Mal, Le
Auteur: PAULSEN, DAVID L.
[Le concept du mal chez les saints est également expliqué dans l'article Démons.
L'article suivant traite dune vue de la raison dêtre du mal et présente une
réaction mormone aux traitements traditionnels du problème du mal.]
Dans le discours ordinaire, le terme «mal» a une définition très large et, avec le
terme «mauvais», est utilisé le plus souvent pour désigner des intentions, des choix,
et des actions moralement inacceptables de personnes agissantes (mal moral), des actions
de nature non humaine telles que la maladie, les tremblements de terre, les éruptions
volcaniques et les tornades (mal naturel) et la douleur et la souffrance humaines et
animales (mal psychologique) que le mal moral et le mal naturel peuvent causer. Dans un
discours philosophique plus technique, il sapplique également aux limites et aux
défauts inhérents aux humains (mal métaphysique).
Le terme est utilisé avec des significations supplémentaires dans les Écritures et le
discours des saints. Dans l'Ancien Testament, il est la traduction de lhébreu
ra et de termes apparentés, dont les applications couvrent tout un éventail de
sens depuis (1) ce qui a mauvais goût ou est laid, déplaisant ou triste, en passant par
(2) la méchanceté morale et la détresse, le malheur et les tragédies qui en
découlent, jusquà (3) la désobéissance délibérée à Dieu et à ses intentions
pour les êtres humains. Les deux derniers sens du terme prédominent dans le Nouveau
Testament et dans les Écritures modernes. Étant donné la grande diversité de ses
significations, le sens précis du mal doit être recherché dans son contexte.
L'Écriture moderne jette un éclairage supplémentaire sur les indices bibliques au sujet
des desseins de Dieu pour ses enfants et aide, de ce fait, à rendre clair un sens
fondamental du mal. Dieu a révélé à Moïse: «Voici mon uvre et ma gloire:
réaliser l'immortalité [la résurrection avec la durée éternelle du corps] et la vie
éternelle [qualité ou mode dexistence divin] de l'homme» (Moï. 1:39). Ainsi,
tout ce qui est en contradiction avec la réalisation de ces buts, y est contraire ou y
est opposé, serait mauvais.
Il ne semble y avoir aucune base dans les Écritures modernes pour les idées privatives
ou relativistes du mal préconisées par certains philosophes. Au Ve siècle, St-Augustin,
embarrassé par l'existence du mal dans un monde qui avait été créé par Dieu, en
tirait la conclusion que le mal ne devait pas être une substance ou une réalité
concrète en soi, mais seulement l'absence de bien (privatio boni). Or, dans les Ancien et
Nouveau Testaments, le mal est dépeint comme une réalité menaçante, une conception que
partage lÉcriture moderne. Il ny a aucune indication non plus dans les
Écritures que le bien et le mal soient simplement une affaire de préférence
personnelle. Rejetant ce genre de relativisme, les Proverbes déclarent: «Telle voie
paraît droite à un homme, mais son issue, cest la voie de la mort» (Prov. 14:12)
et Ésaïe avertit: «Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui
changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent
lamertume en douceur, et la douceur en amertume !» (És. 5:20). Le relativisme est
également rejeté dans les Écritures modernes (2 Né. 28:8).
Les non-croyants comme les croyants demandent souvent pourquoi Dieu permet que le mal,
quel quil soit, existe. La question devient particulièrement aiguë dans une
conception augustinienne des choses qui affirme que Dieu est le créateur ex nihilo ou
créateur absolu de tout ce qui existe à part lui-même. Sur cette base, il s'avère que
Dieu est la source ou cause finale de tout le mal ou, du moins, est sciemment complice par
instigation et, par conséquent, intégralement responsable de tout le mal qui se produit.
Les saints des derniers jours rejettent la prémisse gênante de la création ex nihilo
(à partir du néant), affirmant, au contraire, qu'il y a des réalités qui sont
coéternelles avec Dieu. Ces réalités coéternelles sont les intelligences (parfois
perçues comme étant les entités pensantes originelles), la matière chaotique (ou
masse-énergie) et les lois et les principes (peut-être mieux considérés comme étant
les propriétés et les relations de la matière et des intelligences). Étant donné
cette pluralité dentités incréées, il ne sensuit pas, dans la conception
que les saints ont des choses, que Dieu soit la source finale du mal. Lorigine du
mal peut être imputée soit aux choix d'autres agents autonomes (tels que Lucifer, le
diable) qui sont également coéternels avec Dieu, soit, peut-être, même à des
propriétés récalcitrantes de la matière chaotique incréée.
Bien quil soit clair, sur la base de la révélation moderne, que Dieu nest ni
la source ni la cause du mal moral ou naturel, la question se pose toujours de savoir
pourquoi il ne l'empêche pas ou ne l'élimine pas. Le philosophe antique Épicure pose le
problème sous forme de dilemme: Ou bien Dieu nest pas disposé à empêcher le mal
qui se produit ou bien il ne peut pas l'empêcher. S'il ne le peut pas, il n'est pas
omnipotent; s'il ny est pas disposé, alors il n'est pas parfaitement bon.
Lénoncé du dilemme par Épicure est basé sur deux hypothèses: (1) un être
parfaitement bon empêche tout le mal qu'il peut; et (2) un être omnipotent peut faire
n'importe quoi et, par conséquent, peut empêcher le mal.
Du point de vue des saints, la première hypothèse est fausse. Un Être parfaitement bon
souhaiterait certainement maximiser le bien, mais si, de par la nature des choses,
permettre lexpérience du mal était une condition nécessaire pour parvenir au bien
le plus grand, un Être parfaitement bon le permettrait. Par exemple, il semble évident
que l'existence de l'opposition et de la tentation est une condition nécessaire à
l'expression dune liberté moralement significative et à lélaboration de
personnalités véritablement justes (voir 2 Né. 2:11-16; Moï. 6:55).
Les saints des derniers jours rejettent aussi la deuxième hypothèse. Puisqu'il y a des
réalités qui sont coéternelles avec Dieu, son omnipotence doit être comprise non comme
étant le pouvoir de susciter n'importe quel état de choses de manière absolue, mais
plutôt comme étant le pouvoir de susciter n'importe quel état de choses compatible avec
la nature des réalités coéternelles. Cette vision des choses permet une conception
instrumentaliste du mal. Une fois les hypothèses de base d'Épicure ainsi modifiées par
la révélation moderne, il semble possible de construire un concept mormon cohérent de
la nature, de l'utilisation et de l'existence du mal (voir Théodicée). [Voir aussi
Grande et abominable Église; Péché; Guerre dans les cieux.]
DAVID L. PAULSENManuscrits
de la mer Morte
[Cette rubrique comprend deux parties:
Manuscrits de la mer Morte: Aperçu
Manuscrits de la mer Morte: Vus par les saints.
Manuscrits de la mer Morte: Aperçu
Auteur: CROSS, FRANK MOORE
Le gros des rouleaux de la mer Morte, environ 600 manuscrits, date de v. 250 av. J.-C. à
68 av. J.-C. Les autres ouvrages du Rift du sud de la Jordanie, principalement du Nahal
Hever et du Nahal Seelim, datent de 131 à 135 av. J.-C. Massada a donné des documents du
premier siècle av. J.-C. à 73 apr. J.-C.
Les manuscrits contiennent des extraits de toutes les Écritures hébraïques (excepté
Esther; voir Ancien Testament), et plus d'une variante dun grand nombre dentre
elles. Par exemple, les trois manuscrits de Samuel trouvés à Qumran sont des textes
beaucoup plus complets que ceux de la Bible massorétique (le texte traditionnel). On a
aussi trouvé des fragments de livres apocryphes et pseudépigraphiques, ainsi que des
manuscrits douvrages religieux précédemment inconnus, notamment un rouleau du
temple, un manuel de discipline et un rouleau d'actions de grâces.
Les rouleaux ont nécessité une réévaluation des connaissances dans trois catégories:
(1) le développement des Écritures hébraïques avant la formation du canon; (2) la
datation et l'influence dominante de la pensée apocalyptique et (3) le milieu religieux
du Nouveau Testament.
1. La bibliothèque «biblique» de Qumran représente une étape fluide du texte
biblique. Ces documents ne montrent aucune influence de la révision rabbinique du canon,
l'ancêtre direct de la bible hébraïque traditionnelle. Les rouleaux permettent de
situer le texte et le canon pharisaïques à lépoque de Hillel, en gros, le temps
de Jésus. Dans leur choix de livres canoniques, les rabbins ont exclu ceux attribués aux
prophètes ou aux patriarches davant Moïse (par exemple, la littérature sur
Hénoc, les ouvrages écrits au nom d'Abraham et d'autres patriarches). Ils ont suivi la
succession des prophètes de Moïse aux personnalités de la période perse. Les oeuvres
tardives ont été exclues, excepté Daniel, que les rabbins ont vraisemblablement
attribué à la période perse.
2. La littérature de Qumran comprend des apocalypses et des uvres teintées
dapocalyptique. Les auteurs voyaient l'histoire du monde aux prises avec une guerre
finale entre l'esprit de vérité et l'esprit du mal; ce conflit est à la fois cosmique
et terrestre. Ils se considéraient comme les héritiers légitimes d'Israël et
contractèrent une nouvelle alliance, comme Fils de Lumière, daffronter les Fils
des Ténèbres. Ils avaient une lecture stricte de la loi, vivaient dans le renoncement
quotidien, pratiquaient des ablutions et avaient des repas cérémoniels. Leur Manuel de
Discipline reflète leur espoir de voir la venue immédiate du royaume céleste. Un
«Maître de justice» était apparemment le chef sacerdotal de la communauté terrestre
de Dieu; les forces du bien étaient également menées par une puissance cosmique ou
Saint-Esprit appelé le «Prince de Lumière». Les auteurs considéraient leur époque
comme celle de la fin. Le Messie était sur le point d'apparaître, «apportant
l'épée». L'effondrement des autres structures sociales était imminent avant la
nouvelle ère. Les habitants de Qumran, probablement des Esséniens, sattendaient à
ce que le Messie davidique ou royal apparaisse pour battre les puissances terrestres et
cosmiques de la méchanceté. Les commentaires sur les textes bibliques, trouvés dans la
même région, traitent des prophéties traditionnelles dans ce contexte eschatologique.
Leur église était une église d'anticipation.
Le Rouleau du Temple montre que ces prêtres juifs étaient des séparatistes qui
prétendaient que le culte du temple était périmé. Ils avaient remplacé le calendrier
lunaire par un calendrier solaire pour les fêtes et avaient introduit des fêtes d'huile
et de vin mentionnées nulle part dans le Pentateuque. Se considérant comme des guerriers
dans la dernière guerre sainte, combattant aux côtés de saints anges, ils interdisaient
toute impureté (ce qui, à leurs yeux comprenait les boiteux, les aveugles et les
malades) dans le temple espéré et dans la ville du temple. Au moins pour la durée de la
guerre, ils étaient célibataires.
Il faut maintenant se rendre compte que lapocalypticisme doit dorénavant être
considéré comme un élément majeur de la matrice complexe qui a constitué la base du
développement du judaïsme tannaïque et du christianisme primitif. Guershom Scholem a
choqué les savants de cette génération en démontrant l'existence et l'importance du
mysticisme apocalyptique à lépoque de Rabbi Akiba. Il est maintenant nécessaire
de faire remonter la pensée apocalyptique plus tôt que les savants ne le pensaient
jusqualors, peut-être dès le quatrième siècle av. J.-C. et quelle a duré
la moitié dun millénaire.
3. Le Nouveau Testament reflète ces tendances théologiques apocalyptiques que les
savants ont jusqu'ici traitées à la légère. Par exemple, il s'avère maintenant que la
pensée et les enseignements de Jean-Baptiste et de Jésus de Nazareth sont plus
apocalyptiques que prophétiques dans leur caractère essentiel. Le cadre dualiste,
apocalyptique et eschatologique marque Jean comme étant le plus juif des quatre
Évangiles. Dans l'Évangile de Jean, l'esprit de vérité est appelé Paraclet ou Avocat.
Il est le Saint-Esprit, mais, comme à Qumran, il n'est pas tout à fait identique à
lesprit de Dieu, ce qui explique pourquoi il ne parle pas de sa propre autorité
(Jn. 16:13). L'accent mis sur la lumière et les ténèbres, lunité, la communauté
et lamour est réitéré et étendu. Le thème du savoir religieux dans un sens
eschatologique est comparable aux déclarations que lon trouve dans les épîtres de
Paul et l'Évangile de Matthieu. L'évangile de Luc cite presque mot à mot une apocalypse
pré-chrétienne de Daniel, trouvée dans la grotte 4, qui parle dun roi
eschatologique, que nous pensons être le Messie royal daprès les titres «Fils de
Dieu» et «Fils du Très-Haut». Dans la parabole du festin dans Luc 14:15-24, Jésus
condamne ceux qui cherchent des places dhonneur dans son royaume, peut-être en
réponse polémique à la pratique des Esséniens dexclure tout le monde de leur
banquet sauf l'élite du désert qui partageait ses marchandises et était des «hommes de
renom».
Pour les Esséniens, lÂge Nouveau était encore à venir. Pour les premiers
chrétiens, Jésus avait été ressuscité pour être le Messie qui apportait lÂge
Nouveau. Les deux communautés vivaient dans lattente du plein avènement de la
rédemption ou de la consommation du royaume de Dieu. Les Esséniens constituaient une
communauté dapocalyptiques sacerdotaux. Le mouvement chrétien primitif était
constitué en grande partie dapocalyptiques laïques, un peu comme le parti des
pharisiens. Les uns et les autres sondaient les prophètes pour trouver chez eux des
allusions aux événements de leur temps, qu'ils considéraient comme étant les
«derniers temps» et les uns et les autres parlaient une langue imprégnée de la
terminologie de l'apocalyptique juive.
FRANK MOORE CROSS, JR.
Manuscrits de la mer
Morte: Vus par les saints
Auteur: CLOWARD, ROBERT A.
Comme beaucoup de Juifs et comme d'autres chrétiens, les saints des derniers jours ont
été profondément intéressés par l'annonce que des manuscrits antiques, datant de
lépoque du Nouveau Testament, avaient été découverts en 1947 en Palestine.
L'ardeur initiale a donné lieu à quelques traitements superficiels, à du
sensationnalisme et à des malentendus. Mais dans les décennies qui ont suivi les
premières découvertes, les saints des derniers jours qui ont suivi les analyses plus
soigneuses en sont venus à apprécier plusieurs apports des manuscrits de la mer Morte,
notamment des aperçus de la diversité littéraire et religieuse du judaïsme du temps de
Jésus, de nouveaux éléments relatifs à l'histoire et à la conservation du texte
biblique, des avancées dans la science de la datation des documents hébraïques et
araméens sur la base des changements dans lécriture et les ajouts précieux à la
collection des textes et des genres littéraires juifs.
Certains aspects des rouleaux ont particulièrement intéressé les saints des derniers
jours. Par exemple, les Esséniens de Qumran acceptaient les notions de révélation
continue et de canon ouvert comme le font les saints des derniers jours, contrairement à
l'enseignement courant de la plupart des chrétiens et Juifs. Les commentaires de Qumran
sur les livres de Habacuc, de Nahum et d'autres prophètes de l'Ancien Testament
contiennent de nouvelles interprétations prophétiques esséniennes des événements
mondiaux des derniers jours, et le Rouleau du Temple de Qumran se dit être une
révélation directe donnée à Moïse. De même, les saints des derniers jours croient
que la Bible ne contient pas toute la parole de Dieu, mais qu'il a révélé sa volonté
aux prophètes dans le Livre de Mormon et à Joseph Smith et quil continue à
révéler de nouvelles vérités aux prophètes modernes.
Les saints des derniers jours font remarquer que la Bible nexige pas
lexclusivité. Maintenant la bibliothèque de Qumran a montré que certains des
Juifs les plus pieux et les plus pratiquants des environs de la période du Christ
consultaient non seulement des textes extra-bibliques mais aussi une variété de textes
différents des livres bibliques. Pour les Esséniens, le caractère sacré de l'Écriture
n'imposait pas un texte fixe ou standard. Par exemple, leur bibliothèque contient
plusieurs versions du livre d'Ésaïe, avec des différences mineures dans les mots. Ils
utilisaient les versions longue et courte de Jérémie. Ils avaient des collections
variables des Psaumes. Cette ouverture d'esprit à légard des paroles et des
éditions des Écritures est semblable à celle des saints (voir, par exemple, les divers
récits de la création chez les saints). Les manuscrits de la mer Morte montrent que les
concepts théologiques successifs (1) d'un texte faisant autorité, (2) d'un texte fixe,
et finalement (3) dun texte infaillible ont commencé avec le judaïsme pharisaïque
ou rabbinique.
Certains ont fait grand cas des comparaisons entre les pratiques des Esséniens et celles
de l'église du Nouveau Testament, ou entre ces deux-là et des éléments du mormonisme.
Par exemple, les rituels de purification des Esséniens sont, par certains côtés,
semblables aux baptêmes du Nouveau Testament et les repas rituels des Esséniens peuvent
être interprétés comme sacramentels. Certains voient l'idée chrétienne de la
conversion dans la doctrine des Esséniens qu'une personne est élue dans la communauté
par un choix et une initiation délibérés plutôt que par la naissance et la
circoncision des nourrissons. Certains relient le conseil communautaire des Esséniens,
avec ses douze hommes et ses trois prêtres, à l'appel, par Jésus, de douze apôtres et
à la préférence accordée parmi eux à Pierre, Jacques et Jean ou à l'organisation des
saints des derniers jours avec douze apôtres et une Première Présidence composée de
trois membres. Le rôle des évêques du Nouveau Testament ou des évêques mormons
modernes semble correspondre à beaucoup de fonctions du maskil qumranique ou «tuteur».
Pour les saints des derniers jours, l'apparition de tels parallèles n'a rien
détonnant. Les alliances de lAncien et du Nouveau Testament ont plus de
ressemblances que de différences (voir Dispensations de l'Évangile). Elles procèdent du
même Dieu. Cependant, les similitudes sont contrebalancées par des différences
radicales entre les pratiques esséniennes et les enseignements de Jésus-Christ, de Paul
ou de l'Église dans les temps modernes. Notamment, les Esséniens enseignaient à leurs
adhérents à haïr leurs ennemis. Leur secte était stricte et exclusive. Leurs idées de
pureté rituelle revenaient à interdire aux femmes laccès au temple et à
Jérusalem, ville du temple. Ces points de doctrine esséniens vont à lencontre des
enseignements chrétiens et mormons postérieurs. Il convient donc dexpliquer les
ressemblances entre lessénisme et les concepts chrétiens ou mormons comme une
dispersion didées parmi des groupes qui ont en commun des connexions antiques
plutôt que comme la preuve de rapports plus intrinsèques.
Les manuscrits de la mer Morte ont encore beaucoup à nous apprendre. Beaucoup de
fragments et certains rouleaux ne sont toujours pas publiés ou ne sont pas encore
entièrement compris. Beaucoup de lumière peut encore être versée sur les formes du
culte des Juifs antiques, sur la littérature apocalyptique, sur l'angélologie et sur le
sectarisme au-delà de ce qui nous est accessible dans les récits bibliques.
Bibliographie
On trouvera une déclaration générale plus ample dans S. Kent Brown, "The Dead Sea
Scrolls: A Mormon Perspective", BYU Studies 23, hiver 1983, pp. 49-66. Hugh Nibley
fait un traitement dans les grandes lignes dans An Approach to the Book of Mormon, Since
Cumorah, et The Prophetic Book of Mormon, dans CWHN, vols. 6-8. On trouvera une liste des
éditions des rouleaux dans Robert A. Cloward, The Old Testament Apocrypha and
Pseudepigrapha et The Dead Sea Scrolls: A Selected Bibliography of Text Editions and
English Translations, Provo, Utah, 1988.
ROBERT A. CLOWARD
Mariage
[Cette rubrique se compose de deux articles: Le premier, Mariage: Considérations sociales
et comportementales, est un aperçu du concept des types de mariage dans la société des
saints. Le deuxième article, Mariage: Mariage éternel, porte sur les croyances propres
aux saints concernant le mariage pratiqué par les membres de lÉglise dans leurs
temples. Lun des objectifs religieux les plus élevés pour les saints des derniers
jours, hommes et femmes, est de se marier pour léternité dans un temple mormon et
de sefforcer continuellement de fortifier les liens de lamour et de la justice
dans le mariage. Le mariage civil est reconnu comme légal et salutaire, mais il ne
continue pas après la mort.]
Mariage:
Considérations sociales et comportementales
Auteur: HOLMAN, THOMAS B.
Le mariage est plus quune question de conventions
sociales ou de réalisation dun besoin individuel dans la société et le mode de
vie des saints des derniers jours; il est essentiel à lexaltation de chaque
personne: «Si un homme épouse une femme par ma parole qui est ma loi, et par la nouvelle
alliance éternelle, et que leur union est scellée par le Saint-Esprit de promesse, par
celui qui est oint, à qui jai donné ce pouvoir et les clefs de cette prêtrise,
et
[s] ils demeurent dans mon alliance
[ce mariage] sera pleinement
valide lorsquils seront hors du monde
Alors ils seront dieux, parce
quils nont pas de fin; cest pourquoi, ils seront de toute éternité à
toute éternité» (D&A 132:19-20). Les saints des derniers jours considèrent donc
quil est de la plus haute importance «1. dépouser la bonne personne, au bon
endroit, par la bonne autorité et 2. de respecter lalliance faite en rapport avec
cet ordre saint et parfait du mariage» (MD, p. 118).
Au centre de la théologie de lÉglise, il y a la croyance que les hommes et les
femmes ont existé comme progéniture desprit de parents célestes dans une vie
prémortelle. Les saints des derniers jours considèrent la vie sur terre comme un temps
pour se préparer à rencontrer Dieu (Al. 12:24) et pour sefforcer de devenir comme
lui (Mt. 5:48; 3 Né. 12:48). Pour devenir comme Dieu, il est essentiel de contracter «le
mariage céleste» pour «le temps et toute léternité», car en fin de compte tous
les êtres exaltés seront entrés dans cet ordre patriarcal, le plus élevé de la
prêtrise. Les saints des derniers jours croient que le lien matrimonial et familial peut
continuer dans la vie post-terrestre et est en fait nécessaire à la vie éternelle, qui
est la vie dans le royaume céleste avec Dieu le Père, la Mère céleste, Jésus-Christ
et les autres êtres glorifiés.
Étant donné ces points de doctrine, le mariage, chez les saints, est distinct et
différent à plusieurs égards du mariage dans dautres confessions et le mariage
chez les saints des derniers jours fidèles diffère de celui des membres de
lÉglise moins engagés. Les recherches sur le mariage chez les saints révèlent
des distinctions dans quatre domaines: lattitude et le comportement vis-à-vis du
sexe, la formation au mariage, le divorce et le rôle des sexes dans le mariage.
ATTITUDE ET COMPORTEMENT VIS-À-VIS DU SEXE. À cause de limportance du lien
conjugal et des relations familiales dans cette vie et la vie à venir, les relations
sexuelles prénuptiales ou extra-conjugales sont considérées comme totalement
inacceptables. Le pouvoir de procréation est essentiel pour le Plan du Salut tout entier.
Il est tenu pour sacré, pour nêtre utilisé que «comme le Seigneur la
commandé»; comme tel il est considéré comme «la clef même» du bonheur (Packer,
«Why Stay Morally Clean», Ensign, juillet 1972, p. 113). Les études faites au cours des
années 70 et des années 1980 ont uniformément prouvé que les saints des derniers jours
ont une attitude plus restrictive vis-à-vis des relations sexuelles avant le mariage et
il y moins de risques quils aient eu des rapports sexuels avant le mariage que les
membres dautres confessions religieuses. Les saints des derniers jours pratiquants
ont également une attitude plus conservatrice à légard des rapports sexuels avant
le mariage et sont moins susceptibles de sy être livrés que ceux qui sont moins
pratiquants dans lÉglise (voir Sexualité).
Un échantillonnage récent des ménages aux États-Unis a montré que les mormons
approuvaient sensiblement moins lidée que les adolescents aient des relations
sexuelles ou pratiquent la cohabitation avant le mariage que les non-mormons (Heaton etc.,
1989). Une autre étude portant sur plus de 2.000 adolescents dans les lycées publics de
lOuest des États-Unis, a prouvé que 17% des saints des derniers jours avaient eu
des rapports sexuels avant le mariage, par comparaison avec les 48% des catholiques, 51%
des gens sans affiliation religieuse et 67% des protestants (Heaton, 1988). La différence
continue quand on prend en considération lactivité dans lÉglise et que
lon compare les saints des derniers jours pratiquants avec les non-pratiquants.
Lattitude et le comportement des mormons non pratiquants ressemblent davantage à
ceux des autres cultes (pratiquants ou non) quaux saints des derniers jours
pratiquants (Heaton, 1988).
Lattitude des saints des derniers jours concernant le sexe dans le mariage et la
fréquence des rapports sexuels dans le mariage sont semblables à celles des autres
cultes. Bien quil nexiste pas de données concernant la fréquence de la
sexualité extra-conjugale, les saints des derniers jours en général approuvent moins
les relations extra-conjugales que les autres populations américaines (Heaton etc.,
1989).
FORMATION AU MARIAGE. Les membres de lÉglise aux États-Unis et au Canada sont plus
susceptibles de se marier et de se remarier que les catholiques, les protestants
conservateurs, les protestants libéraux ou ceux qui nont pas daffiliation
religieuse (Heaton et Goodman, 1985). Une étude des Canadiens indique que les catholiques
canadiens sont trois fois, les protestants deux fois et les gens sans affiliation
religieuse quatre fois plus susceptibles que les saints des derniers jours de ne pas
sêtre mariés avant lâge de trente ans (Heaton, 1988). Les données
nationales les plus récentes aux États-Unis montrent que les saints des derniers jours
sont plus susceptibles dêtre mariés actuellement et moins susceptibles de ne
jamais sêtre mariés que les autres Américains dans la même situation (Heaton
etc., 1989). En outre, les mêmes données montrent que les hommes chez les saints se
marient environ un an et demi plus tôt que les non-mormons, mais les femmes se marient à
peu près au même âge que les autres femmes.
Bien que les résultats ne soient pas concluants, il semble bien que les mormons moins
pratiquants (ceux qui ne se marient pas dans un temple) se marient à un plus jeune âge
que ceux qui se marient dans un temple (Thomas, 1983). Cette différence sexplique
en partie par le nombre de saints des derniers jours pratiquants qui font une mission au
cours de leur jeunesse. La plupart des jeunes saints des derniers jours célibataires qui
vont en mission le font entre dix-neuf et vingt et un ans.
Étant donné la nécessité dépouser un autre saint des derniers jours dans un
temple pour réaliser le plus grand bonheur dans cette vie et lexaltation dans le
plus haut niveau du Royaume céleste dans lau-delà, on pourrait sattendre à
ce que les mormons en général et les saints des derniers jours pratiquants en
particulier aient un pourcentage inférieur de mariages interconfessionnels à celui des
membres dautres confessions ou des personnes qui nont aucune affiliation. Le
peu de recherches qui ont été faites sur les mariages interconfessionnels des saints
tend à être basé sur de petits échantillons localisés. Il apparaît toutefois
quen général (1) les mormones ont plus de chances de se marier en dehors de
lÉglise que les mormons; (2) les mormons pratiquants risquent moins dépouser
des non-mormons que les mormons non pratiquants et (3) les conjoints non mormons
(particulièrement les maris non mormons) ont plus de chances de se convertir à
lÉglise que les mormons de se convertir à la religion du conjoint non mormon
(Barlow, 1977).
DIVORCE. Sur la base de recherches faites dans les années 1970 et le début des années
1980, on a conclu que les saints des derniers jours risquent moins de divorcer que les
catholiques et les protestants et bien moins que ceux qui nont pas
daffiliation religieuse. Dune étude comparant les mormons des États-Unis et
du Canada avec les protestants, les catholiques et ceux qui nont aucune affiliation
religieuse, il découle que 14% des mormons et 19% des mormones avaient divorcé. Les
chiffrer comparables parmi les autres groupes étaient de 20% et de 23% pour les
catholiques masculins et féminins 24% et 31% pour les protestants libéraux, hommes et
femmes, 28% et 31% pour les protestants conservateurs et 39% et 45% respectivement pour
les personnes sans affiliation religieuse (Heaton et Goodman, 1985).
Les saints des derniers jours mariés dans une cérémonie au temple risquent beaucoup
moins de divorcer que ceux qui sont mariés en dehors du temple (Thomas, 1983). Parmi les
hommes et les femmes qui étaient mariés dans le temple, 6% des hommes et 7% des femmes
ont divorcé, alors que parmi les hommes et les femmes non mariés dans le temple les
chiffres étaient de 28% et de 33% respectivement (Heaton, 1988).
RÔLES DES SEXES. «Dieu a décrété que le père doit présider au foyer. Il doit
assurer la subsistance, aimer, enseigner et diriger. Mais le rôle de la mère est
également ordonné par Dieu. La mère doit concevoir, enfanter, nourrir, aimer et former.
Cest ce que déclarent les révélations» (Benson, p. 2). Cette déclaration, faite
par Ezra Taft Benson, président de lÉglise, est un exemple de lenseignement
des saints que les hommes et les femmes ont des rôles différents, mais étroitement
liés et se soutenant mutuellement, des rôles dans le cadre matrimonial et familial. Les
recherches confirment cette distinction. Les mormons, hommes et femmes, ont tendance à
être plus conservateurs et plus traditionnels dans leur attitude et leur comportement que
les membres des autres cultes (Brinkerhoff et Mackie, 1988 Heaton, 1988 Heaton et autres,
1989). Les saints masculins passent une quantité de temps à peu près identique à
accomplir des tâches ménagères que les non-mormons de sexe masculin, mais les mormones
consacrent sensiblement plus de temps à ce genre de tâches que des non-mormones. Les
mormones passent plus de temps non seulement à accomplir des tâches traditionnellement
féminines, mais également à des tâches traditionnellement masculines (par exemple, des
tâches à lextérieur, le paiement des factures et lentretien du véhicule)
que les non-mormones. Ni les mormons ni les mormones ne considèrent ces différences
dattitude et de comportement comme négatives. Ils ont autant de chances
dêtre satisfaits de leur mariage et de leur rôle dans le mariage que leurs
homologues non mormons (Heaton et autres, 1989).
Bibliographie
Bahr, Howard M., et Renata Tonks Forste. "Toward a Social Science of Contemporary
Mormondom." BYU Studies 26 (1986), pp. 73-121.
Barlow, Brent A. "Notes on Mormon Interfaith Marriages." Family Coordinator 26
(1977), pp. 143-150.
Benson, Ezra Taft. To the Mothers in Zion. Salt Lake City, 1987.
Brinkerhoff, Merlin B., et Marlene MacKie. "Religious Sources of Gender
Traditionalism." Dans The Religion and Family Connection, dir. de publ. D. Thomas.
Provo, Utah, 1988.
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THOMAS B. HOLMAN
Mariage: Mariage éternel
Auteur: DUKE, JAMES T.
Le principe du mariage éternel et les ordonnances qui le
mettant en application constituent un élément très distinctif et précieux de
lÉglise. Il comporte une cérémonie accomplie dans un saint temple par un
officiant doté de lautorité sacerdotale de faire contracter des alliances qui
doivent être efficaces pendant le temps et léternité. Cest une cérémonie
sacrée et simple unissant le mari et la femme dans les liens de lamour éternel et
dans lespérance de léternité. Le président Joseph Fielding Smith a
enseigné que ce genre de mariage implique «un principe éternel ordonné dès avant la
fondation du monde et institué sur cette terre avant que la mort ny soit
introduite» (Smith, p. 251), parce que Adam et Ève ont été donnés lun à
lautre en mariage par Dieu dans le jardin dÉden avant la Chute (Ge. 2:22-25
Moï. 3:22-25). Cet acte sacré du mariage a été lacte suprême de toute la
création: «Lorsque Dieu créa lhomme, il le fit à la ressemblance de Dieu. Il
créa lhomme et la femme, il les bénit» (Ge. 5:1-2). Avec sa bénédiction, ils
pouvaient vraiment donner lexemple à leurs descendants qui dorénavant pouvaient,
deux par deux, un homme et une femme, quitter leurs père et mère, sattacher
lun à lautre et devenir «une seule chair» (Ge. 2:24). Cest ainsi
qua commencé le grand plan de Dieu pour le bonheur de tous ses enfants.
Les saints des derniers jours croient que la vie est plus sécurisée et plus joyeuse
quand elle est vécue dans les liens sacrés de la famille éternelle. Ceux qui
entretiennent des rapports aussi dignes sur terre vivront en famille dans le Royaume
céleste après la résurrection. Ainsi, une personne qui mène une vie juste dans la
condition mortelle et qui a contracté un mariage éternel peut sattendre à vivre,
dans le monde postmortel, avec un conjoint digne et avec ceux qui étaient sur la terre
enfants, pères, mères, frères et surs terrestres. Bruce R. McConkie, un apôtre,
a expliqué que la famille éternelle commence par «un mari et une femme, unis en une
cellule familiale. Elle sétend ensuite à nos enfants, les esprits que Dieu nous
donne comme membres de notre famille, à nos petits-enfants et ainsi de suite
jusquà la dernière génération. Elle remonte également jusquà nos parents
et à nos grands-parents jusquà la première génération» (p. 82). Le président
Brigham Young a déclaré que le mariage éternel «est le fil qui va du commencement à
la fin du saint Évangile de salut, de l'Évangile du Fils de Dieu il est d'éternité en
éternité» (Discours de Brigham Young, John A. Widtsoe, dir. de publ., Salt Lake City,
1971, p. 195).
De même que le mariage marque le point culminant du processus créateur de Dieu, de même
il est pour chaque personne le point culminant sacré des alliances et des ordonnances de
la prêtrise de Dieu et est, en effet, vraiment une nouvelle alliance éternelle (D&A
131:2). Le mariage éternel est une alliance, une promesse sacrée que la femme et le mari
se font entre eux et avec Dieu, certifiée à la fois par des témoins mortels et par des
anges célestes. Dans les conditions appropriées, ce genre de mariage est scellé par le
Saint-Esprit de promesse et le couple, par sa fidélité, peut par la suite hériter
lexaltation et la gloire dans le Royaume céleste de Dieu (D&A 132:19). Les
Écritures confirment que le mariage éternel, accompli par lautorité de la
prêtrise, scellé ou affirmé par le Saint-Esprit et soutenu par une vie juste «sera
pleinement valide» après la mort (D&A 132:19; cf. 1 Co. 11:11). Lexpression
«jusquà ce que la mort vous sépare» est considérée comme une formule tragique
qui prédit la dissolution finale du mariage et cette phase nest pas annoncée dans
la cérémonie du mariage au temple.
La cérémonie sacrée du mariage au temple a lieu dans le recueillement et la simplicité
et lévénement est quelque chose de beau et de joyeux pour les saints des derniers
jours. La jeune mariée et le jeune marié se réunissent avec la famille et les amis dans
une salle de scellement du temple. Lofficiant accueille le couple par quelques mots
de bienvenue, de conseils et de recommandations paternelles. Il peut exhorter le couple à
se traiter durant toute la vie avec le même amour et la même gentillesse quil
ressent en ce moment et peut ajouter dautres encouragements, avec sa bénédiction
sur laventure quils vont vivre à deux. Le couple est invité savancer
et à sagenouiller en se faisant face de part et dautre dun autel situé
au milieu de la salle. Le scelleur attire parfois lattention des personnes
présentes sur les miroirs placés sur des murs opposés, qui reflètent à linfini
limage du couple à lautel et en explique le symbolisme. Ensuite le scelleur
prononce les mots simples de la cérémonie, qui promettent, sous condition
dobéissance, des liens durables avec le potentiel dune joie éternelle pour
ces deux personnes scellées pour léternité. Le président Ezra Taft Benson a
déclaré: «La fidélité à lalliance du mariage apporte la joie la plus complète
ici-bas et de merveilleuses récompenses dans lau-delà» (pp. 533-534). À la fin
de la cérémonie, le couple sembrasse par-dessus lautel et peut alors se
lever et quitter lautel pour échanger les alliances.
Par cette ordonnance du mariage éternel, lhomme et la femme sengagent avec un
amour pur à rester fidèles lun à lautre et à Dieu pour toute
léternité. Le divorce est déconseillé et on enseigne aux couples à limiter
leurs relations intimes à eux-mêmes. Entreprendre et honorer les alliances du mariage au
temple exige que lon vive dune manière qui contribue à une vie de famille
heureuse et réussie. Le futur dun couple peut comporter des conflits et même le
divorce, qui, quand il se produit, est souvent le résultat de la violation des alliances
du temple; mais le taux des divorces parmi les couples qui ont été scellés dans un
temple est très bas (voir Divorce; Statistiques démographiques).
Bien entendu, le mariage éternel nest pas simplement pour le bien, le bonheur ou le
profit des conjoints. Cest un acte de service, dengagement et damour qui
est une bénédiction pour la génération suivante. Dieu a commandé à Adam et Ève:
«Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre» (Ge. 1:28). Un but essentiel du
mariage au temple dans cette vie est la progression et la maturation dans la participation
à luvre créatrice de Dieu en élevant des enfants dans la justice. Les
parents entrent dans un partenariat avec Dieu en participant à la procréation de corps
mortels, qui abritent les enfants desprit de Dieu. À une époque future, tous les
fils et toutes les filles dignes de Dieu seront réunis à leurs Parents célestes comme
une famille étendue éternelle dans un état de gloire ressuscitée.
Les gens qui mènent une vie digne mais qui ne se marient pas dans un temple pour
différentes raisons indépendantes de leur volonté, parmi lesquelles le fait de ne pas
se marier du tout, de ne pas avoir entendu lÉvangile ou de ne pas avoir accès à
un temple pour que le mariage puisse être scellé pour léternité, en recevront un
jour loccasion (voir Baptême pour les morts; Salut des morts; Scellement). Les
saints des derniers jours croient quils ont lhonneur et le devoir
daccomplir ces ordonnances sacrées par procuration pour les ancêtres décédés et
pour dautres, et ce dans la mesure du possible. La plupart des ordonnances de
scellement (cérémonies de mariage au temple) accomplies pour les défunts sont pour des
couples qui étaient mariés par lautorité civile dans la condition mortelle, mais
sont morts sans entendre la plénitude de lÉvangile. Dans ce programme de service
par procuration, des hommes et des femmes se réunissent sur rendez-vous dans le temple
où ils jouent le rôle de représentants pour leurs parents, grands-parents ou
dautres qui sont passés dans lautre monde, et font les alliances solennelles
qui entreront en vigueur pour tous ceux qui les acceptent dans le monde desprit,
pour trouver leur point culminant au jour de la résurrection.
Tous les dirigeants de lÉglise encouragent les couples à faire leurs vux de
mariage dans un saint temple. Pour ceux qui ne le font pas, quils soient convertis
à lÉglise, des couples de membres qui connaissent un regain de spiritualité à
lâge mûr ou les jeunes couples de saints qui se sont mariés en dehors du temple
et ont ensuite ressenti le désir de faire les alliances éternelles, le mariage au temple
est un renouvellement des vux prononcés dabord lors dune cérémonie de
mariage civil. Pour que ces engagements soient honorés pendant toute léternité,
les couples doivent être mariés par un officiant ayant le pouvoir de lier sur terre et
dans le ciel (Mt. 16:19; D&A 124:93). Ils doivent donc se rendre dans un temple où se
trouvent ceux qui sont ordonnés et ont reçu le pouvoir de sceller des alliances pour le
temps et léternité.
Pour les saints des derniers jours, le mariage éternel est un accès à la joie
éternelle. Matthew Cowley, un apôtre, a exprimé sa conviction que cest «une
chose merveilleuse
de se mettre à genoux devant un autel dans le temple de Dieu en
étreignant la main de la personne qui va être votre conjoint non seulement pour le
temps, mais également pour toute léternité et de voir ensuite naître, dans cette
alliance sacrée et éternelle, des enfants pour léternité. Dieu est amour.
Lamour est éternel. Le mariage est lexpression la plus belle et la plus
sacrée de lamour, par conséquent le mariage est éternel» (Cowley, p. 444).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson. Salt Lake City, 1988.
Brown, Hugh . You and Your Marriage. Salt Lake City, 1960.
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Brigham Young. Provo, Utah, 1967.
Smith, Joseph Fielding. The Way to Perfection. Salt Lake City, 1931.
JAMES T. DUKE
Mariage plural
Auteurs: BACHMAN, DANEL et ESPLIN, RONALD K.
Le mariage plural est la pratique des saints des derniers jours du XIXe siècle de se
marier avec plus dune femme. Généralement qualifiée de polygamie, cétait
en fait de la polygynie. Bien que la polygamie ait été pratiquée pendant une grande
partie de lhistoire dans beaucoup de régions du monde, cette pratique, dans
lAmérique «éclairée» du XIXe siècle, était considérée par la plupart des
gens comme incompréhensible et inacceptable, ce qui en fit la pratique de lÉglise
la plus controversée et la moins comprise. Bien que le principe ait été vécu pendant
une période relativement brève, il a eu un impact profond sur la perception que les
saints ont deux-mêmes, contribuant à les définir comme un «peuple à part». La
pratique a aussi amené beaucoup de non-membres à prendre leurs distances par rapport à
lÉglise et à voir les saints des derniers jours dune manière plus négative
que cela aurait autrement été le cas.
Les rumeurs de mariage plural parmi les membres de lÉglise dans les années 1830 et
1840 ont conduit à des persécutions, et lannonce publique de la pratique après le
29 août 1852 en Utah a donné aux ennemis une arme puissante pour exciter
lhostilité publique contre lÉglise. Les saints des derniers jours croyaient
que leur pratique du mariage plural basée sur la religion était protégée par la
Constitution des États-Unis, mais les adversaires lont utilisée pour retarder
laccession de lUtah au rang détat jusquen 1896. Une législation
de plus en plus rigoureuse contre la polygamie a dépouillé les saints des derniers jours
de leurs droits de citoyens, a dissout lÉglise et a permis la saisie de ses biens
jusquà ce que le Manifeste de 1890 annonce la cessation de la pratique.
Le mariage plural a également été un problème pour les membres de lÉglise.
Descendants spirituels des Puritains et conservateurs dans le domaine de la sexualité,
les premiers à pratiquer le mariage plural ont dabord dû se débattre avec cette
perspective et nont adopté le principe par la suite quaprès avoir reçu
personnellement la confirmation spirituelle quils devaient le faire.
En 1843, un an avant sa mort, le prophète Joseph Smith dicta une longue révélation sur
la doctrine du mariage pour léternité (D&A 132; voir Mariage: Mariage
éternel). Cette révélation enseignait aussi que, sous certaines conditions, un homme
pouvait être autorisé à avoir plus dune épouse. La révélation fut mise par
écrit le 12 juillet 1843, mais tout porte à croire que le principe du mariage plural
avait été révélé à Joseph Smith plus dune décennie plus tôt lors de son
étude de la Bible (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)), probablement
début 1831. Les passages montrant que des patriarches et des prophètes vénérés
dautrefois étaient polygames suscitèrent des questions qui incitèrent le
prophète à interroger le Seigneur sur le mariage en général et sur la pluralité des
épouses en particulier. Il apprit alors que quand le Seigneur le commandait, comme il le
fit avec les patriarches dautrefois, un homme pouvait avoir plus dune épouse
vivante à la fois sans être condamné pour adultère. Il comprit également que
lÉglise serait un jour invitée à vivre la loi (D&A 132:1-4, 28-40).
Il y a peu de données sur la pratique du mariage plural pendant les années 1830. Seul un
petit nombre de personnes était au courant de la révélation encore non écrite et il se
peut que le seul mariage plural connu ait été celui entre Joseph Smith et Fanny Alger.
Il y avait cependant des bruits qui couraient qui annonçaient les problèmes futurs.
En avril 1839, Joseph Smith sortit de six mois demprisonnement à la prison de
Liberty avec le sentiment quil était urgent quil mène à bien sa mission
(voir Histoire de lÉglise 1831-1844, périodes de lOhio, du Missouri et de
Nauvoo). Depuis quil avait reçu dÉlie la clef du scellement dans le temple
de Kirtland (D&A 110:13-16) en avril 1836, le prophète avait travaillé pour
préparer les saints pour des enseignements et des ordonnances supplémentaires, dont le
mariage plural.
Joseph Smith se rendait compte que lintroduction du mariage plural susciterait
immanquablement de violentes critiques. Après lexpérience de Kirtland, il savait
les tensions que cela créerait dans sa propre famille; même si Emma, qui avait foi en
son appel prophétique, avait accepté la révélation comme venant de Dieu et pas de son
propre chef, elle ne pouvait pas se résoudre à la pratique. En outre, cela risquait de
diviser lÉglise et daugmenter lhostilité de lextérieur. Malgré
tout, il se sentait obligé daller de lavant. «Mon but est dobéir et
dapprendre aux autres à obéir à Dieu exactement dans tout ce quil nous dit
de faire, enseigna-t-il plusieurs mois avant sa mort. Peu importe que le principe soit
populaire ou impopulaire, je soutiendrai toujours un principe juste, même si je dois le
faire seul» (EPJS, p. 269).
Bien que certain que Dieu lexigerait de sa part et de lÉglise, Joseph Smith
ne laurait pas introduit quand il le fit sans la conviction que Dieu lexigeait
à ce moment-là. Plusieurs de ses confidents dirent plus tard quil nalla de
lavant avec le mariage plural à Nauvoo quaprès une lutte intérieure et un
avertissement divin. Lorenzo Snow devait se rappeler distinctement plus tard une
conversation en 1843 au cours de laquelle le prophète décrivit la bataille quil
menait pour «surmonter la répugnance de ses sentiments» à légard du mariage
plural. Il connaissait la voix de Dieu il savait que le commandement du
Tout-Puissant était quil devait aller de lavant donner lexemple
et établir le mariage plural céleste. Il savait quil avait non seulement ses
propres préjugés et idées préconçues à combattre et à surmonter, mais aussi ceux du
monde chrétien tout entier
mais Dieu
avait donné le commandement [The
Biography and Family Record of Lorenzo Snow, pp. 69-70 (Salt Lake City, 1884)].
Malgré tout, Snow et dautres confidents saccordent pour dire que Joseph Smith
nagit à Nauvoo que quand un ange lui eut déclaré quil devait le faire sinon
son appel serait donné à quelquun dautre (Bachman, pp. 74-75). Après ceci,
Joseph Smith dit à Brigham Young quil était bien décidé à aller de lavait
même si cela devait lui coûter la vie, parce que «cest luvre de Dieu,
et il a révélé ce principe, et ce nest pas à moi de le censurer ou de le
dicter» (Discours de Brigham Young, 8 oct. 1866, Archives de lÉglise).
Ce ne fut pas non plus aveuglément ou simplement parce que Joseph Smith lavait dit
que dautres contractèrent le mariage plural, en dépit des précédents bibliques.
Les récits personnels confirment que la plupart de ceux qui contractèrent le mariage
plural à Nauvoo connurent une crise de la foi qui ne fut résolue que par un témoignage
spirituel personnel. Ceux qui participèrent ne le firent généralement quaprès
avoir été rassurés et y voyaient un devoir religieux.
Même les plus proches de Joseph Smith furent choqués par la révélation. Lorsquil
apprit lexistence du mariage plural, Brigham Young dit quil enviait le cadavre
dun cortège funèbre et quil lui fallut longtemps pour sen remettre
(voir JD 3:266). Hyrum Smith, frère du prophète, résista obstinément à la
possibilité même jusquà ce que les circonstances le forcent à sadresser au
Seigneur pour comprendre. Tous deux enseignèrent plus tard le principe à dautres.
Emma Smith vacillait, se répandant un jour en injures contre lui et donnant le lendemain
son consentement pour que Joseph soit scellé à une autre épouse (voir les commentaires
dOrson Pratt, JD 13:194).
Le fait de devoir enseigner le nouveau mariage et les nouvelles dispositions familiales
là où les principes ne pouvaient pas être traités ouvertement ne faisait que
multiplier les problèmes. Ceux qui étaient autorisés à enseigner la doctrine mettaient
laccent sur les alliances, les obligations et les responsabilités strictes qui
sy rattachaient lantithèse de la licence. Mais ceux qui ne faisaient
quentendre les rumeurs ou qui avaient choisi de déformer lenseignement
imaginaient souvent et parfois pratiquaient quelque chose de tout à fait différent. John
C. Bennett, maire de Nauvoo et conseiller de Joseph Smith, était de ceux-là et il
déforma lenseignement à son propre avantage. Profitant des rumeurs et du manque de
compréhension parmi les membres de lÉglise en général, il enseigna une doctrine
d «épouses spirituelles». Ses comparses et lui cherchèrent à avoir des rapports
sexuels illicites avec des femmes en leur disant quils étaient mariés
«spirituellement» même sils navaient jamais été mariés officiellement et
que le prophète approuvait cet arrangement. Le scandale Bennett eut comme conséquence
son excommunication et la défection de plusieurs autres. Bennett voyagea alors dans tout
le pays, parlant contre les saints des derniers jours et publiant une dénonciation
violente et antimormone accusant les saints de libertinage.
Le scandale Bennett fut à lorigine de plusieurs déclarations publiques visant à
armer les saints contre les mauvais traitements. Deux ans plus tard, des ennemis et des
dissidents, dont certains avaient fréquenté Bennett, publièrent le Nauvoo Expositor
pour démasquer, entre autres, le mariage plural, déclenchant ainsi les événements qui
aboutirent à la mort de Joseph Smith (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).
Or, loin dimpliquer le libertinage, le mariage plural était un système
soigneusement réglementé et ordonné. Lordre, les accords mutuels, la régulation
et les alliances étaient au centre de la pratique. Comme lécrivit Parley P. Pratt
en 1845: «Ces ordonnances saintes et sacrées nont rien à voir avec
limpudicité, les relations illégitimes, la confusion ou le crime; mais tout le
contraire. Elles ont des lois, des limites et des frontières de la manière la plus
stricte, et seuls ceux qui ont le cur pur, les strictement vertueux ou ceux qui se
repentent et deviennent tels, sont dignes dy prendre part. Et
une condamnation
sévère attend ceux qui les pervertissent ou en font mauvais usage» [The Prophet, 24 mai
1845; cf. D&A 132:7].
Le Livre de Mormon montre bien que même si le Seigneur commande à des hommes par ses
prophètes de vivre la loi du mariage plural à des moments précis pour des buts qui lui
sont propres, la monogamie est la règle générale (Jcb. 2:28-30); la polygamie non
autorisée était et est considérée comme de ladultère. Une autre sauvegarde
était que les mariages pluraux autorisés ne pouvaient être accomplis que par le pouvoir
de scellement administré par lautorité présidente de lÉglise (D&A
132:19).
Une fois que les saints eurent quitté Nauvoo, le mariage plural fut pratiqué
ouvertement. À Winter Quarters, par exemple, les commentaires sur le principe étaient un
«secrets de Polichinelle» et les familles plurales étaient reconnues. Dès 1847, les
gens qui visitaient lUtah parlaient de la pratique. Malgré cela, peu de nouveaux
mariages pluraux furent autorisés en Utah avant lachèvement, en 1855, de la Maison
des Dotations à Salt Lake City.
Une fois les saints bien installés dans le Grand Bassin, Brigham Young annonça
publiquement la pratique et publia la révélation sur le mariage éternel. Sous sa
direction, le dimanche 29 août 1852, Orson Pratt commenta et défendit publiquement la
pratique du mariage plural dans lÉglise. Après avoir examiné les précédents
bibliques (Abraham, Jacob, David et dautres), frère Pratt déclara que
lÉglise, comme héritière des clefs autrefois requises pour que les mariages
pluraux soient approuvés par Dieu, était tenue daccomplir ce genre de mariage
parce que cela faisait partie du Rétablissement. Il proposa des raisons à cette pratique
et mentionna plusieurs avantages possibles (voir JD 1:53-66), un précédent suivi plus
tard par dautres. Mais ces commentaires venaient après le fait et nen
étaient pas la justification. Les saints des derniers jours pratiquèrent le mariage
plural parce quils croyaient que Dieu le leur commandait.
Dune manière générale, le mariage plural ne comportait que deux épouses et
rarement plus de trois; les familles plus nombreuses comme celles de Brigham Young ou de
Heber C. Kimball étaient des exceptions. Parfois les épouses partageaient simplement les
maisons, chacune ayant sa propre chambre à coucher, ou vivaient dans un système
«duplex», chacune avec une moitié de la maison identique à lautre. Dans
dautres cas, les maris construisaient des maisons séparées pour leurs épouses,
parfois dans des localités séparées. Bien que les circonstances et les mécanismes de
la vie de famille fussent divers, en général le mode de vie était simplement une
adaptation de la famille américaine du XIXe siècle. Les mariages polygames étaient
semblables aux normes nationales pour ce qui est des taux de fertilité et de divorce. Les
épouses dun mari tissaient souvent de forts liens damour entre elles;
cependant, de profondes antipathies pouvaient également apparaître entre épouses.
En butte à une campagne nationale contre la polygamie, les femmes de lÉglise
étonnèrent leurs surs de lEst des États-Unis qui assimilaient la polygamie
à loppression des femmes, en faisant des manifestations publiques en faveur de leur
droit de vivre le mariage plural en tant que principe religieux. À en juger par les
prédications, les femmes étaient au moins aussi disposées à contracter le mariage
plural que les hommes. Au lieu dexhortations publiques invitant les femmes à
contracter le mariage plural, on en trouve beaucoup invitant les hommes dignes à «faire
leur devoir» et à entreprendre de prendre soin dune épouse plurale et
denfants supplémentaires. Bien que certains fussent réticents à accepter une
telle responsabilité, beaucoup répondirent et cherchèrent une autre épouse. Il
nétait pas rare quune épouse prenne linitiative et insiste que son
mari prenne une autre femme; par contre, dans dautres cas, un premier mariage se
dissolvait parce que le mari insistait pour se marier de nouveau.
Comme pour les familles en général, certaines familles plurales fonctionnaient mieux que
dautres. Des détails anecdotiques et les enfants sains provenant de beaucoup de
ménages pluraux témoignent que certains fonctionnaient très bien. Mais certaines
épouses plurales naimaient pas larrangement. Les plaintes les plus courantes
des deuxième et troisième épouses venaient de ce que le mari se montrait trop peu
sensible aux besoins des familles plurales ou ne les traitait pas de manière égale. Il
nétait pas rare que les épouses se plaignent que le mari passait trop peu de temps
avec elles. Mais lorsque les maris distribuaient consciencieusement une même quantité de
temps et que les épouses acquéraient un amour et un respect profonds entre elles, les
enfants grandissaient comme membres de grandes familles harmonieuses.
Le mariage plural a contribué à façonner lattitude de lÉglise vis-à-vis
du divorce dans lUtah pionnier. Bien que Brigham Young détestât le divorce et le
déconseillât, quand des femmes demandaient le divorce, il laccordait
généralement. Il estimait quune femme piégée dans une relation impossible sans
solution de rechange méritait une chance daméliorer sa vie. Mais quand un mari
demandait à être dispensé de ses responsabilités familiales, le président Young lui
recommandait systématiquement de faire son devoir et de ne pas vouloir divorcer de toute
épouse disposée à le supporter.
Contrairement aux caricatures dune presse mondiale hostile, le mariage plural
na pas eu comme conséquence une progéniture aux capacités réduites. Des hommes
et des femmes normaux sont sortis de foyers pluraux et leurs descendants sont des gens
éminents dans tout lIntermountain West. Certains observateurs pensent que les
responsabilités supplémentaires qui tombaient tôt sur certains enfants dans de tels
ménages ont contribué aux réalisations exceptionnelles qui allaient être les leurs. Le
mariage plural a aussi aidé beaucoup dépouses. La flexibilité des ménages
pluraux a contribué au grand nombre de femmes accomplies de lÉglise qui ont été
des pionnières dans la médecine, la politique et dautres carrières publiques. En
fait, le mariage plural a permis aux épouses de faire une carrière professionnelle qui
ne leur aurait sinon pas été accessible.
Le pourcentage exact de saints des derniers jours qui ont participé à la pratique
nest pas connu, mais les études permettent destimer quun maximum de 20
à 25 pour cent dadultes de lÉglise étaient membres de ménages polygames.
À son point culminant, le mariage plural na probablement impliqué que le tiers des
femmes parvenant à lâge du mariage, bien que parmi les dirigeants de
lÉglise le mariage plural ait été la norme pendant un certain temps.
Lopposition publique à la polygamie a mené, en 1862, à la première loi contre la
pratique et, dans les années 1880, les lois furent de plus en plus punitives.
LÉglise contesta la constitutionnalité de ces lois, mais la Cour suprême soutint
la législation (voir Reynolds contre les États-Unis), ce qui déboucha sur une campagne
antipolygame fédérale dure et efficace que les saints des derniers jours appelèrent
«le Raid». Maris et femmes se réfugièrent dans la «clandestinité» et des centaines
furent arrêtés et condamnés à des peines de prison en Utah et dans plusieurs prisons
fédérales. Cette campagne eut un impact désastreux sur les familles concernées et
lattaque menée en parallèle contre lorganisation et les biens de
lÉglise diminua considérablement sa capacité de fonctionner (voir Histoire de
lÉglise: 1878-1898, fin de la période pionnière dUtah). Après une vision
lui montrant que continuer le mariage plural mettait en danger les temples et la mission
de lÉglise, et pas simplement laccès de lUtah au rang détat, le
président Wilford Woodruff publia le Manifeste en octobre 1890, annonçant la fin
officielle à de nouveaux mariages pluraux et facilitant la résolution pacifique finale
du conflit.
Les familles polygames déjà existantes continuèrent à exister jusque dans le
vingtième siècle, causant encore dautres problèmes politiques pour lÉglise
et les nouveaux mariages pluraux ne cessèrent pas entièrement en 1890. Après avoir
vécu le principe pendant un demi-siècle au prix de certains sacrifices, beaucoup de
saints des derniers jours dévots trouvèrent que mettre fin au mariage plural était une
épreuve presque aussi complexe que lavait été sa création dans les années 1840.
Dans les années 1890, certains nouveaux mariages pluraux furent contractés dans les
colonies de saints au Canada et dans le nord du Mexique et quelques-uns ailleurs. Comme
lattention nationale était de nouveau attirée sur la pratique au début des
années 1900 pendant lenquête relative au Député-élu B.H. Roberts et les travaux
de la commission sénatoriale concernant le Sénateur-élu Reed Smoot (voir Procès
Smoot), le président Joseph F. Smith publia son «Second Manifeste» en 1904. Depuis
lors, la politique de lÉglise est dexcommunier systématiquement quiconque
pratique ou préconise ouvertement la pratique de la polygamie. Ceux qui le font
aujourdhui, principalement les membres des groupes fondamentalistes, le font en
dehors de lÉglise.
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DANEL W. BACHMAN
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Messie
Auteur: GALBRAITH, DAVID B.
Messie est un terme hébreu signifiant «oint». L'équivalent grec est christos, d'où le
nom Christ. Jésus, le nom du Sauveur donné par Dieu (Mt. 1:21), dérive de
lhébreu Yechoua ou Yehochoua (ou Josué, comme on le trouve généralement en
français), d'une racine signifiant «sauver». Avec les autres chrétiens, les saints des
derniers jours sont d'accord pour dire que dans le nom Jésus-Christ se trouve
implicitement la doctrine qu'il est le Messie, lOint qui sauve.
Comme le Nouveau Testament, le Livre de Mormon identifie clairement Jésus comme étant le
Messie (1 Né. 10:4-17; 2 Né. 25:16-20; Hél. 8:13-17). Il déclare également qu'une
connaissance du Messie a existé «depuis le commencement du monde» (1 Né. 12:18; Mos.
13:33-35) et prophétise des détails de sa vie et de sa mission. Par exemple, le Messie
apparaîtrait dans un corps (1 Né. 15:13), son nom serait Jésus-Christ (2 Né. 25:19;
Mos. 3:8) et il serait baptisé comme exemple d'obéissance (2 Né. 31:4-9). En outre, des
signes accompagneraient sa naissance, sa mort et sa résurrection (2 Né. 26:3; Hél.
14:2-8, 20-28). Il serait mis à mort et ressusciterait dentre les morts, réalisant
la résurrection (1 Né. 10:11; 2 Né. 2:8). Au dernier jour, il apparaîtra en puissance
et en gloire (2 Né. 6:14) pour régner comme roi et législateur (D&A 45:59; 1 Ti.
6:14-15). [Voir aussi Jésus-Christ, noms et titres de.]
DAVID B. GALBRAITH
Messie: Concept et espérance
messianiques
Auteur: OGDEN, D. KELLY
Cest un point de doctrine chez les saints que la connaissance du rôle de
Jésus-Christ en tant que Messie existe sur la terre depuis le commencement. Dieu a
instruit Adam et Ève au sujet du Messie qui rachèterait l'humanité. Appelé «Fils
unique» et «Fils de l'Homme», même son nom Jésus-Christ a été révélé (Moï.
5:7-11; 6:52-57) Ce sont là, naturellement, des mots francisés signifiant «Sauveur
Oint». Dieu a également enseigné à Hénoc que le «Messie, le roi de Sion» mourrait
sur une croix (Moï. 7:53-55).
D'autres sources montrent clairement que le peuple hébreu croyait en un rédempteur, bien
que les détails varient. La Bible parle de lui à laide dimages telles que
«le berger, le rocher d'Israël» (Ge. 49:24), «une pierre éprouvée» ou «une
pierre
solidement posée» (És. 28:16), le «rameau
dIsaï» et le
«rejeton» (És. 11:1; Jé. 33:15-16). Il est aussi appelé Rédempteur, Saint d'Israël,
Sauveur, Seigneur des armées, le Premier et le Dernier (És. 43:1-15; 44:6), et même un
serviteur (És. 42:1; 49:3; 50:10; 52:13).
Puisque la prophétie biblique utilise limage de la royauté, certains ont cru
quà sa première venue, le Messie les sauverait de la servitude politique. Jacob
prédit que le Schilo viendrait, et que le peuple irait à lui (Ge. 49:10). Moïse
prophétise: «Un astre sort de Jacob, un sceptre sélève dIsraël» (No.
24:17). Ésaïe voit naître un enfant et «la domination reposera sur son épaule
.
de l'accroissement
une paix sans fin au trône de David et à son royaume» (És.
9:6-7). Michée écrit que de Bethlehem «sortira pour moi Celui qui dominera sur
Israël» (Michée 5:2). Jérémie voit que «Il régnera en roi
il pratiquera la
justice et léquité» (Jé. 23:5). Cependant, les prophéties royales comme
celles-là concernant un roi, un souverain, allaient saccomplir dans le rôle
éternel du Messie plutôt que dans son rôle terrestre.
Les prophètes ont planté les semences de la croyance en un Messie, des semences qui
fleuriraient bien plus tard. Les manuscrits de la mer Morte révèlent lespérance
en deux Messies qui mèneraient un renouveau religieux. L'exemple de Judas Maccabée (m.
160 av. J.-C.), renversant les Grecs et rétablissant l'indépendance juive, a engendré
l'espoir au début de la période romaine (63 av. J.-C.- 70 apr. J.-C.) qu'un Messie
délivrerait la nation juive. Bien que les images de royauté et de bataille dans la Bible
aient été interprétées comme signifiant la délivrance politique, ces images portaient
sur le salut spirituel. Jésus a dit: «Mon royaume n'est pas de ce monde» (Jn. 18:36).
Le titre Messie (machiah en hébreu, christos en grec) signifie «loint». Chez les
anciens Israélites, les personnes mises à part pour luvre de Dieu étaient
ointes d'huile, notamment les prophètes, les prêtres et les rois. Jésus, citant une
prophétie messianique d'Ésaïe (61:1), dit à ses auditeurs à Nazareth: «L'Esprit du
Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle
pour
guérir ceux qui ont le cur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance» (Lu.
4:18).
Ésaïe dit du «serviteur» qu'il sera frappé (És. 50:6), même «blessé pour nos
péchés, brisé pour nos iniquités» mais «il a intercédé pour les coupables»
(53:3-5, 12). Zacharie ajoute qu'il sera blessé dans la maison de ses amis (Za. 12:10;
13:6-7). Les auteurs du Nouveau Testament comprenaient également que Jésus devait
souffrir avant d'entrer dans sa gloire (par exemple, Lu. 24:26; Ac. 3:18).
Dans tout son ministère, Jésus a clairement compris quil était le Messie (cf. 3
Né. 15:20-23). Par exemple, quand la Samaritaine reconnaît: «Je sais que le Messie doit
venir», Jésus répond: «Je le suis, moi qui te parle» (Jn. 4:25-26). Peter déclare:
«Tu es le Christ [Messie]» (Mt. 16:16); et André, frère de Pierre, annonce: «Nous
avons trouvé le Messie» (Jn. 1:41). On rapporte que même les démons disent: «Tu es le
Christ, le Fils de Dieu» (par exemple, Lu. 4:41).
La description que fait la Bible d'un Messie mortel méprisé plutôt que gouvernant,
rejeté plutôt que régnant est amplifiée dans le Livre de Mormon. Comme son sous-titre
moderne lindique, le Livre de Mormon est un autre témoignage de Jésus-Christ ou de
Jésus le Messie. Les auteurs du Livre de Mormon enseignent que tous les prophètes ont
parlé du Messie (Jcb. 7:11; Mos. 13:33). Vers 600 av. J.-C., Léhi enseignait que «la
rédemption vient dans et par l'intermédiaire du saint Messie
Voici, il s'offre en
sacrifice pour le péché
afin de réaliser la résurrection des morts» (2 Né.
2:6-10).
Néphi 1 écrit que puisque tous sont dans un état déchu, ils doivent sappuyer sur
le Messie, le Rédempteur. Il a appris que le Fils de Dieu était disposé à venir en
tant que Messie, prêcher l'Évangile, donner lexemple dune vie juste et être
mis à mort pour les péchés de tous (1 Né. 10:4-6, 11; 11:26-33; 19:9; 2 Né. 25:11-19;
31:9-16).
Le roi Benjamin explique que Jésus-Christ viendra du ciel pour demeurer dans un corps
mortel, «accomplissant de grands miracles, tels que guérir les malades
Et il
chassera les démons» et subira les tentations et la fatigue. Même du sang lui sortira
«de chaque pore, si grande sera son angoisse pour la méchanceté et les abominations de
son peuple.» Et on dira quil nest quun homme et que «il a un démon,
et on le flagellera, et on le crucifiera» (Mos. 3:5-10).
Alma le Jeune dit à propos du ministère du Messie: «Et il ira, subissant des
souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce
Et il prendra
sur lui la mort, afin de détacher les liens de la mort qui lient son peuple; et il
prendra sur lui ses infirmités
afin qu'il sache, selon la chair, comment secourir
son peuple selon ses infirmités.» (Al. 7:11-12).
Plus de cinq siècles avant la naissance du Christ, Jacob écrivait: «Car c'est dans ce
but que nous avons écrit ces choses, afin qu'ils sachent que nous avions connaissance du
Christ et que nous avions l'espérance de sa gloire bien des centaines d'années avant sa
venue; et non seulement nous avions nous-mêmes l'espérance de sa gloire, mais aussi tous
les saints prophètes qui ont été avant nous.» (Jcb. 4:4).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
D. KELLY OGDEN
Miracles
Auteur: HEDENGREN, PAUL C.
Un miracle est un événement bénéfique causé par la puissance divine que les mortels
ne comprennent pas et quils ne peuvent pas reproduire par eux-mêmes. Les membres de
l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours croient que les miracles existent
parce quils croient en l'existence de Dieu et en son pouvoir et sa bonté.
Tout comme un berger soccupe de ses troupeaux, veille sur eux et utilise son pouvoir
pour les aider, Jésus-Christ a utilisé son pouvoir et sa connaissance pour aider les
autres quand il était sur terre. Par exemple, quand le vin est venu à manquer lors des
noces de Cana, Jésus, à la demande de sa mère, a fourni miraculeusement du vin (Jn.
2:1-10). Ce geste était le fait de son amour et de sa compassion, mais nous ne comprenons
pas comment il sy est pris pour changer l'eau en vin et les hommes ne peuvent pas
reproduire cela par eux-mêmes. Cest pour cela quon le qualifie de miracle.
Parmi les nombreux autres exemples de résultats bénéfiques des miracles accomplis par
Jésus il y a la résurrection du fils de la veuve de Naïn (Lu. 7:11-16), la purification
des dix lépreux (Lu. 17:12-19) et le recouvrement de la vue de l'aveugle à Bethsaïda
(Mc. 8:22-26).
Les saints des derniers jours apprécient les miracles à cause de leur caractère
salutaire. Comme le dit le Livre de Mormon: «C'est ainsi que Dieu a fourni à l'homme le
moyen d'accomplir, par la foi, de grands miracles; et c'est pourquoi il devient un grand
bienfait pour ses semblables» (Mos. 8:18). Bien que Dieu provoque des événements
merveilleux pour le bien de l'humanité, on sait que toutes les manifestations
spirituelles ne viennent pas nécessairement de Dieu (EPJS, pp. 163-172; Ap. 13:13-14;
voir aussi Signes, Recherche de).
La foi est considérée comme nécessaire pour susciter lintervention divine en
faveur de ceux qui sont dans le besoin. Par exemple, comme le remarque Alma le Jeune,
prophète du Livre de Mormon, le liahona, une sorte de compas, a été donné à Léhi et
à son groupe d'émigrants pour diriger leurs déplacements vers une nouvelle terre
promise. «Et il marchait pour eux selon leur foi en Dieu; c'est pourquoi, s'ils avaient
la foi pour croire que Dieu pouvait faire que ces aiguilles indiquent le chemin qu'ils
devaient suivre, voici, cela se faisait; c'est pourquoi ils voyaient, jour après jour, ce
miracle et aussi beaucoup d'autres miracles s'accomplir par le pouvoir de Dieu» (Al.
37:40).
Dieu désire faire du bien à ses enfants et il le fait parfois dune manière qui
exige la manifestation dun pouvoir extraordinaire. Il nest retenu que par leur
manque de foi. L'absence de miracles est donc la preuve dun manque de foi parmi ses
enfants, «car c'est par la foi que les miracles s'accomplissent; et c'est par la foi que
les anges apparaissent aux hommes et les servent; c'est pourquoi, si ces choses ont
cessé, malheur aux enfants des hommes, car c'est à cause de l'incrédulité, et tout est
vain» (Mro. 7:37). «Car s'il n'y a pas de foi parmi les enfants des hommes, Dieu ne peut
faire aucun miracle parmi eux; c'est pourquoi, il ne s'est montré qu'après leur foi»
(Ét. 12:12).
Quand les fidèles reçoivent une bénédiction de Dieu, particulièrement une qui
nécessite une manifestation de son pouvoir extraordinaire, il convient quils aient
de la gratitude envers Dieu pour la bénédiction (D&A 46:32). Les manifestations du
pouvoir extraordinaire de Dieu ne se produisent habituellement quune fois que
lon a la foi et ne créent pas nécessairement celle-ci (cf. Ét. 12:7); il ne
convient donc pas détaler en public des expériences aussi sacrées comme
démonstration de sa croyance religieuse. La recherche de manifestations du pouvoir
extraordinaire du divin pour susciter la foi est considérée comme une recherche de
signes inacceptable.
Le Seigneur dit à propos des dons miraculeux de lEsprit qui sont accordés aux
justes: «Car en vérité, je vous le dis, ils sont donnés pour le profit de ceux qui
m'aiment et qui gardent tous mes commandements, et de celui qui cherche à faire ainsi;
afin que puissent en profiter tous ceux qui cherchent ou qui me demandent, qui demandent,
mais pas pour avoir un signe dans le but de satisfaire leurs passions
Et tous ces
dons viennent de Dieu pour le profit des enfants de Dieu» (D&A 46:9, 26).
Un don miraculeux particulièrement apprécié est la guérison des malades. Cela ne veut
cependant pas dire que toutes les âmes fidèles qui sont malades guériront, car le
Seigneur a dit: «Et tous ceux d'entre vous qui sont malades et n'ont pas la foi pour
être guéris, mais croient, seront nourris en toute tendresse avec des herbes et une
nourriture légère
Et les anciens de l'Église, deux ou plus, seront appelés,
prieront pour eux et poseront les mains sur eux en mon nom. S'ils meurent, ils mourront
pour moi, et s'ils vivent, ils vivront pour moi» (D&A 42:43-44). Ainsi, bien que les
malades puissent être guéris (D&A 46:19), si cela ne se produit pas, ils doivent
être soignés par tous les moyens prudents, notamment ceux qui sont proposés par la
médecine moderne. Les anciens de l'Église accomplissent cette ordonnance de l'imposition
des mains aux malades, comme les Écritures le prescrivent (cf. Ja. 5:14-15; D&A
46:20), et la guérison ou d'autres bénédictions sont alors accordées selon la volonté
de Dieu.
Lexpérience personnelle dun miracle peut confirmer la foi des
bénéficiaires. Elle peut, en outre, donner à d'autres une confiance accrue dans les
histoires de miracles rapportées dans les Écritures.
De tous les dons miraculeux de Dieu accordés à ses enfants, celui qui apporte le plus
grand bien est l'expiation de Jésus-Christ. Par des pouvoirs et des moyens que ne
comprennent pas les simples mortels, Jésus a pu prendre sur lui les péchés du monde et
permettre à chacun, par le repentir, déchapper aux souffrances sinon inévitables
du péché et à la condamnation à la mort, et de retourner ainsi en la présence de
Dieu. «Car voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent
pas s'ils se repentent
Et ces souffrances m'ont fait trembler de douleur, moi, Dieu,
le plus grand de tous, et elles m'ont fait saigner à chaque pore et m'ont fait souffrir
de corps et d'esprit» (D&A 19:16, 18). Le miracle du pardon et la merveille de la
résurrection sont véritablement sublimes.
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle, chap. 1. Salt Lake City, 1972.
PAUL C. HEDENGREN
Mormon
Auteur: ROUNDY, PHYLLIS ANN
Mormon est un prophète, auteur et dernier commandant militaire néphite (vers 310-385
apr. J.-C.). Le Livre de Mormon porte son nom parce qu'il a été le principal
auteur-abréviateur des plaques d'or dont il a été traduit. Les expériences de sa
jeunesse le préparent à devenir prophète: il apprend «la science de [son] peuple»,
est «un enfant sérieux» et «rapide à observer» et, dans sa quinzième année, est
«visité par le Seigneur» (Mrm. 1:2, 15). À seize ans, il devient général de toutes
les armées néphites et réussit en grande partie à préserver son peuple de la
destruction jusqu'en 385 apr. J.-C., quand quasiment tous sauf son fils Moroni 2 sont
détruits dans les batailles avec les Lamanites (6:8-15; 8:1-3). Comme gardien des annales
néphites, Mormon abrège les grandes plaques de Néphi, les relie avec les petites
plaques de Néphi et y ajoute sa propre brève histoire (Pa. 1:1-5; Mrm. 1:1). Avant sa
mort, il cache dans la colline Cumorah les annales qui lui ont été confiées, «sauf ces
quelques plaques que [quil donne] à [s]on fils Moroni» (Mrm. 6:6). Le prophète
Joseph Smith reçut et traduisit l'abrégé de Mormon, les petites plaques de Néphi et
quelques autres documents, et les édita en 1830 sous le titre Livre de Mormon.
Mormon aura surtout été un prophète pour son peuple, lexhortant à se repentir et
à être baptisé au nom de Jésus, et de se saisir de l'Évangile du Christ» (Mrm. 7:8).
Il lui enseigne qu'il est «un reste de la postérité de Jacob» (7:10) et pourra avoir
les bénédictions d'Israël s'il vit de manière à les mériter. Il souligne aussi la
relation de soutien mutuel de la Bible et du Livre de Mormon: «Car voici, ceci [le Livre
de Mormon] est écrit dans l'intention que vous croyiez cela [la Bible]; et si vous croyez
cela, vous croirez ceci aussi» (7:9).
Moroni 2, fils de Mormon, terminera les annales, notamment lun des discours de
Mormon et deux de ses épîtres dans son propre livre de Moroni. Le discours de Mormon sur
la foi, l'espérance et la charité (Mro. 7) enseigne que la charité, la plus grande de
ces trois vertus, est «l'amour pur du Christ, et elle subsiste à jamais; et tout ira
bien pour quiconque sera trouvé la possédant au dernier jour» (7:47). Une des lettres
de Mormon (Mro. 8) condamne le baptême des petits enfants quil dénonce comme une
pratique qui nie l'expiation de Jésus-Christ, disant que «c'est une moquerie solennelle
devant Dieu que vous baptisiez les petits enfants» (8:9). Au contraire, les petits
enfants n'ont pas besoin de se repentir, mais «sont vivants dans le Christ depuis la
fondation du monde» (8:12). Dans l'autre épître (Mro. 9) Mormon note que la destruction
des Néphites est un châtiment juste de leur méchanceté, qui est si grave qu'il ne peut
les «recommander à Dieu, de peur qu'il ne [le] frappe» (9:21).
Abréviateur des annales néphites, Mormon a accès à une véritable bibliothèque de
documents gravés et il va lui être commandé de faire un abrégé des grandes plaques de
Néphi pour que Lamanites, Juifs, et gentils modernes puissent connaître les alliances du
Seigneur et ce qu'il a fait pour leurs ancêtres et soient ainsi convaincus que Jésus est
le Christ (voir Livre de Mormon: Page de titre du Livre de Mormon). En faisant son
abrégé, Mormon fait souvent remarquer qu'il ne pourrait pas inclure ne serait-ce
quune centième partie de ses sources (par exemple, Hél. 3:14). Il recherche
régulièrement l'occasion de tirer des leçons spirituelles du cours des événements
vécus par son peuple. L'expression «et nous voyons ainsi que» présente fréquemment
lune des observations interprétatives de Mormon (cf. Hél. 3:27-30). Lun des
passages les plus importants écrits de sa main apparaît dans Hélaman 12 où il propose
des idées très convaincantes sur le caractère souvent vain et inconstant de la nature
humaine, particulièrement en réponse à la prospérité matérielle.
En tant qu'auteur, Mormon exprime ses sentiments, affligé de devoir vivre dans une
société perverse (Mrm. 2:19), et admet avoir aimé son peuple et avoir prié pour lui
(3:12), mais quil a enfin perdu tout espoir (5:2). Il mesure la civilité par le
sort réservé aux femmes et aux enfants (4:14, 21), cherchant à les unir aux maris et
aux pères même dans les pires situations (6:2, 7). Quand les derniers Néphites tombent,
il écrit une lamentation intense en souvenir deux (6:16-22).
En tant que général des armées néphites (Mrm. 2-6), Mormon sefforcera, pendant
quelque cinquante-huit ans, de protéger son peuple de la destruction par les Lamanites,
mais il commencera ensuite à les perdre d'abord à cause du péché et puis de la mort
(Mrm. 2:11-15). Néanmoins, il enseigne aux survivants qu'ils seront épargnés sils
se repentent et obéissent à l'Évangile de Jésus-Christ, «mais ce fut en vain, et il
[le peuple] ne se rendait pas compte que c'était le Seigneur qui l'avait épargné et lui
accordait une occasion de se repentir» (3:3). À un moment donné, les Néphites
deviennent si méchants et endurcis que Mormon refuse de les mener au combat (3:11). Mais
il ne peut supporter de les voir périr et, bien qu'il n'ait aucun espoir qu'ils puissent
survivre, il se radoucit (5:1) et les dirige dans leur dernière bataille à laquelle
seuls lui, son fils Moroni 2 et quelques autres survivent (8:2-3). Ce sera Moroni 2 qui
finira les annales de son père (8:1).
Bibliographie
Holland, Jeffrey R. "Mormon: The Man and the Book". Ensign 8, mars 1978, pp.
15-18; avril 1978, pp. 57-59.
PHYLLIS ANN ROUNDY
Moroni 1
Auteur : THORNE, MELVIN J.
Le premier Moroni mentionné dans le Livre de Mormon (mort
vers 56 av. J.-C.) a vingt-cinq ans quand il est nommé capitaine des armées néphites
(Al. 43:16). Il défend la liberté des Néphites contre les menaces que constituent les
armées denvahisseurs et les «hommes-du-roi» qui essaient de rétablir une
monarchie par la force après avoir échoué dans leur tentative dobtenir l'appui
populaire. Moroni mobilise son peuple pour une lutte de sept ans en brandissant «le titre
de la liberté», une bannière sur laquelle il a écrit ses raisons de se défendre et en
invitant son peuple à faire alliance de défendre sa liberté et dobéir aux
commandements de Dieu (Al. 46:12-13, 20).
En dépit de nombreuses batailles, Moroni ne deviendra pas sanguinaire. Il va agir dans la
légalité et, quand il obtient l'avantage sur lennemi, il lui propose la liberté
s'il dépose les armes et fait serment de ne plus faire la guerre. Il crée de nouvelles
armes et de nouvelles fortifications et recherche les directives d'un prophète sur ce que
ses armées doivent faire (Al. 43:23 ; voir aussi Livre de Mormon, histoire de la guerre
dans). Cinq cents ans plus tard, Mormon, principal rédacteur et compilateur du Livre de
Mormon, écrira: « Si tous les hommes avaient été, et étaient, et devaient être un
jour semblables à Moroni, voici, les puissances mêmes de l'enfer auraient été
ébranlées à jamais» (Al. 48:17). Mormon ira jusquà donner son nom à son fils,
Moroni 2.
Moroni 2
Auteur: PETERSON, H. DONL
Moroni 2 est le dernier prophète et lauteur du
dernier livre du Livre de Mormon. Sa vie couvre la dernière partie du IVe siècle et le
début du cinquième. Il est à la tête dune armée de dix mille hommes lors de la
dernière bataille contre les Lamanites sous la direction de son père Mormon, commandant
en chef. Avant la guerre finale, Mormon a abrégé les plaques de Néphi qui couvrent
mille ans de l'histoire de son peuple. Il a commandé à Moroni de terminer les annales
néphites en écrivant « la triste histoire de la destruction de [leur] peuple» (Mrm.
8:3) et de préserver tous les écrits sacrés (Mro. 9:24).
Après avoir écrit le post-scriptum demandé aux annales de son père et avoir
prophétisé sa découverte future (Mrm. 8-9), il y ajoute un abrégé dinscriptions
jarédites antiques, les annales dune nation qui avait habité le continent
américain pendant approximativement 1.700 ans avant l'arrivée des Néphites ou
peut-être en chevauchant leur arrivée (livre d'Éther). «Selon la volonté du
Seigneur», il ajoute enfin dix chapitres de conclusion sur des ordonnances, des principes
et des pratiques religieuses, qu'il appelle le livre de Moroni.
Moroni parle avec une assurance prophétique de la situation dans les derniers jours parce
que «Jésus-Christ vous a montrés à moi, et je sais ce que vous faites» (Mrm. 8:35).
Avec ferveur, il proclame que le Christ est un Dieu de miracles qui est le même à toutes
les époques à moins que l'incrédulité fasse cesser les miracles. Il parle avec
assurance de la divinité et des enseignements de Jésus-Christ parce que « j'ai vu
Jésus, et qu'il a parlé face à face avec moi
comme un homme parle à un autre,
dans ma propre langue» (Éther 12:39).
Il note aussi les prophéties du frère de Jared, un prophète jarédite, qui a conduit sa
colonie vers le Nouveau Monde. Ces prophéties sont «scellées» pour paraître un jour
futur (Éther 4:1-7).
Sa dernière inscription dans le Livre de Mormon a probablement été faite vers 421 apr.
J.-C., trente-six ans après la bataille finale. Il finit alors d'écrire la page de titre
du Livre de Mormon et enterre les plaques du Livre de Mormon pour les préserver pour une
future génération.
Quatorze cents ans plus tard, ce même Moroni, alors ressuscité et «envoyé de la
présence de Dieu», apparaîtra à Joseph Smith, dix-sept ans, la nuit du 21 septembre
1823, et lui parlera des annales sacrées déposées dans un coffre en pierre dans une
colline voisine (la colline Cumorah) dans ce qui est maintenant le comté d'Ontario (New
York), à quelques kilomètres de chez Joseph dans larrondissement de Manchester. Il
lui apparaîtra plus de vingt fois pendant les six années suivantes pour le former pour
son appel comme prophète et lui donner des conseils et des informations concernant
lobtention, la traduction et la garde des plaques du Livre de Mormon (Joseph
SmithHistoire 1:27-54).
Moroni est fréquemment associé à l'Église parce quil est souvent représenté
sonnant de la trompette, manipulant les plaques d'or ou instruisant Joseph Smith
par exemple sur les flèches des temples, sur la couverture de plusieurs impressions du
Livre de Mormon et dans des peintures. La représentation de Moroni avec une trompette est
l'emblème officiel sur les tombes des soldats mormons américains.
Moroni est couramment représenté avec une trompette à cause dune interprétation
d'une prophétie de Jean le Révélateur dans laquelle il a vu un ange annonçant le
retour de l'Évangile éternel sur la terre dans les derniers jours: «Je vis un autre
ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour lannoncer
aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout
peuple. Il disait d'une voix forte : Craignez Dieu, et donnezlui gloire, car l'heure
de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et
les sources d'eaux » [Ap. 14:6-7]. [Voir aussi Statue de lange Moroni.]
Bibliographie
Peterson, H. Donl. Moroni: Ancient Prophet, Modern Messenger. Bountiful, Utah, 1983.
H. DONL PETERSON
Moroni, Ange
Auteur : ROMNEY, JOSEPH B.
L'ange Moroni est le messager céleste qui a rendu visite
au prophète Joseph Smith en 1823. En tant que mortel appelé Moroni (2), cest lui
qui a terminé la compilation et la rédaction du Livre de Mormon. Il a exercé son
ministère auprès de Joseph Smith comme être ressuscité, en accord avec sa
responsabilité à légard du Livre de Mormon, puisque «les clefs des annales du
bois d'Éphraïm» lui avaient été confiées par le Seigneur (D&A 27:5).
Conformément à cette responsabilité, il apparaît à Joseph Smith la nuit du 21 au 22
septembre 1823 (JSH 1:29-49 ; D&A 128:20) et lui parlera ensuite lors de
plusieurs nouvelles apparitions jusqu'à ce que le livre soit publié en 1830. Pendant ce
temps, il va instruire Joseph Smith, témoigner aux trois témoins du Livre de Mormon et
aider à luvre de rétablissement de l'Évangile.
À cause de son rôle dans le rétablissement de l'Évangile éternel qui doit être
prêché au monde entier (cf. Ap. 14:6-7; D&A 133:31-39), l'Église a placé une
statue le représentant comme héraut du rétablissement sur le temple de Salt Lake City
et, plus tard, sur la colline Cumorah près de Palmyra (New York) où il avait autrefois
enterré les plaques du Livre de Mormon. Des copies de la statue ont été également
été placées sur les autres temples de lÉglise [Voir aussi Moroni Statue
de lange; Moroni, Visitations de.]
Moroni,
Visitations de
Auteur : RICKS, ELDIN
De 1823 à 1829, l'ange Moroni apparut au moins vingt fois
à Joseph Smith et à d'autres. Ces apparitions ouvrirent la voie à la traduction et à
la publication du Livre de Mormon et posèrent les fondements de beaucoup des
enseignements les plus caractéristiques de l'Église. En tant que messager ressuscité de
Dieu, Moroni parla à Joseph Smith des annales néphites sur plaques d'or et l'instruisit
au sujet du rassemblement d'Israël, de la visite future d'Élie, de l'imminence de la
seconde venue de Jésus-Christ et des jugements qui allaient se déverser sur le monde
avant cet événement.
Joseph Smith écrivit à propos de l'apparition de Moroni, la nuit du 21 septembre 1823:
«Après m'être mis au lit pour la nuit, je commençai à prier et à supplier le Dieu
Tout-Puissant de me pardonner tous mes péchés et toutes mes sottises et aussi de
m'accorder une manifestation pour que je connusse mon état et ma situation vis-à-vis de
lui
Tandis que j'étais ainsi occupé à invoquer Dieu, je m'aperçus qu'une
lumière apparaissait dans ma chambre; elle s'accrut jusqu'à ce que la chambre fût plus
claire qu'à l'heure de midi, et, tout à coup, un personnage parut à mon chevet; il se
tenait dans les airs
Il était vêtu d'une tunique ample de la plus exquise
blancheur, d'une blancheur qui surpassait tout ce que j'avais jamais vu de terrestre
Il avait les mains nues, les bras aussi, un peu au-dessus des poignets; il avait
également les pieds nus et les jambes aussi, un peu au-dessus des chevilles. La tête et
le cou étaient nus également
toute sa personne était glorieuse au-delà de toute
description» [JSH 1:29-32].
L'ange se présenta sous le nom de Moroni et, pendant qu'il parlait des annales néphites,
de leur contenu et des interprètes enterrés avec elles, Joseph eut la vision de
lendroit où elles se trouvaient dans la colline Cumorah. Moroni avertit Joseph
quil ne devait montrer les plaques ni les interprètes à qui que ce soit excepté
à ceux que le Seigneur désignerait. Il cita aussi certaines prophéties de la Bible,
notamment Malachie 3-4, Ésaïe 11 et Actes 3:22-23.
Après le départ de l'ange, Joseph resta couché à réfléchir à cette expérience.
Moroni revint et répéta mot à mot tout ce quil avait dit lors de sa première
visite, ajoutant plus de détails sur les jugements à venir, puis une troisième fois
pour répéter ses instructions et pour avertir Joseph qu'il devait mettre de côté toute
idée de richesse profane et se concentrer uniquement sur la traduction des annales et
l'établissement du royaume de Dieu.
Joseph dit que quand Moroni leut laissé pour la troisième fois, il entendit le coq
chanter, les visitations ayant occupé la nuit entière. Il se leva et se rendit aux
champs avec son père et son frère aîné Alvin, mais se sentit fatigué et faible. Son
père, remarquant l'état de son fils, lui dit de retourner à la maison. Tandis
quil franchissait une clôture, il tomba par terre sans connaissance.
La première chose qu'il se rappela avoir vue, ce fut Moroni debout au-dessus de lui,
répétant ses instructions de la nuit précédente, ajoutant que Joseph devait maintenant
parler des visitations à son père. Joseph sexécuta et son père, assuré que la
vision venait de Dieu, dit à Joseph de suivre les instructions de l'ange (JSH
1:46-50).
Joseph Smith se rendit alors à la colline et trouva l'endroit qui lui avait été montré
en vision la nuit précédente. Il dégagea les plaques et était sur le point de les
prendre quand Moroni lui apparut de nouveau pour lui dire que le moment nétait pas
encore venu. Au lieu de cela, il commanda à Joseph de retourner à cet endroit au même
moment l'année suivante et de continuer ainsi jusqu'à ce que le moment fût venu
dobtenir les plaques (JSH 1:51-54).
Il semblerait que, pendant ces années, Joseph Smith reçut aussi des visites de Mormon,
de Néphi et d'autres «anges de Dieu dévoilant la majesté et la gloire des événements
qui allaient se produire dans les derniers jours» (HC 4:537; cf. JD 17:374; Peterson, p.
131). Joseph raconta certaines de ses expériences à sa famille. Sa mère, Lucy Mack
Smith, écrit: «À partir de ce moment-là, Joseph continua à recevoir des instructions
du Seigneur et nous continuâmes à rassembler les enfants chaque soir pour l'écouter
nous en parler
Il décrivait les anciens habitants de ce continent, leurs habits,
leur façon de se déplacer et les animaux quils montaient, leurs villes, leurs
bâtiments, avec tous les détails, leur façon de faire la guerre et aussi leur culte
religieux. Cela, il le faisait apparemment avec autant de facilité que sil avait
passé sa vie entière parmi eux» (pp. 82-83).
Moroni reprit temporairement les plaques et les interprètes lorsque Martin Harris perdit
les 116 premières pages de manuscrit de la traduction. Plus tard, quand Joseph Smith
quitta Harmony (Pennsylvanie) pour Fayette (New York) en juin 1829, Moroni les lui rendit
là-bas (Smith, pp. 149-150). Plus tard encore, il montra les plaques aux trois témoins
(HC 1:54-55), les reprit une fois la traduction terminée (JSH 1:60) et les remit
encore une fois brièvement à Joseph pour quil les montre aux huit témoins (voir
Livre de Mormon, Témoins).
En plus de Joseph et des trois témoins, Mary Whitmer vit aussi l'ange et parla avec lui.
Elle dit que Moroni lui montra les plaques d'or quand elle conversa avec lui (Peterson,
pp. 114, 116). Selon d'autres sources, Moroni apparut également à W. W. Phelps, Heber C.
Kimball, John Taylor et Oliver Granger (Peterson, pp. 151-152).
Mort
Auteur : Gillespie, L. Kay
À la mort, l'esprit et le corps se séparent et « les
esprits de tous les hommes, dès qu'ils quittent ce corps mortel, oui, les esprits de tous
les hommes, qu'ils soient bons ou mauvais, sont ramenés auprès de ce Dieu qui leur a
donné la vie » (Alma 40:11 cf. Ecclésiaste 12:7). Alma le Jeune décrit comment les
esprits des « justes seront reçus dans un état de bonheur, qui est appelé paradis, un
état de repos, un état de paix, où ils se reposeront de toutes leurs difficultés, et
de tous les soucis, et de toute tristesse » (Alma 40:12 ; voir Paradis; Monde des esprits
). Par contraste, les méchants, qui « ont choisi les uvres mauvaises plutôt que
les bonnes », subissent la crainte de la colère de Dieu (voir Alma 40:13). Ceux qui sont
au paradis, comme ceux qui sont dans la prison desprit, attendent la résurrection
et le jugement de Dieu (voir Prison desprit : Jugement, jour du, final).
LA RÉSURRECTION. Grâce à l'expiation du Christ, tous les mortels seront ressuscités
indépendamment de leur justice personnelle. Leur esprit récupérera leur corps physique
: il y aura donc une unité permanente de l'esprit avec un corps immortel incorruptible
(Jean 5:28-29 ; Alma 11:42-45 ). À l'exception de la résurrection du Christ, « cette
chair aurait dû se coucher pour pourrir et se désagréger, et retourner à la terre, sa
mère, pour ne plus se relever » et les esprits des hommes seraient devenus des démons,
assujettis à Satan pour l'éternité (2 Né 9:7-9 ).
NATURE DE LA MORT. Les Écritures enseignent que la mort ne change pas notre personnalité
(Alma 34:34). Lidentité de chacun est éternelle (D&A 18:10 ; 93:29). Donc tous
ceux qui ont été obéissants aux commandements de Dieu à n'importe quelle époque du
monde peuvent s'attendre à des retrouvailles avec leurs proches et à la fréquentation
de leurs ancêtres et de leurs descendants. Les saints des derniers jours croient que la
mort ne doit pas forcément mettre fin à la conscience personnelle ou aux relations entre
personnes. Pour les justes, les liens familiaux peuvent continuer au-delà de la mort
grâce aux scellements dans le temple. Ainsi, les membres de la famille qui ont reçu
l'Évangile dans la condition mortelle recherchent leurs ancêtres et accomplissent les
ordonnances par procuration nécessaires dans le temple pour les membres de la famille
décédés (voir Temple, Ordonnances). Beaucoup de saints des derniers jours se sentent
proches de leurs ancêtres des générations passées parce qu'ils ont étudié leur vie
et que certains les ont représentés dans les ordonnances du temple (voir Moïse
6:45-46). Les parents affligés savent que les enfants qui meurent avant l'âge de
responsabilité et d'autres tels que les handicapés mentaux, reçoivent l'amour et le
salut éternels par la grâce du Christ et retrouvent une plénitude pour continuer leurs
relations familiales (Mro. 8:17, 22 ; D&A 137:10 ).
Néanmoins, les saints des derniers jours ne sont pas attirés par la mort et ne la
recherchent pas (voir Prolonger la vie). Ils condamnent le suicide mais laissent le
jugement au Seigneur (Ballard, p. 6-9). L'avortement est considéré, lui aussi, comme un
péché grave dans la plupart des cas et peut causer beaucoup de chagrin.
La meilleure préparation pour la mort est de se repentir et de vivre dans la justice.
Ceux qui ont le sentiment que leur vie est menacée par la maladie peuvent recevoir des
bénédictions par les anciens de l'Église, qui, détenant la prêtrise de Dieu,
«prieront pour eux et poseront les mains sur eux en mon nom. S'ils meurent, ils mourront
pour moi, et s'ils vivent, ils vivront pour moi » (D&A 42:44 ; Voir aussi Malades,
Bénédiction des). Ceux qui connaissent des souffrances extrêmes dans une maladie en
phase terminale peuvent invoquer le Seigneur pour avoir du réconfort ou pour être
soulagés de la douleur et sen remettre à lui pour prolonger ou raccourcir leurs
jours sur la terre. Permettre à une personne qui est en phase terminale de décéder
plutôt que de maintenir une existence végétative par un soutien artificiel n'est pas
l'équivalent spirituel de ne pas sauver la vie d'une personne face à la mort dans
d'autres circonstances. Le Seigneur est, toutefois, en fin de compte, celui qui donne et
reprend la vie.
Pour les saints des derniers jours, comme pour tout le monde, la mort peut être tragique,
inattendue ou même un terme bienvenu à la souffrance. La perte d'êtres chers est une
occasion de deuil. Toutefois, dans la doctrine des saints, la mort est aussi une occasion
d'espoir, une naissance dans la prochaine vie, une étape dans le Plan du Salut qui a
commencé dans l'existence prémortelle et conduit, si l'on est juste, à la vie
éternelle avec Dieu dans le royaume céleste. Le deuil des fidèles se ,manifeste, et
cest naturel, par le chagrin et lespoir, pas par le désespoir et la
dépression. Pourtant, la perte d'un être cher ne doit pas être pris à la légère ni
froidement. Le chagrin et l'amour sont compatibles si pas essentiels dans
les émotions des fidèles. Et les saints des derniers jours qui affrontent eux-mêmes la
mort, tout en éprouvant une incertitude et de linquiétude pour ceux qui restent,
peuvent trouver de lespoir dans le Plan du Salut et la promesse du Seigneur que «
ceux qui meurent en moi ne goûteront pas la mort, car elle leur sera douce » (D&A
42:46).
MORT DE NOURRISSONS. Joseph et Emma Smith affrontèrent des pertes personnelles, notamment
la mort de plusieurs de leurs enfants. Joseph écrit : « J'ai médité sur ce sujet et
jai posé la question : comment se fait-il que des bébés, des enfants innocents,
nous sont enlevés, en particulier ceux qui semblent être des êtres extrêmement
intelligents et les plus intéressants ? Les raisons qui se présentent à mon esprit sont
les suivantes
Ils étaient trop purs et trop beaux pour vivre sur la terre...[mais]
nous les retrouverons bientôt » (EPJS, p. 158).
MORT DE JEUNES. Joseph Smith a fait ce commentaire sur la mort prématurée des jeunes
lors de l'enterrement du jeune Ephraim Marks : « [Cette occasion] me rappelle la mort de
mon frère aîné, Alvin, qui mourut à New York, et de mon frère cadet, Don Carlos
Smith, qui mourut à Nauvoo. Il ma été dur de vivre sur la terre et de voir
enlevés dauprès de nous, en pleine jeunesse, ces jeunes gens, sur le soutien et la
consolation desquels nous nous sommes reposés. Oui, il a été difficile de se faire à
cette idée... cependant je sais que nous devrions nous taire et savoir que cest de
Dieu » (EPJS, p. 174). Le prophète a également trouvé un grand réconfort dans ce que
dit l'Évangile sur les rapports de la condition mortelle avec l'éternité: « De tous
les peuples de la terre, cest nous qui avons des raisons d'avoir la plus grande
espérance et la plus grande consolation à légard de nos morts ; car nous les
avons vus marcher en dignité parmi nous et les avons vus sendormir dans les bras de
Jésus ; et ceux qui sont morts dans la foi sont maintenant dans le royaume céleste de
Dieu » (EPJS, p. 291).
Le deuil nest pas seulement approprié ; c'est aussi lune des expressions les
plus profondes de l'amour pur : «Vous vivrez ensemble dans l'amour, de sorte que vous
pleurerez la perte de ceux qui meurent » (D&A 42:45). Alma lAncien a enseigné
que dans le cadre de l'alliance du baptême, les saints doivent « pleurer avec ceux qui
pleurent ; oui, et
consoler ceux qui ont besoin de consolation » (Mosiah 18:9). Le
deuil peut augmenter notre foi et nos espoirs. Joseph Smith, le prophète, a dit : «
Lespérance de voir mes amis le matin de la résurrection réjouit mon âme et me
permet de faire face aux maux de la vie. C'est comme sils partaient pour un long
voyage et à leur retour nous les retrouverons avec une joie accrue » (EPJS, p. 238).
OBSÈQUES. Les obsèques chez les saints sont des occasions solennelles et douloureuses,
mais elles projettent aussi un esprit d'espoir fondé sur l'attente des retrouvailles avec
le défunt après cette vie. Elles ont habituellement lieu dans une chapelle de
lÉglise ou dans une morgue sous la direction de l'évêque de la paroisse (Packer,
p. 18). Elles commencent et finissent par de la musique sacrée et une prière, comportant
parfois des chants par lassemblée ou par une chorale (Packer, p. 19). Certain
cantiques de lÉglise décrivent la vie après la mort comme un retour en la
présence de Dieu (Cantiques, p.185) ou comme un état de repos loin des soucis mortels et
comprennent souvent un rappel que les vicissitudes de la condition mortelle sont
temporaires : « Et si la mort nous arrête en chemin, heureux jour, tout est bien ! Fini
leffort et fini le chagrin car le ciel est atteint. » (Cantiques, p. 18).
Lors des obsèques on évoque des réminiscences et des éloges et il y a aussi des
discours sur l'Expiation, la résurrection, la vie après la mort et des points de
doctrine sur ce genre de sujets qui réconfortent et inspirent les personnes en deuil.
Certaines familles demandent à des membres de la famille ou à des amis de parler de la
vie du défunt ou de chanter un cantique approprié. Il est de coutume quune prière
soit faite au nom de la famille par un de ses membres avant le début de la cérémonie
publique.
CÉRÉMONIE AU BORD DE LA TOMBE. Après les obsèques, on organise habituellement un
service de dédicace au bord de la tombe auquel nassistent que les parents et les
amis intimes. Quelquun qui détient la Prêtrise de Melchisédek, habituellement un
membre ou un ami proche de la famille, consacre la tombe en demandant à Dieu de la
protéger contre les éléments ou toute autre perturbation comme un lieu de repos
sanctifié jusqu'à la résurrection.
Dans certains pays, les lois locales peuvent imposer lincinération plutôt que
l'enterrement, mais en l'absence d'une telle loi, lenterrement est préférable en
raison de son symbolisme doctrinal (Packer, p. 19). Les circonstances peuvent également
dicter un service commémoratif ou un service au bord de la tombe uniquement. Il est
conseillé aux évêques de tenir compte des souhaits de la famille en accord avec la
nature spirituelle et respectueuse de l'événement (Packer, p. 19-20).
RÉSUMÉ. Tout comme la mort a commencé avec la Chute, elle prendra fin avec l'Expiation,
grâce à laquelle tous seront ressuscités et la terre elle-même deviendra immortelle
(D&A 29:22-29 ; 1 Corinthiens 15:19-26 ; Apocalypse 21:1-4). L'espoir engendré chez
les saints des derniers jours par cette perspective à longue portée dun Sauveur
aimant, ayant triomphé de la mort, se reflète dans une lettre de Joseph Smith à
l'Église en 1842 : « Or, qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu? Une
voix d'allégresse! Une voix de miséricorde venant du ciel et une voix de vérité
sortant de la terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse pour les
vivants et les morts, de bonnes nouvelles d'une grande joie » (D&A 128:19). Bien
qu'elle cause du chagrin à ceux qui restent, la mort fait partie du « plan
miséricordieux du grand Créateur » (2 Né 9:6), c'est « un mécanisme de sauvetage »
(Packer, p.21), une étape essentielle dans le « grand plan du bonheur » du Seigneur
(Alma 12.25). [Voir aussi Au-delà ; Autopsie ; Enterrement ; Incinération.]
Bibliographie
Ballard, M. Russell. "Suicide: Some Things We Know, and Some We Do Not." Ensign
17, oct. 1987, p. 6-9.
Barlow, Brent A. Understanding Death. Salt Lake City, 1979.
Hinckley, Gordon B. "The Empty Tomb Bore Testimony." Ensign 18, mai 1988, p.
65-68.
Cantiques de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Salt Lake
City, 1985.
Kimball, Spencer W. "Tragedy or Destiny?" IE 69, mars 1966, p. 178-180, 210-214,
216-217.
Madsen, Truman G. "Distinctions in the Mormon Approach to Death and Dying." In
Deity and Death, dir. de publ. Spencer J. Palmer, p. 61-74. Provo, Utah.
Packer, Boyd K. "Funerals-A Time for Reverence." Ensign 18, nov. 1988, p. 18-21.
L. KAY GILLESPIE
Nauvoo
Auteur: LEONARD, GLEN M.
Nauvoo, Illinois, siège social de lÉglise et lieu de résidence de beaucoup de ses
membres de 1839 à 1846, a commencé et a fini en tant que communauté en exil. En
1838-1839, les saints des derniers jours fuirent le Missouri à la recherche dun
asile religieux pour échapper aux persécutions des émeutiers. Ils trouvèrent un abri
dans lest de lIowa et louest de lIllinois où ils créèrent de
nouvelles collectivités. Joseph Smith appela la ville principale Nauvoo, qui signifiait,
disait-il «un bel endroit, un lieu de repos». Lorsque, sept ans plus tard, les saints
quittèrent Nauvoo pour les montagnes Rocheuses, ils étaient une fois de plus des exilés
religieux à la recherche dune patrie.
La population de Nauvoo grandit rapidement sur les terres achetées à des colons et à
des spéculateurs disposés à vendre sur contrat. Joseph Smith, agissant en tant
quagent pour lÉglise, acheta les fermes en Illinois à Hugh et William White
et des terres dinvestissement à Isaac Galland et Horace Hotchkiss, 240 hectares en
tout. Il revendit des lots de 40 ares à Nauvoo délimités sur les marécages le long du
fleuve en concurrence avec dautres promoteurs membres de lÉglise qui
lotissaient des terrains sur les promontoires voisins. Un relevé fixa des rues de quinze
mètres de large sur le territoire urbain recouvrant les villes existant «sur papier» de
Commerce et de Commerce City. En décembre 1840, Nauvoo devint une personne morale en
vertu de la charte de Nauvoo décernée par le gouvernement de lIllinois et assurant
aux saints la meilleure protection juridique quils eussent jamais connue. Nauvoo
était maintenant une patrie.
Tandis que les saints des derniers jours exilés du Missouri et dOhio se
rassemblaient dans leur nouveau pieu de Sion, les missionnaires des États-Unis et de
Grande-Bretagne baptisaient beaucoup de convertis (voir Missions des Douze aux îles
Britanniques). Encouragés par Joseph Smith, les convertis américains et canadiens
vinrent sinstaller à louest, à Nauvoo. Certains utilisèrent les voies
navigables, dautres des chariots bâchés et des chevaux, et quelques-uns allèrent
simplement à pied. À partir de 1840, des milliers traversèrent locéan Atlantique
depuis Liverpool et remontèrent le Mississippi à partir de la Nouvelle-Orléans.
Cétait une émigration religieuse, une réaction individuelle et familiale à une
croyance religieuse, facilitée par les agents démigration de lÉglise à
Liverpool, qui organisèrent des convois et désignèrent des bergers pour ceux fuyaient
en Sion (voir Immigration et émigration).
Les nouveaux venus étaient accueillis à Nauvoo par leurs amis, leurs parents, les
missionnaires et le prophète Joseph Smith lui-même. Pendant les années de forte
progression, de 1841 à 1843, il devint de plus en plus difficile de louer une maison ou
de trouver dautres logements provisoires. Aussi rapidement que possible, les
nouveaux colons engageaient les rares entrepreneurs et artisans pour construire des
maisons. Le bois de construction récolté dans les forêts voisines non exploitées ou
importé et, plus tard, les briques faites à Nauvoo, allèrent dans des centaines de
maisons confortables mais petites. Nauvoo devint une ville champignon.
Les jardins des lots municipaux donnaient des légumes, des herbes, des fruits et des
baies. La viande et les pommes de terre, quand on en avait, et le maïs moulu
en farine pour bouillir, cuire et frire étaient la base de
lalimentation de tout le monde. Dans les prairies voisines, les fermiers
labouraient, clôturaient en coopérative et ensuite semaient des centaines
dhectares de maïs, de blé et de pommes de terre. Les artisans trouvaient sans
peine du travail à Nauvoo, de même que les négociants désireux dimporter les
produits manufacturés de St-Louis, de Cincinnati et de la côte Est.
Les partisans de Nauvoo et leurs adversaires politiques des localités voisines ont
exagéré, pour différentes raisons, leurs évaluations de la population de Nauvoo. En
1845, les recenseurs de lIllinois ont compté 11.057 résidants. Si lon y
ajoutait la croissance jusquà la fin 1845 et si lon y incluait les environs
de la ville, cela pousserait lestimation à 15.000 à lapogée de Nauvoo, ce
qui était presque léquivalent dun Chicago en croissance plus rapide.
Pour satisfaire les besoins publics, les groupes municipaux construisirent uns salle de
musique et une salle culturelle, et les collèges de prêtrise projetèrent leurs propres
salles de réunion. La construction, commanditée par lÉglise, de la Maison de
Nauvoo, dun grand hôtel et du temple de Nauvoo donna à la croissance de Nauvoo une
signification religieuse.
Bien que tous les membres contribuassent, selon que le leur permettaient leurs moyens et
leur foi, à la construction du temple, ils ne vivaient pas tous à Nauvoo. Certains
restèrent dans leur localité natale à cause de pressions économiques ou familiales.
Dautres se joignirent à la Marche vers Nauvoo, mais trouvèrent de quoi construire
et des terres à lécart du siège de lÉglise. Sur un terrain de 5.200
hectares acheté par lÉglise dans le comté de Lee (Iowa), juste en face de Nauvoo,
de lautre côté du fleuve, les saints fondèrent une ville appelée Zarahemla et
neuf autres colonies plus petites. Joseph Smith organisa un pieu dIowa et y approuva
la colonisation ainsi que dans plusieurs nouvelles localités dans louest de
lIllinois. En plus de Nauvoo, les membres de lÉglise du comté de Hancock
vivaient à Ramus (maintenant Webster); dans le comté dAdams à Lima, Quincy, Mount
Hope (maintenant Columbus) et Freedom (près de Payson); dans le comté de Morgan à
Geneva; dans le comté de Sangamon à Springfield; et dans le comté de Spike à Pleasant
Vale (maintenant Canton). En plus, les frères présidents organisaient des branches de
lÉglise partout où il y avait des concentrations de membres en Amérique du Nord
et dans les îles Britanniques.
Partout où ils vivaient, les saints des derniers jours se tournaient vers le prophète
Joseph Smith pour ce qui était de la direction religieuse. Ses révélations et ses
sermons publiés à Nauvoo étaient distribués dans toute lÉglise. Pour les
résidants, le prophète offrait en direct la prédication, lenseignement et les
recommandations. En plus de cela, son influence à Nauvoo était accrue par ses rôles
dagent immobilier, de maire, de chef de la milice, de magistrat et de négociant. Il
nest donc pas étonnant quaprès sa mort et labrogation de sa charte, la
ville aient été renommée la Cité de Joseph.
Pendant ses dernières années à Nauvoo, le prophète révéla des aspects
supplémentaires de lÉvangile rétabli. Il répondit aux questions sur les
croyances de base des saints par treize articles de foi, qui décrivaient les points de
doctrine fondamentaux. Il publia un autre ouvrage scripturaire révélé, le livre
dAbraham. Il enseigna de nouvelles idées sur les origines communes de toute
lhumanité et son destin éternel, en particulier lors de léloge funèbre
dun membre appelé King Follett (voir Discours sur King Follett). Beaucoup parmi les
nouveaux enseignements portaient sur le temple et envisageaient un effort collectif pour
accomplir les ordonnances pour le salut des ancêtres décédés et lexaltation des
saints fidèles. Les premiers baptêmes pour les morts furent accomplis dans le
Mississippi, mais dès la fin novembre 1841, les baptêmes par procuration commençaient
dans les fonts baptismaux du temple. En attendant, alors que le temple nétait pas
encore achevé, plusieurs hommes, dont deux des Douze, reçurent, le 4 mai 1842, les
premières dotations du temple dans une pièce à létage du magasin-bureau du
président. Lannée suivante leurs épouses et dautres hommes et femmes
reçurent les mêmes ordonnances, constituant un groupe dinitiés qui, à partir de
décembre 1845, allaient administrer les ordonnances du temple à des milliers
dautres personnes dans le temple de Nauvoo.
Le temple était au centre de la vie religieuse à Nauvoo. Les saints en soutinrent la
construction par la dîme en temps et en moyens, et ils aspiraient à recevoir les
bénédictions du temple promises. Pour ceux qui avaient la chance dhabiter Nauvoo,
le temple et la théologie qui lui était associée donnèrent un sens nouveau et éternel
à la naissance, au mariage, à la vie et à la mort.
Bien que la direction personnelle de Joseph Smith dominât la vie religieuse à Nauvoo,
une structure institutionnelle soutenait ses efforts et continua après sa mort en 1844
(voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Pendant les années de Nauvoo, le Collège des
Douze accepta un rôle accru. Organisé en 1835, ses membres acquirent de
lexpérience dabord comme dirigeants de mission en Angleterre et puis comme
administrateurs à Nauvoo. Avec la Première Présidence et dautres autorités, ils
avaient des occasions de faire, en chaire dans le bosquet près du temple, des
commentaires scripturaires le dimanche et de sadresser aux saints lors des
conférences générales. Ces conférences davril et doctobre, qui étaient
parmi les réunions les plus importantes à Nauvoo, rassemblaient des milliers de saints
pour traiter des affaires et donner des instructions. Des réunions semblables se
produisaient ailleurs pour les branches dispersées. Les procès verbaux publiés dans le
Millennial Star en Grande-Bretagne et dans le Times and Seasons de Nauvoo aidaient les
membres qui étaient ailleurs à se tenir au courant des affaires de lÉglise, de la
croissance du nombre des membres et de la prédication. Les périodiques de lÉglise
publièrent les premières livraisons de la History of the Church, de Joseph Smith, un
projet auquel il travailla diligemment avec ses secrétaires de 1838 jusquà sa mort
en 1844.
La Société de Secours des femmes, organisée en 1842, pourvoyait aux besoins des pauvres
et enseignait les principes de la pureté sexuelle. En cela, elle aidait les évêques des
paroisses débutantes de Nauvoo, des entités administratives toutes neuves à vaquer aux
besoins temporels et à superviser la dignité religieuse. Après que Brigham Young et les
Douze eurent succédé au prophète comme dirigeants, les soixante-dix et les autres
collèges de la Prêtrise de Melchisédek grandirent rapidement en nombre et en
importance. Les soixante-dix construisirent un bâtiment, patronnèrent une bibliothèque
et se préparèrent pour des missions et pour les bénédictions du temple.
Si la loyauté des saints des derniers jours de Nauvoo allait avant tout à leur
appartenance religieuse, leur vie nen reflétait pas moins les expériences typiques
des autres citoyens de lAmérique jacksonienne. Les non-mormons vivant dans et
autour de Nauvoo se joignaient à eux pour la fête de lIndépendance. Les cortèges
militaires, les fanfares, les discours patriotiques et les autres festivités attiraient
les citoyens qui arrivaient à cheval, en chariot et par bateau. Les festivités de Noël
étaient des points culminants pour la famille et les amis, avec des dîners par étapes,
des chants et des danses. Lappartenance aux loges maçonniques, organisées en
1841-1842, affirmait la loyauté de groupe dans lÉglise et incitait aux liens
fraternels avec les autres. Malheureusement et contrairement à ce à quoi lon
sattendait, la croissance rapide des loges créa une polémique qui durcit les
rapports avec les autres francs-maçons (voir Franc-maçonnerie à Nauvoo).
La société mormone américaine à Nauvoo, travaillée de plus en plus par
linfluence des immigrants britanniques et scandinaves, se livrait aux
divertissements typiques du XIXe siècle. Des fanfares jouaient lors des bals et des
rassemblements patriotiques, accompagnaient les churs de lÉglise et jouèrent
pour la cérémonie de la pose de la pierre angulaire du temple. Des chorales
dadultes et de jeunes, des instrumentistes et des chanteurs distrayaient et
édifiaient lors des assemblées festives et religieuses. La musique interprétée venait
des sociétés organisatrices, mais certains cantiques étaient nouvellement écrits pour
les services religieux de lÉglise. Les poètes mormons commémoraient
régulièrement les événements et les personnes et mettaient des messages religieux
importants en vers pour les périodiques bimensuels. Les comédiens de Nauvoo jouaient des
pièces de théâtre populaires ou patronnaient des troupes dacteurs itinérants
dans la maison de la culture de Nauvoo. Les autres attractions occasionnelles étaient les
expositions artistiques, le cirque et les excursions en bateau fluvial (voir Histoire
sociale et culturelle).
Les enfants avaient peu de jouets, la plupart du temps des chariots, des toupies et des
poupées faits maison. Ils faisaient des jeux tels que le renard et les oies ou le
saute-mouton. Les jeunes se livraient à des passe-temps tels que jouer aux billes, la
lutte, la course à pied, la chasse, la pêche, la traction au bâton, le jeu de quilles
et le base-ball. Les adultes participaient à beaucoup de ces activités récréatives et
passaient parfois le temps à jouer aux cartes, à rouler en chariot ou à des rencontres
de salon. Quand ils ne vaquaient pas aux besoins du moment, les habitants de Nauvoo
faisaient également des études. Pour obtenir une formation de base dans la lecture,
lécriture et larithmétique pour leurs familles, les parents engageaient des
précepteurs ou inscrivaient les enfants dans une des dizaines de classes proposées par
les instituteurs à temps partiel de Nauvoo. On payait les instituteurs en leur assurant
la pension complète et un peu dargent. Luniversité de Nauvoo nexistait
que dans quelques classes dispersées. Les adultes masculins et les jeunes hommes
organisaient des salles et des sociétés de conférences pour développer lart
oratoire. Ils traitaient de sujets politiques aussi bien que de sujets religieux pour
préparer les participants au service missionnaire et au service civique. Les livres
étaient rares dans les maisons privées, mais une bibliothèque de prêt à ses membres
proposait deux cents ouvrages reçus en don sur la science, les religions, lhistoire
et la littérature mondiales. Les journaux religieux et profanes de Nauvoo, le Times and
Seasons et le Nauvoo Neighbor (à lorigine The Wasp), édités par des citoyens
mormons éminents, circulaient parmi les saints des derniers jours sur deux continents. À
«lère de lhomme du commun», la vie sociale et éducative de Nauvoo était
faite dagréments et de participation.
Comme ailleurs dans la société américaine, la famille était le centre de la vie
quotidienne. Les femmes satisfaisaient aux besoins domestiques en combinant leur propre
travail et les revenus du travail de leurs maris. La famille produisait et cuisinait la
nourriture, mais les négociants de Nauvoo importaient ou échangeaient aussi beaucoup de
produits alimentaires. Les femmes faisaient souvent les vêtements dusage courant,
les couvertures de lit, les tapis et des choses telles que des serviettes et des rideaux
dans du tissu acheté. Les meubles, les ustensiles de cuisine et les outils des artisans
étaient importés ou apportés par les immigrants. Les remèdes domestiques, complétés
par des bénédictions de prêtrise, étaient administrés avec foi en la guérison. La
mortalité infantile était élevée et la mort était une possibilité constante pour
tout le monde à cause de maladies apparentées à la malaria, des maladies incurables et
des accidents.
Pour les saints des derniers jours de Nauvoo, la famille prenait un nouveau sens
religieux. La conversion divisait malheureusement souvent les familles, même si les
lettres envoyées de Nauvoo entretenaient des liens et invitaient aux retrouvailles. Les
ordonnances du temple par procuration donnaient la possibilité dunir les familles
à travers les générations et au-delà de la tombe. Des associés choisis acceptèrent
le défi privé du prophète de contracter lalliance du mariage avec des épouses
plurales (voir Mariage plural), bien que ce point de doctrine nait pas été
prêché publiquement avant 1852 en Utah. En vue du temple, lenseignement du
principe de la famille éternelle apportait une touche spéciale à la vie de famille des
saints. Les ordonnances de scellement pour les maris et les femmes donnaient au mariage et
à la famille à Nauvoo une perspective éternelle.
Au moment même où la vie semblait être revenue à la normale après le martyre, la
perte de la charte de Nauvoo et le harcèlement des émeutiers en 1845 menacèrent la paix
de la Belle Ville de Joseph Smith. Les adversaires politiques et schismatiques prédirent
«la fin du mormonisme». Des saints des derniers jours mécontents menaçaient
lunité religieuse et proposaient une tutelle et une nouvelle direction prophétique
par opposition aux Douze. LÉglise survécut, mais la position de Nauvoo comme
centre de lÉglise prit fin. Le Collège des Douze annonça, à la conférence
doctobre 1845, ses plans dévacuation au printemps suivant.
Tout au long de lhiver, les résidants sorganisèrent pour lexode tout
en se pressant de terminer leur temple pour en recevoir les ordonnances (voir Émigration
vers lOuest: Planification et prophétie). Ils achetèrent des bufs, firent
des chariots, vendirent leurs propriétés et séquipèrent pour le long voyage dans
le désert de louest tout en faisant des vêtements pour le temple et en effectuant
les travaux de finition à lintérieur du temple sur la colline. Brigham Young et
les Douze nommèrent des agents pour liquider les propriétés invendues et organisèrent
des convois démigration tout en supervisant les détails de la construction du
temple. En décembre, juste avant que le départ ne commence, des milliers de fidèles de
Nauvoo commencèrent à recevoir leur dotation du temple quils attendaient depuis si
longtemps. Avant la fin de lhiver, plus de 6.000 personnes avaient reçu les
ordonnances du temple et étaient donc disposées à partir. Après sept années
mouvementées, les saints des derniers jours repartaient une fois de plus, transplantant
leur société de lalliance dans une nouvelle terre promise.
Nauvoo
Charte de
Auteur: KIMBALL, JAMES L., JR.
Par une législation signée en force de loi le 16 décembre 1840, lAssemblée
générale de lIllinois accorda à Nauvoo le statut de ville. Parmi littéralement
des centaines de colonies de lIllinois, seules Alton, Chicago, Galena, Quincy et
Springfield avaient un statut juridique aussi distinctif. Les saints des derniers jours et
leurs voisins sattendaient à ce que cela ait des conséquences importantes.
Beaucoup dIllinoisans, choqués par le traitement féroce que les Missouriens
avaient fait subir aux saints des derniers jours (voir Conflit au Missouri), cherchèrent
à secourir les disciples assiégés de Joseph Smith en les aidant politiquement et en
leur fournissant des sauvegardes juridiques. De plus, le tissu économique de létat
souffrait des effets de plus en plus graves des paniques de 1837 et de 1839, et beaucoup
de législateurs voyaient un avantage économique à limmigration future de
plusieurs milliers de nouveaux colons. Encouragés par les dirigeants politiques de
létat, les saints croyaient quune charte municipale leur garantirait un genre
de sécurité quils navaient encore jamais eu. Même Stephen A. Douglas, juge
à la Cour suprême de létat, en dépit de décisions judiciaires précédentes
allant en sens contraire, était davis quune charte était irrévocable et
perpétuelle.
Le document de Nauvoo, qui nétait ni la charte la plus longue ni la plus courte,
ressemblait beaucoup aux chartes dautres villes de lIllinois. Plus de la
moitié des sections étaient rédigées sur le modèle de la charte de Springfield. Le
statut de ville permettait le gouvernement par un conseil choisi par un électorat; à la
différence des autres conseils municipaux dIllinois, le Conseil de Nauvoo se
composait déchevins, de conseillers municipaux et dun maire. Le document de
Nauvoo différait également des autres en ce quil était non une mais trois
chartes, accordant à la ville le statut de corporation, une université et une milice
municipale. La pratique précédente était de créer des écoles et également des
unités de milice par des actes séparés. Luniversité de la ville de Nauvoo,
régie par le conseil municipal, était la seule université de létat administrée
par une ville.
Une disposition importante disait que le Conseil de Nauvoo pouvait passer toutes les
ordonnances non contraires à la constitution des États-Unis ou à celle de
lIllinois. Ceci avait pour effet de donner aux autorités de Nauvoo un pouvoir
équivalent à lAssemblée générale de lIllinois. Les ordonnances passées
par le Conseil de Nauvoo pouvaient être en violation directe ou ne pas tenir compte de la
loi de létat et être malgré tout valides à Nauvoo, à condition de ne pas être
en conflit avec les pouvoirs spécifiques accordés par les constitutions fédérales et
détat. Les dirigeants de la milice municipale, connue sous le nom de Légion de
Nauvoo, et les administrateurs de luniversité pouvaient également décréter des
lois qui nétaient limitées que par les constitutions de létat et
fédérales.
Presque immédiatement ce pouvoir se retrouva au centre de malentendus et dune
polémique, bien que la même délégation dautorité existât également dans trois
des cinq autres chartes municipales. Puisque cette disposition nétait pas unique,
la réaction négative suscitée par elle avait beaucoup à voir avec la façon dont les
autres considéraient les saints des derniers jours et la mise en application de la
disposition par Nauvoo et ses dirigeants. Le tribunal municipal de Nauvoo, le troisième
tribunal du genre autorisé par lAssemblée générale de lIllinois, devint
aussi un sujet de controverse. Alors que les tribunaux municipaux de Chicago et
dAlton agissaient sous la direction dun seul juge, le juge principal de Nauvoo
était le maire de la ville, siégeant comme premier magistrat, avec les échevins
municipaux comme juges associés. Pour les adversaires, la manière dont Joseph Smith,
comme maire de Nauvoo, utilisait les pouvoirs législatif et judiciaire accordés par la
loi avait comme conséquence des abus «anti-républicains».
En accordant la charte, certains législateurs avaient peut-être espéré protéger les
saints des derniers jours contre les persécutions, mais cela savéra être une
épée à deux tranchants. Quand la majorité de lIllinois se tourna contre Nauvoo
sans disposer des outils légaux pour limiter le pouvoir et linfluence de la ville,
elle eut recours à des moyens extralégaux. Plus tard, après des violences, elle
réussit également à faire abroger la charte de Nauvoo. Bien que basée solidement sur
des précédents non qualifiés d «anti-républicains» jusquà ce que les
saints des derniers jours les aient obtenus et utilisés, la charte de Nauvoo ne réussit
néanmoins pas à assurer aux saints la paix et la protection quils désiraient.
Bibliographie
Kimball, James L., Jr. "The Nauvoo Charter: A Reinterpretation." Journal of the
Illinois State Historical Society 54, printemps 1971, pp. 66-78.
JAMES L. KIMBALL, JR.
Nauvoo
Économie de
Auteur: FLANDERS, ROBERT B.
Nauvoo, qui fut pendant sept années le siège social de lÉglise, était une ville
fluviale avec un arrière-pays agricole, installée parmi une société préétablie de
seconde génération de non-mormons. Fondée en 1839 par des saints réfugiés du conflit
au Missouri, elle na existé en tant que communauté de saints que jusquen
1846. Les ajouts à sa population en croissance rapide étaient dus surtout à de nouveaux
convertis, beaucoup venus dAngleterre, qui apportaient presque toujours des
qualifications et parfois de la richesse. Bien que le commerce de marchandises et de
services ait été actif, la principale importation de Nauvoo était les convertis (voir
Immigration et émigration), et son exportation principale, les missionnaires.
Nauvoo nétait ni communal ni communautaire. Toutefois, les influences de la
société de lÉglise imprégnaient la société et léconomie. À Nauvoo,
Joseph Smith exprima, en tant que prophète, lextrême urgence de construire la
ville et son temple, une urgence qui lemportait sur tout. Nauvoo était le premier
modèle à échelle humaine du royaume de Dieu sur terre tel quenvisagé par Joseph
Smith. Les saints de Nauvoo consacrèrent donc une grande énergie à «édifier le
royaume», ce qui, en termes économiques, signifiait construire la ville et établir son
infrastructure.
Comme dautres collectivités de son époque, Nauvoo avait des forgerons, des
tonneliers, des potiers, des armuriers et des étameurs, mais ce qui était le plus
recherché, cétait les scieurs, les fabricants de briques et les menuisiers. La
construction était lindustrie principale. Le hameau de Commerce, dont Nauvoo
occupait lemplacement, avait peu de bâtiments, aussi la demande de logements était
grande. Les saints nenvisageaient pas de logements de groupe à la manière des
moraves, des shakers et dautres sociétés communautaires, mais ils voulaient des
logements unifamiliaux séparés selon la tradition rurale anglo-américaine. Il en allait
de même des bâtiments commerciaux et industriels. Avec ses nombreux petits bâtiments
érigés sur de grandes parcelles dans des rangées plus ou moins ordonnées, organisées
en un damier de rues larges avec entre elles du terrain libre pour des annexes, des
jardins, des vergers et des prés, Nauvoo devint le prototype de la ville mormone (voir
Urbanisme).
Les travaux publics constituaient la majeure partie des constructions à Nauvoo. On ne mit
jamais à exécution un plan ambitieux dendiguer le Mississippi pour faciliter le
développement industriel, mais on commença les travaux pour creuser un canal à travers
la péninsule de la ville. Le projet visait à contourner les Rapides de Des Moines du
Mississippi, un obstacle qui transformait lemplacement en portage de fleuve une
grande partie de lannée; mais le projet fut abandonné quand les ouvriers
rencontrèrent un soubassement calcaire. La pierre fut plus tard extraite pour le temple
de Nauvoo.
Le temple, point focal de la vie religieuse et économique de Nauvoo, était essentiel
pour que Nauvoo soit une manifestation littérale du royaume. La construction du temple
mit à lépreuve le zèle religieux et les ressources économiques de tous les
saints, de Nauvoo et dailleurs. Les résidants étaient censés «payer la dîme
pour le temple» en temps, en marchandises ou en argent. Les saints qui navaient pas
encore rallié Nauvoo furent exhortés à le faire rapidement pour pouvoir participer à
lentreprise. Ceux qui ne pouvaient pas le faire devaient soutenir la construction du
temple avec de largent liquide. Les douze apôtres écrivirent en 1841 aux saints
anglais : «Le premier grand objectif devant nous et devant les saints en général,
cest [lachèvement] du temple
pour assurer le salut de lÉglise»
(HC 4:449). Pour Joseph Smith, lachèvement du temple était la priorité absolue.
La révélation de 1841 autorisant le temple menaçait également de rejeter
lÉglise si lédifice nétait pas achevé dans un temps suffisant (voir
D&A 124:30-32). Malgré tout, quand Joseph Smith fut tué en 1844, les murs
nétaient construits quà moitié.
Bien que la construction du temple fût un travail damour, son coût économique
épuisa les ressources de la ville. Des capitaux furent retirés dentreprises
nécessaires pour fournir des marchandises et de lemploi. Même Joseph Smith,
quoique enthousiaste pour le temple, reconnaissait le problème. «Je prophétise, dit-il
en 1843, que dès que nous aurons construit le temple, pour que nous ne soyons plus
obligés dépuiser nos moyens là-dessus, nous aurons le moyen de rassembler les
saints par milliers et par dizaines de milliers» (HC 5:255).
Léconomie de Nauvoo se développa pendant la dépression nationale de 1839-1843.
Les fondateurs réfugiés étaient pratiquement indigents, mais peu dAméricains,
quel que fût leur milieu, avaient du bon argent pendant cette période. Les banques
avaient fait banqueroute et largent liquide avait disparu. Les saints inventèrent
un système déchanges ingénieux mais précaire basé sur le troc, les lettres de
crédit, des reconnaissances de dette non officielles et des «bonds-for-deed», des
engagements de vendre des terres au lieu dactes, une nécessité parce que tout le
territoire de Nauvoo avait été acheté en vertu dun contrat à long terme sans
acte jusquà paiement intégral. Le système fonctionnait parce que léconomie
était en augmentation générale et que les saints se faisaient mutuellement confiance et
étaient liés par un but commun.
Lachat de terres, le temple, la Maison de Nauvoo (un grand hôtel), et tout le
projet dédification du royaume dont les saints croyaient que leur salut dépendait
étaient dirigés par Joseph Smith et son organisation ecclésiastique. Parce que Nauvoo
représentait un mélange du sacré et du profane sous la direction dun prophète,
quand il fut tué en 1844, la survie du projet allait dépendre de la façon dont la
succession allait se passer (voir Succession dans la présidence). Ceux qui acceptèrent
la direction de Brigham Young et du Collège des Douze transplantèrent dans lOuest
le système déconomie politique façonné à Nauvoo (voir Économie pionnière;
Migration vers lOuest: Planification et prophétie). Certains qui ne
lacceptèrent pas et qui décidèrent de sécarter du modèle de Nauvoo se
joignirent plus tard à lÉglise réorganisée de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours.
Nauvoo Expositor
Auteur: DURHAM, REED C. Jr.
Le Nauvoo Expositor était lorgane des apostats décidés à causer la perte du
prophète Joseph Smith et de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
au printemps de 1844. Pendant les derniers mois de la vie de Joseph Smith, un parti
dopposition de membres mécontents, dapostats et dexcommuniés créa une
église dissidente. Les dirigeants prétendaient croire au Livre de Mormon et au
rétablissement de lÉvangile, mais rejetaient ce quils appelaient les
innovations de Nauvoo, notamment le mariage plural. Affirmant que Joseph était un
prophète déchu, les dissidents se mirent en devoir, par lintermédiaire de
lExpositor, de démasquer les soi-disant faux enseignements et les abominations du
prophète. Ils tinrent des réunions secrètes, dressèrent des plans et firent le serment
de renverser lÉglise et de tuer Joseph Smith. La publication du journal était
essentielle à leur stratagème.
Quand elle arriva à Nauvoo le 7 mai 1844, la presse de lExpositor provoqua une
grande excitation aussi bien parmi les mormons que parmi les non-mormons, mais il ny
eut aucune intervention immédiate. Dans les trois jours, les propriétaires, tous
dirigeants du mouvement dopposition, publièrent un prospectus pour leur journal. Un
mois plus tard, le 7 juin, le seul et unique numéro du Nauvoo Expositor parut et causa
une fureur immédiate dans la communauté. Les résidants de Nauvoo furent exaspérés de
ce quils considéraient comme étant ses prétentions sensationnelles à propos de
la religion, de la politique et de la moralité à Nauvoo. Ils ressentirent également un
pressentiment inquiétant. Francis Higbee, lun des propriétaires du journal, donna
un ton sinistre quand il décrivit Joseph Smith comme étant «le plus grand bandit que
lon nait pas encore pendu».
La qualité littéraire du journal était inférieure. Un critique non mormon contemporain
la décrit comme «terne ou risible» avec «une grammaire boiteuse et une rhétorique
ampoulée» (Oaks, p. 868). Mais la polémique de lExpositor contre lÉglise
et Joseph Smith était menaçante et polarisante. Les anti-mormons exultèrent au sujet de
lExpositor, mais les membres de lÉglise exigèrent que lon fasse
quelque chose.
En tant que maire de Nauvoo, Joseph Smith convoqua le conseil municipal. Après quatorze
heures de délibération en trois sessions différentes, le conseil résolut, le lundi 10
juin, vers 18h30, que le journal et son imprimerie étaient «une nuisance publique» et
ordonna au maire de «la faire disparaître
sans tarder». Joseph Smith commanda
promptement au city marshal de détruire la presse et de brûler toutes les copies du
journal. À 20h00, le marshal exécuta les ordres du maire (HC 6:432-449). Cette mesure,
justifiée ou pas, fit le jeu de lopposition. Elle exacerba le sentiment antimormon
dans tout le comté de Hancock et alimenta les accusations portées par lopposition
pour retenir Joseph Smith dans la prison de Carthage, où il fut assassiné le 27 juin
1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).
Bibliographie
Godfrey, Kenneth W. "Causes of Mormon/Non-Mormon Conflict in Hancock County,
Illinois, 1839-1846." Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1967.
Oaks, Dallin H. "The Suppression of the Nauvoo Expositor." Utah Law Review 9,
hiver 1965, pp. 862-903.
Oaks, Dallin H., et Marvin S. Hill. Carthage Conspiracy: The Trial of the Accused
Assassins of Joseph Smith. Urbana, Ill., 1979.
REED C. DURHAM, JR.
Nauvoo
Légion de
Auteur: FLAMMER, PHILIP M.
Le décret législatif de lIllinois de décembre 1840 qui donnait statut à la ville
de Nauvoo autorisait également la création dun corps militaire ou milice, qui prit
le nom de Légion de Nauvoo. Peut-être influencées par le dégoût véritable de la
manière dont les saints des derniers jours avaient été traités par les autorités du
Missouri, celles de lIllinois agirent libéralement. En vertu de la charte de
Nauvoo, les saints des derniers jours pouvaient gérer leurs propres affaires sils
ne violaient pas la constitution de létat ou la constitution fédérale.
Lorganisation dune unité de milice était habituelle dans les colonies ayant
suffisamment de population, une pratique aussi vieille que la République. Les résidants
de Nauvoo étaient particulièrement désireux davoir leur propre protection
militaire après avoir été victimes de la violence démeutiers et avoir connu
lexpulsion hors du Missouri (voir Massacre de Hauns Mill; Conflit au
Missouri). Dès 1840, ils sétaient rendu compte quils ne pourraient pas
toujours compter sur les autorités fédérales ou détat pour les protéger contre
de telles violences.
La cour martiale de Nauvoo composée des officiers de la légion, reçut une autorité
considérable. Entre autres, elle pouvait «faire, ordonner, établir et exécuter toutes
les lois et ordonnances pouvant être considérées comme nécessaires dans
lintérêt et pour la gestion et ladministration de ladite Légion à
condition que ladite cour martiale ne passe aucune loi ou acte contraire ou opposé à la
constitution des États-Unis ou de cet état [lIllinois]» (HC 4:244).
En tant quélément de la milice détat, la Légion de Nauvoo était à la
disposition du gouverneur de lIllinois «pour la défense publique et
lexécution des lois de lÉtat ou des États-Unis». Chose significative, elle
était également à la disposition du maire de Nauvoo pour «exécuter les lois et les
ordonnances de la ville» (HC 4:244).
Lordonnance du conseil municipal qui avait créé la Légion de Nauvoo autorisait à
son officier commandant de détenir le rang de lieutenant général, une autorisation
extraordinaire, puisque aucun autre officier de milice aux États-Unis ne détenait de
rang au-dessus de celui de général major. La cour martiale élut Joseph Smith commandant
de la Légion.
Les défilés et les autres activités de la Légion, parmi lesquelles des simulacres de
batailles, attiraient les visiteurs de près et de loin. En fait, la légion devint si
populaire que beaucoup de non-mormons y entrèrent. Il semblerait quà son apogée
elle ait compté 5.000 hommes, la plus grande unité de ce genre en Illinois. Mais il y
avait des problèmes. Selon lhistorien B.H. Roberts: [La Légion de Nauvoo] suscita
la jalousie et lenvie du reste de la milice dans les comtés environnants et tous
les efforts louables de la Légion pour devenir un corps efficace pour aider à
lexécution des lois de létat et des lois nationales, si cela savérait
nécessaire, furent interprétés par leurs ennemis comme signe de ce quelle se
préparait pour la rébellion
Par conséquent ce qui devait être un rempart pour la
ville et une protection pour les saints fut transformé par leurs ennemis en activité
offensive et en excuse pour se méfier deux [CHC 2:59-60].
Joseph Smith mobilisa la Légion de Nauvoo pour défendre la ville et déclara la loi
martiale en juin 1844 comme la tension montait entre les saints des derniers jours, les
dissidents et les voisins hostiles. Joseph Smith et son frère Hyrum furent parmi ceux qui
furent arrêtés par une autre milice de lIllinois et enfermés à la prison de
Carthage où ils furent tués par les membres dune autre milice (voir Martyre de
Joseph et de Hyrum Smith). Six mois plus tard, la législature de lIllinois
révoquait la charte de Nauvoo. À ce moment-là, la Légion de Nauvoo cessa
dexister en tant que milice détat, bien quen tant quunité
officieuse, elle continuât à assurer une certaine protection aux saints des derniers
jours assaillis.
Pendant lexode vers lOuest qui eut lieu plus tard, certains anciens membres de
la Légion de Nauvoo firent partie du bataillon mormon. Ce corps de 500 hommes, autorisé
par le gouvernement des États-Unis en 1846 en tant quélément de la campagne
contre le Mexique, marcha de Council Bluffs jusquà San Diego.
Le nom Légion de Nauvoo fut rétabli en Utah et appliqué à la milice organisée de
létat de Deseret et plus tard du Territoire dUtah. Appel fut fait à cette
légion en 1849 pour soumettre les maraudeurs indiens et ses membres participèrent à la
guerre dite contre Walker de 1853-1854, du nom de Wakara, un chef indien ute. Lors de
lapproche de lexpédition dUtah en 1857-1858, la milice dUtah
harcela et brûla les convois dapprovisionnement de larmée américaine et se
prépara, sil le fallait, à empêcher lentrée des troupes des États-Unis
dans Salt Lake City. En 1862, pendant la guerre de Sécession américaine, deux unités de
la Légion de Nauvoo protégèrent les lignes de courrier et de télégraphe. Plus tard,
avec une force denviron 2.500 hommes, elle combattit les Indiens dans la guerre
dUtah contre Black Hawk (1865-1868).
Toujours plus sensible à la direction mormone quaux fonctionnaires fédéraux qui
succédèrent à Brigham Young comme gouverneurs de lUtah, la Légion fut rendue
inactive en 1870 par une proclamation du Gouverneur faisant fonction, J. Wilson Shaffer,
qui interdit les rassemblements de la milice sauf sur ordre exprès de sa part. La Légion
de Nauvoo fut finalement licenciée à la suite de la Loi Edmunds-Tucker de 1887. En 1894,
la garde nationale dUtah fut organisée comme milice de lUtah.
Nauvoo
Maison de
Auteur: HOLT, HELENE
Une révélation donnée à Joseph Smith en janvier 1841 commandait aux saints de
construire le temple de Nauvoo et la Maison de Nauvoo, un hôtel qui serait «une
habitation agréable pour l'homme et un lieu de repos pour le voyageur fatigué» (D&A
124:60). Les saints ne devaient pas sisoler du monde, mais fournir un logement
attrayant aux étrangers et aux touristes tandis quils «contempl[aient] la parole
du Seigneur et la pierre angulaire que j'ai désignée pour Sion» (D&A
124:23).
Joseph Smith fit don du terrain pour la Maison de Nauvoo et beaucoup de saints des
derniers jours achetèrent des actions. Les plans des architectes Lucien Woodworth et
William Weeks prévoyaient un bâtiment de briques en L de douze mètres de profondeur et
haut de deux étages. La construction commença au printemps de 1841 et progressa (avec
des interruptions) jusquen 1845. Par la suite, les travaux furent abandonnés pour
terminer le temple de Nauvoo.
Quand les saints quittèrent Nauvoo en 1846, les murs de la Maison de Nauvoo étaient plus
hauts que les fenêtres du premier étage. Le grand bâtiment inachevé à
lextrémité sud de Main Street face au Mississippi devint la propriété
dEmma Smith, veuve de Joseph. Plus tard, Lewis C. Bidamon, le deuxième mari
dEmma, démolit les extrémités de lédifice en L et se servit des briques
pour finir la partie centrale et en faire un plus petit hôtel, que lon appela
tantôt la Bidamon House, tantôt la Riverside Mansion. Emma et lui y vécurent de 1871
jusquà leur décès. Après la mort de Bidamon, lÉglise réorganisée de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours acheta la Maison de Nauvoo et la possède
toujours.
Nauvoo Neighbor
Auteur: HAYES, DARWIN L.
Le Nauvoo Neighbor fut un hebdomadaire édité et publié par John Taylor à Nauvoo du 3
mai 1843 au 29 octobre 1845. Il remplaça The Wasp (commencé le 16 avril 1842 avec
William Smith comme rédacteur). Financé par des abonnements et de la publicité, le
Neighbor proposait régulièrement de la littérature, des sciences, de la religion, de
lagriculture, de la manufacture, du commerce et des nouvelles locales, nationales et
internationales. Il rapportait les décisions du gouvernement de létat, du conseil
municipal de Nauvoo et des tribunaux locaux.
Avocat de la vérité, le Neighbor détaillait les conflits impliquant les membres de
lÉglise, leurs voisins, leurs ennemis, le gouvernement de létat et le
fédéral. Il publiait également la correspondance entre le prophète Joseph Smith et
Henry Clay (tous deux candidats à la présidence des États-Unis) ainsi que les lettres
entre Emma Smith et le gouverneur Thomas Carlin au sujet du harcèlement de Joseph Smith
par les autorités du Missouri. Il donna les détails de laffaire du Nauvoo
Expositor et les événements de lassassinat de Joseph et de Hyrum Smith à la
prison de Carthage, y compris les récits et la correspondance dautres journaux. Le
Nauvoo Neighbor est un compte rendu précieux des événements et des comportements dans
et autour de Nauvoo de 1843 à 1845.
Bibliographie
Nauvoo Neighbor. Microfilm, Lee Library, université Brigham Young.
DARWIN L. HAYES
Nauvoo
Politique
Auteur: HAMPSHIRE, ANNETTE P.
Le pouvoir politique joua un rôle important dans le développement et la fin de la
communauté des saints en Illinois. La situation politique était complexe et incitait à
la rivalité et à la polémique.
La veille de larrivée des saints des derniers jours, Commerce (Nauvoo), dans le
comté de Hancock (Illinois), était situé dans une enclave pro-Whig dans un état où
les Démocrates dominaient toutes les fonctions politiques excepté la Cour suprême. Mais
dans le comté de Hancock, les deux partis étaient tellement au coude à coude que
quelques centaines de voix pouvaient être décisives. Mais dans la législature
détat, même en votant en bloc, une communauté de la taille de celle des saints
des derniers jours ne pouvait avoir quune influence modérée. Les postes du comté
étaient plus vulnérables; le nombre de voix nécessaires à lélection à des
postes tels que celui de shérif, de commissaire du comté et de juge aux successions
était de moins de mille. Une disposition libérale de la constitution de lIllinois
accordait la citoyenneté à tous les immigrés adultes après six mois seulement de
résidence, un sujet à polémique dans un état où les limites entre les partis étaient
nettement tracées, particulièrement avec larrivée régulière de nouveaux
immigrés britanniques à Nauvoo (voir Immigration et émigration).
La décision de Joseph Smith dutiliser le pouvoir du vote des saints découlait
dun désir de protection contre les persécutions et dautonomie. Conscient de
limpératif divin de rassembler les saints et dédifier le royaume physique de
Dieu sur terre, il en vint à considérer la politique comme un moyen dagrandir et
de protéger sa communauté. Au début, les saints furent politiquement neutres. Mais en
1840-1841 ils votèrent Whig en bloc en Illinois, bien quayant voté Démocrate au
Missouri. Ceci aliéna certains Démocrates, mais la plupart des politiciens
recherchèrent le vote en bloc des saints en Illinois, tout comme dautres
recherchaient le vote catholique à New York.
Le premier exemple de «troc des voix» par les saints des derniers jours fut le vote
législatif en faveur de la charte de Nauvoo en décembre 1840, poussé par les
Démocrates mais également voté par le Whig Abraham Lincoln. Le tribunal municipal de
Nauvoo, la Légion de Nauvoo et lAssociation agricole et industrielle qui en
résultèrent formèrent lépine dorsale dune théocratie autonome, qui était
anathème pour les Illinoisans de la « frontière ».
La prédominance des avocats politiciens et la fréquence des mandats darrêt du
Missouri embourbèrent Joseph Smith dans le troc de voix. Un exemple clair fut le soutien
des saints au Whig John T. Stuart lors de lélection parlementaire de 1841,
résultat direct de laide apportée à Joseph Smith par les Whigs Orville H.
Browning et Cyrus Walker quand Smith fut arrêté à la suite dun ordre
dextradition du Missouri. Joseph Smith était techniquement un fugitif,
sétant sauvé du Missouri après six mois à la prison de Liberty en attente
dun jugement (voir Smith, Joseph: Procès judiciaires de Joseph Smith). Cependant,
tous les avocats nétaient pas des Whigs. Le juge du procès de 1841 était Stephen
A. Douglas, un démocrate ambitieux décidé à sacquérir le vote des saints. Ses
efforts furent couronnés de succès en décembre 1841 quand Joseph Smith se déclara pour
les Démocrates. Le comté de Hancock perdit ensuite son identité whig.
Voyant en Nauvoo une menace politique, les non-mormons du comté de Hancock
sorganisèrent politiquement sur un programme électoral antimormon. Victorieux lors
des élections de comté en 1841 (il ny eut guère dopposition contre eux),
ils échouèrent particulièrement en 1842 à propos de nominations pour la législature
de létat. Les affiliations partisanes existantes étaient trop fortes pour
lapparition dun troisième parti et les Whigs avaient usurpé la cause
antimormone lors des élections pour la nomination dun gouverneur en 1842. Thomas
Ford, le candidat démocrate au poste de gouverneur, un adversaire de la charte de Nauvoo,
remporta lélection.
Le gouverneur Ford conseilla à Joseph Smith de rester en dehors de la politique. Smith
semblait enclin à cela jusquà ce que Ford, en juin 1843, lance un nouveau mandat
darrêt contre le prophète à la requête du Missouri. Après que le Whig Cyrus
Walker, un avocat dassises éminent, utilisant les dispositions controversées
dhabeas corpus de la charte de Nauvoo, eut fait libérer Joseph Smith, le prophète
lui promit son vote. Mais son frère, Hyrum Smith, qui était Démocrate, annonça
quil pensait que les saints devraient voter pour Joseph P. Hoge, ladversaire
de Walker. Les saints des derniers jours de Nauvoo, qui faisaient partie du sixième
district parlementaire, votèrent pour Hoge, mais ceux qui faisaient partie du cinquième
district parlementaire votèrent pour le Whig O.H. Browning, faisant campagne contre
Douglas.
Ce fut le commencement de la désillusion, dans les deux partis en ce qui concerne le vote
des saints. Les Whigs, en particulier, qui sétaient retirés de
lantimormonisme en 1842-1843 dans lespoir dêtre bien vus,
sopposèrent maintenant ouvertement au pouvoir politique et judiciaire des saints.
En 1843, même à lintérieur de Nauvoo, Joseph Smith constata que la politique
posait un problème. Il y eut des désaccords internes concernant les élections
municipales de février et, en août, le maire Smith se plaignit dêtre rudoyé par
des pro-Démocrates aux élections municipales. En outre, William Law, dirigeant éminent
dans lÉglise, contesta publiquement le « témoignage de Hoge » de Hyrum.
En janvier 1844, après avoir prospecté les candidats à la présidence des États-Unis
pour avoir leur appui pour obtenir réparation pour les déprédations du Missouri et
nen avoir trouvé aucun, Joseph Smith annonça sa propre candidature. Certains y
virent une volonté dobtenir le pouvoir politique, dans le but de promouvoir le
royaume politique de Dieu; dautres estimèrent que parce que Joseph Smith ne
risquait pas de remporter lélection nationale, il voulait simplement un programme
pour présenter son message. Le Warsaw Signal, principal journal antimormon
dIllinois, accueillit le projet avec la dérision habituelle mais y vit néanmoins
une évolution audacieuse et menaçante.
Toutes les tentatives de Joseph Smith dacquérir de linfluence politique
étaient contestables pour le groupe dapostats qui lancèrent le Nauvoo Expositor,
dont la destruction déclencha les événements qui conduisirent à la mort de Smith en
juin 1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Dans cette atmosphère volatile, les
antimormons se renforcèrent en accusant le gouverneur Ford de se livrer à des activités
promormones afin de sassurer des votes démocrates. Les saints des derniers jours
perdirent graduellement leurs appuis jusquà ce quen janvier 1845 leur charte
soit abrogée, ôtant à Nauvoo son statut. Cependant des élections municipales non
autorisées continuèrent à Nauvoo et les saints des derniers jours votèrent lors des
élections du comté et de létat, toujours en faveur des Démocrates. À partir de
ce moment-là et jusquà ce que les saints partent en 1846 (voir Migration vers
lOuest: Planification et prophétie), cette participation persistante des mormons à
la politique continua à enflammer les non-mormons et à les rassembler pour pousser à
lexpulsion des mormons.
La politique et le pouvoir politique furent indispensables à la naissance et à la force
de Nauvoo et à la protection du prophète Joseph Smith. Mais la mauvaise gestion du
pouvoir politique a pu également contribuer à la chute de la ville. [Voir aussi
Politique: Histoire politique.]
Bibliographie
Flanders, Robert B. Nauvoo: Kingdom on the Mississippi. Urbana, Ill., 1965.
Gayler, George R. "The Mormons and Politics in Illinois: 1839-1844". Journal of
the Illinois State Historical Society 49, 1956, pp. 48-66.
Hampshire, Annette P. Mormonism in Conflict: The Nauvoo Years. New York, 1985.
ANNETTE P. HAMPSHIRE
Nauvoo
Temple de
Auteur: COLVIN, DON F.
Le temple de Nauvoo, sa tour et sa flèche visibles jusquà trente kilomètres,
était lédifice principal de la ville de Nauvoo. Orienté vers louest, il se
trouvait au sommet dun promontoire en pente douce dominant la partie basse de la
ville et le Mississippi.
Il était construit en un calcaire gris-blanc à brun clair de haute qualité et ses murs
imposants furent érigés et finis avec beaucoup dhabileté. Ils avaient
quatre-vingt-dix centimètres dépaisseur au niveau du sol et certaines de ses
pierres pesaient près de deux tonnes. Le bâtiment avait 38 mètres de long et 26 de
large. Le sommet de la tour était à 47 mètres au-dessus du niveau du sol et était
orné dune statue dorée dun ange volant en position horizontale (sans aucun
doute inspiré de la prophétie dApocalypse 14:6-7).
Les murs de pierre étaient caractérisés par la présence de trente hauts pilastres
fortement ornementés, neuf de chaque côté et six à chaque bout. Chaque pilastre était
embelli par une grande pierre de lune à la base et une pierre de soleil au sommet. Les
pierres de lune et de soleil étaient des bas-reliefs, ciselés à la main dans la pierre
massive. Une étoile en pierre ornait aussi chaque pilastre. Ces symboles cosmiques
représentaient les trois degrés de gloire dans la vie à venir (1 Co. 15:41; D&A
76).
La construction du bâtiment commença en automne 1840. Les pierres angulaires furent
posées le 6 avril 1841 lors de cérémonies impressionnantes au cours dune
conférence générale. Les revers financiers et les persécutions gênèrent
continuellement la construction, jusquaux jours mêmes de son achèvement et de sa
consécration.
William Weeks devint larchitecte officiel et supervisa la majeure partie de la
construction. Le bâtiment était un composite de styles architecturaux et pourtant une
grande partie en était également originale, inspirée par ce que le prophète Joseph
Smith avait vu en vision. Il guida soigneusement Weeks dans la conception du temple tel
quil lavait vu, exigeant, par exemple, quil ait des fenêtres rondes au
deuxième niveau (HC 6:196-197).
Lappel à construire un édifice aussi grand mit rudement à lépreuve les
ressources dun peuple démuni. Le coût final dépassa $1.000.000. Les fonds
venaient en grande partie de la dîme et des offrandes des membres de lÉglise,
certains faisant don des économies de toute une vie. Beaucoup firent don de mois de
travail avec peu ou pas de rémunération, travaillant de laube jusquau
crépuscule, même dans les intempéries.
La pierre pour le bâtiment était près de la ville. Le bois était amené du Wisconsin
sous forme de radeaux énormes de bois de construction scié, que lon faisait
flotter sur le Mississippi jusquà Nauvoo. Certains convertis britanniques firent
don dune grande cloche pesant plus de 700 kilos. Quand les saints quittèrent
Nauvoo, la cloche fut descendue et emportée dans lOuest lors de la migration, où
elle fut plus tard montée sur une tour sur Temple Square à Salt Lake City.
Lélément principal au niveau du sous-sol était un grand bassin en pierre calcaire
blanche reposant sur le dos et les épaules de douze bufs en pierre grandeur nature.
Cétaient les fonts baptismaux qui devaient être utilisés en particulier pour
lordonnance du baptême pour les morts. Le sous-sol était pavé de briques. Le
rez-de-chaussée contenait une grande salle au centre, qui servait dauditoire. À
chaque extrémité de cette grande salle, il y avait des pupitres complexes, ayant chacun
quatre gradins de sièges pour recevoir les dirigeants de la Prêtrise dAaron et de
la Prêtrise de Melchisédek. Le rez-de-chaussée était équipé de sièges dont le dos
pouvait être retourné, permettant aux assemblées de se tourner dans les deux sens. Le
premier étage était la reproduction exacte du rez-de-chaussée. Le grenier contenait
deux sections principales. Un demi-étage à lextrémité ouest était divisé par
des cloisons de tissu et utilisé pour les ordonnances de dotation. La section principale
du grenier, sous la pente du toit, était utilisée pour les ordonnances de scellement et
les mariages célestes ou éternels. Le grenier tout entier était plafonné et peint et
les planchers étaient couverts de tapis.
De temps en temps des utilisations cérémonielles eurent lieu pendant la construction,
particulièrement des baptêmes pour les morts. Quoique pas entièrement terminé, le
temple fut complètement rempli par les membres venant pour les ordonnances pendant les
mois précédant immédiatement lexode, des ordonnances tant pour les morts que pour
les vivants. En plus de ses utilisations sacrées, le temple servait de lieu de réunion
multifonctions. Des services réguliers du dimanche et même certaines conférences
générales furent tenus dans le bâtiment. Lédifice contenait également quelques
locaux en tant que bâtiment administratif de lÉglise. La planification et
lorganisation de la migration vers lOuest eurent lieu dans le temple.
Quand la plupart des saints quittèrent Nauvoo, au début de février 1846, sous la menace
de violences de la part des émeutiers, une équipe spéciale resta derrière et finit le
temple. Trois mois plus tard le bâtiment était considéré comme achevé et était
consacré publiquement le 1er mai 1846. Les services de consécration furent répétés
sur une période de trois jours et des milliers de personnes y assistèrent. Les visiteurs
payaient un dollar pour lentrée et les fonds furent utilisés pour aider les
ouvriers à déménager leurs familles et à rejoindre le gros de lÉglise sur les
plaines à louest.
Quand la plupart des membres restants de lÉglise eurent été chassés de la ville
en septembre 1846, le temple fut temporairement abandonné. Les émeutiers profanèrent et
souillèrent lédifice sacré. Il y eut quelques dommages matériels, mais pas
beaucoup. Des tentatives furent faites plus tard de vendre le temple, mais en vain. Un
incendie criminel détruisit le bâtiment en octobre 1848. Il ne resta que les murs nus.
Une communauté de Français icariens acheta lemplacement et se préparait à
remettre lédifice en état quand il fut frappé par une tornade, qui fit
sécrouler certains des murs et en endommagea tellement dautres quil
fallut les raser. Une grande partie des pierres fut plus tard réutilisée dans
dautres bâtiments de Nauvoo.
DON F. COLVIN
Néphi 1
Auteur: REYNOLDS, NOEL B.
Le premier de plusieurs dirigeants appelés Néphi dans le
Livre de Mormon, Néphi 1 est un prophète influent, fondateur du peuple néphite. Il est
apparemment instruit, fidèle et obéissant à Dieu, courageux et hardi. Prophète
inspiré, il a des visions de Jésus-Christ et du futur du monde; il interprète
également les prophéties faites par d'autres comme son père, Léhi, et Ésaïe. Il est
lauteur des deux premiers livres du Livre de Mormon, où se trouve quasiment tout ce
que nous savons de lui. Cest un artisan et un dirigeant habile et il succède à
Léhi comme chef de la famille (passant avant ses trois frères aînés). Par-dessus tout,
il fait confiance à Dieu: «Ma voix montera à jamais vers toi, mon rocher et mon Dieu
éternel» (2 Né. 4:35).
HISTOIRE. Néphi naît vers 615 av. J.-C. Son père, le prophète Léhi, emmène toute la
famille de Jérusalem juste après 600 av. J.-C., à travers le désert dArabie, et
à travers l'océan jusque sur le continent américain. Tandis quil est dans le
désert, Néphi a une vision qui va façonner beaucoup de ses idées de base; elle est
partiellement rapportée dans 1 Néphi 11-14. Dans la terre promise, son père le désigne
pour lui succéder comme dirigeant de la famille (2 Né. 1:28-29), mais Laman et Lémuel,
ses frères aînés, se rebellent et la moitié du groupe prend leur parti. Néphi est
inspiré de se sauver avec tous ceux qui croient aux avertissements et aux révélations
de Dieu (2 Né. 5:6) et fonde une nouvelle ville, la ville de Néphi.
Néphi établit son peuple sur des bases politiques, juridiques, économiques et
religieuses saines. Celui-ci l'acclame comme roi malgré son opposition de départ. Il lui
enseigne à être travailleur et à pourvoir à ses besoins et il le prépare par
lentraînement et les armes à se défendre contre ses ennemis. Il respecte la loi
de Moïse, construit un temple comme celui de Salomon (toutefois sans «autant de choses
précieuses») et oint ses frères cadets Jacob et Joseph prêtres et instructeurs pour
former le peuple et le diriger dans le domaine spirituel (2 Né. 5:10, 16, 26). Avant de
mourir, il nomme un nouveau roi (appelé «deuxième Néphi», Jacob 1:11) et désigne son
frère Jacob comme gardien des annales religieuses (Jcb. 1:1-4, 18).
VISIONS. À cause des grandes visions et révélations qu'il reçoit, Néphi partage le
rôle de prophète fondateur avec son père. Dès sa jeunesse, il reçoit
linspiration du Saint-Esprit et croit aux paroles de son père. Il entend la voix du
Seigneur lui dire qu'il deviendra gouverneur et instructeur de ses frères (1 Né. 2:22).
Il est témoin de la vision de l'arbre de vie donnée précédemment à son père (1 Né.
8), qui lui montre la naissance, le baptême et le ministère futurs de Jésus-Christ,
ainsi que la naissance et la fin futures de son peuple. Il voit, en outre, larrivée
future des Gentils en Amérique et le rétablissement de l'Évangile parmi eux (1 Né.
11-14). Grâce à ces révélations, Néphi est en mesure denseigner à son peuple
l'Évangile ou la «doctrine du Christ», le moyen par lequel il peut aller au Christ et
être sauvé (2 Né. 30:5; 31:2-32:6). Lenseignement soigneusement formulé
quil fait de cette doctrine constitue un modèle que d'autres prophètes néphites
vont invoquer à plusieurs reprises (voir Évangile de Jésus-Christ).
Les Néphites ayant reçu la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ, leur respect
scrupuleux de la loi de Moïse va être orienté vers son accomplissement final en Jésus
et Néphi explique à son peuple qu'il doit observer la loi de Moïse comme moyen de
toujours avoir à lesprit lExpiation future du Christ (2 Né. 25:29-30). La
loi elle-même est devenue «morte» pour ceux qui sont «rendus vivants en Christ» et
qui savent que Jésus est celui vers qui ils peuvent se tourner directement «pour obtenir
la rémission de leurs péchés» (2 Né. 25:25-27).
TENUE DES ANNALES ET INSTRUCTION. Néphi est à lorigine de limportante
tradition néphite de tenue des annales (voir Livre de Mormon, Plaques et annales). Il est
inspiré à tenir deux récits séparés, qui vont être continués pendant des siècles.
Les annales officielles tenues par les rois, connues sous le nom de grandes plaques de
Néphi, commencent avec le livre de Léhi et contiennent les chroniques historiques des
Néphites pendant mille ans. Les plaques d'or données à Joseph Smith contiendront la
version abrégée par Mormon des grandes plaques de Néphi et constitueront la majeure
partie du texte du Livre de Mormon (du livre de Mosiah au livre de Mormon). Cependant,
trente ans après avoir quitté Jérusalem, Néphi reçoit de Dieu le commandement de
rédiger un deuxième document traitant spécialement des questions spirituelles. Appelé
petites plaques de Néphi, ces annales contiennent le récit rétrospectif fait par Néphi
des événements fondateurs et les prophéties ultérieures d'une lignée de prophètes et
de prêtres descendant de Jacob jusque vers 200 av. J.-C. Les premiers livres du Livre de
Mormon actuel, de 1 Néphi à Omni, viennent de ces annales. Les révélations et les
enseignements inspirés de Néphi façonneront les conceptions religieuses de ses
disciples, les Néphites.
Quand Néphi commence à écrire ses petites plaques, il est un roi-prophète mûr. Les
annales révèlent son souci daider son peuple et les descendants de celui-ci à
comprendre la future expiation de Jésus-Christ et la légitimité de son propre appel en
tant que leur gouverneur et instructeur. Néphi compose ces annales à laide de
celles de son père et de ses propres annales précédentes et plus considérables que
nous navons plus aujourdhui.
L'instruction exceptionnelle des dirigeants néphites postérieurs est peut-être due au
fait que Néphi était un homme de lettres. Le texte donne à penser qu'il devait parler
couramment l'hébreu et l'égyptien et dit qu'il avait été «instruit quelque peu dans
toute la science» des Juifs et de son père (1 Né. 1:1-3).
Néphi fait preuve de capacités littéraires dans la manière dont il organise ses
écrits et dans la diversité des formes et des techniques littéraires quil
utilise, notamment celles du récit, de la rhétorique et de la poésie, entre autres un
psaume. Les techniques, les histoires, les prophéties et les enseignements de Néphi
seront des modèles et fourniront de la substance à ses successeurs (voir Livre de
Mormon, Littérature). Il aime les écrits d'Ésaïe et les a cite abondamment (par
exemple, 1 Né. 20-21; 2 Né. 12-24), en en donnant souvent linterprétation.
L'HOMME ET SES MESSAGES. Néphi a construit le livre de 1 Néphi sur un ensemble
rigoureusement équilibré et coordonné d'histoires et de révélations fondatrices, le
tout conçu pour montrer «que les tendres miséricordes du Seigneur sont sur tous ceux
qu'il a choisis à cause de leur foi, pour les rendre puissants au point même d'avoir le
pouvoir de délivrance» (1 Né. 1:20). Néphi soutient cette thèse dans 1 Néphi à
laide dhistoires sur la façon dont Dieu est intervenu dans les affaires
humaines pour délivrer ses disciples fidèles, et Néphi en particulier, de leurs
ennemis. Mais ce ne sont que des types et des préfigurations. La véritable preuve de
Néphi est donnée dans 2 Néphi, où il dit que l'Expiation de Jésus-Christ rend
accessible à tous ceux qui ont la foi au Christ une libération du péché et une
rédemption spirituelle de l'enfer et du diable, leur plus grand ennemi. Tous les hommes
et toutes les femmes qui suivent l'exemple du Christ et prennent son chemin par le
repentir et le baptême auront en bénédiction un baptême de feu et du Saint-Esprit
qui apporte la rémission des péchés et une guidance individuelle pour
quils puissent persévérer jusqu'à la fin avec foi et recevoir la vie éternelle
(2 Né. 31).
Dans le récit plus spirituel de ses petites plaques, Néphi intègre aussi une défense
animée de sa primauté politique à laide dallusions à Moïse et à Joseph
d'Égypte (Reynolds, 1987). Pour défendre sa situation dominante quoique étant un fils
cadet, Néphi dit comment les deux fils les plus âgés ont rejeté leur père et le
Seigneur et comment lui (Néphi) a été choisi et béni par le Seigneur et par son père.
Il raconte comment, avec l'aide du Seigneur, il a acquis les plaques d'airain (1 Né.
3-4), a persuadé Ismaël et sa famille de se joindre au groupe de Léhi (1 Né. 7), a
empêché la famille de mourir de faim dans le désert (1 Né. 16) et a construit un
bateau et réussi à lui faire franchir l'océan (1 Né. 17-18). Au cours de ces exploits,
Néphi subit systématiquement lopposition et les menaces, et même des menaces de
mort, de la part de Laman et de Lémuel; mais dans chaque crise, il est miraculeusement
délivré par le pouvoir du Seigneur et a la bénédiction de pouvoir mener à bien sa
tâche.
Quoique incapable de combler le fossé entre lui et ses frères, Néphi se révèle être,
dans ses écrits, un homme doté dune gamme impressionnante de sensibilités
humaines, et il aspire à leur bien-être. Il a acquis son immense foi en son père et au
Seigneur à un jeune âge et n'a jamais flanché. En conséquence, il obéit sans
murmurer. Il médite les prophéties de son père et demande à plusieurs reprises au
Seigneur de laider à comprendre et de le guider. Il a un amour et un sens profond
de responsabilité pour son peuple: «Je prie continuellement pour lui le jour, et mes
yeux mouillent mon oreiller la nuit à cause de lui» (2 Né. 33:3). Il a également de la
charité pour tous les autres. Il met ses délices dans la clarté et dans la vérité et
il sait que ses paroles sont dures contre les pécheurs impénitents (2 Né. 33:5-9). Il
est profondément angoissé à cause des tentations et de ses propres péchés et en
particulier à cause de ses sentiments de colère contre ses ennemis (2 Né. 4:26-29). Sa
force et sa profondeur spirituelles sont basées sur la connaissance que Jésus-Christ a
entendu ses supplications et a racheté son âme de l'enfer (2 Né. 33:6).
Bibliographie
Bergin, Allen E. "Nephi, A Universal Man" Ensign 6, sept. 1976, pp. 65-70.
Cannon, George Q. The Life of Nephi. Salt Lake City, 1883; réimpr. 1957.
Reynolds, Noel B. "Nephi's Outline." BYU Studies 20, hiver 1980, pp. 131-149.
Reynolds, Noel B. "The Political Dimension in Nephi's Small Plates" BYU Studies
27, automne 1987, pp. 15-37.
Sondrup, Steven P. "The Psalm of Nephi: A Lyric Reading." BYU Studies 21, été
1981, pp. 357-372.
Turner, Rodney. "The Prophet Nephi". Dans The Book of Mormon: First Nephi, the
Doctrinal Foundation, ed. M. Nyman et C. Tate, pp. 79-97. Provo, Utah, 1988.
NOEL B. REYNOLDS
Néphi 2
Auteur: THORNE, MELVIN J.
Néphi 2 succède à son père Hélaman 3 en 39 av. J.-C.
en tant que grand juge des Néphites, manifestement à un jeune âge. À cause de la
méchanceté parmi les Néphites, il démissionne du siège du jugement en 30 av. J.-C. et
va avec son frère cadet Léhi prêcher l'Évangile de Jésus-Christ chez les Lamanites.
Bien qu'emprisonné et menacé de mort, il est préservé par le pouvoir de Dieu et
convertit des milliers de Lamanites (Hél. 5).
Il retourne ensuite à Zarahemla, condamne hardiment les dirigeants néphites corrompus,
révèle miraculeusement l'identité d'un meurtrier et exerce le pouvoir de Dieu pour
appeler une famine sur les Néphites. Bien que les Néphites se repentent de temps en
temps, leur conversion et la paix qui sensuit ne durent pas. Quand le moment où la
prophétie de Samuel le Lamanite concernant la naissance du Christ est sur le point
darriver, Néphi passe les annales à son fils Néphi 3 et part, et lon
nentendra plus jamais parler de lui (3 Né. 1:3; 2:9).
Bibliographie
Welch, John W. "Longevity of Book of Mormon People and the Age of Man." Journal
of the Collegium Aesculapium 3, 1985, pp. 34-42.
MELVIN J. THORNE
Néphi 3
Auteur: THORNE, MELVIN J.
Néphi 3 est laîné des fils de Néphi 2. Il se voit
confier la responsabilité de toutes les annales néphites en 1 av. J.-C. (3 Né. 1:2). À
cause de sa grande foi et de ses préoccupations pour son peuple, la voix de Jésus lui
dit, la veille de la naissance de celui-ci, que le Sauveur naîtra «demain». Plus tard,
il va regrouper, mener et défendre les justes, les faisant passer au pays d'Abondance. Il
survit aux destructions qui se produisent en Amérique à la mort du Sauveur (2 Né. 8-9)
et est le premier à qui le Christ ressuscité donne le pouvoir de baptiser (3 Né.
11:18-12). Il devient le principal disciple dans l'Église dont il est question dans cette
partie du Livre de Mormon et voit son peuple connaître des années de paix et de justice.
Bibliographie
Arnold, Marilyn. "The Nephi We Tend to Forget." Ensign 8, janv. 1978, pp. 68-71.
MELVIN J. THORNE
Néphi 4
Auteur: THORNE, MELVIN J.
Néphi 4 est fils de Néphi 3. Cest lui qui tient les
annales néphites pendant l'ère extraordinairement bénie qui suit la venue de
Jésus-Christ auprès des Néphites. Il voit son peuple vivre dans l'amour, l'unité
(ayant tout en commun), la justice et l'obéissance parce que l'amour de Dieu abonde dans
leur cur. Le peuple pratique pendant ce temps un type d'Ordre uni ou de loi de
consécration. Les villes sont reconstruites, il y a la prospérité, des miracles, la
paix et le bonheur. On ne sait pas grand chose dautre de sa vie. Il meurt quelque
temps après 110 apr. J.-C. (voir 4 Né. 1:1-19).
MELVIN J. THORNE
Nouveau Testament
Auteur: PATCH, ROBERT C.
Pendant les premiers siècles de lère chrétienne, les évangiles du Nouveau
Testament furent les principaux témoignages écrits de ce que Jésus était le Christ.
Aucun autre recueil décrits ne contenait les notions, la force denseignement
et, par conséquent, lattrait spirituel pour les chrétiens. Le Nouveau Testament
est aussi le fondement du rétablissement de lÉvangile dans les derniers jours.
Cest pendant quil lisait lépître de Jacques (1:5) que le jeune Joseph
Smith fut inspiré à prier le Seigneur à propos de son incertitude en matière
religieuse, ce qui donna lieu à sa première vision (JSH 1:7-20). Le Nouveau
Testament est lun des ouvrages canoniques des saints des derniers jours, qui
recherchent dans ses pages la force et la lumière spirituelles. De plus, ils considèrent
que les données fournies par le Nouveau Testament décrivent avec précision la vie et le
ministère de Jésus-Christ aussi bien que le ministère de ses apôtres et de leurs
associés, qui révèlent une grande partie de lordre et de lorganisation de
lÉglise du Nouveau Testament. Par ailleurs, le Nouveau Testament contient beaucoup
dalliances et de commandements de Dieu donnés personnellement par Jésus et, après
son ascension, par ses apôtres. Les saints des derniers jours chérissent également les
prophéties du Nouveau Testament au sujet des derniers jours.
Les écrits du Nouveau Testament ont vraisemblablement tous été rédigés au premier
siècle de lère chrétienne. Néanmoins, son recueil de textes est passé par trois
siècles de changements et dinclusions ou dexclusions avant dacquérir
sa forme reconnue actuelle reprise pour la première fois en 367 apr. J.-C. dans la lettre
de Pâques dAthanase dÉgypte. Le troisième synode de Carthage (397 apr.
J.-C.) canonisa les livres du Nouveau Testament tels que mentionnés dans la lettre
dAthanase parce que chaque écrit avait trois qualifications: lautorité
apostolique, lappui dune communauté chrétienne importante et une absence de
faux enseignements.
Lapparition de ce que lon a appelé les hérésies au deuxième siècle prouve
la perte de la révélation donnée aux prophètes et marque le besoin des chrétiens de
se tourner de nouveau vers les apôtres pour avoir des écrits faisant autorité. Marcion
(v. 130 apr. J.-C.), lun des hérétiques, limitait son recueil dÉcritures à
un seul évangile, Luc, et aux épîtres de Paul, quil retouchait fortement.
LES ÉVANGILES. Il y a au moins deux raisons pour lesquelles les saints des derniers jours
considèrent les évangiles du Nouveau Testament comme des récits essentiellement exacts
de la vie et du ministère de Jésus-Christ. Dabord, beaucoup de prophéties
préchrétiennes, particulièrement dans le Livre de Mormon, détaillent des événements
précis de la vie de Jésus, notamment le nom de sa mère, les circonstances de sa
naissance, son baptême, son choix de douze apôtres, les miracles quil a accomplis,
son rejet et ses souffrances, et sa mort et sa résurrection (par exemple, 1 Né.
11:13-36; Mos. 3:5-11; voir Jésus-Christ: Ministère de Jésus-Christ). En second lieu,
le travail inspiré de Joseph Smith dans la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS)
la amené à ajouter des détails précisant le contexte et le contenu de certaines
histoires au sujet de Jésus et à considérer beaucoup de paraboles et
denseignements de Jésus comme applicables aux derniers jours.
Lévangile de Matthieu se caractérise par deux particularités distinctes:
lutilisation fréquente de références de lAncien Testament et six des
discours de Jésus (voir Matthieu, Évangile de). On suppose que lutilisation
fréquente par Matthieu de références de lAncien Testament indique à la fois un
auditoire juif et la notion que le christianisme était laccomplissement du
judaïsme prophétique.
Chose importante pour les saints des derniers jours, des parties de cet Évangile
retiennent lattention dÉcritures extrabibliques. Par exemple, le Livre de
Mormon signale que quand il a rendu visite à des disciples sur le continent américain
(v. 34 apr. J.-C.), Jésus, ressuscité, a prononcé un sermon presque identique au sermon
sur la montagne, ce qui met en évidence la validité et luniversalité du sermon (3
Né. 12-14; Mt. 5-7; voir aussi Béatitudes). En plus, le travail de Joseph Smith sur la
TJS la amené à faire des révisions inspirées, dont celles qui sont le plus
souvent citées se trouvent dans le sermon sur la montagne et dans le discours de Jésus
sur le sort de Jérusalem et sur sa seconde venue (Mt. 24; voir Joseph
SmithMatthieu).
Si relativement peu dattention a été accordée à lévangile de Marc dans
les écrits des érudits de lÉglise, les saints ont traditionnellement estimé que
létude de ses pages avait une grande valeur. Sa description de Jésus est sans
doute la plus dynamique et pourrait remonter aux souvenirs de témoin oculaire de Pierre,
le chef des apôtres.
Lévangile de Luc, que certains savants appellent « le livre le plus beau » au
monde, retient, pour plusieurs raisons, lintérêt spécial des saints des derniers
jours, notamment son récit de lhistoire de Noël, ses dix-sept paraboles non
reprises ailleurs, le fort accent quil met sur la rémission des péchés et sur sa
compassion pour tout le monde, son récit de lappel et de la mission des
soixante-dix disciples, et la prééminence distincte quil donne aux femmes.
Lévangile de Jean a été écrit «afin que vous croyiez que Jésus est le Christ»
(Jn. 20:31). Outre quil présente une série de discours de Jésus non contenus dans
les autres évangiles, Jean utilise une série de métaphores messianiques pour révéler
la nature et la mission divines de Jésus: parole, agneau, eau vive, je suis, pain de vie,
pain vivant, lumière du monde, bon berger, résurrection, le chemin, la vérité et la
vie, et le vrai cep. Beaucoup de ces métaphores apparaissent également dans les Doctrine
et Alliances, une Écriture moderne où ce langage est amplifié et appliqué à
lÉglise rétablie. De plus, le commentaire de Jésus sur «les autres brebis»,
dont ne parle que Jean 10:14-16, Jésus ressuscité le mentionne de manière explicite
pendant sa visite aux disciples sur le continent américain quand il veut faire une
déclaration au sujet de ceux à qui il a été envoyé exercer son ministère (3 Né.
15:12-24). Pendant cette même visite après sa résurrection, Jésus utilise plusieurs
expressions et descriptions particulièrement de lui-même et de son uvre
qui sont caractéristiques de lévangile de Jean (par exemple, 3 Né.
11:10-11, 14, 27, 32-36).
LES ACTES DES APÔTRES. Du récit de lascension de Jésus jusquau récit du
ministère de Paul, le livre des Actes relate le ministère spirituel des témoins
apostoliques pendant les premières années du christianisme. Les saints des derniers
jours trouvent intéressant le fait que lon ait voulu remplacer Judas et quun
apôtre ait été choisi pour compléter les Douze et que Pierre ait fixé les
qualifications des apôtres: Ils doivent connaître le ministère de Jésus, ils doivent
être ordonnés et ils doivent être témoins de sa résurrection (Ac. 1:21-22). Les
apôtres modernes de lÉglise sont également « les témoins spéciaux du nom du
Christ dans le monde entier» (D&A 107:23; cf. 27:12; 84:108). En outre, le livre des
Actes mentionne le riche déversement du Saint-Esprit dans lÉglise primitive, tant
sous forme de révélations directrices que de manifestations des dons de lEsprit,
des caractéristiques que les saints des derniers jours connaissent et chérissent. De
plus, certaines déclarations prophétiques ont une signification particulière. Par
exemple, les saints des derniers jours considèrent que la prophétie de Paul aux anciens
dÉphèse au sujet des problèmes de rébellion dans lÉglise primitive comme
une déclaration inspirée au sujet de lapostasie imminente (Ac. 20:29-30). En
outre, ils estiment que la prédiction de Pierre sur le retour de Jésus du ciel « aux
temps du rétablissement de toutes choses» commence avec le rétablissement moderne de
lÉvangile (3:19-21). Par ailleurs, le livre des Actes a beaucoup à dire au sujet
de lorganisation, de la doctrine et du caractère de la prédication de
lÉglise chrétienne primitive.
LES ÉPÎTRES. Les lettres du Nouveau Testament sont traditionnellement divisées en deux
groupes, les écrits de Paul et les épîtres générales.
Le style des écrits de Paul varie de lexposé presque officiel dans les Romains à
la persuasion charmante dans Philémon. En plus des enseignements chers aux autres
chrétiens, les saints des derniers jours manifestent un intérêt particulier pour
certains points de doctrine, fonctions ecclésiastiques et pratiques notés dans les
ouvrages de Paul. Par exemple, la place des Gentils dans lhistoire du salut (Ro.
9-11) est également traitée dans le Livre de Mormon (par exemple, 1 Né. 13:20-14:7;
22:6-11; 2 Né. 10:8-18; voir Gentils, Plénitude des); la notion dêtre cohéritier
avec le Christ (Ro. 8:16-17) est enseignée dans la révélation moderne (D&A
84:35-38; voir Héritiers); ladoption dans le peuple de lalliance de Dieu (Ro.
8:14-15) est enseignée dans le Livre de Mormon (par exemple, 2 Né. 30:2; voir Loi de
ladoption); la valeur des dons spirituels (1 Co. 12; cf. 1 Th. 5:19-20) est
soulignée dans lÉcriture moderne (D&A 46); limportance de la charité ou
de lamour (1 Co. 13) est soulignée en particulier dans ce que dit le prophète
Mormon (Mro. 7:40-48); la liste donnée par Paul des vertus à rechercher (Ph. 4:8) est à
la base du treizième article de foi de Joseph Smith; lapostasie qui sinsinue
(Ga. 1:6-9) et la désunion dans lÉglise primitive (1 Co. 1:10-13), aussi bien que
la prophétie de Paul au sujet de linévitabilité de lapostasie (2 Th. 2:1-4;
cf. 1 Ti. 4:1-3), constitue un thème important des paroles de Jésus ressuscité à
Joseph Smith lors de la Première Vision (JSH 1:18-19); laccomplissement de la
loi de Moïse dans le Christ (par exemple, Ga. 3) est affirmée formellement par Jésus
ressuscité dans le Livre de Mormon (3 Né. 15:3-10; cf. 9:19-20) et sa résurrection
physique littérale, accompagnée de nombreuses preuves (1 Co. 15), est soulignée et
amplifiée par les apparitions de Jésus ressuscité aux disciples sur le continent
américain (v. 34 apr. J.-C.; 3 Né. 11-28) et dans des déclarations faites à Joseph
Smith (cf. D&A 130:22). En matière dorganisation de lÉglise, les saints
des derniers jours trouvent les commentaires de Paul sur la direction apostolique (Ga.
1:18-19;2:9-10) et sa mention doffices dans la prêtrise tels quapôtres,
prophètes, évangélistes (Ép. 2:19-21; 4:11-13), évêques et diacres (1 Ti. 3)
importants pour ladministration de lÉglise. Pour ce qui est des pratiques ou
des ordonnances, les saints des derniers jours apprécient les déclarations de Paul sur
la Sainte-Cène (1 Co. 10:14-21; 11:23-30; cf. 3 Né. 18:28-29; Mro. 4-5), sa mention du
baptême pour les morts (1 Co. 15:29) et ses instructions sur limposition des mains
(1 Ti. 4:14; 5:22). Tout cela existe dans lÉglise des saints suite à la
révélation moderne et les épîtres du Nouveau Testament certifient leur présence dans
lÉglise primitive.
Parmi les épîtres générales, cest celle de Jacques qui ressort pour les saints
à cause de son influence sur le jeune Joseph Smith. En plus du passage qui va
lamener à prier pour être guidé par Dieu (Ja. 1:5), les saints des derniers jours
chérissent lenseignement que la qualité de la foi dun homme au Christ se
reflète dans ses actions quotidiennes (Ja. 2:14-26; voir Foi en Jésus-Christ; Grâce) et
la pratique de bénir les malades (Ja. 5:14-15). Parmi les écrits de Pierre, ceux qui
sont sans doute le plus souvent cités sont ceux qui parlent de la mission de Jésus parmi
les esprits des morts tandis que son corps était au tombeau (1 Pi. 3:18-20; 4:6), un
sujet important dans la révélation moderne (D&A 138; voir Salut des morts). En
outre, les passages qui parlent de la Transfiguration (2 Pi. 1:17-18) et du moyen inspiré
par lequel la prophétie doit être interprétée (2 Pi. 1:19-21) sont intéressants pour
les saints des derniers jours. Comme ils sont dirigés par des apôtres et croient
quune apostasie sest produite dans lÉglise chrétienne primitive, les
saints des derniers jours ont été attirés par les composants du témoignage apostolique
des épîtres de Jean (1 Jn. 1:1) et par les indications quune grave apostasie
était déjà en cours dans lÉglise primitive (1 Jn. 4:1-3; 3 Jn. 1:9-10).
LAPOCALYPSE. En plus de désigner lapôtre Jean comme lauteur de cet
ouvrage (1 Né. 14:18-28), les Écritures modernes se sont concentrées à la fois sur les
thèmes mentionnés dans lApocalypse (D&A 77) et sur le texte supplémentaire
écrit par Jean (D&A 7; voir Jean, Révélations de). Lintérêt des saints a
porté sur les sujets qui ont trait aux derniers jours (cf. EPJS, pp. 230-236), notamment
le traitement de la disparition finale du mal et du règne millénaire du Christ et de ses
disciples justes (Ap. 19-20), lattente de la nouvelle Jérusalem (Ap. 21) et la
vision dun « autre ange [volant] par le milieu du ciel, ayant un Évangile
éternel, pour lannoncer aux habitants de la terre» (Ap. 14:6). Ce dernier passage
est habituellement interprété comme se rapportant à lange Moroni, qui a visité
Joseph Smith en 1823 et lui a révélé lendroit où les plaques dor étaient
enterrées. En outre, les saints des derniers jours comprennent la mise en garde contre le
fait dajouter au livre ou den retirer (Ap. 22:18-19) comme sappliquant
expressément au livre de lApocalypse plutôt quà un canon croissant
dÉcritures quils chérissent (cf. De. 4:2; 12:32; 2 Né. 29:3-14).
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Bruce, Frederick Fyvie. New Testament History. Garden City, N.Y., 1972.
Conybeare, W. J., et John S. Howson. The Life and Epistles of St. Paul. Grand Rapids,
Mich., 1968 (reprint).
Edersheim, Alfred. The Life and Times of Jesus the Messiah, 2 vols. Grand Rapids, Mich.,
1950 (reprint).
Jackson, Kent P., et Robert L. Millet, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 5. Salt
Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965-1973.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah: The First Coming of Christ. Salt Lake City, 1978.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah: From Bethlehem to Calvary, 4 vols. Salt Lake City,
1979-1981.
Millet, Robert L., dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 6. Salt Lake City, 1987.
Sperry, Sidney B. Paul's Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. JC. Salt Lake City, 1915.
ROBERT C. PATCH
Opposition
Auteur: EDWARDS, KAY P.
Lopposition et le libre arbitre sont des principes éternels et entrelacés dans la
théologie de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Le libre
arbitre est le pouvoir inné de lhomme de choisir entre diverses options et
finalement entre des modes de vie entiers. Lopposition est le cadre dans lequel ces
choix et leurs conséquences sont possibles.
Dans son récit de la chute dAdam, Léhi enseigne que la philosophie des opposés
est au cur du plan de rédemption. Sils étaient restés dans un état
dinnocence prémortelle, Adam et Ève nauraient éprouvé «aucune joie, car
ils ne connaissaient aucune misère, [nauraient fait] aucun bien, car ils ne
connaissaient aucun péché» (2 Né. 2:23). Par conséquent, conclut Léhi, «il doit
nécessairement y avoir une opposition en toutes choses. S'il n'en était pas ainsi
la justice ne pourrait pas s'accomplir, ni la méchanceté, ni la sainteté ni la misère,
ni le bien ni le mal» (2 Né. 2:11).
Pour les saints des derniers jours, le contraste et lopposition existaient dans la
vie prémortelle aussi bien que sur la terre (Abr. 3:23-28; Moï. 6:56) et la distinction
entre le bien et le mal est éternelle. Avant la vie terrestre, les esprits de tous les
hommes ont eu des occasions de choisir Dieu et de démontrer leur amour pour lui en
obéissant à sa loi (Mt. 22:37) ou de céder aux propositions sataniques de rébellion et
de coercition (2 Né. 2:11-15; cf. Lu. 16:13; 2 Né. 10:16). Des conséquences
différentes, opposées même, ont suivi ces choix (Abr. 3:26).
LÉcriture rattache le principe de lopposition aux situations essentielles de
lexpérience humaine. Parmi elles, la vie et la mort, la connaissance et
lignorance, la lumière et les ténèbres, la croissance et latrophie.
LA VIE ET LA MORT. Parce quAdam et Ève ont mangé du fruit de larbre de la
connaissance du bien et du mal, eux et toute leur postérité sont devenus sujets à la
mort physique et aux afflictions et à la dégradation du corps mortel (2 Né. 9:6-7). Ils
sont également devenus sujets à la mort spirituelle, qui signifie la séparation
spirituelle davec Dieu à cause du péché. Néanmoins, par lintermédiaire du
Christ, des dispositions avaient déjà été prises pour assurer leur rédemption (2 Né.
2:26), vaincre les deux morts et les ramener en la présence de Dieu. Dans la perspective
de léternité, la pire forme de mort est la soumission à Satan et, de ce fait,
lexclusion hors de la présence de Dieu (2 Né. 2:29). Le Christ est venu pour
apporter la vie en abondance, la vie éternelle avec Dieu (Jn. 10:28; 17:3; D&A
132:23-24).
LA CONNAISSANCE ET LIGNORANCE. Lopposition était et est une nécessité pour
qui veut avoir une connaissance authentique, «car s'ils n'avaient jamais ce qui est amer,
ils ne pourraient pas connaître ce qui est doux» (D&A 29:39; cf. 2 Né. 2:15).
Pareille connaissance est participative. Parce quil «est impossible à un homme
dêtre sauvé dans lignorance (D&A 131:6), a enseigné le prophète Joseph
Smith, un homme nest pas sauvé plus vite quil nacquiert [pareille]
connaissance» (EPJS, p. 175; cf. 289). On peut aspirer à toute la vérité (D&A
93:28), mais pas sans affronter les hauteurs et les profondeurs de lexpérience de
la vie sur terre, que ce soit par procuration ou réellement.
LA LUMIÈRE ET LES TÉNÈBRES. Les saints des derniers jours trouvent un parallèle entre
la lumière et les ténèbres, le concept des «deux voies» et lidée des «fils
des ténèbres» en guerre avec les «fils de la lumière» mentionnés dans les
manuscrits de la mer Morte. Jésus enseigne: «Si donc la lumière qui est en toi est
ténèbres, combien grandes sont ces ténèbres!» (Mt. 6:23) et celui «qui pèche contre
une lumière plus grande recevra une condamnation plus grande» (D&A 82:3). En
conclusion, les fils et les filles de Dieu doivent atteindre un stade où «il ny
aura pas de ténèbres [en eux]» (D&A 88:67).
LA CROISSANCE ET LATROPHIE. Le principe de lopposition implique également que
les gens ne peuvent être mis à lépreuve et fortifiés que sil y a une
véritable alternative (Abr. 3:23-25) et de vraies résistances. La vie est une situation
difficile dans laquelle il y a de vrais risques, de vrais gains et de vraies pertes. De
ces mises à lépreuve découlent la responsabilité, le jugement et la progression
spirituelle. Les saints des derniers jours croient que cette rencontre avec le choix et
les conditions pour la progression continuera éternellement. Il sensuit que dans le
cadre de lÉvangile, une fois quon est engagé, il ny a plus de
neutralité ni dimmobilisme. Joseph Smith a enseigné: «Si nous ne nous approchons
pas de Dieu par le principe, nous nous éloignons de lui» (EPJS, p. 174).
On peut se tromper dans la religion en essayant de réconcilier lirréconciliable;
on peut ainsi voir de lopposition là où il ny en a pas. Dans certaines
formes de judaïsme et de christianisme, par exemple, lidée règne que la chair et
lesprit sont opposés et antithétiques. Paul est souvent cité à ce propos. Mais
quand on lit attentivement Paul et dautres auteurs, on constate que, la plupart du
temps, la «chair» sapplique à lhomme lié par le péché, et
«lesprit» à quelquun qui a été régénéré par le Christ. Ainsi, ce
nest pas la chair, mais les vices de la chair qui doivent être évités. Et ce
nest pas la terre, mais lamour du monde (la méchanceté) quil faut
dépasser (TJS Ro. 7:5-27). De même, les saints des derniers jours nopposent pas en
fin de compte la foi à la raison, lesprit aux sens ou la vie contemplative à une
vie dactivité et de service. Ce nest que quand on les déforme quils
sopposent, parce que quand le moi est uni sous le Christ, ils sont réconciliés.
Dans le plan de rédemption, lopposition nest pas effacée mais surmontée: le
mal par le bien, la mort par la vie, lignorance par la connaissance, les ténèbres
par la lumière, la faiblesse par la force.
Bibliographie
Roberts, B. H. The Gospel. Liverpool, 1888.
Roberts, B. H. Comprehensive History of the Church. Vol. 2, pp. 403-406. Salt Lake City,
1930.
KAY P. EDWARDS
Ordination à
la prêtrise
Auteur: BREWSTER, HOYT W., Jr.
Dans lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, lordination à
la prêtrise est requise de tous ceux qui administrent les ordonnances de lÉvangile
de Jésus-Christ.
La pratique dordonner des hommes à des offices et à des appels dans la prêtrise
apparaît dans la Bible aussi bien que dans lhistoire sacrée. Josué a été
ordonné par Moïse (No. 27:18-23) et le Christ a choisi et ordonné ses apôtres (Jn.
15:16). Les saints des derniers jours croient que ces ordinations se faisaient par
limposition des mains. Le principe de lordination des anciens prophètes
permettant de transmettre ainsi lautorité dAdam à Noé est décrit dans la
révélation moderne (D&A 84:6-16; 107:40-52).
Les officiers de lÉglise font remonter leur «ligne dautorité»
jusquau Seigneur Jésus-Christ. Ceux qui confèrent aujourdhui
lautorité dans la prêtrise le font sur la base dune succession
dordinations dont les premières ont été faites par ceux qui détenaient
lautorité dans les temps anciens (voir Prêtrise dAaron: Rétablissement;
Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Lautorité dans la prêtrise et le pouvoir den haut peuvent être transmis par
limposition des mains à tous les hommes qui se qualifient pour cela dans un esprit
dhumilité. Ceux qui sont ordonnés par un agent autorisé de Dieu considèrent que
leur ordination vient du Seigneur lui-même (cf. Al. 13:1). Une révélation de 1830
déclare par la voix du Seigneur: «Je poserai la main sur toi par la main de mon
serviteur» (D&A 36:2).
Lefficacité de lordination ne dépend pas simplement de la formule ou des
mots, mais de la dignité et de la sanction de lEsprit. On peut perdre son autorité
dans la prêtrise en en faisant mauvais usage. La prêtrise nest pas un pouvoir de
domination. «Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en
vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la
gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère» (D&A 121:41).
Du point de vue des saints, ceux qui sont ordonnés à la prêtrise ne sont pas une élite
ni une classe sacerdotale professionnelle distincte des laïques. Tous sont des laïques.
Il leur est enseigné que «un homme doit être appelé de Dieu par prophétie et par
limposition des mains» par ceux qui détiennent lautorité (5e A de F; cf. 1
Ti. 4:14). «Par prophétie» signifie le droit de recevoir et le pouvoir
dinterpréter les manifestations de la volonté divine.
À lâge de douze ans, tous les saints dignes de sexe masculin peuvent recevoir la
Prêtrise dAaron et être ordonnés à loffice de diacre. Une fois plus
âgés, ils peuvent être ordonnés instructeurs puis prêtres. Les convertis masculins
adultes sont généralement ordonnés prêtres peu de temps après le baptême. Un
évêque ordonné est mis à part pour présider la Prêtrise dAaron et pour remplir
les fonctions de grand prêtre président de sa paroisse. Il autorise toutes les
ordinations dans la Prêtrise dAaron de sa paroisse, qui sont accomplies par un
prêtre ou un membre de la Prêtrise de Melchisédek, souvent le père. Dautres
détenteurs de la prêtrise se joignent habituellement à lordination en se mettant
en cercle autour de la personne assise et en posant les mains sur sa tête. Celui qui est
porte-parole mentionne lautorité de la prêtrise et le nom de Jésus-Christ et
prononce lordination spécifique, quil accompagne de recommandations et de
promesses.
Les hommes dignes de dix-huit ans et plus peuvent recevoir la Prêtrise de Melchisédek et
être ordonnés anciens. Les hommes appelés à des postes de présidence dans
lÉglise tels que les épiscopats, les grands conseils et les présidences de pieu,
ainsi que les patriarches et les apôtres, sont ordonnés grands prêtres.
À lheure actuelle, seuls ceux qui sont appelés comme Autorités générales dans
un collège de soixante-dix sont ordonnés à loffice de soixante-dix. Les membres
du Collège des douze apôtres sont ordonnés apôtres. Les conseillers dans la Première
Présidence détiennent généralement, mais pas toujours, loffice dapôtre.
Le prophète de lÉglise est le doyen des apôtres. Quand il devient lofficier
président, il est ordonné et mis à part comme président de lÉglise par le
Collège des douze apôtres.
HOYT W. BREWSTER, Jr.
Ordonnances
[Cette rubrique se compose de deux articles: Ordonnances: Aperçu, un traitement général
de la nature des ordonnances au sens le plus large, et Administration des ordonnances, les
procédés ecclésiastiques proprement dits utilisés pour lautorisation et
laccomplissement des ordonnances dans lÉglise.]
Ordonnances: Aperçu
Auteur: LUSCHIN, IMMO
Le mot «ordonnance» est dérivé du latin «ordinare», qui signifie mettre en ordre ou
en séquence ou agir par autorisation ou commandement. Les membres de lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours considèrent les ordonnances religieuses non
comme fixées arbitrairement mais comme instituées dans un but précis par Dieu et comme
ayant une portée éternelle.
Le pouvoir daccomplir des ordonnances dont la validité est reconnue par Dieu est
inséparablement lié à lautorité divine conférée à lhomme mortel,
cest-à-dire la prêtrise de Dieu, «laquelle prêtrise continue dans l'Église de
Dieu dans toutes les générations
C'est pourquoi, le pouvoir de la divinité se
manifeste dans ses ordonnances. Et sans ses ordonnances, et l'autorité de la prêtrise,
le pouvoir de la divinité ne se manifeste pas aux hommes dans la chair» (D&A 84:17,
20-21).
Les ordonnances dans lÉglise contiennent des instructions et un symbolisme riche.
Lonction dhuile consacrée (par exemple, comme dans le temple) rappelle
lutilisation dhuile sacrée lors du couronnement des rois et lappel des
prophètes dans les temps anciens. Limposition des mains aux malades suggère
symboliquement linvocation et la transmission du pouvoir den haut. Les «eaux
du baptême» symbolisent dune manière riche la réalité de la nouvelle naissance.
Les Écritures modernes montrent abondamment que Dieu a fixé des ordonnances immuables et
éternelles en tant quéléments essentiels du plan de salut et de rédemption (És.
24.5; Mal. 3:7; Al. 13:16; D&A 124:38). Le prophète Joseph Smith a enseigné que
«les ordonnances de lÉvangile
ont été posées avant les fondations du
monde» et «il ne faut pas les altérer ou les changer. Tous doivent être sauvés selon
les mêmes principes» (EPJS, pp. 298, 249).
On peut trouver un exemple biblique de la nécessité des ordonnances dans la déclaration
du Seigneur à Nicodème quon doit «naître de nouveau» (Jn. 3:3). Le prophète
Joseph Smith a enseigné que «cest par lEsprit de Dieu, par
lintermédiaire des ordonnances quon naît de nouveau» (EPJS, p. 129). Le
processus du salut se vit comme un «grand changement dans votre cur» (Al. 5:14)
sous légide et avec laide de lEsprit de Dieu en gardant les ordonnances
divines. Lépreuve de lobéissance est réitérée dans les temps modernes, un
processus dont il est dit quil sapplique «dans tous les cas sous tous les
cieux». On nest entièrement accepté de Dieu et on nest «de Dieu» que si
on «obéit à [s]es ordonnances» (D&A 52:14-19). Certaines ordonnances sont
universelles de nature (cf. Lé. 18:4; Ro. 13:2; Al. 30:3; D&A 136:4), alors que
dautres sont des rites et des cérémonies décrétés à des fins spéciales au
sein de luvre du Seigneur (par exemple, No. 18:8; Hé. 9:10; Al. 13:8; D&A
128:12).
Les ordonnances, dans le sens des rituels et des cérémonies, embrassent la vie terrestre
tout entière des fils et des filles de Dieu et sont accomplies par les représentants
autorisés du Seigneur, les détenteurs de sa prêtrise. En effet, les ordonnances sont
laspect visible de lefficacité de la prêtrise, laction de
lautorité divine appropriée conférée à lhomme mortel.
Certaines ordonnances sont des conditions requises pour entrer dans la gloire céleste
(baptême, don du Saint-Esprit) et pour lexaltation (ordination dans la prêtrise,
dotation au temple, mariage céleste). Chaque humain qui vit, qui a jamais vécu, ou qui
vivra un jour sur la terre a besoin de ces ordonnances. Par conséquent, des ordonnances
doivent être accomplies par procuration en faveur de ceux qui nont pas eu
loccasion de les recevoir pendant leur vie ici-bas.
Dautres ordonnances augmentent le bien-être physique, émotionnel et spirituel de
leurs bénéficiaires sans être des conditions requises pour la gloire céleste ou pour
entrer dans la présence de Dieu le Père. Ces ordonnances supplémentaires sont
lattribution dun nom aux enfants, la confirmation, la consécration
dhuile, la consécration de bâtiments et la consécration de tombes.
Limposition des mains aux malades contribue à la santé et au bien-être ainsi
quau soulagement et au réconfort émotionnels. Les bénédictions patriarcales et
paternelles données aux enfants les guident spirituellement. Un renouvellement essentiel
des alliances se produit lorsque lon prend la Sainte-Cène et que lon
sengage solennellement à se conduire comme il sied à quelquun qui porte le
nom du Christ, à toujours se souvenir de lui et à garder les commandements quil a
donnés. Pareille obéissance augmente la sensibilité aux directives et à la
sanctification de lEsprit.
Les ordonnances reflètent la vérité que lÉglise du Seigneur est une maison
dordre. Elles rappellent également aux membres leur situation dans le royaume de
Dieu sur terre.
Non seulement celui qui accomplit une ordonnance doit se qualifier pour le faire, mais
ceux qui reçoivent lordonnance doivent se préparer pour lévénement. Le
quatrième article de foi dit: «Nous croyons que les premiers principes et ordonnances de
l'Évangile sont: premièrement la foi au Seigneur Jésus-Christ, deuxièmement le
repentir, troisièmement le baptême par immersion pour la rémission des péchés,
quatrièmement l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit.» Ces étapes
préliminaires sont dans un ordre précis et divinement prévu et, en les suivant, on
avance «de grâce en grâce» comme cela a été le cas du Fils de Dieu lui-même
(D&A 93:13; cf. Lu. 2:52). En effet, la révélation moderne enseigne: «Si un homme
obtient une plénitude de la prêtrise de Dieu, il faut quil lobtienne de la
même manière que Jésus-Christ, cest-à-dire en gardant tous les commandements et
en obéissant à toutes ordonnances de la Maison du Seigneur» (EPJS, p. 249).
Quand elles sont accomplies avec autorité et pouvoir, les ordonnances sont suivies de
bénédictions divines. Elles ont «efficacité, vertu, [et] force» (D&A 132:7).
Elles éclairent lesprit et vivifient lâme tout entière (JSH 1:74).
Après être entré dans le processus du baptême, le premier homme a été «vivifié
dans lhomme intérieur» (Moï. 6:65). Les ordonnances unissent lhomme à Dieu
et lhomme à lhomme: «Voici, tu es un en moi, un fils de Dieu; et c'est ainsi
que tous peuvent devenir mes fils» (Moï. 6:68).
Bibliographie
Smith, Joseph F. GD.
IMMO LUSCHIN
Ordonnances:
Administration des ordonnances
Auteur: LUSCHIN, IMMO
Il faut que les ordonnances accomplies dans lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours «soient faites dans lordre» (D&A 20:68) par quelquun qui
est ordonné. La racine linguistique commune des mots «ordonnance», «ordre» et
«ordonner» implique une succession, un droit et une responsabilité solennelle fixes.
Ladministration de toutes les ordonnances présuppose la dignité de
ladministrateur et du bénéficiaire. La plupart se font par limposition des
mains de quelquun qui a été dûment ordonné. Il faut que ce soit quelquun
«dont l'Église sait quil a lautorité» (D&A 42:11), que lon peut
faire remonter par un lignage démontré à la source de toute autorité, Jésus-Christ.
Toutes les ordonnances se font au nom du Fils, Jésus-Christ, et par lautorité de
la Prêtrise dAaron ou de la Prêtrise de Melchisédek. Pour certaines ordonnances,
telles que le baptême et ladministration de la Sainte-Cène, les Écritures
prescrivent les mots exacts. Pour dautres, telle que limposition des mains aux
malades, on prononce le nom du bénéficiaire et on déclare lautorité de
lofficiant, après quoi lon donne une bénédiction spontanée suivant
linspiration.
Les ordonnances qui sont essentielles au salut doivent être accomplies sous la direction
de ceux qui détiennent les clefs pour désigner ceux qui doivent les accomplir (voir Hé.
5:4; cf. D&A 132:7). La validité des ordonnances accomplies et leur ratification ou
scellement divins nécessitent cette approbation.
Conformément aux précédents bibliques et aux commandements modernes, toutes les
ordonnances du salut et de lexaltation, du baptême au mariage au temple, se font en
présence de témoins et un rapport approprié et fidèle est fait et conservé dans les
archives de lÉglise (2 Co. 13:1; cf. D&A 128:2-5). Ainsi, les ordonnances
deviennent une «loi sur la terre et dans les cieux» et, à moins que les alliances
soient violées, elles ne peuvent pas être annulées, «conformément aux décrets du
grand Jéhovah» (D&A 128:6-10).
Bibliographie
Manuel de la Prêtrise de Melchisédek. Salt Lake City, 1989.
IMMO LUSCHIN
Ordre
patriarcal de la prêtrise
Auteur: McKINLEY, LYNN A.
Pour les saints des derniers jours, lordre patriarcal de la prêtrise est le pouvoir
et le principe organisateur de la vie de famille céleste. Cest la forme finale et
idéale de gouvernement. Il répond à la question de Parley P. Pratt: «Qui peut
supporter dêtre banni et séparé pour toujours de son père, de sa mère, de son
conjoint, de ses enfants et de toutes les affections analogues et de tous les liens
familiaux? » (Pratt, Utah Genealogical and Historical Magazine 23, avr. 1932, p. 59).
Dans lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours il y a deux divisions
de la prêtrise: celle dAaron et celle de Melchisédek. Lordre suprême de la
Prêtrise de Melchisédek est lautorité patriarcale. Lordre a été
divinement établi avec notre père Adam et notre mère Ève. Ils sont la source et les
ancêtres de tous les vivants et ils apparaîtront au point culminant de lhistoire
de la terre à la tête de toute la famille scellée des rachetés. Les promesses faites
à Abraham et à Sara appartiennent à ce même ordre.
Trois principes sont à la base de lordre patriarcal. Premièrement, les tout
premiers parents du genre humain étaient, dans leur état paradisiaque en Éden, unis
dans des liens éternels avant que la mort ne sintroduise dans leur vie.
Deuxièmement, la chute de lhomme et la source continuelle de dégénérescence en
ce monde ont eu comme conséquence laliénation des parents davec Dieu,
lun davec lautre et davec leurs enfants. Troisièmement, la raison
dêtre de la vie éternelle aussi bien que la perpétuation des pouvoirs de
création et de procréation laccroissement éternel est que
cest ce qui va mettre fin à cette rupture dharmonie.
Lordre patriarcal est, pour employer les termes de James E. Talmage, un état de
choses dans lequel «la femme partage avec lhomme les bénédictions de la
prêtrise», où mari et femme exercent leur ministère «en voyant et en comprenant de la
même façon et en coopérant entièrement au gouvernement du royaume quest leur
famille» (Young Womans Journal 25, oct. 1914, pp. 602-603). Un homme ne peut pas
détenir cette prêtrise sans épouse et une femme ne peut pas jouir des bénédictions de
cette prêtrise sans un mari auquel elle est scellée dans le temple.
Pour ce qui est de lautorité patriarcale, le prophète Joseph Smith a exhorté les
saints: « Allez et terminez [le temple de Nauvoo], et Dieu le remplira de pouvoir et vous
recevrez alors plus de connaissance au sujet de cette prêtrise» (EPJS, p. 261, cf.
D&A 107:18, 20). Cette prêtrise et les pouvoirs qui laccompagnent furent
présentés en 1843 à Nauvoo. Elle fut conférée en premier à la Première Présidence,
aux apôtres et à leurs épouses (WJS, pp. 244-245).
Aujourdhui maris et femmes engagés entrent dans cet ordre dans le temple dans une
alliance avec Dieu. Les bénédictions de cette prêtrise sont données seulement au mari
et à la femme ensemble. Leurs alliances se prolongent au-delà de cette vie (D&A
76:59, 60), au-delà de la mort (D&A 132:20-24) et dans la résurrection,
jusquaux vies éternelles, à savoir le don et la réception éternels de la vie.
Ainsi unis, ils uvrent dans lamour, la foi et lentente à la
glorification de leur famille. Sils ne sont pas unis dans un amour obéissant,
sils ne sont pas un, ils ne sont pas du Seigneur. Par la suite, par cet ordre, la
famille sera liée par des liens indissolubles en remontant jusquaux premiers
parents et, dans lautre sens, jusquau dernier enfant né dans ce monde. Cet
ordre de la prêtrise sera à la fois le moyen et laboutissement de la
réconciliation, de la rédemption, de la paix, de la joie et de la vie éternelle.
LYNN A. MCKINLAY
Papyrus de Joseph
Smith
Auteur: TODD, JAY M.
Lexpression «papyrus de Joseph Smith» désigne très exactement douze morceaux
existants du papyrus égyptien que le prophète Joseph Smith a acheté en juillet 1835 à
Michael H. Chandler. Situés dans les archives de lÉglise, ces fragments ont une
taille qui va de 18,5 x 31 cm à 16 x 11 cm. Le fac-similé n° 1 du livre dAbraham
vient dun de ces fragments. Au sens large, lexpression désigne aussi les
fac-similés 2 et 3 du même livre et les papiers et tous les documents égyptiens de la
période de Kirtland de lhistoire de lÉglise contenant de petites sections de
texte copiées des papyrus. La découverte et la transmission des momies et des papyrus
sont traitées dans Livre dAbraham: origine.
Lorigine des écrits antiques est passionnante à retrouver. En 1798, la conquête
de lÉgypte par Napoléon réveilla lintérêt de lEurope pour les
trésors de lÉgypte. Antonio Lebolo, un collectionneur italien, fit des fouilles en
Égypte entre 1817 et 1821. En 1820 il travailla à Thèbes, près dEl Gourna;
Chandler dit que les momies de Lebolo venaient de là (Todd, pp 45, 130). Vers 1822,
Lebolo retourna en Italie où il mourut le 19 février 1830. En 1831, son fils, Pietro,
fit une enquête pour sa voir pourquoi Albano Oblasser, le marchand
transporteur ne lavait pas remboursé pour onze momies. En 1833, son fils Pietro
autorisa Francesco Bertola, à Philadelphie, à vendre onze momies quOblasser avait
envoyées à un associé à New York (Peterson, pp. 145-147).
On ne sait pas comment Chandler sest procuré ses possessions. On sait que les
momies et les papyrus de Lebolo furent exposés à Philadelphie (avril-mai 1833) et à
Baltimore. Au mois de septembre 1833, six avaient été montrées à Harrisburg et une
avait été publiquement disséquée à Philadelphie. En juin 1835, quatre momies et
papyrus furent exposés à Cleveland, à trente kilomètres au sud-ouest de Kirtland
(Todd, pp. 108-143).
Au début de juillet 1835, Chandler visita Kirtland où il rencontra Joseph Smith à qui
il demanda «sil avait un pouvoir par lequel il pouvait traduire légyptien
ancien. M. Smith répondit que oui» (P. Pratt, Millennial Star, juillet 1842). Chandler
lui montra quelques hiéroglyphes que dautres avaient prétendument interprétés.
Joseph Smith sen alla et revint avec une traduction écrite en anglais correspondant
à linterprétation que Chandler avait déjà reçue. Le prophète manifesta de
lintérêt pour les papyrus, mais Chandler ne voulait pas dépareiller son
exposition. Peu après, des membres de lÉglise achetèrent pour $2.400 «quatre
formes humaines
avec deux rouleaux de papyrus ou davantage» (HC 2:235). Oliver
Cowdery se rappela plus tard que cétaient «deux rouleaux
[avec] deux ou
trois autres petits morceaux», le texte écrit «à lencre ou avec de la peinture
noire et une petite partie à lencre rouge» (Messenger and Advocate, 31 déc.
1835). En trois jours, Joseph Smith traduisit «quelques hiéroglyphes et, à notre grande
joie, constata quun des rouleaux contenait les écrits dAbraham et un autre,
les écrits de Joseph dÉgypte». Joseph Smith travailla du 17 au 31 juillet à
«continuellement
traduire un alphabet
et arranger une grammaire» de
légyptien (HC 2:236-238). Le 1er octobre, alors quil travaillait sur
lalphabet, «les principes de lastronomie tels qu Abraham les
comprenait
furent dévoilés» (HC 2:286). Le 17 novembre, il «montra
lalphabet» (HC 2:316). Il écrit quil traduisit «les documents égyptiens»
le 7 octobre, les 19 et 20 novembre (le 20: «Jai avancé rapidement») et du 24 au
26 novembre (HC 2:289, 318, 320). Les archives de lÉglise contiennent les textes du
livre dAbraham (Abr. 1:1-2:18) de cette période.
En 1837, un visiteur écrivit: «Ces documents étaient déchirés
certaines parties
entièrement perdues, mais Smith doit traduire le tout par linspiration divine et ce
qui est perdu, comme le songe de Nebucadnetsar, peut être interprété aussi bien que ce
qui est préservé.» Joseph Smith fit transférer les momies et les papyrus dans des
localités voisines et, en 1836, ils étaient dans le temple de Kirtland. Malgré les
soins, les papyrus avaient été endommagés. En conséquence, ils furent coupés en
morceaux et certains furent collés sur du papier pour les conserver. Le 4 janvier 1838,
il y avait au moins «deux tiers non divisés». Pendant la période 1838-1839, les
papyrus et les momies passèrent lhiver à Quincy (Illinois), où ils furent
exposés, pratique qui continua jusquen 1856 (Todd, pp. 197-203).
En 1842, Joseph Smith soccupa de préparer les fac-similés pour la publication et
écrivit vraisemblablement ses «Explications», qui sont imprimées avec eux; le 23
février, il donna des instructions à limprimeur sur la façon de faire la plaque
pour le fac-similé n° 1, qui fut, avec son «explication», imprimé dans le numéro du
1er mars du Times and Seasons avec Abraham 1:1-2:18. Le 4 mars, il donna des instructions
à limprimeur sur les fac-similés n° 2 et 3; les 8 et 9 mars, il fit de la
«traduction» et de la «révision» (HC 4:518, 543-548). La partie finale du livre
dAbraham (2:19-5:21) et le fac-similé n° 2 avec son «explication» furent
imprimés dans le numéro du 15 mars; le fac-similé n° 3 et son «explication» furent
imprimés le 16 mai.
Bien que les rouleaux de papyrus aient été raccourcis, un visiteur vit en février 1843
«un long rouleau de manuscrit, [et on lui dit que] cétait «lécrit
dAbraham» et on lui montra «un autre rouleau» (Todd, p. 245). Après la mort de
Joseph Smith, les objets égyptiens furent tenus principalement par sa mère et puis par
Emma Smith après la mort de Lucy, le 14 mai 1856. Le 25 mai 1856, Emma vendit «quatre
momies égyptiennes avec les documents qui les accompagnaient» à M. Abel Combs (IE,
janv. 1968, pp. 12-16). (Les pionniers transportèrent un fragment dans lOuest.)
Combs vendit ensuite deux momies avec quelques papyrus, qui furent envoyés au musée de
St-Louis (1856); ils finirent au musée de Chicago (1863) où ils brûlèrent apparemment
en 1871. Le sort des deux autres momies et papyrus de Combs est inconnu, mais certains
papyrus restèrent car, en 1918, Mme. Alice Heusser, de Brooklyn, une fille de la femme de
charge de Combs, alla trouver le musée métropolitain dart de New York avec des
papyrus ayant appartenu à Joseph Smith. En 1947, le musée acheta les papyrus à son mari
devenu veuf. En mai 1966, Aziz S. Atiya, de luniversité dUtah, vit onze
fragments de Heusser au musée. Il en informa les dirigeants de lÉglise et, le 27
novembre 1967, lÉglise acheta les fragments; lun deux est le
fac-similé n° 1.
Les égyptologues qui ont étudié les fragments ces dernières années les identifient
généralement comme étant des textes religieux, certains du Livre des Morts, datant de
500-300 av. J.-C., dautres du Livre des Respirations, datant denviron 100 apr.
J.-C. Depuis la redécouverte des fragments, les chercheurs ont cherché à apprendre si
lun dentre eux, autre que le fac-similé n° 1, est lié au livre
dAbraham. [Voir aussi Livre dAbraham: Fac-similés du livre dAbraham.]
Bibliographie
Nibley, Hugh. The Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Peterson, H. Donl. Sacred Writings from the Tombs of Egypt. Dans The Pearl of
Great Price: Revelations from God, dir. de publ. D. Peterson et C. Tate, Provo, Utah,
1989.
Pâques
Auteur : Jamison, Mary Ellen Stewart
Pâques est la fête chrétienne qui célèbre la
résurrection de Jésus-Christ. Après sa mort sur la croix, son corps fut placé dans un
sépulcre, où il resta, séparé de son esprit, jusqu'à sa résurrection, quand son
corps et son esprit furent réunis. Les saints des derniers jours affirment et témoignent
que Jésus-Christ est ressuscité et vit aujourd'hui avec un corps de chair et d'os
glorifié et rendu parfait. Après sa résurrection, Jésus apparut d'abord à Marie de
Magdala et ensuite aux autres disciples. Certains n'étaient pas convaincus de sa
résurrection, estimant que ses apparitions étaient celles d'un esprit désincarné.
Jésus leur assura : « Voyez mes mains et mes pieds, cest bien moi ; touchez-moi et
voyez : un esprit na ni chair ni os, comme vous voyez que jai » (Luc 24:39).
Il mangea ensuite du poisson et du miel en leur présence, dissipant encore davantage
leurs doutes.
Pâques célèbre non seulement la résurrection du Christ, mais aussi la résurrection
universelle. Grâce à l'expiation de Jésus-Christ, tous les hommes ressusciteront. Leur
corps et leur esprit seront réunis pour ne plus jamais être séparés. Les saints savent
que ce que Paul a dit est vrai : « Mais maintenant Christ est ressuscité des morts, il
est les prémices de ceux qui sont morts... comme tous meurent en Adam, de même aussi
tous revivront en Christ » (1 Corinthiens 15:20; cf. Alma 11:42-45).
Les saints des derniers jours ont un service le dimanche de Pâques, mais ne suivent pas
les observances religieuses du mercredi des cendres, du carême ou de la semaine sainte.
Lors du service de Pâques chez les saints, on revoit traditionnellement les récits du
Nouveau Testament et du Livre de Mormon concernant la crucifixion du Christ, sa
résurrection et les événements qui les entourent. Pour ces services, les chapelles sont
souvent ornées de lys blancs et dautres symboles de la vie. La chorale de paroisse
présente fréquemment des cantates de Pâques et lassemblée chante des cantiques
de Pâques. Comme lors des services religieux des autres dimanches, les emblèmes de la
Sainte-Cène (voir Communion) sont distribués à lassemblée.
Certaines familles ajoutent, pour le plus grand plaisir des enfants, des ufs de
Pâques à leur fête familiale. Ces traditions ne sont pas officiellement
déconseillées, bien quelles naient aucune signification religieuse pour les
saints des derniers jours. L'objectif de la fête est religieux. Pour les saints des
derniers jours, Pâques est une fête de la promesse de la vie éternelle grâce au
Christ. Ils partagent la conviction de Job : « Mais je sais que mon rédempteur est
vivant, Et quil se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il
se lèvera ; Quand je naurai plus de chair, je verrai Dieu. » (Job 19:25-26).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The Real Meaning of Easter." Instructor 93, avr. 1958, p.
100-101.
MARY ELLEN STEWART JAMISON
Paraboles
Auteur: HOWE, SUSAN
Une parabole est un bref récit didactique qui utilise des personnages, des situations et
des coutumes que lauditoire connaît bien. Elle vise à transmettre un message
spirituel, mais le lecteur doit habituellement déduire le message de lhistoire,
laquelle présente généralement un certain aspect de la vie quotidienne. Du fait que
cest une histoire, la parabole est parfois plus mémorable et plus intéressante que
lexhortation directe. On lui prête plusieurs niveaux de signification et elle peut
être interprétée différemment selon la sensibilité et la préparation spirituelle de
lauditeur. Pour les saints des derniers jours, il est significatif que le Seigneur,
par lintermédiaire du prophète Joseph Smith, ait proposé quelques paraboles
supplémentaires et ait utilisé celles données pendant le ministère de Jésus pour
enrichir la partie du message du rétablissement de lÉvangile qui touche aux
événements des derniers jours.
Dans sa traduction de la Bible (TJS), Joseph Smith a retravaillé certaines des paraboles
du Christ rapportées dans les Évangiles synoptiques. En outre, il a souvent fait
allusion aux paraboles du Christ dans ses discours et ses articles. Dans les révélations
du Seigneur, il a reçu au moins trois paraboles originales qui ne sont pas dans le
Nouveau Testament (D&A 38:26-27; 88:51-61; 101:43-62). Pour celles du Nouveau
Testament quil a retravaillées, parce quil était conscient de ce que la
signification dune parabole réside dans lintérêt quelle peut avoir
pour son auditoire dorigine, il a utilisé comme clef pour son interprétation la
situation qui a amené le Christ à raconter sa parabole (EPJS, pp. 223-224). Ensuite,
sous linspiration, il a interprété pratiquement toutes les paraboles de Matthieu
13 selon leur application aux derniers jours ou à la mission de lÉglise rétablie
qui est daider à préparer les gens à la seconde venue du Christ (cf. D&A
45:56; 63:53-54; EPJS, pp. 72-77).
Joseph Smith a montré que beaucoup de paraboles du Christ concernaient la mission moderne
de lÉglise. Par exemple, la section 86 des Doctrine et Alliances voit dans la
parabole de livraie (cf. Mt. 13:24-30, 36-43) une description de lapostasie et
du rétablissement du véritable Évangile du Christ: «les apôtres étaient les semeurs
du bon grain» mais «lorsqu'ils se sont endormis
l'ivraie étouffe le bon grain et
chasse l'Église dans le désert» (D&A 86:2-3). Cependant, le bon grain, qui est la
véritable église du Christ, germe à nouveau: «En ces derniers jours
le Seigneur
commence à faire sortir la parole et
la pousse croît et est encore tendre»
(D&A 86:4). La TJS applique cette parabole aux derniers jours: «En ce jour, avant que
le Fils de lhomme vienne, il enverra ses anges et ses messagers du ciel» (TJS, Mt.
13:42). Ces anges et ces messagers sont appelés à fortifier le bon grain dans les
derniers jours avant que les méchants soient détruits. Cette parabole porte donc sur la
période précédant immédiatement la fin du monde (cf. D&A 101:65-66).
Dautres mentions continuent à rattacher les paraboles du Christ à lÉglise
des derniers jours. La version TJS de la parabole des dix vierges (Mt. 25:1-13) commence
ainsi: «Ce jour-là, avant que le Fils de lhomme vienne, le royaume des cieux sera
semblable à dix vierges» (TJS, Mt. 25:1). Les Doctrine et Alliances font, elles aussi,
allusion à cette parabole: «Le jour de la venue du Fils de l'Homme
il y aura des
vierges folles parmi les sages; et à cette heure-là, il se produira une séparation
complète des justes et des méchants» (D&A 63:53-54; cf. 45:56-57). À propos de la
parabole du grain de sénevé (Mt. 13:31-32): «Cest la plus petite de toutes les
semences ; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes» (Mt. 13:32),
Joseph Smith a écrit: «Nous pouvons ici clairement découvrir que cette image est
donnée pour représenter lÉglise telle quelle paraîtra dans les derniers
jours» (EPJS, p. 75). Il y voit aussi une comparaison avec le Livre de Mormon:
«Prenons le Livre de Mormon quun homme prit et cacha dans son champ
pour
quil reparaisse dans les derniers jours, en temps voulu; voyons-le sortir de
terre
oui, devenir gigantesque, avec dimmenses branches et une majesté
divine, jusquà ce quil devienne, comme le grain de sénevé, la plus grande
de toutes les plantes. Et il est la vérité, et il a germé, et il est sorti de la terre
et la justice commence à regarder du haut des cieux et Dieu envoie den haut ses
pouvoirs, ses dons et ses anges pour habiter dans ses branches» [EPJS, p. 75].
En commentant dautres paraboles, Joseph Smith compare les trois mesures de farine
dans lesquelles une femme met du levain (Mt. 13:33) aux trois témoins du Livre de Mormon
(EPJS, pp. 76-77). Le trésor caché dans un champ pour lequel un homme «va vendre tout
ce quil a, et achète ce champ» (Mt. 13:44) est comparé aux saints qui «vendent
tout ce quils ont et se rassemblent en un endroit quils peuvent acheter comme
héritage» (EPJS, p. 78). Au «maître de maison qui tire de son trésor des choses
nouvelles et des choses anciennes» (Mt. 13:52), le prophète Joseph Smith compare «le
Livre de Mormon sort[i] du trésor du cur
les alliances données aux saints
des derniers jours [et] la traduction de la Bible, faisant ainsi sortir du cur des
choses nouvelles et anciennes» (EPJS, p. 102)
Dautres paraboles ont été utilisées dans les Doctrine et Alliances pour proposer
des conseils pour des incidents particuliers. En 1833, les saints des derniers jours du
comté de Jackson (Missouri) furent chassés de chez eux par des émeutiers armés. Dans
une révélation reçue le 16 décembre 1833 par Joseph Smith, deux paraboles proposent
les mesures à prendre. La première parabole (D&A 101:43-62) est originale, bien
quelle fasse écho à la parabole du Christ sur les vignerons (cf. Mt. 21:33-44). Un
noble envoie des serviteurs dans sa vigne planter douze oliviers et ensuite protéger la
vigne en dressant une haie, en plaçant des gardes et en érigeant une tour. Ses
serviteurs obéissent au début mais deviennent ensuite paresseux. Un ennemi vient la
nuit, abat la haie et les oliviers et sempare de la vigne. Le noble appelle les
serviteurs à rendre des comptes et puis demande à tous les hommes de sa maison
daller «directement dans la terre de [sa] vigne et de la racheter» (D&A
101:56). Cette parabole, interprétée deux mois plus tard dans une révélation
ultérieure (D&A 103), va servir de base pour le camp de Sion, une milice de saints
appelés à marcher dOhio au Missouri afin de récupérer le pays de leurs
coreligionnaires.
Lautre parabole citée dans la révélation de décembre 1833 (D&A 101:81-91)
est celle de la femme et du juge inique (Lu. 18:1-8). Le juge fait justice à la femme
parce quelle ne cesse de limportuner. De même, les saints expulsés de
lépoque sont exhortés à «importune[er] aux pieds du juge» puis du gouverneur,
puis du président des États-Unis, jusquà ce quils aient obtenu réparation
(D&A 101:85-89).
Ces paraboles, ainsi que dautres quil a utilisées (cf. D&A 35:16;
38:24-27; 45:36-38; 88:51-61), enrichissent les enseignements de Joseph Smith.
Bibliographie
Brooks, Melvin R. Parables of the Kingdom. Salt Lake City, 1965.
Burton, Alma P., dir. de publ. Discourses of the Prophet Joseph Smith, pp. 196-204. Salt
Lake City, 1965.
Jeremias, Joachim. The Parables of Jesus. Londres, 1954.
SUSAN HOWE
Patriarche
[Cette rubrique se compose de deux articles: Patriarche: Patriarche de pieu et Patriarche:
Patriarche de l'Église. Un patriarche est un appel dans la prêtrise de lÉglise.
Chaque pieu a un ou plusieurs patriarches et leurs devoirs sont expliqués dans le premier
article. Le deuxième article donne lhistoire de la fonction de patriarche de
lÉglise.]
Patriarche: Patriarche de pieu
Auteur: BALLIF, ARIEL S.
Chaque pieu dans l'Église a au moins un patriarche ordonné, comme le prophète Joseph
Smith la écrit, «au profit de la postérité des saints comme cétait le cas
pour Jacob quand il a donné sa bénédiction patriarcale à ses fils» (WJS, p. 6).
L'âge n'intervient pas et l'appel, qui est un appel de service bénévole consistant à
donner des bénédictions patriarcales aux membres du pieu, peut être donné à tout
grand prêtre digne et spirituellement mûr.
Les pères, d'Adam à Jacob, sont considérés comme des patriarches de cet ordre. Le mot
«patriarche» est souvent employé dans la Bible comme titre honorifique pour les
premiers dirigeants des Israélites. Cest peut-être dans ce sens que Pierre parlait
du «patriarche David» (Ac. 2:29). Étienne disait des fils de Jacob quils étaient
les «douze patriarches» (Ac. 7:8-9). Ces hommes ont sans doute été des patriarches
naturels, étant des pères, et certains d'entre eux ont pu également avoir été
ordonnés à la prêtrise patriarcale. En vertu de cette prêtrise et sous l'inspiration,
ils pouvaient conférer à leurs fils et à leurs filles des promesses, des droits et des
devoirs semblables à ceux de la famille d'Abraham.
Les Doctrine et Alliances parlent de «ministres évangéliques» que lon comprend
comme étant des patriarches. Le Conseil des douze apôtres a la responsabilité
dappeler et d'ordonner les patriarches de pieu «qui leur seront désignés par
révélation» (D&A 107:39). Cette responsabilité est maintenant généralement
déléguée aux présidents de pieu. Un patriarche de pieu peut aussi donner des
bénédictions patriarcales en dehors de son pieu aux membres de sa famille. S'il va
sinstaller dans un autre pieu, il faudra laccord du Conseil des Douze pour
quil puisse y exercer ses fonctions.
La formation et la préparation des patriarches comprennent un renforcement spirituel par
la prière et une vie juste, l'étude constante de l'héritage scripturaire et historique
de l'appel et des réunions occasionnelles où ils sont instruits par leurs dirigeants.
Pour recevoir une bénédiction d'un patriarche de pieu, les membres de l'Église ont
besoin dune recommandation de leur évêque, qui leur est remise à la suite
dun entretien. Lévêque donne son accord après sêtre assuré que
lintéressé désire la bénédiction et est préparé à la recevoir et que sa
fidélité à l'Évangile et son service dans lÉglise montrent quil en est
digne. La bénédiction est donnée dans un lieu paisible, habituellement une salle au
centre de pieu ou chez le patriarche. Les parents, le conjoint ou d'autres membres de la
famille immédiate peuvent être invités à assister à la bénédiction. Le
bénéficiaire est assis. Le patriarche pose les mains sur la tête de la personne et
invoque l'inspiration du Saint-Esprit. Dans l'esprit du jeûne et de la prière, toutes
les personnes présentes sont unies dans la foi pour obtenir une perspective inspirée des
bénédictions du droit de naissance et de la destinée du bénéficiaire. Le patriarche
recherche également l'inspiration pour indiquer le lignage familial dominant qui remonte
à Abraham. Ensuite, comme cela lui est manifesté par l'Esprit, le patriarche prononce
des exhortations, fait des promesses et donne des assurances.
Le patriarche de pieu enregistre et transcrit toujours les bénédictions qu'il donne.
Loriginal est envoyé à la division patriarcale du Département dhistoire de
l'Église. Lexemplaire remis au bénéficiaire devient un document permanent
considéré comme sacré. Il est habituellement réservé au seul bénéficiaire ou, plus
tard, à sa famille et à ses descendants.
La désignation de patriarches de pieu ne supplante pas l'appel et le droit de tout père
dans l'Église qui détient la Prêtrise de Melchisédek de donner également des
bénédictions paternelles à chacun de ses enfants. Les pères détenteurs de la
prêtrise ont, au même titre que les patriarches ordonnés, le pouvoir, par l'inspiration
spirituelle, de donner une bénédiction de prêtrise tournée vers lavenir qui
amplifiera la vision, fortifiera la foi et rendra plus claire la mission que devra remplir
dans la vie la personne qui reçoit la bénédiction.
Bibliographie
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, chap. 16, pp. 321-325. Salt Lake City,
1967.
ARIEL S. BALLIF
Patriarche:
Patriarche de lÉglise
Auteur: STEPHENS, CALVIN R.
Avant 1979, le patriarche de l'Église était un dirigeant dont le devoir principal était
de conférer des bénédictions patriarcales aux membres de lÉglise qui
navaient pas facilement accès aux services des patriarches de pieu. Le prophète
Joseph Smith a expliqué qu'un «évangéliste» (comme dans Éphésiens 4:11) est un
«patriarche» (EPJS, p. 151), c'est-à-dire quil confère les bénédictions d'un
patriarche aux membres de l'Église. Actuellement, on ordonne des patriarches dans les
différents pieux de l'Église, mais pendant de nombreuses années, il y a eu un
patriarche pour l'Église tout entière. Il était considéré comme lune des
Autorités générales.
Le 18 décembre 1833, à Kirtland (Ohio), Joseph Smith, père, fut ordonné premier
patriarche de l'Église (D&A 107:39-56) avec juridiction sur toute l'Église. À sa
mort, Hyrum Smith, son fils aîné encore en vie, lui succéda jusquà son martyre
le 27 juin 1844. William Smith, un frère cadet, fut ordonné, le 24 mai 1845, patriarche
de l'Église par le Collège des douze apôtres, mais l'Église le rejeta le 6 octobre
1845 pour mauvaise conduite. Loffice resta vacant jusqu'au 1er janvier 1849, quand
John Smith, frère de Joseph Smith, père, fut appelé. Il remplit lappel jusqu'à
sa mort, le 23 mai 1854.
Un deuxième John Smith, fils de Hyrum Smith, fut patriarche de l'Église du 18 février
1855 au 6 novembre 1911. Hyrum Gibbs Smith, petit-fils du deuxième John Smith, remplit
alors cette fonction du 9 mai 1912 au 4 février 1932. Pendant dix ans, on appela des
patriarches suppléants qui n'étaient pas dans la lignée héréditaire directe. Il
sagit de Nicholas G. Smith (octobre 1932 à octobre 1934), Frank B. Woodbury (juin
1935 à octobre 1937) et George F. Richards (octobre 1937 à octobre 1942).
L'appel revint à la lignée héréditaire le 3 octobre 1942, avec l'appel de Joseph
Fielding Smith (1899-1964), arrière-petit-fils de Hyrum Smith. Il fut relevé le 7
octobre 1946, à sa demande pour raison de santé. Eldred G. Smith, fils aîné de Hyrum
Gibbs Smith, fut appelé en avril 1947.
En 1979, loffice de patriarche de l'Église fut supprimé «à cause de la grande
augmentation du nombre de patriarches de pieu et de laccessibilité au service
patriarcal dans le monde entier». Eldred G. Smith «reçut léméritat, ce qui veut
dire qu'il est relevé honorablement de toutes les fonctions et responsabilités relatives
à loffice de patriarche de l'Église» (CR, oct. 1979, p. 25).
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. Dans Doctrines du Salut, comp. par Bruce R. McConkie, vol. 3, pp.
99-103, 148-156.
CALVIN R. STEPHENS
Paul
Auteur: SCHAELLING, J. PHILIP
LÉglise reconnaît en Paul un véritable apôtre de Jésus-Christ. Aucun des autres
apôtres originels na eu le même impact que lui sur les croyants postérieurs par
son exemple personnel et ses écrits. Cet ancien apôtre chrétien auprès des païens,
nous fournit, dans ses épîtres du Nouveau Testament, une source riche en points de
doctrine chrétienne et a exercé linfluence doctrinale de loin la plus importante
sur beaucoup de confessions de la chrétienté moderne. Sans Paul, la doctrine de la
justification par foi au Christ serait essentiellement absente de la Bible et on en
saurait considérablement moins sur la grâce, la Cène du Seigneur, la structure de
lÉglise, lApostasie ou le rôle des dons de lEsprit dans
lÉglise.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. On trouve des détails de la vie de Paul dans ses épîtres et dans
le livre des Actes. Né à Tarse de Cilicie (sud-est de la Turquie moderne), Paul est
multiculturel. En tant que Juif, il est connu sous le nom de Saul et est éduqué à
Jérusalem comme pharisien sous le célèbre rabbin Gamaliel. Il est également citoyen
romain de naissance, privilège rare pour un Juif à ce moment-là. Enfin, il connaît
bien la langue et la culture grecques grâce à lenvironnement de sa jeunesse dans
la ville hellénistique de Tarse. Ceci lui permet de traiter avec les Juifs, les Romains
et les Grecs dans leur propre culture, un grand avantage pour son oeuvre missionnaire
postérieure.
Pharisien travaillant pour le souverain sacrificateur juif, Saul est un des premiers
persécuteurs des chrétiens et approuve personnellement lexécution dÉtienne
(Ac. 7:58-8:3). Cependant, tandis quil se rend à Damas pour y arrêter des
chrétiens, le Christ ressuscité lui apparaît en vision. Suite à cette expérience, il
va adopter la cause du Christ et passer le reste de sa vie à son service.
Après son baptême, il «par[t] pour lArabie. Puis [il revient] encore à Damas»
(Ga. 1:17). Il prêche le Christ avec une telle efficacité quil provoque beaucoup
dopposition chez les Juifs et quil est par la suite obligé de se sauver pour
ne pas se faire tuer. De retour à Jérusalem après trois ans, il a une brève réunion
avec Pierre et Jacques, frère du Seigneur, puis se rend en Cilicie et en Syrie, où il
passe à peu près la décennie suivante à prêcher lÉvangile.
Barnabas amène Saul à Antioche, doù ils partent pour leur premier voyage
missionnaire. Cest au cours de ce voyage quil commence à utiliser son nom
romain, Paul, et met au point sa stratégie de base pour luvre missionnaire.
Toutes les fois quil entre dans une ville, il va dabord trouver les Juifs,
prêchant le Christ dans leurs synagogues. Habituellement ils rejettent son message, mais
les païens fréquentant les synagogues sont souvent convertis; Paul se consacre alors à
enseigner les païens de cette ville et crée une branche de lÉglise constituée de
païens et peut-être de quelques convertis juifs.
Les Actes décrivent deux autres voyages missionnaires de plus de trois ans chacun et Paul
réussit à enseigner lÉvangile et à fonder des églises dans une grande partie de
la Turquie et de la Grèce actuelles. De retour à Jérusalem après son troisième voyage
missionnaire, il se butte à une opposition tellement intense de la part des Juifs à sa
présence dans le temple quil est arrêté par les Romains et gardé pendant deux
ans en prison à Césarée avant dêtre envoyé à Rome pour y être jugé. En cours
de route, il fait naufrage et est finalement emprisonné à Rome où il est exécuté vers
64 apr. J.-C., pendant le règne de lempereur Néron.
Le prophète Joseph Smith a donné une description de Paul: un mètre cinquante, cheveux
noirs, yeux perçants et orateur puissant (EPJS, p. 144; WJS, p. 59). Il a également dit
que Paul connaissait Hénoc (EPJS, p. 136) et quAbel «fut envoyé du ciel à Paul
pour lui apporter des paroles de consolation et pour lui apporter la connaissance des
mystères de la piété» (EPJS, p. 135).
ENSEIGNEMENTS DE PAUL. Un des plus grands apports de Paul au Nouveau Testament est sa
déclaration puissante concernant la justification (cest-à-dire, le fait
dêtre affranchi de la culpabilité) par la foi au Christ (cf. Ga. 2-3; Ro. 2-5).
Très vite, il enseigne à ses convertis païens quils nont pas besoin de
vivre la loi de Moïse pour être justifiés devant Dieu. Il suffit de contracter et de
garder lalliance de lÉvangile, lalliance de la foi, alors que
lobservance extérieure de la loi de Moïse ne justifie pas (Ga. 2:16). En
particulier, après lexpiation du Christ, il ny a plus aucune nécessité
dobserver la loi et lalliance précédentes de Moïse rendues obsolètes par
la loi et lalliance de lÉvangile (cf. Hé. 8:6-13; 3 Né. 9:17-20). Les
convertis païens de Paul nont donc pas besoin de devenir juifs pour devenir
chrétiens (cf. Ac. 15:5-29), parce que les humains sont «justifiés par la foi, sans les
uvres de la loi» (Ro. 3:28). Lengagement total à lÉvangile de
Jésus-Christ, lalliance de la foi, respecte automatiquement toutes les obligations
précédentes devant Dieu, notamment les obligations de la loi de Moïse.
Paul enseigne aussi la doctrine parallèle du salut par la grâce. Les saints des derniers
jours reconnaissent au moins quatre manières dont Paul définit le salut comme un effet
de la grâce de Dieu. Premièrement, grâce à lexpiation du Christ, un don gratuit,
la postérité dAdam nest pas responsable de la transgression de celui-ci (Ro.
5:18-21). Deuxièmement, il sensuit naturellement que la mort, conséquence de la
transgression dAdam, sera supprimée par le don de la résurrection qui sera
accordé gratuitement à tous les êtres humains (1 Co. 15:21-22). Troisièmement, le fait
que Dieu ait offert une nouvelle alliance de la foi à la place des anciennes règles des
statuts et des observances, que lhumanité de lépoque ne pouvait pas vivre
parfaitement, est en soi un acte de grâce. Et quatrièmement, le fait que le Sauveur se
soit offert pour souffrir et mourir pour les autres est la plus grande expression de la
grâce de Dieu. Ainsi, le salut nest accessible à lhumanité que par les
actes et les dons gratuits de Dieu. Comme le dit Paul: «
à qui nous devons
davoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et
nous nous glorifions dans lespérance de la gloire de Dieu» (Ro. 5:2). Cependant,
dans la théologie de Paul, les points de doctrine du salut par la grâce et de la
justification par la foi néliminent pas mais exigent la nécessité absolue
dun niveau de conduite personnelle élevé (1 Co. 6:9-11; Ga. 5:19-21).
Il enseigne aussi que la connaissance de Dieu est illimitée et que le plan de Dieu a
prévu tous les événements futurs et ne peut pas être contrecarré. Dieu connaît la
fin depuis le commencement et a déjà préparé lhéritage de ceux qui choisissent
de respecter sa volonté (Ép. 1:4-14). Bien que la Bible utilise le mot «prédestinés»
(Grec, proorizo), les saints des derniers jours ne le comprennent pas comme voulant dire
que certains sont sauvés et que les autres sont damnés en vertu dune décision
préalable de Dieu. Ils préfèrent le mot préordination à prédestination et insistent
sur le fait que la prescience de Dieu nempiète pas sur le libre arbitre des êtres
humains.
Toutes les épîtres de Paul, peut-être même la plupart dentre elles nont
pas été conservées. Les saints des derniers jours croient que si un recueil plus
complet des épîtres de Paul avait survécu, il sen dégagerait une théologie
très semblable à celle de lÉvangile rétabli à notre époque. Ce qui les
conforte dans cette idée, ce sont les allusions que Paul fait à des points de doctrine
qui sont maintenant propres aux saints des derniers jours, comme le baptême pour les
morts (1 Co. 15:29), les trois degrés de gloire (1 Co. 15:39-41; 2 Co. 12:2), la vie
prémortelle (Ép. 1:4) et la nécessité dune organisation ecclésiastique
comprenant des apôtres et des prophètes (Ép. 2:19-20; 4:11-13). Les saints supposent
que Paul ne sest pas étendu sur ces sujets dans ses écrits existants parce
quil sadressait à des gens qui les connaissaient déjà.
Paul est une source importante de prédictions sur lapostasie de lÉglise
chrétienne primitive. Actes 20:29-30 le montre avertissant les anciens dÉphèse et
de Milet que des loups cruels sintroduiront après son départ, «qui
népargneront pas le troupeau» et que des membres mécontents déchireraient
lÉglise de lintérieur. Il avertit les Thessaloniciens quils ne doivent
pas sattendre à lavènement du Christ avant que lapostasie ait eu lieu
(2 Th. 2:2-3). Chose importante, il rappelle aux deux groupes que cet avertissement fait
partie de sa prédication depuis le commencement (2 Th. 2:5; Ac. 20:31).
Les saints des derniers jours ne voient pas chez Paul dopposition aux femmes, au
sexe ou au mariage. La déclaration générale de principe de Paul sur le mariage est
plutôt «que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari» (1 Co. 7:2; cf. Hé.
13:4). Paul traite ensuite de circonstances spéciales (1 Co. 7:8-16) et exhorte les gens
à sinquiéter dabord des choses de Dieu (versets 25-38), mais ses conseils
concernant les situations particulières ne doivent pas être confondus avec sa politique
générale. Les maris doivent aimer leur femme et vice-versa (Ép. 5:28), car «dans le
Seigneur, la femme nest point sans lhomme, ni lhomme sans la femme» (1
Co. 11:11). Il est clair que les femmes étaient des compagnes appréciées et détenaient
des postes responsables dans les assemblées de Paul (cf. Ro. 16:1-4).
Linfluence de Paul sur Joseph Smith et les saints des derniers jours est perceptible
en de nombreux endroits. Joseph Smith fait allusion à «lexhortation de Paul» (cf.
Ph. 4:8) quand il décrit les aspirations morales les plus élevées des saints des
derniers jours (13e A de F). Le langage de Paul est perceptible dans la plupart des
articles de foi (par exemple, dans le 4e A de F sur les premiers principes de
lÉvangile [cf. Hé. 6:1-2], dans le 5e A de F sur lordination à la prêtrise
[cf. 1 Ti. 4:14], dans le 6e A de F sur les dirigeants de lÉglise primitive [cf.
Ép. 4:11] et dans le 7e A de F sur les dons de lEsprit [cf. 1 Co. 12:8-12]), et on
trouve aussi une partie de lhymne sublime à la charité (1 Co. 13:4-8) dans le
Livre de Mormon (Mro. 7:45-46). On voit là que cest Jésus qui est la source finale
de tous ces enseignements.
Le prophète Joseph Smith a observé à propos de la vie de Paul:
« Suivez les travaux de cet apôtre depuis le moment de sa conversion jusquau
moment de sa mort, et vous aurez un bon exemple dindustrie et de patience à
promulguer lÉvangile du Christ. On se moquait de lui, on le fouettait et on le
lapidait, mais dès linstant où il échappait aux mains de ses persécuteurs, il
proclamait avec plus de zèle que jamais la doctrine du Sauveur
Paul mettait son
espérance dans le Christ parce quil avait gardé la foi et avait aimé son
avènement, et il avait la promesse de recevoir de sa main une couronne de justice [EPJS,
p. 48]. [Voir aussi la Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)); Nouveau Testament.]
Bibliographie
Anderson, Richard Lloyd. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vols. 2-3. Salt Lake City,
1970-1973.
Sperry, Sidney B. Paul's Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
J. PHILIP SCHAELLING
Péché
Auteurs: BROWN, BRUCE L. et OLSON, TERRANCE D.
Pécher cest mal agir délibérément. Jacques dit que ce peut également être le
refus obstiné de bien faire: «Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le
fait pas, commet un péché» (4:17). Le péché est la transgression de la loi (1 Jn.
3:4), mais on nest pas jugé responsable des péchés commis contre une loi
quon na pas eu loccasion de connaître. Orson F. Whitney, un apôtre,
explique:
«Le péché est la transgression de la loi divine, telle que définie par la conscience
ou par la révélation. Lhomme pèche quand il viole sa conscience et agit à
lencontre de la lumière et de la connaissance non de la lumière et de la
connaissance données à son voisin, mais de celles qui lui ont été données, à lui. Il
pèche quand il fait lopposé de ce quil sait être juste. Jusquà ce
stade-là il ne fait que commettre des bêtises. On peut subir des conséquences
douloureuses simplement pour avoir fait une bêtise, mais on ne peut commettre de péché
que si lon est suffisamment informé pour faire une autre chose que celle en
laquelle le péché consiste. On doit avoir une conscience avant de pouvoir la violer»
[pp. 241-242].
Dieu ne tient pas quelquun pour responsable du mal commis dans lignorance ou
le mal fait involontairement à dautres, parce que de telles actions ne constituent
pas un péché. Lignorance, le manque de maturité ou même limprudence
dune personne peut en léser dautres et les individus peuvent être
responsables des conséquences quils contribuent à provoquer. Mais dans de telles
situations, où il ny a aucune intention mauvaise, il ny a pas de péché.
Cela ne veut pas dire que les gens qui font du tort dans lignorance ne souffrent
pas, soit physiquement, soit dans leurs rapports avec les autres. De plus, quand on prend
conscience du fait quon a contribué à créer des problèmes, ce serait
habituellement considéré comme un péché que de sabstenir de réparer ou de
refuser daider à régler les difficultés que lon a créées.
Le verbe grec utilisé dans le Nouveau Testament pour «pécher» est hamartanein. Ce mot
évoque limage de larcher et peut signifier «manquer la cible». Quand ils
pèchent, les gens regardent «au-delà du point marqué» vers des buts inférieurs ou
égoïstes. Les Écritures définissent le point marqué suprême de lhumanité
comme le fait d «avoir la joie» (2 Né. 2:25). On peut avoir la certitude que
Dieu, qui connaît une plénitude de joie (cf. 3 Né. 28:10), connaît le bon chemin qui
mène au bonheur. Il offre à ses enfants tout ce quil a. Il a envoyé son Fils
«pour sauver son peuple de ses péchés» (Mt. 1:21). Pécher sciemment cest
transgresser ou outrepasser les limites du chemin de la paix et du bonheur, et rejeter la
mission du Sauveur.
Tous les mortels possèdent en eux-mêmes un cur qui peut être accordé sur les
profondeurs de lamour, de la paix et de la pureté (cf. Mro. 7:14-18). Mais par le
péché (faire intentionnellement le mal), les humains tuent la joie et favorisent la
haine, la violence et le malheur (voir 2 Né. 2:26-27; Mos. 3:19; Hél. 14:30-31). Le
péché dévaste, corrompt, attriste et détruit. Il dissipe «lespérance
dune pureté parfaite» offerte par le Christ (2 Né. 31:20) et la remplace par le
désespoir (Mro. 10:22). Son aiguillon nanime ni ne réjouit le cur, mais
éveille «la conscience vive de [la] culpabilité» (Mos. 2:38), qui est la conséquence
indésirable mais inévitable pour limpénitent.
Le premier goût du péché est amer. Quand les enfants mûrissent, «le péché est
conçu dans leur cur, et ils goûtent à lamer» (Moï. 6:55). Or,
expérimenter le péché est quelque chose de trompeur car cela provoque une dépendance.
Tandis que la sensibilité de la personne au spirituel sémousse, laiguillon
peut sembler diminuer avec le temps. Pour quelquun qui est dans le péché, les
choses ne sont pas comme elles le paraissent. Cest comme si lon dormait. La
répétition du péché (que les Écritures appellent la méchanceté) obscurcit la vision
et les effets du péché sont plus amers à mesure que la vie passe. Ésaïe compare cela
à «celui qui a faim [qui] rêve quil mange, puis séveille, lestomac
vide» (És. 29:8). Et Paul observe que les pécheurs «ayant perdu tout sentiment
se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce dimpureté jointe à
la cupidité» (Ép. 4:19).
Le péché inclut la violation délibérée des alliances faites avec Dieu. Il brise les
relations familiales et sociales, sème le désordre et la méfiance et invite à la
satisfaction égoïste de ses propres buts au détriment de la communauté. Les alliances
donnent une impression de stabilité et de permanence elles signalent ce à quoi il
faut sattendre les uns des autres. Mais le péché crée lincertitude et
linstabilité. Il ne mène jamais au bonheur attendu mais à la déception. Comme
Jacob en témoigne, le fait de rompre les alliances est source de souffrance pour les
innocents: «Vous avez brisé le cur de vos tendres épouses
et les sanglots
de leur cur montent à Dieu contre vous
beaucoup de curs sont morts,
percés de blessures profondes» (Jacob 2:35).
Le péché est lexpression de la résistance à Dieu et aux choses de lesprit.
«Un homme méchant ne peut pas faire ce qui est bien» (Mro. 7:10) parce que son
comportement provient dun cur dur ou aigri. On ne peut cesser dêtre
mauvais que par un changement de cur; il ne sagit pas simplement dune
modification ou de la maîtrise des actes externes (cf. Mosiah 5:2-15). Ou bien lon
reçoit la vérité ou bien lon y résiste. Quand la Samaritaine qui a parlé avec
le Sauveur au puits rapporte sa conversation aux autres, elle dit : «Venez voir un homme
qui ma dit tout ce que jai fait» (Jn. 4:29). Ce que le Sauveur lui a dit
comprenait ses péchés actuels : «Et celui que tu as maintenant nest pas ton
mari» (Jn. 4:18). Cependant, elle a reçu ses déclarations; elle a accepté son
témoignage quil était le Christ et a invité ses amis à voir par eux-mêmes (Jn.
4:25-26, 29). Si elle avait eu le cur endurci ou sétait accrochée à ses
péchés, elle naurait pas accepté ses déclarations à son sujet ou son
témoignage de sa divinité à lui. Elle naurait pas emprunté le chemin du repentir
et du pardon.
Pour échapper aux effets du péché, lhumanité doit accepter lExpiation et
se repentir. Amulek, un prophète du Livre de Mormon, explique que lExpiation sauve
les hommes de leurs péchés, pas dans leurs péchés (Alma 11:37). Cest dans une
grande mesure nos propres péchés qui produisent des sentiments daffliction et de
désespoir, peut-être davantage que ce que nous subissons à la suite du mal que les
autres nous font. Les mortels sont punis par leurs péchés plutôt que pour eux. Les
Écritures décrivent cet état de choses comme «la servitude du péché» (D&A
84:49-51; Mrm. 8:31).
Ceux qui sont dans cette servitude vivent en opposition aux deux grands commandements sur
lesquels reposent toute la loi et les prophètes: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de
tout ton cur, de toute ton âme, et de toute ta pensée» et «Tu aimeras ton
prochain comme toimême» (Mt. 22:37, 39). Si ce sont les plus grands des
commandements, le péché le plus débilitant est sans doute le refus daimer.
Légoïsme, la cupidité, lenvie, lorgueil, lhypocrisie, le
ressentiment, lhostilité, la suffisance, lapitoiement sur soi et la
convoitise sont tous des manières de refuser daimer. Lindulgence souvent
demandée par les pécheurs à ce propos peut contribuer davantage quon le pense à
créer des relations familiales négatives ou même au niveau de la criminalité dans une
société. Lincivilité peut se muer en hostilité et celle-ci risque à son tour de
dégénérer en violence.
Les pécheurs sont offensés par la vérité et trouvent quelle est un fardeau,
comme quand Laman et Lémuel, après que leur frère Néphi leur a expliqué le plan du
salut, se plaignent : «Tu nous as déclaré des choses dures, plus que nous nen
pouvons supporter» (1 Né. 16:1). Ceux qui refusent de vivre la vérité trouvent des
raisons pour justifier leurs mauvaises actions. Caïn, ayant déjà commis le meurtre,
répond au Seigneur qui lui demande où est Abel par un mensonge («Je ne sais pas») et
ensuite il provoque hypocritement Dieu: «Suis-je le gardien de mon frère ?» (Ge. 4:9;
Moï. 5:34).
Le péché rend aveugle à la vérité dans nimporte quelle situation. Nathan, le
prophète, raconte au roi David lhistoire dun homme qui possède beaucoup de
troupeaux de moutons, mais qui, néanmoins, tue lagneau dune famille pauvre
pour nourrir un invité. David se met en colère. Il juge quun tel homme devrait
rendre au quadruple à la famille lésée et être exécuté. Nathan déclare: «Tu es cet
homme-là» (2 S. 12:7). Spirituellement aveuglé par son adultère avec Bath-Schéba et
le meurtre de son mari Urie (2 S. 11), David ne se voit plus comme le prophète le voit
ou, apparemment, comme nimporte qui disposé à examiner la situation sur la base
des commandements du Seigneur le verrait.
«Si nous disons que nous sommes en communion avec lui [le Christ], et que nous marchions
dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité
Si nous
disons que nous navons pas de péché, nous nous séduisons nousmêmes, et la
vérité nest point en nous» (1 Jn. 1:6, 8). Quand on ne pratique pas une vérité,
on la voit sous un faux jour. Celui qui ne se repent pas considère même que sa
culpabilité pour le péché lui est imposée par quelquun dautre, pas que
cest un symptôme de son propre endurcissement contre la vérité. Que le péché
soit «grand» comme le meurtre, ladultère ou le détournement de fonds ou
«petit» comme lorgueil, la dureté ou la jalousie, ses effets se manifestent dans
des modes de comportement prévisibles. Ces comportements consistent généralement à
être affligé par ce quon sait être vrai, y être aveugle ou sen exonérer.
Il est rare que les Écritures fassent une liste détaillée des péchés. Habituellement
elles donnent des exemples à titre dillustration (cf. Al. 1:32; 16:18; Hél. 4:12).
Le président Ezra Taft Benson a décrit lattitude liée à ce péché universel
quest lorgueil: «Notre inimitié envers Dieu prend beaucoup de formes, comme
la rébellion, la dureté de cur, lobstination, limpénitence, la
suffisance, la susceptibilité et la recherche de signes» (Benson, p. 4). Le roi Benjamin
fait la réflexion : «Je ne peux pas vous dire toutes les choses par lesquelles vous
pouvez commettre le péché; car il y a divers voies et moyens, oui, tant que je ne peux
les énumérer. Mais il y a une chose que je peux vous dire, cest que si vous
ne
ne continuez pas dans la foi de ce que vous avez entendu concernant la venue de
notre Seigneur jusquà la fin de votre vie, vous périrez. Et maintenant, ô homme,
souviens-toi, et ne péris pas» (Mosiah 4:29-30).
Naître spirituellement de Dieu cest être réveillé, être libéré des fardeaux
du péché (voir Pardon; Homme naturel; Repentir). Le Livre de Mormon rapporte
lhistoire dun peuple qui, pendant un certain temps, a surmonté la servitude
du péché. Il dit à son sujet : «Et il arriva quil ny eut pas de querelles
dans le pays, à cause de lamour de Dieu qui demeurait dans le cur du peuple.
Et il ny avait pas denvies, ni de discordes, ni de tumultes, ni de
fornications, ni de mensonges, ni de meurtres, ni aucune sorte de lasciveté; et
assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux parmi tout le peuple qui avait
été créé par la main de Dieu» (4 Né. 1:15-16).
Surmonter le péché et être pardonné cest délaisser limpiété,
reconnaître sa dépendance vis-à-vis de Dieu et chercher à faire sa volonté.
Laide de Dieu est indispensable pour abandonner le péché: «Il a changé leur
cur
il les a éveillés dun profond sommeil, et ils se sont éveillés
à Dieu» (Al. 5:7). Ceux qui abandonnent le péché, leur «visage est
empreint de
son image» et ils font preuve de foi en la rédemption du Christ (cf. Al. 5:14-19); ils
sont pleins damour (Mos. 3:19; Jn. 13:35; 15:10).
Vu du point de vue de léternité, il ny a de tragédie que dans le péché.
Les mortels ne sont pas sur terre pour se prouver lun à lautre mais à Dieu.
Cette vie terrestre est une période probatoire, un test pour voir si les hommes «feront
tout ce que le Seigneur leur Dieu leur commandera» (Abr. 3:25; cf. Al. 34:34). Ceux dont
le «cur se porte
vers les choses de ce monde et aspire
aux honneurs des
hommes» ou qui couvrent leurs péchés, assouvissent leur orgueil, entretiennent une
vaine ambition ou cherchent à avoir une emprise sur les autres et les dominer «avec
quelque degré d'injustice que ce soit» affligent lEsprit du Seigneur (D&A
121:35, 37).
Échapper au péché est simple mais pas facile. Le repentir exige une souffrance
profonde, le dernier «quadrant», tout ce quon est capable de faire: «Nul n'est
sauvé, sauf ceux qui sont vraiment pénitents» (Al. 42:24; cf. D&A 19). «Nous
sommes sauvés [par la grâce] après que tout ce que nous pouvons faire» (2 Né. 25:23).
Ceux qui abandonnent le péché sont caractérisés comme marchant «résolument, avec
constance dans le Christ, ayant une espérance d'une pureté parfaite et l'amour de Dieu
et de tous les hommes» (2 Né. 31:20).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft «Beware of Pride», Ensign 19, mai 1989, pp. 4-6.
Kimball, Spencer W. Le Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The Teachings pof Spencer W. Kimnball, dir. de publ. Edward L.
Kimball, pp. 80-114. Salt Lake Cikty, 1982.
Whitney, Orson F. Saturday Night Thoughts. Sale Lake City, 1927.
BRUCE L. BROWN et TERRANCE D. OLSON
Perle de Grand Prix
La Perle de Grand Prix consiste en un recueil de divers
ouvrages sacrés que les saints des derniers jours acceptent comme Écriture.
Larticle Perle de Grand Prix: Contenu et publication donne une vue d'ensemble des
différents textes du recueil ainsi que des détails sur la façon dont les documents ont
été rassemblés et ensuite reçus comme Écriture par les membres de lÉglise.
Perle
de Grand Prix : Contenu et publication
Auteur : BALDRIDGE, KENNETH W.
La Perle de Grand Prix, lun des quatre ouvrages
canoniques admis comme Écriture par l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours, contient divers documents portant les titres «Extraits du livre de Moïse»,
«livre d'Abraham», «Joseph Smith Matthieu», «Joseph Smith Histoire» et
«Articles de foi».
Elle fut publiée à Liverpool en 1851 par Franklin D. Richards, alors président de la
mission britannique et membre du Collège des douze apôtres, en réponse aux demandes des
convertis davoir de plus amples informations sur leur nouvelle église. En plus
dun choix de révélations provenant de la Genèse dans la traduction de Joseph
Smith de la Bible (TJS) et du livre d'Abraham, l'édition de 1851 contenait Matthieu 24
tel que révélé au prophète Joseph Smith en 1831 (actuellement intitulé Joseph Smith
Matthieu), «Une clef de lApocalypse de saint Jean» (maintenant D&A 77),
une révélation reçue par Joseph Smith le 25 décembre 1832 (maintenant D&A 87) et
le récit fait par Joseph Smith en 1838 de ses premières visions et de la traduction du
Livre de Mormon (maintenant Joseph Smith Histoire). Elle contenait aussi certains
extraits des Doctrine et Alliances (sections 20, 107 et 27), treize déclarations sans
titre précédemment publiées en mars 1842 dans le Times and Seasons, appelées
aujourdhui articles de foi, et un poème intitulé «Oh Say, What is Truth» qui est
devenu plus tard le cantique «Ô toi, vérité».
Le livre de Moïse se composait à l'origine de plusieurs révélations données à Joseph
Smith pendant qu'il révisait la Bible sous l'inspiration à partir de juin 1830. Dans
l'édition de 1851 de la Perle de Grand Prix, ces extraits étaient dépourvus de titre.
L'édition de 1878 ajoute les titres «Visions de Moïse» (chap. 1) et «Écrits de
Moïse» (chap. 2-8). Ces révélations furent publiées dans les journaux de
lÉglise entre 1832 et 1851 (Clark, pp. 9-17).
Le livre d'Abraham est lié au travail de Joseph Smith sur les rouleaux de papyrus que
l'Église obtint en 1835. Peu après avoir commencé à étudier les manuscrits, il
composa un document sur la vie du patriarche Abraham avec une description de la création
du monde semblable à celle de la Genèse et du livre de Moïse. En 1842, le Times and
Seasons de Nauvoo et le Millennial Star en Angleterre imprimèrent le texte et les
fac-similés disponibles. Il est certain que les textes intégrés dans les livres de
Moïse et d'Abraham étaient des extraits et quil existait plus d'informations que
ce que lon trouve dans les éditions imprimées de la Perle de Grand Prix.
La deuxième édition de la Perle de Grand Prix, la première édition américaine, fut
publiée en 1878 à Salt Lake City et ajouta «Une révélation sur l'éternité de
l'alliance du mariage, notamment la pluralité des épouses» qui est maintenant Doctrine
et Alliances, section 132. Le 10 octobre 1880, lors de la conférence générale à Salt
Lake City, les membres de l'Église acceptèrent la Perle de Grand Prix comme ouvrage
canonique. Quand des changements supplémentaires furent apportés, notamment la taille et
le format de page, un nouveau vote en 1890 réaffirma l'acceptation de la Perle de Grand
Prix comme Écriture.
À la demande de la Première Présidence, James E. Talmage, plus tard membre du Collège
des douze apôtres, divisa louvrage en chapitres et versets, ajouta des titres
(comme «livre de Moïse») et élimina certains éléments comme les textes également
publiés dans les Doctrine et Alliances. Ces changements furent officiellement approuvés
par les membres de lÉglise à la conférence d'octobre 1902.
À la conférence générale du 3 avril 1976, la vision du royaume céleste reçue par
Joseph Smith le 21 janvier 1836 dans le temple de Kirtland et la vision de la rédemption
des morts reçue par le président Joseph F. Smith (le 3 octobre 1918) furent ajoutées à
la Perle de Grand Prix. En 1979, ces deux révélations furent transférées aux Doctrine
et Alliances en tant que sections 137 et 138.
Persévérer
jusqu'à la fin
Auteur : Madsen, John M.
Persévérer jusqu'à la fin ou rester tout au long de sa vie fidèle aux lois et aux
ordonnances de l'Évangile de Jésus-Christ est une exigence fondamentale pour le salut
dans le Royaume de Dieu. Cette croyance distingue les saints des derniers jours de
nombreuses autres confessions chrétiennes, qui enseignent que le salut est donné à tous
ceux qui tout simplement croient et confessent que Jésus est le Christ. Les saints des
derniers jours croient que, pour être sauvé, on doit avoir la foi en Jésus-Christ,
montrer quon se repent de ses péchés, se soumettre au baptême par immersion et
recevoir le don du Saint-Esprit par limposition des mains par ceux qui détiennent
la véritable autorité de la prêtrise, puis rester fidèle à toutes les alliances,
mener une vie juste et persévérer fidèlement jusqu'à la fin de la vie ici-bas
(Hébreux 3:6-14;6:4-15 ; Marc 13:13). Cette fidélité permanente permet de recevoir
pleinement la grâce du Christ. Les Doctrine et Alliances déclarent : « Si tu gardes mes
commandements et persévères jusqu'à la fin, tu auras la vie éternelle, don qui est le
plus grand de tous les dons de Dieu » (D&A 14:7).
Le prophète Néphi 1, dans le Livre de Mormon, enseigne que le principe de la
persévérance jusqu'à la fin est une condition requise pour le salut: « Lorsque vous
vous êtes repentis de vos péchés et que vous avez témoigné au Père, par le baptême
d'eau, que vous êtes disposés à garder mes commandements, et avez reçu le baptême de
feu et du Saint-Esprit... et après cela me reniez, il aurait mieux valu pour vous que
vous ne mayez pas connu... Celui qui persévère jusqu'à la fin, celui-là sera
sauvé » (2 Néphi 31:14-15 ; cf. Hébreux 6:4-6). Comme l'explique Néphi, pour
persévérer jusqu'à la fin il faut avoir la foi, l'espérance et la charité, suivre
fidèlement l'exemple de Jésus-Christ et toujours abonder en bonnes uvres (cf. Alma
7:23-24) : « Si un homme ne persévère pas jusqu'à la fin à suivre lexemple du
Fils du Dieu vivant, il ne peut être sauvé... C'est pourquoi, vous devez marcher
résolument, avec constance dans le Christ, ayant une espérance dune pureté
parfaite et l'amour de Dieu et de tous les hommes ; c'est pourquoi, si vous marchez
résolument, vous faisant un festin de la parole du Christ, et persévérez jusqu'à la
fin... vous aurez la vie éternelle » (2 Néphi 31:16-20).
Persévérer jusqu'à la fin cest être disposé et prêt à endurer fidèlement les
épreuves de la vie à l'instar de Job, dÉtienne (Actes 7), de Paul (2 Timothée
4:5-7), de Pierre (1 Pierre 1-4) et de Moroni 2 (Moroni 1:1-3). Le Seigneur a donné cette
assurance à Joseph Smith, le prophète, après plusieurs mois d'incarcération dans la
prison de Liberty: « Mon fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité et tes
afflictions ne seront que pour un peu de temps ; et alors, si tu les supportes bien, Dieu
t'exaltera en haut ; tu triompheras de tous tes ennemis » (D&A 121:7-8).
Bibliographie
Ashton, Marvin J. "If Thou Endure It Well." Ensign 14, nov. 1984, p. 20-22.
Maxwell, Neal A. "Endure It Well." Ensign 20, mai 1990, p. 33-35.
JOHN M. MADSEN
Pierre
Auteur: HALL, JEAN FRANKLIN
Simon, fils de Jonas, connu plus tard sous le nom de Céphas ou Pierre, devint le premier
et principal apôtre de Jésus-Christ. Il fut de toute évidence lofficier
président de lÉglise ancienne après la mort du Christ. Dans la dispensation
actuelle, étant ressuscité, il a rendu lautorité apostolique au prophète Joseph
Smith et à Oliver Cowdery.
Le Nouveau Testament contient plus dinformations sur Pierre que sur nimporte
quel autre apôtre. Cela donne une indication sur son ministère, sa personnalité et ses
relations avec le Sauveur. Contrairement au jeune Pierre parfois impulsif dépeint dans
les évangiles, le ministère et les épîtres postérieurs de lapôtre révèlent
un dirigeant mûr à la foi pleine de patience dont le souci sincère est celui du
bien-être spirituel du troupeau que Jésus lui a confié (Jn. 21:15-17). Des différences
persistent cependant dans les portraits de Pierre qui ressortent des divers récits
bibliques, et elles sont extrapolées dans les analyses faites par les savants à propos
du rôle et de la théologie de Pierre. Le recours aux écrits chrétiens postérieurs des
deuxième et troisième siècles révèle dautres idées sur la place de Pierre dans
lÉglise primitive. On ne peut donc pas présumer que tout ce qui est écrit à son
sujet correspond clairement à la réalité.
Originaire de Bethsaïda, petit port de pêche quelque part sur le rivage nord de la mer
de Galilée, Pierre vivait à Capernaüm avec sa femme et sa belle-mère au moment de son
appel apostolique. Il se prénommait Simon et son patronyme était fils de Jonas (Mt.
16:17). Son nom, Simon, et celui de son frère, André, correspondent à la forme grecque
de leur nom. Vivant dans une région où, en plus de laraméen indigène, le grec
était employé couramment comme langue des affaires et du commerce, Pierre connaissait
sans doute bien la langue dans laquelle ses écrits scripturaires ont plus tard été
rédigés. Bien que Pierre ait été pêcheur de métier et en dépit de la description
que les anciens du sanhédrin font de Pierre et de Jean quils considèrent comme
«sans instruction» (Ac. 4:13), les apôtres galiléens étaient des hommes qui savaient
lire et écrire, qui navaient sans doute pas de formation rabbinique mais une
culture générale de base.
Pierre fut lun des premiers disciples de Jésus. À lépoque où il
sappelait encore Simon, il reçut un appel spécial, marqué par la réception
dun nouveau nom, ce qui, dans la tradition juive, «signifiait la charge dune
mission divine spéciale » (Winter, p. 5). Jean raconte que le Christ conféra à Simon,
fils de Jonas, le titre « Céphas, ce qui signifie Pierre» (Jn. 1:42). Laraméen
kepha et son équivalent grec, petros, sont des noms communs qui, avant ce temps, étaient
inutilisés comme noms propres. Une vieille controverse persiste entre les savants
catholiques et protestants (Winter, pp. 6-25; Horsley, pp. 29-41) au sujet du sens à
donner à petros, «un roc ou une pierre» et petra, «un rocher massif», ces mots
concernant le nom de Pierre et son lien avec le jeu de mots du Christ: «Tu es Pierre et
sur cette pierre je bâtirai mon Église» (Mt. 16:18). Selon la doctrine mormone,
cest la révélation qui est la pierre à laquelle Jésus fait allusion et ce qui
est prédit ici, cest lappel de Pierre à devenir le prophète qui va diriger
lÉglise primitive. À propos de ce passage, Joseph Smith a appliqué le terme
«voyant» pour définir Céphas (TJS Jn. 1:42), et Bruce R. McConkie (pp. 133, 380-383)
relie ceci à la voyance, au pouvoir de la révélation continue, quil rattache en
outre aux clefs du royaume (Mt. 16:19) conférées à Pierre, le chef des apôtres, sur la
montagne de la Transfiguration, dont le récit suit immédiatement dans Mt. 17:1-13.
La primauté de Pierre dans lÉglise antique découle de lautorité
apostolique. Sa première place parmi les douze apôtres ressort clairement dun
certain nombre de contextes: toutes les listes dapôtres du Nouveau Testament
mentionnent Pierre en premier; lexpression «Pierre et ceux qui étaient avec lui»
décrit les apôtres (par exemple, Lu. 8:45); et Pierre se fait leur porte-parole quand il
sagit de poser des questions à Jésus (par exemple, Lu. 12:41). Les miracles, les
incidents didactiques et les événements spéciaux (par exemple, Mt. 14:25-31; Mc.
14:26-42; Lu. 5:1-10) tournent autour de Pierre uniquement ou sur lui en tant
quapôtre principal concerné (Muren, p. 150). Après la comparution de Jésus
devant Caïphe, cest Pierre qui reste tout près dans le noir et le froid. Il est
vrai que pendant le procès de Jésus il nie quand on lui dit quil fait partie des
disciples et quil connaît Jésus, mais cest quand même Pierre qui est le
premier apôtre à qui le Christ ressuscité soit apparu (Lu. 24:33-35; 1 Co. 15:5).
Les saints des derniers jours voient dans la place prééminente de Pierre un poste de
présidence. Deux présidents de lÉglise ont comparé le poste de Pierre à celui
de président du Collège des douze apôtres (McKay, p. 20; Kimball).
Les apôtres Jacques et Jean avaient la seconde place par rapport à Pierre. Il a été
donné à ces trois-là daccompagner Jésus en trois occasions des plus sacrées: à
la résurrection de la fille de Jaïrus (Mc. 5:35-43), à la glorification sur la montagne
de la Transfiguration (Mt. 17:1-13; Mc. 9:2-9) et lors de ses souffrances dans le jardin
de Gethsemané (Mc. 14:26-42). Les saints des derniers jours attribuent la présence de
Pierre, Jacques et Jean en ces occasions à la fonction quils occupaient parmi les
apôtres. Joseph Smith a enseigné quau moment de la Transfiguration le Sauveur,
Moïse et Élie ont donné les clefs de la Prêtrise de Melchisédek à Pierre, Jacques et
Jean (EPJS, p. 123; voir Montagne de la Transfiguration).
Cest en vertu de cette autorité que Pierre, Jacques et Jean dirigèrent
lÉglise au nom de Jésus-Christ après sa mort. Pierre présida au choix dun
nouvel apôtre pour remplacer Judas (Ac. 1:15-26) et lors de la prédication du jour de la
Pentecôte (Ac. 2). Ce fut Pierre qui affronta le Sanhédrin, accomplit des miracles et
prêcha lÉvangile du Christ (Ac. 3-4). Dans beaucoup de ces activités Jean fut le
compagnon de Pierre, mais cétait Pierre qui assumait la direction. Lappel de
Pierre comme prophète, voyant et révélateur ressort bien dans des révélations aussi
importantes que celle qui concerne lextension de la prédication de lÉvangile
aux païens (Ac. 10; Muren, pp. 150-152). Bien que la révélation moderne fournisse
beaucoup déclaircissements à cet égard, le rôle de Pierre de présider les
conseils de lÉglise et de diriger leffort apostolique en général est facile
à démontrer quand on examine le Nouveau Testament et dautres sources chrétiennes
antiques (Brown, pp. 9-16, 1973).
Cest à cause de sa fonction dautrefois que Pierre, aidé de Jacques et de
Jean, fut chargé de restituer lautorité apostolique à une nouvelle dispensation
de lÉvangile et de doter Joseph Smith des mêmes clefs de la prêtrise que le
Christ lui avait données, autorisant ainsi de nouveau laccomplissement des
ordonnances du salut par lautorité de la prêtrise (voir Prêtrise de Melchisédek:
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Les deux épîtres de Pierre dans le Nouveau Testament contiennent une abondance
denseignements et dexhortations inspirés et inspirants. Lintégralité
de 1 et 2 Pierre exprime sa préoccupation pour le salut et la sanctification du troupeau,
rappelant aux fidèles quon ne peut lobtenir que par la connaissance de
Jésus-Christ et laccomplissement des ordonnances de la prêtrise (cf. EPJS, pp 239,
244-246; Muren, pp. 153-156). Pierre donne aussi des informations sur le salut des morts
(1 Pi. 3:18-22;4:6) et recommande instamment à tous les membres de lÉglise
dêtre saints, de paître le troupeau, dêtre humbles et dassurer leur
salut en affermissant leur vocation et leur élection (1 Pi. 4-5; 2 Pi. 1). Finalement, il
exprime sa préoccupation pour le bien-être spirituel de lÉglise avec
lavertissement quelle connaîtra bientôt lenseignement de fausses
doctrines qui menaceront le salut des personnes (2 Pi. 2-3). Joseph Smith a dit à propos
de ces épîtres: «De tous les apôtres, cest Pierre qui a écrit dans la langue la
plus sublime» (EPJS, p. 243).
Bibliographie
Brown, Raymond E. Karl Donfried et John Reumann, dir. de publ. Peter in the New Testament.
Minneapolis, Minn., 1973.
Brown, S. Kent. "James the Just and the Question of Peter's Leadership in the Light
of New Sources". Dans Sperry Lecture Series, pp. 9-16. Provo, Utah, 1973.
Horsley, A. Burt. Peter and the Popes. Salt Lake City, 1989.
Kimball, Spencer W. "Peter, My Brother". Dans BYU Speeches of the Year. Provo,
Utah, 1971.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1. Salt Lake City, 1978.
McKay, David O. Ancient Apostles. Salt Lake City, 1964.
Muren, Joseph C. "Peter". Dans A Symposium on the New Testament. Salt Lake City,
1980.
Winter, Michael M. Saint Peter and the Popes. Westport, Conn., 1960.
JOHN FRANKLIN HALL
Plan
de salut, plan de Rédemption
Auteur: LUND, GERALD N.
Les saints des derniers jours croient quil y a des éternités, Dieu, dans sa
sagesse infinie et sa miséricorde sans bornes, a conçu un plan grâce auquel ses enfants
pourraient connaître une existence physique, notamment la condition mortelle, et ensuite
retourner vivre en sa présence dans la félicité et la gloire éternelles. Ce plan,
également appelé «le plan de salut» (Jm. 1:2; Al 42:5; Moï. 6:62), «le plan de
rédemption» (Jcb. 6:8; Al 12:25; 42:11), et le «grand plan du bonheur» (Al 42:8),
fournissait le moyen à chacun de recevoir le salut et de gagner la vie éternelle. La vie
éternelle est le plus grand don de Dieu à ses enfants (D&A 6:13) et le plan de salut
est sa manière de la leur rendre accessible. Bien que le terme «plan de salut» soit
utilisé à plusieurs reprises dans les Écritures modernes, il napparaît pas dans
la Bible, bien que lon puisse découvrir dans ses pages des points de doctrine à ce
sujet.
Le Père est lauteur du plan de salut; Jésus-Christ est son principal avocat; le
Saint-Esprit aide à le réaliser en communiquant la volonté de Dieu aux hommes et en les
aidant à vivre correctement.
LEXISTENCE PRÉMORTELLE. Les saints des derniers jours croient que tous les humains
sont des enfants desprit de parents célestes (voir Dieu le Père; Mère céleste)
et quils ont demeuré avec eux avant la naissance sur cette terre (Hé. 12:9; cf.
Jé. 1:5; Ép. 1:4). Dans cette vie prémortelle ou premier état, ces enfants
desprit ne pouvaient pas progresser pleinement. Ils avaient besoin dun corps
physique pour avoir une plénitude de joie (D&A 93:33-34) et les esprits avaient
également besoin dêtre placés dans un environnement où, par lexercice du
libre arbitre, ils pourraient prouver leur disposition à garder les commandements de Dieu
(Abr. 3:25). Dautre part, sils succombaient à la tentation, ils seraient
exclus de la présence de Dieu, parce que «rien dimpur ne peut demeurer auprès de
Dieu» (1 Né. 10:21; Ép. 5:5). Pour ramener ceux qui cédaient à la tentation en la
présence de Dieu, un plan de rédemption devait être mis en place et il fallait pour
cela un rédempteur.
Un Conseil de tous les esprits fut réuni dans les cieux, et deux personnes se
proposèrent pour remplir la fonction de rédempteur. Lune delles était
Lucifer, un fils du matin (És. 14:12; D&A 76:26), qui déclara quil
«rachèterai[t] toute lhumanité, de sorte que pas une seule âme ne sera[it]
perdue» mais elle naurait aucun choix dans laffaire. Son libre arbitre serait
détruit (Moïse 4:1-3). Pareille proposition était inconciliable avec le plan du Père,
parce que le libre arbitre de lhumanité est une condition absolument nécessaire au
progrès. Jéhovah, le Jésus-Christ prémortel, savança et se proposa pour donner
sa vie comme paiement de tous les péchés. Il ne proposait aucun plan ni aucune condition
de son cru, mais dit: «Père, que ta volonté soit faite, et que la gloire
tappartienne à jamais» (Moï. 4:2). Cest lui qui fut choisi par le Père.
Quand Lucifer ne voulut pas accepter le choix du Père, il sensuivit une guerre dans
le ciel et il fut chassé pour rébellion (Moï. 4:3; D&A 76:25) avec ceux qui
lavaient suivi, qui représentaient environ le tiers des esprits (Ap. 12:4, 7-9;
D&A 29:36-38). Après lexpulsion de Satan, le plan du Père fut mis à
exécution. Trois événements ordonnés et institués par Dieu avant la création de la
terre constituent la base sur laquelle le plan de salut repose. Ce sont la création, la
chute dAdam et lexpiation de Jésus-Christ. «Ces trois événements divins
les trois piliers de léternité sont inséparablement entrelacés en
une seule grande tapisserie connue sous le nom de plan éternel de salut» (McConkie, p.
81).
LA CRÉATION. Un des buts de la création de cette terre était que les enfants
desprit de Dieu obtiennent un corps physique et apprennent à marcher par la foi. La
vie terrestre est le deuxième état. Les Écritures enseignent que par le pouvoir de son
Fils unique, le Père a créé des «mondes sans nombre» (Moï. 1:33; cf. Jn. 1:3; Hé.
1:2), mais ce nest que sur ce monde que le Seigneur nous a révélé des
informations détaillées (Moï. 1:40).
LEcclésiaste dit que «tout ce que Dieu fait durera toujours» (Ec. 3:14). Dieu ne
travaille pas à des fins temporelles (D&A 29:34-35). Les Écritures précisent que
quand Dieu a créé la terre, elle était dans un état paradisiaque où la mort
nexistait pas. Si Adam et Ève navaient pas transgressé et nétaient
pas tombés, «toutes les choses qui avaient été créées auraient dû rester exactement
dans létat dans lequel elles étaient après avoir été créées; et elles
auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de fin» (2 Né. 2:22; cf. Moï. 3:9; DS,
pp. 75-77).
LA CHUTE. Une terre dans un état paradisiaque et exempte de mort ne remplissait pas les
conditions requises pour assurer la progression des enfants de Dieu (voir But de la vie
terrestre: Perspective des saints). Le Livre de Mormon donne quelques raisons pour
lesquelles la chute faisait partie du plan préordonné de Dieu. Le libre arbitre est
dune importance primordiale dans le processus de mise à lépreuve. Le libre
arbitre a absolument besoin de choix ou dalternatives. Léhi enseigne que «il doit
nécessairement y avoir une opposition en toutes choses» (2 Né. 2:11). Mais dans
létat dans lequel Adam et Ève se trouvaient, il ny avait aucune opposition
de ce genre. Ils avaient un corps physique, mais étaient dans un état dinnocence.
Il ny avait ni mort, ni péché, ni souffrance, ni chagrin. En outre, dans cet état
ils nauraient pas eu denfants (2 Né. 2:22-23). Il apparaît quune
raison importante pour laquelle Lucifer et ses disciples avaient accès à ceux qui
étaient sur terre était la nécessité que chacun soit attiré par le bien et le mal (2
Né. 2:16).
Satan incita Ève à prendre du fruit défendu, elle exerça son libre arbitre et en prit.
Adam décida, lui aussi, den prendre, se rendant compte que sil ne le faisait
pas, Ève et lui seraient séparés et que le commandement de multiplier et de remplir la
terre serait contrecarré. Par conséquent, «Adam tomba pour que les hommes fussent» (2
Né. 2:25). «Ayant mangé du fruit défendu, Adam et Ève devinrent mortels,
le péché entra, du sang se forma dans leur corps et la mort sintégra à la
vie
Après la chute dAdam, la création entière tomba et devint mortelle. La
chute dAdam introduisit la mort physique et spirituelle dans le monde pour toute
lhumanité» (Bible Dictionary, p. 670; DS1:80; Hél. 14:16-17; voir aussi Mort
spirituelle). Plus tard, Adam et Ève se réjouirent tous deux des possibilités qui
sétaient ouvertes à eux grâce à la chute (Moï. 5:10-11).
La chute faisait partie du plan de Dieu pour lhumanité et ne constitue donc pas une
surprise. «Tout a été fait dans la sagesse de celui qui sait tout» (2 Né. 2:24). Les
saints des derniers jours affirment quAdam et Ève étaient des êtres réels, les
premiers parents, et que la chute a été un événement littéral tant dans le temps que
dans le lieu. Joseph Fielding Smith explique: «Si Adam nest pas tombé, il ny
a pas eu de Christ, parce que lexpiation de Jésus-Christ est basée sur la chute
dAdam» (DS1:121). James E. Talmage a écrit: «Il est devenu pratique courante,
parmi les hommes, daccabler de reproches les progéniteurs de la famille humaine et
de décrire létat soi-disant béni dans lequel nous vivrions sil ny
avait pas eu la chute, alors que nos premiers parents ont droit à notre plus profonde
gratitude pour lhéritage quils ont laissé à leur postérité» (AF, p. 89).
LEXPIATION. LExpiation est la phase suprême du plan de salut, sans laquelle
tout le reste naurait eu aucun sens et tous auraient été perdus. Lexpiation
cest la réconciliation ou la réunion de la famille humaine avec notre Père
céleste. Pour comprendre la réconciliation, il faut examiner le fonctionnement des lois
de la justice et de la miséricorde.
Lamour parfait, la patience, la longanimité et la sollicitude de Dieu pour le
bien-être éternel de lhumanité sont des manifestations de sa miséricorde. Dieu
est également juste et ne peut donc pas considérer le péché avec «la moindre
indulgence» (Al. 45:16). La justice parfaite exige que toute violation de la loi de Dieu
soit punie et que tout acte dobéissance à la loi soit récompensé ou béni
(D&A 130:20-21). La miséricorde et la justice sont fondamentales dans la nature de
Dieu et ni lune ni lautre ne peuvent être ignorées. Si les exigences de la
justice seules comptaient et si la miséricorde était ignorée, personne ne pourrait
retourner en la présence de Dieu, parce que «tous ont péché et sont privés de la
gloire de Dieu» (Ro. 3:23). Si Dieu devait excuser le péché, la miséricorde
dépouillerait la justice. Cela ne peut être. «Quoi, penses-tu que la miséricorde
puisse frustrer la justice? Je te dis que non, en aucune façon. S'il en était ainsi,
Dieu cesserait d'être Dieu» (Alma 42:25).
Dans lexpiation de Jésus-Christ, la justice et la miséricorde sont combinées pour
réaliser le plan de rédemption. En tant que Fils unique dun Père divin et
dune mère mortelle (voir Marie, mère de Jésus), Jésus subissait les effets de la
chute dAdam (condition mortelle, tentations, douleur, etc.), mais avait le pouvoir
de mener une vie parfaite et sans péché (Hé. 3:15; D&A 45:4) et de donner sa vie et
de la reprendre (Jn. 5:26; 10:17). La doctrine des saints, la conception miraculeuse et la
naissance virginale de Jésus-Christ sont acceptées comme littéralement vraies et
absolument essentielles au fonctionnement du plan de salut. Grâce à sa vie exempte de
péché, la justice navait aucun droit sur lui. À cause de son pouvoir infini et
divin, il pouvait payer le prix des péchés de tous les enfants de Dieu et satisfaire la
justice en leur faveur (D&A 45:3-5). Son sacrifice nétait pas un sacrifice
humain, mais un sacrifice infini et éternel (Al. 34:40). Il a expié non seulement la
chute dAdam mais également les péchés de chaque personne. Il accorde le pardon à
tous sous condition de repentir.
À Gethsemané, le Christ a pris sur lui le fardeau des péchés du monde et a souffert
pour eux dune manière incompréhensible pour les mortels. «Il subit les
souffrances de tous les hommes, oui, les souffrances de tous les êtres vivants, tant des
hommes que des femmes et des enfants, qui appartiennent à la famille d'Adam» (2 Né.
9:21). Cette agonie incompréhensible était si intense que, comme le dit Jésus
lui-même, elle «m'[a] fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et
[elle ma] fait saigner à chaque pore et [ma] fait souffrir de corps et
d'esprit» (D&A 19:18; Mos. 3:7; cf. Lu. 22:42).Parce quil avait pouvoir sur la
mort, Jésus supporta tout (JC, pp. 745-747). La honte, la souffrance, les procès, la
flagellation et la crucifixion étaient telles quun mortel limité ne peut se faire
aucune idée du prix exigé avant que le Rédempteur puisse dire: «Tout est accompli!»
(Jn. 19:30). Le grand plan de rédemption de Dieu a été mis en application, et la
justice na pas été dépouillée par la miséricorde, mais plutôt a été payée
entièrement par le sang expiatoire de Jésus-Christ. Ce paiement pour les péchés de
chacun est appelé la grâce de Jésus-Christ. Sans elle, tous sont voués à la damnation
éternelle. Cest pour cela que Néphi 1 dit: «Cest par la grâce que nous
sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire» (2 Né. 25:23). Paul a également
enseigné la doctrine du salut par la grâce (Ép. 2:8-9) cest-à-dire que, sans
lexpiation du Christ, rien de ce que les mortels pourraient faire ne suffirait.
Certains aspects de lexpiation du Christ sont inconditionnels. Tous les êtres
mortels seront ressuscités et ramenés en la présence de Dieu pour le jugement
indépendamment du genre de vie quils auront mené (1 Co. 15:22; 2 Né. 9:12-15;
Hél. 14:16-17), rachetant ainsi toute lhumanité des morts physique et spirituelle
occasionnées par la chute dAdam. Un autre aspect inconditionnel de la miséricorde
du Christ sapplique aux enfants en bas âge qui ne sont pas capables de comprendre
la différence entre le bien et le mal et ne sont donc pas responsables. Ils ne peuvent
pas pécher ni être tentés par Satan (D&A 29:47; Mro. 8:8). «Ils sont tous vivants
en lui [le Christ] à cause de sa miséricorde» (Mro. 8:19; cf. D&A 29:46). La
doctrine de lÉglise dit que tous les enfants qui meurent avant lâge de
responsabilité (huit ans) sont sauvés dans le royaume céleste (D&A 137:10). La
miséricorde est également accordée à ceux qui, pour raison de handicap mental,
natteignent pas lâge mental de huit ans, qui est le niveau de la
responsabilité (D&A 29:50).
Cependant, pour ceux qui sont mentalement responsables, une partie de leur aliénation par
rapport à Dieu est le résultat direct de leurs propres péchés en plus de la
transgression dAdam. Si rien nest fait pour eux, il ne leur sera pas permis de
retourner en la présence de Dieu après leur jugement, parce que rien dimpur ne
peut y entrer (1 Né. 10:21). Le Seigneur a mis en place certains principes et ordonnances
appelés lÉvangile, quil faut suivre pour que la plénitude du sacrifice
expiatoire du Christ sapplique à leurs péchés: (1) la foi en Jésus-Christ, (2)
le repentir, (3) le baptême par immersion pour la rémission des péchés par
quelquun ayant lautorité et (4) le don du Saint-Esprit par limposition
des mains (voir Articles de foi). Paul et dautres ont souligné que les humains sont
sauvés par la grâce et pas par leurs propres uvres (Ép. 2:8). Cest vrai
parce quaucun mortel ne peut travailler assez parfaitement pour se sauver. Aucun
mortel na ni ne peut avoir le pouvoir de surmonter les effets de la chute
dAdam ou même de ses propres péchés. Le salut de tout le monde dépend du sang
expiatoire du Sauveur. Avec la même clarté et la même fermeté, le Sauveur et ses
serviteurs ont enseigné que la façon dont les gens vivent est une des conditions qui
permettent au pouvoir de lexpiation dagir dans leur vie. «Ceux qui me disent
: Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celuilà
seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux» (Mt. 7:21). «Ce ne sont
pas
ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la
mettent en pratique qui seront justifiés» (Ro. 1:18;2:13). «Ceux qui commettent de
telles choses [les oeuvres de la chair] nhériteront point le royaume de Dieu» (Ga.
5:21). «Voici, [le Christ] s'offre en sacrifice pour le péché, pour satisfaire aux
exigences de la loi, pour tous ceux qui ont le cur brisé et l'esprit contrit; et il
ne peut être satisfait aux exigences de la loi pour personne d'autre» (2 Né. 2:7).
LE MONDE DESPRIT ET LES TROIS DEGRÉS DE GLOIRE. Quand les mortels ont terminé leur
séjour sur terre et franchissent le portail appelé la mort, ils entrent dans le monde
desprit postmortel. Dans le cadre du plan de salut, le Seigneur a fixé un moment
entre la mort et la résurrection où hommes et femmes peuvent continuer leur progression
et en apprendre davantage sur les principes de la perfection avant dêtre amenés au
jugement final (Al. 40:6-21). Jésus-Christ est allé dans le monde desprit
postmortel, tandis que son corps était au tombeau, pour lui prêcher lÉvangile (1
Pi. 3:19-20; 4:6; D&A 138:11-37) pour que les esprits qui étaient dans le monde
desprit postmortel puissent entendre et accepter ou rejeter lÉvangile.
Puisque le baptême, le don du Saint-Esprit, la dotation du temple et le scellement sont
des ordonnances terrestres, les saints des derniers jours accomplissent les ordonnances
par procuration pour les morts dans leurs temples (voir Salut des morts). Parce que les
hommes diffèrent tellement dans leur obéissance aux commandements de Dieu, la théologie
de lÉglise rejette la notion chrétienne traditionnelle du choix unique entre le
ciel ou lenfer quand elle explique la destinée finale des âmes (voir Âme). Par
une vision donnée au prophète Joseph Smith (D&A 76), le Seigneur a montré, comme il
la également révélé à Paul, quil y a plusieurs degrés de gloire dans la
récompense éternelle de lhumanité (D&A 76; cf. 1 Co. 15:42).
Le plan de salut a été créé par le Père, réalisé par le sacrifice expiatoire de son
Fils bien-aimé et facilité par les dons du Saint-Esprit. Il englobe la Création, la
Chute et lExpiation, y compris la Résurrection, et traverse tous les temps depuis
lexistence prémortelle jusquà létat final dimmortalité et de
vie éternelle.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, pp. 81-104, 144-159. Salt Lake
City, 1985.
Packer, Boyd K. Our Father's Plan. Salt Lake City, 1984.
Taylor, John. The Mediation and Atonement of Our Lord and Savior Jesus Christ. Salt Lake
City, 1882.
GERALD N. LUND
Première
Présidence
Auteurs: ENGLAND, J. LYNN et WARNER, W. KEITH
La Première Présidence est le niveau de direction et le collège ayant le rang le plus
élevé dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Son autorité, ses
devoirs et ses responsabilités sétendent sur toutes les personnes et sur toutes
les affaires de l'Église. Ce collège se compose habituellement de trois personnes: le
président de l'Église et deux conseillers choisis par lui. Joseph Smith, le premier
président, a appelé plus de deux hommes pour l'aider. D'autres présidents ont de temps
en temps également utilisé cette pratique de prendre des conseillers supplémentaires
quand ils en avaient besoin. Spencer W. Kimball a parfois été aidé par trois
conseillers.
La Première Présidence fut créée en mars 1832, deux ans après la fondation de
l'Église. Jesse Gause et Sidney Rigdon furent appelés à être conseillers de Joseph
Smith. Gause ne remplit ce poste que jusqu'au mois de décembre suivant, quand il se
montra infidèle et fut excommunié. L'appel fut donné plus tard à Frederick G.
Williams, qui fut ordonné le 18 mars 1833 (D&A 81, 90). Dautres directives
concernant l'organisation de la Première Présidence furent données en 1835 dans une
révélation sur la prêtrise. Trois hommes devaient être choisis et nommés, et
ordonnés à cet office par le Collège des douze apôtres, « et soutenus par la
confiance, la foi et la prière de l'Église» (D&A 107:22).
Les saints des derniers jours croient que les apôtres du Nouveau Testament, Pierre,
Jacques et Jean, constituaient une Première Présidence avec Pierre comme officier
président et Jacques et Jean comme conseillers. En tant que Première Présidence dans
les temps anciens, ils fonctionnaient dune manière semblable à la Première
Présidence daujourd'hui. Par exemple, la Bible décrit des situations où Jésus
traitait uniquement avec Pierre (Mt. 18:19; Lu. 24:34) et d'autres où les trois apôtres
participaient (Mt. 17:1-3; 26:37-39; Mc. 5:37-42). Ces passages donnent à penser que le
rôle de ces trois hommes était différent de celui des autres apôtres. En tant que
Première Présidence, Pierre, Jacques et Jean possédaient l'autorité spéciale de
donner à Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clefs du ministère dans la dispensation
de la plénitude des temps. Ce sont ces clefs qui commandent l'exercice de la prêtrise
par tous les autres dans les fonctions essentielles de l'Église à lépoque
actuelle.
Les membres de la Première Présidence ne sont pas égaux. L'autorité repose uniquement
sur le président, les conseillers ayant un rôle subalterne, le premier conseiller ayant
la préséance sur le deuxième conseiller. En l'absence du président, les conseillers
président lors des réunions avec le Conseil ou Collège des douze apôtres et les autres
Autorités générales et dans les conférences de l'Église. Si le président est malade
et incapable de remplir toutes ses fonctions, les conseillers peuvent gérer les affaires
de l'Église sous sa direction. Dans ce cas, les conseillers agissent en étroite
consultation avec le président du Conseil des douze. Le président de l'Église reste
cependant l'autorité finale.
Le choix des conseillers est la prérogative du président. Un nouveau président peut ou
peut ne pas choisir de conserver les conseillers de son prédécesseur. Les conseillers
sont habituellement des apôtres, mais dans quelques cas des hommes qui n'étaient pas
ordonnés apôtres ont été appelés, les premiers dentre eux étant Sidney Rigdon
(1832) et Frederick G. Williams (1833). Plus récemment, Thorpe B. Isaacson a été
appelé en 1965 à faire partie de la Première Présidence sous David O. McKay. Dans
certains cas, les conseillers ont été des apôtres mais pas des membres des Douze, tels
que Alvin R. Dyer, autre conseiller du président McKay.
L'ensemble des membres de lÉglise vote pour soutenir la Première Présidence mais
ne lélit pas. Parce que les membres de l'Église croient que l'appel et l'autorité
de la Première Présidence viennent de Dieu, leur vote est un vote de consentement commun
pour ratifier un choix qui a déjà été fait ou sy opposer.
Doctrine et Alliances 107:9 dit: « La Présidence de la Haute Prêtrise selon l'ordre de
Melchisédek a le droit d'officier dans tous les offices de l'Église. » Étant au plus
haut niveau d'autorité, le Collège de la Première Présidence a le dernier mot en
matière de nomination, de présidence, d'interprétation de la doctrine et dans toutes
les autres affaires de l'Église. Ainsi, tous les autres collèges, conseils et
organisations de l'Église fonctionnent sous l'autorité de ce collège.
Les affaires administrées directement par la Première Présidence comprennent la
planification des conférences générales et dinterrégion et des assemblées
solennelles; les départements du budget, des apurements, de lenseignement,
dhistoire, du personnel et les autres départements généraux de l'Église, ainsi
que les temples. Toutes les autres affaires sont administrées par le Conseil des douze,
l'épiscopat président ou les soixante-dix sous la direction de la Première Présidence.
Dans la Première Présidence, la prise de décision doit se faire à lunanimité.
La consultation étroite et soigneuse entre le président et ses conseillers permet
dassurer le consensus (Hinckley, p. 50).
La Première Présidence se réunit normalement au moins une fois par semaine, pour tenir
ensuite une réunion avec le Collège des douze apôtres pour examiner les questions
requérant leur attention. Cest lors de ce conseil de la Première Présidence et du
Collège des douze apôtres que tous les changements d'administration ou de politique pour
l'Église sont examinés et approuvés.
La Première Présidence se réunit aussi hebdomadairement avec l'Épiscopat président.
Des réunions se tiennent chaque mois avec toutes les Autorités générales, réunions au
cours desquelles celles-ci sont informées de tout changement de programme ou de
procédure. En outre, la Première Présidence se réunit, selon les besoins, avec
d'autres conseils, bureaux et groupes auxquels diverses responsabilités ont été
déléguées.
À la mort du président, le collège de la Première Présidence est automatiquement
dissous et l'autorité finale dans lÉglise passe immédiatement aux Douze,
lofficier président étant le président du Collège des douze apôtres. Les
conseillers, s'ils sont apôtres, reprennent leur place respective dans ce collège en
fonction de leur ancienneté comme apôtres. La Première Présidence est reconstituée à
l'appel d'un nouveau président, qui, dans tous les cas, aura été président du Collège
des douze apôtres, et qui choisit alors ses conseillers. Cela fait, l'autorité suprême
revient à la Première Présidence.
Première Vision
Auteur: BACKMAN, MILTON V.
La Première Vision du prophète Joseph Smith est le point de départ du rétablissement
de l'Évangile dans cette dispensation. Cette théophanie sest produite dans un
bosquet près de Palmyra (New York) au printemps de 1820.
Les récits de Joseph rapportent que quand il était dans sa douzième année, il
commença à sentir le besoin de rédemption et étudia plusieurs groupes religieux. Peu
de temps après linstallation de sa famille à Manchester (New York), il fut témoin
dune excitation religieuse particulièrement intense dans la région, qui causa des
divisions dans sa communauté et dans sa famille. Il remarqua que quand les convertis
commencèrent à saffilier à une confession ou à une autre, les bons sentiments
quils professaient éprouver les uns pour les autres se perdaient «dans une
querelle de mots et un combat d'opinions» (JSH 1:5-8). Perplexe et préoccupé, il
se demanda «Si lun de ces partis a raison, lequel est-ce et comment le saurai-je?»
(Backman, pp 156, 162, 168; Jessee, p. 198).
Tandis quil sondait les Écritures, Joseph fut influencé par une exhortation à la
prière dans l'épître de Jacques. «Si quelquun dentre vous manque de
sagesse, quil la demande à Dieu» (Ja. 1:5). «Jamais, raconta-t-il plus tard,
aucun passage de l'Écriture ne toucha le cur de l'homme avec plus de puissance que
celui-ci ne toucha alors le mien» (JSH 1:12). Il se retira dans un bosquet isolé
près de la ferme en rondins de son père et se mit à genoux pour prier (Backman, p.
156).
Il sensuivit une lutte contre une influence satanique, mais avec l'aide divine, il y
survécut. Il écrit que tandis quil continuait à invoquer Dieu, il vit
«exactement au-dessus de [s]a tête, une colonne de lumière, plus brillante que le
soleil, descendre peu à peu jusqu'à tomber sur [lui]». Immédiatement il fut délivré
des ténèbres qui lenserraient (JSH 1:16). Dans la lumière, il vit deux
Personnages «dont léclat et la gloire défient toute description» et qui «se
ressemblaient exactement par les traits et lapparence» (JSH 1:17; Lettre à
Wentworth, Backman, p. 169). L'un d'eux prononça son nom, montra l'autre, et dit:
«Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le!» (JSH 1:17). Dans ce qui suivit,
Joseph apprit que, grâce au Christ, qui avait pris sur lui les péchés de l'humanité,
ses péchés lui étaient pardonnés. «Voici, je suis le Seigneur de gloire. J'ai été
crucifié pour le monde pour que tous ceux qui croient en mon nom aient la vie
éternelle» (Backman, p. 157). Il fut également assuré de la réalité et de
l'imminence de la seconde venue du Christ «pour réaliser ce qui avait été dit par la
bouche des prophètes et des apôtres» (Backman, pp 157, 167, 169; Jessee, p. 6). Quand
il reprit ses esprits, Joseph demanda à quelle église il devait se joindre et il lui fut
dit de ne se joindre à aucune parce qu'elles enseignaient toutes des «doctrines
incorrectes»; elles avaient une forme de piété, mais elles en niaient la puissance (cf.
2 Ti. 3:5). De plus, il lui fut dit «que la plénitude de l'Évangile [lui] serait
révélée plus tard» (JSH 1:17-20; Backman, pp 163, 169; Jessee, p. 213). Tandis
quil quittait le bosquet, se rappelle-t-il, «[s]on âme était remplie
damour» et pendant bien des jours «[il éprouva] une grande joie et le Seigneur
était avec [lui]» (Backman, p. 157).
La tranquillité de Joseph fut de courte durée. Tout dabord, excepté de la part de
sa famille, il ne rencontra que le mépris de ceux qui étaient mis au courant de son
expérience. Il n'avait pas prévu les dénonciations violentes que cet événement allait
provoquer.
En plusieurs occasions, entre 1832 et 1842, le jeune prophète écrivit ou dicta des
récits de la vision, chacune dans un cadre différent, les deux derniers en vue de la
publication. Chaque texte omet ou ajoute certains détails. En 1832, par exemple, Joseph
Smith écrivit qu'avant sa Première Vision, il avait sondé les Écritures et en avait
conclu qu'aucune société n'enseignait le christianisme du Nouveau Testament (Backman, p.
156; Jessee, p. 5). Dans le récit de 1838, il note qu'il se disait souvent: «Lequel de
tous ces partis a raison? Ou ont-ils tous tort, autant qu'ils sont?» Plus loin dans ce
même récit, il ajoute entre parenthèses «(car à l'époque, il ne m'était jamais venu
à l'idée qu'elles étaient toutes dans l'erreur)» (JSH 1:10, 18; Jessee, pp 198,
200).
Les saints des derniers jours considèrent cette vision comme authentique et révélatrice
de la nature de Dieu. Dans le contexte biblique et scripturaire, ils y voient un
parallèle avec les visions de Moïse ou avec les théophanies rapportées dans le Livre
de Mormon. Joseph lui-même a comparé ses expériences dans et après la vision à celles
de Paul (JSH 1:24; EPJS, p. 118).
L'enseignement dans lÉglise est, pour employer les termes de Stephen L. Richards
(ancien conseiller dans la Première Présidence), «imprégné de la véracité de la
Première Vision». Elle sous-tend la doctrine dun Dieu anthropomorphe et d'un homme
théomorphe, des rapports entre les personnes de la Divinité et de la révélation
continue. Les prières, les cantiques, les formes de culte et l'eschatologie sont, chez
les saints, ancrés dans cette conception. Elle renouvelle le témoignage des prophètes
hébreux que les visions ne sont pas l'accès le plus minimal mais au contraire le plus
fiable de lhomme au divin, que la majesté, la gloire et la puissance de Dieu sont
«au-delà de toute description», que les descriptions bibliques de communion face à
face avec Dieu sont plus qu'une métaphore tirée par les cheveux. Elle confirme le
témoignage des apôtres du Nouveau Testament que Dieu le Père et Jésus-Christ sont des
personnes distinctes qui se manifestent telles quelles sont aux fils et aux filles
de Dieu et que le Fils est à la ressemblance du Père et le Père à la ressemblance du
Fils. [Voir aussi Joseph Smith, Visions de; Expérience religieuse.]
Bibliographie
Backman, Milton V. Jr. Joseph Smiths First Vision. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph. The Personal Writings of Joseph Smith. Dean C. Jessee, comp. et dir. de
publ. Salt Lake City, 1984.
MILTON V. BACKMAN, JR.
Préordination
Auteur: TOP, BRENT L.
La préordination est le choix effectué dans létat prémortel de faire venir des
personnes dans la condition mortelle à des moments spécifiés, dans certaines conditions
et pour accomplir des responsabilités désignées à lavance. Selon
l'interprétation des saints, «préordonné» ne signifie pas prédéterminé (voir
Prédestination). C'est le résultat dun choix volontaire, pas de sa violation ou de
son abrogation. L'idée de la préexistence et de la préparation prémortelle à la vie
terrestre fait lobjet dallusions dans les sources bibliques et on en voit des
indications dans certaines sources judéo-chrétiennes anciennes. Mais elle a eu une place
moins importante dans la pensée postérieure.
Il a été dit à Abraham qu'il était parmi les esprits vaillants et quil avait
été, pour cette raison, choisi ou préordonné avant sa naissance pour être un
dirigeant dans le royaume de Dieu sur terre (Abr. 3:22-23). Le Seigneur a, de même, dit
à Jérémie: «Avant que je teusse formé dans le ventre de ta mère, je te
connaissais, et
je tavais consacré, je tavais établi prophète des
nations» (Jé. 1:5). Alma le Jeune a enseigné que les prêtres appartenant à un «
saint ordre» avaient été préordonnés « selon la prescience de Dieu, à cause de leur
foi extrême et de leurs bonnes uvres» (Al. 13:1, 3). Le prophète Joseph Smith a
conclu que « quiconque est appelé à exercer un ministère auprès des habitants du
monde a été ordonné à ce but même dans le grand conseil des cieux avant que le monde
fût» (EPJS, p. 296). Et en plus de ces préordinations à des appels dans la prêtrise,
beaucoup d'esprits ont pu être préordonnés auprès de pays et de générations
spécifiques, que Paul appelle « les bornes de leur demeure» (Ac. 17:26), aussi bien
qu'auprès de familles et à toutes sortes de tâches, de travaux ou de missions sur
terre.
Bien que chacun de ces choix soit en dernier ressort basé sur l'omniscience et la
prescience de Dieu, plusieurs facteurs peuvent influencer notre situation sur terre. La
préordination se présente comme une bénédiction ou une récompense pour une justice
prémortelle et un engagement vaillant vis-à-vis de Jésus-Christ. Le fait de naître
dans la maison d'Israël et dhériter de toutes bénédictions d'Abraham, d'Isaac et
de Jacob est souvent considéré comme le droit de naissance des âmes dévouées (voir
Ép. 1:4-5; Ro. 9:4). Ces droits et ces bénédictions peuvent encore être obtenus par
quiconque décide de les recevoir, que ce soit dans cette vie ou dans lau-delà. Les
hommes manifestent tôt ou tard, comme la enseigné B. H. Roberts, des soixante-dix,
«la force de cette intelligence et de cette noblesse à laquelle leur esprit était
parvenu dans le royaume céleste avant de prendre un corps sur la terre » (T. Madsen,
Defender of the Faith, Salt Lake City, 1980, p. 2). Les Doctrine et Alliances enseignent
que les hommes et les femmes peuvent aller à Dieu par la justice et la diligence et être
ainsi comptés parmi ceux qui sont « les fils [et les filles] de Moïse et d'Aaron, la
postérité d'Abraham, l'Église et le royaume, et les élus de Dieu » (D&A 84:34).
Par la fidélité sur terre, quelles quaient été la préordination prémortelle ou
les alliances antérieures, on peut, comme Paul la enseigné, être adopté dans le
lignage élu: «tous ceux qui descendent dIsraël ne sont pas Israël» (Ro. 9:6).
C'est-à-dire que beaucoup peuvent être préordonnés à des missions importantes dans la
condition mortelle, mais peuvent, par le péché et la rébellion, échouer dans leur
préordination et abandonner leurs bénédictions. L'obéissance aux alliances et aux
ordonnances de l'Évangile est le facteur essentiel qui permet de décider de l'élection
finale dans le lignage élu.
Les saints des derniers jours croient en outre que le moment, le lieu et les circonstances
de la naissance dans la condition mortelle peuvent être le résultat d'anciennes
alliances et décisions aussi bien que de ce qui serait le mieux, dans la sagesse divine,
pour fournir des occasions et défis à surmonter dans lintérêt de la progression
et de lépanouissement de l'individu. En outre, la préordination peut également
être basée sur les desseins et les plans de Dieu pour faire du bien à tous ses enfants.
Les détails de ces facteurs restent inconnus. En conséquence, on ne peut en aucun cas
juger de la personnalité prémortelle de quelquun en fonction de sa situation
actuelle dans la vie. Il est possible que certaines des circonstances les plus pénibles
et les plus ardues soient, dans la perspective de l'éternité, les meilleures situations
et peut-être même celles dans lesquelles des hommes et des femmes ont accepté
dentrer. La préordination n'exclut pas l'exercice du libre arbitre. Cest une
affectation conditionnelle préalable à loctroi de certaines bénédictions et
responsabilités.
Après Augustin et Calvin, certains ont interprété le mot «prédestinés» dans Romains
8:29-30 et Éphésiens 1:4-5 comme étant la volonté préalable de Dieu. Selon cette
thèse, Dieu est l'agent causal final, tandis que l'homme est toujours et seulement un
effet. Les saints des derniers jours rejettent cette interprétation. Ils croient que ni
les sources grecques ni les sources scripturaires dans ce domaine nautorisent cette
interprétation. Paul utilise ce terme pour désigner le fait dêtre préordonné à
une filiation divine par lintermédiaire du Christ. En outre, puisque Dieu
«connaît toutes les choses, car toutes
sont présentes devant [s]es yeux»
(D&A 38:1-2), il prévoit nos choix. Cependant, il ne fait pas les choix pour nous.
Sachant notre potentiel, il préordonne ceux qui aideront à réaliser ses buts. Les
saints des derniers jours étendent cette notion de manière à englober la préordination
à tout ministère ou fonction divinement désignés.
Bibliographie
Maxwell, Neal A. "Meeting the Challenges of Today". Speeches of the Year, pp.
149-56. Provo, Utah, 1978.
Top, Brent L. The Life Before. Salt Lake City, 1988.
Winston, David. "Preexistence in the Wisdom of Solomon and Mormon Sources". Dans
Reflections on Mormonism, dir. de publ. Truman Madsen, pp. 13-35. Salt Lake City, 1978.
BRENT L. TOP
Préparation
aux situations d'urgence
Auteur : Richardson, Frank D.
Les saints des derniers jours reçoivent un enseignement qui les prépare pour les
problèmes potentiels. Étant donné que l'Évangile soccupe du bien-être temporel
et spirituel de l'humanité, l'Église considère toutes les situations d'urgence
possibles qui auraient un mauvais impact sur la qualité de vie ou qui causeraient de la
souffrance comme une raison de se préparer à titre préventif. Ceci comprend les
catastrophes naturelles, le chômage, la maladie, les blessures et les autres
circonstances susceptibles de menacer la vie ou le bien-être personnel. L'Église
enseigne à ses membres de se préparer à de telles situations d'urgence.
La philosophie qui est à la base de la préparation pour les situations durgence
est qu'en vivant de manière prévoyante et en acquérant à l'avance les compétences et
les ressources nécessaires pour faire face efficacement aux difficultés, les saints des
derniers jours peuvent ramener au minimum, voire éviter la souffrance qui accompagne
l'imprévu. Cela leur donne aussi le sentiment de sécurité et de tranquillité d'esprit
(D&A 38:30) qui sont essentiels à lépanouissement spirituel. Ils apprennent
également à travailler à lautonomie, à pourvoir de manière adéquate à leurs
besoins, à aider ceux qui sont dans le besoin et à éviter de dépendre inutilement des
efforts ou des ressources des autres. On leur dit de mettre de côté quand les temps sont
bons, afin de pouvoir s'occuper deux-mêmes et des autres quand les temps sont
mauvais. Pour les saints des derniers jours, la préparation aux situations d'urgence est
plus apparentée à l'épargne en vue dune période de vaches maigres que pour
survivre à la fin du monde (Kimball, p. 78).
Depuis plus de cent ans, les dirigeants de l'Église enseignent aux membres de stocker des
céréales et dautres produits essentiels qui pourraient les aider à survivre en
période de sécheresse ou de famine (Essentials of Home Production and Storage, p. 17).
Les lignes directrices actuelles pour les réserves au foyer sont dapplication à
l'échelle internationale. Il s'agit notamment d'avoir des réserves de nourriture, de
vêtements et, si possible, de combustible nécessaires à la vie pendant un an (Benson,
p. 33). Les directives de l'Église disent : « Nous navons jamais stipulé une
formule exacte de ce que lon doit mettre en réserve. Peut-être que si nous
nenvisageons pas une année de réserves de ce que nous utiliserions normalement et
envisagions plutôt ce qu'il faudrait pour nous maintenir en vie dans le cas où nous
n'aurions rien dautre à manger, ce serait là quelque chose de très facile à
mettre en réserve pour un an »(Essentials, p. 6).
Lors des leçons d'arts ménagers et des journées de travail, la Société de Secours
recommande depuis longtemps aux femmes dentretenir un potager et de faire des
conserves et de la couture. Il est conseillé aux saints de faire des études et de
rechercher des occasions de se former qui les préparent à s'adapter aux changements dans
le monde du travail, d'éviter l'endettement personnel, de rester en bonne santé en
mangeant correctement et en faisant du sport, dapprendre les premiers soins et de
savoir comment protéger leur vie et leurs biens contre les incendies, les inondations et
le vol. Il leur est conseillé de prendre une assurance-vie, une assurance soins de santé
et une assurance habitation là où cela existe. On leur recommande en outre d'éviter les
achats sous leffet de la panique, dacheter des ressources d'urgence à
crédit, de céder aux marottes du jour et de faire de la publicité pour des marques, des
fournisseurs ou des techniques spécifiques.
Sur le plan institutionnel, l'Église pratique les principes de la préparation. Sous
l'égide de ses services dentraide, les fermes et les conserveries dentraide
et les magasins de l'évêque cultivent, traitent, et distribuent des produits destinés
à la consommation par les nécessiteux dans l'Église. Ces installations maintiennent un
inventaire dune année de réserves tant en produits cultivés et traités
quen produits finis. Les réserves de céréales appartenant à l'Église sont
stockés pour aider à subvenir aux besoins de récolte en récolte, avec une marge de
sécurité appropriée pour ceux qui pourraient se trouver dans le besoin lors de
mauvaises conjonctures économiques plus prolongées. L'Église ne tente cependant pas de
maintenir des réserves d'urgence pour tous ses membres. La sécurité à long terme
contre les urgences lors de catastrophes dépend de la préparation consciencieuse des
personnes et des familles de par le monde.
Cet état de préparation constant a permis à l'Église de participer à des projets
humanitaires pour soulager les souffrances résultant de catastrophes telles que la
Seconde Guerre mondiale, la rupture du barrage de Teton dans l'Idaho en 1976, les
pénuries alimentaires en Pologne en 1982, les inondations au Brésil en 1983, les
tremblements de terre à Mexico en 1985, les ouragans dans les Caraïbes et la Caroline du
Sud en 1989 et dautres catastrophes naturelles et causées par les hommes.
Les unités ecclésiastiques de l'Église (paroisses, pieux, régions et interrégions)
ont pour instructions de mettre par écrit et dentretenir un plan d'intervention
d'urgence. Lampleur et la précision dans le détail de ces plans varient selon la
nature et la gravité des situations d'urgence susceptibles de survenir dans chaque
région. Les plans d'intervention d'urgence traitent en général des questions de gestion
et de communication, de retour dinformation, de l'emplacement et de
limportance des ressources disponibles pour les interventions d'urgence, des lignes
directrices pour l'utilisation des bâtiments de l'Église comme refuges, ainsi que les
nom et adresse des spécialistes de l'intervention d'urgence.
Les officiers présidents de toutes les unités de l'Église sont invités à coordonner
la planification pour les situations d'urgence et les mesures à prendre avec les
organismes compétents de la collectivité. Il va de soi quil est important que tous
les membres de l'Église se comportent en bons citoyens en cas de besoin.
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. « Prepare for the Days of Tribulation. » Ensign 10, nov. 1980, p.
32-34.
Essentials of Home Production and Storage. Salt Lake City, 1979.
Kimball, Spencer W. Welfare Services : The Gospel in Action ». Ensign 7, nov. 1977, p.
76-79.
FRANK D. RICHARDSON
Prescience de Dieu
Auteur: FAULCONER, JAMES E.
L'Écriture moderne parle sans équivoque de la prescience de Dieu: «Toutes les choses
sont présentes devant mes yeux» (D&A 38:2). Elle affirme que Dieu a la plénitude de
la vérité, «la connaissance des choses telles qu'elles sont, telles qu'elles étaient
et telles qu'elles sont à venir» (D&A 93:24, italiques ajoutés).
La prescience divine comprend la capacité de connaître même les pensées et les
intentions du cur humain: «Il n'y a personne d'autre que Dieu qui connaisse tes
pensées et les intentions de ton cur» (D&A 6:16). La prescience divine est, au
moins en partie, la connaissance de ses propres desseins pour le cosmos et pour
l'humanité, et «on ne peut faire échouer les uvres, les desseins et les
intentions de Dieu, ni les réduire à néant» (D&A 3:1). «Elles [ses uvres
lui] sont connues de toute éternité» (Ac. 15:18; Abr. 2:8). Parmi elles, les conditions
du plan du salut. Par exemple, «Dieu a assurément élu ou décidé à lavance que
tous ceux qui seraient sauvés, seraient sauvés en Christ Jésus et par l'obéissance à
l'Évangile» (EPJS, pp. 151-152). Il est également connu davance que toute
l'humanité mourra, ressuscitera et comparaîtra en jugement.
Dans l'Écriture, les termes de base désignant le savoir divin suggèrent plus qu'une
relation cognitive entre un sujet et un objet; ils impliquent une connaissance intime,
directe, participative et affective. La prescience divine est la connaissance d'un Père
céleste, pas la connaissance d'une abstraction métaphysique. Les Écritures qui parlent
de la prescience divine soulignent la compréhension que Dieu a de son expérience avec
son peuple et de la destinée de celui-ci plutôt que du contenu et de la logique de cette
connaissance. Quiconque cherche à comprendre la prescience divine doit commencer par
reconnaître que lÉcriture ne traite pas directement de la question comme cela a
été formulé en philosophie et en théologie, où l'accent est sur le contenu et la
logique de la connaissance. Les Écritures disent de manière explicite que Dieu sait tout
et que nous pouvons lui faire confiance. Elles ne disent pas de manière explicite ce que
cela signifie sur le plan philosophique ou théologique. En conséquence, à défaut de
révélation nouvelle, toute réponse à la question théologique de la prescience de Dieu
ne peut être que théorique.
Afin d'essayer de concilier la prescience divine avec la liberté humaine, les grands
théologiens et philosophes juifs et chrétiens ont proposé trois possibilités. La
première affirme les deux pôles du dilemme: «Tout est prévu et la liberté de choix
est donnée.» C'est la position de Rabbi Akiba et de Maïmonide (Aboth 3, 19; Yad,
Teshuvah 5:5), ainsi que celle d'Augustin et dAnselme (La Cité de Dieu 5.9-10;
L'harmonie de la Prescience, de la Prédestination et de la Grâce de Dieu avec le libre
choix 1.3). Maïmonide avance largument que bien qu'il soit logiquement impossible
que la prescience humaine de nos actes soit compatible avec la liberté, la prescience de
Dieu, qui est d'une sorte différente et mystérieuse, est compatible avec la liberté.
Dans la deuxième, la prescience de Dieu est limitée. Puisque les hommes sont libres,
Dieu connaît les possibilités et les probabilités du choix humain, mais pas les
inévitabilités. Dieu est omniscient en ce sens quil sait tout ce qui peut être
connu, mais pas dans le sens de savoir exactement à l'avance comment les hommes
utiliseront leur liberté, puisquil est impossible de le savoir étant donné que
les événements contingents futurs n'existent pas. C'est le point de vue du talmudiste
Gersonide (Lévi Ben Gershon, 1288-1344; Milhamot Adonaï, III, 6) et, avec quelques
modifications, de Charles Hartshorne et des «process philosophers».
Dans la troisième, les humains ne sont pas véritablement libres. La liberté est une
illusion qui découle de l'ignorance humaine de la cause et de la nécessité divines.
Tout ce que les individus font est en réalité déterminé et prédéterminé. Dieu
pré-connaît et pré-cause tout ce qui se produit. C'est la thèse de Spinoza et de
Calvin.
Historiquement, la plupart des saints des derniers jours ont adopté la première position
générale: tout est prévu et la liberté reste. Certains ont opté pour la deuxième, à
savoir que la prescience de Dieu nest pas absolue. La troisième possibilité, à
savoir que la liberté humaine est illusoire, est incompatible avec la croyance des saints
au libre arbitre et à la responsabilité véritables. L'éloge et le blâme, la
responsabilité et le jugement nont pas de sens si les humains ne sont pas libres.
Toute doctrine de la prescience qui va à lencontre de ce principe viole l'esprit et
la lettre des Écritures mormones.
Par conséquent, la prescience divine, quelle quen soit la définition finale, n'est
pas de la prédestination. Pour cette raison, ce que Dieu voit davance n'est pas
divinement causé, même si cest connu dans un certain sens (Talmage, p. 317). La
prescience divine est larrière-plan de la préordination. Mais, encore une fois,
préordination n'est pas pré-causalité. Au contraire, «la préordination est
loctroi conditionnel d'un rôle, d'une responsabilité ou d'une bénédiction qui,
de même, prévoit mais ne fixe pas le résultat» (Maxwell, p. 71).
Bibliographie
Hartshorne, Charles, and William L. Reese. Philosophers Speak of God. Chicago, 1953.
Maxwell, Neal A. "A More Determined Discipleship". Ensign 9, févr. 1979, pp.
69-73.
Talmage, James E. The Vitality of Mormonism, pp. 317 ff. Boston, 1919.
JAMES E. FAULCONER
Président
de lÉglise
Auteurs: ENGLAND, LYNN et WARNER, KEITH W.
Le président de lÉglise est le prophète, voyant et révélateur qui est autorisé
à diriger les affaires de lÉglise sur toute la terre. Il parle et agit selon les
instructions divines de Jésus-Christ, qui est le chef de lÉglise. Les présidents
de lÉglise à ce jour ont été Joseph Smith, Brigham Young, John Taylor, Wilford
Woodruff, Lorenzo Snow, Joseph F. Smith, Heber J. Grant, George Albert Smith, David O.
McKay, Joseph Fielding Smith, Harold B. Lee, Spencer W. Kimball, Ezra Taft Benson, Howard
W. Hunter, Gordon B. Hinckley et Thomas S. Monson.
En principe et dans la pratique, aucun autre office ou appel ne suscite le même amour et
le même respect des membres de lÉglise que celui de président de lÉglise.
Le président est le prophète et, en tant que tel, est vénéré par les membres de
lÉglise. Il est la seule personne dans lÉglise qui peut diriger et autoriser
toutes les utilisations des clefs de la prêtrise. Il en est le dirigeant administratif en
chef, aidé par ses conseillers dans la Première Présidence et les membres du Collège
des douze apôtres. Ils dirigent le travail des autres Autorités générales et des
dirigeants laïques agissant dans des centaines dappels.
Les Doctrine et Alliances spécifient que le devoir du président est «dêtre
semblable à Moïse» (D&A 107:91-92; 28:2), transmettant la volonté de Dieu à son
peuple et lui enseignant lÉvangile. Son uvre est assez semblable à celle de
Pierre, qui présidait les apôtres et lÉglise chrétienne primitive. Quand Pierre
déclara que Jésus était le Fils de Dieu, Jésus précisa que ce témoignage lui avait
été divinement révélé, en disant : «Tu es Pierre, et
sur cette pierre je
bâtirai mon Église» (Mt. 16:13-20). Les saints des derniers jours voient dans cette
«pierre» la révélation divine par laquelle les prophètes anciens et modernes ont
dirigé les membres de lÉglise du Christ (EPJS, p. 221).
Les saints des derniers jours croient que la connaissance révélée de la part de Dieu
est nécessaire pour diriger les affaires de lÉglise et permettre de comprendre la
volonté de Dieu aujourdhui tout comme autrefois. Les révélations données au
président de lÉglise peuvent comporter une déclaration ou un éclaircissement de
points de doctrine ou des directives au sujet des problèmes théologiques, des questions
dorganisation, de la conduite morale et de la gestion pratique. Lunité de
lÉglise dans le monde entier est renforcée par le prophète dans son action comme
porte-parole de Dieu. En tant que tel, le président peut parler avec autorité de sujets
tels que linterprétation des Écritures, les questions spirituelles et les sujets
temporels. Les déclarations officielles quil fait en son temps peuvent avoir la
préséance sur les révélations apparaissant dans les Écritures relevant dautres
époques ou sur les déclarations faites par des présidents précédents de
lÉglise, bien quen fait celles-ci soient rarement en conflit (cf. Benson, pp.
27-28).
Le président possède la capacité inspirée de discerner entre la vérité et
lerreur pour lÉglise. En conséquence, il peut reconnaître et dénoncer les
croyances et les mouvements erronés dans lÉglise et dans le monde. Il est bien
entendu quil peut parfois parler ou agir en tant que particulier en dehors de son
appel de prophète (EPJS, p. 224), mais le point de vue général est que les
recommandations du président de lÉglise doivent toujours être prises au sérieux.
Toutes les fois que de nouveaux points de doctrine doivent être introduits, ils sont
dabord présentés par le président à ses conseillers et puis au Collège des
douze apôtres lors dune réunion du conseil de la Première Présidence et du
Collège. Sils sont approuvés à lunanimité, ils sont alors présentés aux
membres de lÉglise lors dune conférence générale pour un vote de soutien.
On enseigne aux saints des derniers jours quil est sage de suivre le prophète,
même dans les questions privées (voir Suivre les Frères). Le Seigneur ne permettra
jamais au président de lÉglise, comme prophète, de conduire les saints dans
lapostasie ou lerreur (D&A, Déclaration officielle - 1).
Le président de lÉglise est la seule personne sur terre à gérer
lutilisation de toutes les clefs de la prêtrise, bien que ces clefs soient
également détenues par les apôtres ordonnés et soient dirigées par leur collège à
la mort du président et jusquà ce quune nouvelle Première Présidence soit
organisée. Ceci signifie que le président détient le pouvoir et lautorité de
gérer toutes les affaires de Seigneur sur terre dans lÉglise. Tous les membres
masculins dignes dans lÉglise qui ont douze ans ou plus peuvent également recevoir
les pouvoirs associés à divers offices de la prêtrise, mais tout acte accompli en vertu
de cette autorité doit être exercé de la manière appropriée. Le pouvoir de diriger
ces actes à nimporte quel niveau est appelé les clefs de la prêtrise. Bien que la
totalité des clefs soit exercée par le président seulement, il délègue
lutilisation de certaines dentre elles à dautres dirigeants sous sa
direction. Lautorité pour accomplir des ordonnances et pour enseigner
lÉvangile vient du Seigneur, mais lutilisation ordonnée en est réglée par
ceux qui détiennent les clefs données à Joseph Smith et transmises à ses successeurs
(D&A 1:38; 28:2; voir aussi Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise
de Melchisédek).
Institué par la révélation, le poste ou appel du président de lÉglise
sest développé en même temps que lensemble de lorganisation de
lÉglise. Avant lorganisation officielle de lÉglise en 1830, Joseph
Smith détenait le rôle dirigeant central comme prophète du Rétablissement. Dans une
révélation donnée le 15 mai 1829, il est dit à Joseph Smith quOliver Cowdery et
lui devaient être ordonnés premier et deuxième anciens quand lÉglise serait
officiellement organisée (JSH 1:72). Ceci se produisit le 6 avril 1830.
Au cours de la réunion dorganisation, Joseph Smith reçut une révélation dans
laquelle il recevait les titres de voyant, traducteur, prophète, apôtre de Jésus-Christ
et ancien de lÉglise de Jésus-Christ. Il lui fut également dit comment poser les
fondements de lÉglise (D&A 21:1-2). Les personnes qui assistaient à la
première réunion votèrent unanimement daccepter Joseph Smith comme premier ancien
et prophète. Lors de cette réunion, le précédent fondamental pour le gouvernement de
lÉglise fut établi: Les appels, notamment celui du prophète, exigent que la
volonté de Dieu soient rendus manifestes et que la volonté et le consentement du peuple
de la respecter soient indiqués par un vote de soutien (voir Consentement commun).
Tandis que lÉglise était dans ses premières années, Joseph Smith, Oliver Cowdery
et un petit groupe danciens se réunirent trimestriellement et prirent les
décisions fondamentales de politique pour lÉglise. En septembre 1830, le
caractère unique de la position de Joseph Smith dans lÉglise fut affirmé quand
Hiram Page, un membre de lÉglise, prétendit avoir reçu des révélations pour
lÉglise. Joseph Smith consulta le Seigneur et reçut une révélation de
clarification selon laquelle lui seul devait recevoir les commandements et les
révélations pour lÉglise entière (D&A 28:2, 11-14).
En janvier 1832, lors dune petite conférence des anciens à Amherst (Ohio), Joseph
Smith fut soutenu comme président de la haute prêtrise et ordonné à cet office par
Sidney Rigdon. En mars de cette même année, loffice de président de
lÉglise fut de nouveau précisé par lannonce de lorganisation
dune présidence constituée dun président et de conseillers (D&A
81:1-3). Le 26 avril 1832, une conférence générale de lÉglise se tint au comté
de Jackson (Missouri) où Joseph Smith fut soutenu et reconnu comme président de la haute
prêtrise.
Les présidents de lÉglise sont nommés à vie et ne sont pas relevés pour cause
dâge ou de santé. Lautorité pour désigner un successeur après réception
dune révélation du Seigneur, se situe entre les mains des Douze, qui se
réunissent dans ce but après la mort du président. Une fois quil a été
désigné et approuvé à lunanimité par les apôtres, le nouveau président
choisit ses conseillers, qui sont également soutenus par les Douze. Ces actions sont
ensuite soutenues par les membres de lÉglise à la conférence générale qui suit.
La manière de procéder à la succession dans la présidence sest développée
graduellement depuis lorganisation de lÉglise. Après lassassinat du
prophète Joseph Smith, certains membres pensèrent que son conseiller ou même son fils
devrait être son successeur; mais les Douze savaient quils détenaient les clefs et
que cétait le doyen des apôtres qui devait présider. En conséquence, Brigham
Young, président du Collège des douze apôtres, dirigea lÉglise en vertu de son
poste pendant trois ans et demi jusquà ce quil fût installé et soutenu avec
des conseillers en tant que Première Présidence. Les deux présidents suivants furent
également ordonnés après un délai à peu près identique; mais depuis 1898, le
processus de succession est appliqué sans tarder après la mort dun président.
Bibliographie
Allen, James. et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day Saints. Salt Lake City,
1976.
Benson, Ezra Taft. «Fourteen Fundamentals in Following the Prophet». Dans 1980
Devotional Speeches of the Year. Provo, Utah, 1981.
Esplin, Ronald K. «Joseph, Brigham, and the Twelve : A Succession of Continuity». BYU
Studies 21. Été 1981, pp. 301-341.
Kimball, Spencer W. «We Thank Thee, O God, for a Prophet: The Privilege of Sustaining the
Leaders of the Church». Ensign 3, janv. 1973, pp. 33-35.
Peterson, Mark E. «Follow the Prophets», Ensign 11, nov. 1981, pp. 64-66.
Tanner, N. Eldon. «The Administration of the Church». Ensign 9, nov. 1979, pp. 43-48.
J. LYNN ENGLAND
W. KEITH WARNER
Prêtrise
Auteurs: ELLSWORTH, RICHARD G. et LUTHY, MELVIN J.
[Autres articles traitant de divers aspects de la prêtrise: Autorité; Clefs de la
Prêtrise; Clergé; Collèges de la Prêtrise; Conseils de la Prêtrise; Divinité;
Fraternité; Grand Prêtre président; Hommes, rôles des; Magnifier son appel;
Participation et direction laïque; Présidence, concept de; Prêtrise dAaron;
Prêtrise de Melchisédek; Prêtrise lévitique; Serment et alliance de la Prêtrise.
Concernant les offices spécifiques de la Prêtrise, voir Ancien; Apôtre; Diacre,
Prêtrise dAaron; Évêque; Grand Prêtre; Instructeur, Prêtrise dAaron;
Offices de la Prêtrise; Patriarche: Patriarche de lÉglise; Prêtre, Prêtrise
dAaron; Prêtrise de Melchisédek; Prophète; Soixante-dix.
Diverses ordonnances de la prêtrise sont traitées sous Baptême; Bénédictions de la
Prêtrise; Bénédictions paternelles; Bénédictions patriarcales; Confirmation;
Consécrations; Enfants: Bénédiction des enfants; Imposition des mains; Malades,
bénédiction des; Mise à part; Ordination à la Prêtrise; Ordonnances; Ordonnances du
temple; Prière du baptême; Rebaptême; Sainte-Cène: Prières de Sainte-Cène;
Scellement.]
SOURCE DU POUVOIR DE LA PRÊTRISE. Jésus-Christ est le
souverain grand prêtre de Dieu; il est donc la source de toute véritable autorité et de
tout véritable pouvoir de la prêtrise sur cette terre (Hé. 5-10). Lhomme ne
sattribue pas un tel pouvoir; il doit être conféré par Dieu par
lintermédiaire de ses serviteurs (Hé. 5:4; D&A 1:38).
Avant que le monde ne soit créé, Jésus-Christ, le grand Jéhovah et Premier-né de Dieu
le Père dans le monde desprit, a fait alliance demployer le pouvoir
quil avait obtenu du Père pour mettre en application le programme de Dieu pour le
bonheur éternel de tous les enfants de Dieu (cf. EPJS, p. 152). Le nom véritable de la
prêtrise est «la Sainte Prêtrise selon lOrdre du Fils de Dieu»; mais pour
éviter la répétition trop fréquente du nom de la Divinité, elle sappelle aussi
autrement, en particulier Prêtrise de Melchisédek; c.-à-d., que cest la même
autorité que celle détenue par ce roi et grand prêtre juste (Ge. 14:18; Hé. 5:6; Al.
13:6, 17-19; D&A 107:1-4; 124:123).
En tant que Sauveur, Médiateur et Rédempteur divin, Jésus donne lexemple pour
toutes les actions de la prêtrise. «Cest pourquoi, quelle sorte dhommes
devriez-vous être?» demande Jésus aux disciples néphites quil a ordonnés: «En
vérité, je vous le dis, tels que je suis» (3 Né. 27:27).
DÉFINITIONS. Joseph Smith a défini la prêtrise comme étant «un principe éternel,
[qui a] existé avec Dieu de toute éternité et existera à toute éternité, sans
commencement de jours ni fin dannées
détenant les clefs du pouvoir et des
bénédictions. En fait, [la Prêtrise de Melchisédek] est une loi parfaite de
théocratie» (EPJS, pp 125, 261). Cest le pouvoir et lautorité par lesquels
lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est organisée et dirigée.
Le mot «prêtrise» a plusieurs significations pour les saints des derniers jours:
1. La prêtrise est un pouvoir, le pouvoir de Dieu, une source essentielle de force et
dénergie éternelles déléguées aux hommes pour agir en tout pour le bien-être
de lhumanité, tant dans le monde quen dehors (DS 3:80; Romney, p. 43).
2. La prêtrise est lautorité, le droit exclusif dagir au nom de Dieu en tant
que ses agents autorisés et daccomplir des ordonnances afin de rendre certaines
bénédictions spirituelles accessibles à tous les hommes.
3. La prêtrise est le droit et la responsabilité de présider au sein de la structure
dorganisation de lÉglise, mais seulement dune manière conforme au
libre arbitre des autres.
4. Parfois le mot prêtrise est employé pour désigner les hommes de lÉglise en
général (comme dans «la prêtrise se réunira dans la salle de Sainte-Cène»).
Le pouvoir de la prêtrise ne peut être exercé que sous la direction de celui qui
détient le droit ou les clefs pour en autoriser lutilisation. Le pouvoir de la
prêtrise fonctionne en accord avec les caractéristiques et les attributs de Dieu
lui-même, à savoir la persuasion, la longanimité, la gentillesse, lhumilité,
lamour vrai, la droiture, la vertu, la connaissance, la justice, le jugement, la
miséricorde et la vérité (D&A 121:41; Lectures on Faith 4). Il cesse dexister
chez un homme qui lemploie pour obtenir les honneurs du monde ou pour satisfaire
lorgueil ou couvrir les péchés ou le mal, ou exercer une domination injuste
(D&A 121:33-37).
La prêtrise englobe toutes les formes de la puissance de Dieu. Cest le pouvoir par
lequel le cosmos a été ordonné, que les univers et les mondes ont été organisés et
que les éléments dans toutes leurs structures et leurs rapports divers ont été mis en
place. Cest par la prêtrise que Dieu régit tout. Cest par ce pouvoir que
lÉvangile est prêché et compris et que les ordonnances de lexaltation pour
les vivants et les morts sont accomplies (voir Plan de salut, Plan de rédemption). La
prêtrise est le canal par lequel on obtient la révélation, le canal par lequel Dieu se
révèle, lui et sa gloire, ses intentions et ses desseins, à lhumanité: La
prêtrise détient «la clef des mystères du royaume, oui, la clef de la connaissance de
Dieu» (D&A 84:19-20; cf. EPJS, p. 133). Elle transmet la volonté de Dieu; et, quand
elle est utilisée par ses serviteurs à sa demande, elle agit comme si cétait par
sa propre bouche et sa propre main (D&A 1:38).
Ainsi, la doctrine mormone de la prêtrise diffère de toutes les autres conceptions. La
prêtrise nest pas une affaire de vocation ou de métier (voir Clergé). Elle
nest pas héréditaire, passant par héritage de père en fils (même la prêtrise
lévitique était conférée par ordination). Elle nest pas offerte pour de
largent (voir Intrigues de prêtres). Elle nest pas détenue par un groupe de
spécialistes qui sont séparés de la communauté (tous les saints des derniers jours
masculins sont éligibles pour être ordonnés à la prêtrise). Et pourtant elle
nest pas une «prêtrise de tous les croyants» comme dans la conception protestante
(ER 11:529).
HISTOIRE, ORDRES ET OFFICES DE LA PRÊTRISE. Toutes les fois que le gouvernement de Dieu a
existé sur la terre, il a fonctionné par lintermédiaire de ce pouvoir de la
prêtrise détenu par des hommes justes choisis de Dieu, comme Aaron (Hé. 5:4) et Josué
(No. 27:18-19). En période dapostasie et de méchanceté, Dieu na pas permis
à ses serviteurs de conférer la prêtrise à ceux qui étaient indignes et elle a
disparu de la terre. Quand cela a été nécessaire, la prêtrise a été rétablie avec
chaque nouvelle dispensation de lÉvangile.
Après lascension de Jésus-Christ et la mort de ses apôtres, lapostasie
sest produite dans lÉglise chrétienne et lautorité de la prêtrise a
été retirée de la terre. Cependant, après une préparation par Dieu, grâce à la vie
de réformateurs et de chercheurs sérieux et sincères, lhumanité a de nouveau
reçu lautorité de la prêtrise des mains des anges qui détenaient les clefs de ce
pouvoir. À partir du 15 mai 1829, des messagers célestes ont conféré lautorité
de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans une série de visitations (voir
Prêtrise dAaron: Rétablissement; Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la
Prêtrise de Melchisédek; Doctrine et Alliances: Sections 109-110). Ces rétablissements
concernent la Prêtrise dAaron (D&A 13), la Prêtrise de Melchisédek (D&A
27), les clefs du rassemblement dIsraël (D&A 110:11), les clefs de
laccomplissement de lalliance abrahamique (D&A 110:12), les clefs du
pouvoir de scellement (D&A 110:13-16) et les clefs de toutes les dispensations de
lÉvangile «de Michel ou Adam jusquà nos jours» (D&A 128:21). Ces clefs
de lautorité présidente ont été à leur tour conférées à chaque prophète et
président successif de lÉglise. Tous les pouvoirs et autorités de la prêtrise
fonctionnent aujourdhui sous la direction du président de lÉglise, qui
détient toutes les clefs et tous les pouvoirs de la prêtrise (voient Première
Présidence; Collège des douze apôtres; Succession dans la présidence).
«Il est question ici [dans lépître aux Hébreux] de trois grands ordres de
prêtrise» (EPJS, p. 260; HC 5:554-55): celle de Melchisédek, la patriarcale et celle
dAaron:
1. La Prêtrise de Melchisédek est «la prêtrise supérieure» qui incorpore toutes les
prêtrises (EPJS, p. 144). Elle «détient le droit de présidence et a pouvoir et
autorité sur tous les offices de l'Église à toutes les époques du monde, pour
administrer les choses spirituelles» (D&A 107:8). Cet ordre dordination est un
ordre immuable qui a été présent dans toutes les dispensations (cf. Mt. 10:1; 16:19;
Jn. 20:23; Ép. 4:11; Hé. 7:24; voir aussi Hébreux, épître aux). DAdam à
Moïse, tous les grands prophètes ont détenu la Prêtrise de Melchisédek; Joseph Smith
a enseigné que les prophètes après la mort de Moïse et avant le temps du Christ
détenaient cette même prêtrise et «furent ordonnés par Dieu lui-même» (EPJS, P.
144). Cette autorité est supérieure à la moindre prêtrise ou Prêtrise dAaron,
qui a fonctionné sous la loi de Moïse. Les Néphites détenaient la Prêtrise de
Melchisédek et observaient la Loi de Moïse sous cette autorité (cf. Al. 13:6-18).
2.Lordre patriarcal de la prêtrise est le droit des pères dignes détenteurs de la
prêtrise de présider sur leurs descendants à toutes les époques; il comprend les
ordonnances et les bénédictions de la plénitude de la prêtrise partagées par les
maris et les femmes qui sont scellés dans le temple (voir Scellement: Scellements du
temple).
3.La Prêtrise dAaron, y compris la Prêtrise lévitique, a été instituée sous la
loi de Moïse au moment où Israël a rejeté les pouvoirs, les bénédictions et les
responsabilités supérieurs de la Prêtrise de Melchisédek. Dieu leur a donné une
«moindre prêtrise» comportant des domaines spécifiques dautorité traitant des
sacrifices et des aspects temporels du salut (Ex. 20:19; TJS Ex. 34:1-2). Cette autorité
fut accordée pour toujours comme un droit à Aaron et à ses descendants linéaux. La
Prêtrise lévitique a trait à certaines fonctions dans la Prêtrise dAaron qui ont
été déléguées aux membres masculins dignes de la tribu de Lévi (voir Prêtrise dans
les temps bibliques).
Au sein des Prêtrises de Melchisédek et dAaron, les hommes peuvent être ordonnés
à divers offices. Ceux qui détiennent certains offices peuvent alors être appelés et
mis à part à des postes particuliers dans lÉglise. À partir de lâge de
douze ans, les jeunes gens, sils sont dignes et le désirent, peuvent se voir
conférer la Prêtrise dAaron et être ordonnés à loffice de diacre; ils
peuvent être ordonnés instructeurs à lâge de quatorze ans et prêtres à
lâge de seize ans. À dix-huit ans, on peut leur conférer la Prêtrise de
Melchisédek et les ordonner à loffice dancien. Plus tard, selon que le
requièrent les besoins et lappel, ils peuvent être ordonnés à dautres
offices dans la Prêtrise de Melchisédek. Loffice dévêque est une annexe de
la Prêtrise de Melchisédek (D&A 84:29), mais sa fonction est de présider la
Prêtrise dAaron (D&A 107:87-88). Loffice de patriarche est un office au
sein de la Prêtrise de Melchisédek.
Tous les saints des derniers jours masculins fidèles et dignes peuvent être ordonnés à
la prêtrise et être autorisés à agir et à participer à nimporte lequel des
offices, pouvoirs, bénédictions et autorités de la prêtrise (voir Ordination dans la
prêtrise; Doctrine et Alliances: Déclaration officielle 2). Lordination à
chaque office différent de la prêtrise se fait par lautorité et sous la direction
de lofficier président de la prêtrise dans la paroisse, branche, pieu ou mission
de lÉglise où la personne réside, par limposition des mains par
quelquun détenant loffice approprié de la prêtrise et autorisé à agir en
tant que tel.
Pour tous les détenteurs de la Prêtrise de Melchisédek ou dAaron,
lactivité, la formation, le service et les relations se situent dans des collèges
de la prêtrise, organisés selon loffice dans la prêtrise avec des officiers
présidents appropriés (voir D&A 20; 107).
LA PRÊTRISE ET LA FAMILLE. Cest dans la famille que la prêtrise accomplit ses plus
hautes fonctions. Dans la famille, le mari et père préside en justice et utilise sa
prêtrise pour faire du bien aux membres de sa famille, enseignant par le précepte et par
lexemple, donnant des conseils et prenant des décisions justes, exprimant
ouvertement de lamour et de la sollicitude et donnant des bénédictions de
prêtrise par limposition des mains quand cela sindique pour diriger, guérir
et réconforter sa famille. En tant que détenteur président de la prêtrise chez lui, il
est responsable devant le Seigneur: Mari et femme sont tous deux responsables devant Dieu
de leurs devoirs respectifs concernant le bien-être spirituel et temporel de leur
famille.
Lexaltation et la vie éternelle dans le degré le plus élevé du royaume céleste
ne se réalisent que lorsque la plénitude de la prêtrise est atteinte par
lédification et la réalisation dun mariage éternel (voir Mariage: Mariage
éternel). Le développement intellectuel et spirituel le plus élevé de lhomme et
de la femme est de devenir comme Dieu. Homme et femme sont à limage de Dieu (Ge.
1:27); lhomme ou la femme seuls ne peuvent pas parvenir à létat divin.
Chacun dans la vie prémortelle a été engendré en tant quenfant desprit de
parents célestes avant de naître dans la condition mortelle de parents terrestres, et la
vie sur terre fait partie de la progression des hommes et des femmes pour devenir comme
leurs parents célestes. Ce nest que par les ordonnances de scellement de la sainte
prêtrise, accomplies dans les temples du Seigneur et par une vie juste et fidèle
quhomme et femme peuvent sunir en un mariage éternel dans lequel ils peuvent
atteindre ensemble la plénitude de la prêtrise et de lexaltation.
On ne parvient à la plénitude de la prêtrise, qui est lordre le plus élevé de
la prêtrise, que par lunion éternelle de lhomme et de la femme, sanctifiée
par lordonnance du scellement dans un temple du Seigneur et ratifiée par le
Saint-Esprit de promesse (D&A 132:18-19). Ceux qui sont ainsi unis, qui honorent leurs
alliances lun avec lautre et avec le Seigneur, hériteront dans la
Résurrection lexaltation et la vie éternelle, consistant en une union et une
famille éternelles, y compris laccroissement éternel, les enfants desprit et
la création et la possession de mondes et dunivers.
Ainsi, toutes les bénédictions, tous les avantages et tous les héritages de la
prêtrise sont partagés et atteints de manière égale par le mari et la femme sils
sacquittent de leurs responsabilités respectives dans la foi, lamour,
lentente et la coopération dans le Seigneur. Lapôtre Paul a dit: «Dans le
Seigneur, la femme nest point sans lhomme, ni lhomme sans la femme» (1
Co. 11:11).
Dans les temples du Seigneur, les ordonnances sacrées de la prêtrise (par exemple, les
ablutions, lonction, lhabillage) sont données aux hommes par des hommes et
aux femmes par des femmes qui ont reçu la dotation de la prêtrise dans le temple (EPJS,
p. 273) et ont reçu cette responsabilité spécifique de la prêtrise. Les femmes peuvent
agir ainsi avec le pouvoir de la prêtrise une fois appelées, mises à part et
autorisées par ceux qui détiennent les clefs; cependant, les officiantes ne sont pas
ordonnées à la prêtrise ou à un office dans la prêtrise pour accomplir ce travail.
LA PUISSANCE DE DIEU POUR LEXALTATION. Joseph Smith a dit: «Je conseille à tous de
tendre à ce qui est parfait
Un homme ne peut rien faire rien par lui-même si Dieu
ne le dirige pas de la bonne façon, et la prêtrise est là dans ce but» (EPJS, p. 295).
On accède à la perfection par lobéissance aux principes et aux ordonnances de
lÉvangile. Sans lautorité de la prêtrise, aucune ordonnance, peu importe
comment, quand, où ou par qui elle est accomplie, nest valide, ratifiée par le
Saint-Esprit ou enregistrée dans le ciel (D&A 132:7). Le pouvoir de scellement, le
pouvoir de lier sur terre et dans le ciel (Mt. 16:19; 18:18; D&A 132:46), appartient
seulement à la prêtrise de Dieu; et le baptême approprié, le don du Saint-Esprit, la
sainte Dotation, le mariage éternel et les scellements familiaux ne sont rendus possibles
que par les serviteurs autorisés du Seigneur. Par ces pouvoirs et autorités de la sainte
prêtrise, luvre du salut va de lavant telle quelle a été
projetée dans les grands conseils des cieux avant que le monde soit.
Sous la direction et lautorité de la prêtrise dans cette dernière dispensation,
la Dispensation de la Plénitude des Temps, luvre de la prêtrise comprend la
proclamation de lÉvangile, le perfectionnement des saints et laccomplissement
des ordonnances pour la rédemption des morts. Les détenteurs de la prêtrise sont
chargés denseigner lÉvangile à toutes les nations et à tous les peuples,
de proclamer la connaissance du salut. Laccomplissement de cette uvre
missionnaire est une responsabilité de tous les membres de lÉglise et une
obligation particulière pour les détenteurs de la prêtrise. Ils sont également
chargés de veiller sur les saints de partout, duvrer pour augmenter la foi,
la compréhension et le témoignage et daméliorer le bien-être spirituel et le
confort physique de tous ceux qui les reçoivent. Les détenteurs de la prêtrise sont en
outre chargés de «racheter les morts» par le pouvoir de scellement de la
prêtrise(D&A 128:14-18). On enseigne aux saints des derniers jours à rechercher les
noms et les registres de leurs ancêtres décédés, à se livrer activement à la
recherche généalogique, à tourner leur cur vers leurs ancêtres, afin que chaque
personne soit scellée par les ordonnances sacrées du temple dans une famille éternelle
et finalement dans la famille dAdam, qui devient la famille de Jésus-Christ
(D&A 39:4-6; 42:52).
Essentiellement et éternellement, luvre de la prêtrise est celle du Christ
déléguée à ses serviteurs justes. «Voici mon uvre et ma gloire, dit le Seigneur
à Moïse, «réaliser limmortalité et la vie éternelle de lhomme» (Moï.
1:39). Luvre de la prêtrise est daider à amener des âmes au Christ et
de ce fait à lexaltation dans le royaume du Père.
Le grand but de tous les saints des derniers jours fidèles est de parvenir à la
plénitude de la prêtrise du Fils de Dieu, parce que cest la puissance de Dieu pour
le salut et les vies éternelles. Cest le pouvoir par lequel le corps mortel
ressuscitera immortel, pour être possédé pour toujours par lesprit qui y a
demeuré, glorifié par Dieu selon les uvres accomplies pendant la condition
mortelle. Cest le pouvoir par lequel on peut parvenir à la joie éternelle, mais
toujours et seulement par lobéissance aux lois et aux principes de la justice dont
le Sauveur a donné lexemple et quil a enseignés.
Bibliographie
Kimball, Spencer W. et autres Priesthood. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R. The Doctrine of the Priesthood. Ensign 12, mai 1982, p.
32-34.
Romney, Marion, G. Priesthood. Ensign 12, mai 1982, p. 42.
Smith, Joseph F. GD, Salt Lake City, 1919.
Taylor, John. The Gospel Kingdom; Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Young, Brigham. Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, pp. 130-151.
Salt Lake City, 1954.
RICHARFD G. ELLSWORTH et MELVIN J. LUTHY
Prêtrise dAaron
Prêtrise dAaron:
Pouvoirs et offices
Auteur: BALLANTYNE, VERDON W.
Les deux divisions de la prêtrise dans lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours sont celles dAaron et de Melchisédek.
Les jeunes gens de douze à dix-huit ans et les hommes plus âgés qui sont de nouveaux
convertis sont ordonnés à des offices dans la Prêtrise dAaron, «qui détient les
clefs [autorité gouvernante ou mandante] du ministère danges, de lÉvangile
de repentir et du baptême par immersion pour la rémission des péchés» (D&A 13).
Cest lautorité dans la prêtrise par laquelle Jean-Baptiste a préparé la
voie à Jésus-Christ, en enseignant la foi, le repentir et le baptême pour la rémission
des péchés (Mt. 3:1-17; Mc. 1:1-11; Lu. 1:5-80; Jn. 1:15-34; Ac. 8:14-17; D&A
84:25-28). La Prêtrise dAaron na pas le pouvoir de conférer le Saint-Esprit
(Mt. 3:11; Mc. 1:7-8; Jn. 1:33-34; JSH 1:70) ou dadministrer totalement les
affaires du royaume de Dieu. Cest le pouvoir et lautorité que Dieu a donnés
à lhomme pour le préparer, lui et ceux quil sert, à recevoir le pouvoir,
lautorité et les bénédictions supérieurs de la Prêtrise de Melchisédek.
Les saints des derniers jours ont des origines de la Prêtrise dAaron une perception
particulière qui provient des révélations modernes montrant que quand Moïse a fait
sortir Israël dÉgypte, le Seigneur avait lintention de conférer aux hommes
dignes de toutes les tribus la Prêtrise de Melchisédek ou prêtrise supérieure.
Malheureusement la désobéissance et la perte de leur foi et de leur dignité firent que
les Israélites sendurcirent le cur contre le Seigneur et contre Moïse.
«C'est pourquoi, il prit Moïse de leur milieu, ainsi que la Sainte Prêtrise; et la
moindre prêtrise continua, laquelle prêtrise détient la clef du ministère d'anges et
de l'Évangile préparatoire; lequel Évangile est l'Évangile de repentir et de baptême,
la rémission des péchés et la loi des commandements charnels, que le Seigneur, dans sa
colère, fit continuer dans la maison d'Aaron, parmi les enfants d'Israël, jusqu'à
Jean[-Baptiste], que Dieu suscita» [D&A 84:25-27].
Ne voulant pas respecter la loi supérieure de la plénitude de lÉvangile avec sa
plus grande prêtrise, les Israélites reçurent la loi des commandements charnels, comme
partie de la loi de Moïse, avec son accent sur loffrande de sacrifices rédempteurs
symboliques pour les préparer à recevoir le divin Rédempteur et ils reçurent la
moindre prêtrise pour administrer cette loi. Le Seigneur appela Aaron et ses fils à
être prêtres et à présider cette moindre prêtrise (No. 8). Seuls les descendants
directs dAaron pouvaient être ordonnés prêtres. Le premier-né dentre les
fils dAaron devait présider les autres prêtres. Pour aider Aaron et sa
postérité, en particulier avec le tabernacle et la préparation et loffrande de
sacrifices, le Seigneur appela aussi les autres membres masculins de la tribu de Lévi
(pas de la famille dAaron) pour recevoir et effectuer des tâches dans la moindre
prêtrise (No. 3:5-13). Les Lévites détenaient les fonctions inférieures de la
Prêtrise dAaron et agissaient en vertu des clefs ou autorité directrice de cette
prêtrise conférées à Aaron et à ses fils (Widtsoe, pp. 12-17). Pour cette raison, la
moindre prêtrise fut appelée la Prêtrise dAaron, daprès Aaron, mais une
partie de cette prêtrise portait également le nom de prêtrise lévitique parce que tous
ceux à qui elle était donnée appartenaient à la tribu de Lévi. Ce type
dorganisation et de service de prêtrise continua en Israël jusquà la venue
de Jésus-Christ.
Jean-Baptiste, descendant dAaron par ses deux parents et donc lévite, était fils
de Zacharie, un prêtre juste en Israël à lépoque de la naissance du Christ. Ce
fut ce Jean que Dieu choisit pour préparer la voie au ministère du Christ sur terre.
Dès la naissance de Jean, sa mission était fixée et ses fonctions dans la prêtrise
attendues (D&A 84:28; Lu. 1:5-17).
Après avoir été baptisé par Jean, Jésus appela ses apôtres (certains dentre
eux de parmi les disciples de Jean) et les ordonna (Jn. 15:16); plus tard, il conféra à
Pierre, Jacques et Jean les clefs du royaume de Dieu et une prêtrise supérieure (voir
Montagne de la Transfiguration). Après sa mort, sa résurrection et son ascension, le
Christ continua à diriger son Église en donnant des commandements aux apôtres par le
pouvoir du Saint-Esprit (Ac. 1:2) et par lautorité de la Prêtrise de Melchisédek,
la prêtrise supérieure quil leur avait conférée. Après la mort des apôtres, il
sensuivit une apostasie générale, pendant laquelle beaucoup de principes de
lÉvangile furent perdus et tous les pouvoirs de la prêtrise retirés de la terre
(2 Th. 2:1-4; 2 Ti. 3:1-5).
Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste apparut à Joseph Smith et à Oliver Cowdery en tant que
messager ressuscité de Dieu et leur conféra lantique «Prêtrise dAaron»
(D&A 13). Tandis que lorganisation de lÉglise évoluait au cours des mois
et des années qui suivirent, beaucoup de membres masculins reçurent la Prêtrise
dAaron et furent organisés en collèges de prêtres, dinstructeurs et de
diacres. Dans le Rétablissement, la Prêtrise dAaron na pas été limitée à
ceux qui sont descendants littéraux dAaron ou de Lévi, puisque ces lignées ne
sont pas actuellement identifiées et que lautorité dans la prêtrise qui a mis en
application les ordonnances de la loi de Moïse a été remplacée par la prêtrise
supérieure et les lois et les ordonnances de lÉvangile de Jésus-Christ. À partir
de la réorganisation de la prêtrise en 1877, lÉglise a introduit la pratique
actuelle de conférer la Prêtrise dAaron aux garçons au début de leur
adolescence, les organisant au niveau de la paroisse en collèges de prêtrise par groupe
dâge et doffice dans la prêtrise, et les avançant périodiquement à de
plus hauts offices et par la suite à la prêtrise supérieure. Lévêque de chaque
paroisse préside la Prêtrise dAaron de la paroisse.
Le président de la Prêtrise dAaron, «doit être évêque; car cest
lun des devoirs de cette prêtrise» (D&A 107:88), mais les évêques sont aussi
ordonnés grands prêtres de la Prêtrise de Melchisédek parce quils président et
ne sont pas descendants littéraux dAaron. Les trois autres offices de la Prêtrise
dAaron sont diacre, instructeur et prêtre. Sous la direction de lévêque,
quelquun qui a lautorité compétente confère la Prêtrise dAaron à un
jeune homme digne quand il a douze ans, lordonnant à loffice de diacre.
Sil reste fidèle et digne, il est ordonné à loffice dinstructeur
quand il a quatorze ans et reçoit des responsabilités supplémentaires. Sil reste
fidèle et digne, il est ordonné à loffice de prêtre dans la Prêtrise
dAaron quand il a seize ans, recevant encore des responsabilités accrues. Pendant
quils progressent dans la prêtrise, les jeunes hommes conservent tous les droits et
devoirs des offices inférieurs.
Le Seigneur a commandé à lÉglise dorganiser les détenteurs de la prêtrise
en collèges (D&A 107:85-88), ceci pour quil y ait de lordre, pour
faciliter un enseignement efficace des principes de lÉvangile et des devoirs de la
prêtrise et pour les préparer pour un plus grand service et une plus grande capacité de
diriger dans lÉglise. Dans la Prêtrise dAaron, un président et deux
conseillers, choisis parmi les membres du collège, président chaque collège de diacres
et dinstructeurs. Cette présidence est mise à part (reçoit les pouvoirs de
présidence) pour présider, siéger en conseil et enseigner leur devoir aux membres du
collège. Lévêque est président du collège des prêtres. Il choisit un ou
plusieurs garçons comme dirigeants sous sa présidence et les forme pour diriger les
autres membres du collège. Bien quil détienne toutes les clefs de la Prêtrise
dAaron pour la paroisse, lévêque appelle habituellement un consultant adulte
pour aider à former les jeunes dirigeants et à instruire les membres du collège.
Toutefois, le consultant na aucune autorité de présidence.
Ainsi la Prêtrise dAaron conserve son rôle de prêtrise préparatoire, formant les
jeunes gens aux principes de lÉvangile et aux pouvoirs de la prêtrise pendant
quils mûrissent dans un service lié à lÉvangile préparatoire: la foi au
Seigneur Jésus-Christ, le repentir, le baptême pour la rémission des péchés et
lamour de Dieu et de leur prochain. Cest quand les jeunes gens préparent,
bénissent et distribuent la Sainte-Cène chaque jour de sabbat lors des réunions de
Sainte-Cène de lÉglise et quils aident lévêque en servant les
membres de la paroisse que ces responsabilités sont le plus en évidence.
Aujourdhui, la Prêtrise dAaron donne aux jeunes gens de lexpérience et
les prépare à recevoir la Prêtrise de Melchisédek quand ils auront dix-huit ans, avec
les droits et les responsabilités plus grands de son serment et de son alliance (D&A
84:33-40). La Prêtrise de Melchisédek augmente leur capacité de servir,
daccomplir les ordonnances salvatrices de lÉvangile et de diriger dans
lÉglise quand ils sont appelés à le faire.
Un programme dactivité important pour les garçons de la Prêtrise dAaron
dans beaucoup de régions du monde est le scoutisme. Pour coordonner efficacement les
activités de la prêtrise et du scoutisme, lévêque organise le programme des
jeunes gens dans la paroisse. Un adulte est appelé à remplir les fonctions de président
des Jeunes Gens sous la direction de lévêque. Là où le scoutisme est organisé,
ses deux conseillers et lui sont généralement aussi les dirigeants scouts. Dans les
paroisses qui comptent beaucoup de garçons, dautres adultes peuvent être appelés
à aider au programme scout.
Lévêque organise également les filles de la paroisse en un programme des Jeunes
Filles, avec des consultantes adultes, et en groupes dâge correspondant aux âges
des garçons des collèges de la Prêtrise dAaron. Des activités communes sont
projetées et ont lieu régulièrement avec les jeunes gens de la Prêtrise dAaron.
[On trouvera une histoire plus détaillée de la Prêtrise dAaron dans Evêque,
Histoire de loffice.]
Bibliographie
Hartley, William. "The Priesthood Reorganization of 1877: Brigham Young's Last
Achievement." BYU Studies 20 (Fall 1979):3-36.
McConkie, Oscar W. Aaronic Priesthood. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. révisée. Salt Lake City, 1954.
VERDON W. BALLANTYNE
Prêtrise dAaron:
Rétablissement
Auteur: PORTER, LARRY C.
Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste apparut à Joseph Smith et à
Oliver Cowdery près dHarmony, en Pennsylvanie, et leur conféra la Prêtrise
dAaron (voir Prêtrise dAaron: Pouvoirs et offices). Cette ordination donnait
aux deux hommes lautorité de baptiser (voir Baptême), et ils accomplirent
immédiatement cette ordonnance lun pour lautre dans le fleuve Susquehannah.
Le prophète Joseph Smith navait reçu aucune révélation précédente
lautorisant à baptiser; pour accomplir lordonnance correctement, il fallait
lautorisation expresse de Dieu. Le retour de Jean pour conférer la Prêtrise
dAaron confirmait que lautorité divine avait disparu de la terre et
quune visitation céleste était nécessaire pour la rétablir.
Joseph Smith et Oliver Cowdery étaient occupés à traduire le Livre de Mormon (voir
Livre de Mormon: Traduction par Joseph Smith) à la ferme du prophète près du fleuve
Susquehannah à Harmony quand la question du baptême se posa. Un passage de 3 Néphi 11
(voir Livre de Mormon: Trois Néphi), dans lequel le Sauveur ressuscité donnait des
instructions aux Néphites sur le sujet, amena les deux hommes à sinterroger sur
leur propre baptême. Ils décidèrent de prier à ce sujet et se rendirent dans les bois
où, comme Oliver devait le raconter plus tard, «Tout à coup, comme si elle venait du
sein de l'éternité, la voix du Rédempteur apaisa notre esprit. Le voile fut soulevé,
et l'ange de Dieu descendit, revêtu de gloire, et remit le message tant attendu et les
clefs de l'Évangile de repentir» (JSH 1:71 n). Joseph dit que lange posa les
mains sur eux et les ordonna en disant: «À vous, mes compagnons de service, au nom du
Messie, je confère la Prêtrise d'Aaron, qui détient les clefs du ministère d'anges, de
l'Évangile de repentir et du baptême par immersion pour la rémission des péchés; et
cela ne sera plus jamais enlevé de la terre, jusqu'à ce que les fils de Lévi fassent de
nouveau une offrande au Seigneur selon la justice» (JSH 1:69; D&A 13).
Lange les informa que la Prêtrise dAaron navait pas le pouvoir
dimposer les mains pour le don du Saint-Esprit, mais que cette autorité leur serait
donnée plus tard. Il dit à Joseph de baptiser Oliver et à Oliver de baptiser Joseph, et
à chacun dordonner lautre à la Prêtrise dAaron. Le messager «dit
qu'il se nommait Jean, celui-là même qui est appelé Jean-Baptiste dans le Nouveau
Testament, qu'il agissait sous la direction de Pierre, Jacques et Jean, lesquels
détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek» qui serait conférée plus tard
(JSH 1:72; voir Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de
Melchisédek).
Du temps de Jésus, Jean-Baptiste prêchait le repentir aux Juifs et baptisait dans le
Jourdain. Il baptisa Jésus (Mt. 3:13-17; cf. 2 Né. 31:4-13). Jean était descendant
direct dAaron, à la fois par son père Zacharie, qui était prêtre, et par sa
mère Élisabeth, lune des «filles dAaron» (Lu. 1:5). Une révélation
postérieure à Joseph Smith lui apprit quun ange avait conféré à Jean
lautorité daccomplir sa mission terrestre quand il était âgé de huit jours
(D&A 84:28).
Par ordination et appel, Jean-Baptiste détenait les clefs de la Prêtrise dAaron.
Celles-ci comprennent les clefs du «ministère danges», ce qui veut dire que les
détenteurs de la Prêtrise dAaron sont éligibles pour que les anges les servent.
Cette prêtrise détient également les clefs de lÉvangile préparatoire, qui
embrasse «l'Évangile de repentir et de baptême, la rémission des péchés et la loi
des commandements charnels» (D&A 84:27).
Comme dautres devaient également jouir des bénédictions liées au baptême pour
la rémission des péchés pratiqué sous lautorité de la prêtrise, une
révélation fut donnée en 1829 concernant les paroles et la façon de faire quil
fallait respecter pour pratiquer lordonnance pour ceux qui se repentent et demandent
le baptême. «Voici, vous descendrez et vous vous tiendrez dans leau et vous les
baptiserez en mon nom. Et maintenant voici, tels seront les mots que vous emploierez en
les appelant par leur nom: Ayant reçu lautorité du Jésus-Christ, je te baptise au
nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen. Et alors, vous les immergerez dans
leau» [Cowdery, ms. 1829].
Dans lÉglise daujourdhui, seuls ceux qui ont loffice de prêtre
dans la Prêtrise dAaron ou la Prêtrise de Melchisédek peuvent baptiser.
Des monuments commémorant le rétablissement de la Prêtrise dAaron ont été
érigés à Temple Square, à Salt Lake City (1958) et à Harmony, en Pennsylvanie (1960).
Bibliographie
Cowdery, Oliver. "Written in the year of our Lord & Savior 1829-A True copy of
the articles of the Church of Christ." Ms. De la main dOliver Cowdery, Archives
de lÉglise.
McConkie, Oscar W. Aaronic Priesthood. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Lee A. The Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Porter, Larry C. "The Priesthood Restored." Dans Studies in Scripture, dir. de
publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 2, pp. 389-409. Salt Lake City, 1985.
LARRY C. PORTER
Prêtrise de
Melchisédek
Cette rubrique se compose de deux articles: Prêtrise de Melchisédek: Pouvoirs et offices
dans la Prêtrise de Melchisédek est un traitement général de la Prêtrise de
Melchisédek, et Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de
Melchisédek est un traitement historique du rétablissement de cette prêtrise dans cette
dispensation.
Prêtrise
de Melchisédek: Pouvoirs et offices dans la Prêtrise de Melchisédek
Auteur: BALLIF, JAE R.
La Prêtrise de Melchisédek est lautorité, la
responsabilité et le pouvoir dagir au nom de Jésus-Christ et dorganiser et
de diriger une partie de son uvre. Grâce aux occasions fournies par cette
prêtrise, les hommes et les femmes, en partenariat avec Dieu, peuvent gérer
luvre de la famille et de lÉglise. «Cest le devoir de ce vaste
groupe dhommes détenant la sainte prêtrise
dexercer son influence et
son pouvoir de faire le bien parmi le peuple dIsraël et le peuple du monde
de
prêcher et daccomplir la justice, tant au pays quà létranger»
(Smith, p. 157).
Pour employer les termes du prophète Joseph Smith: «Toute prêtrise est de Melchisédek,
mais il en existe différentes fractions ou degrés» (EPJS, p. 144). Toutefois le terme
Prêtrise de Melchisédek est utilisé le plus souvent dans lÉglise pour décrire
la prêtrise supérieure et ses offices. «Il y a, dans lÉglise, deux prêtrises,
celle de Melchisédek et celle dAaron
. La Prêtrise de Melchisédek détient
le droit de présidence et a pouvoir et autorité sur tous les offices de lÉglise
à toutes les époques du monde, pour administrer les choses spirituelles» (D&A
107:1, 8). La Prêtrise de Melchisédek détient les clefs du royaume, et «le pouvoir de
la divinité se manifeste dans ses ordonnances» (D&A 84:20).
ORDINATION À LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. Tout homme fidèle et digne dans
lÉglise peut recevoir la Prêtrise de Melchisédek. Comme dans le cas de la
Prêtrise dAaron, la Prêtrise de Melchisédek est conférée à ceux qui se sont
qualifiés et ont été appelés par ceux qui ont lautorité.
Les normes spécifiques de dignité auxquelles il faut satisfaire pour recevoir la
Prêtrise de Melchisédek sont lintégrité personnelle, la chasteté,
lobéissance aux lois divines en matière de santé et la fidélité dans le
paiement de la dîme à lÉglise. Outre ces points précis, il est attendu des
hommes quils progressent dans lacquisition de qualités morales. Comme tous
les disciples du Christ, ils doivent être fidèles, diligents et ouverts à tout
changement, à toute connaissance et à tout amour justes: «Nous ne pouvons progresser
quen vertu des principes de la vérité éternelle. Cest dans la mesure où
nous construisons sur le fondement de ces principes qui ont été révélés des cieux
dans les derniers jours et sommes déterminés à réaliser les buts du Seigneur, que nous
progressons, et le Seigneur nous nen exaltera et magnifiera que davantage» (Smith,
p. 141).
Le prophète et président de lÉglise détient et exerce toute lautorité et
toutes les clefs de la Prêtrise de Melchisédek. Il délègue aux présidents de pieu et
aux évêques et à dautres lautorité pour en ordonner dautres aux
offices de la prêtrise. Le don de la Prêtrise de Melchisédek par limposition des
mains doit également être approuvé par le consentement commun des détenteurs de la
prêtrise ou de lensemble des membres du pieu ou du district du candidat.
Une fois que la Prêtrise de Melchisédek leur a été conférée, tous les détenteurs de
la prêtrise sont ordonnés à un office dans la prêtrise, habituellement celui
dancien. Ils peuvent plus tard être ordonnés aux offices de grand prêtre ou de
patriarche selon que leur appel dans lÉglise le réclame. Ceux qui sont appelés
pour être des Autorités générales pour toute lÉglise sont ordonnés
soixante-dix ou apôtres. Lordination à un office dans la prêtrise donne des
responsabilités spécifiques dans lÉglise.
Finalement, un homme peut être mis à part pour accomplir une tâche, comme être
président dun collège danciens, président de pieu ou membre du Collège des
douze apôtres. Si cela sindique, il recevra les clefs de lautorité
nécessaires pour effectuer cette tâche. Ce procédé permet que chaque acte accompli en
vertu de lautorité de la prêtrise se fasse le moment venu, à lendroit voulu
et de la manière appropriée. Lautorité pour diriger ces activités spécifiques
constitue les clefs de la prêtrise.
Une personne accepte son ordination à la Prêtrise de Melchisédek en faisant alliance
avec Dieu dans son esprit et dans son cur (EPJS, p. 261; voir aussi Serment et
alliance de la prêtrise). EIle fait alliance dhonorer, daccomplir dignement
et dapprendre les devoirs de sa prêtrise, de garder les commandements de Dieu, de
vivre selon les recommandations de Dieu et de marcher en droiture et vertueusement dans
laccomplissement de ses responsabilités. Dieu promet que si lhomme garde ses
engagements, il recevra la vie éternelle et sera exalté dans un état divin, héritant
de tout ce que le Père a, et participera avec Dieu et le Sauveur à leur uvre
constante (D&A 84:39).
FONCTIONNEMENT DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. Tous ceux qui détiennent la prêtrise
peuvent lutiliser pour en faire bénéficier dautres, indépendamment de leur
tâche dans lÉglise ou de leur office dans la prêtrise. Par exemple, en
travaillant avec leur famille, les hommes sont autorisés à sacquitter de leurs
responsabilités patriarcales (voir Paternité), notamment en bénissant les membres de la
famille. En outre, ils sont autorisés à guérir les malades, à rechercher la
connaissance personnelle et à donner une aide et un réconfort généraux à ceux avec
qui ils entrent en contact.
Pour superviser et accomplir les ordonnances de la prêtrise dans lÉglise, il est
nécessaire davoir la Prêtrise de Melchisédek et les clefs appropriées. Par
exemple, pour confirmer les membres baptisés et leur conférer le don du Saint-Esprit, il
est nécessaire davoir le pouvoir de la Prêtrise de Melchisédek et dêtre
autorisé à lutiliser. De cette façon, il y a de lordre et luvre
accomplie sur terre est acceptable pour le Sauveur dans la condition mortelle et dans
lau-delà (voir Scellement).
En plus de fournir lautorité pour représenter le Christ sur terre, la Prêtrise de
Melchisédek fournit un canal pour la révélation par lequel des instructions et de la
doctrine venant du Christ peuvent être communiquées. Toute personne a accès à Dieu et
a le droit de recevoir la révélation personnelle concernant sa vie et ses appels, mais
quand il est nécessaire davoir la révélation sur des principes ou la mise en
uvre de principes pour lÉglise ou lune de ses unités de prêtrise,
Dieu ne donne cette révélation que par les dirigeants de la prêtrise compétents. Le
prophète et président de lÉglise reçoit la révélation pour lÉglise
entière. Lévêque reçoit la révélation nécessaire pour gérer la paroisse.
Cette manière de faire connaître la vérité souligne le droit et la responsabilité de
chacun de rechercher et dobtenir la révélation et préserve en même temps
lordre et la bonne entente en agissant via la structure de la prêtrise que le
Christ a mise en place.
«Les droits de la prêtrise sont inséparablement liés aux pouvoirs du ciel;
[ces
pouvoirs] ne peuvent être maîtrisés ou utilisés que selon les principes de la
justice» (D&A 121:36). On ne peut officier pour Dieu quen accomplissant
luvre avec sagesse et amour, dune manière conforme à la façon de
procéder de Dieu. Les tâches doivent être accomplies avec patience, gentillesse,
humilité, bonté, amour sincère, connaissance pure et charité envers tous. De cette
façon, Dieu promet que «la doctrine de la prêtrise se distillera sur ton âme comme la
rosée des cieux» (D&A 121:41-45).
On peut perdre la prêtrise suite à une mesure disciplinaire pour péché grave. Quand un
homme est excommunié, il perd sa prêtrise. La disqualification ou la mise à
lépreuve peuvent empêcher un homme dutiliser sa prêtrise jusquà ce
que le processus du repentir soit complet. En outre, «lorsque nous entreprenons de
couvrir nos péchés ou d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec
quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une domination ou une contrainte sur
l'âme des enfants des hommes, voici, les cieux se retirent; l'Esprit du Seigneur est
attristé, et lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la prêtrise ou de l'autorité de cet
homme» (D&A 121:37).
HISTOIRE ANCIENNE DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. La Prêtrise de Melchisédek est une
prêtrise éternelle. Avant la condition mortelle, Dieu a délégué lautorité et
la responsabilité à des personnes dignes. Cette sainte prêtrise est le moyen par lequel
cette mesure a été prise. Après cette vie, ceux qui ont été vaillants et ont honoré
leur prêtrise continueront à la détenir et à avoir la responsabilité de
lutiliser au service des autres.
Adam, le premier des enfants desprit de Dieu à vivre sur terre, a reçu la sainte
prêtrise avec tout son pouvoir, autorité et clefs. «Tout fut confirmé pour Adam par
une sainte ordonnance» (Moï. 5:59). Cette autorité a été déléguée à dautres
en une chaîne ininterrompue dun prophète à lautre. «Tous les prophètes
avaient la Prêtrise de Melchisédek» (EPJS, p. 144).
Abraham rechercha les bénédictions de ses pères et le droit dêtre ordonné à la
prêtrise. Puisquil sétait qualifié pour la prêtrise, même si ce
nétait pas le cas de son père, Abraham obtint la prêtrise des mains de
Melchisédek, roi de Salem et prêtre de Dieu (Abr. 1:2-5). Melchisédek rencontra Abraham
et le bénit, et Abraham lui donna la dîme de tout ce quil avait (Hé. 7:1-3).
Melchisédek exerça une grande foi et utilisa sa prêtrise pour amener au repentir un
peuple qui pratiquait liniquité. Personne ne fut plus grand que lui (Alma
13:17-19). À lorigine, la prêtrise sappelait «la sainte prêtrise selon
lordre du Fils de Dieu» (D&A 107:3). Pour éviter lutilisation trop
fréquente du nom de Dieu, lÉglise, dans les temps anciens, appela la prêtrise du
nom de ce dirigeant de prêtrise remarquable quétait Melchisédek (D&A
107:2-4).
Moïse reçut la Prêtrise de Melchisédek de son beau-père, Jéthro (D&A 84:6) et la
détint jusquà ce quil fût enlevé, lorsque les clefs de la prêtrise
supérieure furent retirées avec lui, et ce qui resta au peuple, ce fut une annexe de la
Prêtrise de Melchisédek appelée la Prêtrise dAaron, une prêtrise ayant une
autorité limitée. Après le temps de Moïse, différents prophètes reçurent de Dieu la
sainte prêtrise à diverses époques, mais le commun de la population ny avait pas
accès.
Le Livre de Mormon signale que les prophètes néphites détenaient la prêtrise appelée
selon lordre du Fils de Dieu, la Prêtrise de Melchisédek (Alma 13:10). Ceux qui
avaient lautorité dirigeaient luvre de Dieu parmi le peuple (Alma
29:13).
Les apôtres reçurent de Jésus-Christ la Prêtrise de Melchisédek tandis quil
exerçait son ministère sur terre. Il leur donna lautorité et la responsabilité
de diriger son Église. Après son départ, les apôtres continuèrent à officier pour
lui et conférèrent la Prêtrise de Melchisédek à dautres quand cela
sindiquait (Ép. 4:11-13; Ac. 1:22-26; voir aussi Organisation de lÉglise à
lépoque du Nouveau Testament). Avec le temps, les principes, lautorité dans
la prêtrise et les clefs furent perdus à cause de lapostasie.
HISTOIRE MODERNE DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. La Prêtrise de Melchisédek fut donnée
à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (voir ci-dessous). Comme cela leur avait été
commandé, ils sordonnèrent mutuellement premier et deuxième anciens de
lÉglise le 6 avril 1830 (voir Ancien, Prêtrise de Melchisédek). À leur tour, ils
conférèrent la prêtrise à dautres, les ordonnèrent et les mirent à part aux
offices et aux appels dans la prêtrise (voir Organisation de lÉglise, 1830). Le
premier évêque fut ordonné en 1831 pour prendre soin des pauvres et des nécessiteux et
pour gérer les affaires temporelles de lÉglise. Le 3 juin 1831, Joseph Smith fit
ordonner plus de vingt hommes «à la haute prêtrise» en tant que président de cette
haute prêtrise. Des conseils de grands prêtres régirent lÉglise jusquen
1834.
En 1835, la structure dÉglise fut adaptée pour tenir compte des révélations
supplémentaires et de laccroissement du nombre; des collèges de prêtrise
composés dhommes ordonnés à des offices particuliers entrèrent en activité
(voir Doctrine et Alliances: Section 107). Trois grands prêtres présidents furent
installés comme Collège de la Première Présidence. Le Collège des douze apôtres
était un grand conseil voyageur dirigé par la Première Présidence. Les soixante-dix
devaient voyager internationalement pour prêcher. Des grands conseils de pieu furent
créés pour gouverner au sein de leurs pieux et des évêques soccupaient des
affaires temporelles de lÉglise.
Il fallait que des clefs supplémentaires de la Prêtrise de Melchisédek soient
rétablies pour accomplir les ordonnances supérieures du temple. Des messagers de Dieu
apportèrent ces clefs et ces instructions le 3 avril 1836 (Doctrine et Alliances:
Sections 109-110).
Le 12 juillet 1843, Joseph Smith écrivit la révélation au sujet des relations
éternelles du mariage, où le Christ disait: «Je vais te donner la loi de ma Sainte
Prêtrise telle qu'elle fut ordonnée par moi et par mon Père avant que le monde fût»
(D&A 132:28). Il conféra à Joseph «les clefs et le pouvoir de la prêtrise»
(D&A 132:45; voir aussi Ordre patriarcal de la prêtrise).
La Première Présidence préside la Prêtrise de Melchisédek et dirige luvre
de lÉglise. Le Collège des douze apôtres partage cette responsabilité selon les
clefs données aux apôtres. De leur côté, les présidents de pieu supervisent les
paroisses et les branches de lÉglise par lautorité de la Prêtrise de
Melchisédek et les clefs spécifiques qui leur ont été données.
Tous les hommes qui ont la Prêtrise de Melchisédek sont membres dun collège de la
prêtrise. Ces collèges sont créés à lintérieur de limites géographiques bien
déterminées et sont composés dun groupe dhommes qui détiennent le même
office dans la prêtrise ou qui sont du même groupe dâge et détiendront bientôt
cet office. Les collèges administrent luvre de lÉglise qui leur est
confiée, forment les membres dans leur responsabilité de prêtrise et fournissent des
occasions de service et la fraternité pour ceux qui uvrent à des buts communs.
Dans chaque pieu il y a un collège de grands prêtres. Le président de pieu et ses
conseillers constituent la présidence du collège. Un groupe de grands prêtres
fonctionne dans chaque paroisse, présidée par un chef de groupe, un ou plusieurs
assistants et un secrétaire. Un collège danciens, ayant à sa tête un président,
deux conseillers et un secrétaire, est organisé dans chaque paroisse et branche
indépendante. La présidence de pieu et les membres du grand conseil supervisent toutes
les activités des collèges de la Prêtrise de Melchisédek du pieu.
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound: A History of the Latter-day Saints in Ohio
1830-1838, pp. 237-256. Salt Lake City, 1983.
Critchlow, William J., Jr. Priesthood Asset or Liability? IE 66, déc.
1963, pp. 1067-1069.
Hartley, William G. The Priesthood Reform Movement, 1908-1922 BYU Studies 13,
Hiver 1973, pp. 137-156.
Kimball, Spencer W. et autres Priesthood. Salt Lake City, 1981.
Smith, Joseph F. GD, pp. 136-200.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
Prêtrise
de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek
Auteur: BALLIF, JAE R.
Pour agir pour Dieu dans lorganisation de son Église
et ladministration de toutes les ordonnances, Joseph Smith a reçu la Prêtrise de
Melchisédek de la manière établie par Dieu. Lautorité et la responsabilité
vis-à-vis de tâches bien déterminées sont essentielles (D&A 18:9, 27-32, 35-37;
27:12; voir Clefs de la prêtrise). En outre, Joseph Smith et dautres reçurent et
enseignèrent limportance de chaque ordonnance et clef. Puisque personne sur terre
ne possédait cette autorité à ce moment-là, le prophète Joseph Smith et son associé
Oliver Cowdery reçurent et les instructions et lordination de la part de Dieu et de
ses messagers.
Le 15 mai 1829, le prophète et Oliver Cowdery reçurent la Prêtrise dAaron de
Jean-Baptiste. Il les informa quil agissait sous la direction de Pierre, de Jacques
et de Jean, qui détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek, et que cette
prêtrise leur serait donnée (JSH 1:72). Bien que la date précise de ce
rétablissement ne soit pas connue, il est certain quil se produisit après le 15
mai 1829 et avant août 1830 (D&A 27:12). Les documents existants et la date de
lorganisation officielle de lÉglise donnent à penser que ce rétablissement
eut lieu avant le 6 avril 1830. Certains spécialistes ont conclu que la fin mai ou le
début juin 1829 est la tranche de temps la plus probable (HC 1:40 n-42n; Porter, pp.
5-10).
Quelque temps avant le 14 juin 1829, le Seigneur donna des instructions à Joseph Smith et
à Oliver Cowdery au sujet de leur ordination comme anciens, qui est un office de la
Prêtrise de Melchisédek (HC 1:60-61). En outre, quand ils apparurent à Joseph et à
Oliver, Pierre, Jacques et Jean les ordonnèrent également apôtres (D&A 27:12) et
leur confièrent «les clefs du royaume et de la dispensation de la plénitude des temps»
(D&A 128:20; cf. 27:13).
Plusieurs documents confirment la réalité et limportance de cette visitation. On
trouve rapidement une confirmation de la réception des pouvoirs apostoliques dans une
révélation de 1829 écrite de la main dOliver Cowdery dans laquelle le Seigneur
dit: «Je commande à tous les hommes de partout de se repentir, et je vous parle comme
j'ai parlé à Paul, mon apôtre, car vous recevez le même appel que lui» (Cowdery,
1829; cf. D&A 18:9). Dans sa History of the Church de 1832, le prophète Joseph Smith
déclare avoir reçu «la sainte prêtrise par les anges chargés dun ministère
pour administrer la lettre de lÉvangile» et quil avait reçu «la
confirmation et la réception de la haute prêtrise selon le saint ordre du Fils du Dieu
vivant, pouvoir et ordonnance den haut de prêcher lÉvangile dans
ladministration et la démonstration de lEsprit les Clefs du Royaume de Dieu
conférées sur lui et la continuation sur lui des bénédictions de Dieu» (Jessee, p.
3).
À diverses occasions, Oliver Cowdery rendit témoignage quil était «présent avec
Joseph quand un saint ange de Dieu descendit du ciel et conféra, ou rétablit, la
Prêtrise dAaron et
[quil était] également présent avec Joseph quand
la Prêtrise de Melchisédek [leur] fut conférée mutuellement par la volonté et le
commandement de Dieu» (Anderson, p. 22).
Joseph Smith dit que Pierre, Jacques et Jean firent leur visite «dans le désert entre
Harmony, comté de Susquehanna, et Colesville, comté de Broome, sur le fleuve
Susquehanna» (D&A 128:20).
Le 3 avril 1836, Joseph Smith et Oliver Cowdery sagenouillèrent pour prier dans le
temple de Kirtland et reçurent une autre vision dune grande importance dans
laquelle certaines clefs de la Prêtrise de Melchisédek furent rétablies. Moïse apparut
et remit les clefs du rassemblement dIsraël. Élias leur donna les clefs de la
dispensation de lÉvangile dAbraham. Finalement, Élie se tint devant eux
comme promis par Malachie et Moroni et leur conféra les clefs du scellement des familles
(D&A 110:11-16; 2:1-3).
Bibliographie
Anderson, Richard L. « The Second Witness of Priesthood Restoration ». IE 71, sept.
1968, pp. 15-24.
Barney, Ronald O. Priesthood Restoration Narratives in the Early LDS Church.
Planifié pour BYU Studies 31, été 1991.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Cowdery, Oliver. « Written in the year of our Lord & Savior 1829A true copy of
the articles of the Church of Christ » Ms. 1829. LDS Church Archives. Ms. de la main
dOliver Cowdery.
Hartley, William G. Upon You My Fellow Servants: Restoration of the
Priesthood. Dans The Prophet Joseph: Essays on the Life and Mission of Joseph Smith,
dir. de publ. Larry C. Porter et Susan Easton Black, pp. 49-72. Salt Lake City, 1988.
Jessee, Dean C. Dating the Restoration of the Melchizedek Priesthood, Ensign
9, juin 1979, pp. 5-10.
Prêtrise lévitique
Auteur: Ballantyne, Verdon W.
Le terme Prêtrise lévitique est aujourdhui rarement
utilisé et on lapplique parfois à la Prêtrise dAaron (Hé. 7:11; D&A
107:1, 6, 10). Moïse et son frère Aaron appartenaient à la tribu de Lévi. La
révélation moderne montre quavant la mort de Moïse, la Prêtrise de Melchisédek
et la loi supérieure de lÉvangile furent ôtées aux Israélites à cause de leur
désobéissance. Aaron et ses fils reçurent alors une moindre prêtrise pour administrer
la loi inférieure de Moïse comme prêtres en Israël (D&A 84:18-28; Ex. 28:1). Pour
aider Aaron et ses fils, dautres membres masculins dignes appartenant à la tribu de
Lévi reçurent également de lautorité dans la moindre prêtrise, mais ils ne
pouvaient pas être prêtres. Les clefs de cette prêtrise demeurèrent chez Aaron et sa
postérité directe (MD, pp. 9-10; Widtsoe, pp. 12-17). Par conséquent, la moindre
prêtrise fut appelée Prêtrise dAaron, daprès Aaron, mais est parfois
appelée prêtrise lévitique parce que tous ceux qui la possédaient dans les temps
anciens appartenaient à la tribu de Lévi (No. 3:12-13). À strictement parler, la
prêtrise lévitique est une moindre partie de la Prêtrise dAaron, détenue parmi
ceux qui étaient Lévites, mais pas de la famille dAaron. Les Doctrine et Alliances
disent: «Il y a, dans l'Église, deux prêtrises, celle de Melchisédek et celle d'Aaron,
qui comprend la Prêtrise lévitique» (D&A 107:1). Il est prévu que dans le
rétablissement de toutes choses, les fils de Lévi fonctionneront de nouveau dans la
prêtrise lévitique sur la terre (Mal. 3:2-3).
Bibliographie
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
VERDON W. BALLANTYNE
Ancien,
Prêtrise de Melchisédek
Auteur : Vetterli, Richard R.
« Ancien » est un office de la Prêtrise de Melchisédek
de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours auquel les membres masculins
dignes peuvent être ordonnés à l'âge de dix-huit ans ou plus. Le nom « ancien » est
également utilisé comme titre général pour tous les détenteurs de cette prêtrise,
quel que soit loffice de prêtrise spécifique qu'ils détiennent (D & A 20:38 ;
cf. 1 Pierre 5:1 ; 2 Jean 1:1 ; 3 Jean 1:1).
En mai 1829, Jean-Baptiste, qui leur avait conféré la Prêtrise d'Aaron, promit à
Joseph Smith et à Oliver Cowdery qu'ils deviendraient « en temps voulu » les premier et
deuxième anciens de l'Église (JS H 1:72 ; HC 1:40-41). Peu après, ils prièrent
pour plus d'informations :
« Il ny avait pas longtemps que nous nous livrions à une prière fervente et
solennelle, quand la parole du Seigneur nous parvint dans la chambre, nous commandant que
jordonne Oliver Cowdery ancien dans l'Église de Jésus Christ et qu'il devrait
aussi m'ordonner au même office et puis en ordonner d'autres selon que cela nous serait
commandé de temps à autre. Il nous fut cependant commandé de postposer notre ordination
jusqu'à ce qu'il fût possible de rassembler nos frères qui avaient été et qui
allaient être baptisés [HC 1:60-61 ; cf. JS H 1:72].
Ces ordinations furent accomplies le 6 avril 1830, lors de l'organisation de l'Église
(D&A 20:1-4).
Les anciens ont pour devoir dêtre des « ministres permanents » (D&A 124:137)
afin de veiller sur l'Église, aider à en gérer les affaires, enseigner et conseiller.
Ils ont lautorité de conférer le don du Saint-Esprit par l'imposition des mains et
de donner des bénédictions, y compris la guérison des malades. Les anciens peuvent
accomplir toutes les fonctions de la Prêtrise dAaron, notamment baptiser et bénir
la Sainte-Cène. Ils ont l'autorité, sous la direction de lévêque de la paroisse
ou du président de pieu, de conférer la Prêtrise d'Aaron ou la Prêtrise de
Melchisédek aux bénéficiaires dignes et d'ordonner dautres anciens, instructeurs,
prêtres et diacres. Ils peuvent faire une mission (voir D&A 20:38-50, 70 ; 42:12, 44)
et peuvent être appelés à divers autres postes de direction ou de service. À la
conférence générale doctobre 1904, le président Joseph F. Smith dit que les
anciens devaient être des « ministres permanents au pays , être prêts à répondre à
l'appel des officiers présidents de l'Église et de pieu, à travailler dans le
ministère au pays et à officier dans tout appel qui peut leur être confié, que ce soit
pour travailler dans les temples ou dans luvre du ministère au pays, ou que
ce soit pour aller dans le monde avec les soixante-dix prêcher l'Évangile » (CR,
octobre 1904, p. 4). Dans les endroits où l'Église n'est pas complètement organisée,
les membres se réunissent dans des branches sous la direction dun ancien appelé
président de branche (voir Organisation : Organisation contemporaine).
Tous les anciens résidant dans une paroisse sont organisés en un collège comptant
jusquà quatre-vingt-seize membres (D&A 107:89). Ils sont dirigés par un
président, deux conseillers et un secrétaire appelés parmi les membres du collège par
le président de pieu. La présidence du collège des anciens fait rapport au président
de pieu, mais pour tous, le service et les activités locales demeurent sous la
juridiction de l'évêque de la paroisse. Les anciens se réunissent en collège au moins
chaque dimanche. Ils ont la responsabilité de sintégrer mutuellement et
daider à administrer les programmes et les activités du collège, dans la paroisse
et dans le pieu, avec l'intention d'améliorer la condition de l'humanité (voir Services
d'entraide). Les anciens sont dirigés par révélation pour fonctionner dans un esprit
d'amour, de gentillesse, de persuasion patiente et de justice (D&A 121:41-46).
L'utilisation du mot « ancien » diffère de l'usage de ce terme dans les sociétés où
il désigne les personnes âgées qui exercent une influence et de l'autorité dans la
communauté en raison de leur âge, de leur statut, de leur sagesse, de leur expérience
et de leur réputation, ou sur désignation par le groupe. Le terme était commun aux
sociétés anciennes comme celles de l'Égypte, de Madian et de Moab (Genèse 50:7 ;
Nombres 22:7). Les anciens (c.-à-d., les zeqenim, les « vieux ») étaient des
dirigeants éminents des tribus israélites pendant l'exode (Exode 4:29). Apparemment, ils
assistaient Moïse dans l'administration de la justice (Lévitique 4:13-21 ; 9:1 ; Nombres
16:25), et certains étaient manifestement autorisés à participer à des cérémonies
religieuses sacrées (Exode 24:9-11 ; Nombres 11:16-26). Après la conquête de Canaan,
l'autorité municipale des anciens augmenta et ils aidèrent au gouvernement des
communautés tribales. Ils jouèrent un rôle quand il sagit daccepter un roi
(2 Samuel 3:17-21 ; 5:3) et dans d'autres fonctions communautaires et religieuses (1 Rois
8:1-3 ; 20:7-8). Des dizaines de fonctions de ce genre sont mentionnées dans les livres
historiques de l'Ancien Testament. Avec le prophète Ézéchiel, ces anciens furent les
principaux dirigeants pendant la captivité à Babylone (605 av. J.-C., par exemple,
Ézéchiel 8:1 ; 14:1-5). Plusieurs années après le retour d'exil, les principaux
sacrificateurs, les scribes et les anciens composèrent le Sanhédrin, le conseil qui
gouvernait Juda. Un conseil local de vingt-trois anciens gouvernait chaque communauté. À
l'époque du Nouveau Testament, des anciens étaient nommés comme dirigeants
ecclésiastiques pour chacune des assemblées chrétiennes locales (Actes 14:23 ; 15:6 ;
20:17-28 ; Tite 1:5 ; Jacques 5:14 ; 1 Pierre 5:1-4). Ils se retrouvaient avec les
apôtres dans les conseils et le gouvernement de l'Église et fonctionnaient parmi leurs
frères chrétiens dune manière semblable au Sanhédrin juif (Actes 11:30 ; 15:2 ;
16:4 ; 21:18). Des « superviseurs » ou « évêques » peuvent avoir été choisis parmi
les anciens de bonne réputation (Actes 20:17-28 ; Tite 1:5-9 ; cf.1 Timothée 3:1-7).
Bibliographie
Davies, G. Henton. "Elder in the Old Testament." Interpreter's Dictionary of the
Bible, Vol. 2, p. 72-73. Nashville, Tenn., 1962.
McConkie, Bruce R. Only an Elder. Salt Lake City, 1978.
Shepherd, M. H., Jr. "Elder in the New Testament." Interpreter's Dictionary of
the Bible, Vol. 2, p. 73-75. Nashville, Tenn., 1962.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
R. RICHARD VETTERLI
Prière
Auteur: BLANCH, MAE
Cest une prière qui a marqué le commencement de lÉglise de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours quand Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ sont apparus
en réponse à la supplication de Joseph Smith, le prophète, pour savoir à laquelle des
églises voisines il devait se joindre. Le jeune Joseph Smith avait suivi
linvitation de Jacques: «Si quelquun dentre vous manque de sagesse,
quil la demande à Dieu, qui donne à tous simplement
Mais quil la
demande avec foi, sans douter» (Ja. 1:5-6). Dieu a répondu à la demande sincère et
fervente du garçon (JSH 1:5-20). Et cette première vision montre que la prière
est la manière de communiquer avec Dieu et de recevoir la révélation de sa part. La
foi, la sincérité, lobéissance et la recherche sont des attributs qui élèvent
lâme vers Dieu; cest là le caractère essentiel de la prière pour le saint
des derniers jours.
Adam et Ève ont commencé à prier Dieu après avoir été chassés du jardin
dÉden. «Et Adam et Ève, sa femme, invoquèrent le nom du Seigneur, et ils
entendirent la voix du Seigneur venant de la direction du jardin dÉden, leur
parlant, mais ils ne le virent pas» (Moï. 5:4). Bien quils fussent séparés de
Dieu, la communication avec lui était possible et importante, parce que le Seigneur a
commandé: «Tu feras tout ce que tu fais au nom du Fils, tu te repentiras et invoqueras
dorénavant Dieu au nom du Fils» (Moï. 5:8).
Chez les saints des derniers jours, ce commandement de prier est toujours
dapplication. Le Seigneur commande: «Demandez et vous recevrez, frappez et
lon vous ouvrira» (D&A 4:7; cf. Mt. 7:7). Les instructeurs au foyer, par
exemple, doivent «rendre visite à chaque membre et
lexhorter à prier à
haute voix et en secret et à remplir tous ses devoirs de famille» (D&A 20:47).
Dautres Écritures soulignent ces commandements importants: «Priez toujours de peur
que le Malin nait pouvoir sur vous et ne vous enlève de votre place» (D&A
93:49). «Prie toujours de peur dentrer en tentation et de perdre ta récompense»
(D&A 31:12). «Car si vous écoutiez lEsprit, qui enseigne à lhomme à
prier, vous sauriez que vous devez prier; car lesprit malin nenseigne pas à
lhomme à prier, mais lui enseigne quil ne doit pas prier. Mais voici
vous devez toujours prier, et ne pas vous relâcher
vous ne devez rien faire pour le
Seigneur sans tout dabord prier le Père, au nom du Christ, quil consacre
votre uvre à vous-mêmes, afin que votre uvre soit pour le bien-être de
votre âme» (2 Né. 32:8-9). Les Écritures précisent donc que la prière est un
commandement aussi bien quune occasion de communiquer avec Dieu et de recevoir des
bénédictions et des directives de lui.
LÉglise nutilise des prières fixes que dans les ordonnances du temple, dans
les deux prières de Sainte-Cène et dans la prière du baptême. «Par révélation, le
Seigneur a donné à lÉglise
des prières fixes pour nos ordonnances
sacrées
. [Celles-ci] ont trait à lexpiation du Seigneur Jésus-Christ, à sa
crucifixion, à son ensevelissement et à sa résurrection. Toutes les ordonnances dans
lesquelles nous utilisons ces prières nous placent sous lalliance solennelle
dobéir à Dieu» (Kimball et autres, p. 56). Dans tous les autres cas, les saints
des derniers jours sexpriment dans leurs propres termes.
Bien quil y ait peu de prières fixes dans leur culte, les saints des derniers jours
suivent un schéma quand ils prient. On sadresse à son Père céleste, selon
lexemple donné par le Christ quand il a enseigné à ses disciples comment prier
(Mt. 6:9; 3 Né. 13:9). Sa prière sert de modèle: Les disciples doivent louer et
remercier Dieu, demander ce dont ils ont physiquement besoin au jour le jour et demander
davoir le pouvoir spirituel de pardonner, dêtre pardonnés et de résister à
la tentation. Dans ses prières, Jésus employait des termes simples et expressifs,
évitant les vaines répétitions et les expressions fleuries (Mt. 6:5-13; 3 Né. 13:5-13;
19:20-23, 28-29; cf. 3 Né. 17:14-17; 19:31-34). Ce qui est plus important que les mots,
cest le sentiment qui accompagne la prière. Le Christ a réitéré un avertissement
clair et prophétique: «Ce peuple mhonore des lèvres, mais son cur est
éloigné de moi» (Mt. 15:8; cf. És. 29:13). Quand on loue Dieu, quon le remercie,
que lon demande ce dont on a besoin en noubliant pas de prier que la
volonté de Dieu soit faite le langage doit être respectueux, humble et sincère.
Il faut éviter de répéter inutilement le nom de Dieu, de même que les clichés vides.
On termine la prière en disant quon la fait au nom de Jésus-Christ, concluant par
amen. Quand quelquun prie en faveur dun groupe, les membres répètent
dhabitude l «amen» final à haute voix, exprimant lacceptation de ce
qui a été dit. En privé, la personne ou les membres de la famille se mettent à genoux,
la tête baissée et les yeux fermés. En public, celui qui prie est habituellement
debout, mais respecte aussi le comportement qui convient à la prière. La longueur
dune prière est plus ou moins déterminée par loccasion, mais généralement
la prière est raisonnablement concise, remerciant Dieu et lui demandant ce dont le groupe
a besoin, évitant de faire un sermon ou de parler avec emphase. Pour les prières
douverture et de clôture, lÉglise enseigne que la personne qui prie doit
exprimer ladoration plutôt que de se donner en spectacle ou de faire un sermon.
La prière est une forme de culte aussi bien familiale quindividuelle.
Habituellement, la journée commence et finit par une prière. Une fois par jour au moins,
les familles de lÉglise doivent prier ensemble (voir Prière en famille). Le père,
ou la mère en son absence, invite un membre à prier pour la famille. Au fil des jours,
chaque membre de la famille a loccasion de diriger la prière en famille. Une
bénédiction sur la nourriture qui remercie Dieu précède aussi chaque repas, les
enfants en bas âge faisant souvent cette prière simple, au début avec laide
dun des parents. En outre, on est invité à prier toutes les fois que le désir ou
le besoin sen fait sentir: pour remercier pour une bénédiction spéciale, pour
demander de laide dans des circonstances difficiles ou pour parler avec Dieu de
préoccupations quelconques. Toutes les réunions officielles de lÉglise commencent
et finissent par une prière et dautres événements dont les saints des derniers
jours ont la responsabilité, tels que les compétitions sportives, les concerts et les
pièces de théâtre patronnées par lÉglise commencent par une prière.
Une autre pratique associée à la prière est le jeûne respecté le premier dimanche du
mois. Les saints des derniers jours sabstiennent de deux repas consécutifs,
finissant leur jeûne par une réunion de jeûne et de témoignage, témoignant
publiquement de Dieu et du Christ et rendant grâces de la bonté et des bénédictions de
Dieu. En outre, toutes les fois que les circonstances lindiquent, le jeûne
saccompagne de supplications spéciales à Dieu et est parfois observé par une
assemblée entière pour demander des bénédictions spéciales en dehors du cours
ordinaire des événements (voir D&A 27:18).
La portée universelle de la prière a été décrite par le prophète Alma le Jeune dans
le Livre de Mormon: «Je voudrais que vous soyez humbles
demandant tout ce dont vous
avez besoin, tant spirituellement que temporellement, rendant toujours grâces à Dieu de
tout ce que vous recevez» (Alma 7:23). Amulek, un maître remarquable dans le Livre de
Mormon, suit ces qualités essentielles de la prière quand il conseille aux hommes et aux
femmes de prier au sujet des besoins physiques: «Invoquez [Dieu] lorsque vous êtes dans
vos champs, oui, pour tous vos troupeaux. Invoquez-le dans vos maisons, oui, pour toute
votre maison, le matin, à midi et le soir
Invoquez-le pour les cultures de vos
champs, afin que vous en retiriez la prospérité. Invoquez-le pour les troupeaux de vos
champs, afin quils saccroissent» (Alma 34:20-21, 24-25). Ainsi, un étudiant
peut prier pour ses études, un commerçant pour ses affaires, une mère et un père pour
le bien-être de leurs enfants. Même si lon prie pour des besoins matériels, des
résultats spirituels peuvent également se produire et vice-versa. Un étudiant qui prie
pour ses études ne risque pas de tricher aux examens; un commerçant qui prie pour ses
affaires ne risque pas dêtre malhonnête.
Alma le Jeune recherchait dautres bénédictions spirituelles encore: «Ô Seigneur,
jai le cur extrêmement attristé; veuille consoler mon âme dans le Christ.
Ô Seigneur, veuille maccorder davoir de la force afin que je souffre avec
patience ces afflictions qui vont tomber sur moi à cause de liniquité de ce
peuple
Ô Seigneur, veuille nous accorder [à Alma et à ses compagnons
missionnaires] de réussir à te les ramener [les Lamanites] dans le Christ. Voici, ô
Seigneur, leur âme est précieuse
cest pourquoi, donne-nous, ô Seigneur, du
pouvoir et de la sagesse, afin que nous te ramenions ceux-ci, qui sont nos frères» [Alma
31:31-35].
Lintention de la prière dAlma est à la base du programme missionnaire de
lÉglise. Amulek, le disciple dAlma, a également dit à son peuple:
«Invoquez-le [Dieu] contre le diable, qui est lennemi de toute justice» (Alma
34:23). Les bénédictions spirituelles pour lesquelles on pourrait prier sont le
réconfort quand on est dans laffliction, la force de résister à la tentation, la
sagesse de discerner le bien du mal, la compassion pour pardonner aux autres et comprendre
la volonté de Dieu pour la vie de la personne. Un but important de la prière est de
remercier Dieu de la vie elle-même et de tout ce qui la rend précieuse.
Lingratitude est une offense envers Dieu parce que cest le refus de
reconnaître son pouvoir et son amour (D&A 59:14-21). Rendre grâces est une manière
de louer Dieu en reconnaissant sa main toujours présente.
On enseigne aux saints des derniers jours quune préparation est nécessaire si
lon veut communiquer efficacement avec Dieu. Un moment et un endroit calmes
permettent la réflexion tranquille concernant les demandes précises que lon peut
faire. Joseph Smith est allé dans un bosquet voisin prier pour avoir la réponse à sa
question et a reçu sa vision glorieuse. Il a été dit à Job: «Pour toi, dirige ton
cur vers Dieu, étends vers lui tes mains» (Job 11:13). Alma le Jeune a énuméré
les qualités dun cur préparé pour la prière: «Je voudrais que vous soyez
humbles, et que vous soyez soumis et doux, faciles à supplier, pleins de patience et de
longanimité
diligents à garder en tout temps les commandements de Dieu
Et
veillez à avoir la foi, lespérance et la charité, et alors vous abonderez
toujours en bonnes uvres» (Alma 7:23-24). Moroni 2 a souligné le besoin
«dun cur sincère
[dune] intention réelle
[et de] foi au
Christ» (Mro. 10:4).
Les saints des derniers jours croient que les rapports avec les autres doivent également
sharmoniser avec les enseignements du Christ. Le Christ a enseigné que le pécheur
ne peut obtenir le pardon de Dieu que sil est disposé à pardonner à ceux qui ont
péché contre lui (Mt. 6:14-15; Mc. 11:25-26). Un cur préparé est également un
cur qui donne. Amulek a parlé de cette qualité: «Je vous le dis, ne pensez pas
que ce [prier] soit là tout; car
si vous renvoyez les nécessiteux et les nus, et
ne visitez pas les malades et les affligés, et ne donnez pas de vos biens, si vous en
avez, à ceux qui sont dans le besoin je vous le dis, si vous ne faites rien de
cela, voici, votre prière est vaine et ne vous sert de rien, et vous êtes comme des
hypocrites qui renient la foi» (Alma 34:28).
Quand le cur est préparé, Dieu promet une réponse. Les anciens du début de
lÉglise ont reçu la promesse que «si vous êtes purifiés et lavés de tout
péché, vous demanderez ce que vous voudrez au nom de Jésus, et cela se fera» (D&A
50:29). Cette assurance est répétée en des termes encore plus forts à tous ceux qui
prient: «Moi, le Seigneur, je suis lié lorsque vous faites ce que je dis; mais lorsque
vous ne faites pas ce que je dis, vous navez pas de promesse» (D&A 82:10).
Cependant, il est sage de prier que la volonté de Dieu soit faite, même si cela signifie
quune demande sera refusée. Dieu avertit que demander ce qui «ne vous est pas
utile» tournera à la «condamnation» (D&A 88:64-65).
On trouve un exemple de réponse à une prière faite avec foi dans lexpérience
dOliver Cowdery, lun des premiers anciens de lÉglise, quand il a
essayé daider à la traduction du Livre de Mormon. Il lui a été dit de
«létudier dans [son] esprit» et, si sa traduction était exacte, cela lui serait
confirmé par une brûlure dans sa poitrine; si cétait faux, il aurait un
«engourdissement de pensée» (D&A 9:8-9). Quand une prière est exaucée, on
éprouve la paix de lesprit et lassurance que Dieu a entendu, même si la
réponse est non. La soumission du Sauveur quand il prie à Gethsemané montre la voie:
«Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne» (Lu. 22:42).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle, pp. 21-58. Salt Lake City, 1972.
Kimball, Specer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball,
pp. 115-127. Salt Lake City, 1982.
Kimball, Spencer W., Prayer. Salt Lake City, 1977
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1, pp. 233-237. Salt Lake
City, 1975.
Proclamations
de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres
Auteur: Matthews, Robert J.
Dans laccomplissement de leur appel dapôtres,
prophètes, voyants, révélateurs et porte-parole de lÉglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres ont
de temps en temps publié des proclamations, des déclarations, des lettres et diverses
annonces publiques officielles. Celles-ci ont parfois été adressées aux membres de
lÉglise (comme une sorte dépître générale) et parfois au grand public.
Toutes les déclarations de ce genre ont été solennelles et sacrées de nature et ont
été publiées avec lintention de faire avancer, édifier et régler les affaires
de lÉglise, royaume de Dieu sur la terre. Parmi les thèmes, il y a des
instructions sur la doctrine, la foi et lhistoire, des avertissements à propos des
jugements à venir, des invitations à aider à luvre et des déclarations sur
la croissance et les progrès de lÉglise.
Quelques-unes seulement des nombreuses déclarations officielles ont été qualifiées de
«proclamations». Dautres ont été qualifiées de «Déclaration officielle»,
«Exposé doctrinal» ou «Epître». Certaines ont la signature de la Première
Présidence, dautres de la Première Présidence et des Douze, dautres encore
des Douze seulement. Cet article examine quatre documents: (1) la proclamation de la
Première Présidence du 15 janvier 1841, à Nauvoo, (2) la proclamation des douze
apôtres du 6 avril 1845 à New York et du 22 octobre 1845 à Liverpool, (3) la
proclamation de la Première Présidence et des douze apôtres du 21 octobre 1865 à Salt
Lake City et (4) la proclamation de la Première Présidence et du Collège des douze
apôtres du 6 avril 1980, publiée à Fayette, New York.
1. Proclamation de la Première Présidence de lÉglise aux saints
dispersés au dehors (15 janvier 1841, Nauvoo, Illinois)
[Ce document, signé par Joseph Smith, Sidney Rigdon et Hyrum Smith passe en revue les
progrès faits par lÉglise en dépit des difficultés et des persécutions et parle
longuement des perspectives dinstallation à Nauvoo, comme lillustrent les
extraits suivants.]
Frères bien-aimés: Les relations que nous avons avec lÉglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours font quil est nécessaire que nous fassions de temps en
temps connaître les circonstances, la situation et les perspectives davenir de
lÉglise et que nous donnions les instructions qui peuvent être nécessaires au
bien-être des saints et à lavancement des objectifs susceptibles de favoriser leur
bonheur actuel et éternel.
Nous devons féliciter les saints pour les progrès de la grande uvre des «derniers
jours», car non seulement elle sest répandue de toutes parts sur ce vaste
continent, mais aussi sur le continent européen et sur les îles de la mer, elle se
répand dune manière totalement sans précédent dans les annales du temps. Ceci
nous apparaît dautant plus agréable quand nous considérons quil ne
sest passé que peu de temps depuis que nous avons été impitoyablement chassés de
létat du Missouri après avoir subi des cruautés et des persécutions sous des
formes diverses et horribles
Il serait impossible dénumérer tous ceux qui, dans notre période de détresse
profonde, se sont noblement portés à notre secours et, comme le bon Samaritain, ont
versé de lhuile sur nos plaies et contribué généreusement à nos besoins et les
citoyens de Quincy en masse et la population de lIllinois ont semblé généralement
rivaliser entre eux dans cette uvre damour
Nous voudrions de même mentionner les autorités de cet état qui, sans considération de
parti, sont sans hésitation, généreusement, ouvertement, hardiment et noblement venus
à notre aide, nous ont accueillis comme citoyens et amis, nous ont pris par la main et
nous ont donné toutes les bénédictions de la liberté civile, politique et religieuse,
en nous accordant, à la date du 16 décembre 1840, lune des chartes les plus
libérales, avec les pouvoirs les plus pléniers jamais conférées par une assemblée
législative à des citoyens libres, «la Ville de Nauvoo», la «Légion de Nauvoo» et
«lUniversité de la Ville de Nauvoo»
Le nom de notre ville (Nauvoo) est dorigine hébraïque et signifie une belle
situation ou endroit, contenant aussi lidée de repos, et décrit véritablement
lendroit le plus ravissant qui soit. Il est situé sur la rive est du fleuve
Mississippi, en amont des rapides de Des Moines, dans le comté de Hancock, bordé à
lest par une vaste prairie dune beauté sans pareille et au nord, à
louest et au sud par le Mississippi
Ayant été un instrument entre les mains de notre Père céleste pour jeter les
fondements du rassemblement de Sion, nous dirions que tous ceux qui apprécient les
bénédictions de lÉvangile et sont conscients de limportance dobéir
aux commandements du ciel, qui ont eu en bénédiction la possession des biens de ce
monde, se préparent dabord au rassemblement général; quils liquident leurs
biens aussi rapidement que les circonstances le permettent, sans faire de trop grands
sacrifices et viennent sinstaller dans notre ville et notre comté; quils
fondent et exploitent des fabriques en ville, achètent et cultivent des exploitations
agricoles dans le comté. Cela nous assurera notre héritage permanent et préparera la
voie au rassemblement des pauvres. Ceci est conforme à lordre du ciel et le seul
principe en vertu duquel le rassemblement peut être accompli. Donc que les riches et tous
ceux qui peuvent aider à édifier cet endroit fassent tous les préparatifs pour avancer
sans tarder, fortifier nos mains et contribuer au bonheur des saints
Le Temple du Seigneur est en cours de construction ici, où les saints viendront adorer le
Dieu de leurs pères selon lordre de sa maison et le pouvoir de la sainte prêtrise,
et il sera construit de manière à permettre lexercice de toutes les fonctions de
la prêtrise et à être un lieu où les instructions du Très-Haut seront reçues et, de
cet endroit, envoyées dans les pays lointains. Concentrons donc tous nos pouvoirs, en
vertu des dispositions de notre grande charte accordée par le gouvernement de
lIllinois, à la «Ville de Nauvoo» et à la région environnante et
efforçons-nous dimiter laction des anciens pères et patriarches de
lalliance, dans ces choses qui sont dune telle importance pour cette
génération et toutes les générations qui suivront
Les plus grandes bénédictions temporelles et spirituelles qui découlent toujours de la
fidélité et de leffort concerté nont jamais accompagné les efforts ou les
entreprises individuelles. Lhistoire de toutes les époques passées certifie
abondamment ce fait. En plus de toutes les bénédictions temporelles, il ny a
aucune autre manière de sauver les saints en ces derniers jours [que par le
rassemblement], comme le prouvent les témoignages concordants de tous les saints
prophètes, parce quil est écrit: «Ils viendront de lorient et seront
rassemblés de loccident; le septentrion donnera et le midi ne retiendra pas.»
«Les fils de Dieu seront rassemblés de loin et ses filles des extrémités de la
terre.»
Les témoignages de tous les prophètes concordent aussi pour dire que ce rassemblement de
tous les saints doit avoir lieu avant que le Seigneur vienne «se venger des impies» et
soit glorifié et admiré par tous ceux qui obéissent à lÉvangile. Le
cinquantième psaume, du premier au cinquième verset inclus, décrit la gloire et la
majesté de cet événement.
«Dieu, Dieu, lÉternel, parle, et convoque la terre, depuis le soleil levant
jusquau soleil couchant. De Sion, beauté parfaite, Dieu resplendit. Il vient, notre
Dieu, il ne reste pas en silence; devant lui est un feu dévorant, autour de lui une
violente tempête. Il crie vers les cieux en haut, et vers la terre, pour juger son
peuple: Rassemblezmoi mes fidèles, qui ont fait alliance avec moi par le sacrifice
!»
Nous pourrions proposer beaucoup dautres citations des Écritures, mais nous nous
abstiendrons, les pensant bien connus des saints.
Nous souhaiterions que les saints comprennent que, quand ils viennent ici, ils ne doivent
pas sattendre à la perfection ou que tout sera entente, paix et amour; sils
entretiennent cette idée, ils seront assurément déçus, parce quil y a ici des
personnes, non seulement de différents états, mais de différentes nations qui, bien
quéprouvant un grand attachement à la cause de la vérité, ont les préjugés de
leur éducation et, par conséquent, il faut un certain temps pour surmonter tout
cela
Que ceux qui viennent ici soient donc décidés à garder les commandements de
Dieu et ne se laissent pas décourager par ces choses que nous avons énumérées et alors
ils prospéreront lintelligence du ciel leur sera communiquée et ils
finiront par voir les choses de la même façon et par se réjouir dans le plein
épanouissement de cette gloire qui est réservée aux justes.
Pour construire le Temple du Seigneur, de grands efforts seront requis de la part des
saints, de sorte quils puissent construire une maison qui sera acceptée par le
Tout-Puissant, dans laquelle sa puissance et sa gloire se manifesteront. Par conséquent,
que ceux qui peuvent faire généreusement sacrifice de leur temps, de leurs talents et de
leurs biens, pour la prospérité du royaume et pour lamour quils ont pour la
cause de la vérité, fassent leurs adieux à leurs maisons et aux endroits plaisants où
ils demeurent, sunissent à nous dans la grande uvre des derniers jours et
prennent part aux tribulations, afin de participer finalement à la gloire et au triomphe.
Nous souhaitons de même quil soit bien clair que nous ne prétendons à aucune
bénédiction que nous ne soyons joyeusement disposés à partager avec nos concitoyens de
toutes les confessions et de toutes les options religieuses et nous disons donc que loin
de nous limiter à notre propre foi, que tous ceux qui désirent sinstaller en ce
lieu ou dans les environs viennent et nous les accueillerons comme citoyens et amis, et
non seulement nous nous ferons un devoir, mais que ce sera aussi un honneur, de rendre la
bonté que nous ont manifestée les citoyens bienveillants de létat de
lIllinois.
Joseph Smith, Sidney Rigdon, Hyrum Smith, présidents de lÉglise [HC 4:267-273].
2. Proclamation des douze apôtres de lÉglise de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours (6 avril et 22 octobre 1845)
[La Proclamation de 1845 fut publiée par les Douze seulement, parce quà ce
moment-là il ny avait pas de Première Présidence à cause du martyre du prophète
Joseph Smith le 27 juin 1844. Une nouvelle Première Présidence ne fut organisée
quen décembre 1847. La proclamation fut apparemment faite en réponse à une
révélation donnée le 19 janvier 1841 (D&A 124:1-11). Elle fut imprimée pour la
première fois dans une brochure de seize pages le 6 avril 1845 à New York et de nouveau
le 22 octobre 1845 à Liverpool. Elle était adressée aux souverains et aux peuples de
tous les pays. Ce document annonçait que Dieu avait parlé du haut des cieux et avait
rétabli lÉvangile de Jésus-Christ sur la terre. Il parlait des bénédictions et
des châtiments à venir, lançait une voix davertissement et invitait tous ceux qui
étaient intéressés à aider à lédification du royaume de Dieu sur la terre en
vue de la seconde venue du Sauveur. Le 3 octobre 1975, le président Ezra Taft Benson,
président du Collège des douze apôtres, parla de cette proclamation et en cita des
parties dans son discours à la conférence générale (Ensign 15, oct. 1975, pp. 32-34).
On trouvera ci-après des extraits de la Proclamation de 1845.]
À TOUS LES ROIS DU MONDE, AU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS DAMÉRIQUE, AUX GOUVERNEURS
DES ÉTATS RESPECTIFS ET AUX SOUVERAINS ET PEUPLES DE TOUS LES PAYS. Salutations. Sachez
que le royaume de Dieu est venu, comme prédit par les prophètes dautrefois et
demandé dans les prières à toutes les époques, à savoir ce royaume qui remplira la
terre entière et demeurera à jamais
Nous vous envoyons donc, avec lautorité den haut, et vous commandons à tous
de vous repentir et de vous humilier comme de petits enfants devant la majesté du Saint
et daller à Jésus le cur brisé et lesprit contrit, et dêtre
baptisés en son nom pour la rémission des péchés (cest-à-dire, être ensevelis
dans leau, à la similitude de son ensevelissement et en ressortir en nouveauté de
vie à limage de sa résurrection) et vous recevrez le don du Saint-Esprit, par
limposition des mains des apôtres et des anciens, de cette grande et dernière
dispensation de miséricorde envers lhomme.
Cet Esprit attestera de la véracité de notre témoignage, éclairera votre esprit et
sera en vous comme lesprit de prophétie et de révélation; il vous fera comprendre
et vous rappellera les choses passées et vous montrera les choses à venir
Par la lumière de cet Esprit, reçue par le ministère des ordonnances par le
pouvoir et lautorité du Saint Apostolat et de la Sainte Prêtrise, vous serez
rendus capables de comprendre et dêtre les enfants de la lumière et vous serez
ainsi préparés à échapper à tout ce qui va venir sur la terre, et ainsi vous tenir
devant le Fils de lhomme.
Nous témoignons que la doctrine ci-dessus est la doctrine ou lÉvangile de
Jésus-Christ dans sa plénitude et que cest le seul Évangile vrai, éternel et
immuable et le seul plan révélé sur terre par lequel lhomme puisse être
sauvé
Et nous témoignons en outre que le Seigneur a commandé la construction dune ville
et dun temple saints sur ce continent, pour la Dotation et les ordonnances relatives
à la prêtrise et pour que les Gentils et le reste dIsraël sy rendent afin
dadorer le Seigneur et être instruits de ses voies et marcher dans ses entiers; en
bref, afin de terminer leurs préparatifs pour la venue du Seigneur
Les saints des derniers jours, depuis leur organisation en 1830, ont été un peuple
pauvre, persécuté, maltraité et affligé. Ils ont sacrifié libéralement leur temps et
leurs biens pour poser les fondements du royaume de Dieu et étendre sa domination par le
ministère de lÉvangile. Ils ont connu les privations, la faim,
lemprisonnement et la perte de maisons, de terres, et de droits domestiques et
politiques pour leur témoignage.
Et ce nest pas tout. Leur fondateur, M. Joseph Smith, que Dieu a suscité comme
prophète et apôtre, puissant en paroles et en actes, et son frère Hyrum, qui était
également prophète, ainsi que beaucoup dautres, ont subi un martyre cruel pour la
cause de la vérité et ont scellé leur témoignage de leur sang, mais néanmoins,
luvre ne fait, pour ainsi dire, que commencer.
Une uvre grande, glorieuse et vaste doit encore être réalisée, qui est de
propager la vérité et le royaume parmi les Gentils de rétablir, organiser et
instruire les Juifs de rassembler, instruire, soulager, civiliser, éduquer et
apporter le salut au reste dIsraël sur ce continent dédifier
Jérusalem en Palestine, et les villes, les pieux, les temples et les sanctuaires de Sion
en Amérique; et de rassembler les Gentils dans la même alliance et la même organisation
de les instruire en toutes choses pour leur sanctification et leur préparation,
afin que toute lÉglise des saints, Gentils, Juifs et Israël, soient préparés
comme une épouse à la venue du Seigneur
Nous le disons encore, par la parole du Seigneur, au peuple comme aux souverains, votre
aide, votre assistance sont requises dans cette grande uvre; et vous êtes invités
par la présente, au nom de Jésus, à y prendre dorénavant une part active.
Ouvrez vos églises, vos portes et votre cur à la vérité; écoutez les apôtres
et les anciens de lÉglise des saints quand ils se rendent dans vos villes et vos
quartiers; lisez et sondez soigneusement les Écritures et voyez si ces choses sont ainsi;
lisez les publications des saints et aidez à les diffuser à dautres; recherchez le
témoignage de lEsprit et venez et obéissez à la plénitude glorieuse de
lÉvangile et aidez-nous à construire les villes et les sanctuaires de notre
Dieu
Les Gentils convergeront vers cette ville [Sion ou la nouvelle Jérusalem] et vers ses
différentes branches ou pieux comme vers une bannière de lumière et de connaissance;
oui, les nations et leurs rois et nobles diront: Allons, rendons-nous à la montagne de
Sion et au temple du Seigneur, où se trouve sa sainte prêtrise pour servir
continuellement devant le Seigneur et où nous pouvons être instruits plus complètement
et recevoir les ordonnances de la rémission, de la sanctification et de la rédemption,
et être ainsi adoptés dans la famille dIsraël et identifiés dans les mêmes
alliances de la promesse
.
La ville de Sion, avec son sanctuaire et sa prêtrise, et la plénitude glorieuse de
lÉvangile, constituera une norme qui mettra un terme aux credo discordants et aux
querelles politiques en unissant les républiques, les états, les provinces, les
territoires, les nations, les tribus, les familles, les langues, les peuples et les sectes
de lAmérique du Nord et du Sud en un grand lien commun de fraternité tandis que la
vérité et la connaissance les rendront libres et que lamour cimentera leur union.
Le Seigneur sera également leur roi et leur législateur, tandis que les guerres
cesseront et que la paix régnera pendant mille ans
Nous disons donc, que ce soit dans la vie ou dans la mort, dans les chaînes ou la
liberté, que le grand Dieu a parlé à notre époque. Et nous le savons.
Il nous a donné la sainte prêtrise, le saint apostolat et les clefs du royaume de Dieu
pour réaliser le rétablissement de toutes choses comme promis par les saints prophètes
dautrefois. Et nous le savons.
Il a révélé lorigine et les annales des tribus indigènes de lAmérique et
leur destinée future. Et nous le savons.
Il a révélé la plénitude de lÉvangile, avec ses dons, ses bénédictions et ses
ordonnances. Et nous le savons
Il nous a commandé de rassembler ses saints, sur ce continent, et dédifier des
villes saintes et des sanctuaires. Et nous le savons.
Il a dit que les Gentils iraient à ce même Évangile et cette même alliance et seraient
comptés avec la maison dIsraël et seraient à jamais un peuple béni sur cette
bonne terre, sils se repentent et lacceptent. Et nous le savons
Il a dit que le temps est proche où les Juifs seront rassemblés à Jérusalem. Et
nous le savons.
Il a dit que les dix tribus dIsraël devraient également être révélées dans le
pays du nord, ainsi que leurs oracles et leurs annales, en vue de leur retour et de leur
union avec Juda pour ne plus être séparés. Et nous le savons.
Il a dit que quand ces préparatifs seraient faits, tant dans ce pays quà
Jérusalem, et que lÉvangile dans toute sa plénitude aurait été prêché à
toutes les nations à titre de témoignage, il viendrait, et tous les saints avec lui,
pour régner mille ans sur la terre. Et nous le savons.
Il a dit quil ne viendra pas dans sa gloire détruire les méchants tant que ces
avertissements nauront pas été donnés et que les préparatifs de sa réception
nauront pas été faits. Et nous le savons
Par conséquent, nous le répétons à tous les hommes: repentez-vous et soyez baptisés
au nom de Jésus-Christ pour la rémission des péchés et vous recevrez le Saint-Esprit,
et vous saurez la vérité, et vous serez comptés avec la maison dIsraël
New York, 6 avril 1845
AU LECTEUR ANGLAIS. Il ne faut pas oublier que ce qui précède a été écrit aux
États-Unis dAmérique et quil convient par conséquent de se rendre compte
que la langue, que nous navons pas changée, est celle qui est utilisée
là-bas
W. Woodruff. Liverpool, 22 octobre 1845 [brochure de Liverpool,
bibliothèque de BYU, Provo, Utah: voir aussi MFP 1:252-66].
3. Proclamation de la Première Présidence et des douze apôtres (21
octobre 1865)
[Ce document sadresse aux membres de lÉglise pour corriger certaines
théories au sujet de la nature de Dieu que lun des Douze avait publiées dans la
littérature officielle de lÉglise sans faire approuver ces déclarations par la
Première Présidence et les Douze.
Le but principal manifeste de cette Proclamation était de mettre en évidence
lordre établi de lÉglise qui veut que tout nouveau point de doctrine soit
annoncé uniquement par la Première Présidence. Un paragraphe vers la fin de la
Proclamation dit: ]
Il devrait être connu, depuis des années, de toute personne dans lÉglise
car des enseignements suffisants ont été donnés sur ce point quaucun
membre de lÉglise na le droit de publier un quelconque point de doctrine
comme point de doctrine de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
sans le soumettre préalablement à lexamen et à lapprobation de la Première
Présidence et des Douze. Il ny a quun seul homme à la fois sur la terre qui
détienne les clefs pour recevoir les commandements et les révélations pour
lÉglise et qui ait lautorité de mettre par écrit des points de doctrine
comme commandement à lÉglise. Et quiconque oublie lordre institué par le
Seigneur au point décrire et de publier ce qui peut être qualifié de nouveau
point de doctrine, sans consulter la Première Présidence de lÉglise à son sujet,
se met dans une situation fausse et sexpose au pouvoir des ténèbres en violant sa
prêtrise (MFP 2:239).
[La Proclamation est signée par Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Hyde, John Taylor,
Wilford Woodruff, George A. Smith, Amasa M. Lyman, Ezra T. Benson, Charles C. Rich,
Lorenzo Snow, Erastus Snow, Franklin D. Richards, George Q. Cannon (MFP 2:235-40).]
4. Proclamation de la Première Présidence et du Collège des douze
apôtres de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (6 avril 1980)
[Ce document fut élaboré pour la commémoration du 150e anniversaire de
lorganisation de lÉglise. Le dimanche 6 avril 1980, une partie de la session
du dimanche matin de la conférence générale fut diffusée depuis la maison de Peter
Whitmer, père, nouvellement reconstruite à Fayette, New York. Le président Spencer W.
Kimball parla brièvement de lorganisation de lÉglise qui avait eu lieu à
cet endroit précis. Il annonça ensuite que lÉglise avait une proclamation à
faire. Le président conclut en disant:
« Maintenant, mes frères et surs, avec lavenir devant nous, profondément
conscients des responsabilités et de la mission divine de lÉglise rétablie en
cette occasion sacrée, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres lancent
une proclamation au monde. Nous avons estimé convenable de publier cette déclaration de
cet endroit où lÉglise a commencé. En conséquence, je demanderai à Gordon B.
Hinckley, du Collège des douze apôtres, de parler en mon nom et en celui de mes frères
et de vous lire cette Proclamation, à vous et au monde (CR, avr. 1980, p. 74.)
Gordon B. Hinckley a alors lu la Proclamation depuis la maison des Whitmer à Fayette, New
York, proclamation qui a été transmise par satellite au Tabernacle à Salt Lake City et
publiée dans le Church News du 12 avril 1980, dans lEnsign de mai 1980 et dans le
Rapport de conférence davril 1980. Voici le texte intégral de la proclamation.]
LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours fut organisée il y a 150
ans aujourdhui. En ce cent cinquantième anniversaire, nous publions au monde une
proclamation au sujet de ses progrès, de sa doctrine, de sa mission et de son message.
Le 6 avril 1830, un petit groupe se réunissait dans la ferme de Peter Whitmer dans la
circonscription de Fayette (état de New York). Six hommes prirent part aux formalités
officielles dorganisation, avec Joseph Smith comme dirigeant. Depuis ce début
modeste dans une région rurale, cette uvre a grandi de manière constante et
importante, des hommes et des femmes de beaucoup de pays adoptant la doctrine et entrant
dans les eaux du baptême. Il y a maintenant près de quatre millions et demi de membres
vivants et lÉglise est plus forte et grandit plus rapidement quà
nimporte quel autre moment de son histoire. Il y a des assemblées de saints des
derniers jours dans toute lAmérique du Nord et du Sud, dans les pays dEurope,
en Asie, en Afrique, en Australie et dans les îles du Pacifique Sud ainsi que dans
dautres régions du monde. On enseigne actuellement lÉvangile rétabli par
lentremise de Joseph Smith en quarante-six langues et quatre-vingt-un pays. Depuis
cette petite réunion tenue dans une ferme il y a un siècle et demi, lÉglise
sest développée au point de compter aujourdhui presque 12.000 assemblées
organisées.
Nous témoignons que cet Évangile rétabli a été introduit dans le monde par
lapparition merveilleuse de Dieu, le Père éternel, et de son Fils, le Seigneur
Jésus-Christ ressuscité. Cette glorieuse manifestation a marqué le début de
laccomplissement de la promesse de Pierre, qui a prophétisé le «temps du
rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses
saints prophètes», ceci en vue de lavènement du Seigneur pour régner
personnellement sur la terre (Ac. 3:21).
Nous affirmons solennellement que lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours est en fait le rétablissement de lÉglise fondée par le Fils de Dieu, quand
il a organisé son uvre sur la terre, quelle porte son nom sacré, le nom de
Jésus-Christ, quelle est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes,
lui-même étant la pierre principale de langle, que sa prêtrise, dans les ordres
dAaron et de Melchisédek, a été rétablie sous les mains de ceux qui la
détenaient dans les temps anciens: Jean-Baptiste, dans le cas de la Prêtrise
dAaron, et Pierre, Jacques et Jean dans le cas de celle de Melchisédek.
Nous déclarons que le Livre de Mormon a paru par le don et le pouvoir de Dieu et
quil accompagne la Bible comme autre témoin de Jésus-Christ, le Sauveur et
Rédempteur de lhumanité. Ensemble ils témoignent quil est le Fils de Dieu.
Nous donnons notre témoignage que la doctrine et les pratiques de lÉglise
englobent le salut et lexaltation non seulement pour ceux qui vivent, mais
également pour les morts, et que dans des temples sacrés construits à cette fin il se
fait une grande uvre par procuration en faveur de ceux qui sont morts pour que tous
les hommes et femmes de toutes les générations puissent devenir bénéficiaires des
ordonnances salvatrices de lÉvangile du Maître. Cette grande uvre
désintéressée est lun des traits distinctifs de cette Église rétablie de
Jésus-Christ.
Nous affirmons que la famille, création divine, est sainte et déclarons que Dieu, notre
Père éternel, tiendra les parents pour responsables de léducation de leurs
enfants dans la lumière et la vérité, leur apprenant «à prier et à marcher en
droiture devant le Seigneur» (D&A 68:28). Nous enseignons que ces relations
familiales entre mari et femme et entre parents et enfants, les plus sacrées de toutes,
peuvent se poursuivre éternellement quand le mariage est contracté en vertu de
lautorité de la sainte prêtrise exercée dans des temples consacrés à ces fins
divinement autorisées.
Nous rendons témoignage que tous les hommes et femmes sont fils et filles de Dieu, chacun
responsable devant lui; que notre vie ici sur terre fait partie dun plan éternel;
que la mort nest pas la fin, mais plutôt le passage de ce monde à un autre monde
dactivité utile rendue possible par lexpiation du Rédempteur du monde et que
nous y aurons loccasion de travailler et de progresser vers la perfection.
Nous témoignons que lesprit de prophétie et de révélation est parmi nous. «Nous
croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce quil révèle maintenant et nous
croyons quil révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant
le Royaume de Dieu» (9e Article de foi). Les cieux ne sont pas scellés; Dieu continue à
parler à ses enfants par un prophète autorisé à déclarer sa parole, maintenant comme
autrefois.
La mission de lÉglise aujourdhui, comme depuis le commencement, est
denseigner lÉvangile du Christ au monde entier en obéissance au commandement
donné par le Sauveur avant son ascension et répété dans la révélation moderne:
«Allez dans le monde entier, prêchez l'Évangile à toute la création, agissant dans
l'autorité que je vous ai donnée, baptisant au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit» (D&A 68:8).
Par le prophète Joseph Smith, le Seigneur a révélé cet avertissement solennel:
«Écoutez, peuples lointains, et vous qui êtes dans les îles de la mer, prêtez tous
l'oreille. Car, en vérité, la voix du Seigneur s'adresse à tous les hommes, et il n'en
est aucun qui puisse s'y dérober; et il n'est pas d'il qui ne verra, pas d'oreille
qui n'entendra, pas de cur qui ne sera pénétré. Et les rebelles seront
transpercés d'un grand chagrin, car leurs iniquités seront publiées sur les toits, et
leurs actions secrètes seront révélées. Et la voix d'avertissement s'adressera à tous
les peuples, par la bouche des disciples que je me suis choisis en ces derniers jours »
[D&A 1:1-4].
Il est donc de notre obligation denseigner la foi au Seigneur Jésus-Christ,
dinviter les habitants de la terre au repentir individuel, dadministrer les
ordonnances sacrées du baptême par immersion pour la rémission des péchés et de
limposition des mains pour le don du Saint-Esprit, tout cela en vertu de
lautorité de la prêtrise de Dieu.
Il est de notre responsabilité dadopter et de suivre un programme inspiré
dinstructions et dactivité et de construire et dentretenir les locaux
qui en permettront laccomplissement, pour que tous ceux qui entendent et acceptent
puissent progresser dans la compréhension de la doctrine et se développer dans les
principes du service chrétien à leurs semblables.
Aujourdhui que nous nous trouvons au faîte de 150 ans de progrès, nous contemplons
humblement et avec reconnaissance les sacrifices de ceux qui nous ont précédés, dont
beaucoup ont donné leur vie en témoignage de cette vérité. Nous sommes reconnaissants
de leur foi, de leur exemple, des grandes choses quils ont faites et de ce
quils ont été disposés à consacrer à cette cause quils ont considérée
comme plus précieuse que la vie elle-même. Ils nous ont passé un héritage remarquable.
Nous sommes résolus à construire sur cet héritage pour le bien-être et le profit de
ceux qui suivent, qui constitueront un nombre sans cesse croissant dhommes et de
femmes fidèles sur toute la terre.
Cest luvre de Dieu. Cest son royaume que nous établissons.
Daniel, le prophète, en a dit autrefois quil était comme une pierre détachée de
la montagne sans le secours daucune main, qui allait rouler pour remplir la terre
entière (voir Da. 2:31-45). Nous invitons tous ceux qui ont le cur honnête à
écouter les enseignements de nos missionnaires qui sont envoyés comme messagers de la
vérité éternelle, à étudier, à apprendre et à demander à Dieu, notre Père
éternel, au nom de son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, si ces choses sont vraies.
«Et si vous demandez dun cur sincère, avec une intention réelle, ayant foi
au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. Et par le
pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez connaître la vérité de toutes choses» [Mro.
10:4-5].
Nous invitons tous les hommes et toutes les femmes à abandonner le mal et à se tourner
vers Dieu, à uvrer ensemble pour établir cette fraternité qui doit être reconnue
quand nous apprenons vraiment que Dieu est notre Père et que nous sommes ses enfants, et
à ladorer, lui et son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, le Sauveur de
lhumanité. Avec lautorité de la sainte prêtrise dont nous sommes investis,
nous bénissons ceux qui cherchent la vérité partout où ils peuvent être et nous
invoquons la faveur du Tout-Puissant sur tous les hommes et toutes les nations dont Dieu
est le Seigneur, au nom de Jésus-Christ, amen [CR, avr. 1980, pp. 75-77; voir aussi
Ensign 10, mai 1980, pp. 51-53].
Bibliographie
Messages of the First Presidency, James R. Clark, comp., 5 vols. Salt Lake City,
1965-1975.
ROBERT J. MATTHEWS
Prophète
[Cette rubrique se compose de deux articles: Prophète: Prophètes présente la croyance
des saints aux prophètes passés et présents comme partie intégrante de lÉglise,
et Prophète: Prophètes bibliques traite du phénomène des prophètes et de la
prophétie comme élément distinctif de la religion biblique.]
Prophète: Prophètes
Auteurs: BRITSCH, RALPH A. et BRITSCH, TODD A.
La croyance aux prophètes et à leurs messages est au
cur de la doctrine des saints (4e, 5e, 6e, 7e, 9e A de F). Ils reconnaissent les
prophètes bibliques et ceux du Livre de Mormon, aussi bien que les prophètes modernes,
comme des serviteurs de Jésus-Christ et acceptent comme Écritures la Bible, le Livre de
Mormon, la Perle de Grand Prix et les Doctrine et Alliances. Ils croient que Joseph Smith
et tous les présidents de lÉglise qui lui ont succédé étaient et sont des
prophètes et des représentants de Jésus-Christ.
Le mot «prophète» vient du grec prophetes, qui signifie «instructeur inspiré». Bien
que ni le terme grec ni son équivalent hébreu, nabi, nimpliquent au départ la
fonction de prédiction (Smith, p. 3), toute prophétie est tournée vers le futur.
Puisque le Seigneur a choisi certains de ses serviteurs pour faire des prédictions
pour révéler, parfois en termes précis, des événements importants qui doivent se
produire lélément prédictif éclipse souvent les autres implications du
mot dans lesprit de certains (voir Révélation; Jésus-Christ: Prophéties au sujet
de Jésus-Christ).
Mais le don de prophétie nest pas limité à ceux dont les paroles ont été
enregistrées dans les Écritures. Par définition scripturaire, un prophète est
quiconque a le témoignage de Jésus-Christ et est mû par le Saint-Esprit (Ap 19:10; cf.
EPJS, pp 93, 127). Moïse, exprimant son approbation concernant deux hommes qui avaient
prophétisé, sécrie: «Puisse tout le peuple de lÉternel être composé de
prophètes; et veuille lÉternel mettre son esprit sur eux!» (No. 11:26-29).
Beaucoup décoles des prophètes et de «fils» (disciples) des prophètes, les uns
faux, les autres vrais, existaient à lépoque de lAncien Testament. À
lépoque moderne, parlant de Brigham Young, Wilford Woodruff a dit: «il est
prophète, je suis prophète, vous lêtes et est prophète quiconque a le
témoignage de Jésus-Christ, parce que cest lesprit de prophétie» (JD
13:165; voir Esprit de prophétie). Il sensuit que cet esprit nagit pas dans
tout ce que dit celui qui la. Le prophète Joseph Smith explique que «un prophète
[nest] un prophète que quand il agit comme tel» (HC 5:265).
En 1820, un passage de Jacques (1:5) a été à lorigine de la Première Vision de
Joseph Smith (JSH 1:11-20). Trois ans après, tout en instruisant Joseph Smith,
lange-prophète-messager Moroni a cité les prophètes Malachie, Joël et Ésaïe,
qui parlaient de la mission future du Messie et du rôle des prophètes, notamment Élie,
dans le rétablissement moderne de lÉvangile. Les révélations données ensuite à
Joseph Smith mentionnent souvent les prophètes des Ancien et Nouveau Testaments. Les plus
souvent cités, en plus de ceux mentionnés ci-dessus, sont Hénoc, Noé, Abraham, Isaac,
Jacob, Moïse, Pierre, Jacques, Jean et Jean-Baptiste. En avril 1836, les prophètes
Moïse, Élias et Élie sont apparus à Joseph Smith et à Oliver Cowdery et leur ont
conféré les clefs de la prêtrise (voir D&A 110:11-16). Dautres messagers
célestes, tous prophètes, avaient contribué, à partir de 1829, au rétablissement des
Prêtrises dAaron et de Melchisédek (JSH 1:68-73).
Joseph Smith eut lesprit de prophétie après quOliver Cowdery et lui eurent
été baptisés en mai 1829 (JSH 1:73-74), et son office prophétique fut
officiellement reconnu quand lÉglise fut organisée le 6 avril 1830. Une
révélation reçue par lui déclare: «Tu
seras appelé voyant, traducteur,
prophète, apôtre de Jésus-Christ, ancien de lÉglise
étant inspiré par le
Saint-Esprit à en poser les fondations» (D&A 21:1-2). En mars 1836, sous la
direction prophétique de Joseph Smith, les membres de lÉglise soutinrent la
Première Présidence et le Collège des douze apôtres comme prophètes, voyants et
révélateurs (HC 2:417). Leurs successeurs ont aussi été soutenus comme tels.
Une série ininterrompue de prophètes a dirigé lÉglise depuis la mort de Joseph
Smith en 1844: Brigham Young (1844-1877), John Taylor (1877-1887), Wilford Woodruff
(1887-1898), Lorenzo Snow (1898-1901), Joseph F. Smith (1901-1918), Heber J. Grant
(1918-1945), George Albert Smith (1945-1951), David O. McKay (1951-1970), Joseph Fielding
Smith (1970-1972), Harold B. Lee (1972-1973), Spencer W. Kimball (1973-1985), Ezra Taft
Benson (1985-1994), Gordon B. Hinckley (1995-2008) et Thomas S. Monson(2008-). Depuis
1847, ces prophètes administrent les affaires de lÉglise depuis son siège à Salt
Lake City. Ils se consacrent à la mission à laquelle ils ont été appelés daider
les habitants de la terre à se préparer à la vie éternelle et à lavènement de
Jésus-Christ. Ils assurent la direction du programme missionnaire international de
lÉglise et de la construction de temples. Le prophète vivant continue à recevoir
des révélations, à choisir et à ordonner des dirigeants par lesprit de
prophétie et à être linstructeur principal de lÉglise, enseignant à ses
membres la doctrine et une vie juste.
Les prophètes et leurs messages occupent depuis le début une place centrale dans les
relations de Dieu avec ses enfants. Bruce R. McConkie, un apôtre, a écrit quun
prophète préordonné sest tenu à la tête de lÉglise de Dieu dans toutes
les dispensations de lÉvangile depuis Adam (voir Moï. 5:9, 10) jusquà ce
jour, notamment, Noé, Abraham, Moïse, Pierre et Joseph Smith (A New Witness for the
Articles of Faith, Salt Lake City, 1985, p. 2).
Les prophètes sont toujours des témoins de Jésus-Christ, un fait qui est
particulièrement évident dans le Livre de Mormon. Lexpérience commune à tous ses
prophètes est le témoignage quils rendent de Jésus-Christ, de sa filiation divine
et de sa mission terrestre. Un certain nombre dentre eux, notamment Léhi, Néphi 1,
Jacob, Benjamin, Abinadi, Alma le Jeune et Samuel le Lamanite, ont prédit sa venue (1
Né. 1:19; 10:4; 19:7-8; Jcb. 4:4-5; Mos. 3:5-8). Ils ont prédit son sacrifice expiatoire
et sa résurrection (Mos. 3:10-11;15). Avant cela, Néphi avait parlé de prophètes
antiques, de Zénos, de Néum et de Zénock (1 Né. 19:10; 3 Né. 10:14-16), qui ont
également prédit la visitation de Jésus-Christ en Amérique après sa résurrection (3
Né. 11-26). Étant donné que les saints des derniers jours identifient Jésus-Christ à
Jéhovah, ils reconnaissent que les prophètes de lAncien Testament ont rendu ce
même témoignage (voir Jéhovah, Jésus-Christ).
Indépendamment de sa fonction en tant quhistoire, le Livre de Mormon est
essentiellement un compte rendu des relations de Dieu avec une longue série de
prophètes, depuis Léhi, au VIe siècle av. J.-C. jusquà Moroni 2, mille ans
après. En tant que témoins de Jésus-Christ, tous ont été appelés à être des
maîtres de justice. Bien que leurs enseignements soient tous basés sur lÉvangile
de Jésus-Christ et quils aient enseigné essentiellement les mêmes choses, le
document que nous possédons met laccent sur des points particuliers: Abinadi
souligne que lon doit vivre la loi de mosaïque avec lesprit approprié (Mos.
12, 13); Néphi 1 et Alma le Jeune prêchent le baptême et le repentir (2 Né. 31; Mos.
18), de même que les fils dAlma (Al. 17-29). Beaucoup, notamment Néphi 1, Énos,
Éther et Moroni, sont poussés à écrire et à parler de la foi et du don du
Saint-Esprit (par exemple, 2 Né. 26:13; 32:2-3). Dans ses recommandations à son fils
Jacob, Léhi enseigne les principes de «lopposition en toutes choses» et du libre
arbitre (2 Né. 2). Le roi Benjamin invite son peuple à servir Dieu en se servant
mutuellement (Mos. 2:17). Comme leurs homologues de lAncien Testament, lui et
dautres prophètes du Livre de Mormon mettent en garde contre la vanité, la
cupidité, limmoralité sexuelle, le matérialisme et les péchés de ce genre; mais
ils conseillent aussi lamour, la bonté, la patience, lhumilité et tout ce
qui procure la paix.
Les prophètes hébreux ont parlé pour Dieu pendant de nombreux siècles jusquà
lère post-apostolique, du deuxième au dix-neuvième siècle, quand la foi en la
prophétie continue a disparu dans cette partie du monde et quand les gens ont supposé,
comme déjà certains du temps de Jésus, que les prophètes étaient morts (Jn. 8:53) et
leurs fonctions abolies. Croire que Dieu avait parlé aux hommes de son époque était
«le test que la génération du Christ ne put réussir» (CWHN 3:7).
«Celui qui prophétise, écrit Paul, parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les
console» (1 Co. 14:3) ce genre de personne enseigne, exhorte et donne
lassurance de lamour de Dieu. Les prophètes ont proclamé de diverses façons
ces messages donnés par Dieu et en insistant sur différents points. Leurs messages, bien
quintemporels dans leur teneur, sappliquaient à la vie quotidienne des
collectivités et des nations. Certains ont combiné leur fonction de prophète avec
dautres activités, telles quêtre juges, chefs militaires, historiens,
poètes et administrateurs religieux et civils.
Certains prophètes ont été des figures populaires et des dirigeants charismatiques
Moïse, Samuel et Alma le Jeune, par exemple. Mais beaucoup ont connu les mauvais
traitements et la trahison. Pour chaque prophète qui a été honoré pendant sa vie
terrestre, beaucoup ont souffert les persécutions et même le martyre (2 Chr. 36:15-16;
Mt. 5:11-12; Mos. 17:20; D&A 135). Il est clair que les messages des prophètes
nétaient pas conçus pour gagner la faveur populaire. Un thème fondamental et
commun à tous ces messages est lappel au repentir. Bien que les prophètes aient
conseillé la miséricorde, la fraternité et lhumilité, et bien quils aient
promis la vie et la joie à ceux qui ont cherché à aimer Dieu et à recevoir son amour,
ils ont prédit que la douleur et le désespoir seraient les conséquences inévitables de
limmoralité, de la cupidité, de lidolâtrie, de la méchanceté, de
lorgueil et dautres péchés. Ils ont aspiré à paix, mais ils ont condamné
les faux prophètes qui ont crié: «Paix! paix!
Et il ny a pas de paix» (Jé.
6:14). La suffisance prétentieuse, le matérialisme compulsif et le culte dautres
dieux étaient les caractéristiques principales des faux prophètes et de leurs
disciples.
Les messages des prophètes ont revêtu beaucoup de formes. Les principales sont les
instructions et les commandements directs de Dieu à ses enfants, comme dans une grande
partie du Pentateuque et les Doctrine et Alliances. Beaucoup ont eu la forme de sermons et
de cérémonies de renouvellement dalliances, comme ceux de Moïse et de Josué (De.
4-11; Jos. 24). On trouve des vérités importantes dans les recommandations des
prophètes à leurs propres familles, comme dans les paroles de Léhi et dAlma le
Jeune à leurs enfants (2 Né. 1-4; Al. 36-42). Certains messages de prophètes
apparaissent dans des lettres telles que les épîtres de Paul, de Jacques, de Pierre et
de Jean dans le Nouveau Testament et celles de Joseph Smith dans Doctrine et Alliances 127
et 128. Certains sexpriment sous forme de prière, comme la prière dactions
de grâces de David (2 S. 7:18-29), dautres sont présentés dans des symboles et de
la poésie: le symbolisme dÉzéchiel et de Jean le Révélateur, les chants de
David, les passages poétiques dÉsaïe et de Jérémie, le langage figuré de Paul
(Ép. 6:10-18) et des formules poétiques telles que le «chant nouveau» dans Doctrine et
Alliances 84:98-102.
Aucun vrai prophète, ancien ou moderne, ne sest jamais appelé lui-même à son
poste. Certains, tels que Moïse, Amos et Jérémie, ont même accepté lappel à
contre-cur. Dautres, notamment Jean-Baptiste, Samuel, Néphi 1 et Joseph
Smith, ont été appelés dans leur enfance ou leur jeunesse.
Les appels faits à différents prophètes et les communications ultérieures de Dieu avec
et par eux se sont produits de diverses manières: par le ministère danges, par des
songes, par des visions de jour ou de nuit, par linspiration prophétique, par une
conviction intense confirmée par les événements qui ont suivi, par la voix littérale
de Dieu et dans des visitations en tête à tête comme celles que Moïse (Ex. 33:11),
Hénoc (Moïse 7:4) et Joseph Smith (JSH 1:17) ont connues. Tantôt lappel
vient avec une intensité aveuglante, comme dans ceux de Paul et dAlma le Jeune,
tantôt, comme dans le cas dÉlie, le prophète entend «un murmure doux et léger»
(1 R. 19:12). Dieu parle souvent à ses prophètes en réponse à leurs prières, mais les
vrais prophètes ne sont pas des mystiques qui essayent dentrer en contact avec
linvisible par des transes auto-induites ou des moyens de ce genre.
Lappel dun prophète a toujours été fait, et ses messages écrits ou
prononcés par le pouvoir du Saint-Esprit, parfois appelé lEsprit du Seigneur (Ac.
2:1-4, 37-42). Ananias a imposé les mains à Paul pour quil recouvre la vue et soit
rempli du Saint-Esprit. «Et aussitôt il prêcha
que Jésus est le Fils de Dieu»
(Ac. 9:17-20). Cest ce quont également fait les prophètes avant Paul et
cest ce quils ont tous fait depuis. Quelque chose qui va de pair avec le don
du Saint-Esprit, cest le pouvoir de la prêtrise qui a été exercé par les
représentants de Dieu dans toutes les dispensations.
Bibliographie
Madsen, Truman G. Joseph Smith the Prophet. Salt Lake City, 1989.
Nibley, Hugh W. The World and the Prophets. Vol. 3 des CWHN.
Smith, J. M. Powis. The Prophets and Their Times. Chicago, 1925.
Welch, John W. "The Calling of a Prophet." Dans The Book of Mormon: First Nephi,
The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, pp. 35-54. Provo, Utah, 1988.
RALPH A. BRITSCH
TODD A. BRITSCH
Prophète: Prophètes bibliques
Auteur: FREEDMAN, DAVID NOEL
Le phénomène prophétique est un trait distinctif de la religion biblique. Sous sa forme
complètement développée, il met la religion biblique à part des autres religions du
Proche-Orient antique. Comme dans dautres sujets apparentés, tels que le culte, le
sacrifice, les principes moraux et les pratiques, Israël avait beaucoup en commun avec
ses voisins. Mais souvent, et spécifiquement dans le domaine de la religion, les peuples
de la Bible ont formé et forgé quelque chose de distinctif et de différent de tous ceux
qui les ont précédés ou ont continué côte à côte avec eux. Et cest
particulièrement vrai de la prophétie biblique.
À peu dexceptions près, les reliques de lantiquité païenne ne suscitent
quun intérêt marginal chez les savants rappels désuets quils sont
dun passé lointain tandis que les prophètes de la Bible parlent à travers
les siècles avec des mots et à partir dexpériences qui ont une portée directe
sur la vie moderne et une signification pour la civilisation moderne.
Les prophètes bibliques prétendent être à la fois des «prédicteurs» et des
prédicateurs et basent leurs prétentions sur leur accès privé au Dieu dIsraël,
qui est le maître de lhistoire passée, présente et future. La prophétie comme
partie essentielle de la structure théopolitique dIsraël et le mouvement
prophétique comme phénomène historique réel commencent avec Samuel et son groupe de
disciples au XIe s. av. J.-C., au moment du passage de lère des juges aux débuts
de la monarchie avec linstallation de Saül comme chef royal de la confédération
israélite ou ligue des tribus. Les prophètes, à partir de Samuel, jouent un rôle
important, sinon décisif, dans la création mais aussi la censure de la monarchie et
continuent à être partie intégrante de la société israélite tant que la monarchie
survit et même au-delà, quand il y a encore lespoir de rétablir la royauté de la
maison de David. Bien que Dieu parle généralement aux prophètes par des visions, des
manifestations audibles et même des songes, avec Moïse il parle face à face (De. 34;
Ex. 33). Et tandis que dautres prophètes souvent ne font que sentir la présence de
la Divinité, Moïse, lui, voyait sa forme et sa personne proprement dites (No. 12; cf.
Ex. 33-34).
Daprès les comptes rendus bibliques des prophètes et de leurs expériences, on
peut se faire une idée des prophètes et de leur appel.
LAPPEL. Lappel et le mandat divins marquent le commencement de la carrière du
prophète. Dans tous les cas dont nous avons connaissance, les détails sont saisissants
et distinctifs; il ny a pas deux situations prophétiques qui soient exactement
identiques, bien que toutes partagent des éléments importants. Nous avons des données
suffisantes pour des gens tels que Moïse, Samuel, Élisée (mais pas Élie) et les grands
prophètes littéraires tels que Amos, Osée, Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel pour nous
constituer une image composite. Mais les renseignements nous manquent en ce qui concerne
lappel de prophètes comme Nathan et Achija. Lappel, de manière classique,
est lancé par Dieu et est souvent accompagné dune ou plusieurs visions, avec
lun ou lautre événement extraordinaire ou miraculeux (par exemple, le
buisson ardent). Cest la combinaison des circonstances qui persuade le prophète (ou
la prophétesse) quil (ou elle) na pas des hallucinations mais est en contact
avec le Dieu vivant.
LE MANDAT. Lappel est toujours accompagné dun mandat. Le but est
denrôler le prophète pour quil mène à bien une mission ou un devoir,
quil fasse quelque chose en réponse à lappel. Certains prophètes sont
réticents à prendre une telle responsabilité et se trouvent donc des excuses ou
essaient dautres façons déluder leur appel (par exemple, Moïse, Jérémie
et, surtout, Jonas). Dautres prophètes sont impatients daccomplir leur tâche
et sempressent de le faire (par exemple, Ésaïe, Ézéchiel, peut-être Osée). Les
règles de base pour le prophète disons, lordre de marche sont
données succinctement et avec éloquence dans le livre de Jérémie: «Tu iras vers tous
ceux auprès de qui je tenverrai, et tu diras tout ce que je tordonnerai»
(Jé. 1:7). En bref, le prophète est lambassadeur ou le messager de Dieu et son
seul devoir est de remettre le message tel quil la reçu.
LE MESSAGE. Dans la plupart des cas, le message est pour les autres et particulièrement
pour la nation, ses dirigeants et le peuple en général. Souvent, il contient des
avertissements et des menaces, parfois des promesses et de lencouragement.
Inévitablement il y a un élément prédictif, car les messages sont la plupart du temps
orientés vers le futur mais enracinés dans le passé. Pour la plupart, les prédictions
sont conditionnées moralement, sur la base de lalliance entre Dieu et Israël,
laissant le choix entre la vie et la mort, avec le succès comme résultat de
lobéissance et léchec comme conséquence de la désobéissance et de la
rébellion. De temps en temps, les oracles sont prononcés de manière absolue,
garantissant lavenir, quil sagisse de destruction ou de rétablissement.
Parfois ils sont limités dans le temps, cest-à-dire que les événements décrits
se produiront au cours dune période désignée, mais souvent aucune tranche de
temps nest mentionnée. Même lorsque les conditions morales ou temporelles ne sont
pas explicitées, elles peuvent être sous-entendues par lorateur ou déduites par
les auditeurs. Un cas notable est la prédiction claire de Michée (Mi. 3:12) que
Jérusalem sera détruite. Un siècle plus tard, Jérémie cite le passage non pour
prouver que la prophétie ne sest pas accomplie (Jérusalem na pas été
détruite et est toujours debout) et encore moins pour accuser Michée dêtre un
faux prophète, mais pour prouver que suite à la prophétie, le roi (Ézéchias) et le
peuple se sont repentis et que par conséquent Yahweh (Jéhovah) leur a pardonné et a
épargné la ville (Jé. 26:16-19). Cest le message du prophète qui a produit le
résultat, ce qui confirme que son message et lui venaient de Dieu.
LE PROPHÈTE COMME THAUMATURGE. Les miracles sont clairement et fortement associés à des
prophètes tels que Moïse, Samuel et particulièrement Élie et Élisée ainsi
quÉsaïe parmi les prophètes écrivains mais il y a beaucoup de prophètes
chez qui ce lien nexiste pas (par exemple, Jérémie, Amos, Osée, Michée, etc.).
Les miracles semblent se rattacher à des personnalités particulièrement charismatiques
qui étaient également prophètes mais pas nécessairement au rôle ou à loffice
de prophète. Dans le cas de Moïse, ils avaient pour but de fortifier et de confirmer ses
prétentions à avoir reçu un message de Dieu authentique et faisant autorité, et ils
servaient à renforcer la fonction et le but des visions et des expériences du même
genre dautres prophètes.
SUCCÈS ET ÉCHEC. Dans lensemble, les résultats de lexpérience prophétique
sont eux-mêmes imprévisibles, et le succès ou léchec chez les différents
prophètes naffecte guère leur statut de vrais prophètes de Dieu. On rapporte que
des prophètes tels que Samuel et Élisée ont connu beaucoup de succès dans
laccomplissement de leur mission. Chez Élie et peut-être chez Ésaïe, les
résultats sont mitigés, ainsi que chez Amos, Osée et Michée. Finalement, ils ont tous
été reconnus comme vrais prophètes, pas parce que les dirigeants et le peuple ont
écouté leurs paroles (souvent ils ne les écoutaient pas), mais parce quils ont
fidèlement rapporté ce quils ont entendu de la bouche de Dieu, indépendamment des
conséquences pour eux-mêmes ou pour le peuple à qui ils ont remis le message. On voyait
que la survie de la nation était en jeu et il était de la plus haute importance de
distinguer les vrais des faux prophètes. Ce nétait pas un simple exercice
théorique, mais cela exigeait le meilleur jugement de la part des dirigeants comme du
peuple.
TESTS DES VRAIS PROPHÈTES. Le Deutéronome propose la manière de procéder pour trancher
la question du vrai et du faux. Il y a deux principes de base, pratiques et applicables:
(1) si le prophète parle au nom dun autre dieu ou dautres dieux et remet des
messages de leur part, il est automatiquement condamné pour apostasie et doit être mis
à mort (De. 13:1-5) (2) si le prophète fait une prédiction et quen temps voulu la
prédiction ne se réalise pas, le prophète est considéré comme faux et doit être
exécuté (De. 18:20-22).
Mais il y a beaucoup de situations où les règles deutéronomiques ne fonctionnent pas et
le jury doit sen remettre à dautres ressources. En fin de compte, la
décision ne peut pas attendre jusquà ce que lon dispose de tous les
éléments de preuve et doit être basée sur dautres facteurs. Le facteur principal
(après le test de base de lorthodoxie: au nom de quel Dieu le prophète
parle-t-il?) doit être leffet que le prophète fait sur son auditoire: son
honnêteté, son courage, sa fiabilité la capacité de rendre réelle pour les
auditeurs lexpérience de Dieu et ses messages au prophète et par lui au peuple.
Plus tard il peut y avoir confirmation et justification.
LE PROPHÈTE COMME GARDIEN DE LALLIANCE ET DE LA COMMUNAUTÉ. Du début à la fin,
laccent, dans les messages des prophètes, est mis sur la dimension morale de la
religion biblique et sur leffet quelle a sur le bien-être de la nation et de
ses différents membres. Contrairement aux prêtres, qui se préoccupent de questions de
culte, les prophètes mettent laccent sur les exigences morales de la Divinité et
les conditions morales requises par lalliance. La survie et le succès de la
communauté dépendent davantage de la justice de la nation que du rituel des prêtres ou
des exploits militaires, politiques, sociaux et économiques du roi et de sa coterie. La
bataille contre lidolâtrie et lapostasie est ininterrompue pendant toute la
période biblique et ce sont les prophètes qui mènent la lutte. En second lieu par
rapport à cela, et cest tout aussi difficile et important, il y a les obligations
vis-à-vis de son prochain et de lensemble de la communauté. Cest sur ces
deux bases que le message des prophètes est bâti et les prophètes ne cesseront jamais
de proposer les vérités élémentaires au sujet de la religion biblique et des relations
de Dieu avec son peuple.
PROPHÈTES ET UNIVERSALISME. Avec les grands prophètes du VIIIe siècle av. J.-C. et des
siècles suivants, il y a un changement important, bien que les vérités de base restent
intactes. Les mêmes exigences et les mêmes principes sont conservés et appliqués avec
plus de sévérité encore à un Israël enclin à la défection et aux manquements. À la
suite de lapparition des grandes puissances mondiales: lAssyrie aux VIIIe et
VIIe siècles av. J.-C. et la Babylonie vers la fin du VIIe et au VIe, la question de la
survie des petits royaumes dIsraël et de Juda (et de leurs voisins) devient
pressante. Pour la première fois depuis le temps des patriarches, les prophètes
soulèvent le problème avec vigueur et dune nouvelle manière, avec une perspective
plus étendue sur la scène du monde et le rôle de Yahweh comme souverain des nations.
Ils définissent la place dIsraël et de Juda dans le tableau densemble et
annoncent une théorie de lordre du monde et dun cadre temporel. Ils
élaborent les implications de lexistence dun Dieu unique régnant sur
lunivers mais ayant des liens spéciaux avec une petite nation (ou deux royaumes).
Ils définissent avec plus de rigueur les dangers et les menaces pour le peuple de Dieu,
mais également les espoirs et les promesses davenir. Finalement, le Dieu du monde,
qui est également Dieu de la manière qui lui est propre, et un Israël rétabli et
révélé prendront leur place parmi les nations dans une résolution harmonieuse des
conflits, pour créer le Royaume de Paix. La vision finale englobe toutes les nations et
tous les peuples, avec une place spéciale pour Israël, toujours tenu par les
stipulations essentielles de lalliance, mais dirigeant et modèle pour tous les
autres. La foi et la moralité personnelles sont au cur de la religion prophétique,
mais les implications et les ramifications sont sociales, nationales et, en fin de compte,
mondiales.
LE PROPHÈTE COMME PORTE-PAROLE DU PEUPLE DE DIEU. Normalement on conçoit les prêtres
comme ceux qui offrent des prières et des sacrifices à Dieu en faveur du peuple et
lon pense particulièrement au rôle du grand prêtre le jour des Expiations. De la
même manière, les prophètes peuvent exercer le rôle de médiateur, mais dans un
contexte différent. Jérémie mentionne deux médiateurs, Moïse et Samuel, tout en
confirmant que Dieu lui-même a refusé ce rôle à Jérémie. Le cas le plus
spectaculaire est celui de Moïse dans lépisode du veau dor (Ex. 32). Seul
Moïse a la témérité et une proximité suffisante avec Dieu pour exiger un changement
de cur et desprit de la part de la Divinité. Seul Moïse peut exiger le
repentir de la part de Dieu (mais voir TJS, Ex. 32:14). Et il réussit, comme le rapporte
le texte. Israël est épargné. Une version poétique différente du même événement
est le Psaume 90:13. Ce nest pas par hasard que ce soit le seul psaume de la Bible
qui est directement attribué à Moïse.
Moïse reste le modèle unique dun prophète dIsraël à cause de son
inspiration, de sa direction et, en fin de compte, de ses pouvoirs dintercession.
Les derniers mots du Deutéronome rappellent cette particularité: «Il na plus paru
en Israël de prophète semblable à Moïse, que lÉternel connaissait face à
face.» (De. 34:10; cf. Ex. 33:11). Et Yahweh parlait à Moïse face à face, comme les
hommes et les femmes parlent à leurs semblables (cf. aussi No. 12:8): «Je lui parle
bouche à bouche
et il voit la forme de Yahweh» (traduction de lauteur).
Bibliographie
Friedrich, Gerhard, dir. de publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad.
Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 6, pp. 781-861. Grand Rapids, Mich.,
1964-1974.
Nibley, Hugh. The World and the Prophets. CWHN 3.
Sawyer, John F. A. Prophecy and the Prophets of the Old Testament. Oxford, 1987.
DAVID NOEL FREEDMAN
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