaume dont les saints croyaient que leur salut dépendait étaient dirigés par Joseph Smith et son organisation ecclésiastique. Parce que Nauvoo représentait un mélange du sacré et du profane sous la direction d’un prophète, quand il fut tué en 1844, la survie du projet allait dépendre de la façon dont la succession allait se passer (voir Succession dans la présidence). Ceux qui acceptèrent la direction de Brigham Young et du Collège des Douze transplantèrent dans l’Ouest le système d’économie politique façonné à Nauvoo (voir Économie pionnière; Migration vers l’Ouest: Planification et prophétie). Certains qui ne l’acceptèrent pas et qui décidèrent de s’écarter du modèle de Nauvoo se joignirent plus tard à l’Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.

Nauvoo Expositor
Auteur: DURHAM, REED C. Jr.

Le Nauvoo Expositor était l’organe des apostats décidés à causer la perte du prophète Joseph Smith et de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours au printemps de 1844. Pendant les derniers mois de la vie de Joseph Smith, un parti d’opposition de membres mécontents, d’apostats et d’excommuniés créa une église dissidente. Les dirigeants prétendaient croire au Livre de Mormon et au rétablissement de l’Évangile, mais rejetaient ce qu’ils appelaient les innovations de Nauvoo, notamment le mariage plural. Affirmant que Joseph était un prophète déchu, les dissidents se mirent en devoir, par l’intermédiaire de l’Expositor, de démasquer les soi-disant faux enseignements et les abominations du prophète. Ils tinrent des réunions secrètes, dressèrent des plans et firent le serment de renverser l’Église et de tuer Joseph Smith. La publication du journal était essentielle à leur stratagème.
Quand elle arriva à Nauvoo le 7 mai 1844, la presse de l’Expositor provoqua une grande excitation aussi bien parmi les mormons que parmi les non-mormons, mais il n’y eut aucune intervention immédiate. Dans les trois jours, les propriétaires, tous dirigeants du mouvement d’opposition, publièrent un prospectus pour leur journal. Un mois plus tard, le 7 juin, le seul et unique numéro du Nauvoo Expositor parut et causa une fureur immédiate dans la communauté. Les résidants de Nauvoo furent exaspérés de ce qu’ils considéraient comme étant ses prétentions sensationnelles à propos de la religion, de la politique et de la moralité à Nauvoo. Ils ressentirent également un pressentiment inquiétant. Francis Higbee, l’un des propriétaires du journal, donna un ton sinistre quand il décrivit Joseph Smith comme étant «le plus grand bandit que l’on n’ait pas encore pendu».
La qualité littéraire du journal était inférieure. Un critique non mormon contemporain la décrit comme «terne ou risible» avec «une grammaire boiteuse et une rhétorique ampoulée» (Oaks, p. 868). Mais la polémique de l’Expositor contre l’Église et Joseph Smith était menaçante et polarisante. Les anti-mormons exultèrent au sujet de l’Expositor, mais les membres de l’Église exigèrent que l’on fasse quelque chose.
En tant que maire de Nauvoo, Joseph Smith convoqua le conseil municipal. Après quatorze heures de délibération en trois sessions différentes, le conseil résolut, le lundi 10 juin, vers 18h30, que le journal et son imprimerie étaient «une nuisance publique» et ordonna au maire de «la faire disparaître… sans tarder». Joseph Smith commanda promptement au city marshal de détruire la presse et de brûler toutes les copies du journal. À 20h00, le marshal exécuta les ordres du maire (HC 6:432-449). Cette mesure, justifiée ou pas, fit le jeu de l’opposition. Elle exacerba le sentiment antimormon dans tout le comté de Hancock et alimenta les accusations portées par l’opposition pour retenir Joseph Smith dans la prison de Carthage, où il fut assassiné le 27 juin 1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).

Bibliographie
Godfrey, Kenneth W. "Causes of Mormon/Non-Mormon Conflict in Hancock County, Illinois, 1839-1846." Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1967.
Oaks, Dallin H. "The Suppression of the Nauvoo Expositor." Utah Law Review 9, hiver 1965, pp. 862-903.
Oaks, Dallin H., et Marvin S. Hill. Carthage Conspiracy: The Trial of the Accused Assassins of Joseph Smith. Urbana, Ill., 1979.
REED C. DURHAM, JR.

Nauvoo – Légion de
Auteur: FLAMMER, PHILIP M.

Le décret législatif de l’Illinois de décembre 1840 qui donnait statut à la ville de Nauvoo autorisait également la création d’un corps militaire ou milice, qui prit le nom de Légion de Nauvoo. Peut-être influencées par le dégoût véritable de la manière dont les saints des derniers jours avaient été traités par les autorités du Missouri, celles de l’Illinois agirent libéralement. En vertu de la charte de Nauvoo, les saints des derniers jours pouvaient gérer leurs propres affaires s’ils ne violaient pas la constitution de l’état ou la constitution fédérale.
L’organisation d’une unité de milice était habituelle dans les colonies ayant suffisamment de population, une pratique aussi vieille que la République. Les résidants de Nauvoo étaient particulièrement désireux d’avoir leur propre protection militaire après avoir été victimes de la violence d’émeutiers et avoir connu l’expulsion hors du Missouri (voir Massacre de Haun’s Mill; Conflit au Missouri). Dès 1840, ils s’étaient rendu compte qu’ils ne pourraient pas toujours compter sur les autorités fédérales ou d’état pour les protéger contre de telles violences.
La cour martiale de Nauvoo composée des officiers de la légion, reçut une autorité considérable. Entre autres, elle pouvait «faire, ordonner, établir et exécuter toutes les lois et ordonnances pouvant être considérées comme nécessaires dans l’intérêt et pour la gestion et l’administration de ladite Légion à condition que ladite cour martiale ne passe aucune loi ou acte contraire ou opposé à la constitution des États-Unis ou de cet état [l’Illinois]» (HC 4:244).
En tant qu’élément de la milice d’état, la Légion de Nauvoo était à la disposition du gouverneur de l’Illinois «pour la défense publique et l’exécution des lois de l’État ou des États-Unis». Chose significative, elle était également à la disposition du maire de Nauvoo pour «exécuter les lois et les ordonnances de la ville» (HC 4:244).
L’ordonnance du conseil municipal qui avait créé la Légion de Nauvoo autorisait à son officier commandant de détenir le rang de lieutenant général, une autorisation extraordinaire, puisque aucun autre officier de milice aux États-Unis ne détenait de rang au-dessus de celui de général major. La cour martiale élut Joseph Smith commandant de la Légion.
Les défilés et les autres activités de la Légion, parmi lesquelles des simulacres de batailles, attiraient les visiteurs de près et de loin. En fait, la légion devint si populaire que beaucoup de non-mormons y entrèrent. Il semblerait qu’à son apogée elle ait compté 5.000 hommes, la plus grande unité de ce genre en Illinois. Mais il y avait des problèmes. Selon l’historien B.H. Roberts: [La Légion de Nauvoo] suscita la jalousie et l’envie du reste de la milice dans les comtés environnants et tous les efforts louables de la Légion pour devenir un corps efficace pour aider à l’exécution des lois de l’état et des lois nationales, si cela s’avérait nécessaire, furent interprétés par leurs ennemis comme signe de ce qu’elle se préparait pour la rébellion… Par conséquent ce qui devait être un rempart pour la ville et une protection pour les saints fut transformé par leurs ennemis en activité offensive et en excuse pour se méfier d’eux [CHC 2:59-60].
Joseph Smith mobilisa la Légion de Nauvoo pour défendre la ville et déclara la loi martiale en juin 1844 comme la tension montait entre les saints des derniers jours, les dissidents et les voisins hostiles. Joseph Smith et son frère Hyrum furent parmi ceux qui furent arrêtés par une autre milice de l’Illinois et enfermés à la prison de Carthage où ils furent tués par les membres d’une autre milice (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Six mois plus tard, la législature de l’Illinois révoquait la charte de Nauvoo. À ce moment-là, la Légion de Nauvoo cessa d’exister en tant que milice d’état, bien qu’en tant qu’unité officieuse, elle continuât à assurer une certaine protection aux saints des derniers jours assaillis.
Pendant l’exode vers l’Ouest qui eut lieu plus tard, certains anciens membres de la Légion de Nauvoo firent partie du bataillon mormon. Ce corps de 500 hommes, autorisé par le gouvernement des États-Unis en 1846 en tant qu’élément de la campagne contre le Mexique, marcha de Council Bluffs jusqu’à San Diego.
Le nom Légion de Nauvoo fut rétabli en Utah et appliqué à la milice organisée de l’état de Deseret et plus tard du Territoire d’Utah. Appel fut fait à cette légion en 1849 pour soumettre les maraudeurs indiens et ses membres participèrent à la guerre dite contre Walker de 1853-1854, du nom de Wakara, un chef indien ute. Lors de l’approche de l’expédition d’Utah en 1857-1858, la milice d’Utah harcela et brûla les convois d’approvisionnement de l’armée américaine et se prépara, s’il le fallait, à empêcher l’entrée des troupes des États-Unis dans Salt Lake City. En 1862, pendant la guerre de Sécession américaine, deux unités de la Légion de Nauvoo protégèrent les lignes de courrier et de télégraphe. Plus tard, avec une force d’environ 2.500 hommes, elle combattit les Indiens dans la guerre d’Utah contre Black Hawk (1865-1868).
Toujours plus sensible à la direction mormone qu’aux fonctionnaires fédéraux qui succédèrent à Brigham Young comme gouverneurs de l’Utah, la Légion fut rendue inactive en 1870 par une proclamation du Gouverneur faisant fonction, J. Wilson Shaffer, qui interdit les rassemblements de la milice sauf sur ordre exprès de sa part. La Légion de Nauvoo fut finalement licenciée à la suite de la Loi Edmunds-Tucker de 1887. En 1894, la garde nationale d’Utah fut organisée comme milice de l’Utah.

Nauvoo – Maison de
Auteur: HOLT, HELENE

Une révélation donnée à Joseph Smith en janvier 1841 commandait aux saints de construire le temple de Nauvoo et la Maison de Nauvoo, un hôtel qui serait «une habitation agréable pour l'homme et un lieu de repos pour le voyageur fatigué» (D&A 124:60). Les saints ne devaient pas s’isoler du monde, mais fournir un logement attrayant aux étrangers et aux touristes tandis qu’ils «contempl[aient] la parole du Seigneur — et la pierre angulaire que j'ai désignée pour Sion» (D&A 124:23).
Joseph Smith fit don du terrain pour la Maison de Nauvoo et beaucoup de saints des derniers jours achetèrent des actions. Les plans des architectes Lucien Woodworth et William Weeks prévoyaient un bâtiment de briques en L de douze mètres de profondeur et haut de deux étages. La construction commença au printemps de 1841 et progressa (avec des interruptions) jusqu’en 1845. Par la suite, les travaux furent abandonnés pour terminer le temple de Nauvoo.
Quand les saints quittèrent Nauvoo en 1846, les murs de la Maison de Nauvoo étaient plus hauts que les fenêtres du premier étage. Le grand bâtiment inachevé à l’extrémité sud de Main Street face au Mississippi devint la propriété d’Emma Smith, veuve de Joseph. Plus tard, Lewis C. Bidamon, le deuxième mari d’Emma, démolit les extrémités de l’édifice en L et se servit des briques pour finir la partie centrale et en faire un plus petit hôtel, que l’on appela tantôt la Bidamon House, tantôt la Riverside Mansion. Emma et lui y vécurent de 1871 jusqu’à leur décès. Après la mort de Bidamon, l’Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours acheta la Maison de Nauvoo et la possède toujours.

Nauvoo Neighbor
Auteur: HAYES, DARWIN L.

Le Nauvoo Neighbor fut un hebdomadaire édité et publié par John Taylor à Nauvoo du 3 mai 1843 au 29 octobre 1845. Il remplaça The Wasp (commencé le 16 avril 1842 avec William Smith comme rédacteur). Financé par des abonnements et de la publicité, le Neighbor proposait régulièrement de la littérature, des sciences, de la religion, de l’agriculture, de la manufacture, du commerce et des nouvelles locales, nationales et internationales. Il rapportait les décisions du gouvernement de l’état, du conseil municipal de Nauvoo et des tribunaux locaux.
Avocat de la vérité, le Neighbor détaillait les conflits impliquant les membres de l’Église, leurs voisins, leurs ennemis, le gouvernement de l’état et le fédéral. Il publiait également la correspondance entre le prophète Joseph Smith et Henry Clay (tous deux candidats à la présidence des États-Unis) ainsi que les lettres entre Emma Smith et le gouverneur Thomas Carlin au sujet du harcèlement de Joseph Smith par les autorités du Missouri. Il donna les détails de l’affaire du Nauvoo Expositor et les événements de l’assassinat de Joseph et de Hyrum Smith à la prison de Carthage, y compris les récits et la correspondance d’autres journaux. Le Nauvoo Neighbor est un compte rendu précieux des événements et des comportements dans et autour de Nauvoo de 1843 à 1845.

Bibliographie
Nauvoo Neighbor. Microfilm, Lee Library, université Brigham Young.
DARWIN L. HAYES

Nauvoo – Politique
Auteur: HAMPSHIRE, ANNETTE P.

Le pouvoir politique joua un rôle important dans le développement et la fin de la communauté des saints en Illinois. La situation politique était complexe et incitait à la rivalité et à la polémique.
La veille de l’arrivée des saints des derniers jours, Commerce (Nauvoo), dans le comté de Hancock (Illinois), était situé dans une enclave pro-Whig dans un état où les Démocrates dominaient toutes les fonctions politiques excepté la Cour suprême. Mais dans le comté de Hancock, les deux partis étaient tellement au coude à coude que quelques centaines de voix pouvaient être décisives. Mais dans la législature d’état, même en votant en bloc, une communauté de la taille de celle des saints des derniers jours ne pouvait avoir qu’une influence modérée. Les postes du comté étaient plus vulnérables; le nombre de voix nécessaires à l’élection à des postes tels que celui de shérif, de commissaire du comté et de juge aux successions était de moins de mille. Une disposition libérale de la constitution de l’Illinois accordait la citoyenneté à tous les immigrés adultes après six mois seulement de résidence, un sujet à polémique dans un état où les limites entre les partis étaient nettement tracées, particulièrement avec l’arrivée régulière de nouveaux immigrés britanniques à Nauvoo (voir Immigration et émigration).
La décision de Joseph Smith d’utiliser le pouvoir du vote des saints découlait d’un désir de protection contre les persécutions et d’autonomie. Conscient de l’impératif divin de rassembler les saints et d’édifier le royaume physique de Dieu sur terre, il en vint à considérer la politique comme un moyen d’agrandir et de protéger sa communauté. Au début, les saints furent politiquement neutres. Mais en 1840-1841 ils votèrent Whig en bloc en Illinois, bien qu’ayant voté Démocrate au Missouri. Ceci aliéna certains Démocrates, mais la plupart des politiciens recherchèrent le vote en bloc des saints en Illinois, tout comme d’autres recherchaient le vote catholique à New York.
Le premier exemple de «troc des voix» par les saints des derniers jours fut le vote législatif en faveur de la charte de Nauvoo en décembre 1840, poussé par les Démocrates mais également voté par le Whig Abraham Lincoln. Le tribunal municipal de Nauvoo, la Légion de Nauvoo et l’Association agricole et industrielle qui en résultèrent formèrent l’épine dorsale d’une théocratie autonome, qui était anathème pour les Illinoisans de la « frontière ».
La prédominance des avocats politiciens et la fréquence des mandats d’arrêt du Missouri embourbèrent Joseph Smith dans le troc de voix. Un exemple clair fut le soutien des saints au Whig John T. Stuart lors de l’élection parlementaire de 1841, résultat direct de l’aide apportée à Joseph Smith par les Whigs Orville H. Browning et Cyrus Walker quand Smith fut arrêté à la suite d’un ordre d’extradition du Missouri. Joseph Smith était techniquement un fugitif, s’étant sauvé du Missouri après six mois à la prison de Liberty en attente d’un jugement (voir Smith, Joseph: Procès judiciaires de Joseph Smith). Cependant, tous les avocats n’étaient pas des Whigs. Le juge du procès de 1841 était Stephen A. Douglas, un démocrate ambitieux décidé à s’acquérir le vote des saints. Ses efforts furent couronnés de succès en décembre 1841 quand Joseph Smith se déclara pour les Démocrates. Le comté de Hancock perdit ensuite son identité whig.
Voyant en Nauvoo une menace politique, les non-mormons du comté de Hancock s’organisèrent politiquement sur un programme électoral antimormon. Victorieux lors des élections de comté en 1841 (il n’y eut guère d’opposition contre eux), ils échouèrent particulièrement en 1842 à propos de nominations pour la législature de l’état. Les affiliations partisanes existantes étaient trop fortes pour l’apparition d’un troisième parti et les Whigs avaient usurpé la cause antimormone lors des élections pour la nomination d’un gouverneur en 1842. Thomas Ford, le candidat démocrate au poste de gouverneur, un adversaire de la charte de Nauvoo, remporta l’élection.
Le gouverneur Ford conseilla à Joseph Smith de rester en dehors de la politique. Smith semblait enclin à cela jusqu’à ce que Ford, en juin 1843, lance un nouveau mandat d’arrêt contre le prophète à la requête du Missouri. Après que le Whig Cyrus Walker, un avocat d’assises éminent, utilisant les dispositions controversées d’habeas corpus de la charte de Nauvoo, eut fait libérer Joseph Smith, le prophète lui promit son vote. Mais son frère, Hyrum Smith, qui était Démocrate, annonça qu’il pensait que les saints devraient voter pour Joseph P. Hoge, l’adversaire de Walker. Les saints des derniers jours de Nauvoo, qui faisaient partie du sixième district parlementaire, votèrent pour Hoge, mais ceux qui faisaient partie du cinquième district parlementaire votèrent pour le Whig O.H. Browning, faisant campagne contre Douglas.
Ce fut le commencement de la désillusion, dans les deux partis en ce qui concerne le vote des saints. Les Whigs, en particulier, qui s’étaient retirés de l’antimormonisme en 1842-1843 dans l’espoir d’être bien vus, s’opposèrent maintenant ouvertement au pouvoir politique et judiciaire des saints. En 1843, même à l’intérieur de Nauvoo, Joseph Smith constata que la politique posait un problème. Il y eut des désaccords internes concernant les élections municipales de février et, en août, le maire Smith se plaignit d’être rudoyé par des pro-Démocrates aux élections municipales. En outre, William Law, dirigeant éminent dans l’Église, contesta publiquement le « témoignage de Hoge » de Hyrum.
En janvier 1844, après avoir prospecté les candidats à la présidence des États-Unis pour avoir leur appui pour obtenir réparation pour les déprédations du Missouri et n’en avoir trouvé aucun, Joseph Smith annonça sa propre candidature. Certains y virent une volonté d’obtenir le pouvoir politique, dans le but de promouvoir le royaume politique de Dieu; d’autres estimèrent que parce que Joseph Smith ne risquait pas de remporter l’élection nationale, il voulait simplement un programme pour présenter son message. Le Warsaw Signal, principal journal antimormon d’Illinois, accueillit le projet avec la dérision habituelle mais y vit néanmoins une évolution audacieuse et menaçante.
Toutes les tentatives de Joseph Smith d’acquérir de l’influence politique étaient contestables pour le groupe d’apostats qui lancèrent le Nauvoo Expositor, dont la destruction déclencha les événements qui conduisirent à la mort de Smith en juin 1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Dans cette atmosphère volatile, les antimormons se renforcèrent en accusant le gouverneur Ford de se livrer à des activités promormones afin de s’assurer des votes démocrates. Les saints des derniers jours perdirent graduellement leurs appuis jusqu’à ce qu’en janvier 1845 leur charte soit abrogée, ôtant à Nauvoo son statut. Cependant des élections municipales non autorisées continuèrent à Nauvoo et les saints des derniers jours votèrent lors des élections du comté et de l’état, toujours en faveur des Démocrates. À partir de ce moment-là et jusqu’à ce que les saints partent en 1846 (voir Migration vers l’Ouest: Planification et prophétie), cette participation persistante des mormons à la politique continua à enflammer les non-mormons et à les rassembler pour pousser à l’expulsion des mormons.
La politique et le pouvoir politique furent indispensables à la naissance et à la force de Nauvoo et à la protection du prophète Joseph Smith. Mais la mauvaise gestion du pouvoir politique a pu également contribuer à la chute de la ville. [Voir aussi Politique: Histoire politique.]

Bibliographie
Flanders, Robert B. Nauvoo: Kingdom on the Mississippi. Urbana, Ill., 1965.
Gayler, George R. "The Mormons and Politics in Illinois: 1839-1844". Journal of the Illinois State Historical Society 49, 1956, pp. 48-66.
Hampshire, Annette P. Mormonism in Conflict: The Nauvoo Years. New York, 1985.
ANNETTE P. HAMPSHIRE

Nauvoo – Temple de
Auteur: COLVIN, DON F.

Le temple de Nauvoo, sa tour et sa flèche visibles jusqu’à trente kilomètres, était l’édifice principal de la ville de Nauvoo. Orienté vers l’ouest, il se trouvait au sommet d’un promontoire en pente douce dominant la partie basse de la ville et le Mississippi.
Il était construit en un calcaire gris-blanc à brun clair de haute qualité et ses murs imposants furent érigés et finis avec beaucoup d’habileté. Ils avaient quatre-vingt-dix centimètres d’épaisseur au niveau du sol et certaines de ses pierres pesaient près de deux tonnes. Le bâtiment avait 38 mètres de long et 26 de large. Le sommet de la tour était à 47 mètres au-dessus du niveau du sol et était orné d’une statue dorée d’un ange volant en position horizontale (sans aucun doute inspiré de la prophétie d’Apocalypse 14:6-7).
Les murs de pierre étaient caractérisés par la présence de trente hauts pilastres fortement ornementés, neuf de chaque côté et six à chaque bout. Chaque pilastre était embelli par une grande pierre de lune à la base et une pierre de soleil au sommet. Les pierres de lune et de soleil étaient des bas-reliefs, ciselés à la main dans la pierre massive. Une étoile en pierre ornait aussi chaque pilastre. Ces symboles cosmiques représentaient les trois degrés de gloire dans la vie à venir (1 Co. 15:41; D&A 76).
La construction du bâtiment commença en automne 1840. Les pierres angulaires furent posées le 6 avril 1841 lors de cérémonies impressionnantes au cours d’une conférence générale. Les revers financiers et les persécutions gênèrent continuellement la construction, jusqu’aux jours mêmes de son achèvement et de sa consécration.
William Weeks devint l’architecte officiel et supervisa la majeure partie de la construction. Le bâtiment était un composite de styles architecturaux et pourtant une grande partie en était également originale, inspirée par ce que le prophète Joseph Smith avait vu en vision. Il guida soigneusement Weeks dans la conception du temple tel qu’il l’avait vu, exigeant, par exemple, qu’il ait des fenêtres rondes au deuxième niveau (HC 6:196-197).
L’appel à construire un édifice aussi grand mit rudement à l’épreuve les ressources d’un peuple démuni. Le coût final dépassa $1.000.000. Les fonds venaient en grande partie de la dîme et des offrandes des membres de l’Église, certains faisant don des économies de toute une vie. Beaucoup firent don de mois de travail avec peu ou pas de rémunération, travaillant de l’aube jusqu’au crépuscule, même dans les intempéries.
La pierre pour le bâtiment était près de la ville. Le bois était amené du Wisconsin sous forme de radeaux énormes de bois de construction scié, que l’on faisait flotter sur le Mississippi jusqu’à Nauvoo. Certains convertis britanniques firent don d’une grande cloche pesant plus de 700 kilos. Quand les saints quittèrent Nauvoo, la cloche fut descendue et emportée dans l’Ouest lors de la migration, où elle fut plus tard montée sur une tour sur Temple Square à Salt Lake City.
L’élément principal au niveau du sous-sol était un grand bassin en pierre calcaire blanche reposant sur le dos et les épaules de douze bœufs en pierre grandeur nature. C’étaient les fonts baptismaux qui devaient être utilisés en particulier pour l’ordonnance du baptême pour les morts. Le sous-sol était pavé de briques. Le rez-de-chaussée contenait une grande salle au centre, qui servait d’auditoire. À chaque extrémité de cette grande salle, il y avait des pupitres complexes, ayant chacun quatre gradins de sièges pour recevoir les dirigeants de la Prêtrise d’Aaron et de la Prêtrise de Melchisédek. Le rez-de-chaussée était équipé de sièges dont le dos pouvait être retourné, permettant aux assemblées de se tourner dans les deux sens. Le premier étage était la reproduction exacte du rez-de-chaussée. Le grenier contenait deux sections principales. Un demi-étage à l’extrémité ouest était divisé par des cloisons de tissu et utilisé pour les ordonnances de dotation. La section principale du grenier, sous la pente du toit, était utilisée pour les ordonnances de scellement et les mariages célestes ou éternels. Le grenier tout entier était plafonné et peint et les planchers étaient couverts de tapis.
De temps en temps des utilisations cérémonielles eurent lieu pendant la construction, particulièrement des baptêmes pour les morts. Quoique pas entièrement terminé, le temple fut complètement rempli par les membres venant pour les ordonnances pendant les mois précédant immédiatement l’exode, des ordonnances tant pour les morts que pour les vivants. En plus de ses utilisations sacrées, le temple servait de lieu de réunion multifonctions. Des services réguliers du dimanche et même certaines conférences générales furent tenus dans le bâtiment. L’édifice contenait également quelques locaux en tant que bâtiment administratif de l’Église. La planification et l’organisation de la migration vers l’Ouest eurent lieu dans le temple.
Quand la plupart des saints quittèrent Nauvoo, au début de février 1846, sous la menace de violences de la part des émeutiers, une équipe spéciale resta derrière et finit le temple. Trois mois plus tard le bâtiment était considéré comme achevé et était consacré publiquement le 1er mai 1846. Les services de consécration furent répétés sur une période de trois jours et des milliers de personnes y assistèrent. Les visiteurs payaient un dollar pour l’entrée et les fonds furent utilisés pour aider les ouvriers à déménager leurs familles et à rejoindre le gros de l’Église sur les plaines à l’ouest.
Quand la plupart des membres restants de l’Église eurent été chassés de la ville en septembre 1846, le temple fut temporairement abandonné. Les émeutiers profanèrent et souillèrent l’édifice sacré. Il y eut quelques dommages matériels, mais pas beaucoup. Des tentatives furent faites plus tard de vendre le temple, mais en vain. Un incendie criminel détruisit le bâtiment en octobre 1848. Il ne resta que les murs nus. Une communauté de Français icariens acheta l’emplacement et se préparait à remettre l’édifice en état quand il fut frappé par une tornade, qui fit s’écrouler certains des murs et en endommagea tellement d’autres qu’il fallut les raser. Une grande partie des pierres fut plus tard réutilisée dans d’autres bâtiments de Nauvoo.

DON F. COLVIN

Néphi 1
Auteur: REYNOLDS, NOEL B.

Le premier de plusieurs dirigeants appelés Néphi dans le Livre de Mormon, Néphi 1 est un prophète influent, fondateur du peuple néphite. Il est apparemment instruit, fidèle et obéissant à Dieu, courageux et hardi. Prophète inspiré, il a des visions de Jésus-Christ et du futur du monde; il interprète également les prophéties faites par d'autres comme son père, Léhi, et Ésaïe. Il est l’auteur des deux premiers livres du Livre de Mormon, où se trouve quasiment tout ce que nous savons de lui. C’est un artisan et un dirigeant habile et il succède à Léhi comme chef de la famille (passant avant ses trois frères aînés). Par-dessus tout, il fait confiance à Dieu: «Ma voix montera à jamais vers toi, mon rocher et mon Dieu éternel» (2 Né. 4:35).
HISTOIRE. Néphi naît vers 615 av. J.-C. Son père, le prophète Léhi, emmène toute la famille de Jérusalem juste après 600 av. J.-C., à travers le désert d’Arabie, et à travers l'océan jusque sur le continent américain. Tandis qu’il est dans le désert, Néphi a une vision qui va façonner beaucoup de ses idées de base; elle est partiellement rapportée dans 1 Néphi 11-14. Dans la terre promise, son père le désigne pour lui succéder comme dirigeant de la famille (2 Né. 1:28-29), mais Laman et Lémuel, ses frères aînés, se rebellent et la moitié du groupe prend leur parti. Néphi est inspiré de se sauver avec tous ceux qui croient aux avertissements et aux révélations de Dieu (2 Né. 5:6) et fonde une nouvelle ville, la ville de Néphi.
Néphi établit son peuple sur des bases politiques, juridiques, économiques et religieuses saines. Celui-ci l'acclame comme roi malgré son opposition de départ. Il lui enseigne à être travailleur et à pourvoir à ses besoins et il le prépare par l’entraînement et les armes à se défendre contre ses ennemis. Il respecte la loi de Moïse, construit un temple comme celui de Salomon (toutefois sans «autant de choses précieuses») et oint ses frères cadets Jacob et Joseph prêtres et instructeurs pour former le peuple et le diriger dans le domaine spirituel (2 Né. 5:10, 16, 26). Avant de mourir, il nomme un nouveau roi (appelé «deuxième Néphi», Jacob 1:11) et désigne son frère Jacob comme gardien des annales religieuses (Jcb. 1:1-4, 18).
VISIONS. À cause des grandes visions et révélations qu'il reçoit, Néphi partage le rôle de prophète fondateur avec son père. Dès sa jeunesse, il reçoit l’inspiration du Saint-Esprit et croit aux paroles de son père. Il entend la voix du Seigneur lui dire qu'il deviendra gouverneur et instructeur de ses frères (1 Né. 2:22). Il est témoin de la vision de l'arbre de vie donnée précédemment à son père (1 Né. 8), qui lui montre la naissance, le baptême et le ministère futurs de Jésus-Christ, ainsi que la naissance et la fin futures de son peuple. Il voit, en outre, l’arrivée future des Gentils en Amérique et le rétablissement de l'Évangile parmi eux (1 Né. 11-14). Grâce à ces révélations, Néphi est en mesure d’enseigner à son peuple l'Évangile ou la «doctrine du Christ», le moyen par lequel il peut aller au Christ et être sauvé (2 Né. 30:5; 31:2-32:6). L’enseignement soigneusement formulé qu’il fait de cette doctrine constitue un modèle que d'autres prophètes néphites vont invoquer à plusieurs reprises (voir Évangile de Jésus-Christ).
Les Néphites ayant reçu la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ, leur respect scrupuleux de la loi de Moïse va être orienté vers son accomplissement final en Jésus et Néphi explique à son peuple qu'il doit observer la loi de Moïse comme moyen de toujours avoir à l’esprit l’Expiation future du Christ (2 Né. 25:29-30). La loi elle-même est devenue «morte» pour ceux qui sont «rendus vivants en Christ» et qui savent que Jésus est celui vers qui ils peuvent se tourner directement «pour obtenir la rémission de leurs péchés» (2 Né. 25:25-27).
TENUE DES ANNALES ET INSTRUCTION. Néphi est à l’origine de l’importante tradition néphite de tenue des annales (voir Livre de Mormon, Plaques et annales). Il est inspiré à tenir deux récits séparés, qui vont être continués pendant des siècles. Les annales officielles tenues par les rois, connues sous le nom de grandes plaques de Néphi, commencent avec le livre de Léhi et contiennent les chroniques historiques des Néphites pendant mille ans. Les plaques d'or données à Joseph Smith contiendront la version abrégée par Mormon des grandes plaques de Néphi et constitueront la majeure partie du texte du Livre de Mormon (du livre de Mosiah au livre de Mormon). Cependant, trente ans après avoir quitté Jérusalem, Néphi reçoit de Dieu le commandement de rédiger un deuxième document traitant spécialement des questions spirituelles. Appelé petites plaques de Néphi, ces annales contiennent le récit rétrospectif fait par Néphi des événements fondateurs et les prophéties ultérieures d'une lignée de prophètes et de prêtres descendant de Jacob jusque vers 200 av. J.-C. Les premiers livres du Livre de Mormon actuel, de 1 Néphi à Omni, viennent de ces annales. Les révélations et les enseignements inspirés de Néphi façonneront les conceptions religieuses de ses disciples, les Néphites.
Quand Néphi commence à écrire ses petites plaques, il est un roi-prophète mûr. Les annales révèlent son souci d’aider son peuple et les descendants de celui-ci à comprendre la future expiation de Jésus-Christ et la légitimité de son propre appel en tant que leur gouverneur et instructeur. Néphi compose ces annales à l’aide de celles de son père et de ses propres annales précédentes et plus considérables que nous n’avons plus aujourd’hui.
L'instruction exceptionnelle des dirigeants néphites postérieurs est peut-être due au fait que Néphi était un homme de lettres. Le texte donne à penser qu'il devait parler couramment l'hébreu et l'égyptien et dit qu'il avait été «instruit quelque peu dans toute la science» des Juifs et de son père (1 Né. 1:1-3).
Néphi fait preuve de capacités littéraires dans la manière dont il organise ses écrits et dans la diversité des formes et des techniques littéraires qu’il utilise, notamment celles du récit, de la rhétorique et de la poésie, entre autres un psaume. Les techniques, les histoires, les prophéties et les enseignements de Néphi seront des modèles et fourniront de la substance à ses successeurs (voir Livre de Mormon, Littérature). Il aime les écrits d'Ésaïe et les a cite abondamment (par exemple, 1 Né. 20-21; 2 Né. 12-24), en en donnant souvent l’interprétation.
L'HOMME ET SES MESSAGES. Néphi a construit le livre de 1 Néphi sur un ensemble rigoureusement équilibré et coordonné d'histoires et de révélations fondatrices, le tout conçu pour montrer «que les tendres miséricordes du Seigneur sont sur tous ceux qu'il a choisis à cause de leur foi, pour les rendre puissants au point même d'avoir le pouvoir de délivrance» (1 Né. 1:20). Néphi soutient cette thèse dans 1 Néphi à l’aide d’histoires sur la façon dont Dieu est intervenu dans les affaires humaines pour délivrer ses disciples fidèles, et Néphi en particulier, de leurs ennemis. Mais ce ne sont que des types et des préfigurations. La véritable preuve de Néphi est donnée dans 2 Néphi, où il dit que l'Expiation de Jésus-Christ rend accessible à tous ceux qui ont la foi au Christ une libération du péché et une rédemption spirituelle de l'enfer et du diable, leur plus grand ennemi. Tous les hommes et toutes les femmes qui suivent l'exemple du Christ et prennent son chemin par le repentir et le baptême auront en bénédiction un baptême de feu et du Saint-Esprit – qui apporte la rémission des péchés et une guidance individuelle – pour qu’ils puissent persévérer jusqu'à la fin avec foi et recevoir la vie éternelle (2 Né. 31).
Dans le récit plus spirituel de ses petites plaques, Néphi intègre aussi une défense animée de sa primauté politique à l’aide d’allusions à Moïse et à Joseph d'Égypte (Reynolds, 1987). Pour défendre sa situation dominante quoique étant un fils cadet, Néphi dit comment les deux fils les plus âgés ont rejeté leur père et le Seigneur et comment lui (Néphi) a été choisi et béni par le Seigneur et par son père. Il raconte comment, avec l'aide du Seigneur, il a acquis les plaques d'airain (1 Né. 3-4), a persuadé Ismaël et sa famille de se joindre au groupe de Léhi (1 Né. 7), a empêché la famille de mourir de faim dans le désert (1 Né. 16) et a construit un bateau et réussi à lui faire franchir l'océan (1 Né. 17-18). Au cours de ces exploits, Néphi subit systématiquement l’opposition et les menaces, et même des menaces de mort, de la part de Laman et de Lémuel; mais dans chaque crise, il est miraculeusement délivré par le pouvoir du Seigneur et a la bénédiction de pouvoir mener à bien sa tâche.
Quoique incapable de combler le fossé entre lui et ses frères, Néphi se révèle être, dans ses écrits, un homme doté d’une gamme impressionnante de sensibilités humaines, et il aspire à leur bien-être. Il a acquis son immense foi en son père et au Seigneur à un jeune âge et n'a jamais flanché. En conséquence, il obéit sans murmurer. Il médite les prophéties de son père et demande à plusieurs reprises au Seigneur de l’aider à comprendre et de le guider. Il a un amour et un sens profond de responsabilité pour son peuple: «Je prie continuellement pour lui le jour, et mes yeux mouillent mon oreiller la nuit à cause de lui» (2 Né. 33:3). Il a également de la charité pour tous les autres. Il met ses délices dans la clarté et dans la vérité et il sait que ses paroles sont dures contre les pécheurs impénitents (2 Né. 33:5-9). Il est profondément angoissé à cause des tentations et de ses propres péchés et en particulier à cause de ses sentiments de colère contre ses ennemis (2 Né. 4:26-29). Sa force et sa profondeur spirituelles sont basées sur la connaissance que Jésus-Christ a entendu ses supplications et a racheté son âme de l'enfer (2 Né. 33:6).

Bibliographie
Bergin, Allen E. "Nephi, A Universal Man" Ensign 6, sept. 1976, pp. 65-70.
Cannon, George Q. The Life of Nephi. Salt Lake City, 1883; réimpr. 1957.
Reynolds, Noel B. "Nephi's Outline." BYU Studies 20, hiver 1980, pp. 131-149.
Reynolds, Noel B. "The Political Dimension in Nephi's Small Plates" BYU Studies 27, automne 1987, pp. 15-37.
Sondrup, Steven P. "The Psalm of Nephi: A Lyric Reading." BYU Studies 21, été 1981, pp. 357-372.
Turner, Rodney. "The Prophet Nephi". Dans The Book of Mormon: First Nephi, the Doctrinal Foundation, ed. M. Nyman et C. Tate, pp. 79-97. Provo, Utah, 1988.
NOEL B. REYNOLDS

Néphi 2
Auteur: THORNE, MELVIN J.

Néphi 2 succède à son père Hélaman 3 en 39 av. J.-C. en tant que grand juge des Néphites, manifestement à un jeune âge. À cause de la méchanceté parmi les Néphites, il démissionne du siège du jugement en 30 av. J.-C. et va avec son frère cadet Léhi prêcher l'Évangile de Jésus-Christ chez les Lamanites. Bien qu'emprisonné et menacé de mort, il est préservé par le pouvoir de Dieu et convertit des milliers de Lamanites (Hél. 5).
Il retourne ensuite à Zarahemla, condamne hardiment les dirigeants néphites corrompus, révèle miraculeusement l'identité d'un meurtrier et exerce le pouvoir de Dieu pour appeler une famine sur les Néphites. Bien que les Néphites se repentent de temps en temps, leur conversion et la paix qui s’ensuit ne durent pas. Quand le moment où la prophétie de Samuel le Lamanite concernant la naissance du Christ est sur le point d’arriver, Néphi passe les annales à son fils Néphi 3 et part, et l’on n’entendra plus jamais parler de lui (3 Né. 1:3; 2:9).

Bibliographie
Welch, John W. "Longevity of Book of Mormon People and the Age of Man." Journal of the Collegium Aesculapium 3, 1985, pp. 34-42.
MELVIN J. THORNE

Néphi 3
Auteur: THORNE, MELVIN J.

Néphi 3 est l’aîné des fils de Néphi 2. Il se voit confier la responsabilité de toutes les annales néphites en 1 av. J.-C. (3 Né. 1:2). À cause de sa grande foi et de ses préoccupations pour son peuple, la voix de Jésus lui dit, la veille de la naissance de celui-ci, que le Sauveur naîtra «demain». Plus tard, il va regrouper, mener et défendre les justes, les faisant passer au pays d'Abondance. Il survit aux destructions qui se produisent en Amérique à la mort du Sauveur (2 Né. 8-9) et est le premier à qui le Christ ressuscité donne le pouvoir de baptiser (3 Né. 11:18-12). Il devient le principal disciple dans l'Église dont il est question dans cette partie du Livre de Mormon et voit son peuple connaître des années de paix et de justice.

Bibliographie
Arnold, Marilyn. "The Nephi We Tend to Forget." Ensign 8, janv. 1978, pp. 68-71.
MELVIN J. THORNE

Néphi 4
Auteur: THORNE, MELVIN J.

Néphi 4 est fils de Néphi 3. C’est lui qui tient les annales néphites pendant l'ère extraordinairement bénie qui suit la venue de Jésus-Christ auprès des Néphites. Il voit son peuple vivre dans l'amour, l'unité (ayant tout en commun), la justice et l'obéissance parce que l'amour de Dieu abonde dans leur cœur. Le peuple pratique pendant ce temps un type d'Ordre uni ou de loi de consécration. Les villes sont reconstruites, il y a la prospérité, des miracles, la paix et le bonheur. On ne sait pas grand chose d’autre de sa vie. Il meurt quelque temps après 110 apr. J.-C. (voir 4 Né. 1:1-19).
MELVIN J. THORNE

Nouveau Testament
Auteur: PATCH, ROBERT C.

Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, les évangiles du Nouveau Testament furent les principaux témoignages écrits de ce que Jésus était le Christ. Aucun autre recueil d’écrits ne contenait les notions, la force d’enseignement et, par conséquent, l’attrait spirituel pour les chrétiens. Le Nouveau Testament est aussi le fondement du rétablissement de l’Évangile dans les derniers jours. C’est pendant qu’il lisait l’épître de Jacques (1:5) que le jeune Joseph Smith fut inspiré à prier le Seigneur à propos de son incertitude en matière religieuse, ce qui donna lieu à sa première vision (JS–H 1:7-20). Le Nouveau Testament est l’un des ouvrages canoniques des saints des derniers jours, qui recherchent dans ses pages la force et la lumière spirituelles. De plus, ils considèrent que les données fournies par le Nouveau Testament décrivent avec précision la vie et le ministère de Jésus-Christ aussi bien que le ministère de ses apôtres et de leurs associés, qui révèlent une grande partie de l’ordre et de l’organisation de l’Église du Nouveau Testament. Par ailleurs, le Nouveau Testament contient beaucoup d’alliances et de commandements de Dieu donnés personnellement par Jésus et, après son ascension, par ses apôtres. Les saints des derniers jours chérissent également les prophéties du Nouveau Testament au sujet des derniers jours.
Les écrits du Nouveau Testament ont vraisemblablement tous été rédigés au premier siècle de l’ère chrétienne. Néanmoins, son recueil de textes est passé par trois siècles de changements et d’inclusions ou d’exclusions avant d’acquérir sa forme reconnue actuelle reprise pour la première fois en 367 apr. J.-C. dans la lettre de Pâques d’Athanase d’Égypte. Le troisième synode de Carthage (397 apr. J.-C.) canonisa les livres du Nouveau Testament tels que mentionnés dans la lettre d’Athanase parce que chaque écrit avait trois qualifications: l’autorité apostolique, l’appui d’une communauté chrétienne importante et une absence de faux enseignements.
L’apparition de ce que l’on a appelé les hérésies au deuxième siècle prouve la perte de la révélation donnée aux prophètes et marque le besoin des chrétiens de se tourner de nouveau vers les apôtres pour avoir des écrits faisant autorité. Marcion (v. 130 apr. J.-C.), l’un des hérétiques, limitait son recueil d’Écritures à un seul évangile, Luc, et aux épîtres de Paul, qu’il retouchait fortement.
LES ÉVANGILES. Il y a au moins deux raisons pour lesquelles les saints des derniers jours considèrent les évangiles du Nouveau Testament comme des récits essentiellement exacts de la vie et du ministère de Jésus-Christ. D’abord, beaucoup de prophéties préchrétiennes, particulièrement dans le Livre de Mormon, détaillent des événements précis de la vie de Jésus, notamment le nom de sa mère, les circonstances de sa naissance, son baptême, son choix de douze apôtres, les miracles qu’il a accomplis, son rejet et ses souffrances, et sa mort et sa résurrection (par exemple, 1 Né. 11:13-36; Mos. 3:5-11; voir Jésus-Christ: Ministère de Jésus-Christ). En second lieu, le travail inspiré de Joseph Smith dans la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) l’a amené à ajouter des détails précisant le contexte et le contenu de certaines histoires au sujet de Jésus et à considérer beaucoup de paraboles et d’enseignements de Jésus comme applicables aux derniers jours.
L’évangile de Matthieu se caractérise par deux particularités distinctes: l’utilisation fréquente de références de l’Ancien Testament et six des discours de Jésus (voir Matthieu, Évangile de). On suppose que l’utilisation fréquente par Matthieu de références de l’Ancien Testament indique à la fois un auditoire juif et la notion que le christianisme était l’accomplissement du judaïsme prophétique.
Chose importante pour les saints des derniers jours, des parties de cet Évangile retiennent l’attention d’Écritures extrabibliques. Par exemple, le Livre de Mormon signale que quand il a rendu visite à des disciples sur le continent américain (v. 34 apr. J.-C.), Jésus, ressuscité, a prononcé un sermon presque identique au sermon sur la montagne, ce qui met en évidence la validité et l’universalité du sermon (3 Né. 12-14; Mt. 5-7; voir aussi Béatitudes). En plus, le travail de Joseph Smith sur la TJS l’a amené à faire des révisions inspirées, dont celles qui sont le plus souvent citées se trouvent dans le sermon sur la montagne et dans le discours de Jésus sur le sort de Jérusalem et sur sa seconde venue (Mt. 24; voir Joseph Smith–Matthieu).
Si relativement peu d’attention a été accordée à l’évangile de Marc dans les écrits des érudits de l’Église, les saints ont traditionnellement estimé que l’étude de ses pages avait une grande valeur. Sa description de Jésus est sans doute la plus dynamique et pourrait remonter aux souvenirs de témoin oculaire de Pierre, le chef des apôtres.
L’évangile de Luc, que certains savants appellent « le livre le plus beau » au monde, retient, pour plusieurs raisons, l’intérêt spécial des saints des derniers jours, notamment son récit de l’histoire de Noël, ses dix-sept paraboles non reprises ailleurs, le fort accent qu’il met sur la rémission des péchés et sur sa compassion pour tout le monde, son récit de l’appel et de la mission des soixante-dix disciples, et la prééminence distincte qu’il donne aux femmes.
L’évangile de Jean a été écrit «afin que vous croyiez que Jésus est le Christ» (Jn. 20:31). Outre qu’il présente une série de discours de Jésus non contenus dans les autres évangiles, Jean utilise une série de métaphores messianiques pour révéler la nature et la mission divines de Jésus: parole, agneau, eau vive, je suis, pain de vie, pain vivant, lumière du monde, bon berger, résurrection, le chemin, la vérité et la vie, et le vrai cep. Beaucoup de ces métaphores apparaissent également dans les Doctrine et Alliances, une Écriture moderne où ce langage est amplifié et appliqué à l’Église rétablie. De plus, le commentaire de Jésus sur «les autres brebis», dont ne parle que Jean 10:14-16, Jésus ressuscité le mentionne de manière explicite pendant sa visite aux disciples sur le continent américain quand il veut faire une déclaration au sujet de ceux à qui il a été envoyé exercer son ministère (3 Né. 15:12-24). Pendant cette même visite après sa résurrection, Jésus utilise plusieurs expressions et descriptions – particulièrement de lui-même et de son œuvre – qui sont caractéristiques de l’évangile de Jean (par exemple, 3 Né. 11:10-11, 14, 27, 32-36).
LES ACTES DES APÔTRES. Du récit de l’ascension de Jésus jusqu’au récit du ministère de Paul, le livre des Actes relate le ministère spirituel des témoins apostoliques pendant les premières années du christianisme. Les saints des derniers jours trouvent intéressant le fait que l’on ait voulu remplacer Judas et qu’un apôtre ait été choisi pour compléter les Douze et que Pierre ait fixé les qualifications des apôtres: Ils doivent connaître le ministère de Jésus, ils doivent être ordonnés et ils doivent être témoins de sa résurrection (Ac. 1:21-22). Les apôtres modernes de l’Église sont également « les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier» (D&A 107:23; cf. 27:12; 84:108). En outre, le livre des Actes mentionne le riche déversement du Saint-Esprit dans l’Église primitive, tant sous forme de révélations directrices que de manifestations des dons de l’Esprit, des caractéristiques que les saints des derniers jours connaissent et chérissent. De plus, certaines déclarations prophétiques ont une signification particulière. Par exemple, les saints des derniers jours considèrent que la prophétie de Paul aux anciens d’Éphèse au sujet des problèmes de rébellion dans l’Église primitive comme une déclaration inspirée au sujet de l’apostasie imminente (Ac. 20:29-30). En outre, ils estiment que la prédiction de Pierre sur le retour de Jésus du ciel « aux temps du rétablissement de toutes choses» commence avec le rétablissement moderne de l’Évangile (3:19-21). Par ailleurs, le livre des Actes a beaucoup à dire au sujet de l’organisation, de la doctrine et du caractère de la prédication de l’Église chrétienne primitive.
LES ÉPÎTRES. Les lettres du Nouveau Testament sont traditionnellement divisées en deux groupes, les écrits de Paul et les épîtres générales.
Le style des écrits de Paul varie de l’exposé presque officiel dans les Romains à la persuasion charmante dans Philémon. En plus des enseignements chers aux autres chrétiens, les saints des derniers jours manifestent un intérêt particulier pour certains points de doctrine, fonctions ecclésiastiques et pratiques notés dans les ouvrages de Paul. Par exemple, la place des Gentils dans l’histoire du salut (Ro. 9-11) est également traitée dans le Livre de Mormon (par exemple, 1 Né. 13:20-14:7; 22:6-11; 2 Né. 10:8-18; voir Gentils, Plénitude des); la notion d’être cohéritier avec le Christ (Ro. 8:16-17) est enseignée dans la révélation moderne (D&A 84:35-38; voir Héritiers); l’adoption dans le peuple de l’alliance de Dieu (Ro. 8:14-15) est enseignée dans le Livre de Mormon (par exemple, 2 Né. 30:2; voir Loi de l’adoption); la valeur des dons spirituels (1 Co. 12; cf. 1 Th. 5:19-20) est soulignée dans l’Écriture moderne (D&A 46); l’importance de la charité ou de l’amour (1 Co. 13) est soulignée en particulier dans ce que dit le prophète Mormon (Mro. 7:40-48); la liste donnée par Paul des vertus à rechercher (Ph. 4:8) est à la base du treizième article de foi de Joseph Smith; l’apostasie qui s’insinue (Ga. 1:6-9) et la désunion dans l’Église primitive (1 Co. 1:10-13), aussi bien que la prophétie de Paul au sujet de l’inévitabilité de l’apostasie (2 Th. 2:1-4; cf. 1 Ti. 4:1-3), constitue un thème important des paroles de Jésus ressuscité à Joseph Smith lors de la Première Vision (JS–H 1:18-19); l’accomplissement de la loi de Moïse dans le Christ (par exemple, Ga. 3) est affirmée formellement par Jésus ressuscité dans le Livre de Mormon (3 Né. 15:3-10; cf. 9:19-20) et sa résurrection physique littérale, accompagnée de nombreuses preuves (1 Co. 15), est soulignée et amplifiée par les apparitions de Jésus ressuscité aux disciples sur le continent américain (v. 34 apr. J.-C.; 3 Né. 11-28) et dans des déclarations faites à Joseph Smith (cf. D&A 130:22). En matière d’organisation de l’Église, les saints des derniers jours trouvent les commentaires de Paul sur la direction apostolique (Ga. 1:18-19;2:9-10) et sa mention d’offices dans la prêtrise tels qu’apôtres, prophètes, évangélistes (Ép. 2:19-21; 4:11-13), évêques et diacres (1 Ti. 3) importants pour l’administration de l’Église. Pour ce qui est des pratiques ou des ordonnances, les saints des derniers jours apprécient les déclarations de Paul sur la Sainte-Cène (1 Co. 10:14-21; 11:23-30; cf. 3 Né. 18:28-29; Mro. 4-5), sa mention du baptême pour les morts (1 Co. 15:29) et ses instructions sur l’imposition des mains (1 Ti. 4:14; 5:22). Tout cela existe dans l’Église des saints suite à la révélation moderne et les épîtres du Nouveau Testament certifient leur présence dans l’Église primitive.
Parmi les épîtres générales, c’est celle de Jacques qui ressort pour les saints à cause de son influence sur le jeune Joseph Smith. En plus du passage qui va l’amener à prier pour être guidé par Dieu (Ja. 1:5), les saints des derniers jours chérissent l’enseignement que la qualité de la foi d’un homme au Christ se reflète dans ses actions quotidiennes (Ja. 2:14-26; voir Foi en Jésus-Christ; Grâce) et la pratique de bénir les malades (Ja. 5:14-15). Parmi les écrits de Pierre, ceux qui sont sans doute le plus souvent cités sont ceux qui parlent de la mission de Jésus parmi les esprits des morts tandis que son corps était au tombeau (1 Pi. 3:18-20; 4:6), un sujet important dans la révélation moderne (D&A 138; voir Salut des morts). En outre, les passages qui parlent de la Transfiguration (2 Pi. 1:17-18) et du moyen inspiré par lequel la prophétie doit être interprétée (2 Pi. 1:19-21) sont intéressants pour les saints des derniers jours. Comme ils sont dirigés par des apôtres et croient qu’une apostasie s’est produite dans l’Église chrétienne primitive, les saints des derniers jours ont été attirés par les composants du témoignage apostolique des épîtres de Jean (1 Jn. 1:1) et par les indications qu’une grave apostasie était déjà en cours dans l’Église primitive (1 Jn. 4:1-3; 3 Jn. 1:9-10).
L’APOCALYPSE. En plus de désigner l’apôtre Jean comme l’auteur de cet ouvrage (1 Né. 14:18-28), les Écritures modernes se sont concentrées à la fois sur les thèmes mentionnés dans l’Apocalypse (D&A 77) et sur le texte supplémentaire écrit par Jean (D&A 7; voir Jean, Révélations de). L’intérêt des saints a porté sur les sujets qui ont trait aux derniers jours (cf. EPJS, pp. 230-236), notamment le traitement de la disparition finale du mal et du règne millénaire du Christ et de ses disciples justes (Ap. 19-20), l’attente de la nouvelle Jérusalem (Ap. 21) et la vision d’un « autre ange [volant] par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre» (Ap. 14:6). Ce dernier passage est habituellement interprété comme se rapportant à l’ange Moroni, qui a visité Joseph Smith en 1823 et lui a révélé l’endroit où les plaques d’or étaient enterrées. En outre, les saints des derniers jours comprennent la mise en garde contre le fait d’ajouter au livre ou d’en retirer (Ap. 22:18-19) comme s’appliquant expressément au livre de l’Apocalypse plutôt qu’à un canon croissant d’Écritures qu’ils chérissent (cf. De. 4:2; 12:32; 2 Né. 29:3-14).

Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Bruce, Frederick Fyvie. New Testament History. Garden City, N.Y., 1972.
Conybeare, W. J., et John S. Howson. The Life and Epistles of St. Paul. Grand Rapids, Mich., 1968 (reprint).
Edersheim, Alfred. The Life and Times of Jesus the Messiah, 2 vols. Grand Rapids, Mich., 1950 (reprint).
Jackson, Kent P., et Robert L. Millet, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 5. Salt Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965-1973.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah: The First Coming of Christ. Salt Lake City, 1978.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah: From Bethlehem to Calvary, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Millet, Robert L., dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 6. Salt Lake City, 1987.
Sperry, Sidney B. Paul's Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. JC. Salt Lake City, 1915.
ROBERT C. PATCH

Opposition
Auteur: EDWARDS, KAY P.

L’opposition et le libre arbitre sont des principes éternels et entrelacés dans la théologie de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Le libre arbitre est le pouvoir inné de l’homme de choisir entre diverses options et finalement entre des modes de vie entiers. L’opposition est le cadre dans lequel ces choix et leurs conséquences sont possibles.
Dans son récit de la chute d’Adam, Léhi enseigne que la philosophie des opposés est au cœur du plan de rédemption. S’ils étaient restés dans un état d’innocence prémortelle, Adam et Ève n’auraient éprouvé «aucune joie, car ils ne connaissaient aucune misère, [n’auraient fait] aucun bien, car ils ne connaissaient aucun péché» (2 Né. 2:23). Par conséquent, conclut Léhi, «il doit nécessairement y avoir une opposition en toutes choses. S'il n'en était pas ainsi… la justice ne pourrait pas s'accomplir, ni la méchanceté, ni la sainteté ni la misère, ni le bien ni le mal» (2 Né. 2:11).
Pour les saints des derniers jours, le contraste et l’opposition existaient dans la vie prémortelle aussi bien que sur la terre (Abr. 3:23-28; Moï. 6:56) et la distinction entre le bien et le mal est éternelle. Avant la vie terrestre, les esprits de tous les hommes ont eu des occasions de choisir Dieu et de démontrer leur amour pour lui en obéissant à sa loi (Mt. 22:37) ou de céder aux propositions sataniques de rébellion et de coercition (2 Né. 2:11-15; cf. Lu. 16:13; 2 Né. 10:16). Des conséquences différentes, opposées même, ont suivi ces choix (Abr. 3:26).
L’Écriture rattache le principe de l’opposition aux situations essentielles de l’expérience humaine. Parmi elles, la vie et la mort, la connaissance et l’ignorance, la lumière et les ténèbres, la croissance et l’atrophie.
LA VIE ET LA MORT. Parce qu’Adam et Ève ont mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, eux et toute leur postérité sont devenus sujets à la mort physique et aux afflictions et à la dégradation du corps mortel (2 Né. 9:6-7). Ils sont également devenus sujets à la mort spirituelle, qui signifie la séparation spirituelle d’avec Dieu à cause du péché. Néanmoins, par l’intermédiaire du Christ, des dispositions avaient déjà été prises pour assurer leur rédemption (2 Né. 2:26), vaincre les deux morts et les ramener en la présence de Dieu. Dans la perspective de l’éternité, la pire forme de mort est la soumission à Satan et, de ce fait, l’exclusion hors de la présence de Dieu (2 Né. 2:29). Le Christ est venu pour apporter la vie en abondance, la vie éternelle avec Dieu (Jn. 10:28; 17:3; D&A 132:23-24).
LA CONNAISSANCE ET L’IGNORANCE. L’opposition était et est une nécessité pour qui veut avoir une connaissance authentique, «car s'ils n'avaient jamais ce qui est amer, ils ne pourraient pas connaître ce qui est doux» (D&A 29:39; cf. 2 Né. 2:15). Pareille connaissance est participative. Parce qu’il «est impossible à un homme d’être sauvé dans l’ignorance (D&A 131:6), a enseigné le prophète Joseph Smith, un homme n’est pas sauvé plus vite qu’il n’acquiert [pareille] connaissance» (EPJS, p. 175; cf. 289). On peut aspirer à toute la vérité (D&A 93:28), mais pas sans affronter les hauteurs et les profondeurs de l’expérience de la vie sur terre, que ce soit par procuration ou réellement.
LA LUMIÈRE ET LES TÉNÈBRES. Les saints des derniers jours trouvent un parallèle entre la lumière et les ténèbres, le concept des «deux voies» et l’idée des «fils des ténèbres» en guerre avec les «fils de la lumière» mentionnés dans les manuscrits de la mer Morte. Jésus enseigne: «Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien grandes sont ces ténèbres!» (Mt. 6:23) et celui «qui pèche contre une lumière plus grande recevra une condamnation plus grande» (D&A 82:3). En conclusion, les fils et les filles de Dieu doivent atteindre un stade où «il n’y aura pas de ténèbres [en eux]» (D&A 88:67).
LA CROISSANCE ET L’ATROPHIE. Le principe de l’opposition implique également que les gens ne peuvent être mis à l’épreuve et fortifiés que s’il y a une véritable alternative (Abr. 3:23-25) et de vraies résistances. La vie est une situation difficile dans laquelle il y a de vrais risques, de vrais gains et de vraies pertes. De ces mises à l’épreuve découlent la responsabilité, le jugement et la progression spirituelle. Les saints des derniers jours croient que cette rencontre avec le choix et les conditions pour la progression continuera éternellement. Il s’ensuit que dans le cadre de l’Évangile, une fois qu’on est engagé, il n’y a plus de neutralité ni d’immobilisme. Joseph Smith a enseigné: «Si nous ne nous approchons pas de Dieu par le principe, nous nous éloignons de lui» (EPJS, p. 174).
On peut se tromper dans la religion en essayant de réconcilier l’irréconciliable; on peut ainsi voir de l’opposition là où il n’y en a pas. Dans certaines formes de judaïsme et de christianisme, par exemple, l’idée règne que la chair et l’esprit sont opposés et antithétiques. Paul est souvent cité à ce propos. Mais quand on lit attentivement Paul et d’autres auteurs, on constate que, la plupart du temps, la «chair» s’applique à l’homme lié par le péché, et «l’esprit» à quelqu’un qui a été régénéré par le Christ. Ainsi, ce n’est pas la chair, mais les vices de la chair qui doivent être évités. Et ce n’est pas la terre, mais l’amour du monde (la méchanceté) qu’il faut dépasser (TJS Ro. 7:5-27). De même, les saints des derniers jours n’opposent pas en fin de compte la foi à la raison, l’esprit aux sens ou la vie contemplative à une vie d’activité et de service. Ce n’est que quand on les déforme qu’ils s’opposent, parce que quand le moi est uni sous le Christ, ils sont réconciliés.
Dans le plan de rédemption, l’opposition n’est pas effacée mais surmontée: le mal par le bien, la mort par la vie, l’ignorance par la connaissance, les ténèbres par la lumière, la faiblesse par la force.

Bibliographie
Roberts, B. H. The Gospel. Liverpool, 1888.
Roberts, B. H. Comprehensive History of the Church. Vol. 2, pp. 403-406. Salt Lake City, 1930.
KAY P. EDWARDS

Ordination à la prêtrise
Auteur: BREWSTER, HOYT W., Jr.

Dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, l’ordination à la prêtrise est requise de tous ceux qui administrent les ordonnances de l’Évangile de Jésus-Christ.
La pratique d’ordonner des hommes à des offices et à des appels dans la prêtrise apparaît dans la Bible aussi bien que dans l’histoire sacrée. Josué a été ordonné par Moïse (No. 27:18-23) et le Christ a choisi et ordonné ses apôtres (Jn. 15:16). Les saints des derniers jours croient que ces ordinations se faisaient par l’imposition des mains. Le principe de l’ordination des anciens prophètes permettant de transmettre ainsi l’autorité d’Adam à Noé est décrit dans la révélation moderne (D&A 84:6-16; 107:40-52).
Les officiers de l’Église font remonter leur «ligne d’autorité» jusqu’au Seigneur Jésus-Christ. Ceux qui confèrent aujourd’hui l’autorité dans la prêtrise le font sur la base d’une succession d’ordinations dont les premières ont été faites par ceux qui détenaient l’autorité dans les temps anciens (voir Prêtrise d’Aaron: Rétablissement; Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). L’autorité dans la prêtrise et le pouvoir d’en haut peuvent être transmis par l’imposition des mains à tous les hommes qui se qualifient pour cela dans un esprit d’humilité. Ceux qui sont ordonnés par un agent autorisé de Dieu considèrent que leur ordination vient du Seigneur lui-même (cf. Al. 13:1). Une révélation de 1830 déclare par la voix du Seigneur: «Je poserai la main sur toi par la main de mon serviteur» (D&A 36:2).
L’efficacité de l’ordination ne dépend pas simplement de la formule ou des mots, mais de la dignité et de la sanction de l’Esprit. On peut perdre son autorité dans la prêtrise en en faisant mauvais usage. La prêtrise n’est pas un pouvoir de domination. «Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère» (D&A 121:41).
Du point de vue des saints, ceux qui sont ordonnés à la prêtrise ne sont pas une élite ni une classe sacerdotale professionnelle distincte des laïques. Tous sont des laïques. Il leur est enseigné que «un homme doit être appelé de Dieu par prophétie et par l’imposition des mains» par ceux qui détiennent l’autorité (5e A de F; cf. 1 Ti. 4:14). «Par prophétie» signifie le droit de recevoir et le pouvoir d’interpréter les manifestations de la volonté divine.
À l’âge de douze ans, tous les saints dignes de sexe masculin peuvent recevoir la Prêtrise d’Aaron et être ordonnés à l’office de diacre. Une fois plus âgés, ils peuvent être ordonnés instructeurs puis prêtres. Les convertis masculins adultes sont généralement ordonnés prêtres peu de temps après le baptême. Un évêque ordonné est mis à part pour présider la Prêtrise d’Aaron et pour remplir les fonctions de grand prêtre président de sa paroisse. Il autorise toutes les ordinations dans la Prêtrise d’Aaron de sa paroisse, qui sont accomplies par un prêtre ou un membre de la Prêtrise de Melchisédek, souvent le père. D’autres détenteurs de la prêtrise se joignent habituellement à l’ordination en se mettant en cercle autour de la personne assise et en posant les mains sur sa tête. Celui qui est porte-parole mentionne l’autorité de la prêtrise et le nom de Jésus-Christ et prononce l’ordination spécifique, qu’il accompagne de recommandations et de promesses.
Les hommes dignes de dix-huit ans et plus peuvent recevoir la Prêtrise de Melchisédek et être ordonnés anciens. Les hommes appelés à des postes de présidence dans l’Église tels que les épiscopats, les grands conseils et les présidences de pieu, ainsi que les patriarches et les apôtres, sont ordonnés grands prêtres.
À l’heure actuelle, seuls ceux qui sont appelés comme Autorités générales dans un collège de soixante-dix sont ordonnés à l’office de soixante-dix. Les membres du Collège des douze apôtres sont ordonnés apôtres. Les conseillers dans la Première Présidence détiennent généralement, mais pas toujours, l’office d’apôtre. Le prophète de l’Église est le doyen des apôtres. Quand il devient l’officier président, il est ordonné et mis à part comme président de l’Église par le Collège des douze apôtres.
HOYT W. BREWSTER, Jr.

Ordonnances

[Cette rubrique se compose de deux articles: Ordonnances: Aperçu, un traitement général de la nature des ordonnances au sens le plus large, et Administration des ordonnances, les procédés ecclésiastiques proprement dits utilisés pour l’autorisation et l’accomplissement des ordonnances dans l’Église.]

Ordonnances: Aperçu
Auteur: LUSCHIN, IMMO

Le mot «ordonnance» est dérivé du latin «ordinare», qui signifie mettre en ordre ou en séquence ou agir par autorisation ou commandement. Les membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours considèrent les ordonnances religieuses non comme fixées arbitrairement mais comme instituées dans un but précis par Dieu et comme ayant une portée éternelle.
Le pouvoir d’accomplir des ordonnances dont la validité est reconnue par Dieu est inséparablement lié à l’autorité divine conférée à l’homme mortel, c’est-à-dire la prêtrise de Dieu, «laquelle prêtrise continue dans l'Église de Dieu dans toutes les générations… C'est pourquoi, le pouvoir de la divinité se manifeste dans ses ordonnances. Et sans ses ordonnances, et l'autorité de la prêtrise, le pouvoir de la divinité ne se manifeste pas aux hommes dans la chair» (D&A 84:17, 20-21).
Les ordonnances dans l’Église contiennent des instructions et un symbolisme riche. L’onction d’huile consacrée (par exemple, comme dans le temple) rappelle l’utilisation d’huile sacrée lors du couronnement des rois et l’appel des prophètes dans les temps anciens. L’imposition des mains aux malades suggère symboliquement l’invocation et la transmission du pouvoir d’en haut. Les «eaux du baptême» symbolisent d’une manière riche la réalité de la nouvelle naissance.
Les Écritures modernes montrent abondamment que Dieu a fixé des ordonnances immuables et éternelles en tant qu’éléments essentiels du plan de salut et de rédemption (És. 24.5; Mal. 3:7; Al. 13:16; D&A 124:38). Le prophète Joseph Smith a enseigné que «les ordonnances de l’Évangile… ont été posées avant les fondations du monde» et «il ne faut pas les altérer ou les changer. Tous doivent être sauvés selon les mêmes principes» (EPJS, pp. 298, 249).
On peut trouver un exemple biblique de la nécessité des ordonnances dans la déclaration du Seigneur à Nicodème qu’on doit «naître de nouveau» (Jn. 3:3). Le prophète Joseph Smith a enseigné que «c’est par l’Esprit de Dieu, par l’intermédiaire des ordonnances qu’on naît de nouveau» (EPJS, p. 129). Le processus du salut se vit comme un «grand changement dans votre cœur» (Al. 5:14) sous l’égide et avec l’aide de l’Esprit de Dieu en gardant les ordonnances divines. L’épreuve de l’obéissance est réitérée dans les temps modernes, un processus dont il est dit qu’il s’applique «dans tous les cas sous tous les cieux». On n’est entièrement accepté de Dieu et on n’est «de Dieu» que si on «obéit à [s]es ordonnances» (D&A 52:14-19). Certaines ordonnances sont universelles de nature (cf. Lé. 18:4; Ro. 13:2; Al. 30:3; D&A 136:4), alors que d’autres sont des rites et des cérémonies décrétés à des fins spéciales au sein de l’œuvre du Seigneur (par exemple, No. 18:8; Hé. 9:10; Al. 13:8; D&A 128:12).
Les ordonnances, dans le sens des rituels et des cérémonies, embrassent la vie terrestre tout entière des fils et des filles de Dieu et sont accomplies par les représentants autorisés du Seigneur, les détenteurs de sa prêtrise. En effet, les ordonnances sont l’aspect visible de l’efficacité de la prêtrise, l’action de l’autorité divine appropriée conférée à l’homme mortel.
Certaines ordonnances sont des conditions requises pour entrer dans la gloire céleste (baptême, don du Saint-Esprit) et pour l’exaltation (ordination dans la prêtrise, dotation au temple, mariage céleste). Chaque humain qui vit, qui a jamais vécu, ou qui vivra un jour sur la terre a besoin de ces ordonnances. Par conséquent, des ordonnances doivent être accomplies par procuration en faveur de ceux qui n’ont pas eu l’occasion de les recevoir pendant leur vie ici-bas.
D’autres ordonnances augmentent le bien-être physique, émotionnel et spirituel de leurs bénéficiaires sans être des conditions requises pour la gloire céleste ou pour entrer dans la présence de Dieu le Père. Ces ordonnances supplémentaires sont l’attribution d’un nom aux enfants, la confirmation, la consécration d’huile, la consécration de bâtiments et la consécration de tombes. L’imposition des mains aux malades contribue à la santé et au bien-être ainsi qu’au soulagement et au réconfort émotionnels. Les bénédictions patriarcales et paternelles données aux enfants les guident spirituellement. Un renouvellement essentiel des alliances se produit lorsque l’on prend la Sainte-Cène et que l’on s’engage solennellement à se conduire comme il sied à quelqu’un qui porte le nom du Christ, à toujours se souvenir de lui et à garder les commandements qu’il a donnés. Pareille obéissance augmente la sensibilité aux directives et à la sanctification de l’Esprit.
Les ordonnances reflètent la vérité que l’Église du Seigneur est une maison d’ordre. Elles rappellent également aux membres leur situation dans le royaume de Dieu sur terre.
Non seulement celui qui accomplit une ordonnance doit se qualifier pour le faire, mais ceux qui reçoivent l’ordonnance doivent se préparer pour l’événement. Le quatrième article de foi dit: «Nous croyons que les premiers principes et ordonnances de l'Évangile sont: premièrement la foi au Seigneur Jésus-Christ, deuxièmement le repentir, troisièmement le baptême par immersion pour la rémission des péchés, quatrièmement l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit.» Ces étapes préliminaires sont dans un ordre précis et divinement prévu et, en les suivant, on avance «de grâce en grâce» comme cela a été le cas du Fils de Dieu lui-même (D&A 93:13; cf. Lu. 2:52). En effet, la révélation moderne enseigne: «Si un homme obtient une plénitude de la prêtrise de Dieu, il faut qu’il l’obtienne de la même manière que Jésus-Christ, c’est-à-dire en gardant tous les commandements et en obéissant à toutes ordonnances de la Maison du Seigneur» (EPJS, p. 249).
Quand elles sont accomplies avec autorité et pouvoir, les ordonnances sont suivies de bénédictions divines. Elles ont «efficacité, vertu, [et] force» (D&A 132:7). Elles éclairent l’esprit et vivifient l’âme tout entière (JS–H 1:74). Après être entré dans le processus du baptême, le premier homme a été «vivifié dans l’homme intérieur» (Moï. 6:65). Les ordonnances unissent l’homme à Dieu et l’homme à l’homme: «Voici, tu es un en moi, un fils de Dieu; et c'est ainsi que tous peuvent devenir mes fils» (Moï. 6:68).

Bibliographie
Smith, Joseph F. GD.
IMMO LUSCHIN

Ordonnances: Administration des ordonnances
Auteur: LUSCHIN, IMMO

Il faut que les ordonnances accomplies dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours «soient faites dans l’ordre» (D&A 20:68) par quelqu’un qui est ordonné. La racine linguistique commune des mots «ordonnance», «ordre» et «ordonner» implique une succession, un droit et une responsabilité solennelle fixes.
L’administration de toutes les ordonnances présuppose la dignité de l’administrateur et du bénéficiaire. La plupart se font par l’imposition des mains de quelqu’un qui a été dûment ordonné. Il faut que ce soit quelqu’un «dont l'Église sait qu’il a l’autorité» (D&A 42:11), que l’on peut faire remonter par un lignage démontré à la source de toute autorité, Jésus-Christ. Toutes les ordonnances se font au nom du Fils, Jésus-Christ, et par l’autorité de la Prêtrise d’Aaron ou de la Prêtrise de Melchisédek. Pour certaines ordonnances, telles que le baptême et l’administration de la Sainte-Cène, les Écritures prescrivent les mots exacts. Pour d’autres, telle que l’imposition des mains aux malades, on prononce le nom du bénéficiaire et on déclare l’autorité de l’officiant, après quoi l’on donne une bénédiction spontanée suivant l’inspiration.
Les ordonnances qui sont essentielles au salut doivent être accomplies sous la direction de ceux qui détiennent les clefs pour désigner ceux qui doivent les accomplir (voir Hé. 5:4; cf. D&A 132:7). La validité des ordonnances accomplies et leur ratification ou scellement divins nécessitent cette approbation.
Conformément aux précédents bibliques et aux commandements modernes, toutes les ordonnances du salut et de l’exaltation, du baptême au mariage au temple, se font en présence de témoins et un rapport approprié et fidèle est fait et conservé dans les archives de l’Église (2 Co. 13:1; cf. D&A 128:2-5). Ainsi, les ordonnances deviennent une «loi sur la terre et dans les cieux» et, à moins que les alliances soient violées, elles ne peuvent pas être annulées, «conformément aux décrets du grand Jéhovah» (D&A 128:6-10).

Bibliographie
Manuel de la Prêtrise de Melchisédek. Salt Lake City, 1989.
IMMO LUSCHIN

Ordre patriarcal de la prêtrise
Auteur: McKINLEY, LYNN A.

Pour les saints des derniers jours, l’ordre patriarcal de la prêtrise est le pouvoir et le principe organisateur de la vie de famille céleste. C’est la forme finale et idéale de gouvernement. Il répond à la question de Parley P. Pratt: «Qui peut supporter d’être banni et séparé pour toujours de son père, de sa mère, de son conjoint, de ses enfants et de toutes les affections analogues et de tous les liens familiaux? » (Pratt, Utah Genealogical and Historical Magazine 23, avr. 1932, p. 59).
Dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours il y a deux divisions de la prêtrise: celle d’Aaron et celle de Melchisédek. L’ordre suprême de la Prêtrise de Melchisédek est l’autorité patriarcale. L’ordre a été divinement établi avec notre père Adam et notre mère Ève. Ils sont la source et les ancêtres de tous les vivants et ils apparaîtront au point culminant de l’histoire de la terre à la tête de toute la famille scellée des rachetés. Les promesses faites à Abraham et à Sara appartiennent à ce même ordre.
Trois principes sont à la base de l’ordre patriarcal. Premièrement, les tout premiers parents du genre humain étaient, dans leur état paradisiaque en Éden, unis dans des liens éternels avant que la mort ne s’introduise dans leur vie. Deuxièmement, la chute de l’homme et la source continuelle de dégénérescence en ce monde ont eu comme conséquence l’aliénation des parents d’avec Dieu, l’un d’avec l’autre et d’avec leurs enfants. Troisièmement, la raison d’être de la vie éternelle aussi bien que la perpétuation des pouvoirs de création et de procréation – l’accroissement éternel – est que c’est ce qui va mettre fin à cette rupture d’harmonie.
L’ordre patriarcal est, pour employer les termes de James E. Talmage, un état de choses dans lequel «la femme partage avec l’homme les bénédictions de la prêtrise», où mari et femme exercent leur ministère «en voyant et en comprenant de la même façon et en coopérant entièrement au gouvernement du royaume qu’est leur famille» (Young Woman’s Journal 25, oct. 1914, pp. 602-603). Un homme ne peut pas détenir cette prêtrise sans épouse et une femme ne peut pas jouir des bénédictions de cette prêtrise sans un mari auquel elle est scellée dans le temple.
Pour ce qui est de l’autorité patriarcale, le prophète Joseph Smith a exhorté les saints: « Allez et terminez [le temple de Nauvoo], et Dieu le remplira de pouvoir et vous recevrez alors plus de connaissance au sujet de cette prêtrise» (EPJS, p. 261, cf. D&A 107:18, 20). Cette prêtrise et les pouvoirs qui l’accompagnent furent présentés en 1843 à Nauvoo. Elle fut conférée en premier à la Première Présidence, aux apôtres et à leurs épouses (WJS, pp. 244-245).
Aujourd’hui maris et femmes engagés entrent dans cet ordre dans le temple dans une alliance avec Dieu. Les bénédictions de cette prêtrise sont données seulement au mari et à la femme ensemble. Leurs alliances se prolongent au-delà de cette vie (D&A 76:59, 60), au-delà de la mort (D&A 132:20-24) et dans la résurrection, jusqu’aux vies éternelles, à savoir le don et la réception éternels de la vie.
Ainsi unis, ils œuvrent dans l’amour, la foi et l’entente à la glorification de leur famille. S’ils ne sont pas unis dans un amour obéissant, s’ils ne sont pas un, ils ne sont pas du Seigneur. Par la suite, par cet ordre, la famille sera liée par des liens indissolubles en remontant jusqu’aux premiers parents et, dans l’autre sens, jusqu’au dernier enfant né dans ce monde. Cet ordre de la prêtrise sera à la fois le moyen et l’aboutissement de la réconciliation, de la rédemption, de la paix, de la joie et de la vie éternelle.
LYNN A. MCKINLAY

Papyrus de Joseph Smith
Auteur: TODD, JAY M.

L’expression «papyrus de Joseph Smith» désigne très exactement douze morceaux existants du papyrus égyptien que le prophète Joseph Smith a acheté en juillet 1835 à Michael H. Chandler. Situés dans les archives de l’Église, ces fragments ont une taille qui va de 18,5 x 31 cm à 16 x 11 cm. Le fac-similé n° 1 du livre d’Abraham vient d’un de ces fragments. Au sens large, l’expression désigne aussi les fac-similés 2 et 3 du même livre et les papiers et tous les documents égyptiens de la période de Kirtland de l’histoire de l’Église contenant de petites sections de texte copiées des papyrus. La découverte et la transmission des momies et des papyrus sont traitées dans Livre d’Abraham: origine.
L’origine des écrits antiques est passionnante à retrouver. En 1798, la conquête de l’Égypte par Napoléon réveilla l’intérêt de l’Europe pour les trésors de l’Égypte. Antonio Lebolo, un collectionneur italien, fit des fouilles en Égypte entre 1817 et 1821. En 1820 il travailla à Thèbes, près d’El Gourna; Chandler dit que les momies de Lebolo venaient de là (Todd, pp 45, 130). Vers 1822, Lebolo retourna en Italie où il mourut le 19 février 1830. En 1831, son fils, Pietro, fit une enquête pour sa    voir pourquoi Albano Oblasser, le marchand transporteur ne l’avait pas remboursé pour onze momies. En 1833, son fils Pietro autorisa Francesco Bertola, à Philadelphie, à vendre onze momies qu’Oblasser avait envoyées à un associé à New York (Peterson, pp. 145-147).
On ne sait pas comment Chandler s’est procuré ses possessions. On sait que les momies et les papyrus de Lebolo furent exposés à Philadelphie (avril-mai 1833) et à Baltimore. Au mois de septembre 1833, six avaient été montrées à Harrisburg et une avait été publiquement disséquée à Philadelphie. En juin 1835, quatre momies et papyrus furent exposés à Cleveland, à trente kilomètres au sud-ouest de Kirtland (Todd, pp. 108-143).
Au début de juillet 1835, Chandler visita Kirtland où il rencontra Joseph Smith à qui il demanda «s’il avait un pouvoir par lequel il pouvait traduire l’égyptien ancien. M. Smith répondit que oui» (P. Pratt, Millennial Star, juillet 1842). Chandler lui montra quelques hiéroglyphes que d’autres avaient prétendument interprétés. Joseph Smith s’en alla et revint avec une traduction écrite en anglais correspondant à l’interprétation que Chandler avait déjà reçue. Le prophète manifesta de l’intérêt pour les papyrus, mais Chandler ne voulait pas dépareiller son exposition. Peu après, des membres de l’Église achetèrent pour $2.400 «quatre formes humaines… avec deux rouleaux de papyrus ou davantage» (HC 2:235). Oliver Cowdery se rappela plus tard que c’étaient «deux rouleaux… [avec] deux ou trois autres petits morceaux», le texte écrit «à l’encre ou avec de la peinture noire et une petite partie à l’encre rouge» (Messenger and Advocate, 31 déc. 1835). En trois jours, Joseph Smith traduisit «quelques hiéroglyphes et, à notre grande joie, constata qu’un des rouleaux contenait les écrits d’Abraham et un autre, les écrits de Joseph d’Égypte». Joseph Smith travailla du 17 au 31 juillet à «continuellement… traduire un alphabet… et arranger une grammaire» de l’égyptien (HC 2:236-238). Le 1er octobre, alors qu’il travaillait sur l’alphabet, «les principes de l’astronomie tels qu’ Abraham les comprenait… furent dévoilés» (HC 2:286). Le 17 novembre, il «montra l’alphabet» (HC 2:316). Il écrit qu’il traduisit «les documents égyptiens» le 7 octobre, les 19 et 20 novembre (le 20: «J’ai avancé rapidement») et du 24 au 26 novembre (HC 2:289, 318, 320). Les archives de l’Église contiennent les textes du livre d’Abraham (Abr. 1:1-2:18) de cette période.
En 1837, un visiteur écrivit: «Ces documents étaient déchirés… certaines parties entièrement perdues, mais Smith doit traduire le tout par l’inspiration divine et ce qui est perdu, comme le songe de Nebucadnetsar, peut être interprété aussi bien que ce qui est préservé.» Joseph Smith fit transférer les momies et les papyrus dans des localités voisines et, en 1836, ils étaient dans le temple de Kirtland. Malgré les soins, les papyrus avaient été endommagés. En conséquence, ils furent coupés en morceaux et certains furent collés sur du papier pour les conserver. Le 4 janvier 1838, il y avait au moins «deux tiers non divisés». Pendant la période 1838-1839, les papyrus et les momies passèrent l’hiver à Quincy (Illinois), où ils furent exposés, pratique qui continua jusqu’en 1856 (Todd, pp. 197-203).
En 1842, Joseph Smith s’occupa de préparer les fac-similés pour la publication et écrivit vraisemblablement ses «Explications», qui sont imprimées avec eux; le 23 février, il donna des instructions à l’imprimeur sur la façon de faire la plaque pour le fac-similé n° 1, qui fut, avec son «explication», imprimé dans le numéro du 1er mars du Times and Seasons avec Abraham 1:1-2:18. Le 4 mars, il donna des instructions à l’imprimeur sur les fac-similés n° 2 et 3; les 8 et 9 mars, il fit de la «traduction» et de la «révision» (HC 4:518, 543-548). La partie finale du livre d’Abraham (2:19-5:21) et le fac-similé n° 2 avec son «explication» furent imprimés dans le numéro du 15 mars; le fac-similé n° 3 et son «explication» furent imprimés le 16 mai.
Bien que les rouleaux de papyrus aient été raccourcis, un visiteur vit en février 1843 «un long rouleau de manuscrit, [et on lui dit que] c’était «l’écrit d’Abraham» et on lui montra «un autre rouleau» (Todd, p. 245). Après la mort de Joseph Smith, les objets égyptiens furent tenus principalement par sa mère et puis par Emma Smith après la mort de Lucy, le 14 mai 1856. Le 25 mai 1856, Emma vendit «quatre momies égyptiennes avec les documents qui les accompagnaient» à M. Abel Combs (IE, janv. 1968, pp. 12-16). (Les pionniers transportèrent un fragment dans l’Ouest.) Combs vendit ensuite deux momies avec quelques papyrus, qui furent envoyés au musée de St-Louis (1856); ils finirent au musée de Chicago (1863) où ils brûlèrent apparemment en 1871. Le sort des deux autres momies et papyrus de Combs est inconnu, mais certains papyrus restèrent car, en 1918, Mme. Alice Heusser, de Brooklyn, une fille de la femme de charge de Combs, alla trouver le musée métropolitain d’art de New York avec des papyrus ayant appartenu à Joseph Smith. En 1947, le musée acheta les papyrus à son mari devenu veuf. En mai 1966, Aziz S. Atiya, de l’université d’Utah, vit onze fragments de Heusser au musée. Il en informa les dirigeants de l’Église et, le 27 novembre 1967, l’Église acheta les fragments; l’un d’eux est le fac-similé n° 1.
Les égyptologues qui ont étudié les fragments ces dernières années les identifient généralement comme étant des textes religieux, certains du Livre des Morts, datant de 500-300 av. J.-C., d’autres du Livre des Respirations, datant d’environ 100 apr. J.-C. Depuis la redécouverte des fragments, les chercheurs ont cherché à apprendre si l’un d’entre eux, autre que le fac-similé n° 1, est lié au livre d’Abraham. [Voir aussi Livre d’Abraham: Fac-similés du livre d’Abraham.]
Bibliographie
Nibley, Hugh. The Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Peterson, H. Donl. “Sacred Writings from the Tombs of Egypt”. Dans The Pearl of Great Price: Revelations from God, dir. de publ. D. Peterson et C. Tate, Provo, Utah, 1989.

Pâques
Auteur : Jamison, Mary Ellen Stewart

Pâques est la fête chrétienne qui célèbre la résurrection de Jésus-Christ. Après sa mort sur la croix, son corps fut placé dans un sépulcre, où il resta, séparé de son esprit, jusqu'à sa résurrection, quand son corps et son esprit furent réunis. Les saints des derniers jours affirment et témoignent que Jésus-Christ est ressuscité et vit aujourd'hui avec un corps de chair et d'os glorifié et rendu parfait. Après sa résurrection, Jésus apparut d'abord à Marie de Magdala et ensuite aux autres disciples. Certains n'étaient pas convaincus de sa résurrection, estimant que ses apparitions étaient celles d'un esprit désincarné. Jésus leur assura : « Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai » (Luc 24:39). Il mangea ensuite du poisson et du miel en leur présence, dissipant encore davantage leurs doutes.
Pâques célèbre non seulement la résurrection du Christ, mais aussi la résurrection universelle. Grâce à l'expiation de Jésus-Christ, tous les hommes ressusciteront. Leur corps et leur esprit seront réunis pour ne plus jamais être séparés. Les saints savent que ce que Paul a dit est vrai : « Mais maintenant Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts... comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Corinthiens 15:20; cf. Alma 11:42-45).
Les saints des derniers jours ont un service le dimanche de Pâques, mais ne suivent pas les observances religieuses du mercredi des cendres, du carême ou de la semaine sainte. Lors du service de Pâques chez les saints, on revoit traditionnellement les récits du Nouveau Testament et du Livre de Mormon concernant la crucifixion du Christ, sa résurrection et les événements qui les entourent. Pour ces services, les chapelles sont souvent ornées de lys blancs et d’autres symboles de la vie. La chorale de paroisse présente fréquemment des cantates de Pâques et l’assemblée chante des cantiques de Pâques. Comme lors des services religieux des autres dimanches, les emblèmes de la Sainte-Cène (voir Communion) sont distribués à l’assemblée.
Certaines familles ajoutent, pour le plus grand plaisir des enfants, des œufs de Pâques à leur fête familiale. Ces traditions ne sont pas officiellement déconseillées, bien qu’elles n’aient aucune signification religieuse pour les saints des derniers jours. L'objectif de la fête est religieux. Pour les saints des derniers jours, Pâques est une fête de la promesse de la vie éternelle grâce au Christ. Ils partagent la conviction de Job : « Mais je sais que mon rédempteur est vivant, Et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; Quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu. » (Job 19:25-26).

Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The Real Meaning of Easter." Instructor 93, avr. 1958, p. 100-101.
MARY ELLEN STEWART JAMISON

Paraboles
Auteur: HOWE, SUSAN

Une parabole est un bref récit didactique qui utilise des personnages, des situations et des coutumes que l’auditoire connaît bien. Elle vise à transmettre un message spirituel, mais le lecteur doit habituellement déduire le message de l’histoire, laquelle présente généralement un certain aspect de la vie quotidienne. Du fait que c’est une histoire, la parabole est parfois plus mémorable et plus intéressante que l’exhortation directe. On lui prête plusieurs niveaux de signification et elle peut être interprétée différemment selon la sensibilité et la préparation spirituelle de l’auditeur. Pour les saints des derniers jours, il est significatif que le Seigneur, par l’intermédiaire du prophète Joseph Smith, ait proposé quelques paraboles supplémentaires et ait utilisé celles données pendant le ministère de Jésus pour enrichir la partie du message du rétablissement de l’Évangile qui touche aux événements des derniers jours.
Dans sa traduction de la Bible (TJS), Joseph Smith a retravaillé certaines des paraboles du Christ rapportées dans les Évangiles synoptiques. En outre, il a souvent fait allusion aux paraboles du Christ dans ses discours et ses articles. Dans les révélations du Seigneur, il a reçu au moins trois paraboles originales qui ne sont pas dans le Nouveau Testament (D&A 38:26-27; 88:51-61; 101:43-62). Pour celles du Nouveau Testament qu’il a retravaillées, parce qu’il était conscient de ce que la signification d’une parabole réside dans l’intérêt qu’elle peut avoir pour son auditoire d’origine, il a utilisé comme clef pour son interprétation la situation qui a amené le Christ à raconter sa parabole (EPJS, pp. 223-224). Ensuite, sous l’inspiration, il a interprété pratiquement toutes les paraboles de Matthieu 13 selon leur application aux derniers jours ou à la mission de l’Église rétablie qui est d’aider à préparer les gens à la seconde venue du Christ (cf. D&A 45:56; 63:53-54; EPJS, pp. 72-77).
Joseph Smith a montré que beaucoup de paraboles du Christ concernaient la mission moderne de l’Église. Par exemple, la section 86 des Doctrine et Alliances voit dans la parabole de l’ivraie (cf. Mt. 13:24-30, 36-43) une description de l’apostasie et du rétablissement du véritable Évangile du Christ: «les apôtres étaient les semeurs du bon grain» mais «lorsqu'ils se sont endormis… l'ivraie étouffe le bon grain et chasse l'Église dans le désert» (D&A 86:2-3). Cependant, le bon grain, qui est la véritable église du Christ, germe à nouveau: «En ces derniers jours… le Seigneur commence à faire sortir la parole et… la pousse croît et est encore tendre» (D&A 86:4). La TJS applique cette parabole aux derniers jours: «En ce jour, avant que le Fils de l’homme vienne, il enverra ses anges et ses messagers du ciel» (TJS, Mt. 13:42). Ces anges et ces messagers sont appelés à fortifier le bon grain dans les derniers jours avant que les méchants soient détruits. Cette parabole porte donc sur la période précédant immédiatement la fin du monde (cf. D&A 101:65-66).
D’autres mentions continuent à rattacher les paraboles du Christ à l’Église des derniers jours. La version TJS de la parabole des dix vierges (Mt. 25:1-13) commence ainsi: «Ce jour-là, avant que le Fils de l’homme vienne, le royaume des cieux sera semblable à dix vierges» (TJS, Mt. 25:1). Les Doctrine et Alliances font, elles aussi, allusion à cette parabole: «Le jour de la venue du Fils de l'Homme… il y aura des vierges folles parmi les sages; et à cette heure-là, il se produira une séparation complète des justes et des méchants» (D&A 63:53-54; cf. 45:56-57). À propos de la parabole du grain de sénevé (Mt. 13:31-32): «C’est la plus petite de toutes les semences ; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes» (Mt. 13:32), Joseph Smith a écrit: «Nous pouvons ici clairement découvrir que cette image est donnée pour représenter l’Église telle qu’elle paraîtra dans les derniers jours» (EPJS, p. 75). Il y voit aussi une comparaison avec le Livre de Mormon:
«Prenons le Livre de Mormon qu’un homme prit et cacha dans son champ… pour qu’il reparaisse dans les derniers jours, en temps voulu; voyons-le sortir de terre… oui, devenir gigantesque, avec d’immenses branches et une majesté divine, jusqu’à ce qu’il devienne, comme le grain de sénevé, la plus grande de toutes les plantes. Et il est la vérité, et il a germé, et il est sorti de la terre et la justice commence à regarder du haut des cieux et Dieu envoie d’en haut ses pouvoirs, ses dons et ses anges pour habiter dans ses branches» [EPJS, p. 75].
En commentant d’autres paraboles, Joseph Smith compare les trois mesures de farine dans lesquelles une femme met du levain (Mt. 13:33) aux trois témoins du Livre de Mormon (EPJS, pp. 76-77). Le trésor caché dans un champ pour lequel un homme «va vendre tout ce qu’il a, et achète ce champ» (Mt. 13:44) est comparé aux saints qui «vendent tout ce qu’ils ont et se rassemblent en un endroit qu’ils peuvent acheter comme héritage» (EPJS, p. 78). Au «maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes» (Mt. 13:52), le prophète Joseph Smith compare «le Livre de Mormon sort[i] du trésor du cœur… les alliances données aux saints des derniers jours [et] la traduction de la Bible, faisant ainsi sortir du cœur des choses nouvelles et anciennes» (EPJS, p. 102)
D’autres paraboles ont été utilisées dans les Doctrine et Alliances pour proposer des conseils pour des incidents particuliers. En 1833, les saints des derniers jours du comté de Jackson (Missouri) furent chassés de chez eux par des émeutiers armés. Dans une révélation reçue le 16 décembre 1833 par Joseph Smith, deux paraboles proposent les mesures à prendre. La première parabole (D&A 101:43-62) est originale, bien qu’elle fasse écho à la parabole du Christ sur les vignerons (cf. Mt. 21:33-44). Un noble envoie des serviteurs dans sa vigne planter douze oliviers et ensuite protéger la vigne en dressant une haie, en plaçant des gardes et en érigeant une tour. Ses serviteurs obéissent au début mais deviennent ensuite paresseux. Un ennemi vient la nuit, abat la haie et les oliviers et s’empare de la vigne. Le noble appelle les serviteurs à rendre des comptes et puis demande à tous les hommes de sa maison d’aller «directement dans la terre de [sa] vigne et de la racheter» (D&A 101:56). Cette parabole, interprétée deux mois plus tard dans une révélation ultérieure (D&A 103), va servir de base pour le camp de Sion, une milice de saints appelés à marcher d’Ohio au Missouri afin de récupérer le pays de leurs coreligionnaires.
L’autre parabole citée dans la révélation de décembre 1833 (D&A 101:81-91) est celle de la femme et du juge inique (Lu. 18:1-8). Le juge fait justice à la femme parce qu’elle ne cesse de l’importuner. De même, les saints expulsés de l’époque sont exhortés à «importune[er] aux pieds du juge» puis du gouverneur, puis du président des États-Unis, jusqu’à ce qu’ils aient obtenu réparation (D&A 101:85-89).
Ces paraboles, ainsi que d’autres qu’il a utilisées (cf. D&A 35:16; 38:24-27; 45:36-38; 88:51-61), enrichissent les enseignements de Joseph Smith.
Bibliographie
Brooks, Melvin R. Parables of the Kingdom. Salt Lake City, 1965.
Burton, Alma P., dir. de publ. Discourses of the Prophet Joseph Smith, pp. 196-204. Salt Lake City, 1965.
Jeremias, Joachim. The Parables of Jesus. Londres, 1954.
SUSAN HOWE

Patriarche

[Cette rubrique se compose de deux articles: Patriarche: Patriarche de pieu et Patriarche: Patriarche de l'Église. Un patriarche est un appel dans la prêtrise de l’Église. Chaque pieu a un ou plusieurs patriarches et leurs devoirs sont expliqués dans le premier article. Le deuxième article donne l’histoire de la fonction de patriarche de l’Église.]

Patriarche: Patriarche de pieu
Auteur: BALLIF, ARIEL S.

Chaque pieu dans l'Église a au moins un patriarche ordonné, comme le prophète Joseph Smith l’a écrit, «au profit de la postérité des saints comme c’était le cas pour Jacob quand il a donné sa bénédiction patriarcale à ses fils» (WJS, p. 6). L'âge n'intervient pas et l'appel, qui est un appel de service bénévole consistant à donner des bénédictions patriarcales aux membres du pieu, peut être donné à tout grand prêtre digne et spirituellement mûr.
Les pères, d'Adam à Jacob, sont considérés comme des patriarches de cet ordre. Le mot «patriarche» est souvent employé dans la Bible comme titre honorifique pour les premiers dirigeants des Israélites. C’est peut-être dans ce sens que Pierre parlait du «patriarche David» (Ac. 2:29). Étienne disait des fils de Jacob qu’ils étaient les «douze patriarches» (Ac. 7:8-9). Ces hommes ont sans doute été des patriarches naturels, étant des pères, et certains d'entre eux ont pu également avoir été ordonnés à la prêtrise patriarcale. En vertu de cette prêtrise et sous l'inspiration, ils pouvaient conférer à leurs fils et à leurs filles des promesses, des droits et des devoirs semblables à ceux de la famille d'Abraham.
Les Doctrine et Alliances parlent de «ministres évangéliques» que l’on comprend comme étant des patriarches. Le Conseil des douze apôtres a la responsabilité d’appeler et d'ordonner les patriarches de pieu «qui leur seront désignés par révélation» (D&A 107:39). Cette responsabilité est maintenant généralement déléguée aux présidents de pieu. Un patriarche de pieu peut aussi donner des bénédictions patriarcales en dehors de son pieu aux membres de sa famille. S'il va s’installer dans un autre pieu, il faudra l’accord du Conseil des Douze pour qu’il puisse y exercer ses fonctions.
La formation et la préparation des patriarches comprennent un renforcement spirituel par la prière et une vie juste, l'étude constante de l'héritage scripturaire et historique de l'appel et des réunions occasionnelles où ils sont instruits par leurs dirigeants.
Pour recevoir une bénédiction d'un patriarche de pieu, les membres de l'Église ont besoin d’une recommandation de leur évêque, qui leur est remise à la suite d’un entretien. L’évêque donne son accord après s’être assuré que l’intéressé désire la bénédiction et est préparé à la recevoir et que sa fidélité à l'Évangile et son service dans l’Église montrent qu’il en est digne. La bénédiction est donnée dans un lieu paisible, habituellement une salle au centre de pieu ou chez le patriarche. Les parents, le conjoint ou d'autres membres de la famille immédiate peuvent être invités à assister à la bénédiction. Le bénéficiaire est assis. Le patriarche pose les mains sur la tête de la personne et invoque l'inspiration du Saint-Esprit. Dans l'esprit du jeûne et de la prière, toutes les personnes présentes sont unies dans la foi pour obtenir une perspective inspirée des bénédictions du droit de naissance et de la destinée du bénéficiaire. Le patriarche recherche également l'inspiration pour indiquer le lignage familial dominant qui remonte à Abraham. Ensuite, comme cela lui est manifesté par l'Esprit, le patriarche prononce des exhortations, fait des promesses et donne des assurances.
Le patriarche de pieu enregistre et transcrit toujours les bénédictions qu'il donne. L’original est envoyé à la division patriarcale du Département d’histoire de l'Église. L’exemplaire remis au bénéficiaire devient un document permanent considéré comme sacré. Il est habituellement réservé au seul bénéficiaire ou, plus tard, à sa famille et à ses descendants.
La désignation de patriarches de pieu ne supplante pas l'appel et le droit de tout père dans l'Église qui détient la Prêtrise de Melchisédek de donner également des bénédictions paternelles à chacun de ses enfants. Les pères détenteurs de la prêtrise ont, au même titre que les patriarches ordonnés, le pouvoir, par l'inspiration spirituelle, de donner une bénédiction de prêtrise tournée vers l’avenir qui amplifiera la vision, fortifiera la foi et rendra plus claire la mission que devra remplir dans la vie la personne qui reçoit la bénédiction.
Bibliographie
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, chap. 16, pp. 321-325. Salt Lake City, 1967.
ARIEL S. BALLIF

Patriarche: Patriarche de l’Église
Auteur: STEPHENS, CALVIN R.

Avant 1979, le patriarche de l'Église était un dirigeant dont le devoir principal était de conférer des bénédictions patriarcales aux membres de l’Église qui n’avaient pas facilement accès aux services des patriarches de pieu. Le prophète Joseph Smith a expliqué qu'un «évangéliste» (comme dans Éphésiens 4:11) est un «patriarche» (EPJS, p. 151), c'est-à-dire qu’il confère les bénédictions d'un patriarche aux membres de l'Église. Actuellement, on ordonne des patriarches dans les différents pieux de l'Église, mais pendant de nombreuses années, il y a eu un patriarche pour l'Église tout entière. Il était considéré comme l’une des Autorités générales.
Le 18 décembre 1833, à Kirtland (Ohio), Joseph Smith, père, fut ordonné premier patriarche de l'Église (D&A 107:39-56) avec juridiction sur toute l'Église. À sa mort, Hyrum Smith, son fils aîné encore en vie, lui succéda jusqu’à son martyre le 27 juin 1844. William Smith, un frère cadet, fut ordonné, le 24 mai 1845, patriarche de l'Église par le Collège des douze apôtres, mais l'Église le rejeta le 6 octobre 1845 pour mauvaise conduite. L’office resta vacant jusqu'au 1er janvier 1849, quand John Smith, frère de Joseph Smith, père, fut appelé. Il remplit l’appel jusqu'à sa mort, le 23 mai 1854.
Un deuxième John Smith, fils de Hyrum Smith, fut patriarche de l'Église du 18 février 1855 au 6 novembre 1911. Hyrum Gibbs Smith, petit-fils du deuxième John Smith, remplit alors cette fonction du 9 mai 1912 au 4 février 1932. Pendant dix ans, on appela des patriarches suppléants qui n'étaient pas dans la lignée héréditaire directe. Il s’agit de Nicholas G. Smith (octobre 1932 à octobre 1934), Frank B. Woodbury (juin 1935 à octobre 1937) et George F. Richards (octobre 1937 à octobre 1942).
L'appel revint à la lignée héréditaire le 3 octobre 1942, avec l'appel de Joseph Fielding Smith (1899-1964), arrière-petit-fils de Hyrum Smith. Il fut relevé le 7 octobre 1946, à sa demande pour raison de santé. Eldred G. Smith, fils aîné de Hyrum Gibbs Smith, fut appelé en avril 1947.
En 1979, l’office de patriarche de l'Église fut supprimé «à cause de la grande augmentation du nombre de patriarches de pieu et de l’accessibilité au service patriarcal dans le monde entier». Eldred G. Smith «reçut l’éméritat, ce qui veut dire qu'il est relevé honorablement de toutes les fonctions et responsabilités relatives à l’office de patriarche de l'Église» (CR, oct. 1979, p. 25).
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. Dans Doctrines du Salut, comp. par Bruce R. McConkie, vol. 3, pp. 99-103, 148-156.
CALVIN R. STEPHENS

Paul
Auteur: SCHAELLING, J. PHILIP

L’Église reconnaît en Paul un véritable apôtre de Jésus-Christ. Aucun des autres apôtres originels n’a eu le même impact que lui sur les croyants postérieurs par son exemple personnel et ses écrits. Cet ancien apôtre chrétien auprès des païens, nous fournit, dans ses épîtres du Nouveau Testament, une source riche en points de doctrine chrétienne et a exercé l’influence doctrinale de loin la plus importante sur beaucoup de confessions de la chrétienté moderne. Sans Paul, la doctrine de la justification par foi au Christ serait essentiellement absente de la Bible et on en saurait considérablement moins sur la grâce, la Cène du Seigneur, la structure de l’Église, l’Apostasie ou le rôle des dons de l’Esprit dans l’Église.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. On trouve des détails de la vie de Paul dans ses épîtres et dans le livre des Actes. Né à Tarse de Cilicie (sud-est de la Turquie moderne), Paul est multiculturel. En tant que Juif, il est connu sous le nom de Saul et est éduqué à Jérusalem comme pharisien sous le célèbre rabbin Gamaliel. Il est également citoyen romain de naissance, privilège rare pour un Juif à ce moment-là. Enfin, il connaît bien la langue et la culture grecques grâce à l’environnement de sa jeunesse dans la ville hellénistique de Tarse. Ceci lui permet de traiter avec les Juifs, les Romains et les Grecs dans leur propre culture, un grand avantage pour son oeuvre missionnaire postérieure.
Pharisien travaillant pour le souverain sacrificateur juif, Saul est un des premiers persécuteurs des chrétiens et approuve personnellement l’exécution d’Étienne (Ac. 7:58-8:3). Cependant, tandis qu’il se rend à Damas pour y arrêter des chrétiens, le Christ ressuscité lui apparaît en vision. Suite à cette expérience, il va adopter la cause du Christ et passer le reste de sa vie à son service.
Après son baptême, il «par[t] pour l’Arabie. Puis [il revient] encore à Damas» (Ga. 1:17). Il prêche le Christ avec une telle efficacité qu’il provoque beaucoup d’opposition chez les Juifs et qu’il est par la suite obligé de se sauver pour ne pas se faire tuer. De retour à Jérusalem après trois ans, il a une brève réunion avec Pierre et Jacques, frère du Seigneur, puis se rend en Cilicie et en Syrie, où il passe à peu près la décennie suivante à prêcher l’Évangile.
Barnabas amène Saul à Antioche, d’où ils partent pour leur premier voyage missionnaire. C’est au cours de ce voyage qu’il commence à utiliser son nom romain, Paul, et met au point sa stratégie de base pour l’œuvre missionnaire. Toutes les fois qu’il entre dans une ville, il va d’abord trouver les Juifs, prêchant le Christ dans leurs synagogues. Habituellement ils rejettent son message, mais les païens fréquentant les synagogues sont souvent convertis; Paul se consacre alors à enseigner les païens de cette ville et crée une branche de l’Église constituée de païens et peut-être de quelques convertis juifs.
Les Actes décrivent deux autres voyages missionnaires de plus de trois ans chacun et Paul réussit à enseigner l’Évangile et à fonder des églises dans une grande partie de la Turquie et de la Grèce actuelles. De retour à Jérusalem après son troisième voyage missionnaire, il se butte à une opposition tellement intense de la part des Juifs à sa présence dans le temple qu’il est arrêté par les Romains et gardé pendant deux ans en prison à Césarée avant d’être envoyé à Rome pour y être jugé. En cours de route, il fait naufrage et est finalement emprisonné à Rome où il est exécuté vers 64 apr. J.-C., pendant le règne de l’empereur Néron.
Le prophète Joseph Smith a donné une description de Paul: un mètre cinquante, cheveux noirs, yeux perçants et orateur puissant (EPJS, p. 144; WJS, p. 59). Il a également dit que Paul connaissait Hénoc (EPJS, p. 136) et qu’Abel «fut envoyé du ciel à Paul pour lui apporter des paroles de consolation et pour lui apporter la connaissance des mystères de la piété» (EPJS, p. 135).
ENSEIGNEMENTS DE PAUL. Un des plus grands apports de Paul au Nouveau Testament est sa déclaration puissante concernant la justification (c’est-à-dire, le fait d’être affranchi de la culpabilité) par la foi au Christ (cf. Ga. 2-3; Ro. 2-5). Très vite, il enseigne à ses convertis païens qu’ils n’ont pas besoin de vivre la loi de Moïse pour être justifiés devant Dieu. Il suffit de contracter et de garder l’alliance de l’Évangile, l’alliance de la foi, alors que l’observance extérieure de la loi de Moïse ne justifie pas (Ga. 2:16). En particulier, après l’expiation du Christ, il n’y a plus aucune nécessité d’observer la loi et l’alliance précédentes de Moïse rendues obsolètes par la loi et l’alliance de l’Évangile (cf. Hé. 8:6-13; 3 Né. 9:17-20). Les convertis païens de Paul n’ont donc pas besoin de devenir juifs pour devenir chrétiens (cf. Ac. 15:5-29), parce que les humains sont «justifiés par la foi, sans les œuvres de la loi» (Ro. 3:28). L’engagement total à l’Évangile de Jésus-Christ, l’alliance de la foi, respecte automatiquement toutes les obligations précédentes devant Dieu, notamment les obligations de la loi de Moïse.
Paul enseigne aussi la doctrine parallèle du salut par la grâce. Les saints des derniers jours reconnaissent au moins quatre manières dont Paul définit le salut comme un effet de la grâce de Dieu. Premièrement, grâce à l’expiation du Christ, un don gratuit, la postérité d’Adam n’est pas responsable de la transgression de celui-ci (Ro. 5:18-21). Deuxièmement, il s’ensuit naturellement que la mort, conséquence de la transgression d’Adam, sera supprimée par le don de la résurrection qui sera accordé gratuitement à tous les êtres humains (1 Co. 15:21-22). Troisièmement, le fait que Dieu ait offert une nouvelle alliance de la foi à la place des anciennes règles des statuts et des observances, que l’humanité de l’époque ne pouvait pas vivre parfaitement, est en soi un acte de grâce. Et quatrièmement, le fait que le Sauveur se soit offert pour souffrir et mourir pour les autres est la plus grande expression de la grâce de Dieu. Ainsi, le salut n’est accessible à l’humanité que par les actes et les dons gratuits de Dieu. Comme le dit Paul: «… à qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu» (Ro. 5:2). Cependant, dans la théologie de Paul, les points de doctrine du salut par la grâce et de la justification par la foi n’éliminent pas mais exigent la nécessité absolue d’un niveau de conduite personnelle élevé (1 Co. 6:9-11; Ga. 5:19-21).
Il enseigne aussi que la connaissance de Dieu est illimitée et que le plan de Dieu a prévu tous les événements futurs et ne peut pas être contrecarré. Dieu connaît la fin depuis le commencement et a déjà préparé l’héritage de ceux qui choisissent de respecter sa volonté (Ép. 1:4-14). Bien que la Bible utilise le mot «prédestinés» (Grec, proorizo), les saints des derniers jours ne le comprennent pas comme voulant dire que certains sont sauvés et que les autres sont damnés en vertu d’une décision préalable de Dieu. Ils préfèrent le mot préordination à prédestination et insistent sur le fait que la prescience de Dieu n’empiète pas sur le libre arbitre des êtres humains.
Toutes les épîtres de Paul, peut-être même la plupart d’entre elles n’ont pas été conservées. Les saints des derniers jours croient que si un recueil plus complet des épîtres de Paul avait survécu, il s’en dégagerait une théologie très semblable à celle de l’Évangile rétabli à notre époque. Ce qui les conforte dans cette idée, ce sont les allusions que Paul fait à des points de doctrine qui sont maintenant propres aux saints des derniers jours, comme le baptême pour les morts (1 Co. 15:29), les trois degrés de gloire (1 Co. 15:39-41; 2 Co. 12:2), la vie prémortelle (Ép. 1:4) et la nécessité d’une organisation ecclésiastique comprenant des apôtres et des prophètes (Ép. 2:19-20; 4:11-13). Les saints supposent que Paul ne s’est pas étendu sur ces sujets dans ses écrits existants parce qu’il s’adressait à des gens qui les connaissaient déjà.
Paul est une source importante de prédictions sur l’apostasie de l’Église chrétienne primitive. Actes 20:29-30 le montre avertissant les anciens d’Éphèse et de Milet que des loups cruels s’introduiront après son départ, «qui n’épargneront pas le troupeau» et que des membres mécontents déchireraient l’Église de l’intérieur. Il avertit les Thessaloniciens qu’ils ne doivent pas s’attendre à l’avènement du Christ avant que l’apostasie ait eu lieu (2 Th. 2:2-3). Chose importante, il rappelle aux deux groupes que cet avertissement fait partie de sa prédication depuis le commencement (2 Th. 2:5; Ac. 20:31).
Les saints des derniers jours ne voient pas chez Paul d’opposition aux femmes, au sexe ou au mariage. La déclaration générale de principe de Paul sur le mariage est plutôt «que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari» (1 Co. 7:2; cf. Hé. 13:4). Paul traite ensuite de circonstances spéciales (1 Co. 7:8-16) et exhorte les gens à s’inquiéter d’abord des choses de Dieu (versets 25-38), mais ses conseils concernant les situations particulières ne doivent pas être confondus avec sa politique générale. Les maris doivent aimer leur femme et vice-versa (Ép. 5:28), car «dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme» (1 Co. 11:11). Il est clair que les femmes étaient des compagnes appréciées et détenaient des postes responsables dans les assemblées de Paul (cf. Ro. 16:1-4).
L’influence de Paul sur Joseph Smith et les saints des derniers jours est perceptible en de nombreux endroits. Joseph Smith fait allusion à «l’exhortation de Paul» (cf. Ph. 4:8) quand il décrit les aspirations morales les plus élevées des saints des derniers jours (13e A de F). Le langage de Paul est perceptible dans la plupart des articles de foi (par exemple, dans le 4e A de F sur les premiers principes de l’Évangile [cf. Hé. 6:1-2], dans le 5e A de F sur l’ordination à la prêtrise [cf. 1 Ti. 4:14], dans le 6e A de F sur les dirigeants de l’Église primitive [cf. Ép. 4:11] et dans le 7e A de F sur les dons de l’Esprit [cf. 1 Co. 12:8-12]), et on trouve aussi une partie de l’hymne sublime à la charité (1 Co. 13:4-8) dans le Livre de Mormon (Mro. 7:45-46). On voit là que c’est Jésus qui est la source finale de tous ces enseignements.
Le prophète Joseph Smith a observé à propos de la vie de Paul:
« Suivez les travaux de cet apôtre depuis le moment de sa conversion jusqu’au moment de sa mort, et vous aurez un bon exemple d’industrie et de patience à promulguer l’Évangile du Christ. On se moquait de lui, on le fouettait et on le lapidait, mais dès l’instant où il échappait aux mains de ses persécuteurs, il proclamait avec plus de zèle que jamais la doctrine du Sauveur… Paul mettait son espérance dans le Christ parce qu’il avait gardé la foi et avait aimé son avènement, et il avait la promesse de recevoir de sa main une couronne de justice [EPJS, p. 48]. [Voir aussi la Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)); Nouveau Testament.]

Bibliographie
Anderson, Richard Lloyd. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vols. 2-3. Salt Lake City, 1970-1973.
Sperry, Sidney B. Paul's Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
J. PHILIP SCHAELLING

Péché
Auteurs: BROWN, BRUCE L. et OLSON, TERRANCE D.

Pécher c’est mal agir délibérément. Jacques dit que ce peut également être le refus obstiné de bien faire: «Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché» (4:17). Le péché est la transgression de la loi (1 Jn. 3:4), mais on n’est pas jugé responsable des péchés commis contre une loi qu’on n’a pas eu l’occasion de connaître. Orson F. Whitney, un apôtre, explique:
«Le péché est la transgression de la loi divine, telle que définie par la conscience ou par la révélation. L’homme pèche quand il viole sa conscience et agit à l’encontre de la lumière et de la connaissance – non de la lumière et de la connaissance données à son voisin, mais de celles qui lui ont été données, à lui. Il pèche quand il fait l’opposé de ce qu’il sait être juste. Jusqu’à ce stade-là il ne fait que commettre des bêtises. On peut subir des conséquences douloureuses simplement pour avoir fait une bêtise, mais on ne peut commettre de péché que si l’on est suffisamment informé pour faire une autre chose que celle en laquelle le péché consiste. On doit avoir une conscience avant de pouvoir la violer» [pp. 241-242].
Dieu ne tient pas quelqu’un pour responsable du mal commis dans l’ignorance ou le mal fait involontairement à d’autres, parce que de telles actions ne constituent pas un péché. L’ignorance, le manque de maturité ou même l’imprudence d’une personne peut en léser d’autres et les individus peuvent être responsables des conséquences qu’ils contribuent à provoquer. Mais dans de telles situations, où il n’y a aucune intention mauvaise, il n’y a pas de péché. Cela ne veut pas dire que les gens qui font du tort dans l’ignorance ne souffrent pas, soit physiquement, soit dans leurs rapports avec les autres. De plus, quand on prend conscience du fait qu’on a contribué à créer des problèmes, ce serait habituellement considéré comme un péché que de s’abstenir de réparer ou de refuser d’aider à régler les difficultés que l’on a créées.
Le verbe grec utilisé dans le Nouveau Testament pour «pécher» est hamartanein. Ce mot évoque l’image de l’archer et peut signifier «manquer la cible». Quand ils pèchent, les gens regardent «au-delà du point marqué» vers des buts inférieurs ou égoïstes. Les Écritures définissent le point marqué suprême de l’humanité comme le fait d’ «avoir la joie» (2 Né. 2:25). On peut avoir la certitude que Dieu, qui connaît une plénitude de joie (cf. 3 Né. 28:10), connaît le bon chemin qui mène au bonheur. Il offre à ses enfants tout ce qu’il a. Il a envoyé son Fils «pour sauver son peuple de ses péchés» (Mt. 1:21). Pécher sciemment c’est transgresser ou outrepasser les limites du chemin de la paix et du bonheur, et rejeter la mission du Sauveur.
Tous les mortels possèdent en eux-mêmes un cœur qui peut être accordé sur les profondeurs de l’amour, de la paix et de la pureté (cf. Mro. 7:14-18). Mais par le péché (faire intentionnellement le mal), les humains tuent la joie et favorisent la haine, la violence et le malheur (voir 2 Né. 2:26-27; Mos. 3:19; Hél. 14:30-31). Le péché dévaste, corrompt, attriste et détruit. Il dissipe «l’espérance d’une pureté parfaite» offerte par le Christ (2 Né. 31:20) et la remplace par le désespoir (Mro. 10:22). Son aiguillon n’anime ni ne réjouit le cœur, mais éveille «la conscience vive de [la] culpabilité» (Mos. 2:38), qui est la conséquence indésirable mais inévitable pour l’impénitent.
Le premier goût du péché est amer. Quand les enfants mûrissent, «le péché est conçu dans leur cœur, et ils goûtent à l’amer» (Moï. 6:55). Or, expérimenter le péché est quelque chose de trompeur car cela provoque une dépendance. Tandis que la sensibilité de la personne au spirituel s’émousse, l’aiguillon peut sembler diminuer avec le temps. Pour quelqu’un qui est dans le péché, les choses ne sont pas comme elles le paraissent. C’est comme si l’on dormait. La répétition du péché (que les Écritures appellent la méchanceté) obscurcit la vision et les effets du péché sont plus amers à mesure que la vie passe. Ésaïe compare cela à «celui qui a faim [qui] rêve qu’il mange, puis s’éveille, l’estomac vide» (És. 29:8). Et Paul observe que les pécheurs «ayant perdu tout sentiment… se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce d’impureté jointe à la cupidité» (Ép. 4:19).
Le péché inclut la violation délibérée des alliances faites avec Dieu. Il brise les relations familiales et sociales, sème le désordre et la méfiance et invite à la satisfaction égoïste de ses propres buts au détriment de la communauté. Les alliances donnent une impression de stabilité et de permanence – elles signalent ce à quoi il faut s’attendre les uns des autres. Mais le péché crée l’incertitude et l’instabilité. Il ne mène jamais au bonheur attendu mais à la déception. Comme Jacob en témoigne, le fait de rompre les alliances est source de souffrance pour les innocents: «Vous avez brisé le cœur de vos tendres épouses… et les sanglots de leur cœur montent à Dieu contre vous… beaucoup de cœurs sont morts, percés de blessures profondes» (Jacob 2:35).
Le péché est l’expression de la résistance à Dieu et aux choses de l’esprit. «Un homme méchant ne peut pas faire ce qui est bien» (Mro. 7:10) parce que son comportement provient d’un cœur dur ou aigri. On ne peut cesser d’être mauvais que par un changement de cœur; il ne s’agit pas simplement d’une modification ou de la maîtrise des actes externes (cf. Mosiah 5:2-15). Ou bien l’on reçoit la vérité ou bien l’on y résiste. Quand la Samaritaine qui a parlé avec le Sauveur au puits rapporte sa conversation aux autres, elle dit : «Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait» (Jn. 4:29). Ce que le Sauveur lui a dit comprenait ses péchés actuels : «Et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari» (Jn. 4:18). Cependant, elle a reçu ses déclarations; elle a accepté son témoignage qu’il était le Christ et a invité ses amis à voir par eux-mêmes (Jn. 4:25-26, 29). Si elle avait eu le cœur endurci ou s’était accrochée à ses péchés, elle n’aurait pas accepté ses déclarations à son sujet ou son témoignage de sa divinité à lui. Elle n’aurait pas emprunté le chemin du repentir et du pardon.
Pour échapper aux effets du péché, l’humanité doit accepter l’Expiation et se repentir. Amulek, un prophète du Livre de Mormon, explique que l’Expiation sauve les hommes de leurs péchés, pas dans leurs péchés (Alma 11:37). C’est dans une grande mesure nos propres péchés qui produisent des sentiments d’affliction et de désespoir, peut-être davantage que ce que nous subissons à la suite du mal que les autres nous font. Les mortels sont punis par leurs péchés plutôt que pour eux. Les Écritures décrivent cet état de choses comme «la servitude du péché» (D&A 84:49-51; Mrm. 8:31).
Ceux qui sont dans cette servitude vivent en opposition aux deux grands commandements sur lesquels reposent toute la loi et les prophètes: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée» et «Tu aimeras ton prochain comme toi–même» (Mt. 22:37, 39). Si ce sont les plus grands des commandements, le péché le plus débilitant est sans doute le refus d’aimer. L’égoïsme, la cupidité, l’envie, l’orgueil, l’hypocrisie, le ressentiment, l’hostilité, la suffisance, l’apitoiement sur soi et la convoitise sont tous des manières de refuser d’aimer. L’indulgence souvent demandée par les pécheurs à ce propos peut contribuer davantage qu’on le pense à créer des relations familiales négatives ou même au niveau de la criminalité dans une société. L’incivilité peut se muer en hostilité et celle-ci risque à son tour de dégénérer en violence.
Les pécheurs sont offensés par la vérité et trouvent qu’elle est un fardeau, comme quand Laman et Lémuel, après que leur frère Néphi leur a expliqué le plan du salut, se plaignent : «Tu nous as déclaré des choses dures, plus que nous n’en pouvons supporter» (1 Né. 16:1). Ceux qui refusent de vivre la vérité trouvent des raisons pour justifier leurs mauvaises actions. Caïn, ayant déjà commis le meurtre, répond au Seigneur qui lui demande où est Abel par un mensonge («Je ne sais pas») et ensuite il provoque hypocritement Dieu: «Suis-je le gardien de mon frère ?» (Ge. 4:9; Moï. 5:34).
Le péché rend aveugle à la vérité dans n’importe quelle situation. Nathan, le prophète, raconte au roi David l’histoire d’un homme qui possède beaucoup de troupeaux de moutons, mais qui, néanmoins, tue l’agneau d’une famille pauvre pour nourrir un invité. David se met en colère. Il juge qu’un tel homme devrait rendre au quadruple à la famille lésée et être exécuté. Nathan déclare: «Tu es cet homme-là» (2 S. 12:7). Spirituellement aveuglé par son adultère avec Bath-Schéba et le meurtre de son mari Urie (2 S. 11), David ne se voit plus comme le prophète le voit ou, apparemment, comme n’importe qui disposé à examiner la situation sur la base des commandements du Seigneur le verrait.
«Si nous disons que nous sommes en communion avec lui [le Christ], et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité… Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous–mêmes, et la vérité n’est point en nous» (1 Jn. 1:6, 8). Quand on ne pratique pas une vérité, on la voit sous un faux jour. Celui qui ne se repent pas considère même que sa culpabilité pour le péché lui est imposée par quelqu’un d’autre, pas que c’est un symptôme de son propre endurcissement contre la vérité. Que le péché soit «grand» comme le meurtre, l’adultère ou le détournement de fonds ou «petit» comme l’orgueil, la dureté ou la jalousie, ses effets se manifestent dans des modes de comportement prévisibles. Ces comportements consistent généralement à être affligé par ce qu’on sait être vrai, y être aveugle ou s’en exonérer.
Il est rare que les Écritures fassent une liste détaillée des péchés. Habituellement elles donnent des exemples à titre d’illustration (cf. Al. 1:32; 16:18; Hél. 4:12). Le président Ezra Taft Benson a décrit l’attitude liée à ce péché universel qu’est l’orgueil: «Notre inimitié envers Dieu prend beaucoup de formes, comme la rébellion, la dureté de cœur, l’obstination, l’impénitence, la suffisance, la susceptibilité et la recherche de signes» (Benson, p. 4). Le roi Benjamin fait la réflexion : «Je ne peux pas vous dire toutes les choses par lesquelles vous pouvez commettre le péché; car il y a divers voies et moyens, oui, tant que je ne peux les énumérer. Mais il y a une chose que je peux vous dire, c’est que si vous ne… ne continuez pas dans la foi de ce que vous avez entendu concernant la venue de notre Seigneur jusqu’à la fin de votre vie, vous périrez. Et maintenant, ô homme, souviens-toi, et ne péris pas» (Mosiah 4:29-30).
Naître spirituellement de Dieu c’est être réveillé, être libéré des fardeaux du péché (voir Pardon; Homme naturel; Repentir). Le Livre de Mormon rapporte l’histoire d’un peuple qui, pendant un certain temps, a surmonté la servitude du péché. Il dit à son sujet : «Et il arriva qu’il n’y eut pas de querelles dans le pays, à cause de l’amour de Dieu qui demeurait dans le cœur du peuple. Et il n’y avait pas d’envies, ni de discordes, ni de tumultes, ni de fornications, ni de mensonges, ni de meurtres, ni aucune sorte de lasciveté; et assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux parmi tout le peuple qui avait été créé par la main de Dieu» (4 Né. 1:15-16).
Surmonter le péché et être pardonné c’est délaisser l’impiété, reconnaître sa dépendance vis-à-vis de Dieu et chercher à faire sa volonté. L’aide de Dieu est indispensable pour abandonner le péché: «Il a changé leur cœur… il les a éveillés d’un profond sommeil, et ils se sont éveillés à Dieu» (Al. 5:7). Ceux qui abandonnent le péché, leur «visage est… empreint de son image» et ils font preuve de foi en la rédemption du Christ (cf. Al. 5:14-19); ils sont pleins d’amour (Mos. 3:19; Jn. 13:35; 15:10).
Vu du point de vue de l’éternité, il n’y a de tragédie que dans le péché. Les mortels ne sont pas sur terre pour se prouver l’un à l’autre mais à Dieu. Cette vie terrestre est une période probatoire, un test pour voir si les hommes «feront tout ce que le Seigneur leur Dieu leur commandera» (Abr. 3:25; cf. Al. 34:34). Ceux dont le «cœur se porte… vers les choses de ce monde et aspire… aux honneurs des hommes» ou qui couvrent leurs péchés, assouvissent leur orgueil, entretiennent une vaine ambition ou cherchent à avoir une emprise sur les autres et les dominer «avec quelque degré d'injustice que ce soit» affligent l’Esprit du Seigneur (D&A 121:35, 37).
Échapper au péché est simple mais pas facile. Le repentir exige une souffrance profonde, le dernier «quadrant», tout ce qu’on est capable de faire: «Nul n'est sauvé, sauf ceux qui sont vraiment pénitents» (Al. 42:24; cf. D&A 19). «Nous sommes sauvés [par la grâce] après que tout ce que nous pouvons faire» (2 Né. 25:23). Ceux qui abandonnent le péché sont caractérisés comme marchant «résolument, avec constance dans le Christ, ayant une espérance d'une pureté parfaite et l'amour de Dieu et de tous les hommes» (2 Né. 31:20).

Bibliographie
Benson, Ezra Taft «Beware of Pride», Ensign 19, mai 1989, pp. 4-6.
Kimball, Spencer W. Le Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The Teachings pof Spencer W. Kimnball, dir. de publ. Edward L. Kimball, pp. 80-114. Salt Lake Cikty, 1982.
Whitney, Orson F. Saturday Night Thoughts. Sale Lake City, 1927.
BRUCE L. BROWN et TERRANCE D. OLSON

Perle de Grand Prix

La Perle de Grand Prix consiste en un recueil de divers ouvrages sacrés que les saints des derniers jours acceptent comme Écriture. L’article Perle de Grand Prix: Contenu et publication donne une vue d'ensemble des différents textes du recueil ainsi que des détails sur la façon dont les documents ont été rassemblés et ensuite reçus comme Écriture par les membres de l’Église.

Perle de Grand Prix : Contenu et publication
Auteur : BALDRIDGE, KENNETH W.

La Perle de Grand Prix, l’un des quatre ouvrages canoniques admis comme Écriture par l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, contient divers documents portant les titres «Extraits du livre de Moïse», «livre d'Abraham», «Joseph Smith – Matthieu», «Joseph Smith – Histoire» et «Articles de foi».
Elle fut publiée à Liverpool en 1851 par Franklin D. Richards, alors président de la mission britannique et membre du Collège des douze apôtres, en réponse aux demandes des convertis d’avoir de plus amples informations sur leur nouvelle église. En plus d’un choix de révélations provenant de la Genèse dans la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) et du livre d'Abraham, l'édition de 1851 contenait Matthieu 24 tel que révélé au prophète Joseph Smith en 1831 (actuellement intitulé Joseph Smith – Matthieu), «Une clef de l’Apocalypse de saint Jean» (maintenant D&A 77), une révélation reçue par Joseph Smith le 25 décembre 1832 (maintenant D&A 87) et le récit fait par Joseph Smith en 1838 de ses premières visions et de la traduction du Livre de Mormon (maintenant Joseph Smith – Histoire). Elle contenait aussi certains extraits des Doctrine et Alliances (sections 20, 107 et 27), treize déclarations sans titre précédemment publiées en mars 1842 dans le Times and Seasons, appelées aujourd’hui articles de foi, et un poème intitulé «Oh Say, What is Truth» qui est devenu plus tard le cantique «Ô toi, vérité».
Le livre de Moïse se composait à l'origine de plusieurs révélations données à Joseph Smith pendant qu'il révisait la Bible sous l'inspiration à partir de juin 1830. Dans l'édition de 1851 de la Perle de Grand Prix, ces extraits étaient dépourvus de titre. L'édition de 1878 ajoute les titres «Visions de Moïse» (chap. 1) et «Écrits de Moïse» (chap. 2-8). Ces révélations furent publiées dans les journaux de l’Église entre 1832 et 1851 (Clark, pp. 9-17).
Le livre d'Abraham est lié au travail de Joseph Smith sur les rouleaux de papyrus que l'Église obtint en 1835. Peu après avoir commencé à étudier les manuscrits, il composa un document sur la vie du patriarche Abraham avec une description de la création du monde semblable à celle de la Genèse et du livre de Moïse. En 1842, le Times and Seasons de Nauvoo et le Millennial Star en Angleterre imprimèrent le texte et les fac-similés disponibles. Il est certain que les textes intégrés dans les livres de Moïse et d'Abraham étaient des extraits et qu’il existait plus d'informations que ce que l’on trouve dans les éditions imprimées de la Perle de Grand Prix.
La deuxième édition de la Perle de Grand Prix, la première édition américaine, fut publiée en 1878 à Salt Lake City et ajouta «Une révélation sur l'éternité de l'alliance du mariage, notamment la pluralité des épouses» qui est maintenant Doctrine et Alliances, section 132. Le 10 octobre 1880, lors de la conférence générale à Salt Lake City, les membres de l'Église acceptèrent la Perle de Grand Prix comme ouvrage canonique. Quand des changements supplémentaires furent apportés, notamment la taille et le format de page, un nouveau vote en 1890 réaffirma l'acceptation de la Perle de Grand Prix comme Écriture.
À la demande de la Première Présidence, James E. Talmage, plus tard membre du Collège des douze apôtres, divisa l’ouvrage en chapitres et versets, ajouta des titres (comme «livre de Moïse») et élimina certains éléments comme les textes également publiés dans les Doctrine et Alliances. Ces changements furent officiellement approuvés par les membres de l’Église à la conférence d'octobre 1902.
À la conférence générale du 3 avril 1976, la vision du royaume céleste reçue par Joseph Smith le 21 janvier 1836 dans le temple de Kirtland et la vision de la rédemption des morts reçue par le président Joseph F. Smith (le 3 octobre 1918) furent ajoutées à la Perle de Grand Prix. En 1979, ces deux révélations furent transférées aux Doctrine et Alliances en tant que sections 137 et 138.

 

Persévérer jusqu'à la fin
Auteur : Madsen, John M.


Persévérer jusqu'à la fin ou rester tout au long de sa vie fidèle aux lois et aux ordonnances de l'Évangile de Jésus-Christ est une exigence fondamentale pour le salut dans le Royaume de Dieu. Cette croyance distingue les saints des derniers jours de nombreuses autres confessions chrétiennes, qui enseignent que le salut est donné à tous ceux qui tout simplement croient et confessent que Jésus est le Christ. Les saints des derniers jours croient que, pour être sauvé, on doit avoir la foi en Jésus-Christ, montrer qu’on se repent de ses péchés, se soumettre au baptême par immersion et recevoir le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains par ceux qui détiennent la véritable autorité de la prêtrise, puis rester fidèle à toutes les alliances, mener une vie juste et persévérer fidèlement jusqu'à la fin de la vie ici-bas (Hébreux 3:6-14;6:4-15 ; Marc 13:13). Cette fidélité permanente permet de recevoir pleinement la grâce du Christ. Les Doctrine et Alliances déclarent : « Si tu gardes mes commandements et persévères jusqu'à la fin, tu auras la vie éternelle, don qui est le plus grand de tous les dons de Dieu » (D&A 14:7).
Le prophète Néphi 1, dans le Livre de Mormon, enseigne que le principe de la persévérance jusqu'à la fin est une condition requise pour le salut: « Lorsque vous vous êtes repentis de vos péchés et que vous avez témoigné au Père, par le baptême d'eau, que vous êtes disposés à garder mes commandements, et avez reçu le baptême de feu et du Saint-Esprit... et après cela me reniez, il aurait mieux valu pour vous que vous ne m’ayez pas connu... Celui qui persévère jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé » (2 Néphi 31:14-15 ; cf. Hébreux 6:4-6). Comme l'explique Néphi, pour persévérer jusqu'à la fin il faut avoir la foi, l'espérance et la charité, suivre fidèlement l'exemple de Jésus-Christ et toujours abonder en bonnes œuvres (cf. Alma 7:23-24) : « Si un homme ne persévère pas jusqu'à la fin à suivre l’exemple du Fils du Dieu vivant, il ne peut être sauvé... C'est pourquoi, vous devez marcher résolument, avec constance dans le Christ, ayant une espérance d’une pureté parfaite et l'amour de Dieu et de tous les hommes ; c'est pourquoi, si vous marchez résolument, vous faisant un festin de la parole du Christ, et persévérez jusqu'à la fin... vous aurez la vie éternelle » (2 Néphi 31:16-20).
Persévérer jusqu'à la fin c’est être disposé et prêt à endurer fidèlement les épreuves de la vie à l'instar de Job, d’Étienne (Actes 7), de Paul (2 Timothée 4:5-7), de Pierre (1 Pierre 1-4) et de Moroni 2 (Moroni 1:1-3). Le Seigneur a donné cette assurance à Joseph Smith, le prophète, après plusieurs mois d'incarcération dans la prison de Liberty: « Mon fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité et tes afflictions ne seront que pour un peu de temps ; et alors, si tu les supportes bien, Dieu t'exaltera en haut ; tu triompheras de tous tes ennemis » (D&A 121:7-8).


Bibliographie
Ashton, Marvin J. "If Thou Endure It Well." Ensign 14, nov. 1984, p. 20-22.
Maxwell, Neal A. "Endure It Well." Ensign 20, mai 1990, p. 33-35.
JOHN M. MADSEN

Pierre
Auteur: HALL, JEAN FRANKLIN

Simon, fils de Jonas, connu plus tard sous le nom de Céphas ou Pierre, devint le premier et principal apôtre de Jésus-Christ. Il fut de toute évidence l’officier président de l’Église ancienne après la mort du Christ. Dans la dispensation actuelle, étant ressuscité, il a rendu l’autorité apostolique au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery.
Le Nouveau Testament contient plus d’informations sur Pierre que sur n’importe quel autre apôtre. Cela donne une indication sur son ministère, sa personnalité et ses relations avec le Sauveur. Contrairement au jeune Pierre parfois impulsif dépeint dans les évangiles, le ministère et les épîtres postérieurs de l’apôtre révèlent un dirigeant mûr à la foi pleine de patience dont le souci sincère est celui du bien-être spirituel du troupeau que Jésus lui a confié (Jn. 21:15-17). Des différences persistent cependant dans les portraits de Pierre qui ressortent des divers récits bibliques, et elles sont extrapolées dans les analyses faites par les savants à propos du rôle et de la théologie de Pierre. Le recours aux écrits chrétiens postérieurs des deuxième et troisième siècles révèle d’autres idées sur la place de Pierre dans l’Église primitive. On ne peut donc pas présumer que tout ce qui est écrit à son sujet correspond clairement à la réalité.
Originaire de Bethsaïda, petit port de pêche quelque part sur le rivage nord de la mer de Galilée, Pierre vivait à Capernaüm avec sa femme et sa belle-mère au moment de son appel apostolique. Il se prénommait Simon et son patronyme était fils de Jonas (Mt. 16:17). Son nom, Simon, et celui de son frère, André, correspondent à la forme grecque de leur nom. Vivant dans une région où, en plus de l’araméen indigène, le grec était employé couramment comme langue des affaires et du commerce, Pierre connaissait sans doute bien la langue dans laquelle ses écrits scripturaires ont plus tard été rédigés. Bien que Pierre ait été pêcheur de métier et en dépit de la description que les anciens du sanhédrin font de Pierre et de Jean qu’ils considèrent comme «sans instruction» (Ac. 4:13), les apôtres galiléens étaient des hommes qui savaient lire et écrire, qui n’avaient sans doute pas de formation rabbinique mais une culture générale de base.
Pierre fut l’un des premiers disciples de Jésus. À l’époque où il s’appelait encore Simon, il reçut un appel spécial, marqué par la réception d’un nouveau nom, ce qui, dans la tradition juive, «signifiait la charge d’une mission divine spéciale » (Winter, p. 5). Jean raconte que le Christ conféra à Simon, fils de Jonas, le titre « Céphas, ce qui signifie Pierre» (Jn. 1:42). L’araméen kepha et son équivalent grec, petros, sont des noms communs qui, avant ce temps, étaient inutilisés comme noms propres. Une vieille controverse persiste entre les savants catholiques et protestants (Winter, pp. 6-25; Horsley, pp. 29-41) au sujet du sens à donner à petros, «un roc ou une pierre» et petra, «un rocher massif», ces mots concernant le nom de Pierre et son lien avec le jeu de mots du Christ: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église» (Mt. 16:18). Selon la doctrine mormone, c’est la révélation qui est la pierre à laquelle Jésus fait allusion et ce qui est prédit ici, c’est l’appel de Pierre à devenir le prophète qui va diriger l’Église primitive. À propos de ce passage, Joseph Smith a appliqué le terme «voyant» pour définir Céphas (TJS Jn. 1:42), et Bruce R. McConkie (pp. 133, 380-383) relie ceci à la voyance, au pouvoir de la révélation continue, qu’il rattache en outre aux clefs du royaume (Mt. 16:19) conférées à Pierre, le chef des apôtres, sur la montagne de la Transfiguration, dont le récit suit immédiatement dans Mt. 17:1-13.
La primauté de Pierre dans l’Église antique découle de l’autorité apostolique. Sa première place parmi les douze apôtres ressort clairement d’un certain nombre de contextes: toutes les listes d’apôtres du Nouveau Testament mentionnent Pierre en premier; l’expression «Pierre et ceux qui étaient avec lui» décrit les apôtres (par exemple, Lu. 8:45); et Pierre se fait leur porte-parole quand il s’agit de poser des questions à Jésus (par exemple, Lu. 12:41). Les miracles, les incidents didactiques et les événements spéciaux (par exemple, Mt. 14:25-31; Mc. 14:26-42; Lu. 5:1-10) tournent autour de Pierre uniquement ou sur lui en tant qu’apôtre principal concerné (Muren, p. 150). Après la comparution de Jésus devant Caïphe, c’est Pierre qui reste tout près dans le noir et le froid. Il est vrai que pendant le procès de Jésus il nie quand on lui dit qu’il fait partie des disciples et qu’il connaît Jésus, mais c’est quand même Pierre qui est le premier apôtre à qui le Christ ressuscité soit apparu (Lu. 24:33-35; 1 Co. 15:5).
Les saints des derniers jours voient dans la place prééminente de Pierre un poste de présidence. Deux présidents de l’Église ont comparé le poste de Pierre à celui de président du Collège des douze apôtres (McKay, p. 20; Kimball).
Les apôtres Jacques et Jean avaient la seconde place par rapport à Pierre. Il a été donné à ces trois-là d’accompagner Jésus en trois occasions des plus sacrées: à la résurrection de la fille de Jaïrus (Mc. 5:35-43), à la glorification sur la montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-13; Mc. 9:2-9) et lors de ses souffrances dans le jardin de Gethsemané (Mc. 14:26-42). Les saints des derniers jours attribuent la présence de Pierre, Jacques et Jean en ces occasions à la fonction qu’ils occupaient parmi les apôtres. Joseph Smith a enseigné qu’au moment de la Transfiguration le Sauveur, Moïse et Élie ont donné les clefs de la Prêtrise de Melchisédek à Pierre, Jacques et Jean (EPJS, p. 123; voir Montagne de la Transfiguration).
C’est en vertu de cette autorité que Pierre, Jacques et Jean dirigèrent l’Église au nom de Jésus-Christ après sa mort. Pierre présida au choix d’un nouvel apôtre pour remplacer Judas (Ac. 1:15-26) et lors de la prédication du jour de la Pentecôte (Ac. 2). Ce fut Pierre qui affronta le Sanhédrin, accomplit des miracles et prêcha l’Évangile du Christ (Ac. 3-4). Dans beaucoup de ces activités Jean fut le compagnon de Pierre, mais c’était Pierre qui assumait la direction. L’appel de Pierre comme prophète, voyant et révélateur ressort bien dans des révélations aussi importantes que celle qui concerne l’extension de la prédication de l’Évangile aux païens (Ac. 10; Muren, pp. 150-152). Bien que la révélation moderne fournisse beaucoup d’éclaircissements à cet égard, le rôle de Pierre de présider les conseils de l’Église et de diriger l’effort apostolique en général est facile à démontrer quand on examine le Nouveau Testament et d’autres sources chrétiennes antiques (Brown, pp. 9-16, 1973).
C’est à cause de sa fonction d’autrefois que Pierre, aidé de Jacques et de Jean, fut chargé de restituer l’autorité apostolique à une nouvelle dispensation de l’Évangile et de doter Joseph Smith des mêmes clefs de la prêtrise que le Christ lui avait données, autorisant ainsi de nouveau l’accomplissement des ordonnances du salut par l’autorité de la prêtrise (voir Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Les deux épîtres de Pierre dans le Nouveau Testament contiennent une abondance d’enseignements et d’exhortations inspirés et inspirants. L’intégralité de 1 et 2 Pierre exprime sa préoccupation pour le salut et la sanctification du troupeau, rappelant aux fidèles qu’on ne peut l’obtenir que par la connaissance de Jésus-Christ et l’accomplissement des ordonnances de la prêtrise (cf. EPJS, pp 239, 244-246; Muren, pp. 153-156). Pierre donne aussi des informations sur le salut des morts (1 Pi. 3:18-22;4:6) et recommande instamment à tous les membres de l’Église d’être saints, de paître le troupeau, d’être humbles et d’assurer leur salut en affermissant leur vocation et leur élection (1 Pi. 4-5; 2 Pi. 1). Finalement, il exprime sa préoccupation pour le bien-être spirituel de l’Église avec l’avertissement qu’elle connaîtra bientôt l’enseignement de fausses doctrines qui menaceront le salut des personnes (2 Pi. 2-3). Joseph Smith a dit à propos de ces épîtres: «De tous les apôtres, c’est Pierre qui a écrit dans la langue la plus sublime» (EPJS, p. 243).

Bibliographie
Brown, Raymond E. Karl Donfried et John Reumann, dir. de publ. Peter in the New Testament. Minneapolis, Minn., 1973.
Brown, S. Kent. "James the Just and the Question of Peter's Leadership in the Light of New Sources". Dans Sperry Lecture Series, pp. 9-16. Provo, Utah, 1973.
Horsley, A. Burt. Peter and the Popes. Salt Lake City, 1989.
Kimball, Spencer W. "Peter, My Brother". Dans BYU Speeches of the Year. Provo, Utah, 1971.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1. Salt Lake City, 1978.
McKay, David O. Ancient Apostles. Salt Lake City, 1964.
Muren, Joseph C. "Peter". Dans A Symposium on the New Testament. Salt Lake City, 1980.
Winter, Michael M. Saint Peter and the Popes. Westport, Conn., 1960.
JOHN FRANKLIN HALL

Plan de salut, plan de Rédemption
Auteur: LUND, GERALD N.

Les saints des derniers jours croient qu’il y a des éternités, Dieu, dans sa sagesse infinie et sa miséricorde sans bornes, a conçu un plan grâce auquel ses enfants pourraient connaître une existence physique, notamment la condition mortelle, et ensuite retourner vivre en sa présence dans la félicité et la gloire éternelles. Ce plan, également appelé «le plan de salut» (Jm. 1:2; Al 42:5; Moï. 6:62), «le plan de rédemption» (Jcb. 6:8; Al 12:25; 42:11), et le «grand plan du bonheur» (Al 42:8), fournissait le moyen à chacun de recevoir le salut et de gagner la vie éternelle. La vie éternelle est le plus grand don de Dieu à ses enfants (D&A 6:13) et le plan de salut est sa manière de la leur rendre accessible. Bien que le terme «plan de salut» soit utilisé à plusieurs reprises dans les Écritures modernes, il n’apparaît pas dans la Bible, bien que l’on puisse découvrir dans ses pages des points de doctrine à ce sujet.
Le Père est l’auteur du plan de salut; Jésus-Christ est son principal avocat; le Saint-Esprit aide à le réaliser en communiquant la volonté de Dieu aux hommes et en les aidant à vivre correctement.
L’EXISTENCE PRÉMORTELLE. Les saints des derniers jours croient que tous les humains sont des enfants d’esprit de parents célestes (voir Dieu le Père; Mère céleste) et qu’ils ont demeuré avec eux avant la naissance sur cette terre (Hé. 12:9; cf. Jé. 1:5; Ép. 1:4). Dans cette vie prémortelle ou premier état, ces enfants d’esprit ne pouvaient pas progresser pleinement. Ils avaient besoin d’un corps physique pour avoir une plénitude de joie (D&A 93:33-34) et les esprits avaient également besoin d’être placés dans un environnement où, par l’exercice du libre arbitre, ils pourraient prouver leur disposition à garder les commandements de Dieu (Abr. 3:25). D’autre part, s’ils succombaient à la tentation, ils seraient exclus de la présence de Dieu, parce que «rien d’impur ne peut demeurer auprès de Dieu» (1 Né. 10:21; Ép. 5:5). Pour ramener ceux qui cédaient à la tentation en la présence de Dieu, un plan de rédemption devait être mis en place et il fallait pour cela un rédempteur.
Un Conseil de tous les esprits fut réuni dans les cieux, et deux personnes se proposèrent pour remplir la fonction de rédempteur. L’une d’elles était Lucifer, un fils du matin (És. 14:12; D&A 76:26), qui déclara qu’il «rachèterai[t] toute l’humanité, de sorte que pas une seule âme ne sera[it] perdue» mais elle n’aurait aucun choix dans l’affaire. Son libre arbitre serait détruit (Moïse 4:1-3). Pareille proposition était inconciliable avec le plan du Père, parce que le libre arbitre de l’humanité est une condition absolument nécessaire au progrès. Jéhovah, le Jésus-Christ prémortel, s’avança et se proposa pour donner sa vie comme paiement de tous les péchés. Il ne proposait aucun plan ni aucune condition de son cru, mais dit: «Père, que ta volonté soit faite, et que la gloire t’appartienne à jamais» (Moï. 4:2). C’est lui qui fut choisi par le Père.
Quand Lucifer ne voulut pas accepter le choix du Père, il s’ensuivit une guerre dans le ciel et il fut chassé pour rébellion (Moï. 4:3; D&A 76:25) avec ceux qui l’avaient suivi, qui représentaient environ le tiers des esprits (Ap. 12:4, 7-9; D&A 29:36-38). Après l’expulsion de Satan, le plan du Père fut mis à exécution. Trois événements ordonnés et institués par Dieu avant la création de la terre constituent la base sur laquelle le plan de salut repose. Ce sont la création, la chute d’Adam et l’expiation de Jésus-Christ. «Ces trois événements divins – les trois piliers de l’éternité – sont inséparablement entrelacés en une seule grande tapisserie connue sous le nom de plan éternel de salut» (McConkie, p. 81).
LA CRÉATION. Un des buts de la création de cette terre était que les enfants d’esprit de Dieu obtiennent un corps physique et apprennent à marcher par la foi. La vie terrestre est le deuxième état. Les Écritures enseignent que par le pouvoir de son Fils unique, le Père a créé des «mondes sans nombre» (Moï. 1:33; cf. Jn. 1:3; Hé. 1:2), mais ce n’est que sur ce monde que le Seigneur nous a révélé des informations détaillées (Moï. 1:40).
L’Ecclésiaste dit que «tout ce que Dieu fait durera toujours» (Ec. 3:14). Dieu ne travaille pas à des fins temporelles (D&A 29:34-35). Les Écritures précisent que quand Dieu a créé la terre, elle était dans un état paradisiaque où la mort n’existait pas. Si Adam et Ève n’avaient pas transgressé et n’étaient pas tombés, «toutes les choses qui avaient été créées auraient dû rester exactement dans l’état dans lequel elles étaient après avoir été créées; et elles auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de fin» (2 Né. 2:22; cf. Moï. 3:9; DS, pp. 75-77).
LA CHUTE. Une terre dans un état paradisiaque et exempte de mort ne remplissait pas les conditions requises pour assurer la progression des enfants de Dieu (voir But de la vie terrestre: Perspective des saints). Le Livre de Mormon donne quelques raisons pour lesquelles la chute faisait partie du plan préordonné de Dieu. Le libre arbitre est d’une importance primordiale dans le processus de mise à l’épreuve. Le libre arbitre a absolument besoin de choix ou d’alternatives. Léhi enseigne que «il doit nécessairement y avoir une opposition en toutes choses» (2 Né. 2:11). Mais dans l’état dans lequel Adam et Ève se trouvaient, il n’y avait aucune opposition de ce genre. Ils avaient un corps physique, mais étaient dans un état d’innocence. Il n’y avait ni mort, ni péché, ni souffrance, ni chagrin. En outre, dans cet état ils n’auraient pas eu d’enfants (2 Né. 2:22-23). Il apparaît qu’une raison importante pour laquelle Lucifer et ses disciples avaient accès à ceux qui étaient sur terre était la nécessité que chacun soit attiré par le bien et le mal (2 Né. 2:16).
Satan incita Ève à prendre du fruit défendu, elle exerça son libre arbitre et en prit. Adam décida, lui aussi, d’en prendre, se rendant compte que s’il ne le faisait pas, Ève et lui seraient séparés et que le commandement de multiplier et de remplir la terre serait contrecarré. Par conséquent, «Adam tomba pour que les hommes fussent» (2 Né. 2:25). «Ayant mangé du ‘fruit défendu’, Adam et Ève devinrent mortels, le péché entra, du sang se forma dans leur corps et la mort s’intégra à la vie… Après la chute d’Adam, la création entière tomba et devint mortelle. La chute d’Adam introduisit la mort physique et spirituelle dans le monde pour toute l’humanité» (Bible Dictionary, p. 670; DS1:80; Hél. 14:16-17; voir aussi Mort spirituelle). Plus tard, Adam et Ève se réjouirent tous deux des possibilités qui s’étaient ouvertes à eux grâce à la chute (Moï. 5:10-11).
La chute faisait partie du plan de Dieu pour l’humanité et ne constitue donc pas une surprise. «Tout a été fait dans la sagesse de celui qui sait tout» (2 Né. 2:24). Les saints des derniers jours affirment qu’Adam et Ève étaient des êtres réels, les premiers parents, et que la chute a été un événement littéral tant dans le temps que dans le lieu. Joseph Fielding Smith explique: «Si Adam n’est pas tombé, il n’y a pas eu de Christ, parce que l’expiation de Jésus-Christ est basée sur la chute d’Adam» (DS1:121). James E. Talmage a écrit: «Il est devenu pratique courante, parmi les hommes, d’accabler de reproches les progéniteurs de la famille humaine et de décrire l’état soi-disant béni dans lequel nous vivrions s’il n’y avait pas eu la chute, alors que nos premiers parents ont droit à notre plus profonde gratitude pour l’héritage qu’ils ont laissé à leur postérité» (AF, p. 89).
L’EXPIATION. L’Expiation est la phase suprême du plan de salut, sans laquelle tout le reste n’aurait eu aucun sens et tous auraient été perdus. L’expiation c’est la réconciliation ou la réunion de la famille humaine avec notre Père céleste. Pour comprendre la réconciliation, il faut examiner le fonctionnement des lois de la justice et de la miséricorde.
L’amour parfait, la patience, la longanimité et la sollicitude de Dieu pour le bien-être éternel de l’humanité sont des manifestations de sa miséricorde. Dieu est également juste et ne peut donc pas considérer le péché avec «la moindre indulgence» (Al. 45:16). La justice parfaite exige que toute violation de la loi de Dieu soit punie et que tout acte d’obéissance à la loi soit récompensé ou béni (D&A 130:20-21). La miséricorde et la justice sont fondamentales dans la nature de Dieu et ni l’une ni l’autre ne peuvent être ignorées. Si les exigences de la justice seules comptaient et si la miséricorde était ignorée, personne ne pourrait retourner en la présence de Dieu, parce que «tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu» (Ro. 3:23). Si Dieu devait excuser le péché, la miséricorde dépouillerait la justice. Cela ne peut être. «Quoi, penses-tu que la miséricorde puisse frustrer la justice? Je te dis que non, en aucune façon. S'il en était ainsi, Dieu cesserait d'être Dieu» (Alma 42:25).
Dans l’expiation de Jésus-Christ, la justice et la miséricorde sont combinées pour réaliser le plan de rédemption. En tant que Fils unique d’un Père divin et d’une mère mortelle (voir Marie, mère de Jésus), Jésus subissait les effets de la chute d’Adam (condition mortelle, tentations, douleur, etc.), mais avait le pouvoir de mener une vie parfaite et sans péché (Hé. 3:15; D&A 45:4) et de donner sa vie et de la reprendre (Jn. 5:26; 10:17). La doctrine des saints, la conception miraculeuse et la naissance virginale de Jésus-Christ sont acceptées comme littéralement vraies et absolument essentielles au fonctionnement du plan de salut. Grâce à sa vie exempte de péché, la justice n’avait aucun droit sur lui. À cause de son pouvoir infini et divin, il pouvait payer le prix des péchés de tous les enfants de Dieu et satisfaire la justice en leur faveur (D&A 45:3-5). Son sacrifice n’était pas un sacrifice humain, mais un sacrifice infini et éternel (Al. 34:40). Il a expié non seulement la chute d’Adam mais également les péchés de chaque personne. Il accorde le pardon à tous sous condition de repentir.
À Gethsemané, le Christ a pris sur lui le fardeau des péchés du monde et a souffert pour eux d’une manière incompréhensible pour les mortels. «Il subit les souffrances de tous les hommes, oui, les souffrances de tous les êtres vivants, tant des hommes que des femmes et des enfants, qui appartiennent à la famille d'Adam» (2 Né. 9:21). Cette agonie incompréhensible était si intense que, comme le dit Jésus lui-même, elle «m'[a] fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et [elle m’a] fait saigner à chaque pore et [m’a] fait souffrir de corps et d'esprit» (D&A 19:18; Mos. 3:7; cf. Lu. 22:42).Parce qu’il avait pouvoir sur la mort, Jésus supporta tout (JC, pp. 745-747). La honte, la souffrance, les procès, la flagellation et la crucifixion étaient telles qu’un mortel limité ne peut se faire aucune idée du prix exigé avant que le Rédempteur puisse dire: «Tout est accompli!» (Jn. 19:30). Le grand plan de rédemption de Dieu a été mis en application, et la justice n’a pas été dépouillée par la miséricorde, mais plutôt a été payée entièrement par le sang expiatoire de Jésus-Christ. Ce paiement pour les péchés de chacun est appelé la grâce de Jésus-Christ. Sans elle, tous sont voués à la damnation éternelle. C’est pour cela que Néphi 1 dit: «C’est par la grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire» (2 Né. 25:23). Paul a également enseigné la doctrine du salut par la grâce (Ép. 2:8-9) c’est-à-dire que, sans l’expiation du Christ, rien de ce que les mortels pourraient faire ne suffirait.
Certains aspects de l’expiation du Christ sont inconditionnels. Tous les êtres mortels seront ressuscités et ramenés en la présence de Dieu pour le jugement indépendamment du genre de vie qu’ils auront mené (1 Co. 15:22; 2 Né. 9:12-15; Hél. 14:16-17), rachetant ainsi toute l’humanité des morts physique et spirituelle occasionnées par la chute d’Adam. Un autre aspect inconditionnel de la miséricorde du Christ s’applique aux enfants en bas âge qui ne sont pas capables de comprendre la différence entre le bien et le mal et ne sont donc pas responsables. Ils ne peuvent pas pécher ni être tentés par Satan (D&A 29:47; Mro. 8:8). «Ils sont tous vivants en lui [le Christ] à cause de sa miséricorde» (Mro. 8:19; cf. D&A 29:46). La doctrine de l’Église dit que tous les enfants qui meurent avant l’âge de responsabilité (huit ans) sont sauvés dans le royaume céleste (D&A 137:10). La miséricorde est également accordée à ceux qui, pour raison de handicap mental, n’atteignent pas l’âge mental de huit ans, qui est le niveau de la responsabilité (D&A 29:50).
Cependant, pour ceux qui sont mentalement responsables, une partie de leur aliénation par rapport à Dieu est le résultat direct de leurs propres péchés en plus de la transgression d’Adam. Si rien n’est fait pour eux, il ne leur sera pas permis de retourner en la présence de Dieu après leur jugement, parce que rien d’impur ne peut y entrer (1 Né. 10:21). Le Seigneur a mis en place certains principes et ordonnances appelés l’Évangile, qu’il faut suivre pour que la plénitude du sacrifice expiatoire du Christ s’applique à leurs péchés: (1) la foi en Jésus-Christ, (2) le repentir, (3) le baptême par immersion pour la rémission des péchés par quelqu’un ayant l’autorité et (4) le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains (voir Articles de foi). Paul et d’autres ont souligné que les humains sont sauvés par la grâce et pas par leurs propres œuvres (Ép. 2:8). C’est vrai parce qu’aucun mortel ne peut travailler assez parfaitement pour se sauver. Aucun mortel n’a ni ne peut avoir le pouvoir de surmonter les effets de la chute d’Adam ou même de ses propres péchés. Le salut de tout le monde dépend du sang expiatoire du Sauveur. Avec la même clarté et la même fermeté, le Sauveur et ses serviteurs ont enseigné que la façon dont les gens vivent est une des conditions qui permettent au pouvoir de l’expiation d’agir dans leur vie. «Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui–là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux» (Mt. 7:21). «Ce ne sont pas… ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés» (Ro. 1:18;2:13). «Ceux qui commettent de telles choses [les oeuvres de la chair] n’hériteront point le royaume de Dieu» (Ga. 5:21). «Voici, [le Christ] s'offre en sacrifice pour le péché, pour satisfaire aux exigences de la loi, pour tous ceux qui ont le cœur brisé et l'esprit contrit; et il ne peut être satisfait aux exigences de la loi pour personne d'autre» (2 Né. 2:7).
LE MONDE D’ESPRIT ET LES TROIS DEGRÉS DE GLOIRE. Quand les mortels ont terminé leur séjour sur terre et franchissent le portail appelé la mort, ils entrent dans le monde d’esprit postmortel. Dans le cadre du plan de salut, le Seigneur a fixé un moment entre la mort et la résurrection où hommes et femmes peuvent continuer leur progression et en apprendre davantage sur les principes de la perfection avant d’être amenés au jugement final (Al. 40:6-21). Jésus-Christ est allé dans le monde d’esprit postmortel, tandis que son corps était au tombeau, pour lui prêcher l’Évangile (1 Pi. 3:19-20; 4:6; D&A 138:11-37) pour que les esprits qui étaient dans le monde d’esprit postmortel puissent entendre et accepter ou rejeter l’Évangile. Puisque le baptême, le don du Saint-Esprit, la dotation du temple et le scellement sont des ordonnances terrestres, les saints des derniers jours accomplissent les ordonnances par procuration pour les morts dans leurs temples (voir Salut des morts). Parce que les hommes diffèrent tellement dans leur obéissance aux commandements de Dieu, la théologie de l’Église rejette la notion chrétienne traditionnelle du choix unique entre le ciel ou l’enfer quand elle explique la destinée finale des âmes (voir Âme). Par une vision donnée au prophète Joseph Smith (D&A 76), le Seigneur a montré, comme il l’a également révélé à Paul, qu’il y a plusieurs degrés de gloire dans la récompense éternelle de l’humanité (D&A 76; cf. 1 Co. 15:42).
Le plan de salut a été créé par le Père, réalisé par le sacrifice expiatoire de son Fils bien-aimé et facilité par les dons du Saint-Esprit. Il englobe la Création, la Chute et l’Expiation, y compris la Résurrection, et traverse tous les temps depuis l’existence prémortelle jusqu’à l’état final d’immortalité et de vie éternelle.

Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, pp. 81-104, 144-159. Salt Lake City, 1985.
Packer, Boyd K. Our Father's Plan. Salt Lake City, 1984.
Taylor, John. The Mediation and Atonement of Our Lord and Savior Jesus Christ. Salt Lake City, 1882.
GERALD N. LUND

 

Première Présidence
Auteurs: ENGLAND, J. LYNN et WARNER, W. KEITH

La Première Présidence est le niveau de direction et le collège ayant le rang le plus élevé dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Son autorité, ses devoirs et ses responsabilités s’étendent sur toutes les personnes et sur toutes les affaires de l'Église. Ce collège se compose habituellement de trois personnes: le président de l'Église et deux conseillers choisis par lui. Joseph Smith, le premier président, a appelé plus de deux hommes pour l'aider. D'autres présidents ont de temps en temps également utilisé cette pratique de prendre des conseillers supplémentaires quand ils en avaient besoin. Spencer W. Kimball a parfois été aidé par trois conseillers.
La Première Présidence fut créée en mars 1832, deux ans après la fondation de l'Église. Jesse Gause et Sidney Rigdon furent appelés à être conseillers de Joseph Smith. Gause ne remplit ce poste que jusqu'au mois de décembre suivant, quand il se montra infidèle et fut excommunié. L'appel fut donné plus tard à Frederick G. Williams, qui fut ordonné le 18 mars 1833 (D&A 81, 90). D’autres directives concernant l'organisation de la Première Présidence furent données en 1835 dans une révélation sur la prêtrise. Trois hommes devaient être choisis et nommés, et ordonnés à cet office par le Collège des douze apôtres, « et soutenus par la confiance, la foi et la prière de l'Église» (D&A 107:22).
Les saints des derniers jours croient que les apôtres du Nouveau Testament, Pierre, Jacques et Jean, constituaient une Première Présidence avec Pierre comme officier président et Jacques et Jean comme conseillers. En tant que Première Présidence dans les temps anciens, ils fonctionnaient d’une manière semblable à la Première Présidence d’aujourd'hui. Par exemple, la Bible décrit des situations où Jésus traitait uniquement avec Pierre (Mt. 18:19; Lu. 24:34) et d'autres où les trois apôtres participaient (Mt. 17:1-3; 26:37-39; Mc. 5:37-42). Ces passages donnent à penser que le rôle de ces trois hommes était différent de celui des autres apôtres. En tant que Première Présidence, Pierre, Jacques et Jean possédaient l'autorité spéciale de donner à Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clefs du ministère dans la dispensation de la plénitude des temps. Ce sont ces clefs qui commandent l'exercice de la prêtrise par tous les autres dans les fonctions essentielles de l'Église à l’époque actuelle.
Les membres de la Première Présidence ne sont pas égaux. L'autorité repose uniquement sur le président, les conseillers ayant un rôle subalterne, le premier conseiller ayant la préséance sur le deuxième conseiller. En l'absence du président, les conseillers président lors des réunions avec le Conseil ou Collège des douze apôtres et les autres Autorités générales et dans les conférences de l'Église. Si le président est malade et incapable de remplir toutes ses fonctions, les conseillers peuvent gérer les affaires de l'Église sous sa direction. Dans ce cas, les conseillers agissent en étroite consultation avec le président du Conseil des douze. Le président de l'Église reste cependant l'autorité finale.
Le choix des conseillers est la prérogative du président. Un nouveau président peut ou peut ne pas choisir de conserver les conseillers de son prédécesseur. Les conseillers sont habituellement des apôtres, mais dans quelques cas des hommes qui n'étaient pas ordonnés apôtres ont été appelés, les premiers d’entre eux étant Sidney Rigdon (1832) et Frederick G. Williams (1833). Plus récemment, Thorpe B. Isaacson a été appelé en 1965 à faire partie de la Première Présidence sous David O. McKay. Dans certains cas, les conseillers ont été des apôtres mais pas des membres des Douze, tels que Alvin R. Dyer, autre conseiller du président McKay.
L'ensemble des membres de l’Église vote pour soutenir la Première Présidence mais ne l’élit pas. Parce que les membres de l'Église croient que l'appel et l'autorité de la Première Présidence viennent de Dieu, leur vote est un vote de consentement commun pour ratifier un choix qui a déjà été fait ou s’y opposer.
Doctrine et Alliances 107:9 dit: « La Présidence de la Haute Prêtrise selon l'ordre de Melchisédek a le droit d'officier dans tous les offices de l'Église. » Étant au plus haut niveau d'autorité, le Collège de la Première Présidence a le dernier mot en matière de nomination, de présidence, d'interprétation de la doctrine et dans toutes les autres affaires de l'Église. Ainsi, tous les autres collèges, conseils et organisations de l'Église fonctionnent sous l'autorité de ce collège.
Les affaires administrées directement par la Première Présidence comprennent la planification des conférences générales et d’interrégion et des assemblées solennelles; les départements du budget, des apurements, de l’enseignement, d’histoire, du personnel et les autres départements généraux de l'Église, ainsi que les temples. Toutes les autres affaires sont administrées par le Conseil des douze, l'épiscopat président ou les soixante-dix sous la direction de la Première Présidence.
Dans la Première Présidence, la prise de décision doit se faire à l’unanimité. La consultation étroite et soigneuse entre le président et ses conseillers permet d’assurer le consensus (Hinckley, p. 50).
La Première Présidence se réunit normalement au moins une fois par semaine, pour tenir ensuite une réunion avec le Collège des douze apôtres pour examiner les questions requérant leur attention. C’est lors de ce conseil de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres que tous les changements d'administration ou de politique pour l'Église sont examinés et approuvés.
La Première Présidence se réunit aussi hebdomadairement avec l'Épiscopat président. Des réunions se tiennent chaque mois avec toutes les Autorités générales, réunions au cours desquelles celles-ci sont informées de tout changement de programme ou de procédure. En outre, la Première Présidence se réunit, selon les besoins, avec d'autres conseils, bureaux et groupes auxquels diverses responsabilités ont été déléguées.
À la mort du président, le collège de la Première Présidence est automatiquement dissous et l'autorité finale dans l’Église passe immédiatement aux Douze, l’officier président étant le président du Collège des douze apôtres. Les conseillers, s'ils sont apôtres, reprennent leur place respective dans ce collège en fonction de leur ancienneté comme apôtres. La Première Présidence est reconstituée à l'appel d'un nouveau président, qui, dans tous les cas, aura été président du Collège des douze apôtres, et qui choisit alors ses conseillers. Cela fait, l'autorité suprême revient à la Première Présidence.

Première Vision
Auteur: BACKMAN, MILTON V.

La Première Vision du prophète Joseph Smith est le point de départ du rétablissement de l'Évangile dans cette dispensation. Cette théophanie s’est produite dans un bosquet près de Palmyra (New York) au printemps de 1820.
Les récits de Joseph rapportent que quand il était dans sa douzième année, il commença à sentir le besoin de rédemption et étudia plusieurs groupes religieux. Peu de temps après l’installation de sa famille à Manchester (New York), il fut témoin d’une excitation religieuse particulièrement intense dans la région, qui causa des divisions dans sa communauté et dans sa famille. Il remarqua que quand les convertis commencèrent à s’affilier à une confession ou à une autre, les bons sentiments qu’ils professaient éprouver les uns pour les autres se perdaient «dans une querelle de mots et un combat d'opinions» (JS–H 1:5-8). Perplexe et préoccupé, il se demanda «Si l’un de ces partis a raison, lequel est-ce et comment le saurai-je?» (Backman, pp 156, 162, 168; Jessee, p. 198).
Tandis qu’il sondait les Écritures, Joseph fut influencé par une exhortation à la prière dans l'épître de Jacques. «Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu» (Ja. 1:5). «Jamais, raconta-t-il plus tard, aucun passage de l'Écriture ne toucha le cœur de l'homme avec plus de puissance que celui-ci ne toucha alors le mien» (JS–H 1:12). Il se retira dans un bosquet isolé près de la ferme en rondins de son père et se mit à genoux pour prier (Backman, p. 156).
Il s’ensuivit une lutte contre une influence satanique, mais avec l'aide divine, il y survécut. Il écrit que tandis qu’il continuait à invoquer Dieu, il vit «exactement au-dessus de [s]a tête, une colonne de lumière, plus brillante que le soleil, descendre peu à peu jusqu'à tomber sur [lui]». Immédiatement il fut délivré des ténèbres qui l’enserraient (JS–H 1:16). Dans la lumière, il vit deux Personnages «dont l’éclat et la gloire défient toute description» et qui «se ressemblaient exactement par les traits et l’apparence» (JS–H 1:17; Lettre à Wentworth, Backman, p. 169). L'un d'eux prononça son nom, montra l'autre, et dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le!» (JS–H 1:17). Dans ce qui suivit, Joseph apprit que, grâce au Christ, qui avait pris sur lui les péchés de l'humanité, ses péchés lui étaient pardonnés. «Voici, je suis le Seigneur de gloire. J'ai été crucifié pour le monde pour que tous ceux qui croient en mon nom aient la vie éternelle» (Backman, p. 157). Il fut également assuré de la réalité et de l'imminence de la seconde venue du Christ «pour réaliser ce qui avait été dit par la bouche des prophètes et des apôtres» (Backman, pp 157, 167, 169; Jessee, p. 6). Quand il reprit ses esprits, Joseph demanda à quelle église il devait se joindre et il lui fut dit de ne se joindre à aucune parce qu'elles enseignaient toutes des «doctrines incorrectes»; elles avaient une forme de piété, mais elles en niaient la puissance (cf. 2 Ti. 3:5). De plus, il lui fut dit «que la plénitude de l'Évangile [lui] serait révélée plus tard» (JS–H 1:17-20; Backman, pp 163, 169; Jessee, p. 213). Tandis qu’il quittait le bosquet, se rappelle-t-il, «[s]on âme était remplie d’amour» et pendant bien des jours «[il éprouva] une grande joie et le Seigneur était avec [lui]» (Backman, p. 157).
La tranquillité de Joseph fut de courte durée. Tout d’abord, excepté de la part de sa famille, il ne rencontra que le mépris de ceux qui étaient mis au courant de son expérience. Il n'avait pas prévu les dénonciations violentes que cet événement allait provoquer.
En plusieurs occasions, entre 1832 et 1842, le jeune prophète écrivit ou dicta des récits de la vision, chacune dans un cadre différent, les deux derniers en vue de la publication. Chaque texte omet ou ajoute certains détails. En 1832, par exemple, Joseph Smith écrivit qu'avant sa Première Vision, il avait sondé les Écritures et en avait conclu qu'aucune société n'enseignait le christianisme du Nouveau Testament (Backman, p. 156; Jessee, p. 5). Dans le récit de 1838, il note qu'il se disait souvent: «Lequel de tous ces partis a raison? Ou ont-ils tous tort, autant qu'ils sont?» Plus loin dans ce même récit, il ajoute entre parenthèses «(car à l'époque, il ne m'était jamais venu à l'idée qu'elles étaient toutes dans l'erreur)» (JS–H 1:10, 18; Jessee, pp 198, 200).
Les saints des derniers jours considèrent cette vision comme authentique et révélatrice de la nature de Dieu. Dans le contexte biblique et scripturaire, ils y voient un parallèle avec les visions de Moïse ou avec les théophanies rapportées dans le Livre de Mormon. Joseph lui-même a comparé ses expériences dans et après la vision à celles de Paul (JS–H 1:24; EPJS, p. 118).
L'enseignement dans l’Église est, pour employer les termes de Stephen L. Richards (ancien conseiller dans la Première Présidence), «imprégné de la véracité de la Première Vision». Elle sous-tend la doctrine d’un Dieu anthropomorphe et d'un homme théomorphe, des rapports entre les personnes de la Divinité et de la révélation continue. Les prières, les cantiques, les formes de culte et l'eschatologie sont, chez les saints, ancrés dans cette conception. Elle renouvelle le témoignage des prophètes hébreux que les visions ne sont pas l'accès le plus minimal mais au contraire le plus fiable de l’homme au divin, que la majesté, la gloire et la puissance de Dieu sont «au-delà de toute description», que les descriptions bibliques de communion face à face avec Dieu sont plus qu'une métaphore tirée par les cheveux. Elle confirme le témoignage des apôtres du Nouveau Testament que Dieu le Père et Jésus-Christ sont des personnes distinctes qui se manifestent telles qu’elles sont aux fils et aux filles de Dieu et que le Fils est à la ressemblance du Père et le Père à la ressemblance du Fils. [Voir aussi Joseph Smith, Visions de; Expérience religieuse.]

Bibliographie
Backman, Milton V. Jr. Joseph Smith’s First Vision. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph. The Personal Writings of Joseph Smith. Dean C. Jessee, comp. et dir. de publ. Salt Lake City, 1984.
MILTON V. BACKMAN, JR.

Préordination
Auteur: TOP, BRENT L.

La préordination est le choix effectué dans l’état prémortel de faire venir des personnes dans la condition mortelle à des moments spécifiés, dans certaines conditions et pour accomplir des responsabilités désignées à l’avance. Selon l'interprétation des saints, «préordonné» ne signifie pas prédéterminé (voir Prédestination). C'est le résultat d’un choix volontaire, pas de sa violation ou de son abrogation. L'idée de la préexistence et de la préparation prémortelle à la vie terrestre fait l’objet d’allusions dans les sources bibliques et on en voit des indications dans certaines sources judéo-chrétiennes anciennes. Mais elle a eu une place moins importante dans la pensée postérieure.
Il a été dit à Abraham qu'il était parmi les esprits vaillants et qu’il avait été, pour cette raison, choisi ou préordonné avant sa naissance pour être un dirigeant dans le royaume de Dieu sur terre (Abr. 3:22-23). Le Seigneur a, de même, dit à Jérémie: «Avant que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et… je t’avais consacré, je t’avais établi prophète des nations» (Jé. 1:5). Alma le Jeune a enseigné que les prêtres appartenant à un « saint ordre» avaient été préordonnés « selon la prescience de Dieu, à cause de leur foi extrême et de leurs bonnes œuvres» (Al. 13:1, 3). Le prophète Joseph Smith a conclu que « quiconque est appelé à exercer un ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but même dans le grand conseil des cieux avant que le monde fût» (EPJS, p. 296). Et en plus de ces préordinations à des appels dans la prêtrise, beaucoup d'esprits ont pu être préordonnés auprès de pays et de générations spécifiques, que Paul appelle « les bornes de leur demeure» (Ac. 17:26), aussi bien qu'auprès de familles et à toutes sortes de tâches, de travaux ou de missions sur terre.
Bien que chacun de ces choix soit en dernier ressort basé sur l'omniscience et la prescience de Dieu, plusieurs facteurs peuvent influencer notre situation sur terre. La préordination se présente comme une bénédiction ou une récompense pour une justice prémortelle et un engagement vaillant vis-à-vis de Jésus-Christ. Le fait de naître dans la maison d'Israël et d’hériter de toutes bénédictions d'Abraham, d'Isaac et de Jacob est souvent considéré comme le droit de naissance des âmes dévouées (voir Ép. 1:4-5; Ro. 9:4). Ces droits et ces bénédictions peuvent encore être obtenus par quiconque décide de les recevoir, que ce soit dans cette vie ou dans l’au-delà. Les hommes manifestent tôt ou tard, comme l’a enseigné B. H. Roberts, des soixante-dix, «la force de cette intelligence et de cette noblesse à laquelle leur esprit était parvenu dans le royaume céleste avant de prendre un corps sur la terre » (T. Madsen, Defender of the Faith, Salt Lake City, 1980, p. 2). Les Doctrine et Alliances enseignent que les hommes et les femmes peuvent aller à Dieu par la justice et la diligence et être ainsi comptés parmi ceux qui sont « les fils [et les filles] de Moïse et d'Aaron, la postérité d'Abraham, l'Église et le royaume, et les élus de Dieu » (D&A 84:34).
Par la fidélité sur terre, quelles qu’aient été la préordination prémortelle ou les alliances antérieures, on peut, comme Paul l’a enseigné, être adopté dans le lignage élu: «tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël» (Ro. 9:6). C'est-à-dire que beaucoup peuvent être préordonnés à des missions importantes dans la condition mortelle, mais peuvent, par le péché et la rébellion, échouer dans leur préordination et abandonner leurs bénédictions. L'obéissance aux alliances et aux ordonnances de l'Évangile est le facteur essentiel qui permet de décider de l'élection finale dans le lignage élu.
Les saints des derniers jours croient en outre que le moment, le lieu et les circonstances de la naissance dans la condition mortelle peuvent être le résultat d'anciennes alliances et décisions aussi bien que de ce qui serait le mieux, dans la sagesse divine, pour fournir des occasions et défis à surmonter dans l’intérêt de la progression et de l’épanouissement de l'individu. En outre, la préordination peut également être basée sur les desseins et les plans de Dieu pour faire du bien à tous ses enfants. Les détails de ces facteurs restent inconnus. En conséquence, on ne peut en aucun cas juger de la personnalité prémortelle de quelqu’un en fonction de sa situation actuelle dans la vie. Il est possible que certaines des circonstances les plus pénibles et les plus ardues soient, dans la perspective de l'éternité, les meilleures situations et peut-être même celles dans lesquelles des hommes et des femmes ont accepté d’entrer. La préordination n'exclut pas l'exercice du libre arbitre. C’est une affectation conditionnelle préalable à l’octroi de certaines bénédictions et responsabilités.
Après Augustin et Calvin, certains ont interprété le mot «prédestinés» dans Romains 8:29-30 et Éphésiens 1:4-5 comme étant la volonté préalable de Dieu. Selon cette thèse, Dieu est l'agent causal final, tandis que l'homme est toujours et seulement un effet. Les saints des derniers jours rejettent cette interprétation. Ils croient que ni les sources grecques ni les sources scripturaires dans ce domaine n’autorisent cette interprétation. Paul utilise ce terme pour désigner le fait d’être préordonné à une filiation divine par l’intermédiaire du Christ. En outre, puisque Dieu «connaît toutes les choses, car toutes… sont présentes devant [s]es yeux» (D&A 38:1-2), il prévoit nos choix. Cependant, il ne fait pas les choix pour nous. Sachant notre potentiel, il préordonne ceux qui aideront à réaliser ses buts. Les saints des derniers jours étendent cette notion de manière à englober la préordination à tout ministère ou fonction divinement désignés.

Bibliographie
Maxwell, Neal A. "Meeting the Challenges of Today". Speeches of the Year, pp. 149-56. Provo, Utah, 1978.
Top, Brent L. The Life Before. Salt Lake City, 1988.
Winston, David. "Preexistence in the Wisdom of Solomon and Mormon Sources". Dans Reflections on Mormonism, dir. de publ. Truman Madsen, pp. 13-35. Salt Lake City, 1978.
BRENT L. TOP

 

Préparation aux situations d'urgence
Auteur : Richardson, Frank D.


Les saints des derniers jours reçoivent un enseignement qui les prépare pour les problèmes potentiels. Étant donné que l'Évangile s’occupe du bien-être temporel et spirituel de l'humanité, l'Église considère toutes les situations d'urgence possibles qui auraient un mauvais impact sur la qualité de vie ou qui causeraient de la souffrance comme une raison de se préparer à titre préventif. Ceci comprend les catastrophes naturelles, le chômage, la maladie, les blessures et les autres circonstances susceptibles de menacer la vie ou le bien-être personnel. L'Église enseigne à ses membres de se préparer à de telles situations d'urgence.
La philosophie qui est à la base de la préparation pour les situations d’urgence est qu'en vivant de manière prévoyante et en acquérant à l'avance les compétences et les ressources nécessaires pour faire face efficacement aux difficultés, les saints des derniers jours peuvent ramener au minimum, voire éviter la souffrance qui accompagne l'imprévu. Cela leur donne aussi le sentiment de sécurité et de tranquillité d'esprit (D&A 38:30) qui sont essentiels à l’épanouissement spirituel. Ils apprennent également à travailler à l’autonomie, à pourvoir de manière adéquate à leurs besoins, à aider ceux qui sont dans le besoin et à éviter de dépendre inutilement des efforts ou des ressources des autres. On leur dit de mettre de côté quand les temps sont bons, afin de pouvoir s'occuper d’eux-mêmes et des autres quand les temps sont mauvais. Pour les saints des derniers jours, la préparation aux situations d'urgence est plus apparentée à l'épargne en vue d’une période de vaches maigres que pour survivre à la fin du monde (Kimball, p. 78).
Depuis plus de cent ans, les dirigeants de l'Église enseignent aux membres de stocker des céréales et d’autres produits essentiels qui pourraient les aider à survivre en période de sécheresse ou de famine (Essentials of Home Production and Storage, p. 17). Les lignes directrices actuelles pour les réserves au foyer sont d’application à l'échelle internationale. Il s'agit notamment d'avoir des réserves de nourriture, de vêtements et, si possible, de combustible nécessaires à la vie pendant un an (Benson, p. 33). Les directives de l'Église disent : « Nous n’avons jamais stipulé une formule exacte de ce que l’on doit mettre en réserve. Peut-être que si nous n’envisageons pas une année de réserves de ce que nous utiliserions normalement et envisagions plutôt ce qu'il faudrait pour nous maintenir en vie dans le cas où nous n'aurions rien d’autre à manger, ce serait là quelque chose de très facile à mettre en réserve pour un an »(Essentials, p. 6).
Lors des leçons d'arts ménagers et des journées de travail, la Société de Secours recommande depuis longtemps aux femmes d’entretenir un potager et de faire des conserves et de la couture. Il est conseillé aux saints de faire des études et de rechercher des occasions de se former qui les préparent à s'adapter aux changements dans le monde du travail, d'éviter l'endettement personnel, de rester en bonne santé en mangeant correctement et en faisant du sport, d’apprendre les premiers soins et de savoir comment protéger leur vie et leurs biens contre les incendies, les inondations et le vol. Il leur est conseillé de prendre une assurance-vie, une assurance soins de santé et une assurance habitation là où cela existe. On leur recommande en outre d'éviter les achats sous l’effet de la panique, d’acheter des ressources d'urgence à crédit, de céder aux marottes du jour et de faire de la publicité pour des marques, des fournisseurs ou des techniques spécifiques.
Sur le plan institutionnel, l'Église pratique les principes de la préparation. Sous l'égide de ses services d’entraide, les fermes et les conserveries d’entraide et les magasins de l'évêque cultivent, traitent, et distribuent des produits destinés à la consommation par les nécessiteux dans l'Église. Ces installations maintiennent un inventaire d’une année de réserves tant en produits cultivés et traités qu’en produits finis. Les réserves de céréales appartenant à l'Église sont stockés pour aider à subvenir aux besoins de récolte en récolte, avec une marge de sécurité appropriée pour ceux qui pourraient se trouver dans le besoin lors de mauvaises conjonctures économiques plus prolongées. L'Église ne tente cependant pas de maintenir des réserves d'urgence pour tous ses membres. La sécurité à long terme contre les urgences lors de catastrophes dépend de la préparation consciencieuse des personnes et des familles de par le monde.
Cet état de préparation constant a permis à l'Église de participer à des projets humanitaires pour soulager les souffrances résultant de catastrophes telles que la Seconde Guerre mondiale, la rupture du barrage de Teton dans l'Idaho en 1976, les pénuries alimentaires en Pologne en 1982, les inondations au Brésil en 1983, les tremblements de terre à Mexico en 1985, les ouragans dans les Caraïbes et la Caroline du Sud en 1989 et d’autres catastrophes naturelles et causées par les hommes.
Les unités ecclésiastiques de l'Église (paroisses, pieux, régions et interrégions) ont pour instructions de mettre par écrit et d’entretenir un plan d'intervention d'urgence. L’ampleur et la précision dans le détail de ces plans varient selon la nature et la gravité des situations d'urgence susceptibles de survenir dans chaque région. Les plans d'intervention d'urgence traitent en général des questions de gestion et de communication, de retour d’information, de l'emplacement et de l’importance des ressources disponibles pour les interventions d'urgence, des lignes directrices pour l'utilisation des bâtiments de l'Église comme refuges, ainsi que les nom et adresse des spécialistes de l'intervention d'urgence.
Les officiers présidents de toutes les unités de l'Église sont invités à coordonner la planification pour les situations d'urgence et les mesures à prendre avec les organismes compétents de la collectivité. Il va de soi qu’il est important que tous les membres de l'Église se comportent en bons citoyens en cas de besoin.


Bibliographie
Benson, Ezra Taft. « Prepare for the Days of Tribulation. » Ensign 10, nov. 1980, p. 32-34.
Essentials of Home Production and Storage. Salt Lake City, 1979.
Kimball, Spencer W. Welfare Services : The Gospel in Action ». Ensign 7, nov. 1977, p. 76-79.
FRANK D. RICHARDSON

Prescience de Dieu
Auteur: FAULCONER, JAMES E.

L'Écriture moderne parle sans équivoque de la prescience de Dieu: «Toutes les choses sont présentes devant mes yeux» (D&A 38:2). Elle affirme que Dieu a la plénitude de la vérité, «la connaissance des choses telles qu'elles sont, telles qu'elles étaient et telles qu'elles sont à venir» (D&A 93:24, italiques ajoutés).
La prescience divine comprend la capacité de connaître même les pensées et les intentions du cœur humain: «Il n'y a personne d'autre que Dieu qui connaisse tes pensées et les intentions de ton cœur» (D&A 6:16). La prescience divine est, au moins en partie, la connaissance de ses propres desseins pour le cosmos et pour l'humanité, et «on ne peut faire échouer les œuvres, les desseins et les intentions de Dieu, ni les réduire à néant» (D&A 3:1). «Elles [ses œuvres lui] sont connues de toute éternité» (Ac. 15:18; Abr. 2:8). Parmi elles, les conditions du plan du salut. Par exemple, «Dieu a assurément élu ou décidé à l’avance que tous ceux qui seraient sauvés, seraient sauvés en Christ Jésus et par l'obéissance à l'Évangile» (EPJS, pp. 151-152). Il est également connu d’avance que toute l'humanité mourra, ressuscitera et comparaîtra en jugement.
Dans l'Écriture, les termes de base désignant le savoir divin suggèrent plus qu'une relation cognitive entre un sujet et un objet; ils impliquent une connaissance intime, directe, participative et affective. La prescience divine est la connaissance d'un Père céleste, pas la connaissance d'une abstraction métaphysique. Les Écritures qui parlent de la prescience divine soulignent la compréhension que Dieu a de son expérience avec son peuple et de la destinée de celui-ci plutôt que du contenu et de la logique de cette connaissance. Quiconque cherche à comprendre la prescience divine doit commencer par reconnaître que l’Écriture ne traite pas directement de la question comme cela a été formulé en philosophie et en théologie, où l'accent est sur le contenu et la logique de la connaissance. Les Écritures disent de manière explicite que Dieu sait tout et que nous pouvons lui faire confiance. Elles ne disent pas de manière explicite ce que cela signifie sur le plan philosophique ou théologique. En conséquence, à défaut de révélation nouvelle, toute réponse à la question théologique de la prescience de Dieu ne peut être que théorique.
Afin d'essayer de concilier la prescience divine avec la liberté humaine, les grands théologiens et philosophes juifs et chrétiens ont proposé trois possibilités. La première affirme les deux pôles du dilemme: «Tout est prévu et la liberté de choix est donnée.» C'est la position de Rabbi Akiba et de Maïmonide (Aboth 3, 19; Yad, Teshuvah 5:5), ainsi que celle d'Augustin et d’Anselme (La Cité de Dieu 5.9-10; L'harmonie de la Prescience, de la Prédestination et de la Grâce de Dieu avec le libre choix 1.3). Maïmonide avance l’argument que bien qu'il soit logiquement impossible que la prescience humaine de nos actes soit compatible avec la liberté, la prescience de Dieu, qui est d'une sorte différente et mystérieuse, est compatible avec la liberté.
Dans la deuxième, la prescience de Dieu est limitée. Puisque les hommes sont libres, Dieu connaît les possibilités et les probabilités du choix humain, mais pas les inévitabilités. Dieu est omniscient en ce sens qu’il sait tout ce qui peut être connu, mais pas dans le sens de savoir exactement à l'avance comment les hommes utiliseront leur liberté, puisqu’il est impossible de le savoir étant donné que les événements contingents futurs n'existent pas. C'est le point de vue du talmudiste Gersonide (Lévi Ben Gershon, 1288-1344; Milhamot Adonaï, III, 6) et, avec quelques modifications, de Charles Hartshorne et des «process philosophers».
Dans la troisième, les humains ne sont pas véritablement libres. La liberté est une illusion qui découle de l'ignorance humaine de la cause et de la nécessité divines. Tout ce que les individus font est en réalité déterminé et prédéterminé. Dieu pré-connaît et pré-cause tout ce qui se produit. C'est la thèse de Spinoza et de Calvin.
Historiquement, la plupart des saints des derniers jours ont adopté la première position générale: tout est prévu et la liberté reste. Certains ont opté pour la deuxième, à savoir que la prescience de Dieu n’est pas absolue. La troisième possibilité, à savoir que la liberté humaine est illusoire, est incompatible avec la croyance des saints au libre arbitre et à la responsabilité véritables. L'éloge et le blâme, la responsabilité et le jugement n’ont pas de sens si les humains ne sont pas libres. Toute doctrine de la prescience qui va à l’encontre de ce principe viole l'esprit et la lettre des Écritures mormones.
Par conséquent, la prescience divine, quelle qu’en soit la définition finale, n'est pas de la prédestination. Pour cette raison, ce que Dieu voit d’avance n'est pas divinement causé, même si c’est connu dans un certain sens (Talmage, p. 317). La prescience divine est l’arrière-plan de la préordination. Mais, encore une fois, préordination n'est pas pré-causalité. Au contraire, «la préordination est l’octroi conditionnel d'un rôle, d'une responsabilité ou d'une bénédiction qui, de même, prévoit mais ne fixe pas le résultat» (Maxwell, p. 71).

Bibliographie
Hartshorne, Charles, and William L. Reese. Philosophers Speak of God. Chicago, 1953.
Maxwell, Neal A. "A More Determined Discipleship". Ensign 9, févr. 1979, pp. 69-73.
Talmage, James E. The Vitality of Mormonism, pp. 317 ff. Boston, 1919.
JAMES E. FAULCONER

Président de l’Église
Auteurs: ENGLAND, LYNN et WARNER, KEITH W.

Le président de l’Église est le prophète, voyant et révélateur qui est autorisé à diriger les affaires de l’Église sur toute la terre. Il parle et agit selon les instructions divines de Jésus-Christ, qui est le chef de l’Église. Les présidents de l’Église à ce jour ont été Joseph Smith, Brigham Young, John Taylor, Wilford Woodruff, Lorenzo Snow, Joseph F. Smith, Heber J. Grant, George Albert Smith, David O. McKay, Joseph Fielding Smith, Harold B. Lee, Spencer W. Kimball, Ezra Taft Benson, Howard W. Hunter, Gordon B. Hinckley et Thomas S. Monson.
En principe et dans la pratique, aucun autre office ou appel ne suscite le même amour et le même respect des membres de l’Église que celui de président de l’Église. Le président est le prophète et, en tant que tel, est vénéré par les membres de l’Église. Il est la seule personne dans l’Église qui peut diriger et autoriser toutes les utilisations des clefs de la prêtrise. Il en est le dirigeant administratif en chef, aidé par ses conseillers dans la Première Présidence et les membres du Collège des douze apôtres. Ils dirigent le travail des autres Autorités générales et des dirigeants laïques agissant dans des centaines d’appels.
Les Doctrine et Alliances spécifient que le devoir du président est «d’être semblable à Moïse» (D&A 107:91-92; 28:2), transmettant la volonté de Dieu à son peuple et lui enseignant l’Évangile. Son œuvre est assez semblable à celle de Pierre, qui présidait les apôtres et l’Église chrétienne primitive. Quand Pierre déclara que Jésus était le Fils de Dieu, Jésus précisa que ce témoignage lui avait été divinement révélé, en disant : «Tu es Pierre, et… sur cette pierre je bâtirai mon Église» (Mt. 16:13-20). Les saints des derniers jours voient dans cette «pierre» la révélation divine par laquelle les prophètes anciens et modernes ont dirigé les membres de l’Église du Christ (EPJS, p. 221).
Les saints des derniers jours croient que la connaissance révélée de la part de Dieu est nécessaire pour diriger les affaires de l’Église et permettre de comprendre la volonté de Dieu aujourd’hui tout comme autrefois. Les révélations données au président de l’Église peuvent comporter une déclaration ou un éclaircissement de points de doctrine ou des directives au sujet des problèmes théologiques, des questions d’organisation, de la conduite morale et de la gestion pratique. L’unité de l’Église dans le monde entier est renforcée par le prophète dans son action comme porte-parole de Dieu. En tant que tel, le président peut parler avec autorité de sujets tels que l’interprétation des Écritures, les questions spirituelles et les sujets temporels. Les déclarations officielles qu’il fait en son temps peuvent avoir la préséance sur les révélations apparaissant dans les Écritures relevant d’autres époques ou sur les déclarations faites par des présidents précédents de l’Église, bien qu’en fait celles-ci soient rarement en conflit (cf. Benson, pp. 27-28).
Le président possède la capacité inspirée de discerner entre la vérité et l’erreur pour l’Église. En conséquence, il peut reconnaître et dénoncer les croyances et les mouvements erronés dans l’Église et dans le monde. Il est bien entendu qu’il peut parfois parler ou agir en tant que particulier en dehors de son appel de prophète (EPJS, p. 224), mais le point de vue général est que les recommandations du président de l’Église doivent toujours être prises au sérieux.
Toutes les fois que de nouveaux points de doctrine doivent être introduits, ils sont d’abord présentés par le président à ses conseillers et puis au Collège des douze apôtres lors d’une réunion du conseil de la Première Présidence et du Collège. S’ils sont approuvés à l’unanimité, ils sont alors présentés aux membres de l’Église lors d’une conférence générale pour un vote de soutien.
On enseigne aux saints des derniers jours qu’il est sage de suivre le prophète, même dans les questions privées (voir Suivre les Frères). Le Seigneur ne permettra jamais au président de l’Église, comme prophète, de conduire les saints dans l’apostasie ou l’erreur (D&A, Déclaration officielle - 1).
Le président de l’Église est la seule personne sur terre à gérer l’utilisation de toutes les clefs de la prêtrise, bien que ces clefs soient également détenues par les apôtres ordonnés et soient dirigées par leur collège à la mort du président et jusqu’à ce qu’une nouvelle Première Présidence soit organisée. Ceci signifie que le président détient le pouvoir et l’autorité de gérer toutes les affaires de Seigneur sur terre dans l’Église. Tous les membres masculins dignes dans l’Église qui ont douze ans ou plus peuvent également recevoir les pouvoirs associés à divers offices de la prêtrise, mais tout acte accompli en vertu de cette autorité doit être exercé de la manière appropriée. Le pouvoir de diriger ces actes à n’importe quel niveau est appelé les clefs de la prêtrise. Bien que la totalité des clefs soit exercée par le président seulement, il délègue l’utilisation de certaines d’entre elles à d’autres dirigeants sous sa direction. L’autorité pour accomplir des ordonnances et pour enseigner l’Évangile vient du Seigneur, mais l’utilisation ordonnée en est réglée par ceux qui détiennent les clefs données à Joseph Smith et transmises à ses successeurs (D&A 1:38; 28:2; voir aussi Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Institué par la révélation, le poste ou appel du président de l’Église s’est développé en même temps que l’ensemble de l’organisation de l’Église. Avant l’organisation officielle de l’Église en 1830, Joseph Smith détenait le rôle dirigeant central comme prophète du Rétablissement. Dans une révélation donnée le 15 mai 1829, il est dit à Joseph Smith qu’Oliver Cowdery et lui devaient être ordonnés premier et deuxième anciens quand l’Église serait officiellement organisée (JS–H 1:72). Ceci se produisit le 6 avril 1830.
Au cours de la réunion d’organisation, Joseph Smith reçut une révélation dans laquelle il recevait les titres de voyant, traducteur, prophète, apôtre de Jésus-Christ et ancien de l’Église de Jésus-Christ. Il lui fut également dit comment poser les fondements de l’Église (D&A 21:1-2). Les personnes qui assistaient à la première réunion votèrent unanimement d’accepter Joseph Smith comme premier ancien et prophète. Lors de cette réunion, le précédent fondamental pour le gouvernement de l’Église fut établi: Les appels, notamment celui du prophète, exigent que la volonté de Dieu soient rendus manifestes et que la volonté et le consentement du peuple de la respecter soient indiqués par un vote de soutien (voir Consentement commun).
Tandis que l’Église était dans ses premières années, Joseph Smith, Oliver Cowdery et un petit groupe d’anciens se réunirent trimestriellement et prirent les décisions fondamentales de politique pour l’Église. En septembre 1830, le caractère unique de la position de Joseph Smith dans l’Église fut affirmé quand Hiram Page, un membre de l’Église, prétendit avoir reçu des révélations pour l’Église. Joseph Smith consulta le Seigneur et reçut une révélation de clarification selon laquelle lui seul devait recevoir les commandements et les révélations pour l’Église entière (D&A 28:2, 11-14).
En janvier 1832, lors d’une petite conférence des anciens à Amherst (Ohio), Joseph Smith fut soutenu comme président de la haute prêtrise et ordonné à cet office par Sidney Rigdon. En mars de cette même année, l’office de président de l’Église fut de nouveau précisé par l’annonce de l’organisation d’une présidence constituée d’un président et de conseillers (D&A 81:1-3). Le 26 avril 1832, une conférence générale de l’Église se tint au comté de Jackson (Missouri) où Joseph Smith fut soutenu et reconnu comme président de la haute prêtrise.
Les présidents de l’Église sont nommés à vie et ne sont pas relevés pour cause d’âge ou de santé. L’autorité pour désigner un successeur après réception d’une révélation du Seigneur, se situe entre les mains des Douze, qui se réunissent dans ce but après la mort du président. Une fois qu’il a été désigné et approuvé à l’unanimité par les apôtres, le nouveau président choisit ses conseillers, qui sont également soutenus par les Douze. Ces actions sont ensuite soutenues par les membres de l’Église à la conférence générale qui suit.
La manière de procéder à la succession dans la présidence s’est développée graduellement depuis l’organisation de l’Église. Après l’assassinat du prophète Joseph Smith, certains membres pensèrent que son conseiller ou même son fils devrait être son successeur; mais les Douze savaient qu’ils détenaient les clefs et que c’était le doyen des apôtres qui devait présider. En conséquence, Brigham Young, président du Collège des douze apôtres, dirigea l’Église en vertu de son poste pendant trois ans et demi jusqu’à ce qu’il fût installé et soutenu avec des conseillers en tant que Première Présidence. Les deux présidents suivants furent également ordonnés après un délai à peu près identique; mais depuis 1898, le processus de succession est appliqué sans tarder après la mort d’un président.

Bibliographie
Allen, James. et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day Saints. Salt Lake City, 1976.
Benson, Ezra Taft. «Fourteen Fundamentals in Following the Prophet». Dans 1980 Devotional Speeches of the Year. Provo, Utah, 1981.
Esplin, Ronald K. «Joseph, Brigham, and the Twelve : A Succession of Continuity». BYU Studies 21. Été 1981, pp. 301-341.
Kimball, Spencer W. «We Thank Thee, O God, for a Prophet: The Privilege of Sustaining the Leaders of the Church». Ensign 3, janv. 1973, pp. 33-35.
Peterson, Mark E. «Follow the Prophets», Ensign 11, nov. 1981, pp. 64-66.
Tanner, N. Eldon. «The Administration of the Church». Ensign 9, nov. 1979, pp. 43-48.
J. LYNN ENGLAND
W. KEITH WARNER

Prêtrise
Auteurs: ELLSWORTH, RICHARD G. et LUTHY, MELVIN J.

[Autres articles traitant de divers aspects de la prêtrise: Autorité; Clefs de la Prêtrise; Clergé; Collèges de la Prêtrise; Conseils de la Prêtrise; Divinité; Fraternité; Grand Prêtre président; Hommes, rôles des; Magnifier son appel; Participation et direction laïque; Présidence, concept de; Prêtrise d’Aaron; Prêtrise de Melchisédek; Prêtrise lévitique; Serment et alliance de la Prêtrise.
Concernant les offices spécifiques de la Prêtrise, voir Ancien; Apôtre; Diacre, Prêtrise d’Aaron; Évêque; Grand Prêtre; Instructeur, Prêtrise d’Aaron; Offices de la Prêtrise; Patriarche: Patriarche de l’Église; Prêtre, Prêtrise d’Aaron; Prêtrise de Melchisédek; Prophète; Soixante-dix.
Diverses ordonnances de la prêtrise sont traitées sous Baptême; Bénédictions de la Prêtrise; Bénédictions paternelles; Bénédictions patriarcales; Confirmation; Consécrations; Enfants: Bénédiction des enfants; Imposition des mains; Malades, bénédiction des; Mise à part; Ordination à la Prêtrise; Ordonnances; Ordonnances du temple; Prière du baptême; Rebaptême; Sainte-Cène: Prières de Sainte-Cène; Scellement.]

SOURCE DU POUVOIR DE LA PRÊTRISE. Jésus-Christ est le souverain grand prêtre de Dieu; il est donc la source de toute véritable autorité et de tout véritable pouvoir de la prêtrise sur cette terre (Hé. 5-10). L’homme ne s’attribue pas un tel pouvoir; il doit être conféré par Dieu par l’intermédiaire de ses serviteurs (Hé. 5:4; D&A 1:38).
Avant que le monde ne soit créé, Jésus-Christ, le grand Jéhovah et Premier-né de Dieu le Père dans le monde d’esprit, a fait alliance d’employer le pouvoir qu’il avait obtenu du Père pour mettre en application le programme de Dieu pour le bonheur éternel de tous les enfants de Dieu (cf. EPJS, p. 152). Le nom véritable de la prêtrise est «la Sainte Prêtrise selon l’Ordre du Fils de Dieu»; mais pour éviter la répétition trop fréquente du nom de la Divinité, elle s’appelle aussi autrement, en particulier Prêtrise de Melchisédek; c.-à-d., que c’est la même autorité que celle détenue par ce roi et grand prêtre juste (Ge. 14:18; Hé. 5:6; Al. 13:6, 17-19; D&A 107:1-4; 124:123).
En tant que Sauveur, Médiateur et Rédempteur divin, Jésus donne l’exemple pour toutes les actions de la prêtrise. «C’est pourquoi, quelle sorte d’hommes devriez-vous être?» demande Jésus aux disciples néphites qu’il a ordonnés: «En vérité, je vous le dis, tels que je suis» (3 Né. 27:27).
DÉFINITIONS. Joseph Smith a défini la prêtrise comme étant «un principe éternel, [qui a] existé avec Dieu de toute éternité et existera à toute éternité, sans commencement de jours ni fin d’années… détenant les clefs du pouvoir et des bénédictions. En fait, [la Prêtrise de Melchisédek] est une loi parfaite de théocratie» (EPJS, pp 125, 261). C’est le pouvoir et l’autorité par lesquels l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est organisée et dirigée.
Le mot «prêtrise» a plusieurs significations pour les saints des derniers jours:
1. La prêtrise est un pouvoir, le pouvoir de Dieu, une source essentielle de force et d’énergie éternelles déléguées aux hommes pour agir en tout pour le bien-être de l’humanité, tant dans le monde qu’en dehors (DS 3:80; Romney, p. 43).
2. La prêtrise est l’autorité, le droit exclusif d’agir au nom de Dieu en tant que ses agents autorisés et d’accomplir des ordonnances afin de rendre certaines bénédictions spirituelles accessibles à tous les hommes.
3. La prêtrise est le droit et la responsabilité de présider au sein de la structure d’organisation de l’Église, mais seulement d’une manière conforme au libre arbitre des autres.
4. Parfois le mot prêtrise est employé pour désigner les hommes de l’Église en général (comme dans «la prêtrise se réunira dans la salle de Sainte-Cène»).
Le pouvoir de la prêtrise ne peut être exercé que sous la direction de celui qui détient le droit ou les clefs pour en autoriser l’utilisation. Le pouvoir de la prêtrise fonctionne en accord avec les caractéristiques et les attributs de Dieu lui-même, à savoir la persuasion, la longanimité, la gentillesse, l’humilité, l’amour vrai, la droiture, la vertu, la connaissance, la justice, le jugement, la miséricorde et la vérité (D&A 121:41; Lectures on Faith 4). Il cesse d’exister chez un homme qui l’emploie pour obtenir les honneurs du monde ou pour satisfaire l’orgueil ou couvrir les péchés ou le mal, ou exercer une domination injuste (D&A 121:33-37).
La prêtrise englobe toutes les formes de la puissance de Dieu. C’est le pouvoir par lequel le cosmos a été ordonné, que les univers et les mondes ont été organisés et que les éléments dans toutes leurs structures et leurs rapports divers ont été mis en place. C’est par la prêtrise que Dieu régit tout. C’est par ce pouvoir que l’Évangile est prêché et compris et que les ordonnances de l’exaltation pour les vivants et les morts sont accomplies (voir Plan de salut, Plan de rédemption). La prêtrise est le canal par lequel on obtient la révélation, le canal par lequel Dieu se révèle, lui et sa gloire, ses intentions et ses desseins, à l’humanité: La prêtrise détient «la clef des mystères du royaume, oui, la clef de la connaissance de Dieu» (D&A 84:19-20; cf. EPJS, p. 133). Elle transmet la volonté de Dieu; et, quand elle est utilisée par ses serviteurs à sa demande, elle agit comme si c’était par sa propre bouche et sa propre main (D&A 1:38).
Ainsi, la doctrine mormone de la prêtrise diffère de toutes les autres conceptions. La prêtrise n’est pas une affaire de vocation ou de métier (voir Clergé). Elle n’est pas héréditaire, passant par héritage de père en fils (même la prêtrise lévitique était conférée par ordination). Elle n’est pas offerte pour de l’argent (voir Intrigues de prêtres). Elle n’est pas détenue par un groupe de spécialistes qui sont séparés de la communauté (tous les saints des derniers jours masculins sont éligibles pour être ordonnés à la prêtrise). Et pourtant elle n’est pas une «prêtrise de tous les croyants» comme dans la conception protestante (ER 11:529).
HISTOIRE, ORDRES ET OFFICES DE LA PRÊTRISE. Toutes les fois que le gouvernement de Dieu a existé sur la terre, il a fonctionné par l’intermédiaire de ce pouvoir de la prêtrise détenu par des hommes justes choisis de Dieu, comme Aaron (Hé. 5:4) et Josué (No. 27:18-19). En période d’apostasie et de méchanceté, Dieu n’a pas permis à ses serviteurs de conférer la prêtrise à ceux qui étaient indignes et elle a disparu de la terre. Quand cela a été nécessaire, la prêtrise a été rétablie avec chaque nouvelle dispensation de l’Évangile.
Après l’ascension de Jésus-Christ et la mort de ses apôtres, l’apostasie s’est produite dans l’Église chrétienne et l’autorité de la prêtrise a été retirée de la terre. Cependant, après une préparation par Dieu, grâce à la vie de réformateurs et de chercheurs sérieux et sincères, l’humanité a de nouveau reçu l’autorité de la prêtrise des mains des anges qui détenaient les clefs de ce pouvoir. À partir du 15 mai 1829, des messagers célestes ont conféré l’autorité de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans une série de visitations (voir Prêtrise d’Aaron: Rétablissement; Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek; Doctrine et Alliances: Sections 109-110). Ces rétablissements concernent la Prêtrise d’Aaron (D&A 13), la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27), les clefs du rassemblement d’Israël (D&A 110:11), les clefs de l’accomplissement de l’alliance abrahamique (D&A 110:12), les clefs du pouvoir de scellement (D&A 110:13-16) et les clefs de toutes les dispensations de l’Évangile «de Michel ou Adam jusqu’à nos jours» (D&A 128:21). Ces clefs de l’autorité présidente ont été à leur tour conférées à chaque prophète et président successif de l’Église. Tous les pouvoirs et autorités de la prêtrise fonctionnent aujourd’hui sous la direction du président de l’Église, qui détient toutes les clefs et tous les pouvoirs de la prêtrise (voient Première Présidence; Collège des douze apôtres; Succession dans la présidence).
«Il est question ici [dans l’épître aux Hébreux] de trois grands ordres de prêtrise» (EPJS, p. 260; HC 5:554-55): celle de Melchisédek, la patriarcale et celle d’Aaron:
1. La Prêtrise de Melchisédek est «la prêtrise supérieure» qui incorpore toutes les prêtrises (EPJS, p. 144). Elle «détient le droit de présidence et a pouvoir et autorité sur tous les offices de l'Église à toutes les époques du monde, pour administrer les choses spirituelles» (D&A 107:8). Cet ordre d’ordination est un ordre immuable qui a été présent dans toutes les dispensations (cf. Mt. 10:1; 16:19; Jn. 20:23; Ép. 4:11; Hé. 7:24; voir aussi Hébreux, épître aux). D’Adam à Moïse, tous les grands prophètes ont détenu la Prêtrise de Melchisédek; Joseph Smith a enseigné que les prophètes après la mort de Moïse et avant le temps du Christ détenaient cette même prêtrise et «furent ordonnés par Dieu lui-même» (EPJS, P. 144). Cette autorité est supérieure à la moindre prêtrise ou Prêtrise d’Aaron, qui a fonctionné sous la loi de Moïse. Les Néphites détenaient la Prêtrise de Melchisédek et observaient la Loi de Moïse sous cette autorité (cf. Al. 13:6-18).
2.L’ordre patriarcal de la prêtrise est le droit des pères dignes détenteurs de la prêtrise de présider sur leurs descendants à toutes les époques; il comprend les ordonnances et les bénédictions de la plénitude de la prêtrise partagées par les maris et les femmes qui sont scellés dans le temple (voir Scellement: Scellements du temple).
3.La Prêtrise d’Aaron, y compris la Prêtrise lévitique, a été instituée sous la loi de Moïse au moment où Israël a rejeté les pouvoirs, les bénédictions et les responsabilités supérieurs de la Prêtrise de Melchisédek. Dieu leur a donné une «moindre prêtrise» comportant des domaines spécifiques d’autorité traitant des sacrifices et des aspects temporels du salut (Ex. 20:19; TJS Ex. 34:1-2). Cette autorité fut accordée pour toujours comme un droit à Aaron et à ses descendants linéaux. La Prêtrise lévitique a trait à certaines fonctions dans la Prêtrise d’Aaron qui ont été déléguées aux membres masculins dignes de la tribu de Lévi (voir Prêtrise dans les temps bibliques).
Au sein des Prêtrises de Melchisédek et d’Aaron, les hommes peuvent être ordonnés à divers offices. Ceux qui détiennent certains offices peuvent alors être appelés et mis à part à des postes particuliers dans l’Église. À partir de l’âge de douze ans, les jeunes gens, s’ils sont dignes et le désirent, peuvent se voir conférer la Prêtrise d’Aaron et être ordonnés à l’office de diacre; ils peuvent être ordonnés instructeurs à l’âge de quatorze ans et prêtres à l’âge de seize ans. À dix-huit ans, on peut leur conférer la Prêtrise de Melchisédek et les ordonner à l’office d’ancien. Plus tard, selon que le requièrent les besoins et l’appel, ils peuvent être ordonnés à d’autres offices dans la Prêtrise de Melchisédek. L’office d’évêque est une annexe de la Prêtrise de Melchisédek (D&A 84:29), mais sa fonction est de présider la Prêtrise d’Aaron (D&A 107:87-88). L’office de patriarche est un office au sein de la Prêtrise de Melchisédek.
Tous les saints des derniers jours masculins fidèles et dignes peuvent être ordonnés à la prêtrise et être autorisés à agir et à participer à n’importe lequel des offices, pouvoirs, bénédictions et autorités de la prêtrise (voir Ordination dans la prêtrise; Doctrine et Alliances: Déclaration officielle – 2). L’ordination à chaque office différent de la prêtrise se fait par l’autorité et sous la direction de l’officier président de la prêtrise dans la paroisse, branche, pieu ou mission de l’Église où la personne réside, par l’imposition des mains par quelqu’un détenant l’office approprié de la prêtrise et autorisé à agir en tant que tel.
Pour tous les détenteurs de la Prêtrise de Melchisédek ou d’Aaron, l’activité, la formation, le service et les relations se situent dans des collèges de la prêtrise, organisés selon l’office dans la prêtrise avec des officiers présidents appropriés (voir D&A 20; 107).
LA PRÊTRISE ET LA FAMILLE. C’est dans la famille que la prêtrise accomplit ses plus hautes fonctions. Dans la famille, le mari et père préside en justice et utilise sa prêtrise pour faire du bien aux membres de sa famille, enseignant par le précepte et par l’exemple, donnant des conseils et prenant des décisions justes, exprimant ouvertement de l’amour et de la sollicitude et donnant des bénédictions de prêtrise par l’imposition des mains quand cela s’indique pour diriger, guérir et réconforter sa famille. En tant que détenteur président de la prêtrise chez lui, il est responsable devant le Seigneur: Mari et femme sont tous deux responsables devant Dieu de leurs devoirs respectifs concernant le bien-être spirituel et temporel de leur famille.
L’exaltation et la vie éternelle dans le degré le plus élevé du royaume céleste ne se réalisent que lorsque la plénitude de la prêtrise est atteinte par l’édification et la réalisation d’un mariage éternel (voir Mariage: Mariage éternel). Le développement intellectuel et spirituel le plus élevé de l’homme et de la femme est de devenir comme Dieu. Homme et femme sont à l’image de Dieu (Ge. 1:27); l’homme ou la femme seuls ne peuvent pas parvenir à l’état divin. Chacun dans la vie prémortelle a été engendré en tant qu’enfant d’esprit de parents célestes avant de naître dans la condition mortelle de parents terrestres, et la vie sur terre fait partie de la progression des hommes et des femmes pour devenir comme leurs parents célestes. Ce n’est que par les ordonnances de scellement de la sainte prêtrise, accomplies dans les temples du Seigneur et par une vie juste et fidèle qu’homme et femme peuvent s’unir en un mariage éternel dans lequel ils peuvent atteindre ensemble la plénitude de la prêtrise et de l’exaltation.
On ne parvient à la plénitude de la prêtrise, qui est l’ordre le plus élevé de la prêtrise, que par l’union éternelle de l’homme et de la femme, sanctifiée par l’ordonnance du scellement dans un temple du Seigneur et ratifiée par le Saint-Esprit de promesse (D&A 132:18-19). Ceux qui sont ainsi unis, qui honorent leurs alliances l’un avec l’autre et avec le Seigneur, hériteront dans la Résurrection l’exaltation et la vie éternelle, consistant en une union et une famille éternelles, y compris l’accroissement éternel, les enfants d’esprit et la création et la possession de mondes et d’univers.
Ainsi, toutes les bénédictions, tous les avantages et tous les héritages de la prêtrise sont partagés et atteints de manière égale par le mari et la femme s’ils s’acquittent de leurs responsabilités respectives dans la foi, l’amour, l’entente et la coopération dans le Seigneur. L’apôtre Paul a dit: «Dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme» (1 Co. 11:11).
Dans les temples du Seigneur, les ordonnances sacrées de la prêtrise (par exemple, les ablutions, l’onction, l’habillage) sont données aux hommes par des hommes et aux femmes par des femmes qui ont reçu la dotation de la prêtrise dans le temple (EPJS, p. 273) et ont reçu cette responsabilité spécifique de la prêtrise. Les femmes peuvent agir ainsi avec le pouvoir de la prêtrise une fois appelées, mises à part et autorisées par ceux qui détiennent les clefs; cependant, les officiantes ne sont pas ordonnées à la prêtrise ou à un office dans la prêtrise pour accomplir ce travail.
LA PUISSANCE DE DIEU POUR L’EXALTATION. Joseph Smith a dit: «Je conseille à tous de tendre à ce qui est parfait… Un homme ne peut rien faire rien par lui-même si Dieu ne le dirige pas de la bonne façon, et la prêtrise est là dans ce but» (EPJS, p. 295). On accède à la perfection par l’obéissance aux principes et aux ordonnances de l’Évangile. Sans l’autorité de la prêtrise, aucune ordonnance, peu importe comment, quand, où ou par qui elle est accomplie, n’est valide, ratifiée par le Saint-Esprit ou enregistrée dans le ciel (D&A 132:7). Le pouvoir de scellement, le pouvoir de lier sur terre et dans le ciel (Mt. 16:19; 18:18; D&A 132:46), appartient seulement à la prêtrise de Dieu; et le baptême approprié, le don du Saint-Esprit, la sainte Dotation, le mariage éternel et les scellements familiaux ne sont rendus possibles que par les serviteurs autorisés du Seigneur. Par ces pouvoirs et autorités de la sainte prêtrise, l’œuvre du salut va de l’avant telle qu’elle a été projetée dans les grands conseils des cieux avant que le monde soit.
Sous la direction et l’autorité de la prêtrise dans cette dernière dispensation, la Dispensation de la Plénitude des Temps, l’œuvre de la prêtrise comprend la proclamation de l’Évangile, le perfectionnement des saints et l’accomplissement des ordonnances pour la rédemption des morts. Les détenteurs de la prêtrise sont chargés d’enseigner l’Évangile à toutes les nations et à tous les peuples, de proclamer la connaissance du salut. L’accomplissement de cette œuvre missionnaire est une responsabilité de tous les membres de l’Église et une obligation particulière pour les détenteurs de la prêtrise. Ils sont également chargés de veiller sur les saints de partout, d’œuvrer pour augmenter la foi, la compréhension et le témoignage et d’améliorer le bien-être spirituel et le confort physique de tous ceux qui les reçoivent. Les détenteurs de la prêtrise sont en outre chargés de «racheter les morts» par le pouvoir de scellement de la prêtrise(D&A 128:14-18). On enseigne aux saints des derniers jours à rechercher les noms et les registres de leurs ancêtres décédés, à se livrer activement à la recherche généalogique, à tourner leur cœur vers leurs ancêtres, afin que chaque personne soit scellée par les ordonnances sacrées du temple dans une famille éternelle et finalement dans la famille d’Adam, qui devient la famille de Jésus-Christ (D&A 39:4-6; 42:52).
Essentiellement et éternellement, l’œuvre de la prêtrise est celle du Christ déléguée à ses serviteurs justes. «Voici mon œuvre et ma gloire, dit le Seigneur à Moïse, «réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme» (Moï. 1:39). L’œuvre de la prêtrise est d’aider à amener des âmes au Christ et de ce fait à l’exaltation dans le royaume du Père.
Le grand but de tous les saints des derniers jours fidèles est de parvenir à la plénitude de la prêtrise du Fils de Dieu, parce que c’est la puissance de Dieu pour le salut et les vies éternelles. C’est le pouvoir par lequel le corps mortel ressuscitera immortel, pour être possédé pour toujours par l’esprit qui y a demeuré, glorifié par Dieu selon les œuvres accomplies pendant la condition mortelle. C’est le pouvoir par lequel on peut parvenir à la joie éternelle, mais toujours et seulement par l’obéissance aux lois et aux principes de la justice dont le Sauveur a donné l’exemple et qu’il a enseignés.

Bibliographie
Kimball, Spencer W. et autres Priesthood. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R. “The Doctrine of the Priesthood”. Ensign 12, mai 1982, p. 32-34.
Romney, Marion, G. “Priesthood”. Ensign 12, mai 1982, p. 42.
Smith, Joseph F. GD, Salt Lake City, 1919.
Taylor, John. The Gospel Kingdom; Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Young, Brigham. Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, pp. 130-151. Salt Lake City, 1954.
RICHARFD G. ELLSWORTH et MELVIN J. LUTHY

Prêtrise d’Aaron

Prêtrise d’Aaron: Pouvoirs et offices
Auteur: BALLANTYNE, VERDON W.

Les deux divisions de la prêtrise dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours sont celles d’Aaron et de Melchisédek. Les jeunes gens de douze à dix-huit ans et les hommes plus âgés qui sont de nouveaux convertis sont ordonnés à des offices dans la Prêtrise d’Aaron, «qui détient les clefs [autorité gouvernante ou mandante] du ministère d’anges, de l’Évangile de repentir et du baptême par immersion pour la rémission des péchés» (D&A 13). C’est l’autorité dans la prêtrise par laquelle Jean-Baptiste a préparé la voie à Jésus-Christ, en enseignant la foi, le repentir et le baptême pour la rémission des péchés (Mt. 3:1-17; Mc. 1:1-11; Lu. 1:5-80; Jn. 1:15-34; Ac. 8:14-17; D&A 84:25-28). La Prêtrise d’Aaron n’a pas le pouvoir de conférer le Saint-Esprit (Mt. 3:11; Mc. 1:7-8; Jn. 1:33-34; JS–H 1:70) ou d’administrer totalement les affaires du royaume de Dieu. C’est le pouvoir et l’autorité que Dieu a donnés à l’homme pour le préparer, lui et ceux qu’il sert, à recevoir le pouvoir, l’autorité et les bénédictions supérieurs de la Prêtrise de Melchisédek.
Les saints des derniers jours ont des origines de la Prêtrise d’Aaron une perception particulière qui provient des révélations modernes montrant que quand Moïse a fait sortir Israël d’Égypte, le Seigneur avait l’intention de conférer aux hommes dignes de toutes les tribus la Prêtrise de Melchisédek ou prêtrise supérieure. Malheureusement la désobéissance et la perte de leur foi et de leur dignité firent que les Israélites s’endurcirent le cœur contre le Seigneur et contre Moïse. «C'est pourquoi, il prit Moïse de leur milieu, ainsi que la Sainte Prêtrise; et la moindre prêtrise continua, laquelle prêtrise détient la clef du ministère d'anges et de l'Évangile préparatoire; lequel Évangile est l'Évangile de repentir et de baptême, la rémission des péchés et la loi des commandements charnels, que le Seigneur, dans sa colère, fit continuer dans la maison d'Aaron, parmi les enfants d'Israël, jusqu'à Jean[-Baptiste], que Dieu suscita» [D&A 84:25-27].
Ne voulant pas respecter la loi supérieure de la plénitude de l’Évangile avec sa plus grande prêtrise, les Israélites reçurent la loi des commandements charnels, comme partie de la loi de Moïse, avec son accent sur l’offrande de sacrifices rédempteurs symboliques pour les préparer à recevoir le divin Rédempteur et ils reçurent la moindre prêtrise pour administrer cette loi. Le Seigneur appela Aaron et ses fils à être prêtres et à présider cette moindre prêtrise (No. 8). Seuls les descendants directs d’Aaron pouvaient être ordonnés prêtres. Le premier-né d’entre les fils d’Aaron devait présider les autres prêtres. Pour aider Aaron et sa postérité, en particulier avec le tabernacle et la préparation et l’offrande de sacrifices, le Seigneur appela aussi les autres membres masculins de la tribu de Lévi (pas de la famille d’Aaron) pour recevoir et effectuer des tâches dans la moindre prêtrise (No. 3:5-13). Les Lévites détenaient les fonctions inférieures de la Prêtrise d’Aaron et agissaient en vertu des clefs ou autorité directrice de cette prêtrise conférées à Aaron et à ses fils (Widtsoe, pp. 12-17). Pour cette raison, la moindre prêtrise fut appelée la Prêtrise d’Aaron, d’après Aaron, mais une partie de cette prêtrise portait également le nom de prêtrise lévitique parce que tous ceux à qui elle était donnée appartenaient à la tribu de Lévi. Ce type d’organisation et de service de prêtrise continua en Israël jusqu’à la venue de Jésus-Christ.
Jean-Baptiste, descendant d’Aaron par ses deux parents et donc lévite, était fils de Zacharie, un prêtre juste en Israël à l’époque de la naissance du Christ. Ce fut ce Jean que Dieu choisit pour préparer la voie au ministère du Christ sur terre. Dès la naissance de Jean, sa mission était fixée et ses fonctions dans la prêtrise attendues (D&A 84:28; Lu. 1:5-17).
Après avoir été baptisé par Jean, Jésus appela ses apôtres (certains d’entre eux de parmi les disciples de Jean) et les ordonna (Jn. 15:16); plus tard, il conféra à Pierre, Jacques et Jean les clefs du royaume de Dieu et une prêtrise supérieure (voir Montagne de la Transfiguration). Après sa mort, sa résurrection et son ascension, le Christ continua à diriger son Église en donnant des commandements aux apôtres par le pouvoir du Saint-Esprit (Ac. 1:2) et par l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek, la prêtrise supérieure qu’il leur avait conférée. Après la mort des apôtres, il s’ensuivit une apostasie générale, pendant laquelle beaucoup de principes de l’Évangile furent perdus et tous les pouvoirs de la prêtrise retirés de la terre (2 Th. 2:1-4; 2 Ti. 3:1-5).
Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste apparut à Joseph Smith et à Oliver Cowdery en tant que messager ressuscité de Dieu et leur conféra l’antique «Prêtrise d’Aaron» (D&A 13). Tandis que l’organisation de l’Église évoluait au cours des mois et des années qui suivirent, beaucoup de membres masculins reçurent la Prêtrise d’Aaron et furent organisés en collèges de prêtres, d’instructeurs et de diacres. Dans le Rétablissement, la Prêtrise d’Aaron n’a pas été limitée à ceux qui sont descendants littéraux d’Aaron ou de Lévi, puisque ces lignées ne sont pas actuellement identifiées et que l’autorité dans la prêtrise qui a mis en application les ordonnances de la loi de Moïse a été remplacée par la prêtrise supérieure et les lois et les ordonnances de l’Évangile de Jésus-Christ. À partir de la réorganisation de la prêtrise en 1877, l’Église a introduit la pratique actuelle de conférer la Prêtrise d’Aaron aux garçons au début de leur adolescence, les organisant au niveau de la paroisse en collèges de prêtrise par groupe d’âge et d’office dans la prêtrise, et les avançant périodiquement à de plus hauts offices et par la suite à la prêtrise supérieure. L’évêque de chaque paroisse préside la Prêtrise d’Aaron de la paroisse.
Le président de la Prêtrise d’Aaron, «doit être évêque; car c’est l’un des devoirs de cette prêtrise» (D&A 107:88), mais les évêques sont aussi ordonnés grands prêtres de la Prêtrise de Melchisédek parce qu’ils président et ne sont pas descendants littéraux d’Aaron. Les trois autres offices de la Prêtrise d’Aaron sont diacre, instructeur et prêtre. Sous la direction de l’évêque, quelqu’un qui a l’autorité compétente confère la Prêtrise d’Aaron à un jeune homme digne quand il a douze ans, l’ordonnant à l’office de diacre. S’il reste fidèle et digne, il est ordonné à l’office d’instructeur quand il a quatorze ans et reçoit des responsabilités supplémentaires. S’il reste fidèle et digne, il est ordonné à l’office de prêtre dans la Prêtrise d’Aaron quand il a seize ans, recevant encore des responsabilités accrues. Pendant qu’ils progressent dans la prêtrise, les jeunes hommes conservent tous les droits et devoirs des offices inférieurs.
Le Seigneur a commandé à l’Église d’organiser les détenteurs de la prêtrise en collèges (D&A 107:85-88), ceci pour qu’il y ait de l’ordre, pour faciliter un enseignement efficace des principes de l’Évangile et des devoirs de la prêtrise et pour les préparer pour un plus grand service et une plus grande capacité de diriger dans l’Église. Dans la Prêtrise d’Aaron, un président et deux conseillers, choisis parmi les membres du collège, président chaque collège de diacres et d’instructeurs. Cette présidence est mise à part (reçoit les pouvoirs de présidence) pour présider, siéger en conseil et enseigner leur devoir aux membres du collège. L’évêque est président du collège des prêtres. Il choisit un ou plusieurs garçons comme dirigeants sous sa présidence et les forme pour diriger les autres membres du collège. Bien qu’il détienne toutes les clefs de la Prêtrise d’Aaron pour la paroisse, l’évêque appelle habituellement un consultant adulte pour aider à former les jeunes dirigeants et à instruire les membres du collège. Toutefois, le consultant n’a aucune autorité de présidence.
Ainsi la Prêtrise d’Aaron conserve son rôle de prêtrise préparatoire, formant les jeunes gens aux principes de l’Évangile et aux pouvoirs de la prêtrise pendant qu’ils mûrissent dans un service lié à l’Évangile préparatoire: la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir, le baptême pour la rémission des péchés et l’amour de Dieu et de leur prochain. C’est quand les jeunes gens préparent, bénissent et distribuent la Sainte-Cène chaque jour de sabbat lors des réunions de Sainte-Cène de l’Église et qu’ils aident l’évêque en servant les membres de la paroisse que ces responsabilités sont le plus en évidence.
Aujourd’hui, la Prêtrise d’Aaron donne aux jeunes gens de l’expérience et les prépare à recevoir la Prêtrise de Melchisédek quand ils auront dix-huit ans, avec les droits et les responsabilités plus grands de son serment et de son alliance (D&A 84:33-40). La Prêtrise de Melchisédek augmente leur capacité de servir, d’accomplir les ordonnances salvatrices de l’Évangile et de diriger dans l’Église quand ils sont appelés à le faire.
Un programme d’activité important pour les garçons de la Prêtrise d’Aaron dans beaucoup de régions du monde est le scoutisme. Pour coordonner efficacement les activités de la prêtrise et du scoutisme, l’évêque organise le programme des jeunes gens dans la paroisse. Un adulte est appelé à remplir les fonctions de président des Jeunes Gens sous la direction de l’évêque. Là où le scoutisme est organisé, ses deux conseillers et lui sont généralement aussi les dirigeants scouts. Dans les paroisses qui comptent beaucoup de garçons, d’autres adultes peuvent être appelés à aider au programme scout.
L’évêque organise également les filles de la paroisse en un programme des Jeunes Filles, avec des consultantes adultes, et en groupes d’âge correspondant aux âges des garçons des collèges de la Prêtrise d’Aaron. Des activités communes sont projetées et ont lieu régulièrement avec les jeunes gens de la Prêtrise d’Aaron. [On trouvera une histoire plus détaillée de la Prêtrise d’Aaron dans Evêque, Histoire de l’office.]

Bibliographie
Hartley, William. "The Priesthood Reorganization of 1877: Brigham Young's Last Achievement." BYU Studies 20 (Fall 1979):3-36.
McConkie, Oscar W. Aaronic Priesthood. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. révisée. Salt Lake City, 1954.
VERDON W. BALLANTYNE

Prêtrise d’Aaron: Rétablissement
Auteur: PORTER, LARRY C.

Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste apparut à Joseph Smith et à Oliver Cowdery près d’Harmony, en Pennsylvanie, et leur conféra la Prêtrise d’Aaron (voir Prêtrise d’Aaron: Pouvoirs et offices). Cette ordination donnait aux deux hommes l’autorité de baptiser (voir Baptême), et ils accomplirent immédiatement cette ordonnance l’un pour l’autre dans le fleuve Susquehannah. Le prophète Joseph Smith n’avait reçu aucune révélation précédente l’autorisant à baptiser; pour accomplir l’ordonnance correctement, il fallait l’autorisation expresse de Dieu. Le retour de Jean pour conférer la Prêtrise d’Aaron confirmait que l’autorité divine avait disparu de la terre et qu’une visitation céleste était nécessaire pour la rétablir.
Joseph Smith et Oliver Cowdery étaient occupés à traduire le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon: Traduction par Joseph Smith) à la ferme du prophète près du fleuve Susquehannah à Harmony quand la question du baptême se posa. Un passage de 3 Néphi 11 (voir Livre de Mormon: Trois Néphi), dans lequel le Sauveur ressuscité donnait des instructions aux Néphites sur le sujet, amena les deux hommes à s’interroger sur leur propre baptême. Ils décidèrent de prier à ce sujet et se rendirent dans les bois où, comme Oliver devait le raconter plus tard, «Tout à coup, comme si elle venait du sein de l'éternité, la voix du Rédempteur apaisa notre esprit. Le voile fut soulevé, et l'ange de Dieu descendit, revêtu de gloire, et remit le message tant attendu et les clefs de l'Évangile de repentir» (JS–H 1:71 n). Joseph dit que l’ange posa les mains sur eux et les ordonna en disant: «À vous, mes compagnons de service, au nom du Messie, je confère la Prêtrise d'Aaron, qui détient les clefs du ministère d'anges, de l'Évangile de repentir et du baptême par immersion pour la rémission des péchés; et cela ne sera plus jamais enlevé de la terre, jusqu'à ce que les fils de Lévi fassent de nouveau une offrande au Seigneur selon la justice» (JS–H 1:69; D&A 13).
L’ange les informa que la Prêtrise d’Aaron n’avait pas le pouvoir d’imposer les mains pour le don du Saint-Esprit, mais que cette autorité leur serait donnée plus tard. Il dit à Joseph de baptiser Oliver et à Oliver de baptiser Joseph, et à chacun d’ordonner l’autre à la Prêtrise d’Aaron. Le messager «dit qu'il se nommait Jean, celui-là même qui est appelé Jean-Baptiste dans le Nouveau Testament, qu'il agissait sous la direction de Pierre, Jacques et Jean, lesquels détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek» qui serait conférée plus tard (JS–H 1:72; voir Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Du temps de Jésus, Jean-Baptiste prêchait le repentir aux Juifs et baptisait dans le Jourdain. Il baptisa Jésus (Mt. 3:13-17; cf. 2 Né. 31:4-13). Jean était descendant direct d’Aaron, à la fois par son père Zacharie, qui était prêtre, et par sa mère Élisabeth, l’une des «filles d’Aaron» (Lu. 1:5). Une révélation postérieure à Joseph Smith lui apprit qu’un ange avait conféré à Jean l’autorité d’accomplir sa mission terrestre quand il était âgé de huit jours (D&A 84:28).
Par ordination et appel, Jean-Baptiste détenait les clefs de la Prêtrise d’Aaron. Celles-ci comprennent les clefs du «ministère d’anges», ce qui veut dire que les détenteurs de la Prêtrise d’Aaron sont éligibles pour que les anges les servent. Cette prêtrise détient également les clefs de l’Évangile préparatoire, qui embrasse «l'Évangile de repentir et de baptême, la rémission des péchés et la loi des commandements charnels» (D&A 84:27).
Comme d’autres devaient également jouir des bénédictions liées au baptême pour la rémission des péchés pratiqué sous l’autorité de la prêtrise, une révélation fut donnée en 1829 concernant les paroles et la façon de faire qu’il fallait respecter pour pratiquer l’ordonnance pour ceux qui se repentent et demandent le baptême. «Voici, vous descendrez et vous vous tiendrez dans l’eau et vous les baptiserez en mon nom. Et maintenant voici, tels seront les mots que vous emploierez en les appelant par leur nom: Ayant reçu l’autorité du Jésus-Christ, je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen. Et alors, vous les immergerez dans l’eau» [Cowdery, ms. 1829].
Dans l’Église d’aujourd’hui, seuls ceux qui ont l’office de prêtre dans la Prêtrise d’Aaron ou la Prêtrise de Melchisédek peuvent baptiser.
Des monuments commémorant le rétablissement de la Prêtrise d’Aaron ont été érigés à Temple Square, à Salt Lake City (1958) et à Harmony, en Pennsylvanie (1960).

Bibliographie
Cowdery, Oliver. "Written in the year of our Lord & Savior 1829-A True copy of the articles of the Church of Christ." Ms. De la main d’Oliver Cowdery, Archives de l’Église.
McConkie, Oscar W. Aaronic Priesthood. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Lee A. The Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Porter, Larry C. "The Priesthood Restored." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 2, pp. 389-409. Salt Lake City, 1985.
LARRY C. PORTER

Prêtrise de Melchisédek

Cette rubrique se compose de deux articles: Prêtrise de Melchisédek: Pouvoirs et offices dans la Prêtrise de Melchisédek est un traitement général de la Prêtrise de Melchisédek, et Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek est un traitement historique du rétablissement de cette prêtrise dans cette dispensation.

Prêtrise de Melchisédek: Pouvoirs et offices dans la Prêtrise de Melchisédek
Auteur: BALLIF, JAE R.

La Prêtrise de Melchisédek est l’autorité, la responsabilité et le pouvoir d’agir au nom de Jésus-Christ et d’organiser et de diriger une partie de son œuvre. Grâce aux occasions fournies par cette prêtrise, les hommes et les femmes, en partenariat avec Dieu, peuvent gérer l’œuvre de la famille et de l’Église. «C’est le devoir de ce vaste groupe d’hommes détenant la sainte prêtrise … d’exercer son influence et son pouvoir de faire le bien parmi le peuple d’Israël et le peuple du monde… de prêcher et d’accomplir la justice, tant au pays qu’à l’étranger» (Smith, p. 157).
Pour employer les termes du prophète Joseph Smith: «Toute prêtrise est de Melchisédek, mais il en existe différentes fractions ou degrés» (EPJS, p. 144). Toutefois le terme Prêtrise de Melchisédek est utilisé le plus souvent dans l’Église pour décrire la prêtrise supérieure et ses offices. «Il y a, dans l’Église, deux prêtrises, celle de Melchisédek et celle d’Aaron…. La Prêtrise de Melchisédek détient le droit de présidence et a pouvoir et autorité sur tous les offices de l’Église à toutes les époques du monde, pour administrer les choses spirituelles» (D&A 107:1, 8). La Prêtrise de Melchisédek détient les clefs du royaume, et «le pouvoir de la divinité se manifeste dans ses ordonnances» (D&A 84:20).
ORDINATION À LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. Tout homme fidèle et digne dans l’Église peut recevoir la Prêtrise de Melchisédek. Comme dans le cas de la Prêtrise d’Aaron, la Prêtrise de Melchisédek est conférée à ceux qui se sont qualifiés et ont été appelés par ceux qui ont l’autorité.
Les normes spécifiques de dignité auxquelles il faut satisfaire pour recevoir la Prêtrise de Melchisédek sont l’intégrité personnelle, la chasteté, l’obéissance aux lois divines en matière de santé et la fidélité dans le paiement de la dîme à l’Église. Outre ces points précis, il est attendu des hommes qu’ils progressent dans l’acquisition de qualités morales. Comme tous les disciples du Christ, ils doivent être fidèles, diligents et ouverts à tout changement, à toute connaissance et à tout amour justes: «Nous ne pouvons progresser qu’en vertu des principes de la vérité éternelle. C’est dans la mesure où nous construisons sur le fondement de ces principes qui ont été révélés des cieux dans les derniers jours et sommes déterminés à réaliser les buts du Seigneur, que nous progressons, et le Seigneur nous n’en exaltera et magnifiera que davantage» (Smith, p. 141).
Le prophète et président de l’Église détient et exerce toute l’autorité et toutes les clefs de la Prêtrise de Melchisédek. Il délègue aux présidents de pieu et aux évêques et à d’autres l’autorité pour en ordonner d’autres aux offices de la prêtrise. Le don de la Prêtrise de Melchisédek par l’imposition des mains doit également être approuvé par le consentement commun des détenteurs de la prêtrise ou de l’ensemble des membres du pieu ou du district du candidat.
Une fois que la Prêtrise de Melchisédek leur a été conférée, tous les détenteurs de la prêtrise sont ordonnés à un office dans la prêtrise, habituellement celui d’ancien. Ils peuvent plus tard être ordonnés aux offices de grand prêtre ou de patriarche selon que leur appel dans l’Église le réclame. Ceux qui sont appelés pour être des Autorités générales pour toute l’Église sont ordonnés soixante-dix ou apôtres. L’ordination à un office dans la prêtrise donne des responsabilités spécifiques dans l’Église.
Finalement, un homme peut être mis à part pour accomplir une tâche, comme être président d’un collège d’anciens, président de pieu ou membre du Collège des douze apôtres. Si cela s’indique, il recevra les clefs de l’autorité nécessaires pour effectuer cette tâche. Ce procédé permet que chaque acte accompli en vertu de l’autorité de la prêtrise se fasse le moment venu, à l’endroit voulu et de la manière appropriée. L’autorité pour diriger ces activités spécifiques constitue les clefs de la prêtrise.
Une personne accepte son ordination à la Prêtrise de Melchisédek en faisant alliance avec Dieu dans son esprit et dans son cœur (EPJS, p. 261; voir aussi Serment et alliance de la prêtrise). EIle fait alliance d’honorer, d’accomplir dignement et d’apprendre les devoirs de sa prêtrise, de garder les commandements de Dieu, de vivre selon les recommandations de Dieu et de marcher en droiture et vertueusement dans l’accomplissement de ses responsabilités. Dieu promet que si l’homme garde ses engagements, il recevra la vie éternelle et sera exalté dans un état divin, héritant de tout ce que le Père a, et participera avec Dieu et le Sauveur à leur œuvre constante (D&A 84:39).
FONCTIONNEMENT DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. Tous ceux qui détiennent la prêtrise peuvent l’utiliser pour en faire bénéficier d’autres, indépendamment de leur tâche dans l’Église ou de leur office dans la prêtrise. Par exemple, en travaillant avec leur famille, les hommes sont autorisés à s’acquitter de leurs responsabilités patriarcales (voir Paternité), notamment en bénissant les membres de la famille. En outre, ils sont autorisés à guérir les malades, à rechercher la connaissance personnelle et à donner une aide et un réconfort généraux à ceux avec qui ils entrent en contact.
Pour superviser et accomplir les ordonnances de la prêtrise dans l’Église, il est nécessaire d’avoir la Prêtrise de Melchisédek et les clefs appropriées. Par exemple, pour confirmer les membres baptisés et leur conférer le don du Saint-Esprit, il est nécessaire d’avoir le pouvoir de la Prêtrise de Melchisédek et d’être autorisé à l’utiliser. De cette façon, il y a de l’ordre et l’œuvre accomplie sur terre est acceptable pour le Sauveur dans la condition mortelle et dans l’au-delà (voir Scellement).
En plus de fournir l’autorité pour représenter le Christ sur terre, la Prêtrise de Melchisédek fournit un canal pour la révélation par lequel des instructions et de la doctrine venant du Christ peuvent être communiquées. Toute personne a accès à Dieu et a le droit de recevoir la révélation personnelle concernant sa vie et ses appels, mais quand il est nécessaire d’avoir la révélation sur des principes ou la mise en œuvre de principes pour l’Église ou l’une de ses unités de prêtrise, Dieu ne donne cette révélation que par les dirigeants de la prêtrise compétents. Le prophète et président de l’Église reçoit la révélation pour l’Église entière. L’évêque reçoit la révélation nécessaire pour gérer la paroisse. Cette manière de faire connaître la vérité souligne le droit et la responsabilité de chacun de rechercher et d’obtenir la révélation et préserve en même temps l’ordre et la bonne entente en agissant via la structure de la prêtrise que le Christ a mise en place.
«Les droits de la prêtrise sont inséparablement liés aux pouvoirs du ciel; … [ces pouvoirs] ne peuvent être maîtrisés ou utilisés que selon les principes de la justice» (D&A 121:36). On ne peut officier pour Dieu qu’en accomplissant l’œuvre avec sagesse et amour, d’une manière conforme à la façon de procéder de Dieu. Les tâches doivent être accomplies avec patience, gentillesse, humilité, bonté, amour sincère, connaissance pure et charité envers tous. De cette façon, Dieu promet que «la doctrine de la prêtrise se distillera sur ton âme comme la rosée des cieux» (D&A 121:41-45).
On peut perdre la prêtrise suite à une mesure disciplinaire pour péché grave. Quand un homme est excommunié, il perd sa prêtrise. La disqualification ou la mise à l’épreuve peuvent empêcher un homme d’utiliser sa prêtrise jusqu’à ce que le processus du repentir soit complet. En outre, «lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés ou d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes, voici, les cieux se retirent; l'Esprit du Seigneur est attristé, et lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la prêtrise ou de l'autorité de cet homme» (D&A 121:37).
HISTOIRE ANCIENNE DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. La Prêtrise de Melchisédek est une prêtrise éternelle. Avant la condition mortelle, Dieu a délégué l’autorité et la responsabilité à des personnes dignes. Cette sainte prêtrise est le moyen par lequel cette mesure a été prise. Après cette vie, ceux qui ont été vaillants et ont honoré leur prêtrise continueront à la détenir et à avoir la responsabilité de l’utiliser au service des autres.
Adam, le premier des enfants d’esprit de Dieu à vivre sur terre, a reçu la sainte prêtrise avec tout son pouvoir, autorité et clefs. «Tout fut confirmé pour Adam par une sainte ordonnance» (Moï. 5:59). Cette autorité a été déléguée à d’autres en une chaîne ininterrompue d’un prophète à l’autre. «Tous les prophètes avaient la Prêtrise de Melchisédek» (EPJS, p. 144).
Abraham rechercha les bénédictions de ses pères et le droit d’être ordonné à la prêtrise. Puisqu’il s’était qualifié pour la prêtrise, même si ce n’était pas le cas de son père, Abraham obtint la prêtrise des mains de Melchisédek, roi de Salem et prêtre de Dieu (Abr. 1:2-5). Melchisédek rencontra Abraham et le bénit, et Abraham lui donna la dîme de tout ce qu’il avait (Hé. 7:1-3). Melchisédek exerça une grande foi et utilisa sa prêtrise pour amener au repentir un peuple qui pratiquait l’iniquité. Personne ne fut plus grand que lui (Alma 13:17-19). À l’origine, la prêtrise s’appelait «la sainte prêtrise selon l’ordre du Fils de Dieu» (D&A 107:3). Pour éviter l’utilisation trop fréquente du nom de Dieu, l’Église, dans les temps anciens, appela la prêtrise du nom de ce dirigeant de prêtrise remarquable qu’était Melchisédek (D&A 107:2-4).
Moïse reçut la Prêtrise de Melchisédek de son beau-père, Jéthro (D&A 84:6) et la détint jusqu’à ce qu’il fût enlevé, lorsque les clefs de la prêtrise supérieure furent retirées avec lui, et ce qui resta au peuple, ce fut une annexe de la Prêtrise de Melchisédek appelée la Prêtrise d’Aaron, une prêtrise ayant une autorité limitée. Après le temps de Moïse, différents prophètes reçurent de Dieu la sainte prêtrise à diverses époques, mais le commun de la population n’y avait pas accès.
Le Livre de Mormon signale que les prophètes néphites détenaient la prêtrise appelée selon l’ordre du Fils de Dieu, la Prêtrise de Melchisédek (Alma 13:10). Ceux qui avaient l’autorité dirigeaient l’œuvre de Dieu parmi le peuple (Alma 29:13).
Les apôtres reçurent de Jésus-Christ la Prêtrise de Melchisédek tandis qu’il exerçait son ministère sur terre. Il leur donna l’autorité et la responsabilité de diriger son Église. Après son départ, les apôtres continuèrent à officier pour lui et conférèrent la Prêtrise de Melchisédek à d’autres quand cela s’indiquait (Ép. 4:11-13; Ac. 1:22-26; voir aussi Organisation de l’Église à l’époque du Nouveau Testament). Avec le temps, les principes, l’autorité dans la prêtrise et les clefs furent perdus à cause de l’apostasie.
HISTOIRE MODERNE DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. La Prêtrise de Melchisédek fut donnée à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (voir ci-dessous). Comme cela leur avait été commandé, ils s’ordonnèrent mutuellement premier et deuxième anciens de l’Église le 6 avril 1830 (voir Ancien, Prêtrise de Melchisédek). À leur tour, ils conférèrent la prêtrise à d’autres, les ordonnèrent et les mirent à part aux offices et aux appels dans la prêtrise (voir Organisation de l’Église, 1830). Le premier évêque fut ordonné en 1831 pour prendre soin des pauvres et des nécessiteux et pour gérer les affaires temporelles de l’Église. Le 3 juin 1831, Joseph Smith fit ordonner plus de vingt hommes «à la haute prêtrise» en tant que président de cette haute prêtrise. Des conseils de grands prêtres régirent l’Église jusqu’en 1834.
En 1835, la structure d’Église fut adaptée pour tenir compte des révélations supplémentaires et de l’accroissement du nombre; des collèges de prêtrise composés d’hommes ordonnés à des offices particuliers entrèrent en activité (voir Doctrine et Alliances: Section 107). Trois grands prêtres présidents furent installés comme Collège de la Première Présidence. Le Collège des douze apôtres était un grand conseil voyageur dirigé par la Première Présidence. Les soixante-dix devaient voyager internationalement pour prêcher. Des grands conseils de pieu furent créés pour gouverner au sein de leurs pieux et des évêques s’occupaient des affaires temporelles de l’Église.
Il fallait que des clefs supplémentaires de la Prêtrise de Melchisédek soient rétablies pour accomplir les ordonnances supérieures du temple. Des messagers de Dieu apportèrent ces clefs et ces instructions le 3 avril 1836 (Doctrine et Alliances: Sections 109-110).
Le 12 juillet 1843, Joseph Smith écrivit la révélation au sujet des relations éternelles du mariage, où le Christ disait: «Je vais te donner la loi de ma Sainte Prêtrise telle qu'elle fut ordonnée par moi et par mon Père avant que le monde fût» (D&A 132:28). Il conféra à Joseph «les clefs et le pouvoir de la prêtrise» (D&A 132:45; voir aussi Ordre patriarcal de la prêtrise).
La Première Présidence préside la Prêtrise de Melchisédek et dirige l’œuvre de l’Église. Le Collège des douze apôtres partage cette responsabilité selon les clefs données aux apôtres. De leur côté, les présidents de pieu supervisent les paroisses et les branches de l’Église par l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek et les clefs spécifiques qui leur ont été données.
Tous les hommes qui ont la Prêtrise de Melchisédek sont membres d’un collège de la prêtrise. Ces collèges sont créés à l’intérieur de limites géographiques bien déterminées et sont composés d’un groupe d’hommes qui détiennent le même office dans la prêtrise ou qui sont du même groupe d’âge et détiendront bientôt cet office. Les collèges administrent l’œuvre de l’Église qui leur est confiée, forment les membres dans leur responsabilité de prêtrise et fournissent des occasions de service et la fraternité pour ceux qui œuvrent à des buts communs.
Dans chaque pieu il y a un collège de grands prêtres. Le président de pieu et ses conseillers constituent la présidence du collège. Un groupe de grands prêtres fonctionne dans chaque paroisse, présidée par un chef de groupe, un ou plusieurs assistants et un secrétaire. Un collège d’anciens, ayant à sa tête un président, deux conseillers et un secrétaire, est organisé dans chaque paroisse et branche indépendante. La présidence de pieu et les membres du grand conseil supervisent toutes les activités des collèges de la Prêtrise de Melchisédek du pieu.

Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound: A History of the Latter-day Saints in Ohio 1830-1838, pp. 237-256. Salt Lake City, 1983.
Critchlow, William J., Jr. “Priesthood – Asset or Liability?” IE 66, déc. 1963, pp. 1067-1069.
Hartley, William G. “The Priesthood Reform Movement, 1908-1922” BYU Studies 13, Hiver 1973, pp. 137-156.
Kimball, Spencer W. et autres Priesthood. Salt Lake City, 1981.
Smith, Joseph F. GD, pp. 136-200.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.

Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek
Auteur: BALLIF, JAE R.

Pour agir pour Dieu dans l’organisation de son Église et l’administration de toutes les ordonnances, Joseph Smith a reçu la Prêtrise de Melchisédek de la manière établie par Dieu. L’autorité et la responsabilité vis-à-vis de tâches bien déterminées sont essentielles (D&A 18:9, 27-32, 35-37; 27:12; voir Clefs de la prêtrise). En outre, Joseph Smith et d’autres reçurent et enseignèrent l’importance de chaque ordonnance et clef. Puisque personne sur terre ne possédait cette autorité à ce moment-là, le prophète Joseph Smith et son associé Oliver Cowdery reçurent et les instructions et l’ordination de la part de Dieu et de ses messagers.
Le 15 mai 1829, le prophète et Oliver Cowdery reçurent la Prêtrise d’Aaron de Jean-Baptiste. Il les informa qu’il agissait sous la direction de Pierre, de Jacques et de Jean, qui détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek, et que cette prêtrise leur serait donnée (JS–H 1:72). Bien que la date précise de ce rétablissement ne soit pas connue, il est certain qu’il se produisit après le 15 mai 1829 et avant août 1830 (D&A 27:12). Les documents existants et la date de l’organisation officielle de l’Église donnent à penser que ce rétablissement eut lieu avant le 6 avril 1830. Certains spécialistes ont conclu que la fin mai ou le début juin 1829 est la tranche de temps la plus probable (HC 1:40 n-42n; Porter, pp. 5-10).
Quelque temps avant le 14 juin 1829, le Seigneur donna des instructions à Joseph Smith et à Oliver Cowdery au sujet de leur ordination comme anciens, qui est un office de la Prêtrise de Melchisédek (HC 1:60-61). En outre, quand ils apparurent à Joseph et à Oliver, Pierre, Jacques et Jean les ordonnèrent également apôtres (D&A 27:12) et leur confièrent «les clefs du royaume et de la dispensation de la plénitude des temps» (D&A 128:20; cf. 27:13).
Plusieurs documents confirment la réalité et l’importance de cette visitation. On trouve rapidement une confirmation de la réception des pouvoirs apostoliques dans une révélation de 1829 écrite de la main d’Oliver Cowdery dans laquelle le Seigneur dit: «Je commande à tous les hommes de partout de se repentir, et je vous parle comme j'ai parlé à Paul, mon apôtre, car vous recevez le même appel que lui» (Cowdery, 1829; cf. D&A 18:9). Dans sa History of the Church de 1832, le prophète Joseph Smith déclare avoir reçu «la sainte prêtrise par les anges chargés d’un ministère pour administrer la lettre de l’Évangile» et qu’il avait reçu «la confirmation et la réception de la haute prêtrise selon le saint ordre du Fils du Dieu vivant, pouvoir et ordonnance d’en haut de prêcher l’Évangile dans l’administration et la démonstration de l’Esprit les Clefs du Royaume de Dieu conférées sur lui et la continuation sur lui des bénédictions de Dieu» (Jessee, p. 3).
À diverses occasions, Oliver Cowdery rendit témoignage qu’il était «présent avec Joseph quand un saint ange de Dieu descendit du ciel et conféra, ou rétablit, la Prêtrise d’Aaron et… [qu’il était] également présent avec Joseph quand la Prêtrise de Melchisédek [leur] fut conférée mutuellement par la volonté et le commandement de Dieu» (Anderson, p. 22).
Joseph Smith dit que Pierre, Jacques et Jean firent leur visite «dans le désert entre Harmony, comté de Susquehanna, et Colesville, comté de Broome, sur le fleuve Susquehanna» (D&A 128:20).
Le 3 avril 1836, Joseph Smith et Oliver Cowdery s’agenouillèrent pour prier dans le temple de Kirtland et reçurent une autre vision d’une grande importance dans laquelle certaines clefs de la Prêtrise de Melchisédek furent rétablies. Moïse apparut et remit les clefs du rassemblement d’Israël. Élias leur donna les clefs de la dispensation de l’Évangile d’Abraham. Finalement, Élie se tint devant eux comme promis par Malachie et Moroni et leur conféra les clefs du scellement des familles (D&A 110:11-16; 2:1-3).

Bibliographie
Anderson, Richard L. « The Second Witness of Priesthood Restoration ». IE 71, sept. 1968, pp. 15-24.
Barney, Ronald O. “Priesthood Restoration Narratives in the Early LDS Church”. Planifié pour BYU Studies 31, été 1991.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Cowdery, Oliver. « Written in the year of our Lord & Savior 1829–A true copy of the articles of the Church of Christ » Ms. 1829. LDS Church Archives. Ms. de la main d’Oliver Cowdery.
Hartley, William G. “Upon You My Fellow Servants: Restoration of the Priesthood”. Dans The Prophet Joseph: Essays on the Life and Mission of Joseph Smith, dir. de publ. Larry C. Porter et Susan Easton Black, pp. 49-72. Salt Lake City, 1988.
Jessee, Dean C. “Dating the Restoration of the Melchizedek Priesthood”, Ensign 9, juin 1979, pp. 5-10.

Prêtrise lévitique
Auteur: Ballantyne, Verdon W.

Le terme Prêtrise lévitique est aujourd’hui rarement utilisé et on l’applique parfois à la Prêtrise d’Aaron (Hé. 7:11; D&A 107:1, 6, 10). Moïse et son frère Aaron appartenaient à la tribu de Lévi. La révélation moderne montre qu’avant la mort de Moïse, la Prêtrise de Melchisédek et la loi supérieure de l’Évangile furent ôtées aux Israélites à cause de leur désobéissance. Aaron et ses fils reçurent alors une moindre prêtrise pour administrer la loi inférieure de Moïse comme prêtres en Israël (D&A 84:18-28; Ex. 28:1). Pour aider Aaron et ses fils, d’autres membres masculins dignes appartenant à la tribu de Lévi reçurent également de l’autorité dans la moindre prêtrise, mais ils ne pouvaient pas être prêtres. Les clefs de cette prêtrise demeurèrent chez Aaron et sa postérité directe (MD, pp. 9-10; Widtsoe, pp. 12-17). Par conséquent, la moindre prêtrise fut appelée Prêtrise d’Aaron, d’après Aaron, mais est parfois appelée prêtrise lévitique parce que tous ceux qui la possédaient dans les temps anciens appartenaient à la tribu de Lévi (No. 3:12-13). À strictement parler, la prêtrise lévitique est une moindre partie de la Prêtrise d’Aaron, détenue parmi ceux qui étaient Lévites, mais pas de la famille d’Aaron. Les Doctrine et Alliances disent: «Il y a, dans l'Église, deux prêtrises, celle de Melchisédek et celle d'Aaron, qui comprend la Prêtrise lévitique» (D&A 107:1). Il est prévu que dans le rétablissement de toutes choses, les fils de Lévi fonctionneront de nouveau dans la prêtrise lévitique sur la terre (Mal. 3:2-3).

Bibliographie
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
VERDON W. BALLANTYNE

Ancien, Prêtrise de Melchisédek
Auteur : Vetterli, Richard R.

« Ancien » est un office de la Prêtrise de Melchisédek de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours auquel les membres masculins dignes peuvent être ordonnés à l'âge de dix-huit ans ou plus. Le nom « ancien » est également utilisé comme titre général pour tous les détenteurs de cette prêtrise, quel que soit l’office de prêtrise spécifique qu'ils détiennent (D & A 20:38 ; cf. 1 Pierre 5:1 ; 2 Jean 1:1 ; 3 Jean 1:1).
En mai 1829, Jean-Baptiste, qui leur avait conféré la Prêtrise d'Aaron, promit à Joseph Smith et à Oliver Cowdery qu'ils deviendraient « en temps voulu » les premier et deuxième anciens de l'Église (JS — H 1:72 ; HC 1:40-41). Peu après, ils prièrent pour plus d'informations :
« Il n’y avait pas longtemps que nous nous livrions à une prière fervente et solennelle, quand la parole du Seigneur nous parvint dans la chambre, nous commandant que j’ordonne Oliver Cowdery ancien dans l'Église de Jésus Christ et qu'il devrait aussi m'ordonner au même office et puis en ordonner d'autres selon que cela nous serait commandé de temps à autre. Il nous fut cependant commandé de postposer notre ordination jusqu'à ce qu'il fût possible de rassembler nos frères qui avaient été et qui allaient être baptisés [HC 1:60-61 ; cf. JS — H 1:72].
Ces ordinations furent accomplies le 6 avril 1830, lors de l'organisation de l'Église (D&A 20:1-4).
Les anciens ont pour devoir d’être des « ministres permanents » (D&A 124:137) afin de veiller sur l'Église, aider à en gérer les affaires, enseigner et conseiller. Ils ont l’autorité de conférer le don du Saint-Esprit par l'imposition des mains et de donner des bénédictions, y compris la guérison des malades. Les anciens peuvent accomplir toutes les fonctions de la Prêtrise d’Aaron, notamment baptiser et bénir la Sainte-Cène. Ils ont l'autorité, sous la direction de l’évêque de la paroisse ou du président de pieu, de conférer la Prêtrise d'Aaron ou la Prêtrise de Melchisédek aux bénéficiaires dignes et d'ordonner d’autres anciens, instructeurs, prêtres et diacres. Ils peuvent faire une mission (voir D&A 20:38-50, 70 ; 42:12, 44) et peuvent être appelés à divers autres postes de direction ou de service. À la conférence générale d’octobre 1904, le président Joseph F. Smith dit que les anciens devaient être des « ministres permanents au pays , être prêts à répondre à l'appel des officiers présidents de l'Église et de pieu, à travailler dans le ministère au pays et à officier dans tout appel qui peut leur être confié, que ce soit pour travailler dans les temples ou dans l’œuvre du ministère au pays, ou que ce soit pour aller dans le monde avec les soixante-dix prêcher l'Évangile » (CR, octobre 1904, p. 4). Dans les endroits où l'Église n'est pas complètement organisée, les membres se réunissent dans des branches sous la direction d’un ancien appelé président de branche (voir Organisation : Organisation contemporaine).
Tous les anciens résidant dans une paroisse sont organisés en un collège comptant jusqu’à quatre-vingt-seize membres (D&A 107:89). Ils sont dirigés par un président, deux conseillers et un secrétaire appelés parmi les membres du collège par le président de pieu. La présidence du collège des anciens fait rapport au président de pieu, mais pour tous, le service et les activités locales demeurent sous la juridiction de l'évêque de la paroisse. Les anciens se réunissent en collège au moins chaque dimanche. Ils ont la responsabilité de s’intégrer mutuellement et d’aider à administrer les programmes et les activités du collège, dans la paroisse et dans le pieu, avec l'intention d'améliorer la condition de l'humanité (voir Services d'entraide). Les anciens sont dirigés par révélation pour fonctionner dans un esprit d'amour, de gentillesse, de persuasion patiente et de justice (D&A 121:41-46).
L'utilisation du mot « ancien » diffère de l'usage de ce terme dans les sociétés où il désigne les personnes âgées qui exercent une influence et de l'autorité dans la communauté en raison de leur âge, de leur statut, de leur sagesse, de leur expérience et de leur réputation, ou sur désignation par le groupe. Le terme était commun aux sociétés anciennes comme celles de l'Égypte, de Madian et de Moab (Genèse 50:7 ; Nombres 22:7). Les anciens (c.-à-d., les zeqenim, les « vieux ») étaient des dirigeants éminents des tribus israélites pendant l'exode (Exode 4:29). Apparemment, ils assistaient Moïse dans l'administration de la justice (Lévitique 4:13-21 ; 9:1 ; Nombres 16:25), et certains étaient manifestement autorisés à participer à des cérémonies religieuses sacrées (Exode 24:9-11 ; Nombres 11:16-26). Après la conquête de Canaan, l'autorité municipale des anciens augmenta et ils aidèrent au gouvernement des communautés tribales. Ils jouèrent un rôle quand il s’agit d’accepter un roi (2 Samuel 3:17-21 ; 5:3) et dans d'autres fonctions communautaires et religieuses (1 Rois 8:1-3 ; 20:7-8). Des dizaines de fonctions de ce genre sont mentionnées dans les livres historiques de l'Ancien Testament. Avec le prophète Ézéchiel, ces anciens furent les principaux dirigeants pendant la captivité à Babylone (605 av. J.-C., par exemple, Ézéchiel 8:1 ; 14:1-5). Plusieurs années après le retour d'exil, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens composèrent le Sanhédrin, le conseil qui gouvernait Juda. Un conseil local de vingt-trois anciens gouvernait chaque communauté. À l'époque du Nouveau Testament, des anciens étaient nommés comme dirigeants ecclésiastiques pour chacune des assemblées chrétiennes locales (Actes 14:23 ; 15:6 ; 20:17-28 ; Tite 1:5 ; Jacques 5:14 ; 1 Pierre 5:1-4). Ils se retrouvaient avec les apôtres dans les conseils et le gouvernement de l'Église et fonctionnaient parmi leurs frères chrétiens d’une manière semblable au Sanhédrin juif (Actes 11:30 ; 15:2 ; 16:4 ; 21:18). Des « superviseurs » ou « évêques » peuvent avoir été choisis parmi les anciens de bonne réputation (Actes 20:17-28 ; Tite 1:5-9 ; cf.1 Timothée 3:1-7).

Bibliographie
Davies, G. Henton. "Elder in the Old Testament." Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 72-73. Nashville, Tenn., 1962.
McConkie, Bruce R. Only an Elder. Salt Lake City, 1978.
Shepherd, M. H., Jr. "Elder in the New Testament." Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 73-75. Nashville, Tenn., 1962.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
R. RICHARD VETTERLI

Prière
Auteur: BLANCH, MAE

C’est une prière qui a marqué le commencement de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours quand Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ sont apparus en réponse à la supplication de Joseph Smith, le prophète, pour savoir à laquelle des églises voisines il devait se joindre. Le jeune Joseph Smith avait suivi l’invitation de Jacques: «Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement… Mais qu’il la demande avec foi, sans douter» (Ja. 1:5-6). Dieu a répondu à la demande sincère et fervente du garçon (JS–H 1:5-20). Et cette première vision montre que la prière est la manière de communiquer avec Dieu et de recevoir la révélation de sa part. La foi, la sincérité, l’obéissance et la recherche sont des attributs qui élèvent l’âme vers Dieu; c’est là le caractère essentiel de la prière pour le saint des derniers jours.
Adam et Ève ont commencé à prier Dieu après avoir été chassés du jardin d’Éden. «Et Adam et Ève, sa femme, invoquèrent le nom du Seigneur, et ils entendirent la voix du Seigneur venant de la direction du jardin d’Éden, leur parlant, mais ils ne le virent pas» (Moï. 5:4). Bien qu’ils fussent séparés de Dieu, la communication avec lui était possible et importante, parce que le Seigneur a commandé: «Tu feras tout ce que tu fais au nom du Fils, tu te repentiras et invoqueras dorénavant Dieu au nom du Fils» (Moï. 5:8).
Chez les saints des derniers jours, ce commandement de prier est toujours d’application. Le Seigneur commande: «Demandez et vous recevrez, frappez et l’on vous ouvrira» (D&A 4:7; cf. Mt. 7:7). Les instructeurs au foyer, par exemple, doivent «rendre visite à chaque membre et… l’exhorter à prier à haute voix et en secret et à remplir tous ses devoirs de famille» (D&A 20:47). D’autres Écritures soulignent ces commandements importants: «Priez toujours de peur que le Malin n’ait pouvoir sur vous et ne vous enlève de votre place» (D&A 93:49). «Prie toujours de peur d’entrer en tentation et de perdre ta récompense» (D&A 31:12). «Car si vous écoutiez l’Esprit, qui enseigne à l’homme à prier, vous sauriez que vous devez prier; car l’esprit malin n’enseigne pas à l’homme à prier, mais lui enseigne qu’il ne doit pas prier. Mais voici… vous devez toujours prier, et ne pas vous relâcher… vous ne devez rien faire pour le Seigneur sans tout d’abord prier le Père, au nom du Christ, qu’il consacre votre œuvre à vous-mêmes, afin que votre œuvre soit pour le bien-être de votre âme» (2 Né. 32:8-9). Les Écritures précisent donc que la prière est un commandement aussi bien qu’une occasion de communiquer avec Dieu et de recevoir des bénédictions et des directives de lui.
L’Église n’utilise des prières fixes que dans les ordonnances du temple, dans les deux prières de Sainte-Cène et dans la prière du baptême. «Par révélation, le Seigneur a donné à l’Église… des prières fixes pour nos ordonnances sacrées…. [Celles-ci] ont trait à l’expiation du Seigneur Jésus-Christ, à sa crucifixion, à son ensevelissement et à sa résurrection. Toutes les ordonnances dans lesquelles nous utilisons ces prières nous placent sous l’alliance solennelle d’obéir à Dieu» (Kimball et autres, p. 56). Dans tous les autres cas, les saints des derniers jours s’expriment dans leurs propres termes.
Bien qu’il y ait peu de prières fixes dans leur culte, les saints des derniers jours suivent un schéma quand ils prient. On s’adresse à son Père céleste, selon l’exemple donné par le Christ quand il a enseigné à ses disciples comment prier (Mt. 6:9; 3 Né. 13:9). Sa prière sert de modèle: Les disciples doivent louer et remercier Dieu, demander ce dont ils ont physiquement besoin au jour le jour et demander d’avoir le pouvoir spirituel de pardonner, d’être pardonnés et de résister à la tentation. Dans ses prières, Jésus employait des termes simples et expressifs, évitant les vaines répétitions et les expressions fleuries (Mt. 6:5-13; 3 Né. 13:5-13; 19:20-23, 28-29; cf. 3 Né. 17:14-17; 19:31-34). Ce qui est plus important que les mots, c’est le sentiment qui accompagne la prière. Le Christ a réitéré un avertissement clair et prophétique: «Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi» (Mt. 15:8; cf. És. 29:13). Quand on loue Dieu, qu’on le remercie, que l’on demande ce dont on a besoin – en n’oubliant pas de prier que la volonté de Dieu soit faite – le langage doit être respectueux, humble et sincère. Il faut éviter de répéter inutilement le nom de Dieu, de même que les clichés vides. On termine la prière en disant qu’on la fait au nom de Jésus-Christ, concluant par amen. Quand quelqu’un prie en faveur d’un groupe, les membres répètent d’habitude l’ «amen» final à haute voix, exprimant l’acceptation de ce qui a été dit. En privé, la personne ou les membres de la famille se mettent à genoux, la tête baissée et les yeux fermés. En public, celui qui prie est habituellement debout, mais respecte aussi le comportement qui convient à la prière. La longueur d’une prière est plus ou moins déterminée par l’occasion, mais généralement la prière est raisonnablement concise, remerciant Dieu et lui demandant ce dont le groupe a besoin, évitant de faire un sermon ou de parler avec emphase. Pour les prières d’ouverture et de clôture, l’Église enseigne que la personne qui prie doit exprimer l’adoration plutôt que de se donner en spectacle ou de faire un sermon.
La prière est une forme de culte aussi bien familiale qu’individuelle. Habituellement, la journée commence et finit par une prière. Une fois par jour au moins, les familles de l’Église doivent prier ensemble (voir Prière en famille). Le père, ou la mère en son absence, invite un membre à prier pour la famille. Au fil des jours, chaque membre de la famille a l’occasion de diriger la prière en famille. Une bénédiction sur la nourriture qui remercie Dieu précède aussi chaque repas, les enfants en bas âge faisant souvent cette prière simple, au début avec l’aide d’un des parents. En outre, on est invité à prier toutes les fois que le désir ou le besoin s’en fait sentir: pour remercier pour une bénédiction spéciale, pour demander de l’aide dans des circonstances difficiles ou pour parler avec Dieu de préoccupations quelconques. Toutes les réunions officielles de l’Église commencent et finissent par une prière et d’autres événements dont les saints des derniers jours ont la responsabilité, tels que les compétitions sportives, les concerts et les pièces de théâtre patronnées par l’Église commencent par une prière.
Une autre pratique associée à la prière est le jeûne respecté le premier dimanche du mois. Les saints des derniers jours s’abstiennent de deux repas consécutifs, finissant leur jeûne par une réunion de jeûne et de témoignage, témoignant publiquement de Dieu et du Christ et rendant grâces de la bonté et des bénédictions de Dieu. En outre, toutes les fois que les circonstances l’indiquent, le jeûne s’accompagne de supplications spéciales à Dieu et est parfois observé par une assemblée entière pour demander des bénédictions spéciales en dehors du cours ordinaire des événements (voir D&A 27:18).
La portée universelle de la prière a été décrite par le prophète Alma le Jeune dans le Livre de Mormon: «Je voudrais que vous soyez humbles… demandant tout ce dont vous avez besoin, tant spirituellement que temporellement, rendant toujours grâces à Dieu de tout ce que vous recevez» (Alma 7:23). Amulek, un maître remarquable dans le Livre de Mormon, suit ces qualités essentielles de la prière quand il conseille aux hommes et aux femmes de prier au sujet des besoins physiques: «Invoquez [Dieu] lorsque vous êtes dans vos champs, oui, pour tous vos troupeaux. Invoquez-le dans vos maisons, oui, pour toute votre maison, le matin, à midi et le soir… Invoquez-le pour les cultures de vos champs, afin que vous en retiriez la prospérité. Invoquez-le pour les troupeaux de vos champs, afin qu’ils s’accroissent» (Alma 34:20-21, 24-25). Ainsi, un étudiant peut prier pour ses études, un commerçant pour ses affaires, une mère et un père pour le bien-être de leurs enfants. Même si l’on prie pour des besoins matériels, des résultats spirituels peuvent également se produire et vice-versa. Un étudiant qui prie pour ses études ne risque pas de tricher aux examens; un commerçant qui prie pour ses affaires ne risque pas d’être malhonnête.
Alma le Jeune recherchait d’autres bénédictions spirituelles encore: «Ô Seigneur, j’ai le cœur extrêmement attristé; veuille consoler mon âme dans le Christ. Ô Seigneur, veuille m’accorder d’avoir de la force afin que je souffre avec patience ces afflictions qui vont tomber sur moi à cause de l’iniquité de ce peuple… Ô Seigneur, veuille nous accorder [à Alma et à ses compagnons missionnaires] de réussir à te les ramener [les Lamanites] dans le Christ. Voici, ô Seigneur, leur âme est précieuse… c’est pourquoi, donne-nous, ô Seigneur, du pouvoir et de la sagesse, afin que nous te ramenions ceux-ci, qui sont nos frères» [Alma 31:31-35].
L’intention de la prière d’Alma est à la base du programme missionnaire de l’Église. Amulek, le disciple d’Alma, a également dit à son peuple: «Invoquez-le [Dieu] contre le diable, qui est l’ennemi de toute justice» (Alma 34:23). Les bénédictions spirituelles pour lesquelles on pourrait prier sont le réconfort quand on est dans l’affliction, la force de résister à la tentation, la sagesse de discerner le bien du mal, la compassion pour pardonner aux autres et comprendre la volonté de Dieu pour la vie de la personne. Un but important de la prière est de remercier Dieu de la vie elle-même et de tout ce qui la rend précieuse. L’ingratitude est une offense envers Dieu parce que c’est le refus de reconnaître son pouvoir et son amour (D&A 59:14-21). Rendre grâces est une manière de louer Dieu en reconnaissant sa main toujours présente.
On enseigne aux saints des derniers jours qu’une préparation est nécessaire si l’on veut communiquer efficacement avec Dieu. Un moment et un endroit calmes permettent la réflexion tranquille concernant les demandes précises que l’on peut faire. Joseph Smith est allé dans un bosquet voisin prier pour avoir la réponse à sa question et a reçu sa vision glorieuse. Il a été dit à Job: «Pour toi, dirige ton cœur vers Dieu, étends vers lui tes mains» (Job 11:13). Alma le Jeune a énuméré les qualités d’un cœur préparé pour la prière: «Je voudrais que vous soyez humbles, et que vous soyez soumis et doux, faciles à supplier, pleins de patience et de longanimité… diligents à garder en tout temps les commandements de Dieu…Et veillez à avoir la foi, l’espérance et la charité, et alors vous abonderez toujours en bonnes œuvres» (Alma 7:23-24). Moroni 2 a souligné le besoin «d’un cœur sincère… [d’une] intention réelle… [et de] foi au Christ» (Mro. 10:4).
Les saints des derniers jours croient que les rapports avec les autres doivent également s’harmoniser avec les enseignements du Christ. Le Christ a enseigné que le pécheur ne peut obtenir le pardon de Dieu que s’il est disposé à pardonner à ceux qui ont péché contre lui (Mt. 6:14-15; Mc. 11:25-26). Un cœur préparé est également un cœur qui donne. Amulek a parlé de cette qualité: «Je vous le dis, ne pensez pas que ce [prier] soit là tout; car… si vous renvoyez les nécessiteux et les nus, et ne visitez pas les malades et les affligés, et ne donnez pas de vos biens, si vous en avez, à ceux qui sont dans le besoin — je vous le dis, si vous ne faites rien de cela, voici, votre prière est vaine et ne vous sert de rien, et vous êtes comme des hypocrites qui renient la foi» (Alma 34:28).
Quand le cœur est préparé, Dieu promet une réponse. Les anciens du début de l’Église ont reçu la promesse que «si vous êtes purifiés et lavés de tout péché, vous demanderez ce que vous voudrez au nom de Jésus, et cela se fera» (D&A 50:29). Cette assurance est répétée en des termes encore plus forts à tous ceux qui prient: «Moi, le Seigneur, je suis lié lorsque vous faites ce que je dis; mais lorsque vous ne faites pas ce que je dis, vous n’avez pas de promesse» (D&A 82:10). Cependant, il est sage de prier que la volonté de Dieu soit faite, même si cela signifie qu’une demande sera refusée. Dieu avertit que demander ce qui «ne vous est pas utile» tournera à la «condamnation» (D&A 88:64-65).
On trouve un exemple de réponse à une prière faite avec foi dans l’expérience d’Oliver Cowdery, l’un des premiers anciens de l’Église, quand il a essayé d’aider à la traduction du Livre de Mormon. Il lui a été dit de «l’étudier dans [son] esprit» et, si sa traduction était exacte, cela lui serait confirmé par une brûlure dans sa poitrine; si c’était faux, il aurait un «engourdissement de pensée» (D&A 9:8-9). Quand une prière est exaucée, on éprouve la paix de l’esprit et l’assurance que Dieu a entendu, même si la réponse est non. La soumission du Sauveur quand il prie à Gethsemané montre la voie: «Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne» (Lu. 22:42).

Bibliographie
Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle, pp. 21-58. Salt Lake City, 1972.
Kimball, Specer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball, pp. 115-127. Salt Lake City, 1982.
Kimball, Spencer W., Prayer. Salt Lake City, 1977
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1, pp. 233-237. Salt Lake City, 1975.

Proclamations de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres
Auteur: Matthews, Robert J.

Dans l’accomplissement de leur appel d’apôtres, prophètes, voyants, révélateurs et porte-parole de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres ont de temps en temps publié des proclamations, des déclarations, des lettres et diverses annonces publiques officielles. Celles-ci ont parfois été adressées aux membres de l’Église (comme une sorte d’épître générale) et parfois au grand public. Toutes les déclarations de ce genre ont été solennelles et sacrées de nature et ont été publiées avec l’intention de faire avancer, édifier et régler les affaires de l’Église, royaume de Dieu sur la terre. Parmi les thèmes, il y a des instructions sur la doctrine, la foi et l’histoire, des avertissements à propos des jugements à venir, des invitations à aider à l’œuvre et des déclarations sur la croissance et les progrès de l’Église.
Quelques-unes seulement des nombreuses déclarations officielles ont été qualifiées de «proclamations». D’autres ont été qualifiées de «Déclaration officielle», «Exposé doctrinal» ou «Epître». Certaines ont la signature de la Première Présidence, d’autres de la Première Présidence et des Douze, d’autres encore des Douze seulement. Cet article examine quatre documents: (1) la proclamation de la Première Présidence du 15 janvier 1841, à Nauvoo, (2) la proclamation des douze apôtres du 6 avril 1845 à New York et du 22 octobre 1845 à Liverpool, (3) la proclamation de la Première Présidence et des douze apôtres du 21 octobre 1865 à Salt Lake City et (4) la proclamation de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres du 6 avril 1980, publiée à Fayette, New York.
1.    Proclamation de la Première Présidence de l’Église aux saints dispersés au dehors (15 janvier 1841, Nauvoo, Illinois)
[Ce document, signé par Joseph Smith, Sidney Rigdon et Hyrum Smith passe en revue les progrès faits par l’Église en dépit des difficultés et des persécutions et parle longuement des perspectives d’installation à Nauvoo, comme l’illustrent les extraits suivants.]
Frères bien-aimés: Les relations que nous avons avec l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours font qu’il est nécessaire que nous fassions de temps en temps connaître les circonstances, la situation et les perspectives d’avenir de l’Église et que nous donnions les instructions qui peuvent être nécessaires au bien-être des saints et à l’avancement des objectifs susceptibles de favoriser leur bonheur actuel et éternel.
Nous devons féliciter les saints pour les progrès de la grande œuvre des «derniers jours», car non seulement elle s’est répandue de toutes parts sur ce vaste continent, mais aussi sur le continent européen et sur les îles de la mer, elle se répand d’une manière totalement sans précédent dans les annales du temps. Ceci nous apparaît d’autant plus agréable quand nous considérons qu’il ne s’est passé que peu de temps depuis que nous avons été impitoyablement chassés de l’état du Missouri après avoir subi des cruautés et des persécutions sous des formes diverses et horribles…
Il serait impossible d’énumérer tous ceux qui, dans notre période de détresse profonde, se sont noblement portés à notre secours et, comme le bon Samaritain, ont versé de l’huile sur nos plaies et contribué généreusement à nos besoins et les citoyens de Quincy en masse et la population de l’Illinois ont semblé généralement rivaliser entre eux dans cette œuvre d’amour…
Nous voudrions de même mentionner les autorités de cet état qui, sans considération de parti, sont sans hésitation, généreusement, ouvertement, hardiment et noblement venus à notre aide, nous ont accueillis comme citoyens et amis, nous ont pris par la main et nous ont donné toutes les bénédictions de la liberté civile, politique et religieuse, en nous accordant, à la date du 16 décembre 1840, l’une des chartes les plus libérales, avec les pouvoirs les plus pléniers jamais conférées par une assemblée législative à des citoyens libres, «la Ville de Nauvoo», la «Légion de Nauvoo» et «l’Université de la Ville de Nauvoo»…
Le nom de notre ville (Nauvoo) est d’origine hébraïque et signifie une belle situation ou endroit, contenant aussi l’idée de repos, et décrit véritablement l’endroit le plus ravissant qui soit. Il est situé sur la rive est du fleuve Mississippi, en amont des rapides de Des Moines, dans le comté de Hancock, bordé à l’est par une vaste prairie d’une beauté sans pareille et au nord, à l’ouest et au sud par le Mississippi…
Ayant été un instrument entre les mains de notre Père céleste pour jeter les fondements du rassemblement de Sion, nous dirions que tous ceux qui apprécient les bénédictions de l’Évangile et sont conscients de l’importance d’obéir aux commandements du ciel, qui ont eu en bénédiction la possession des biens de ce monde, se préparent d’abord au rassemblement général; qu’ils liquident leurs biens aussi rapidement que les circonstances le permettent, sans faire de trop grands sacrifices et viennent s’installer dans notre ville et notre comté; qu’ils fondent et exploitent des fabriques en ville, achètent et cultivent des exploitations agricoles dans le comté. Cela nous assurera notre héritage permanent et préparera la voie au rassemblement des pauvres. Ceci est conforme à l’ordre du ciel et le seul principe en vertu duquel le rassemblement peut être accompli. Donc que les riches et tous ceux qui peuvent aider à édifier cet endroit fassent tous les préparatifs pour avancer sans tarder, fortifier nos mains et contribuer au bonheur des saints…
Le Temple du Seigneur est en cours de construction ici, où les saints viendront adorer le Dieu de leurs pères selon l’ordre de sa maison et le pouvoir de la sainte prêtrise, et il sera construit de manière à permettre l’exercice de toutes les fonctions de la prêtrise et à être un lieu où les instructions du Très-Haut seront reçues et, de cet endroit, envoyées dans les pays lointains. Concentrons donc tous nos pouvoirs, en vertu des dispositions de notre grande charte accordée par le gouvernement de l’Illinois, à la «Ville de Nauvoo» et à la région environnante et efforçons-nous d’imiter l’action des anciens pères et patriarches de l’alliance, dans ces choses qui sont d’une telle importance pour cette génération et toutes les générations qui suivront…
Les plus grandes bénédictions temporelles et spirituelles qui découlent toujours de la fidélité et de l’effort concerté n’ont jamais accompagné les efforts ou les entreprises individuelles. L’histoire de toutes les époques passées certifie abondamment ce fait. En plus de toutes les bénédictions temporelles, il n’y a aucune autre manière de sauver les saints en ces derniers jours [que par le rassemblement], comme le prouvent les témoignages concordants de tous les saints prophètes, parce qu’il est écrit: «Ils viendront de l’orient et seront rassemblés de l’occident; le septentrion donnera et le midi ne retiendra pas.» «Les fils de Dieu seront rassemblés de loin et ses filles des extrémités de la terre.»
Les témoignages de tous les prophètes concordent aussi pour dire que ce rassemblement de tous les saints doit avoir lieu avant que le Seigneur vienne «se venger des impies» et soit glorifié et admiré par tous ceux qui obéissent à l’Évangile. Le cinquantième psaume, du premier au cinquième verset inclus, décrit la gloire et la majesté de cet événement.
«Dieu, Dieu, l’Éternel, parle, et convoque la terre, depuis le soleil levant jusqu’au soleil couchant. De Sion, beauté parfaite, Dieu resplendit. Il vient, notre Dieu, il ne reste pas en silence; devant lui est un feu dévorant, autour de lui une violente tempête. Il crie vers les cieux en haut, et vers la terre, pour juger son peuple: Rassemblez–moi mes fidèles, qui ont fait alliance avec moi par le sacrifice !»
Nous pourrions proposer beaucoup d’autres citations des Écritures, mais nous nous abstiendrons, les pensant bien connus des saints.
Nous souhaiterions que les saints comprennent que, quand ils viennent ici, ils ne doivent pas s’attendre à la perfection ou que tout sera entente, paix et amour; s’ils entretiennent cette idée, ils seront assurément déçus, parce qu’il y a ici des personnes, non seulement de différents états, mais de différentes nations qui, bien qu’éprouvant un grand attachement à la cause de la vérité, ont les préjugés de leur éducation et, par conséquent, il faut un certain temps pour surmonter tout cela… Que ceux qui viennent ici soient donc décidés à garder les commandements de Dieu et ne se laissent pas décourager par ces choses que nous avons énumérées et alors ils prospéreront – l’intelligence du ciel leur sera communiquée et ils finiront par voir les choses de la même façon et par se réjouir dans le plein épanouissement de cette gloire qui est réservée aux justes.
Pour construire le Temple du Seigneur, de grands efforts seront requis de la part des saints, de sorte qu’ils puissent construire une maison qui sera acceptée par le Tout-Puissant, dans laquelle sa puissance et sa gloire se manifesteront. Par conséquent, que ceux qui peuvent faire généreusement sacrifice de leur temps, de leurs talents et de leurs biens, pour la prospérité du royaume et pour l’amour qu’ils ont pour la cause de la vérité, fassent leurs adieux à leurs maisons et aux endroits plaisants où ils demeurent, s’unissent à nous dans la grande œuvre des derniers jours et prennent part aux tribulations, afin de participer finalement à la gloire et au triomphe.
Nous souhaitons de même qu’il soit bien clair que nous ne prétendons à aucune bénédiction que nous ne soyons joyeusement disposés à partager avec nos concitoyens de toutes les confessions et de toutes les options religieuses et nous disons donc que loin de nous limiter à notre propre foi, que tous ceux qui désirent s’installer en ce lieu ou dans les environs viennent et nous les accueillerons comme citoyens et amis, et non seulement nous nous ferons un devoir, mais que ce sera aussi un honneur, de rendre la bonté que nous ont manifestée les citoyens bienveillants de l’état de l’Illinois.
Joseph Smith, Sidney Rigdon, Hyrum Smith, présidents de l’Église [HC 4:267-273].
2.    Proclamation des douze apôtres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (6 avril et 22 octobre 1845)
[La Proclamation de 1845 fut publiée par les Douze seulement, parce qu’à ce moment-là il n’y avait pas de Première Présidence à cause du martyre du prophète Joseph Smith le 27 juin 1844. Une nouvelle Première Présidence ne fut organisée qu’en décembre 1847. La proclamation fut apparemment faite en réponse à une révélation donnée le 19 janvier 1841 (D&A 124:1-11). Elle fut imprimée pour la première fois dans une brochure de seize pages le 6 avril 1845 à New York et de nouveau le 22 octobre 1845 à Liverpool. Elle était adressée aux souverains et aux peuples de tous les pays. Ce document annonçait que Dieu avait parlé du haut des cieux et avait rétabli l’Évangile de Jésus-Christ sur la terre. Il parlait des bénédictions et des châtiments à venir, lançait une voix d’avertissement et invitait tous ceux qui étaient intéressés à aider à l’édification du royaume de Dieu sur la terre en vue de la seconde venue du Sauveur. Le 3 octobre 1975, le président Ezra Taft Benson, président du Collège des douze apôtres, parla de cette proclamation et en cita des parties dans son discours à la conférence générale (Ensign 15, oct. 1975, pp. 32-34). On trouvera ci-après des extraits de la Proclamation de 1845.]
À TOUS LES ROIS DU MONDE, AU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE, AUX GOUVERNEURS DES ÉTATS RESPECTIFS ET AUX SOUVERAINS ET PEUPLES DE TOUS LES PAYS. Salutations. Sachez que le royaume de Dieu est venu, comme prédit par les prophètes d’autrefois et demandé dans les prières à toutes les époques, à savoir ce royaume qui remplira la terre entière et demeurera à jamais…
Nous vous envoyons donc, avec l’autorité d’en haut, et vous commandons à tous de vous repentir et de vous humilier comme de petits enfants devant la majesté du Saint et d’aller à Jésus le cœur brisé et l’esprit contrit, et d’être baptisés en son nom pour la rémission des péchés (c’est-à-dire, être ensevelis dans l’eau, à la similitude de son ensevelissement et en ressortir en nouveauté de vie à l’image de sa résurrection) et vous recevrez le don du Saint-Esprit, par l’imposition des mains des apôtres et des anciens, de cette grande et dernière dispensation de miséricorde envers l’homme.
Cet Esprit attestera de la véracité de notre témoignage, éclairera votre esprit et sera en vous comme l’esprit de prophétie et de révélation; il vous fera comprendre et vous rappellera les choses passées et vous montrera les choses à venir…
Par la lumière de cet Esprit, reçue par le ministère des ordonnances – par le pouvoir et l’autorité du Saint Apostolat et de la Sainte Prêtrise, vous serez rendus capables de comprendre et d’être les enfants de la lumière et vous serez ainsi préparés à échapper à tout ce qui va venir sur la terre, et ainsi vous tenir devant le Fils de l’homme.
Nous témoignons que la doctrine ci-dessus est la doctrine ou l’Évangile de Jésus-Christ dans sa plénitude et que c’est le seul Évangile vrai, éternel et immuable et le seul plan révélé sur terre par lequel l’homme puisse être sauvé…
Et nous témoignons en outre que le Seigneur a commandé la construction d’une ville et d’un temple saints sur ce continent, pour la Dotation et les ordonnances relatives à la prêtrise et pour que les Gentils et le reste d’Israël s’y rendent afin d’adorer le Seigneur et être instruits de ses voies et marcher dans ses entiers; en bref, afin de terminer leurs préparatifs pour la venue du Seigneur…
Les saints des derniers jours, depuis leur organisation en 1830, ont été un peuple pauvre, persécuté, maltraité et affligé. Ils ont sacrifié libéralement leur temps et leurs biens pour poser les fondements du royaume de Dieu et étendre sa domination par le ministère de l’Évangile. Ils ont connu les privations, la faim, l’emprisonnement et la perte de maisons, de terres, et de droits domestiques et politiques pour leur témoignage.
Et ce n’est pas tout. Leur fondateur, M. Joseph Smith, que Dieu a suscité comme prophète et apôtre, puissant en paroles et en actes, et son frère Hyrum, qui était également prophète, ainsi que beaucoup d’autres, ont subi un martyre cruel pour la cause de la vérité et ont scellé leur témoignage de leur sang, mais néanmoins, l’œuvre ne fait, pour ainsi dire, que commencer.
Une œuvre grande, glorieuse et vaste doit encore être réalisée, qui est de propager la vérité et le royaume parmi les Gentils – de rétablir, organiser et instruire les Juifs – de rassembler, instruire, soulager, civiliser, éduquer et apporter le salut au reste d’Israël sur ce continent – d’édifier Jérusalem en Palestine, et les villes, les pieux, les temples et les sanctuaires de Sion en Amérique; et de rassembler les Gentils dans la même alliance et la même organisation – de les instruire en toutes choses pour leur sanctification et leur préparation, afin que toute l’Église des saints, Gentils, Juifs et Israël, soient préparés comme une épouse à la venue du Seigneur…
Nous le disons encore, par la parole du Seigneur, au peuple comme aux souverains, votre aide, votre assistance sont requises dans cette grande œuvre; et vous êtes invités par la présente, au nom de Jésus, à y prendre dorénavant une part active.
Ouvrez vos églises, vos portes et votre cœur à la vérité; écoutez les apôtres et les anciens de l’Église des saints quand ils se rendent dans vos villes et vos quartiers; lisez et sondez soigneusement les Écritures et voyez si ces choses sont ainsi; lisez les publications des saints et aidez à les diffuser à d’autres; recherchez le témoignage de l’Esprit et venez et obéissez à la plénitude glorieuse de l’Évangile et aidez-nous à construire les villes et les sanctuaires de notre Dieu…
Les Gentils convergeront vers cette ville [Sion ou la nouvelle Jérusalem] et vers ses différentes branches ou pieux comme vers une bannière de lumière et de connaissance; oui, les nations et leurs rois et nobles diront: Allons, rendons-nous à la montagne de Sion et au temple du Seigneur, où se trouve sa sainte prêtrise pour servir continuellement devant le Seigneur et où nous pouvons être instruits plus complètement et recevoir les ordonnances de la rémission, de la sanctification et de la rédemption, et être ainsi adoptés dans la famille d’Israël et identifiés dans les mêmes alliances de la promesse….
La ville de Sion, avec son sanctuaire et sa prêtrise, et la plénitude glorieuse de l’Évangile, constituera une norme qui mettra un terme aux credo discordants et aux querelles politiques en unissant les républiques, les états, les provinces, les territoires, les nations, les tribus, les familles, les langues, les peuples et les sectes de l’Amérique du Nord et du Sud en un grand lien commun de fraternité tandis que la vérité et la connaissance les rendront libres et que l’amour cimentera leur union.
Le Seigneur sera également leur roi et leur législateur, tandis que les guerres cesseront et que la paix régnera pendant mille ans…
Nous disons donc, que ce soit dans la vie ou dans la mort, dans les chaînes ou la liberté, que le grand Dieu a parlé à notre époque. – Et nous le savons.
Il nous a donné la sainte prêtrise, le saint apostolat et les clefs du royaume de Dieu pour réaliser le rétablissement de toutes choses comme promis par les saints prophètes d’autrefois. – Et nous le savons.
Il a révélé l’origine et les annales des tribus indigènes de l’Amérique et leur destinée future. – Et nous le savons.
Il a révélé la plénitude de l’Évangile, avec ses dons, ses bénédictions et ses ordonnances. – Et nous le savons…
Il nous a commandé de rassembler ses saints, sur ce continent, et d’édifier des villes saintes et des sanctuaires. – Et nous le savons.
Il a dit que les Gentils iraient à ce même Évangile et cette même alliance et seraient comptés avec la maison d’Israël et seraient à jamais un peuple béni sur cette bonne terre, s’ils se repentent et l’acceptent. – Et nous le savons…
Il a dit que le temps est proche où les Juifs seront rassemblés à Jérusalem. – Et nous le savons.
Il a dit que les dix tribus d’Israël devraient également être révélées dans le pays du nord, ainsi que leurs oracles et leurs annales, en vue de leur retour et de leur union avec Juda pour ne plus être séparés. – Et nous le savons.
Il a dit que quand ces préparatifs seraient faits, tant dans ce pays qu’à Jérusalem, et que l’Évangile dans toute sa plénitude aurait été prêché à toutes les nations à titre de témoignage, il viendrait, et tous les saints avec lui, pour régner mille ans sur la terre. – Et nous le savons.
Il a dit qu’il ne viendra pas dans sa gloire détruire les méchants tant que ces avertissements n’auront pas été donnés et que les préparatifs de sa réception n’auront pas été faits. – Et nous le savons…
Par conséquent, nous le répétons à tous les hommes: repentez-vous et soyez baptisés au nom de Jésus-Christ pour la rémission des péchés et vous recevrez le Saint-Esprit, et vous saurez la vérité, et vous serez comptés avec la maison d’Israël…
New York, 6 avril 1845
AU LECTEUR ANGLAIS. Il ne faut pas oublier que ce qui précède a été écrit aux États-Unis d’Amérique et qu’il convient par conséquent de se rendre compte que la langue, que nous n’avons pas changée, est celle qui est utilisée là-bas… W. Woodruff. Liverpool, 22 octobre 1845 [brochure de Liverpool, bibliothèque de BYU, Provo, Utah: voir aussi MFP 1:252-66].
3.    Proclamation de la Première Présidence et des douze apôtres (21 octobre 1865)
[Ce document s’adresse aux membres de l’Église pour corriger certaines théories au sujet de la nature de Dieu que l’un des Douze avait publiées dans la littérature officielle de l’Église sans faire approuver ces déclarations par la Première Présidence et les Douze.
Le but principal manifeste de cette Proclamation était de mettre en évidence l’ordre établi de l’Église qui veut que tout nouveau point de doctrine soit annoncé uniquement par la Première Présidence. Un paragraphe vers la fin de la Proclamation dit: ]
Il devrait être connu, depuis des années, de toute personne dans l’Église – car des enseignements suffisants ont été donnés sur ce point – qu’aucun membre de l’Église n’a le droit de publier un quelconque point de doctrine comme point de doctrine de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours sans le soumettre préalablement à l’examen et à l’approbation de la Première Présidence et des Douze. Il n’y a qu’un seul homme à la fois sur la terre qui détienne les clefs pour recevoir les commandements et les révélations pour l’Église et qui ait l’autorité de mettre par écrit des points de doctrine comme commandement à l’Église. Et quiconque oublie l’ordre institué par le Seigneur au point d’écrire et de publier ce qui peut être qualifié de nouveau point de doctrine, sans consulter la Première Présidence de l’Église à son sujet, se met dans une situation fausse et s’expose au pouvoir des ténèbres en violant sa prêtrise (MFP 2:239).
[La Proclamation est signée par Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Hyde, John Taylor, Wilford Woodruff, George A. Smith, Amasa M. Lyman, Ezra T. Benson, Charles C. Rich, Lorenzo Snow, Erastus Snow, Franklin D. Richards, George Q. Cannon (MFP 2:235-40).]
4.    Proclamation de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (6 avril 1980)
[Ce document fut élaboré pour la commémoration du 150e anniversaire de l’organisation de l’Église. Le dimanche 6 avril 1980, une partie de la session du dimanche matin de la conférence générale fut diffusée depuis la maison de Peter Whitmer, père, nouvellement reconstruite à Fayette, New York. Le président Spencer W. Kimball parla brièvement de l’organisation de l’Église qui avait eu lieu à cet endroit précis. Il annonça ensuite que l’Église avait une proclamation à faire. Le président conclut en disant:
« Maintenant, mes frères et sœurs, avec l’avenir devant nous, profondément conscients des responsabilités et de la mission divine de l’Église rétablie en cette occasion sacrée, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres lancent une proclamation au monde. Nous avons estimé convenable de publier cette déclaration de cet endroit où l’Église a commencé. En conséquence, je demanderai à Gordon B. Hinckley, du Collège des douze apôtres, de parler en mon nom et en celui de mes frères et de vous lire cette Proclamation, à vous et au monde (CR, avr. 1980, p. 74.)
Gordon B. Hinckley a alors lu la Proclamation depuis la maison des Whitmer à Fayette, New York, proclamation qui a été transmise par satellite au Tabernacle à Salt Lake City et publiée dans le Church News du 12 avril 1980, dans l’Ensign de mai 1980 et dans le Rapport de conférence d’avril 1980. Voici le texte intégral de la proclamation.]
L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours fut organisée il y a 150 ans aujourd’hui. En ce cent cinquantième anniversaire, nous publions au monde une proclamation au sujet de ses progrès, de sa doctrine, de sa mission et de son message.
Le 6 avril 1830, un petit groupe se réunissait dans la ferme de Peter Whitmer dans la circonscription de Fayette (état de New York). Six hommes prirent part aux formalités officielles d’organisation, avec Joseph Smith comme dirigeant. Depuis ce début modeste dans une région rurale, cette œuvre a grandi de manière constante et importante, des hommes et des femmes de beaucoup de pays adoptant la doctrine et entrant dans les eaux du baptême. Il y a maintenant près de quatre millions et demi de membres vivants et l’Église est plus forte et grandit plus rapidement qu’à n’importe quel autre moment de son histoire. Il y a des assemblées de saints des derniers jours dans toute l’Amérique du Nord et du Sud, dans les pays d’Europe, en Asie, en Afrique, en Australie et dans les îles du Pacifique Sud ainsi que dans d’autres régions du monde. On enseigne actuellement l’Évangile rétabli par l’entremise de Joseph Smith en quarante-six langues et quatre-vingt-un pays. Depuis cette petite réunion tenue dans une ferme il y a un siècle et demi, l’Église s’est développée au point de compter aujourd’hui presque 12.000 assemblées organisées.
Nous témoignons que cet Évangile rétabli a été introduit dans le monde par l’apparition merveilleuse de Dieu, le Père éternel, et de son Fils, le Seigneur Jésus-Christ ressuscité. Cette glorieuse manifestation a marqué le début de l’accomplissement de la promesse de Pierre, qui a prophétisé le «temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes», ceci en vue de l’avènement du Seigneur pour régner personnellement sur la terre (Ac. 3:21).
Nous affirmons solennellement que l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est en fait le rétablissement de l’Église fondée par le Fils de Dieu, quand il a organisé son œuvre sur la terre, qu’elle porte son nom sacré, le nom de Jésus-Christ, qu’elle est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes, lui-même étant la pierre principale de l’angle, que sa prêtrise, dans les ordres d’Aaron et de Melchisédek, a été rétablie sous les mains de ceux qui la détenaient dans les temps anciens: Jean-Baptiste, dans le cas de la Prêtrise d’Aaron, et Pierre, Jacques et Jean dans le cas de celle de Melchisédek.
Nous déclarons que le Livre de Mormon a paru par le don et le pouvoir de Dieu et qu’il accompagne la Bible comme autre témoin de Jésus-Christ, le Sauveur et Rédempteur de l’humanité. Ensemble ils témoignent qu’il est le Fils de Dieu.
Nous donnons notre témoignage que la doctrine et les pratiques de l’Église englobent le salut et l’exaltation non seulement pour ceux qui vivent, mais également pour les morts, et que dans des temples sacrés construits à cette fin il se fait une grande œuvre par procuration en faveur de ceux qui sont morts pour que tous les hommes et femmes de toutes les générations puissent devenir bénéficiaires des ordonnances salvatrices de l’Évangile du Maître. Cette grande œuvre désintéressée est l’un des traits distinctifs de cette Église rétablie de Jésus-Christ.
Nous affirmons que la famille, création divine, est sainte et déclarons que Dieu, notre Père éternel, tiendra les parents pour responsables de l’éducation de leurs enfants dans la lumière et la vérité, leur apprenant «à prier et à marcher en droiture devant le Seigneur» (D&A 68:28). Nous enseignons que ces relations familiales entre mari et femme et entre parents et enfants, les plus sacrées de toutes, peuvent se poursuivre éternellement quand le mariage est contracté en vertu de l’autorité de la sainte prêtrise exercée dans des temples consacrés à ces fins divinement autorisées.
Nous rendons témoignage que tous les hommes et femmes sont fils et filles de Dieu, chacun responsable devant lui; que notre vie ici sur terre fait partie d’un plan éternel; que la mort n’est pas la fin, mais plutôt le passage de ce monde à un autre monde d’activité utile rendue possible par l’expiation du Rédempteur du monde et que nous y aurons l’occasion de travailler et de progresser vers la perfection.
Nous témoignons que l’esprit de prophétie et de révélation est parmi nous. «Nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant et nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le Royaume de Dieu» (9e Article de foi). Les cieux ne sont pas scellés; Dieu continue à parler à ses enfants par un prophète autorisé à déclarer sa parole, maintenant comme autrefois.
La mission de l’Église aujourd’hui, comme depuis le commencement, est d’enseigner l’Évangile du Christ au monde entier en obéissance au commandement donné par le Sauveur avant son ascension et répété dans la révélation moderne: «Allez dans le monde entier, prêchez l'Évangile à toute la création, agissant dans l'autorité que je vous ai donnée, baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit» (D&A 68:8).
Par le prophète Joseph Smith, le Seigneur a révélé cet avertissement solennel:

«Écoutez, peuples lointains, et vous qui êtes dans les îles de la mer, prêtez tous l'oreille. Car, en vérité, la voix du Seigneur s'adresse à tous les hommes, et il n'en est aucun qui puisse s'y dérober; et il n'est pas d'œil qui ne verra, pas d'oreille qui n'entendra, pas de cœur qui ne sera pénétré. Et les rebelles seront transpercés d'un grand chagrin, car leurs iniquités seront publiées sur les toits, et leurs actions secrètes seront révélées. Et la voix d'avertissement s'adressera à tous les peuples, par la bouche des disciples que je me suis choisis en ces derniers jours » [D&A 1:1-4].
Il est donc de notre obligation d’enseigner la foi au Seigneur Jésus-Christ, d’inviter les habitants de la terre au repentir individuel, d’administrer les ordonnances sacrées du baptême par immersion pour la rémission des péchés et de l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, tout cela en vertu de l’autorité de la prêtrise de Dieu.
Il est de notre responsabilité d’adopter et de suivre un programme inspiré d’instructions et d’activité et de construire et d’entretenir les locaux qui en permettront l’accomplissement, pour que tous ceux qui entendent et acceptent puissent progresser dans la compréhension de la doctrine et se développer dans les principes du service chrétien à leurs semblables.
Aujourd’hui que nous nous trouvons au faîte de 150 ans de progrès, nous contemplons humblement et avec reconnaissance les sacrifices de ceux qui nous ont précédés, dont beaucoup ont donné leur vie en témoignage de cette vérité. Nous sommes reconnaissants de leur foi, de leur exemple, des grandes choses qu’ils ont faites et de ce qu’ils ont été disposés à consacrer à cette cause qu’ils ont considérée comme plus précieuse que la vie elle-même. Ils nous ont passé un héritage remarquable. Nous sommes résolus à construire sur cet héritage pour le bien-être et le profit de ceux qui suivent, qui constitueront un nombre sans cesse croissant d’hommes et de femmes fidèles sur toute la terre.
C’est l’œuvre de Dieu. C’est son royaume que nous établissons. Daniel, le prophète, en a dit autrefois qu’il était comme une pierre détachée de la montagne sans le secours d’aucune main, qui allait rouler pour remplir la terre entière (voir Da. 2:31-45). Nous invitons tous ceux qui ont le cœur honnête à écouter les enseignements de nos missionnaires qui sont envoyés comme messagers de la vérité éternelle, à étudier, à apprendre et à demander à Dieu, notre Père éternel, au nom de son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, si ces choses sont vraies.
«Et si vous demandez d’un cœur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez connaître la vérité de toutes choses» [Mro. 10:4-5].
Nous invitons tous les hommes et toutes les femmes à abandonner le mal et à se tourner vers Dieu, à œuvrer ensemble pour établir cette fraternité qui doit être reconnue quand nous apprenons vraiment que Dieu est notre Père et que nous sommes ses enfants, et à l’adorer, lui et son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, le Sauveur de l’humanité. Avec l’autorité de la sainte prêtrise dont nous sommes investis, nous bénissons ceux qui cherchent la vérité partout où ils peuvent être et nous invoquons la faveur du Tout-Puissant sur tous les hommes et toutes les nations dont Dieu est le Seigneur, au nom de Jésus-Christ, amen [CR, avr. 1980, pp. 75-77; voir aussi Ensign 10, mai 1980, pp. 51-53].

Bibliographie
Messages of the First Presidency, James R. Clark, comp., 5 vols. Salt Lake City, 1965-1975.
ROBERT J. MATTHEWS

Prophète

[Cette rubrique se compose de deux articles: Prophète: Prophètes présente la croyance des saints aux prophètes passés et présents comme partie intégrante de l’Église, et Prophète: Prophètes bibliques traite du phénomène des prophètes et de la prophétie comme élément distinctif de la religion biblique.]

Prophète: Prophètes
Auteurs: BRITSCH, RALPH A. et BRITSCH, TODD A.

La croyance aux prophètes et à leurs messages est au cœur de la doctrine des saints (4e, 5e, 6e, 7e, 9e A de F). Ils reconnaissent les prophètes bibliques et ceux du Livre de Mormon, aussi bien que les prophètes modernes, comme des serviteurs de Jésus-Christ et acceptent comme Écritures la Bible, le Livre de Mormon, la Perle de Grand Prix et les Doctrine et Alliances. Ils croient que Joseph Smith et tous les présidents de l’Église qui lui ont succédé étaient et sont des prophètes et des représentants de Jésus-Christ.
Le mot «prophète» vient du grec prophetes, qui signifie «instructeur inspiré». Bien que ni le terme grec ni son équivalent hébreu, nabi, n’impliquent au départ la fonction de prédiction (Smith, p. 3), toute prophétie est tournée vers le futur. Puisque le Seigneur a choisi certains de ses serviteurs pour faire des prédictions – pour révéler, parfois en termes précis, des événements importants qui doivent se produire – l’élément prédictif éclipse souvent les autres implications du mot dans l’esprit de certains (voir Révélation; Jésus-Christ: Prophéties au sujet de Jésus-Christ).
Mais le don de prophétie n’est pas limité à ceux dont les paroles ont été enregistrées dans les Écritures. Par définition scripturaire, un prophète est quiconque a le témoignage de Jésus-Christ et est mû par le Saint-Esprit (Ap 19:10; cf. EPJS, pp 93, 127). Moïse, exprimant son approbation concernant deux hommes qui avaient prophétisé, s’écrie: «Puisse tout le peuple de l’Éternel être composé de prophètes; et veuille l’Éternel mettre son esprit sur eux!» (No. 11:26-29). Beaucoup d’écoles des prophètes et de «fils» (disciples) des prophètes, les uns faux, les autres vrais, existaient à l’époque de l’Ancien Testament. À l’époque moderne, parlant de Brigham Young, Wilford Woodruff a dit: «il est prophète, je suis prophète, vous l’êtes et est prophète quiconque a le témoignage de Jésus-Christ, parce que c’est l’esprit de prophétie» (JD 13:165; voir Esprit de prophétie). Il s’ensuit que cet esprit n’agit pas dans tout ce que dit celui qui l’a. Le prophète Joseph Smith explique que «un prophète [n’est] un prophète que quand il agit comme tel» (HC 5:265).
En 1820, un passage de Jacques (1:5) a été à l’origine de la Première Vision de Joseph Smith (JS–H 1:11-20). Trois ans après, tout en instruisant Joseph Smith, l’ange-prophète-messager Moroni a cité les prophètes Malachie, Joël et Ésaïe, qui parlaient de la mission future du Messie et du rôle des prophètes, notamment Élie, dans le rétablissement moderne de l’Évangile. Les révélations données ensuite à Joseph Smith mentionnent souvent les prophètes des Ancien et Nouveau Testaments. Les plus souvent cités, en plus de ceux mentionnés ci-dessus, sont Hénoc, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Pierre, Jacques, Jean et Jean-Baptiste. En avril 1836, les prophètes Moïse, Élias et Élie sont apparus à Joseph Smith et à Oliver Cowdery et leur ont conféré les clefs de la prêtrise (voir D&A 110:11-16). D’autres messagers célestes, tous prophètes, avaient contribué, à partir de 1829, au rétablissement des Prêtrises d’Aaron et de Melchisédek (JS–H 1:68-73).
Joseph Smith eut l’esprit de prophétie après qu’Oliver Cowdery et lui eurent été baptisés en mai 1829 (JS–H 1:73-74), et son office prophétique fut officiellement reconnu quand l’Église fut organisée le 6 avril 1830. Une révélation reçue par lui déclare: «Tu… seras appelé voyant, traducteur, prophète, apôtre de Jésus-Christ, ancien de l’Église… étant inspiré par le Saint-Esprit à en poser les fondations» (D&A 21:1-2). En mars 1836, sous la direction prophétique de Joseph Smith, les membres de l’Église soutinrent la Première Présidence et le Collège des douze apôtres comme prophètes, voyants et révélateurs (HC 2:417). Leurs successeurs ont aussi été soutenus comme tels.
Une série ininterrompue de prophètes a dirigé l’Église depuis la mort de Joseph Smith en 1844: Brigham Young (1844-1877), John Taylor (1877-1887), Wilford Woodruff (1887-1898), Lorenzo Snow (1898-1901), Joseph F. Smith (1901-1918), Heber J. Grant (1918-1945), George Albert Smith (1945-1951), David O. McKay (1951-1970), Joseph Fielding Smith (1970-1972), Harold B. Lee (1972-1973), Spencer W. Kimball (1973-1985), Ezra Taft Benson (1985-1994), Gordon B. Hinckley (1995-2008) et Thomas S. Monson(2008-). Depuis 1847, ces prophètes administrent les affaires de l’Église depuis son siège à Salt Lake City. Ils se consacrent à la mission à laquelle ils ont été appelés d’aider les habitants de la terre à se préparer à la vie éternelle et à l’avènement de Jésus-Christ. Ils assurent la direction du programme missionnaire international de l’Église et de la construction de temples. Le prophète vivant continue à recevoir des révélations, à choisir et à ordonner des dirigeants par l’esprit de prophétie et à être l’instructeur principal de l’Église, enseignant à ses membres la doctrine et une vie juste.
Les prophètes et leurs messages occupent depuis le début une place centrale dans les relations de Dieu avec ses enfants. Bruce R. McConkie, un apôtre, a écrit qu’un prophète préordonné s’est tenu à la tête de l’Église de Dieu dans toutes les dispensations de l’Évangile depuis Adam (voir Moï. 5:9, 10) jusqu’à ce jour, notamment, Noé, Abraham, Moïse, Pierre et Joseph Smith (A New Witness for the Articles of Faith, Salt Lake City, 1985, p. 2).
Les prophètes sont toujours des témoins de Jésus-Christ, un fait qui est particulièrement évident dans le Livre de Mormon. L’expérience commune à tous ses prophètes est le témoignage qu’ils rendent de Jésus-Christ, de sa filiation divine et de sa mission terrestre. Un certain nombre d’entre eux, notamment Léhi, Néphi 1, Jacob, Benjamin, Abinadi, Alma le Jeune et Samuel le Lamanite, ont prédit sa venue (1 Né. 1:19; 10:4; 19:7-8; Jcb. 4:4-5; Mos. 3:5-8). Ils ont prédit son sacrifice expiatoire et sa résurrection (Mos. 3:10-11;15). Avant cela, Néphi avait parlé de prophètes antiques, de Zénos, de Néum et de Zénock (1 Né. 19:10; 3 Né. 10:14-16), qui ont également prédit la visitation de Jésus-Christ en Amérique après sa résurrection (3 Né. 11-26). Étant donné que les saints des derniers jours identifient Jésus-Christ à Jéhovah, ils reconnaissent que les prophètes de l’Ancien Testament ont rendu ce même témoignage (voir Jéhovah, Jésus-Christ).
Indépendamment de sa fonction en tant qu’histoire, le Livre de Mormon est essentiellement un compte rendu des relations de Dieu avec une longue série de prophètes, depuis Léhi, au VIe siècle av. J.-C. jusqu’à Moroni 2, mille ans après. En tant que témoins de Jésus-Christ, tous ont été appelés à être des maîtres de justice. Bien que leurs enseignements soient tous basés sur l’Évangile de Jésus-Christ et qu’ils aient enseigné essentiellement les mêmes choses, le document que nous possédons met l’accent sur des points particuliers: Abinadi souligne que l’on doit vivre la loi de mosaïque avec l’esprit approprié (Mos. 12, 13); Néphi 1 et Alma le Jeune prêchent le baptême et le repentir (2 Né. 31; Mos. 18), de même que les fils d’Alma (Al. 17-29). Beaucoup, notamment Néphi 1, Énos, Éther et Moroni, sont poussés à écrire et à parler de la foi et du don du Saint-Esprit (par exemple, 2 Né. 26:13; 32:2-3). Dans ses recommandations à son fils Jacob, Léhi enseigne les principes de «l’opposition en toutes choses» et du libre arbitre (2 Né. 2). Le roi Benjamin invite son peuple à servir Dieu en se servant mutuellement (Mos. 2:17). Comme leurs homologues de l’Ancien Testament, lui et d’autres prophètes du Livre de Mormon mettent en garde contre la vanité, la cupidité, l’immoralité sexuelle, le matérialisme et les péchés de ce genre; mais ils conseillent aussi l’amour, la bonté, la patience, l’humilité et tout ce qui procure la paix.
Les prophètes hébreux ont parlé pour Dieu pendant de nombreux siècles jusqu’à l’ère post-apostolique, du deuxième au dix-neuvième siècle, quand la foi en la prophétie continue a disparu dans cette partie du monde et quand les gens ont supposé, comme déjà certains du temps de Jésus, que les prophètes étaient morts (Jn. 8:53) et leurs fonctions abolies. Croire que Dieu avait parlé aux hommes de son époque était «le test que la génération du Christ ne put réussir» (CWHN 3:7).
«Celui qui prophétise, écrit Paul, parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console» (1 Co. 14:3) – ce genre de personne enseigne, exhorte et donne l’assurance de l’amour de Dieu. Les prophètes ont proclamé de diverses façons ces messages donnés par Dieu et en insistant sur différents points. Leurs messages, bien qu’intemporels dans leur teneur, s’appliquaient à la vie quotidienne des collectivités et des nations. Certains ont combiné leur fonction de prophète avec d’autres activités, telles qu’être juges, chefs militaires, historiens, poètes et administrateurs religieux et civils.
Certains prophètes ont été des figures populaires et des dirigeants charismatiques – Moïse, Samuel et Alma le Jeune, par exemple. Mais beaucoup ont connu les mauvais traitements et la trahison. Pour chaque prophète qui a été honoré pendant sa vie terrestre, beaucoup ont souffert les persécutions et même le martyre (2 Chr. 36:15-16; Mt. 5:11-12; Mos. 17:20; D&A 135). Il est clair que les messages des prophètes n’étaient pas conçus pour gagner la faveur populaire. Un thème fondamental et commun à tous ces messages est l’appel au repentir. Bien que les prophètes aient conseillé la miséricorde, la fraternité et l’humilité, et bien qu’ils aient promis la vie et la joie à ceux qui ont cherché à aimer Dieu et à recevoir son amour, ils ont prédit que la douleur et le désespoir seraient les conséquences inévitables de l’immoralité, de la cupidité, de l’idolâtrie, de la méchanceté, de l’orgueil et d’autres péchés. Ils ont aspiré à paix, mais ils ont condamné les faux prophètes qui ont crié: «Paix! paix!…Et il n’y a pas de paix» (Jé. 6:14). La suffisance prétentieuse, le matérialisme compulsif et le culte d’autres dieux étaient les caractéristiques principales des faux prophètes et de leurs disciples.
Les messages des prophètes ont revêtu beaucoup de formes. Les principales sont les instructions et les commandements directs de Dieu à ses enfants, comme dans une grande partie du Pentateuque et les Doctrine et Alliances. Beaucoup ont eu la forme de sermons et de cérémonies de renouvellement d’alliances, comme ceux de Moïse et de Josué (De. 4-11; Jos. 24). On trouve des vérités importantes dans les recommandations des prophètes à leurs propres familles, comme dans les paroles de Léhi et d’Alma le Jeune à leurs enfants (2 Né. 1-4; Al. 36-42). Certains messages de prophètes apparaissent dans des lettres telles que les épîtres de Paul, de Jacques, de Pierre et de Jean dans le Nouveau Testament et celles de Joseph Smith dans Doctrine et Alliances 127 et 128. Certains s’expriment sous forme de prière, comme la prière d’actions de grâces de David (2 S. 7:18-29), d’autres sont présentés dans des symboles et de la poésie: le symbolisme d’Ézéchiel et de Jean le Révélateur, les chants de David, les passages poétiques d’Ésaïe et de Jérémie, le langage figuré de Paul (Ép. 6:10-18) et des formules poétiques telles que le «chant nouveau» dans Doctrine et Alliances 84:98-102.
Aucun vrai prophète, ancien ou moderne, ne s’est jamais appelé lui-même à son poste. Certains, tels que Moïse, Amos et Jérémie, ont même accepté l’appel à contre-cœur. D’autres, notamment Jean-Baptiste, Samuel, Néphi 1 et Joseph Smith, ont été appelés dans leur enfance ou leur jeunesse.
Les appels faits à différents prophètes et les communications ultérieures de Dieu avec et par eux se sont produits de diverses manières: par le ministère d’anges, par des songes, par des visions de jour ou de nuit, par l’inspiration prophétique, par une conviction intense confirmée par les événements qui ont suivi, par la voix littérale de Dieu et dans des visitations en tête à tête comme celles que Moïse (Ex. 33:11), Hénoc (Moïse 7:4) et Joseph Smith (JS–H 1:17) ont connues. Tantôt l’appel vient avec une intensité aveuglante, comme dans ceux de Paul et d’Alma le Jeune, tantôt, comme dans le cas d’Élie, le prophète entend «un murmure doux et léger» (1 R. 19:12). Dieu parle souvent à ses prophètes en réponse à leurs prières, mais les vrais prophètes ne sont pas des mystiques qui essayent d’entrer en contact avec l’invisible par des transes auto-induites ou des moyens de ce genre.
L’appel d’un prophète a toujours été fait, et ses messages écrits ou prononcés par le pouvoir du Saint-Esprit, parfois appelé l’Esprit du Seigneur (Ac. 2:1-4, 37-42). Ananias a imposé les mains à Paul pour qu’il recouvre la vue et soit rempli du Saint-Esprit. «Et aussitôt il prêcha… que Jésus est le Fils de Dieu» (Ac. 9:17-20). C’est ce qu’ont également fait les prophètes avant Paul et c’est ce qu’ils ont tous fait depuis. Quelque chose qui va de pair avec le don du Saint-Esprit, c’est le pouvoir de la prêtrise qui a été exercé par les représentants de Dieu dans toutes les dispensations.

Bibliographie
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Nibley, Hugh W. The World and the Prophets. Vol. 3 des CWHN.
Smith, J. M. Powis. The Prophets and Their Times. Chicago, 1925.
Welch, John W. "The Calling of a Prophet." Dans The Book of Mormon: First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, pp. 35-54. Provo, Utah, 1988.
RALPH A. BRITSCH
TODD A. BRITSCH

Prophète: Prophètes bibliques
Auteur: FREEDMAN, DAVID NOEL

Le phénomène prophétique est un trait distinctif de la religion biblique. Sous sa forme complètement développée, il met la religion biblique à part des autres religions du Proche-Orient antique. Comme dans d’autres sujets apparentés, tels que le culte, le sacrifice, les principes moraux et les pratiques, Israël avait beaucoup en commun avec ses voisins. Mais souvent, et spécifiquement dans le domaine de la religion, les peuples de la Bible ont formé et forgé quelque chose de distinctif et de différent de tous ceux qui les ont précédés ou ont continué côte à côte avec eux. Et c’est particulièrement vrai de la prophétie biblique.
À peu d’exceptions près, les reliques de l’antiquité païenne ne suscitent qu’un intérêt marginal chez les savants – rappels désuets qu’ils sont d’un passé lointain – tandis que les prophètes de la Bible parlent à travers les siècles avec des mots et à partir d’expériences qui ont une portée directe sur la vie moderne et une signification pour la civilisation moderne.
Les prophètes bibliques prétendent être à la fois des «prédicteurs» et des prédicateurs et basent leurs prétentions sur leur accès privé au Dieu d’Israël, qui est le maître de l’histoire passée, présente et future. La prophétie comme partie essentielle de la structure théopolitique d’Israël et le mouvement prophétique comme phénomène historique réel commencent avec Samuel et son groupe de disciples au XIe s. av. J.-C., au moment du passage de l’ère des juges aux débuts de la monarchie avec l’installation de Saül comme chef royal de la confédération israélite ou ligue des tribus. Les prophètes, à partir de Samuel, jouent un rôle important, sinon décisif, dans la création mais aussi la censure de la monarchie et continuent à être partie intégrante de la société israélite tant que la monarchie survit et même au-delà, quand il y a encore l’espoir de rétablir la royauté de la maison de David. Bien que Dieu parle généralement aux prophètes par des visions, des manifestations audibles et même des songes, avec Moïse il parle face à face (De. 34; Ex. 33). Et tandis que d’autres prophètes souvent ne font que sentir la présence de la Divinité, Moïse, lui, voyait sa forme et sa personne proprement dites (No. 12; cf. Ex. 33-34).
D’après les comptes rendus bibliques des prophètes et de leurs expériences, on peut se faire une idée des prophètes et de leur appel.
L’APPEL. L’appel et le mandat divins marquent le commencement de la carrière du prophète. Dans tous les cas dont nous avons connaissance, les détails sont saisissants et distinctifs; il n’y a pas deux situations prophétiques qui soient exactement identiques, bien que toutes partagent des éléments importants. Nous avons des données suffisantes pour des gens tels que Moïse, Samuel, Élisée (mais pas Élie) et les grands prophètes littéraires tels que Amos, Osée, Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel pour nous constituer une image composite. Mais les renseignements nous manquent en ce qui concerne l’appel de prophètes comme Nathan et Achija. L’appel, de manière classique, est lancé par Dieu et est souvent accompagné d’une ou plusieurs visions, avec l’un ou l’autre événement extraordinaire ou miraculeux (par exemple, le buisson ardent). C’est la combinaison des circonstances qui persuade le prophète (ou la prophétesse) qu’il (ou elle) n’a pas des hallucinations mais est en contact avec le Dieu vivant.
LE MANDAT. L’appel est toujours accompagné d’un mandat. Le but est d’enrôler le prophète pour qu’il mène à bien une mission ou un devoir, qu’il fasse quelque chose en réponse à l’appel. Certains prophètes sont réticents à prendre une telle responsabilité et se trouvent donc des excuses ou essaient d’autres façons d’éluder leur appel (par exemple, Moïse, Jérémie et, surtout, Jonas). D’autres prophètes sont impatients d’accomplir leur tâche et s’empressent de le faire (par exemple, Ésaïe, Ézéchiel, peut-être Osée). Les règles de base pour le prophète – disons, l’ordre de marche – sont données succinctement et avec éloquence dans le livre de Jérémie: «Tu iras vers tous ceux auprès de qui je t’enverrai, et tu diras tout ce que je t’ordonnerai» (Jé. 1:7). En bref, le prophète est l’ambassadeur ou le messager de Dieu et son seul devoir est de remettre le message tel qu’il l’a reçu.
LE MESSAGE. Dans la plupart des cas, le message est pour les autres et particulièrement pour la nation, ses dirigeants et le peuple en général. Souvent, il contient des avertissements et des menaces, parfois des promesses et de l’encouragement. Inévitablement il y a un élément prédictif, car les messages sont la plupart du temps orientés vers le futur mais enracinés dans le passé. Pour la plupart, les prédictions sont conditionnées moralement, sur la base de l’alliance entre Dieu et Israël, laissant le choix entre la vie et la mort, avec le succès comme résultat de l’obéissance et l’échec comme conséquence de la désobéissance et de la rébellion. De temps en temps, les oracles sont prononcés de manière absolue, garantissant l’avenir, qu’il s’agisse de destruction ou de rétablissement. Parfois ils sont limités dans le temps, c’est-à-dire que les événements décrits se produiront au cours d’une période désignée, mais souvent aucune tranche de temps n’est mentionnée. Même lorsque les conditions morales ou temporelles ne sont pas explicitées, elles peuvent être sous-entendues par l’orateur ou déduites par les auditeurs. Un cas notable est la prédiction claire de Michée (Mi. 3:12) que Jérusalem sera détruite. Un siècle plus tard, Jérémie cite le passage non pour prouver que la prophétie ne s’est pas accomplie (Jérusalem n’a pas été détruite et est toujours debout) et encore moins pour accuser Michée d’être un faux prophète, mais pour prouver que suite à la prophétie, le roi (Ézéchias) et le peuple se sont repentis et que par conséquent Yahweh (Jéhovah) leur a pardonné et a épargné la ville (Jé. 26:16-19). C’est le message du prophète qui a produit le résultat, ce qui confirme que son message et lui venaient de Dieu.
LE PROPHÈTE COMME THAUMATURGE. Les miracles sont clairement et fortement associés à des prophètes tels que Moïse, Samuel et particulièrement Élie et Élisée – ainsi qu’Ésaïe parmi les prophètes écrivains – mais il y a beaucoup de prophètes chez qui ce lien n’existe pas (par exemple, Jérémie, Amos, Osée, Michée, etc.). Les miracles semblent se rattacher à des personnalités particulièrement charismatiques qui étaient également prophètes mais pas nécessairement au rôle ou à l’office de prophète. Dans le cas de Moïse, ils avaient pour but de fortifier et de confirmer ses prétentions à avoir reçu un message de Dieu authentique et faisant autorité, et ils servaient à renforcer la fonction et le but des visions et des expériences du même genre d’autres prophètes.
SUCCÈS ET ÉCHEC. Dans l’ensemble, les résultats de l’expérience prophétique sont eux-mêmes imprévisibles, et le succès ou l’échec chez les différents prophètes n’affecte guère leur statut de vrais prophètes de Dieu. On rapporte que des prophètes tels que Samuel et Élisée ont connu beaucoup de succès dans l’accomplissement de leur mission. Chez Élie et peut-être chez Ésaïe, les résultats sont mitigés, ainsi que chez Amos, Osée et Michée. Finalement, ils ont tous été reconnus comme vrais prophètes, pas parce que les dirigeants et le peuple ont écouté leurs paroles (souvent ils ne les écoutaient pas), mais parce qu’ils ont fidèlement rapporté ce qu’ils ont entendu de la bouche de Dieu, indépendamment des conséquences pour eux-mêmes ou pour le peuple à qui ils ont remis le message. On voyait que la survie de la nation était en jeu et il était de la plus haute importance de distinguer les vrais des faux prophètes. Ce n’était pas un simple exercice théorique, mais cela exigeait le meilleur jugement de la part des dirigeants comme du peuple.
TESTS DES VRAIS PROPHÈTES. Le Deutéronome propose la manière de procéder pour trancher la question du vrai et du faux. Il y a deux principes de base, pratiques et applicables: (1) si le prophète parle au nom d’un autre dieu ou d’autres dieux et remet des messages de leur part, il est automatiquement condamné pour apostasie et doit être mis à mort (De. 13:1-5) (2) si le prophète fait une prédiction et qu’en temps voulu la prédiction ne se réalise pas, le prophète est considéré comme faux et doit être exécuté (De. 18:20-22).
Mais il y a beaucoup de situations où les règles deutéronomiques ne fonctionnent pas et le jury doit s’en remettre à d’autres ressources. En fin de compte, la décision ne peut pas attendre jusqu’à ce que l’on dispose de tous les éléments de preuve et doit être basée sur d’autres facteurs. Le facteur principal (après le test de base de l’orthodoxie: au nom de quel Dieu le prophète parle-t-il?) doit être l’effet que le prophète fait sur son auditoire: son honnêteté, son courage, sa fiabilité – la capacité de rendre réelle pour les auditeurs l’expérience de Dieu et ses messages au prophète et par lui au peuple. Plus tard il peut y avoir confirmation et justification.
LE PROPHÈTE COMME GARDIEN DE L’ALLIANCE ET DE LA COMMUNAUTÉ. Du début à la fin, l’accent, dans les messages des prophètes, est mis sur la dimension morale de la religion biblique et sur l’effet qu’elle a sur le bien-être de la nation et de ses différents membres. Contrairement aux prêtres, qui se préoccupent de questions de culte, les prophètes mettent l’accent sur les exigences morales de la Divinité et les conditions morales requises par l’alliance. La survie et le succès de la communauté dépendent davantage de la justice de la nation que du rituel des prêtres ou des exploits militaires, politiques, sociaux et économiques du roi et de sa coterie. La bataille contre l’idolâtrie et l’apostasie est ininterrompue pendant toute la période biblique et ce sont les prophètes qui mènent la lutte. En second lieu par rapport à cela, et c’est tout aussi difficile et important, il y a les obligations vis-à-vis de son prochain et de l’ensemble de la communauté. C’est sur ces deux bases que le message des prophètes est bâti et les prophètes ne cesseront jamais de proposer les vérités élémentaires au sujet de la religion biblique et des relations de Dieu avec son peuple.
PROPHÈTES ET UNIVERSALISME. Avec les grands prophètes du VIIIe siècle av. J.-C. et des siècles suivants, il y a un changement important, bien que les vérités de base restent intactes. Les mêmes exigences et les mêmes principes sont conservés et appliqués avec plus de sévérité encore à un Israël enclin à la défection et aux manquements. À la suite de l’apparition des grandes puissances mondiales: l’Assyrie aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. et la Babylonie vers la fin du VIIe et au VIe, la question de la survie des petits royaumes d’Israël et de Juda (et de leurs voisins) devient pressante. Pour la première fois depuis le temps des patriarches, les prophètes soulèvent le problème avec vigueur et d’une nouvelle manière, avec une perspective plus étendue sur la scène du monde et le rôle de Yahweh comme souverain des nations. Ils définissent la place d’Israël et de Juda dans le tableau d’ensemble et annoncent une théorie de l’ordre du monde et d’un cadre temporel. Ils élaborent les implications de l’existence d’un Dieu unique régnant sur l’univers mais ayant des liens spéciaux avec une petite nation (ou deux royaumes). Ils définissent avec plus de rigueur les dangers et les menaces pour le peuple de Dieu, mais également les espoirs et les promesses d’avenir. Finalement, le Dieu du monde, qui est également Dieu de la manière qui lui est propre, et un Israël rétabli et révélé prendront leur place parmi les nations dans une résolution harmonieuse des conflits, pour créer le Royaume de Paix. La vision finale englobe toutes les nations et tous les peuples, avec une place spéciale pour Israël, toujours tenu par les stipulations essentielles de l’alliance, mais dirigeant et modèle pour tous les autres. La foi et la moralité personnelles sont au cœur de la religion prophétique, mais les implications et les ramifications sont sociales, nationales et, en fin de compte, mondiales.
LE PROPHÈTE COMME PORTE-PAROLE DU PEUPLE DE DIEU. Normalement on conçoit les prêtres comme ceux qui offrent des prières et des sacrifices à Dieu en faveur du peuple et l’on pense particulièrement au rôle du grand prêtre le jour des Expiations. De la même manière, les prophètes peuvent exercer le rôle de médiateur, mais dans un contexte différent. Jérémie mentionne deux médiateurs, Moïse et Samuel, tout en confirmant que Dieu lui-même a refusé ce rôle à Jérémie. Le cas le plus spectaculaire est celui de Moïse dans l’épisode du veau d’or (Ex. 32). Seul Moïse a la témérité et une proximité suffisante avec Dieu pour exiger un changement de cœur et d’esprit de la part de la Divinité. Seul Moïse peut exiger le repentir de la part de Dieu (mais voir TJS, Ex. 32:14). Et il réussit, comme le rapporte le texte. Israël est épargné. Une version poétique différente du même événement est le Psaume 90:13. Ce n’est pas par hasard que ce soit le seul psaume de la Bible qui est directement attribué à Moïse.
Moïse reste le modèle unique d’un prophète d’Israël à cause de son inspiration, de sa direction et, en fin de compte, de ses pouvoirs d’intercession. Les derniers mots du Deutéronome rappellent cette particularité: «Il n’a plus paru en Israël de prophète semblable à Moïse, que l’Éternel connaissait face à face.» (De. 34:10; cf. Ex. 33:11). Et Yahweh parlait à Moïse face à face, comme les hommes et les femmes parlent à leurs semblables (cf. aussi No. 12:8): «Je lui parle bouche à bouche… et il voit la forme de Yahweh» (traduction de l’auteur).

Bibliographie
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Nibley, Hugh. The World and the Prophets. CWHN 3.
Sawyer, John F. A. Prophecy and the Prophets of the Old Testament. Oxford, 1987.
DAVID NOEL FREEDMAN