Relations
diplomatiques
Auteur : Hickman, Martin B.Joseph Smith entreprit sa
première mission diplomatique pour l'Église lorsqu'il se rendit à Washington, D.C., en
1839, et rencontra le président des États-Unis, Martin Van Buren, pour demander une
intervention fédérale en faveur des membres de l'Église qui avaient perdu la vie ou
leurs biens pendant les persécutions du Missouri. Depuis alors, les contacts
diplomatiques de l'Église avec les gouvernements du monde ont visé principalement à
obtenir la reconnaissance juridique de l'Église et la liberté pour ses membres de
prêcher l'Évangile aux autres, de se réunir pour le culte religieux et de vivre selon
leurs préceptes religieux.
Pendant un siècle et demi, l'Église n'a pas eu de fonction diplomatique officielle ; les
présidents de mission ou des Autorités générales en mission spéciale étaient
chargés de créer un climat favorable à leffort missionnaire de l'Église et de
résoudre les problèmes avec les gouvernements hôtes. En 1842, Lorenzo Snow, un apôtre,
chercha à créer une impression favorable des saints en présentant un exemplaire
joliment relié de la première édition britannique du Livre de Mormon à la Reine
Victoria et à Albert, le Prince Consort. Quand l'Église commença à pratiquer le
mariage plural, la tâche de maintenir une image publique favorable devint plus difficile.
Cet effort ne fut pas aidé par une note envoyée en 1887 par le gouvernement américain
aux gouvernements de Grande-Bretagne et de Scandinavie, leur demandant de freiner
l'immigration des saints des derniers jours aux États-Unis, une mesure visant à endiguer
la croissance de la polygamie. Étant donné que les pays scandinaves ne firent pas
grand-chose et que la note fut ridiculisée par la presse britannique, l'Église ne jugea
pas utile de prendre une initiative diplomatique quelconque.
Cinquante ans plus tard, une loi adoptée par le législateur au Tonga, interdisant
l'entrée des missionnaires mormons, fit l'objet d'une protestation diplomatique de
l'Église auprès du gouvernement britannique. L'affaire atterrit sur le bureau de Winston
Churchill, qui était alors ministre des colonies. Il ne prit aucune mesure parce que le
gouvernement britannique ne pouvait pas opposer son veto à une loi du Tonga, et parce que
le Foreign Office [ministère des affaires étrangères] l'avait informé que le
gouvernement américain ne protesterait pas si la loi ne s'appliquait pas rétroactivement
aux missionnaires déjà dans le pays, mais seulement à ceux qui introduiraient
dorénavant une demande de visa. L'Église nintervint pas, le président de la
mission ayant réussi à convaincre le gouvernement tongan d'abroger la mesure.
Le caractère plutôt restreint des relations diplomatiques de l'Église avec les
gouvernements d'Europe du Nord, où l'effort missionnaire de l'Église était concentré
au XIXe siècle, céda, au XXe siècle, à des contacts plus étendus, l'Église devenant
plus ambitieuse dans lampleur de son programme missionnaire. Dans de nombreux pays,
le droit de faire du prosélytisme était limité non seulement par la loi mais aussi par
lusage et la tradition, découlant en partie de l'influence d'une Église d'État
établie avec un statut juridique particulier. En outre, la propagation du communisme
avait dressé des barrières idéologiques contre luvre missionnaire en
général. L'Église maintint cependant sa politique de laisser la gestion des relations
diplomatiques nécessaires entre les mains des présidents de mission ou d'Autorités
générales situées de façon permanente ou temporaire dans le pays. Cette politique
changea après 1975 quand Spencer W. Kimball devint président de l'Église. Il était
déterminé à augmenter l'effort missionnaire de l'Église et notamment dobtenir la
reconnaissance juridique dans les pays où cette reconnaissance avait été refusée, soit
par politique gouvernementale, soit du fait de l'opposition de l'Église d'État établie.
Cette décision déboucha sur une politique qui nécessitait des changements
organisationnels au siège de l'Église. Ces changements avaient été examinés pendant
le mandat du président Harold B. Lee, mais aucune mesure n'avait été prise avant sa
mort. N. Eldon Tanner, qui fut premier conseiller à la fois du président Lee et du
président Kimball, examina avec ce dernier les discussions précédentes. Ils
décidèrent de nommer un représentant spécial, responsable devant la Première
¨Présidence, qui négocierait avec les gouvernements en dehors des États-Unis la
suppression des lois restrictives en matière de visa et la reconnaissance juridique de
l'Église là où elle avait été refusée. Le représentant spécial servirait
également dagent de liaison entre l'Église et les ambassades des États-Unis à
l'étranger.
Le président Kimball nomma David M. Kennedy comme représentant spécial de la Première
Présidence. Kennedy avait une vaste expérience de travail avec les gouvernements et les
dirigeants internationaux comme banquier international, comme secrétaire au Trésor
américain sous le président américain Richard Nixon, comme ambassadeur itinérant et
comme ambassadeur de l'organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
L'Église voulant obtenir la reconnaissance juridique aussi rapidement que possible, la
Première Présidence et son représentant spécial examinèrent les pays un par un,
explorant les possibilités que chacun offrait. Des barrières existaient dans chaque
pays. Certains avaient des lois limitant la liberté de culte. Il y avait depuis longtemps
des barrières culturelles et religieuses dans d'autres. Dans certains, la reconnaissance
juridique était possible, mais les lois limitaient strictement le droit de faire du
prosélytisme. Quand il décida que la reconnaissance juridique devrait être le premier
but, le président Kimball envoya Kennedy en Grèce, où la reconnaissance avait longtemps
été refusée malgré les efforts vigoureux des dirigeants de l'Église. Kennedy apprit
par ses contacts au gouvernement grec et à l'ambassade des États-Unis que pour obtenir
la reconnaissance comme «maison de prière », il fallait l'approbation de l'archevêque
d'Athènes et de toute la Grèce, sa Béatitude Séraphim. Au cours dun entretien
crucial, Kennedy fit remarquer que l'Église orthodoxe grecque jouissait dune pleine
liberté de culte aux États-Unis, que le gouvernement grec avait honoré le président
David O. McKay pour l'aide que l'Église avait envoyée à la Grèce après le tremblement
de terre de 1953 et que l'Église était pleinement reconnue par la plupart des autres
pays d'Europe occidentale. La Grèce finit par accorder la reconnaissance juridique à
l'Église. Les autres pays où la reconnaissance allait être demandée et finalement
accordée étaient la Yougoslavie, le Portugal et la Pologne.
Lorsque lon apprit que l'Église cherchait à être reconnue dans les pays
communistes, les représentants des médias commencèrent à demander comment cette
initiative pourrait être compatible avec lopposition idéologique de l'Église au
communisme. Kennedy répondit à ces questions en se référant à la croyance de
l'Église que lon doit se « soumettre aux rois, aux présidents, aux gouverneurs et
aux magistrats, et que nous devons respecter, honorer et défendre la loi » (12e A de F).
La réalité essentielle, soulignait Kennedy, est que l'Église puisse entrer et
prospérer dans tout pays qui « nous permettrait d'offrir nos sacrements... qui nous
permettrait dans nos maisons davoir notre organisation familiale et de vivre selon
nos habitudes religieuses" (Hickman, p. 340). Ces libertés minimales étaient tout
ce dont les saints des derniers jours avaient besoin pour vivre en accord avec leurs
croyances générales. Kennedy fit également la distinction entre les systèmes
économiques et politiques que les membres de l'Église préféraient en tant que
particuliers et les restrictions aux libertés individuelles qui rendraient
lexistence de l'Église impossible en tant qu'institution ou empêcheraient ses
membres de suivre ses préceptes fondamentaux. Par le biais de Kennedy, l'Église remit
laccent sur le fait que sa mission était de prêcher l'Évangile rétabli au monde
entier et de contribuer à ce que la vie de ses membres soit marquée par la progression
morale et spirituelle et non dimporter les systèmes politique et économique
américains.
Dans chaque pays visité, le premier but de l'Église était dêtre reconnue, ce qui
comprenait le droit d'ouvrir une mission, le droit d'entrée pour les missionnaires, le
droit de faire ouvertement du prosélytisme et le droit de tenir des réunions de culte
public. Le succès le plus notable dans la réalisation de ces objectifs fut fait au
Portugal, où la révolution de 1974 aboutit à l'adoption d'une loi accordant la liberté
de religion. Dans d'autres pays, notamment la Pologne, l'Église réussit à obtenir la
reconnaissance juridique lui permettant de posséder des biens, de tenir des réunions
religieuses et denvoyer des représentants de l'Église dans le pays, mais le droit
de faire du prosélytisme fut refusé. Malgré cette restriction, les dirigeants de
l'Église croyaient que la reconnaissance juridique était une avancée importante et que
l'offre du gouvernement polonais devrait être acceptée même si elle ne contenait pas le
droit de faire du prosélytisme. L'Église obtint la reconnaissance juridique en
Yougoslavie, essentiellement aux mêmes conditions. Dans chaque pays où l'Église
entreprenait des négociations, Kennedy, en tant que représentant spécial de la
Première Présidence, soulignait que l'Église était reconnue dans de nombreux pays du
monde et quaux États-Unis des membres occupaient des postes importants au
gouvernement, dans l'éducation et les affaires. Il soulignait également que les membres
de l'Église étaient connus aux États-Unis pour leur honnêteté, leur fiabilité et
leur éthique du travail.
Ces dernières années se sont produits plusieurs changements qui ont amélioré les
relations diplomatiques de l'Église. Les changements en Europe de l'Est ont permis à
l'Église de se faire reconnaître plus facilement quen 1975 et les restrictions en
matière de prosélytisme ont également été supprimées. La révélation annoncée par
le Président Kimball en 1978 accordant la prêtrise à tous les membres masculins dignes
de l'Église a été suivie de la création de plusieurs missions en Afrique (voir
Afrique, lÉglise en ; Doctrine et Alliances : Déclaration officielle n° 2). Suite
à ces changements, la Première Présidence a décidé que la mission confiée à son
représentant spécial avait atteint son but ; par conséquent, en 1990, Kennedy a été
libéré de cet appel et na pas été remplacé. Les responsabilités du
représentant spécial ont été assumées par les présidences dinterrégion et les
présidents de mission.
Bibliographie
Hickman, Martin B. David Matthew Kennedy: Banker, Statesman, Churchman, pp. 334-365. Salt
Lake City, 1987.
Kimball, Edward L., et Andrew E. Kimball. Spencer W. Kimball. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Spencer J., dir. de publ. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
MARTIN B. HICKMAN
Relations
interconfessionnelles
[Cette rubrique comporte trois articles :
Rapports interconfessionnels : Chrétiens
Rapports interconfessionnels : Juifs
Rapports interconfessionnels : Autres cultes
Les articles traitent des efforts de lÉglise pour établir des rapports, assister,
comprendre et coopérer avec les autres cultes dans les préoccupations sociales, morales
et religieuses quils ont en commun.]
Rapports interconfessionnels :
Chrétiens
Auteur : LINDSAY, RICHARD P.
LÉglise na jamais existé dans
lisolement par rapport aux autres confessions chrétiennes. Ses racines et son
contenu sont et restent dans lhéritage chrétien. Mais son affirmation que les
cieux se sont à nouveau ouverts, que le rétablissement du rayonnement et du pouvoir
perdus de lÉvangile complet de Jésus-Christ est en cours à linitiative
divine et son rejet de nombreuses traditions séculaires ont causé des malentendus et de
la malveillance. Dans la première génération aux États-Unis, la solidarité des saints
des derniers jours a été considérée comme opposée au pluralisme et a en même temps
suscité la colère des tenants des autres confessions. Les efforts missionnaires par le
contact personnel plutôt que par le recours aux médias et à la création dune
image de marque ont parfois aggravé le problème. À certaines époques et dans certaines
circonstances, il ny a eu aucune volonté ou du moins aucune résolution durable de
part et dautre de tendre la main et de coopérer.
Ces tensions sont en train de se réduire de trois manières :
1. Du point de vue institutionnel. Les dirigeants de lÉglise participent maintenant
avec les dirigeants dautres confessions à des échanges chrétiens. Les dirigeants
de lÉglise de plusieurs pays sont accueillis aux réunions spirituelles
interconfessionnelles avec leurs homologues protestants, catholiques et orthodoxes. Ceci
est en accord avec les préceptes et lexemple des premières autorités de
lÉglise (voir Tolérance). À des fins de soutien mutuel, ils se réunissent et
sorganisent dans toutes sortes de domaines, par exemple, les aumôneries de beaucoup
de nations du monde libre, le mouvement des boy-scouts, le Conseil national des chrétiens
et des Juifs et les clubs locaux et internationaux de service soccupant des
questions sociales, éthiques et morales.
2. Du point de vue éducatif. LÉglise patronne le plus vaste programme
denseignement pour adultes du monde. Beaucoup de ces cours se rattachent à la Bible
et certains se concentrent sur lhistoire et les institutions chrétiennes. Pour les
étudiants en âge de lycée et duniversité, qui dépassent maintenant le
demi-million, lÉglise dispense des cours semblables dans ses séminaires et ses
instituts voisins des lycées et des grandes universités. Les instructeurs du
Département dÉducation de lÉglise reçoivent des suppléments financiers
pour visiter la Terre sainte, étudier les origines des trois grandes religions
monothéistes, se familiariser avec le vocabulaire et les conceptions philosophiques des
autres institutions chrétiennes et comprendre et reconnaître les points communs dans la
vie des jeunes quils instruisent. Les savants mormons de beaucoup de disciplines
sont de plus en plus impliqués dans les programmes détudes religieuses
dorganisations académiques et professionnelles.
LÉglise a ouvert ses importantes installations audiovisuelles aux programmations
représentatives de tout léventail des groupes chrétiens (voir Bonneville
International Corporation ; Radio KSL). Elle a aussi été une participante importante aux
émissions religieuses du VISN Religious Interfaith Cable Television Network, qui
représente la plupart des grandes confessions des États-Unis.
Pour créer des échanges bilatéraux, la Chaire de Compréhension chrétienne Richard L.
Evans a été créée à luniversité Brigham Young. Financée et conseillée par
divers groupes chrétiens (le premier à sengager a été un presbytérien), cette
Dotation patronne des colloques détudes religieuses, des conférences, des forums,
des programmes déchange et des professorats associés. Elle patronne aussi des
réunions interconfessionnelles où des questions théologiques communes aussi bien que
controversées sont présentées par les représentants de chaque tradition et où des
ateliers aident à résoudre les tensions dans une atmosphère de bonne volonté.
Le Religious Studies Center à luniversité Brigham Young publie des ouvrages
éminents utilisant les savants de diverses confessions qui représentent des
spécialisations interdisciplinaires et comparatives. Bien quil y ait toujours une
littérature de dénigrement venant tant de la gauche que de la droite (voir Publications
antimormones), les dirigeants de lÉglise rappellent continuellement aux membres que
quoi que lon puisse dire de ceux qui se font une religion de lantimormonisme,
leur répondre sur le même ton nest ni sage ni chrétien.
3. De manière pratique dans lhumanitaire chrétien. La manière de vivre des
saints, que ce soit au niveau institutionnel ou individuel, na jamais été
dexiger des droits mais de les mériter, jamais de réclamer lintégration et
la bonne volonté mais de les manifester et de donner de lénergie et du temps
par-delà la rhétorique. Dans un discours important aux dirigeants régionaux de
lÉglise, lancien président Spencer W. Kimball a donné le ton :
« Nous invitons les membres à faire leur devoir civique et à assumer leurs
responsabilités de citoyens dans la recherche des solutions aux problèmes qui assaillent
nos villes et nos communautés.
« Avec notre vaste mission en ce qui concerne lhumanité, les membres de
lÉglise ne peuvent pas ignorer les nombreux problèmes pratiques qui réclament une
solution si nous voulons que nos familles vivent dans un environnement qui favorise la
spiritualité.
« Quand les solutions à ces problèmes pratiques nécessitent une action coopérative
avec ceux qui ne sont pas de notre religion, les membres ne doivent pas être réticents
à faire leur part en se joignant à ces efforts où ils peuvent apporter une contribution
individuelle aux causes qui sont conformes aux principes de lÉglise » [Kimball,
Ensign 8, mai 1978, p. 100].
Les exemples de projets récents encouragés par lÉglise qui collaborent avec
différentes affiliations sont laide coopérative de secours durgence, le
soutien pour les foyers pour sans abris dans beaucoup de villes et un lien avec le travail
de lArmée du salut. À BYU, des étudiants dautres cultes sont souvent élus
à des offices estudiantins et divers clubs de service luttent contre lintolérance
et lesprit de clan. Dans le même esprit, lÉglise a été parmi les premiers
à octroyer de laide, avec dautres groupes chrétiens, aux victimes de
catastrophes naturelles dans des endroits tels que la Chine, le Salvador, le Nicaragua,
Los Angeles, le Pérou, lArménie, le Japon, lIran, le Chili et la Grèce.
Grâce à deux jeûnes spéciaux, lÉglise a levé $11 millions pour les populations
frappées de famine en Afrique et en Éthiopie et a utilisé les services catholiques
comme système de livraison (voir Service humanitaire).
Parce quil y a tant de choses dans la société contemporaine qui sont dissonantes,
centrifuges et facteurs de discorde, la compréhension et la réciprocité
interconfessionnelles semblent indispensables. Lhistoire des saints montre que ce
qui semble être des affrontements politiques, sociaux et économiques insurmontables est
souvent, à la base, religieux. Surmonter les divisions inutiles et guérir les blessures
de la vie moderne, notamment la vie religieuse, nest pas simplement la mission des
saints des derniers jours mais celle de tous ceux qui prennent au sérieux le message et
le ministère de Jésus-Christ. Sil ny a pas chez certains un souci chrétien
pour tous, il y a peu despoir pour qui que ce soit.
Bibliographie
Arrington, Leonard. "Historical Development of International Mormonism."
Université dAlberta, Religious Studies and Theology 7 (1) janvier. 1987.
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians: Lets Talk. Ann Arbor,
Mich., 1986.
Madsen, Truman G. "Are Christians Mormon?" BYU Studies 15, automne 1974, pp.
73-94.
RICHARD P. LINDSAY
Rapports interconfessionnels :
Juifs
Auteur : ROSENBLATT, JOSEPH
Le point de rencontre principal pour les relations
interconfessionnelles entre Juifs et saints des derniers jours a été Salt Lake City. Il
y a aussi eu un certain nombre de contacts dans lÉtat dIsraël aussi bien que
dans des villes des États-Unis comptant des populations juives importantes, telles que
Los Angeles et New York. Généralement, les relations entre les membres des deux groupes
ont été caractérisées par un respect et une bonne volonté mutuels. Les exceptions
sont les divergences importantes entre les mormons et certains Juifs sur la question du
but du Centre dÉtudes du Proche-Orient de luniversité Brigham Young à
Jérusalem (dédié en 1989 ; voir Université Brigham Young : Centre dÉtudes du
Proche-Orient à Jérusalem). Il règne cependant des relations de travail.
Lun des contacts directs les plus anciens entre les communautés fut lancé par
Orson Hyde, un apôtre de lÉglise, qui, en 1841, traversa lEurope pour
atteindre la Terre sainte. À de rares exceptions, au lieu de demander audience aux
dirigeants juifs européens pour faire du prosélytisme auprès deux, il les avertit
des difficultés quils rencontreraient et les exhorta à émigrer en Palestine.
Orson Hyde poursuivit sa route jusquen Terre sainte où, le 24 octobre 1841, il pria
sur le mont des Oliviers pour « dédier et consacrer cette terre
pour le
rassemblement des restes dispersés de Juda » (HC 4:456-459).
Des contacts plus importants commencèrent après 1853 avec larrivée de la
première famille juive en Utah. Quoique ayant tendance à saligner politiquement
avec les non-mormons, les Juifs jouissaient de la bonne volonté de leurs voisins mormons.
Alors que certains immigrés juifs en Utah particulièrement dEurope de
lEst et de Russie étaient ridiculisés à cause de leur langue et de leur
manque de connaissance de la vie de frontière, ils ne trouvèrent aucune cruauté, aucune
restriction dans leurs mouvements et pas dintolérance honteuse. Il ny eut ni
aumône ni charité, mais ils ne furent lobjet daucune discrimination chez les
saints des derniers jours.
En 1900, quand le dirigeant juif dUtah Nathan Rosenblatt et ses collaborateurs
décidèrent de construire une synagogue pour une deuxième assemblée, laide
principale vint de la Première Présidence de lÉglise. Quand le bâtiment ouvrit
en 1903, Rosenblatt proclama sa gratitude pour la bénédiction et le bonheur
dhabiter en Utah avec les hommes et les femmes tolérants et compréhensifs de la
religion mormone. Ses collaborateurs et lui les avaient toujours trouvés dévoués à
leur culte tout en étant un peuple qui respectait la Torah juive et savait ce
quavait voulu dire le célèbre maître Hillel quand il avait enseigné : « Ne
faites pas à votre voisin ce que vous ne feriez pas à vous-même. »
Luniversité Brigham Young à Provo propose régulièrement des cours qui portent
sur la religion et lhistoire des Juifs et du judaïsme. En outre, des savants juifs
ont fait des conférences et donné des cours à luniversité, particulièrement ces
dernières années. En 1921 le président Heber J. Grant mit clairement les saints des
derniers jours en garde contre lantisémitisme : « Il ne devrait y avoir aucune
mauvaise volonté
dans le cur daucun vrai saint des derniers jours à
légard du peuple juif » (dans Gospel Standards, Salt Lake City, 1941, p. 147).
Un indicateur du respect réciproque qui a existé entre les juifs dUtah et les
mormons est le nombre de fonctionnaires juifs élus pour servir létat. Parmi
ceux-ci il y a le quatrième gouverneur de létat (Simon Bamberger, 1917-1921), un
juge de district (Herbert M. Schiller, 1933-1939), un maire de Salt Lake City (Louis
Marcus, 1931-1935) et plusieurs législateurs. [Voir aussi Religions du monde (non
chrétiennes) et Mormonisme : Judaïsme ; Sionisme.]
Bibliographie
Brooks, Juanita. History of the Jews in Utah and Idaho. Salt Lake City, 1973.
Zucker, Louis C. Mormon and Jew: A Meeting on the American Frontier. Provo, Utah, 1961.
Zucker, Louis C. "Utah." Encyclopaedia Judaica, Vol. 16, pp. 33-34. Jerusalem,
1972.
Zucker, Louis C. "A Jew in Zion." Sunstone 6, sept.-oct. 1981, pp. 35-44.
JOSEPH ROSENBLATT
Rapports
interconfessionnels : Autres cultes
Auteur : COX, SOREN F.
En août 1852, alors que lÉglise sefforçait
toujours de sétablir dans lOuest des États-Unis, le président Brigham Young
lança un appel hardi pour que des missionnaires aillent en Chine, en Inde, au Siam
(Thaïlande), et à Ceylan (Sri Lanka). Les dix-sept missionnaires qui furent envoyés
prirent certains des tout premiers contacts que les saints des derniers jours aient eus
avec des non-chrétiens (voir Asie, lÉglise en : Asie de lEst). À cause de
des guerres civiles, du rejet et des difficultés linguistiques et culturelles,
luvre dans la plupart des pays ne dura que quelques mois ; néanmoins,
luvre en Inde continua jusquen 1856. Bien que quelques tentatives
eussent été faites au début du vingtième siècle, lÉglise nentreprit plus
aucun effort denvergure pour sétablir dans les pays non chrétiens, notamment
en Asie, jusquaprès la Deuxième Guerre mondiale.
Stimulée par lexpérience des militaires de lÉglise en Asie pendant et
après la guerre, lÉglise ouvrit des missions en Asie de lEst à la fin des
années 1940. Depuis lors, des paroisses et des pieux dirigés par les membres locaux ont
été créés au Japon, en Corée du Sud, à Hong-Kong, à Taiwan et aux Philippines ; des
temples ont été construits dans tous ces endroits.
Dans les années 1970 et 1980, lÉglise a grandi dans les pays du sud-est asiatique
tels que Singapour, la Thaïlande, lIndonésie et la Malaisie et dans les pays du
sud asiatique, lInde et le Sri Lanka. Bien que de petits débuts aient été
réalisés dans quelques pays musulmans, la croissance de lÉglise dans ces pays a
été limitée.
Les programmes des services de santé de lÉglise aux Philippines et laide aux
réfugiés en Thaïlande ont eu un accueil favorable. Les contacts de haut niveau avec les
autorités gouvernementales dans beaucoup de pays ont donné lieu à une réponse positive
aux valeurs de lÉglise et de ses membres. De façon générale, lÉglise a
fait des efforts soutenus pour rester sensible aux lois et aux coutumes locales, notamment
les règlements basés sur le sentiment religieux.
La croissance de lÉglise en Afrique sest principalement produite dans le
dernier trimestre du vingtième siècle, particulièrement après la révélation de 1978
permettant à tous les hommes dignes de détenir la prêtrise (voir Afrique,
lÉglise en; Doctrine et Alliances : Déclaration officielle2). Des
assemblées ont été établies dans plusieurs pays et la population de lÉglise se
développe rapidement. Ces dernières années, lÉglise sest jointe à
diverses organisations caritatives pour envoyer des secours contre la famine aux pays en
détresse du continent africain (voir Aide économique).
Dans le domaine éducatif, les centres de formation pour les missionnaires enseignent
beaucoup de langues étrangères et donnent des cours sur les religions et les cultures
des pays non occidentaux, et à des fins éducatives, des « culturegrams » ont été mis
au point qui sont maintenant utilisés par les organismes gouvernementaux des États-Unis.
En outre, des cours sont donnés sur les religions du monde dans les institutions
denseignement supérieur. De plus, des colloques sur lIslam et sur les
religions dAfrique ont été accueillis à luniversité Brigham Young avec la
participation dun certain nombre de dirigeants et de savants religieux distingués.
Dans beaucoup de pays, lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est
regardée comme une église américaine. Cependant, les dirigeants de lÉglise ont
fortement souligné quelle est universelle, une église pour tous les hommes de
partout (voir Religions du monde (non chrétiennes) et mormonisme). Un exposé magistral
fait en 1974 par le président Spencer W. Kimball a souligné la responsabilité de
lÉglise de parler de lÉvangile à tous les enfants de Dieu (Ensign 4, oct.
1974, pp. 2-14). En conséquence, dans la dernière moitié du vingtième siècle,
lÉglise a fait des efforts plus importants pour sétablir dans le monde
entier.
Dune manière générale, louverture des saints aux non-chrétiens a eu un
effet positif et vivifiant sur les membres de lÉglise, a fortement renforcé la
population de lÉglise et a suscité une prise de conscience accrue des différences
culturelles aussi bien que la bonne volonté de travailler en tenant compte de ces
différences.
Bibliographie
Palmer, Spencer J. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
Palmer, Spencer J., dire. de publ. Mormons and Muslims. Provo, Utah, 1983.
SOREN F. COX
Repentir
Auteur: LYON, JAMES K.
Le repentir est le processus par lequel les humains délaissent ou surmontent les péchés
en changeant les mentalités, les comportements et les actes qui sont en contradiction
avec les enseignements de Dieu, conformant ainsi davantage leur vie à sa volonté. Pour
employer les termes dun prophète moderne, le repentir, cest «changer
davis en ce qui concerne les actions ou la conduite passées ou envisagées»
(McKay, p. 14). Paul observe que «tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu»
(Ro. 3:23). Pour cette raison, le Seigneur «a donné le commandement que tous les hommes
doivent se repentir» (2 Né. 2:21; Moï. 6:57). Cela signifie que le repentir est exigé
de toute âme qui na pas atteint la perfection.
Le repentir joue un rôle essentiel dans les relations de Dieu avec ses enfants depuis
quils ont été mis sur la terre. Les prophètes de lAncien Testament ont
constamment appelé les enfants dIsraël, individuellement et collectivement, à se
repentir, à se détourner de la rébellion, de lapostasie et du péché et à se
tourner vers Dieu et vers une vie juste. Luvre de Jésus-Christ sur terre, à
lépoque du Nouveau Testament, peut être décrite comme un ministère de repentir,
cest-à-dire comme une invitation aux enfants de Dieu à retourner à leur Dieu en
changeant de mode de pensée et de comportement et en devenant plus semblables à Dieu. Le
Sauveur a enseigné: «Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Mt.
5:48). Les apôtres du Christ ont été appelés principalement à prêcher la foi au
Christ et à déclarer le repentir au monde entier (Mc. 6:12). De nos jours, peu de
thèmes apparaissent de manière aussi généralisée que celui-ci dans les révélations
du Seigneur. Il a donné aux prophètes modernes et à tous les messagers de son Évangile
le commandement répété de ne parler «que de repentir à cette génération» (D&A
6:9). Le prophète Joseph Smith a dit du repentir et de la foi en Jésus-Christ que
cétaient les deux principes fondamentaux de lÉvangile (4e A de F). Et
lÉvangile lui-même a été appelé «un Évangile de repentir» (D&A 13;
84:27).
Aujourdhui comme hier, le terme «repentir» signifie littéralement tourner le dos
au péché et inverser son attitude et son comportement. Son but est de développer la
nature divine dans toutes les âmes mortelles en les libérant des pensées et des actions
mauvaises ou nuisibles et de les aider à devenir plus semblables au Christ en remplaçant
«lhomme animal» (1 Co. 2:14) par «lhomme nouveau» en Christ (Ép.
4:20-24).
Ce processus est non seulement nécessaire pour préparer les humains à retourner vivre
avec Dieu, mais il augmente leur capacité daimer leurs semblables. Ceux qui se sont
réconciliés avec Dieu ont la compréhension spirituelle, le désir et le pouvoir
nécessaires pour se réconcilier avec leurs semblables. Dieu a commandé à tous les
humains de se pardonner: «Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux pardonner, mais de
vous il est requis de pardonner à tous les hommes» (D&A 64:10). Comme Dieu montre
son amour en pardonnant («Je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de
leur péché», Jé. 31:34), de même ses enfants, en pardonnant aux autres, reflètent
également cet amour.
Le vrai repentir, quoique rarement facile, est essentiel au bonheur personnel, à la
progression émotionnelle et spirituelle, et au salut éternel. Cest la seule
manière efficace à la disposition des mortels pour se libérer des effets permanents du
péché et du fardeau inévitable de culpabilité qui laccompagnent. Pour ce faire,
plusieurs changements bien déterminés doivent se produire. Il faut dabord que
lon reconnaisse quune attitude ou une action est contraire aux enseignements
de Dieu et que lon en éprouve un chagrin et un remords sincères. Paul
lappelle «la tristesse selon Dieu» (2 Co. 7:10). Dautres Écritures
décrivent cet état desprit comme étant «un cur brisé et [un esprit]
contrit» (Ps. 51:17; 2 Né. 2:7; 3 Né. 9:20). Cette prise de conscience doit produire un
changement dattitude intérieur. Le prophète Joël a exhorté Israël ainsi:
«Déchirez vos curs et non vos vêtements» (Joël 2:12-13), produisant ainsi la
transformation intérieure nécessaire pour entamer le processus du repentir.
Une certaine forme de confession est également nécessaire au repentir. Dans certains
cas, le transgresseur peut devoir confesser à la personne ou aux personnes lésées ou
blessées et demander pardon; dans dautres cas, il peut être nécessaire de
confesser les péchés à un dirigeant de lÉglise autorisé à recevoir de telles
confessions; dans dautres cas encore, une confession à Dieu seul peut être
suffisante; et parfois les trois formes de confession peuvent être nécessaires.
En outre, le repentir exige des réparations auprès des tiers qui ont souffert à cause
du péché. Autant que possible, ceci devrait être fait par la réparation des pertes ou
des dommages physiques ou matériels. Même lorsque ce nest pas possible, le
repentir exige dautres actions tout aussi importantes, telles que des excuses, de
plus grands actes de bonté et de service envers les personnes offensées, un engagement
intensifié envers luvre du Seigneur ou tout cela ensemble.
Enfin, pour que le repentir soit complet, on doit abandonner le comportement pécheur. Un
changement de cur commence le processus; un changement extérieur de direction
manifeste, se traduisant par de nouveaux modes de comportement, doit le compléter (Mos.
5:2). Lorsque les actes extérieurs ne changent pas, cela signifie que le pécheur ne
sest pas repenti et le poids de lancien péché revient (D&A 82:7; cf. Mt.
18:32-34).
Un but du repentir est de servir lintérêt des personnes en fournissant, par le
pardon, le seul et unique moyen de soulager la souffrance qui accompagne le péché:
«Voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils
se repentent. Mais s'ils ne se repentent pas, ils doivent souffrir tout comme moi»
(D&A 19:16-17).
Le Seigneur a à plusieurs reprises promis que tous ceux qui se repentent complètement
trouveront le pardon de leurs péchés, ce qui, de son côté, apporte une grande joie.
Les paraboles de la brebis perdue et de la drachme perdue sont des exemples de la joie
quil y a dans les cieux pour un seul pécheur qui se repent (Lu. 15:4-10); la
parabole du fils prodigue illustre la joie quil y a dans les cieux et le même genre
de joie dans le cercle de famille et damis et chez le fils repentant lui-même
davoir abandonné le péché (Lu. 15:11-32).
Bien que le repentir soit indispensable au salut éternel et au bonheur terrestre, il ne
suffit pas en lui-même pour réunir une personne avec Dieu. Le repentir complet exige
dabord la foi au Seigneur Jésus-Christ, laquelle suscite à son tour la motivation
et le pouvoir forts pour se repentir. Les deux sont nécessaires pour le baptême, la
réception du don du Saint-Esprit et lappartenance au royaume du Seigneur et doivent
donc les précéder. Après avoir éveillé la foi au Christ dans le cur de ses
auditeurs le jour de la Pentecôte, Pierre leur a fait cette exhortation:
«Repentezvous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de JésusChrist,
pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du SaintEsprit» (Ac.
2:38). Ce nest quavec le repentir requis, symbolisé par «un cur brisé
et un esprit contrit» et labandon danciennes façons dagir et de penser
que lon est prêt à être baptisé, à recevoir le Saint-Esprit et à avoir la
rémission de tous les péchés précédents. Par le baptême, la personne repentante
entre dans le royaume de Dieu en faisant lalliance de se souvenir toujours du Christ
et de garder ses commandements. La rémission des péchés se fait «par le feu et par le
Saint-Esprit» (2 Né. 31:17; D&A 20:37).
Puisque le repentir est un processus continu dans les efforts que nous faisons ici-bas
pour ressembler au Christ, sa nécessité ne diminue jamais. Il doit être appliqué
activement et quotidiennement par les humains qui reconnaissent et sefforcent de
surmonter le péché et lerreur et persévèrent ainsi jusquà la fin. Pour
cette raison, le Seigneur a institué un moyen par lequel toute personne qui sest
repentie et a contracté lalliance du baptême peut la renouveler en prenant la
Sainte-Cène en mémoire de lui. Cette période dexamen de conscience permet de
réfléchir aux promesses faites au baptême, qui étaient de prendre sur soi le nom du
Christ, de se souvenir toujours de lui et de garder ses commandements. Ainsi, le processus
du repentir est maintenu vivant grâce à cette période fréquente de réflexion pendant
que le participant prend les symboles du corps et du sang du Christ en souvenir de son
sacrifice pour expier les péchés humains.
Les Écritures nous informent que «cette vie est le moment où les hommes doivent se
préparer à rencontrer Dieu» et que le prétendu repentir sur le lit de mort nest
habituellement pas efficace:
«Vous ne pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette crise affreuse: Je vais me
repentir, je vais retourner à mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas le dire; car ce même
esprit qui possède vos corps au moment où vous quittez cette vie, ce même esprit aura
le pouvoir de posséder votre corps dans le monde éternel
si vous avez différé le
jour de votre repentir jusqu'à la mort, voici, vous vous êtes assujettis à l'esprit du
diable, et il vous scelle comme siens» [Alma 34:32-35].
Pour retourner dans la présence de Dieu, les mortels doivent sefforcer pendant
cette vie datteindre les qualités chrétiennes, que lon ne peut acquérir
quen se détournant du péché. Le fait de remettre ce genre defforts à plus
tard bloque lexercice de la foi essentiel au repentir, empêche laction du
Saint-Esprit et retarde lacquisition des qualités personnelles qui se reflètent
dans le «cur brisé et lesprit contrit» nécessaire pour vivre en la
présence de Dieu.
Le repentir est lun des principes rédempteurs les plus puissants de
lÉvangile rétabli de Jésus-Christ. Sans lui, il ny aurait aucune
progression éternelle, aucune possibilité de ressembler au Christ, aucun soulagement du
fardeau de culpabilité que chaque humain endosse dans une vie. Avec lui, il y a la
promesse glorieuse exprimée par Ésaïe que le pardon est possible même pour les
péchés graves: «Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la
neige ; sils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine» (És.
1:18).
Bibliographie
Gillum, Gary P. "Repentance Also Means Rethinking." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, pp. 406-437. Salt Lake City, 1990.
Kimball, Spencer W. Le Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Kimball, Edward L.,
pp. 80-114. Salt Lake City, 1982.
McKay, David O. Gospel Ideals, pp. 12-14. Salt Lake City, 1953.
JAMES K. LYON
Résurrection
Auteur: CALLISTER, DOUGLAS L.
La résurrection est la réunion de l'esprit avec un corps physique immortel. Le corps
déposé au tombeau est mortel; le corps physique ressuscité est immortel. La totalité
de l'homme, l'esprit et le corps unis, est définie dans l'Écriture moderne comme étant
«lâme» de l'homme. La résurrection des morts constitue la rédemption de l'âme
(D&A 88:15-16).
Bien que l'idée de résurrection ne soit pas exprimée explicitement dans l'Ancien
Testament, il y a quelques allusions nettes (par exemple, 1 S. 2:6; Job 14:14; 19:26; Es.
26:19; Da. 12:2). Et dans le Nouveau Testament, la résurrection de Jésus-Christ,
prototype de toutes les résurrections, est un message essentiel et central: «Je suis la
résurrection et la vie» (Jn. 11:25).
La preuve de la résurrection du Christ est considérablement renforcée pour les saints
des derniers jours par d'autres comptes-rendus de visitations du Christ après sa
résurrection (voir Jésus-Christ: Ministère de Quarante Jours et autres apparitions
postérieures à la Résurrection de Jésus-Christ). Par exemple, dans le récit de 3
Néphi dans le Livre de Mormon, une multitude entière le voit, lentend et le touche
quand il lui apparaît dans sa gloire transcendante dêtre ressuscité. Les saints
des derniers jours acceptent ce document comme texte sacré antique. À la tendance de
certaines écoles de savants extérieurs à l'Église de séparer radicalement le «Jésus
de l'histoire» et le «Christ de la foi» et d'attribuer la foi en la résurrection à
des interprètes tardifs sopposent ces documents postérieurs et par la révélation
moderne.
Les témoins antiques, dont Paul, ont acquis leur certitude de la réalité de la
Résurrection en voyant le Christ ressuscité. Cest de la part de ce genre de
témoins que les saints des derniers jours acceptent linformation qu'à la
résurrection du Christ «les sépulcres souvrirent» dans le vieux monde et le
nouveau et «plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent» (Mt. 27:52; 3
Né. 23:9-10). Dans la dispensation actuelle, des êtres ressuscités, notamment
Jean-Baptiste, Pierre, Jacques et Moroni 2 sont apparus et ont servi Joseph Smith et
Oliver Cowdery.
Dans la théologie du judaïsme et de certaines confessions chrétiennes, la résurrection
a souvent été comprise figurativement, cest-à-dire redéfinie comme symbole
dimmortalité d'un certain aspect de l'homme tel que l'intelligence active ou de
l'âme considérée comme une entité immatérielle. Par contraste, le naturalisme
scientifique tend à rejeter le concept de l'âme et de la résurrection corporelle. Les
saints des derniers jours ne partagent pas les suppositions qui sont à la base de ces
dogmes. Selon la compréhension des saints, l'esprit de lindividu n'est pas
immatériel, mais est constitué dune matière pure et raffinée: «Elle existait
avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément du corps, lorsque le
corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau réunie dans la résurrection» (EPJS,
p. 167). L'identité et la personnalité persistent avec l'esprit et, après la
résurrection, l'esprit demeurera pour toujours dans un corps physique.
Pour le platonisme et le gnosticisme, incarnation signifie emprisonnement, descente ou
association avec ce qui est intrinsèquement mauvais. Par contre, les Écritures
enseignent que le corps physique est une étape ascendante dans la progression et la
perfection de tous. Le corps est sacré, un temple (1 Co. 3:16; D&A 93:35). La
Rédemption n'est pas une fuite par rapport à la chair mais sa consécration et sa
transformation. Joseph Smith enseigne: «Nous sommes venus sur cette terre afin
davoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume céleste»
(EPJS, p. 145). D'autre part, sil est souillé, déformé et maltraité, le corps
peut être un instrument de dégradation, un ennemi de la spiritualité véritable.
Contrairement à la notion que les pouvoirs subtils de l'intellect ou de l'âme doivent
finalement dépasser le corps ou tout ce qui est corporel, le prophète Joseph Smith
enseigne que tous les êtres «qui ont un corps ont du pouvoir sur ceux qui n'en ont pas»
(EPJS, p. 152; 2 Né. 9:8). Au minimum, ceci est interprété comme signifiant que les
pouvoirs intellectuels et spirituels sont augmentés par lassociation avec la chair.
Il sensuit que le fait pour lesprit dêtre longtemps absent du corps
dans le royaume des esprits désincarnés en attendant la résurrection est considéré
non comme un état béatifique ou bienheureux, mais comme une servitude (D&A 45:17;
138:50). De plus, «lesprit et lélément [le corps d'esprit et le corps
physique], inséparablement liés, [peuvent recevoir] une plénitude de joie ; et
lorsquils sont séparés, l'homme ne peut recevoir de plénitude de joie» (D&A
93:33, 34).
Contrairement à lidée que le corps, une fois enterré ou incinéré, n'a aucun
résidu identifiable, Joseph Smith a enseigné que «il n'y a aucun principe fondamental
appartenant à un système humain qui entre jamais dans un autre en ce monde ou dans le
monde à venir» (HC 5:339). La désintégration chimique n'est pas une destruction
finale. Le corps ressuscité est tangible, mais quand la chair est vivifiée par l'Esprit
il y aura «de lesprit dans leurs [veines] et pas du sang» (WJS, p. 270; voir
également EPJS, p. 298).
La résurrection est aussi universelle que la mort. Tous doivent mourir et tous doivent
ressusciter. C'est un don gratuit à tous les hommes. Ce n'est pas le résultat de
l'exercice de la foi ou de bonnes uvres accumulées. Le prophète Amulek du Livre de
Mormon déclare: «Ce rétablissement se fera pour tous, jeunes et vieux, esclaves et
libres, hommes et femmes, méchants et justes» (Al. 11:44; cf. EPJS, pp. 160-161,
236-239, 250-251, 258-260, 261-263).
Tous ne ressusciteront pas en même temps, «mais chacun en son rang. Christ comme
prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement» (1 Co. 15:23).
«Voici, il y a un temps fixé où tous se lèveront d'entre les morts» écrit Alma, pour
se tenir incarnés devant Dieu pour être jugés pour leurs pensées, leurs paroles et
leurs actes (Al. 40:4).
«Tous les hommes sortiront du tombeau tels quils sy sont couchés,
quils soient vieux ou jeunes» (EPJS, p. 161). Et celui qui vivifie tout
«transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa
gloire» (Ph. 3:21). «Le corps se lèvera tel quil a été déposé, parce
quil n'y a ni croissance ni développement dans la tombe. Il se lèvera tel
quil aura été déposé et les changements vers la perfection se produiront en
vertu de la loi de la restitution. Mais l'esprit continuera de saccroître et de se
développer, et le corps, après la résurrection, se développera pour atteindre la
stature complète de l'homme» (Joseph F. Smith, IE 7, juin 1904, pp. 623-624).
Le corps ressuscité sera adapté aux conditions et à la gloire auxquelles la personne
est affectée le jour du jugement. «Certains demeurent dans une gloire plus haute que
d'autres» (EPJS, p. 298). Les Doctrine et Alliances enseignent: «Votre gloire sera cette
gloire par laquelle votre corps sera vivifié» (D&A 88:28) et trois gloires sont
indiquées (D&A 76). Paul (1 Co. 15:40) a également mentionné trois gloires de corps
ressuscités: une semblable au soleil (céleste), une autre semblable à la lune
(terrestre) et la troisième semblable aux étoiles. Dans une révélation donnée à
Joseph Smith, la gloire des étoiles est qualifiée de téleste (D&A 76).
Léclat de ces gloires diffère tout comme celui du soleil, de la lune et des
étoiles tel que vu de la terre. «Ainsi en estil de la résurrection des morts» (1
Co. 15:40-42).
Dans un sens général, la résurrection peut être divisée en résurrection des justes,
également appelée première résurrection, et la résurrection des injustes ou dernière
résurrection. La première résurrection a débuté avec la résurrection du Christ et de
ceux qui sont sortis des tombeaux immédiatement après. De manière beaucoup plus
considérable, elle précédera le règne millénaire inauguré par «la seconde venue»
du Sauveur (D&A 45:44-45; cf. 1 Th. 4:16-17). À ce moment-là, certains
ressusciteront pour aller à sa rencontre au moment où il descendra en gloire. Cette
première résurrection continuera en bon ordre pendant tout le millénium. Les justes qui
vivent sur terre et qui meurent pendant le millénium connaîtront une résurrection
immédiate. Leur transformation aura lieu en un «clin dil» (D&A 63:51).
La première résurrection concerne les gloires céleste et terrestre.
La résurrection finale, ou résurrection des injustes, se produira à la fin du
millénium. Pour employer les termes de l'Apocalypse: «Les autres morts ne revinrent
point à la vie jusquà ce que les mille ans fussent accomplis» (Ap. 20:5). Cette
dernière résurrection concernera ceux qui sont destinés à la gloire téleste et à la
perdition.
Le prophète Joseph Smith dit à propos des aperçus visionnaires quil a eus de la
Résurrection: «Le même esprit glorieux leur donne laspect de la gloire et de
lépanouissement; le vieil homme aux cheveux argentés sera glorieux dans
lépanouissement et la beauté. Personne ne peut vous le décrire, personne ne peut
l'écrire» (EPJS, p. 298). Pour ce qui est de la doctrine de la résurrection en tant que
«principes de consolation», il plaide: «Que ces vérités descendent donc dans notre
cur, afin que nous commencions dès à présent à jouir de ce qui sera un jour dans
la plénitude.» Il ajoute: «Toutes vos pertes seront compensées pour vous dans la
résurrection à condition que vous continuiez à être fidèles. Je lai vu par la
vision du Tout-Puissant» (EPJS, p. 238).
L'espoir d'une résurrection glorieuse sous-tend le rayonnement qui a caractérisé la foi
des saints du Nouveau Testament aussi bien que de ceux qui ont depuis fait en sorte que
cette foi reste vivante dans le monde, notamment les saints des derniers jours.
Bibliographie
Ballard, Melvin J. "The Resurrection". Dans Melvin Ballard
Crusader for
Righteousness, dir. de publ. Melvin R. Ballard. Salt Lake City, 1966.
Nickelsburg, George W. Resurrection, Immortality, and Eternal Life in Intertestamental
Judaism. Cambridge, Mass., 1972.
Smith, Joseph F. GD.
Talmage, James E. AF.
DOUGLAS L. CALLISTER
Révélation
Auteur: RIDDLE, CHAUNCEY C.
La réception de révélations personnelles est une partie
essentielle et distinctive de lexpérience religieuse des saints des derniers jours.
La réponse à la révélation personnelle est considérée comme la base de la vraie foi
au Christ et la force de lÉglise consiste en cette réponse fidèle des membres à
leurs révélations personnelles. Le but de la révélation et de la réponse de la foi
est daider les enfants des hommes à aller au Christ et à apprendre à saimer
les uns les autres de ce même amour pur dont le Christ les aime.
TYPES DE RÉVÉLATION. Une dispensation de lÉvangile de Jésus-Christ est une
série de révélations personnelles venant de Dieu. Ces révélations peuvent être des
manifestations directes de Dieu, comme dans les cas typiques suivants:
1. Les théophanies (voir Dieu face à face), comme dans la première vision du prophète
Joseph Smith, qui sest produite au début de la dispensation (JSH 1:15-20)
2. La connaissance révélée par le Père que Jésus est «le Christ, le Fils du Dieu
vivant» (Mt. 16:13-17; voir aussi Esprit de prophétie)
3. Les visitations danges comme lapparition de lange Moroni à Joseph
Smith (JSH 1:30-32)
4. Les révélations par lurim et le thummim, moyen par lequel Joseph Smith a
traduit le Livre de Mormon
5. Les visions, comme quand Joseph Smith et Sidney Rigdon ont vu les royaumes de
lau-delà (voir Doctrine et Alliances: Section 76)
6. Une perception audible de la voix de Dieu, comme dans 3 Néphi 11
7. La réception du murmure doux et léger du Saint-Esprit, comme dans lexpérience
dÉlie (1 Né. 19)
8. La réception les dons de lEsprit (D&A 46)
9. La sensation dune brûlure dans la poitrine indiquant la volonté de Dieu, comme
dans lexplication donnée à Oliver Cowdery (D&A 9:8)
10. Un songe (1 Né. 8:2-32)
11. Les manifestations de la lumière du Christ, par laquelle tous les hommes distinguent
le bien du mal (Alma 12:31-32; D&A 84:46-48).
Les manifestations directes de la volonté de Dieu comme celles-là sont qualifiées de
dons et font contraste avec les signes. Les dons ont toujours un composant spirituel,
même lorsquils ont un aspect physique. Les signes sont des manifestations physiques
de la puissance de Dieu et sont une forme de révélation de Dieu, mais ils peuvent être
contrefaits et mal interprétés. Les signes peuvent prouver que Dieu est à
luvre, mais il faut les dons spirituels pour savoir comment y répondre.
RÉVÉLATION À LÉGLISE. Dans chaque dispensation, Dieu nomme son prophète pour
guider son peuple. Le but du prophète nest pas dêtre un intermédiaire entre
Dieu et les autres, bien quil doive souvent lêtre. Son but est plutôt
daider les autres à recevoir de Dieu la révélation personnelle que lui, le
prophète, a enseigné la vérité de Dieu qui montrera la voie vers le Christ.
Le prophète, comme chef de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours,
et toutes les autres personnes qui président dans lÉglise: les Autorités
générales, les présidents de pieu, les évêques, les présidences générales et les
parents, peuvent recevoir la révélation au profit de ceux sur lesquels ils président.
Ces révélations peuvent être transmises aux membres de lÉglise par les discours
de conférence et autres et lors dentretiens personnels. Mais toute personne a le
droit de savoir par révélation personnelle que les messages donnés par les autorités
présidentes sont vraiment du Sauveur lui-même. Le président Brigham Young a dit son
inquiétude que le peuple des saints des derniers jours «ait tellement confiance en ses
dirigeants» quil «sinstalle dans un sentiment de sécurité aveugle»,
abandonnant la responsabilité dobtenir sa propre révélation: «Que tous sachent,
par linspiration que leur donne lEsprit de Dieu, si leurs dirigeants marchent
ou non sur le chemin que Dieu impose» (JD 9:150; DBY p. 137).
Les collèges présidents de lÉglise ont droit à la révélation pour
lÉglise en matière de doctrine, de règles, de programmes, dappels et de
mesures disciplinaires, selon que chacun de ces points relève dun collège donné.
Les décisions de ces collèges ne peuvent se faire que par la révélation personnelle et
individuelle de Dieu à chaque membre de ce collège. «Et toute décision prise par
lun ou lautre de ces collèges doit lêtre à lunanimité des voix
qui le composent; cest-à-dire que chaque membre de chaque collège doit être
daccord avec ses décisions pour que les décisions prises aient le même pouvoir ou
la même validité dans lun que dans lautre» (D&A 107:27).
Les Écritures contiennent les écrits inspirés des prophètes désignés par Dieu et
sont communiquées aux autres pour leur édification (D&A 68:2-4). Cest par ce
moyen que les hommes ont reçu les paroles inspirées qui se trouvent dans les Ancien et
Nouveau Testaments. Cest par la révélation que le prophète Joseph Smith a traduit
le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon: Traduction par Joseph Smith) et a reçu ce qui
est exposé dans les Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix. Les saints des
derniers jours sattendent à ce que dautres écrits prophétiques soient un
jour révélés et que les écrits des prophètes dautrefois que le monde a
maintenant perdus soient restaurés (2 Né. 29:11-14; D&A 27:6; voir aussi Écritures:
Écritures à venir). Le vrai sens de toutes les Écritures doit être révélé, par le
pouvoir du Saint-Esprit, à chaque lecteur ou auditeur (2 Pi. 1:20; D&A 50:17-24).
RÉVÉLATION PERSONNELLE. Après le baptême et la confirmation, chaque membre a droit,
quand il est digne, à la compagnie constante du Saint-Esprit (voir Don du Saint-Esprit).
Cest grâce à cette compagnie que tous les dons de lEsprit sont révélés
aux personnes fidèles qui accomplissent leurs oeuvres sur terre en justice par les dons
et le pouvoir de Dieu qui leur sont révélés, à eux, et par leur intermédiaire (Mro.
10:25). Les difficultés qui attendent celui qui veut vivre selon la révélation
personnelle sont: (1) distinguer la révélation de Dieu par son Saint-Esprit des pensées
et des désirs personnels et de linfluence de Satan (voir Démons); (2) suivre les
enseignements et les directives du prophète vivant de Dieu; et (3) vivre selon chaque
parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt. 4:4; Jn. 3:5-8; D&A 50:13-24; 98:11-13; De.
8:3).
Dans les sociétés modernes, lidée dune révélation divine est
généralement discréditée pour beaucoup de raisons, notamment les actes violents que
certains ont commis tout en prétendant à la direction divine. Mais Dieu a fait savoir
par le rétablissement de lÉvangile que la révélation est à la disposition de
tous ceux qui la cherchent et que le fait de ne pas rechercher les recommandations et les
directives spirituelles est en soi une erreur et une forme de vu pieux. Les humains
ont un esprit éternel et chaque personne ressent les influences surnaturelles qui
agissent sur son esprit. Il y a mieux à faire quignorer le côté spirituel de
soi-même et cest détudier les expériences spirituelles que lon a
personnellement jusquà ce quelles aient un sens. Ceux qui reconnaissent les
expériences spirituelles sont appelés «ceux qui ont le cur honnête» et ils sont
candidats aux richesses révélées de la piété (D&A 8:1; 97:8).
La révélation fondamentale de Dieu est la connaissance du bien par la Lumière du Christ
(Jean 1:9). Le prophète Léhi a enseigné à ses enfants quà cause des choix faits
par Adam et Ève, leurs descendants reçoivent la connaissance surnaturelle du bien et du
mal, rendant nécessaire le choix entre les deux pour que soit atteint le but de la vie
terrestre. Après la condition mortelle, Dieu rend éternellement à chaque être humain
le bien ou le mal que chacun a choisi dans la vie (Alma 41:1-5; 2 Né. 2:27).
Mais avant tout jugement final, lÉvangile de Jésus-Christ sera enseigné à tout
le monde par le pouvoir du Saint-Esprit. Cet Évangile est la bonne nouvelle que le Fils
de Dieu aidera toutes les personnes à cesser de faire le mal et les sauvera des
conséquences de tout le mal quelles ont fait si elles croient en lui et se
repentent. Le fait daccepter cette révélation constitue la foi en Jésus-Christ,
qui, si elle continue, peut apporter des révélations supplémentaires de Dieu: davantage
dinstructions, les dons de lEsprit, la connaissance donnée par les
ordonnances salvatrices de la nouvelle alliance éternelle, les visitations danges,
les visions, la révélation qui consiste à connaître Dieu lui-même face à face et,
finalement, la révélation que cest de recevoir la plénitude de létat
divin, de devenir cohéritiers du Christ (D&A 121:29).
Le concept mormon qui veut que la révélation individuelle soit le fondement de toute
lexpérience humaine permet dexpliquer dautres enseignements distinctifs
des saints. Ce qui permet de faire la distinction qui simpose entre la révélation
surnaturelle et sa contrefaçon est cette connaissance fondamentale du bien et du mal. Les
hommes doivent expérimenter en étant aussi honnêtes de cur et desprit que
possible, jusquà ce quils puissent voir clairement ce qui est bon et ce qui
est mauvais. Ceux qui apprennent à distinguer le bien du mal dans cette vie peuvent alors
distinguer le bon esprit de lesprit mauvais. Ils peuvent alors distinguer le
véritable Évangile de Jésus-Christ de ses contrefaçons, le vrai chemin de la justice
des fausses routes que sont la violation et la trahison des alliances et le Dieu vrai et
vivant de limage de Dieu produite par leurs propres vux pieux (Mro. 7:5-19).
Joseph Smith a enseigné aux saints comment reconnaître et recevoir la révélation:
«On peut en profiter en faisant attention au tout premier signe de lEsprit de
révélation; par exemple, lorsque vous sentez lintelligence pure couler en vous;
elle peut vous donner des inspirations soudaines, de sorte quen le remarquant vous
pouvez le voir saccomplir le même jour ou bientôt; (c.-à-d.) les choses qui ont
été présentées à votre esprit par lEsprit de Dieu se réaliseront, et ainsi en
apprenant lEsprit de Dieu et en le comprenant, vous pouvez progresser dans le
principe de la révélation jusquà ce que vous deveniez parfaits en Christ Jésus»
[EPJS, p. 118].
Apprendre à communiquer avec les autres par les dons de ce Saint-Esprit permet
dêtre prophète ou prophétesse de Dieu. Les saints des derniers jours croient que
par la révélation divine chaque enfant du Christ peut, et devrait, devenir un prophète
ou une prophétesse pour lintendance qui lui a été divinement confiée (No.
11:29), se tenant à ce qui est bon et rejetant ce qui est mal (1 Th. 5:19-21).
Ainsi, le problème humain nest pas dobtenir la révélation, mais de
comprendre la révélation que lon reçoit, de ne répondre quà ce qui est
bon et de ne donner que ce qui est bon. Il est conseillé aux serviteurs du Christ de
rechercher chez lui et chez lui uniquement la lumière et la vérité. Il leur est dit
quils ne doivent recevoir lavis daucun être ni écouter aucune personne
à moins quelle ne parle par le pouvoir du Saint-Esprit. La vérité, la lumière,
le pouvoir juste et le salut viennent den haut, de Dieu lui-même, par la
révélation divine, et pas des êtres humains ou den bas (2 Né. 28:30-31).
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound, pp. 284-309. Salt Lake City, 1983.
Oaks, Dallin H. Revelation. Dans Brigham Young University 1981-82 Fireside and
Devotional Speeches, pp. 20-26. Provo, Utah, 1982.
Packer, Boyd K. Revelation in a Changing World. Ensign 19, nov. 1989, pp.
14-16.
Wright, H. Curtis. The central Problem of Intellectual History. Scholar and
Educator 12, automne 1988, pp. 52-68.
CHAUNCEY C. RIDDLE
Révélations
non publiées
Auteur : CALDWELL, C. MAX
Toutes les révélations de Dieu à ses prophètes modernes
nont pas été officiellement publiées et encore moins acceptées par consentement
commun de l'Église comme Écritures canoniques. De même que les compilateurs de la Bible
ont dû décider des textes quil fallait inclure, le même genre de décision a
été pris dans cette dispensation en ce qui concerne les révélations modernes. Au
départ, ce processus a été suivi par ceux que le prophète Joseph Smith avait
désignés pour rassembler les textes révélés, les organiser et, sous sa supervision,
imprimer le Livre des Commandements (1833) et les Doctrine et Alliances (1835). Ils y ont
inclus les révélations qui concernaient «l'établissement et
ladministration du royaume de Dieu sur la terre dans les derniers jours » (D&A
[1981], « Introduction»). Les saints des derniers jours croient que l'inspiration divine
a joué un rôle dans ces choix (DS 3:202).
Cependant, beaucoup de révélations ne sont pas incluses dans les ouvrages canoniques;
par exemple, celles données à des personnes déterminées dans des circonstances
particulières contenant des instructions personnelles plutôt que des points de doctrine
pour l'Église. On en trouve beaucoup dans la History of the Church ou dans les recueils
de documents de l'Église. Il y a, par exemple, une révélation appelant John E. Page à
aller à Washington, D.C. (HC 6:82), et une révélation sur la division de la Firme unie
(Kirtland Revelation Book, p. 111). Sont aussi exclues les ordonnances du temple et
d'autres sujets sacrés non publiés pour le monde.
L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours considère son canon d'Écritures
comme ouvert et deux révélations anciennes ont été ajoutées au canon en 1979 (D&A
137 et 138). Les saints des derniers jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup
de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F).
Un autre exemple de révélation reçue mais non publiée est celle qui sous-tend
l'annonce faite par la Première Présidence étendant, en juin 1978, la prêtrise à tous
les membres masculins de l'Église qui sont dignes. Seule une déclaration officielle au
sujet de cette révélation a été publiée (voir Doctrine et Alliances : Déclaration
officielle 2). D'autres changements dans l'Église, telle que l'extension récente
du rôle des soixante-dix, laccélération de la construction de temples et
laccroissement de lactivité missionnaire, sont considérés par les saints
des derniers jours comme des manifestations de la direction divine. La base révélée de
ces changements n'est pas toujours publiée, comme ce létait plus souvent dans les
premières années de l'Église. Comme James E. Faust la déclaré, « À notre
époque, Dieu a révélé comment administrer différemment une Église qui a plus de six
millions de membres que quand il ny avait que six membres dans l'Église » (Faust,
p. 8).
Quelques auteurs ont essayé de rassembler et de publier des révélations qui sont
attribuées aux prophètes mais qui ne sont pas publiées dans les Écritures. Certains de
ces textes sont basés sur des sources crédibles, d'autres viennent de sources qui sont
suspectes, sinon sans valeur. Quand une prétendue révélation contient des déclarations
qui sont clairement en contradiction avec les ouvrages canoniques et les déclarations
officielles de la Première Présidence, elle doit être considérée comme fausse.
À lépoque biblique, il arrivait que de faux prophètes parlent et écrivent au nom
d'autres et prétendent avoir des révélations de Dieu (cf. De. 18:20-22 ; Mt. 7:15). De
même, aujourd'hui, il y a des gens qui trouvent des journaux intimes ou des documents
contenant de soi-disant révélations. Le critère principal utilisé pour les évaluer
est le suivant: « nul ne sera désigné pour recevoir des commandements et des
révélations dans cette Église, si ce n'est mon serviteur Joseph Smith, fils, car il les
reçoit tout comme Moïse
jusqu'à ce que [jen] désigne un autre à sa
place» (D&A 28:2, 7). Les saints des derniers jours croient que le droit de recevoir
la révélation pour l'Église entière est réservé au président de l'Église.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Faust, James E. "Continuous Revelation." Ensign 19 (Nov. 1989):8-11.
C. MAX CALDWELL
Rigdon, Sidney
Auteur: VAN ORDEN, BRUCE A.
Sidney Rigdon (1793-1876) fut lun des amis et des conseillers les plus proches de
Joseph Smith. Il fut aussi un des premiers convertis à lÉglise à jouir dune
certaine renommée, son orateur le plus persuasif dans la première décennie et premier
conseiller dans la Première Présidence de 1832 à 1844. Après le martyre de Joseph
Smith, le prophète, Rigdon devint lun des apostats les plus connus de
lÉglise.
Rigdon naquit le 19 février 1793, dans une ferme dans larrondissement de St-Clair,
près de Pittsburgh (Pennsylvanie), quatrième enfant et dernier fils de William Rigdon et
de Nancy Briant. En 1817, tandis quil subvenait aux besoins de sa mère veuve à la
ferme familiale, il connut une conversion chrétienne et, un an plus tard, se qualifia
pour devenir prédicateur autorisé chez les Regular Baptists. Il alla sinstaller
dans louest de lOhio pour prêcher sous la tutelle dAdamson Bentley,
pasteur baptiste populaire et, en juin 1820, il épousa Phebe Brooks, belle-sur de
Bentley. Après son ordination comme pasteur baptiste, Rigdon devint, en 1821, pasteur de
la First Baptist Church à Pittsburgh. Réputé pour sa prédication dynamique, Rigdon
attira des auditeurs jusquà ce que son assemblée devienne lune des plus
grandes de la ville. William Hayden, lun de ses critiques, le décrit comme étant
«de taille moyenne, rondelet, daspect ouvert et charmeur quand il parlait, avec une
petite touche de la mélancolie. Ses gestes étaient gracieux, son langage copieux, son
débit éloquent, avec une articulation claire et musicale» (cité dans Chase, p. 24).
Pendant toute la première phase de son ministère, Rigdon continua à rechercher
lÉglise pure du Nouveau Testament qui pratiquait limposition des mains pour
le don du Saint-Esprit et la guérison des malades. Attiré vers Alexander Campbell et
vers Walter Scott, des collègues dans le ministère qui entretenaient le même genre
didées, Rigdon fréquenta les principaux membres de lAssociation baptiste de
Mahoning, précurseur du mouvement restaurationniste des Disciples du Christ (voir
Restaurationnisme protestant). En 1826 il devint pasteur dune assemblée de la Grand
River Association à Mentor (Ohio). Mais en 1830, Rigdon rompit avec Campbell et Scott,
lesquels constituèrent les Disciples du Christ, tandis que Rigdon créait une «famille»
communale près de Kirtland.
À la fin doctobre 1830, quatre missionnaires mormons rendirent visite à Rigdon en
Ohio. Lun deux était Parley P. Pratt, que Rigdon avait converti aux baptistes
réformés un an plus tôt. Pratt lui parla du Livre de Mormon et du rétablissement de
lÉvangile par lintermédiaire de Joseph Smith. Après deux semaines
détude fervente, Rigdon annonça quil croyait que la nouvelle église était
la véritable église apostolique rétablie sur la terre. À la mi-novembre 1830, il fut
baptisé et ordonné ancien. Plus de cent membres de son assemblée communautaire de
Kirtland entrèrent avec lui dans lÉglise.
Rigdon, avec Edward Partridge, un jeune chapelier qui sintéressait au mormonisme,
partit presque immédiatement pour Fayette (New York), pour rencontrer Joseph Smith.
Après leur arrivée, une révélation donnée à Joseph félicita Rigdon pour tout ce
quil avait déjà fait, mais lappela à «une uvre plus grande»,
notamment celle de secrétaire du prophète sur sa «nouvelle traduction» de la Bible
alors en cours (D&A 35; voir aussi Traduction de la Bible par Joseph Smith
TJS). En décembre 1830, Smith, avec laide de Rigdon, travailla au manuscrit qui
devint par la suite les septième et huitième chapitres du livre de Moïse dans la Perle
de Grand Prix.
Le compte-rendu fait par Rigdon de la moisson dâmes dans la région de
Mentor-Kirtland en Ohio a pu inciter Joseph à demander à être guidé pour déplacer le
siège de lÉglise; en décembre 1830, une révélation leur commanda de quitter New
York pour lOhio (D&A 37; cf. 38). Le 1er février 1831, Joseph et Sidney
arrivèrent à Kirtland où ils reprirent leur travail sur la traduction inspirée de la
Bible.
Au cours de lété de 1831, Joseph, Sidney et dautres dirigeants voyagèrent
vers Independence (Missouri), dont une révélation disait que cétait le lieu de la
Sion moderne et de la nouvelle Jérusalem. Sidney reçut le commandement de consacrer le
pays de Sion au rassemblement des saints et décrire une description du pays pour la
publier (D&A 58:50). À leur retour en Ohio, Joseph et Sidney reprirent la traduction
des Écritures et, le 16 février 1832, ils reçurent conjointement la vision des degrés
de gloire, qui est maintenant Doctrine et Alliances, section 76. En mars 1832, ils furent
brutalement attaqués par des émeutiers et enduits de goudron et de plumes. Sidney reçut
des blessures à la tête qui affectèrent de temps en temps sa stabilité émotionnelle
pour le reste de sa vie. Son ami Newel K. Whitney dit quaprès cela il était «soit
au fond de la cave, soit tout en haut à la fenêtre du grenier» (Chase, p. 115).
En mars 1833, Sidney Rigdon et Frederick G. Williams furent officiellement mis à part
comme conseillers de Joseph Smith dans la Première Présidence. Sidney avait déjà été
appelé comme conseiller de Joseph un an plus tôt, avant quil y ait une Première
Présidence. En 1833, Rigdon fut également appelé comme «porte-parole» de
lÉglise et de Joseph Smith. Rigdon reçut la promesse quil serait «puissant
dans lexplication de toutes les Écritures» (D&A 100:11). À ce même moment,
Joseph disait de lui: «Frère Sidney est un homme que jaime, mais il nest pas
capable davoir lamour pur et constant pour ceux qui sont ses bienfaiteurs qui
devrait caractériser un président de lÉglise du Christ. Cela, avec quelques
autres petites choses, telles que légoïsme et lindépendance
desprit
sont ses défauts. Mais malgré cela, cest un homme très grand
et très bon, un homme qui manie les mots avec une grande puissance et qui peut gagner
très rapidement lamitié de ses auditeurs. Cest un homme que Dieu soutiendra
sil reste fidèle à son appel» (HC 1:443).
En 1834, Rigdon aida au recrutement de volontaires pour le camp de Sion et, tandis que
Joseph était parti pour cette entreprise, eut la charge des affaires à Kirtland,
notamment la construction du temple (voir Temple de Kirtland). Il fut linstructeur
principal à lécole de Kirtland et aida à arranger les révélations pour la
publication de lédition de 1835 des Doctrine et Alliances (voir Écoles des
prophètes). Sous la direction du prophète, Sidney aida à la rédaction et à la
diffusion de plusieurs des Lectures on Faith [Conférences sur la Foi] doctrinalement
riches. Il faisait souvent de longs sermons extravagants basés sur la Bible, notamment un
lors de la consécration du temple de Kirtland. Lors des persécutions qui suivirent, en
1838, la faillite de la Kirtland Safety Society, Rigdon senfuit, en même temps que
Joseph Smith et dautres saints, vers Far West (Missouri). Là, Rigdon prononça deux
discours explosifs célèbres, le Salt Sermon (le sermon sur le sel) et le discours
solennel du jour de lIndépendance, deux sermons qui suscitèrent des craintes et de
la polémique au Missouri et débouchèrent sur lordre dextermination et sur
la bataille de Far West (voir Conflit au Missouri). Avec Joseph et Hyrum Smith, Rigdon fut
fait prisonnier et enfermé à la prison de Liberty, mais fut rapidement libéré à cause
de graves crises dapoplexie.
Rigdon prit une part active à la fondation de Nauvoo et, en 1839, accompagna Joseph Smith
à Washington, D.C, pour présenter les griefs des saints au gouvernement fédéral. Il
fut élu au conseil municipal de Nauvoo et remplit également les fonctions de conseiller
juridique municipal, de receveur des postes et de professeur dhistoire à
luniversité embryonnaire projetée pour la ville. Néanmoins, en dépit de ses
nombreuses fonctions, il fut presque silencieux pendant ce temps et souvent malade. On
laccusa de sêtre associé à John C. Bennett et à dautres ennemis de
lÉglise dans leurs plans séditieux pour déposer Joseph Smith, mais ce fut quelque
chose quil nia toujours. Il napprouva pas le principe du mariage plural, tout
en ne sy opposant jamais ouvertement. Joseph Smith finit par perdre confiance en lui
et, en 1843, voulut le rejeter comme conseiller, mais à cause de lintercession de
Hyrum Smith, le maintint à son poste.
Au début de 1844, quand Joseph Smith se porta candidat pour devenir président des
États-Unis, Rigdon fut désigné comme candidat à la vice-présidence et il élut
domicile à Pittsburgh pour continuer la campagne. Cest là quil était quand
il apprit la nouvelle du meurtre de Joseph Smith. Il se hâta de retourner à Nauvoo pour
se proposer comme «tuteur de lÉglise», promettant dagir en tant que tel
jusquà ce que Joseph Smith ressuscite dentre les morts. Ses prétentions
furent dûment examinées, mais lors dune réunion mémorable qui eut lieu le 8
août 1844 à Nauvoo, les membres de lÉglise le rejetèrent comme tuteur (voir
Succession dans la présidence). Les douze apôtres (voir Collège des douze apôtres)
furent soutenus à la tête de lÉglise. Quand il entreprit de mettre sur pied une
direction rivale, Rigdon fut excommunié en septembre 1844 et partit avec quelques
disciples pour la Pennsylvanie, où ils organisèrent une Église du Christ. Agissant de
manière fantasque, il perdit la plupart de ses disciples en moins de deux ans. En 1863,
il fit un autre effort, fondant lÉglise de Jésus-Christ des enfants de Sion, qui
continua jusque dans les années 1880. De 1847 à sa mort en 1876, Rigdon résida à Amity
(New York) habituellement dans un état de déséquilibre émotionnel et de chagrin.
En 1834, dans Mormonism Unvailed, Eber D. Howe attaqua lauthenticité du Livre de
Mormon en adoptant largument de Philastus Hurlbut que Sidney Rigdon avait volé la
«Manuscript Story» de Salomon Spaulding (voir Manuscrit Spaulding), lavait plagié
pour composer le Livre de Mormon et lavait donné à Joseph Smith pour quil le
publie à son nom. De son vivant, Rigdon et les membres de sa famille nièrent
systématiquement tout lien avec Spaulding, et après la découverte, en 1885, dun
des manuscrits de Spaulding, lhistoire fut discréditée.
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound: A History of the Latter-day Saints in Ohio,
1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Chase, Daryl. Sidney RigdonEarly Mormon. Mémoire de maîtrise,
université de Chicago, 1931.
McKiernan, F. Mark. The Voice of One Crying in the Wilderness: Sidney Rigdon, Religious
Reformer 1793-1876. Lawrence, Kan., 1971.
BRUCE A. VAN ORDEN
Sabbat
Auteur : SMART, WILLIAM B.
Le sabbat est un jour mis à part pour le repos et le
renouvellement spirituel. Limportance de lobservance du sabbat, enseignée
depuis la Création et pendant toute lhistoire de la religion, est confirmée de
nouveau dans les Écritures modernes et dans les enseignements des dirigeants de
lÉglise. Les éléments fondamentaux du respect du sabbat sont la prière,
létude de lÉvangile, le culte lors des réunions du sabbat, les activités
édifiantes en famille et le service dautrui.
Dieu a donné le ton quand, après six jours duvre créatrice, il sest
reposé le septième (Ge. 2:2 ; Moï. 3:2). Après lexode, Moïse a dit aux
Israélites de récolter une double part de manne le jour précédant « le jour du repos,
le sabbat consacré à lÉternel» (Ex. 16:23). En effet, le mot « sabbat » est
dérivé de lhébreu shabbath, signifiant « sinterrompre », «
sarrêter» ou « se reposer ». Les dix commandements contiennent lordre : «
Souvienstoi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu
feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de lÉternel,
ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage» (Ex. 20:8-10).
Le Nouveau Testament abonde en références au sabbat. Entre-temps, certains avaient perdu
lesprit de la loi et lavaient enfermée dans une obéissance inflexible. Le
Sauveur les réprimanda : « Le sabbat a été fait pour lhomme, et non lhomme
pour le sabbat. Cest pourquoi le sabbat a été donné à lhomme comme jour de
repos et aussi pour que lhomme puisse louer Dieu
Car le Fils de lhomme a
fait le jour du sabbat, de sorte que le Fils de lhomme est maître même du sabbat»
(TJS Mc. 2:25-27). Après le ministère terrestre de Jésus, les premiers chrétiens se
réunirent le jour du Seigneur, le premier jour de la semaine, en mémoire de sa
résurrection (cf. Ac. 20:7 ; Ap. 1:10).
Depuis son commencement, lÉglise observe le sabbat le premier plutôt que le
septième jour de la semaine (pour quelques exceptions au Proche Orient, voir Dimanche).
La révélation-clef donnant le modèle, la portée et le but de lobservance du
sabbat fut donnée à Joseph Smith le 7 août 1831, un dimanche :
« Et afin de te préserver plus complètement des souillures du monde, tu iras en mon
saint jour à la maison de prière et tu y offriras tes sacrements; car en vérité, c'est
ce jour qui t'est désigné pour que tu te reposes de tes labeurs et pour que tu
présentes tes dévotions au Très-Haut
Mais souviens-toi qu'en ce jour
tu ne
feras rien d'autre que de préparer ta nourriture en toute simplicité de cur, afin
que ton jeûne soit parfait, ou, en d'autres termes, que ta joie soit complète »
[D&A 59:9-13].
Dans toute lhistoire de lÉglise, les dirigeants ont souligné
limportance de lobservance du sabbat, enseignant que le sabbat est un jour
saint de culte où les fidèles renouvellent leurs alliances avec le Seigneur, se
réunissent et senseignent les choses de lEsprit, visitent et fortifient les
faibles et les affligés et étudient et contemplent la parole du Seigneur. Tout en
évitant les interdits spécifiques arbitraires, les dirigeants de lÉglise ont
donné des directives claires, comme dans ces instructions du président Kimball :
« Le but du commandement nest pas de priver lhomme de quelque chose. Chaque
commandement que Dieu a donné à ses serviteurs est pour le profit de ceux qui le
reçoivent et y obéissent
« Le sabbat nest pas un jour pour flâner avec nonchalance dans la maison ou
jardiner, mais est un jour pour assister régulièrement aux réunions pour le culte du
Seigneur, buvant à la source de la connaissance et de linstruction, jouissant de la
famille et trouvant de lélévation dans la musique et la chanson.
« Le sabbat est un jour saint pour faire des choses de valeur et saintes. Sabstenir
du travail et des amusements est important mais insuffisant. Le sabbat réclame des
pensées et des actes constructifs, et si lon ne fait que flâner sans rien faire le
sabbat, on lenfreint. Pour lobserver, on sera à genoux pour prier, on
préparera des leçons, on étudiera lÉvangile, on méditera, on visitera les
malades et les affligés, on écrira aux missionnaires, on fera un petit somme, on lira
des ouvrages sains et on assistera à toutes réunions de ce jour auxquelles on est censé
être
« Il est vrai que certaines personnes doivent travailler le sabbat. Et en fait, une
partie du travail qui est vraiment nécessaire prendre soin des malades, par
exemple peut servir à sanctifier le sabbat. Cependant, dans de telles activités,
ce sont nos mobiles qui sont déterminants.
« Quand les hommes et les femmes sont disposés à travailler le sabbat pour augmenter
leur richesse, ils brisent les commandements car largent gagné le sabbat, si le
travail nest pas nécessaire, est de largent impur
« Enfreignent aussi le sabbat ceux qui achètent des produits ou des divertissements le
sabbat, encourageant ainsi les lieux de distraction et les commerces à rester ouverts
ce qui ne serait sinon pas le cas. Si nous achetons, vendons, commerçons ou
soutenons ces établissements le jour du Seigneur, nous sommes aussi rebelles que les
enfants dIsraël » [« The Sabbath A Delight», Ensign 8, janv. 1978, pp.
4-5].
La façon des saints dobserver le sabbat a évolué au cours des années, mais les
principes sont demeurés les mêmes. Joseph Smith a écrit à propos de la première
réunion de conférence de lÉglise, le 9 juin 1830 : « Après avoir ouvert par un
cantique et une prière, nous avons pris ensemble les emblèmes du corps et du sang de
notre Seigneur Jésus-Christ. Nous nous sommes ensuite mis en devoir de confirmer
plusieurs personnes qui avaient été récemment baptisées, après quoi nous en avons
appelé et ordonné plusieurs aux divers offices de la prêtrise. Beaucoup
dexhortations et dinstructions ont été données » (HC 1:84). Le chant, la
prière, la Sainte-Cène, et lenseignement sont restés les éléments fondamentaux
des réunions de sabbat des saints des derniers jours.
Pendant de nombreuses années, après lorganisation de lécole du dimanche en
1849, les services religieux du sabbat ont consisté en une école du dimanche le matin et
une réunion de Sainte-Cène laprès-midi ou en début de soirée. Les réunions
hebdomadaires de prêtrise de paroisse se tenaient le lundi soir et la réunion de jeûne
et de témoignages le premier jeudi de chaque mois. En 1896, le jour jeûne fut remplacé
par le premier dimanche pour faciliter lassistance et moins perturber les membres
dans leur emploi ; dans les années 1930, la réunion de prêtrise passa au dimanche
matin.
Un autre grand changement se produisit en 1980 avec le regroupement de toutes les
réunions du dimanche en un seul bloc, généralement de trois heures, comprenant la
Société de Secours, les Jeunes Filles et la Primaire qui sétaient tenues jusque
là au milieu de la semaine. Le changement fut introduit pour épargner du temps, des
déplacements et des frais, pour permettre à plusieurs paroisses de se réunir plus
commodément dans un seul bâtiment, pour fortifier les foyers en permettant aux familles
de passer plus de temps ensemble pendant la semaine et pour laisser aux membres de
lÉglise plus de temps à consacrer au service de la collectivité.
En annonçant le changement, la Première Présidence souligna à nouveau les principes
fondamentaux de lÉglise concernant le sabbat : « Une plus grande responsabilité
sera confiée aux membres individuellement et aux familles dobserver correctement le
jour du sabbat. » Elle proposa que chaque famille se livre à une heure détude de
lÉvangile le dimanche et à « dautres activités convenant au sabbat, comme
fortifier les liens familiaux, rendre visite aux malades et à ceux qui doivent garder la
maison, rendre service aux autres, écrire son histoire personnelle et celle de la
famille, faire luvre généalogique et luvre missionnaire »
(Church News, 2 févr. 1980, p. 3).
Le Seigneur a promis des bénédictions à ceux qui sanctifient le sabbat. Dans les temps
anciens, il a promis de leur envoyer la pluie en sa saison, de les aider à vaincre leurs
ennemis, de leur donner la paix, de les multiplier et détablir son alliance avec
eux (Lé. 26:2-9). « Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu, et vous serez
mon peuple» (v. 12 ; cf. És. 58:13-14). Dans des temps modernes, il a réaffirmé ces
promesses : « En vérité, je dis que si vous le faites, la plénitude de la terre est à
vous» (D&A 59:16). [Voir aussi Réunions principales de lÉglise ; Vie et culte
des pionniers; Culte.]
Bibliographie
On trouvera dans Ensign 8, janv. 1978, un recueil darticles traitant de
lobservance du sabbat dans lÉglise, notamment des aperçus de doctrine et de
pratique historique.
WILLIAM B. SMART
Saint des saints
Auteur: Cahoon, Lyle
Dans les temps anciens, sur ordre divin donné à Moïse,
le saint des saints fut créé au centre de la tente dassignation (Ex. 25-27).
C'était un cube de quatre mètres cinquante que lon avait constitué en pendant des
voiles de poils de chèvre, de peaux de bélier et d'autres peaux teintes. Certains
étaient brodés de motifs de chérubins en bleu, pourpre et écarlate. Le saint des
saints devait recevoir un coffre appelé l'arche de l'alliance. Cétait dans ce
coffre, fait de bois d'acacia plaqué or, que se trouvaient les tables de pierre gravées
de la main de Dieu et son couvercle était le propitiatoire. Façonné d'une seule pièce
d'or fin, ce propitiatoire, au-dessus duquel étaient sculptés des chérubins, formait le
trône visible de la présence de Dieu. Une fois par an, le jour des Expiations, le
souverain sacrificateur entrait dans le saint des saints et aspergeait le propitiatoire du
sang des sacrifices comme expiation des péchés dIsraël. Bien que l'arche ait
disparu, ce rituel sest poursuivi dans les temples de Zorobabel et de Hérode.
Un saint des saints moderne a été consacré dans le grand temple de Salt Lake City.
C'est une chambre centrale contiguë à la salle céleste. Au-delà de ses portes
coulissantes, il y a six marches menant à des portes du même genre, symbolisant le voile
qui gardait le saint des saints dans les temps anciens. Le sanctuaire a une forme
circulaire avec un plafond voûté. Il est décoré de bois marqueté, de feuilles d'or,
de vitraux peints et dun éclairage qui lui est propre. Le grand prêtre président,
président de l'Église, détient l'accès à ce sanctuaire.
Bibliographie
Encyclopedia Judaica, vol. 15, cols. 681-682, 748-749. Jérusalem, 1971.
Talmage, James E. House of the Lord, pp. 162-163. Salt Lake City, 1974.
LYLE CAHOON
Saint-Esprit
Auteur: McConkie, Joseph Fielding
L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
enseigne que le Saint-Esprit est un homme d'esprit, un fils d'esprit de Dieu le Père.
Cest un point de doctrine fondamental de l'Église que Dieu est le Père de l'esprit
de tous les hommes et femmes, que Jésus est littéralement le Fils de Dieu dans l'esprit
et dans la chair et que le Saint-Esprit est un personnage d'esprit séparé et distinct du
Père et du Fils. Le Saint-Esprit est le troisième membre de la Divinité éternelle et
on lui donne aussi les noms dEsprit-Saint, dEsprit de Dieu, dEsprit du
Seigneur et de Consolateur. Chacun des trois membres de la Divinité sest manifesté
lors du baptême de Jésus (Mt. 1:9-12; voir aussi Colombe, signe de la). Le prophète
Joseph Smith a enseigné à leur sujet: «Le Père a un corps de chair et d'os aussi
tangible que celui de l'homme, le Fils aussi; mais le Saint-Esprit n'a pas de corps de
chair et d'os, c'est un personnage d'esprit. S'il n'en était pas ainsi, le Saint-Esprit
ne pourrait demeurer en nous.» (D&A 130:22). Dans un sens figuré, le Saint-Esprit
demeure dans le cur des saints justes de toutes les dispensations (D&A
20:18-21).
Joseph Smith a également dit que «une alliance éternelle fut faite entre trois
personnages avant que notre terre ne fût organisée, et elle a trait à ce quils
devaient dispenser aux hommes sur la terre; ces personnages
sont appelés Dieu le
premier, le Créateur; Dieu le second, le Rédempteur; et Dieu le troisième, le témoin
ou testateur» (EPJS, p. 152).
Les saints des derniers jours comprennent que par lobéissance aux lois et aux
ordonnances de l'Évangile, Adam a reçu le Saint-Esprit et a ainsi appris que la
rédemption de la Chute sera donnée par le Christ à tous ceux qui l'acceptent (Moïse
5:6-9). Ainsi, l'Évangile est prêché depuis le commencement, étant déclaré par des
anges, par la voix de Dieu et par le don du Saint-Esprit (Moïse 5:58-59; cf. 2 Pi. 1:21).
Néphi 1 (v. 600 av. J.-C.) a témoigné que le Saint-Esprit est «le don de Dieu à tous
ceux qui le recherchent diligemment, aussi bien dans les temps anciens qu'au moment où il
se manifestera aux enfants des hommes
Car celui qui cherche diligemment trouve; et
les mystères de Dieu lui seront dévoilés par le pouvoir du Saint-Esprit, aussi bien en
ces temps-ci que dans les temps anciens, et aussi bien dans les temps anciens que dans les
temps à venir» (1 Né. 10:17-19).
Joseph Smith a enseigné que l'influence du Saint-Esprit, qui est le pouvoir de Dieu qui
convainc de la véracité de l'Évangile, peut être reçu avant le baptême, mais que le
don ou la compagnie constante du Saint-Esprit, qui se reçoit par limposition des
mains, ne sobtient quaprès le baptême (EPJS, p. 160). «Vous pourriez aussi
bien baptiser un sac du sable qu'un homme, si ce nest en vue de la rémission des
péchés et de l'obtention du Saint-Esprit. Le baptême d'eau nest quun
demi-baptême et nest bon à rien sans l'autre moitié, cest-à-dire le
baptême du Saint-Esprit» (EPJS, p. 254). On s'attend donc à ce qu'une personne
reçoive, avant le baptême, le témoignage du Saint-Esprit concernant la véracité de
l'Évangile de Jésus-Christ, de l'Écriture et des paroles des prophètes vivants;
toutefois lEsprit ne se déverse pleinement que quand la personne se conforme au
commandement d'être baptisée. Ce nest quaprès le baptême que le don peut
être conféré par quelquun qui a l'autorité (Mro. 10:3-5; D&A 76:52). Et
même alors, le Saint-Esprit ne peut pas être reçu par quelqu'un qui n'est pas digne de
lui, puisque le Saint-Esprit ne demeure pas dans le cur d'une personne injuste. On
peut donc recevoir la compagnie réelle du Saint-Esprit juste après le baptême ou plus
tard, quand celui qui reçoit la promesse devient un compagnon convenable pour cet être
saint. Si la personne cesse ensuite d'être pure et obéissante, le Saint-Esprit se retire
(1 Co. 3:16-17).
Le Saint-Esprit est un sanctificateur. Étant donné que rien dimpur ne peut
demeurer en la présence divine, le système entier du salut est centré sur le processus
de sanctification; les hommes sont sauvés dans la mesure où ils sont sanctifiés. La
sanctification et la sainteté sont inséparables. «Être sanctifié cest devenir
pur et sans tache, être exempt du sang et des péchés du monde, devenir une nouvelle
créature du Saint-Esprit, quelquun dont le corps a été renouvelé par la
renaissance de l'Esprit. La sanctification est un état de sainteté, un état que
lon natteint quen se conformant aux lois et aux ordonnances de
l'Évangile» (MD, p. 675).
Le Saint-Esprit est un révélateur. Le prophète Joseph Smith a enseigné que «nul ne
peut recevoir le Saint-Esprit sans recevoir des révélations» (EPJS, p. 265). Jouir de
la compagnie du Saint-Esprit cest jouir de l'esprit de révélation (D&A 8:2-3).
Sans la révélation, il ne peut y avoir de témoin compétent du Christ ou de son
Évangile (Ap. 19:10). Le Saint-Esprit est la source de toute connaissance salvatrice.
Ceux qui cherchent cette connaissance sincèrement et dans l'esprit de la prière ont la
promesse que tout ce qui est nécessaire leur sera révélé (D&A 18:18). Néphi
témoigne que le Christ «se manifeste par le pouvoir du Saint-Esprit à tous ceux qui
croient en lui, oui, à toutes les nations, tribus, langues et peuples, accomplissant de
grands miracles, signes et prodiges parmi les enfants des hommes, selon leur foi» (2 Né.
26:13; cf. 1 Co. 2:11-13; D&A 76:116).
Le Saint-Esprit est un instructeur. Tous ceux qui seront sauvés doivent être formés par
lui. Les choses de l'Esprit ne peuvent être comprises quune fois enseignées et
apprises par l'Esprit (D&A 50:11-24). La mission divine denseigner les vérités
du salut est confiée au Saint-Esprit. Jésus était rempli du pouvoir du Saint-Esprit
(Luc 4:1). «Il ne parlait pas comme les autres homes, et on ne pouvait pas non plus
linstruire, car il navait pas besoin que quiconque linstruisît» (TJS
Mt. 3:25). Le Père a donné au Christ l'Esprit sans mesure (Jean 3:34). Les anges parlent
aussi par le pouvoir du Saint-Esprit (2 Né. 32:3). Telle est la norme pour tous ceux qui
vont au nom du Christ. «Vous n'êtes pas envoyés pour être enseignés, a dit le Sauveur
aux premiers saints des derniers jours, mais pour enseigner aux enfants des hommes ce que
j'ai mis entre vos mains par le pouvoir de mon Esprit. Et vous allez être enseignés d'en
haut. Sanctifiez-vous et vous serez dotés de pouvoir, afin de donner tout comme je l'ai
dit» (D&A 43:15-16).
En décrivant l'influence du Saint-Esprit quand il est descendu sur lui et sur Oliver
Cowdery, le prophète Joseph Smith a dit : «Nous étions remplis du Saint-Esprit et nous
nous réjouissions du Dieu de notre salut. Notre esprit étant maintenant éclairé, nous
commençâmes à voir les Écritures se dévoiler à notre entendement, et la véritable
signification et le sens des passages les plus mystérieux se révéler à nous d'une
manière à laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment, à laquelle nous
n'avions même jamais pensé auparavant.» (JSH 1:73-74; cf. Alma 5:46). Le
Saint-Esprit remet aussi en mémoire ce qui a été précédemment appris (Jean 14:26),
indique ce pour quoi il faut prier (D&A 46:30) et fait connaître ce quil faut
dire quand on prêche et quon enseigne (D&A 84:85).
Le Saint-Esprit est le Consolateur. Une caractéristique distinctive des vérités du
salut est qu'elles saccompagnent dun esprit de consolation et de paix. C'est
la fonction du Saint-Esprit dalléger les fardeaux, de donner du courage, de
fortifier la foi, daccorder la consolation, dapporter de l'espoir et de
révéler ce qui est nécessaire à ceux qui ont droit à sa compagnie sacrée (Moï.
6:61).
Jésus a enseigné qu'il ny a pas de plus grand péché que le péché contre le
Saint-Esprit (Mt. 12:31-32). Une révélation moderne explique : «Le blasphème contre le
Saint-Esprit, qui ne sera pas pardonné dans le monde ni hors du monde, consiste à
commettre un meurtre dans lequel on verse le sang innocent et consent à ma mort après
avoir reçu la nouvelle alliance éternelle, dit le Seigneur Dieu» (D&A 132:27).
Joseph Smith a ajouté que ce genre de personne rejette le Fils après que le Père l'a
révélé, renie la vérité et défie le plan du salut. «À partir de ce moment-là il
commence à être un ennemi
. Il reçoit l'esprit du diable ce même esprit
qu'avaient ceux qui crucifièrent le Seigneur de la vie le même esprit qui pèche
contre le Saint-Esprit. On ne peut pas sauver de telles personnes, on ne peut pas les
amener à la repentance, elles font une guerre ouverte, comme le diable, et terrible est
la conséquence» (EPJS, p. 290; cf. D&A 76:31-38, 43-48; voir aussi Péché
impardonnable).
Le Saint-Esprit est un pouvoir tellement édifiant et une telle source de connaissance
nécessaire de l'Évangile qu'avoir sa compagnie et son influence constantes est le plus
grand don quune personne puisse recevoir dans la condition mortelle (cf. D&A
121:46). On rapporte qu'un jour que lon demandait au prophète Joseph Smith «en
quoi [l'Église mormone] différait des autres religions de lépoque», il a
répondu que cétait dans «le don du Saint-Esprit par limposition des
mains
[et] que toutes les autres considérations étaient contenues dans le don du
Saint-Esprit» (HC 4:42).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, chaps. 28-31. Salt Lake City,
1985.
McConkie, Joseph Fielding et Robert L. Millet. The Holy Ghost. Salt Lake City, 1989.
JOSEPH FIELDING MCCONKIE
Saint-Esprit de Promesse
Auteur: Flake, Lawrence R.
Le Saint-Esprit de Promesse est l'un des nombreux
noms-titres descriptifs du Saint-Esprit et a trait à lune de ses fonctions
spécifiques. Dans Jean 14:16, le Sauveur, qui avait été un consolateur pour ses
disciples, leur assure quaprès son départ au ciel ils recevront un autre
Consolateur: «Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin
quil demeure éternellement avec vous.» Le verset suivant dit que ce Consolateur
est «lesprit de vérité» qui «demeure avec vous, et il sera en vous» (verset
17). Le Seigneur précisera plus tard que ce Consolateur promis est le Saint-Esprit
(verset 26). Doctrine et Alliances 88:3 réitère et éclaircit: «C'est pourquoi, je vous
envoie maintenant un autre Consolateur, oui, sur vous, mes amis, afin qu'il demeure dans
votre cur, oui, le Saint-Esprit de promesse; lequel autre Consolateur est celui-là
même que j'ai promis à mes disciples, comme c'est écrit dans le témoignage de Jean.»
Le Saint-Esprit de Promesse est le pouvoir par lequel les ordonnances et les autres actes
justes accomplis sur cette terre, tels que le baptême et le mariage éternel, sont
ratifiés, validés et scellés dans le ciel aussi bien que sur la terre. Paul enseigne
aux Éphésiens qu'après avoir agi en fonction de leur foi au Christ ils ont «été
scellés du SaintEsprit qui avait été promis» ce qui était le gage de leur
«héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu sest acquis» (Ép. 1:12-14). Le
scellement des alliances et des ordonnances terrestres est conditionnel et dépend de
l'engagement personnel et de la dignité du bénéficiaire. Si une personne qui a reçu le
Saint-Esprit de Promesse devient plus tard mauvaise, le scellement est rompu jusqu'à ce
quil y ait repentir et pardon complets (DS 1:60; 2:95-100).
La nécessité du scellement par le Saint-Esprit est soulignée dans le passage suivant:
«tous contrats, alliances, conventions, obligations, serments, vux, actes, unions,
associations ou attentes qui ne se font pas et ne sont pas contractés et scellés par le
Saint-Esprit de promesse
n'ont aucune validité, vertu ou force dans et après la
résurrection d'entre les morts; car tous les contrats qui ne sont pas faits dans ce sens
prennent fin quand les hommes sont morts» (D&A 132:7). Les représentants terrestres
du Seigneur, tels que les évêques et les anciens, peuvent être trompés par une
personne indigne, mais personne ne peut tromper le Saint-Esprit, qui ne ratifiera pas une
ordonnance reçue dans un état dindignité. Cette sauvegarde est attachée à
toutes les bénédictions et alliances liées à l'Évangile de Jésus-Christ.
La manifestation suprême du Saint-Esprit de Promesse se produit quand une personne voit
sa vocation et son élection assurées, cest-à-dire quelle reçoit «la
parole prophétique plus certaine» témoignant qu'elle est scellée à la vie éternelle
(D&A 131:5). Le Saint-Esprit de Promesse valide cette bénédiction ou la scelle sur
la personne. À propos du Saint-Esprit de Promesse, le Seigneur dit: «Ce Consolateur est
la promesse que je vous fais de la vie éternelle, c'est-à-dire la gloire du royaume
céleste» (D&A 88:4; cf. MD, pp. 361-362).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 3, pp. 333-37. Salt Lake City,
1973.
LAWRENCE R. FLAKE
Sainteté
Auteur: Bell, Elouise M.
Dans la pensée mormone, comme dans la plupart des
religions, c'est Dieu qui investit une personne, un lieu ou un objet dune sainteté:
«Car je suis capable de vous rendre saints, et vos péchés vous sont pardonnés»
(D&A 60:7). On dit donc que les temples de l'Église sont saints parce qu'ils sont
consacrés à la Divinité qui s'est manifestée en eux. Les saints des derniers jours
disent que le sabbat est saint parce que Dieu a mis son esprit dans ce jour. Le lieu
boisé où Joseph Smith a reçu sa Première Vision est qualifié de bosquet sacré parce
que le Père et le Fils y sont apparus. Le mariage et les autres ordonnances de la
prêtrise sont considérés comme saints parce que Dieu est directement et personnellement
partie prenante dans de telles alliances. Les Écritures sont saintes parce qu'elles
contiennent la parole de Dieu.
Bien qu'ils utilisent rarement le terme «saint» (sauf un cantique bien-aimé qui supplie
Dieu «Ah, donne à mon âme plus de sainteté»), les saints des derniers jours essayent
de parvenir à un certain degré de sainteté et de perfection dans la condition mortelle:
«Lhomme peut être parfait dans sa sphère
la perfection individuelle est
relative
La loi de l'Évangile est une loi parfaite et la perfection est le
résultat certain dune obéissance complète» (Talmage, p. 169).
Le processus par lequel on devient saint est basé sur trois points de doctrine: la
justification, qui satisfait aux exigences de la justice pour les péchés de l'individu
par l'expiation de Jésus-Christ; la purification, rendue possible par cette même
expiation et symbolisée par le pain et leau de la Sainte-Cène, qui nécessite que
lon se purifie constamment des taches et des imperfections terrestres; et la
sanctification, qui est le processus par lequel on est rendu saint. Une fois que lon
sest purifié au maximum des imperfections, on est investi, au cours de toute une
vie, de la sainteté de Dieu. Alma le Jeune est un exemple de quelquun que Dieu a
reconnu comme saint (Al. 10:7-9).
Ces principes sont récapitulés dans lavant-dernier verset du Livre de Mormon: «Et
en outre, si, par la grâce de Dieu, vous êtes parfaits dans le Christ, et ne niez pas
son pouvoir, alors vous êtes sanctifiés dans le Christ, par la grâce de Dieu, grâce à
l'effusion du sang du Christ, qui est dans l'alliance du Père pour le pardon de vos
péchés, afin que vous deveniez saints, sans tache» (Mro. 10:33).
Sainte-Cène
[Cette rubrique est en deux parties: Sainte-Cène et
Sainte-Cène: Prières de Sainte-Cène. La première partie explique la pratique de la
Sainte-Cène dans lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, la
deuxième donne lhistoire et le contenu des prières de Sainte-Cène utilisées dans
la bénédiction de la Sainte-Cène.]
Sainte-Cène
Auteur: PIXTON, PAUL B.
Lexpression Sainte-Cène, telle que lutilise
lÉglise, désigne lordonnance instituée par Jésus-Christ comme moyen mis à
la disposition des saints dignes pour renouveler leurs alliances avec leur Rédempteur et
avec Dieu le Père (cf. Mos. 18:8-10; JC, pp. 642-643; AF, p. 217). La veille de son
procès et de sa crucifixion à Jérusalem, entouré de ses disciples les plus intimes,
les douze apôtres, Jésus prit le pain, le bénit, le rompit puis le leur donna en
disant: «Prenez, mangez, ceci est mon corps.» Jésus prit de même la coupe, la bénit
et la leur donna en disant: «Buvezen tous; car ceci est mon sang, le sang de
lalliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés» (Mt.
26:26-28). Le Livre de Mormon rapporte que Jésus ressuscité institua cette même
ordonnance en souvenir de son corps et de son sang quand il se montra aux justes du
continent américain après son ascension à Jérusalem (3 Né. 18:7; 20:3; 26:13).
Paul note que le sauveur a donné le commandement daccomplir régulièrement cette
ordonnance, «a Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe,
vous annoncez [témoignez de] la mort du Seigneur, jusquà ce quil vienne» (1
Co. 11:26). Le Nouveau Testament indique que linjonction était respectée dans
lÉglise chrétienne primitive (cf. Ac. 2:42; 20:7). Paul écrit clairement aux
saints de Corinthe à propos de lordonnance simple quil a reçue du Seigneur,
soulignant quelle se fait «en mémoire de [Jésus-Christ]» (1 Co. 11:19-26; cf.
Lu. 22:19; 3 Né. 18:7).
Le moment et lendroit choisis par Jésus pour donner la Sainte-Cène à ses
disciples de Jérusalem rattachent cette ordonnance à lobservance plus ancienne de
la pâque, y compris le pain et le vin quil a utilisés, et auxquels il donna un
nouveau symbolisme (Mt. 26:26-28; Lu. 22:15-20). Par son expiation, le Christ a accompli
le but de lordonnance des sacrifices danimaux que lon trouve dans
lAncien Testament, qui préfigurait le sacrifice final du Fils de Dieu. La nouvelle
ordonnance a remplacé la nécessité des sacrifices danimaux par le sacrifice, de
la part des disciples du Christ, dun cur brisé et dun esprit contrit (3
Né. 9:18-20).
Le sermon de Jésus sur le sujet du «pain de vie» dans lévangile de Jean
sinspire du symbolisme du Seigneur lui-même comme étant «le pain vivant qui est
descendu du ciel». Il préfigure également lordonnance de la Sainte-Cène
quil introduira plus tard pour rappeler à tout le monde que le salut nest
possible que par «le pain vivant» et «leau vive» (cf. Jean 6:48-58). Mais à
lépoque post-apostolique, les théologiens transformèrent la nature symbolique de
la cène du Seigneur en dogme de la transsubstantiation [la présence réelle],
introduisant ainsi la notion que ceux qui prennent le pain et le vin ingèrent
miraculeusement et littéralement le corps et le sang du Christ, même si laspect
extérieur des emblèmes ne change pas. Les saints rejettent ce dogme et affirment que la
Sainte-Cène a pour but de les aider à se souvenir de Jésus et que la transformation
dont il sagit est la rénovation de lâme humaine par lEsprit (D&A
20:75-79).
La Sainte-Cène, selon la croyance des saints, ne sert pas principalement de moyen
dobtenir la rémission des péchés. Ce quelle fait, cest concentrer
lattention sur le sacrifice pour le péché accompli par le Sauveur et sur la
nécessité, pour tous ceux qui ont été baptisés, de garder leur vie constamment en
harmonie avec ses enseignements et ses commandements. Pour cette raison, il y a de
nombreuses injonctions scripturaires commandant à ceux qui prennent la Sainte-Cène de se
conformer aux commandements de Dieu (1 Co. 11:22-23; 3 Né. 18:28-29; D&A 46:4).
Toutefois, les enfants non baptisés, comme ils sont sans péché, ont le droit de prendre
la Sainte-Cène pour préfigurer lalliance quils contracteront eux-mêmes à
lâge de responsabilité, qui est de huit ans (voir Enfants: Salut des enfants). En
bénissant la Sainte-Cène lors de son dernier repas, le Christ lui-même a utilisé les
emblèmes quil avait sous la main: du pain et du vin. Le Seigneur a dit à Joseph
Smith: «Peu importe ce que vous mangez ou ce que vous buvez lorsque vous prenez la
Sainte-Cène, si vous le faites lil fixé uniquement sur ma gloire, vous
souvenant devant le Père de mon corps qui a été déposé pour vous et de mon sang qui a
été versé pour la rémission de vos péchés.» (D&A 27:2). Dans la pratique, les
saints des derniers jours utilisent du pain et de leau.
Lordonnance de la Sainte-Cène est administrée par «ceux qui ont
lautorité», cest-à-dire par des détenteurs de la prêtrise. Selon la
révélation moderne, les prêtres de la Prêtrise dAaron et nimporte quel
détenteur de la Prêtrise de Melchisédek peuvent officient à la table de Sainte-Cène;
dune manière générale, la table est préparée par les instructeurs de la
Prêtrise dAaron, et le pain et leau sont bénis par les prêtres et
distribués aux membres de lÉglise par les diacres de la même prêtrise.
Les prières dites sur ces emblèmes sont parmi les rares dont les paroles soient
prescrites par les Écritures. Ceux qui prennent la Sainte-Cène contractent
lalliance avec le Seigneur de prendre sur eux le nom du Christ, de toujours se
souvenir de lui et de garder ses commandements. De son côté, le Seigneur fait alliance
quils peuvent toujours avoir son Esprit avec eux (D&A 20:75-79; Mro. 4-5; Jn.
6:54). [Voir aussi Expiation de Jésus-Christ; Communion; Dernière Cène.]
Bibliographie
Madsen, Truman G. «Christ and the Sacrament» and «The Sacramental Life». Christ and
the Inner Life, pp. 39-42. Salt Lake City, 1981.
PAUL B. PIXTON
Sainte-Cène: Prières de
Sainte-Cène
Auteur: TANNER, JOHN S.
Les prières de Sainte-Cène, qui ont été révélées par le Seigneur au prophète
Joseph Smith, sont parmi les rares prières fixes dans lÉglise et les seules
quil est commandé aux membres doffrir «souvent» (D&A 20:75). On les
fait régulièrement pendant ladministration de lordonnance de la Sainte-Cène
à la réunion de Sainte-Cène, ce qui les fait occuper une place centrale dans la vie
religieuse des saints des derniers jours. Elles sont dusage ancien et, à une
exception près (lutilisation actuelle deau au lieu de vin), conservent les
paroles des prières sacramentelles des Néphites:
«Ô Dieu, Père éternel, nous te demandons, au nom de ton Fils, Jésus-Christ, de bénir
et de sanctifier ce pain pour lâme de tous ceux qui en prennent, afin quils
le mangent en souvenir du corps de ton Fils, et te témoignent, ô Dieu, Père éternel,
quils veulent prendre sur eux le nom de ton Fils, se souvenir toujours de lui et
garder les commandements quil leur a donnés, afin quils aient toujours son
Esprit avec eux. Amen» [Moroni 4:3].
Ô Dieu, Père éternel, nous te demandons, au nom de ton Fils, Jésus-Christ, de bénir
et de sanctifier ce vin pour lâme de tous ceux qui en boivent, afin quils le
fassent en souvenir du sang de ton Fils, qui a été versé pour eux, afin quils te
témoignent, ô Dieu, Père éternel, quils se souviennent toujours de lui, et
quils aient son Esprit avec eux. Amen» [Moroni 5:2].
Les prières, quant à elles, ritualisent les termes utilisés par le Sauveur ressuscité
quand il a visité lAmérique (3 Né. 18:5-11; cf. D&A 20:75-79). Suite à une
révélation donnée en août 1830 (D&A 27), on a utilisé leau au lieu du vin.
Il nexiste aucune formulation exacte des prières dans le Nouveau Testament comme
celle que nous avons. Cependant, un savant a détecté des parallèles entre les prières
de Sainte-Cène des saints des derniers jours et les formules eucharistiques antiques
(Barker, pp. 53-56). La Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) confirme que les
éléments principaux des prières de Sainte-Cène faisaient partie de la dernière cène
originelle: Jésus y inclut des obligations par alliance semblables à celles qui se
trouvent dans les prières (TJS Mt. 26:25) et précisa que ce quil faisait
introduisait une «ordonnance» officielle quils devaient répéter souvent (TJS Mc.
14:24). De plus, dans la TJS, Jésus ne dit pas: «Ceci est mon corps» ni «Ceci est mon
sang», des métaphores dont linterprétation a historiquement divisé les
chrétiens sur la question de la «transsubstantiation». Il a dit au contraire: «Ceci
est en souvenir de mon corps» et «ceci est en souvenir de mon sang» (TJS Mt. 26:22, 24;
cf. TJS Mc. 14:21, 23).
Les prières de Sainte-Cène invitent à lintrospection, au repentir et à la
reconsécration et pourtant elles sont également communales, unissant les personnes en
des assemblées qui attestent conjointement et publiquement de leur volonté de se
souvenir du Christ. Cet engagement commun à devenir comme le Christ, répété chaque
semaine, définit laspiration suprême de la vie des saints des derniers jours.
Bibliographie
Barker, James L. The Protestors of Christendom. Independence, Mo., 1946.
Tanner, John S. "Reflections on the Sacrament Prayers." Ensign 16, avr. 1986,
pp. 7-11.
Welch, John W. "The Nephite Sacrament Prayers." F.A.R.M.S. Update. Provo, Utah,
1986.
JOHN S. TANNER
Scellement
[Cette rubrique se compose de trois articles: Scellement: Pouvoir de
scellement; Scellement: Scellements dans le temple; Scellement: Annulation de scellement.
Le premier article, Pouvoir de scellement, explique la signification du scellement dans
lÉglise et lautorité requise pour accomplir une ordonnance pour quelle
soit considérée comme scellée; le deuxième article, Scellements dans le temple,
explique ce quest un scellement dans le temple et comment on lobtient; et le
troisième article, Annulation de scellement, explique brièvement qui peut annuler un
scellement.]
Scellement: Pouvoir de scellement
Auteur: YARN, DAVID H., Jr.
Les signets et les sceaux sont utilisés depuis le début de lAntiquité pour
certifier lautorité. Le mot «sceau» apparaît de nombreuses fois dans les
Écritures. Jésus-Christ a été marqué du «sceau» de Dieu le Père (Jn. 6:27) et Paul
a rappelé aux saints dautrefois que Dieu les avait oints et les avait marqués
dun sceau (2 Co. 1:21-22) et a dit à dautres: «Vous avez été scellés du
SaintEsprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la
rédemption» (Ép. 1:13-14). Jean dit des serviteurs de Dieu que leur front était
marqué du sceau (Ap. 7:3). Dans lapocryphe les Actes de Thomas (verset 131), Thomas
prie pour que sa femme, sa fille et lui «reçoivent le sceau» et deviennent «serviteurs
du vrai Dieu». Aujourdhui encore, les diplômes, les documents juridiques et les
autres de ce genre portent des sceaux qui certifient officiellement leur authenticité.
Pour les saints des derniers jours, le pouvoir de scellement suprême est le pouvoir de la
prêtrise donné aux serviteurs autorisés du Seigneur pour accomplir certains actes sur
terre et pour les faire reconnaître (sceller) ou valider dans les cieux. Ils croient que
cest cette autorité que le Seigneur Jésus-Christ décrit quand il dit à Pierre:
«Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié
dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux» (Mt.
16:19).
Le président de lÉglise détient et exerce les clefs du scellement sur la terre.
Quand un homme est ordonné apôtre et mis à part en tant que membre du Collège des
douze apôtres, le scellement est lun des pouvoirs qui lui sont accordés.
Dautres Autorités générales de lÉglise, les présidences des temples et un
nombre limité dofficiants dans chaque temple reçoivent ce pouvoir de scellement
pendant leur mandat. Une fois que lon a lapprobation de la Première
Présidence pour recevoir le pouvoir de scellement, le président de lÉglise,
lun de ses conseillers ou un membre des douze apôtres expressément désigné par
le président lui confère le pouvoir de scellement par limposition des mains.
Cest lautorité expresse daccomplir les ordonnances de scellement au
temple.
Cest lautorité par laquelle «tous contrats, alliances, conventions,
obligations, serments, vux, actes, unions, associations ou attentes» peuvent être
«contractés et scellés par le Saint-Esprit de promesse» et recevoir «validité, vertu
ou force dans et après la résurrection dentre les morts» (D&A 132:7).
Dans cette dispensation de la plénitude des temps, le pouvoir de scellement a été
rétabli par Élie, le dernier prophète de la période de lAncien Testament à le
détenir (EPJS, pp. 274-275). Il conféra cette autorité à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery le 3 avril 1836 dans le temple de Kirtland (D&A 110). Quand chaque homme qui a
été président de lÉglise a été ordonné apôtre et est devenu membre du
Collège des Douze, il sest vu conférer le pouvoir de scellement lequel a ainsi
été transmis jusquà nos jours (D&A 110:13-16; 128:11).
Le président de lÉglise est investi de ce que lon pourrait qualifier de
pouvoir général de scellement. Quiconque reçoit la prêtrise obtient dans une certaine
mesure ce pouvoir général de scellement. Par exemple, comme Bruce R. McConkie le dit:
«Tout ce qui nest pas scellé par ce pouvoir prend fin quand les hommes sont morts.
Si un baptême na pas ce sceau durable, il nadmettra pas une personne dans le
royaume céleste
. Tout acquiert une force et une validité durables grâce au
pouvoir de scellement» (MD, pp. 615-616).
Bibliographie
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph Fielding. "Elijah: His Mission and Sealing Power." DS, Vol. 2, pp.
115-128. Salt Lake City, 1955.
DAVID H. YARN, JR.
Scellement:
Scellements dans le temple
Auteur: HYER, PAUL V.
Un «scellement», au sens général du terme, est le fait dassurer, de déterminer
ou de créer une légitimité. Chez les membres de lÉglise, le mot scellement
désigne le mariage dun mari et dune épouse et la création, entre les
enfants et les parents, de rapports qui doivent durer éternellement. Ce type spécial de
scellement du mari et de la femme dans le mariage porte le nom de «mariage éternel» ou
«mariage céleste». Il diffère du mariage civil et du mariage religieux, qui sont des
cérémonies reconnues seulement par lautorité terrestre et ne sont que pour la
durée de cette vie.
Le scellement du mari, de la femme et des enfants en une cellule familiale éternelle est
lordonnance suprême de la prêtrise par rapport à laquelle toutes les autres sont
préparatoires. Elle doit être accomplie par quelquun qui détient le pouvoir de
scellement et, aujourdhui, dans un temple de lÉglise consacré à Dieu.
Cest à ce pouvoir de scellement que le Sauveur fait allusion quand il donne à son
apôtre Pierre les clefs du royaume des cieux, en disant que «ce que tu lieras sur la
terre sera lié dans les cieux» (Mt. 16:19). À lépoque moderne, cette autorité
de scellement a été rétablie sur la terre le 3 avril 1836, dans le temple de Kirtland,
par le prophète Élie, qui était lancien gardien de ce pouvoir (D&A
110:13-16).
Les prophètes anciens et modernes ont observé que si les familles ne sont pas scellées
ensemble en cellules éternelles, si les curs des enfants et des pères ne sont pas
tournés les uns vers les autres (comme mentionné dans Malachie 4:5-6), luvre
et la gloire finales de Dieu ne sont pas atteintes et les buts les plus élevés de la
création de la terre ne sont pas réalisés. «Car sans eux [nos ancêtres, nos aïeux]
nous ne pouvons parvenir à la perfection, et sans nous ils ne peuvent pas non plus
parvenir à la perfection» (D&A 128:16-18).
Pour les saints des derniers jours, le monde desprit est aussi réel que ce
monde-ci. De par la volonté divine, le scellement au temple est accessible non seulement
aux personnes en vie, mais est également accessible aux ancêtres décédés dune
famille grâce aux ordonnances accomplies par procuration dans les temples. Ce processus
est appelé salut des morts. Les enfants nés de parents qui ont été scellés dans le
temple naissent dans lalliance et sont ainsi liés à leurs parents pour
léternité sans ordonnance séparée de scellement.
Pour recevoir les ordonnances de scellement du temple, les membres de lÉglise
doivent obtenir, dune autorité compétente de lÉglise, une recommandation à
lusage du temple certifiant quils pratiquent les principes prescrits par
lÉglise. Ils vont alors dans un temple et reçoivent les ordonnances préparatoires
et la bénédiction appelée dotation du temple. Cela consiste à recevoir des
enseignements et à faire alliance dobéir à des lois éternelles stipulées par
Dieu dont le respect assure un niveau supérieur de moralité, de mariage et de vie de
famille. On peut alors administrer les ordonnances de scellement dont on ne peut retirer
tout le profit quen obéissant constamment aux lois divines énoncées dans
lÉvangile de Jésus-Christ.
La cérémonie de scellement est une ordonnance inspirante et solennelle accomplie dans
une salle spécialement désignée et consacrée dun temple. Le couple qui va être
marié ou la famille qui va être scellée sagenouille à un autel. Lofficiant
est quelquun qui a reçu le pouvoir de scellement sous la plus haute autorité de la
prêtrise de lÉglise (voir Prophète, voyant et révélateur; Scellement: Pouvoir
de scellement).
Pour les membres de lÉglise, le scellement dote la vie dun but plus grand et
donne au mariage la qualité dun partenariat divin avec des sauvegardes
spirituelles. Mettre des enfants au monde devient une intendance divinement inspirée. Le
scellement peut soutenir la famille dans la vie et la consoler dans la mort. Il crée une
continuité dans la vie, ici et dans lau-delà.
Bibliographie
Derrick, Royden G. In Temples in the Last Days, chap. 3. Salt Lake City, 1988.
Smith, Joseph Fielding. DS 2:119. Salt Lake City, 1954-1956.
Talmage, James E. The House of the Lord, pp. 84-91. Salt Lake City, 1976.
PAUL V. HYER
Scellement:
Annulation de scellement
Auteur: POELMAN, RONALD E.
Les clefs du royaume des cieux conférées à Pierre par le Seigneur Jésus-Christ (Mt.
16:19) et rétablies sur terre à notre époque (D&A 110) par le prophète Élie, qui
était autrefois gardien de ce pouvoir (voir Mal. 4:5-6), comportent lautorité de
«lier et délier» sur terre, avec un effet correspondant dans les cieux. Ce pouvoir
nest actuellement détenu et exercé que par le président de lÉglise et les
autres personnes à qui il est conféré par lui ou sous sa direction. Une fois
quune ordonnance de scellement est accomplie, seule la Première Présidence peut
approuver un changement dans le statut du scellement, notamment lannulation du
scellement (Manuel dinstructions générales, 6-5 à 6-7).
La Première Présidence peut annuler un scellement dans le temple quand les circonstances
dune demande dannulation le justifient.
Bibliographie
Manuel dinstructions générales. Salt Lake City, 1989.
RONALD E. POELMAN
Schismatiques
Auteur: TANNER, MARTIN S.
Comme tous les groupes religieux importants, lÉglise de Jésus-Christ des Saints
des Derniers Jours a vu un certain nombre de membres, mécontents pour des raisons
diverses, la quitter. Certains ont emmené un groupe de membres et ont créé des
organisations rivales, basées sur leur interprétation des enseignements de Joseph Smith.
Il y a eu quelque 130 groupes de ce genre; quelques-uns seulement ont duré plus de dix
ans.
Le premier prit le nom dÉglise pure du Christ, fondée en 1831 par Wycam Clark,
Northrop Sweet et dautres. Affirmant que Joseph Smith était un faux prophète,
Clark affirma quil était le vrai dirigeant de lÉglise. Le groupe ne tint que
deux ou trois réunions avant de disparaître.
Le groupe schismatique le plus important organisé du vivant de Joseph Smith fut
lÉglise du Christ, fondée en 1837 à Kirtland par Warren Parrish. Quelques mois
plus tôt, Parrish avait été accusé de détourner des fonds de la banque de
lÉglise, la Kirtland Safety Society, et avait été excommunié. Prétendant que
Joseph était déchu de son appel divin comme dirigeant de lÉglise, Parrish
revendiqua lautorité de la diriger. Il reçut lappui de trois membres du
Collège des douze apôtres, de certains des présidents des soixante-dix et de plusieurs
autres dirigeants influents qui sétaient détachés de Smith pendant la crise
économique de 1837-1838 à Kirtland. Ce groupe se désagrégea en moins dun an (CHC
1:403-407).
La mort de Joseph Smith en 1844 produisit encore un foisonnement de nouveaux groupes
cherchant à tirer profit de la perte du dirigeant de lÉglise. Il y avait, dans ces
organisations, des gens qui convenaient que Joseph Smith avait été un vrai prophète,
mais beaucoup dentre eux rejetaient ou ignoraient certains des points de doctrine ou
des pratiques quil avait établis; la question qui se posait à eux était de savoir
qui était censé prendre sa place.
Sidney Rigdon, conseiller de Joseph dans la Première Présidence, fut un des premiers à
avancer ses prétentions, disant aux saints que Joseph Smith ne pouvait pas avoir de
successeur et quil devait être appelé tuteur de lÉglise pour veiller sur
elle au nom de Joseph et lédifier en mémoire du prophète assassiné. Ses
prétentions furent rejetées par la plupart des membres, qui soutinrent Brigham Young et
le Collège des douze apôtres. Rigdon fut excommunié et retourna à Pittsburgh
(Pennsylvanie) où il fonda lÉglise du Christ, une église qui dura moins de deux
ans. En 1863, il organisa lÉglise de Jésus-Christ des Enfants de Sion. Ce groupe
dura jusque dans les années 1880.
En août 1844, James J. Strang, qui ne sétait converti que quelques mois avant la
mort de Joseph Smith, sortit une lettre censée avoir été de Joseph Smith, le nommant
pour diriger le troupeau (voir Contrefaçons de documents historiques) et affirma
quun ange lui était apparu peu de temps après le martyre et lavait ordonné
à cet appel. Il fut immédiatement excommunié. Quelques semaines plus tard, il alla
sinstaller avec un groupe de convertis à Voree, dans le Wisconsin, la région
quil affirmait être le nouveau lieu de rassemblement pour lÉglise. Parmi ses
disciples, il y avait deux apôtres, John E. Page et William Smith (frère cadet de Joseph
Smith), ainsi que William Marks, ancien président du pieu de Nauvoo. Pendant une courte
période, Martin Harris accompagna un dirigeant strangite en mission en Angleterre.
Strang alla sinstaller avec son groupe à Beaver Island, une petite île dans le
nord du lac Michigan où il se fit couronner roi en 1850 en grande cérémonie. Il y fonda
une théocratie qui prospéra pendant la majeure partie de la décennie avec quelque 3.000
membres; il continua également la pratique du mariage plural. Le 16 juin 1856, deux
assassins, qui faisaient partie dune conspiration, tirèrent sur lui; il ne désigna
pas de successeur avant sa mort onze jours plus tard. Son groupe fut dissous par
laction combinée des forces fédérales et locales et la majorité fut exilée de
force de lîle. Il existe cependant toujours un petit reste de lordre de
Strang dans le Wisconsin, au Michigan, au Colorado et au Nouveau-Mexique (Van Noord, pp.
48-177, 233-266; Lewis, pp. 274-291).
Un mouvement pour créer une réorganisation plus importante commença au début des
années 1850. Quelques anciens strangites, entre autres William Marks, Jason Briggs et
Zenas H. Gurley, se réunirent en 1850 pour décider dun nouveau dirigeant. Briggs
et Gurley avaient été membres du groupe de William Smith, appelé lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, qui avait été organisée en 1846 après que
William Smith eut été excommunié par les strangites. Marks, Briggs et Gurley étaient
convaincus que la succession à la présidence de lÉglise devait être en ligne
directe, de père en fils. Dans un effort de prosélytisme intense, ils attirèrent à eux
un certain nombre dautres mormons et danciens mormons dans le Midwest. Un
groupe se réunit à Beloit (Wisconsin), les 12-13 juin 1852, pour sorganiser. En
1853, ils organisèrent une autre conférence et des apôtres furent choisis. En 1859,
Joseph Smith III accepta officiellement lappel à devenir le nouveau président et
prophète et, en avril 1860, le groupe fut officiellement enregistré sous le nom
dÉglise réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours. La plus
grande partie de la famille immédiate de Joseph Smith, fils, se joignit au début des
années 1860 à cette église et beaucoup de descendants en restent des membres
pratiquants aujourdhui (Launius, pp. 77-139).
Dautres groupes se détachèrent pendant ladministration de Brigham Young en
Utah. Un des plus importants fut celui des Godbeites, organisé en 1868 sous la direction
de William S. Godbe. Plusieurs années plus tôt, Godbe sétait joint à E.L.T.
Harrison, Edward W. Tullidge, Eli B. Kelsey, William H. Shearman et dautres hommes
daffaires et intellectuels mormons mécontents pour protester contre la politique
dautonomie économique de Brigham Young. Godbe et son groupe étaient en faveur
dune société moins structurée, du libre-échange à lintérieur du
territoire dUtah et du commerce non réglementé avec le monde extérieur. Leur
protestation sociale ne tarda pas à se transformer en un rejet complet de la doctrine et
de la pratique. Ils abandonnèrent intégralement la structure théologique de
lÉglise, rejetant toute allégeance à quelque prophète ou ensemble
dÉcritures que ce soit. Au lieu de cela, ils proclamèrent la fraternité
universelle de lhomme et lamour universel de Dieu. Ceci les amena à se
rapprocher du mouvement spirite, qui avait du succès au dix-neuvième siècle. Ils
participèrent à un certain nombre de séances, croyant parler avec les dirigeants
décédés de lÉglise, avec Jésus-Christ et avec les apôtres dautrefois. Le
grand conseil du pieu de Salt Lake City excommunia Godbe et Harrison le 25 octobre 1869.
Dautres du groupe finirent par provoquer leur propre excommunication. En 1870, ils
organisèrent officiellement lÉglise de Sion, une organisation ouvertement
antimormone, religieusement et économiquement, qui fonda le journal Salt Lake Tribune. Le
mouvement ne réussit pas à attirer beaucoup de nouveaux disciples et disparut en 1880
(Walker, 1974, 1982).
Dautres groupes dissidents ont suivi de temps en temps, particulièrement après la
fin du mariage plural en 1890 (pour dautres commentaires voir «Fondamentalistes»).
Bibliographie
Anderson, C. Leroy. For Christ Will Come Tomorrow: The Saga of the Morrisites. Logan,
Utah, 1981.
Carter, Kate B. Denominations That Base Their Beliefs on the Teachings of Joseph Smith.
Salt Lake City, 1969.
Launius, Roger D. Joseph Smith Ill: Pragmatic Prophet. Urbana, Ill., 1988.
Lewis, David Rich. "'For Life, the Resurrection, and the Life Everlasting': James J.
Strang and Strangite Mormon Polygamy, 1849-1856." Wisconsin Magazine of History 66
(été 1983), pp. 274-291.
Morgan, Dale L. Bibliographies of the Lesser Mormon Churches. Salt Lake City, n.d.
Rich, Russell R. Those Who Would Be Leaders: Offshoots of Mormonism. Provo, Utah, 1959.
Shields, Steven L. Divergent Paths of the Restoration: A History of the Latter Day Saint
Movement, 3e éd. Bountiful, Utah, 1982.
Van Noord, Roger. King of Beaver Island: The Life and Assassination of James Jesse Strang.
Urbana, Ill., 1988.
Walker, Ronald W. "The Commencement of the Godbeite Protest: Another View." Utah
Historical Quarterly 42 (été 1974), pp. 216-244.
Id. "When the Spirits Did Abound: Nineteenth-Century Utah's Encounter with
Free-Thought Radicalism." Utah Historical Quarterly 50 (automne 1982), pp. 304-324.
MARTIN S. TANNER
Sermon sur la
montagne
Auteur: UPDEGRAFF, ROBERT TIMOTHY
Le sermon sur la montagne (Mt. 5-7) est, pour les saints des derniers jours aussi bien que
pour tous les autres chrétiens, la source principale des enseignements de Jésus et des
règles du comportement chrétien. Le fait que des récits parallèles apparaissent dans
le Livre de Mormon (3 Né. 12-14) et la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS Mt.
5-7) donne à la fois loccasion de mieux comprendre le sermon et lobligation
de réfuter les accusations de plagiat pur et simple portées contre le prophète Joseph
Smith. La comparaison soigneuse des textes révèle des différences importantes qui sont
attribuables avant tout au cadre propre au sermon du Livre de Mormon.
Dans le récit du Livre de Mormon, Jésus ressuscité apparaît aux survivants les plus
justes dun terrible orage et dun violent tremblement de terre en Amérique,
des gens qui se sont réunis au temple au pays appelé Abondance. On accomplit à cette
occasion des ordonnances, parce que le peuple se prépare pour le baptême, dabord
le baptême deau par douze hommes que Jésus a ordonnés, suivi de celui de feu de
la part du Seigneur lui-même (3 Né. 12:1). Le sermon au temple permet ainsi à la
multitude assemblée de comprendre ses devoirs et ses obligations. Il lui fait aussi
connaître la plénitude de lÉvangile que Jésus a établie parmi eux parce
quil a accompli la loi «qui a été donnée à Moïse» (3 Né. 15:4-10) sous
laquelle elle avait vécu. Lobéissance à lÉvangile de Jésus va donner au
peuple du Livre de Mormon, lors de sa diffusion dans toutes ses terres, deux cents ans de
paix et dentente (4 Né. 1:17-23). Puisque Jésus lui-même déclare quil a
fait un sermon semblable en Palestine avant de monter vers son Père (3 Né. 15:1), les
saints des derniers jours nont aucun doute que le sermon sur la montagne constitue
un exposé unifié que le Sauveur a probablement fait en plusieurs occasions (TJS Mt.
7:1-2, 9, 11) et pas simplement un recueil constitué par Matthieu ou ses sources. Comme
cela arrive souvent en matière de discours, lorateur peut répéter le message de
base en ladaptant à lauditoire concerné.
CADRE DES SERMONS. Bien quune grande partie du texte de 3 Néphi 12-14 soit
identique à Matthieu 5-7, il y a des différences nombreuses et importantes. La plupart
des différences proviennent du cadre spécifique dans lequel le sermon est prononcé dans
le Livre de Mormon. Tout dabord, Jésus ressuscité ouvre son sermon du Livre de
Mormon par trois béatitudes supplémentaires qui en soulignent le but comme discours aux
croyants: «Bénis êtes-vous si vous prêtez attention aux paroles de ces douze que j'ai
choisis
bénis êtes-vous, si vous croyez en moi et êtes baptisés
plus
bénis sont ceux qui croiront en vos paroles
et seront baptisés
[et]
recevront le pardon de leurs péchés» (3 Né. 12:1-2). De plus, le récit du Livre de
Mormon est post-résurrectionnel et laccent est mis sur le fait que le Seigneur a
complètement accompli sa mission salvatrice. Ainsi, Jésus peut résumer la série
dantithèses rapportées dans 3 Néphi 12:21-45: «Les choses anciennes, qui
étaient sous la loi, sont toutes accomplies en moi» (3 Né. 12:46). En outre, plutôt
que de commander au peuple «Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait»
(Mt. 5:48), Jésus lui dit, en des termes significativement modifiés: «C'est pourquoi,
je voudrais que vous soyez parfaits tout comme moi, ou comme votre Père qui est dans les
cieux est parfait» (3 Né. 12:48). Au lieu de la déclaration à réalisation future «il
ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusquà ce
que tout soit arrivé» (Mt. 5:18), le passage du Livre de Mormon remplace
lexpression «jusquà ce que tout soit arrivé» par «mais en moi elle a
été toute accomplie» (3 Né. 12:18).
Dautres changements correspondent au cadre du Livre de Mormon et à labsence
des déclarations antipharisaïques qui ont une place si importante dans le récit de
Matthieu. Deux exemples du premier changement sont le remplacement du «quadrant» (Mt.
5:26) par la «sénine» (3 Né. 12:26), qui était la plus petite mesure dor des
Néphites (Alma 11:3, 15-19) et labsence de mention du serment «par
Jérusalem
la ville du grand roi» (Mt. 5:35). De même, le sermon au temple à
Abondance ne parle pas de surpasser la justice des scribes et les pharisiens, comme dans
Matthieu 5:20, ou celle des publicains qui sont aimés de leurs amis (Mt. 5:46-47). Au
lieu des allusions aux scribes et aux pharisiens (Mt. 5:20), le Seigneur dit aux
Néphites: «À moins de garder les commandements, ce que je vous donne maintenant, vous
n'entrerez en aucun cas dans le royaume des cieux» (3 Né. 12:20). En outre, le récit du
Livre de Mormon ne contient aucune des mentions dautomutilation que lon trouve
dans Matthieu 5:29-30 (cf. 3 Né. 12:22).
ÉCLAIRCISSEMENTS. Un autre type de différences consiste en des ajouts au texte du sermon
sur la montagne qui fournissent souvent des éclaircissements sensés. On en trouve
plusieurs exemples dans les Béatitudes. La version du Livre de Mormon note que ce sont
«les pauvres en esprit qui viennent à moi» qui héritent le royaume des cieux (3 Né.
12:3; Mt. 5:3). À la fin de 3 Néphi 12:6 (cf. Mt. 5:6), on trouve: «Bénis sont tous
ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront remplis du Saint-Esprit». On
pourrait croire que ce sont là de petits changements, mais ils nen permettent pas
moins de mieux comprendre le sens des paroles de Jésus.
Pour les saints des derniers jours, le message du sermon sur la montagne porte sur sa
valeur normative. Peuple de lalliance, ils assument lobligation dimiter
le Sauveur dans leur vie personnelle et de travailler au but final qui est de devenir
comme lui. Bien que les exigences soient importantes, elles constituent une incitation à
devenir comme leur modèle divin (cf. 2 Né. 31:7-10, 16; 3 Né. 27:27). Les mots et les
enseignements simples que Jésus a donnés à ses disciples en Palestine et aux survivants
du Livre de Mormon sont encore applicables à ses saints daujourdhui. [Voir
aussi Notre Père.]
Bibliographie
Stendahl, Krister. "The Sermon on the Mount and Third Nephi." Dans Reflections
on Mormonism, dir. de publ. T. Madsen, pp. 139-154. Provo, Utah, 1978.
Thomas, Catherine. "The Sermon on the Mount: The Sacrifice of the Human Heart."
Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millet, Vol. 5, pp. 236-50. Salt
Lake City, 1986.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
ROBERT TIMOTHY UPDEGRAFF
Sexualité
Auteur: Olson, Terrance D.
Dans la vie et la pensée des saints, la sexualité consiste en une attitude, des
sentiments et des désirs qui sont donnés par Dieu et sont essentiels au plan de Dieu
pour ses enfants, mais qui ne sont pas la force motivante centrale dans lagir
humain. Chacun doit gérer ses pulsions sexuelles dans les limites que le Seigneur a
fixées. La sexualité ne se définit pas comme un besoin ou une privation quil faut
satisfaire, mais comme un désir qui ne doit être assouvi que dans le mariage avec des
égards et de la sensibilité pour le bien-être de son conjoint hétérosexuel. En tant
que progéniture de Dieu, les humains portent la lumière divine du Christ, qui est le
moyen par lequel doit se mesurer lexpression correcte du désir sexuel. Selon que
les hommes et les femmes sont fidèles ou infidèles à cette lumière, ils sont les
maîtres ou les victimes des pulsions sexuelles. Ces désirs ne doivent être assouvis que
dans le mariage hétérosexuel légal dans lequel lactivité sexuelle doit être une
expression de lunité, de la compassion, de lengagement et de lamour. La
réciprocité et légalité doivent être la caractéristique de lintimité
physique dun couple marié.
Les objectifs des relations sexuelles bien comprises dans le mariage sont entre autres
lexpression et lédification de la joie, de lunité et de lamour.
Être «une seule chair», cest connaître lunité émotionnelle et
spirituelle. Cette unité est un but aussi fondamental des relations sexuelles que la
procréation. Le président Spencer W. Kimball a dit:
«Lunion des sexes, du mari et de la femme (et seulement du mari et de la femme), a
pour but principal de faire venir des enfants au monde. Le Seigneur na jamais voulu
que les relations sexuelles soient un simple jouet ou servent simplement à satisfaire des
passions et des pulsions. Nous ne connaissons aucune directive du Seigneur stipulant que
pour être légitimes les relations sexuelles entre mari et femme doivent se limiter
strictement à la procréation, mais nous avons damples indications depuis Adam
jusquà nos jours que le Seigneur na jamais accordé de place aux relations
sexuelles libres» [1975, p. 4].
En outre, comme Paul le fait remarquer, «Que le mari rende à sa femme ce quil lui
doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme na pas autorité sur
son propre corps, mais cest le mari; et pareillement, le mari na pas autorité
sur son propre corps, mais cest la femme» (1 Co. 7:3-4). Ainsi donc,
lintimité physique est une bénédiction pour les couples mariés quand elle est
lexpression de leur engagement mutuel au bien-être lun de lautre, une
affirmation de leurs efforts pour être émotionnellement et spirituellement un. La clef
en matière sexuelle est la générosité. La recherche égocentrique du désir physique
détruit lunité et lamour qui caractérisent les relations matrimoniales
saines. Ce genre damour ou de charité est patient, plein de bonté, nest pas
envieux, «ne fait rien de malhonnête
ne cherche point son intérêt
ne
sirrite point
ne soupçonne point le mal» (1 Co. 13:4-5) et est compatible
avec la lumière du Christ, qui dirige tout le monde dans les voies de la justice.
Le fait damener des enfants dans un foyer aimant est considéré comme une
bénédiction et une responsabilité sacrées du mari et de la femme. Étant donné ce
contexte, la régulation des naissances est une question laissée à la décision commune,
prise dans lesprit de la prière, par un couple qui est droit devant Dieu, avec la
recommandation que le mari doit être prévenant vis-à-vis de sa femme, qui est la
personne qui subit les exigences physiques et émotionnelles les plus grandes dans la mise
au monde denfants. La santé et la force de la femme doivent être préservées dans
la grossesse; la sagesse doit donc régir la façon dont mari et femme sacquittent
de la responsabilité de devenir parents et de soccuper de leur progéniture.
Les pulsions sexuelles chez lhomme ou la femme mûrs sont relativement fortes et
constantes, et elles ne sont pas mauvaises. Parley P. Pratt, lun des premiers
apôtres de notre dispensation, a fait cette réflexion:
«Certains pensent que nos affections naturelles sont le résultat dune nature
déchue et corrompue et quelles sont charnelles, sensuelles et
diaboliques et quil faut donc y résister, les soumettre ou les surmonter
comme autant de maux qui empêchent notre perfection ou notre progression dans la vie
spirituelle
Nos affections naturelles sont implantées en nous par lEsprit de
Dieu dans un but sage et elles sont la source même de la vie et du bonheur, elles sont le
ciment de toute société vertueuse et céleste, elles sont lessence de la charité
ou de lamour
Il nexiste pas de principe plus pur et plus saint que
laffection qui brûle dans la poitrine dun homme vertueux pour sa femme» [p.
52].
Comme pour nimporte quel appétit ou passion, le désir physique peut être
déformé, perverti ou devenir obsessionnel. Spencer W. Kimball a observé que, comme dans
tous les autres aspects du mariage, il y a des vertus à observer dans le domaine sexuel:
«Il y a des gens pour dire que tout est permis dans lalcôve. Ce nest pas
vrai et le Seigneur ne le tolérerait pas» (Kimball, 1982, p. 312).
LÉglise interdit les relations sexuelles excepté entre un homme et une femme qui
sont légalement mariés lun avec lautre. Les saints des derniers jours sont
censés sabstenir de rapports sexuels avant le mariage et dhonorer
lalliance du mariage en limitant les relations sexuelles au seul conjoint (voir
Chasteté, loi de; Relations sexuelles avant le mariage). La morale sexuelle exige
également que lon sabstienne dactivités qui éveillent des désirs qui
ne peuvent sexprimer avant le mariage. Labstinence sexuelle avant le mariage
est considérée non seulement comme juste et possible mais également salutaire.
Labstinence nest pas regardée comme une répression, et il ny a pas non
plus de conséquences négatives particulières à vivre ainsi.
Les parents ont lobligation denseigner à leurs enfants à la fois la nature
bonne le caractère sacré du pouvoir de créer la vie (voir Procréation)
et les principes de la maturation et du développement sexuel. Les dirigeants de
lÉglise encouragent les parents à discuter ouvertement de la sexualité avec leurs
enfants, en répondant franchement à leurs questions et en contrastant le plan du
Seigneur pour ses enfants qui inclut leur capacité davoir un jour eux-mêmes
des enfants avec la façon dont ce pouvoir de créer la vie peut être profané ou
mal utilisé. Les enfants doivent être préparés dans leur jeunesse et, en fonction de
leur développement, instruits de la reproduction humaine et des significations
émotionnelles et spirituelles du pouvoir de procréation et du désir sexuel qui se
développeront en eux (voir Éducation sexuelle). Il est attendu des parents quils
enseignent des principes corrects et donnent lexemple de ce quils enseignent,
se traitant avec compassion et charité et vivant dans des relations de fidélité
absolue.
À la base de tout enseignement parental il doit y avoir des relations damour et de
confiance entre parents et enfants. Les jeunes sont vulnérables aux tentations sexuelles
à cause de la force de leurs pulsions grandissantes et parce quils en sont encore
à se développer dans la compréhension et la responsabilité. La pleine compréhension
des conséquences pour eux-mêmes et pour les générations suivantes du
refus dabstinence sexuelle ne va pas forcément de pair avec leur intérêt sexuel.
La confiance et le respect pour les parents peuvent aider à isoler les adolescents des
tentations pendant que leur capacité dexercer tous leurs droits et responsabilités
mûrit.
La responsabilité des parents déduquer les enfants avec tact et de manière
directe ne doit pas être déléguée à lécole ou à dautres organismes
extérieurs au foyer. Quand des programmes publics déducation sexuelle sont
offerts, il est recommandé aux parents de lÉglise de sassurer quils
reconnaissent suffisamment la sainteté du mariage et sont en faveur de valeurs et de
principes axés sur la famille. Quand des organismes de ce genre entreprennent
léducation sexuelle, les parents de lÉglise devraient avoir préparé et
instruit leurs enfants de telle manière que les programmes scolaires soient tout au plus
un supplément aux fondements posés dans le cercle de famille.
Le niveau de moralité sexuelle approuvé par lÉglise sapplique de manière
égale aux hommes et aux femmes. Étant donné que le pouvoir de créer la vie est au
centre du plan de Dieu pour ses enfants, les transgressions sexuelles sont dune
gravité extrême (voir Adultère). Ceux qui enfreignent la loi de chasteté peuvent faire
lobjet de sanctions disciplinaires de lÉglise dont le but est de les aider à
mettre fin à leurs transgressions et de les réintégrer complètement. Que ce soient
ladultère, la fornication, la maltraitance sexuelle, linceste, le viol, la
perversité ou toute autre pratique impure, ces comportements doivent être vigoureusement
combattus par les autorités locales de lÉglise, qui cherchent à obtenir le
repentir des délinquants et la protection des victimes éventuelles. Les relations
homosexuelles sont interdites (voir Homosexualité). Dans ces cas-ci, lÉglise
affirme que de telles distorsions dans les pulsions ou le comportement sexuels peuvent,
avec laide de Seigneur, être surmontées. Les dispositions prises par
lÉglise doivent être motivées par un intérêt compatissant pour le bien-être
des transgresseurs et la guérison des relations. Linconduite sexuelle ne doit pas
être pardonnée, ignorée ou traitée avec légèreté. Les transgresseurs eux-mêmes
peuvent être pardonnés, mais seulement en se repentant et en allant au Christ (voir
Repentir) et en se détournant, par son expiation, de leurs croyances et de leurs
pratiques destructrices.
Les victimes de viol ou dinceste sont souvent traumatisées et éprouvent des
sentiments de culpabilité, mais elles ne sont pas responsables du mal fait par
dautres, et elles méritent et doivent retrouver leur sentiment dinnocence
grâce à lamour et aux conseils des dirigeants de lÉglise.
En termes pratiques, les avantages quil y a à mener une vie chaste avant le mariage
et à être fidèle dans le mariage sappliquent à tous les aspects du mariage et
des relations familiales. En restant chaste avant le mariage et totalement fidèle à son
conjoint dans un mariage hétérosexuel, on peut éviter certaines maladies physiquement
débilitantes, des grossesses extra-conjugales, et la transmission dinfections
vénériennes à ses enfants. Le sentiment de confiance, de fidélité, damour et
dengagement essentiel à lidéal de lunité dans le mariage et la vie de
famille nest pas entamé ou tendu. En outre, cela renforce les relations que
lon a avec Dieu et la confiance que lon a en lui. En gérant le pouvoir de
créer la vie, on plante le décor pour lexercice de ces désirs, pas sur le caprice
du moment, mais avec respect pour le caractère sacré des pouvoirs divins de création.
Bibliographie
Foster, Lawrence. Religion and Sexuality: Three American Communal Experiments of the
Nineteenth Century. New York, 1981.
Kimball, Spencer W. "The Lord's Plan for Men and Women." Ensign 5, octobre 1975,
pp. 2-5.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
Pratt, Parley P. Writings of Parley Parker Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison. Salt
Lake City, 1952.
Rytting, Marvin. "On Sexuality." Dialogue 7, hiver 1972, pp. 102-104.
"Sexuality and Mormon Culture." Dialogue 10, automne 1976, pp. 9-93. Le numéro
tout entier est sur la sexualité.
TERRANCE D. OLSON
Smith, Joseph, fils
[Cette rubrique se compose de quatre parties:
Smith, Joseph: Le prophète
Smith, Joseph: Enseignements de Joseph Smith
Smith, Joseph: Écrits de Joseph Smith
Smith, Joseph: Procès de Joseph Smith
Smith, Joseph: Le prophète est une biographie de Joseph Smith; Smith, Joseph:
Enseignements de Joseph Smith esquisse sa pensée et ses enseignements; Smith, Joseph:
Écrits de Joseph Smith examine ses écrits personnels et lensemble des Écritures,
des révélations et de lhistoire résultant de son ministère; et Smith, Joseph:
Procès de Joseph Smith raconte son histoire judiciaire et juridique. Voir aussi Visions
de Joseph Smith.
Les aperçus historiques de lhistoire des saints des derniers jours à
lépoque de Joseph Smith sont Histoire de lÉglise: 1820-1831, Cadre,
Fondation, Période de New York; Histoire de lÉglise: 1831-1844, Périodes
dOhio, du Missouri et de Nauvoo. Pour les rubriques traitant de son appel de
prophète, on consultera Prophète Joseph Smith. Pour le cadre de la famille de Joseph
Smith, voir Smith, Famille et Smith, Ancêtres; voir aussi les rubriques sur sa mère,
Smith, Lucy Mack; son père, Smith, Joseph, père; son frère, Smith, Hyrum, et son
épouse, Smith, Emma Hale.]
Smith, Joseph: Le prophète
Auteurs: BUSHMAN, RICHARD L. et JESSEE, DEAN C.
Joseph Smith, fils (1805-1844), souvent désigné sous le nom de Joseph Smith, le
prophète, est le prophète fondateur de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours. Les saints des derniers jours lappellent «le prophète» parce que,
dans la tradition des prophètes de lAncien et du Nouveau Testament, ses
enseignements dépendaient de la révélation de Dieu, pas de sa culture. Ils acceptent
ses révélations, dont beaucoup ont été publiées sous les titres Doctrine et Alliances
et Perle de Grand Prix, Écritures parallèles à la Bible. Dans sa jeunesse, Joseph Smith
a également traduit un document sacré provenant de lAmérique ancienne, appelé
Livre de Mormon. Ces révélations et ces documents ont rétabli sur la terre
lÉvangile pur du Christ. Le rôle de Joseph Smith dans lhistoire a été de
fonder lÉglise de Jésus-Christ basée sur cet Évangile rétabli en vue de la
seconde venue du Christ.
Ses origines ne laissaient rien présager de cette vie hors normes. Les ancêtres de
Joseph Smith étaient des fermiers ordinaires de la Nouvelle-Angleterre. Ses ancêtres
Smith avaient émigré au dix-septième siècle dAngleterre en Amérique et
sétaient installés à Topsfield (Massachusetts), où ils sétaient fait un
nom. Son grand-père, Asael Smith, incapable alors de payer les dettes de la ferme
familiale, vendit la ferme, liquida les dettes et émigra en 1791 à Tunbridge (Vermont),
où il acheta suffisamment de terres pour pourvoir aux besoins de ses fils. Les ancêtres
Mack de Joseph Smith, venus dÉcosse, sinstallèrent à Lyme (Connecticut),
prospérèrent un certain temps, puis rencontrèrent des temps difficiles. Solomon Mack,
grand-père de Joseph, tenta diverses entreprises en Nouvelle-Angleterre et à New-York
avec peu de succès financier. Lun des fils Mack sinstalla à Tunbridge, ce
qui permit à Lucy Mack de rencontrer Joseph Smith, père, lun des fils
dAsael. Le couple se maria en 1796. Il eut onze enfants dont neuf vécurent
jusquà lâge adulte. Joseph Smith, fils, né le 23 décembre 1805, à Sharon
(Vermont), fut le troisième fils qui resta en vie et le quatrième enfant.
Le jeune Joseph eut peu de scolarité. En 1803, ses parents perdirent leur ferme de
Tunbridge suite à léchec dune entreprise commerciale et, pendant les
quatorze années qui suivirent, déménagèrent dune ferme louée à lautre.
En 1816, ils émigrèrent à Palmyra (New-York), juste au nord des Finger Lakes, où ils
achetèrent en 1817 une ferme à Farmington (plus tard Manchester), larrondissement
directement au sud de Palmyra. La nécessité de défricher des terres et de produire de
quoi vivre chichement laissait peu de temps pour lécole. «Comme il fallait bien
les efforts de tous ceux qui étaient capables dapporter la moindre aide pour
lentretien de la famille, écrit Joseph en 1832, nous avons été privés du
bénéfice des études. Quil suffise de dire que jai simplement appris à
lire, à écrire et les bases de larithmétique, ce qui a constitué tous mes acquis
littéraires» (Jessee, 1989, 1:5). Sa mère le décrit comme «beaucoup moins
enclin à la lecture des livres que le reste des enfants, mais beaucoup plus adonné à la
méditation et à létude approfondie» (Smith, p. 84). Sa connaissance de la Bible
et sa façon biblique décrire donnent à penser quune grande partie de ses
études primaires est venue de cette source.
Lun des sujets quil méditait était la religion. Ses parents avaient été
élevés sous linfluence du Congrégationnalisme de la Nouvelle-Angleterre mais,
mécontents des prédicateurs des environs, ils nallaient pas régulièrement à
léglise. Les deux parents eurent des expériences religieuses profondes et un
désir ardent de salut sans avoir une manière satisfaisante de rendre le culte. Quelques
années après leur installation à Palmyra, Lucy Smith et trois des enfants entrèrent
chez les presbytériens; Joseph, père, et les autres, notamment Joseph, fils, restèrent
chez eux. Le jeune Joseph était profondément préoccupé par la question de savoir à
quelle église se joindre et la prédication des pasteurs lors des réveils dans la
région augmentait son incertitude.
Au printemps de 1820, alors quil venait davoir quatorze ans, Joseph demanda
directement à Dieu de le guider. La réponse fut étonnante. Tandis quil priait
dans les bois près de chez lui, le Père et le Fils lui apparurent. Lassurant que
ses péchés lui étaient pardonnés, le Seigneur lui dit quaucune des églises
nétait la bonne et quil ne devait se joindre à aucune. Les saints des
derniers jours appellent cela la Première Vision de Joseph Smith, lévénement qui
a été à lorigine du rétablissement de lÉvangile. À lépoque, cela
fit peu dimpression sur les contemporains de Joseph Smith. Il parla de la vision à
un pasteur et se fit rabrouer. Croyant que la Bible suffisait, les pasteurs étaient
sceptiques vis-à-vis de la révélation directe. Le dédain affiché irrita Joseph, qui
avait seulement essayé de raconter ce qui lui était arrivé, et léloigna encore
plus des églises.
Au bout de trois ans sans autres révélations, Joseph se demanda sil avait toujours
la faveur de Dieu et pria de nouveau pour être dirigé et pardonné. La vision quil
reçut le 21 septembre 1823 allait orienter le cours de sa vie pendant les sept années
suivantes. Un ange lui apparut et lui parla dannales sacrées dun peuple
antique. Cet ange, Moroni, dit à Joseph quil allait recevoir ces annales, écrites
sur des plaques dor, et les traduire. Il lui dit aussi que lalliance faite
autrefois par Dieu avec Israël était sur le point de saccomplir, que la
préparation de la seconde venue du Christ était sur le point de débuter et que
lÉvangile devait être prêché à toutes les nations pour préparer les hommes
pour le règne millénaire du Christ. Dans une vision, Joseph vit la colline près de sa
maison où les plaques étaient enterrées. Quand il sy rendit le lendemain pour
prendre possession des plaques, lange larrêta. Il lui dit quil devait
attendre quatre ans pour obtenir les plaques et quentre-temps, il devait retourner
tous les ans pour recevoir des instructions. Le 22 septembre 1827, il obtint les plaques
à partir desquelles il traduisit le Livre de Mormon (voir Moroni, Visitations de).
La découverte des plaques dor à flanc de coteau faisait étrangement écho à
dautres expériences de la famille Smith. Comme beaucoup dautres habitants de
la Nouvelle-Angleterre, elle connaissait bien la pratique de la recherche de trésors
perdus à laide de moyens surnaturels. Le père de Joseph Smith passait pour être
lun de ces chercheurs de trésors et Joseph Smith lui-même avait trouvé une
pierre, appelée pierre de voyant, qui était censée lui permettre de trouver les objets
perdus. Les chercheurs de trésors voulaient lutiliser pour les aider dans leurs
recherches. Lun deux, un nommé Josiah Stowell (parfois écrit Stoal), engagea
Joseph et son père en 1825 pour faire des fouilles pour trouver un trésor espagnol
supposé se trouver près dHarmony (Pennsylvanie). Lentreprise naboutit
pas et les Smith rentrèrent chez eux, mais les voisins continuèrent à voir dans les
Smith des membres des chercheurs de trésors. Joseph Smith dut apprendre, pendant ses
quatre années dattente, à apprécier les plaques uniquement pour leur valeur
religieuse, pas pour leur valeur monétaire. Lange interdit à Joseph de prendre les
plaques lorsquil les vit pour la première fois parce que des pensées concernant
leur valeur commerciale lui avaient traversé lesprit. Joseph dut apprendre à se
concentrer sur le but religieux des plaques et à laisser de côté toute considération
sur leur valeur en or.
En 1825, pendant quil travaillait à Harmony, Joseph Smith rencontra Emma Hale chez
celle-ci où son père et lui avaient pris pension. Il continua de la voir au cours de
lannée suivante tout en faisant dautres travaux dans la région et, le 18
janvier 1827, ils se marièrent. Elle était grande, droite et mince et avait les cheveux
noirs; lui avait plus dun mètre quatre-vingts, était solidement bâti et avait les
cheveux châtain clair et les yeux bleus. Après le mariage, ils allèrent vivre avec la
famille Smith à Manchester, près de la colline Cumorah, où les plaques étaient
toujours enterrées.
Le 22 septembre 1827, Joseph Smith se rendit pour la cinquième fois à la colline. Cette
fois-ci, lange lui permit de prendre les plaques, avec pour ordre strict de ne les
montrer à personne. Mais il y eut des complots pour les lui enlever et on ne le laissa
pas commencer la traduction en paix. Finalement, Emma et lui durent déménager, pour leur
sécurité, et sinstaller à Harmony, près de la famille dEmma.
Pendant les trois années qui suivirent, luvre de Joseph dépendit de
lappui dun petit nombre damis fidèles qui vinrent à son aide et le
protégèrent des curieux. Son attitude ouverte inspirait confiance et la franchise avec
laquelle il relatait tout simplement ce qui lui était arrivé désarmait les sceptiques.
Son frère écrivit plus tard que la jeunesse de Joseph, son manque dinstruction et
«sa personnalité et sa manière dêtre» convainquirent la famille quil
était incapable de «dire autre chose que la vérité» (William Smith on Mormonism,
Lamoni, Iowa, 1883, pp. 9-10). Le temps que la traduction fût terminée et le Livre de
Mormon publié, une quarantaine ou une cinquantaine de personnes avaient cru en sa mission
et en ses dons divins.
Martin Harris, un fermier prospère de Palmyra, fut lun de ces amis. Il aida Joseph
à aller sinstaller à Harmony avant de sy installer lui-même pour aider à
la traduction. Avec les plaques, Joseph avait reçu, pour lui permettre de traduire, un
instrument spécial appelé interprètes ou urim et thummim. Martin Harris écrivait sous
la dictée (voir Traduction du Livre de Mormon par Joseph Smith). Au printemps de 1828,
après trois mois de travail, Martin Harris reprit chez lui les 116 pages de traduction
pour les montrer à sa femme et elles furent perdues ou volées. Ceci interrompit la
traduction et plongea Joseph dans la détresse. Peu après, il se faisait vertement
réprimander dans une révélation (D&A 3). Cest vers ce moment-là, le 15 juin
1828, que le fils aîné de Joseph et dEmma mourut le jour de sa naissance, ce qui
fut un déchirement supplémentaire pour Joseph.
La traduction reprit à lautomne de 1828, continuant par intermittence jusquau
printemps de 1829. Cest alors quOliver Cowdery, un instituteur qui avait
appris lexistence des plaques par les parents de Joseph, crut en celui-ci et accepta
décrire sous la dictée. Ils travaillèrent ensemble davril à juin 1829.
Quand les deux amis prièrent, le 15 mai, pour comprendre le baptême, un messager, qui se
présenta comme étant Jean-Baptiste apparut, leur conféra lautorité dans la
prêtrise et leur commanda de se baptiser mutuellement (voir Prêtrise dAaron:
Rétablissement). Oliver écrivit plus tard: «Ce furent là des jours inoubliables! Cela
éveillait en mon sein la gratitude la plus profonde que de pouvoir être là à écouter
le son d'une voix parlant sous l'inspiration du ciel» (JSH 1:71 n).
Oliver ne fut pas le seul témoin supplémentaire des révélations. Quand
lopposition commença à monter à Harmony, Oliver et Joseph partirent en juin 1829
à Fayette, New York, pour la maison familiale de David Whitmer, ami dOliver. Ici
encore, Joseph reçut le soutien nécessaire de personnes qui croyaient en lui. Une fois
la traduction terminée, il fut dit à Joseph que dautres seraient autorisés à
voir les plaques, quil avait été jusqualors le seul à voir. Lange
Moroni apparut à Martin Harris, à Oliver Cowdery et à David Whitmer et leur montra les
plaques dor tandis quune voix venue du ciel déclarait que la traduction avait
été faite par le pouvoir de Dieu et était vraie (voir Témoins du Livre de Mormon). La
mère de Joseph écrit que Joseph rentra à la maison après cette révélation et se
laissa tomber sur un siège près delle en sexclamant quenfin
quelquun dautre avait vu les plaques. «Maintenant ils savent par eux-mêmes
que je ne passe pas mon temps à tromper les gens» (Smith, p. 139). Des mots qui en
disent long sur la tension quil avait en lui de savoir quil était le seul
témoin de ses expériences remarquables.
En mars 1830, le Livre de Mormon fut publié, ce qui mit fin à une phase de la vie de
Joseph mais pas de sa mission divine. En 1829, des révélations lui commandèrent
dorganiser une église. Le 6 avril 1830, chez les Whitmer à Fayette, lÉglise
du Christ fut organisée avec Joseph Smith et Oliver Cowdery comme premier et deuxième
anciens (voir Organisation de lÉglise, 1830).
Le fait de devoir diriger lÉglise donna à la vie de Joseph Smith une orientation
nouvelle. Jusqualors il avait été un jeune homme avec un don divin et la mission
de traduire le Livre de Mormon; maintenant, sans aucune expérience antérieure comme
organisateur, il se retrouvait responsable dorganiser une église et de diriger un
peuple. Il dut sappuyer sur la révélation. Au cours des six années qui suivirent,
il reçut beaucoup de révélations, dont 90 remplissent 190 pages des Doctrine et
Alliances. Elles vont dinstructions portant sur de menus détails
dadministration à des descriptions sublimes de la vie dans lau-delà.
Habituellement, quand il y avait des problèmes à résoudre, quils soient
administratifs ou doctrinaux, le prophète recherchait laide divine et, grâce à
elle, dirigeait lÉglise.
La voie tracée à la nouvelle église par les révélations était extraordinairement
difficile. Le prophète reçut pour instructions de se lancer dans des projets qui
sétendaient sur la moitié du continent et qui impliquaient une réorganisation de
la société. Le grand objectif était létablissement de Sion. Les enseignements du
Livre de Mormon sur le Christ parlaient dune nouvelle Jérusalem, une ville de Sion
qui serait fondée en Amérique (3 Né. 20:22). Des révélations postérieures
décrivaient la nature du nouvel ordre. Le concept central était le rassemblement des
gens purs et honnêtes dentre les nations dans des communautés où ils pourraient
apprendre à vivre dans lunité et lamour sous la direction divine et où des
temples pourraient être construits pour administrer les ordonnances sacrées du salut.
En septembre-octobre 1830, des missionnaires furent appelés pour instruire les
Amérindiens qui vivaient près de la frontière occidentale du Missouri (voir Mission
lamanite de 1830-1831). Il fut dit à ces missionnaires que la ville de Sion serait
située quelque part dans cette région. Plus tard, des révélations portèrent sur un
rassemblement au Missouri pour organiser Sion et un nouvel ordre économique conçu pour
permettre aux saints de vivre ensemble dans lunité (voir Consécration: Loi de
consécration). Joseph et dautres dirigeants de lÉglise se rendirent au
comté de Jackson (Missouri) pendant lété de 1831, et là apprirent par
révélation que la ville devait être construite et un temple érigé près
dIndependence (Missouri) (voir Missouri: Communautés de saints dans les comtés de
Jackson et de Clay). Le rassemblement devait commencer immédiatement.
Quand on se rappelle que Joseph Smith navait pas encore vingt-six ans et que cinq
ans plus tôt il nétait quun paysan sans instruction connu seulement pour ses
dons spirituels, il est difficile de comprendre laudace de ces plans. Lampleur
de ses conceptions ne le dérangea jamais. «Jai lintention de poser des
fondements qui révolutionneront le monde entier», devait-il dire plus tard (HC 6:365).
Il agissait avec la certitude que ses directives venaient de Dieu et que lÉglise
triompherait en dépit de tout.
Au printemps de 1831, pratiquement tous les saints des derniers jours quittèrent
lÉtat de New York pour lOhio. Joseph et Emma sinstallèrent à Kirtland
(Ohio), près dun groupe de nouveaux convertis et, pendant les six années
suivantes, ce fut le siège de lÉglise. Lautre point focal de la vie de
lÉglise jusquen 1838 fut le Missouri, dabord Independence, emplacement
de la future ville de Sion, puis le nord du Missouri. À mesure que les saints des
derniers jours émigraient au Missouri, les tensions avec les vieux colons augmentèrent.
Au comté de Jackson, en 1831-1833, et de nouveau au comté de Caldwell, en 1836-1838, les
efforts pour établir Sion suscitèrent une opposition violente contre ce que les
non-mormons percevaient comme une menace contre leur mode de vie (voir Conflit au
Missouri).
Joseph Smith fit également des efforts pour réaliser sa vision de Sion pendant les sept
années que les saints des derniers jours furent en Ohio. Il organisa les premiers pieux
et installa la structure de la présidence de la prêtrise de lÉglise. Le prophète
créa une banque, un journal et une imprimerie; il supervisa la construction du premier
temple de lÉglise et lança une uvre missionnaire considérable aux
États-Unis, au Canada et en Angleterre. Ses révélations, notamment une loi de santé
(voir Parole de Sagesse), orientèrent les saints dans la gestion de leur vie quotidienne.
Il fit une traduction de la Bible (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)). Il
instaura un système scolaire pour préparer les saints pour les rôles de direction et de
mission et étudia lui-même lhébreu à lécole. Lapogée des années
de Kirtland fut la consécration du temple. Bien quayant reçu lautorité dans
la prêtrise plusieurs années plus tôt, en 1836, dans le temple de Kirtland, Joseph
Smith reçut des clefs dautorité supplémentaires importantes de Moïse,
dÉlias et dÉlie relatives au rassemblement dIsraël et au scellement
éternel des familles.
Lopposition avait harcelé le prophète depuis le moment où il avait parlé pour la
première fois de ses visions. En 1832, il fut enduit de goudron et de plumes et battu par
des émeutiers qui sintroduisirent dans la maison où il logeait à Hiram (Ohio),
intrusion qui fut à lorigine de la mort dun enfant. À Kirtland, des
querelles se produisirent dans lÉglise concernant la nature de la nouvelle
société et de limplication du prophète dans le domaine économique et la
politique; certains laccusèrent dessayer de simmiscer dans leur vie
privée et le qualifièrent de prophète déchu. Au début de 1838, lopposition,
particulièrement parmi les dirigeants en Ohio, sintensifia à tel point que le
prophète et les membres fidèles partirent au Missouri.
Joseph Smith arriva avec sa famille à Far West (comté de Caldwell, Missouri) en mars
1838, et là il chercha de nouveau à créer un lieu de rassemblement pour les saints et
à construire un temple (voir Missouri: Localités de saints dans les comtés de Caldwell
et de Daviess). Mais, comme précédemment, lafflux détrangers ayant des
pratiques sociales, religieuses et économiques différentes fut inacceptable pour les
vieux colons. Lopposition dégénéra en violence, le 6 août 1838, à Gallatin
(comté de Daviess) quand les ennemis de lÉglise essayèrent dempêcher les
saints des derniers jours de voter. La bagarre qui sensuivit fit des blessés des
deux côtés. Un malentendu qui se produisit ensuite avec un juge de paix local donna lieu
à des accusations contre le prophète. Les rumeurs se répandant, les citoyens de
plusieurs comtés, puis des milices se mobilisèrent pour expulser les saints des derniers
jours (voir Conflit au Missouri; Ordre dextermination).
La crise atteignit son paroxysme le 31 octobre 1838, quand Joseph Smith et plusieurs
autres, pensant pouvoir négocier des manières de désamorcer la situation volatile
existante, furent arrêtés. Ce fut le début de cinq mois demprisonnement. Une
commission denquête, en novembre, à Richmond (comté de Ray), accusa le prophète
et dautres dactes de trahison liés au conflit et les fit emprisonner à la
prison de Liberty en attendant leur procès. Entre-temps, les saints étaient chassés de
létat.
Cet emprisonnement dans des conditions pénibles aggravées par le fait quil était
séparé de force de sa famille et de lÉglise, laissa à Joseph le temps de
réfléchir à la signification de la souffrance humaine. Les écrits rédigés en prison
contiennent certains des passages les plus sublimes de son ministère. Des extraits de ses
lettres furent ajoutés au recueil de ses révélations (voir Doctrine et alliances:
Sections 121-123). Reconnaissant tout ce par quoi il était passé, lune des
révélations lui rappelait quaussi grandes que fussent ses souffrances, elles ne
dépassaient pas celles du Sauveur: «Le Fils de lHomme est descendu plus bas que
tout cela. Es-tu plus grand que lui?» (D&A 122:8).
Au mois davril suivant, pendant quon les emmenait au comté de Boone
(Missouri), pour un changement de juridiction, on laissa le prophète et ses codétenus
séchapper. Dans le mois qui suivit son retour auprès de sa famille et de ses amis
à Quincy (Illinois), Joseph Smith avait autorisé lachat de terres sur le fleuve
Mississippi près de Commerce (comté de Hancock, Illinois) et avait installé sa famille
dans une cabane de rondins de deux pièces. Pendant lété de 1839, les saints
commencèrent à sinstaller dans leur nouveau lieu de rassemblement, quils
appelèrent Nauvoo.
Comme beaucoup de terrains longeant les fleuves, Nauvoo fut au départ mal drainée et
infestée par la maladie. Pendant une épidémie de malaria, le prophète abandonna sa
maison aux malades et vécut sous une tente. Des témoins rapportèrent des guérisons
miraculeuses sous son administration. «Il y avait beaucoup de malades parmi les saints
des deux côtés du fleuve et Joseph est passé parmi eux, les prenant par la main et leur
commandant dune voix forte, au nom du Jésus-Christ, de se lever de leur lit et
dêtre guéris» (Journal intime de Wilford Woodruff, 22 juillet 1839, manuscrit,
archives de lÉglise). Les décès étaient si fréquents que des obsèques
collectives furent organisées.
Vers la fin de 1839, le prophète se rendit à Washington, D.C, pour obtenir, de la part
du gouvernement fédéral, réparation pour les pertes subies par son peuple au Missouri.
Tandis quil était là, il obtint des entretiens avec le président Martin Van Buren
et des membres éminents du Congrès, mais en sortit déçu et les mains vides.
Nauvoo fut rapidement légalisée en vertu de la charte de Nauvoo autorisée par
létat. Dans les quelques années qui suivirent, la ville grandit au point de
rivaliser avec Chicago comme étant la plus grande de lIllinois. Joseph fit partie
du conseil municipal et devint maire par la suite. En sa qualité de maire, il remplit
aussi les fonctions de juge président du tribunal municipal et comme receveur de
lenregistrement. Avec le rang de lieutenant-général, il dirigea la Légion de
Nauvoo, la milice municipale. Il était également propriétaire dun magasin de
marchandises et devint rédacteur et éditeur du périodique Times and Seasons.
La sécurité relative de Nauvoo donna à Joseph Smith la possibilité de faire avancer,
avec une vigueur renouvelée, luvre du royaume. Il envoya le Collège des
douze apôtres en Grande-Bretagne, où ils augmentèrent luvre missionnaire et
lancèrent un programme démigration qui amena un flot dimmigrés dans le
nouveau lieu de rassemblement (voir Missions des Douze aux îles Britanniques). À Nauvoo,
le prophète organisa les premières paroisses. Il étendit lautorité
ecclésiastique des Douze pour y inclure une juridiction dans les pieux, les plaçant pour
la première fois dans une situation dautorité universelle sur lÉglise sous
la Première Présidence. Il supervisa la construction du temple de Nauvoo et créa la
Société de Secours des femmes de Nauvoo.
Le prophète rencontra un dilemme pendant quil commençait à rétablir des
principes divins perdus depuis longtemps. Poussé par le pressentiment que son temps
était compté, il souhaita accélérer ses efforts, mais parce que beaucoup ne
comprenaient pas sa mission et sopposaient à lui, il devait avancer lentement. «Je
pourrais en expliquer cent fois plus que je ne lai jamais fait sur les gloires des
royaumes qui mont été manifestées
si le peuple était prêt à le
recevoir», écrivit-il en 1843 (HC 5:402). Pour résoudre ce dilemme, le prophète
présenta quelques principes en privé à un nombre restreint de membres fidèles dans
lintention de planter les semences avant sa mort. Dès 1841, il introduisit le
mariage plural, une partie nécessaire du rétablissement de lordre ancien des
choses, aux membres des Douze et à quelques autres. Bien que comprenant le principe
depuis 1831 et sétant apparemment marié avec une femme plurale plusieurs années
plus tôt, ce fut en 1841 quil épousa Louisa Beaman, la première femme plurale
pour laquelle nous ayons un écrit. Pendant les années qui lui restaient, il en épousa
au moins vingt-sept autres.
En mai 1842, le prophète introduisit la Dotation complète, des ordonnances religieuses
pratiquées par la suite dans tous les temples des saints, à un petit groupe dans la
salle à létage de son magasin de Nauvoo. Un an plus tard, il accomplit les
premiers scellements de couples mariés pour le temps et léternité. En outre, il
enseigna aux saints des points de doctrine importants concernant la nature de Dieu et
lhomme (voir Discours sur King Follett). En mars 1844, il organisa le conseil des
cinquante, bras politique du royaume de Dieu. Lorsquil mourut, trois mois plus tard,
il avait accompli tout ce quil estimait être essentiel pour la continuation du
royaume. Entre-temps, il avait transféré aux Douze les clefs de lautorité,
assuré que le programme quil avait lancé allait maintenant continuer quoi
quil lui arrive (voir Succession dans la présidence).
Lenseignement de ces principes en privé à un petit cercle permit à Joseph Smith
daccomplir sa mission mais compliqua la situation à Nauvoo et déclencha des forces
qui finirent par causer sa mort. Certains saints eurent du mal à accepter ces
enseignements peu communs. Brigham Young dit que quand on lui enseigna le mariage plural,
ce fut la première fois de sa vie quil aurait préféré mourir. À un moment
donné, Emma, la femme de Joseph, devint «très hostile et pleine du ressentiment»
[«déclaration de William Clayton», Womans Exponent 15, 1er juin 1886, p. 2].
Lorsque les informations sur ces enseignements privés filtrèrent dans la collectivité,
les suppositions et les rumeurs déformées proliférèrent.
Tandis que le prophète poursuivait ses objectifs, les forces extérieures à
lÉglise sorganisèrent contre lui. Les autorités du Missouri essayèrent
trois fois de lextrader de lIllinois, ce qui déboucha sur de longues
périodes de harcèlement judiciaire. À cause de la perte de propriétés lors des
persécutions précédentes, il ne pouvait pas payer ses dettes et dut éluder ses
créanciers. Quand les dirigeants politiques de lIllinois se tournèrent contre les
saints des derniers jours et quaucun des dirigeants nationaux ne voulut soutenir
leur cause, le prophète annonça sa candidature au poste de président des États-Unis,
ce qui lui donna accès à une plate-forme lui permettant de traiter des droits de son
peuple (voir Politique à Nauvoo).
En avril 1844, les dissidents défièrent ouvertement la direction de Joseph Smith en
organisant une église de réforme et en éditant un journal, le Nauvoo Expositor, afin de
le dénoncer. Voyant dans lExpositor une menace à la paix de la communauté, le
conseil municipal de Nauvoo, que Joseph Smith présidait comme maire, lautorisa à
commander la destruction de la presse une mesure qui fit flamber lopposition.
Le 12 juin, le prophète fut accusé démeute pour avoir détruit la presse. Après
une série de manuvres judiciaires, Joseph se laissa arrêter à Carthage, le siège
du comté, située dans le voisinage, avec la promesse du gouverneur quil serait
protégé. Joseph ne se sentait pas en sécurité et les menaces verbales des excités des
localités voisines confirmaient ses appréhensions. Le 27 juin 1844, alors quils
étaient en prison à Carthage, en attendant une comparution au tribunal, Joseph Smith et
son frère Hyrum furent tués au cours dun assaut donné à la prison par des
émeutiers au visage noirci (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Le lendemain, les
corps des frères furent ramenés à Nauvoo où dix mille saints des derniers jours se
rassemblèrent pour pleurer la perte de leur prophète.
En dépit de ladversité qui le poursuivit de sa jeunesse jusquà sa mort,
Joseph Smith nétait pas le genre de personnage austère et rébarbatif que ses
contemporains imaginaient généralement chez un prophète. Un converti anglais écrit que
Joseph «nétait pas un type au visage renfrogné et dégageant un air de sainteté,
bien au contraire» [John Needham à Thomas Ward, 7 juillet 1843, Latter-Day Saints
Millennial Star 4, oct. 1843, p. 89]. Il nétait pas rare de le voir se livrer à
des activités sportives avec les hommes jeunes et vigoureux dune localité. On sait
quil faisait de la lutte, de la traction au bâton, des combats de boules de neige,
quil jouait au ballon, glissait sur la glace avec ses enfants, jouait aux billes,
tirait sur une cible et allait à la pêche. Grand et bien bâti, Joseph Smith
nhésitait pas à utiliser sa force. Une fois, dans sa jeunesse, il rossa un homme
qui battait sa femme. En 1839, tandis quil était en route pour Washington, D.C, en
diligence, les chevaux semballèrent en labsence du cocher. Le prophète
ouvrit la portière du véhicule en marche, grimpa jusquau siège du conducteur,
sempara des rênes et arrêta les chevaux.
Joseph était également profondément spirituel. Sa mère dit de lui que dans sa
jeunesse, il «semblait réfléchir plus profondément que les personnes ordinaires de son
âge sur tout ce qui avait un caractère religieux» (Lucy Smith, Biographical Sketches of
Joseph Smith, manuscrit préliminaire, p. 46, Archives de lÉglise). Il venait
davoir douze ans, écrivit-il plus tard, quand son esprit «commença à se
préoccuper sérieusement des questions importantes relatives au bien-être de mon âme
immortelle» (PJS 1:5). Des années après avoir commencé à recevoir des révélations,
il continua à rechercher du réconfort spirituel. En 1832, tandis quil était en
voyage, écrit-il: «Je me rendais presque tous les jours dans un bosquet juste derrière
la ville où je pouvais échapper aux regards de tout mortel et y exprimer tous les
sentiments de mon cur dans la méditation et la prière» (PWJS, p. 238). Cest
clair quil parlait du fond du cur quand il dit que «les choses de Dieu ont
une profonde importance; il ny a que le temps, lexpérience et des pensées
soigneuses, réfléchies et solennelles qui peuvent les trouver» (HC 3:295).
Joseph Smith aimait profondément sa famille et ses écrits personnels sont remplis
dépanchements de tendresse et de sollicitude accompagnés de prières. «Ô
Seigneur, bénis mes petits enfants en leur donnant la santé et une longue vie pour faire
du bien dans cette génération pour lamour du Christ amen» (PWJS, p. 28). Sa
famille comptait onze enfants, dont des jumeaux adoptés. Cinq dentre eux, quatre
fils et une fille, moururent peu près leur naissance ou dans leur prime enfance; cinq
vivaient quand leur père fut tué et un sixième, un fils, naquit quatre mois après sa
mort. Les aperçus occasionnels que nous avons de sa vie de famille le montrent glissant
sur la glace avec son fils Frederick, faisant faire à ses enfants un tour en carriole sur
un traîneau et allant au cirque.
Il était également un ami fidèle et se souciait profondément des autres. Il tendit à
plusieurs reprises la main du pardon à des prodigues, dont certains lui avaient causé
des souffrances et du malheur. «Je me sens tenu dêtre lami de tous
quils soient justes ou injustes; ils ont une part de ma compassion et de ma
sympathie» (PWJS, p. 548). Un observateur a noté que le prophète nallait jamais
au lit sil savait quil y avait une personne malade qui avait besoin
daide. Il enseignait que «lamour est lune des principales
caractéristiques de la Divinité et doit être manifesté par ceux qui aspirent à être
les fils de Dieu. Un homme qui est rempli de lamour de Dieu ne se contente pas de
faire du bien à sa famille seulement, mais parcourt le monde, vivement désireux de faire
du bien à la totalité de la famille humaine» (PWJS, p. 481). Un membre de
lÉglise qui avait logé chez les Smith et avait assisté aux «prières ferventes
et humbles [du prophète]
nourrissant, calmant et réconfortant sa famille, ses
voisins et ses amis» considéra que cétait un plus grand témoignage de la
divinité de lappel de Joseph Smith dobserver sa vie privée que
dobserver ses actions publiques (JD 7:176-77).
Joseph Smith consacra sa vie à introduire une nouvelle dispensation de connaissances
religieuses et ce, à un coût personnel élevé. Il écrivit que «lenvie et la
colère de lhomme» avaient été son sort ordinaire et que «leau profonde»
était ce en quoi il avait lhabitude de nager (D&A 127:2). Un peu plus dun
an avant sa mort, il dit à un auditoire à Nauvoo: «Si je navais pas vraiment
entrepris cette uvre et été appelé de Dieu, je me retirerais. Mais je ne peux pas
me retirer: je nai aucun doute sur sa véracité» (HC 5:336). Il vécut dans
lespoir de donner vie à cette vérité dans une société de saints et mourut
victime dennemis qui ne comprenaient pas sa vision.
Bibliographie
Anderson, Richard L. Joseph Smiths New England Heritage. Salt Lake City, 1971.
Brodie, Fawn M. No Man Knows My History. New York, 1946.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook. The Words ofJoseph Smith: The Contemporary Accounts of
the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph. Provo, Utah, 1980.
Gibbons, Francis M. Joseph Smith: Martyr, Prophet of God. Salt Lake City, 1982.
Hill, Donna. Joseph Smith, The First Mormon. Garden City, New York, 1977.
Jessee, Dean C., dir. de publ. The Personal Writings of Joseph Smith. Salt Lake City,
1984.
Id. The Papers of Joseph Smith. Salt Lake City, 1989- .
Millet, Robert L., dir. de publ., Joseph Smith: Selected Sermons and Writings. New York,
1989.
Porter, Larry C., et Susan Easton Black, dir. de publ.. The Prophet Joseph: Essays on the
Life and Mission of Joseph Smith. Salt Lake City , 1988.
Smith, Lucy. Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet. Liverpool, 1853.
Smith, Joseph:
Enseignements de Joseph Smith
Auteur: MADSEN, TRUMAN G.
Le contenu écrit et verbal des révélations données à Joseph Smith est direct et clair
et pourtant il est difficile de caractériser ou de résumer ses enseignements,
puisquils ne sintègrent pas facilement dans les catégories théologiques
traditionnelles et quils présupposent toujours que Dieu peut en révéler et en
révélera probablement davantage. Ses auditoires écoutaient avec avidité les
proclamations et les raisonnements hardis du prophète sur des centaines de sujets,
malgré le fait que ce quil faisait nétait pas un travail danalyse ou
de synthèse systématiques. Ses enseignements, ses paroles, ses recommandations, ses
instructions, ses bénédictions, ses réponses et ses commentaires de 1820 à 1844 sont
dispersés sur des milliers de pages de révélations, décritures,
dhistoires, de journaux, de lettres et de procès verbaux (voir Smith, Joseph:
Écrits de Joseph Smith).
On peut aborder les enseignements de Joseph Smith de diverses façons. Certains recueils
les arrangent par sujets; dautres commentaires se concentrent sur le cadre
historique de ses révélations et de ses discours; dautres encore comparent les
versions éditées aux souvenirs enregistrés de ses déclarations. De toutes façons, on
y trouve de la continuité et de luniformité plutôt que des ruptures ou des
contradictions manifestes.
Les documents que nous possédons montrent que laccès de Joseph Smith aux sources
et sa propre compréhension ont nécessité un processus de croissance. En 1842, deux ans
avant sa mort, il dit quil avait «le plan tout entier du royaume» devant lui (HC
5:139). Ce que nous ne savons pas, cest quand dans sa vie «le plan tout entier»
est parvenu à maturité dans son esprit.
Certains de ses enseignements ont maintenant valeur dÉcriture; dautres font
autorité mais ne sont pas soutenus comme Écriture. Comme il lexplique lui-même,
«un prophète nest pas toujours prophète; uniquement quand il agit comme tel»
(EPJS, p. 224). Une étude soigneuse permet de faire la distinction entre les paroles
originales du prophète et les ajouts postérieurs; en outre, certaines déclarations
quil na pas faites ou na pas approuvées ont été éditées sous son
nom. Lesquisse qui suit traite de ses révélations, de ses traductions
scripturaires et des déclarations les plus caractéristiques qui constituent ses
enseignements.
Joseph Smith na jamais prétendu fonder une nouvelle religion mais lancer un nouveau
commencement, un rétablissement de lÉvangile éternel de Jésus-Christ. «Les
principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des
prophètes concernant Jésus-Christ, quil est mort, a été enterré et est
ressuscité le troisième jour et est monté au ciel; et toutes les autres choses qui ont
trait à notre religion nen sont que des annexes» (EPJS, p. 95). Il attendait «une
union et un rattachement complets et parfaits de dispensations, de clefs, de pouvoirs et
de gloires
depuis le temps d'Adam jusqu'à nos jours» (D&A 128:18). Ce
rétablissement allait englober «toute la vérité que le monde chrétien possédait»
(EPJS, p. 304), notamment beaucoup de choses qui avaient été perdues ou abandonnées et,
en outre, des révélations «cachées depuis la fondation du monde» (EPJS, p. 250). Ses
enseignements faisaient souvent contraste avec les ajouts, les soustractions et les
changements post-bibliques. Il dit quil avait lintention «de jeter une base
qui révolutionnera le monde entier» (EPJS, p. 296).
Nous vous proposons ci-après un choix parmi les dizaines de sujets et didées qui
sont typiques des enseignements du prophète Joseph Smith:
DIEU ET LA DIVINITÉ. Joseph Smith enseignait quil est approprié dappeler
Dieu Père. Cest une personne glorifiée et exaltée qui a des attributs personnels.
Jésus-Christ est le Médiateur entre Dieu et lhomme. Il nest pas identique à
Dieu, mais est devenu comme le Père. Ceci élimine le mystère de beaucoup de croyances
classiques. Ce point de doctrine est un anthropomorphisme raffiné et il imprègne les
Écritures antiques et modernes.
Dieu étant la personne par excellence, on peut laborder, le rencontrer et le
connaître. Il est impliqué dans les efforts de lhomme. On peut avoir
lassurance quil se meut, agit, répond, aime, sert et donne. De la présence
de Dieu et de son Fils sort un Esprit qui donne la lumière à tous ceux qui entrent dans
la condition mortelle. Cette lumière est en tout, donne la vie à tout et est la loi par
laquelle tout est régi, même le pouvoir de Dieu (D&A 88:13).
LA VÉRITÉ. Lexpérience suggère un univers plural. La connaissance la plus haute
est celle des choses, des existences dans toute leur variété (D&A 93:24-25). Les
révélations données à Joseph Smith parlent de sphères indépendantes dexistence
et dune série de degrés de gloire (D&A 76; cf. 88:37). Par conséquent, toute
tendance mystique à croire en une union métaphysique dans laquelle lindividualité
serait perdue est abandonnée.
LES ÉCRITURES. Le prophète enseignait que les Écritures sont le compte rendu écrit
dexpériences de révélation. Il rejetait de la même façon les dogmes de
linfaillibilité verbale, de lorigine «purement humaine» et de lexcès
allégorique dans linterprétation des Écritures. Les limites du canon sont
liquides telles quelles létaient à lorigine dans le judaïsme et le
christianisme anciens. LÉcriture, orale ou écrite, est une lumière pour ceux qui
sont vivifiés par la vie et la lumière divines. La nécessité de prophètes vivants
pour compléter, éclaircir et appliquer les sources écrites aux besoins contemporains
est continuelle. «Jai dit aux frères que le Livre de Mormon était le plus correct
de tous les livres de la terre et la clef de voûte de notre religion, et quun homme
se rapprocherait davantage de Dieu en en suivant les préceptes que par nimporte
quel autre livre» (EPJS, p. 156).
LA CRÉATION ET LE COSMOS. On a qualifié les enseignements de Joseph Smith
d«éternalisme»: «Tout principe venant de Dieu est éternel» (EPJS, p. 145).
«Les principes purs délément» et dintelligence coexistent éternellement
avec Dieu: «On peut les organiser et les réorganiser, mais pas les détruire» (EPJS, p.
285). Dieu a créé lunivers à partir du chaos, «lequel est élément et dans
lequel réside toute gloire» (WJS, p. 351). «Les éléments sont le tabernacle de Dieu»
(D&A 93:35). Dieu est lié à lespace et au temps et ne les a pas créés de
rien. Le changement se produit par lintelligence. Lunivers est régi par la
loi. Il y a eu deux créations: Tout a été fait «spirituellement» avant de
lêtre «naturellement» (Moï. 3:5). Par son Fils, Dieu est le Créateur de mondes
multiples. Dieu est le Père des esprits humains qui habitent ses créations. Ses
créations nont pas de fin.
LA NATURE DE LHOMME. En tant quintelligence éternelle, «lhomme était
au commencement avec Dieu» (D&A 93:29-30). Mais son épanouissement de grâce en
grâce dépend de ce que Dieu fait pour lui. Grâce à lÉvangile et à
lExpiation, les enfants de Dieu sont héritiers de tout ce que le Père a et est, et
peuvent devenir eux-mêmes des dieux (D&A 76:58-61; 84:35-39; 88:107).
Lesprit est une matière raffinée. Lesprit «existait avant le corps, peut
exister dans le corps et existera séparément du corps, lorsque le corps tombera en
poussière, et lui sera de nouveau réun[i] dans la résurrection» (EPJS, p. 167). Ainsi,
le dualisme extrême entre lesprit et la matière est rejeté.
Lhomme est libre de résister aux pouvoirs de Dieu ou à ceux du mal ou de les
adopter. Dieu, lhomme, Satan et ses armées sont indépendants. Lun ne peut
pas forcer lautre.
LE PLAN DU SALUT. Se trouvant au milieu des esprits et de la gloire, Dieu a jugé bon
dinstituer des lois grâce auxquelles ses enfants pourraient avancer comme lui-même
et avoir gloire sur gloire (voir Plan du salut, Plan de Rédemption). «Lors de la
première organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir
et nommer le Sauveur et établir le plan du salut et nous lavons sanctionné»
(EPJS, p. 145). Les semblables sattirent (D&A 88:40), les harmonies sont
rétablies: la connaissance remplace lignorance, la sainteté remplace le péché et
la vie remplace la mort.
LA CHUTE. Le prophète rejetait la théorie traditionnelle du péché originel et en
était revenu à la doctrine de linnocence de lhomme avant la Chute. Adam et
Ève transgressèrent, comme prévu, pour ouvrir la voie aux expériences contrastantes de
la condition mortelle. La Chute nétait pas inévitable, mais libre. Tous les hommes
et femmes sont, dans leur prime enfance, innocents devant Dieu. Il sensuit que le
baptême des petits enfants est inutile, que la responsabilité vient plus tard (à
lâge de huit ans) et que la responsabilité pour le péché est personnelle, pas
héréditaire (D&A 68:25-27; 93:38). On devient ce quon décide de devenir.
Dieu lui-même a un corps «aussi tangible que celui de lhomme» (D&A 130:22),
et le corps humain est un temple. «Le grand principe du bonheur consiste à avoir un
corps» (EPJS, p. 145, 239). La Rédemption est celle de lâme entière, signifiant
lesprit et le corps.
LEXPIATION. Le pouvoir de la rédemption est lexpiation de Jésus-Christ, le
Fils de Dieu. Au fil des événements, le Fils a hérité de la plénitude du Père; il
na pas été «éternellement engendré» et il ny a pas eu non plus deux
natures absolument différentes inhérentes en la personne du Christ.
Lexpiation de Jésus-Christ était nécessaire pour réconcilier les exigences de la
justice et celles de la miséricorde. Le Christ a répondu à cette nécessité par un
acte volontaire, une descente afin de monter (D&A 88:6).
Le Christ naurait pas pu connaître autrement que par lexpérience les
profondeurs de la compassion. Il a subi des souffrances, des afflictions et des tentations
«afin que ses entrailles soient remplies de miséricorde, selon la chair», car ce
nest quainsi quil peut «secourir son peuple selon ses infirmités»
(Alma 7:12). Gethsémané fut lendroit et le moment de sa douleur la plus intense
pour lhumanité; la croix fut son heure finale (D&A 19:16-20; TJS Mt. 27:54).
Le Christ sauve les hommes de leurs péchés, pas dans leurs péchés. Il nimpute
pas la justice là où il ny en a pas. Celui qui ne veut en faire quà sa
tête et qui demeure dans le péché ne peut pas être sanctifié sans se repentir
(D&A 88:35).
LExpiation infinie vise à apporter la vie et la rédemption à tous les enfants du
Père éternel, y compris ceux dautres mondes qui «sont sauvés par le même
Sauveur que nous» (T&S 4:82-85).
LA CONNAISSANCE. Lintelligence, en tant que lumière et vérité, est la gloire de
Dieu (D&A 93:36). Lesprit est éternel et a accès aux vastes étendues des
éternités, et la connaissance est essentielle au salut: «Lhomme nest pas
sauvé plus vite quil nacquiert de la connaissance» (EPJS, p. 175) et il
nacquiert pas plus vite la connaissance des vérités de lÉvangile quil
est sauvé, cest-à-dire, pas plus vite quil reçoit le Christ dans sa vie.
«La connaissance par lintermédiaire de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est
la grande clef qui ouvre la gloire et les mystères du royaume des cieux» (EPJS, p. 240).
«Dieu na rien révélé à Joseph quil ne révélera aux Douze, et même le
moindre des saints peut tout savoir aussi vite quil est capable de le supporter»
(EPJS, p. 117).
La connaissance de Dieu et des choses divines est donnée par lEsprit. La
révélation inclut la présence visible, les visions, les songes, les visitations
danges et desprits, des impressions, des voix, des illuminations prophétiques
dinspiration et de lumière et lafflux dintelligence pure dans
lesprit et dans le cur. Les communications directes de ce genre sont
essentielles à la vie religieuse de toute personne. Il y au moins un don de lEsprit
qui est accordé à chaque personne qui a la foi. «Il est impossible de recevoir le
Saint-Esprit et de ne pas recevoir la révélation» (EPJS, p. 206). «Personne ne peut
savoir que Jésus est le Seigneur que par le Saint-Esprit» (WJS, p. 115). «Aucune
génération na été jamais sauvée ni détruite sur un témoignage mort, ni ne
peut lêtre, mais bien par un vivant» (WJS, p. 159). Dans certaines limites, ces
expériences peuvent être exprimées et communiquées.
LE BUT DE LA VIE: LA JOIE. Le «bonheur est lobjet et le but de notre existence»
(EPJS, p. 206). «Nous sommes venus sur cette terre afin davoir un corps et de le
présenter pur devant Dieu dans le royaume céleste» (EPJS, p. 145). Les corps glorifiés
ont des pouvoirs et des avantages sur ceux qui ne le sont pas et se voir refuser un corps
ou en être séparé est une servitude. La combinaison du corps desprit et du corps
physique peut donner la plus grande des joies (D&A 93:33-34).
La gloire de Dieu est de travailler au profit dautres êtres. De même, lhomme
ne peut pas se trouver tant quil ne se perd pas dans le désir chrétien
délever les autres et de leur faire du bien (PWJS, p. 483). Même dans la condition
mortelle, les membres de la famille de Dieu peuvent commencer à éprouver la joie qui
sera entière dans lau-delà (EPJS, p. 239).
LES ÉPREUVES ET LES AFFLICTIONS. Le mal et la souffrance sont réels, les pertes sont
réelles, la tentation est réelle, vaincre est réel. Le risque et la récompense sont
tous deux inhérents à lexpérience mortelle. Ce sont les conditions de la
croissance de lâme. Le but de Dieu est dédifier ses enfants, mais il ne peut
pas le faire sans leur coopération; et il ne peut pas non plus intervenir dune
manière qui élimine le besoin dexpérience, même dexpérience cruelle.
La vie est une épreuve: «Toutes ces choses te donneront de lexpérience» (D&A
122:7). Le fait quAbraham soit prêt à sacrifier Isaac était une similitude du
sacrifice, par le Père, de son Fils unique. On ne peut pas atteindre lhéritage du
Fils sans être disposé à sacrifier tout ce qui est terrestre. La capacité de surmonter
de telles épreuves est le fondement dun amour rendu parfait, et tant quon
na pas lamour parfait, on risque de tomber (EPJS, p. 5). La notion que toute
souffrance dans le monde est un châtiment pour le péché est «un principe impie»
(EPJS, p. 129). Les saints doivent sattendre à passer par beaucoup de tribulations,
mais les afflictions peuvent être tournées à leur profit.
LA PRÊTRISE. La prêtrise est une autorité et un pouvoir centrés sur le Christ. Elle
nest conférée que par une ordination tangible, par limposition des mains de
quelquun ayant lautorité. Joseph Smith a enseigné limportance des
clefs de la prêtrise: Jésus-Christ «détient les clefs sur le monde entier» (EPJS, p.
261). Jean-Baptiste, Pierre, Jacques, Jean, Moïse, Élie et Élias détenaient les clefs
de diverses fonctions de la prêtrise et les ont rendues à la terre en les conférant à
Joseph Smith et à Oliver Cowdery.
La prêtrise nest pas indélébile; elle peut être perdue. Elle nest pas
infaillible; ce nest que sous linfluence de lEsprit que lon peut
parler pour et avec lapprobation de Dieu.
La possibilité dobtenir la plénitude des bénédictions de la prêtrise est
accordée à la fois aux hommes et aux femmes quand ils font et gardent des alliances
inconditionnelles avec Jésus-Christ et puis entre eux comme mari et femme (voir
Paternité; Maternité).
Dans lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Joseph Smith a
expliqué et fixé le rôle des apôtres, des prophètes, des évêques, des
évangélistes, des pasteurs, des instructeurs et ainsi de suite, en analogie avec leurs
fonctions dans le Nouveau Testament. Il a supprimé la distinction entre laïcs et
religieux: Tous les prêtres, instructeurs et administrateurs sont laïques et tous les
laïcs dignes sont des détenteurs de la prêtrise.
LES ORDONNANCES. Joseph Smith a rétabli et a enseigné une série progressive
dordonnances qui confèrent un éclairage et un pouvoir spirituels. Ces ordonnances
«ont été instituées dans les cieux avant la fondation du monde» (EPJS, p. 249).
«Cest par lEsprit de Dieu, par lintermédiaire des ordonnances,
quon naît de nouveau» (EPJS, p. 129). Toutes les ordonnances essentielles, depuis
le baptême jusquau mariage au temple, comportent la prière, des alliances et la
ratification divine.
LES TEMPLES. Certaines ordonnances concernent le saint temple, où «le pouvoir de la
divinité
se manifeste» (D&A 84:20). Les temples incarnent et manifestent des
vérités sacrées, «les mystères et les choses paisibles» (D&A 42:61). Ils
permettront aux enfants de Dieu de surmonter les éléments corruptibles de leur vie et
dentrer dans les royaumes de lumière et de feu, la présence du Père et du Fils.
Toutes les fonctions et tous les pouvoirs du temple sont rétablis aujourdhui, avec
lautorité de la haute prêtrise: ce sont essentiellement le baptême pour les
morts, la sainte dotation et le scellement des familles. «Nous avons davantage besoin du
temple que de toute autre chose», enseignait Joseph Smith (Journal History, 4 mai 1844).
Toutes les ordonnances du temple nous tournent vers le Christ. Le temple est actuellement,
comme il létait anciennement, son sanctuaire, doté de sa gloire, béni de son nom
et, en fin de compte, de sa présence. Le Christ est un temple vivant et, par lui, on peut
devenir un temple vivant (D&A 93:35; cf. Ap. 21:22).
LE MARIAGE, LA FAMILLE ET LE FOYER. Inversant la tradition augustinienne que le célibat
est préférable au mariage dans cette vie et universel dans lau-delà, le prophète
enseignait que la vie chrétienne atteint son zénith dans le mariage et le fait
dêtre parents. Les plus grands prophètes et prophétesses sont également des
patriarches et des matriarches. Lordonnance la plus élevée est le mariage, où le
roi et la reine commencent le royaume éternel de leur famille: les symboles sont
lordination, le couronnement et le scellement.
PENSÉE SOCIALE, ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE. Le gouvernement terrestre de Dieu prévoit une
théo-démocratie: un royaume sous alliance mené par Jésus-Christ, le bienveillant Roi
des rois. Le royaume de Dieu sur terre doit devenir comme la ville de Sion de Hénoc, avec
une pensée et une culture idéales réalisées dans une communauté de gens ayant le
cur pur.
Joseph enseigna une loi dintendance et de consécration. Toute la terre appartient
au Seigneur; avoir une propriété en Sion revient à détenir une intendance pour
létablissement de Sion. Dans la prime enfance de lÉglise, les saints
tentèrent de vivre ce système économique et échouèrent, achoppant sur ce quil
était censé devoir surmonter: la cupidité, la convoitise, la jalousie. En conséquence,
il fut commandé au prophète dy substituer la loi de la dîme pour préparer les
saints à vivre cette loi supérieure.
«La Constitution des États-Unis est un étendard glorieux, est basée sur la sagesse de
Dieu» (EPJS, p. 115). Les protections offertes par le gouvernement constitutionnel
devraient être accordées à tous (voir Politique: Enseignements politiques). Wilford
Woodruff se rappelait que Joseph Smith disait «que sil était lempereur du
monde et avait le contrôle de la totalité du genre humain, il soutiendrait chaque homme,
femme et enfant dans lexercice de leur religion» (Journal History, 12 mars 1897).
Ceci permettrait, sans usage de la force, la croissance dun royaume de Dieu qui
serait finalement administré dans deux capitales mondiales, Jérusalem en Orient et la
nouvelle Jérusalem en Occident.
LÉglise est lensemble des membres qui ont fait lalliance et ont formé
une communauté pour le perfectionnement de ses différents membres. Les prophètes,
voyants et révélateurs vivants sont le noyau dautorité du royaume de Dieu, mais
lÉglise accomplit son uvre dans des communautés intimes: la famille, la
paroisse et le pieu.
LA RÉSURRECTION. La vie de famille éternelle nest rendue parfaite que dans le plus
haut degré du royaume céleste de Dieu. Lors de la résurrection et du jugement, tous les
corps, à de rares exceptions près (voir Fils de perdition), recevront un degré de
gloire. Chacun conservera à toute éternité son identité desprit et de corps.
LÊtre céleste rendu parfait et glorifié quest Dieu est lidéal. La
terre elle-même, après avoir été baptisée deau et puis de feu, mourra,
ressuscitera, sera glorifiée (D&A 88:25-26) et ramenée dans la présence de Dieu. La
beauté, la gloire, la perfection et les pouvoirs dun corps ressuscité glorifié
sont indescriptibles: «Personne ne peut vous le décrire, personne ne peut
lécrire» (EPJS, p. 298). «Toutes vos pertes seront compensées pour vous dans la
résurrection à condition que vous continuiez à être fidèles. Je lai vu par la
vision du Tout-Puissant» (EPJS, p. 238).
ESCHATOLOGIE. Joseph Smith a prononcé de nombreuses déclarations prophétiques au sujet
du futur. Son eschatologie est étendue et globale. LÉvangile sera enseigné à
toute lhumanité, que ce soit sur cette terre ou dans le monde desprit, de
sorte que tous pourront le recevoir. La famille dAbraham, qui a imprégné toutes
les races humaines, sera unie. Les familles de Juda et de Joseph se donneront la main en
une réalisation rédemptrice. Beaucoup de ces attentes et de ces réalisations se situent
au-delà de ce que lhomme a le pouvoir de réaliser ou dempêcher.
Luvre est «destinée à provoquer la destruction des pouvoirs des ténèbres,
le renouvellement de la terre, la gloire de Dieu et le salut de la famille humaine»
(EPJS, p. 187).
Bibliographie
Burton, Alma P., comp. Discourses of the Prophet Joseph Smith, 3e éd. Salt Lake City,
1968 (arrangé par sujet).
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook, dir. de publ.. The Words of Joseph Smith: The
Contemporary Accounts of the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph. Provo, Utah, 1980
(extraits de 173 discours).
Roberts, B. H. Joseph Smith: The Prophet Teacher. Salt Lake City, 1908; reimpr.,
Princeton, N.J., 1967.
Smith, Joseph Fielding, comp. Enseignements du Prophète Joseph Smith. Salt Lake City,
1938 (arrangé par ordre chronologique).
Widtsoe, John A. Joseph Smith: Seeker After Truth, Prophet of God. Salt Lake City, 1957.
TRUMAN G. MADSEN
Smith, Joseph: Écrits de Joseph
Smith
Auteur: JESSEE, DEAN C.
La carrière décrivain de Joseph Smith, le prophète, débute quand il a vingt-deux
lorsquil entreprend la traduction du Livre de Mormon. À sa mort en 1844, dix-sept
ans plus tard, il laisse des archives substantielles pour létude de sa vie et de
lÉglise quil a contribué à fonder. En plus du Livre de Mormon, ses
documents comportent des journaux intimes couvrant par intermittence la période de 1832
à 1844, de la correspondance, des comptes rendus de discours, plus de cent trente
révélations, publiées sous le titre de Doctrine et Alliances, un livre dAbraham,
une révision de la Bible avec, entre autres, quelques écrits rétablis de Hénoc et de
Moïse et les débuts dune Histoire de lÉglise documentaire de plusieurs
tomes basée sur ses archives.
Plusieurs facteurs influencent et vont, au départ, limiter lampleur des écrits de
Joseph Smith et le style littéraire de sa prose. À cause de lindigence de sa
famille, il va très peu à lécole, les bases de la lecture, de lécriture et
de larithmétique constituant, pour reprendre ses termes, tout son bagage scolaire.
Certains de ses auditeurs ont noté quil semble avoir peu de talent ou de formation
comme orateur. Il ne se sent pas à la hauteur comme rédacteur et ira un jour
jusquà parler de «petite prison étroite, les ténèbres presque totales du
papier, de la plume et de lencre».
Mais ce qui manque au prophète en matière de formation scolaire est compensé par son
message. Dès sa jeunesse, les expériences religieuses lui inspirent un profond sentiment
de mission qui va le propulser dans larène de la controverse publique. Pour lui, sa
mission consiste à jeter des bases qui vont révolutionner le monde entier, pas par
lépée ou le pistolet mais par «la puissance de la vérité». Larticulation
de cette vérité est ce qui va donner limpulsion à ses écrits. Beaucoup de ses
auditeurs seront impressionnés par sa capacité de rendre claire la voie de la vie et du
salut. Beaucoup de non-mormons trouveront ses idées frappantes et magnétiques. On trouve
dans ses écrits la même impression de message et de conviction.
Létude des premières sources mormones montre que nous navons quune
fraction des écrits et des enseignements de Joseph Smith. Cela tient au fait que dans la
première partie de sa vie, la tenue des registres se fait de manière aléatoire, à
lincompétence ou au décès prématuré de certains de ses secrétaires, à de
longs emprisonnements, à des procès vexatoires et répétés, à la pauvreté et aux
conflits qui forcent les saints des derniers jours à émigrer à travers les deux-tiers
du continent américain.
Une autre chose qui complique la situation est le fait que Joseph Smith dépend de ceux
qui écrivent pour lui. Sa philosophie est que «un prophète ne peut pas être son propre
secrétaire». Par conséquent, la plupart de ses écrits sont dictés, et certains
écrits anonymement, mais approuvés et acceptés par lui. Si la présence décrits
faits par des secrétaires dans ses documents permet de dater les sources, elle obscurcit
limage que nous avons de lui et nous oblige à examiner soigneusement les sources
pour trouver celles qui permettent de faire la distinction entre lesprit et la
personnalité du prophète et ceux des personnes qui laidaient.
Les écrits de Joseph se caractérisent par de longues phrases ininterrompues reliées par
des conjonctions, des images descriptives et un sens subtil de la narration. Étant donné
quil étudie avidement les Écritures, sa prose est entremêlée de formulations et
dexemples bibliques et il sen dégage une ambiance positive teintée de
vitalité et damour. Cest dans ses écrits holographes quapparaissent le
plus clairement son style rédactionnel et sa personnalité. On y rencontre un style
conversationnel, contraire au style plus officiel de certains de ses associés comme
Sidney Rigdon. Cet extrait dune lettre écrite en 1838 à sa femme Emma tandis
quil est en prison à Richmond, dans le Missouri, est typique de sa prose
manuscrite:
«
Frère Robison est enchaîné à côté de moi il a un cur loyal et
lesprit ferme, viennent ensuite frère Whight, puis fr. Rigdon, ensuite Hyram,
ensuite Parely, ensuite Amasa, et ainsi nous sommes liés ensemble dans les chaînes aussi
bien que les liens de lamour éternel, nous sommes de bonne humeur et nous nous
réjouissons dêtre considérés comme dignes dêtre persécutés à cause du
Christ, dis au petit Joseph quil doit être sage, Papa laime dun amour
parfait, il est laîné et il ne doit pas faire du mal à ceux qui sont plus petits
que lui, mais les consoler dis au petit Frederick que Papa laime, de tout son
cur, cest un gentil garçon. Julia est une belle petite fille, je laime
Cest un enfant prometteur, dis-lui que Papa veut quelle se souvienne de lui
quelle soit bien sage, dis à tous les autres que je pense à eux et que je prie
pour eux tous
je narrête pas de penser au petit bébé Elexander Oh ma chère
Emma, je veux que tu te rappelles que je suis un ami loyal et fidèle, à toi et aux
enfants, pour toujours, mon cur est entrelacé autour des vôtres pour toujours et
à jamais, oh, puisse Dieu vous bénir tous amen vous je suis ton mari et je suis dans les
liens et les tribulations &c-» [Jessee, 1984, p. 368].
Écrits de Joseph Smith
Écrits |
Dates |
Secrétaires* |
Ms. du Livre de
Mormon
Ms. originel
Ms. de limprimeur
Journaux
Révélations
Livre de révélations de Kirtland
Révélations non reliées
Révision de la Bible
Livre dAbrahamCorrespondance
Recueil de lettres 1
Recueil de lettres 2
Correspondance reliée
Ms. égyptiens
Écrits autobiographiques/
historiques |
1827-1829
1832-1844
1828-1844
1829-1844
1835?-1841
1832-1844
|
Oliver Cowdery et
dautres
William Clayton, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Mulholland, Warren Parrish,
Parley P. Pratt, Willard Richards, Sidney Rigdon, George W. Robinson, Joseph Smith,
Sylvester Smith et dautres
William Clayton, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, Orson Hyde, James Mulholland, Edward
Partridge, William W. Phelps, Sidney Rigdon, Joseph Smith Sr., John Whitmer, Newel K.
Whitney, Frederick G. Williams et dautres
Thomas Bullock, William Clayton, Howard Coray, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James
Mulholland, Willard Richards, Sidney Rigdon, James Sloan, Joseph Smith, Joseph Smith,
Robert B. Thompson, John Whitmer, Frederick G. Williams et dautres
Oliver Cowdery, Warren Parrish, William W. Phelps, Joseph Smith, Willard Richards
Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Historical Writings Mulholland, Warren Parrish,
William W. Phelps, Willard Richards, Joseph Smith, Robert B. Thompson, Frederick G.
Williams et dautres
|
Secrétaires de Joseph Smith avec, entre parenthèses, les
dates de naissance et de décès et les années approximatives de leur activité
comme secrétaires: Thomas Bullock (1816-1885), 1843-1844; William Clayton (1814-1879),
1842-1844; Howard Coray (1817-1908), 1840-1841; Oliver Cowdery (1806-1850), 1829-1838;
Warren A. Cowdery (1788-1851), 1836-1838; Orson Hyde (1805-1878), 1833-1836; James
Mulholland (1804-1839), 1838-1839; Warren Parrish (1803-1887), 1835-1837; William W.
Phelps (1792-1872), 1831-1844; Willard Richards (1804-1854), 1841-1844; Sidney Rigdon
(1793-1876), 1830-1838; George W. Robinson (1814-1878), 1836-1840; James Sloan (1792-?),
1840-1843; Sylvester Smith (c.1805-?), 1834-1836; Robert B. Thompson (1811-1841),
1839-1841; John Whitmer (1802-1878), 1829-1838; Newel K. Whitney (1795-1850), 1831-1838;
Frederick G. Williams (1787-1842), 1832-1839.
Bibliographie
Écrits de Joseph Smith
Ehat, Andrew F. et Lyndon W. Cook, comp. et dir. de publ. The Words of Joseph Smith: The
Contemporary Accounts of the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph. Provo, Utah, 1980.
Compilation de comptes rendus originaux des discours de Joseph Smith pendant les années
de sa vie à Nauvoo (1839-1844).
Faulring, Scott H., comp. et dir. de publ. An American Prophet's Record: The Diaries and
Journals of Joseph Smith. Salt Lake City, 1987. Compilation des journaux intimes de Joseph
Smith, mais il y manque son journal de 1842, lun de ses plus volumineux.
Jessee, Dean C., comp. et dir. de publ. The Personal Writings of Joseph Smith. Salt Lake
City, 1984. Compilation de tous les écrits holographes connus de Joseph Smith et textes
essentiels dictés par lui.
Id. The Papers of Joseph Smith, Vol. 1, Autobiographical and Historical Writing. Salt Lake
City, 1989. Premier tome dune édition complète des papiers de Joseph Smith.
Smith, Joseph, dir. de publ. History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints.
Period 1. Histoire de Joseph Smith, le Prophète, par lui-même. Introduction et notes par
B. H. Roberts. 2e éd., 6 vols., Salt Lake City, 1964. Écrit sous la forme dun
journal quotidien à la première personne, utilisant le texte des journaux de Joseph
Smith parsemé de sa correspondance et dautres documents, cet ouvrage est la
publication la plus importante des papiers du Prophète à ce jour. Son défaut principal
est la façon démodée de traiter les sources.
Smith, Joseph Fielding, comp. et dir. de publ. Teachings of the Prophet Joseph Smith. Salt
Lake City, 1938. Compilation dextraits de sermons de lettres et dautres
écrits de Joseph Smith tirée presque exclusivement de History of the Church et arrangée
par ordre chronologique.
Littérature secondaire
Jessee, Dean C. "The Writing of Joseph Smith's History." BYU Studies 11, été
1971, pp. 439-473.
King, Arthur Henry. The Abundance of the Heart. Salt Lake City, 1986.
Partridge, Elinore H. Characteristics of Joseph Smith's Style." Task Papers in
LDS History, No.4, 1976. Manuscrit dactylographié, Archives de lÉglise.
Searle, Howard C. "Early Mormon Historiography: Writing the History of the Mormons
1830-1858." Thèse de doctorat, UCLA, 1979.
Smith, Joseph: Procès de Joseph
Smith
Auteur: BENTLEY, JOSEPH I.
Joseph Smith croyait que ses ennemis détournaient la procédure judiciaire et sen
servaient comme outil de persécution religieuse contre lui, tout comme elle avait été
utilisée contre beaucoup dapôtres du Christ et dautres martyrs passés. Il
était souvent rapidement acquitté, mais les nombreux procès «vexatoires et méchants»
lui coûtaient cher en temps et en argent, lui valurent plusieurs incarcérations et
finirent par causer son martyre. Cela commença peu après le début de son ministère et
continua sa vie durant et cela lui valut de devoir subir quelque trente procès au pénal
et au moins autant de procès au civil pour recouvrement de dettes ou en rapport avec des
entreprises financières avortées.
La première accusation portée contre lui pour trouble à lordre public concernait
une recherche de trésor moyennant salaire à South Bainbridge (New York), en 1826, et
venait dun prédicateur méthodiste mécontent, parent de Josiah Stowell,
lemployeur de Joseph. Quand Stowell refusa de témoigner contre lui au procès,
Joseph fut libéré. En juillet 1830, dans la même juridiction, Joseph fut jugé et
acquitté par un autre magistrat de laccusation de «trouble à lordre public,
de mettre le comté sens dessus dessous en prêchant le Livre de Mormon, etc.» (HC 1:88).
Le procès finit à minuit. Le lendemain, il fut saisi et jugé dans le comté voisin de
Broome pour la même accusation, assortie de laccusation davoir chassé un
démon et davoir recours à de prétendues visitations danges pour soutirer
des biens aux autres. Après un procès de vingt-trois heures où lon entendit une
quarantaine de témoins, Joseph fut de nouveau acquitté (HC 1:91-96).
Après linstallation de lÉglise à Kirtland (Ohio) en 1831, plusieurs actions
de nature religieuse furent intentées contre Smith et dautres dirigeants, mais
furent rejetées pour les raisons données après chaque accusation: coups et blessures
(légitime défense), accomplissement de mariages sans licence valide (on en obtint une),
tentative de meurtre ou conspiration (absence de preuves) et servitude involontaire sans
rémunération pendant la croisade militaire du camp de Sion au Missouri (gagné en
appel). Pour leur part, les dirigeants de lÉglise intentèrent un procès,
quils gagnèrent, et furent indemnisés pour des dommages subis lors
dagressions qui se produisirent tandis quils agissaient à titre religieux.
Cependant, la panique financière de 1837 inonda le prophète et dautres de litiges
civils pour des recouvrements de dettes. Pires encore furent les procès pour violation
des lois de lOhio sur les opérations bancaires quand la Kirtland Safety Society
Anti-Banking Company (voir Économie de Kirtland) fit faillite peu après avoir été
organisée en 1836 sans charte détat. Des accusations de fraude et
denrichissement personnel furent lancées mais pas prouvées; il y eut appel
dune condamnation par jury, mais Joseph Smith quitta lOhio pour le Missouri
avant laudition.
Au Missouri, la plupart des actions contre les saints des derniers jours furent
extralégales, intentées par des comités de vigilance non mormons montés contre les
saints à cause de lopposition de ceux-ci à lesclavage, de leur afflux massif
et des enseignements religieux de Smith au sujet de la révélation moderne et de
létablissement territorial de Sion dans le comté de Jackson. Les magistrats civils
refusèrent systématiquement de délivrer des ordres de maintien de la paix pour les
mormons ou daccorder réparation pour leurs blessures ou leurs dégâts matériels.
Par exemple, malgré le fait quil avait été battu, enduit de goudron et de plumes
et avait vu détruire son imprimerie, limprimeur de lÉglise reçut moins que
ses honoraires légaux et lévêque président reçut «un penny et un grain de
poivre». Les trois pouvoirs du gouvernement de létat semblaient paralysés ou en
faveur de laction des émeutiers, et les saints furent à diverses reprises
dépossédés et expulsés de comté en comté.
Finalement, le 6 août 1838, des violences éclatèrent un jour délections entre
mormons et non-mormons à Gallatin (comté de Daviess, Missouri). Joseph Smith et
dautres firent appel au juge de paix Adam Black pour obtenir de sa part une
«convention de paix» pour quil défende la loi et ne sattache à aucun
groupe démeutiers. Cela eut comme conséquence que Joseph Smith et Lyman Wight
furent arrêtés sur la base dune déclaration sous serment selon laquelle ils se
seraient rendus coupables démeute et dagression pendant quils
obtenaient les mandats de Black (HC 3:61). Smith et Wight comparurent devant le juge
Austin King et furent cités à comparaître à laudience suivante du jury
daccusation dans le comté de Daviess (HC 3:73).
Le 25 octobre 1838, Moses Rowland, un homme de la milice de létat du Missouri, fut
tué lors de la bataille de la Crooked River au cours dun affrontement avec une
compagnie de saints qui essayaient de sauver trois frères enlevés. En apprenant cette
escarmouche, ajoutée à dautres rapports, Lilburn W. Boggs, gouverneur de
létat, publia son ordre infâme dextermination. Joseph et dautres
dirigeants des saints furent arrêtés et comparurent, du 12 au 29 novembre 1838, en
audience préliminaire devant le juge Austin King à Richmond (Missouri). Joseph Smith et
quelques autres défendeurs furent enfermés pendant quatre mois et demi à la prison de
Liberty en attendant leur mise en examen par un jury daccusation pour des raisons
telles que meurtre, incendie criminel, vol, rébellion et trahison. Tandis quils
étaient en route pour être jugés par une instance plus impartiale, on laissa Joseph et
dautres séchapper pour éviter à létat de se trouver dans une
situation publiquement embarrassante.
En 1838-1839, les saints sinstallèrent à Nauvoo (Illinois) après leur expulsion
injustifiée du Missouri. Pour éviter les persécutions «légales» subies dans les
états précédents, ils obtinrent une charte libérale pour la ville de Nauvoo, qui
accordait des pouvoirs étendus de habeas corpus aux tribunaux locaux. Ceux-ci aidèrent
à libérer Joseph Smith et dautres saints des derniers jours quand ils étaient
recherchés par des policiers agissant sur mandat, qui nétaient pas de Nauvoo. En
1841, Stephen A. Douglas, juge ayant juridiction au niveau de létat, écarta un
mandat du Missouri visant à extrader Joseph pour des accusations toujours en cours
là-bas et, en 1843, un juge fédéral fit la même chose pour une requête semblable
après la tentative dassassinat supposée de lex-gouverneur Boggs. Cependant,
lutilisation croissante du mandat dhabeas corpus par les magistrats de Nauvoo,
qui bloquait même lautorité de létat et lautorité fédérale, ne fit
quaugmenter la méfiance parmi les non-mormons, qui estimaient que Joseph Smith se
considérait comme étant au-dessus de la loi.
La dernière fois que le prophète eut recours à lhabeas corpus fut après son
arrestation en juin 1844 par un agent de police du comté pour incitation à une
«émeute» en commandant la suppression du Nauvoo Expositor. Cette action fut le point
culminant dune série de procès entre le prophète et plusieurs apostats, qui
lavaient accusé de parjure et dadultère; il avait contre-attaqué en les
accusant de parjure, de coups, de diffamation et de refus de se laisser arrêter. Un
jugement avait statué sur les mérites de laffaire et Joseph avait été acquitté
à Nauvoo. À la suite de cela, le gouverneur persuada le prophète de se laisser arrêter
et dêtre à nouveau jugé pour «émeute», cette fois à Carthage, où il fut
incarcéré sans caution pour une nouvelle accusation de «trahison» pour avoir déclaré
la loi martiale et avoir fait appel à la milice de Nauvoo pour maintenir la paix. Les
ennemis de Joseph Smith laccusèrent de lancer une offensive contre les citoyens de
lIllinois. Deux jours plus tard, son frère Hyrum et lui étaient tués par des
émeutiers déguisés.
Même après la mort, les procès relatifs au prophète continuèrent. Sur soixante
assassins potentiels cités devant un jury daccusation, neuf furent mis en examen et
cinq furent jugés à Carthage pour le meurtre de Joseph (un procès distinct allait
suivre pour le meurtre de Hyrum). Après six jours de procès, tous les accusés furent
acquittés en juin 1845 pour manque de preuves. Linjustice judiciaire finale à
légard de Joseph Smith et de lÉglise en Illinois fut une série de décrets
des tribunaux fédéraux en 1851 et 1852 qui liquidèrent tous les avoirs personnels et
appartenant à lÉglise détenus par Joseph Smith de son vivant, afin
dexécuter un jugement rendu par défaut en 1842. Il avait garanti un billet à
ordre au gouvernement fédéral lors dune transaction daffaires dans les
premiers temps de Nauvoo; quand le billet resta impayé, il sensuivit une succession
de procès, empêchant une déclaration de faillite et donnant lieu à des accusations de
fraude et dinconduite. Bien que mal conseillé et jouant de malchance dans le
domaine des affaires, le prophète ne fut jamais déclaré coupable daucune
inconduite.
Bibliographie
Firmage, Edwin B. et Richard C. Mangrum. Zion in the Courts: A Legal History of the Church
of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1900. Urbana, Ill., 1988.
Gentry, Leland H. "A History of the Latter-day Saints in Northem Missouri from 1836
to 1839," pp. 167-85, 352-401. Thè!se de doctorat, université Brigham Young, 1965.
History of the Church, Vol. I, pp. 88-96, 377, 390-493; Vol. 2, pp. 85-450; Vol. 3, pp.
55-465; Vol. 4, pp. 40-430; Vol. 5.
Madsen, Gordon A. "Joseph Smith's 1826 Trial: The Legal Setting." BYU Studies
30, printemps 1990, p. 91.
Oaks, Dallin H. "The Suppression of the Nauvoo Expositor." Utah Law Review 9,
hiver 1965, pp. 862-903.
Oaks, Dallin H. et Joseph I. Bentley. "Joseph Smith and Legal Process: In the Wake of
the Steamboat Nauvoo." BYU Law Review 3, 1976, pp. 735-782; réimpr. BYU Studies 19,
hiver 1979, p. 167.
Oaks, Dallin H. et Marvin Hill. Carthage Conspiracy. Urbana, Ill., 1975.
Walters, Wesley P. "Joseph Smiths Bainbridge, N. Y. , Court Trials."
Westminster Theological Journal 36, hiver 1974, pp. 123-155.
JOSEPH I. BENTLEY
Suivre les Frères
Auteur : McConkie, Mark L.
Les saints des derniers jours croient que Dieu donne des
révélations aux prophètes vivants et que leurs paroles, lorsquelles sont ainsi
inspirées, doivent être reçues comme étant les siennes (D&A 1:38). Il est donc
devenu courant dans l'Église de dire que le Christ et ses prophètes sont un parce qu'ils
le représentent (cf. Jean 17:21-23). Cela signifie que les prophètes, en tant qu'agents
du Christ, annoncent son Évangile et sont un avec lui dans l'enseignement, le témoignage
et le but (voir Unité). Ainsi, l'injonction biblique de suivre Jésus et l'alliance
baptismale d'obéir à ses commandements nécessitent également que lon suive ses
prophètes.
Chez les saints des derniers jours l'injonction de « suivre les Frères » dérive de
cette exigence de l'obéissance à Jésus et aux instructions des prophètes. Dans ce
contexte, « les Frères » sont les Autorités générales, particulièrement la
Première Présidence et le Collège des douze apôtres, qui sont officiellement soutenus
comme prophètes, voyants et révélateurs. Le principe peut être étendu de manière à
inclure les dirigeants locaux de la prêtrise tels que les présidences des collèges de
la prêtrise, les évêques et les présidents de pieu et les présidences des
organisations auxiliaires : la Société de Secours, les Jeunes Filles et la Primaire,
dans leur juridiction respective. Cette extension du principe à tous les dirigeants de
l'Église à tous les niveaux est basée sur la considération que tous les officiers de
l'Église ont droit à la révélation dans leurs appels, étant acquis qu'ils sont en
accord avec les Frères. Parlant expressément du prophète qui est actuellement
président de l'Église, le Seigneur a commandé aux membres : « Vous prêterez l'oreille
à toutes ses paroles et à tous les commandements qu'il vous donnera à mesure qu'il les
reçoit, marchant en toute sainteté devant moi.
5 Car vous recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue, comme si elle
sortait de ma propre bouche » (D&A 21:4-5).
Les saints des derniers jours affirment recevoir toute une variété de bénédictions
quand ils suivent les instructions des prophètes. Non seulement le fait de suivre les
Frères unit les saints, leur permettant de faire avancer plus efficacement les objectifs
du Rétablissement, mais il leur permet également de recevoir les récompenses de cette
obéissance, parmi lesquelles les dons de l'Esprit.
Toutefois le fait de suivre les Frères n'implique pas une obéissance aveugle, car tout
membre de l'Église a droit au témoignage de l'Esprit Saint que les dirigeants de
l'Église sont inspirés de Dieu. C'est pourquoi, suivre le prophète vivant implique de
la part des membres quils vivent de manière à être dignes de recevoir
l'inspiration et la révélation personnelles. Cela donne un sens contemporain au désir
de Moïse : « Puisse tout le peuple de lÉternel être composé de prophètes » et
donc bénéficier de l'inspiration (Nombres 11:29), et à la parole du Sauveur disant que
tout le monde devrait « vivr[e] de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (D&A
84:44; Deutéronome 8:3; Matthieu 4:4).
Du fait que les membres de lÉglise ont droit à la confirmation divine de ce que
disent les prophètes, il n'est pas question, chez les saints, dinfaillibilité pour
ceux-ci. Comme Joseph Smith la enseigné : « Un prophète nest pas toujours
prophète ; uniquement quand il agit comme tel » (EPJS, p. 224). Les prophètes ont leurs
opinions personnelles et privées et ils sont des hommes « de la même nature que » tous
les autres (voir Jacques 5:17; Mosiah 2:10-11). Toutefois, lorsqu'ils agissent sous
l'influence de l'Esprit Saint dans le rôle prophétique, « tout ce quils diront...
sera la volonté du Seigneur » (D&A 68:3-4; Voir Écriture). Comme le Sauveur
la dit à Joseph Smith : « Celui qui reçoit mes serviteurs me reçoit ; et celui
qui me reçoit reçoit mon Père » (D&A 84:36-37; voir aussi Matthieu 10:40; 3 Né
28:34).
Bibliographie
Christiansen, ElRay L. "Sustaining the Authorities of the Church." Relief
Society Magazine 44, févr. 1957, p. 76-79.
Packer, Boyd K. "Follow the Brethren." Speeches of the Year, pp. 1-10. Provo,
Utah, 1965.
Stapley, Delbert L. "Respect for Authority." IE 60, déc. 1957, p. 914-915, 938.
MARK L. MCCONKIE
Temple de Kirtland
Auteur: PERKINS, KEITH W.
Le commandement divin qui fut à lorigine de la construction du temple de Kirtland
fut donné au prophète Joseph Smith en janvier 1831, au moment où l'Église était en
butte à la pauvreté et aux remous. À ce moment-là, les saints devaient se rassembler
en Ohio, où le Seigneur promettait qu'il les doterait «du pouvoir d'en haut» (D&A
38:32; cf. D&A 88:119; 95:3, 8, 11). Cest ainsi quils commencèrent à
construire le premier des temples des saints des derniers jours.
L'Église ne comptait alors que quelques centaines de membres, hommes, femmes et enfants,
qui travaillèrent ensemble sur le temple et y mirent tout leur cur et toutes leurs
forces, «tous vivant aussi sobrement que possible» afin que «chaque cent puisse être
consacré au grand objectif» (Tullidge, p. 82). Selon Benjamin F. Johnson, «il était
quasi impossible de se procurer un racleur ou une charrue parmi les saints» pour
préparer le sol pour les fondations du temple (Benjamin Johnson, My Lifes Review,
p. 16). Le bois de charpente était apporté des forêts voisines. La pierre était
taillée dans une carrière locale.
De même que le modèle exact du tabernacle de Moïse et du temple de Salomon fut
révélé d'en haut (Ex. 25:9; 1 C. 28:11-12), de même la conception, les dimensions et
les fonctions du temple de Kirtland furent révélées. Lintérieur devait avoir
seize mètres de large et vingt mètres de long et avoir une salle en bas et une en haut.
La partie inférieure de la salle intérieure devait être consacrée «pour votre
offrande de Sainte-Cène et pour votre prédication, votre jeûne, vos prières et pour
m'offrir vos désirs les plus saints, dit votre Seigneur.» La partie supérieure de la
salle intérieure devait être «consacrée pour l'école de mes apôtres» (D&A
95:13-17).
La pierre angulaire fut posée le 23 juillet 1833. Brigham Young expliqua plus tard que la
première pierre fut posée au coin sud-est, le point de la plus grande lumière et, à
midi, le moment où le soleil brille le plus fort (JD 1:133). C'était un rappel
symbolique de ce que la Maison du Seigneur est un centre de lumière et de vérité.
La conception de lextérieur du temple de Kirtland est typique des autres maisons de
culte de lépoque, mais la disposition de l'intérieur est unique. À chacun des
deux étages principaux il y a deux séries de pupitres à quatre gradins, une du côté
ouest, l'autre à l'est. Elles symbolisent les offices des Prêtrises de Melchisédek et
d'Aaron et recevaient leurs présidences.
La construction du temple fut brutalement ralentie avec l'appel du Camp de Sion vers le
Missouri, quoique beaucoup parmi les femmes, les hommes plus âgés et les infirmes
restèrent à Kirtland. Sidney Rigdon, de la Première Présidence, écrit avoir longé
les murs du temple «de nuit et de jour, mouillant fréquemment les murs» de ses larmes,
priant pour l'achèvement du temple. À d'autres moments, les travaux étaient ralentis à
cause du harcèlement et des menaces des ennemis de l'Église. George A. Smith raconte
quil arrivait que les gardes soient jour et nuit au temple et travaillent une
truelle dans une main et un pistolet dans l'autre.
Les femmes, qui, avait un jour observé Joseph, étaient «les premières dans les travaux
sur le temple», filaient, tricotaient et cousaient pour que les ouvriers du temple aient
des vêtements à porter. Pour donner au revêtement extérieur un aspect étincelant, les
femmes fournirent du verre à casser en petits morceaux et à appliquer au stuc. Dans sa
prière de consécration, Joseph mentionna les sacrifices des saints: «Car tu sais que
nous avons accompli ce travail au milieu de grandes tribulations, et que c'est dans notre
pauvreté que nous avons donné de nos biens pour bâtir une maison à ton nom, afin que
le Fils de l'Homme ait un lieu pour se manifester à son peuple» (D&A 109:5).
Une foule estimée à mille personnes assista, le 27 mars 1836, à la consécration. Une
cérémonie de répétition de la consécration eut lieu le 31 mars. Ce fut un moment de
grandes réjouissances. Des hymnes de consécration furent chantés, notamment «L'Esprit
du Dieu saint brûle comme une flamme», écrit pour l'occasion. La Sainte-Cène fut
bénie et distribuée. La prière de consécration inspirée, remplie dallusions
hébraïques, est devenue le modèle de toutes les consécrations de temples qui ont
suivi. Le prophète y supplie le Seigneur daccorder la manifestation de sa présence
divine (la shékhina), comme dans le tabernacle de Moïse, au temple de Salomon et le jour
de la Pentecôte, «et que ta maison soit remplie de ta gloire comme d'un vent puissant et
impétueux» (D&A 109:37; cf. Ex. 29:43; 33:9-10; 2 C. 7:1-3; Ac. 2:1-4). Beaucoup
mirent par écrit l'accomplissement de cette prière. Eliza R. Snow écrit: «On peut
reparler des cérémonies de cette consécration, mais aucune langue mortelle ne peut
décrire les manifestations célestes de ce jour mémorable. Des anges apparurent à
certains, tandis que toutes les personnes présentes avaient la sensation de la présence
divine et chaque cur était rempli dune «joie inexprimable et pleine de
gloire» (Tullidge, p. 95). Après la prière, l'assemblée tout entière se leva et, les
mains élevées, cria des hosannas «à Dieu et à l'Agneau» (voir Cri de Hosanna).
Le point culminant du déversement spirituel se produisit le 3 avril 1836 quand le Sauveur
apparut dans le temple de Kirtland à Joseph Smith et à Oliver Cowdery et dit: «Car
voici, j'ai accepté cette maison, et mon nom sera ici; et je me manifesterai avec
miséricorde à mon peuple dans cette maison» (D&A 110:7). Puis trois autres
personnages appartenant à d'anciennes dispensations, ou ères, vinrent rétablir les
clefs de la prêtrise: Moïse rétablit les clefs du rassemblement d'Israël, Élias les
clefs de l'Évangile d'Abraham et Élie les clefs du scellement. Ces clefs représentent
trois aspects différents de la mission de l'Église.
Sans les clefs rétablies dans le temple de Kirtland, les saints des derniers jours
n'auraient pas l'autorité daccomplir les ordonnances dans leurs nombreux temples.
Des ablutions et des onctions avaient été données en janvier 1836. Après avoir
accompli le lavement des pieds, Joseph assura aux collèges qu'il «leur avait donné
toutes les instructions dont ils avaient besoin» pour aller de lavant et édifier
le royaume de Dieu, étant «passés par toutes les cérémonies nécessaires» (EPJS, p.
85). Ces cérémonies étaient préliminaires à la plénitude des ordonnances et de la
dotation du temple administrées plus tard dans le temple de Nauvoo.
Abandonné par les saints après de violentes persécutions, le temple de Kirtland fut
pendant un certain temps dans les mains de dissidents. Il appartient aujourd'hui à
lÉglise réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours [devenue la
Communauté du Christ] et est utilisé comme centre pour visiteurs. Il a été reconnu
comme site historique national.
Bibliographie
Anderson, Karl Ricks. Joseph Smiths Kirtland: Eyewitness Accounts.Salt Lake City,
1989.
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound: A History of the Latter-day Saints in Ohio,
1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Madsen, Truman G. Joseph Smith, the Prophet, pp. 67-82. Salt Lake City, 1989.
Tullidge, Edward W. The Women of Mormondom. New York, 1877.
KEITH W. PERKINS
Temples
[Les articles contenus sous cette rubrique sont:
Temples: Culte et activité des temples des saints des derniers jours
Temples: Histoire des temples de lÉglise de 1831 à 1990
Temples: Consécration des temples de lÉglise
Temples: Administration des temples
Temples: Significations et fonctions des temples
Temples: Les temples au cours des siècles
Les quatre premiers articles ont trait aux temples qui se situent dans la tradition de
lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Voir aussi Maisons des
dotations, Temple de Kirtland, Franc-maçonnerie et temple, Temple de Nauvoo et Temple de
Salt Lake City. Le cinquième article traite des significations et des fonctions des
temples dans les religions du monde en général et larticle final traite des
temples antiques en particulier, ainsi que des continuités entre les temples israélites
antiques et les temples des saints des derniers jours.
Voir aussi Baptême pour les morts, Dotation, Histoire familiale, Sous-vêtements, Saint
des saints, Mariage: Mariage éternel, Cercle de prière, Salut des morts, Scellement,
Ordonnances du temple et Ablutions et Onctions.]
Temples:
Culte et activité des temples des saints des derniers jours
Auteur: LUSCHIN, IMMO
Laccomplissement dordonnances et la recherche de la volonté
du Seigneur dans le temple sont une forme sacrée et importante du culte dans la vie
religieuse des saints des derniers jours. Dans le temple, des vérités saintes sont
enseignées et des alliances solennelles sont contractées au nom de Jésus-Christ, tant
par les membres pour eux-mêmes que par ceux qui agissent par procuration en faveur de
personnes décédées (celles-ci ayant le choix dans le monde desprit
daccepter ou de rejeter ce service par procuration). Le respect des alliances du
temple et le respect manifesté lors de laccomplissement des ordonnances du temple
donnent de la paix en ce monde et la promesse de la vie éternelle dans le monde à venir.
Il y a, à lintérieur de chaque temple, des locaux spéciaux pour les diverses
ordonnances. On utilise de grands fonts baptismaux reposant sur le dos de douze bufs
sculptés (cf. 1 R. 7:25) pour le baptême pour les morts. Dans dautres locaux, il y
a des cabines dans lesquelles des personnes sont rituellement lavées et ointes avant que
la dotation ait lieu. Dans les temples plus anciens, des salles plus grandes sont
décorées pour représenter la création, le jardin dÉden, ce monde-ci et le
royaume terrestre, et dans ces salles de dotation, les participants assistent à des
présentations symboliques dans lesquelles se jouent des scènes qui décrivent par qui et
pourquoi la terre a été créée et comment on peut rentrer en la présence de Dieu. Les
participants font des alliances et reçoivent des promesses et des bénédictions. On
appelle cela recevoir la dotation. Le prophète Joseph Smith a enseigné que cette
dotation était nécessaire pour donner le pouvoir «de vaincre toutes choses» (EPJS, p.
70). Un voile sépare symboliquement la salle terrestre de la salle céleste qui suggère
par lameublement et le décor la paix, la beauté et la gloire du degré le plus
élevé des cieux. Il y a aussi dans le temple des salles plus petites, dites salles de
scellement, où lon célèbre les mariages et les scellements pour les vivants et,
par procuration, pour les morts. Un temple peut aussi avoir une salle détage où
peuvent se réunir des assemblées solennelles.
La première visite au temple pour sa propre dotation est un événement important dans la
vie dun saint des derniers jours. (Les enfants nentrent dans le temple que
pour être scellés à leurs parents ou, après lâge douze, pour être baptisés
pour les morts.) Les missionnaires à plein temps reçoivent leur dotation peu de temps
avant le début de leur service; les autres membres le font généralement peu avant le
mariage au temple ou, sils ne sont pas mariés, à une époque de maturité dans la
vie. Tous les saints des derniers jours qui vont au temple doivent être dignes et les
hommes doivent détenir la Prêtrise de Melchisédek.
Une fois quil a reçu sa dotation personnelle, le membre de lÉglise est
invité à retourner souvent refaire les mêmes ordonnances pour des personnes qui sont
mortes sans les avoir reçues. Lors de chacune de ses visites au temple. le visiteur fait
fonction de représentant dune personne de son sexe. Ce service désintéressé de
«sauveurs
sur la montagne de Sion» (cf. Ab. 1:21) est motivé par la foi en la
résurrection et la survie littérales de tous les êtres humains.
Après avoir été consacrés, les temples ne sont pas ouverts au public mais sont
limités aux saints des derniers jours. Même entre eux, les saints des derniers jours ne
parlent pas des détails de la cérémonie du temple en dehors de celui-ci, parce
quils sont sacrés. Dans le temple, les fidèles passent par plusieurs étapes qui
symbolisent le retrait par rapport au monde et lentrée dans la demeure de la
Divinité. Ils présentent leur recommandation à lusage du temple à
lentrée, se changent pour shabiller tout de blanc et ne se parlent quà
voix basse tandis quand ils sont dans le bâtiment sacré. Le temple nest pas ouvert
le dimanche, parce que le jour du sabbat est consacré au culte du Seigneur au foyer et
dans les assemblées à léglise.
Pour ceux avec qui entrent dans la maison du Seigneur «les mains innocentes et le
cur pur» (Ps. 24:4), «le cur brisé et lesprit contrit» (3 Né. 9:20;
cf. Ps. 51:17), et sans mauvais sentiments à légard des autres (Mt. 5:23-24), le
temple est un endroit idéal pour le culte par la méditation, le renouvellement, la
prière et le service discret. Le Seigneur a décrit sa maison comme étant «une maison
de prière, une maison de jeûne, une maison de foi, une maison de connaissance, une
maison de gloire, une maison dordre, une maison de Dieu» (D&A 88:119). Le
recueillement dans le temple favorise lhumble esprit de culte et de sainteté. Dans
le calme de la maison du Seigneur, ceux qui aspirent à entendre la parole du Père et à
être entendus de lui prient silencieusement ou se joignent à des supplications
solennelles en faveur des malades et des affligés et de ceux qui recherchent
linspiration et les conseils (cf. 1 R. 8:30-49; voir aussi Cercle de prière).
Les paroles prononcées lors de la dotation du temple donnent «les réponses de
léternité» (Hinckley, p. 37), une éternité qui figure dans les perspectives de
tous les enfants de Dieu. Les paroles exposent les principes éternels à utiliser pour
résoudre les dilemmes de la vie et indiquent la manière de devenir plus chrétien et de
se qualifier progressivement pour vivre avec Dieu. Les lois de la nouvelle alliance
éternelle y sont enseignées des lois dobéissance, de sacrifice,
dordre, damour, de chasteté et de consécration. Dans le temple, on apprend
le rôle sacré des hommes et des femmes dans le plan éternel de Dieu le Père et de
lun envers lautre, on reçoit une perspective stable du processus répétitif
de la vie et on acquiert un plus grand amour pour les ancêtres et pour toute
lhumanité.
Ce refuge par rapport au monde fait partie, pour des saints des derniers jours, de
laccomplissement de la prophétie antique que «dans la suite des temps
la
maison de lÉternel sera fondée
et que toutes les nations y afflueront»
(És. 2:2). Dans la maison du Seigneur, les membres fidèles de lÉglise cherchent
à comprendre qui ils adorent et comment adorer, de sorte quen temps voulu ils
puissent aller au Père au nom du Christ, recevoir de la plénitude du Père (D&A
93:19).
Bibliographie
Derrick, Royden G. Temples in the Last Days. Salt Lake City, 1987.
Edmunds, John K. Through Temple Doors. Salt Lake City,1978.
Hinckley, Gordon B. Why These Temples? Ensign 4, août 1974, pp. 37-41.
Leone, Mark P. The New Mormon Temple in Washington, D.C. Dans Historical
Archaeology and the Importance of Material Things. Charleston, S. C., 1977.
Madsen, Truman G. The Temple and the Restoration. Dans The Temple in
Antiquity. dir. de publ. Truman G. Madsen, Provo, Utah, 1984.
Packer, Boyd K. Le Temple sacré, Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur. Salt Lake City, 1976.
Temples:
Histoire des temples de lÉglise de 1831 à 1990
Auteur: COWAN, RICHARD O.
Les saints des derniers jours sont un peuple constructeur
de temples. Ils ont une histoire de temples projetés et construits, souvent sous une
opposition intense. Lune des premières révélations déclare: «Il est toujours
commandé à mon peuple de construire [des temples] à mon saint nom» (D&A
124:39-40). Dans les dernières semaines de sa vie, le prophète Joseph Smith a affirmé:
«Nous avons plus besoin du temple que de toute autre chose» (Journal History of the
Church, 4 mai 1844).
Les fonctions des temples modernes correspondent dans certains aspects à celles du
tabernacle antique et des temples bibliques, qui étaient consacrés comme lieux sacrés
où Dieu pouvait se révéler à son peuple (Ex. 25:8, 22) et où les sacrifices et les
ordonnances sacrées de la prêtrise pouvaient être accomplis (D&A 124:38). Bien que
la Bible nindique pas clairement la nature et lampleur précises de ces rites,
il est clair que le sacrifice par effusion de sang annonçait le sacrifice suprême de
Jésus-Christ.
Le Nouveau Testament utilise deux mots qui sont traduits par temple: naos pour le
sanctuaire, et hieron pour les esplanades et les cours en général. Bien que condamnant
vigoureusement les abus pratiqués dans la cour du temple, Jésus nen avait pas
moins la plus haute estime pour le saint sanctuaire quil considérait comme la
maison de son Père» (Jn. 2:16) ou comme sa maison (Mt. 21:13). Quand il purifie le
temple et condamne les abus (Jn. 2:13-16; Mt. 21:12-13) cest du hieron quil
sagit plutôt que du naos.
RÉTABLISSEMENT DU CULTE ET DES ORDONNANCES DU TEMPLE. Les saints des derniers jours ont
construit leur premier temple à Kirtland (Ohio). Une cérémonie de pose de la première
pierre en 1833 a marqué le commencement de la construction. Pendant environ trois ans,
les saints sacrifièrent leurs moyens, leur temps et leur énergie pour construire la
Maison du Seigneur (le mot «temple» nétait pas généralement utilisé à ce
moment-là). Quoique lextérieur du temple ressemblât beaucoup à une église
typique de la Nouvelle-Angleterre, son intérieur avait des caractéristiques qui lui
étaient propres. Une révélation spécifiait que le bâtiment devrait comporter deux
grandes salles, celle du bas étant une chapelle, alors que celle du haut était à des
fins éducatives (D&A 95:8, 13-17). Rien nétait prévu pour les cérémonies
sacrées qui devaient encore être révélées.
Des bénédictions spirituelles remarquables suivirent les années de sacrifice. Les
semaines précédant immédiatement la consécration du temple de Kirtland connurent des
manifestations spirituelles remarquables. Le 21 janvier 1836, quand Joseph Smith et
dautres se réunirent dans le temple presque terminé, ils reçurent des ablutions
et des onctions et eurent beaucoup de visions, notamment une vision du royaume céleste.
Ils apprirent que tous ceux qui étaient morts sans connaître lÉvangile, mais qui
lauraient accepté si loccasion leur avait été donnée, étaient héritiers
de ce royaume (D&A 137:7-8). Ce fut la toute première révélation moderne au sujet
du salut des morts, un principe doctrinal important lié aux ordonnances des temples de
lÉglise.
Le dimanche 27 mars 1836, le temple de Kirtland était consacré. Vers la fin du service,
qui dura toute la journée, Joseph Smith lut la prière de consécration quil avait
précédemment reçue par révélation (D&A 109). Après cette prière, le chur
chanta «LEsprit du Dieu Saint», un cantique écrit pour loccasion par
William W. Phelps. Après que la Sainte-Cène eut été bénie et que plusieurs
témoignages eurent été rendus, lassemblée se leva et poussa le cri de «Hosanna,
Hosanna, Hosanna, à Dieu et à lAgneau !» Les prières de consécration
officielles, linterprétation de ce cantique et le cri de Hosanna caractérisent
toutes les consécrations de temples depuis lors (voir Cri de Hosanna).
Des manifestations importantes se produirent dans le temple de Kirtland le 3 avril, une
semaine après sa consécration. Jésus-Christ apparut et accepta le temple. Moïse,
Élias et Élie apparurent ensuite et rétablirent des pouvoirs spécifiques de la
prêtrise (D&A 110). Grâce aux clefs de scellement rétablies par Élie, les
ordonnances de la prêtrise accomplies sur terre pour les vivants et les morts pouvaient
être liées ou scellées dans le ciel, aidant ainsi à tourner le cur des pères et
des enfants les uns vers les autres (Ma. 4:5-6).
Au moment où il projetait le temple de Kirtland, Joseph Smith accordait également son
attention à ce qui se passait au Missouri. En 1831, il avait posé la pierre angulaire
dun futur temple à Independence, dans le comté de Jackson, qui avait été
indiqué comme «lieu central» de Sion (D&A 57:3). En juin 1833, il élabora un plan
pour la ville de Sion, indiquant que vingt-quatre temples ou bâtiments sacrés seraient
construits au cur de la ville pour remplir une variété de fonctions de prêtrise.
Quand les saints des derniers jours furent expulsés du comté de Jackson cet automne-là,
les projets de construction de la ville de Sion et de ses temples furent remis à plus
tard.
En 1838 les pierres angulaires furent posées pour un temple à Far West, dans le nord du
Missouri. Cet édifice devait servir au rassemblement des saints pour le culte (D&A
115:7-8). Toutefois, les persécutions en empêchèrent la construction.
Le temple de Nauvoo, consacré en 1846, fut le premier temple conçu pour les ordonnances
sacrées récemment rétablies pour les vivants et les morts. Les baptêmes par
procuration pour les morts furent inaugurés en 1840. Ils furent dabord accomplis
dans le Mississippi jusquà ce que des fonts fussent construits dans le sous-sol du
temple. En 1842, le prophète donna les premières dotations dans la salle
dassemblée au-dessus de son magasin de briques rouges (EPJS, p. 191). Cette
cérémonie qui, à ce moment-là nétait donnée quaux personnes vivantes,
passait en revue lhistoire de lhumanité depuis la création, soulignant les
principes élevés exigés pour retourner en la présence de Dieu. Les premiers
scellements ou mariages de couples pour léternité furent également accomplis vers
ce moment-là. Ensuite toutes les ordonnances de cette sorte furent arrêtées
jusquà ce que le temple fût terminé.
Les murs extérieurs principaux du temple nétaient que partiellement achevés quand
Joseph Smith et son frère Hyrum furent assassinés en 1844. Le martyre ne fit toutefois
que causer une suspension provisoire de la construction du temple. Quoique sachant
quils seraient bientôt forcés de quitter Nauvoo et nauraient plus accès au
temple, les saints étaient disposés à dépenser près dun million de dollars pour
réaliser la vision de leur prophète dériger la Maison du Seigneur. Dès décembre
1845, les salles du temple étaient suffisamment achevées pour que des dotations puissent
y être accomplies. Pendant les huit semaines qui suivirent, 5.500 personnes reçurent ces
bénédictions alors même quelles se préparaient fiévreusement pour leur exode
vers lOuest. Brigham Young et dautres officiants restèrent jour et nuit dans
le temple. Pour maintenir lordre, Heber C. Kimball insista sur le fait que seuls
ceux qui avaient une invitation officielle devaient être admis au temple, ce qui fut
peut-être le commencement de lémission des recommandations à lusage du
temple.
TEMPLES AU SOMMET DES MONTAGNES. La construction de temples resta prioritaire pour les
pionniers mormons pendant quils se rendaient dans les montagnes Rocheuses. Quatre
jours à peine après leur entrée dans la vallée du lac Salé, Brigham Young y choisit
lemplacement du temple. Des dispositions provisoires furent prises pour donner la
dotation jusquà ce que ce temple soit achevé, et une Maison des Dotations en
adobes fut ouverte en 1855 à Temple Square. Le président Young expliqua cependant que
toutes les ordonnances ne pouvaient y être convenablement accomplies, de sorte quau
milieu des années 1870, il encouragea les saints à aller de lavant dans la
construction dautres temples en Utah.
Lemplacement pour le temple de St-George était marécageux, mais Brigham Young tint
absolument à ce quil fût construit là parce que lendroit avait été
consacré par les prophètes antiques du Livre de Mormon (déclaration de David H. Cannon,
Jr., 14 oct. 1942, cité dans Kirk M. Curtis, «History of the St. George Temple», thèse
de maîtrise, université Brigham Young, 1964, pp. 24-25). Un vieux canon, rempli de
plomb, devint un marteau pilon improvisé pour enfoncer des roches dans la terre
détrempée. En 1877, le temple de St-George, premier dUtah était achevé. On y
inaugura des dotations pour les morts en janvier de cette année-là, permettant aux
saints daccomplir ces rites importants par procuration en faveur de leurs ancêtres.
Avec laccroissement du nombre des dotations pour les morts, la conception de base
des temples fut modifiée pour que lordonnance puisse avoir lieu. Les temples de
Logan et de Manti (respectivement consacrés en 1884 et 1888) contiennent de grandes
salles dassemblée à létage et une série de salles plus petites en bas,
spécialement conçues pour présenter les instructions de la dotation. Les peintures
murales dépeignent différentes étapes de la progression éternelle de lhomme. À
cause de lhostilité politique extérieure en 1888, les dirigeants de lÉglise
consacrèrent dabord le temple de Manti en des cérémonies privées. Lors de la
consécration publique, qui eut lieu un peu plus tard, les membres de lassemblée
signalèrent des expériences spirituelles peu communes, entendant notamment des
churs célestes.
Lachèvement du temple de Salt Lake City fut un encouragement pour les saints
pendant les jours sombres des persécutions. Les pierres symboliques sur lextérieur
du grand temple représentent les degrés de gloire éternelle et dautres principes
de lÉvangile. La flèche centrale à lest est complétée par une statue de
lange Moroni, symbolisant la prophétie de Jean quun héraut céleste
apporterait lÉvangile à la terre (Ap. 14:6). Lintérieur contient des salles
de conseil pour les Autorités générales. Laprès-midi précédant sa
consécration, le 6 avril 1893, de nombreux visiteurs de tous les cultes furent invités
à visiter le temple. Ces portes ouvertes précédant la consécration ont pris de
limportance et sont devenues la norme pendant le vingtième siècle.
TEMPLES DU XXe SIECLE. Pendant le premier tiers du vingtième siècle, des temples furent
construits de plus en plus loin du siège de lÉglise, reflet de lexpansion et
de la croissance de lÉglise. Le président Joseph F. Smith parla de la nécessité
dapporter les bénédictions du temple aux saints dispersés sans les obliger à
parcourir souvent des milliers de kilomètres jusquaux montagnes Rocheuses pour les
recevoir. Les temples construits à lépoque étaient relativement petits, sans
tours ni grandes salles dassemblée.
Le président Smith, qui, dans sa jeunesse, avait fait une mission à Hawaï, choisit un
emplacement de temple à Laie sur lîle dOahu. Comme les matériaux de
construction traditionnels étaient rares sur lîle, le temple fut construit en
béton armé. Il fut consacré en 1919, un an après la mort du président Smith.
Entre-temps, la construction dun temple avait également commencé à Cardston
(Alberta, Canada). Après sa consécration en 1923, les membres de lÉglise
dOregon et de Washington organisèrent des caravanes annuelles pour aller dans ce
temple, précurseurs de voyages au temple qui devinrent une facette de plus en plus
importante de lactivité religieuse pour les membres qui ne vivaient pas près de
ces édifices sacrés.
Lors de la consécration du temple de Mesa, en Arizona, en 1927, le président Heber J.
Grant demanda la bénédiction divine sur les Indiens dAmérique et les autres
descendants modernes des peuples du Livre de Mormon. En 1945, la dotation et les autres
bénédictions du temple y furent données en espagnol, la première fois que ces
cérémonies étaient faites dans une langue autre que langlais. Les décennies
suivantes, les membres du sud-ouest des États-Unis, du Mexique et jusquen Amérique
Centrale se déplacèrent pour assister aux sessions du temple en espagnol à Mesa.
Le président Grant approuva aussi des emplacements pour des temples en Californie et en
Idaho. La construction du temple dIdaho Falls commença en 1937, mais le manque de
matériaux pendant la Deuxième Guerre mondiale retarda son achèvement jusquen
1945.
La croissance rapide de la population de lÉglise dans le sud de la Californie
pendant et après la Deuxième Guerre mondiale aboutit à la construction du temple de Los
Angeles, le plus grand de lÉglise à lépoque. Consacré en 1956,
cétait le premier au vingtième siècle à avoir une grande salle détage
pour permettre aux dirigeants de la prêtrise dy mener des assemblées solennelles,
ainsi quune statue de lange Moroni sur sa tour de 85 mètres. Les plans
darchitecte prévoyaient que lange soit tourné vers le sud-est, comme le
temple lui-même, mais le président David O. McKay insista pour que la statue soit
orientée directement à lest. La plupart des temples de lÉglise (mais pas
tous) sont tournés vers lest, symbolisant lavènement attendu du Christ, que
Jésus a comparé à laube à lorient dun jour nouveau (Mt. 24:27). Les
membres de Californie considérèrent ce temple comme laccomplissement de la
prophétie de Brigham Young que lon dominerait un jour les rivages du Pacifique du
haut de la maison du Seigneur et que les temples auraient une tour centrale et des bassins
réfléchissants et auraient des plantations sur leur toit.
LES PREMIERS TEMPLES DOUTRE-MER. La décision de construire des temples à
létranger constitua une nouvelle impulsion. Pendant des décennies les dirigeants
de lÉglise avaient conseillé aux saints doutre-mer ne pas se rassembler en
Amérique, pour édifier lÉglise là où ils étaient, les bénédictions du temple
nétaient pas accessibles dans leur patrie. Le temple de Suisse près de Berne en
1955 et les temples de Nouvelle-Zélande et de Londres en 1958 répondirent partiellement
à ce besoin. Lutilisation du cinéma permit de présenter lordonnance de la
dotation dans une seule salle denseignement plutôt que dans une série de salles
décorées de peintures murales. Le président McKay avait annoncé que les futurs temples
seraient plus petits, de manière à ce que lon pût en construire davantage de par
le monde. En outre, sous forme de film, ces cérémonies pouvaient être présentées en
plusieurs langues avec seulement un petit groupe de servants des ordonnances du temple
pour assurer le service.
Les personnes qui avaient reçu la responsabilité de localiser ces temples étaient
convaincues quelles avaient laide divine. Les dirigeants de la mission suisse
connurent de longues difficultés en voulant acquérir un emplacement quils avaient
choisi et demandèrent laide du Seigneur. Ils trouvèrent immédiatement un
emplacement plus grand pour la moitié du prix; ils ne tardèrent pas à apprendre que
lemplacement quils avaient dabord choisi était devenu inutilisable à
cause de la construction inattendue dune grande route sur une partie du lot. Quand
le prix demandé à lorigine pour la parcelle de terrain du temple de
Nouvelle-Zélande parut excessif, les hommes de loi représentant les propriétaires et
lÉglise revirent la question et parvinrent indépendamment exactement au même
chiffre moins élevé. Les ingénieurs déconseillèrent la construction du temple de
Londres sur le terrain choisi par le président McKay parce quil était trop
marécageux, mais on découvrit de la roche à la profondeur qui convenait pour soutenir
les fondations.
TEMPLES MODERNES EN AMÉRIQUE DU NORD. Pendant la décennie 1964-1974, quatre temples
supplémentaires furent consacrés aux États-Unis. Le temple dOakland (1964) avait
été impatiemment attendu par les saints du nord de la Californie. Quarante ans plus
tôt, George Albert Smith avait parlé tandis quil était à San Francisco du jour
où un beau temple surmonterait les collines de lEast Bay et serait un fanal pour
les bateaux naviguant le Golden Gate. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, un terrain
devint libre dans les collines dOakland. Cependant, deux décennies passèrent en
attendant que la croissance de lÉglise dans la région justifie la construction
dun temple. Le temple dOakland utilise maintenant la projection de film pour
présenter la cérémonie de la dotation. Trois salles spacieuses permettent à de grands
groupes de recevoir ces instructions simultanément.
Quoique les anciens dirigeants eussent parlé de futurs temples à Ogden et à Provo,
lannonce, faite en 1967, de la construction de ces deux temples dUtah surprit
beaucoup de saints des derniers jours. Les dirigeants de lÉglise expliquèrent que
le temple de Salt Lake City était utilisé au-delà de sa capacité, de sorte que la
construction de deux nouveaux temples dans le voisinage soulagerait la pression et
réduirait également le temps de voyage pour les saints dOgden et de Provo. Quand
les temples furent terminés cinq ans après, chacun comptait six salles de dotation, ce
qui allait permettre à un nouveau groupe de commencer la présentation toutes les vingt
minutes pour un total maximum de soixante sessions quotidiennement.
Le temple de Washington D.C. non seulement répondait aux besoins des saints habitant
lEst des États-Unis et le Canada mais, étant situé près de la capitale des
États-Unis, devint un monument pour lÉglise rétablie. Les architectes le
conçurent comme adaptation moderne et facilement reconnaissable du modèle bien connu à
six tours du temple de Salt Lake City. Avec sa flèche centrale du côté est, haute de 87
mètres, il est le plus grand de tous les temples de lÉglise dans le monde. Le
temple de Washington comprenait un complexe de six salles de dotation et devint le
deuxième temple du vingtième siècle à avoir la grande salle dassemblée de la
prêtrise à létage.
Pendant les années 1970, le temple dArizona et plusieurs autres temples furent
transformés en vue de la projection de film dans la présentation de la dotation. Comme
les transformations avaient été considérables, des portes ouvertes furent organisées
avant la reconsécration des temples. Pendant cette même décennie, on commença la
construction de trois autres grands temples en Amérique du Nord: celui de Seattle
(consacré en 1980), le premier dans le Nord-ouest Pacifique des États-Unis, celui de
Jordan River (1981), le deuxième de la vallée du lac Salé et celui de Mexico (1983),
qui se caractérise par un style architectural maya. Tandis quil assistait à la
consécration du temple de Mexico, Ezra Taft Benson se sentit poussé à mettre
laccent sur le Livre de Mormon, un thème qui devait plus tard caractériser son
administration comme président de lÉglise.
EXPANSION MONDIALE. En 1976, deux révélations (maintenant D&A 137 et 138) furent
ajoutées aux ouvrages canoniques. Lune delles rapportait la vision que Joseph
Smith avait eue du royaume céleste en 1836. Lautre racontait la vision que le
président Joseph F. Smith avait eue en 1918 montrant le Sauveur organisant les justes
pour prêcher son Évangile dans le monde des esprits des morts. Les deux contribuaient à
la compréhension que les saints avaient du salut pour les morts et donnèrent un élan
nouveau à une construction sans précédent de temples.
Des plans avaient déjà été annoncés pour des temples à Sao Paulo et à Tokyo, les
premiers en Amérique du Sud et en Asie, respectivement. Puis, en 1980, une accélération
spectaculaire se produisit quand la Première Présidence annonça que lon allait
construire sept nouveaux temples. Il sagissait du premier temple du sud-est des
États-Unis, de deux autres temples en Amérique du Sud et de quatre dans le Pacifique.
Lannée suivante, les plans pour neuf autres temples étaient annoncés: deux aux
États-Unis, en Europe et en Amérique latine, plus un temple en Corée, aux Philippines
et en Afrique du Sud. Dès 1984, des plans pour construire dix temples de plus étaient
annoncés, notamment un en République démocratique allemande. Ces temples étaient plus
petits que la plupart de ceux qui avaient été construits les décennies précédentes.
Comme beaucoup furent construits en même temps, ils sont de conception semblable.
La plupart de ces nouveaux temples se trouvaient là où ils pouvaient rendre les
bénédictions du temple accessibles aux vivants même sils ne pouvaient pas
contribuer un grand nombre dordonnances pour les morts. Plus que jamais auparavant,
les temples étaient à la portée des saints des derniers jours vivant de par le monde,
qui accueillirent la construction de ces temples avec reconnaissance et joie. Quand le
président Spencer W. Kimball annonça lintention de construire le temple de Sao
Paulo, par exemple, un ah ! parcourut limmense assemblée réunie pour la
conférence de région du Brésil; les larmes aux yeux, les familles, partout dans la
salle, sembrassèrent à cette nouvelle. Les dirigeants de lÉglise dirent que
plutôt que de sacrifier les gains de toute une vie pour atteindre un temple éloigné,
les membres devraient maintenant faire une autre sorte de sacrifice: trouver du temps pour
aller régulièrement à leur temple.
Les saints des derniers jours comptent que cette expansion rapide de la construction de
temples continuera. Les ordonnances sacrées du temple doivent être rendues accessibles
à tous. Brigham Young a prophétisé que pendant le millénium, des milliers de temples
parsèmeraient la terre. À ce moment-là, des dizaines de milliers de fidèles y
entreront pour accomplir les ordonnances sacrées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
BÉNÉDICTIONS DU TEMPLE POUR LES MORTS. Quand ils faisaient des baptêmes par procuration
pour leurs proches parents, les saints de Nauvoo disposaient aisément des informations à
leur sujet. Des recherches généalogiques plus difficiles savérèrent pourtant
nécessaires quand les membres de lÉglise durent sacquitter de leur
responsabilité de fournir les bénédictions du temple à tous leurs ancêtres décédés
aussi loin quils pouvaient remonter. Lintroduction des dotations pour les
morts en 1877, qui prenait bien plus de temps que les baptêmes, représenta une expansion
importante dans lengagement des membres de lÉglise vis-à-vis du temple.
Jusqualors les saints navaient accompli les ordonnances par procuration que
pour leurs propres parents ou amis décédés. Or, tandis quil dirigeait la mise en
uvre du service par procuration au temple de St-George, Wilford Woodruff avait
déclaré que le Seigneur permettrait aux membres de sentraider dans cette
uvre importante.
Une autre innovation se produisit au début du vingtième siècle lorsque les gens qui
vivaient dans des champs de mission lointains furent autorisés à envoyer au temple les
noms de leurs proches décédés où dautres représentants accompliraient les
ordonnances. Les dirigeants de lÉglise exhortèrent alors les membres vivant près
dun temple de consacrer du temps pour assurer ce service altruiste. Dans le temple
de Salt Lake City, par exemple, il ny avait eu au début quune session de
dotation par jour. Mais en 1921, il y en avait jusquà quatre et en 1991, dix.
Avec le nombre de plus en plus important des temples, le nombre des dotations effectuées
augmenta. À partir des années 1960, les dirigeants de lÉglise demandèrent donc
aux employés de la Société généalogique dUtah de se procurer des noms à
laide de microfilms des registres détat civil et de les rendre disponibles
pour luvre du temple. Dès le début des années 1970, des trois-quarts de
tous les noms pour des ordonnances du temple étaient envoyés de cette manière.
Pour permettre aux membres de jouer un rôle plus grand dans lenvoi de noms pour les
temples, on leur permit, en 1969, denvoyer des noms séparés plutôt que seulement
dans une feuille de groupement de famille. Les ordinateurs pouvaient ensuite aider à
déterminer les liens familiaux. À partir de 1978, de petits groupes de membres de
lÉglise furent appelés à passer quelques heures chaque semaine à participer au
programme dextraction des noms, cest-à-dire à copier les noms et les
données figurant sur les archives microfilmées. De cette façon, la plupart des noms
pour luvre du temple étaient fournis par des membres plutôt que par des
professionnels au siège de lÉglise. En 1988, la cent millionième dotation pour
les morts était accomplie; on en fit plus de cinq millions cette année-là.
LA MAISON DU SEIGNEUR. Comme lIsraël antique, les saints des derniers jours
considèrent les temples comme des lieux sacrés mis à part comme endroits où ils
peuvent aller se rapprocher de Dieu et recevoir de lui des révélations et des
bénédictions (D&A 97:15-17; 110:7-8). Ce nest pas lédifice en tant que
tel qui est la source de sa sainteté. Cest plutôt le fait de la personnalité de
ceux qui entrent et des ordonnances et des instructions sacrées quils y reçoivent
qui nourrissent latmosphère spirituelle que lon trouve dans le temple. Quand
les membres entrent dans cette sainte maison et centrent leurs pensées sur le service
dautrui, leur propre compréhension séclaircit et ils reçoivent la solution
à leurs problèmes.
À cause de la nature spirituelle de lactivité du temple, la préparation
personnelle est essentielle. Les saints des derniers jours insistent sur le fait que les
cérémonies du temple sont sacrées. Ceci est conforme à la pratique antique, par
exemple, de nadmettre que des personnes spécifiquement qualifiées dans
lenceinte la plus sacrée du Tabernacle. La fonction des dirigeants locaux de
lÉglise, quand ils délivrent des recommandations à lusage du temple, est
non seulement détablir la dignité et la préparation de la personne mais
dassurer également la sainteté du temple.
Bibliographie
Ouvrages traitant des temples et de leurs ordonnances : James E. Talmage, La Maison du
Seigneur ; Boyd K. Packer, Le Temple sacré, explique lesprit et limportance
de luvre du temple ; Richard O. Cowan dans Temples to Dot the Earth, Salt Lake
City, 1989, donne lhistorique des temples de lÉglise et du service du temple.
Il y a une étude en profondeur sur lorigine ancienne dans Hugh Nibley, Message of
the Joseph Smith Papyri : An Egyptian Endowment, Salt Lake City, 1975 ; N. B. Lundwall,
Temples of the Most High, Salt Lake City, 1971, contient les prières de consécration et
des descriptions de certains temples; Royden G. Derrick dans Temples in the Last Days,
Salt Lake City, 1987 contient un recueil dessais sur des sujets liés au temple ;
Laurel B. Andrew explique les influences architecturales dans son Early Temples of the
Mormons (Albany, N.Y., 1989).
RICHARD O. COWAN
Temples:
Consécration des temples de lÉglise
Auteur: HAYCOCK, D. ARTHUR
La consécration dun temple est un acte cérémoniel
suprêmement sacré dans lÉglise, qui consacre le bâtiment au Seigneur avant que
ne commence luvre des ordonnances du temple. Depuis la consécration du temple
de Kirtland en 1836 jusquen 1990, quarante-six temples ont été consacrés.
La consécration dun temple est un moment de grandes réjouissances et de
célébrations spirituelles. Les hommes, les femmes et parfois les enfants qui vivent dans
le district qui va être desservi par le temple et ont une recommandation à lusage
du temple sont invités aux sessions tenues dans ou à côté du temple. Ces cérémonies
sont répétées plusieurs fois afin de recevoir tous ceux qui peuvent participer. La
plupart viennent dans lesprit du jeûne et de la prière. Les cérémonies
comportent des hymnes choraux sacrés et des discours spéciaux de la part des Autorités
générales. Une prière de consécration officielle est faite sous lautorité
apostolique. Traditionnellement, ces prières traitent de la totalité de la dispensation
moderne, invoquant les bénédictions divines sur toute lhumanité, les vivants et
les morts. Elles ont souvent été prophétiques en ce qui concerne les événements du
monde (voir D&A 109).
À un certain moment, dans toutes les consécrations de temples, lassemblée se
lève et, tout en agitant des mouchoirs blancs, pousse ensemble trois fois le cri:
«Hosanna, hosanna, hosanna, à Dieu et à lAgneau» (voir Cri de Hosanna). Cette
expression solennelle a été présentée par Joseph Smith à Kirtland (voir D&A
19:37; 36:3; 39:19). Elle rappelle les louanges criées par les disciples de Jésus tandis
quil descendait du mont des Oliviers (Mt. 21:1-11) et les cris des multitudes en
Amérique entourant le temple au pays dAbondance: «Béni soit le nom du Dieu
Très-Haut» (3 Né. 11:17); il fait également écho au «pour célébrer et pour louer
lÉternel» par des voix et des instruments lors de la consécration du temple de
Salomon (2 Ch. 5:11-14).
La consécration dun temple est en fin de compte la consécration du peuple. Dans
lesprit du sacrifice, il le construit et dans le même esprit il y accomplit les
ordonnances sacrées. La consécration met le bâtiment à part de tous les autres
édifices de lÉglise. Il devient un sanctuaire consacré non pour des sessions
ordinaires du culte du sabbat mais pour laccomplissement quotidien des ordonnances
du temple.
Tous les dons de lEsprit et de la sainte prêtrise mentionnés dans lÉcriture
se sont manifestés à un moment ou lautre dans les déversements spirituels qui ont
accompagné les consécrations de temples, dont des visions, des révélations, des
guérisons, le discernement et la prophétie de même que les fruits de lEsprit:
amour, joie, paix, longanimité, gentillesse, humilité, foi. Pour les saints des derniers
jours, en de telles occasions cest comme si les temples terrestres et célestes se
réunissaient et comme si les réjouissances des hommes dignes dautrefois se
mêlaient à celles des mortels. Ces expériences et le service qui se fait ensuite dans
les temples mènent à «la communion et [à] la présence de Dieu le Père, et de Jésus,
le médiateur de la nouvelle alliance» (D&A 107:19). Ce sont des démonstrations
terrestres de lunité céleste. Le président Wilford Woodruff a écrit: «Le plus
grand événement de lannée [1893] a été la consécration du temple du Grand Lac
Salé. Le pouvoir de Dieu sest manifesté
et beaucoup de choses ont été
révélée» (journal de Wilford Woodruff, 31 déc. 1893, HDC).
Bibliographie
Woodbury, Lael. « The Origin and Uses of the Sacred Hosanna Shout ». Sperry Lecture
Series, Provo, Utah, 1975.
D. ARTHUR HAYCOCK
Temples: Administration des temples
Auteur: SIMPSON, ROBERT L.
Ladministration et le fonctionnement interne
dun temple sont conçus pour refléter la foi des membres de lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours que chaque temple est à tous égards «la
maison du Seigneur». Ce nest que dans les temples consacrés que certaines
ordonnances sacrées peuvent être accomplies, que certaines alliances peuvent être
contractées entre lhomme et Dieu et que peut être faite la promesse de certaines
bénédictions. Grâce à eux, une personne peut comprendre plus complètement le but de
la vie terrestre, la destinée finale de lhumanité et limportance
dacquérir des qualités chrétiennes dans notre condition mortelle.
ENTRÉE DANS LE TEMPLE. Tous ceux qui entrent dans le temple doivent venir en tant que
membres dignes dûment certifiés par les dirigeants ecclésiastiques: lévêque et
le président de pieu. La recommandation à lusage du temple ou attestation
autorisant la personne à entrer dans le temple est présentée à larrivée au
préposé du bureau des recommandations. Les signatures sont vérifiées ainsi que la date
déchéance. La recommandation est délivrée pour une période de deux ans.
Chacun dans le temple, les servants du temple aussi bien que les visiteurs, shabille
de blanc et ne porte pas dornements profanes. Tous sont invités à parler à voix
basse et à sabstenir de pensées et de conversations étrangères à ces lieux, qui
nuisent à lambiance spirituelle du sanctuaire.
Le temple nest pas utilisé pour le culte du dimanche mais est plutôt un édifice
sacré où des ordonnances peuvent être accomplies et des alliances faites dans une
dignité paisible, loin des soucis et du vacarme du monde extérieur. Le temple est fermé
le dimanche, le jour où les membres rendent le culte et étudient dans leurs églises de
paroisse. Le temple est normalement fermé le lundi aussi pour les travaux de nettoyage et
dentretien en vue des jours où il fonctionne.
SUPERVISION GÉNÉRALE. Tous les temples sont administrés sous la direction de la
Première Présidence de lÉglise et du Collège des douze apôtres. Le Département
des Temples, sous la direction de la Première Présidence et avec les conseils du Conseil
exécutif de la Prêtrise est lorganisme responsable de la supervision de tous les
temples. Une attention particulière est accordée à ce qui suit: Accomplissement
correct de toutes les ordonnances du temple selon les formes scripturaires telles
quapprouvées par la Première Présidence Entretien et sécurité des
temples et des espaces verts Équipement technique de tous les temples,
particulièrement léquipement audiovisuel et les ordinateurs Relations entre
les personnes dans tous les temples Questions budgétaires Supervision des
inventaires des vêtements du temple Gestion des blanchisseries et des cafétérias
dans les temples
PRÉSIDENCE DU TEMPLE ET SERVANTS. Le président du temple est choisi et appelé à son
poste par la Première Présidence de lÉglise. Cest un appel de
lÉglise habituellement pour deux à trois ans. Normalement lépouse du
président du temple remplit les fonctions dintendante du temple. Le président est
aidé par deux conseillers et lintendante par deux assistantes. Chaque temple a un
greffier.
LE CONSEIL EXÉCUTIF DU TEMPLE. Le président du temple, ses conseillers,
lintendante du temple et le greffier constituent le comité exécutif du temple. Ils
se réunissent chaque semaine pour faire toute la planification principale. Quand
cest nécessaire, dautres personnes clefs sont invitées à cette réunion.
SERVANTS BÉNÉVOLES. Chaque temple dépend fortement sur laide de servants
bénévoles pour ladministration des ordonnances du temple. Un grand temple peut
avoir jusquà deux mille servants bénévoles. Ces servants des ordonnances, qui se
voient habituellement affectés à deux équipes de six heures par semaine, aident les
visiteurs pendant quils participent aux baptêmes, aux confirmations, à la dotation
et aux scellements dans le temple.
Tous ces servants sont recommandés par leurs dirigeants locaux de la prêtrise. Chaque
personne recommandée est autorisée par la Première Présidence de lÉglise, nom
après nom. Ce procédé souligne limportance de ceux qui sont choisis pour aider
dans le temple. Chaque servant des ordonnances est finalement interviewé avec soin par le
président du temple ou lun de ses conseillers qui, une fois satisfait quant à la
dignité, à lattitude et aux aptitudes personnelles, met la personne à part par
imposition des mains pour lui conférer lautorité essentielle pour officier dans
les ordonnances du temple.
FORMATION DES SERVANTS DU TEMPLE. Le président du temple tient absolument à ce que tout
ce qui se passe dans le temple soit en accord complet avec les désirs et les stipulations
des Écritures et de la Première Présidence de lÉglise. Le temple est une
«maison de gloire», «dordre», «de Dieu» (D&A 88:119). Chaque servant des
ordonnances passe par un premier programme de formation où les actions et les termes des
ordonnances et des alliances qui doivent être administrées sont mémorisés et
répétés. En plus des instructions initiales, il y a une formation continue destinée à
garantir que tout se fait chaque jour dune façon acceptable. Toute la formation se
fait dune façon paisible et gentille.
Chaque équipe (quarante à quatre-vingts servants) commence la journée par une réunion
de prière qui donne une ambiance spirituelle et permet de donner les instructions pour le
travail qui est à faire. Habituellement, quelques minutes de chaque réunion de prière
sont consacrées à un suivi de formation. Toutes les personnes chargées de former les
autres sont choisies avec soin et dans lesprit de la prière par la présidence du
temple et lintendante.
SCELLEURS DU TEMPLE. Un scelleur dans le temple a lautorité de sceller les familles
pour le temps et pour toute léternité, maris et épouses entre eux et enfants aux
parents. Le processus de scellement des familles pour le temps et léternité est
lessence même de luvre du temple et une pierre de fondation importante
de la théologie des saints des derniers jours. Les membres masculins dignes dont la
fidélité, les capacités et lintégrité sont démontrées peuvent être appelés
à être scelleurs dans le temple. Tous les appels et toutes les autorisations de ce genre
viennent de la Première Présidence de lÉglise.
LE BAPTISTÈRE. Le baptistère du temple est utilisé pour les baptêmes par procuration,
les personnes vivantes étant baptisées pour et en faveur des personnes décédées qui
ont vécu dans la condition mortelle sans avoir loccasion de recevoir cette
ordonnance sacrée.
Le programme fondamental recommandé est que les membres de lÉglise accomplissent
cette uvre pour leurs ancêtres décédés; il nest cependant pas essentiel
quil y ait une relation de parenté démontrée pour que luvre soit
valide. Les hommes sont représentants pour les hommes, les femmes pour les femmes.
Les baptêmes pour les morts font souvent participer les jeunes de douze à dix-sept ans.
Sur rendez-vous, ils passent deux à trois heures dans la salle du baptistère du temple,
chaque personne étant habituellement baptisée pour une vingtaine de personnes
décédées ou davantage. Ils shabillent de vêtements de baptême entièrement
blancs, assistent à un bref service de culte et puis participent aux baptêmes par
procuration. Ceux qui accomplissent le baptême sont souvent les adultes masculins qui
voyagent avec le groupe et lencadrent.
Il est entendu que dans le monde desprit, toutes les personnes pour qui
luvre du temple par procuration est effectuée auront entendu parler de
lÉvangile et de ses ordonnances (voir Salut des morts; Temples: Significations et
fonctions des temples).
Bibliographie
Packer, Boyd K. Le temple sacré.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur.
ROBERT L. SIMPSON
Temples: Significations
et fonctions des temples
Auteur: NIBLEY, HUGH W.
Le temple est le lieu saint par excellence consacré au
culte de Dieu et au perfectionnement de son peuple de lalliance. Dans le temple, ses
fidèles peuvent contracter des alliances avec le Seigneur et invoquer son saint nom de la
façon quil a désignée et de la manière pure et originelle rétablie et mise à
part du monde. Le temple est construit de manière à représenter les principes
organisateurs de lunivers. Cest lécole où les mortels
sinstruisent sur ce sujet. Le temple est un modèle, une présentation, en termes
figurés, du schéma et du voyage de la vie sur terre. Cest un schéma stable, qui
rend sa comparaison avec dautres formes et traditions, notamment les plus antiques,
valable et instructive.
LE PLAN COSMIQUE. Depuis les temps les plus anciens, on construit des temples qui sont des
modèles réduits de lunivers. Cest chez Varron (116-27 av. J.-C.) que
lon trouve la première mention du mot latin templum. Il représentait pour lui un
bâtiment particulièrement conçu pour interpréter les signes dans les cieux, une sorte
dobservatoire où lon prend ses repères sur lunivers. La racine «tem»
dénote en grec et en latin lintersection de deux lignes à angle droit et par
conséquent lendroit où les quatre régions du monde se rencontrent, les temples
antiques étant soigneusement orientés pour exprimer «lidée de lharmonie
préétablie entre une image céleste et une image terrestre» (Jeremias, cité dans CWHN
4:358). Selon Varron, il y a trois temples: un dans le ciel, un sur terre et un sous la
terre (De Lingua Latina 7.8). Dans le concept du temple universel, ces trois sont
identiques, lun étant bâti exactement par-dessus lautre, le temple sur terre
étant au milieu de tout, représentant «le Pôle des cieux, autour duquel tous les
mouvements célestes tournent, le nud qui attache entre eux la terre et le ciel, le
siège de la domination universelle» (Jeremias, cité dans CWHN 4:358). Cest ici
que les quatre points cardinaux se rejoignent et cest ici que les trois mondes
entrent en contact. Que ce soit dans le Vieux Monde ou le Nouveau, lidée des trois
niveaux verticaux et des quatre régions horizontales dominait toute léconomie de
tels temples et des sociétés quils formaient et guidaient.
Les éléments essentiels du temple de Salomon nétaient pas dorigine païenne
mais étaient un point de contact avec lautre monde, présentant «un symbolisme
cosmique riche qui a été en grande partie perdu dans la tradition israélite et juive
postérieure» (Albright, cité dans CWHN 4:361). Les douze bufs (1 R. 7:23-26)
représentent le cercle de lannée et les trois degrés du grand autel représentent
les trois mondes. Selon le Talmud, le temple de Jérusalem, comme le trône de Dieu et la
loi elle-même, existait avant la fondation du monde (Pesahim 54a-b). Ses dimensions
étaient toutes sacrées et prescrites, avec des règles strictes concernant son
orientation vers lest.
Sa nature en tant que centre cosmique est rappelée de manière vive dans beaucoup de
passages de lAncien Testament et dans les représentations médiévales de la ville
de Jérusalem et du Saint Sépulcre. Celles-ci montrent le temple comme centre exact ou
nombril de la terre. Cest dans une imitation délibérée des idées juives et
chrétiennes que les musulmans ont conçu la Kaaba à la Mecque comme «non seulement
centre de la terre, [mais] centre de lunivers
Tout ciel, toute terre a son
centre marqué par un sanctuaire qui est son nombril» (Von Grunebaum, cité dans CWHN
4:359). Ce qui est lié sur terre est lié dans le ciel. Du temple de Jérusalem sont
sorties des idées et des traditions que lon trouve partout dans les mondes juif,
chrétien et musulman.
LE LIEU DE CONTACT. Comme centre rituel de lunivers, le temple était considéré
anciennement comme le point par excellence sur terre où les hommes et les femmes
pouvaient établir le contact avec les sphères supérieures. Les temples les plus anciens
nétaient pas, comme on le croyait autrefois, la résidence permanente de la
divinité, mais étaient des endroits dans lesquels les humains essayaient, à des moments
précis, dentrer en contact avec les puissances den haut. Le temple était un
bâtiment «que les dieux franchissaient pour passer de leur habitation céleste à leur
résidence terrestre
La ziggourat nest donc rien dautre que le support
de lédifice qui la surmonte et lescalier qui mène entre les mondes
supérieur et inférieur»; elle ressemblait à une montagne parce que «la montagne
elle-même était à lorigine un lieu de contact entre ce monde-ci et le monde
den haut» (Parrot, cité dans CWHN 4:360).
Les recherches sur les temples les plus anciens représentés sur les sceaux
préhistoriques concluent que ces édifices étaient également des «autels
gigantesques» construits à la fois pour attirer lattention des puissances
den haut (lholocauste étant une sorte de signal de fumée) et pour fournir
«les escaliers que le dieu, en réponse aux prières, utilisait pour descendre sur la
terre
apportant un renouvellement de la vie sous toutes ses formes» (Amiet, cité
dans CWHN 4:360). Dès le début, semblerait-il, on a construit des tours et des marches
pour des autels dans lespoir détablir le contact avec le ciel (Ge. 11:4).
En même temps, le temple est le lieu de rencontre avec le monde inférieur et le seul
point où le passage entre les deux est possible. Dans les documents chrétiens les plus
anciens, les portes et les clefs sont étroitement liées au temple. Certains savants ont
noté que les clefs de Pierre (Mt. 16:19) ne peuvent être que les clefs du temple et
beaucoup détudes ont démontré lidentité du tombeau, du temple et du palais
comme endroit où les puissances de lautre monde sont exercées pour le profit
éternel du genre humain (cf. CWHN 4:361). Les portes de lenfer ne lemportent
pas contre celui qui détient ces clefs, quelles que soient les souffrances que
lÉglise puisse endurer sur terre. Invariablement les rites du temple sont ceux des
ancêtres et les personnages principaux sont les premiers parents de lespèce (voir,
par exemple, Huth, cité dans CWHN 4:361, note 37).
LE DRAME RITUEL. Les rites primitifs et originaux du temple sont des répétitions
théâtrales des événements qui ont marqué le commencement du monde. Ce drame de la
création nétait pas simple, parce quune partie indispensable de
lhistoire est la mort et la résurrection rituelle du roi, qui représente le
fondateur et le premier père de lespèce et son triomphe final sur la mort comme
prêtre et roi, suivi dune certaine forme de hieros gamos ou mariage rituel, afin
dengendrer lespèce. Ce «drame de lannée», maintenant bien connu, se
retrouve en beaucoup dendroits dans la théologie memphite dÉgypte,
dans les rites babyloniens du nouvel an, dans la grande célébration profane des Romains,
dans le panagyris et les débuts du théâtre grec, dans les textes du temple de Ras
Shamra, et dans les cycles mythologiques celtiques. On accomplissait ces rites «parce que
la Divinité le Premier Père de lespèce le faisait au commencement
et nous a commandé de faire la même chose» (Mowinckel, cité dans CWHN 4:362).
Le spectacle du temple est essentiellement une pièce présentant un problème, comportant
un combat central, qui peut prendre diverses formes mimétiques jeux, courses,
simulacres de batailles, déguisements, danses ou scènes. Le héros est temporairement
battu par les puissances des ténèbres et vaincu par la mort, mais invoquant Dieu des
profondeurs, «il se relève et met à mort le faux roi, le faux Messie» (Weinsinck,
cité dans CWHN 4:363). Ce motif de la résurrection est essentiel à ces rites, dont le
but est la victoire finale sur la mort. Ces rites sont répétés annuellement parce que
le problème du mal et de la mort persiste pour le genre humain.
INITIATION. Les pèlerins qui peinaient pour atteindre les eaux de la vie qui sortaient du
temple nétaient pas des spectateurs passifs. Ils venaient pour obtenir connaissance
et régénération, laccession personnelle à la vie éternelle et à la gloire. Ce
but, ils sefforçaient de latteindre par la purification (ablutions),
linitiation et le rajeunissement, qui symbolisent la mort, la renaissance et la
résurrection.
Dans le temple de Salomon, on se servait dune vaste cuve de bronze pour les
ablutions rituelles et, à lépoque du Second Temple, les gens à Jérusalem
passaient beaucoup de leur temps à des immersions et à des ablutions. Le baptême est
une ordonnance spécifique toujours mentionnée en liaison avec le temple. «Quand on est
baptisé, on devient chrétien, écrit Cyrille, exactement comme en Égypte par le même
rite on devient un Osiris» (Patrologiae Latinae 12:1031), cest-à-dire, par
initiation dans limmortalité. Le baptême en question est une ablution plutôt
quun baptême, puisquil nest pas par immersion. Selon Cyrille, ceci est
suivi dune onction, faisant en quelque sorte de chaque candidat un messie.
Lonction du front, du visage, des oreilles, du nez, de la poitrine, etc.,
représente «le revêtement par le candidat de la panoplie protectrice du Saint-Esprit»
ce qui nempêche cependant pas linitié de recevoir un vrai vêtement à cette
occasion (CWHN 4:364). En outre, selon Cyrille, on rappelait au candidat que
lordonnance entière était «à limitation des souffrances du Christ» dans
lesquelles «nous souffrons sans douleur par la seule imitation sa réception des clous
dans ses mains et ses pieds: lantitype des souffrances du Christ» (Patrologiae
Graecae 33:1081). Les Juifs enseignaient autrefois que Michel et Gabriel feront remonter
tous les pécheurs du monde inférieur: «Ils les laveront et les oindront, les
guérissant de leurs blessures de lenfer et les revêtiront de beaux vêtements purs
et les introduiront dans la présence de Dieu» (R. Akiba, cité dans CWHN 4:364).
PERTE DES ORDONNANCES DU TEMPLE. La compréhension du temple et de ses rites antiques
finit par être corrompue et perdue pour plusieurs raisons.
Les Juifs et les chrétiens souffrirent considérablement, les uns et les autres, de la
part de leurs ennemis à cause du secret de leurs rites quils refusaient fermement
de mentionner ou de divulguer à cause de leur sainteté. Cela causa des malentendus et
ouvrit la porte à des falsifications effrénées: des sectes gnostiques prétendirent
avoir les rites et les ordonnances perdus des apôtres et des patriarches du passé. Des
dissidences et des factions apparurent. Une cause courante de schisme, tant parmi les
Juifs que parmi les chrétiens, étaient les prétentions dun groupe particulier
quil était encore le seul à posséder les mystères de Dieu.
Les rites devinrent lobjet de diverses écoles dinterprétation. En effet, la
mythologie est en grande partie une tentative dexpliquer lorigine et la
signification des rituels que les gens ne comprennent plus. Par exemple, le Talmud parle
dun Juif pieux qui quitta Jérusalem dégoûté, se demandant: «Que répondront les
Israélites à Élie quand il viendra ?» puisque les savants nétaient pas
daccord sur les rites du temple (Pesahim 70b; sur le rôle dÉlie, voir A.
Wiener, The Prophet Elijah in the Development of Judaism, Londres, 1978, pp. 68-69).
Des éléments rituels étaient largement copiés et usurpés. Les premiers pères
chrétiens prétendaient que des équivalents païens avaient été volés dans des
sources légitimes plus anciennes et pratiquement toutes les grandes mythologies parlent
dun grand usurpateur qui gouverne le monde.
Les études comparatives ont découvert un schéma commun à toutes les religions antiques
et ont remonté les processus de diffusion qui ont répandu les idées dans le monde
entier. La tâche de reconstruire le prototype original à partir des fragments dispersés
a été longue et laborieuse, et elle est loin dêtre achevée, mais un processus
indubitable sen dégage (CWHN 4:367).
Les reconstructions des grands rassemblements de population dans des complexes
cérémoniels imposants pour des rites consacrés au renouvellement de la vie sur terre
sont étonnamment uniformes. Dabord, il y a les preuves tangibles, la scène, les
accessoires de la pièce: les mégalithes, les tertres géants artificiels ou pyramides
semblables à des montagnes artificielles, les alignements de pierres et de fossés
dune complexité mathématique coordonnant le temps et lespace, les tombes à
couloir et les grands tholoï ou tombeaux voûtés, les routes sacrées, les restes de
cabanes, de tribunes, de chemins processionnels et de portails, tout cela survit dans une
combinaison impressionnante, avec tout son symbolisme cosmique.
En second lieu, il y a les preuves moins tangibles des coutumes, des légendes, des fêtes
populaires et des écrits antiques, qui, pris ensemble, évoquent le souvenir de
célébrations théâtrales et chorales de la Création, trouvant leur point culminant
dans le grand Cantique de la Création, les combats rituels entre la vie et la mort, le
bien et le mal, la lumière et les ténèbres, suivis du couronnement triomphal du roi
devant régner pendant la nouvelle ère, le géniteur de lespèce par un mariage
sacré, les alliances, les initiations (comprenant des ablutions et des onctions), les
sacrifices et les boucs émissaires pour débarrasser le peuple dune année de
culpabilité et de souillures, et divers types de divination et de consultation
doracles pour le nouveau cycle de vie.
AUTRES FONCTIONS DU TEMPLE. Beaucoup de choses entourant le temple nétaient pas
essentielles à sa forme ni à son fonctionnement, mais étaient les produits inévitables
de son existence. Les mots «hôtel», «hôpital» et «Templier» remontent à ces
organisations charitables qui soccupaient des pèlerins malades et las voyageant
vers les lieux saints. Les opérations bancaires apparurent au temple puisque les
pèlerins apportaient des offrandes et avaient besoin déchanger leur argent contre
des animaux à sacrifier, et le mot «monnaie» vient donc du temple de Junon Moneta, le
centre sacré du monde romain. En plus de cela, le troc et léchange animés des
marchandises lors des grands rites dannée donna naissance à la foire annuelle où
tous les contrats devaient être renouvelés et où les marchands, les artisans, les
interprètes et les charlatans étalaient leurs articles.
Les acteurs, les poètes, les chanteurs, les danseurs et les athlètes faisaient
également partie de la vie du temple, lélément de concurrence (lagonal)
étant essentiel à la lutte contre le mal et fournissant les aspects les plus populaires
et les plus excitants des fêtes. Le spectacle principal du temple, lactio, était
joué par les acteurs sacerdotaux du temple et les membres de la famille royale. La
Création était célébrée par un cantique de la création ¬ ou poema, le mot
poème signifiant «création» chanté par un chur qui, comme le mot grec le
montre, formait un cercle et dansait tout en chantant (CWHN 4:380).
Le temple était également le centre de la connaissance, en commençant par les
instructions célestes quon y recevait. Cétait le Museon ou demeure des
muses, représentant toutes les branches que lon étudiait: lastronomie, les
mathématiques, larchitecture et les beaux-arts. Les gens voyageaient dun
sanctuaire à lautre, échangeant la sagesse avec les sages, comme Abraham le fit en
Égypte. Étant donné que le jardin dÉden ou le motif de «lâge
dor», était essentiel à ce paradis rituel, les terrains des temples contenaient
des arbres et des animaux, souvent amenés de loin. Lélément central de
lécole du temple était la bibliothèque contenant des documents sacrés, notamment
les «Livres de Vie», les noms de tous les vivants et de tous les morts, aussi bien que
les ouvrages liturgiques et scientifiques.
Les rites du temple reconnaissaient le règne de Dieu sur terre par son agent et
descendant, le roi, qui représentait à la fois le premier homme et tous les hommes quand
il siégeait en jugement, faisant du temple le siège et la sanction finale de la loi et
du gouvernement. Le peuple se réunissait au lieu saint pour faire les contrats et les
alliances et pour régler les conflits.
LE TEMPLE ET LA CIVILISATION. Tout ceci indique que le temple est la source et pas un
dérivé du processus de civilisation. Sil ny a pas de temple, il ny a
pas de véritable Israël; et là où il ny a pas de vrai temple, la civilisation
elle-même nest quune coquille vide une structure matérielle de
convenance et de tradition uniquement, privée, à son centre, de lorgane qui, par
le passé, lui avait donné la vie et lavait fait sépanouir.
Beaucoup dinstitutions profanes occupent aujourdhui des édifices fidèlement
copiés des temples antiques. Léconomie du temple a été pervertie avec tout le
reste: les fêtes de la joie et de labondance sont devenues des orgies, les rites
sacrés du mariage ont été pervertis, les maîtres de sagesse sont devenus hautains et
pharisaïques, démontrant que tout peut être corrompu en ce monde, et comme le remarque
Aristote, plus loriginal est meilleur, plus la version corrompue est plus méchante.
LE RÉTABLISSEMENT ET LE TEMPLE. Les temples des saints des derniers jours incarnent
entièrement les fonctions et les significations non corrompues du temple. Le prophète
Joseph Smith a-t-il réinventé tout ceci en rassemblant les fragments juifs,
orthodoxes, maçonniques, gnostiques, hindous, égyptiens et ainsi de suite ? En fait, peu
de ces fragments étaient accessibles de son temps et ces fragments pauvres ne
sassemblent pas deux-mêmes pour faire un tout. Les saints des derniers jours
voient dans le caractère complet et la perfection des enseignements de Joseph Smith
concernant le temple une indication sûre de révélation divine. Cela se voit aussi dans
la conception du temple de Salt Lake City. On peut noter ses trois niveaux, son
orientation à lest, son emplacement en Sion, la mer de bronze sur le dos de douze
bufs contenant les eaux par lesquelles les morts, par procuration, passent à la vie
éternelle, les salles désignées pour des cérémonies répétant la création du monde
et beaucoup dautres éléments symboliques.
Luvre proprement dite que lon accomplit dans le temple, est un exemple
de lidée de temple, avec des milliers dhommes et de femmes qui uvrent
sans arrière-pensée. Ici le temps et lespace se retrouvent, les barrières
disparaissent entre ce monde et lautre, entre le passé, le présent et le futur.
Des prières solennelles sont offertes au nom de Jésus-Christ au Tout-Puissant. Ce qui
est lié ici est lié là-bas, et ce nest quici que lon peut ouvrir les
portes pour libérer les morts qui attendent les ordonnances salvatrices. Cest ici
que toute la famille humaine se réunit pour une entreprise commune; les archives du genre
humain sont assemblées aussi loin dans le temps que les recherches peuvent les trouver,
pour une uvre accomplie par la génération actuelle pour sassurer
quelle et ses ancêtres décédés passeront les éternités ensemble dans le futur.
Cest ici que, pour la première fois depuis bien des siècles, on peut voir un
temple véritable, fonctionnant comme temple dans le sens le plus plein et le plus pur du
mot.
Bibliographie
Nibley, Hugh W. Christian Envy of the Temple. Dans CWHN 4:391-434.
Id. « What Is a Temple ? » Dans CWHN 4:355-387.
Id. « The Hierocentric State », Western Political Quarterly 4, juin 1951, pp. 226-253.
Id. Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Packer, Boyd K. Le temple sacré.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur.
On trouvera une longue bibliographie sur les temples dans Donald W. Parry, Stephen D.
Ricks et John W. Welch, Temple Bibliography, Lewiston, N. Y., 1991.
HUGH W. NIBLEY
Temples: Temples au cours des
siècles
Auteur: RICKS, STEPHEN D.
Le centre de la communauté dans lIsraël antique et
dans dautres parties du Proche-Orient antique était le temple, institution de la
plus haute antiquité. Sa construction représentait régulièrement
laccomplissement suprême du règne dun roi. Ainsi, ce fut lévénement
central du règne du roi Salomon, éclipsant de loin nimporte laquelle de ses autres
réalisations (1 R. 6-8), et ce fut un événement crucial dans létablissement de
la monarchie néphite (2 Né. 5:16-18). La présence du temple représentait la stabilité
et la cohésion dans la communauté, et ses rites et cérémonies étaient considérés
comme essentiels au fonctionnement correct de la société. Par contre, la destruction
dun temple et la cessation de ses rites présageaient et symbolisaient la
dissolution de sa communauté et le retrait de la faveur de Dieu. La chute de Jérusalem
et de son temple (586 av. J.-C.), avec le pillage de ses trésors sacrés, a symbolisé,
comme aucun autre événement, la catastrophe qui est arrivée à Juda. Après le retour
des Juifs de lexil à Babylone (v. 500 av. J.-C.), les prophètes Aggée et Zacharie
rappelèrent constamment à leur peuple quaucune autre réalisation ne compenserait
sa négligence à reconstruire un temple. Les temples étaient si importants que, quand la
distance ou dautres circonstances rendaient le culte au temple de Jérusalem
impraticable, on en construisait dautres. Ainsi, des temples israélites furent
construits à Arad près de Beer-Schéba, à Éléphantine et à Léontopolis, en Égypte,
et un temple néphite fut érigé au pays de Néphi.
Plusieurs études ont prouvé que certaines caractéristiques réapparaissent
régulièrement dans les temples du Proche-Orient antique. Parmi les caractéristiques qui
ont été identifiées, qui distinguent le temple des bâtiments de culte ordinaires comme
la synagogue ou léglise, il y a: (1) le fait que le temple est construit sur
un espace séparé, sacré et mis à part; (2) le temple et ses rituels sont enrobés de
secret; (3) le temple est orienté vers les quatre régions du monde ou points cardinaux;
(4) le temple exprime par son architecture lidée dascension vers le ciel; (5)
les plans du temple sont révélés par Dieu à un roi ou à un prophète; et (6) le
temple est un lieu de sacrifice (Lundquist, pp. 57-59).
Les saints des derniers jours reconnaissent parmi ces caractéristiques plusieurs qui sont
celles des temples israélites antiques aussi bien que des leurs. Par exemple,
lemplacement des temples israélites antiques et des temples modernes des saints des
derniers jours est considéré comme saint, avec accès limité à certaines personnes
dont il est attendu quelles aient «les mains innocentes et le cur pur» (Ps.
24:3-6; cf. Ps. 15; És. 33:14-16; voir Recommandation à lusage du temple). Comme
le tabernacle et le temple dans lIsraël antique, beaucoup de temples des saints des
derniers jours sont orientés de manière à ce que lentrée cérémonielle
principale (indiquée par linscription «HOLINESS TO THE LORD» sur les temples
modernes) soit face à lest. Les temples israélites antiques étaient divisés en
trois sections, chacune représentant une étape progressivement plus élevée, allant du
monde den bas jusquau ciel; on peut reconnaître le même genre de symbolisme
dans les temples de lÉglise. Les plans du temple de Salomon ont été révélés au
roi Salomon. De même, les plans de beaucoup de temples des saints des derniers jours ont
été reçus par révélation.
Que se passait-il dans les temples de lAntiquité ? Le temple est un lieu de
sacrifice, une pratique qui est bien attestée dans lIsraël antique. On ne trouve
pas de sacrifices danimaux dans les temples des saints des derniers jours parce que
les sacrifices sanglants ont trouvé leur accomplissement dans la mort de Jésus (3 Né.
9:19). Il nempêche que les saints des derniers jours apprennent dans leurs temples
à observer les principes éternels du sacrifice dun cur brisé et dun
esprit contrit (3 Né. 12:19). En outre, à lintérieur des temples du Proche-Orient
antique, les rois, les prêtres du temple et les fidèles recevaient des ablutions et
lonction et étaient vêtus, couronnés et symboliquement initiés dans la présence
de la Divinité et donc dans la vie éternelle. Dans lIsraël antique, comme
ailleurs, cest dans la consécration du prêtre et le couronnement du roi que
lon voit le mieux ces détails. Les ordonnances du temple dans lÉglise sont
accomplies dans un contexte chrétien de royauté masculine et féminine et de prêtrise
éternelles.
On retrouve aussi les caractéristiques du culte du temple décrites ci-dessus dans
beaucoup dautres cultures depuis les temps anciens jusquaux temps modernes. Il
y a plusieurs explications possibles à cela. Selon le président Joseph F. Smith, on
comprend mieux certaines de ces ressemblances si on considère quelles se sont
répandues par diffusion à partir dune source antique commune:
«Il ne fait pas de doute que la postérité dAdam a emporté la connaissance de
cette loi [de sacrifice] et des autres rites et cérémonies dans tous les pays et
quelle la conservée plus ou moins pure, jusquau déluge et, par Noé,
qui était un «prédicateur de justice», la transmise à ceux qui lui ont
succédé, se répandant dans toutes les nations et tous les pays
Si les païens ont
des points de doctrine et des cérémonies ressemblant
à ceux
des Écritures,
tout ce que cela prouve
cest que ce sont les traditions des pères transmises
par eux
et quelles resteront attachées aux enfants jusquà la dernière
génération, bien quelles puissent ségarer dans les ténèbres et la
perversion, jusquà ne plus avoir quune légère ressemblance avec leur
origine, qui était divine» [JD 15:325-326].
Quand Jésus chassa les changeurs du temple quil appelait «la maison mon Père»
(Jn. 2:16), ce fut la démonstration de ce quil tenait à la sainteté des
sanctuaires de lIsraël antique. Les déclarations dÉtienne et de Paul que
«le Très-Haut n'habite pas dans ce qui est fait de main d'homme» (Ac. 7:48; 17:24; cf.
És. 66:1-2) nimpliquent ni lune ni lautre un rejet du temple, mais
plutôt un argument contre lidée que Dieu puisse être confiné dans un bâtiment.
Lors de la dédicace du temple de Jérusalem, Salomon dit de même: «Les cieux et les
cieux des cieux ne peuvent te contenir: combien moins cette maison que je t'ai bâtie !»
(1 R. 8:27; 2 Ch. 6:18). Jusquau quatrième siècle apr. J.-C., les chrétiens
pouvaient encore montrer lendroit sur le mont des Oliviers «où lon dit que
le sanctuaire du Seigneur, cest-à-dire le temple, doit être construit et où il se
tiendra pour toujours
quand, comme on le dit, le Seigneur viendra avec la Jérusalem
céleste à la fin du monde» (Nibley, p. 393).
Bien que lidée du temple ait été quelque peu submergée par la suite dans la
conscience des Juifs et des chrétiens, on ne la jamais complètement oubliée.
Comme Hugh Nibley le fait remarquer, lÉglise chrétienne sentait quelle ne
possédait rien qui pût remplacer adéquatement le temple. Jérusalem est restée au
centre des cartes médiévales du monde et lemplacement du temple était parfois
aussi indiqué sur ces cartes. Quand ils libérèrent les lieux saints à Jérusalem, les
Croisés visitèrent lemplacement du temple juste après celui du saint Sépulcre,
alors quil ny avait plus eu de temple là-bas pendant plus de mille ans
(Nibley, pp 392, 399-409).
Les Juifs et les chrétiens qui prennent au sérieux et littéralement la vision de la
reconstruction du temple dans Ézéchiel sattendent à ce que dans le plan de Dieu
un futur temple y soit reconstruit, comme ils espèrent la reconstitution des tribus
distinctes dIsraël (Ricks, pp. 279-280). Après la destruction du temple par les
Romains en 70 apr. J.-C., les Juifs ont continué à vivre sans lui, mais il a conservé
un rôle important dans leur pensée et leur étude. À notre époque, le temple reste
important pour certains Juifs, qui continuent à étudier leurs textes sacrés à son
sujet.
Bibliographie
Lundquist, John M. «The Common Temple Ideology in the Ancient Near East». Dans The
Temple in Antiquity, dir. de publ. T. Madsen, pp. 53-74. Provo, Utah, 1984.
Nibley, Hugh W. Christian Envy of the Templer. Dans CWHN 4:391-433.
Ricks, Stephen D. The Prophetic Literality of Tribal Reconstruction. Dans
Israels Apostasy and Restoration: Essays in Honor of Roland K. Harrison, dir. de
publ. A. Gileadi, pp. 273-281. Grand Rapids, Mich., 1988
STEPHEN D. RICKS
Terre
Auteur : Petersen, Morris S.
Les saints des derniers jours croient que Dieu a créé la
terre afin de fournir à ses enfants, le genre humain, la possibilité de recevoir un
corps physique et dentendre et accepter son Évangile afin de se préparer à vivre
un jour avec lui sur une terre célestialisée. Ils croient également que cette terre
deviendra finalement un monde céleste glorifié. Jésus-Christ, sous la direction de Dieu
le Père, a été le Créateur de la terre et de tout ce qui sy trouve (Jean
1:1-3).La Création a tout d'abord été une création desprit suivie de la
création physique de la planète et de ce qui y vit. Un érudit, membre de
lÉglise, a observé : « Les saints des derniers jours sont le seul peuple de
tradition biblique à avoir toujours appris que des choses se sont produites longtemps,
longtemps avant quAdam ne fasse son apparition. » (Cwhn 1:49) Parce que Dieu a
créé la terre en vue de ces objectifs éternels, les saints des derniers jours
considèrent ses ressources naturelles et ses formes de vie comme une intendance sacrée
quil faut utiliser de manière à assurer leur disponibilité pour toutes les
générations futures. Les écritures modernes enseignent aussi la pluralité des mondes.
En soi, ce n'est pas un concept unique parmi les religions du monde, mais la doctrine
mormone est distinctive (Crowe, p. 241-246).
L'âge de la terre. Les Écritures ne disent pas quel âge a la terre, et l'Église n'a
pris aucune position officielle sur cette question (Ancien Testament, p. 28-29). Elle ne
considère pas cela non plus comme quelque chose dessentiel au salut.
Les avis sur l'âge de la terre proposent différentes interprétations du mot « jour »
dans les récits de la création. Très peu de saints des derniers jours soutiennent la
théorie selon laquelle les jours de la création auraient été de vingt-quatre heures.
Certains ont tenté d'associer les théories scientifiques aux récits bibliques de la
création en étendant la longueur des jours de la création à mille ans chacun. Il y
aurait un soutien potentiel pour ce point de vue dans les Écritures là où elles disent
que « devant le Seigneur, un jour est comme mille ans » (2 Pierre 3:8 ; cf. Abr 3:2-4 ;
5:13 ; Fac-similé nº 2).
Mais comme même sept mille ans nont aucun rapport avec les milliards d'années
avancées par les calculs scientifiques contemporains, beaucoup de saints des derniers
jours ont soulevé la possibilité que les jours mentionnés dans les récits de la
création aient pu être des périodes de temps bien plus vastes. Ils relèvent le fait
que « le mot hébreu traduit par jour
peut également être utilisé dans le sens
d'une durée indéterminée » et le fait que dans son récit de la création Abraham dit
« que les Dieux appelèrent jours les périodes de la création » (Ancien Testament, p.
28-29 ; voir Eyring ; Abr 4:5, 8).
Origine et destin de la terre. Joseph Smith a écrit, « Nous croyons... que la terre sera
renouvelée et recevra sa gloire paradisiaque » (10e A de F). La révélation moderne
déclare que la terre est destinée à devenir un corps céleste, apte à être la demeure
des êtres les plus exaltés ou les plus célestes (D&A 88:18 -20, 25-26). Ceci
diffère totalement des croyances chrétiennes traditionnelles que le paradis est le lieu
d'habitation pour tous les êtres sauvés et qu'après l'accomplissement de son rôle
utile la terre deviendra inhabitée ou sera détruite. Doctrine et Alliances130:9 enseigne
que la terre sera finalement sanctifiée et immortalisée et rendue semblable à un
cristal. La « mer de verre » dont il est question dans Apocalypse 4:6 « est la terre,
dans son état sanctifié, immortel et éternel » (D&A 77:1). James Talmage a écrit
à propos de cette régénération terrestre : « Quant à la parole révélée concernant
la régénération de la terre et l'acquisition d'une gloire céleste par notre planète,
la science n'a rien à offrir que ce soit à titre de preuve ou de contradiction » (AF,
p. 463).
Pour les saints des derniers jours, l'histoire tout entière de la terre est directement
liée à son rôle dans le Plan de salut de Dieu pour ses enfants, son uvre et sa
gloire, « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moïse 1:39). La
terre a été créée comme un paradis. À cause de la chute d'Adam et Ève, elle fut
transformée en un astre téleste, la terre mortelle telle quelle est maintenant.
Cet intervalle s'achèvera avec le retour du Sauveur, après quoi la terre sera changée
et recevra un état terrestre et préparée pendant le Millénium pour sa transformation
finale en une sphère céleste après le Millénium (D&A 88:18-19). Dans la notion
ancienne des Néphites, dérivée des enseignements du Christ, il y a l'idée
quavant le jugement final, la terre sera « roulée comme un livre et
les
éléments embrasés se dissoudront » (Mormon 9:2) « et les cieux et la terre
[passeront] » (3 Néphi 26:3). Ce récit historique est linéaire, marqué par des
événements uniques et importants qui relient l'histoire théologique et physique de la
terre, c'est-à-dire la création, la chute, le renouvellement au second avènement du
Christ et la gloire finale.
Cette histoire progressive est larrière-fond sur lequel se détache la permanence
des lois spirituelles et physiques affectant de manière immanente des générations
d'enfants de Dieu sur la terre. Dans ce contexte, le président John Taylor a dit : « Les
changements se succèdent dans les affaires des hommes, mais les lois de Dieu en tout sont
correctes et vraies ; dans chaque stade et phase de la nature, tout sur la terre, dans les
eaux et dans l'atmosphère est régi par des lois immuables et éternelles"(Gospel
Kingdom, p. 70, Salt Lake City, 1987 ; voir Loi).
Le grand déluge. L'Ancien Testament rapporte une inondation dun peu plus de quinze
coudées de profondeur (parfois supposées être denviron huit mètres), qui
recouvrit tout le paysage: « Et toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel entier
furent couvertes » (Genèse 7:19). Scientifiquement ce récit laisse beaucoup de
questions sans réponse, notamment comment une profondeur mesurable pourrait couvrir des
montagnes. John A. Widtsoe, écrivant en 1943, propose cette façon de voir les choses :
Le fait est que la nature exacte du déluge n'est pas connue. Nous avançons des
hypothèses, basées sur notre connaissance, mais nous ne pouvons faire plus. Nous devons
nous rappeler que lorsquils traitent dincidents historiques, les écrivains
inspirés rapportent ce qu'ils ont vu ou ce qui a pu leur avoir été dit, sauf si le
passé leur a été ouvert par la révélation.
Les détails de l'histoire du déluge ont sans aucun doute été tirés les expériences
de l'auteur. En cas de pluie diluvienne, quand on a limpression que le ciel
souvre, il peut facilement se former un torrent destructeur de huit mètres ou plus
de profondeur. L'auteur de la Genèse rapporte fidèlement des faits connus de lui
concernant le déluge. Dans d'autres localités, la profondeur de l'eau aurait pu être
plus ou moins grande. En fait, les détails du déluge nous sont inconnus [Widtsoe, p.
127].
Considérations particulières pour les saints des derniers jours. Le président Brigham
Young a enseigné : « Le but tout entier de la création de ce monde est d'exalter les
intelligences qui y sont placées, afin quelles vivent, durent et progressent pour
toujours et à jamais. Nous ne sommes pas ici pour nous quereller et nous disputer pour
les choses de ce monde, nous sommes ici pour le soumettre et lembellir"(JD
7:290). Se considérant comme des locataires sur la terre, les saints des derniers jours
considèrent ses ressources comme un dépôt sacré confié par Dieu pour l'usage de tous
pendant quils sont sur la terre: « Moi, le Seigneur, je [rends] chaque homme
responsable comme intendant de bénédictions terrestres que jai faites et
préparées pour ceux que jai créés » (D&A 104:13). La terre a été créée
par le Christ à des fins spécifiques : « Nous prendrons de ces matériaux, et nous
ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à
lépreuve, pour voir sils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur
commandera » (Abr 3:24-25). Le président Brigham Young a enseigné que la domination que
Dieu donne aux êtres humains est conçue pour les tester, ce qui leur permet de se
montrer à eux-mêmes, à leurs semblables et à Dieu comment ils agiraient si on leur
confiait la puissance de Dieu (Nibley, 1978, p. 90 ; voir But de la vie terrestre :
Perspective mormone). Brigham Young a supervisé la délocalisation de l'Église dans
l'Ouest américain, qui, à la fin des années 1840, était peu habité. Son engagement
énergique vis-à-vis de la préservation de l'environnement et de l'utilisation
rationnelle de toutes les ressources naturelles a influencé les efforts des premiers
colons de lÉglise. Ce genre de prudence et de sagesse dans l'utilisation des
terres, de leau, de lair et des êtres vivants est toujours encouragé dans
toute l'Église. À notre époque actuelle de préoccupation généralisée pour la
préservation des relations fragiles entre la terre et sa biosphère, la recommandation de
Brigham Young garde toute sa force : il y a un grand travail à faire pour les saints.
Progresser, améliorer et embellir tout ce qui est autour de nous. Cultiver la terre et
nous cultiver lesprit. Construire des villes, décorer notre habitat, faire des
jardins, des vergers et des vignobles et rendre la terre agréable au point davoir
du plaisir à contempler ce que nous avons accompli et que les anges soient ravis de venir
visiter nos beaux endroits [JD 8:83].
Bibliographie
Cracroft, Paul. "How Old Is the Earth?" IE 67, oct. 1964, p. 827-830, 852.
Crowe, M. J. Extraterrestrial Life Debate 1750 -1900. Cambridge, U.K., 1986. Eyring,
Henry. "The Gospel and the Age of the Earth." IE 68, juillet 1965, p. 608-609,
626, 628.
Jeffery, Duane E. "Seers, Savants and Evolution: The Uncomfortable Interface."
Dialogue 8, nos. ¾, 1973, 41-75.
Jones, Albert. "Is Mother Earth Growing Old?" IE13, mai 1910, p. 639-643.
Nibley, Hugh W. "Before Adam." Dans CWHN 1:49-85.
Nibley, Hugh W. "Brigham Young on the Environment." Dans To the Glory of God,
dir. de publ. T. Madsen et C. Tate, p. 3-29. Salt Lake City, 1972.
Nibley, Hugh W. "Man's Dominion." New Era 2, oct. 1972, p. 24-31.
Nibley, Hugh W. "Subduing the Earth." In Nibley on the Timely and the Timeless,
dir. de publ. T. Madsen, p. 85-99. Provo, Utah, 1978.
Nibley, Hugh W. "Treasures in the Heavens." In CWHN1:171-214. Old Testament:
Genesis -2 Samuel [Religion 301] Student Manual, 2e éd. rev. Salt Lake City, 1981.
Pratt, Orson. JD 16:324-25.
Smith, Joseph Fielding. Man: His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954. Talmage, James
E. "Prophecy as the Forerunner of Science-An Instance." IE 7, mai 1904, p.
481-488.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1987.
MORRIS S. PETERSEN
Théâtre
Auteur : Metten, Charles
Tout au long de leur histoire, les saints ont apporté leur
soutien et leur participation aux activités théâtrales. Des membres de l'Église
créèrent, dans les années 1840, l'un des premiers théâtres municipaux des États-Unis
à Nauvoo (Illinois). Joseph Smith, le prophète, ordonna la création dune troupe
théâtrale locale. Il enseigna aux saints quils devaient rechercher tout ce qui
était « vertueux, aimable, tout ce qui mérite lapprobation » (13e A de F). Cela
comprenait le théâtre et ce qui y avait trait : la musique, la danse, la peinture, le
chant, la comédie et l'écriture. Il y eut du théâtre à Nauvoo jusqu'en 1846, quand la
ville fut assiégée et les saints chassés.
Peu après leur arrivée dans la vallée du lac Salé en 1847, les saints des derniers
jours érigèrent ce qu'ils appelaient une tonnelle (un abri temporaire fait de branches
d'arbre posées sur une charpente) dans le coin sud-est de ce qui allait devenir le Temple
Square. Trois tonnelles de plus en plus grandes remplacèrent la première. Il y eut là
des concerts, des pièces de théâtre et des danses. Brigham Young a fait cette
réflexion : « Si on me mettait sur une île de cannibales et si on me confiait la tâche
den civiliser les habitants, je construirais aussitôt un théâtre » (Skidmore, p.
47).
Le Social Hall à Salt Lake City fut officiellement consacré en 1853, à peine plus de
cinq ans après l'arrivée des pionniers mormons dans la vallée. Dans Utah and the
Mormons, Benjamin G. Ferris décrit les représentations qui y eurent lieu : « Pendant
l'hiver, ils continuent à donner des représentations au Social Hall et elles sont
généralement mieux soutenues dans toutes leurs parties que dans les théâtres des
villes atlantiques » (cité dans Maughan, p. 5).
Le Salt Lake Theater, lun des plus beaux théâtres de son temps, fut consacré en
1862. Brigham Young croyait qu'il avait été créé dans un but ennoblissant. Pendant le
service de dédicace, il dit : « Sur la scène d'un théâtre on peut représenter le mal
et ses conséquences, le bien et ses résultats heureux et ses récompenses, les
faiblesses et les sottises de l'homme et la magnanimité de la vie vertueuse » (cité
dans Maughan, p. 84).
La tradition du théâtre se poursuit aujourd'hui dans l'Église. Des saints des derniers
jours écrivent et produisent des pièces de théâtre, des comédies musicales et des
roadshows. Un roadshow est une mini-comédie musicale originale, créée et produite
localement sous l'égide des comités d'activités de paroisse et de pieu. L'Église
parraine également des reconstitutions historiques religieuses, notamment celles
présentées annuellement à Palmyra-Manchester (New York), Nauvoo (Illinois),
Independence (Missouri), Temple View (Nouvelle-Zélande), Calgary (Canada), Oakland
(Californie), Mesa (Arizona) et Manti et Clarkston (Utah) (voir « Reconstitutions
historiques »).
Luniversité Brigham Young en Utah et le Ricks College en Idaho ont des
départements de théâtre qui forment des dramaturges, des acteurs, des réalisateurs et
des concepteurs. Le Promised Valley Playhouse à Salt Lake City appartient à l'Église et
est géré par elle. Il met en scène ses propres productions, et ses locaux sont
également disponibles pour les représentations de pieu et de paroisse.
Bibliographie
Clinger, Morris M. « A History of Theatre at Mormon Colleges and Universities ». Thèse
de doctorat, université du Minnesota, 1963.
Gledhill, Preston R. Mormon Dramatic Activities. Thèse de doctorat,
université du Wisconsin, 1950.
Maughan, Ila Fisher, Pioneer Theatre in the Desert, Salt Lake City, 1961.
Skidmore, Rex A. Mormon Recreation in Theory and Practice: A Study of Social
Change, thèse de doctorat, université de Pennsylvanie, 1941.
CHARLES L. METTEN
Traduction
de la Bible par Joseph Smith (TJS)
Auteur: MATTHEWS, ROBERT J.
Joseph Smith, le premier prophète de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours, a fait une «nouvelle traduction» de la Bible, utilisant le texte de la
King James Version (KJV). Ce travail diffère de la KJV dans au moins 3.410 versets et se
compose dadditions, de suppressions, de réarrangements et dautres
modifications qui font quelle diffère non seulement de la KJV mais aussi
dautres textes bibliques. Les changements vont de détails mineurs à des chapitres
entièrement reconstitués. Cet article présente les déclarations de Joseph Smith disant
pourquoi il a fait une traduction de la Bible, fournit des renseignements concernant
lévolution et la production du travail, examine un certain nombre de variantes
importantes et considère quelques résultats doctrinaux et implications historiques.
VISION DE LA BIBLE. La position officielle de lÉglise est énoncée dans son
huitième article de foi: «Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure
où elle est traduite correctement.» Le message de la Bible est tenu pour vrai, alors que
le caractère exact et complet des détails est accepté dans certaines limites. Le
prophète Joseph Smith a expliqué: «Je crois la Bible telle quelle devrait être,
telle quelle est sortie de la plume des auteurs originels. Des traducteurs
ignorants, des copistes négligents ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis
beaucoup derreurs» (EPJS, p. 327). En outre: «Daprès diverses révélations
qui avaient été reçues, il était clair que beaucoup de points importants concernant le
salut des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant quelle ne fût
compilée» (EPJS, p. 6).
Joseph Smith employait souvent les mots «traduit» et «traduction», non dans le sens
restreint de rendre un texte dune langue dans une autre, mais dans le sens plus
général de «transmission», cest-à-dire de copie, dédition, dajout,
de suppression, de reformulation et dinterprétation. On est ici sensiblement
au-delà de la signification habituelle de la «traduction». Quand il dit que la Bible
na pas été traduite correctement, il ne fait pas seulement allusion à la
difficulté de rendre la Bible dans une autre langue, mais il fait aussi remarquer que les
manuscrits contenant le texte de la Bible ont souffert, au cours de siècles de
transmission, de la part des rédacteurs, des copistes et des révisionnistes. Ainsi, les
textes existants de la Bible ne sont ni aussi complets ni aussi précis que lors de leur
rédaction originelle.
Le Livre de Mormon présente le récit dune vision dans laquelle un ange, regardant
dans lavenir, décrit la Bible comme les «annales des Juifs» contenant les
écritures des «prophètes» et des «douze apôtres de lAgneau». La vision
affirme (1) que les auteurs antiques écrivaient sous linspiration du Saint-Esprit,
(2) quà lorigine leurs paroles contenaient la plénitude de lÉvangile
et étaient claires et faciles à comprendre, mais (3) que beaucoup de choses qui étaient
claires et précieuses, et beaucoup dalliances seraient «ôtées» des manuscrits
originaux; en conséquence, par après (4) beaucoup de personnes, même avec une Bible, ne
comprendraient pas la plénitude de lÉvangile, mais (5) les textes perdus seraient
rétablis par «dautres annales» que le Seigneur ferait paraître (1 Né.
13:21-41). Une déclaration à peu près parallèle fut faite en juin 1830 à Joseph Smith
tandis quil rétablissait une révélation reçue par Moïse, déclarant que
beaucoup de choses seraient ôtées «du livre» que Moïse écrirait, mais que
linformation manquante serait rétablie par un autre prophète et serait ainsi de
nouveau parmi ceux qui croient (Moï. 1:41). Les saints des derniers jours croient que les
«autres annales» visées comprennent le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances, la
Perle de Grand Prix, la TJS, et dautres annales qui doivent encore paraître et que
le prophète divinement suscité pour commencer à rétablir les textes perdus est Joseph
Smith (voir Écritures: Écritures à venir). À la lumière de ce qui vient dêtre
dit, il vaut la peine dobserver que la difficulté principale dans la Bible, ce sont
apparemment les omissions. Le reste du texte est sans doute généralement correct en soi,
mais beaucoup de points doctrinaux importants (résultant de la perte dun simple
mot, dun verset, dun passage plus long ou même de livres entiers dans
certains cas) manquent maintenant.
AUTORITÉ DE TRADUIRE. Le prophète Joseph Smith affirme avoir reçu de Dieu la mission de
faire un rendu inspiré ou, comme il appelle cela, une «nouvelle traduction» de la
Bible. Cette mission peut être illustrée par des extraits de ses écrits. Après avoir
travaillé par intermittence pendant dix mois sur les premiers chapitres de la Genèse,
Joseph Smith reçut, le 7 mars 1831, une révélation du Seigneur lui commandant de
commencer à travailler au Nouveau Testament: «Il ne vous sera pas donné d'en savoir
plus sur ce chapitre jusqu'à ce que le Nouveau Testament soit traduit, et toutes ces
choses y seront révélées. C'est pourquoi, je vous donne maintenant de le traduire»
(D&A 45:60-61). Le manuscrit de la TJS montre que Joseph Smith commença la traduction
de Matthieu le jour suivant. Le 1er décembre 1831, le prophète note ce qui suit dans son
journal intime: «Jai repris la traduction des Écritures et jai continué à
travailler dans cette branche de mon appel avec Sidney Rigdon comme secrétaire» (HC
1:238-239). Le 16 février 1832, il note une révélation au sujet de la résurrection des
morts qui contient la mention suivante concernant sa mission divine de traduire: «Tandis
que nous [Joseph Smith et Sidney Rigdon] faisions le travail de traduction que le Seigneur
nous avait confié, nous arrivâmes au vingt-neuvième verset du cinquième chapitre de
Jean» (D&A 76:15). Le 8 mars 1833, il rapporte comme suit la parole que le Seigneur
lui a adressée: «Et quand tu auras terminé la traduction des prophètes [de
lAncien Testament], tu présideras, à partir de ce moment-là, les affaires de
l'Église» (D&A 90:13). Le 6 mai 1833, cest la révélation suivante quil
note: «Ma volonté est que vous vous hâtiez de traduire mes Écritures» (D&A
93:53). Bien que ce ne soit pas une liste complète, ce qui précède illustre les
prétentions de Joseph Smith à une mission divine de traduire lAncien et le Nouveau
Testament.
FAÇON DE PROCÉDER ET DURÉE. Quand il commença son travail en 1830, Joseph Smith ne
connaissait pas les langues bibliques. Sa traduction ne se fit pas comme le font
habituellement les savants, mais ce fut une expérience révélatoire qui nutilisait
que le texte anglais. Il na pas laissé de description du processus de traduction,
mais il apparaît quil lisait dans la KJV et dictait des révisions à un
secrétaire.
Il se fit aider par de divers secrétaires. Le manuscrit montre quOliver Cowdery fut
le premier et travailla entre juin et octobre 1830; il enregistra une révélation
dintroduction (Moï. 1) et la traduction de Genèse 1:1 à Genèse 4:18 de la KJV.
Vint ensuite John Whitmer, à partir doctobre jusquen décembre 1830, qui
enregistra la traduction de Genèse 4:19 jusque vers Genèse 5:20 de la KJV. Sidney Rigdon
fut le suivant, qui devint le secrétaire principal du début décembre 1830 jusquà
la fin de la traduction, le 2 juillet 1833. Il écrivit la majeure partie de la traduction
de Genèse 5:21 de la KJV jusquà la fin de la Bible avec, toutefois,
lintervention de quelques autres pour de petites parties.
Ils se servirent dune édition grand format de la KJV (22,5 sur 27,5 sur 5 cm),
imprimée en 1828 par H. et E. Phinney Company de Cooperstown, New York, qui contenait les
Apocryphes de lAncien Testament. (Une note sur la page de garde, dans ce qui semble
être lécriture de Joseph Smith, déclare quelle avait été achetée le 8
octobre 1829 à la librairie dEgbert B. Grandin à Palmyra pour $3.75). Dans cet
exemplaire de la Bible de Phinney, il y a les centaines de notes au crayon et à
lencre consistant principalement en coches ou en croix marquant les passages à
réviser. De même, un certain nombre de mots imprimés en italique dans le texte de la
KJV, qui représentent habituellement des mots implicitement compris dans le grec ou
lhébreu, sont rayés. Les mots de la révision nétaient pas écrits sur les
pages de la Bible elle-même, mais notés sur des feuilles de papier et identifiés par la
citation ad hoc. Le manuscrit est écrit intégralement de Genèse 1:1 à Genèse 24
inclus et de Matthieu 1:1 à Jean 5, dont des chapitres entiers dans lesquels il ny
a aucune correction. Un système plus rapide et plus efficace fut utilisé par la suite
qui consistait à nécrire que les révisions proprement dites. Celles-ci se
composaient parfois dun ou deux mots seulement. Les marques dans la Bible qui
indiquent les versets à traduire napparaissent que dans les parties où la méthode
plus courte a été utilisée. Les feuilles de manuscrit, 42,5 sur 35 cm. pliées pour
donner des surfaces de 20 sur 35 cm, furent autrefois cousues entre elles au pli dans des
épaisseurs commodes. Le manuscrit entier se compose de 477 pages.
La date exacte à laquelle la traduction a été commencée nest pas connue, mais
elle est étroitement associée à la révélation de juin 1830 qui contient le récit de
visions données à Moïse avant quil ne compose le livre de la Genèse (voir Moï.
1). Le travail avança à partir de juin 1830 jusquau 2 juillet 1833. Genèse 1-17
fut traduit dabord, entre juin 1830 et le 7 mars 1831. À cette dernière date
Joseph Smith reçut la révélation lui commandant de «traduire» le Nouveau Testament
(D&A 45:60-62), ce quil commença à Matthieu 1:1. Il semble que pendant
quelques jours la traduction ait continué à la fois dans la Genèse et dans Matthieu,
mais lAncien Testament fut ensuite mis de côté, probablement à la fin de Genèse
24, en faveur du travail sur le Nouveau Testament. Le travail se poursuivit ensuite de
manière suivie dans le Nouveau Testament tout entier jusquau 2 février 1833. Le
reste de lAncien Testament (Genèse 25 à Malachie) fut alors traduit et terminé
cinq mois plus tard. En réponse à une prière pour savoir sil devait traduire les
Apocryphes, Joseph Smith rapporte une révélation datée du 9 mars 1833, disant
quil ne devait pas sen occuper: «Ils sont en majeure partie traduits
correctement», mais il sy trouve des erreurs et «des interpolations de la main des
hommes» (D&A 91:1-2).
Quand on compare les dates sur les manuscrits de la TJS avec celles des révélations
portant sur le sujet dans les Doctrine et Alliances et avec les dates et les événements
notés dans le journal personnel de Joseph Smith, on voit quil y a des allées et
venues entre lAncien et le Nouveau Testament, comme expliqué ci-dessus, plutôt
quune progression linéaire de la Genèse à lApocalypse. De même, les
différents styles décriture manuscrite correspondent aux allées et venues connues
de ceux qui faisaient fonction de secrétaires. Bien que la majeure partie de la
traduction fût faite dès le 2 juillet 1833, ce travail représentait un avant-projet.
Par la suite, le manuscrit fut revu et préparé en vue de la publication, et
dautres révisions, améliorations et modifications furent apportées.
Après la mort de Joseph Smith en juin 1844, la Bible marquée de Phinney et le manuscrit
de 477 pages furent conservés par sa veuve, Emma Smith. Elle permit au Dr. John M.
Bernhisel dexaminer les documents au printemps de 1845 à Nauvoo. Bernhisel déclara
plus tard quil avait fait une copie complète des marquages dans la Bible et une
copie considérable mais inachevée des notes du manuscrit (Matthews, 1975, p. 118). Le
manuscrit de Bernhisel est à la Bibliothèque de lHistorien de lÉglise à
Salt Lake City, mais on ne sait pas où se trouve la Bible marquée par Bernhisel. Emma
Smith donna, en 1866, la Bible de Phinney et le manuscrit original à un comité de
publication représentant lÉglise réorganisée de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours (aujourdhui Communauté du Christ). Ceux-ci sont maintenant sous la
garde de la Communauté du Christ à Independenc (Missouri).
PUBLICATION. Des extraits de la TJS furent publiés dans les journaux de lÉglise et
sous forme de brochure du vivant de Joseph Smith, mais louvrage complet ne fut pas
publié de son temps, malgré le fait quil eût eu lintention de le faire et
eût fait des efforts considérables pour laccomplir. Les perturbations causées par
les persécutions, les exigences des affaires de lÉglise et le manque de moyens
financiers lempêchèrent de terminer et dautoriser la mise sous presse du
manuscrit (Matthews, pp. 57-63).
En 1867, après des efforts et des dépenses considérables, lÉglise Réorganisée
publia une édition sous copyright de la Bible, sous le titre Holy Scriptures, qui
intégrait la traduction du prophète au format dun texte de la King James. Elle fut
suivie de nombreuses réimpressions, provenant toutes des clichés. En 1936, la même
église publia une édition pour enseignants contenant des aides à létude. À
cette occasion on ajouta un sous-titre: «Inspired Version», bien que le texte fût
resté le même que lédition de 1867. En 1944, lÉglise réorganisée publia
une «nouvelle édition corrigée» dans laquelle au moins 352 versets avaient été
modifiés pour corriger des erreurs typographiques et de jugement dans lédition de
1867. Ces corrections étaient des points de détail, mais dans quelques cas elles
affectaient de manière significative le sens des passages et rapprochèrent le texte
imprimé du manuscrit. En 1970, une édition à parallèles comprenant lInspired
Version et la King James Version fut publiée par la maison dédition de
lÉglise réorganisée.
LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours na jamais publié la
traduction entière de la Bible par Joseph Smith. Des parties de la Genèse et de
Matthieu, réparties sur la période de Joseph Smith à Kirtland et à Nauvoo, sont
incluses dans la Perle de Grand Prix sous le titre livre de Moïse (TJS Ge. 1-8:18) et
Joseph SmithMatthieu (TJS Mt. 24). De longues parties de TJS Genèse 1-5 et un
extrait unique de Romains et dHébreux sont utilisés dans les Lectures on Faith et
y sont toujours publiées. En 1979, lÉglise a publié une édition de la King James
Version avec des centaines de notes de bas de page de la TJS et une annexe de dix-sept
pages contenant des extraits de la TJS (voir Bible: Édition mormone de la Bible).
AMPLEUR DES CHANGEMENTS. Joseph Smith a apporté de nombreuses corrections et additions
aux livres de la Genèse, de lExode, des Psaumes, dÉsaïe, de Matthieu, de
Luc, des Romains, de 1 Corinthiens 1, de Galates, dHébreux, de Jacques, de 2 Pierre
et de lApocalypse. Il également apporté beaucoup de changements aux écrits des
prophètes de lAncien Testament ainsi que dans Marc, Jean, les Actes et plusieurs
des épîtres. Il na rien changé dans Ruth, Esdras, Esther, Ecclésiaste,
Lamentations, Abdias, Michée, Habacuc, Sophonie, Aggée, Malachie, Philémon, 2 Jean, et
3 Jean. Il a fait quelques corrections dans tous les autres livres de la Bible et a
rejeté le Cantique des Cantiques comme nétant pas une Écriture inspirée.
TITRE. Le travail de Joseph Smith sur la Bible a porté divers titres. Les révélations
des Doctrine et Alliances lappellent «traduction» (D&A 37:1; 90:13). Joseph
Smith lappelle la «nouvelle traduction» et cest sous ce titre quon la
connaît dans les premiers documents de lÉglise. Il a été publié par
lÉglise réorganisée sous le titre «Holy Scriptures» avec, plus tard, le
sous-titre: «Inspired Version». Beaucoup lappellent «révision inspirée». En
1978, lÉglise lui a officiellement donné le nom de «Traduction de Joseph Smith»,
TJS en abrégé.
APPORTS DE LA TJS. Pour évaluer les apports de la TJS, il faut faire la différence entre
le procédé et le produit. Le procédé de traduction était révélatoire et éducatif,
et était le moyen daugmenter la connaissance et la prise de conscience doctrinale
de Joseph Smith, le prophète (cf. D&A 45:60-61). Les apports vont donc au-delà du
texte biblique qui a pu avoir lancé le processus. Parmi les points de doctrine de
lÉglise qui se sont dégagés du processus de traduction de la TJS, il y a
lédification de Sion, modelée sur la ville de Hénoc, lâge de
responsabilité des enfants avec le baptême à huit ans, la longue révélation sur les
degrés de gloire et le mariage plural (dont le mariage céleste et éternel) et divers
points dorganisation et de responsabilité de la prêtrise. Ces points de doctrine
et dautres étaient souvent introduits pendant le processus de traduction et
développés plus tard par des révélations postérieures maintenant contenues dans les
Doctrine et Alliances. Les révélations des Doctrine et Alliances reçues pendant le
processus de traduction sont les sections 76, 77, 86 et 91 et des parties de 107 et de
132. De cette façon, la TJS a affecté la vie spirituelle de chaque membre de
lÉglise, même si la plupart des membres ne connaissaient pas lexistence de
la TJS.
Le produit tangible la TJS imprimée consiste en une Bible portant des
milliers de corrections, dadditions et dinterprétations. Bien que beaucoup de
saints des derniers jours considèrent ceci comme la version la plus correcte de la Bible
à lheure actuelle et lutilisent donc comme source précieuse pour la
compréhension de la Bible, lapport le plus important a probablement été
leffet dillumination que le processus a eu sur Joseph Smith et les
révélations suivantes données par son intermédiaire qui ont façonné la doctrine et
la pratique de lÉglise. La plupart des révélations doctrinales et
organisationnelles qui ont régi lÉglise et qui sont maintenant éditées dans les
Doctrine et Alliances ont été données à Joseph Smith pendant la période où il
traduisait la Bible (1830-1833).
Beaucoup de points dans les Doctrine et Alliances sont en relation directe avec le
processus de la TJS. Ils ont dirigé le prophète dans les questions relatives à la
traduction, le choix des secrétaires, quand poursuivre la traduction, quelles parties de
la Bible faire ensuite, quand mettre le travail de côté pour dautres choses et
dautres informations de ce genre, mais ne contiennent pas les textes de la TJS. On
voit ce type dinformation dans les chapeaux éditoriaux des sections 35, 71, 76, 77,
86 et 91; et dans le texte de D&A 9:2; 35:20; 37:1; 41:7; 42:56-58; 45:60-62; 73:3;
76:15-18; 77:1-15; 86:1-11; 93:53; 94:10; 104:58 et 124:89. La Perle de Grand Prix
présente une partie du résultat et contient deux extraits du texte de la TJS, du livre
de Moïse et Joseph SmithMatthieu.
PRINCIPAUX THÈMES DOCTRINAUX. La plupart des passages révisés ou ajoutés par Joseph
Smith sont dimportance doctrinale. Les sujets sont nombreux, mais les thèmes
principaux sont (1) laccent dans lAncien et le Nouveau Testament sur la
mission et la divinité de Jésus-Christ, (2) la nature de Dieu, (3) linnocence des
enfants, (4) le plan du salut, (5) la vie prémortelle, (6) la sainte prêtrise et les
qualifications des patriarches, (7) les ministères de Hénoc et de Melchisédek et (8) la
clarification de passages ambigus, lélimination de certaines contradictions entre
les textes bibliques et des explications de termes et dexpressions.
Des passages représentatifs des types dinformation que lon ne trouve que dans
la Traduction de la Bible faite par Joseph Smith constituent le reste de cet article.
Le but de la TJS est dapporter une connaissance que lon ne trouve pas dans
dautres Bibles. Elle est donc déclarative et informative de par sa nature.
1. Accent sur Jésus-Christ. La TJS souligne que lÉvangile de Jésus-Christ a été
enseigné dans les tout premiers temps de lhumanité. Selon TJS Genèse 1-8 (Moïse
1-8 dans la Perle de Grand Prix), Adam, Hénoc, Noé et les autres patriarches étaient
des prédicateurs de justice et ont enseigné lÉvangile de Jésus-Christ, et
notamment la foi, le repentir, le baptême et la réception du Saint-Esprit.
La TJS dit quun ange céleste commanda à Adam doffrir des sacrifices
danimaux comme type et symbole du sacrifice expiatoire que le Fils de Dieu allait
accomplir. Il lui fut commandé de tout faire au nom du Fils. LÉvangile lui fut
enseigné, il fut baptisé par immersion, reçut le Saint-Esprit et naquit de
lEsprit (Moïse 5, 6).
Hénoc connut, lui aussi, lÉvangile de Jésus-Christ, fut ordonné à la même
prêtrise quAdam et enseigna ces principes à dautres. Il eut droit à une
vision où il était question du monde desprit et des événements futurs sur terre
à partir de son temps jusquà la seconde venue de Jésus-Christ. Il présida dans
une ville de justes appelée Sion, qui fut enlevée au ciel (Moïse 6-7; voir Êtres
enlevés).
Noé était, lui aussi, un prédicateur de justice, ordonné à la même prêtrise que
celle détenue par Adam et Hénoc et il enseigna lÉvangile de Jésus-Christ à ses
contemporains, notamment la foi en Jésus-Christ, le baptême et la réception du
Saint-Esprit (Moï. 8:12-25).
La TJS du Nouveau Testament donne une image légèrement plus forte de Jésus que la KJV.
Exemples: Dans la KJV les mages interrogent Hérode sur la naissance du «roi des Juifs»
(Mt. 2:2); dans la TJS ils posent une question plus pointue: «Où est lenfant qui
est né, le Messie des Juifs?» (TJS Mt. 3:2). Quand Hérode interroge les scribes, on lui
dit que le Christ devait naître à Bethlehem: «Car de toi sortira un chef qui paîtra
Israël, mon peuple» (Mt. 2:6); la TJS dit: «Car de toi sortira le Messie, qui sauvera
mon peuple Israël» (TJS Mt. 3:6).
Dans la TJS un passage de transition sans équivalent dans la KJV est inséré entre la
fin du chapitre 2 de KJV Matthieu et le commencement du chapitre 3 de Matthieu:
«Et il arriva que Jésus grandit avec ses frères, et devint fort, et fut dans
lattente du Seigneur et du moment de son ministère. Et il travailla
sous son père, et il ne parlait pas comme les autres hommes, et on ne
pouvait pas non plus linstruire, car il navait pas besoin que quiconque
linstruisît. Et après de nombreuses années, lheure de son ministère
approcha » [TJS Mt. 3:24-26].
À lâge de douze ans, quand Jésus enseignait dans le temple, la KJV dit (Lu. 2:46)
quil était «assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant». La
TJS dit: «ils lécoutaient et linterrogeaient» (TJS Lu. 2:46).
Le récit des quarante jours de Jésus dans le désert dans la KJV dit que Jésus sy
rendit «pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante
nuits, il eut faim» (Mt. 4:1-2). La TJS dit: «Jésus fut emmené par lEsprit dans
le désert, pour être avec Dieu. Et quand il eut jeûné quarante jours et quarante
nuits, et eut communié avec Dieu, il eut faim et fut livré aux tentations du diable»
(TJS Mt. 4:1-2). Selon Luc (KJV), Jésus fut «fut tenté par le diable pendant quarante
jours» (Lu. 4:2). La TJS dit: «et après quarante jours, le diable se présenta à lui
pour le tenter» (TJS Lu. 4:2).
La KJV dit que «Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du
temple» et également sur une «montagne très élevée» (Mt. 4:5-8; Luc 4:5-9). La TJS
dit que ce fut «lEsprit» qui le transporta à ces endroits (TJS Mt. 4:5-8; Lu.
4:5-9).
Dans KJV Jean 3:23 il est dit que Jésus accomplit des baptêmes, mais Jean 4:2 conteste
en grande partie lactivité de Jésus comme baptiseur en disant: «Toutefois Jésus
ne baptisait pas lui-même, mais c'étaient ses disciples». La TJS dit: «Quoiquil
nen baptisât pas autant que ses disciples; mais il les laissait faire pour
quils fussent des exemples, usant de prévenances réciproques» (TJS Jn. 4:3-4).
Les paraboles de Jésus sont évoquées dans beaucoup de passages de la TJS. Une des plus
importantes est une déclaration, présentée comme étant les paroles de Jésus
lui-même, expliquant pourquoi il utilisait des paraboles pour voiler le message spirituel
en parlant à certaines personnes: «Écoutez une autre parabole; car à vous qui ne
croyez pas, je parle en paraboles afin que vous soyez récompensés de votre injustice»
(TJS Mt. 21:34).
Dans Marc 7:22-24 (KJV) Jésus entre dans une maison «désirant que personne ne le sût ;
mais il ne put rester caché». TJS Marc 7:22-23 dit: «et aurait voulu que personne
naille à lui. Mais il ne pouvait pas le leur refuser, car il avait compassion de
tous les hommes».
Luc dit que tandis que Jésus était sur la croix, il sécria: «Père,
pardonne-leur, car ils ne savent ce quils font» (KJV Lu. 23:34). La TJS ajoute un
éclaircissement entre parenthèses: «(entendant par là les soldats qui lavaient
crucifié)» (TJS Lu. 23:35).
2. Les relations de Dieu avec lhumanité. Les passages de la TJS portant sur les
relations de Dieu avec lhumanité contiennent ce qui suit: Genèse 6:6 (KJV) dit que
«LÉternel se repentit davoir fait lhomme sur la terre, et il fut
affligé en son cur». TJS Genèse 8:13 (Moï. 8:25) rend ainsi ce passage: «Et
Noé regretta, et il fut affligé en son cur de ce que le Seigneur avait fait
lhomme sur la terre». Exode 7:3, 13; 9:12; 10:1, 20 (KJV) disent tous que Dieu
endurcira le cur du pharaon. Dans chacun de ces passages la TJS dit que cest
le pharaon qui sendurcira le cur:
Esaïe 63:17 (KJV) dit: «Pourquoi, ô Éternel, nous faistu errer loin de tes
voies, et endurcistu notre cur?» La TJS dit: «Pourquoi, ô Seigneur,
pourquoi as-tu souffert que nous errions
et que nous nous endurcissions le
cur?»
Matthieu 6:13 (KJV) dit: «Ne nous induis pas en tentation», tandis que la TJS dit: «Ne
nous laisse pas induire en tentation» (TJS Mt. 6:14).
3. Innocence des enfants. Beaucoup de passages concernent la nature de lhomme par
rapport à la chute dAdam, son libre arbitre et sa responsabilité vis-à-vis de
Dieu. Par exemple, au sujet de linnocence des petits enfants, la TJS dit que du
temps dAdam le Seigneur révéla que «le Fils de Dieu a expié la faute originelle,
à la suite de quoi les péchés des parents ne peuvent tomber sur la tête des enfants,
car ils sont purs dès la fondation du monde» (TJS Ge. 6:56; Moï. 6:54). À Abraham le
Seigneur dit: «Les enfants ne sont responsables devant moi que quand ils ont huit ans»
(TJS Ge. 17:11). Matthieu 18:11 KJV dit concernant les enfants: «Car le Fils de
lhomme est venu sauver ce qui était perdu». La TJS ajoute: «et appeler les
pécheurs au repentir; mais ces petits nont pas besoin de repentir, et je les
sauverai.»
4. Écrits de Paul. La TJS offre beaucoup déclaircissements concernant les
enseignements attribués à Paul dans le Nouveau Testament. En voici quelques-uns:
1 Corinthiens 14:35 (KJV) fait écrire à Paul: «Il est malséant à une femme de parler
dans lÉglise». La TJS dit «que les femmes gouvernent dans lÉglise».
Hébreux 6:1 (KJV) dit: «C'est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ,
tendons à ce qui est parfait». La TJS dit: «sans laisser
».
Hébreux 7:3 (KJV) donne limpression que le prophète Melchisédek nétait
«sans père, sans mère, sans généalogie, qui n'a ni commencement de jours ni fin de
vie». La TJS dit que ce nétait pas Melchisédek, lhomme, mais sa prêtrise,
qui était sans lignage ou descendance, par contraste avec la prêtrise lévitique.
1 Timothée 3:15-16 (KJV) fait écrire à Paul que lÉglise est «la colonne et
lappui de la vérité». Dans la TJS, cest Jésus, en tant que Dieu manifesté
dans la chair, qui est «la colonne et lappui de la vérité». [Voir aussi
dautres passages de la TJS dans les annexes.]
Bibliographie
Durham, Reed Connell, Jr. "A History of Joseph Smith's Revision of the Bible."
Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1965.
Howard, Richard P. Restoration Scriptures. Independence, Mo., 1969.
Matthews, Robert J. "A Plainer Translation": Joseph Smith's Translation of the
Bible. Provo, Utah, 1975.
Matthews, Robert J. A Bible! A Bible! Salt Lake City, 1990.
Matthews, Robert J. "Joseph Smith's Efforts to Publish His Bible Translation."
Ensign 13, janv. 1983, pp. 57-63).
Nyman, Monte S., et Robert L. Millet, dir. de publ. The Joseph Smith Translation. Provo,
Utah, 1985.
ROBERT J. MATTHEWS
Transfiguration,
Montagne de la
Auteur: MOURITSEN, DALE C.
La montagne de la Transfiguration est la scène d'un événement transcendant dans le
Nouveau Testament. Elle est mise en évidence par des révélations données au prophète
Joseph Smith et décrite avec un certain nombre de détails. Tout d'abord, Jésus converse
avec Moïse et Élie, qui sont à ce moment-là des êtres enlevés (Mt. 17:3-4). Ensuite
Jésus-Christ lui-même y est transfiguré, ce qui confirme, à ses trois apôtres
principaux, Pierre, Jacques et Jean, sa nature et son appel divins (Mt. 17:1-2).
Troisièmement, ces apôtres sont également transfigurés temporairement pendant cette
expérience (EPJS, p. 125). Quatrièmement, ces apôtres ont une vision dans laquelle ils
voient la terre, dans son futur état transfiguré, comme héritage des fidèles (D&A
63:20-21). Cinquièmement, ces mêmes apôtres reçoivent certaines clefs de la prêtrise
du royaume de Dieu, qu'ils vont utiliser pendant leur ministère terrestre (HC 3:387).
Sixièmement, Moïse et Élie, qui sont, eux aussi, sur la montagne de la Transfiguration,
vont, le 3 avril 1836, conférer des clefs de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery dans le temple de Kirtland (D&A 110:11-16).
Il est certain que la manifestation sur la montagne va fortifier le Sauveur au moment où
il aborde les derniers mois précédant son sacrifice expiatoire. Moïse et Élie lui
rendent visite pendant qu'il se prépare aux souffrances infinies de Gethsemané et aux
tortures du Golgotha (Lu. 9:30-31; JC, p. 373).
La transfiguration de Jésus devant Pierre, Jacques et Jean fait deux des témoins
oculaires de sa majesté (voir 2 Pi. 1:16). Pendant leur visite, la voix du Père rend
témoignage de la mission du Sauveur, donnant à Pierre, à Jacques et à Jean l'assurance
quil approuve et aime Jésus (Mt. 17:5-8). Comme ces apôtres vont bientôt
constituer la Première Présidence de l'Église primitive (MD, pp. 571-572),
l'événement est le témoignage personnel inoubliable de ce que le Père accepte la
mission rédemptrice de Jésus. Jean témoignera plus tard: «Nous avons contemplé sa
gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père» (Jn. 1:14).
La transfiguration temporaire de Pierre, Jacques et Jean leur permet dentendre la
voix du Père et de voir le Fils transfiguré (cf. Moï. 1:9-11). Cette expérience
extraordinaire va les préparer à assumer le fardeau futur de la direction de l'Église
après le départ de Jésus à la fin de son ministère terrestre. Pierre a bien raison de
déclarer: «Seigneur, il est bon que nous soyons ici» (Mt. 17:4).
Pierre, Jacques et Jean vont également voir lépoque millénaire où la terre sera
transfigurée, ce qui la ramènera à son état davant la chute d'Adam (EPJS, pp.
7-8; cf. 10e A de F). La transfiguration de la terre aura lieu au moment de la seconde
venue du Christ (MD, pp. 795-796).
L'octroi des clefs de la prêtrise aux apôtres présidents constitue un cinquième but de
la transfiguration. Pendant son ministère, Jésus a conféré la Prêtrise de
Melchisédek aux Douze, les autorisant à agir sous sa direction (Mc. 3:14-15; Jn. 15:16;
cf. JD 25:207). Mais avec la perspective de son départ, les Douze ont besoin d'une
autorité indépendante pour diriger les affaires de l'Église. Pour tenir sa promesse que
Pierre recevrait les clefs du royaume (Mt. 16:13-20), Jésus va emmener les principaux
apôtres sur la montagne, où ils vont recevoir ces clefs.
Après avoir vu Jésus transfiguré et avoir eux-mêmes subi la transfiguration, les
apôtres vont voir Moïse et Élie (et peut-être d'autres; cf. McConkie, p. 400), qui ont
été enlevés de manière à pouvoir apparaître avec un corps physique pour accorder des
clefs de la prêtrise par l'imposition des mains, ce qui va permettre, entre autres, la
prédication de l'Évangile dans le monde entier (Mt. 18:19-20) et laccomplissement
des ordonnances salvatrices pour les vivants et les morts (cf. 1 Co. 15:29).
Certains de ces événements se sont accomplis à notre époque dans le temple de
Kirtland. La Prêtrise de Melchisédek et lappel et les clefs de l'apostolat ont
été conférés à Joseph Smith et à Oliver Cowdery probablement fin mai ou début juin
1829 (cf. D&A 27:12) et comprenaient l'autorité pour fonder l'Église (D&A
128:20). Le 3 avril 1836, des clefs supplémentaires ont été données à Joseph et à
Oliver dans le temple de Kirtland par Moïse et par Élie, ceux-là mêmes qui étaient
apparus autrefois sur la montagne, et par un messager supplémentaire appelé Élias, qui
a conféré la «dispensation de l'Évangile d'Abraham» (D&A 110:12). Le
rétablissement de ces clefs a donné le coup denvoi de la mission moderne de
l'Église, luvre missionnaire et toutes les ordonnances pour les vivants,
ainsi que la rédemption des morts par luvre des ordonnances par procuration
dans des temples.
Bibliographie
Haight, David B. ""We Beheld His Glory"'. Ensign 7, mai 1977, pp. 7-10.
Matthews, Robert J. "Tradition, Testimony, Transfiguration, and Keys". Dans
Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millet, Vol. 5, pp. 296-311. Salt
Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1, pp. 397-404. Salt Lake
City, 1965.
DALE C. MOURITSEN
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