Vie éternelle
Auteur: PARRY, CATHERINE CORMAN

Les Écritures disent clairement que la vie éternelle vient de Dieu par son Fils Jésus-Christ (Jn. 3:16; 14:6; Hé. 5:9; 2 Né. 31:20-21; Al. 11:40; Ét. 3:14; D&A 45:8) et est le «plus grand de tous les dons de Dieu» (D&A 14:7; voir aussi Exaltation; État divin). Pour les saints des derniers jours, l'expression «vie éternelle» désigne non seulement le fait de vivre à tout jamais, mais également et plus particulièrement la qualité de vie que Dieu vit. La vie éternelle est accessible à tous ceux qui ont vécu sur terre qui acceptent ce don par leur obéissance aux lois et aux ordonnances de Dieu.
L’œuvre de Dieu, et la source de sa gloire, est de «réaliser l'immortalité et la vie éternelle» de ses enfants (Moï. 1:39). En d'autres termes, Dieu agit pour permettre à ses enfants de retourner en sa présence de sorte qu'ils puissent vivre avec lui et vivre comme il vit.
Le Christ est tellement allié au Père que les Écritures disent parfois que la vie éternelle c’est «les connaître»: «La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jn. 17:3; D&A 132:24).
On connaît le Christ en ce monde en les recevant, lui et sa loi (D&A 132:23-24). Jérémie dit au nom du Seigneur: «Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours–là, dit l'Éternel : Je mettrai ma loi au-dedans d'eux, je l'écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Celui-ci n'enseignera plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant : Connaissez l'Éternel ! Car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit l'Éternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché» (Jé. 31:33-34).
Avoir la loi écrite dans son cœur implique une acceptation qui pousse à l'action; en effet, les Écritures mentionnent beaucoup de choses qu’il faut faire pour recevoir le don de la vie éternelle. Pour entrer dans le chemin menant vers la vie éternelle, on doit faire preuve de foi au Christ (Jn. 3:36; 6:47; Mro. 7:41), se repentir, être baptisé pour la rémission de ses péchés (2 Né. 31:17-18) et recevoir le don du Saint-Esprit. Les Écritures disent qu’une fois qu’il est sur le chemin, le croyant doit s’efforcer de garder les commandements (2 Né. 31:19-20; Al. 7:15-16), c’est-à-dire faire les œuvres de la justice (D&A 59:23), dont la première est la charité (1 Co. 13; Mt. 25:34-36). Le croyant doit aussi persévérer jusqu'à la fin (2 Né. 31:20-21; D&A 50:5; cf. l’expression de Paul «par la persévérance à bien faire» Ro. 2:7), et faire des alliances en liaison avec les ordonnances du temple (D&A 124:55; 128:12).
Tandis qu’ils sont dans la condition mortelle, les personnes peuvent en arriver à un stade de la connaissance du Père et du Fils qui permet au Seigneur de leur promettre la vie éternelle. Cet événement est décrit dans l'Écriture comme étant la réception du Saint-Esprit de promesse (D&A 88:3-4) et l’autre Consolateur (Jn. 14:16; D&A 88:2-4; voir aussi Jésus-Christ, Autre Consolateur); avoir la parole prophétique plus certaine (D&A 131:5); et voir assurer sa vocation et son élection (2 Pi. 1:10; D&A 131:5).
Dieu invite tous les hommes à rechercher et à demander avec ferveur la vie éternelle et assure à tous ceux qui le font qu’on ne leur donnera pas une pierre (cf. Mt. 7:7-11). Il leur est promis «révélation sur révélation, connaissance sur connaissance» ce qui permet de comprendre «les choses paisibles, ce qui apporte la joie, ce qui apporte la vie éternelle» (D&A 42:61). Ceux qui reçoivent la vie éternelle dans son sens le plus complet se lèvent dans la première résurrection (Mos. 15:21-25) et héritent le plus haut degré de gloire dans le royaume céleste (D&A 76:50-59; 88:4; 101:65).
Le prophète Joseph Smith ne trouvait pas les mots pour décrire la splendeur éternelle de Dieu le Père et de son Fils Jésus-Christ, «dont l’éclat et la gloire défient toute description» (JS–H 1:17). La langue ne peut décrire qu’insuffisamment les gloires de la vie éternelle par des métaphores parlant d’une lumière ou d’un feu d’un éclat accablant (Ex. 24:17; Ac. 26:13-15; Ap. 21:23; 1 Né. 1:8-10; D&A 110:1-4; cf. «comme la splendeur du ciel» Da. 12:3), la vérité pure (Jn. 14:6; Ét. 4:12; D&A 84:45-48; 93:36; Moï. 7:29-40); du verre ou du cristal (Ap. 4:6; D&A 130:9); et l’intemporel (Ps. 90:4; 2 Pi. 3:8; Ap. 10:6; Al. 40:8; D&A 88:110). Paul précise à quel point la vie éternelle dépasse la capacité descriptive de la langue quand il dit: «Ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment» (1 Co. 2:9). [Voir aussi Immortalité et Vie éternelle.]

Vies éternelles, accroissement éternel
Auteur: RICKS, SHIRLEY S.

«Les vies éternelles» est un terme qui désigne le droit et le pouvoir d'engendrer des enfants après la résurrection, accordés à ceux qui sont exaltés au plus haut degré du royaume céleste. C'est un aspect de la progression éternelle. «Il y a, dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la prêtrise [à savoir: la nouvelle alliance éternelle du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin de son royaume; il ne peut avoir d'accroissement» (D&A 131:1-4).

Ce point de doctrine distinctif de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a été enseigné par Joseph Smith et a été particulièrement explicité les 16-17 mai 1843, à Ramus (Illinois), localité qu’il visitait et où il prêchait souvent. Conversant sur des sujets spirituels avec un petit groupe d’amis, le prophète Joseph Smith illumine le concept de l'accroissement éternel: «Si un homme et sa femme ne contractent pas une alliance éternelle et ne sont pas ma¬riés pour l’éternité par le pouvoir et l’autorité de la Sainte Prêtrise pendant qu’ils sont dans cette épreuve, ils cesseront de s’accroître quand ils mourront; c’est-à-dire qu’ils n’auront pas d’enfants après la résurrection. Mais ceux qui sont mariés par le pouvoir et l’autorité de la prêtrise dans cette vie et continuent sans commettre le pé¬ché contre le Saint-Esprit continueront à s’accroître et à avoir des enfants dans la gloire céleste» (EPJS, p. 242. La section 131 des Doctrine et Alliances traite en grande partie de ce sujet et a été incluse en 1876.
Le mari et sa femme qui sont mariés dans la nouvelle alliance éternelle et sont scellés par le Saint-Esprit de promesse en vertu de l'autorité appropriée de la prêtrise ont la promesse qu'ils hériteront «des trônes, des royaumes, des principautés, des puissances» et que leur «gloire sera une plénitude et une continuation des postérités pour toujours et à jamais» (D&A 132:19). Ils sont comparés à des dieux, n'ayant pas de fin. Ils participent aux promesses de postérité éternelle faites à Abraham et à Sara: «[Ils continueront] dans le monde et hors du monde aussi innombrables que les étoiles» (D&A 132:30).
Brigham Young a parlé en 1862 des vies éternelles, disant que l'occasion de devenir héritiers de tout et de devenir un «Roi de rois et Seigneur de seigneurs… est promise aux fidèles et ce ne sont qu’autant d’étapes dans cette progression incessante de vies éternelles… Il n'y aura pas de fin à l’accroissement des fidèles» (JD 10:5). Il considère pareille situation comme agréable, créant un bonheur qui dépasse la compréhension des mortels. En 1864, il ajoute ces détails: «De la même manière, tout fils fidèle de Dieu devient, pour ainsi dire, l’Adam de la race qui sort de ses reins quand ils sont englobés dans les alliances et les bénédictions de la sainte prêtrise… dans la progression des vies éternelles… Nous n'avons pas encore reçu nos royaumes, et nous ne les recevrons que quand nous aurons fini notre œuvre sur la terre, traversé les épreuves, aurons été ressuscités par le pouvoir de la résurrection et couronnés de gloire et de vies éternelles» (JD 10:355).
Les saints des derniers jours croient que tous les hommes et femmes dignes, en menant une vie juste et en étant scellés par le pouvoir de la prêtrise, hériteront, dans la vie éternelle, avec Adam et Ève, Abraham et Sara, et tous les fidèles, ces mêmes bénédictions et connaîtront la continuation des postérités pour toujours ou accroissement éternel.

SHIRLEY S. RICKS

Vie et mort spirituelles
Auteur: BERGIN, SUE

À la différence de la vie et de la mort physiques, sur lesquelles les gens n’ont guère de prise, la vie et la mort spirituelles sont des pôles opposés entre lesquels un choix est exigé. Les Écritures modernes disent que tous les hommes «sont libres de choisir la liberté et la vie éternelle, par l'intermédiaire du grand Médiateur de tous les hommes, ou de choisir la captivité et la mort, selon la captivité et le pouvoir du diable» (2 Né. 2:27). Cette opposition entre la vie et la mort est la dichotomie fondamentale de toute existence.
À l’un des pôles, il y a Jésus-Christ, qui est décrit dans toutes les Écritures comme étant la lumière et la vie (par exemple, Jn. 1:4; 3 Né. 15:9; D&A 10:70). Il est l'auteur de la vie physique, en tant que créateur de la terre et de son soleil qui y permet la vie (D&A 88:7), et de la vie spirituelle, étant celui qui donne la vie éternelle (3 Né. 15:9). Choisir la vie, c’est le suivre sur un chemin qui conduit à la liberté et à la vie éternelle.
Satan, au pôle opposé, est ténèbres et mort (par exemple, Ro. 6:23; Al. 15:17; D&A 24:1). Il est l'auteur de la mort temporelle, étant celui qui a incité Adam et Ève à provoquer la Chute, et de la mort spirituelle, étant le tentateur qui pousse les hommes à se séparer de Dieu par le péché. Choisir de suivre Satan en succombant au péché et résister aux supplications du Christ de se repentir, c’est choisir la mort.
La liberté de choisir efficacement entre la vie et la mort est un résultat de la rédemption du Christ (2 Né. 2:27) et c'est l’œuvre et la gloire de Dieu de «réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme» (Moï. 1:39).
Les Écritures parlent de deux morts spirituelles. La première s’est déjà abattue sur tous les humains suite à la Chute, séparant «toute l'humanité… de la présence du Seigneur» (Hél. 14:16). La seconde ne sera que pour ceux qui, après avoir une fois connu le Christ, le renient obstinément et refusent de se repentir, étant «de nouveau retranché[s] de ce qui a trait à la justice» (Hél. 14:18). La mort spirituelle ne signifie pas que l'esprit d'une personne meurt au sens littéral du terme (l'esprit est immortel), mais que l'on est dans «un état d'aliénation spirituelle par rapport à Dieu» (Smith, vol. 1, p. 45), une mort «quant à ce qui a trait à la justice» (Al. 12:16; 40:26).
Comme les petits enfants ne sont pas capables de pécher (Mro. 8:10-14), la première mort spirituelle ne commence pour un individu sur la terre que lorsqu’il atteint l'âge de responsabilité (huit ans; D&A 68:27). Généralement, en acquérant de la maturité, les hommes commencent à reconnaître les conséquences de leurs actes et à en devenir responsables (D&A 18:42). Dans la mesure où ils n'harmonisent pas leur comportement avec leur compréhension de la vérité et de ce qui est bon, ils créent un gouffre entre eux et Dieu, c’est à dire la mort spirituelle.
Paradoxalement, la première mesure prise pour surmonter cette situation l’a été avant que la Chute ne se produise: dans la vie prémortelle. Tous ceux qui sont nés ou qui naîtront sur cette terre ont choisi la vie physique et spirituelle lorsque, en tant qu’enfants d'esprit de Dieu, ils ont choisi de suivre le plan du Père pour la vie terrestre. Une fois qu’ils ont atteint l'âge de responsabilité pendant la vie terrestre, ils doivent de nouveau choisir.
Selon la compréhension des saints, le choix entre la vie et la mort spirituelles se fait au moment du baptême et de la confirmation, les ordonnances qui réconcilient symboliquement une personne avec Dieu et entament un processus de renaissance spirituelle qui va durer toute la vie. Une fois que l’alliance du baptême est faite et que le don du Saint-Esprit a été conféré, la nouvelle naissance symbolique doit être rendue réelle par l’effort quotidien pour se repentir et choisir la vie: le Christ et la justice. On ne fait pas le choix une fois pour toutes, mais de nombreuses fois pendant toute une vie.
Les saints des derniers jours ne considèrent pas une vie juste simplement comme une manière d'éviter un au-delà désagréable et de gagner une récompense céleste. Suivre le Christ est également le chemin du bonheur dans la condition mortelle. En conformant leur vie aux lois de Dieu, les hommes «sont bénis en tout, tant dans le temporel que dans le spirituel» (Mos. 2:41). C’est dans le Christ qu’est la vie abondante (Jn. 10:10); «Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements» (Mt. 19:17).
Dans le sens de la vie au quotidien, le choix de la vie implique, pour les saints des derniers jours, aimer et servir les autres, prier et étudier chaque jour la parole de Dieu, répandre autour de soi la connaissance du Christ et de son plan, dire la vérité, rester chaste avant le mariage et fidèle après le mariage, élever des enfants avec patience et amour et être honnête en toutes choses. La vie abondante, c’est cela.
Dans la période postmortelle, la «vie» dépend de nouveau de l'expiation du Christ, qui surmonte la première mort spirituelle en donnant la possibilité à tous les hommes et femmes d’entrer en la présence de Dieu pour être jugés. À ce stade, tout le monde sera jugé digne d'un degré de gloire et de sa qualité de vie, à l’exception des fils de la perdition. Ceux-là subissent la seconde mort spirituelle pour avoir commis le péché impardonnable, qui est de nier le Christ en pleine connaissance de cause (D&A 76:30-38; HC 6:314). [Voir aussi Vie éternelle; Mode de vie; Opposition; Mort spirituelle.]

Bibliographie
Hunter, Howard W. "The Golden Thread of Choice". Ensign 19, nov. 1989, pp. 17-18.
Smith, Joseph Fielding. DS, 3 vols.
SUE BERGIN

Vie prémortelle
Auteur: BROWN, GAYLE OBLAD

Avant leur naissance, les êtres humains ont existé comme hommes et femmes dans un état spirituel et ont donc coexisté avec le Père et le Fils. Cette période de la vie est également appelée premier état ou préexistence.
La Bible introduit la notion que l’humanité a eu une période de préparation avant la naissance sur terre. Le Seigneur dit à Jérémie: «Avant que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t’avais consacré, je t’avais établi prophète des nations» (Jé. 1:5), et l’Ecclésiaste affirme que «l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné» (Ec. 12:7). Dans d’autres Écritures, telles qu’Alma 13:3, il est écrit que les prêtres «étaient appelés et préparés dès la fondation du monde, selon la prescience de Dieu, à cause de leur foi extrême et de leurs bonnes œuvres».
Il y a en effet des indications que l’intelligence qui habite chaque personne est coéternelle avec Dieu. Elle a toujours existé et n’a jamais a été créée ni faite (D&A 93:29). En temps voulu cette intelligence a reçu un corps d’esprit, devenant enfant d’esprit de Dieu, le Père éternel, et son épouse bien-aimée, notre mère céleste. Cet esprit, habité par l’intelligence éternelle, a pris la forme de ses créateurs et est à leur image (Ballard, p. 140).
Il a été révélé au prophète Joseph Smith que nous sommes tous fils et filles spirituels littéraux de parents célestes. Il a reçu la révélation d’une information donnée autrefois à Moïse: « Je suis Dieu; j’ai fait le monde, et les hommes avant qu’ils ne fussent dans la chair» (Moï. 6:51). Ceci correspond à ce que laisse entendre Nombres 16:22, que Dieu est le Père de tous et est par conséquent «le Dieu des esprits de toute chair».
Les intelligences ont été organisées avant que le monde soit et parmi elles il y en avait beaucoup de grandes et de nobles comme Abraham et Moïse. Dieu s’est tenu parmi elles, a vu qu’elles étaient bonnes et les a choisies pour recevoir des responsabilités sur terre et tout au long de l’éternité (Abr. 3:21-23). Jésus, l’esprit premier-né, était prééminent parmi elles. « Jésus… existait avec le Père avant sa naissance dans la chair; et… dans l’état pré-existant il fut choisi et ordonné pour être le seul et unique Sauveur et Rédempteur du genre humain » (JC, p. 7).
La révélation montre que tout, même la terre elle-même, a eu une existence d’esprit avant la création physique. Joseph Fielding Smith écrit: «Ce n’est pas seulement l’homme qui a un esprit, et par là une âme vivante, mais, de même, les animaux des champs, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer ont un esprit et sont par conséquent des âmes vivantes… Les poissons, les oiseaux, les animaux des champs ont vécu avant d’être mis naturellement sur cette terre, ainsi que les plantes qui sont sur la face de la terre. L’esprit qui possède le corps des animaux est à la similitude de leur corps » (DS1:68). «Car moi, le Seigneur Dieu, je créai spirituellement toutes les choses dont j'ai parlé, avant qu'elles fussent naturellement sur la surface de la terre… Et moi, le Seigneur Dieu, j'avais créé tous les enfants des hommes, mais pas encore d'homme pour cultiver le sol; car c'est dans le ciel que je les avais créés» (Moï. 3:5).
Le prophète Joseph Smith a enseigné que « Dieu lui-même, se trouvant au milieu des esprits et de la gloire, vit, parce qu’il était plus intelligent, qu’il était utile d’instituer des lois grâce auxquelles le reste [des intelligences] aurait la possibilité d’avancer comme lui» (EPJS, p. 287). Son plan était d’envoyer ses fils et ses filles sur la terre (le second état) pour obtenir un corps de chair et d’os et apprendre par expérience par les vicissitudes terrestres, sans aucun souvenir du premier état et avec la possibilité d’échouer ou de réussir.
Lors d’un Conseil dans les cieux réuni pour donner un aperçu de la vie terrestre, le Seigneur convoqua ses enfants d’esprit et présenta le plan du salut par lequel ils allaient venir sur cette terre, connaître la vie terrestre avec un corps physique, passer par une épreuve dans la condition mortelle et progresser vers une exaltation plus élevée. Il fut expliqué comment et selon quel principe le salut, l’exaltation et la gloire éternelle des fils et des filles de Dieu seraient réalisés (cf. DS1:58). Le Premier-né de Dieu se proposa pour mettre en application le plan du salut (Abr. 3:27). Lucifer, qui était également un fils du Père, se présenta avec une contre-proposition: «Me voici, envoie-moi, je serai ton Fils et je rachèterai toute l'humanité, de sorte que pas une seule âme ne sera perdue, et je le ferai certainement; c'est pourquoi donne-moi ton honneur» (Moï. 4:1). Alors qu’il jouissait déjà d’une position élevée, Lucifer voulait encore aller plus haut sans souci des droits et du libre arbitre des autres, cherchant à détruire le libre arbitre de l’homme (JC, p. 7-8). Le Père dit: «J’enverrai le premier» (Abr. 3:27).
Cette décision amena les armées du ciel à prendre position et un tiers se rebella et, avec Lucifer, fut chassé du ciel. «Ils se virent refuser l’avantage de naître dans ce monde et de recevoir un corps mortel… Le Seigneur les chassa sur la terre où ils devinrent les tentateurs de l’humanité» (DS 1:69; cf. Jude 1:6).
James E. Talmage a écrit: «L’offre du Premier-Né d’établir l’évangile de salut par son ministère parmi les hommes, et de se sacrifier, par le travail, l’humiliation et la souffrance jusqu’à la mort, fut acceptée et devint le plan préordonné grâce auquel l’homme serait racheté de la mort, serait finalement sauvé des effets du péché et pourrait être exalté par une vie d’activité et de justice» (JC, pp. 21-22). Joseph Fielding Smith explique: «Dieu a donné à ses enfants leur libre arbitre déjà dans le monde d’esprit, grâce à quoi chaque esprit avait la possibilité, tout comme les hommes ici-bas, de choisir le bien et de rejeter le mal, ou de faire le mal pour souffrir les conséquences de leurs péchés» (p. 318-319).
Alma le Jeune, prophète du Livre de Mormon explique encore plus en détail les possibilités présentées aux enfants d’esprit de Dieu dans l’existence prémortelle: «Ils étaient laissés libres, dès le départ, de choisir le bien ou le mal; et ayant alors choisi le bien et exerçant une foi extrêmement grande, ils sont appelés d'un saint appel… à cause de leur foi, tandis que d'autres rejetaient l'Esprit de Dieu à cause de l'endurcissement de leur cœur et de l'aveuglement de leur esprit, alors que, sans cela, ils auraient pu avoir une bénédiction aussi grande que leurs frères. En bref, au départ, ils étaient sur le même pied que leurs frères; ainsi, ce saint appel fut préparé dès la fondation du monde pour ceux qui ne s'endurciraient pas le cœur, dans et par l'expiation du Fils unique» (Alma 13:3-5; italiques ajoutés). Le «premier état» désigne ici notre premier état ou l’existence prémortelle.
Nous voyons dans la doctrine de la préordination suggérée dans le passage ci-dessus que beaucoup viennent probablement sur terre avec des appels et des responsabilités déjà désignés. Le prophète Joseph Smith a enseigné: «Quiconque est appelé à exercer un ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but même dans le grand conseil grand des cieux avant que le monde fût» (EPJS, p. 296). Des esprits prémortels nobles et grands furent montrés à Abraham et le Seigneur lui dit: «Abraham, tu es l'un d'eux; tu fus choisi avant ta naissance» (Abr. 3:22-23). Le livre apocryphe de Tobit suggère aussi l’idée qu’il y a eu, dans une vie prémortelle, des tâches qui pourraient affecter la condition mortelle (6:17). Cependant, même si certains peuvent être préordonnés à des missions spéciales sur terre, Joseph Fielding Smith dit que «personne n’a été préordonné ou nommé pour pécher ou pour accomplir une mission mauvaise» (DS1:66). Les préordinations et les nominations ne proscrivent pas le libre arbitre de l’individu.
La façon dont on a vécu dans le monde d’esprit influence probablement les dispositions et les désirs dans la condition mortelle. Parmi ceux qui étaient nobles et grands dans ce monde précédent, le Seigneur en choisit pour en faire ses prophètes et ses gouverneurs sur terre dans le second état, parce qu’il les connaissait avant leur naissance et qu’il savait qui serait susceptible de le servir dans la condition mortelle. Les caractéristiques de l’esprit, qui ont été acquises pendant les expériences de l’ancienne existence, peuvent jouer un rôle important dans la progression de l’homme durant la vie terrestre (cf. DS1:60). «Avant même de naître, ils avaient reçu, avec bien d'autres, leurs premières leçons dans le monde des esprits et avaient été préparés pour paraître au temps fixé du Seigneur pour travailler dans sa vigne au salut de l'âme des hommes» (D&A 138:56).
Cette notion que les enfants d’esprit de Dieu ont acquis certaines capacités caractéristiques, mais sont pourtant venus sur terre dans l’oubli, est semblable à celle exprimée dans le poème de Wordsworth «Ode: Prémonitions d’immortalité à partir de réminiscences de la tendre enfance»: «Notre naissance n’est que sommeil et oubli… C’est en traînant derrière nous des nuées de gloire que nous venons de Dieu, qui est notre demeure» (versets 58, 64-65). Orson Hyde, un apôtre, dit que l’absence de souvenirs ne signifie pas que l’humanité n’a pas eu de vie prémortelle. Il explique que beaucoup de gens quittent leur patrie pour vivre dans un autre pays, et pourtant après un certain nombre d’années, le souvenir de ce pays d’origine peut être presque effacé comme s’il n’avait jamais existé. «Nous avons oublié !… Mais notre manque de mémoire ne peut pas changer les faits» (JD 7:315).
Ainsi, pour les saints des derniers jours, la vie prémortelle est caractérisée par l’individualité, le libre arbitre, l’intelligence et la possibilité de progresser éternellement. C’est un point de doctrine fondamental de la théologie de l’Église et il permet de mieux comprendre la question historique: «D’où vient l’homme?»
Bibliographie
Ballard, Melvin J. Sermons and Missionary Services of Melvin J. Ballard, comp. Bryant S. Hinckley, p. 140. Salt Lake City, 1949.
Smith, Joseph Fielding. "Is Man Immortal?" IE 19, févr. 1916, pp. 318-319.
GAYLE OBLAD BROWN

Visions
Auteur: BERGIN, ALLEN E.

Une vision de Dieu est une forme de révélation par laquelle Dieu se révèle lui-même et sa volonté. C'est un mode visuel de communication divine, contrairement aux situations dans lesquelles on entend prononcer des mots ou reçoit des impressions dans son esprit. L’expérience des saints des derniers jours est conforme aux précédents bibliques dans son affirmation que les visions constituent une marque de l'approbation divine. C’est ce genre de manifestations célestes qui ont informé et ont dirigé les prophètes de l'Ancien Testament (par exemple, Daniel, Ésaïe) et les apôtres du Nouveau Testament (par exemple, Pierre, Paul). Elles ont pareillement fait partie du fondement de révélation sur lequel les prophètes et les apôtres modernes ont affirmé leur témoignage du Seigneur. Les visions de Joseph Smith et des prophètes du Livre de Mormon sont comparables à celles des autres ères testamentaires. Ces périodes historiques de témoignage – l’Ancien, le Nouveau, le Livre de Mormon et les Derniers jours – présentent des formes semblables de la révélation de Dieu. Chacune de ces dispensations de l'Évangile a comporté des visions qui communiquaient la volonté du Seigneur pour l’époque.
Une expérience d'une vision du temps de l'Ancien Testament est «L’Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle à son ami» (Ex. 33:11). De même, Moïse «vit Dieu face à face et parla avec lui, et la gloire de Dieu fut sur Moïse; c'est pourquoi Moïse put supporter sa présence» (Moï. 1:2). La vision d’Étienne dans Actes 7:55-56 n’en est pas moins frappante: «Mais Étienne, rempli du Saint–Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit: Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu.» La vision de Joseph Smith et de Sidney Rigdon rapportée dans D&A 76:19 est du même genre: «Le Seigneur toucha les yeux de notre entendement, et ils furent ouverts… Et nous vîmes la gloire du Fils, à la droite du Père.» Chaque vision est sans équivoque et est accompagnée de l'Esprit du Seigneur (voir Visions de Joseph Smith).
Ces témoignages distinctifs ancrent tout reste de la communion de Dieu par un lien visuel avec un monde habituellement invisible qui dirige le destin de l'humanité. Ils donnent une impression vive de la nature de Dieu et de son dessein pour le monde qui donne une cohérence à toutes les autres Écritures et inspirations. L'illumination spirituelle, visuelle ou autre, est dépendante de la foi et de la confiance au Seigneur ainsi que de l'obéissance. Quand ils rejettent la volonté du Seigneur ou s’en écartent, les hommes se retirent de son Esprit (Mos. 2:36) et les visions cessent.
Dans la doctrine des saints des derniers jours, les visions sont des perceptions, facilitées par l'Esprit, de quelque chose d'habituellement invisible aux êtres humains. Les choses révélées sont considérées comme faisant partie de la réalité universelle. Ce processus est conforme à la loi naturelle et n'est pas «surnaturel» dans le sens habituel du terme. Il est analogue au fait que certains phénomènes physiquement réels, tels que les rayons X et les particules atomiques, ne sont pas visibles par les sens ordinaires mais peuvent être détectés par les instruments scientifiques. Dans le cas des visions, l'instrument est la personne et le mécanisme de l'observation est la foi aidée par l'Esprit de Dieu.
Il est essentiel de distinguer les visions authentiquement révélées des images auto-induites, des rêves où les souhaits se réalisent, des erreurs de perception, des tromperies sataniques et des hallucinations pathologiques, toutes choses qui ont été abondantes dans l'histoire humaine. Les fausses visions sont le résultat d’une recherche de «signes»; les visions authentiques se produisent habituellement à l’improviste. «Celui qui cherche des signes verra des signes, mais pas pour le salut… la foi ne vient pas par les signes, mais les signes suivent ceux qui croient» (D&A 63:7, 9).
Certains critères aident à juger de l'authenticité d’une révélation quelconque, y compris d’une vision:
• Elle fortifie la foi en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, et en sa mission et sa doctrine divines.
• Elle est confirmée par le témoignage du Saint-Esprit donné au chercheur sincère.
• Elle est habituellement reçue et rapportée par un serviteur ordonné du Seigneur, souvent au nom du Seigneur. Elle est déclarée clairement et sans équivoque et est d’application générale à un peuple ou à une époque ou à tous les hommes à toutes les époques. D’autres peuvent avoir des visions inspirées, mais elles s’appliquent expressément à ces personnes ou à ces situations.
• Le témoignage est habituellement soutenu par des témoignages supplémentaires tels que l'accompagnement de l'Esprit de Dieu, d'autres manifestations ou la parole d’autres testateurs.
• Elle est conforme aux principes scripturaires et à la doctrine établie.
• Celui qui reçoit et remet le message est moralement droit, honnête et humblement obéissant aux commandements de Dieu.
• Le contenu révélé et le comportement recommandé se présentent comme bons et vrais.
• Les conséquences, quand on suit l'information ou la directive, sont salutaires pour la personne et pour les autres, excepté dans les cas où la vision contient une réprimande pour iniquité ou une prophétie de destruction.
• Une impression d’illumination, d'édification et de paix plutôt que d'inquiétude ou de confusion suit la réception ou la prise de conscience de la vision.
• Elle n'est pas induite par des drogues, de l’érotisme, des rituels violents ou surexcités ni par le culte de faux esprits.
On affirme souvent que les visions ne sont que le résultat normal de la psychologie, de la biologie, de la culture ou de l’emploi de drogue, mais ce point de vue n’a jamais été étayé de manière convaincante. De telles interprétations sont utiles pour une gamme étroite de phénomènes explicables mais n'atteignent pas le domaine transcendant et inspirant des vraies visions. Les théories depuis la psychanalyse freudienne jusqu’à la psychobiologie moderne des rêves et des états de conscience altérés ne suffisent pas pour comprendre les concepts divinement donnés.

Bibliographie
Flusser, David. "Visions". Dans Encyclopaedia Judaica, Vol. 16, pp. 166-168. Jérusalem, 1972.
Nibley, Hugh W. Enoch the Prophet. Dans CWHN, Vol. 2.
ALLEN E. BERGIN

Visions de Joseph Smith
Auteur: PORTER, LARRY C.

Les prophètes antiques étaient habituellement appelés par un processus de révélation: des visions et/ou des révélations: «Lorsqu’il y aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que moi, l’Éternel, je me révélerai à lui, c’est dans un songe que je lui parlerai» (No. 12:6). Le prophète Joël a prédit que les visions augmenteraient dans les derniers jours, disant: «Vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions» (Joël 2:28-32).
Le prophète Joseph Smith eut sa première vision à l'âge de quatorze ans tandis qu’il priait dans un bosquet dans l’ouest de l’État de New York (voir Première Vision). L'apparition du Seigneur, dans son cas comme dans celui de Saul de Tarse, s’accompagna d’une lumière brillante venue du ciel (Ac. 9:3). Le Seigneur parla face à face avec Joseph et l'appela à son service. Ce fut la première d'une série de visions que Joseph Smith reçut, dont beaucoup furent racontées à d'autres personnes. Béni comme Jean sur l'île de Pathmos et Paul qui parla du troisième ciel, le prophète Joseph Smith a affirma: «Si vous pouviez regarder cinq minutes dans le ciel, vous en sauriez plus que vous n’en sauriez en lisant tout ce qui a jamais été écrit sur le sujet» (EPJS, p. 262; cf. HC 6:50). Il a également déclaré que «la meilleure manière d'obtenir la vérité et la sagesse n'est pas de la demander à des livres, mais d’aller trouver Dieu dans la prière et d’obtenir l'enseignement divin» (EPJS, p. 154).
Le président John Taylor a dit que Joseph Smith avait des contacts avec des prophètes de toutes les dispensations:
«Puisqu'il [Joseph] était à la tête de la dispensation de la plénitude des temps, qui comprend toutes les diverses dispensations qui ont existé sur la terre, et que comme les Dieux dans les mondes éternels et la Prêtrise qui officiait dans le temps et l'éternité avaient déclaré qu'il était temps de faire paraître ces choses, ils s’étaient tous unis pour lui donner les clefs de leur mission respective» [JD 18:326].
Une nouvelle dispensation exige que soient conférées prêtrise et clefs, selon la loi des témoins: «Toute affaire se réglera sur la déclaration de deux ou de trois témoins» (2 Co. 13:1). Pendant la période de rétablissement où la prêtrise et les clefs furent conférées par des messagers célestes, le prophète était accompagné d'un ou de plusieurs témoins. Oliver Cowdery était une figure principale dans l'accomplissement de cette loi des témoins (voir Témoins, loi des); les autres furent David Whitmer, Martin Harris et Sidney Rigdon. Faisant la distinction entre les rêves et les visions et associant les visions et les visitations, Joseph dit: «Une vision ouverte manifestera ce qui est le plus important» (EPJS, p. 128). Les visions cruciales reçues par le prophète Joseph Smith sont la source de beaucoup de points de doctrine et d’enseignements essentiels des saints des derniers jours.
LA PREMIÈRE VISION. Lucy Mack Smith raconte que pendant que la famille de Joseph Smith, père, exploitait sa ferme à Manchester (New York) pendant la période de 1820, «il y eut un grand réveil religieux qui s'étendit à toutes les confessions chrétiennes des environs» Lucy et trois des enfants se rallièrent à la Western Presbyterian Church de Palmyra, mais Joseph ne s’affilia à rien. Il devait écrire plus tard: «Il était impossible… de décider d'une manière sûre qui avait raison et qui avait tort.» (JS–H 1:8). Réagissant au conseil biblique: «Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée» (Ja. 1:5), Joseph se retira dans les bois et fit ce qu'il appela sa «première prière à haute voix» Sa prière pleine de foi fut exaucée. Joseph écrit: «Je vis deux Personnages dont l'éclat et la gloire défient toute description, et qui se tenaient au-dessus de moi dans les airs. L'un d'eux me parla, m'appelant par mon nom, et dit, en me montrant l'autre: Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le!» Répondant à sa question sur le point de savoir à quelle église il devait se joindre, le Seigneur lui dit de ne se joindre à aucune d’elles, disant qu’il devait rester comme il était «jusqu'à ce que je reçusse d’autres directives» (JS–H 1:17-19, 26). Quand Joseph sortit du bosquet, il possédait la connaissance que Dieu et son Fils étaient les personnalités réelles, que la Divinité se composait de personnes distinctes et que Dieu entend les prières et y répond. Il savait aussi qu'il ne devait pas s’affilier aux confessions existantes (Backman, 1971, pp. 206-208). Cette vision déclencha une succession de visitations de la part de messagers célestes qui guidèrent le jeune prophète dans le processus du rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.
VISITATIONS DE MORONI. Le prophète continua à vaquer à ses activités ordinaires jusqu'au 21 septembre 1823, tout en «subissant constamment de dures persécutions de la part de toutes sortes de gens» en partie à cause de ses affirmations au sujet de sa Première Vision (JS–H 1:27). Tandis qu’il priait ce soir-là pour savoir où il en était devant Dieu, un ange apparut à son chevet, disant qu'il avait été envoyé de la présence de Dieu et que son nom était Moroni. Il expliqua «que Dieu avait une œuvre à [lui] faire accomplir, et que [son] nom serait connu en bien et en mal parmi toutes les nations» (JS–H 1:33). Il lui parla d'un livre qui avait été écrit sur des plaques d'or, racontant l’histoire des anciens habitants du continent. Le livre contenait la plénitude de l'Évangile éternel telle qu’elle avait été remise par le Sauveur à ces gens. Une vision fut également accordée à Joseph d’une colline voisine et de l'endroit où les plaques contenant ces annales étaient déposées.
Le jour suivant, Joseph se rendit à la colline, que ses disciples appelèrent plus tard Cumorah, enleva un couvercle de pierre et vit le contenu du coffre qui était dessous, les plaques, l'urim et le thummim, et un pectoral. L'ange reparut et l'informa que le moment de déplacer les plaques n'était pas arrivé et qu'il devait le retrouver pendant quatre années au même endroit pour recevoir des enseignements complémentaires (JS–H 1:53). Une autre vision s’ouvrit à la vue de Joseph et il vit «le prince des ténèbres, entouré par son innombrable suite de complices». Le messager céleste dit: «Tout ceci t’est montré, le bien et le mal, le saint et l’impur, la gloire de Dieu et le pouvoir des ténèbres, afin que tu les distingues dorénavant et ne te laisses jamais influencer ou vaincre par le malin» (Messenger and Advocate 2:198).
De 1824 à 1827, Joseph retourna tous les ans à la colline comme stipulé. Le 22 septembre 1827, il rencontra l'ange et reçut ses instructions finales concernant les annales. Moroni les lui donna à traduire. Joseph dit: «Le même messager céleste me les remit avec cette consigne: que j'en serais responsable; que si je les perdais par insouciance ou négligence de ma part, je serais retranché; mais que si j'employais tous mes efforts à les conserver jusqu'à ce que lui, le messager, vînt les réclamer, ils seraient protégés» (JS–H 1:59). Le messager ne limita pas son enseignement à ces seules rencontres annuelles, mais prit contact avec Joseph à de nombreuses occasions (Peterson, pp. 119-120). En tout, l'ange Moroni visita Joseph Smith au moins vingt fois (voir Moroni, Visitations de). Joseph affirma à ses collaborateurs que d'autres prophètes du Livre de Mormon lui avaient également rendu visite, notamment Néphi, fils de Léhi (Cheesman, pp. 38-60). Lucy Mack Smith écrit que, grâce à cette formation, son fils Joseph était en mesure de décrire «avec beaucoup de facilité» les anciens habitants de l'Amérique, «leur habillement, leur façon de voyager et les animaux qu’ils montaient; leurs villes, leurs bâtiments dans le détail, leur façon de faire la guerre et également leur culte religieux» (p. 83).
JEAN-BAPTISTE. Le 15 mai 1829, tandis qu’ils traduisaient le Livre de Mormon à Harmony (Pennsylvanie), Joseph Smith et Oliver Cowdery se mirent à se poser des questions au sujet du baptême pour la rémission des péchés décrit dans 3 Néphi 11. Ils allèrent dans les bois pour prier afin d’être éclairés. Tous deux écrivent qu'un messager céleste, qui se dit être Jean-Baptiste, posa les mains sur eux et les ordonna à la Prêtrise d'Aaron en disant: «À vous, mes compagnons de service, au nom du Messie, je confère la Prêtrise d'Aaron, qui détient les clefs du ministère d'anges, de l'Évangile de repentir et du baptême par immersion pour la rémission des péchés; et cela ne sera plus jamais enlevé de la terre, jusqu'à ce que les fils de Lévi fassent de nouveau une offrande au Seigneur selon la justice» (JS–H 1:69; D&A 13; cf. EPJS, pp. 138).
PIERRE, JACQUES ET JEAN. Jean-Baptiste informa aussi Joseph et Oliver que «cette Prêtrise d'Aaron n'avait pas le pouvoir d'imposer les mains pour le don du Saint-Esprit, mais que cela nous serait conféré plus tard». Jean dit «qu'il agissait sous la direction de Pierre, Jacques et Jean, lesquels détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek, Prêtrise qui, dit-il, nous serait conférée en temps voulu» (JS–H 1:70-72).
Ce rétablissement se produisit vers la fin mai ou le début juin 1829, quelque part entre Harmony et Colesville sur le fleuve Susquehanna (voir Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Joseph Smith devait témoigner plus tard à propos de cette visitation: «La prêtrise est éternelle. Le Sauveur, Moïse et Élie ont donné les clefs à Pierre, Jacques et Jean sur la montagne quand ils ont été transfigurés devant lui…. Comment sommes-nous arrivés à la prêtrise dans les derniers jours ? Elle est descendue, descendue en une succession régulière. Pierre, Jacques et Jean l'ont reçue et ils nous l'ont donnée.» (WJS, p. 9)
TROIS TÉMOINS DU LIVRE DE MORMON. Par révélation, Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris furent choisis pour être témoins des plaques et de l’authenticité de la traduction du Livre de Mormon (2 Né. 11:3; 27:12; Ét. 5:2-4; D&A 5:11-18; D&A 17). Pendant la dernière partie de juin 1829, en compagnie de Joseph Smith, ces trois hommes se rendirent dans les bois attenants à la maison Whitmer à Fayette (New York) et s’agenouillèrent pour prier. Comme ils ne recevaient pas immédiatement la révélation promise, Martin Harris dit qu'il pensait que c’était peut-être lui la cause de leur échec. Après que Martin Harris se fut retiré, les autres se remirent à genoux pour prier. David Whitmer décrit la visitation de Moroni:
«L'ange se tint devant nous. Il était vêtu de blanc et parla et m'appela par mon nom et dit: «Béni celui qui garde ses commandements…» Une table fut mise devant nous et dessus les annales des Néphites dont le Livre de Mormon avait été traduit, les pectoraux [et également l'urim et le thummim], la boule directrice [Liahona], l'épée de Laban et d'autres plaques. Tandis que nous les regardions, la voix de Dieu parla des cieux, disant que le livre était vrai et que la traduction en était correcte [cité dans «Letter from Elder W. H. Kelley», Saints’ Herald 29, 1er mars 1882, p.68].
Par la suite, Joseph alla retrouver Martin Harris et ils eurent ensemble une manifestation semblable. Les trois témoins approuvèrent plus tard une déclaration décrivant leur expérience qui accompagne tous les exemplaires du Livre de Mormon. Ils jurèrent qu'ils avaient vu l'ange et les plaques et que «nous savons aussi qu'elles ont été traduites par le don et le pouvoir de Dieu, car sa voix nous l'a déclaré» (voir Témoins du Livre de Mormon). Plus tard, huit autres eurent le privilège de voir et de manipuler les plaques, mais sans la présence de l'ange et sans avoir entendu la voix de Dieu.
VISION DES GLOIRES. Pendant qu’il rédigeait le texte de sa traduction de la Bible, Joseph Smith alla s’installer avec Sidney Rigdon chez John Johnson à Hiram (Ohio), le 12 septembre 1831. Pendant que les deux hommes travaillaient à l'évangile de Jean, il devint évident pour eux que beaucoup de points importants au sujet du salut des hommes avaient été perdus dans la Bible. Joseph écrit: «D’après les vérités qui restaient, il semblait qu’il allât de soi que si Dieu récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‘ciel’, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre plus d’un royaume» (HC 1:245). Le 16 février 1832, dans une pièce à l’étage de la maison Johnson, tandis que Sidney Rigdon et lui examinaient le passage de Jean 5:29, ils eurent une vision à plusieurs facettes (D&A 76), débutant par une vision du Père et du Fils dans la gloire la plus élevée. Cette scène fut suivie d'une série de visions, dont la Perdition et les fils de Perdition et puis des royaumes de gloire céleste, terrestre et téleste. Un témoin, Philo Dibble, qui se trouvait dans la pièce, devait se souvenir que les deux hommes restèrent immobiles pendant environ une heure. L’un disait: «Qu’est-ce que je vois» et le décrivait, et l'autre disait: «Je vois la même chose» (Juvenile Instructor 27, 15 mai 1892, pp. 303-304).
Il est clair que le prophète Joseph Smith ne communiqua pas tout ce qu’il avait vu dans la vision, car il dit plus tard: «Je pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai jamais fait sur les gloires des royaumes qui m’ont été manifestées dans la vision, si cela m’était permis et si le peuple était prêt à le recevoir» (EPJS, p. 246).
VISIONS DU TEMPLE DE KIRTLAND. Du 21 janvier au 1er mai 1836, beaucoup de saints de Kirtland connurent un déversement de l'Esprit, «une période de Pentecôte». Le 21 janvier, le prophète se réunit avec d'autres dans la salle de classe ouest du deuxième étage du temple de Kirtland. Joseph y eut une vision du royaume céleste de Dieu (D&A 137). Il vit le Père et le Fils et plusieurs personnalités antiques, notamment Adam, Abraham et sa propre mère et son père (tous les deux encore en vie) et son frère Alvin, qui était mort en 1823 (verset 5). Comme Joseph s'étonnait de la place d'Alvin dans le royaume céleste, la voix du Seigneur déclara: «Tous ceux qui sont morts sans connaître l'Évangile, qui l'auraient reçu s'il leur avait été permis de demeurer, seront héritiers du royaume céleste de Dieu» (verset 7). Il fut également instruit sur le destin des petits enfants. Le prophète écrit: «je vis aussi que tous les enfants qui meurent avant de parvenir à l'âge de responsabilité sont sauvés dans le royaume céleste de Dieu» (verset 10).
Pendant la consécration du temple de Kirtland, qui eut lieu le 27 mars 1836, beaucoup témoignèrent de la présence d’anges. Le prophète identifia explicitement les anciens apôtres Pierre et Jean comme étant présents parmi eux (Backman, The Heavens Resound, 1983, pp. 299-300; cf. JD 9:376).
Une semaine plus tard, le 3 avril 1836, Joseph Smith et Oliver Cowdery s'étaient retirés aux pupitres de la Prêtrise de Melchisédek du côté ouest du rez-de-chaussée du temple. Les rideaux furent baissés autour de la zone des pupitres tandis que les hommes priaient. «Le voile fut enlevé de notre esprit, et les yeux de notre entendement furent ouverts» (D&A 110:1). Le Seigneur se tint devant eux sur la balustrade du pupitre. «Ses yeux étaient comme une flamme de feu, ses cheveux étaient blancs comme la neige immaculée, son visage était plus brillant que l'éclat du soleil et sa voix était comme le bruit du déferlement de grandes eaux, oui, la voix de Jéhovah» (D&A 110:3). Le Sauveur accepta le nouvel édifice et promit que son nom et sa gloire seraient présents et que des milliers de personnes recevraient un déversement de bénédictions à cause du temple et de la Dotation reçue par ses serviteurs dans cette maison (D&A 110:6-9).
Après l'apparition du Sauveur, trois autres messagers se présentèrent. Chacun conféra aux deux dirigeants des clefs spécifiques de la prêtrise. Moïse vint et «[leur] remit les clefs du rassemblement d'Israël» (verset 11). Lorsque Moïse partit, Élias, qui possédait les clefs «de l'Évangile d'Abraham», apparut et remit les clefs de cette dispensation, disant «qu'en nous et en notre postérité toutes les générations après nous seraient bénies» (verset 12). D'autres clefs de la prêtrise furent rétablies par Élie, qui déclara: «Voici, le temps est pleinement arrivé, ce temps dont il a été parlé par la bouche de Malachie, lorsqu'il a témoigné qu'il [Élie] serait envoyé… pour tourner le cœur des pères vers les enfants, et les enfants vers les pères» (versets 14-15; voir aussi Alliance abrahamique; Évangile d'Abraham).
AUTRES MANIFESTATIONS CÉLESTES. Divers récits affirment que d'autres personnes furent également témoins de telles apparitions non seulement par rapport au temple de Kirtland mais précédemment lors de réunions dans l'école de rondins à la ferme d'Isaac Morley et à l'école des prophètes tenue dans le magasin de Newel K. Whitney (K. Anderson, pp. 107-113, 169-177; Backman, The Heavens Resound, 1983, pp 240, 264-68, 284-309).
Les visions mentionnées ci-dessus ne sont que quelques-unes des manifestations innombrables qui guidèrent le prophète. Joseph mentionne en avoir vu d’autres en vision, notamment Michel, Gabriel et Raphaël, mais ne donne pas de détails (D&A 128:20-21). Le président John Taylor identifie encore d'autres personnages qui servirent le prophète, notamment Adam, Seth, Hénoc, Noé, Abraham, Isaac et Jacob (JD 17:374; 18:325-26; 21:65, 94, 161; 23:48).
Un auteur a fait ce commentaire: «Il avait des visions du passé aussi bien que du futur. Comme voyant, il connaissait des choses sur le passé qui ne font pas partie de nos Écritures, mais qu’il mentionnait dans ses discours» (Madsen, p. 44). «J'ai vu Adam dans la vallée d'Adam-ondi-Ahman» (EPJS, p. 158). À Joseph Knight, père, le prophète commenta sur les perspectives que lui ouvraient l'urim et le thummim, qu'il avait trouvés déposés avec les plaques d'or. Knight explique: «Il semblait penser plus des lunettes ou de l'urim et du thummim… il dit: «Je peux tout voir; elles sont merveilleuses» (Jessee, 1976, p. 33). En conséquence, après avoir lu le Livre des Martyrs de Foxe, Joseph fit la réflexion qu'il «avait vu ces martyrs et ils étaient des disciples honnêtes et dévoués du Christ, selon la lumière qu’ils possédaient et ils seront sauvés» (Stevenson, p. 6). Il vit en vision des marcheurs du camp de Sion qui avaient péri du choléra dans le comté de Clay, au Missouri. Il relata leur situation, observant aux survivants: «Frères, j'ai vu ces hommes qui sont morts du choléra dans notre camp; et le Seigneur sait que si j'obtiens une demeure aussi lumineuse que la leur, je n’en demande pas plus» (HC 2:181 n). L’organisation du Collège des douze apôtres et du premier collège des soixante-dix lui fut révélée «par la vision et par le Saint-Esprit» et il créa ces offices dans la prêtrise en février 1835 (HC 2:182). Dans une vision plus ancienne, il vit «les douze apôtres de l'Agneau, qui sont maintenant sur la terre, qui détiennent les clefs de ce dernier ministère; ils étaient dans des pays étrangers, debout ensemble en cercle, très fatigués, les vêtements en lambeaux et les pieds enflés, les yeux baissés, et Jésus debout au milieu d’eux, et ils ne le voyaient pas. Le Sauveur les contemplait et pleurait» (HC 2:381). Il eut une vision qui lui permit d'indiquer «le lieu central» à Independence (Missouri) (EPJS, p. 60). Il expliqua à propos d'une vision de la résurrection des morts: «La vision était si claire que j’ai réellement vu des hommes, avant qu’ils ne fussent sortis de la tombe, comme s’ils se levaient lentement» (EPJS, p. 238). Il eut également la vision des temples de Kirtland et de Nauvoo avant leur construction et donna des instructions détaillées aux architectes, décrivant les fenêtres et leur illumination (JD 13:357; 14:273; HC 6:196-97). Il vit d’avance les difficultés rencontrées par les saints lors de la traversée des plaines, leur installation dans les montagnes Rocheuses et le futur état des saints (HC 5:85 n-86n).
Vers la fin de sa vie, il fit cette réflexion: «C'est ma méditation tout le jour et davantage que ma nourriture et ma boisson que de savoir comment faire comprendre aux saints de Dieu les visions qui déferlent comme une vague débordante devant mon esprit» (WJS, p. 196).

Bibliographie
Anderson, Karl Ricks. Joseph Smith's Kirtland. Salt Lake City, 1989.
Anderson, Richard Lloyd. Investigating the Book of Mormon Witnesses. Salt Lake City, 1981.
Andrus, Hyrum. Joseph Smith, the Man and the Seer. Salt Lake City, 1960.
Backman, Milton V., Jr. Joseph Smith's First Vision. Salt Lake City, 1971.
Backman, Milton V., Jr. Eyewitness Accounts of the Restoration. Orem, Utah, 1983.
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound. Salt Lake City, 1983.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Cheesman, Paul R. The Keystone of Mormonism. Provo, Utah, 1988.
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook. The Words of Joseph Smith. Salt Lake City, 1980.
Jessee, Dean C. "Joseph Knight's Recollection of Early Mormon History." BYU Studies 17 (Autumn 1976):29-39.
Jessee, Dean C. The Papers of Joseph Smith, Vol. l. Salt Lake City, 1989.
Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Doctrine and Covenants, Vol. 1. Salt Lake City, 1978.
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Porter, Larry C. "Dating the Restoration of the Melchizedek Priesthood." Ensign 9 (June 1979):4-10.
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Smith, Lucy Mack. History of Joseph Smith, dir. de publ. Preston Nibley. Salt Lake City, 1958.
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
Stevenson, Edward. Reminiscences of Joseph, the Prophet. Salt Lake City, 1893.
LARRY C. PORTER

Young, Brigham

[Cette rubrique se compose de deux articles:
Young, Brigham: Brigham Young
Young, Brigham: Enseignements de Brigham Young
Brigham Young est une biographie du célèbre dirigeant pionnier et deuxième président de l’Église. Enseignements de Brigham Young donne un aperçu de la diversité et de l’importance de ses enseignements conservés dans ses discours. Les aperçus Histoire de l’Église: 1831-1844, Périodes d’Ohio, du Missouri et de Nauvoo et Histoire de l’Église: 1844-1877, Périodes de l’exode et du début de l’histoire de l’Utah passent en revue l’histoire de l’Église du vivant de Brigham Young et du temps de sa présidence. Il est le personnage principal des sujets traités dans Migration vers l’Ouest: Planification et prophétie; Vie et culte pionniers; Immigration et émigration; et Colonisation.]

Young, Brigham: Brigham Young
Auteur: ARRINGTON, LEONARD J.

Colonisateur, gouverneur territorial et président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Brigham Young (1801-1877) naquit le 1er juin 1801 à Whitingham (Vermont). Il était le neuvième des onze enfants de John Young et Abigail (Nabby) Howe. Après son service dans l’armée révolutionnaire de George Washington, John Young s’installa dans une ferme à Hopkinton (Massachusetts). Après avoir passé seize ans à Hopkinton, John et Nabby partirent pour le sud du Vermont, où Brigham naquit. Quand il eut trois ans, la famille partit pour le centre de l’état de New York et, quand il eut dix ans, pour Sherburne (au sud du centre de l’état de New York). Brigham aida à défricher des terres à cultiver, prit au piège des animaux à fourrure, pêcha, construisit des hangars et creusa des caves et aida aux semailles, à la culture et aux récoltes. Il soigna également sa mère, qui était gravement atteinte de la tuberculose.
Elle décéda en 1815, quand il avait quatorze ans. Peu de temps après, à la recherche de quelqu’un pour s’occuper de ses enfants en bas âge, John Young épousa une veuve, Hannah Brown, qui introduisit ses propres enfants dans la famille. Brigham décida de partir de chez lui. Vivant un certain temps chez une sœur, il devint apprenti menuisier, peintre et vitrier à Auburn, une localité voisine. Au cours des cinq années qui suivirent, il aida à créer à Auburn le premier marché, la prison, le séminaire de théologie et la maison du «Squire» William Brown (plus tard occupée par William H. Seward, qui fut gouverneur de l’état de New York et Secrétaire d’État de Lincoln). Devenu maître menuisier, Brigham construisit des garnitures de porte et des vasistas à claire-voie et sculpta des manteaux de cheminée ornementés pour beaucoup de maisons. Aujourd’hui encore, beaucoup de vieilles maisons de la région ont des chaises, des bureaux, des escaliers, des portes et des manteaux de cheminée faits par Brigham Young.
Brigham quitta Auburn au printemps de 1823 pour travailler à Port Byron (New York), où il répara des meubles et peignit des péniches. Il inventa un système pour mélanger les peintures et fabriqua beaucoup de chaises, de tables, de canapés, d’armoires et de portes. Il aida aussi à organiser la société d’art oratoire locale. Le 5 octobre 1824, à l’âge de vingt-trois ans, Brigham épousa Miriam Works. Ils s’installèrent dans la commune d’Aurelius où ils entrèrent dans l’Église méthodiste. Dans l’année qui suivit, leur premier enfant, Elizabeth, naquit.
Après quatre ans à Port Byron, Brigham et Miriam partirent pour Oswego, un port sur le lac Ontario, où il ajouta à sa réputation de bon artisan, d’homme honnête et industrieux. Il rejoignit un petit groupe de chercheurs religieux qui faisaient des prières ferventes et chantaient des cantiques entraînants. Une de ses connaissances d’Oswego témoigna que sa conduite était exemplaire, humble et contrite.
Vers la fin de 1828, Brigham emmena sa famille à Mendon (New York), à soixante-cinq kilomètres de Port Byron, près de son père et d’autres parents. À Mendon, Miriam donna le jour à une deuxième fille, Vilate, mais contracta une tuberculose chronique et devint à moitié invalide. Brigham faisait les repas, habillait les enfants, nettoyait la maison et, le matin, portait Miriam jusqu’à un fauteuil à bascule devant la cheminée et la remettait au lit le soir. A Mendon, il construisit un atelier et un moulin, fabriqua et répara des meubles et installa des vitres, des embrasures de portes, des escaliers et des manteaux de cheminée.
Au printemps de 1830, Samuel Smith, frère de Joseph Smith, passa par Mendon lors d’un voyage pour distribuer le Livre de Mormon. Il en laissa un exemplaire à Phineas, frère aîné de Brigham, un prédicateur ambulant. Phineas fut favorablement impressionné par le livre et le prêta à son père, puis à sa sœur Fanny, qui le donna à Brigham. Bien qu’impressionné, Brigham recommanda néanmoins la prudence: «Attendez un peu … je [veux] voir s’il y a du bon sens là-dedans» (JD 3:91; cf. 8:38). Après près de deux ans de recherche, Brigham, touché par le témoignage d’un missionnaire mormon, fut baptisé au printemps de 1832. Toute la famille immédiate de Brigham fut également baptisée et tous restèrent saints des derniers jours fidèles leur vie durant. Miriam, qui devint également membre, ne vécut que jusqu’en septembre 1832.
Une semaine après son baptême, Brigham fit son premier sermon. Il déclara: «[Après mon baptême] je voulais tonner et rugir l’Évangile aux nations. Cela me brûlait dans les os comme un feu mal contenu, alors j’ai commencé à prêcher… Rien d’autre ne pouvait me satisfaire que crier partout dans le monde ce que le Seigneur était en train de faire dans les derniers jours» (JD 1:313). Brigham se sentait à ce point poussé à «crier partout» qu’il enrôla l’aide de Vilate et de Heber C. Kimball pour s’occuper de ses filles et abandonna son commerce pour se consacrer de tout cœur à l’édification du «royaume de Dieu». Cet automne-là, après la mort de Miriam, Heber Kimball, lui et plusieurs parents se rendirent à Kirtland, où il rencontra pour la première fois le prophète Joseph Smith, qui avait alors vingt-six ans. Invité à la prière du soir chez les Smith, Brigham fut poussé par l’Esprit et parla en langues, la première fois que le Prophète voyait quelqu’un le faire.
Les voyages missionnaires suivants de Brigham le conduisirent vers le nord, l’est, l’ouest et le sud de Mendon. Avec son frère Joseph Young, il fit plusieurs voyages de prédication dans la campagne de New York et d’Ontario (Canada). Pendant l’été de 1833, il se rendit avec plusieurs de ses convertis canadiens à Kirtland où il entendit Joseph Smith parler du rassemblement, soulignant que l’édification du royaume de Dieu exigeait plus que simplement la prédication. Ainsi instruit, Brigham retourna à New York et, avec les Kimball, déménagea son ménage à Kirtland pour pouvoir participer à l’édification d’une nouvelle société.
Parmi ceux que Brigham rencontra à Kirtland il y avait Mary Ann Angell, originaire de Seneca (comté d’Ontario, New York), qui avait travaillé dans une usine à Providence (Rhode Island) jusqu’à sa conversion à l’Église et son déménagement à Kirtland. Brigham l’épousa le 18 février 1834. Elle prit soin des deux filles que Brigham avait eues de Miriam et eut plus tard six enfants à elle.
En 1834, Brigham et son frère Joseph participèrent au camp de Sion, une petite armée qui fit à pied le trajet d’Ohio au Missouri pendant l’été de 1834 pour aider ceux qui avaient été chassés de chez eux par des émeutiers hostiles. Brigham trouva que cette expédition difficile, dirigée par Joseph Smith, avait été une éducation superbe et dit plus tard que «ce fut là que je commençai à savoir comment diriger Israël» (Arrington, pp. 45-46).
Ce furent le dévouement et le potentiel, plus que les réalisations, qui qualifièrent Brigham Young pour être choisi en février 1835 comme membre du Collège des douze apôtres originel de l’Église. Les Douze étaient «un grand conseil voyageur» chargé porter l’Évangile «à toutes nations, familles, langues et peuples». Ils présidaient non pas «au pays» mais «à l’étranger» où aucun pieu local n’était établi. Ce groupe devint plus tard le collège dirigeant dans l’Église après la Première Présidence.
Chaque été Brigham entreprenait des missions de prosélytisme dans l’Est; chaque hiver il s’occupait de sa famille et aidait à l’édification de Kirtland. Il aida à la construction du temple de Kirtland, assista à l’école des prophètes, participa au déversement de Pentecôte qui accompagna la consécration du temple de Kirtland au printemps de 1836 et se lança dans les activités économiques liées à l’Église dont Joseph Smith le chargeait. Quand la communauté de Kirtland se divisa à propos de la façon dont Joseph Smith dirigeait, la défense vigoureuse du prophète assurée par Brigham Young exaspéra tellement les critiques que Brigham dut fuir Kirtland pour sa propre sécurité.
Quand arriva l’été de 1838, la plupart des fidèles de Kirtland, dont Brigham et sa famille, étaient allés s’installer au comté de Caldwell, dans le nord du Missouri. L’arrivée d’un nombre de plus en plus important de saints des derniers jours ralluma les antagonismes avec les vieux colons et des violences éclatèrent (voir Conflit au Missouri). Désarmés, violés et dépouillés de la plupart de leurs possessions, les saints des derniers jours furent chassés de l’état. Joseph Smith, son frère Hyrum, Sidney Rigdon et d’autres dirigeants de l’Église ayant été jetés en prison, Brigham Young, doyen du Collège des Douze, dirigea l’évacuation des saints vers Quincy et d’autres localités de l’Illinois. Pour garantir que les membres sans attelages ni chariots ne fussent pas abandonnés, il rédigea l’Alliance du Missouri. Tous ceux qui la signèrent acceptaient de mettre leurs ressources à disposition pour déménager tout le monde en lieu sûr.
Au printemps de 1839, Joseph Smith désigna Commerce (renommé Nauvoo) (Illinois), comme nouveau lieu central de rassemblement des saints. La famille de Brigham était à peine installée dans la région que lui et d’autres membres des Douze partaient faire une mission en Grande-Bretagne. En dépit de la pauvreté et de la mauvaise santé ambiantes, Brigham quitta sa femme et ses enfants en septembre, bien décidé à aller coûte que coûte en Angleterre. Ses compagnons et lui arrivèrent finalement à Liverpool en avril 1840 (voir Missions des Douze aux îles Britanniques).
Comme président de collège, Brigham dirigea le travail de son collège en Grande-Bretagne pendant une année étonnante au cours de laquelle ils baptisèrent entre 7.000 et 8.000 convertis, imprimèrent et distribuèrent 5.000 exemplaires du Livre de Mormon, 3.000 livres de cantiques, 1.500 exemplaires du Millennial Star et 50.000 brochures, créèrent une agence de navigation et aidèrent près de 1.000 personnes à émigrer à Nauvoo. Brigham se rendit dans les villes principales d’Angleterre et prit le temps de visiter le palais de Buckingham, la cathédrale Saint-Paul, l’abbaye de Westminster, le Lake District, des villes industrielles, les Potteries, des musées, des galeries d’art et, naturellement, les convertis, riches et pauvres. Plus tard, il devait souvent commenter sur ce qu’il avait vu et appris en Angleterre.
Un succès aussi saisissant, la première expérience de ce genre pour un collège uni, prépara les Douze à des responsabilités supplémentaires. De retour à Nauvoo, Brigham reçut la tâche de diriger les Douze dans leur supervision de l’œuvre missionnaire, de l’achat de terres et de l’installation des immigrés, ainsi que de divers projets de construction. Avec d’autres, le principe du mariage plural lui fut enseigné; il l’accepta après avoir beaucoup hésité, réfléchi et prié. Avec le consentement de Mary Ann, il épousa Lucy Ann Decker Seeley en juin 1842 et eut plus tard d’autres épouses plurales. Il fut parmi les premiers à recevoir la dotation complète du temple en 1842 et, plus tard, avec Mary Ann, participa avec d’autres qui avaient reçu les ordonnances du temple à des sessions au cours desquelles Joseph Smith donna des instructions supplémentaires sur les principes de l’Évangile.
Étant maintenant président du collège qui venait directement en second après la Première Présidence en autorité et en responsabilité, Brigham Young était quelqu’un de très éminent et influent à Nauvoo. Néanmoins, tout en contribuant à tout diriger, depuis la construction du temple de Nauvoo jusqu’à l’œuvre missionnaire à l’étranger, il conserva l’habitude qu’il avait prise à Kirtland d’entreprendre personnellement des missions de prédication chaque été. En février, Joseph Smith donna d’autres instructions à Brigham Young et à d’autres de son collège sur un déplacement futur vers les montagnes Rocheuses. En mars 1844, Brigham participa à la création du conseil des cinquante, une organisation qui annonçait le modèle de gouvernement d’une future société théocratique et qui fut le dernier modèle d’organisation de ce genre laissé par Joseph Smith. Peu après, comme s’il pressentait sa mort imminente, Joseph Smith donna à Brigham et aux autres membres des Douze la mission solennelle de «emporter ce royaume», leur disant qu’ils avaient maintenant toutes les clefs et toutes les instructions nécessaires pour le faire avec succès (CR, avr. 1898, p. 89; MS. 5, mars 1845, p. 151).
En mai 1844, Brigham et d’autres apôtres partirent pour des missions d’été. Pendant leur absence, les événements se dégradèrent à Nauvoo. Joseph Smith fut arrêté et, le 27 juin, tué avec son frère Hyrum quand des émeutiers donnèrent l’assaut à la prison où ils étaient détenus (voir Prison de Carthage; Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Brigham était dans la région de Boston et n’apprit l’assassinat avec certitude que le 16 juillet. Ses compagnons et lui revinrent précipitamment à Nauvoo, où ils arrivèrent le 6 août. Après un affrontement spectaculaire avec Sidney Rigdon le 8 août, Brigham et les Douze furent soutenus pour diriger l’Église (voir Succession à la Présidence). Brigham resta le dirigeant jusqu’à sa mort en 1877.
Bien que décidés, en privé, à quitter Nauvoo, Brigham et ses collaborateurs étaient déterminés à finir le temple pour que les saints puissent recevoir leurs ordonnances. Alors même qu’ils travaillaient pour se défendre et pour finir le temple, ils tinrent des réunions pour décider quand et où partir plus vers l’ouest. Peu après que des violences eurent éclaté en septembre 1845, ils annoncèrent publiquement leur intention de partir le printemps suivant. En décembre, le temple fut prêt pour les ordonnances et dès février, près de 6.000 membres avaient reçu les bénédictions du temple. Les saints avaient également passé l’automne et l’hiver à se préparer pour l’exode. Des comités furent nommés et une Alliance de Nauvoo fut signée pour garantir que ceux qui avaient des biens aident ceux qui n’en avaient pas.
En partie par crainte d’une intervention gouvernementale, Brigham Young entreprit l’émigration dans le froid et la neige de février 1846 plutôt que d’attendre le printemps. Par centaines, puis par milliers, les gens, les animaux et les chariots traversèrent le fleuve Mississippi et pataugèrent dans la boue de l’Iowa jusqu’à des Quartiers d’Hiver (Winter Quarters, maintenant Florence, dans le Nebraska) sur le fleuve Missouri. À la fin du printemps, près de 16.000 saints étaient sur la route.
Brigham dirigea personnellement cette odyssée massive, qui nécessitait l’attribution de produits alimentaires, de chariots, de bœufs et de biens de l’Église aux convois organisés qui se mettaient en route sur la piste. La préparation et la traversée de l’Iowa prirent si longtemps qu’aucun des convois ne put atteindre les montagnes Rocheuses cette année-là, comme on l’avait espéré. Cette expérience exigeante de l’Iowa donna à Brigham Young des leçons précieuses sur les hommes et l’organisation, leçons dont il se servit tout au long de ses années de direction. Il apprit aussi à nouveau que quand les ressources humaines se révèlent insuffisantes, on doit se tourner avec foi vers Dieu. Cet hiver-là, Brigham annonça la «parole et [la] volonté du Seigneur» (D&A 136) pour aider à organiser les saints et à les préparer pour le voyage vers l’Ouest.
Brigham Young se mit en route, le 5 avril 1847, avec une avant-garde de 143 hommes, 3 femmes et 2 enfants. Retardé par maladie, il arriva dans la vallée du lac Salé le 24 juillet, quelques jours après le groupe d’exploration. Lorsqu’il eut vu la vallée de ses propres yeux, il annonça que c’était le bon endroit pour un nouveau siège de l’Église et confirma que la région serait le nouveau lieu de rassemblement. Il désigna aussi l’endroit exact pour un temple. Il dirigea l’exploration de la région, aida au levé et au lotissement des terrains pour les maisons, les jardins et les fermes, appela la nouvelle colonie «Great Salt Lake City, Grand Bassin, Amérique du Nord», tint des réunions où il nomma John Smith dirigeant religieux de la nouvelle colonie et marqua son accord pour des règles de base de travail et de partage coopératifs. Le 26 août, Brigham rejoignit le groupe qui s’en retournait à Winter Quarters.
À Winter Quarters, en décembre 1847, Brigham et les autres membres des Douze réorganisèrent la Première Présidence de l’Église, avec Brigham comme président. Le mois d’avril suivant, lui, sa famille et quelque 3.500 autres saints se mirent en route pour la vallée du lac Salé. Les activités de Brigham, qui devait organiser les convois, construire des ponts, réparer l’équipement et dresser les bœufs, développèrent des capacités qui allaient se manifester tout le reste de sa vie.
Brigham, qui avait maintenant quarante-sept ans, dut affronter une série de problèmes tandis qu’il s’installait définitivement dans la vallée du lac Salé. Le premier fut de loger sa famille. Sur un lot jouxtant City Creek dans ce qui est maintenant le centre de Salt Lake City, il construisit, pour ses femmes et ses enfants, une rangée de maisons de rondins qui, collectivement, fut appelée Harmony House. Au sud de ceci il construisit plus tard la Maison Blanche, une construction d’adobes séchées au soleil couverte de plâtre blanc. Plus tard encore, il construisit une grande maison d’adobes avec étage dont la façade donnait sur ce qu’on finit par appeler Brigham Street (maintenant South Temple Street). Ce bâtiment, qui était muni d’une tour surmontée d’une ruche dorée, fut appelé la Beehive House et fut la résidence officielle de Brigham comme gouverneur et président de l’Église. En 1856, Brigham ajouta un édifice impressionnant d’adobes de deux étages auquel on donna le nom de Lion House à cause de la statue d’un lion couché sur le portique. Plusieurs de ses familles vécurent dans ce bâtiment, juste à l’ouest de la Beehive House. Il construisit plus tard des maisons dans le sud de Salt Lake City, à Provo et à St-George. Les maisons de Brigham étaient toutes bien construites et finement meublées.
Le plus grand problème public était de trouver des endroits pour recevoir les saints qui arrivaient. Salt Lake City fut divisée en pâtés de quatre hectares et chaque chef de famille recevait un lot d’un demi-hectare sur un des pâtés de la ville. Les gens y gardaient leur bétail, leur potager et leurs autres accessoires «de maison» (voir Urbanisme). Un pâté de quatre hectares situé juste à l’ouest de Brigham fut désigné comme Temple Block (voir Temple Square) et on y installa la Bowery (tonnelle), un abri provisoire fait de branches d’arbre, où les saints tinrent d’abord leurs services religieux, le tabernacle et divers ateliers utilisés pour la construction de bâtiments publics. La construction du temple de Salt Lake City commença en 1853.
À l’extérieur de la ville, des lots de deux et de quatre hectares furent distribués à ceux qui voulaient cultiver. Sous la direction de Brigham Young, des équipes coopératives furent chargées de creuser des fossés et des canaux pour irriguer les cultures et pour fournir de l’eau aux maisons. D’autres brigades clôturèrent les zones résidentielles, construisirent des routes, coupèrent du bois de construction et ouvrirent des ateliers. D’autres groupes choisirent de nouveaux lieux à coloniser et aidèrent à mettre les gens dans les meilleurs endroits. D’autres encore furent appelés en mission aux États-Unis, en Europe ou dans le Pacifique.
Au printemps de 1849, Brigham Young organisa Salt Lake City en dix-neuf paroisses, créa des paroisses dans d’autres colonies, fonda l’état de Deseret avec lui-même comme gouverneur et mit sur pied le Fonds perpétuel d’émigration pour aider les saints de Grande-Bretagne, de Scandinavie et d’Europe continentale à émigrer.
Avec les milliers de saints qui arrivaient de l’Est des États-Unis et d’Europe, la colonisation exigea l’attention de Brigham Young. Sous sa direction, quatre sortes de colonies furent créées: premièrement, les colonies prévues comme lieux provisoires de rassemblement et de recrutement, tels que Carson Valley au Nevada; deuxièmement, les colonies devant servir de centres de production, comme le fer à Cedar City, le coton à St-George, le bétail à Cache Valley et les moutons à Spanish Fork, tous en Utah; troisièmement, les colonies devant servir de centres pour convertir et aider des Indiens, comme à Harmony, dans le sud de l’Utah, Las Vegas, dans le sud du Nevada, Lemhi, dans le nord de l’Idaho et ce qui est aujourd’hui Moab, dans l’est de l’Utah; quatrièmement, des colonies permanentes en Utah et dans les états et territoires voisins pour fournir des maisons et des fermes aux centaines de nouveaux immigrés qui arrivaient chaque été. En dix ans, près de 100 colonies avaient été implantées; en 1867, il y en avait plus de 200 et avant sa mort en 1877, il y en avait près de 400. Il est clair qu’il fut l’un des plus grands colonisateurs de l’Amérique.
Comme président de l’Église, Brigham dirigeait régulièrement l’office du dimanche à Salt Lake City et rendait visite tous les ans au plus grand nombre de communautés périphériques possible. Il nomma des évêques pour chaque paroisse et colonie et invita chaque paroisse à organiser pour ses membres des activités culturelles telles que bals, théâtre, récitals de musique et, surtout, des écoles. Il écoutait les personnes qui avaient à se plaindre, répondait aux innombrables questions sur des affaires personnelles et de famille aussi bien que sur la religion et dicta des milliers de lettres contenant des instructions, des recommandations, des conseils amicaux et des réflexions occasionnelles sur les affaires de l’Église et du pays. C’était un saint des derniers jours ferme et un conseiller sage.
Brigham prononça, dans l’Utah des pionniers, quelque 500 sermons qui furent enregistrés mot à mot par un sténographe. Ces sermons, tous prononcés sans texte préparé, peuvent donner l’impression d’être décousus, mais ils étaient bien pensés et révèlent un pouvoir mental remarquable. Ils étaient bien adaptés à ses auditoires. Ses discours étaient comme des «causeries de veillée», une conversation à bâtons rompus avec son auditoire. Entremêlant des sujets aussi divers que la mode féminine, l’expiation du Christ, des souvenirs de Joseph Smith et la façon de faire du bon pain, Brigham maintenait son auditoire suspendu à ses lèvres, fasciné, amusé et en larmes, parfois pendant des heures. Il inspirait, motivait, enseignait et encourageait.
Les saints des derniers jours s’étaient installés parmi diverses tribus d’Amérindiens. Tenant à les aider, à les convertir et à éviter les effusions de sang, Brigham créa des fermes indiennes, prit des Indiens dans sa propre maison, préconisa une politique basée sur le principe que «les nourrir coûte moins cher que les combattre» et tint des réunions périodiques avec les chefs. Ses politiques n’étaient pas toujours couronnées de succès, mais il cherchait systématiquement les solutions pacifiques et s’opposait fermement à la pratique trop courante sur la «frontière» de tuer les Indiens pour des vétilles.
En 1851, Brigham fut nommé gouverneur et surintendant des affaires indiennes du Territoire d’Utah par Millard Fillmore, président des États-Unis. Son problème principal comme gouverneur fut de traiter avec les fonctionnaires fédéraux «extérieurs», dont beaucoup étaient, à tous points de vue, hostiles à l’Église et d’une incompétence inexcusable. Il y eut des problèmes pour les petites dépenses fédérales, le fait que les saints n’avaient pas recours aux juges fédéraux dans les cas de conflits civils, le manque de tact des fonctionnaires nommés par le fédéral quand ils parlaient de l’Église, leur opposition à l’union de l’Église et de l’État et leur idée toute faite que les saints des derniers jours étaient immoraux parce qu’ils toléraient le mariage plural. [On trouvera d’autres événements qui retinrent l’attention de Brigham Young en 1856 dans Convois de charrettes à bras; Réforme de 1856-1857.]
Cette polémique incessante finit par amener James Buchanan, président des États-Unis, à prendre la décision, en 1857, de remplacer Brigham Young par un gouverneur «extérieur», Alfred Cumming, de Géorgie. En même temps, le président Buchanan, qui avait été informé (incorrectement) que les mormons étaient «dans un état de rébellion substantielle contre les lois et l’autorité des États-Unis» envoya une grande partie de l’armée américaine en Utah pour installer le nouveau gouverneur et garantir l’exécution des lois des États-Unis (voir Expédition d’Utah). Le gouverneur Young ne fut pas avisé de cette action, mais on repéra des forces armées secrètement en route pour l’Utah. Craignant une répétition de la «voyoucratie» du Missouri et de l’Illinois, il rappela les personnes vivant dans les colonies périphériques et mobilisa les saints pour défendre leurs foyers. Finalement, avec l’aide de Thomas L. Kane, il négocia un règlement pacifique en vertu duquel l’armée occupa Camp Floyd, un poste situé à une soixantaine de kilomètres de Salt Lake City. L’armée américaine fut une source d’irritation, mais pas un obstacle, à la poursuite de l’expansion et du développement de l’Église. Le président Young resta, comme s’en vantait son entourage, gouverneur du peuple, tandis que ses remplaçants ne faisaient que gouverner le territoire. L’armée quitta l’Utah en 1861 avec le début de la guerre de Sécession.
Convaincu qu’il fallait adapter la technologie la plus récente au profit de la société des saints, Brigham Young signa un contrat en 1861 pour construire le télégraphe transcontinental du Nebraska à la Californie, puis il se mit à construire les deux mille kilomètres du Deseret Telegraph de Franklin (Idaho) jusqu’au nord de l’Arizona. Celui-ci relia presque tous les villages mormons à Salt Lake City et, par ce raccordement, au monde. Tandis que le chemin de fer transcontinental était en construction, il négocia des contrats avec la Union Pacific et la Central Pacific pour que des entreprises mormones construisent les assiettes de la route à l’est de Salt Lake City jusque dans la région du Wyoming et à l’ouest jusque bien loin au Nevada. Il organisa ensuite les lignes de chemin de fer du Utah Central, Utah Southern et Utah Northern Railroad pour prolonger la ligne au sud d’Ogden jusqu’à Frisco dans le sud de l’Utah et vers le nord jusqu’à Franklin (Idaho) et par la suite jusqu’au Montana.
Conscient du fait que l’achèvement du chemin de fer mettrait en danger l’économie sociale indépendante de son peuple, le président Young inaugura un mouvement protecteur qui cherchait à préserver, autant que possible, le mode de vie qui lui était propre. Il organisa des coopératives pour gérer la vente et la fabrication locales, lança plusieurs nouvelles entreprises pour développer les ressources locales, promut des sociétés de secours dans chaque paroisse pour créer des occasions d’épanouissement, de socialisation et de services compatissants pour les femmes, ouvrit les portes de l’université de Deseret (plus tard l’université d’Utah) aussi bien aux jeunes filles qu’aux jeunes gens, encouragea les femmes à se former professionnellement, particulièrement en médecine et donna le vote aux femmes. En 1875, il fonda l’Académie Brigham Young (plus tard l’université Brigham Young), en 1877 le Brigham Young College (Logan, Utah) et le Latter-day Saints College (voir LDS Business College). En 1874, il promut aussi le mouvement de l’Ordre Uni pour encourager la coopération, la production et la consommation locales (voir Histoire économique de l’Église).
Brigham Young resta vigoureux jusqu’à sa mort en août 1877. Juste avant sa mort, il consacra le temple de St-George et y lança la totalité des ordonnances du temple, quelque chose qu’il se réjouissait de faire depuis Nauvoo, et il révisa l’organisation de l’Église à tous les niveaux, mettant pour la première fois en forme des pratiques qui allaient caractériser l’Église pendant près d’un siècle.
Brigham était un homme bien bâti et trapu (les dernières années corpulent) d’un mètre soixante-quinze, légèrement plus grand que la moyenne pour son temps. Il y avait très peu de gris dans ses cheveux brun clair. Les visiteurs remarquaient ses yeux bleu-gris perçants bordés de sourcils minces. S’il finit par porter la barbe, Brigham resta glabre jusque dans les années 1850, quand il commença à porter des favoris jusqu’au menton. Sa bouche et son menton étaient fermes, annonçant, pensaient les visiteurs, sa volonté de fer. Il était généralement posé et calme, mais il pouvait tonner du haut de la chaire. Parfois appelé le «Lion du Seigneur», il pouvait également rugir quand on l’irritait.
Les manières de Brigham Young étaient plaisantes et courtoises. Ses habits, généralement soignés et simples, étaient souvent de fabrication domestique. Il combinait une énergie et une assurance vibrantes avec de la déférence pour les sentiments des autres et avec une absence complète de prétention. Lorsqu’il mourut, il avait épousé vingt femmes, dont seize lui avaient donné cinquante-sept enfants. Il mourut le 29 août 1877 d’une péritonite consécutive à une rupture d’appendice.
Les réalisations les plus manifestes de Brigham furent le produit du talent qu’il eut toute sa vie de prendre des décisions pratiques. Il institua des méthodes de gouvernement de l’Église qui persistent à ce jour. Quand il fit traverser l’Iowa aux saints, il publia des instructions détaillées qui furent suivies par les centaines de convois qui traversèrent les plaines jusqu’à la vallée du lac Salé au cours des années qui suivirent. Dans le Grand Bassin, il dirigea l’organisation de plusieurs centaines de colonies de saints, fonda plusieurs centaines d’entreprises coopératives de vente au détail, de vente en gros et de production et lança la construction d’églises, de tabernacles et de temples. Tout en faisant tout cela, il mena un combat ininterrompu avec le gouvernement des États-Unis pour préserver le mode de vie propre aux saints.
Mais pour Brigham Young c’étaient là des moyens, pas la fin. Sa priorité absolue était de bâtir sur la base posée par Joseph Smith pour établir un empire dans le désert où son peuple pourrait pratiquer l’Évangile de Jésus-Christ dans la paix, améliorant de ce fait ses perspectives dans cette vie et dans la prochaine. Il aimait le Grand Bassin parce que sa rigueur et son isolement en faisaient l’endroit idéal pour «faire des saints».

Bibliographie
Arrington, Leonard J. Brigham Young: American Moses. New York, 1985.
Bringhurst, Newell G. Brigham Young and the Expanding American Frontier. Boston, 1986.
Palmer, Richard F. et Karl D. Butler, Brigham Young: The New York Years. Provo, Utah, 1982.
Walker, Ronald W. et Ronald K. Esplin. «Brigham Himself: An Autobiographical Recollection». Journal of Mormon History 4, 1977, pp. 19-34.
LEONARD J. ARRINGTON

Young, Brigham: Enseignements de Brigham Young
Auteur: NIBLEY, HUGH W.

En dirigeant les saints des derniers jours pendant plus de trente ans, Brigham Young n’a écrit que relativement peu, à l’exception de ses lettres, mais il a parlé fréquemment et sur de nombreux sujets. Il était constamment obligé de parler ex cathedra sur beaucoup de sujets relatifs à la vie dans ce monde et dans l’autre. Ses discours étaient vigoureux et directs, remplis d’un réalisme franc et de bon sens et beaucoup de ses discours étaient enregistrés en sténographie par des secrétaires. Outre ses réalisations pratiques et ses qualifications mécaniques, c’était un des hommes les plus discursifs et les plus lucides qui soient. C’était un homme qui avait subi l’épreuve du feu (par exemple, il fut littéralement chassé cinq fois de chez lui) et qui avait connu toutes les épreuves de la vie, depuis les allées du pouvoir jusqu’aux avant-postes les plus rudes de la civilisation. Il lui arrivait de dire des choses qui étonnaient ou même choquaient ceux qui avaient tendance à prendre pour doctrine tout ce qu’il disait, mais avec cette passion d’enseigner et d’apprendre des gens de la Nouvelle-Angleterre, il fonçait tête baissée.
Tous les commentateurs concèdent que Brigham Young a été l’un des dirigeants les plus capables et les plus dynamiques de l’histoire américaine. Il était l’un des hommes les plus pratiques de son époque, un réaliste, un homme qui avait la tête sur les épaules, qui était équilibré et plein de bon sens qui veillait à ce que les choses se fassent. Mais, pour lui, tout cela était secondaire. Ce qui était important, c’était que les gens sachent ce qu’ils faisaient et pourquoi. Ses ordres et ses recommandations s’accompagnaient d’explications complètes et convaincantes.
Ses enseignements commencent par la foi en Jésus-Christ: «Ma foi est placée dans le Seigneur Jésus-Christ, et ma connaissance, je l’ai reçue de lui» (JD 3:155). «Jésus est notre capitaine et notre dirigeant; Jésus, le Sauveur du monde – le Christ en qui nous croyons» (JD 14:118). «Notre foi est placée dans le Fils de Dieu et par lui dans le Père, et le Saint-Esprit est leur ministre pour ramener des vérités à notre souvenir» (JD 6:98).
Brigham Young acquit une grande partie de sa connaissance de Jésus-Christ grâce à sa fréquentation constante du prophète Joseph Smith: «Ce que j’ai reçu du Seigneur, je l’ai reçu par Joseph Smith» (JD 6:279). Jusqu’à la fin de sa vie, Young témoigna que la mission de Joseph Smith avait été de rendre la connaissance du Christ à la terre. «J’aime sa doctrine, disait-il. J’ai envie de crier alléluia tout le temps quand je pense que j’ai un jour connu Joseph Smith, le prophète que le Seigneur a suscité et ordonné» (JD 13:216; 3:51). Ses derniers mots furent: «Joseph, Joseph, Joseph.»
Sur cette base, Brigham Young enseigna avec force la loi de la progression éternelle. Cette vie est une partie de l’éternité. La connaissance et la gloire éternelles doivent être obtenues et favorisées sur cette terre. L’amélioration, l’instruction, la formation, l’édification et l’épanouissement sont la joie de la vie: «Nous ne comptons pas cesser d’apprendre tandis que nous vivons sur terre; et quand nous aurons traversé le voile, nous comptons continuer à apprendre» (JD 6:286). Et la progression éternelle mène à l’état divin: «Les fidèles deviendront des dieux, oui, les fils de Dieu» (JD 6:275).
Brigham Young était conscient de ce que beaucoup de gens n’étaient pas prêts à comprendre les mystères de Dieu et de l’état divin. «Je pourrais vous en dire beaucoup plus à ce sujet», dit-il en parlant du rôle d’Adam, mais il se ravisa en se rendant compte que le monde se méprendrait probablement sur son enseignement (JD 1:51).
Tous les descendants d’Adam (hommes, femmes et enfants) doivent travailler. «Quel est ce travail?» demande Brigham. «L’amélioration de la condition humaine. Ce travail doit continuer jusqu’à ce que les gens qui vivent sur cette terre soient préparés à recevoir notre Seigneur à son arrivée» (JD 19:46).
Pour Brigham, l’amélioration signifiait «édifier dans la force et la stabilité, embellir, orner, réjouir et embaumer la Maison du Seigneur avec de beaux instruments de musique et de la belle mélodie» (MS 10:86). Plus spécifiquement, la manière par excellence dont l’homme peut laisser sa marque sur la face de la nature sans causer de dommages, c’est de planter. Le président Young conseillait constamment à son peuple de faire ce qui avait été commandé à Adam de faire dans le jardin d’Éden quand il cultivait le jardin et en prenait soin: Notre travail est «d’embellir la face de la terre jusqu’à ce qu’elle devienne comme le jardin d’Éden» (JD 1:345).
En prenant soin du monde, «Toutes les réalisations, toutes les grâces raffinées, toutes les réa¬lisations utiles dans les mathématiques, la musique et dans toutes les sciences et tous les arts appartiennent aux saints, et ils doivent pro¬fiter aussi vite que possible des trésors de connaissances que les sciences offrent à tous les étudiants diligents et persévérants, et c’est là notre devoir…. C’est le devoir des saints des derniers jours, selon la révélation, de donner à leurs enfants la meilleure éducation possible, tant dans les livres du monde que dans les révélations du Seigneur» (JD 10:224). «Si un Ancien nous fait un discours sur l'astronomie, la chimie ou la géologie, notre religion embrasse tout cela. Peu importe le sujet, du moment qu'il tend à améliorer l'esprit, à élever les sentiments et à agrandir les capacités. La vérité qui se trouve dans tous les arts et toutes les sciences fait partie de notre religion» (JD 2:93 - 94).
La fascination du président Young pour les choses de l’esprit allait jusqu’aux expériences de la vie de tous les jours. Le plaisir des sens est, disait-il, l’une de nos grandes bénédictions sur la terre et une source merveilleuse de plaisir.
Le destin de Brigham Young le conduisit dans l’aridité du désert de l’Ouest, mais il sentait une beauté spirituelle dans ce pays. «Vous débutez ici à nouveau, dit-il au peuple. Le sol, l’air, l’eau sont purs et sains. Ne permettez pas qu’ils soient souillés par la méchanceté. Efforcez-vous d’empêcher que les éléments soient contaminés par la conduite mauvaise et impure de ceux qui pervertissent l’intelligence que Dieu a accordée au genre humain» (JD 8:79). Pour Brigham, la propreté et la souillure morales et physiques sont aussi inséparables que l’esprit et le corps: «Faites en sorte que votre vallée reste pure, gardez nos villes aussi pures que vous le pouvez, gardez le cœur pur et travaillez régulièrement autant que vous le pouvez, mais pas au point de vous faire du mal.» (JD 8:80).
Brigham Young avait également une passion de Yankee pour l’économie, mais elle reposait sur le respect généreux de la valeur des choses matérielles, pas sur le désir mesquin de simplement les posséder. Quand il disait: «Autant que je sache, pendant ces trente dernières années, il ne m’est jamais arrivé de porter un manteau, un chapeau ou un vêtement quelconque, ou de posséder un cheval, un chariot, etc, sans demander au Seigneur si je l’ai mérité ou non – Est-ce que je vais porter ceci? Est-ce que je peux l’utiliser ou pas?» (JD 8:343), il exprimait le plus haut degré sollicitude et de responsabilité humaines.
Brigham Young parlait souvent de Sion et d’édifier le royaume de Dieu. Il utilisait le nom Sion pour décrire la situation idéale et avait constamment Sion à l’esprit: «Il ne manque pas une seule chose dans toutes les œuvres des mains de Dieu pour créer une Sion sur la terre lorsque le peuple décidera de la faire» (JD 9:283). Il se rendait bien compte que l’idéal de Sion allait à l’encontre des valeurs économiques contemporaines: «Beaucoup pensent que la possession d’or et d’argent leur donnera le bonheur… en cela ils se trompent» (JD 11:15). «Si, par des habitudes industrieuses et des transactions honora¬bles, vous obtenez des milliers ou des millions, peu ou beaucoup, vous avez le devoir d'utiliser, aussi judicieusement que vous le pouvez, tout ce qui est mis entre vos mains pour l'édification du royaume de Dieu sur la terre» (JD 4:29).
Sion devait être établie sur la base de la coopération: «La doctrine qui veut que nous nous unissions dans nos travaux temporels et œuvrions tous pour le bien de tous existe depuis le commencement, de toute éternité, et elle existera pour toujours et à jamais» (JD 17:117). En cela il n’y avait aucune place pour la discussion ou la controverse, encore moins pour la rancœur: «Chassez toute aigreur de votre cœur – toute colère, fureur, différends, convoitise et concupiscence et sanctifiez le Seigneur Dieu dans votre cœur, afin de jouir du Saint-Esprit» (JD 8:33).
Le contraste entre la lumière et les ténèbres était vif chez le président Young: «D’où vient le mal? Il vient quand nous faisons du bien un mal. Parlant des éléments de la création de Dieu, leur nature est aussi pure que les cieux, et nous la détruisons. Je voudrais que vous compreniez que le péché n’est pas un attribut de la nature de l’homme, mais une inversion des attributs que Dieu a placés en lui» (JD 10:251). Il reconnaît un agent conscient et actif dans la propagation du mal: «Satan n’a jamais possédé la terre; il n’en a jamais fait la moindre particule; son travail n’est pas de créer, mais de détruire» (JD 10:320).
La vraie stature de Brigham Young apparaît si l’on cherche à créer une liste de ses pairs. Il a emmené une bande de loqueteux appauvris, dépouillés de pratiquement tous leurs biens terrestres, dans un territoire inconnu. Ses critiques et ses biographes notent que l’homme était unique parmi les dirigeants de l’histoire moderne, car à lui tout seul, sans aucun soutien politique ni financier, il a créé de rien dans le désert une société ordonnée et travailleuse, n’ayant d’autre autorité que la prêtrise et la force spirituelle avec lesquelles il dispensait ses enseignements. Par des exhortations et des instructions constantes, il a uni son peuple et l’a inspiré à s’acquitter du mandat divin d’édifier le royaume de Dieu sur la terre.

Bibliographie
Le Journal of Discourses contient plus de 350 discours de Brigham Young. On trouvera un choix de passages organisés par sujet dans John A. Widtsoe, comp., Discours de Brigham Young, Salt Lake City, 1954.
Melville J. Keith. «The Reflections of Brigham Young on the Nature of Man and the State» BYU Studies 4, 1962, pp. 255-267.
Melville J. Keith. “Brigham Young’s Ideal Society: The Kingdom of God” BYU Studies 5, 1962, pp. 3-18.
Nibley, Hugh W. “Educating the Saints – A Brigham Young Mosaic” BYU Studies 11, automne 1970, pp. 61-87.
Nibley, Hugh W. “Brigham Young on, the Environment” Dans To the Glory of God, dir. de publ. T. Madsen et C. Tate, pp. 3-29. Salt Lake City, 1972.
Walker, Ronald W. “Brigham Young on the Social Order”, BYU Studies 28, été 1988, pp. 37-52.
HUGH W. NIBLEY