Le livre dE.D. Howe, Mormonism
Unvailed, publié en 1834 avec la collaboration de Philastus Hurlbut, un mormon
excommunié pour immoralité et bien décidé à se venger, a été à lorigine de
la mauvaise réputation faite à Joseph Smith et à sa famille. Les historiens non mormons
et les antimormons ont puisé à cette source sans la soumettre préalablement à un
examen critique dautant plus indispensable que les motivations de Hurlbut la rendent
suspecte. Larticle que nous proposons aujourdhui comble cette lacune.
UNE REEVALUATION DE LA REPUTATION
DE JOSEPH SMITH DANS LÉTAT DE NEW YORK
Par Richard
Lloyd Anderson [1]
© BYU Studies, vol. 10 (1969-1970), numéro 3 Printemps 1970, p. 283)
Quiconque fait la
biographie de la jeunesse de Joseph Smith connaît son sujet quand il sappuie sur
des sources qui connaissent leur sujet. Ce truisme est plus évident en théorie
quen pratique parce que les biographes non mormons n'ont pas pris la mesure des
limites strictes imposées par des déclarations sous serment uniformément hostiles
enregistrées par un ennemi juré du Prophète mormon. L'image ainsi obtenue est
radicalement contraire à ce que les documents révèlent sur Joseph Smith dans les
années 1830, cest-à-dire un meneur dhommes doté dune excellente
constitution physique et dune grande vigueur, un idéaliste profond doué dun
humour spontané, un homme chaleureux, qui fit preuve de courage face à dénormes
difficultés. On retrouve, dans les années 1820, un jeune du même genre, non en
éliminant les sources non mormones, mais en trouvant les sources non mormones qui sont le
produit dun contact réel avec Joseph Smith. Une étude de ce genre montre que la
collecte de déclarations bien documentées sur le Prophète débouche sur un jugement
essentiellement favorable [2].
La plupart des
livres sur Joseph Smith affirment sappuyer sur des éléments probants, mais les
contradictions flagrantes prouvent que beaucoup de sources apparemment historiques sont
éminemment contestables. Il est
manifeste que Joseph Smith était un personnage controversé dans sa localité même. Il
ne faut donc pas prendre pour argent comptant la déclaration d'un contemporain avant
davoir répondu aux questions suivantes :
1) Vérification
de la personne. Outre
quils éliminent la possibilité de témoins fictifs, les registres détat
civil montrent si une personne est suffisamment âgée pour être un observateur
compétent et peuvent fournir des indices sur le point de savoir si les observations sont
basées sur un contact direct ou, au contraire, sur un contact lointain.
2) Exactitude du
compte rendu. Ici la
question est de savoir si la personne qui est censée faire la déclaration la
réellement faite. Les déclarations de deuxième et de troisième main sont manifestement
suspectes, mais l'intervieweur qui note une déclaration qui semble être de première
main peut superposer ses idées préconçues à la déclaration de la personne.
3) Possibilité
deffectuer l'observation. La qualification de base de toute source
historique est le contact direct avec la personne ou l'événement décrit. Pourtant les
déclarations hostiles à Joseph Smith de la part de contemporains montrent une tendance
distincte à rapporter les rumeurs de la localité et non un vécu personnel.
4) Préjugés de
la source. Les historiens reconnaissent aujourd'hui qu'aucun observateur n'est exempt
de préjugés, mais quand ceux-ci sont intenses, ils ont tendance à l'exagération. On
doit donc vérifier de manière rigoureuse dans les faits les conclusions des
contemporains de Joseph Smith.
Bien que
lhistoire de la première collecte de déclarations contre Joseph Smith soit bien
connue, il est nécessaire de la passer en revue pour pouvoir analyser les déclarations
sous serment. Philastus Hurlbut, excommunié deux fois par des tribunaux de lÉglise
pour immoralité, devint personnellement si vindicatif qu'un tribunal lui signifia
linterdiction de sapprocher de la personne ou des biens de Joseph Smith [3].
Il fut ensuite « employé » par un comité public dantimormons pour
rassembler des preuves permettant de « priver complètement Joseph Smith de toute
prétention à la réputation dhonnête homme
» [4]. Pour parvenir à ce
but, il se rendit dans lÉtat de New York et obtint des déclarations au village de
Palmyra, la plus grande agglomération dans le voisinage de la ferme des Smith et
également à Manchester, le district rural dans lequel se trouvait « Stafford
Street ». Cornelius Stafford, qui avait alors vingt ans, se rappela plus tard que
Hurlbut arriva à leur « école et enregistra des déclarations sur la mauvaise
réputation de la famille mormone des Smith » et vit les gens « prêter
serment à ce sujet » [5].
E.D. Howe,
rédacteur du Painesville Telegraph (Ohio) remplaça Hurlbut pour que lauteur
du livre soit quelquun de respectable et publia les déclarations sous serment dans Mormonism
Unvailed (1834), jetant ainsi les bases de l'historiographie antimormone. Howe vécut
longtemps assez pour être témoin de la solidité de l'édifice, faisant la réflexion,
quarante-quatre ans après dans ses mémoires, que le livre « a été la base de
toutes les histoires qui ont paru de temps à autre depuis ce temps-là concernant ces
gens [6]. » Pour être exact, lécrit de Howe était insignifiant, mais les
déclarations sous serment de Palmyra-Manchester publiées par lui ont servi à présenter
Joseph Smith dans toutes les grandes études non mormones de 1834 à nos jours. Pourtant,
même les études censées être définitives ne révèlent aucune recherche sur les
personnes qui sont à lorigine des déclarations de Hurlbut, ni aucune grande
connaissance de la collectivité à laquelle elles appartenaient.
Un peu
darithmétique toute simple devrait ébranler le statut canonique des déclarations
sous serment de Hurlbut-Howe. La famille Smith vivait sur la ligne qui séparait les
comtés de Wayne et d'Ontario, des comtés ayant une population substantielle. Tous ceux
qui affirmaient connaître Joseph Smith dans cette région avaient des contacts dans les
arrondissements de Palmyra ou de Manchester et le recensement de 1830 contient environ
2.000 individus de sexe masculin suffisamment âgés pour connaître les Smith dans ces
deux localités. De ce nombre possible, Hurlbut sest procuré les signatures de
soixante-douze personnes prétendant avoir été en relations directes avec Joseph Smith.
Au mieux, Hurlbut a sélectionné un demi pour cent des hommes qui pouvaient savoir
quelque chose sur les Smith. Bien que Howe les présente comme représentatifs, on peut
aligner approximativement le même nombre de personnes de ces localités connues pour
avoir une bonne opinion des Smith vers la fin des années 1820. Le Dr Gain Robinson, oncle
du médecin de famille des Smith, a recueilli soixante signatures sur un certificat
garantissant le sérieux des Smith afin d'essayer d'empêcher la perte de leur ferme en
1825 [7]. Pourtant la question cruciale n'est pas les signatures, mais les témoignages
individuels avec les détails à lappui. Dans cette catégorie, il ny a que
dix déclarations sur Joseph Smith qui vaillent dêtre examinées [8] alors
quil existe trois fois ce nombre de souvenirs personnels de non-mormons de
Palmyra-Manchester qui n'apparaissent pas dans Hurlbut-Howe.
Jusqu'à ce que The
Myth Makers de Hugh Nibley aborde le sujet, il nétait facile de trouver des
études détaillées sur les déficiences du réquisitoire de Hurlbut-Howe. Nibley a
ratissé large et a démontré le caractère contradictoire des témoignages d'antimormons
sur Joseph Smith. Le but ici est plus spécifique : analyser les déclarations de Hurlbut
pour y trouver les renseignements de première main et présenter ensuite les
renseignements principaux fournis par d'autres déclarations de non-mormons de
Palmyra-Manchester. Bien que ceci exclue un certain nombre de souvenirs provenant de la
vallée de la Susquehanna et de Fayette, les éléments probants plus abondants de
Palmyra-Manchester sont basés sur un contact plus prolongé avec Joseph Smith, des
contacts dont beaucoup remontent à lépoque pré-mormone.
Attestations
collectives de Hurlbut
Hurlbut a fortement
influencé les déclarations
personnelles de Palmyra-Manchester, comme le montre la présence régulière de
sa manière de sexprimer dans les déclarations sous serment des Stafford, Chase, etc. Celle-ci apparaît
clairement dans deux déclarations collectives : les noms de cinquante et un résidants de
Palmyra apparaissent sur un document et les noms de onze résidants de Manchester
apparaissent sur un autre. Une déduction simpose ici : Les signataires d'une
pétition ou d'une déclaration nen sont normalement pas les auteurs, ils ne font
que la ratifier. Quand il sest présenté à lécole de Manchester, Hurlbut
avait certainement rédigé la déclaration que onze fermiers plutôt peu habitués à
écrire ont signée. On imagine que le même procédé était inévitable pour les
cinquante et un signataires de Palmyra. Quelqu'un a rédigé les déclarations collectives
et Hurlbut est le meilleur candidat.
Non seulement on
retrouve les mêmes expressions dans les déclarations, mais aussi la même structure.
Dans la comparaison suivante, nous indiquons les correspondances importantes dans les
mots, mais lélément le plus important est la ressemblance dans la structure de
base censée provenir de deux auteurs différents :
DÉCLARATION
COLLECTIVE DE PALMYRA
« Nous,
sous-signés, avons connu la famille Smith depuis un certain nombre d'années,
quand elle résidait près dici et nous n'hésitons pas à dire que nous la
considérons comme privée de ce caractère moral qui devrait lui donner droit à
la confiance de n'importe quelle collectivité. Ils étaient particulièrement célèbres
pour leurs projets visionnaires, consacraient beaucoup de leur temps à faire des
fouilles pour trouver de l'argent qu'ils prétendaient caché dans la terre ; et
aujourdhui encore on peut voir de grands trous dans la terre, pas loin de chez eux,
où ils passaient leur temps à faire des fouilles à la recherche de trésors cachés.
Joseph Smith, père, et son fils, Joseph, en particulier, étaient considérés comme
entièrement privés de moralité et comme sadonnant à de mauvaises
habitudes
« Nous ne
pensons pas quaucun deux ait possédé une réputation ou une influence
suffisantes pour amener qui que ce soit à croire à leur livre ou à leurs sentiments,
« et nous ne
connaissons pas une seule personne dans ce voisinage qui accorde la moindre confiance à
leurs soi-disant révélations. »
DÉCLARATION SOUS
SERMENT DE PARLEY CHASE [9]
« J'ai
connu la famille de Joseph Smith, père, tant avant et après quelle est
devenue mormone et je me sens libre de dire que pas un seul des membres masculins de la
famille de Smith navait droit à la moindre crédibilité.
« Faire
des fouilles pour trouver de l'argent était leur emploi principal.
« Ils
étaient paresseux et intempérants, des vauriens, fortement adonnés au mensonge.
En cela ils se vantaient souvent de leur habileté.
« Pour ce qui
est de leurs élucubrations sur la Bible d'or, ils ne racontaient jamais deux fois la
même histoire. La Bible mormone
serait une révélation de Dieu, donnée par lintermédiaire de Joseph Smith, fils,
son Prophète, et ce même Joseph Smith, fils, avait, à ma connaissance, la réputation
parmi ses voisins d'être un menteur.
« La
présente déclaration peut être corroborée par tous ses anciens
voisins. »
Les mots imprimés
en italique dans les comparaisons ci-dessus indiquent les parties équivalentes des deux
déclarations sous serment. Toutes deux sont construites de la même
façon, commençant par affirmer que les auteurs connaissent les Smith, pour parler
ensuite de leur mauvaise réputation dans la collectivité, des fouilles pour trouver de
largent et du fait quils « sadonnent » à des pratiques
mauvaises pour terminer par l'application de leur caractère général aux prétentions
religieuses et l'affirmation que personne dans la région ne les prend au sérieux. Il est
hautement improbable que Parley Chase ait écrit en suivant une structure identique à la
déclaration sous serment de Palmyra de Hurlbut. Cest Hurlbut qui a composé les
deux.
Quand on passe à
la déclaration collective de Manchester, on peut voir aux ressemblances que cest
manifestement Hurlbut qui l'a rédigée pour la faire signer. La seule accusation contre les Smith
sy trouve dans la première phrase sur le schéma suivant, qui contient trois
structures négatives que lon retrouve dans d'autres déclarations dont les auteurs
sont censés être indépendants :[10]
une bande de types
paresseux et indolents, mais également intempérants ; et on ne pouvait pas se fier à
leur parole.
paresseux,
intempérants
très adonnés au mensonge.
bande de types
paresseux
un ivrogne et un menteur
une bande de types
paresseux et indolents et on ne pouvait pas se fier à eux
sont devenus
indolents et ont raconté des histoires merveilleuses
connus pour leur
indolence, leur bêtise et leurs mensonges
On retrouve, encore
une fois, la combinaison dun vocabulaire semblable et dune structure de
pensée semblable. Le schéma
« indolent-intempérant-menteur » de quatre déclarations, avec de légères
modifications dans deux autres, n'a pas été créé de manière indépendante par six
déclarations spontanées. Cest Hurlbut qui a suggéré la formule, l'a rédigée
pour la faire signer ou l'a interpolée plus tard. Ceci démontre toutefois plus que le
simple fait dune terminologie commune. Les redondances de Hurlbut révèlent ce
qu'il voulait le plus prouver et ce que le lecteur doit se garder d'accepter. Il
nen serait pas nécessairement ainsi si des formulations indépendantes venaient
étayer des déclarations indépendantes, mais l'opposé est vrai en ce qui concerne ses
thèmes de paresse, d'ivrognerie et de mensonge. Le premier de cette triade est la
variation de Hurlbut sur son thème préféré, les fouilles continuelles des Smith pour
trouver de l'argent [11] :
l'emploi
principal de la famille Smith était de faire des fouilles pour trouver de
largent
L'emploi principal
de la famille était de faire des fouilles pour trouver de largent.
leur emploi
principal. Faire des fouilles pour trouver de largent était.
Une grande partie
de leur temps était consacrée à faire des fouilles pour trouver de largent
passaient
beaucoup de leur temps à faire des fouilles pour trouver de largent
.
Cette ressemblance
dans la formulation signifie quil y a eu un auteur commun et le dernier exemple
appartient de façon concluante à Hurlbut, puisqu'il vient de la déclaration collective
de Palmyra. Nous trouvons une formulation semblable dans toutes les déclarations de
Palmyra-Manchester que nous étudions ici, à lexception de celle de Barton
Stafford.
Dautres mots
que lon retrouve dans les déclarations collectives sont
« prétendaient », « visionnaires » et une idée qui est
soulignée est le manque de « influence dans cette localité », qui trouve sa
contre-partie dans des déclarations personnelles comme « la famille Smith na
jamais émis aucune prétention à la respectabilité » ou « en bref, pas un
seul membre de la famille navait la moindre prétention à la respectabilité
[12] ». Presque toutes les déclarations portant sur les Smith commencent par
plusieurs phrases semblables à la déclaration collective de Palmyra, ce qui prouve bien
une origine extérieure.
Quand on passe
ainsi à a loupe le vocabulaire de Hurlbut, cela révèle ses objectifs précis. Les termes communs les
plus fréquents concernent lintempérance, le mensonge et la paresse, cette
dernière définie comme consistant à faire des fouilles à titre professionnel pour
trouver de largent.
Puisque la main de Hurlbut est bien visible dans ces accusations collectives, l'historien
soigneux doit être sceptique à légard des histoires qui appuient ces accusations
tout au long dun grand nombre de déclarations. La terminologie de Hurlbut dans des
déclarations qui sont ostensiblement censées ne pas être de lui prouve que toute son
argumentation est hautement suspecte, particulièrement en ce qui concerne les fouilles
effectuées pour trouver de l'argent. Quand on étudie soigneusement la situation
économique des Smith avant 1830, on constate quils étaient tout sauf paresseux. Et
si cette accusation ne tient pas, le fait pour Hurlbut de les accuser de faire des
fouilles pour de l'argent est hautement suspect. En fait, le langage extrême de presque
toutes les déclarations à ce sujet incite au doute. Si lon avait régulièrement
vu les Smith faire des fouilles pour trouver de largent, on sattendrait à des
déclarations raisonnables à cet effet. En réalité, les dépositions recueillies
décrivent une famille nombreuse vivant de manière marginale « sans travail »
ou en travaillant « très peu [13] ». Leur « emploi général »,
consistant à faire des fouilles pour trouver de largent, na jamais été une
source de revenus pour eux, mais ils arrivaient quand même à survivre en ne faisant pas
grand chose dautre. Nous avons affaire ici à plus que de lexagération.
Cest de l'invention.
Pourtant
l'historien doit étudier le contenu de tous les documents et sil y a une chose qui
frappe chez Hurlbut cest bien le fait quil sappuie sur des
généralités vagues. Les déclarations collectives des deux localités accusent les
Smith d'être « une bande de types paresseux et indolents » qui étaient
« entièrement privés de moralité et sadonnaient à des habitudes
perverses ». Ce genre de phrase ne veut rien dire, comme en conviennent aussi bien
les amis que les critiques de Hurlbut. La règle des tribunaux veut que le témoin
présente des faits précis et laisse au tribunal ou au jury le soin de se faire une
opinion sur cette base. Étant donné labsence de faits précis, les déclarations
collectives de Palmyra et de Manchester fournies par Hurlbut montrent simplement que
soixante-deux signataires trouvaient les Smith répréhensibles ; ils ne disent pas quelle
observation directe les a conduits à cette conclusion. De même, la déclaration
individuelle de Parley Chase, citée ci-dessus avec la déclaration collective de Palmyra,
est historiquement sans signification. Elle ne fait quétaler des conclusions sans
justification et, pour aggraver les choses, elle le fait avec les idées et les termes de
Hurlbut.
Les
déclarations brèves de Hurlbut
Nous pouvons
maintenant résumer l'arithmétique des témoins que Hurlbut a trouvés à Palmyra et Manchester. Sur un total de quinze déclarations, il faut déduire comme nayant aucune
signification les trois déclarations sous serment dont nous venons de parler : la
déclaration collective de Manchester, la déclaration collective de Palmyra et leur
écho, la déclaration de Parley Chase. Il faut y ajouter trois autres qui nont rien
à voir : les déclarations de Lucy Harris, d'Abigail Harris et de G. W. Stoddard
concernent principalement Martin Harris et ne contiennent rien qui ait été observé au
sujet de Joseph Smith. Cette demi-douzaine de déclarations exclues, il reste trois
longues déclarations et six déclarations longues dune page. Ces dernières ne
contiennent aucun indice au sujet de Joseph Smith, fils.
On risque de
ségarer dans des détails stériles dans lanalyse de Hurlbut-Howe si
lon ne se répète pas constamment lunique question : De quels témoignages
oculaires les déclarations sous serment de Hurlbut font-elles état à propos de Joseph
Smith ? Par exemple, Henry Harris rapporte certaines conversations avec Joseph Smith,
suffisamment proches des affirmations du Prophète pour être déformées par la façon
dont elles sont racontées, mais la seule chose que Harris ait pu observer à propos du
caractère « menteur » du « prétendu prophète » est le fait
quil a fait partie comme juré dun tribunal dont le jury na pas pu
rendre de décision dans une affaire en fonction du témoignage de Smith. Étant donné
que nombreux sont les hommes sincères qui nont pas pu obtenir le vote dun
jury, largument concernant la personnalité de Joseph Smith na pas de sens.
Dans les déclarations brèves, il ny en a que trois qui détaillent sérieusement
les fouilles de Smith pour trouver de largent et aucune nest convaincante.
Roswell Nichols rattache entièrement les prétendues fouilles pour trouver des trésors
à des conversations avec Joseph Smith, père, qui ressemblent à sa croyance connue au
Livre de Mormon. Joshua Stafford prétend que Joseph Smith, fils, lui a montré un morceau
de bois d'un coffre au trésor et quil a aussi prétendu avoir découvert des
montres enterrées. Comme nous le montrerons plus loin, Joshua Stafford lui-même est
cité par des membres de sa famille comme dirigeant des fouilles pour trouver de
largent dans le voisinage, ce qui rend suspect un témoignage aussi indirect contre
Joseph Smith. Après tout, laffirmation de Stafford se limite à un compte rendu
(probablement déformé) de conversations avec Joseph Smith, et ne repose pas sur
lobservation dun acte quelconque de la part du fondateur mormon. De même,
Joseph Capron donne les détails de fouilles fantastiques « au nord-ouest de [sa]
maison », mais ne fait pas état dune observation personnelle. Le sujet des
« fouilles pour trouver de largent » est quelque chose quil
faudrait approfondir, mais ce qui compte pour le moment cest que, dans les
déclarations brèves qui traitent du sujet, il ny a strictement aucune mention
dune observation directe de ce que faisait Joseph Smith.
Les deux
déclarations brèves qui restent mentionnent les faiblesses humaines de Joseph Smith.
Barton Stafford, qui avait quelques années de moins que Joseph, accuse le jeune prophète
de conduite manquant de dignité. À un moment donné, en 1827 ou après, Joseph fut, nous
dit-on, ivre de cidre, se bagarra avec un autre ouvrier, lui déchira la chemise et fut
ramené chez lui par Emma. Étant donné que même ici Barton Stafford ne dit pas
clairement qu'il a été témoin de l'événement (seulement qu'il s'est produit dans
« le champ de mon père »), un certain doute demeure sur le point de savoir si
c'est une histoire ou une observation. David Stafford, lui, décrit une expérience
personnelle, affirmant que Joseph avait « bu un peu trop abondamment » et que,
tandis quils travaillaient ensemble, une dispute avait mené à « des paroles
dures ». Ils en vinrent aux mains et « il la emporté sur moi dans la
bagarre ». Un certain Ford, qui essaya d'intervenir, sen serait aussi mal
tiré, car « nous avons tous deux porté plainte contre lui et il a écopé
dune amende pour atteinte à lordre public. »
La seule réponse
connue de Joseph Smith à une déclaration sous serment de Hurlbut donne une autre version
de l'incident de David Stafford. Elle apparaît dans les notes prises par Willard Richards
en 1843 lors de conversations avec le prophète :
« Tandis que
lon préparait le dîner, Joseph a raconté une anecdote. Quand il était jeune, son
père avait un beau grand chien de garde, qui avait arraché une oreille au porc de David
Stafford, que celui-ci avait lâché dans le champ de maïs des Smith. Stafford a abattu
le chien et, avec six autres types, sest jeté sur lui à limproviste. Et
Joseph leur a flanqué à tous une raclée et sen est sorti indemne, ce dont ils ont
juré comme le rapporte le livre de Hurlburt ou de Howe [14]. »
Puisque l'incident
ci-dessus revêt un contexte si différent selon quil est raconté par Stafford ou
par Smith, cela nous rappelle de manière frappante quon ne peut pas porter de
jugement définitif sur un événement controversé en nécoutant quune
version des faits.
Si David Stafford a
porté plainte devant le juge de paix local, cela napparaît pas dans le registre
existant, bien qu'il ne couvre que les années 1827-1830. Ce que lon trouve dans le
registre, ce sont quelques faits qui donnent une idée de la personnalité des Smith et de
David Stafford. Il mentionne trois procès au cours de la période ci-dessus contre
« Hiram » (ou « Hyram ») Smith et deux contre Joseph Smith. Comme
il y avait d'autres Joseph Smith dans la région de Manchester et puisquun
« Hiram » Smith a signé la déclaration sous serment collective de Manchester
publiée par Hurlbut [15], on ne peut pas prouver que ces cinq actions en justice
concernent la famille du prophète. Néanmoins il y en a une qui la concerne
manifestement, cest celle qui montre la tentative des Smith d'être honnêtes dans
leurs engagements financiers. La notice abrégée du procès du 28 juin 1830 rapporte ce
qui suit dans un procès contre « Hyram » Smith :
« Joseph
Smith, père du défendeur, a comparu, laffaire a été appelée, et le plaignant a
plaidé sur une note et un compte. Note datée du 7 avril 1830, pour $20.07 sur intérêt
et compte pour avoir ferré des chevaux, solde restant dû sur compte $0.69. Joseph Smith
a prêté serment et déclare que son fils, le défendeur, lui a demandé de se présenter
à la réception de la sommation et de demander au juge de rendre jugement contre le
défendeur pour le montant de la note et du compte. Jugement en faveur du plaignant pour
vingt et un dollars, sept cents [16]. »
Si tous les procès
contre les Smith dans le registre de Manchester concernent la famille de Joseph Smith, ils
ne font que montrer que la famille était pauvre une situation que les autobiographies de
Smith dépeignent également avec une émotion considérable. Ainsi le commentaire de Roswell Nichols
(basé sur « deux ans » de voisinage) est gratuit : « Pour rupture de
contrats, pour non-paiement de dettes et d'argent emprunté et pour duplicité à
légard de ses voisins, la famille était notoire. » Si on y va par là,
cest David Stafford, pas les Smith, que le registre du juge de paix local inculpe.
De 1827 à 1830, il fut plaignant dans trois procès et défendeur dans six procès
dencaissement, un record dans la localité. Avec un procédurier comme celui-là, on
n'est pas enclin à penser que cétait forcément Joseph Smith qui était le
coupable dans la dispute avec David Stafford. Et il ny a pas non plus beaucoup de
chances pour que la déclaration sous serment ex parte de Stafford représente la
personnalité des Smith sans perfidie.
Les
déclarations longues de Hurlbut
Puisque les
déclarations brèves contiennent essentiellement des preuves qui nen sont pas,
létude sur Hurlbut-Howe doit se concentrer sur les trois seules déclarations substantielles du recueil. La plus courte vient de William Stafford,
père de Barton Stafford, et il y a heureusement dautres informations familiales
permettant de la contrôler. La signature de Hurlbut dans le vocabulaire est indubitable
ici, car un commentaire final imite la fin de la déclaration collective de Palmyra :
« Personne ne craignait le moindre danger de la part d'un livre provenant de
personnes qui navaient ni influence, ni honnêteté ni honneur. » Pomeroy
Tucker décrit Stafford comme un ancien marin sans instruction ; si cest vrai,
cela augmente considérablement la possibilité que ce soit Hurlbut qui a composé la
déclaration sous serment de Stafford et la lui a simplement fait signer [17]. Il y a un
témoignage de première main clair de participation avec Joseph Smith, père, à des
fouilles pour trouver un trésor (Joseph Smith, fils, dirigeant les opérations depuis la
maison), mais l'histoire du mouton, qui laccompagne, incite fortement à douter que
celle des fouilles provienne de manière authentique de Stafford. Daprès la
déclaration sous serment de Hurlbut, les Smith « conçurent un plan » pour
escroquer « un beau gros mouton noir » à leur voisin. En entendant les Smith
affirmer que le sacrifice d'un tel mouton devait apaiser l'esprit gardant un trésor,
Stafford leur donna le sien « pour satisfaire [sa] curiosité ». Mais le
trésor fut perdu et le mouton avec lui, ce qui, « je crois, est la seule fois
quils ont jamais fait des fouilles pour trouver de largent une affaire
profitable ». Chose curieuse, après « la seule fois », la déclaration
de Stafford ajoute un commentaire sur « une bande de vauriens » (une
expression typique de Hurlbut) qui entouraient les Smith et qui « avaient plus à
faire avec le mouton quavec l'argent », une volonté dimpliquer les
Smith dans des vols répétés de moutons.
Il est évident que
Hurlbut n'a pas reproduit les
déclarations de Stafford de
manière exacte. En 1932, M. Wilford Poulson a pris des notes pendant que Wallace Miner se
rappelait une conversation avec William Stafford sur le sujet :
« Jai
un jour demandé à Stafford si Smith lui avait vraiment volé un mouton. Il dit que non, pas exactement. Il dit
quun mouton noir avait effectivement disparu, mais que bientôt Joseph était venu
et avait reconnu lavoir pris pour le sacrifier, mais quil était disposé à
travailler pour le rembourser. Il fit des seaux en bois devant servir à contenir de la
sève pour le payer entièrement [18]. »
Dans son histoire
du village, Thomas Cook donne une version plus complexe de la conversation entre Miner et
Stafford, une version selon laquelle ce fut Joseph qui prit l'initiative de reconnaître
avoir pris le mouton et qu'il effectua le travail pour rembourser Stafford pour le mouton
[19]. Bien entendu, William Stafford est mort en 1863 (Miner avait alors vingt ans), et il
y a des limites évidentes quand il sagit de se rappeler les détails de quelque
chose qui a été dit presque soixante-dix ans plus tôt. Néanmoins, il est significatif
que ce que Miner se rappelle de Stafford disculpe les Smith de laccusation de
malhonnêteté, un retournement de situation par rapport à ce que Hurlbut fait dire à
Stafford. Nous disposons cependant dun aperçu plus ancien de l'opinion de William
Stafford. Son deuxième fils naquit la même année que Joseph Smith (1805) et avait pour
ambition personnelle de faire de bonnes études pour lépoque et de se qualifier par
examen comme médecin, et il pratiqua jusque vers 1870 dans la région de Manchester et
ensuite à Rochester. Là le Dr John Stafford fut interviewé, en 1881, par lapôtre
William H. Kelley de lÉglise réorganisée. Les notes prises à ce sujet par Kelley
disent ceci :
Et ce
mouton noir que votre père leur a donné ?
J'ai
entendu cette histoire, mais ne pense pas que mon père était là à lépoque où
lon dit que Smith a eu le mouton. Je ne sais rien à ce sujet.
Vous viviez
chez vous à ce moment-là et il me semble que vous devriez savoir s'ils ont reçu un
mouton ou sils en ont volé un à votre père ?
Je suis sûr
quils nen ont jamais volé ; cest possible quon leur en ait
donné un un jour.
Docteur,
vous savez très bien si lhistoire que Tucker raconte est vraie ou non. Quen
pensez-vous ?
Je ne pense
pas que quelle soit vraie. J'en aurais su davantage, cest vrai
[20]
Puisque John
Stafford, qui était bien informé, ne savait rien de l'histoire du mouton, il est clair
que William Stafford n'avait pas, à légard des Smith, lattitude que lui
prête sa déclaration sous serment donnée à Hurlbut. Si un mouton a été emprunté,
cela n'avait rien à voir avec de la malhonnêteté. Mais dans l'interview, le Dr Stafford
a également insisté : « Mon père, William Stafford, n'a jamais rien eu à
voir avec eux », ce qui est un démenti direct des relations quimplique
lépisode Smith-Stafford sur les fouilles pour trouver de largent qui est
décrit de manière tapageuse dans la déclaration de Hurlbut [21]. Le fait que la famille
de William Stafford ait pu douter de l'authenticité du témoignage inspiré par Hurlbut,
auquel viennent sajouter les talents déditorialiste évidents de Hurlbut,
jette un doute sérieux sur le caractère historique de la déclaration de William
Stafford.
La plus longue
déclaration publiée par Hurlbut est celle de Willard Chase, dans laquelle les exemples de malhonnêteté
et de fouilles pour trouver des trésors sont minimes. En fait, la déclaration de Chase
contient plus de parallèles avec les sources mormones que n'importe laquelle des autres
déclarations. On peut en conclure que Chase a imposé dans une grande mesure son
individualité, bien que lon y retrouve quand même plusieurs des clichés de
Hurlbut. Le frère cadet de Willard a rapporté plus tard la tradition de la famille Chase
et il maintient que la déclaration de Willard à Hurlbut était authentique ; d'autre
part, il diffère dans certains détails de ses souvenirs de la déclaration publiée
[22]. Willard Chase aurait dû prendre plus de soin dans sa déclaration que les autres
personnes contactées par Hurlbut, puisque Lucy Smith se rappelle quil était
« directeur de classe méthodiste » en 1827 et que sa nécrologe le décrit
comme « autrefois pasteur de l'Église méthodiste wesleyenne et, pendant de
nombreuses années, travailleur fervent et ardent
» [23].
Bien que Chase ait
eu une instruction pratique supérieure, ses aptitudes comme témoin se caractérisent par
un manque presque total d'observation personnelle. Il raconte l'histoire bien connue de la
découverte dune pierre très originale en creusant un puits avec Alvin et Joseph
Smith et accuse Joseph et Hyrum de duplicité parce quils ont gardé l'objet. À
part cela, il ne manifeste aucune connaissance directe que la pierre ait été utilisée
lors de fouilles pour trouver des trésors, mais prétend seulement que Joseph affirmait
découvrir des « merveilles » grâce à elle. Ce qui laisse perplexe,
cest ce que Willard Chase ne dit pas ici. Les sources de Palmyra-Manchester disent
clairement que la famille Chase avait coutume de faire des fouilles pour trouver de
largent. Par exemple, le Dr John Stafford se rappelle :
« Les voisins
prétendaient que Sally Chase pouvait regarder une pierre qu'elle avait et voir de
l'argent. Willard Chase creusait quand elle trouvait où l'argent était. Je ne sache pas
que quelquun ait jamais trouvé dargent [24]. »
L'interview qui eut
lieu la même année avec Abel Chase confirme les activités de sa famille. Après avoir décrit la pierre que
possédait sa sur, Abel Chase répond aux questions suivantes :
Pensez-vous
vraiment que votre sur pouvait voir des choses en regardant à travers cette pierre,
M. Chase ?
Elle le
prétendait en tous cas et je dois dire qu'il y avait quelque chose détrange
là-dedans.
Où est
votre sur maintenant ?
Elle ne vit
plus. Mon frère Willard est mort également. Il en saurait plus que moi là-dessus [25].
La famille Chase
était de véritables chercheurs dargent, mais dans la plus longue des déclarations
sous serment de Hurlbut, Willard Chase ne signale pas avoir été témoin direct de
fouilles entreprises par les Smith. Si Willard Chase décrit honnêtement ce qu'il sait,
on ne peut que conclure que les Smith n'avaient pas de liens avec les milieux de
chercheurs d'argent de la région. Et c'est exactement ce que Lucy Smith raconte dans son
histoire où elle décrit les activités magiques « ridicules » de Chase et
compagnie pour voler les plaques du Livre de Mormon, des pratiques qui semblent
étrangères à son expérience [26].
Willard Chase, lui,
rapporte des histoires sur les fouilles de Joseph Smith pour trouver de largent dans
la région de Susquehanna. Apparemment sans avoir lair dêtre vraiment au
courant des activités de Palmyra-Manchester, il importe des histoires de seconde main qui
se seraient passées à plus de cent cinquante kilomètres de là. Ce qu'il raconte est
une version considérablement déformée de l'emploi donné à Joseph Smith sur un projet
de fouilles pour trouver un trésor. C'est sa façon de procéder pour d'autres sujets. Il
parle de plusieurs épisodes concernant les Smith publiés par les mormons longtemps
après limpression, en 1834, de Mormonism Unvailed de Howe, ce qui veut dire
que soit Hurlbut soit Willard Chase les connaissait de manière indépendante. La
déclaration de Chase relate ces incidents de manière approximative (par exemple,
lincapacité de Joseph Smith de prendre la première fois possession des plaques sur
la colline, le déplacement dEmma à Macedon pour prévenir son mari, etc.), mais
avec des détails exagérés dans le but de ridiculiser. On peut considérer quil
fait la même chose dans ses histoires de trésor sur Joseph Smith, histoires dont il
nest pas témoin oculaire [27].
Ceci ne laisse que
Peter Ingersoll comme témoin de Hurlbut qui puisse prétendre sérieusement à la
connaissance de première main des méfaits de Smith. On ne sait pas grand chose à son
sujet à part le fait quil apparaît sur les registres fonciers vers les années
1820 comme ayant une propriété près du village de Palmyra, la saisie dun terrain
en exécution dun jugement et son déménagement de Palmyra après la vente de ses
biens en 1836. En 1879, Abel Chase affirmait : « Il est parti vers louest
il y a des années et est mort il y a environ deux ans » [28], mais on ne sait pas
ce quil est devenu après avoir quitté Palmyra. Sa déclaration sous serment est
aussi un mystère. Il commence par la formule standard de Hurlbut disant que
« l'emploi général de la famille était de faire des fouilles pour trouver de
largent ». Il prétend ensuite avoir vu à deux reprises Joseph Smith, père,
utiliser une baguette divinatoire [29]. À part cela, toutes les choses à caractère
négatif quil raconte au sujet de Joseph Smith, fils, consistent non en des faits
quil a observés, mais en de prétendues confessions faites au cours de certaines
conversations. Aucun des déclarants de Hurlbut ne prétend connaître Joseph Smith de
manière aussi intime et pourtant nous ne trouvons rien ici qui soit le résultat
dune observation personnelle.
La véritable
question qui se pose dans la déclaration d'Ingersoll est de savoir si cest Joseph
Smith que discréditent les aveux préjudiciables rapportés à propos du prophète mormon
ou si cest Hurlbut-Ingersoll. L'histoire la meilleure, cest celle où Joseph
aurait confié à Ingersoll qu'il avait apporté une quantité de sable emballé chez les
Smith, que sa famille, curieuse, lui aurait posé des questions et que cela lui aurait
donné lidée de « la Bible d'or » :
« À ma
grande surprise, ils ont été assez crédules pour croire ce que je disais. En
conséquence, je leur ai dit que j'avais reçu le commandement de ne laisser personne la
voir, parce que, ai-je dit, personne ne peut la voir de ses propres yeux et vivre. Je leur
ai néanmoins proposé de sortir le livre et de le leur montrer, mais ils ont refusé de
le voir et ont quitté la pièce. » « Maintenant, a dit Jo, j'ai roulé
ces fichus imbéciles et je vais mamuser. »
De gros problèmes
empêchent daccepter cette histoire. La déclaration d'Ingersoll situe l'épisode en
août 1827. Mais la déclaration de Chase affirme que dès juin 1827 Joseph Smith, père,
avait donné à Willard Chase tous les détails sur « les annales sur des plaques
d'or » et que la famille était au courant depuis « quelques années ».
Puisque Ingersoll contredit si radicalement la chronologie de Chase (qui correspond aux
sources mormones), l'exactitude de « Peter Ingersoll » est sérieusement
suspecte. En outre, il est tout à fait improbable quil existe une famille
constituée de gens à ce point crédules quils sen laissent imposer par
leffronterie que suppose l'épisode d'Ingersoll. Après tout, les Smith sont
historiquement connus pour être des personnes compétentes. Il ny a quune
uniformité remarquable dans les déclarations de Hurlbut-Howe : leur condamnation
unanime de Joseph Smith et de toute sa famille. Cest trop pour être vrai. On nous
présente une dizaine de personnes vivant de 1816 à 1830 (Lucy est née en 1821) dans une
région restreinte et lon veut nous faire croire que, pendant tout ce temps, il
ny en a pas eu un seul qui ait fait une seule bonne action ou nait fait preuve
de la moindre qualité pour racheter ses défauts. Cinquante et un habitants de Palmyra
« connaissant la famille Smith depuis un certain nombre d'années » les ont
trouvés « privés de moralité ». Ce credo anti-Smith solennel entache
chacune des déclarations sous serment : « En bref, pas un seul membre de la famille
navait la moindre prétention à la respectabilité. » On a affaire ici à
plus quà des jugements à lemporte-pièce. Le témoignage de Hurlbut remplit
une trentaine de pages sur les Smith à Palmyra-Manchester et lon ny retrouve
ne serait-ce quun seul souvenir positif sur les fondateurs mormons. Ce sont là des
diatribes, pas des évaluations. Il est clair que tout ce que lon a voulu faire,
cest discréditer, pas recueillir des renseignements authentiques. Étant donné que
l'histoire est l'art de vérifier tous les sons de cloche, ce que Hurlbut a produit
nest rien dautre que de la propagande. Le fait quil ne relève pas le
moindre point positif chez cette famille entache chacune des histoires négatives
quil répète. Cette caractéristique générale chez Hurlbut-Howe de présenter des
preuves qui nen sont pas se retrouve clairement dans les deux seules tentatives
systématiques faites plus tard de recueillir les souvenirs des non-mormons qui ont
fréquenté les Smith dans lÉtat de New York.
Les
déclarations rassemblées par Deming
A. B. Deming a
publié son recueil de témoignages dans un journal intitulé Naked Truths About
Mormonism (La pure vérité sur le mormonisme), dont le gros titre des deux seuls
numéros qui ont paru disait : « Lisez et riez comme vous ne lavez encore
jamais fait » et « Révélation étonnante ». Il était le fils du
courageux général non mormon, M. R. Deming, qui avait défendu lordre public dans
le chaos civil de louest de l'Illinois après le martyre du prophète. Affecté par
la mort prématurée de son père et plein dun ressentiment névrotique vis-à-vis
des persécutions que sa sympathie pour les mormons avaient values à son père, Deming
considérait que « tous [ses] malheurs dans la vie » étaient
« le résultat direct ou indirect de son amitié pour les
mormons
» Bien que poussé à recueillir des preuves contre leur religion,
Deming était torturé par la crainte que les mormons « ne [le] tuent, comme [comme
il avait été] plusieurs fois informé par des sources crédibles quils [avaient]
l'intention de le faire ». Pourtant il décrit en détail la réception cordiale que
lui ont réservée à Salt Lake City les dirigeants mormon en 1882 et en 1886 [30]. Deming
fait donc figure de réincarnation pathétique de lexcité Hurlbut.
L'historien doit
traiter les résultats de Deming avec autant de circonspection que ceux de Hurlbut. Quand
on vérifie les noms et les lieux de résidence indiqués dans ses déclarations on voit
que Deming a manifestement pris
contact avec plusieurs personnes qui avaient connu les Smith à Palmyra-Manchester. Cela ne veut pas dire
que ces personnes ont été interviewées avec soin ou que Deming nétait pas du
genre à influencer ou à modifier façon Hurlbut. Ce qui nous intéresse, cest que
dans ses comptes rendus unilatéraux de déclarations de personnes animées de
préventions, Deming ne discrédite pas intégralement les Smith comme le font
Hurlbut-Howe. Par exemple, Christopher Stafford avait trois ans de moins que Joseph Smith
et le méprisait, mais reconnaissait quen réalité il connaissait mieux le frère
de Joseph, Samuel Harrison Smith, et le considérait comme « un bon garçon
travailleur [31] ». Caroline Rockwell Smith se souvenait sans amertume de la
conversion de sa famille au mormonisme et les bonnes actions de Lucy Smith : « La
mère de Jo Smith a soigné beaucoup de personnes à Palmyra. » Elle ne considérait
pas Joseph Smith comme un véritable escroc : « Jespère quon saura un
jour si le mormonisme est vrai ou pas [32]. »
Lire Deming
cest glaner au milieu du fouillis habituel de rumeurs, daveux rapportés par
des tiers, de généralités sur la mauvaise réputation, etc. On voit de temps en temps
apparaître des affirmations de personnes qui disent avoir vu de leurs propres yeux Joseph
Smith boire et se battre, bien que cela soit formulé dans des termes suffisamment
standard pour venir d'un compilateur commun. Mais la vraie surprise vient du thème des
fouilles à la recherche dargent, parce que les déclarations de Deming impliquent
non seulement les Chase mais aussi les Stafford et d'autres personnes de la localité dans
la recherche de trésors enterrés. Caroline Rockwell Smith ne mentionne même pas la
famille de Joseph Smith à ce propos mais généralise :
« Il y avait,
dans notre voisinage, beaucoup dhommes, de femmes et denfants qui faisaient
des fouilles pour trouver de largent
J'ai vu la pierre de voyant de Joshua Stafford, qui ressemblait à du marbre blanc et avait
un trou au centre. Sally Chase,
une méthodiste, en avait une et les gens allaient la chercher pour trouver des choses
perdues, cachées ou volées [33]. »
Cornelius Stafford répète l'histoire du mouton sous une forme
exagérée, mais l'observation personnelle des fouilles nous mène ailleurs quau
prophète mormon :
« On faisait
beaucoup de fouilles pour trouver de l'argent dans nos champs et dans le voisinage. J'ai
vu oncle John et le cousin Joshua Stafford faire un trou de six mètres de long sur deux
mètres cinquante de large et deux mètres de profondeur. Ils disaient qu'ils creusaient
pour trouver de l'argent [34].
Un des éléments
plutôt amusants du folklore sur les Smith à Palmyra-Manchester est la mention fréquente de
lexistence de trous faits par les chercheurs dargent comme preuve de ce que
cétaient les Smith qui
faisaient les fouilles. Les
déclarations de Deming réduisent à néant le monopole imposé par Hurlbut en révélant
que beaucoup dautres personnes faisaient des trous. En fait, ces déclarations ne
montrent personne qui ait vu de ses propres yeux que les Smith y étaient mêlés. Le
mieux que lon ait est laffirmation d'Isaac Butts que Joshua Stafford lui avait
« dit que le jeune Jo Smith et lui-même avaient fait de nuit des fouilles pour
trouver de largent dans son verger et ailleurs [35]. » Cela pourrait être
loin d'être clair puisque la dernière chose que lon pourrait croire, à lire la
déclaration sous serment de Hurlbut-Joshua Stafford, est que lintègre Joshua
naurait pas toléré longtemps la présence de Joseph Smith.
Mis en présence de
données plus complètes sur les fouilles pour trouver de l'argent que ce que Hurlbut
voulait bien admettre, l'historien peut envisager lune des quatre situations
suivantes : (1) Francis W. Kirkham a localisé un article de journal sur les fouilles
faites autrefois pour trouver de largent qui présente des parallèles avec chacune
des histoires racontées contre Joseph Smith. Le rédacteur du Gem de Rochester a réagi à la publication du
Livre de Mormon en 1830 en se rappelant qu'une « famille de Smith »
sétait installée dans la Rochester primitive de 1815. Le fils de dix-huit ans de
cette famille pauvre prétendait avoir trouvé une pierre dotée de propriétés de
clairvoyance, sen était servi pour trouver des trésors dans les collines voisines
et avait suscité des fouilles de nuit de la part de ses disciples, fouilles marquées par
la disparition dun coffre à la suite de la rupture d'un charme [36]. Kirkham
demande à propos de cette référence antérieure à Hurlbut : « Est-ce cette
histoire ridicule qui a été à l'origine des accusations dont on a abreuvé Joseph Smith
? » [37] Hugh Nibley donne les preuves de lexistence dun transfert de ce
genre en montrant d'autres parallèles de fouilles pour trouver de largent
antérieures à Joseph Smith. Puisque « tous les détails étranges des
histoires rattachées plus tard à Joseph Smith se retrouvent pleinement développés avant
que Smith ne puisse y être impliqué » et puisqu'un groupe solide de témoins
mormons qui connaissaient Joseph à ses débuts « protestent que les histoires de
fouilles quon raconte sur lui ne sont pas vraies », cest tout
simplement la rumeur publique qui a créé un parallèle erroné « en essayant de
faire endosser à Joseph Smith les vêtements d'autres hommes [38] ».
(2) Les sources
mormones et non mormones de lépoque saccordent pour dire que les hommes de la
famille Smith louaient souvent leurs services et qu'une de leurs activités principales
était de creuser des puits, des fosses et deffectuer d'autres travaux de
terrassement. Du fait que beaucoup voyaient les Smith régulièrement occupés à ces
travaux de construction, il est probable que lorsquils furent plus tard connus à
cause de la révélation du Livre de Mormon cela suscita l'accusation de faire des
fouilles pour trouver de l'argent alors quil sagissait dactivités
ordinaires. (3) Quand Il senthousiasma au sujet de la possibilité de découvrir de
l'or espagnol, Josiah Stoal engagea une équipe douvriers parmi lesquels Joseph
Smith et son père. Puisque l'existence des fouilles à la recherche de trésors à
Palmyra-Manchester est certaine, les hommes de la famille Smith ont pu participer à
d'autres entreprises simplement comme employés, une variante du cas précédent. Dans
l'un ou l'autre cas, il était possible de voir lun des Smith creuser et de se
méprendre totalement sur ses raisons dagir ainsi.
Il n'y a aucune
preuve substantielle pour la possibilité finale, (4) une recherche effrénée de trésors
de la part des Smith. Si tel fut le cas, ils participaient, au même titre quun
grand nombre de personnes dune honnêteté reconnue, à un phénomène culturel
passager. Cependant, le surnaturalisme qui apparaît dans les premières sources mormones
est discret et qualitativement distinct des superstitions magiques que lon trouve
dans les histoires de fouilles à la recherche d'argent. Néanmoins le fait de connaître
ces tendances dans certains cercles de la collectivité de Palmyra-Manchester rend plus
crédibles les récits de Joseph et de Lucy Smith qui parlent des tentatives des
non-mormons de trouver les plaques et du danger de rester dans la région pendant la
traduction. Les chercheurs dargent déçus restaient les mains vides en dépit de
leurs efforts considérables, tandis que Joseph Smith possédait des plaques tangibles
qu'il montrait à des témoins [39].
Hurlbut a construit
son argumentation de manière à donner l'impression fausse que cétaient les Smith
et personne d'autre qui
faisaient des fouilles pour trouver de l'argent. Ce qui nous amène à considérer comme tout
aussi erroné le temps soi-disant consacré à cette activité. La majorité des
déclarations personnelles présente la chasse au trésor comme étant le métier
principal des Smith de 1820 « jusqu'à la dernière partie de la saison de
1827 ». Mais il y a au moins une source venant de Palmyra qui reconnaît que cette
dernière date est le commencement de ce genre de rumeurs. En 1833, Jesse Townsend
rédige une lettre insultante pour Joseph Smith : « Voilà dix ans que je le connais
et pendant tout ce temps-là il a été un individu douteux, aux habitudes intempérantes
et, ces derniers temps, bien connu comme chercheur dargent [40]. »
Lexpression « ces derniers temps » implique qu'une telle réputation
sest répandue vers 1828, ce qui correspond au souvenir du prophète quà la
nouvelle de la découverte du Livre de Mormon en 1827, « les faux bruits, les
mensonges et la calomnie ont volé en tous sens comme sur les ailes du vent [41]. »
Sa propre histoire mentionne expressément que le fait que ses services furent loués pour
les fouilles de Stoal fin 1825 et début 1826 fut la source de rumeurs postérieures
: « Cest de là que vient l'histoire très répandue que je faisais des
fouilles pour trouver de largent [42]. » Il n'y a aucune preuve officielle que
Joseph Smith ait été linstigateur dun quelconque projet de recherche de
trésor. Lélément surnaturel de la réception de la révélation par l'urim et le
thummim et par la « pierre de voyant » après 1827 a sans doute une
ressemblance générale avec les pratiques divinatoires de lépoque. Le policier et
le voleur, le chimiste et l'alchimiste utilisent la même sorte de matériel, mais avec
des motivations et des aptitudes tout à fait différentes.
Les interviews
des Kelley
La légende des
chercheurs dargent malhonnêtes qui ont fondé le mormonisme reçut en 1867 une
impulsion nouvelle grâce à Pomeroy Tucker. Rédacteur de journal à Palmyra, Tucker
décrit les Smith comme superstitieux et sans scrupules simplement en citant de nouveau
les déclarations de 1833, apparemment sans même interviewer de nouveau les contacts de
Hurlbut encore en vie. Tucker en connaissait au moins trois quil cite comme
références dans sa préface : Joseph Capron, Barton Stafford et Willard Chase. Tout
le monde na naturellement pas applaudi devant des procédés aussi expéditifs. Une
douzaine dannées plus tard, Abigail Jackway disait à William H. Kelley :
« J'ai entendu Willard Chase dire que Tucker ne lui avait même jamais demandé ce
qu'il savait alors que Chase habitait la porte à côté [43]. » Comme nous
lavons précisé ailleurs, Tucker connaissait Joseph Smith et a reconnu que
« lauteur navait pas souvenir » que Joseph était malhonnête, ce
qui ne lempêche pas de répéter les commérages locaux comme étant « les
souvenirs de beaucoup de témoins en vie [44] ». La différence entre ce que Tucker
lui-même se rappelle et les histoires qu'il entend toujours est la différence entre ce
quil a personnellement observé chez les Smith et le folklore de Palmyra-Manchester.
Pourtant Palmyra-Manchester n'a jamais été totalement méprisant à légard des
origines mormones. Wallace W. Miner ne naquit pas avant 1843, mais il grandit dans
lancien voisinage des Smith et, en 1930, Thomas L. Cook dit de lui quil était
« la seule personne en vie dans le voisinage dont les relations avec les anciennes
familles ont continué pendant les quatre-vingt-cinq dernières années [45]. » En
1932 Miner dit à M. Wilford Poulson : « Dans les premiers temps, on
nentendait pas tant de choses qui étaient peu recommandables au sujet des Smith
[46]. »
La preuve la plus
claire que certains voisins estimaient les Smith se trouve dans la deuxième tentative
systématique de conserver les souvenirs de Palmyra-Manchester. En 1881, William H. et E. L. Kelley sy
rendirent dans le but exprès d'interviewer tous ceux qui avaient personnellement connu
les fondateurs mormons, Joseph Smith en particulier. Les Kelley étaient disposés à
« entendre le pire, peu importe qui cela blesserait » et le fait daller
à deux permettait à lun deux « de prendre des notes pendant chaque
interview ». William H. Kelley, qui était alors un apôtre et un dirigeant
compétent de lÉglise Réorganisée, prit la responsabilité de préparer la
transcription détaillée des conversations, qui se termine par la description de sa
méthode :
« Ces faits
et ces interviews sont présentés
tels quils ont eu lieu le bon et le
mauvais, côte à côte ;
compte tenu d'une faute possible découlant d'un malentendu ou dune erreur lors de
la prise de notes, il peut être considéré comme lopinion et les commérages qui
se disent au sujet de la famille Smith et d'autres parmi leurs vieux voisins [47]. »
Si lon veut
tester la capacité de William H. Kelley de prendre des notes, il faut comparer avec son
compte rendu sur David Whitmer la même année. L'interview Kelley-Whitmer est détaillée
et est minutieusement en accord avec les écrits et avec les commentaires du témoin du
Livre de Mormon. En conséquence, les transcriptions de William H. Kelley sur
Palmyra-Manchester peuvent être considérées avec confiance comme les investigations les
plus complètes jamais faites là-bas [48].
L'insistance
obstinée des Kelley pour ne retenir que ce qui constituait une
connaissance personnelle en élimina plusieurs qui ne faisaient que répéter la rumeur au
sujet des Smith, une tendance également vraie du temps de Hurlbut. Un jeune homme qui
signa la condamnation de 1833 à Manchester était Abel Chase. Quelques cinquante ans plus
tard il reconnaissait navoir quune connaissance « de caractère
général » et un interrogatoire soigneux ne fit rien apparaître quil savait
vraiment des Smith. Comme il navait que treize ans quand Joseph Smith quitta Palmyra
pour habiter en permanence dans les régions de Harmony et de Fayette, il nest
guère étonnant quAbel Chase nait rien pu dire de précis aux Kelley.
Ezra Pierce et
Hiram Jackway se souvenaient
vaguement de Joseph Smith dans des situations publiques (Jackway avait douze ans quand Joseph
déménagea pour sinstaller à Harmony), mais il ny eut que deux personnes sur
les neuf interviewées qui montrèrent une connaissance intime. Lune avait le même
âge que Joseph, John Stafford, le médecin déjà mentionné à propos de la déclaration
sous serment attribuée à son père William. Les questions des Kelley ne sont pas
toujours suffisamment précises pour que lon puisse déterminer quels souvenirs de
John Stafford sont personnels et lesquels sont le souvenir des histoires qui circulaient
à lépoque. Par exemple, la seule fois quil est question de boire, cest
lhistoire du cidre et de la chemise déchirée racontée à Hurlbut par Barton, le
frère de John, mais il nest pas vraiment clair que lun des deux ait vu ce qui
se passait. L'observation personnelle a cependant son importance dans les commentaires de
John Stafford sur l'agression physique commise par Joseph : « Je ne l'ai jamais vu
se battre ; je sais quil lui est arrivé de lutter », distinction évidente
entre la rixe et la lutte par jeu. Pour ce qui est des accusations de paresse, il s'avère
qu'il avait travaillé côte à côte avec Joseph : « Si ses services étaient
loués par quelquun, il faisait une bonne journée de travail
»
Interrogé sur linstruction de Joseph, le Dr Stafford répondit (nous omettons les
questions intermédiaires) :
« Joe était
tout à fait illettré. Une fois
quils ont commencé à faire l'école chez eux, il s'est considérablement
amélioré. Ils ont fait l'école chez eux et ont étudié la Bible. Ils n'avaient pas
dinstituteur ; ils se sont instruits tout seuls. »
Son impression de
Joseph en tant que personne correspond aux traits connus et aux commentaires
autobiographiques du prophète et est en même temps en désaccord avec une grande partie
du folklore de Palmyra : « Cétait un garçon vraiment intelligent et
jovial. »
Puisque la qualité
des observations de John Stafford en matière de fouilles à la recherche dargent
pose des problèmes, ses réflexions en disent en réalité plus sur son père William que
sur les Smith :
« Les Smith,
avec d'autres, faisaient des fouilles pour trouver de l'argent avant que Joe ne reçoive
les plaques. Mon père avait une
pierre dans laquelle certains pensaient pouvoir regarder et la vieille Mme Smith est venue
un jour la demander mais on ne la lui a jamais donnée. Je les ai vus une fois faire des
fouilles pour trouver de largent (c'était trois ou quatre ans avant que le Livre de
Mormon ne soit découvert), les Smith et d'autres. Le vieux et Hyrum étaient là, je
pense, mais Joseph n'était pas là. »
Dans la longue
transcription des interviews par Kelley, c'est la seule observation mentionnée par
quelquun concernant les fouilles des Smith à la recherche dargent. Indépendamment de la question de savoir si
Stafford était sûr que le groupe dhommes creusait pour trouver de l'argent,
il semble douter s'il y a vraiment vu Joseph Smith, père, et Hyrum (« je
pense »). Lidée que les Smith avaient pour habitude de « faire des
fouilles pour trouver de l'argent » repose manifestement sur la rumeur, puisque le
docteur na quun seul souvenir inexact de les avoir vus et il était certain
que Joseph n'était pas là. Il est loin dêtre sûr que la tentative de Lucy Smith
d'emprunter la pierre de voyant soit un souvenir authentique. Il se peut que derrière
limpression de John Stafford il ny ait eu quune simple visite de
courtoisie et la manifestation dun léger intérêt. Mais il parlait sûrement de ce
quil avait vu en ce qui concerne la possession d'une pierre par sa famille. Ainsi
donc la déclaration de son père à Hurlbut ne dit quune partie de la vérité : Il
est évident que William Stafford participait de manière indépendante aux superstitions
dont lui (ou Hurlbut) accuse les Smith.
Ce que lon
peut affirmer historiquement sans risque de se tromper, après avoir lu Hurlbut, Deming et
Kelley, cest quil se pratiquait, à Palmyra-Manchester, des fouilles pour
trouver de largent avant que Joseph Smith nobtienne ses plaques en 1827. Ce qui reste cependant impossible à dire,
cest si les Smith en faisaient. Les membres de la famille proche impliquent Willard
Chase, Joshua Stafford, William Stafford et d'autres dans certains aspects de ces
pratiques.
Dans les interviews
des Kelley, la personne qui avait le plus de connaissance de première main est également
celle qui était la plus favorable à la réputation des Smith. Il sagit
dOrlando Saunders, un « vieux colon », que Thomas Cook regrette
particulièrement ne pas avoir interviewé [49]. Les auteurs antimormons de la fin du
dix-neuvième siècle préféraient citer son frère cadet Lorenzo, qui sinstalla au
Michigan vers 1854 et y mourut en 1888. Mais Lorenzo avait six ans de moins que Joseph
Smith, tandis qu'Orlando Saunders avait deux ans de plus que le prophète mormon [50].
Orlando est également dautant plus intéressant du fait quil est resté toute
sa vie à la ferme familiale (à un peu plus dun kilomètre de la ferme des Smith)
et a connu les divers porte-parole antimormons pour Palmyra-Manchester jusqu'à sa mort en
1889. Il est clair qu'il était dun avis différent et cela pour des raisons
précises d'expérience personnelle.
Heureusement,
Orlando Saunders a également été interviewé par un auteur non mormon capable, Frederic G. Mather, peu de temps avant le
rapport des Kelley [51]. Mather était habitué à l'interprétation journalistique
plutôt quà la documentation historique, avec pour conséquence des commentaires
brefs et paraphrasés, mais les deux interviews correspondent de manière remarquable.
Selon Mather, Saunders dit « que la famille de Smith travaillait pour son père et
pour lui » [52], ce qui correspond au fait que Hénoc Saunders est mort en 1825. Ce
contact avec les hommes de la famille Smith n'était pas superficiel, selon l'interview
des Kelley : « Ils ont tous travaillé pour moi bien des fois. » Mather
rapporte également des transactions précises, l'achat d'un cheval et dune bride,
cette dernière payée par « une Bible [53] ».
Il y a une seule
contradiction manifeste entre les deux interviews, qui doit être résolue en faveur des
Kelley. Après avoir cité Saunders à propos de Joseph Smith, Mather poursuit :
« Il était pacifique de nature, mais quand il avait trop bu, il était enclin à se
battre, avec ou sans provocation. » Le point faible de cette affirmation est que
l'article de Mather, de son propre aveu, est une synthèse dopinions sur Joseph
Smith et la déclaration ci-dessus doit être un retour à son récit normal. Les Kelley
ont particulièrement interrogé Saunders à ce sujet et ils le citent directement :
« Tout le monde buvait un peu en ce temps-là, les Smith comme les autres ; à
ma connaissance, ils ne sont jamais devenus ivres. »
Les fouilles pour
trouver de largent brillent par leur absence tant dans le compte rendu de Mather que
dans celui des Kelley. Dans ce dernier, Saunders insiste : « Je ne sais
personnellement rien contre ces hommes. » En outre, il contredit la prétention de
Hurlbut que le Livre de Mormon était ladaptation illogique par Joseph Smith de sa
recherche de trésors : « Il prétendait toujours avoir vu l'ange et avoir reçu le
livre ; mais je ne sais rien là-dessus. » Si les Smith méritaient dêtre
critiqués pour avoir fait des fouilles pour trouver de largent, Saunders n'était
pas du genre à ne pas le faire. Mais les seules critiques signalées que ce soit par
Mather ou par les Kelley portaient sur un autre sujet. Le « monsieur bien conservé
de plus de quatre-vingts ans » dit à Mather que les Smith « ne savaient pas
garder dargent », ce que lon retrouve exactement dans le document des
Kelley : « Je ne les considérais pas comme de bons gestionnaires dans les affaires,
mais ils étaient pauvres ; le vieux avait une famille nombreuse. »
Pour Hurlbut les
Smith ne faisaient quexploiter leurs voisins, mais Orlando Saunders avait fait
lexpérience inverse : « Cétait la meilleure famille du voisinage en
cas de maladie ; jen ai eu un chez moi presque tout le temps quand mon père est
mort. » Il ne les considérait pas non plus comme de mauvais payeurs : « Je
les ai toujours considérés comme honnêtes. Ils me devaient une certaine somme d'argent
quand ils sont partis dici, c'est-à-dire, le vieux et Hyrum, et Martin Harris. L'un
d'eux est revenu environ un an plus tard et m'a payé. »
Hurlbut-Howe et
Tucker avaient une thèse unique : la famille Smith (en particulier Joseph) était si
totalement indigne de confiance dans les affaires de tous les jours, qu'elle devait
nécessairement tromper le public à propos du Livre de Mormon. Les Kelley ont trouvé que
Saunders était « un bon spécimen de fermier new-yorkais intelligent » et,
chose caractéristique, il était agnostique. Il avait vu le livre, « mais ne
lavait jamais lu » et « cela lui était égal ». Pour la question
pratique du sérieux des Smith, il leur était solidement favorable. Mather signale
sommairement : « Il convient quils sont de bons ouvriers
»
Les Kelley citent ses paroles : « Cétaient de très braves gens. Le jeune Joe
(comme nous l'appelions alors) a travaillé pour moi et cétait un bon ouvrier ; ils
létaient tous. » Faisant manifestement allusion à la force du jeune
prophète, Saunders dit à Mather « que Joseph, fils, était un greeny,
costaud et fort. » Pressé par les Kelley de préciser à quel point il connaissait
Joseph Smith, Orlando Saunders réitéra :
« Oh ! Aussi
bien que possible, très bien ; il a travaillé pour moi bien des fois et je lai
beaucoup eu chez moi. Il est passé me voir bien des fois quand il passait par ici, après
qu'ils sont partis à Kirtland ; quand il était chez moi, il était toujours bien
élevé. »
Réfutation de William Smith
En résumé, les
grandes biographies non mormones traitant de la vie et de la réputation de Joseph Smith
dans lÉtat de New York sont historiquement médiocres. Ce jugement s'applique malheureusement aussi
bien aux productions du vingtième siècle quà celles du dix-neuvième, puisque les
unes et les autres se contentent daccepter naïvement les déclarations dénaturées
et tendancieuses de Hurlbut, en ignorant manifestement les sources non mormones favorables
aux Smith et provenant de Palmyra-Manchester. Les autres déclarations indépendantes
provenant de la région ne confirment pas non plus les données avancées par Hurlbut.
Certaines ne font que répéter les rumeurs de lépoque, mais la multiplication des
ouï-dire ne devient pas soudainement une preuve une fois quelle est prononcée par
un résidant véritable de Palmyra-Manchester [54]. Malgré tous ses préjugés, le
hargneux Orsamus Turner était suffisamment honnête pour faire la distinction entre ses
souvenirs plutôt complémentaires et les histoires qui ont circulé plus tard au sujet de
Joseph Smith. Il savait que la rumeur locale était de valeur inégale, car il a éliminé
la théorie Spaulding du Livre de Mormon parce qu'elle n'était pas acceptée « par
ceux qui connaissaient le mieux la famille Smith
» [55]. Lhistoire
commence quand on soulève cette question.
Mais la
littérature antimormone est surchargée de témoins qui nen sont
pas. Par exemple, Jesse Townsend peut babiller
sur « les impostures et la ruse vile » du dirigeant « mormonite »
et cependant dire, non pas qu'il connaît Joseph Smith, mais qu'il sait des
choses sur lui. La raison pour laquelle il nétait pas facile davoir
accès à des données plus précises sur Joseph Smith est suggérée par les propres
termes de Townsend : « Il vivait dans un voisinage peu fréquenté
[56]. » En termes simples, les Smith vivaient à trois kilomètres ou plus de tout
village. Pour compliquer encore la difficulté pour un villageois de vraiment connaître
le jeune prophète, quelques mois après avoir obtenu les plaques antiques, il
déménageait vers dautres voisinages, ne rendant visite que de temps en temps à
Palmyra-Manchester pendant la publication du Livre de Mormon. En conséquence, John
Gilbert, compositeur en chef pour le Livre de Mormon, dit dans les interviews qu'il
navait vu Joseph Smith quune ou deux fois, alors même que Gilbert était dans
la vie publique de Palmyra de 1824 jusquà l'exode mormon de 1831 [57]. Albert
Chandler, plus tard éminent rédacteur de journal au Michigan, travaillait comme apprenti
d'un relieur sur le Livre de Mormon en 1829-1830. Pourtant il ne connaissait Joseph Smith,
fils, « que peu ». « Ce que je sais de lui, cétait par ouï-dire,
principalement par Martin Harris, qui croyait entièrement en lui [58]. » Certains
des cinquante et un signataires de la condamnation collective de Palmyra ne connaissaient
probablement pas davantage les Smith [59].
Les problèmes sont
encore plus grands quand on considère les déclarations de Palmyra-Manchester comme
définitives en ce qui concerne l'origine du Livre de Mormon. Daprès les souvenirs
de Chandler concernant la Palmyra de 1829-1830, tout le monde se moquait de Martin Harris,
mais personne ne connaissait vraiment les événements et les personnalités qui se
trouvaient derrière la nouvelle religion :
« Le secret
absolu qui entourait lorigine et la publication de la Bible mormone empêchait toute
connaissance réelle. Nous
savions seulement ce que Joseph Smith permettait à Martin Harris de rendre public à ce
propos [60]. »
Une grande partie
de l'opinion non mormone nest manifestement pas pertinente pour la rédaction des
débuts de l'histoire mormone. Howe prétendait nimprimer que « quelques-unes
des nombreuses dépositions faites par le voisinage de la famille de Smith
[61] ». Il est certain que sa motivation était de prouver le pire sans se
préoccuper de savoir quels signataires étaient le mieux placés pour parler. Dans
l'étude de la personnalité de Joseph Smith, c'est celui qui était éloigné et qui
na rien vu à Palmyra-Manchester qui a tendance à être hostile. Mieux le témoin
est informé, plus son point de vue est positif.
Cette tendance
nécessite un examen soigneux de la famille très unie des Smith, puisque cétait
elle qui connaissait le plus intimement le jeune Joseph Smith. Le prophète a répondu à
Hurlbut-Howe en se reconnaissant des faiblesses humaines mais en niant toute transgression
personnelle grave et en soulignant : « Je ne me suis pas rendu coupable de
faire du tort ou de blesser un homme ou un groupe dhommes quelconques [62]. »
Dans d'autres déclarations, il ne donne de détails que pour admettre quil a
creusé (selon l'expression de Nibley) non pour de l'or mais pour un salaire [63].
L'histoire sans affectation mais détaillée de Lucy Smith jette bien plus de lumière sur
l'histoire des débuts de la famille que tout Hurlbut-Howe, mais dans sa simplicité
ingénue, elle ne répond pas spécifiquement aux accusations des premières déclarations
sous serment, ce qui est en réalité une garantie dauthenticité. Mais le dernier
frère survivant du prophète sest attaqué directement à la question.
William Smith
était trop jeune pour se rappeler les tout premiers temps à Palmyra-Manchester, mais ses souvenirs sont très précis à
partir de 1823. Individualiste,
certainement pas un homme d'organisation, il a passé ses dernières années dans
l'obscurité d'une ferme de l'Iowa. Il est connu grâce à un discours ou à une interview
occasionnels, mais sa réponse à Hurlbut-Howe est restée dans les papiers d'un ami
jusqu'à ce quelle soit expédiée à l'Église vers 1925. En envoyant le manuscrit
de Smith, Charles Knecht décrit son intérêt personnel pour la famille, qui l'a incité
à prêter à William un Chambers Miscellany contenant un résumé des
indices avancés par Hurlbut. William « a voulu y répondre et voulait que je veille
à ce que cela soit publié
[64]. » Le manuscrit est sans aucun doute de la
main de William Smith et remonte manifestement à 1875 [65].
La réponse
décousue de William met le doigt sur le problème méthodologique dès sa troisième
phrase, sa frustration face aux historiens qui « n'ont pas de meilleure base pour
étayer leurs faits que la rumeur publique
[66]. » On trouve, au milieu
de commentaires doctrinaux et de longs parallèles historiques, des réactions précises
aux conclusions de Hurlbut-Howe. À laccusation que son frère Joseph « était
soupçonné de voler un mouton », William répond vigoureusement que « à
aucune période de sa vie » il na été coupable et que « il na
jamais été soupçonné davoir commis pareille mauvaise action [67]. » La
valeur des commentaires du frère cadet va au-delà des démentis spécifiques pour
mentionner des détails de leur vie à la maison. Le père (qualifié de manière absurde
par un biographe bien connu de quelquun « dirréligieux et de
cynique ») tenait à ce que lon chante des cantiques et que lon fasse
« des prières soir et matin ». Il décrit lambiance de « piété
stricte » à la maison : « Mes parents, père et mère, épanchaient leur âme
à Dieu, dispensateur de toutes les bénédictions, pour quil garde et protège
leurs enfants et les préserve du péché et de toutes les uvres mauvaises
[68]. »
Le résumé de
Hurlbut donné par Chambers reprend les thèmes essentiels du présent article :
« La
réputation de la famille (selon le témoignage des voisins) était de la pire espèce.
Nous apprenons quelle évitait le travail honnête, était intempérante et
menteuse, avait coutume de voler des moutons, de faire des fouilles pour trouver des
trésors cachés, etc
[69]. »
Pour répondre
expressément à cette citation, William Smith nie de manière brève mais directe ces
accusations et en explique lorigine :
« Ma
déclaration à ce sujet est que les accusations sont fausses. La famille de mon père était pacifique,
discrète et pratiquante et on navait jamais entendu ces calomnies, non, jamais,
avant que mon frère Joseph Smith ne commence à professer être
prophète [70]. »
William Smith,
soutenu par des témoignages de non-mormons informés, donne des souvenirs précis de la vie
quotidienne dans le but de montrer que les accusations de Hurlbut étaient de la diffamation malveillante
:
« Les travaux
effectués sur cette ferme ont commencé par la construction à grands frais dune
maison de rondins et, à une date ultérieure, dune maison de bois pour plusieurs
centaines de dollars. Après
avoir relevé ces faits, nous implorons le lecteur de cet article de juger s'il y avait
beaucoup de temps pour l'indolence ou pour se livrer à des habitudes immorales ou
intempérantes. Je tiens à dire ici que je n'ai jamais vu mon père Joseph Smith ivre ou
sous linfluence de lalcool ; et mon frère Joseph Smith na jamais
eu l'habitude de boire de lalcool. La famille de mon père na jamais non plus
passé son temps, ni aucune partie de son temps, dans loisiveté. La situation
existant dans la famille, liée au manque d'argent et à la rareté des provisions, était
telle que la nécessité exigeait impérativement toute lénergie, tout le courage,
tous les membres de la famille en matière d'économie et de main duvre,
exigence à laquelle il fallait répondre par lespèce la plus stricte
dindustrie et aucune personne qui dit la vérité ne peut dire le contraire [71]. »
NOTES
[1] Professeur
d'histoire et de religion à l'université Brigham Young, le Dr Anderson est diplômé de
droit, de grec et dhistoire ancienne et a concentré ses recherches sur le Nouveau Testament et les témoins du Livre de Mormon.
[2] Les recherches
sur ce sujet nauraient pas pu être effectuées sans la coopération généreuse de
l'Historien de lÉglise et de ses assistants, l'aide de la Division de recherches de
BYU et de son directeur, Lane Compton et de l'institut détudes mormones et de son
directeur, Truman Madsen. Pour la rédaction, je suis redevable à la
critique d'un ami que jadmire, le professeur Leonard J. Arrington de l'université
de l'État d'Utah.
[3] On trouvera un
commentaire plus complet sur la le caractère vindicatif de Hurlbut dans Richard Lloyd Anderson, « The Reliability of the
Early History of Lucy and Joseph Smith », Dialogue: A Journal of Mormon Thought,
vol. 4 (été 1969), p. 15.
[4] « Au
public », déclaration officielle du comité publiée dans le Painesville
Telegraph, 31 janvier 1834.
Lorthographe des noms au début du dix-neuvième siècle n'est pas toujours
cohérente et « Hurlburt » apparaît dans des documents de lÉglise. La
déclaration et les autographes cités favorisent le « Hurlbut » de cet
article.
[5] Déclaration de
C.R. Stafford, mars 1885, Auburn (Ohio), cit. Naked Truths About
Mormonism, vol. 1, n° 1, janvier
1888, p. 3. Les déclarations sous serment publiées par Hurlbut seront analysées dans l'article. Elles
comportent deux déclarations collectives avec des signatures multiples et également les
déclarations personnelles suivantes : Joseph Capron, Parley Chase, Willard Chase, Abigail
Harris, Henry Harris, Lucy Harris, Peter Ingersoll, Roswell Nichols, Barton Stafford,
David Stafford, Joshua Stafford, William Stafford, et G.W. Stoddard.
[6] Eber D. Howe, Autobiography and
Recollections of a Pioneer Printer, Painesville (Ohio), 1878, p. 45.
[7] On trouvera un
traitement complet dans Anderson, Dialogue, pp. 16, 19.
[8] Cette
statistique exclut trois déclarations de Palmyra. Lucy Harris ne parle que de son mari.
La seule phrase de G.S. Stoddard sur les Smith nest rien dautre quun
commentaire gratuit : « La famille Smith n'a jamais eu de prétention à la
respectabilité. » Et Abigail Harris rapporte une seule conversation avec Lucy Smith
qui ne porte pas strictement sur la personnalité de Joseph Smith. Pour ce qui est de la
tendance évidente d'Abigail à la méchanceté, voir Hugh Nibley, The Myth Makers,
Salt Lake City, 1961, pp. 20-22.
[9] Ces deux
documents (et toutes les déclarations sous serment de Hurlbut qui sont citées) sont dans
E.D. Howe, Mormonism Unvailed, Painesville, Ohio, 1834, pp. 261-262 et p. 248.
Pour faciliter la comparaison, la phrase concernant les fouilles pour trouver de
largent a été placée avant sa phrase précédente et les italiques de Hurlbut ont
été enlevés et remplacés par les miens. Les suppressions dans la déclaration
collective de Palmyra sont limitées au paragraphe qui ne concerne pas les Smith. Puisque
les déclarations sous serment apparaissent dans cet ouvrage de Howe (pp. 232-262)
disposées par déclarant, elles seront mentionnées par leur nom et pas par des numéros
de page.
[10] Déclarations
provenant respectivement de la
déclaration collective de Manchester, de Parley Chase, de David Stafford (la première expression apparaît
dans la phrase qui suit « un ivrogne et un menteur »), de Henry Harris, de Joshua Stafford et de Joseph Capron.
[11] Déclarations
provenant respectivement de David Stafford, Peter Ingersoll, Parley Chase (phrase
inversée), William Stafford et de la déclaration collective de Palmyra.
[12] Déclarations
provenant respectivement de G.W.
Stoddard et de Barton Stafford.
[13] Déclarations
provenant respectivement de Joseph Capron et de Henry Harris. Ces affirmations ne tiennent
pas face à des recherches faites par des personnes responsables. Voir Anderson, Dialogue,
p. 15.
[14] Journal de
Joseph Smith, tenu par Willard Richards, 1er janvier 1843. Je suis redevable au professeur
Marvin S. Hill de l'université Brigham Young qui a attiré mon attention sur ceci. La
déclaration de Richards est un document officiel tenu quotidiennement à partir du
procès verbal du jour.
[15] Ce Hiram Smith
est de toute évidence la même personne qui a été élue superviseur des grandes routes
dans le voisinage des Smith tant avant quaprès que la famille de Joseph Smith est
partie vers louest. Les
microfilms du Manchester Town Record, aussi bien que le registre du juge dont il est
question, se trouvent à la bibliothèque de l'université Brigham Young.
[16] Registre du
juge de Nathan Pierce, 1827-1830.
[17] Pomeroy Tucker, The Origin,
Rise, and Progress of Mormonism, New York, 1867, p. 24, note. Comparez les rapports presque identiques dont
se sont soi-disant rappelé spontanément pendant quelques années deux déclarants :
«
car il avait souvent dit que les collines de notre voisinage étaient
presque toutes érigées par des mains humaines » (Roswell Nichols) ; « Ils
disaient aussi que presque toutes collines de cette partie de New York avaient été
construites par des mains humaines
. » (William Stafford).
[18] M. Wilford
Poulson, carnet des interviews
de 1932, archives de l'université Brigham
Young. L'erreur évidente que constitue le nom « Smith » au lieu de
« mouton » dans la première phrase a été corrigée.
[19] Thomas L. Cook, Palmyra
and Vicinity, Palmyra, New York, 1930, pp. 221-222. Cook cite le souvenir de Miner parce que
« diverses histoires ont été racontées au sujet du sacrifice de
moutons
»
[20] William H. Kelley, « La colline de Cumorah
. Les
histoires de Hulburt, Howe, Tucker, etc. dans « Late Interviews », Saints
Herald, vol. 28 (1er juin 1881), p. 167 [ci-après désigné sous le nom de Interviews
des Kelley].
[21] La phrase
précédant la dénégation de John Stafford est : « Ce que Tucker a dit à
leur sujet [des Smith] était faux, absolument. » Puisque
lallusion de Tucker à William Stafford était une répétition de l'histoire du
mouton de Hurlbut, John Stafford doutait clairement que son père eût été correctement
représenté que ce soit dans Hurlbut-Howe ou dans Tucker.
[22] Cf. Interviews
des Kelley, p. 165.
[23] Palmyra Courier, 17 mars 1871.
[24] Interviews des
Kelley, p. 167.
[25] Id., p.
165.
[26] Lucy Smith, Biographical
Sketches of Joseph Smith the Prophet, Liverpool, 1853, p. 102 (qui applique le
terme « ridicule » à Willard Chase et à son groupe et à leur recherche
dun « médium » pour localiser les plaques). Cf. sa description en termes ironiques de
l'utilisation, par Sally Chase « d'un verre vert » sur lequel elle prétendait
voir « beaucoup de choses très merveilleuses » et « de grandes
découvertes. » Id., p. 109.
[27] Hurlbut en
général et la déclaration de Chase en particulier reposent lourdement sur des
conversations avec les Smith, ce qui, et cest bien connu, est susceptible
derreurs d'interprétation, de souvenir et d'amplification.
[28] Déclaration
d'Abel D. Chase, 2 mai 1879, Palmyra (New York), cit. Charles A. Shook, True Origin of the
Book of Mormon, Cincinnati, 1914, p. 131.
[29] Dans lun
de ces derniers se trouve l'accusation (comme l'histoire du mouton) que les Smith trayaient les vaches d'Ingersoll tout en
manipulant leur découverte.
Ingersoll bénéficia dun verdict favorable, mais il fut lui-même poursuivi sur
base de cette affirmation qu'il avait pris une vache. Registre du juge de Nathan Pierce,
1827-1830, inscription du 26 mai 1830.
[30] Toutes ces
données personnelles, Deming les présente à la première page de Naked Truths About Mormonism, vol. 1, n° 1 (janvier 1888).
[31] Id., vol. 1, n° 2 (avril
1888), p.1. Déclaration de C.M. Stafford, 23 mars 1885,
Auburn (Ohio).
[32] Id.,
déclaration de Mme M.C.R. Smith, 25 mars 1885.
[33] Id.
[34] Id., vol. 1, n° 1 (janvier
1888), p. 3. Déclaration de C.R. Stafford, mars 1885.
[35] Id., p. 2. Déclaration d'Isaac
Butts, n.d., South Newbury (Ohio). Butts
dit aussi que Joseph Smith utilisait une baguette divinatoire et plus tard une pierre de
voyant pour trouver des objets enterrés ou perdus. Bien que prétendant « avoir vu
les deux », il naffirme pas explicitement avoir vu Joseph Smith dans ces
pratiques, ce qui appelle un doute sérieux parce que Butts a recours à l'utilisation
aveugle de la rumeur et a admis quil résidait en Ohio de 1818 jusque dans les
années 1820.
[36] Imposition and
Blasphemy!--Moneydiggers, etc.," Gem, 15 mai 1830.
[37] Francis W. Kirkham, A New Witness for
Christ in America, éd. rév., Salt Lake
City, 1959, vol. 2, p. 46. L'article
du Gem est également cité entièrement aux pp. 46-49. Son rédacteur, Edwin Scrantom, avait
douze ans à lépoque de cet épisode, mais quand il a écrit l'article, il était
une autorité en matière d'histoire de Rochester. Pour la publicité sur le caractère
courant des fouilles à la recherche dargent avant 1827, voir Ontario Repository,
9 février 1825, et le Wayne Sentinel, 16 février 1825.
[38] Hugh Nibley, Myth Makers,
Salt Lake City, 1961, pp. 182-183, 190.
[39] Comparez avec
le souvenir de Caroline Rockwell Smith que la version de source mormone concernant ces
événements était donnée à ce moment-là : « Catherine Smith, sur du
prophète, ma montré dans leur maison un coffre avec une serrure où les plaques
étaient gardées, mais ils craignaient quon ne les vole, alors elle a soulevé
quatre briques dans lâtre et a dit quon les y avait enterrées. »
Réf., n. 31.
[40] Lettre de Jesse Townsend à Phineas Stiles, 24 décembre 1833, Palmyra (New York), cit. Tucker, Origin
of Mormonism, p. 288.
[41] Times and Seasons, vol. 3 (1er mars
1842), p. 708, aussi cit. Joseph Smith, History of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, Salt Lake City,
1946-1950, vol. 4, p. 538. Cf. le
souvenir du prophète mis précédemment par écrit au sujet de la même année :
« La rumeur avec ses milliers de langues était tout le temps occupée à faire
circuler des histoires sur la famille de mon père et sur moi. Si je devais en raconter la
millième partie elle remplirait des volumes. » Times and Seasons, vol. 3 (2 mai 1842),
p. 772, aussi cit. History of the Church, vol. 1, p. 19.
[42] Id.
Selon Lucy Smith, Stoal (il était orthographié comme cela à
Nauvoo) alla trouver Joseph parce qu'il avait entendu parler de ses dons surnaturels, mais
les histoires de Lucy et de Joseph Smith datent sa notoriété à lépoque où il
sest mis à parler de la Première Vision en 1820. En fait, Joseph Smith, père,
acheta de lespace dans le Wayne Sentinel pendant six semaines à partir du 29
septembre 1824 pour réfuter des rumeurs tendant à « s'enquérir sur la
réputation » des Smith. Les travaux de 1825-1826 pour Stoal et lobtention des
plaques en 1827 relancèrent sans aucun doute les commérages. Les autres sources mormones
ne fournissent pas dindications dignes de foi de ce quil y ait eu des fouilles
pour de l'argent dans lÉtat de New York. Les accusations conséquentes à des
apostasies à Kirtland peuvent être de la diffamation et le voyage de Joseph Smith à
Salem à cette époque n'est pas une source historique sur sa vie une décennie plus tôt.
L'interview de Martin Harris par Joel Tiffany mentionne Joseph cherchant un trésor en ce
temps-là, mais si Harris est cité correctement, la source de renseignements (non
révélée) est probablement la rumeur publique dalors. Tiffany mentionne le livre
de Howe comme lune des trois sources sur lesquelles il se base pour avoir une
connaissance authentique du mormonisme. Étant donné sa théorie spiritualiste que des
êtres inférieurs ont inspiré Joseph Smith, le fait que Tiffany sappuie sur Howe
signifie que Hurlbut a probablement influencé le compte rendu de Tiffany sur Martin
Harris. Voir en particulier « Mormonism », Tiffanys Monthly, vol.
4, 1859, p. 568 : « Nous avons également obtenu un exemplaire d'une révélation,
publiée il y a environ vingt ans, par E.D. Howe, de Painesville, de sorte que nous sommes
maintenant en possession des faits et de la littérature originelle de la religion
mormone. »
[43] Interviews des
Kelley, p. 166. Willard Chase et
Pomeroy Tucker apparaissent comme voisins dans le recensement de 1860.
[44] Tucker, Origin
of Mormonism, p. 15.
[45] Cook, Palmyra, p. 241.
[46] Poulson,
carnet de notes des interviews de 1932. Les normes strictes du professeur Poulson en
matière dexactitude sont bien connues
[47] Les interviews
des Kelley contiennent la description, par William L. Kelley, de la méthode aux pp.
161-162 et 168. Puisque les interviews ont été imprimées sous forme de transcription
par personne contactée, les citations par page ne sont pas nécessaires.
[48] L'impression
des interviews des Kelley déclencha une vague de déclarations sous serment enregistrées
dans Charles A. Shook, True Origin of Mormon Polygamy, Cincinnati, 1914, pp. 36-38.
La seule déclaration qui soulève un problème important concernant linexactitude
des citations des Kelley est celle de John H. Gilbert, qui affirme quil y a une
demi-douzaine derreurs dans la longue interview, de toute évidence pour
discréditer toutes les interviews des Kelley. Sans prétendre à la perfection pour les
Kelley (ou de toute autre interview du dix-neuvième siècle), on peut voir que Gilbert
admet lorientation principale de la conversation et conteste certains détails.
Certaines des « fausses déclarations » reprochées par Gilbert sont
insignifiantes. D'autres points principaux dans les interviews des Kelley peuvent être
justifiés par le fait que Gilbert les a déclarés à d'autres et même quil les a
écrits. Il dit aussi quil ny a quun changement nécessaire après avoir
parlé avec les Jackway. Après analyse, Gilbert est une source qui confirme l'exactitude
de base des rapports des Kelley. Pour l'interview Kelley-Whitmer, voir le Saints
Herald, vol. 29, 1882, pp. 66-69.
[49] Cook, Palmyra, p. 10.
[50] Dans les deux déclarations qui ont été conservées, Lorenzo Saunders ne
dit pratiquement rien de première main au sujet de Joseph Smith. Après une
correspondance considérable l'invitant pratiquement à se rappeler avoir vu Sidney Rigdon
chez les Smith avant 1830, Lorenzo donne quelques souvenirs vagues dans ce sens. Il se
rappelle aussi il avait alors seize ans que Joseph était venu chez lui et
avait expliqué le mal quil avait à obtenir les plaques, bien qu'il le considère
comme un imposteur et prétende que sa mère était de son avis. Lettre de Lorenzo
Saunders à Thomas Gregg, 28 janvier 1885, cit. Shook, True Origin of the
Book of Mormon, pp. 134-135.
[51] On trouvera une
brève biographie dans National Cyclopedia
of American Biography, vol. 20, New York,
1929, pp.
492-493.
[52] Frederic G. Mather, "The Early Days
of Mormonism," Lippincott's Magazine, vol. 26, 1880, p. 198. À lexception de la citation suivante en
note de bas de page, toute autre citation de Mather est à cette page. Bien que Mather
écrive « Sanders », la pratique de la famille et lautographe
dOrlando écrivent « Saunders ».
[53] Id., p.
205.
[54] Les citations
sans critique des sources atteignent leur niveau le plus bas quand on se base, sans
enquête, sur de soi-disant résidants de Palmyra. Il est typique de faire dire à Daniel
Hendrix, à propos de la biographie du jeune Joseph Smith, quil se rappelle que le
« pasteur Reed a dit à Joe qu'il allait aller en enfer à cause de son habitude de
mentir ». Fawn M. Brodie, No Man Knows My History, New York, 1946, p. 26,
récemment citée pour cette citation dans lincursion acerbe d'Edmund Wilson dans
l'histoire mormone, The Dead Sea Scrolls 1947-1969, New York, 1969, p. 280. Le
caractère tardif du « souvenir » demande vérification, puisqu'il vient de ce
que lon prétend être une interview imprimée dans le St. Louis Daily
Globe-Democrat du 21 février 1897, p. 34. Jusqu'ici des recherches plutôt diligentes
n'ont pas confirmé l'existence de Daniel Hendrix (dont les autres descriptions chaotiques
ne brillent pas par leur précision) ou du « pasteur Reed ».
[55] O. Turner, History of the
Pioneer Settlement of Phelps and Gorham's Purchase, and Morris' Reserve, Rochester, 1852, p. 214. Les souvenirs de
Turner et de Tucker concernant Joseph Smith ont été étudiés dans Richard Lloyd
Anderson, "Circumstantial Confirmation of the First Vision Through
Reminiscences," Brigham Young University Studies, vol. 9, n° 3, printemps
1969, pp. 376-386.
[56] Townsend à
Stiles dans Origin of Mormonism, p. 288.
[57] Les nombreuses
interviews avec Gilbert montrent quil avait affaire à Hyrum Smith et à Martin Harris dans la production du Livre de Mormon. Sa lettre à James T. Cobb, 16 mars 1879,
Palmyra (New York) est claire : « Hyrum Smith était le seul de la famille que je
connaissais et encore, très peu. » Un microfilm de cette lettre m'a été
aimablement prêté par Larry Porter, représentant des recherches sur le terrain de
luniversité Brigham Young dans l'État de New York.
[58] Lettre d'Albert Chandler à William Alexander Linn, 22 décembre 1898, Coldwater, Mich., cit. William Alexander Linn, Story of the
Mormons, New York, 1902, pp. 48-49.
[59] Lemuel Durfee connaissait indirectement les Smith, étant leur propriétaire de 1825 à
1829, mais avant cela, il ne les connaissait évidemment pas du tout, selon le récit de Lucy Smith, pp. 96-98.
[60] Chandler à Linn dans Story of the Mormons, pp. 48-49.
[61] Howe, Mormonism Unvailed,
p. 231.
[62] Latter Day
Saints' Messenger and Advocate, vol. 1, 1er décembre 1834, p.
40.
[63] En
plus des citations des histoires publiées par Joseph Smith déjà données, voir Elders' Journal, vol. 1, juillet 1838, p. 43 : « Question 10 : Joseph Smith ne faisait-il pas des fouilles pour trouver de
largent ? Réponse : Oui, mais ce ne fut jamais un travail profitable
pour lui, car cela ne lui rapportait que quatorze dollars par mois » En outre, cit. Joseph
Smith, History of the Church, vol. 3, p. 29.
[64] Lettre de
Charles Knecht, 1925, Yakima, Washington. Smith et Knecht apparaissent tous deux (comme le
demandent les souvenirs de Knecht) sur le recensement de 1880 à Elkader (Iowa), Knecht
comme ayant alors 36 ans et comme « commis, magasin de tissus et darticles de
mercerie ». Knecht est mentionné dans les annuaires de la ville de Yakima de 1924
à 1926.
[65] La lettre
manuscrite de Knecht donne 1875 comme année approximative de son contact avec William
Smith, et la fin du manuscrit (p. 19 de la transcription) dit : « Mon père et
ma mère sont tous les deux morts depuis 20 ans environ
», déclaration (par
rapport à Lucy Smith, la dernière survivante) qui correspond à 1875.
[66] Toutes les
citations de William Smith (et celles dans tout l'article) ne sont modifiées que pour la
capitalisation, la ponctuation et lorthographe.
[67] Manuscrit
dactylographié, p. 3. Toutes
les citations ont été vérifiées daprès le manuscrit, bien que le manuscrit
dactylographié soit une transcription presque parfaite et soit cité pour la facilité de
pagination.
[68] Id., p.
18.
[69] Cette citation
correspond exactement au manuscrit de Smith (manuscrit dactylographié, p. 6) et la seule
édition de Chambers Miscellany accessible au moment où nous
écrivons ; elle nest pas datée, mais, en se référant aux événements
mormons, publiée après 1877.
Les nombreuses éditions de cet ouvrage, qui remontent aux années 1840, rendent possible
le fait que Smith ait pu utiliser une édition plus ancienne.
[70] Manuscrit
dactylographié, p. 6. Le manque
dorganisation des données biographiques dans la réponse de William Smith donne une
bonne idée de ses objectifs et de ses talents historiques. Il est spontané à
lextrême et nest organisé que dans l'intention, parlant de ses expériences
dans le désordre. Puisqu'il ne brille pas par des explications historiques soigneuses et
est désordonné, l'absence de descriptions de la Première Vision (un événement de la
fin de son enfance) est objectivement sans importance. Cf. Anderson, "Circumstantial
Confirmation of the First Vision. . ." BYU Studies, pp. 398-401.
[71] Id., pp. 17-18.
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