Le livre d’E.D. Howe, Mormonism Unvailed, publié en 1834 avec la collaboration de Philastus Hurlbut, un mormon excommunié pour immoralité et bien décidé à se venger, a été à l’origine de la mauvaise réputation faite à Joseph Smith et à sa famille. Les historiens non mormons et les antimormons ont puisé à cette source sans la soumettre préalablement à un examen critique d’autant plus indispensable que les motivations de Hurlbut la rendent suspecte. L’article que nous proposons aujourd’hui comble cette lacune.

 

UNE REEVALUATION DE LA REPUTATION DE JOSEPH SMITH DANS L’ÉTAT DE NEW YORK

 

Par Richard Lloyd Anderson [1]
© BYU Studies, vol. 10 (1969-1970), numéro 3 – Printemps 1970, p. 283)
 

Quiconque fait la biographie de la jeunesse de Joseph Smith connaît son sujet quand il s’appuie sur des sources qui connaissent leur sujet. Ce truisme est plus évident en théorie qu’en pratique parce que les biographes non mormons n'ont pas pris la mesure des limites strictes imposées par des déclarations sous serment uniformément hostiles enregistrées par un ennemi juré du Prophète mormon. L'image ainsi obtenue est radicalement contraire à ce que les documents révèlent sur Joseph Smith dans les années 1830, c’est-à-dire un meneur d’hommes doté d’une excellente constitution physique et d’une grande vigueur, un idéaliste profond doué d’un humour spontané, un homme chaleureux, qui fit preuve de courage face à d’énormes difficultés. On retrouve, dans les années 1820, un jeune du même genre, non en éliminant les sources non mormones, mais en trouvant les sources non mormones qui sont le produit d’un contact réel avec Joseph Smith. Une étude de ce genre montre que la collecte de déclarations bien documentées sur le Prophète débouche sur un jugement essentiellement favorable [2].

La plupart des livres sur Joseph Smith affirment s’appuyer sur des éléments probants, mais les contradictions flagrantes prouvent que beaucoup de sources apparemment historiques sont éminemment contestables. Il est manifeste que Joseph Smith était un personnage controversé dans sa localité même. Il ne faut donc pas prendre pour argent comptant la déclaration d'un contemporain avant d’avoir répondu aux questions suivantes :

1) Vérification de la personne. Outre qu’ils éliminent la possibilité de témoins fictifs, les registres d’état civil montrent si une personne est suffisamment âgée pour être un observateur compétent et peuvent fournir des indices sur le point de savoir si les observations sont basées sur un contact direct ou, au contraire, sur un contact lointain.

2) Exactitude du compte rendu. Ici la question est de savoir si la personne qui est censée faire la déclaration l’a réellement faite. Les déclarations de deuxième et de troisième main sont manifestement suspectes, mais l'intervieweur qui note une déclaration qui semble être de première main peut superposer ses idées préconçues à la déclaration de la personne.

3) Possibilité d’effectuer l'observation. La qualification de base de toute source historique est le contact direct avec la personne ou l'événement décrit. Pourtant les déclarations hostiles à Joseph Smith de la part de contemporains montrent une tendance distincte à rapporter les rumeurs de la localité et non un vécu personnel.

4) Préjugés de la source. Les historiens reconnaissent aujourd'hui qu'aucun observateur n'est exempt de préjugés, mais quand ceux-ci sont intenses, ils ont tendance à l'exagération. On doit donc vérifier de manière rigoureuse dans les faits les conclusions des contemporains de Joseph Smith.

Bien que l’histoire de la première collecte de déclarations contre Joseph Smith soit bien connue, il est nécessaire de la passer en revue pour pouvoir analyser les déclarations sous serment. Philastus Hurlbut, excommunié deux fois par des tribunaux de l’Église pour immoralité, devint personnellement si vindicatif qu'un tribunal lui signifia l’interdiction de s’approcher de la personne ou des biens de Joseph Smith [3]. Il fut ensuite « employé » par un comité public d’antimormons pour rassembler des preuves permettant de « priver complètement Joseph Smith de toute prétention à la réputation d’honnête homme… » [4]. Pour parvenir à ce but, il se rendit dans l’État de New York et obtint des déclarations au village de Palmyra, la plus grande agglomération dans le voisinage de la ferme des Smith et également à Manchester, le district rural dans lequel se trouvait « Stafford Street ». Cornelius Stafford, qui avait alors vingt ans, se rappela plus tard que Hurlbut arriva à leur « école et enregistra des déclarations sur la mauvaise réputation de la famille mormone des Smith » et vit les gens « prêter serment à ce sujet » [5].

E.D. Howe, rédacteur du Painesville Telegraph (Ohio) remplaça Hurlbut pour que l’auteur du livre soit quelqu’un de respectable et publia les déclarations sous serment dans Mormonism Unvailed (1834), jetant ainsi les bases de l'historiographie antimormone. Howe vécut longtemps assez pour être témoin de la solidité de l'édifice, faisant la réflexion, quarante-quatre ans après dans ses mémoires, que le livre « a été la base de toutes les histoires qui ont paru de temps à autre depuis ce temps-là concernant ces gens [6]. » Pour être exact, l’écrit de Howe était insignifiant, mais les déclarations sous serment de Palmyra-Manchester publiées par lui ont servi à présenter Joseph Smith dans toutes les grandes études non mormones de 1834 à nos jours. Pourtant, même les études censées être définitives ne révèlent aucune recherche sur les personnes qui sont à l’origine des déclarations de Hurlbut, ni aucune grande connaissance de la collectivité à laquelle elles appartenaient.

Un peu d’arithmétique toute simple devrait ébranler le statut canonique des déclarations sous serment de Hurlbut-Howe. La famille Smith vivait sur la ligne qui séparait les comtés de Wayne et d'Ontario, des comtés ayant une population substantielle. Tous ceux qui affirmaient connaître Joseph Smith dans cette région avaient des contacts dans les arrondissements de Palmyra ou de Manchester et le recensement de 1830 contient environ 2.000 individus de sexe masculin suffisamment âgés pour connaître les Smith dans ces deux localités. De ce nombre possible, Hurlbut s’est procuré les signatures de soixante-douze personnes prétendant avoir été en relations directes avec Joseph Smith. Au mieux, Hurlbut a sélectionné un demi pour cent des hommes qui pouvaient savoir quelque chose sur les Smith. Bien que Howe les présente comme représentatifs, on peut aligner approximativement le même nombre de personnes de ces localités connues pour avoir une bonne opinion des Smith vers la fin des années 1820. Le Dr Gain Robinson, oncle du médecin de famille des Smith, a recueilli soixante signatures sur un certificat garantissant le sérieux des Smith afin d'essayer d'empêcher la perte de leur ferme en 1825 [7]. Pourtant la question cruciale n'est pas les signatures, mais les témoignages individuels avec les détails à l’appui. Dans cette catégorie, il n’y a que dix déclarations sur Joseph Smith qui vaillent d’être examinées [8] alors qu’il existe trois fois ce nombre de souvenirs personnels de non-mormons de Palmyra-Manchester qui n'apparaissent pas dans Hurlbut-Howe.

Jusqu'à ce que The Myth Makers de Hugh Nibley aborde le sujet, il n’était facile de trouver des études détaillées sur les déficiences du réquisitoire de Hurlbut-Howe. Nibley a ratissé large et a démontré le caractère contradictoire des témoignages d'antimormons sur Joseph Smith. Le but ici est plus spécifique : analyser les déclarations de Hurlbut pour y trouver les renseignements de première main et présenter ensuite les renseignements principaux fournis par d'autres déclarations de non-mormons de Palmyra-Manchester. Bien que ceci exclue un certain nombre de souvenirs provenant de la vallée de la Susquehanna et de Fayette, les éléments probants plus abondants de Palmyra-Manchester sont basés sur un contact plus prolongé avec Joseph Smith, des contacts dont beaucoup remontent à l’époque pré-mormone.

Attestations collectives de Hurlbut

Hurlbut a fortement influencé les déclarations personnelles de Palmyra-Manchester, comme le montre la présence régulière de sa manière de s’exprimer dans les déclarations sous serment des Stafford, Chase, etc. Celle-ci apparaît clairement dans deux déclarations collectives : les noms de cinquante et un résidants de Palmyra apparaissent sur un document et les noms de onze résidants de Manchester apparaissent sur un autre. Une déduction s’impose ici : Les signataires d'une pétition ou d'une déclaration n’en sont normalement pas les auteurs, ils ne font que la ratifier. Quand il s’est présenté à l’école de Manchester, Hurlbut avait certainement rédigé la déclaration que onze fermiers plutôt peu habitués à écrire ont signée. On imagine que le même procédé était inévitable pour les cinquante et un signataires de Palmyra. Quelqu'un a rédigé les déclarations collectives et Hurlbut est le meilleur candidat.

Non seulement on retrouve les mêmes expressions dans les déclarations, mais aussi la même structure. Dans la comparaison suivante, nous indiquons les correspondances importantes dans les mots, mais l’élément le plus important est la ressemblance dans la structure de base censée provenir de deux auteurs différents :

DÉCLARATION COLLECTIVE DE PALMYRA

« Nous, sous-signés, avons connu la famille Smith depuis un certain nombre d'années, quand elle résidait près d’ici et nous n'hésitons pas à dire que nous la considérons comme privée de ce caractère moral qui devrait lui donner droit à la confiance de n'importe quelle collectivité. Ils étaient particulièrement célèbres pour leurs projets visionnaires, consacraient beaucoup de leur temps à faire des fouilles pour trouver de l'argent qu'ils prétendaient caché dans la terre ; et aujourd’hui encore on peut voir de grands trous dans la terre, pas loin de chez eux, où ils passaient leur temps à faire des fouilles à la recherche de trésors cachés. Joseph Smith, père, et son fils, Joseph, en particulier, étaient considérés comme entièrement privés de moralité et comme s’adonnant à de mauvaises habitudes… 

« Nous ne pensons pas qu’aucun d’eux ait possédé une réputation ou une influence suffisantes pour amener qui que ce soit à croire à leur livre ou à leurs sentiments,

« et nous ne connaissons pas une seule personne dans ce voisinage qui accorde la moindre confiance à leurs soi-disant révélations. »

DÉCLARATION SOUS SERMENT DE PARLEY CHASE [9]

« J'ai connu la famille de Joseph Smith, père, tant avant et après qu’elle est devenue mormone et je me sens libre de dire que pas un seul des membres masculins de la famille de Smith n’avait droit à la moindre crédibilité.

« Faire des fouilles pour trouver de l'argent était leur emploi principal.

« Ils étaient paresseux et intempérants, des vauriens, fortement adonnés au mensonge. En cela ils se vantaient souvent de leur habileté.

« Pour ce qui est de leurs élucubrations sur la Bible d'or, ils ne racontaient jamais deux fois la même histoire. La Bible mormone serait une révélation de Dieu, donnée par l’intermédiaire de Joseph Smith, fils, son Prophète, et ce même Joseph Smith, fils, avait, à ma connaissance, la réputation parmi ses voisins d'être un menteur.

« La présente déclaration peut être corroborée par tous ses anciens voisins. »

Les mots imprimés en italique dans les comparaisons ci-dessus indiquent les parties équivalentes des deux déclarations sous serment. Toutes deux sont construites de la même façon, commençant par affirmer que les auteurs connaissent les Smith, pour parler ensuite de leur mauvaise réputation dans la collectivité, des fouilles pour trouver de l’argent et du fait qu’ils « s’adonnent » à des pratiques mauvaises pour terminer par l'application de leur caractère général aux prétentions religieuses et l'affirmation que personne dans la région ne les prend au sérieux. Il est hautement improbable que Parley Chase ait écrit en suivant une structure identique à la déclaration sous serment de Palmyra de Hurlbut. C’est Hurlbut qui a composé les deux.

Quand on passe à la déclaration collective de Manchester, on peut voir aux ressemblances que c’est manifestement Hurlbut qui l'a rédigée pour la faire signer. La seule accusation contre les Smith s’y trouve dans la première phrase sur le schéma suivant, qui contient trois structures négatives que l’on retrouve dans d'autres déclarations dont les auteurs sont censés être indépendants :[10]

une bande de types paresseux et indolents, mais également intempérants ; et on ne pouvait pas se fier à leur parole.

paresseux, intempérants … très adonnés au mensonge.

bande de types paresseux… un ivrogne et un menteur

une bande de types paresseux et indolents et on ne pouvait pas se fier à eux

sont devenus indolents et ont raconté des histoires merveilleuses

connus pour leur indolence, leur bêtise et leurs mensonges

On retrouve, encore une fois, la combinaison d’un vocabulaire semblable et d’une structure de pensée semblable. Le schéma « indolent-intempérant-menteur » de quatre déclarations, avec de légères modifications dans deux autres, n'a pas été créé de manière indépendante par six déclarations spontanées. C’est Hurlbut qui a suggéré la formule, l'a rédigée pour la faire signer ou l'a interpolée plus tard. Ceci démontre toutefois plus que le simple fait d’une terminologie commune. Les redondances de Hurlbut révèlent ce qu'il voulait le plus prouver – et ce que le lecteur doit se garder d'accepter. Il n’en serait pas nécessairement ainsi si des formulations indépendantes venaient étayer des déclarations indépendantes, mais l'opposé est vrai en ce qui concerne ses thèmes de paresse, d'ivrognerie et de mensonge. Le premier de cette triade est la variation de Hurlbut sur son thème préféré, les fouilles continuelles des Smith pour trouver de l'argent [11] :

… l'emploi principal de la famille Smith était de faire des fouilles pour trouver de l’argent…

L'emploi principal de la famille était de faire des fouilles pour trouver de l’argent.

leur emploi principal. Faire des fouilles pour trouver de l’argent était.

Une grande partie de leur temps était consacrée à faire des fouilles pour trouver de l’argent…

… passaient beaucoup de leur temps à faire des fouilles pour trouver de l’argent….

Cette ressemblance dans la formulation signifie qu’il y a eu un auteur commun et le dernier exemple appartient de façon concluante à Hurlbut, puisqu'il vient de la déclaration collective de Palmyra. Nous trouvons une formulation semblable dans toutes les déclarations de Palmyra-Manchester que nous étudions ici, à l’exception de celle de Barton Stafford.

D’autres mots que l’on retrouve dans les déclarations collectives sont « prétendaient », « visionnaires » et une idée qui est soulignée est le manque de « influence dans cette localité », qui trouve sa contre-partie dans des déclarations personnelles comme « la famille Smith n’a jamais émis aucune prétention à la respectabilité » ou « en bref, pas un seul membre de la famille n’avait la moindre prétention à la respectabilité [12] ». Presque toutes les déclarations portant sur les Smith commencent par plusieurs phrases semblables à la déclaration collective de Palmyra, ce qui prouve bien une origine extérieure.

Quand on passe ainsi à a loupe le vocabulaire de Hurlbut, cela révèle ses objectifs précis. Les termes communs les plus fréquents concernent l’intempérance, le mensonge et la paresse, cette dernière définie comme consistant à faire des fouilles à titre professionnel pour trouver de l’argent. Puisque la main de Hurlbut est bien visible dans ces accusations collectives, l'historien soigneux doit être sceptique à l’égard des histoires qui appuient ces accusations tout au long d’un grand nombre de déclarations. La terminologie de Hurlbut dans des déclarations qui sont ostensiblement censées ne pas être de lui prouve que toute son argumentation est hautement suspecte, particulièrement en ce qui concerne les fouilles effectuées pour trouver de l'argent. Quand on étudie soigneusement la situation économique des Smith avant 1830, on constate qu’ils étaient tout sauf paresseux. Et si cette accusation ne tient pas, le fait pour Hurlbut de les accuser de faire des fouilles pour de l'argent est hautement suspect. En fait, le langage extrême de presque toutes les déclarations à ce sujet incite au doute. Si l’on avait régulièrement vu les Smith faire des fouilles pour trouver de l’argent, on s’attendrait à des déclarations raisonnables à cet effet. En réalité, les dépositions recueillies décrivent une famille nombreuse vivant de manière marginale « sans travail » ou en travaillant « très peu [13] ». Leur « emploi général », consistant à faire des fouilles pour trouver de l’argent, n’a jamais été une source de revenus pour eux, mais ils arrivaient quand même à survivre en ne faisant pas grand chose d’autre. Nous avons affaire ici à plus que de l’exagération. C’est de l'invention.

Pourtant l'historien doit étudier le contenu de tous les documents et s’il y a une chose qui frappe chez Hurlbut c’est bien le fait qu’il s’appuie sur des généralités vagues. Les déclarations collectives des deux localités accusent les Smith d'être « une bande de types paresseux et indolents » qui étaient « entièrement privés de moralité et s’adonnaient à des habitudes perverses ». Ce genre de phrase ne veut rien dire, comme en conviennent aussi bien les amis que les critiques de Hurlbut. La règle des tribunaux veut que le témoin présente des faits précis et laisse au tribunal ou au jury le soin de se faire une opinion sur cette base. Étant donné l’absence de faits précis, les déclarations collectives de Palmyra et de Manchester fournies par Hurlbut montrent simplement que soixante-deux signataires trouvaient les Smith répréhensibles ; ils ne disent pas quelle observation directe les a conduits à cette conclusion. De même, la déclaration individuelle de Parley Chase, citée ci-dessus avec la déclaration collective de Palmyra, est historiquement sans signification. Elle ne fait qu’étaler des conclusions sans justification et, pour aggraver les choses, elle le fait avec les idées et les termes de Hurlbut.

Les déclarations brèves de Hurlbut

Nous pouvons maintenant résumer l'arithmétique des témoins que Hurlbut a trouvés à Palmyra et Manchester. Sur un total de quinze déclarations, il faut déduire comme n’ayant aucune signification les trois déclarations sous serment dont nous venons de parler : la déclaration collective de Manchester, la déclaration collective de Palmyra et leur écho, la déclaration de Parley Chase. Il faut y ajouter trois autres qui n’ont rien à voir : les déclarations de Lucy Harris, d'Abigail Harris et de G. W. Stoddard concernent principalement Martin Harris et ne contiennent rien qui ait été observé au sujet de Joseph Smith. Cette demi-douzaine de déclarations exclues, il reste trois longues déclarations et six déclarations longues d’une page. Ces dernières ne contiennent aucun indice au sujet de Joseph Smith, fils.

On risque de s’égarer dans des détails stériles dans l’analyse de Hurlbut-Howe si l’on ne se répète pas constamment l’unique question : De quels témoignages oculaires les déclarations sous serment de Hurlbut font-elles état à propos de Joseph Smith ? Par exemple, Henry Harris rapporte certaines conversations avec Joseph Smith, suffisamment proches des affirmations du Prophète pour être déformées par la façon dont elles sont racontées, mais la seule chose que Harris ait pu observer à propos du caractère « menteur » du « prétendu prophète » est le fait qu’il a fait partie comme juré d’un tribunal dont le jury n’a pas pu rendre de décision dans une affaire en fonction du témoignage de Smith. Étant donné que nombreux sont les hommes sincères qui n’ont pas pu obtenir le vote d’un jury, l’argument concernant la personnalité de Joseph Smith n’a pas de sens. Dans les déclarations brèves, il n’y en a que trois qui détaillent sérieusement les fouilles de Smith pour trouver de l’argent et aucune n’est convaincante. Roswell Nichols rattache entièrement les prétendues fouilles pour trouver des trésors à des conversations avec Joseph Smith, père, qui ressemblent à sa croyance connue au Livre de Mormon. Joshua Stafford prétend que Joseph Smith, fils, lui a montré un morceau de bois d'un coffre au trésor et qu’il a aussi prétendu avoir découvert des montres enterrées. Comme nous le montrerons plus loin, Joshua Stafford lui-même est cité par des membres de sa famille comme dirigeant des fouilles pour trouver de l’argent dans le voisinage, ce qui rend suspect un témoignage aussi indirect contre Joseph Smith. Après tout, l’affirmation de Stafford se limite à un compte rendu (probablement déformé) de conversations avec Joseph Smith, et ne repose pas sur l’observation d’un acte quelconque de la part du fondateur mormon. De même, Joseph Capron donne les détails de fouilles fantastiques « au nord-ouest de [sa] maison », mais ne fait pas état d’une observation personnelle. Le sujet des « fouilles pour trouver de l’argent » est quelque chose qu’il faudrait approfondir, mais ce qui compte pour le moment c’est que, dans les déclarations brèves qui traitent du sujet, il n’y a strictement aucune mention d’une observation directe de ce que faisait Joseph Smith.

Les deux déclarations brèves qui restent mentionnent les faiblesses humaines de Joseph Smith. Barton Stafford, qui avait quelques années de moins que Joseph, accuse le jeune prophète de conduite manquant de dignité. À un moment donné, en 1827 ou après, Joseph fut, nous dit-on, ivre de cidre, se bagarra avec un autre ouvrier, lui déchira la chemise et fut ramené chez lui par Emma. Étant donné que même ici Barton Stafford ne dit pas clairement qu'il a été témoin de l'événement (seulement qu'il s'est produit dans « le champ de mon père »), un certain doute demeure sur le point de savoir si c'est une histoire ou une observation. David Stafford, lui, décrit une expérience personnelle, affirmant que Joseph avait « bu un peu trop abondamment » et que, tandis qu’ils travaillaient ensemble, une dispute avait mené à « des paroles dures ». Ils en vinrent aux mains et « il l’a emporté sur moi dans la bagarre ». Un certain Ford, qui essaya d'intervenir, s’en serait aussi mal tiré, car « nous avons tous deux porté plainte contre lui et il a écopé d’une amende pour atteinte à l’ordre public. »

La seule réponse connue de Joseph Smith à une déclaration sous serment de Hurlbut donne une autre version de l'incident de David Stafford. Elle apparaît dans les notes prises par Willard Richards en 1843 lors de conversations avec le prophète :

« Tandis que l’on préparait le dîner, Joseph a raconté une anecdote. Quand il était jeune, son père avait un beau grand chien de garde, qui avait arraché une oreille au porc de David Stafford, que celui-ci avait lâché dans le champ de maïs des Smith. Stafford a abattu le chien et, avec six autres types, s’est jeté sur lui à l’improviste. Et Joseph leur a flanqué à tous une raclée et s’en est sorti indemne, ce dont ils ont juré comme le rapporte le livre de Hurlburt ou de Howe [14]. »

Puisque l'incident ci-dessus revêt un contexte si différent selon qu’il est raconté par Stafford ou par Smith, cela nous rappelle de manière frappante qu’on ne peut pas porter de jugement définitif sur un événement controversé en n’écoutant qu’une version des faits.

Si David Stafford a porté plainte devant le juge de paix local, cela n’apparaît pas dans le registre existant, bien qu'il ne couvre que les années 1827-1830. Ce que l’on trouve dans le registre, ce sont quelques faits qui donnent une idée de la personnalité des Smith et de David Stafford. Il mentionne trois procès au cours de la période ci-dessus contre « Hiram » (ou « Hyram ») Smith et deux contre Joseph Smith. Comme il y avait d'autres Joseph Smith dans la région de Manchester et puisqu’un « Hiram » Smith a signé la déclaration sous serment collective de Manchester publiée par Hurlbut [15], on ne peut pas prouver que ces cinq actions en justice concernent la famille du prophète. Néanmoins il y en a une qui la concerne manifestement, c’est celle qui montre la tentative des Smith d'être honnêtes dans leurs engagements financiers. La notice abrégée du procès du 28 juin 1830 rapporte ce qui suit dans un procès contre « Hyram » Smith :

« Joseph Smith, père du défendeur, a comparu, l’affaire a été appelée, et le plaignant a plaidé sur une note et un compte. Note datée du 7 avril 1830, pour $20.07 sur intérêt et compte pour avoir ferré des chevaux, solde restant dû sur compte $0.69. Joseph Smith a prêté serment et déclare que son fils, le défendeur, lui a demandé de se présenter à la réception de la sommation et de demander au juge de rendre jugement contre le défendeur pour le montant de la note et du compte. Jugement en faveur du plaignant pour vingt et un dollars, sept cents [16]. »

Si tous les procès contre les Smith dans le registre de Manchester concernent la famille de Joseph Smith, ils ne font que montrer que la famille était pauvre – une situation que les autobiographies de Smith dépeignent également avec une émotion considérable. Ainsi le commentaire de Roswell Nichols (basé sur « deux ans » de voisinage) est gratuit : « Pour rupture de contrats, pour non-paiement de dettes et d'argent emprunté et pour duplicité à l’égard de ses voisins, la famille était notoire. » Si on y va par là, c’est David Stafford, pas les Smith, que le registre du juge de paix local inculpe. De 1827 à 1830, il fut plaignant dans trois procès et défendeur dans six procès d’encaissement, un record dans la localité. Avec un procédurier comme celui-là, on n'est pas enclin à penser que c’était forcément Joseph Smith qui était le coupable dans la dispute avec David Stafford. Et il n’y a pas non plus beaucoup de chances pour que la déclaration sous serment ex parte de Stafford représente la personnalité des Smith sans perfidie.

Les déclarations longues de Hurlbut

Puisque les déclarations brèves contiennent essentiellement des preuves qui n’en sont pas, l’étude sur Hurlbut-Howe doit se concentrer sur les trois seules déclarations substantielles du recueil. La plus courte vient de William Stafford, père de Barton Stafford, et il y a heureusement d’autres informations familiales permettant de la contrôler. La signature de Hurlbut dans le vocabulaire est indubitable ici, car un commentaire final imite la fin de la déclaration collective de Palmyra : « Personne ne craignait le moindre danger de la part d'un livre provenant de personnes qui n’avaient ni influence, ni honnêteté ni honneur. » Pomeroy Tucker décrit Stafford comme un ancien marin sans instruction ; si c’est vrai, cela augmente considérablement la possibilité que ce soit Hurlbut qui a composé la déclaration sous serment de Stafford et la lui a simplement fait signer [17]. Il y a un témoignage de première main clair de participation avec Joseph Smith, père, à des fouilles pour trouver un trésor (Joseph Smith, fils, dirigeant les opérations depuis la maison), mais l'histoire du mouton, qui l’accompagne, incite fortement à douter que celle des fouilles provienne de manière authentique de Stafford. D’après la déclaration sous serment de Hurlbut, les Smith « conçurent un plan » pour escroquer « un beau gros mouton noir » à leur voisin. En entendant les Smith affirmer que le sacrifice d'un tel mouton devait apaiser l'esprit gardant un trésor, Stafford leur donna le sien « pour satisfaire [sa] curiosité ». Mais le trésor fut perdu et le mouton avec lui, ce qui, « je crois, est la seule fois qu’ils ont jamais fait des fouilles pour trouver de l’argent une affaire profitable ». Chose curieuse, après « la seule fois », la déclaration de Stafford ajoute un commentaire sur « une bande de vauriens » (une expression typique de Hurlbut) qui entouraient les Smith et qui « avaient plus à faire avec le mouton qu’avec l'argent », une volonté d’impliquer les Smith dans des vols répétés de moutons.

Il est évident que Hurlbut n'a pas reproduit les déclarations de Stafford de manière exacte. En 1932, M. Wilford Poulson a pris des notes pendant que Wallace Miner se rappelait une conversation avec William Stafford sur le sujet :

« J’ai un jour demandé à Stafford si Smith lui avait vraiment volé un mouton. Il dit que non, pas exactement. Il dit qu’un mouton noir avait effectivement disparu, mais que bientôt Joseph était venu et avait reconnu l’avoir pris pour le sacrifier, mais qu’il était disposé à travailler pour le rembourser. Il fit des seaux en bois devant servir à contenir de la sève pour le payer entièrement [18]. »

Dans son histoire du village, Thomas Cook donne une version plus complexe de la conversation entre Miner et Stafford, une version selon laquelle ce fut Joseph qui prit l'initiative de reconnaître avoir pris le mouton et qu'il effectua le travail pour rembourser Stafford pour le mouton [19]. Bien entendu, William Stafford est mort en 1863 (Miner avait alors vingt ans), et il y a des limites évidentes quand il s’agit de se rappeler les détails de quelque chose qui a été dit presque soixante-dix ans plus tôt. Néanmoins, il est significatif que ce que Miner se rappelle de Stafford disculpe les Smith de l’accusation de malhonnêteté, un retournement de situation par rapport à ce que Hurlbut fait dire à Stafford. Nous disposons cependant d’un aperçu plus ancien de l'opinion de William Stafford. Son deuxième fils naquit la même année que Joseph Smith (1805) et avait pour ambition personnelle de faire de bonnes études pour l’époque et de se qualifier par examen comme médecin, et il pratiqua jusque vers 1870 dans la région de Manchester et ensuite à Rochester. Là le Dr John Stafford fut interviewé, en 1881, par l’apôtre William H. Kelley de l’Église réorganisée. Les notes prises à ce sujet par Kelley disent ceci :

– Et ce mouton noir que votre père leur a donné ?

– J'ai entendu cette histoire, mais ne pense pas que mon père était là à l’époque où l’on dit que Smith a eu le mouton. Je ne sais rien à ce sujet.

– Vous viviez chez vous à ce moment-là et il me semble que vous devriez savoir s'ils ont reçu un mouton ou s’ils en ont volé un à votre père ?

– Je suis sûr qu’ils n’en ont jamais volé ; c’est possible qu’on leur en ait donné un un jour.

­– Docteur, vous savez très bien si l’histoire que Tucker raconte est vraie ou non. Qu’en pensez-vous ?

– Je ne pense pas que qu’elle soit vraie. J'en aurais su davantage, c’est vrai… [20]

Puisque John Stafford, qui était bien informé, ne savait rien de l'histoire du mouton, il est clair que William Stafford n'avait pas, à l’égard des Smith, l’attitude que lui prête sa déclaration sous serment donnée à Hurlbut. Si un mouton a été emprunté, cela n'avait rien à voir avec de la malhonnêteté. Mais dans l'interview, le Dr Stafford a également insisté : « Mon père, William Stafford, n'a jamais rien eu à voir avec eux », ce qui est un démenti direct des relations qu’implique l’épisode Smith-Stafford sur les fouilles pour trouver de l’argent qui est décrit de manière tapageuse dans la déclaration de Hurlbut [21]. Le fait que la famille de William Stafford ait pu douter de l'authenticité du témoignage inspiré par Hurlbut, auquel viennent s’ajouter les talents d’éditorialiste évidents de Hurlbut, jette un doute sérieux sur le caractère historique de la déclaration de William Stafford.

La plus longue déclaration publiée par Hurlbut est celle de Willard Chase, dans laquelle les exemples de malhonnêteté et de fouilles pour trouver des trésors sont minimes. En fait, la déclaration de Chase contient plus de parallèles avec les sources mormones que n'importe laquelle des autres déclarations. On peut en conclure que Chase a imposé dans une grande mesure son individualité, bien que l’on y retrouve quand même plusieurs des clichés de Hurlbut. Le frère cadet de Willard a rapporté plus tard la tradition de la famille Chase et il maintient que la déclaration de Willard à Hurlbut était authentique ; d'autre part, il diffère dans certains détails de ses souvenirs de la déclaration publiée [22]. Willard Chase aurait dû prendre plus de soin dans sa déclaration que les autres personnes contactées par Hurlbut, puisque Lucy Smith se rappelle qu’il était « directeur de classe méthodiste » en 1827 et que sa nécrologe le décrit comme « autrefois pasteur de l'Église méthodiste wesleyenne et, pendant de nombreuses années, travailleur fervent et ardent… » [23].

Bien que Chase ait eu une instruction pratique supérieure, ses aptitudes comme témoin se caractérisent par un manque presque total d'observation personnelle. Il raconte l'histoire bien connue de la découverte d’une pierre très originale en creusant un puits avec Alvin et Joseph Smith et accuse Joseph et Hyrum de duplicité parce qu’ils ont gardé l'objet. À part cela, il ne manifeste aucune connaissance directe que la pierre ait été utilisée lors de fouilles pour trouver des trésors, mais prétend seulement que Joseph affirmait découvrir des « merveilles » grâce à elle. Ce qui laisse perplexe, c’est ce que Willard Chase ne dit pas ici. Les sources de Palmyra-Manchester disent clairement que la famille Chase avait coutume de faire des fouilles pour trouver de l’argent. Par exemple, le Dr John Stafford se rappelle :

« Les voisins prétendaient que Sally Chase pouvait regarder une pierre qu'elle avait et voir de l'argent. Willard Chase creusait quand elle trouvait où l'argent était. Je ne sache pas que quelqu’un ait jamais trouvé d’argent [24]. »

L'interview qui eut lieu la même année avec Abel Chase confirme les activités de sa famille. Après avoir décrit la pierre que possédait sa sœur, Abel Chase répond aux questions suivantes :

– Pensez-vous vraiment que votre sœur pouvait voir des choses en regardant à travers cette pierre, M. Chase ?

– Elle le prétendait en tous cas et je dois dire qu'il y avait quelque chose d’étrange là-dedans.

– Où est votre sœur maintenant ?

– Elle ne vit plus. Mon frère Willard est mort également. Il en saurait plus que moi là-dessus [25].

La famille Chase était de véritables chercheurs d’argent, mais dans la plus longue des déclarations sous serment de Hurlbut, Willard Chase ne signale pas avoir été témoin direct de fouilles entreprises par les Smith. Si Willard Chase décrit honnêtement ce qu'il sait, on ne peut que conclure que les Smith n'avaient pas de liens avec les milieux de chercheurs d'argent de la région. Et c'est exactement ce que Lucy Smith raconte dans son histoire où elle décrit les activités magiques « ridicules » de Chase et compagnie pour voler les plaques du Livre de Mormon, des pratiques qui semblent étrangères à son expérience [26].

Willard Chase, lui, rapporte des histoires sur les fouilles de Joseph Smith pour trouver de l’argent dans la région de Susquehanna. Apparemment sans avoir l’air d’être vraiment au courant des activités de Palmyra-Manchester, il importe des histoires de seconde main qui se seraient passées à plus de cent cinquante kilomètres de là. Ce qu'il raconte est une version considérablement déformée de l'emploi donné à Joseph Smith sur un projet de fouilles pour trouver un trésor. C'est sa façon de procéder pour d'autres sujets. Il parle de plusieurs épisodes concernant les Smith publiés par les mormons longtemps après l’impression, en 1834, de Mormonism Unvailed de Howe, ce qui veut dire que soit Hurlbut soit Willard Chase les connaissait de manière indépendante. La déclaration de Chase relate ces incidents de manière approximative (par exemple, l’incapacité de Joseph Smith de prendre la première fois possession des plaques sur la colline, le déplacement d’Emma à Macedon pour prévenir son mari, etc.), mais avec des détails exagérés dans le but de ridiculiser. On peut considérer qu’il fait la même chose dans ses histoires de trésor sur Joseph Smith, histoires dont il n’est pas témoin oculaire [27].

Ceci ne laisse que Peter Ingersoll comme témoin de Hurlbut qui puisse prétendre sérieusement à la connaissance de première main des méfaits de Smith. On ne sait pas grand chose à son sujet à part le fait qu’il apparaît sur les registres fonciers vers les années 1820 comme ayant une propriété près du village de Palmyra, la saisie d’un terrain en exécution d’un jugement et son déménagement de Palmyra après la vente de ses biens en 1836. En 1879, Abel Chase affirmait : « Il est parti vers l’ouest il y a des années et est mort il y a environ deux ans » [28], mais on ne sait pas ce qu’il est devenu après avoir quitté Palmyra. Sa déclaration sous serment est aussi un mystère. Il commence par la formule standard de Hurlbut disant que « l'emploi général de la famille était de faire des fouilles pour trouver de l’argent ». Il prétend ensuite avoir vu à deux reprises Joseph Smith, père, utiliser une baguette divinatoire [29]. À part cela, toutes les choses à caractère négatif qu’il raconte au sujet de Joseph Smith, fils, consistent non en des faits qu’il a observés, mais en de prétendues confessions faites au cours de certaines conversations. Aucun des déclarants de Hurlbut ne prétend connaître Joseph Smith de manière aussi intime et pourtant nous ne trouvons rien ici qui soit le résultat d’une observation personnelle.

La véritable question qui se pose dans la déclaration d'Ingersoll est de savoir si c’est Joseph Smith que discréditent les aveux préjudiciables rapportés à propos du prophète mormon ou si c’est Hurlbut-Ingersoll. L'histoire la meilleure, c’est celle où Joseph aurait confié à Ingersoll qu'il avait apporté une quantité de sable emballé chez les Smith, que sa famille, curieuse, lui aurait posé des questions et que cela lui aurait donné l’idée de « la Bible d'or » :

« À ma grande surprise, ils ont été assez crédules pour croire ce que je disais. En conséquence, je leur ai dit que j'avais reçu le commandement de ne laisser personne la voir, parce que, ai-je dit, personne ne peut la voir de ses propres yeux et vivre. Je leur ai néanmoins proposé de sortir le livre et de le leur montrer, mais ils ont refusé de le voir et ont quitté la pièce. » « Maintenant, a dit Jo, j'ai roulé ces fichus imbéciles et je vais m’amuser. »

De gros problèmes empêchent d’accepter cette histoire. La déclaration d'Ingersoll situe l'épisode en août 1827. Mais la déclaration de Chase affirme que dès juin 1827 Joseph Smith, père, avait donné à Willard Chase tous les détails sur « les annales sur des plaques d'or » et que la famille était au courant depuis « quelques années ». Puisque Ingersoll contredit si radicalement la chronologie de Chase (qui correspond aux sources mormones), l'exactitude de « Peter Ingersoll » est sérieusement suspecte. En outre, il est tout à fait improbable qu’il existe une famille constituée de gens à ce point crédules qu’ils s’en laissent imposer par l’effronterie que suppose l'épisode d'Ingersoll. Après tout, les Smith sont historiquement connus pour être des personnes compétentes. Il n’y a qu’une uniformité remarquable dans les déclarations de Hurlbut-Howe : leur condamnation unanime de Joseph Smith et de toute sa famille. C’est trop pour être vrai. On nous présente une dizaine de personnes vivant de 1816 à 1830 (Lucy est née en 1821) dans une région restreinte et l’on veut nous faire croire que, pendant tout ce temps, il n’y en a pas eu un seul qui ait fait une seule bonne action ou n’ait fait preuve de la moindre qualité pour racheter ses défauts. Cinquante et un habitants de Palmyra « connaissant la famille Smith depuis un certain nombre d'années » les ont trouvés « privés de moralité ». Ce credo anti-Smith solennel entache chacune des déclarations sous serment : « En bref, pas un seul membre de la famille n’avait la moindre prétention à la respectabilité. » On a affaire ici à plus qu’à des jugements à l’emporte-pièce. Le témoignage de Hurlbut remplit une trentaine de pages sur les Smith à Palmyra-Manchester et l’on n’y retrouve ne serait-ce qu’un seul souvenir positif sur les fondateurs mormons. Ce sont là des diatribes, pas des évaluations. Il est clair que tout ce que l’on a voulu faire, c’est discréditer, pas recueillir des renseignements authentiques. Étant donné que l'histoire est l'art de vérifier tous les sons de cloche, ce que Hurlbut a produit n’est rien d’autre que de la propagande. Le fait qu’il ne relève pas le moindre point positif chez cette famille entache chacune des histoires négatives qu’il répète. Cette caractéristique générale chez Hurlbut-Howe de présenter des preuves qui n’en sont pas se retrouve clairement dans les deux seules tentatives systématiques faites plus tard de recueillir les souvenirs des non-mormons qui ont fréquenté les Smith dans l’État de New York.

Les déclarations rassemblées par Deming

A. B. Deming a publié son recueil de témoignages dans un journal intitulé Naked Truths About Mormonism (La pure vérité sur le mormonisme), dont le gros titre des deux seuls numéros qui ont paru disait : « Lisez et riez comme vous ne l’avez encore jamais fait » et « Révélation étonnante ». Il était le fils du courageux général non mormon, M. R. Deming, qui avait défendu l’ordre public dans le chaos civil de l’ouest de l'Illinois après le martyre du prophète. Affecté par la mort prématurée de son père et plein d’un ressentiment névrotique vis-à-vis des persécutions que sa sympathie pour les mormons avaient values à son père, Deming considérait que « tous [ses] malheurs dans la vie » étaient « le résultat direct ou indirect de son amitié pour les mormons… » Bien que poussé à recueillir des preuves contre leur religion, Deming était torturé par la crainte que les mormons « ne [le] tuent, comme [comme il avait été] plusieurs fois informé par des sources crédibles qu’ils [avaient] l'intention de le faire ». Pourtant il décrit en détail la réception cordiale que lui ont réservée à Salt Lake City les dirigeants mormon en 1882 et en 1886 [30]. Deming fait donc figure de réincarnation pathétique de l’excité Hurlbut.

L'historien doit traiter les résultats de Deming avec autant de circonspection que ceux de Hurlbut. Quand on vérifie les noms et les lieux de résidence indiqués dans ses déclarations on voit que Deming a manifestement pris contact avec plusieurs personnes qui avaient connu les Smith à Palmyra-Manchester. Cela ne veut pas dire que ces personnes ont été interviewées avec soin ou que Deming n’était pas du genre à influencer ou à modifier façon Hurlbut. Ce qui nous intéresse, c’est que dans ses comptes rendus unilatéraux de déclarations de personnes animées de préventions, Deming ne discrédite pas intégralement les Smith comme le font Hurlbut-Howe. Par exemple, Christopher Stafford avait trois ans de moins que Joseph Smith et le méprisait, mais reconnaissait qu’en réalité il connaissait mieux le frère de Joseph, Samuel Harrison Smith, et le considérait comme « un bon garçon travailleur [31] ». Caroline Rockwell Smith se souvenait sans amertume de la conversion de sa famille au mormonisme et les bonnes actions de Lucy Smith : « La mère de Jo Smith a soigné beaucoup de personnes à Palmyra. » Elle ne considérait pas Joseph Smith comme un véritable escroc : « J’espère qu’on saura un jour si le mormonisme est vrai ou pas [32]. »

Lire Deming c’est glaner au milieu du fouillis habituel de rumeurs, d’aveux rapportés par des tiers, de généralités sur la mauvaise réputation, etc. On voit de temps en temps apparaître des affirmations de personnes qui disent avoir vu de leurs propres yeux Joseph Smith boire et se battre, bien que cela soit formulé dans des termes suffisamment standard pour venir d'un compilateur commun. Mais la vraie surprise vient du thème des fouilles à la recherche d’argent, parce que les déclarations de Deming impliquent non seulement les Chase mais aussi les Stafford et d'autres personnes de la localité dans la recherche de trésors enterrés. Caroline Rockwell Smith ne mentionne même pas la famille de Joseph Smith à ce propos mais généralise :

« Il y avait, dans notre voisinage, beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants qui faisaient des fouilles pour trouver de l’argent… J'ai vu la pierre de voyant de Joshua Stafford, qui ressemblait à du marbre blanc et avait un trou au centre. Sally Chase, une méthodiste, en avait une et les gens allaient la chercher pour trouver des choses perdues, cachées ou volées [33]. »

Cornelius Stafford répète l'histoire du mouton sous une forme exagérée, mais l'observation personnelle des fouilles nous mène ailleurs qu’au prophète mormon :

« On faisait beaucoup de fouilles pour trouver de l'argent dans nos champs et dans le voisinage. J'ai vu oncle John et le cousin Joshua Stafford faire un trou de six mètres de long sur deux mètres cinquante de large et deux mètres de profondeur. Ils disaient qu'ils creusaient pour trouver de l'argent [34].

Un des éléments plutôt amusants du folklore sur les Smith à Palmyra-Manchester est la mention fréquente de l’existence de trous faits par les chercheurs d’argent comme preuve de ce que c’étaient les Smith qui faisaient les fouilles. Les déclarations de Deming réduisent à néant le monopole imposé par Hurlbut en révélant que beaucoup d’autres personnes faisaient des trous. En fait, ces déclarations ne montrent personne qui ait vu de ses propres yeux que les Smith y étaient mêlés. Le mieux que l’on ait est l’affirmation d'Isaac Butts que Joshua Stafford lui avait « dit que le jeune Jo Smith et lui-même avaient fait de nuit des fouilles pour trouver de l’argent dans son verger et ailleurs [35]. » Cela pourrait être loin d'être clair puisque la dernière chose que l’on pourrait croire, à lire la déclaration sous serment de Hurlbut-Joshua Stafford, est que l’intègre Joshua n’aurait pas toléré longtemps la présence de Joseph Smith.

Mis en présence de données plus complètes sur les fouilles pour trouver de l'argent que ce que Hurlbut voulait bien admettre, l'historien peut envisager l’une des quatre situations suivantes : (1) Francis W. Kirkham a localisé un article de journal sur les fouilles faites autrefois pour trouver de l’argent qui présente des parallèles avec chacune des histoires racontées contre Joseph Smith. Le rédacteur du Gem de Rochester a réagi à la publication du Livre de Mormon en 1830 en se rappelant qu'une « famille de Smith » s’était installée dans la Rochester primitive de 1815. Le fils de dix-huit ans de cette famille pauvre prétendait avoir trouvé une pierre dotée de propriétés de clairvoyance, s’en était servi pour trouver des trésors dans les collines voisines et avait suscité des fouilles de nuit de la part de ses disciples, fouilles marquées par la disparition d’un coffre à la suite de la rupture d'un charme [36]. Kirkham demande à propos de cette référence antérieure à Hurlbut : « Est-ce cette histoire ridicule qui a été à l'origine des accusations dont on a abreuvé Joseph Smith ? » [37] Hugh Nibley donne les preuves de l’existence d’un transfert de ce genre en montrant d'autres parallèles de fouilles pour trouver de l’argent antérieures à Joseph Smith. Puisque « tous les détails étranges des histoires rattachées plus tard à Joseph Smith se retrouvent pleinement développés avant que Smith ne puisse y être impliqué » et puisqu'un groupe solide de témoins mormons qui connaissaient Joseph à ses débuts « protestent que les histoires de fouilles qu’on raconte sur lui ne sont pas vraies », c’est tout simplement la rumeur publique qui a créé un parallèle erroné « en essayant de faire endosser à Joseph Smith les vêtements d'autres hommes [38] ».

(2) Les sources mormones et non mormones de l’époque s’accordent pour dire que les hommes de la famille Smith louaient souvent leurs services et qu'une de leurs activités principales était de creuser des puits, des fosses et d’effectuer d'autres travaux de terrassement. Du fait que beaucoup voyaient les Smith régulièrement occupés à ces travaux de construction, il est probable que lorsqu’ils furent plus tard connus à cause de la révélation du Livre de Mormon cela suscita l'accusation de faire des fouilles pour trouver de l'argent alors qu’il s’agissait d’activités ordinaires. (3) Quand Il s’enthousiasma au sujet de la possibilité de découvrir de l'or espagnol, Josiah Stoal engagea une équipe d’ouvriers parmi lesquels Joseph Smith et son père. Puisque l'existence des fouilles à la recherche de trésors à Palmyra-Manchester est certaine, les hommes de la famille Smith ont pu participer à d'autres entreprises simplement comme employés, une variante du cas précédent. Dans l'un ou l'autre cas, il était possible de voir l’un des Smith creuser et de se méprendre totalement sur ses raisons d’agir ainsi.

Il n'y a aucune preuve substantielle pour la possibilité finale, (4) une recherche effrénée de trésors de la part des Smith. Si tel fut le cas, ils participaient, au même titre qu’un grand nombre de personnes d’une honnêteté reconnue, à un phénomène culturel passager. Cependant, le surnaturalisme qui apparaît dans les premières sources mormones est discret et qualitativement distinct des superstitions magiques que l’on trouve dans les histoires de fouilles à la recherche d'argent. Néanmoins le fait de connaître ces tendances dans certains cercles de la collectivité de Palmyra-Manchester rend plus crédibles les récits de Joseph et de Lucy Smith qui parlent des tentatives des non-mormons de trouver les plaques et du danger de rester dans la région pendant la traduction. Les chercheurs d’argent déçus restaient les mains vides en dépit de leurs efforts considérables, tandis que Joseph Smith possédait des plaques tangibles qu'il montrait à des témoins [39].

Hurlbut a construit son argumentation de manière à donner l'impression fausse que c’étaient les Smith et personne d'autre qui faisaient des fouilles pour trouver de l'argent. Ce qui nous amène à considérer comme tout aussi erroné le temps soi-disant consacré à cette activité. La majorité des déclarations personnelles présente la chasse au trésor comme étant le métier principal des Smith de 1820 « jusqu'à la dernière partie de la saison de 1827 ». Mais il y a au moins une source venant de Palmyra qui reconnaît que cette dernière date est le commencement de ce genre de rumeurs. En 1833, Jesse Townsend rédige une lettre insultante pour Joseph Smith : « Voilà dix ans que je le connais et pendant tout ce temps-là il a été un individu douteux, aux habitudes intempérantes et, ces derniers temps, bien connu comme chercheur d’argent [40]. » L’expression « ces derniers temps » implique qu'une telle réputation s’est répandue vers 1828, ce qui correspond au souvenir du prophète qu’à la nouvelle de la découverte du Livre de Mormon en 1827, « les faux bruits, les mensonges et la calomnie ont volé en tous sens comme sur les ailes du vent [41]. » Sa propre histoire mentionne expressément que le fait que ses services furent loués pour les fouilles de Stoal fin 1825 et début 1826 fut la source de rumeurs postérieures : « C’est de là que vient l'histoire très répandue que je faisais des fouilles pour trouver de l’argent [42]. » Il n'y a aucune preuve officielle que Joseph Smith ait été l’instigateur d’un quelconque projet de recherche de trésor. L’élément surnaturel de la réception de la révélation par l'urim et le thummim et par la « pierre de voyant » après 1827 a sans doute une ressemblance générale avec les pratiques divinatoires de l’époque. Le policier et le voleur, le chimiste et l'alchimiste utilisent la même sorte de matériel, mais avec des motivations et des aptitudes tout à fait différentes.

Les interviews des Kelley

La légende des chercheurs d’argent malhonnêtes qui ont fondé le mormonisme reçut en 1867 une impulsion nouvelle grâce à Pomeroy Tucker. Rédacteur de journal à Palmyra, Tucker décrit les Smith comme superstitieux et sans scrupules simplement en citant de nouveau les déclarations de 1833, apparemment sans même interviewer de nouveau les contacts de Hurlbut encore en vie. Tucker en connaissait au moins trois qu’il cite comme références dans sa préface : Joseph Capron, Barton Stafford et Willard Chase. Tout le monde n’a naturellement pas applaudi devant des procédés aussi expéditifs. Une douzaine d’années plus tard, Abigail Jackway disait à William H. Kelley : « J'ai entendu Willard Chase dire que Tucker ne lui avait même jamais demandé ce qu'il savait alors que Chase habitait la porte à côté [43]. » Comme nous l’avons précisé ailleurs, Tucker connaissait Joseph Smith et a reconnu que « l’auteur n’avait pas souvenir » que Joseph était malhonnête, ce qui ne l’empêche pas de répéter les commérages locaux comme étant « les souvenirs de beaucoup de témoins en vie [44] ». La différence entre ce que Tucker lui-même se rappelle et les histoires qu'il entend toujours est la différence entre ce qu’il a personnellement observé chez les Smith et le folklore de Palmyra-Manchester. Pourtant Palmyra-Manchester n'a jamais été totalement méprisant à l’égard des origines mormones. Wallace W. Miner ne naquit pas avant 1843, mais il grandit dans l’ancien voisinage des Smith et, en 1930, Thomas L. Cook dit de lui qu’il était « la seule personne en vie dans le voisinage dont les relations avec les anciennes familles ont continué pendant les quatre-vingt-cinq dernières années [45]. » En 1932 Miner dit à M. Wilford Poulson : « Dans les premiers temps, on n’entendait pas tant de choses qui étaient peu recommandables au sujet des Smith [46]. »

La preuve la plus claire que certains voisins estimaient les Smith se trouve dans la deuxième tentative systématique de conserver les souvenirs de Palmyra-Manchester. En 1881, William H. et E. L. Kelley s’y rendirent dans le but exprès d'interviewer tous ceux qui avaient personnellement connu les fondateurs mormons, Joseph Smith en particulier. Les Kelley étaient disposés à « entendre le pire, peu importe qui cela blesserait » et le fait d’aller à deux permettait à l’un d’eux « de prendre des notes pendant chaque interview ». William H. Kelley, qui était alors un apôtre et un dirigeant compétent de l’Église Réorganisée, prit la responsabilité de préparer la transcription détaillée des conversations, qui se termine par la description de sa méthode :

« Ces faits et ces interviews sont présentés… tels qu’ils ont eu lieu – le bon et le mauvais, côte à côte ; compte tenu d'une faute possible découlant d'un malentendu ou d’une erreur lors de la prise de notes, il peut être considéré comme l’opinion et les commérages qui se disent au sujet de la famille Smith et d'autres parmi leurs vieux voisins [47]. »

Si l’on veut tester la capacité de William H. Kelley de prendre des notes, il faut comparer avec son compte rendu sur David Whitmer la même année. L'interview Kelley-Whitmer est détaillée et est minutieusement en accord avec les écrits et avec les commentaires du témoin du Livre de Mormon. En conséquence, les transcriptions de William H. Kelley sur Palmyra-Manchester peuvent être considérées avec confiance comme les investigations les plus complètes jamais faites là-bas [48].

L'insistance obstinée des Kelley pour ne retenir que ce qui constituait une connaissance personnelle en élimina plusieurs qui ne faisaient que répéter la rumeur au sujet des Smith, une tendance également vraie du temps de Hurlbut. Un jeune homme qui signa la condamnation de 1833 à Manchester était Abel Chase. Quelques cinquante ans plus tard il reconnaissait n’avoir qu’une connaissance « de caractère général » et un interrogatoire soigneux ne fit rien apparaître qu’il savait vraiment des Smith. Comme il n’avait que treize ans quand Joseph Smith quitta Palmyra pour habiter en permanence dans les régions de Harmony et de Fayette, il n’est guère étonnant qu’Abel Chase n’ait rien pu dire de précis aux Kelley.

Ezra Pierce et Hiram Jackway se souvenaient vaguement de Joseph Smith dans des situations publiques (Jackway avait douze ans quand Joseph déménagea pour s’installer à Harmony), mais il n’y eut que deux personnes sur les neuf interviewées qui montrèrent une connaissance intime. L’une avait le même âge que Joseph, John Stafford, le médecin déjà mentionné à propos de la déclaration sous serment attribuée à son père William. Les questions des Kelley ne sont pas toujours suffisamment précises pour que l’on puisse déterminer quels souvenirs de John Stafford sont personnels et lesquels sont le souvenir des histoires qui circulaient à l’époque. Par exemple, la seule fois qu’il est question de boire, c’est l’histoire du cidre et de la chemise déchirée racontée à Hurlbut par Barton, le frère de John, mais il n’est pas vraiment clair que l’un des deux ait vu ce qui se passait. L'observation personnelle a cependant son importance dans les commentaires de John Stafford sur l'agression physique commise par Joseph : « Je ne l'ai jamais vu se battre ; je sais qu’il lui est arrivé de lutter », distinction évidente entre la rixe et la lutte par jeu. Pour ce qui est des accusations de paresse, il s'avère qu'il avait travaillé côte à côte avec Joseph : « Si ses services étaient loués par quelqu’un, il faisait une bonne journée de travail… » Interrogé sur l’instruction de Joseph, le Dr Stafford répondit (nous omettons les questions intermédiaires) :

« Joe était tout à fait illettré. Une fois qu’ils ont commencé à faire l'école chez eux, il s'est considérablement amélioré. Ils ont fait l'école chez eux et ont étudié la Bible. Ils n'avaient pas d’instituteur ; ils se sont instruits tout seuls. »

Son impression de Joseph en tant que personne correspond aux traits connus et aux commentaires autobiographiques du prophète et est en même temps en désaccord avec une grande partie du folklore de Palmyra : « C’était un garçon vraiment intelligent et jovial. »

Puisque la qualité des observations de John Stafford en matière de fouilles à la recherche d’argent pose des problèmes, ses réflexions en disent en réalité plus sur son père William que sur les Smith :

« Les Smith, avec d'autres, faisaient des fouilles pour trouver de l'argent avant que Joe ne reçoive les plaques. Mon père avait une pierre dans laquelle certains pensaient pouvoir regarder et la vieille Mme Smith est venue un jour la demander mais on ne la lui a jamais donnée. Je les ai vus une fois faire des fouilles pour trouver de l’argent (c'était trois ou quatre ans avant que le Livre de Mormon ne soit découvert), les Smith et d'autres. Le vieux et Hyrum étaient là, je pense, mais Joseph n'était pas là. »

Dans la longue transcription des interviews par Kelley, c'est la seule observation mentionnée par quelqu’un concernant les fouilles des Smith à la recherche d’argent. Indépendamment de la question de savoir si Stafford était sûr que le groupe d’hommes creusait pour trouver de l'argent, il semble douter s'il y a vraiment vu Joseph Smith, père, et Hyrum (« je pense »). L’idée que les Smith avaient pour habitude de « faire des fouilles pour trouver de l'argent » repose manifestement sur la rumeur, puisque le docteur n’a qu’un seul souvenir inexact de les avoir vus et il était certain que Joseph n'était pas là. Il est loin d’être sûr que la tentative de Lucy Smith d'emprunter la pierre de voyant soit un souvenir authentique. Il se peut que derrière l’impression de John Stafford il n’y ait eu qu’une simple visite de courtoisie et la manifestation d’un léger intérêt. Mais il parlait sûrement de ce qu’il avait vu en ce qui concerne la possession d'une pierre par sa famille. Ainsi donc la déclaration de son père à Hurlbut ne dit qu’une partie de la vérité : Il est évident que William Stafford participait de manière indépendante aux superstitions dont lui (ou Hurlbut) accuse les Smith.

Ce que l’on peut affirmer historiquement sans risque de se tromper, après avoir lu Hurlbut, Deming et Kelley, c’est qu’il se pratiquait, à Palmyra-Manchester, des fouilles pour trouver de l’argent avant que Joseph Smith n’obtienne ses plaques en 1827. Ce qui reste cependant impossible à dire, c’est si les Smith en faisaient. Les membres de la famille proche impliquent Willard Chase, Joshua Stafford, William Stafford et d'autres dans certains aspects de ces pratiques.

Dans les interviews des Kelley, la personne qui avait le plus de connaissance de première main est également celle qui était la plus favorable à la réputation des Smith. Il s’agit d’Orlando Saunders, un « vieux colon », que Thomas Cook regrette particulièrement ne pas avoir interviewé [49]. Les auteurs antimormons de la fin du dix-neuvième siècle préféraient citer son frère cadet Lorenzo, qui s’installa au Michigan vers 1854 et y mourut en 1888. Mais Lorenzo avait six ans de moins que Joseph Smith, tandis qu'Orlando Saunders avait deux ans de plus que le prophète mormon [50]. Orlando est également d’autant plus intéressant du fait qu’il est resté toute sa vie à la ferme familiale (à un peu plus d’un kilomètre de la ferme des Smith) et a connu les divers porte-parole antimormons pour Palmyra-Manchester jusqu'à sa mort en 1889. Il est clair qu'il était d’un avis différent et cela pour des raisons précises d'expérience personnelle.

Heureusement, Orlando Saunders a également été interviewé par un auteur non mormon capable, Frederic G. Mather, peu de temps avant le rapport des Kelley [51]. Mather était habitué à l'interprétation journalistique plutôt qu’à la documentation historique, avec pour conséquence des commentaires brefs et paraphrasés, mais les deux interviews correspondent de manière remarquable. Selon Mather, Saunders dit « que la famille de Smith travaillait pour son père et pour lui » [52], ce qui correspond au fait que Hénoc Saunders est mort en 1825. Ce contact avec les hommes de la famille Smith n'était pas superficiel, selon l'interview des Kelley : « Ils ont tous travaillé pour moi bien des fois. » Mather rapporte également des transactions précises, l'achat d'un cheval et d’une bride, cette dernière payée par « une Bible [53] ».

Il y a une seule contradiction manifeste entre les deux interviews, qui doit être résolue en faveur des Kelley. Après avoir cité Saunders à propos de Joseph Smith, Mather poursuit : « Il était pacifique de nature, mais quand il avait trop bu, il était enclin à se battre, avec ou sans provocation. » Le point faible de cette affirmation est que l'article de Mather, de son propre aveu, est une synthèse d’opinions sur Joseph Smith et la déclaration ci-dessus doit être un retour à son récit normal. Les Kelley ont particulièrement interrogé Saunders à ce sujet et ils le citent directement : « Tout le monde buvait un peu en ce temps-là, les Smith comme les autres ; à ma connaissance, ils ne sont jamais devenus ivres. »

Les fouilles pour trouver de l’argent brillent par leur absence tant dans le compte rendu de Mather que dans celui des Kelley. Dans ce dernier, Saunders insiste : « Je ne sais personnellement rien contre ces hommes. » En outre, il contredit la prétention de Hurlbut que le Livre de Mormon était l’adaptation illogique par Joseph Smith de sa recherche de trésors : « Il prétendait toujours avoir vu l'ange et avoir reçu le livre ; mais je ne sais rien là-dessus. » Si les Smith méritaient d’être critiqués pour avoir fait des fouilles pour trouver de l’argent, Saunders n'était pas du genre à ne pas le faire. Mais les seules critiques signalées que ce soit par Mather ou par les Kelley portaient sur un autre sujet. Le « monsieur bien conservé de plus de quatre-vingts ans » dit à Mather que les Smith « ne savaient pas garder d’argent », ce que l’on retrouve exactement dans le document des Kelley : « Je ne les considérais pas comme de bons gestionnaires dans les affaires, mais ils étaient pauvres ; le vieux avait une famille nombreuse. »

Pour Hurlbut les Smith ne faisaient qu’exploiter leurs voisins, mais Orlando Saunders avait fait l’expérience inverse : « C’était la meilleure famille du voisinage en cas de maladie ; j’en ai eu un chez moi presque tout le temps quand mon père est mort. » Il ne les considérait pas non plus comme de mauvais payeurs : « Je les ai toujours considérés comme honnêtes. Ils me devaient une certaine somme d'argent quand ils sont partis d’ici, c'est-à-dire, le vieux et Hyrum, et Martin Harris. L'un d'eux est revenu environ un an plus tard et m'a payé. »

Hurlbut-Howe et Tucker avaient une thèse unique : la famille Smith (en particulier Joseph) était si totalement indigne de confiance dans les affaires de tous les jours, qu'elle devait nécessairement tromper le public à propos du Livre de Mormon. Les Kelley ont trouvé que Saunders était « un bon spécimen de fermier new-yorkais intelligent » et, chose caractéristique, il était agnostique. Il avait vu le livre, « mais ne l’avait jamais lu » et « cela lui était égal ». Pour la question pratique du sérieux des Smith, il leur était solidement favorable. Mather signale sommairement : « Il convient qu’ils sont de bons ouvriers… » Les Kelley citent ses paroles : « C’étaient de très braves gens. Le jeune Joe (comme nous l'appelions alors) a travaillé pour moi et c’était un bon ouvrier ; ils l’étaient tous. » Faisant manifestement allusion à la force du jeune prophète, Saunders dit à Mather « que Joseph, fils, était un ‘greeny’, costaud et fort. » Pressé par les Kelley de préciser à quel point il connaissait Joseph Smith, Orlando Saunders réitéra :

« Oh ! Aussi bien que possible, très bien ; il a travaillé pour moi bien des fois et je l’ai beaucoup eu chez moi. Il est passé me voir bien des fois quand il passait par ici, après qu'ils sont partis à Kirtland ; quand il était chez moi, il était toujours bien élevé. »

Réfutation de William Smith

 

En résumé, les grandes biographies non mormones traitant de la vie et de la réputation de Joseph Smith dans l’État de New York sont historiquement médiocres. Ce jugement s'applique malheureusement aussi bien aux productions du vingtième siècle qu’à celles du dix-neuvième, puisque les unes et les autres se contentent d’accepter naïvement les déclarations dénaturées et tendancieuses de Hurlbut, en ignorant manifestement les sources non mormones favorables aux Smith et provenant de Palmyra-Manchester. Les autres déclarations indépendantes provenant de la région ne confirment pas non plus les données avancées par Hurlbut. Certaines ne font que répéter les rumeurs de l’époque, mais la multiplication des ouï-dire ne devient pas soudainement une preuve une fois qu’elle est prononcée par un résidant véritable de Palmyra-Manchester [54]. Malgré tous ses préjugés, le hargneux Orsamus Turner était suffisamment honnête pour faire la distinction entre ses souvenirs plutôt complémentaires et les histoires qui ont circulé plus tard au sujet de Joseph Smith. Il savait que la rumeur locale était de valeur inégale, car il a éliminé la théorie Spaulding du Livre de Mormon parce qu'elle n'était pas acceptée « par ceux qui connaissaient le mieux la famille Smith… » [55]. L’histoire commence quand on soulève cette question.

Mais la littérature antimormone est surchargée de témoins qui n’en sont pas. Par exemple, Jesse Townsend peut babiller sur « les impostures et la ruse vile » du dirigeant « mormonite » et cependant dire, non pas qu'il connaît Joseph Smith, mais qu'il sait des choses sur lui. La raison pour laquelle il n’était pas facile d’avoir accès à des données plus précises sur Joseph Smith est suggérée par les propres termes de Townsend : « Il vivait dans un voisinage peu fréquenté… [56]. » En termes simples, les Smith vivaient à trois kilomètres ou plus de tout village. Pour compliquer encore la difficulté pour un villageois de vraiment connaître le jeune prophète, quelques mois après avoir obtenu les plaques antiques, il déménageait vers d’autres voisinages, ne rendant visite que de temps en temps à Palmyra-Manchester pendant la publication du Livre de Mormon. En conséquence, John Gilbert, compositeur en chef pour le Livre de Mormon, dit dans les interviews qu'il n’avait vu Joseph Smith qu’une ou deux fois, alors même que Gilbert était dans la vie publique de Palmyra de 1824 jusqu’à l'exode mormon de 1831 [57]. Albert Chandler, plus tard éminent rédacteur de journal au Michigan, travaillait comme apprenti d'un relieur sur le Livre de Mormon en 1829-1830. Pourtant il ne connaissait Joseph Smith, fils, « que peu ». « Ce que je sais de lui, c’était par ouï-dire, principalement par Martin Harris, qui croyait entièrement en lui [58]. » Certains des cinquante et un signataires de la condamnation collective de Palmyra ne connaissaient probablement pas davantage les Smith [59].

Les problèmes sont encore plus grands quand on considère les déclarations de Palmyra-Manchester comme définitives en ce qui concerne l'origine du Livre de Mormon. D’après les souvenirs de Chandler concernant la Palmyra de 1829-1830, tout le monde se moquait de Martin Harris, mais personne ne connaissait vraiment les événements et les personnalités qui se trouvaient derrière la nouvelle religion :

« Le secret absolu qui entourait l’origine et la publication de la Bible mormone empêchait toute connaissance réelle. Nous savions seulement ce que Joseph Smith permettait à Martin Harris de rendre public à ce propos [60]. »

Une grande partie de l'opinion non mormone n’est manifestement pas pertinente pour la rédaction des débuts de l'histoire mormone. Howe prétendait n’imprimer que « quelques-unes des nombreuses dépositions faites par le voisinage de la famille de Smith… [61] ». Il est certain que sa motivation était de prouver le pire sans se préoccuper de savoir quels signataires étaient le mieux placés pour parler. Dans l'étude de la personnalité de Joseph Smith, c'est celui qui était éloigné et qui n’a rien vu à Palmyra-Manchester qui a tendance à être hostile. Mieux le témoin est informé, plus son point de vue est positif.

Cette tendance nécessite un examen soigneux de la famille très unie des Smith, puisque c’était elle qui connaissait le plus intimement le jeune Joseph Smith. Le prophète a répondu à Hurlbut-Howe en se reconnaissant des faiblesses humaines mais en niant toute transgression personnelle grave et en soulignant : « Je ne me suis pas rendu coupable de faire du tort ou de blesser un homme ou un groupe d’hommes quelconques [62]. » Dans d'autres déclarations, il ne donne de détails que pour admettre qu’il a creusé (selon l'expression de Nibley) non pour de l'or mais pour un salaire [63]. L'histoire sans affectation mais détaillée de Lucy Smith jette bien plus de lumière sur l'histoire des débuts de la famille que tout Hurlbut-Howe, mais dans sa simplicité ingénue, elle ne répond pas spécifiquement aux accusations des premières déclarations sous serment, ce qui est en réalité une garantie d’authenticité. Mais le dernier frère survivant du prophète s’est attaqué directement à la question.

William Smith était trop jeune pour se rappeler les tout premiers temps à Palmyra-Manchester, mais ses souvenirs sont très précis à partir de 1823. Individualiste, certainement pas un homme d'organisation, il a passé ses dernières années dans l'obscurité d'une ferme de l'Iowa. Il est connu grâce à un discours ou à une interview occasionnels, mais sa réponse à Hurlbut-Howe est restée dans les papiers d'un ami jusqu'à ce qu’elle soit expédiée à l'Église vers 1925. En envoyant le manuscrit de Smith, Charles Knecht décrit son intérêt personnel pour la famille, qui l'a incité à prêter à William un Chambers’ Miscellany contenant un résumé des indices avancés par Hurlbut. William « a voulu y répondre et voulait que je veille à ce que cela soit publié… [64]. » Le manuscrit est sans aucun doute de la main de William Smith et remonte manifestement à 1875 [65].

La réponse décousue de William met le doigt sur le problème méthodologique dès sa troisième phrase, sa frustration face aux historiens qui « n'ont pas de meilleure base pour étayer leurs faits que la rumeur publique… [66]. » On trouve, au milieu de commentaires doctrinaux et de longs parallèles historiques, des réactions précises aux conclusions de Hurlbut-Howe. À l’accusation que son frère Joseph « était soupçonné de voler un mouton », William répond vigoureusement que « à aucune période de sa vie » il n’a été coupable et que « il n’a jamais été soupçonné d’avoir commis pareille mauvaise action [67]. » La valeur des commentaires du frère cadet va au-delà des démentis spécifiques pour mentionner des détails de leur vie à la maison. Le père (qualifié de manière absurde par un biographe bien connu de quelqu’un « d’irréligieux et de cynique ») tenait à ce que l’on chante des cantiques et que l’on fasse « des prières soir et matin ». Il décrit l’ambiance de « piété stricte » à la maison : « Mes parents, père et mère, épanchaient leur âme à Dieu, dispensateur de toutes les bénédictions, pour qu’il garde et protège leurs enfants et les préserve du péché et de toutes les œuvres mauvaises [68]. »

Le résumé de Hurlbut donné par Chambers reprend les thèmes essentiels du présent article :

« La réputation de la famille (selon le témoignage des voisins) était de la pire espèce. Nous apprenons qu’elle évitait le travail honnête, était intempérante et menteuse, avait coutume de voler des moutons, de faire des fouilles pour trouver des trésors cachés, etc… [69]. »

Pour répondre expressément à cette citation, William Smith nie de manière brève mais directe ces accusations et en explique l’origine :

« Ma déclaration à ce sujet est que les accusations sont fausses. La famille de mon père était pacifique, discrète et pratiquante et on n’avait jamais entendu ces calomnies, non, jamais, avant que mon frère Joseph Smith ne commence à professer être prophète [70]. »

William Smith, soutenu par des témoignages de non-mormons informés, donne des souvenirs précis de la vie quotidienne dans le but de montrer que les accusations de Hurlbut étaient de la diffamation malveillante :

« Les travaux effectués sur cette ferme ont commencé par la construction à grands frais d’une maison de rondins et, à une date ultérieure, d’une maison de bois pour plusieurs centaines de dollars. Après avoir relevé ces faits, nous implorons le lecteur de cet article de juger s'il y avait beaucoup de temps pour l'indolence ou pour se livrer à des habitudes immorales ou intempérantes. Je tiens à dire ici que je n'ai jamais vu mon père Joseph Smith ivre ou sous l’influence de l’alcool ; et mon frère Joseph Smith n’a jamais eu l'habitude de boire de l’alcool. La famille de mon père n’a jamais non plus passé son temps, ni aucune partie de son temps, dans l’oisiveté. La situation existant dans la famille, liée au manque d'argent et à la rareté des provisions, était telle que la nécessité exigeait impérativement toute l’énergie, tout le courage, tous les membres de la famille en matière d'économie et de main d’œuvre, exigence à laquelle il fallait répondre par l’espèce la plus stricte d’industrie et aucune personne qui dit la vérité ne peut dire le contraire [71]. »

NOTES

 

[1] Professeur d'histoire et de religion à l'université Brigham Young, le Dr Anderson est diplômé de droit, de grec et d’histoire ancienne et a concentré ses recherches sur le Nouveau Testament et les témoins du Livre de Mormon.

[2] Les recherches sur ce sujet n’auraient pas pu être effectuées sans la coopération généreuse de l'Historien de l’Église et de ses assistants, l'aide de la Division de recherches de BYU et de son directeur, Lane Compton et de l'institut d’études mormones et de son directeur, Truman Madsen. Pour la rédaction, je suis redevable à la critique d'un ami que j’admire, le professeur Leonard J. Arrington de l'université de l'État d'Utah.

[3] On trouvera un commentaire plus complet sur la le caractère vindicatif de Hurlbut dans Richard Lloyd Anderson, « The Reliability of the Early History of Lucy and Joseph Smith », Dialogue: A Journal of Mormon Thought, vol. 4 (été 1969), p. 15.

[4] « Au public », déclaration officielle du comité publiée dans le Painesville Telegraph, 31 janvier 1834. L’orthographe des noms au début du dix-neuvième siècle n'est pas toujours cohérente et « Hurlburt » apparaît dans des documents de l’Église. La déclaration et les autographes cités favorisent le « Hurlbut » de cet article.

[5] Déclaration de C.R. Stafford, mars 1885, Auburn (Ohio), cit. Naked Truths About Mormonism, vol. 1, n° 1, janvier 1888, p. 3. Les déclarations sous serment publiées par Hurlbut seront analysées dans l'article. Elles comportent deux déclarations collectives avec des signatures multiples et également les déclarations personnelles suivantes : Joseph Capron, Parley Chase, Willard Chase, Abigail Harris, Henry Harris, Lucy Harris, Peter Ingersoll, Roswell Nichols, Barton Stafford, David Stafford, Joshua Stafford, William Stafford, et G.W. Stoddard.

[6] Eber D. Howe, Autobiography and Recollections of a Pioneer Printer, Painesville (Ohio), 1878, p. 45.

[7] On trouvera un traitement complet dans Anderson, Dialogue, pp. 16, 19.

[8] Cette statistique exclut trois déclarations de Palmyra. Lucy Harris ne parle que de son mari. La seule phrase de G.S. Stoddard sur les Smith n’est rien d’autre qu’un commentaire gratuit : « La famille Smith n'a jamais eu de prétention à la respectabilité. » Et Abigail Harris rapporte une seule conversation avec Lucy Smith qui ne porte pas strictement sur la personnalité de Joseph Smith. Pour ce qui est de la tendance évidente d'Abigail à la méchanceté, voir Hugh Nibley, The Myth Makers, Salt Lake City, 1961, pp. 20-22. 

[9] Ces deux documents (et toutes les déclarations sous serment de Hurlbut qui sont citées) sont dans E.D. Howe, Mormonism Unvailed, Painesville, Ohio, 1834, pp. 261-262 et p. 248. Pour faciliter la comparaison, la phrase concernant les fouilles pour trouver de l’argent a été placée avant sa phrase précédente et les italiques de Hurlbut ont été enlevés et remplacés par les miens. Les suppressions dans la déclaration collective de Palmyra sont limitées au paragraphe qui ne concerne pas les Smith. Puisque les déclarations sous serment apparaissent dans cet ouvrage de Howe (pp. 232-262) disposées par déclarant, elles seront mentionnées par leur nom et pas par des numéros de page.

[10] Déclarations provenant respectivement de la déclaration collective de Manchester, de Parley Chase, de David Stafford (la première expression apparaît dans la phrase qui suit « un ivrogne et un menteur »), de Henry Harris, de Joshua Stafford et de Joseph Capron.

[11] Déclarations provenant respectivement de David Stafford, Peter Ingersoll, Parley Chase (phrase inversée), William Stafford et de la déclaration collective de Palmyra.

[12] Déclarations provenant respectivement de G.W. Stoddard et de Barton Stafford.

[13] Déclarations provenant respectivement de Joseph Capron et de Henry Harris. Ces affirmations ne tiennent pas face à des recherches faites par des personnes responsables. Voir Anderson, Dialogue, p. 15.

[14] Journal de Joseph Smith, tenu par Willard Richards, 1er janvier 1843. Je suis redevable au professeur Marvin S. Hill de l'université Brigham Young qui a attiré mon attention sur ceci. La déclaration de Richards est un document officiel tenu quotidiennement à partir du procès verbal du jour.

[15] Ce Hiram Smith est de toute évidence la même personne qui a été élue superviseur des grandes routes dans le voisinage des Smith tant avant qu’après que la famille de Joseph Smith est partie vers l’ouest. Les microfilms du Manchester Town Record, aussi bien que le registre du juge dont il est question, se trouvent à la bibliothèque de l'université Brigham Young.

[16] Registre du juge de Nathan Pierce, 1827-1830.

[17] Pomeroy Tucker, The Origin, Rise, and Progress of Mormonism, New York, 1867, p. 24, note. Comparez les rapports presque identiques dont se sont soi-disant rappelé spontanément pendant quelques années deux déclarants : « … car il avait souvent dit que les collines de notre voisinage étaient presque toutes érigées par des mains humaines » (Roswell Nichols) ; « Ils disaient aussi que presque toutes collines de cette partie de New York avaient été construites par des mains humaines…. » (William Stafford).

[18] M. Wilford Poulson, carnet des interviews de 1932, archives de l'université Brigham Young. L'erreur évidente que constitue le nom « Smith » au lieu de « mouton » dans la première phrase a été corrigée.

[19] Thomas L. Cook, Palmyra and Vicinity, Palmyra, New York, 1930, pp. 221-222. Cook cite le souvenir de Miner parce que « diverses histoires ont été racontées au sujet du sacrifice de moutons… »

[20] William H. Kelley, « La colline de Cumorah…. Les histoires de Hulburt, Howe, Tucker, etc. dans « Late Interviews », Saints’ Herald, vol. 28 (1er juin 1881), p. 167 [ci-après désigné sous le nom de Interviews des Kelley].

[21] La phrase précédant la dénégation de John Stafford est : « Ce que Tucker a dit à leur sujet [des Smith] était faux, absolument. » Puisque l’allusion de Tucker à William Stafford était une répétition de l'histoire du mouton de Hurlbut, John Stafford doutait clairement que son père eût été correctement représenté que ce soit dans Hurlbut-Howe ou dans Tucker.

[22] Cf. Interviews des Kelley, p. 165.

[23] Palmyra Courier, 17 mars 1871.

[24] Interviews des Kelley, p. 167.

[25] Id., p. 165.

[26] Lucy Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet, Liverpool, 1853, p. 102 (qui applique le terme « ridicule » à Willard Chase et à son groupe et à leur recherche d’un « médium » pour localiser les plaques). Cf. sa description en termes ironiques de l'utilisation, par Sally Chase « d'un verre vert » sur lequel elle prétendait voir « beaucoup de choses très merveilleuses » et « de grandes découvertes. » Id., p. 109.

[27] Hurlbut en général et la déclaration de Chase en particulier reposent lourdement sur des conversations avec les Smith, ce qui, et c’est bien connu, est susceptible d’erreurs d'interprétation, de souvenir et d'amplification.

[28] Déclaration d'Abel D. Chase, 2 mai 1879, Palmyra (New York), cit. Charles A. Shook, True Origin of the Book of Mormon, Cincinnati, 1914, p. 131.

[29] Dans l’un de ces derniers se trouve l'accusation (comme l'histoire du mouton) que les Smith trayaient les vaches d'Ingersoll tout en manipulant leur découverte. Ingersoll bénéficia d’un verdict favorable, mais il fut lui-même poursuivi sur base de cette affirmation qu'il avait pris une vache. Registre du juge de Nathan Pierce, 1827-1830, inscription du 26 mai 1830.

[30] Toutes ces données personnelles, Deming les présente à la première page de Naked Truths About Mormonism, vol. 1, n° 1 (janvier 1888).

[31] Id., vol. 1, n° 2 (avril 1888), p.1. Déclaration de C.M. Stafford, 23 mars 1885, Auburn (Ohio).

[32] Id., déclaration de Mme M.C.R. Smith, 25 mars 1885.

[33] Id.

[34] Id., vol. 1, n° 1 (janvier 1888), p. 3. Déclaration de C.R. Stafford, mars 1885.

[35] Id., p. 2. Déclaration d'Isaac Butts, n.d., South Newbury (Ohio). Butts dit aussi que Joseph Smith utilisait une baguette divinatoire et plus tard une pierre de voyant pour trouver des objets enterrés ou perdus. Bien que prétendant « avoir vu les deux », il n’affirme pas explicitement avoir vu Joseph Smith dans ces pratiques, ce qui appelle un doute sérieux parce que Butts a recours à l'utilisation aveugle de la rumeur et a admis qu’il résidait en Ohio de 1818 jusque dans les années 1820.

[36] Imposition and Blasphemy!--Moneydiggers, etc.," Gem, 15 mai 1830.

[37] Francis W. Kirkham, A New Witness for Christ in America, éd. rév., Salt Lake City, 1959, vol. 2, p. 46. L'article du Gem est également cité entièrement aux pp. 46-49. Son rédacteur, Edwin Scrantom, avait douze ans à l’époque de cet épisode, mais quand il a écrit l'article, il était une autorité en matière d'histoire de Rochester. Pour la publicité sur le caractère courant des fouilles à la recherche d’argent avant 1827, voir Ontario Repository, 9 février 1825, et le Wayne Sentinel, 16 février 1825.

[38] Hugh Nibley, Myth Makers, Salt Lake City, 1961, pp. 182-183, 190.

[39] Comparez avec le souvenir de Caroline Rockwell Smith que la version de source mormone concernant ces événements était donnée à ce moment-là : « Catherine Smith, sœur du prophète, m’a montré dans leur maison un coffre avec une serrure où les plaques étaient gardées, mais ils craignaient qu’on ne les vole, alors elle a soulevé quatre briques dans l’âtre et a dit qu’on les y avait enterrées. » Réf., n. 31.

[40] Lettre de Jesse Townsend à Phineas Stiles, 24 décembre 1833, Palmyra (New York), cit. Tucker, Origin… of Mormonism, p. 288.

[41] Times and Seasons, vol. 3 (1er mars 1842), p. 708, aussi cit. Joseph Smith, History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, Salt Lake City, 1946-1950, vol. 4, p. 538. Cf. le souvenir du prophète mis précédemment par écrit au sujet de la même année : « La rumeur avec ses milliers de langues était tout le temps occupée à faire circuler des histoires sur la famille de mon père et sur moi. Si je devais en raconter la millième partie elle remplirait des volumes. » Times and Seasons, vol. 3 (2 mai 1842), p. 772, aussi cit. History of the Church, vol. 1, p. 19.

[42] Id. Selon Lucy Smith, Stoal (il était orthographié comme cela à Nauvoo) alla trouver Joseph parce qu'il avait entendu parler de ses dons surnaturels, mais les histoires de Lucy et de Joseph Smith datent sa notoriété à l’époque où il s’est mis à parler de la Première Vision en 1820. En fait, Joseph Smith, père, acheta de l’espace dans le Wayne Sentinel pendant six semaines à partir du 29 septembre 1824 pour réfuter des rumeurs tendant à « s'enquérir sur la réputation » des Smith. Les travaux de 1825-1826 pour Stoal et l’obtention des plaques en 1827 relancèrent sans aucun doute les commérages. Les autres sources mormones ne fournissent pas d’indications dignes de foi de ce qu’il y ait eu des fouilles pour de l'argent dans l’État de New York. Les accusations conséquentes à des apostasies à Kirtland peuvent être de la diffamation et le voyage de Joseph Smith à Salem à cette époque n'est pas une source historique sur sa vie une décennie plus tôt. L'interview de Martin Harris par Joel Tiffany mentionne Joseph cherchant un trésor en ce temps-là, mais si Harris est cité correctement, la source de renseignements (non révélée) est probablement la rumeur publique d’alors. Tiffany mentionne le livre de Howe comme l’une des trois sources sur lesquelles il se base pour avoir une connaissance authentique du mormonisme. Étant donné sa théorie spiritualiste que des êtres inférieurs ont inspiré Joseph Smith, le fait que Tiffany s’appuie sur Howe signifie que Hurlbut a probablement influencé le compte rendu de Tiffany sur Martin Harris. Voir en particulier « Mormonism », Tiffany’s Monthly, vol. 4, 1859, p. 568 : « Nous avons également obtenu un exemplaire d'une révélation, publiée il y a environ vingt ans, par E.D. Howe, de Painesville, de sorte que nous sommes maintenant en possession des faits et de la littérature originelle de la religion mormone. »

[43] Interviews des Kelley, p. 166. Willard Chase et Pomeroy Tucker apparaissent comme voisins dans le recensement de 1860.

[44] Tucker, Origin… of Mormonism, p. 15.

[45] Cook, Palmyra, p. 241.

[46] Poulson, carnet de notes des interviews de 1932. Les normes strictes du professeur Poulson en matière d’exactitude sont bien connues

[47] Les interviews des Kelley contiennent la description, par William L. Kelley, de la méthode aux pp. 161-162 et 168. Puisque les interviews ont été imprimées sous forme de transcription par personne contactée, les citations par page ne sont pas nécessaires.

[48] L'impression des interviews des Kelley déclencha une vague de déclarations sous serment enregistrées dans Charles A. Shook, True Origin of Mormon Polygamy, Cincinnati, 1914, pp. 36-38. La seule déclaration qui soulève un problème important concernant l’inexactitude des citations des Kelley est celle de John H. Gilbert, qui affirme qu’il y a une demi-douzaine d’erreurs dans la longue interview, de toute évidence pour discréditer toutes les interviews des Kelley. Sans prétendre à la perfection pour les Kelley (ou de toute autre interview du dix-neuvième siècle), on peut voir que Gilbert admet l’orientation principale de la conversation et conteste certains détails. Certaines des « fausses déclarations » reprochées par Gilbert sont insignifiantes. D'autres points principaux dans les interviews des Kelley peuvent être justifiés par le fait que Gilbert les a déclarés à d'autres et même qu’il les a écrits. Il dit aussi qu’il n’y a qu’un changement nécessaire après avoir parlé avec les Jackway. Après analyse, Gilbert est une source qui confirme l'exactitude de base des rapports des Kelley. Pour l'interview Kelley-Whitmer, voir le Saints’ Herald, vol. 29, 1882, pp. 66-69.

[49] Cook, Palmyra, p. 10.

[50] Dans les deux déclarations qui ont été conservées, Lorenzo Saunders ne dit pratiquement rien de première main au sujet de Joseph Smith. Après une correspondance considérable l'invitant pratiquement à se rappeler avoir vu Sidney Rigdon chez les Smith avant 1830, Lorenzo donne quelques souvenirs vagues dans ce sens. Il se rappelle aussi – il avait alors seize ans – que Joseph était venu chez lui et avait expliqué le mal qu’il avait à obtenir les plaques, bien qu'il le considère comme un imposteur et prétende que sa mère était de son avis. Lettre de Lorenzo Saunders à Thomas Gregg, 28 janvier 1885, cit. Shook, True Origin of the Book of Mormon, pp. 134-135.

[51] On trouvera une brève biographie dans National Cyclopedia of American Biography, vol. 20, New York, 1929, pp. 492-493.

[52] Frederic G. Mather, "The Early Days of Mormonism," Lippincott's Magazine, vol. 26, 1880, p. 198. À l’exception de la citation suivante en note de bas de page, toute autre citation de Mather est à cette page. Bien que Mather écrive « Sanders », la pratique de la famille et l’autographe d’Orlando écrivent « Saunders ».

[53] Id., p. 205.

[54] Les citations sans critique des sources atteignent leur niveau le plus bas quand on se base, sans enquête, sur de soi-disant résidants de Palmyra. Il est typique de faire dire à Daniel Hendrix, à propos de la biographie du jeune Joseph Smith, qu’il se rappelle que le « pasteur Reed a dit à Joe qu'il allait aller en enfer à cause de son habitude de mentir ». Fawn M. Brodie, No Man Knows My History, New York, 1946, p. 26, récemment citée pour cette citation dans l’incursion acerbe d'Edmund Wilson dans l'histoire mormone, The Dead Sea Scrolls 1947-1969, New York, 1969, p. 280. Le caractère tardif du « souvenir » demande vérification, puisqu'il vient de ce que l’on prétend être une interview imprimée dans le St. Louis Daily Globe-Democrat du 21 février 1897, p. 34. Jusqu'ici des recherches plutôt diligentes n'ont pas confirmé l'existence de Daniel Hendrix (dont les autres descriptions chaotiques ne brillent pas par leur précision) ou du « pasteur Reed ».

[55] O. Turner, History of the Pioneer Settlement of Phelps and Gorham's Purchase, and Morris' Reserve, Rochester, 1852, p. 214. Les souvenirs de Turner et de Tucker concernant Joseph Smith ont été étudiés dans Richard Lloyd Anderson, "Circumstantial Confirmation of the First Vision Through Reminiscences," Brigham Young University Studies, vol. 9, n° 3, printemps 1969, pp. 376-386.

[56] Townsend à Stiles dans Origin of Mormonism, p. 288.

[57] Les nombreuses interviews avec Gilbert montrent qu’il avait affaire à Hyrum Smith et à Martin Harris dans la production du Livre de Mormon. Sa lettre à James T. Cobb, 16 mars 1879, Palmyra (New York) est claire : « Hyrum Smith était le seul de la famille que je connaissais et encore, très peu. » Un microfilm de cette lettre m'a été aimablement prêté par Larry Porter, représentant des recherches sur le terrain de l’université Brigham Young dans l'État de New York.

[58] Lettre d'Albert Chandler à William Alexander Linn, 22 décembre 1898, Coldwater, Mich., cit. William Alexander Linn, Story of the Mormons, New York, 1902, pp. 48-49.

[59] Lemuel Durfee connaissait indirectement les Smith, étant leur propriétaire de 1825 à 1829, mais avant cela, il ne les connaissait évidemment pas du tout, selon le récit de Lucy Smith, pp. 96-98.

[60] Chandler à Linn dans Story of the Mormons, pp. 48-49.

[61] Howe, Mormonism Unvailed, p. 231.

[62] Latter Day Saints' Messenger and Advocate, vol. 1, 1er décembre 1834, p. 40.

[63] En plus des citations des histoires publiées par Joseph Smith déjà données, voir Elders' Journal, vol. 1, juillet 1838, p. 43 : « Question 10 : Joseph Smith ne faisait-il pas des fouilles pour trouver de l’argent ? Réponse : Oui, mais ce ne fut jamais un travail profitable pour lui, car cela ne lui rapportait que quatorze dollars par mois » En outre, cit. Joseph Smith, History of the Church, vol. 3, p. 29.

[64] Lettre de Charles Knecht, 1925, Yakima, Washington. Smith et Knecht apparaissent tous deux (comme le demandent les souvenirs de Knecht) sur le recensement de 1880 à Elkader (Iowa), Knecht comme ayant alors 36 ans et comme « commis, magasin de tissus et d’articles de mercerie ». Knecht est mentionné dans les annuaires de la ville de Yakima de 1924 à 1926.

[65] La lettre manuscrite de Knecht donne 1875 comme année approximative de son contact avec William Smith, et la fin du manuscrit (p. 19 de la transcription) dit : « Mon père et ma mère sont tous les deux morts depuis 20 ans environ… », déclaration (par rapport à Lucy Smith, la dernière survivante) qui correspond à 1875.

[66] Toutes les citations de William Smith (et celles dans tout l'article) ne sont modifiées que pour la capitalisation, la ponctuation et l’orthographe.

[67] Manuscrit dactylographié, p. 3. Toutes les citations ont été vérifiées d’après le manuscrit, bien que le manuscrit dactylographié soit une transcription presque parfaite et soit cité pour la facilité de pagination.

[68] Id., p. 18.

[69] Cette citation correspond exactement au manuscrit de Smith (manuscrit dactylographié, p. 6) et la seule édition de Chambers’ Miscellany accessible au moment où nous écrivons ; elle n’est pas datée, mais, en se référant aux événements mormons, publiée après 1877. Les nombreuses éditions de cet ouvrage, qui remontent aux années 1840, rendent possible le fait que Smith ait pu utiliser une édition plus ancienne.

[70] Manuscrit dactylographié, p. 6. Le manque d’organisation des données biographiques dans la réponse de William Smith donne une bonne idée de ses objectifs et de ses talents historiques. Il est spontané à l’extrême et n’est organisé que dans l'intention, parlant de ses expériences dans le désordre. Puisqu'il ne brille pas par des explications historiques soigneuses et est désordonné, l'absence de descriptions de la Première Vision (un événement de la fin de son enfance) est objectivement sans importance. Cf. Anderson, "Circumstantial Confirmation of the First Vision. . ." BYU Studies, pp. 398-401.

[71] Id., pp. 17-18.