DU RACISME DANS LE LIVRE DE MORMON?

Par Jonathan Decker

La description la plus précise de la race dans le Livre de Mormon n’est pas que la peau sombre est mauvaise et que la peau claire est bonne, mais plutôt que « tous sont pareils pour Dieu » et que « les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ».

Tout est dans le contexte. Les critiques du Livre de Mormon citent souvent des passages isolés comme preuve que les saints des derniers jours considèrent la peau sombre comme une malédiction et la blanche comme une indication de la faveur de Dieu. Mais quand on considère ces versets dans le contexte de l’ensemble du livre, on trouve quelque chose de bien plus riche et de beaucoup plus satisfaisant : un livre d’Écriture dans lequel des peuples à peau sombre sont – c’est prophétisé – les bénéficiaires de grandes bénédictions et sont souvent plus justes et plus favorisé par le Seigneur que leurs homologues à peau claire. Le Livre de Mormon enseigne définitivement : « Vous n’estimerez pas une chair au-dessus d’une autre, ou un homme ne se considérera pas comme étant au-dessus d’un autre » (Mosiah 23:7). J’ai l’intention d’examiner l’histoire raciale rapportée dans Le Livre de Mormon, notamment la malédiction sur les Lamanites, les enseignements du livre concernant l’égalité, un aperçu de ses héros à peau sombre, la levée de la malédiction et les promesses du Seigneur aux survivants de son peuple. J’espère fournir une documentation pour les membres de notre église aussi bien que des informations pour les autres qui veulent savoir ce que le livre dit réellement sur ce sujet.

Une malédiction mal comprise

Pour ceux qui ne sont pas de notre église, une mise au courant rapide s’impose. Nous croyons en la Bible, Ancien et Nouveau Testaments. Le Livre de Mormon est un compagnon, un autre témoignage de Jésus Christ. Son récit de base suit une famille israélite qui fuit Jérusalem vers 600 av. J.-C., construit un navire sous la direction de Dieu et navigue jusqu’en Amérique. La famille se divise ensuite en deux tribus : ceux qui suivent le prophète Néphi reçoivent le nom de Néphites tandis que ceux qui se rangent derrière Laman, frère rebelle de Néphi, seront appelés Lamanites.

C’est là que commence la controverse et on se doute pourquoi. Écrivant sur la division de sa famille, Néphi décrit les conséquences du rejet de Dieu par les Lamanites :

« C’est pourquoi, la parole du Seigneur s’accomplit, celle qu’il m’adressa, disant: S’ils n’écoutent pas tes paroles, ils seront retranchés de la présence du Seigneur. Et voici, ils furent retranchés de sa présence. Et il avait fait tomber la malédiction sur eux, oui, une grande malédiction, à cause de leur iniquité.

« Car voici, ils s’étaient endurci le cœur contre lui, de sorte qu’il était devenu semblable à un caillou; c’est pourquoi, comme ils étaient blancs et extrêmement beaux et agréables, afin qu’ils ne fussent pas séduisants pour mon peuple, le Seigneur Dieu fit venir sur eux une peau sombre.

« Et ainsi dit le Seigneur Dieu: Je les rendrai repoussants pour ton peuple, à moins qu’ils ne se repentent de leurs iniquités. Et maudite sera la postérité de celui qui se mêle à leur postérité : car ils seront maudits de la même malédiction. Et le Seigneur le dit, et cela fut fait.

« Et à cause de la malédiction qui était sur eux, ils devinrent un peuple indolent, plein de malfaisance et d’astuce, et cherchèrent des bêtes de proie dans le désert » (2 Néphi 5:20-24, je souligne).

Il faut bien admettre que, considérés isolément, ces versets semblent accablants pour la théologie mormone. Les critiques n’hésitent pas à conclure qu’à nos yeux la peau sombre est une malédiction de Dieu. Mais quand on y regarde de plus près, le texte précise que la malédiction était réellement la séparation d’avec le Seigneur, ses bénédictions et son soutien. Cela a toujours été la conséquence de la désobéissance, comme dans le cas d’Adam et Ève, qui furent chassés de la présence de Dieu après leur transgression dans le jardin d’Éden.

La peau sombre avait une autre raison d’être. Joseph Fielding Smith enseigne que « la peau sombre fut placée sur les Lamanites afin qu’ils puissent être distingués des Néphites et pour empêcher le mélange les deux peuples. La peau sombre était le signe de la malédiction [pas la malédiction elle-même]. La malédiction était le retrait de l’Esprit du Seigneur » (Answers to Gospel Questions, comp. par Joseph Fielding Smith, fils, 5 volumes, 1957-66, 3:122-123). C’est ce retrait de l’Esprit de Dieu qui fit que les Lamanites devinrent «un peuple indolent, plein de malfaisance et d’astuce ». Il est important de se rappeler que cela a été le choix des Lamanites et que ce sont eux qui se sont attiré cela (Alma 3:19).

C’est pourquoi, la malédiction avait un deuxième aspect : l’interdiction des mariages mixtes. Pourquoi empêcher les deux groupes de se mélanger ? Tout simplement, pour empêcher les Néphites d’épouser des Lamanites, ce qui les conduirait à croire « en des traditions incorrectes qui causeraient leur destruction » (Alma 3:7-9). Cela a toujours été le cas pour le peuple de Dieu. Dans la Bible, le Seigneur commande à l’Israël antique ne pas se marier à l’extérieur de sa     religion, car il ne pourrait pas être une bénédiction pour les nations de la terre (Genèse 26:4) si ses croyances étaient corrompues par le mariage avec des non-croyants. Parlant aux Juifs de ceux qui n’étaient pas de l’alliance, Dieu commande : «Tu ne contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne prendras point leurs filles pour tes fils ; car ils détourneraient de moi tes fils, qui serviraient d’autres dieux… Car tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu ; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi, pour que tu fusses un peuple qui lui appartînt » (Deutéronome 7:3-6).

Certains pourraient se demander : « Pourquoi mettre une marque sur les Lamanites ? Était-ce vraiment nécessaire? » Une étude des Écritures révèle que ce n’est pas la seule fois que le Seigneur a fait cela. Plus tard dans Le Livre de Mormon, les Amlicites à la peau claire vont se mettre du rouge sur le front, accomplissant la prophétie de Dieu que ceux qui se rebellent contre lui seront marqués et séparés de son peuple (Alma 3:13-19). Dans la Bible, être incirconcis est une marque de gens impies avec lesquels Israël ne doit pas se marier ni procréer (Genèse 34:14-16 ; Juges 14:3). Il est à noter que ces marques n’étaient valides qu’aussi longtemps que le Seigneur en avait l’usage, après quoi elles étaient considérées comme sans importance (1 Corinthiens 7:18-19).

D’autres pourraient demander: « Mais pourquoi marquer les Lamanites d’une peau sombre ? Est-ce que cela n’implique pas du racisme de la part du Dieu de la théologie mormone ? Cela ne prouve-t-il pas que Le Livre de Mormon est un document raciste ? » Tout d’abord, il est amplement montré par les spécialistes de l’Évangile que la peau sombre dont il est question ne signifie pas un changement littéral d’ethnicité. Par exemple, Hugh Nibley dit que « noir » dans l’expression « peau noire » est vraisemblablement la traduction d’une expression hébraïque signifiant sombre dans le sens de « mauvais et désagréable » (comme dans l’expression le côté sombre d’une personne). Selon lui, parce que les Lamanites sont devenus non civilisés et sauvages, leur aspect est devenu négligé, non hygiénique et littéralement sale, devenant ainsi sombre aux yeux des Néphites (dans le sens de mauvais ou désagréable), répugnant et peu attrayant. Le changement subi par les Lamanites a donc pu n’être que spirituel et culturel, pas un changement littéral de race (voir Nibley, Teachings of The Book of Mormon, pp. 228-229).
Cela dit, parce que beaucoup de critiques et de membres de l’Église prennent Le Livre de Mormon au premier degré et supposent qu’il s’est produit un changement littéral dans la couleur de la peau, dans cet article, nous suivrons cette ligne de pensée jusqu’à sa conclusion logique. Même si cette hypothèse est exacte, il arrive souvent que les arguments que le document est raciste ne tiennent pas compte de ses enseignements sur l’égalité raciale aux yeux de Dieu, des nombreuses histoires de ses héros à la peau sombre ou des promesses aimantes du Seigneur à la nation lamanite.

Néphi et Jacob prêchent l’égalité et condamnent le racisme

Au cours de la génération même dans laquelle la malédiction est donnée, le prophète Néphi prêche l’égalité raciale, déclarant l’amour de Dieu pour tous les peuples, Lamanites compris : « [le Seigneur] ne fait rien qui ne soit pour le profit du monde; car il aime le monde, au point de donner sa propre vie afin d’attirer tous les hommes à lu…et il les invite tous à venir à lui et à prendre part à sa bonté, et il ne repousse aucun de ceux qui viennent à lui, noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et femmes; et il se souvient des païens; et tous sont pareils pour Dieu » (2 26:24 de Néphi, 33 ; je souligne).

Après la mort de Néphi, son frère Jacob est appelé à diriger les Néphites, qui sont déjà tombés dans le péché. Jacob dit à son peuple de se repentir d’avoir mis l’amour des richesses avant le soin des pauvres. Il le réprimande aussi pour avoir brisé le cœur des épouses et des enfants en désobéissant à la loi du mariage monogame, qui était (et est toujours) la loi permanente de l’Évangile, sauf avis contraire du Seigneur (Jacob 2:27-30). À ce propos, Jacob enseigne que les Lamanites à peau sombre sont plus justes que les Néphites à peau claire :

«Voici, les Lamanites… sont plus justes que vous, car ils n’ont pas oublié le commandement du Seigneur qui fut donné à notre père, qu’ils ne devaient avoir qu’une seule épouse, et que de concubines ils ne devaient en avoir aucune, et qu’il ne devait pas se commettre de fornication parmi eux…

«Voici, leurs maris aiment leurs épouses, et leurs épouses aiment leurs maris; et leurs maris et leurs épouses aiment leurs enfants; et leur incrédulité et leur haine envers vous viennent de l’iniquité de leurs pères; c’est pourquoi, à quel point êtes-vous meilleurs qu’eux aux yeux de votre grand Créateur?” (Jacob 3:5, 7; je souligne).

Jacob dit ensuite quelque chose qui a donné à réfléchir à de nombreuses personnes, dont moi-même : « Ô mes frères, je crains que, si vous ne vous repentez pas de vos péchés, leur peau ne soit plus blanche que la vôtre lorsque vous serez amenés avec eux devant le trône de Dieu » (Jacob 3:8). Hugh Nibley explique que Jacob parle de manière métaphorique du « blanc dans le sens moral de la signification du blanc » (Teachings of the Book of Mormon : Première partie, p. 305) ; en d’autres termes, la pureté, pas la couleur de la peau (voir aussi Ésaïe 1:18 ; Alma 5:21 ). La métaphore de Jacob, par comparaison avec les sensibilités raciales modernes, me rappelle l’affirmation de Moroni à la page de titre du Livre de Mormon : «Et maintenant s’il y a des fautes, ce sont les erreurs des hommes; c’est pourquoi ne condamnez pas les choses de Dieu, afin d’être trouvés sans tache devant le siège du jugement du Christ. » Nous ne devrions pas juger trop durement Jacob en fonction des conceptions modernes.

C’est évident quand on fait le contraste avec la doctrine pieuse que Jacob enseigne immédiatement après: « C’est pourquoi, je vous donne le commandement, qui est la parole de Dieu, de ne plus les insulter à cause de la couleur sombre de leur peau; et vous ne les insulterez plus non plus à cause de leur souillure, mais vous vous souviendrez de votre propre souillure, et vous vous souviendrez que leur souillure vient de leurs pères » (Jacob 3:9; je souligne)

Notez que non seulement Jacob dénonce la haine raciale, il fait aussi clairement la distinction entre la peau sombre et la souillure. Ce n’est pas la même chose. La souillure provient du péché et, à cet égard, les Néphites sont ici encore plus coupables que les Lamanites. Ces derniers pèchent par ignorance et par tradition, tandis que les premiers se rebellent volontairement contre Dieu.

Énos prie pour les Lamanites

Les enseignements de Jacob illustrent le fait que si certains Néphites entretenaient des idées de supériorité raciale, ceux qui connaissaient la volonté de Dieu considéraient les Lamanites comme leurs frères et sœurs, une notion sur laquelle Énos remet l’accent. Pendant qu’il chasse dans la nature, il passe toute une journée et une nuit à prier pour le pardon de ses péchés, puis pour le bien-être de son peuple, les Néphites. Quand Dieu lui répond et lui pardonne, Énos dit : « Ma foi au Seigneur commença à être inébranlable; et je le priai avec beaucoup de longues luttes pour mes frères, les Lamanites » (Énos 1:11, je souligne). Il supplie le Seigneur pour que les écritures soient préservées afin que les Lamanites puissent, un jour, parvenir à la connaissance du Christ et être sauvés. Le Seigneur lui promet que ses désirs seront accordés (Énos 1:13-16).

Zénif reconnaît ce qu’il y a de bien chez ses ennemis

Zénif est un militaire néphite, peut-être un chef. Comme tant d’autres tout au long de l’histoire, il veut prendre de force des terres à ses ennemis. Envoyé faire une reconnaissance chez les Lamanites et observer leurs mouvements et leur nombre, il finit, chose étonnante, par mener une révolte pour les protéger. Son histoire parle d’elle-même :

« Je fus envoyé comme espion parmi les Lamanites, afin d’espionner leurs forces, afin que notre armée pût tomber sur eux et les détruire; mais lorsque je vis ce qu’il y avait de bon parmi eux, je désirai qu’ils ne fussent pas détruits.

« C’est pourquoi, j’entrai en contestation avec mes frères dans le désert, car je voulais que notre gouverneur fît un traité avec eux; mais lui, qui était un homme austère et sanguinaire, commanda qu’on me tuât; mais je fus sauvé par l’effusion de beaucoup de sang; car père lutta contre père, et frère contre frère, jusqu’à ce que la plus grande partie de notre armée eût été détruite dans le désert; et nous retournâmes, ceux d’entre nous qui avaient été épargnés, au pays de Zarahemla, pour raconter à leurs femmes et à leurs enfants ce qui était arrivé » (Mosiah 9:1-2, je souligne).

Plus tard, il finira par essayer d’obtenir le territoire désiré par un arrangement pacifique avec les Lamanites.

Les fils de Mosiah défient les préjugés des Néphites à l’égard des Lamanites

Plusieurs centaines d’années plus tard, les fils du roi néphite Mosiah demandent à leur père la permission de « donner la parole de Dieu à leurs frères, les Lamanites — afin de pouvoir peut-être les faire parvenir à la connaissance du Seigneur, leur Dieu… et peut-être de les guérir de leur haine à l’égard des Néphites, afin qu’ils fussent aussi amenés à se réjouir à cause du Seigneur, leur Dieu, afin qu’ils devinssent amicaux les uns envers les autres » (Mosiah 28:1-2).

Dans leurs désirs, les fils de Mosiah se heurtent aux préjugés des Néphites. L’un d’eux, nommé Ammon, racontera plus tard: « Or, vous souvenez-vous, mes frères, que nous avons dit à nos frères au pays de Zarahemla: Nous montons au pays de Néphi, pour prêcher à nos frères, les Lamanites, et ils nous ont tournés en dérision? Car ils nous ont dit: Pensez-vous que vous pouvez amener les Lamanites à la connaissance de la vérité? Pensez-vous que vous pouvez convaincre un peuple au cou aussi roide que les Lamanites de l’inexactitude des traditions de leurs pères, eux dont le cœur met ses délices dans l’effusion du sang, dont les jours se sont passés dans l’iniquité la plus grossière, dont les voies ont été les voies de quelqu’un qui transgresse depuis le commencement? Or, mes frères, vous vous souvenez que tel était leur langage. Et de plus ils ont dit: Prenons les armes contre eux, afin de les détruire, eux et leur iniquité, dans le pays, de peur qu’ils ne nous envahissent et ne nous détruisent » (Alma 26:23-25 ).

Alors que beaucoup de Néphites pensent que les Lamanites sont des sauvages et ne méritent pas d’être sauvés, les fils de Mosiah les considèrent clairement comme leurs égaux. Ammon témoigne que « Dieu se souvient de tous les peuples, dans quelque pays qu’ils soient; oui, il dénombre son peuple, et ses entrailles de miséricorde sont sur toute la terre» (Alma 26:37). Leur père, craignant pour leur sécurité s’ils vont prêcher parmi les Lamanites, consulte le Seigneur, qui lui dit: « Laisse-les monter, car beaucoup croiront en leurs paroles, et ils auront la vie éternelle » (Mosiah 28:6-7). Ces convertis lamanites et leurs descendants vont compter parmi les personnalités les plus inspirantes et les plus courageuses de toutes les Écritures.

Les héros à peau sombre du Livre de Mormon

Lamoni, la reine et Abish

Lamoni, roi d’une province lamanite, est converti par la prédication d’Ammon. Quand il reçoit l’Évangile de Jésus-Christ, il supplie le Seigneur de lui être miséricordieux et il est tellement accablé par la puissance de Dieu qu’il tombe dans une sorte de coma. Les serviteurs le prétendent mort, mais sa femme croit Ammon lorsqu’il dit que le roi reviendra à lui, ce qui fait dire à Ammon : « Il n’y a pas eu de foi aussi grande parmi tout le peuple néphite » (Alma 19:10 ; je souligne). Lamoni se réveille et témoigne avoir vu le Christ, qui rachètera l’humanité tout entière et, à ce moment-là, sa femme, Ammon et lui sont tous les trois accablés par l’Esprit et s’écroulent dans un état comateux.

Tous les serviteurs tombent aussi, à l’exception d’Abish, servante de la reine, qui a été convertie des années plus tôt grâce à une vision miraculeuse de son père (ce qui prouve l’intérêt du Seigneur pour les Lamanites bien avant l’arrivée des fils de Mosiah). Abish alerte le peuple et relève la reine, qui témoigne hardiment du Christ, parle en langues et ranime le roi. Cela déclenche un enchaînement d’événements qui conduit à un ministère d’anges et au baptême du peuple de Lamoni, dont le « cœur avait été changé, qu’ils n’avaient plus de désir de faire le mal » (Alma 19:33). Leur conversion miraculeuse est légitimement attribuée aussi bien à la foi et à l’humilité de Lamoni, de la reine et d’Abish qu’aux efforts missionnaires d’Ammon. Ces Lamanites sont décrits comme « zélés à garder les commandements de Dieu » (Alma 21:23). Nous lisons ceci sur leur conversion: « Et ainsi, l’œuvre du Seigneur commença parmi les Lamanites; ainsi, le Seigneur commença à déverser son Esprit sur eux; et nous voyons que son bras est étendu sur tous ceux qui se repentent et croient en son nom » (Alma 19:36 ; je souligne).

Le père de Lamoni

Le roi Lamoni est un vassal de son père, qui est roi de l’ensemble du territoire. Initialement prêt à emprisonner ou à tuer tous les Néphites sur lesquels il peut mettre la main (ce qui montre à quel point les préjugés vont dans les deux sens), le père de Lamoni est profondément touché par l’amitié sincère d’Ammon pour son fils. Il accepte la prédication d’Aaron (frère d’Ammon), acquiert la conviction qu’il peut être racheté par Jésus-Christ et fait cette belle prière :

« Ô Dieu, Aaron m’a dit qu’il y a un Dieu; et s’il y a un Dieu, et si tu es Dieu, veuille te faire connaître à moi, et je délaisserai tous mes péchés pour te connaître, et pour être ressuscité des morts, et pour être sauvé au dernier jour » (Alma 22:18 ).

Le roi et sa famille se convertissent au Seigneur, ce qui conduit à la mise en place de la liberté religieuse dans le pays et à la conversion de sept villes lamanites. Nous lisons que « des milliers furent amenés à la connaissance du Seigneur… furent amenés à la connaissance de la vérité... [et] tous ceux des Lamanites qui crurent en la prédication et furent convertis au Seigneur n’apostasièrent jamais » (Alma 23:5-6). On peut dire que ces convertis vont devenir le peuple le plus juste du Livre de Mormon avant l’apparition du Christ. On leur donnera le nom d’Anti-Néphi-Léhis.

Les Anti-Néphi-Léhis

Avant leur conversion au Christ, ces Lamanites s’étaient rendus maintes et maintes fois coupables de meurtre tant parmi leur propre peuple que contre les Néphites. Comme ils ne connaissaient pas le Seigneur ni sa loi, le repentir était encore possible, mais seulement en passant par un chagrin et un remords indicibles (Alma 24:10-12). Cependant, une fois qu’ils ont accepté le Christ, qu’ils ont été purifiés par son expiation et ont fait alliance de garder ses commandements, le repentir complet risque de ne plus être possible s’ils commettent de nouveaux meurtres (Alma 39:5-6; Alma 24:13). Leur volonté de paix et de ne plus jamais redevenir assoiffés de sang est à ce point totale qu’ils enterrent leurs armes profondément dans le sol. Ils promettent au Seigneur de ne plus jamais ôter la vie à aucun être humain, même pour se défendre (Alma 24:15-18).

Cette promesse va être mise à l’épreuve ultime lorsque des milliers de Lamanites non convertis, en colère contre leurs compatriotes pour leur conversion au christianisme, marchent contre eux avec l’intention de déposer le roi et de massacrer les croyants. Chose incroyable, les Anti-Néphi-Léhis vont refuser non seulement de se battre, mais aussi de fuir. Ils vont s’agenouiller courageusement en prière devant leurs assaillants : « Or, lorsque les Lamanites virent que leurs frères ne fuyaient pas… mais qu’ils se couchaient et périssaient, et louaient Dieu au moment même où ils périssaient sous l’épée… ils se retinrent de les tuer » (Alma 24:23-24). Beaucoup de Lamanites, poussés au repentir par le courage et l’amour de leurs camarades martyrs, vont déposer leurs armes de guerre et se convertir au Christ. Nous lisons : « … Et il arriva que le peuple de Dieu fut rejoint ce jour-là par un nombre plus grand que le nombre de ceux qui avaient été tués; et ceux qui avaient été tués étaient des justes, c’est pourquoi nous n’avons pas lieu de douter qu’ils étaient sauvés…il y en eut plus de mille qui furent amenés à la connaissance de la vérité; nous voyons ainsi que le Seigneur agit de nombreuses façons pour le salut de son peuple » (Alma 24:26-27 ).

Le temps passe et beaucoup d’autres Lamanites acceptent l’Évangile de Jésus-Christ, comprenant que Dieu les aime vraiment (Alma 24:14). Bien que leur courage ait empêché un massacre total, leur nation va finir par se tourner de nouveau contre eux. Les fils de Mosiah, craignant l’anéantissement total de leurs amis et convertis bien-aimés, leur proposent d’émigrer chez les Néphites. Le roi lamanite accepte d’y aller si le Seigneur le leur dit (ce qu’il fait). Voulant faire pénitence pour les années de violence, le roi propose que son peuple et lui deviennent esclaves sous la domination des Néphites. Chose caractéristique, Ammon répond que « Il est contre la loi de nos frères, qui a été établie par mon père [le roi Mosiah, qui était également un prophète de Dieu], qu’il y ait des esclaves parmi eux; c’est pourquoi, descendons et confions-nous à la miséricorde de nos frères » (Alma 27:9 ; je souligne). Les Néphites, stupéfaits de la vertu du peuple d’Anti- Néphi-Léhi (Alma 27:27-30), sont émus de compassion et de pardon. Ils donnent aux convertis leur propre province et s’engagent à les protéger avec les armées néphites.

Les deux mille guerriers (et leurs mères)

Cette protection va s’avérer nécessaire, la guerre éclatant entre les nations néphite et lamanite. Tenant leur promesse de protéger les convertis lamanites, les Néphites meurent par milliers dans des batailles cauchemardesques. Bien que prêt à mourir plutôt que de se défendre, le peuple d’Anti- Néphi-Léhi a le cœur brisé de voir d’autres mourir pour eux et est sur le point de rompre son alliance et de prendre les armes pour défendre ses amis néphites. Le prophète militaire néphite Hélaman le supplie prier de ne pas le faire, l’exhortant à tenir la promesse qu’il a faite à Dieu.

Quelque deux mille de ses jeunes fils, à peine plus âgés que des garçons, n’ont pas contracté l’alliance. Bien que n’ayant jamais combattu, ils proposent de se battre pour leurs familles et leurs alliés. Nous lisons à leur sujet : « Et c’étaient tous de jeunes hommes, et ils étaient extrêmement vaillants dans leur courage, et aussi dans leur force et leur activité; mais voici, ce n’était pas tout: c’étaient des hommes qui étaient fidèles en tout temps dans tout ce qui leur était confié. Oui, c’étaient des hommes pleins de vérité et de sérieux, car on leur avait enseigné à garder les commandements de Dieu et à marcher en droiture devant lui... Or, ils n’avaient jamais combattu; néanmoins ils ne craignaient pas la mort; et ils pensaient plus à la liberté de leurs pères qu’à leur vie; oui, ils avaient appris de leurs mères que, s’ils ne doutaient pas, Dieu les délivrerait. Et ils me répétèrent les paroles de leurs mères, disant: Nous ne doutons pas que nos mères le savaient » (Alma 53:20-21 ; 56:47-48).

Leur foi inébranlable en Dieu, inspirée par leurs merveilleuses mères, va protéger ces jeunes guerriers, alors que bon nombre de leurs frères néphites plus expérimentés vont mourir au combat. Maintes et maintes fois, les vertueux jeunes guerriers lamanites vont être protégés et vont combattre avec une force incroyable. Hélaman, qui les mène au combat, écrit : « Selon la bonté de Dieu, et à notre grand étonnement, et aussi à la joie de toute notre armée, il n’y eut pas une seule âme d’entre eux qui périt; oui, il n’y eut pas non plus une seule âme parmi eux qui n’eût pas reçu de nombreuses blessures. Et maintenant, leur préservation étonna toute notre armée, oui, le fait qu’ils étaient épargnés, alors qu’un millier de nos frères avaient été tués. Et nous l’attribuons à juste titre au pouvoir miraculeux de Dieu, à cause de leur foi extrême en ce qu’on leur avait enseigné à croire: qu’il y avait un Dieu juste et que quiconque ne doutait pas serait préservé par son pouvoir merveilleux » (Alma 57:25-26 ).

Ces jeunes guerriers lamanites vont contribuer à apporter la paix dans le pays. Leur histoire nous donne un merveilleux exemple d’amour, d’amitié et de coopération interraciales. Le prophète-soldat néphite Hélaman, leur commandant militaire, les aime tellement qu’il les appelle ses « fils » et eux l’appellent « père » (Alma 56:46). Il parle d’eux avec le genre de fierté juste qu’un père a pour ses enfants, disant d’eux : « Jamais je n’avais vu un aussi grand courage, non, pas parmi tous les Néphites » (Alma 56:45), « ils obéirent et s’appliquèrent à accomplir avec exactitude chaque commandement » (Alma 57:21) et « leur esprit est ferme, et ils placent continuellement leur confiance en Dieu » (Alma 57:27). Des millions de lecteurs dans le monde entier, depuis la formation de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, ont été inspirés par leur histoire.

Les prisonniers convertis

Une trentaine d’années plus tard, les prophètes Néphi et Léhi (à qui l’on a donné les noms de leurs ancêtres) se lancent dans la mission ambitieuse de porter l’Évangile de Jésus-Christ tant aux Néphites qu’aux Lamanites. Prêchant avec grande puissance et une grande autorité, ils amènent des milliers de personnes à se repentir dans les deux groupes (Hélaman 5:17-19) jusqu’à ce qu’ils soient finalement arrêtés par une armée de Lamanites et jetés en prison. Quand leurs ravisseurs viennent pour les exécuter, Néphi et Léhi sont entourés par le feu du ciel. Un tremblement de terre secoue les murs de la prison et un brouillard de ténèbres et de désespoir enveloppe les Lamanites, qui entendent le murmure doux et léger de Dieu leur commander de se repentir. Ils voient Néphi et Léhi parler à des anges et sont invités à prier pour avoir foi au Christ, pour le pardon de leurs péchés et pour que le brouillard de ténèbres se dissipe. Leurs prières sont exaucées et ils sont entourés par le feu céleste. Ils sont ensuite remplis du Saint-Esprit et d’une gloire, d’une joie et d’une paix indicibles. Des anges descendent pour les instruire. Ils quittent la prison et instruisent leurs concitoyens lamanites, convainquant la majorité de la nation à croire au Christ et à abandonner leur haine, leurs fausses traditions et leurs armes de guerre. Cette histoire peut se lire dans Hélaman 5:21-52.

La prédication de ces prisonniers convertis produit trois grands changements qui n’étaient jamais arrivés dans l’histoire des relations entre les Néphites et les Lamanites. Le premier est que « les Lamanites étaient devenus, pour la plupart, un peuple juste, de sorte que leur justice dépassait celle des Néphites à cause de leur fermeté et de leur constance dans la foi » (Hélaman, 6:1). Tout au long des annales, les Néphites, dans l’ensemble, avaient été plus fidèles que les Lamanites, mais plus maintenant. Dieu commence à bénir les Lamanites plus que les Néphites, ce qui prouve l’écriture qui dit que « le Seigneur estime toute chair de la même manière; celui qui est juste est favorisé de Dieu » (1 Néphi 17:35 ).

Le deuxième changement est que, au lieu que ce soient les Lamanites qui soient convertis par la prédication des Néphites, maintenant c’est l’inverse : « Et il arriva que beaucoup de Lamanites descendirent au pays de Zarahemla, et annoncèrent au peuple néphite la façon dont ils avaient été convertis, et l’exhortèrent à la foi et au repentir. Oui, et beaucoup prêchèrent avec une puissance et une autorité extrêmement grandes, au point d’amener beaucoup d’entre eux dans les profondeurs de l’humilité, à être les humbles disciples de Dieu et de l’Agneau » (Hélaman 6:4-5).

Enfin, pour la première fois « il y eut la paix dans tout le pays, de sorte que les Néphites allaient dans toutes les parties du pays où ils le voulaient, que ce fût parmi les Néphites ou les Lamanites. Et il arriva que les Lamanites allaient aussi partout où ils le voulaient… et ainsi, ils avaient des échanges libres, pour acheter et vendre, et pour obtenir du gain, selon leur désir » (Hélaman 6:7-8). Néphi, Léhi et les convertis lamanites répandent l’Évangile, et celui-ci apporte la paix et l’unité à deux groupes qui étaient dévastés par la haine et la guerre depuis des siècles.

Les opposants de Gadianton, Disciples du Christ

Malheureusement, cette paix ne va pas durer. Les brigands de Gadianton, une société secrète de crime organisé aux rituels sataniques, sortent de leur cachette, attirant des gens dans leurs rangs avec des promesses de pouvoir et de richesse.
Cependant, nous lisons que les Lamanites à la peau sombre réagissent mieux à cette montée du mal que les Néphites à la peau claire :

« Et il arriva que les Lamanites traquèrent la bande des brigands de Gadianton; et ils prêchèrent la parole de Dieu parmi la partie la plus méchante d’entre eux, de sorte que cette bande de brigands fut totalement détruite parmi les Lamanites.

« Et il arriva, d’autre part, que les Néphites les encouragèrent et les soutinrent… jusqu’à ce qu’ils eussent envahi tout le pays des Néphites et eussent séduit la plus grande partie des justes, au point qu’ils s’étaient abaissés à… se joindre à eux dans les meurtres et les combinaisons auxquelles ils se livraient en secret. Et ainsi, ils obtinrent la direction exclusive du gouvernement, de sorte qu’ils foulaient aux pieds, et frappaient, et déchiraient les pauvres et les doux, et les humbles disciples de Dieu et leur tournaient le dos » (Hélaman 6:37-39).

Je souligne que cette évolution, la justice des Lamanites et la méchanceté des Néphites, bat en brèche la description par trop simpliste que les critiques font de la race dans le Livre de Mormon en la résumant par l’équation « peau claire bonne, peau sombre mauvaise ». Ici, c’est exactement le contraire ! Nous lisons que « les Néphites commençaient à dégénérer dans l’incrédulité, et à progresser dans la méchanceté et les abominations, tandis que les Lamanites commençaient à progresser extrêmement dans la connaissance de leur Dieu; oui, ils commençaient à garder ses prescriptions et ses commandements et à marcher dans la vérité et la droiture devant lui. Et ainsi, nous voyons que l’Esprit du Seigneur commençait à se retirer des Néphites à cause de la méchanceté et de l’endurcissement de leur cœur. Et ainsi, nous voyons que le Seigneur commençait à déverser son Esprit sur les Lamanites, à cause de leur docilité et de leur bonne volonté à croire en ses paroles » (Hélaman 6:34-36).

La description la plus exacte de la race dans le Livre de Mormon n’est pas que la peau sombre est mauvaise et la peau claire bonne, mais plutôt l’affirmation du Sauveur dans la Bible que « Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers » (Matthieu 19:30). Il n’y a pas d’endroit où ce principe est illustré plus clairement que lorsque le Seigneur envoie un prophète à la peau sombre, mais qui est un juste, sauver la nation méchante à la peau claire, une nation qui a tourné le dos au Christ et a adopté des œuvres mauvaises.

Samuel le Lamanite

Le prophète Samuel est un Lamanite envoyé par le Seigneur prêcher aux Néphites rebelles. Expulsé de la ville, mais contraint par le Seigneur d’y retourner, il monte sur les murailles et prêche d’une voix forte les paroles que Dieu a placées dans son cœur. Il prédit la destruction à moins que le peuple ne se repente. Il le réprimande pour son amour de la richesse, son ingratitude et parce qu’il se livre aux persécutions et au meurtre. Il le condamne parce qu’il soutient les faux prophètes tout en rejetant les vrais et déclare qu’il n’y a pas de bonheur dans le péché. Il a le privilège de prédire au peuple du Nouveau Monde les signes qu’il verra de la naissance de la mort et de la résurrection du Sauveur en Terre Sainte. Il parle aux Néphites de la mort physique et de la mort spirituelle et enseigne que l’une et l’autre ont été vaincues grâce à l’expiation de Jésus-Christ. Il témoigne du principe du libre arbitre et dit que nous sommes libres de choisir le bien ou le mal, mais que nous devons en accepter les conséquences. Il témoigne du grand amour de Dieu pour les Néphites et de ses promesses aux Lamanites (voir plus loin).

Après que Samuel a remis son message, certains croient et cherchent à se repentir et demandent le baptême. D’autres sont en colère et essaient de le tuer en lui lançant des flèches et des pierres sur la muraille. Nous lisons que « l’Esprit du Seigneur était avec lui, de sorte qu’ils ne pouvaient l’atteindre de leurs pierres ni de leurs flèches. » (Hélaman 16:2). Beaucoup d’autres croient quand ils voient cela, même si d’autres encore, comme on pourrait s’y attendre, attribuent sa protection au pouvoir du diable. Lorsqu’ils tentent de l’arrêter, il s’enfuit et prêche parmi son peuple.

La malédiction est levée

Les brigands de Gadianton deviennent si nombreux et si agressifs que les Néphites et les Lamanites, qui jusque-là, entretenaient des relations pacifiques mais maintenaient des nations distinctes, s’unissent officiellement pour se protéger contre l’ennemi commun (3 Néphi 2:12). À ce stade, nous lisons un autre passage qui est sujet à controverse :

« Et il arriva que ces Lamanites qui s’étaient unis aux Néphites furent comptés parmi les Néphites ; et leur malédiction leur fut enlevée, et leur peau devint blanche comme celle des Néphites ; et leurs jeunes hommes et leurs filles devinrent extrêmement beaux, et ils furent comptés parmi les Néphites et furent appelés Néphites » (3 Néphi 2:14-16 ).

Pour certains, ces versets laissent entendre que la « malédiction » de la peau sombre a été levée en un instant comme récompense pour la justice, mais moi, je ne crois pas que les Ecritures confirment cette idée. D’une part, il y avait déjà des Lamanites justes depuis des décennies, sans qu’il soit question d’un changement de couleur de peau. Il semble que cela ne gênait pas le Seigneur qu’ils soient à la fois de couleur sombre et justes. En outre, nous lisons à propos des fidèles Anti-Néphi-Léhis que « la malédiction de Dieu ne les suivit plus » (Alma 23:18), et pourtant quand ils enterrent leurs épées et donnent leur vie plutôt que de se battre, leurs agresseurs les reconnaissent comme étant aussi des Lamanites (Alma 24:23-24) ; il est évident que leur peau est restée sombre. Ceci montre bien que la peau sombre n’est pas la malédiction, ce que confirment les propos de Joseph Fielding Smith cités plus haut.

Vous vous souviendrez que le président Smith enseigne que la malédiction a deux parties. La première est le retrait de l’Esprit du Seigneur, qui semble être la partie dont il est question quand « la malédiction de Dieu » ne suit plus les Anti-Néphi-Léhis, qui acquièrent alors « l’esprit de prophétie » (Alma 25:16). La deuxième partie est l’interdiction des mariages mixtes avec les Néphites. Le Seigneur avait dit à Néphi, en parlant des Lamanites : « Je les rendrai repoussants pour ton peuple, à moins qu’ils ne se repentent de leurs iniquités. Et maudite sera la postérité de celui qui se mêle à leur postérité: car ils seront maudits de la même malédiction » (2 Néphi 5:22-23, je souligne). Ceci nous montre que l’interdiction des unions mixtes (le mariage et la procréation) entre Néphites et Lamanites était censée ne durer que tant que les Lamanites resteraient éloignés de Dieu.

La peau sombre, comme la circoncision chez les Juifs, était une marque désignant avec qui le peuple de Dieu pouvait et ne pouvait pas se marier afin de préserver sa religion (Genèse 34:14-16; Juges 14:3 ). Tout comme la circoncision cesse d’avoir de l’importance une fois que les païens ont adopté l’Évangile (1 Corinthiens 7:18-19), il apparaît ici que la peau sombre cesse d’avoir de l’importance et que le Seigneur autorise les mariages mixtes. Voyez la formulation de l’Écriture susmentionnée : « … ces Lamanites qui s'étaient unis aux Néphites furent comptés parmi les Néphites… et leurs jeunes hommes et leurs filles devinrent extrêmement beaux, et… furent appelés Néphites. » Des Lamanites justes ont été précédemment comptés comme membres de l’Église et ont vécu dans la nation néphite (Alma 27:27), ont eu des liens d’amitié avec les Néphites (Alma 23:18) et ont fait du commerce avec eux en temps de paix (Hélaman 6:7-8), mais ils n’ont jamais été, si j’ai bien lu, comptés parmi les Néphites. Même les Anti-Néphi-Léhis, que les Néphites aimaient et dont les fils ont combattu à leurs côtés, ont reçu une terre à eux en héritage (Alma 27:22). Mais ici, ils vivent tous ensemble, unis, et les écritures mentionnent expressément que leurs enfants ont acquis une peau claire, ce qui fait penser à un processus intergénérationnel qui s’est fait au fil du temps.

Il y a une dernière indication que le changement de couleur de peau a été un effet graduel des mariages entre Néphites et Lamanites et pas un « moment magique » comme on le prétend si souvent : une quinzaine d’années plus tard, il est question de Lamanites justes et croyants qui sont encore appelés Lamanites et non Néphites (3 Néphi 6:14). Ils ne sont pas comptés parmi les Néphites et il n’y a aucune indication de changement de couleur de peau. Ceci réduit à néant l’idée qu’à partir de la révocation de la malédiction, tous les Lamanites justes sont devenus des Néphites à peau claire. Les versets concernant un changement de couleur de peau semblent plutôt être la description par l’historien Mormon de ce qui est arrivé quand les membres des deux nations se sont unis.

La venue du Sauveur et une ère de paix

Le Livre de Mormon indique que tant les Lamanites justes que les Néphites justes ont survécu aux catastrophes naturelles qui ont suivi la mort du Seigneur (3 Néphi 10:18). Par conséquent, il va de soi que lorsqu’il descend du ciel en Amérique, le Christ ressuscité instruit et guérit tant les Lamanites que les Néphites et prie pour eux. Ce n’est que quelque temps après son ministère que les races vont devenir si complètement intégrées qu’on ne pourra plus les distinguer l’une de l’autre. « Le peuple fut entièrement converti au Seigneur, sur toute la surface du pays, tant les Néphites que les Lamanites, et il n’y avait pas de querelles ni de controverses parmi eux…Et ils se mariaient, et mariaient leurs enfants, et étaient bénis, selon la multitude des promesses que le Seigneur leur avait faites…il n’y avait pas non plus de Lamanites, ni aucune sorte d’-ites; mais ils étaient un, enfants du Christ et héritiers du royaume de Dieu » (4 Néphi 1: 2, 11, 17). Néphites et Lamanites se marient entre eux et procréent jusqu’à ce que les distinctions raciales s’effacent complètement.

Des divisions surgissent, une Nation disparaît

Cette société utopique va durer quelque deux cents ans, après quoi l’orgueil, l’amour de l’argent, les persécutions et la violence apparaissent graduellement et beaucoup commencent à nier le Christ. Ceux qui se sont rebellés contre l’Évangile commencent également à se donner le nom de Lamanites (et d’autres noms tribaux) tandis que ceux qui suivent le Christ sont de nouveau appelés Néphites (4 Néphi 1:37-38), mais il est important de noter qu’à ce stade il s’agit là d’étiquettes culturelles, pas ethniques. Il n’y a aucune mention ici de couleur de peau ni d’interdiction des mariages mixtes. Bien que deux nations apparaissent de nouveau, leurs lignées sont dorénavant définitivement mêlées. Sidney B. Sperry, célèbre autorité biblique, explique : « Les saints des derniers jours ont conclu trop rapidement que les Lamanites sont des descendants directs de Laman et Lémuel. En réalité, beaucoup de sang néphite coule dans leurs veines » («The Lamanites Portrayed in The Book of Mormon », Journal of Book of Mormon Studies, tome 4, n° 1, pages 246-254; Provo, Utah, Maxwell Institute, 1995).

Vers 400 apr. J.-C., Néphites et Lamanites sont engagés dans un combat à mort, mais nous devons conclure que cette guère n’oppose pas une nation juste à la peau claire à une autre à la peau sombre. Question race, il semble bien qu’à ce stade ils se ressemblent tous. Bruce A. Van Orden, de la Brigham Young University, dit que « les Lamanites d’aujourd’hui… ne sont pas nécessairement descendants de Laman, mais sont en réalité un mélange de peuples du Livre de Mormon – les « enfants de Léhi » (Book of Mormon Reference Companion, Largey, 2003, p. 497). Pendant ce temps, le prophète Mormon et son fils Moroni vont compiler et abréger l’histoire de leur peuple, aujourd’hui connue sous le nom de Livre de Mormon. Moroni va l’enterrer. La nation néphite sera annihilée et il ne restera que les Lamanites.

Dieu a promis des bénédictions aux Lamanites

Quelque 1400 ans plus tard, Moroni va apparaître en tant qu’ange au prophète Joseph Smith et le conduire à l’endroit où les annales sont enterrées. Joseph va les traduites en anglais par le don et le pouvoir de Dieu. Pendant la traduction, il va découvrir les merveilleuses promesses faites aux descendants des Lamanites, dont le Seigneur prophétisera plus tard qu’ils fleuriront comme une rose (voir D&A 49:24). Les saints des derniers jours croient que les Lamanites sont parmi les ancêtres des peuples autochtones d’Amérique. Dieu a promis sa protection miséricordieuse aux Lamanites : ils ne seront pas détruits, mais resteront, sous une forme ou sous une autre, à jamais dans le pays (2 Néphi 4:7 ; Alma 9:16). Bien qu’ils se soient rebellés à un moment donné contre le Seigneur, il a été prophétisé qu’ils deviendront un peuple béni (Jacob 3:6), parviendront à la connaissance de Jésus-Christ (2 Néphi 31e-6) et seront comptés parmi son peuple (Hélaman 15:12-13). Le Livre de Mormon a été conservé, en partie, pour enseigner aux descendants des Lamanites d’où ils viennent, pour les inviter à suivre Jésus-Christ et être sauvés (Énos 1:13-18; Page de titre du Livre de Mormon). Le Sauveur ressuscité a enseigné que le reste de Jacob (en d’autres termes, les descendants des Lamanites et des Néphites) aidera à construire la nouvelle Jérusalem sur le continent américain (3 Néphi 21:22-24 ).

Des bénédictions encore plus formidables sont promises aux Lamanites, des bénédictions qui devraient faire réfléchir ceux qui accusent Le Livre de Mormon de préjugés raciaux. Richard Bushman, professeur d’histoire émérite de la Columbia University, explique :

« Le fait que [les Lamanites] sont Israël, les élus de Dieu, ajoute un niveau de complexité au Livre de Mormon que le racisme simple n’explique pas… le livre revendique la place des Indiens dans l’histoire du monde et leur réserve un avenir plus glorieux que les blancs américains modernes… Selon le Livre de Mormon, les Lamanites sont destinés à rentrer en faveur auprès de Dieu et à recevoir le pays, tout comme les Juifs doivent être rendus à la Terre Sainte…

« De par sa nature même, le Livre de Mormon prend le contrepied du racisme américain classique. Le livre fait des Indiens les fondateurs de la civilisation dans le Nouveau Monde. L’histoire maîtresse des origines de l’Amérique n’est pas celle de Christophe Colomb ni des puritains mais celle des natifs… Les émigrants européens sont appelés « Gentils » dans le Livre de Mormon et entrent en scène comme des intrus. Ils apparaissent vers la fin de la narration et restent secondaires jusqu’au bout. Le pays appartient aux Indiens. Le rôle principal des Gentils est de servir les natifs, de les édifier en leur apportant la Bible et le Livre de Mormon. Si les Gentils n’aident pas Israël, ils sont condamnés. Après avoir nourri les restes de Jacob, ils doivent se joindre à Israël ou périr… Le Livre de Mormon n’est pas seulement favorable aux Indiens ; il leur accorde la domination – dans l’histoire, dans l’estime de Dieu et dans la possession future du continent américain » (Bushman, Joseph Smith, Rough Stone Rolling, 2006, pp. 98-99).

Une dernière réflexion

On a beaucoup dit et écrit sur Le Livre de Mormon, pour et contre. On a tenté de le prouver et de le réfuter à l’aide de l’archéologie et de la recherche scientifique, avec des arguments de plus en plus sophistiqués de part et d’autre. Ce débat continuera à faire rage, mais je pense que le Seigneur n’a jamais envisagé que la question se résolve de cette façon. Les critiques tirent des versets de leur contexte pour attaquer le livre. Mais la seule évaluation équitable, la seule façon de savoir si le livre est vrai est de le considérer comme un tout en le lisant et en demandant à Dieu. Jacques, dans la Bible, affirme que « si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu… et elle lui sera donnée. Mais qu’il la demande avec foi, sans douter » (Jacques 1:5-6). La promesse du Livre de Mormon est basée sur ce principe même. J’ai étudié ce livre, j’ai appliqué ses enseignements et j’ai prié à ce sujet, croyant que Dieu me répondrait. Ce faisant, j’ai reçu, dans mon esprit et dans mon cœur, le témoignage du Saint-Esprit que le livre est la parole de Dieu. Il est Écriture, et est pour moi aussi sacré et aussi utile que la Sainte Bible.

Contrairement à ce que les critiques veulent faire croire, le sujet de la race est relativement peu abordé dans Le Livre de Mormon. Nous l’avons examiné ici à la loupe, mais en réalité, le livre abonde en sagesse pratique et en points de doctrine éternellement riches sur de nombreux sujets. Mais son objectif essentiel est de « convaincre Juif et Gentil que JÉSUS est le CHRIST, le DIEU ÉTERNEL, qui se manifeste à toutes les nations » (page de titre). C’est un témoignage supplémentaire du Christ, qui nous enseigne que Jésus « aime le monde, au point de donner sa propre vie afin d’attirer tous les hommes à lui… il les invite tous à venir à lui et à prendre part à sa bonté, et il ne repousse aucun de ceux qui viennent à lui, noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et femmes; et il se souvient des païens; et tous sont pareils pour Dieu » (2 Néphi 26:24, 33; je souligne).