Chaque année voit sortir son lot d’ouvrages d’ex-mormons s’efforçant de créer une mauvaise ou une fausse impression sur l’un ou l’autre sujet lié à l’Évangile rétabli, ouvrages souvent accueillis favorablement par la critique et cités ensuite comme faisant autorité dans la « littérature spécialisée » considérée comme plus crédible que « la propagande des mormons ». Une chose est claire : le droit du lecteur à l’information – à une information correcte – est systématiquement bafoué. Le livre dont la critique suit s’inscrit en plein dans cette peu reluisante tradition.

UN LOUP EN VETEMENTS DE BREBIS DEMASQUE ?

Brève critique de Statements of the LDS First Presidency: A Topical Compendium
(Déclarations de la Première Présidence : Un condensé par sujet)
par A. Dean Byrd, Ph.D., MBA, MPH, et Daniel C. Peterson, Ph.D
© FAIR

Plusieurs critiques récentes de Statements of the LDS First Presidency: A Topical Compendium ont recommandé le livre. Étant donné notre intérêt pour les questions de doctrine, nous avons été suffisamment intrigués pour examiner le livre de plus près. Malheureusement, cet examen n'a pas montré que le livre méritait les critiques élogieuses qu'il a reçues.


Par exemple, dans sa critique superficielle pour le Deseret News, Dennis Lythgoe dit que le condensé est une « excellente documentation » en partie parce que l'auteur « déclare que ses intentions sont strictement éducatives et qu’il n'ajoute absolument aucun commentaire personnel [1]. »


J. Stapley apporte, lui aussi, son aval au livre et en fait l’éloge parce que sa mise en page est semblable au Ancrés dans la Foi de l’Église et qu’il contient des passages provenant de documents ayant l'aval de la Première Présidence, notamment le Manuel d'Instructions de l’Église, même si, selon Stapley, c’est l’édition de 1998 [2].


Bien que presque convaincus, il y avait quelque chose qui nous gênait. On dit souvent que si quelque chose est trop beau pour être vrai, c’est que c’est généralement le cas. Nous avons donc décidé d'examiner nous-mêmes le livre et nous avons constaté qu’il était, en effet, trop beau pour être vrai. Aussi avons-nous décidé d'écrire notre propre critique, preuves à l’appui.
Naturellement, pareille décision soulève une question très pertinente : « Comment s’y prend-on pour faire la critique d’un compendium ? » Nous avons d’abord cherché une définition dans le dictionnaire de Webster et nous avons trouvé qu'un compendium est « un sommaire ou un condensé contenant les informations essentielles sous une forme brève ; un traité concis mais complet [3].


Nous nous sommes concentrés sur les mots « essentielles », « concis » et « complet ». Peut-être pourrions-nous trouver une manière de déterminer si le condensé contenait effectivement des déclarations essentielles, concises et complètes de la Première Présidence ?


Ensuite, nous avons pensé à examiner la façon dont l'éditeur présentait le livre au public acheteur. Nous avons découvert une publicité pour le livre dans le magazine Sunstone. L'annonce disait, entre autres :


« Pour les membres de l'Église mormone, l'autorité pour parler pour Dieu repose sur la Première Présidence, qui détient la prérogative exclusive d’interpréter l'Écriture et la doctrine pour l’ensemble de l'Église [4]. »


En outre, la publicité contenait cette recommandation :


« Cet ouvrage devrait donc intéresser les membres et les érudits de l'Église qui souhaitent disposer des opinions officielles sur les questions doctrinales et les problèmes contemporains [5]. »


La formulation de la publicité ressemble à une invitation aux membres et aux érudits de l’Église d'accepter le condensé des déclarations de la Première Présidence comme un recueil définitif des prises de position de l’Église sur diverses questions et peut-être même comme étant la Parole de Dieu.


Cette façon de présenter les choses est d’ailleurs en accord avec ce que dit l’auteur lui-même. Dans l'introduction du condensé il dit ce qui suit :


« Le plus souvent, la Présidence traite de questions pratiques d'administration, de gouvernance et de politique. Périodiquement, mais ce n’en est pas moins important, le collège de la prêtrise qui gouverne l’Église fait des déclarations de croyance, de doctrine, de théologie et de morale. La présente compilation rassemble ces dernières déclarations en un seul volume [6]. »


Ainsi, ce que l'auteur fait, c’est choisir les déclarations qu'il croit représenter la « croyance, la doctrine, la théologie et la morale » de l’Église. En d'autres termes, puisque le livre fournit des déclarations de la Première Présidence, il devrait être regardé comme étant la parole de Dieu exacte et pure en ce qui concerne les thèmes présentés.


Le positionnement de la publicité de Sunstone et le soutien apporté par elle, venant s’ajouter aux déclarations de l'auteur, ont créé chez nous un certain malaise pendant que nous continuions à rechercher une manière de passer en revue ce condensé. Dans nos déambulations, nous sommes tombés sur un article sur le site Internet de FAIR écrit par Davis Bitton, intitulé « Spotting an Anti-Mormon Book » [ndlr : Comment repérer un livre antimormon] [7]. » Nous tenions enfin quelques critères qui pourraient s’avérer utiles. Selon Bitton, ce sont des choses qui peuvent être vérifiées :


•    Tenez compte de l'éditeur. Il est important de bien connaître la maison d’édition.
•    Inexactitudes. Bitton conseille au lecteur de consulter une section qui lui est un tant soit peu connue et d’en vérifier l'exactitude.
•    Prétentions à nous dire ce que nous sommes censés croire. L'auteur nous dit-il que nous devons simplement croire ce qu'il a écrit ?
•    Base sur laquelle les choix ont été faits. Les choix sont-ils réellement représentatifs et conformes au but déclaré de l'auteur ? Y a-t-il des omissions?
•    Interprétation. L'auteur avance-t-il une interprétation à travers les choix qu’il fait ? Est-ce que l’auteur inclut ou exclut afin de créer une impression ?
•    La vie privée de l'auteur. Ici, il vaut la peine de citer in extenso le conseil donné par Bitton :


« Puisque de bons livres peuvent être écrits par de mauvaises personnes et de mauvais livres par de bonnes personnes, je préfère évaluer un livre selon ses mérites propres. Mais si l'auteur participe à des activités antimormones, dénonce l’Église ou se livre par défi à un comportement contraire aux principes de l’Église, sa façon de décrire les mormons et leur histoire risque de ne pas être cordiale ni amicale. S'il se présente comme étant un saint des derniers jours alors qu’en réalité il n'a plus mis les pieds dans une réunion de Sainte-Cène depuis vingt-cinq ans, s'il prétend être au fait de tout parce qu'il est de souche pionnière, nous devrions avoir le droit d'être soupçonneux. S'il se livre à des réflexions narquoises, irrespectueuses et cruelles sur les saints et ceux qu'ils soutiennent comme prophètes, cela ne nous étonnera pas si son livre est antimormon. Je suis toujours heureux quand il s’avère que je me suis trompé dans mon attente, mais quand un auteur ne fait aucun effort pour cacher son mépris des mormons et de ce qu'ils représentent, il est difficile de ne pas tenir compte de sa prédisposition [8]. »


C’est ainsi qu’avec la définition du mot compendium donnée par Webster et les critères utiles de Davis Bitton, nous avons commencé notre critique. Voici ce que nous avons découvert.


Tenez compte de l'éditeur


Signature Books est un petit éditeur qui a trouvé son créneau dans la vallée du lac Salé. Depuis sa création en 1980, il publie des livres relatifs à ce qui est mormon. En explorant le site Internet de l'éditeur, on peut trouver des informations sur ses divers auteurs au cours du dernier quart de siècle. Parmi ceux-ci il y a un certain nombre d’ « intellectuels mormons » dont plusieurs ont été excommuniés. Comme le dit son site :


« Les excommunications qui ont frappé les auteurs de Signature Maxine Hanks (Women and Authority: Re-emerging Mormon Feminism), Paul Toscano (Strangers in Paradox: Explorations in Mormon Theology), D. Michael Quinn (The New Mormon History: Revisionist Essays on the Past) et Lavina Fielding Anderson (Religion, Feminism and Freedom of Conscience) ainsi que Wright, sont, selon Ron Priddis, v-p financier et membre du conseil d’administration de Signature Books, « le résultat direct des publications de ces auteurs chez Signature et des articles qui les ont précédés [9]. »


De plus, sur le site, « Signature Books a également édité des ouvrages écrits par beaucoup d’anciens membres de l’Église qui ont récemment été excommuniés [10]. »


Enfin, Gary Bergera, auteur du condensé dont nous faisons la critique et identifié en tant que directeur de Signature Books, est cité comme suit :


« À propos des six personnes qui ont été récemment disciplinées par l’Église mormone, nous avons édité ou été en relations avec la plupart d’entre elles [11]. »


Ainsi, à en juger par les informations affichées sur le site de Signature Books, l'éditeur et l'auteur du condensé sont en rapport avec des détracteurs de l’Église. Il s'avère que si l’on suit le conseil de Bitton : « Tenez compte de l'éditeur », le condensé marque déjà un mauvais point.


Prise en compte des critères


Plusieurs des critères de Bitton à l’intention de ceux qui veulent faire une critique semblent se chevaucher un peu. Les inexactitudes, les auteurs qui disent aux lecteurs ce qu’ils sont censés croire, la base sur laquelle les choix ont été faits et l'interprétation sont quatre domaines qu’il est relativement facile d’évaluer en même temps.


Nous, les critiques de ce livre, nous avons chacun eu une formation différente mais elles s’accordent toutes les deux sur l'importance de la précision et de la vérité. L’un de nous (Byrd) est sociologue aussi bien qu'un professionnel de la santé mentale avec une formation dans le domaine de la sexualité humaine. L'autre (Peterson) est professeur d’études islamiques et d'arabe. Tous les deux, nous nous considérons comme membres orthodoxes de l’Église.


Appliquant les critères proposés par Bitton, nous avons décidé de choisir un domaine auquel l'un de nous (Byrd) se connaissait. En faisant notre évaluation du condensé pour ces domaines, nous avons décidé d'examiner la façon dont l'auteur représentait les déclarations de la Première Présidence sur l'immoralité sexuelle, et tout spécialement l’homosexualité. Nous avons tout d’abord consulté la liste sur la chasteté, qui nous a renvoyés à la section sur les relations sexuelles. Nous avons recherché l'homosexualité et nous avons été également renvoyés à la section sur les relations sexuelles.


La toute première déclaration de la section sur les relations sexuelles traitait des rapports homosexuels (sans utiliser le mot « homosexuel ») avec ce qui suit :


« L’Église n'a pas de position sur les causes… des sensibilités ou des penchants… liés à l'attirance pour les personnes du même sexe. Ce sont des questions scientifiques – de nature ou de culture – ce sont là des choses sur lesquelles l’Église n'a pas de position. ‘Issues Resources’, 2006 [12]. »


Il était intéressant que la rubrique portait sur l'homosexualité (attirance pour les personnes du même sexe), d'autant plus que l'homosexualité ou l’attirance pour les personnes du même sexe n’était mentionnée nulle part ailleurs dans le condensé. En d'autres termes, ces deux phrases toutes simples représentent ce que l’auteur estime important de communiquer sur la position de la Première Présidence et de l’Église sur l’attirance pour les personnes du même sexe.


Le lecteur doit-il croire que la déclaration la plus concise, la plus complète et la plus essentielle de la Première Présidence sur l'homosexualité se limite à dire que l’Église n'a pris aucune position sur la genèse de l’attirance pour les personnes du même sexe ?


Chose intéressante, à notre connaissance, la Première Présidence n’a jamais pris position sur les causes d’aucun problème quel qu’il soit. En fait, c'est exactement ce que dit le commentaire tronqué repris dans le condensé. On s’en aperçoit dès l’instant où l’on a sous les yeux la déclaration originale complète de frère Oaks :


« L’Église n'a pas de position sur les causes d’aucune de ces sensibilités ou penchants y compris ceux liés à l'attirance pour les personnes du même sexe. Ce sont des questions scientifiques – de nature ou de culture – ce sont là des choses sur lesquelles l’Église n'a pas de position [13]. »


Il s’agit ici d’un complément de réponse pour clarifier une déclaration que l’Église considère l’attirance pour les personnes du même sexe de la même façon que n'importe quelle autre « sensibilité ou penchant » comme le montre clairement texte en caractères gras, omis par l'auteur. Qu’est-ce qui a bien pu inciter l'auteur à choisir justement cette déclaration, qui vient d’une interview avec les médias et s'applique clairement à beaucoup de « sensibilités et attirances », à la tronquer pour en réduire la portée sur la seule attirance pour les personnes du même sexe et à la présenter comme l’essence des déclarations de la Première Présidence sur l'homosexualité ? Cette décision de l’auteur constitue-t-elle un exemple typique de « la base sur laquelle les choix ont été faits » à laquelle Bitton a conseillé à ses lecteurs d'être attentifs ?


La vérité est que la Première Présidence a publié beaucoup de déclarations sur le caractère immoral des activités homosexuelles et a exprimé fermement son opposition aux mariages entre personnes du même sexe.


Considérez les exemples suivants, pour lesquels nous avons utilisé les sources mêmes qui sont référencées dans le condensé :
« Comme les autres violations de la loi de chasteté, l’homosexualité est un péché grave. Elle est contraire aux raisons d’être de la sexualité humaine (voir Romains 1:24-32). Elle pervertit les relations aimantes et empêche les gens de recevoir les bénédictions que procurent la vie de famille et les ordonnances salvatrices de l’Évangile [14]. »


« Les activités homosexuelles et lesbiennes sont pécheresses et une abomination pour le Seigneur (voir Romains 1:26-27). Les affections contre nature, notamment celles à l’égard des personnes du même sexe, sont à l'opposé du plan éternel de Dieu pour ses enfants [15]. »


« L'activité homosexuelle est un péché grave [16]. »


Aucune des déclarations précitées de la Première Présidence ne se trouve dans le condensé sous quelque forme que ce soit.
La façon sélective dont l'auteur a décidé de condenser les passages qu’il a choisis ressort encore dans une autre déclaration de la Première Présidence dont les extraits figurent dans la section sur les relations sexuelles :


« La loi du Seigneur en matière de conduite morale est l’abstinence en dehors du mariage légal et de la fidélité dans le mariage. Les relations sexuelles ne sont acceptables qu’entre mari et femme, correctement exprimées dans les liens du mariage. [La Première Présidence à tous les membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, 14 nov. 1991] [17]. »


Cette déclaration est assez claire, mais l'auteur omet ce qui suit, qui se trouve dans la même lettre :


« Tout autre contact sexuel, notamment la fornication, l’adultère et le comportement homosexuel et lesbien, est pécheur. Ceux qui persistent dans de telles pratiques ou qui influencent les autres à faire de même sont passibles de sanctions de la part de l’Église [18]. »


L'auteur cite une déclaration générale sur la moralité du président Kimball datant de 1975 (p. 421) mais omet toutes les déclarations du président Kimball sur l'homosexualité, notamment celles qui se trouvent dans le Miracle du pardon et Lettre à un ami, ainsi que l’article dans l'Ensign où le président Kimball dit :


« La transgression impie qu’est l'homosexualité est en train de se répandre rapidement ou alors c’est la tolérance qui lui donne une publicité plus large. Si quelqu’un a de telles tendances, il les surmonte de la même façon que s’il avait envie de se livrer au pelotage, à la fornication ou à l’adultère. Le Seigneur condamne et interdit cette pratique avec une vigueur égale à sa condamnation de l'adultère et d’autres actes sexuels de ce genre [19]. »


Pour le cas où quelqu’un douterait que les paroles du président Kimball soient encore d’actualité et pense que c’est peut-être pour cela qu’elles ont été complètement ignorées dans le condensé, la citation suivante des manuels actuels de la prêtrise et de la Société de Secours (une source référencée dans tout le condensé) devrait dissiper ces doutes.


« Si quelqu’un a des désirs et des tendances [homosexuels], il les surmonte de la même façon que s’il avait envie de se livrer au pelotage, à la fornication ou à l’adultère. Le Seigneur condamne et interdit cette pratique avec une vigueur égale à sa condamnation de l’adultère et d’autres actes sexuels de ce genre … Encore une fois, à l’encontre des croyances et des déclarations de beaucoup de personnes, cette [pratique], comme la fornication, peut être surmontée et pardonnée, mais, encore une fois, uniquement s’il y a repentir profond et durable, ce qui signifie l'abandon total et la transformation complète des pensées et des actes. Le fait que certains gouvernements, certaines Églises et de nombreuses personnes corrompues ont essayé de ramener ce comportement de la catégorie de délit à celle de droit personnel, ne change pas la nature ni la gravité de cette pratique. Les hommes de bien, les hommes sages qui craignent Dieu continuent à dénoncer partout cette pratique comme étant indigne d’enfants de Dieu, et l’Église du Christ la dénonce et la condamne… Ce péché abominable qu’est l’homosexualité est vieux comme le monde. Et il a causé la destruction de bien des villes et civilisations [20]. »


Beaucoup d'autres déclarations sur l'homosexualité ont été publiées par la Première Présidence, notamment ce qui suit :
« Les prophètes de Dieu ont à diverses reprises enseigné au cours des siècles que les pratiques des relations homosexuelles, de la fornication et de l'adultère sont des péchés graves. Le Seigneur interdit les relations sexuelles en dehors des liens du mariage. Nous affirmons ces enseignements… [21]. »


« La croyance fausse au caractère inné de l'orientation homosexuelle refuse aux âmes repentantes la possibilité de changer et finit par conduire au découragement, à la déception et au désespoir [22]. »


Bergera omet toutes les déclarations publiées par la Première Présidence ou supprime toutes les références dans les citations qui mentionnent l'homosexualité. Comme exemple de ce dernier cas, l'auteur cite partiellement la déclaration sur le mariage avec les personnes du même sexe du 10 mars 2004 [23] et omet ou ignore le passage suivant de la déclaration :


« Le comportement homosexuel, y compris le comportement lesbien, est une déviation par rapport à la loi divine à n'importe quelle époque, quelle que soit la tolérance qu’on lui accorde en privé, son soutien public ou sa légalité. La société peut redéfinir la déviation, mais Dieu n'a pas abrogé ses commandements [24]. »


De même, il omet la déclaration très claire sous « Issues Resources » sur le site Internet de l’Église, « Same-Gender Attraction » :


« Le comportement homosexuel est et demeurera toujours un péché abominable devant le Seigneur [25]. »


Une déclaration aussi concise et cependant complète devrait, nous semble-t-il, satisfaire aux critères relatifs à ce qui est essentiel dans un condensé. En outre, bien que l'auteur ait décidé de citer l'édition 1998 du Manuel d’instructions de l’Église, il omet tous les passages sur l'homosexualité.


Dans le même ordre d’idées, sous la rubrique Mariage, l'auteur omet toutes les références aux déclarations de la Première Présidence sur le mariage avec les personnes du même sexe, notamment la déclaration du 1er février 1994. Dans cette déclaration forte, la Première Présidence déclare :


« Nous invitons les membres à faire appel aux législateurs, aux juges et aux autres autorités gouvernementales pour qu’ils protègent les objectifs et la sainteté du mariage entre un homme et une femme et pour qu’ils rejettent tous les efforts pour donner une sanction légale ou toute autre approbation ou soutien officiels aux mariages entre personnes du même sexe [26]. »


L'auteur exclut également des parties des déclarations de la Première Présidence sur le mariage de personnes du même sexe. Par exemple, Bergera met en référence le communiqué de presse du 19 octobre 2004, exprimant le soutien de l’Église au mariage entre homme et femme (p. 257), mais omet la partie suivante du communiqué :


« Toutes les autres relations sexuelles, notamment celles entre personnes du même sexe, sapent l'institution divinement créée qu’est la famille [27]. »


Si nous utilisons les critères de Bitton : inexactitudes, prétentions à nous dire ce que nous sommes censés croire, base sur laquelle les choix ont été faits, il semble clair que l'auteur du condensé omet, déforme ou dénature grossièrement les messages de la Première Présidence dans les sujets relatifs à l'homosexualité et à l’attirance pour les personnes du même sexe. Des omissions et des déformations telles que celles-là sont curieuses et on en vient tout naturellement à se demander pourquoi elles se produisent.


Examen d'autres actions


Dans notre recherche de ce qui pouvait expliquer ou motiver les omissions de Bergera, nous avons suivi le dernier critère de Bitton, qui est d’examiner « la vie privée de l'auteur ». Il est certain qu’outre l’application des critères de Bitton, pareil examen devrait permettre de comprendre pourquoi une option particulière a été choisie. Pour éviter tout risque de nous voir accuser par qui que ce soit d’avoir recours à un argument ad hominem, nous avons estimé prudent de renoncer à l'examen de la vie de l'auteur et d’examiner plutôt d'autres déclarations et actions publiques de la part de l'auteur qui pourraient éclairer son parti pris et son intention.


Sur la base de notre recherche, la conclusion suivante trouve beaucoup d'appui : Bergera manifeste plus qu'un intérêt passager pour l'homosexualité. Par exemple, on le retrouve parmi les présentateurs aux conférences d’Affirmation [28]. Un bref coup d’œil sur le site Internet d’Affirmation révèle rapidement l’attitude venimeuse de l'organisation envers l’Église en ce qui concerne l'homosexualité.


L’attitude publique tant de Signature Books que de Bergera envers ceux qui soutiennent la position de l’Église sur l'homosexualité est tout à fait révélatrice. Considérez la réponse à l'essai d'Orson Scott Card sur « The Hypocrites of Homosexuality ».
« Par exemple, Signature Books a répondu à la publication de ‘The Hypocrites of Homosexuality’ en laissant entendre au magazine Sunstone, où l'essai a paru, que Signature pourrait ne plus être en mesure de continuer à distribuer ce magazine s'il continuait à éditer des essais de moi – une tentative à peine voilée de supprimer ma capacité de faire éditer mes écrits, alors même que Signature profitait de la publication de mon livre Saintspeak, que je lui avais vendu à l’époque où il était dirigé par une autre rédaction. Quand j'ai téléphoné à Gary Bergera, rédacteur de Signature Books, concernant ses lettres, il a semblé apparemment incapable de voir que sa tentative d'inciter Sunstone à cesser d'éditer mes écrits puisse être une forme quelconque d'oppression. À ses yeux, la cause de la liberté exige de Signature qu’il fasse tout ce qu’il peut pour m’empêcher d’avoir une chance de dire le moindre mot qui pourrait persuader quelqu'un qu'être saint des derniers jours veut dire essayer de pratiquer l'Évangile tel qu’il est enseigné par les prophètes, alors même qu'il insiste sur sa propre liberté de poursuivre sa croisade évidente et implacable pour persuader les mormons de considérer la sagesse profane actuellement à la mode comme une meilleure source de vérité que les enseignements des prophètes. Heureusement, la liberté de la presse existe toujours de part et d’autre, et je n'ai aucune crainte que, jouissant d’une liberté égale de parler, les enseignements des prophètes continuent à l’emporter dans la communauté mormone [29]. »


Ce commentaire de Card démontre sans peine que Signature Books, à travers les actes de son directeur, Bergera, se préoccupait d’homosexualité. Il révèle également l’intensité de ses sentiments à l’égard des déclarations de l’Église sur l'homosexualité et son mépris pour ceux qui soutiennent la doctrine de l’Église.


On peut trouver d'autres indices sur les mobiles qui incitent Bergera à exclure les déclarations de la Première Présidence sur l'homosexualité dans Brigham Young University: A House of Faith (Signature Books, 1985), un livre qu'il a écrit en collaboration avec Ronald Priddis. On y trouve beaucoup de mentions directes de l'homosexualité (pp. 83, 84, 122, 126, 324) ainsi que des mentions concernant les « déviations par rapport aux normes hétérosexuelles » (p. 310) et « les perversions sexuelles » (p. 338) [30]. Ceci renforce encore la conclusion que Bergera non seulement était au courant des déclarations de la Première Présidence sur l'homosexualité mais entretenait peut-être aussi une certaine animosité envers de telles déclarations.


Conclusion


Sur la base de notre échantillonnage de deux rubriques seulement (les relations sexuelles et le mariage) du condensé, on peut conclure sans grand risque de se tromper que l'auteur trompe les lecteurs et les érudits en créant l'impression que la Première Présidence n'a publié aucune déclaration définitive sur ces sujets.


Bien qu’il ait mis son condensé en page sur le modèle du livre de l’Église Ancrés dans la Foi, manifestement pour créer l’impression chez les membres de l’Église que le livre ressemble à un livre de l’Église, Bergera omet délibérément toute mention expresse de l’homosexualité et du mariage de personnes du même sexe. Il n’est que normal que de telles tromperies jettent le doute sur les mobiles de l'auteur et poussent le lecteur à se demander s’il n’y a pas d'autres distorsions ou omissions fallacieuses dans d'autres parties du livre.


Étant donné le manque d'objectivité mis en évidence par notre examen de ces deux domaines limités, nous avons décidé de ne pas aller plus loin. Nous avons pensé que cela aurait peu de valeur. D'autres, cependant, peuvent ne pas être d’accord et vouloir mener leur propre critique en se servant aussi des critères de Bitton ou d’une autre méthodologie pour évaluer les condensés.
Attendu que les éléments que nous avons découverts jettent un doute sur le point de savoir si le livre de Bergera peut vraiment être qualifié de « condensé » selon la définition de Webster, un nouveau titre serait peut-être approprié. Il semble raisonnable de suggérer qu’un titre plus convenable pourrait être « Morceaux choisis dans les déclarations de la Première Présidence avec certaines omissions pour répondre à un agenda. »


Il est regrettable que le célèbre bon mot de Stephen Robinson concernant une autre perle de Signature Books soit tout aussi d’actualité aujourd'hui qu’en 1991 : « Korihor est de retour et cette fois il a une presse d’imprimerie [31]. »

 

Notes

[1] Dennis Lythgoe, “Statements Great LDS Resource”, Deseret Morning News (July 8, 2007).
[2] J. Stapley, "Review: Statements of the LDS First Presidency”, (March 27, 2007), http://www.bycommonconsent.com/2007/03/review-statements-of-the-lds-first-presidency/, visité le 8/11/2007.
[3] Webster's New Collegiate Dictionary (New York: Macmillan, 1998), p. 284.
[4] Sunstone, n° 146 (juin 2007), p. 4.
[5] Id.
[6] Gary Bergera, editor, "Sexual Relations”, Statements of the LDS First Presidency: A Topical Compendium, Salt Lake City, Signature Books, 2007, p. ix.
[7] Davis Bitton, "Spotting an Anti-Mormon Book" (d’abord affiché sur Meridian Magazine le 22 septembre 2003), http://www.fairlds.org/Anti-Mormons/Spotting_an_Anti-Mormon_Book.html, visité le 8/5/2007.
[8] Id.
[9] Phyllis Tickle, "Mormon Church Excommunicates Five Scholars Over Their Books" (Critique de Publisher's Weekly review, date d’origine non mentionnée), http://www.signaturebooks.com/sigstories2.htm, visité le 7/13/2007.
[10] Ribert Rigney, "Signature Books Carries on Despite Rebuff from Mormon Leaders, Excommunications" (Daily Utah Chronicle, date d’origine non mentionnée), http://www.signaturebooks.com/sigstories2.htm, visité le 7/13/2007.
[11] Id.
[12] Gary Bergera, editor, "Sexual Relations», Statements of the LDS First Presidency: A Topical Compendium, Salt Lake City, Signature Books, 2007, p. 418.
[13] Interview donnée par Dallin Oakes and Lance Wickman au Département de la Communication, accesible sur http://www.lds.org/ldsnewsroom/v/index.jsp?vgnextoid=27f71f1dd189f010VgnVCM100000176f620aRCRD &vgnextchannel=726511154963d010VgnVCM1000004e94610aRCRD&vgnextfmt=tab1. Visité le 22 septembre 2007.
[14] Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Ancrés dans la Foi, Salt Lake City, Intellectual Reserve, 2004, p. 29.
[15] Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, For the Strength of Youth, Salt Lake City, The Corporation of the President of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1990, p. 15.
[16] Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Jeunes, soyez forts, Salt Lake City: Intellectual Reserve, 2002, p. 28.
[17] Gary Bergera, editor, "Sexual Relations», Statements of the LDS First Presidency: A Topical Compendium, Salt Lake City, Signature Books, 2007, p. 419, crochets ajoutés par souci de clarté.
[18] "Standards of Morality and Fidelity”, déclaration de la Première Présidence publiée le 14 novembre 1991.
[19] Spencer W. Kimball, "Special Message to All Latter-day Saints, President Kimball Speaks Out on Morality”, The Ensign, 10 (11), novembre 1980, pp. 94-98.
[20] Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Enseignements des présidents de l’Église, Spencer W. Kimball, Salt Lake City, Intellectual Reserve, 2006, p. 201
[21] Gordon B. Hinckley, Teachings of Gordon B. Hinckley, Salt Lake City, Deseret Book, 1997, p. 8.
[22] James E. Faust, "The First Presidency Message: Serving the Lord and Resisting the Devil”, The Ensign, 28, 11, pp. 70-72.
[23] À la page 258 du condensé, il y a une citation tirée de l’Ensign de juin 1996. Cette citation a été répétée exactement dans les mêmes termes dans la déclaration du 10 mars 2004 de la Première Présidence sur le mariage avec des personnes du même sexe. Si l’auteur cite bien la déclaration de 1996 dans l’Ensign, il omet la référence à celle de mars 2004 qui répétait et clarifiait la position de l’Église sur le sujet.
[24] Déclaration sur le mariage de personnes du même sexe publiée le 10 mars 2004 par la Première Présidence.
[25] Same-Gender Attraction, Issues Resources, newsroom.lds.com, 4 août 2006.
[26] Mariages de personnes du même sexe, déclaration de la Première Présidence publiée le 1er février 1994.
[27] Déclaration de la Première Présidence sur le mariage de personnes du même sexe, communiqué de presse, 19 octobre 2004.
[28] Affirmation: Gay and Lesbian Mormons, trouvé sur http://.affirmation.org/conferences
[29] Orson Scott Card, "The Hypocrites of Homosexuality”, A Storyteller in Zion, Salt Lake City, Bookcraft, 1993, pp. 187-188.
[30] Gary James Bergera et Ronald Priddis, Brigham Young, A House of Faith, Salt Lake City, Signature Books, 1985.
[31] Stephen E. Robinson, "The Word of God: Essays on Mormon Scripture”, Review of Books on the Book of Mormon, Provo, Utah, FARMS, 1991, p. 312.