Le pentacle représenté sur le temple de Nauvoo et de Salt Lake City

est-il de nature satanique ?

 

par Kerry Shirts

 

Il y a, apparemment, des antimormons qui déclarent que le pentacle, c’est-à-dire l’étoile à cinq branches (du grec « pentagrammaton », le mot grec « pentad » désignant un groupe de cinq, peu importe ce que c’est[1]), sculpté sur les murs du temple de Nauvoo et de Salt Lake City, est la preuve soit que le mormonisme est d’origine satanique, soit qu’il adore Satan et répand partout ses symboles pervers sur les bâtiments sacrés.

 

Avec un peu de temps et d’effort, on peut montrer que cela ne peut tout simplement pas être le cas. Fidèles à leur politique, les contradicteurs du mormonisme persistent dans leurs efforts pour discréditer le mormonisme par des informations incomplètes et faussées. Nous les en remercions pourtant, parce qu’en faisant le travail de recherche que cela implique, nous voyons notre foi fortifiée et notre énergie renouvelée pour proclamer que Jésus-Christ est notre Sauveur et notre Dieu.

 

Le pentacle est un symbole assez remarquable. C’est l’étoile à cinq branches. Quand on l’étudie, lui, et les notions liées au chiffre cinq, la signification de son symbolisme s’impose à ce point à l’esprit que l’on comprend pourquoi il se trouve sur le temple. Il fait également partie intégrante des temples de l’Antiquité. Il y a des raisons à cela, et cet article va les examiner.

 

Comme Herbert Westren Turnbull le fait remarquer dans son article « The Great Mathematicians », avec un compas, il est facile de tracer un cercle et de découper ensuite la circonférence en six parties égales. Il est beaucoup plus difficile de la découper en cinq parties égales. Pourtant, c’est ce que les anciens Égyptiens faisaient et, en fait, « la forme même de la Grande Pyramide révèle une connaissance approfondie du pentagone régulier[2] ». Après sa visite en Égypte, Thalès recommanda à son élève Pythagore d’y aller aussi, ce qu’il fit. Les disciples de ce grand penseur devinrent les Pythagoriciens, ceux qui aimaient les chiffres. Les membres de cette société étaient tenus par le serment de ne jamais révéler leurs secrets. Lorsqu’un certain Hippasus périt dans un naufrage, on pensa que c’était son châtiment pour avoir révélé le secret de la sphère avec ses douze pentagones[3]. L’insigne d’honneur de la société était l’étoile à cinq branches, le pentacle.

 

Au cours des siècles, que soit à la suite de recherches délibérées et de découvertes ou par des concours de circonstances, l’idée du chiffre 5 et sa signification se cristallisèrent pour en faire, qui l’aurait cru, un symbole de la vie ! « Le chiffre 5 signale à l’homme les aliments qui lui conviennent. 5 est le chiffre qui domine dans l’infrastructure des formes vivantes, alors que 6 et 8 caractérisent essentiellement la géométrie des structures minérales et inanimées[4] ». En fait, sur la base des études scientifiques des mathématiciens de la géométrie, nous savons maintenant qu’au Moyen Âge, « le Pentagone, symbole de la vie, et particulièrement de la vie humaine, était la base de nombreux mandalas dans les rosaces gothiques[5] ». En fait, le chiffre 5 et les symboles qui lui sont associés, tels que le pentacle, le pentagone, etc., est très intimement associé à ce que les mathématiciens appellent « la série Fibonacci » et la « Section d’Or » de la géométrie. Celles-ci, de leur côté, ont des liens absolument remarquables avec les spirales et les tourbillons que l’on trouve dans la vie courante partout sur la planète et dans l’univers infini lui-même, comme nous allons le voir.

 

En effet, le corps humain est divisé par la règle de la Section d’Or et ce, exactement au nombril[6]. L’étoile à cinq pointes est célèbre comme « symbole de la santé » et le pentagone était considéré comme étant le célèbre sceau du roi Salomon, qu’il utilisait pour accomplir ses merveilleux exploits[7].

 

Dans la Royal Masonic Encyclopedia, nous lisons que le pentalpha était le triple triangle de Pythagore, où l’on trouvait la lettre A à cinq endroits. « Il était considéré comme un talisman, une protection contre le danger et, inscrit sur un seuil, il écartait les mauvais esprits. Les premiers chrétiens considéraient qu’il désignait les cinq plaies du Christ[8] ». N’est-il pas intéressant de constater que plus nous scrutons ce symbole, moins il devient satanique et plus il devient chrétien ? Chose caractéristique, les détracteurs du mormonisme prennent une fois de plus les choses par le mauvais bout. La lettre « E » de notre alphabet est la cinquième lettre et provient de la cinquième lettre de l’alphabet proto-sinaïtique, le « hé ». Cette lettre antique est un pictogramme représentant un homme qui lève les bras pour prier ! « La prière se traduit par une invocation, dont la mélodie devient le son naturel du souffle et de la respiration, « hé », d’où le nom de la cinquième lettre : « hé »[9]. La cinquième lettre a été basculée sur le côté pour donner notre lettre « E », ce qui signifie que l’homme, ayant invoqué la Divinité en haut et lui ayant rendu hommage, se tourne maintenant vers son prochain et reconnaît le passage de « la transcendance dirigée vers le divin à la transcendance tournée vers l’autre. C’est la découverte que Dieu est dans chaque être humain[10] ».

 

Faith Javane et Dusty Bunker disent que le chiffre 5, « métaphysiquement un ‘fleuve’, représente la force de vie. Les êtres humains sont les réceptacles de cette force, comme le ‘jardin’ symbolise le corps. Le fleuve de Genèse 2:10-14 représente l’écoulement de l’humanité dans toute la terre, qui se divise et se divise encore jusqu’à recouvrir la terre entière. Les cinq sens sont introduits dans les premiers chapitres de la Genèse pour indiquer que les sens sont essentiels à la création humaine ; c’est pourquoi, 5 est le chiffre de l’humanité[11] ». De plus, dans la symbolique biblique, le chiffre 5 représente la Médiation, le jugement et l’intelligence. 5 représentait aussi les quatre éléments : la terre, l’air, le feu et l’eau, auxquels venait s’ajouter un cinquième, l’éther ou l’esprit[12]. Mais, plus avant encore, 5 est considéré comme étant numériquement le chiffre de la Grâce divine[13]. Le tabernacle d’Israël y associait le chiffre 5 de nombreuses façons. Presque toutes les mesures étaient un multiple de 5[14]. Ce qui rend la chose intéressante, c’est la démonstration, faite par Marion D. Hanks, que la Bible appelle le tabernacle un temple et une Maison du Seigneur[15]. Ainsi donc, le fait que le temple de Salt Lake City a un pentacle s’accorde avec le fait que le chiffre 5 était directement et intimement lié aux mesures mêmes du tabernacle du désert. Hugh Nibley a montré que le modèle cosmologique ancien est présent dans tous les aspects du temple de Salt Lake City. Lors de la consécration de ce temple, Brigham Young expliqua qu’ils posaient la pierre sur le coin sud-est parce que c’est là qu’il y a le plus de lumière[16]. Ceci est également très bien illustré dans le même livre, pages 16-17 où les symboles cosmologiques sont dessinés, avec l’indication des endroits où ils sont placés sur le temple de Salt Lake City.

 

Il vaut aussi la peine de noter que dans la Kabbale des Juifs, le chiffre 5 est appelé « Geburah » sur le symbole de l’Arbre de Vie de la Kabbale. 5 représente la sévérité et la justice[17]. Elle relève plus loin que le chiffre 5 est « composé d’une dualité [2] et d’une triade [3], il apporte l’ordre dans le désordre causé par l’abondance excessive de la branche d’Arbre numéro quatre. Il est à la fois le chiffre de la justice et du destin et celui de l’humanité. Sa forme est le Pentacle »[18]. En fait, dans les mystères hébreux, selon Heller, c’est l’étoile à cinq branches qui « exprime la volonté de Dieu à l’égard du genre humain. L’étoile représente les cinq sens qui nous protègent dans la jungle de l’existence terrestre : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goûter et le toucher. Avec cinq doigts à chaque main et cinq orteils à chaque pied, une alliance a été conclue entre le Seigneur Dieu et le patriarche Abraham (Genèse, chapitre 17). Cinq sacrifices sont requis d’Abraham (Ge 15:9) [19]. La Torah se compose de cinq livres, cinq blessures furent infligées au Nazaréen pendant qu’il était sur la croix. La forme même du Pentacle représente l’être humain mortel qui évolue. Le Pentacle est la seule figure géométrique capable de se déplacer dans deux directions opposées, soit dans le sens d’une expansion, soit dans le sens d’une contraction [20] ».

 

Dans un autre registre, il y a des raisons pour que le Pentacle soit un symbole aussi significatif de notre existence. Dans le jeu de tarots, à la carte de l’Arcane majeur, le Hiérophante, est attaché le chiffre 5. Dans le jeu de tarots d’Aleister Crowley, le Hiérophante est représenté comme s’attachant à un pentacle. Crowley fait même remarquer que le Hiérophante représente et est aussi Osiris, le dieu égyptien de la résurrection[21]. On explique, en outre, que le Hiérophante symbolise « l’unification du microcosme et du macrocosme. Devant le Manifeste du Mystère il y a un hexagramme qui représente le macrocosme. En son centre se trouve un pentacle représentant un enfant masculin qui danse. Ceci symbolise la loi du nouvel Infini de l’enfant Horus, qui a supplanté l’Infini du ‘Dieu mourant’, qui a gouverné le monde pendant deux mille ans[22]. William G. Gray fait remarquer que le Hiérophante est « censé symboliser le point culminant de notre spiritualité et de notre Sagesse d’initiés[23] ». Israel Regardie note que l’ajout de la lettre hébraïque shin au Tétragramme, forme un nouveau mot, « Yeheshua », le Pentacle, symbole de l’être nouveau, l’adepte ou le « tsaddik » en qui la naissance d’Esprit (la lettre hébraïque shin symbolisait l’antique Shékina ou Saint-Esprit) a équilibré les éléments vils et non rachetés de la matière[24]. » En décomposant le Pentacle, Regardie note que « le yod représente le Feu ; le hé initial est l’Eau ; le shin, le point culminant, est la Shékina, le Saint-Esprit ; le vav est l’air et le hé final est la terre, synthèse de tous les autres éléments et principes. C’est donc un symbole qui dénote la totalité de la constitution de l’homme[25]. » Plus loin, le pentacle est décrit comme « un emblème puissant de l’Esprit, qui guide, unit et domine les quatre autres éléments. C’est un symbole digne du règne de la force[26]. » Moïse Maïmonide décrivait l’homme comme le microcosme de l’univers, le macrocosme aussi[27].

 

Le hiérophante du jeu de tarots est aussi appelé le Pape et est représenté comme tel dans certains jeux de tarots. Le chiffre du Pape est 5. « Le chiffre 5 est un pont entre l’être physique de l’homme et le mystère archétypique des chiffres. 5 a une qualité magique : quand vous le mettez au carré, il retourne toujours sur lui-même. Pour cette raison, les anciens le qualifiaient de chiffre sphérique et l’imaginaient lié à l’infini. On a dit que les premiers chiffres représentaient les principes de la réalité, tandis que le chiffre cinq représente la réalité ultime[28]. »

 

L’étoile à cinq branches était reconnaissable quand les tziganes coupaient transversalement des pommes, montrant l’étoile à cinq branches intégrée dans le fruit, qu’ils appelaient « l’Étoile de la Connaissance ». Pour les Grecs, c’est la révélation de Koré, déesse vierge au cœur de la terre. En Égypte, c’était l’esprit féminin de la régénérescence dans le sein de la terre. Le hiéroglyphe à cinq branches des Égyptiens est devenu le symbole de sainte Anne, mère de la vierge Marie. « Les mystiques chrétiens affirmaient que la Vierge Marie était la réincarnation d’Ève, la déesse de la pomme, qui était jadis adorée comme l’âme de la terre. Elle s’appelait Hvov en Perse, Hebe ou Hebat en Anatolie, Eveh en Assyrie, Hawwa ou ‘Vie’ dans le pays de Hatti[29]. » L’auteur explique en outre que l’as de pentacle dans le jeu de tarots « signifiait création et don, la naissance de la richesse matérielle dans la mère Terre ou Ève. Pour les Pythagoriciens, le pentacle était, par excellence le symbole du commencement, parce que ses angles sans fin répétaient la lettre de la naissance, alpha[30] ». Il est tout à fait remarquable que la lettre alpha trouve son origine dans l’aleph proto-sinaïtique, avec le sens de bœuf. Mais c’est un symbolisme de force, d’énergie originelle. Le sens dérivé est force, être, être humain, être vivant, homme[31]. L’aleph hébreu est, de toutes les lettres gutturales, celle que l’on prononce avec le plus de douceur, et quand on le prononce, on le fait avec une légère respiration[32].

 

Dans la Babylone ancienne, on utilisait le pentacle comme moyen de guérison. « Le premier des signes sacrés de l’amulette connue sous le nom de Sept Sceaux est un pentacle[33]. » En effet, loin d’être un signe d’origine satanique, « comme les autres figures construites d’une seule ligne ininterrompue, le pentacle était censé protéger contre les esprits[34]. » Ce sont les hommes d’Église de la fin de l’époque médiévale qui se sont mis à l’appeler le « signe du diable », « la croix des sorcières », etc.[35] Les gens ne l’utilisaient absolument pas pour adorer Satan. « On pensait que le pentacle était un signe de protection tellement puissant », que Walker suppose qu’à l’époque médiévale, il y avait des gens qui se signaient davantage avec cela qu’avec le signe de la croix à quatre branches[36].

 

La relation du chiffre cinq avec la vie dans l’univers est un voyage passionnant et pas tellement long. Cela vaut le déplacement. Les Pythagoriciens savaient que le chiffre quatre pouvait expliquer la matière (la terre, le vent, le feu, l’eau). Mais il ne pouvait pas en expliquer la création. « C’est cinq – l’union du mâle et de la femelle – qui permet que cela se produise[37]. » West montre comment, dans l’Égypte ancienne, l’homme était censé devenir, après sa mort, une étoile, aussi bien que de se retrouver dans la compagnie de Râ, le Dieu-Soleil[38]. West explique, en outre, que le grand savant Schwaller de Lubicz « trouva la racine carrée de 5 qui gouvernait les proportions du Saint des Saints, le sanctuaire interne du temple de Louxor. Beaucoup d’édifices égyptiens anciens intégraient directement le chiffre 5, lors de leur construction, dans leur structure même. Les Égyptiens faisaient également grand usage de la Section d’Or, qui commande l’écoulement des chiffres jusqu’au chiffre 5. Le pentacle, constitué de segments de la Section d’Or, est le symbole d’une « activité inlassable[39] ». « Cinq est la clé de la vitalité de l’univers, de sa nature créatrice. Il faut cinq termes pour expliquer le principe de la création ; cinq est par conséquent le chiffre de la potentialité. La potentialité existe en dehors du temps. Cinq est donc le chiffre de l’éternité et du principe de la création éternelle, de l’union du masculin et du féminin[40]. »

 

Il ne faut pas avoir une bien grande compréhension des temples mormons pour voir la relation étonnante entre ceci et le pentacle ! Et d’autres auteurs expliquent aussi cet aspect phénoménal du chiffre cinq avec la Section d’Or ; « La racine carrée de cinq transperce deux mondes, le monde de l’esprit et le monde du corps. Et toutes les formes de liaison ou les principes médiateurs entre ces extrêmes cosmiques, nous les considérerons comme le ‘Principe Christique’. La racine carrée de 5 est la proportion qui ouvre la voie à la famille de relations appelée la Proportion d’Or. La Proportion d’Or génère un ensemble de symboles qui étaient utilisés par les philosophes platoniciens comme support de l’amour idéal ou divin ou universel. C’est par la Division d’Or que nous pouvons contempler le fait que le Créateur a planté une semence régénératrice qui élèvera les royaumes mortels de la dualité et de la confusion vers un retour à l’image de Dieu[41]. »

 

Il apparaît que lorsque l’on utilise 5 ou des manipulations mathématiques de 5, telles que la racine carrée, etc., de 5, cela produit des choses étonnantes qui se rattachent directement à Dieu et à l’homme dans leur relation avec le cosmos, pas à Satan.

 

Le plan au sol du grand temple égyptien osirien était élaboré selon les principes mathématiques de la Section d’Or, ou Proportion d’Or, la racine carrée de 5 symbolisant la nouvelle naissance et la régénérescence et la racine carrée de 2 comme symbole du pouvoir procréateur et auto-régénérateur de la vie[42]. Le Parthénon d’Athènes a des dimensions qui s’adaptent parfaitement dans un rectangle d’or[43].

 

La présence de ces idées sur le temple de Nauvoo et de Salt Lake City révèle donc une perception remarquable de la part des premiers saints des derniers jours.

 

La Section d’Or, ou spirale, se retrouve aussi dans la nature elle-même ; la plus célèbre est sans doute celle du nautilus (le coquillage). On peut trouver la même proportion de spirale dans une Section d’Or en trois dimensions dans les cornes de nombreux animaux d’Afrique, ainsi que dans les plantes, la mieux connue étant la spirale du tournesol. On la trouve aussi dans le phyllotaxis de certaines plantes, c’est-à-dire dans la façon dont les feuilles se disposent sur la plante à mesure qu’elle pousse[44]. Cela va au-delà de notre terre et jusque dans notre système solaire ! Notre corps est créé avec la proportion phi de la Section d’Or et la série de chiffres Fibonacci. « Le corps humain lui-même représente des ensembles plus grands qui s’auto-reproduisent. Sa proportion phi croissante se retrouve dans la structure plus vaste du système solaire, dans la distance des planètes par rapport au soleil et les unes par rapport aux autres. Ici, c’est le processus Fibonacci additif qui fonctionne ; la distance du soleil à Mercure plus la distance de Mercure à Vénus est égale à la distance entre Vénus et la Terre. Le système solaire est modelé sur les proportions de votre corps[45]. » Schneider note que le pectoral rectangulaire du roi Tout « symbolise la création de l’univers par le soleil au-dessus des eaux du chaos, tandis que le pectoral presque triangulaire représente la naissance du soleil et de la lune. Les deux ont été conçus à l’aide de la symétrie pentagonale[46] ». Les spirales qui se forment dans la nature d’après la Section d’Or se trouvent aussi dans les tourbillons d’eau sur cette terre et même dans les galaxies où ils tourbillonnent dans le même rapport mais à une échelle beaucoup plus vaste[47].

 

Résumons-nous :

 

Le chiffre 5, symbolisé par le pentacle, était un chiffre sacré, un chiffre et un symbole de vie, de santé, d‘amour, de création, de régénérescence, de force, qui transperce le monde de l’esprit et du corps, qui est l’infrastructure dominante des formes vivantes, une protection et une préservation de la vie contre les esprits mauvais, qui peut représenter la sévérité ou la justice, qui est le chiffre de l’humanité, se rattache à l’infini et à la réalité ultime, est la clé de la vitalité de l’univers, apparaît dans l’union du masculin et du féminin. Il constitue aussi l’amour universel et la création éternelle. Sur la base du symbolisme qu’il représente, s’il y a un endroit où le pentacle est à sa place, c’est bien sur le temple de Nauvoo et de Salt Lake City. Bref, le pentacle, dans son rôle de symbole, avec son chiffre 5, est le symbole le plus concis et le plus beau de la dotation du temple que j’aie jamais vu.

 

SYMBOLES GRAVES DANS LA PIERRE

 

Matthew B. Brown et Paul Thomas Smith

 

Corner Star Stone panelLe type d’étoile le plus important qui ornait le temple de Nauvoo avait cinq branches dont une était dirigée vers le bas. Cette étoile était placée directement au-dessus des pierres de soleil…Les premiers saints de notre dispensation appelaient cet emblème « l’Étoile du Matin »[1]. Ce titre peut nous aider à comprendre pourquoi elle a une branche allongée en bas. Il est bien connu que l’étoile du matin est l’objet le plus brillant dans le ciel juste avant que l’aube ne pointe. Ce qui explique cet éclat remarquable est le fait que cette étoile (qui est en réalité la planète Vénus)[2] « emprunte » sa lumière au soleil, lequel se trouve directement sous l’horizon (voir D&A 88:44 ; voir aussi fac-similé 2, fig. 5). La branche allongée de l’étoile de Nauvoo est dirigée vers le bas, vers le soleil levant, comme si l’étoile tirait sa lumière de cette source.

 

Le fait que l’étoile du matin soit un signe avant-coureur ou précurseur a quelques implications théologiques intéressantes. Par exemple, c’est sur  une « sainte montagne » que Pierre, Jacques et Jean ont reçu « la parole prophétique plus certaine » et pour Pierre, c’est comme si « l’étoile du matin se lève » dans leur cœur (2 Pierre 1:16-19). Selon les Écritures, « la parole prophétique plus certaine signifie le fait de savoir qu'on est scellé pour la vie éternelle, par révélation et par l'esprit de prophétie, par le pouvoir de la Sainte Prêtrise » (D&A 131:5). Joseph Smith a également enseigné que la parole prophétique plus certaine concerne les disciples du Christ qui sont constants et qui affermissent leur vocation et leur élection et sur qui la promesse de la vie éternelle est scellée[3]. Les saints qui sont entièrement dévoués à la justice, dit frère McConkie, « affermissent leur vocation et leur élection. C’est-à-dire qu’ils reçoivent la parole prophétique plus certaine, ce qui signifie que le Seigneur scelle sur eux leur exaltation de leur vivant » (voir D&A 132:49-50)[4]. Même si « l’on ne peut parvenir à la plénitude de la vie éternelle dans cette vie… la paix qui en est le signe avant-coureur et qui découle du fait que l’on a affermi sa vocation et son élection peut s’obtenir dans cette vie[5]. » Ces enseignements permettent de mieux comprendre ce que voulait dire le Seigneur quand il a promis à celui qui vainc le monde : « Je lui donnerai l’étoile du matin » (Apocalypse 2:28)[6].

 

Au sens le plus élevé du terme, l’étoile du matin est un symbole qui décrit le Seigneur Jésus-Christ. Pour ceux qui vivaient sous l’Ancienne Alliance, la venue du Messie était l’ « astre [qui] sort de Jacob » (Nombres 24:17). A ceux qui étaient sous la Nouvelle Alliance, le Seigneur ressuscité a révélé qu’il est « l’étoile brillante du matin » (Apocalypse 22:16)[7]. Quand le Seigneur est qualifié de « lampe qui brille dans un lieu obscur », c’est une autre façon de dire qu’il est l’étoile du matin, l’étoile la plus brillante qui annonce l’aube (2 Pierre 1:19 ; voir aussi 2 Corinthiens 4:6 ; Jean 1:1-12 ; D&A 6:21, 14:9)[8]. Les premiers chrétiens représentaient parfois l’étoile qui a annoncé la naissance du Sauveur sous la forme d’un pentacle renversé (voir Matthieu 2:2)[9]. Une dessin ancien représentant les événements de la montagne de la Transfiguration montre le Seigneur debout devant un emblème ayant la forme de l’étoile du matin avec en bas une branche allongée semblable aux étoiles du temple de Nauvoo[10]. Comme notre Rédempteur, nous pouvons, nous aussi, nous lever le matin de la première résurrection. « Puisse le Seigneur nous bénir, a dit George Albert Smith, et nous permettre de … nous lever avec l’Étoile du Matin, et jouir de la gloire éternelle[11]. »

 

Extrait de Matthew B. Brown et Paul Thomas Smith, Symbols in Stone – Symbolism on the Early Temples of the Restoration, Covenant Communications, Inc., American Fork (Utah), 1997, pp. 102-104. 

 

COMMENTAIRES SUPPLEMENTAIRES D'IDUMEA

 

Bien que le pentacle inversé ait toujours existé, sa vulgarisation est un phénomène assez récent. Un des premiers auteurs à en parler est Alphonse-Louis Constant (1810 -1875), prêtre français défroqué qui, suite à de nombreux évènements tragiques dans sa vie (la perte de la femme qu'il aimait, le suicide de sa mère, le dénuement le plus total, plusieurs emprisonnements…), prend le nom d'Eliphas Levi et se lance dans l'ésotérisme et la magie. Il écrit en 1859 (23 ans après l'inauguration du temple de Nauvoo) " l'Histoire de la Magie " dans laquelle il décrit, à la page 346, le pentacle de Trithème (1462-1516). On peut y voir une tête de bouc qui commence à se dessiner dans deux triangles qui deviendront tout d'abord une étoile à six branches, puis à cinq branches (voir ci-contre). 

Comme l'a bien démontré l'étude précédente, la position de l'étoile à cinq branches, pointant vers le haut ou vers le bas, n'a jamais eu d'importance, si ce n'est au cours de ces derniers siècles ; et le rétablissement de l'œuvre du temple et de ses symboles précède l'époque de la vulgarisation du pentacle inversé. 

Pour mieux comprendre ce principe, une analogie pourrait être faite avec le svastika (croix gammée), symbole sacré de l'Inde (le mot signifie " de bon augure " en sanscrit) qui a suivi exactement la même transformation. Vous trouverez ci-dessous la représentation du svastika à travers le temps. La position de ses branches n'a aucune importance, et son interprétation a toujours été positive, sinon spirituelle, jusqu'à ce que des fascistes le transforment en symbole de haine. Le temps et les médias ont fait le reste. Toutefois il faut garder à l'esprit que la symbolique n'est pas rétroactive. Ce n'est pas parce qu'on trouve un svastika dans un vieux manuscrit tibétain que les Tibétains de l'époque étaient des nazis... 

 



 


 

KERRY SHIRTS

 

[1] Voir The Oxford Dictionary of English Etymology, directeur de publ. C. T. Onions, Oxford at the Clarendon Press, réimpression, 1983, p. 665.

[2] Dans James R. Newman, ditr. de publ.,  The World of Mathematics, Tempus Books, 1988, 4 vols. ; l’idée se trouve au vol. 1, p. 78.

[3] Turnbull, pp. 80-81.

[4] Robert Lawlor, Sacred Geometry, Thames & Hudson, 1982, p. 58.

[5] Lawlor, p. 58.

[6] Lawlor, p. 59.

[7] Harold Bayley, The Lost Language of Symbolism, Citadel Press, 1988, 2 vols. ; la citation est tirée du vol. 1, p. 256.

[8] Kenneth MacKenzie, The Royal Masonic Cyclopedia, Aquarian Press, 1987, p. 555.

[9] Marc-Alain Ouaknin, Mysteries of the Alphabet, Abbeville Press Publishers, 1999, p. 158.

[10]  Ouaknin, p. 161.

[11] Numerology and The Divine Triangle, Para Research, 1979, p. 112.

[12] Javane, p. 116.

[13] E. W. Bullinger, Number in Scripture, Kregel Publications, 1991, p. 135.

[14] Bullinger, p. 140.

[15] 1 Samuel 1:7, 9, 24; 3:3. Voir son « Christ Manifested to His People”, dans Donald W. Parry, Temples of the Ancient World, Deseret Book/FARMS, 1994, p. 7.

[16] Hugh Nibley, Temple and Cosmos, Deseret Book/Farms, 1992, p. 48.

[17] Ann Williams-Heller, Kabbalah : Your Path to Inner Freedom, Quest Books, 3e édition, 1997, p. 55.

[18] Heller, p. 101.

[19] Voir aussi l’article « La Genèse et la symbolique des chiffres », dans Idumea (NdT).

[20] Heller, pp. 102-103.

[21] Aleister Crowley, « The Book of Thoth », U.S. Games Systems, Inc., 1996, p. 24).

[22] Crowley, p. 78.

[23] William G. Gray, « Qabalistic Concepts Living the Tree », Samuel Weiser, Inc., 1997, p. 215.

[24] A Garden of Pomegranates, Llewellyn Publications, 3e éd., 1999, p. 116.

[25] Regardie, p. 117.

[26] Regardie, p. 371.

[27] The Guide of the Perplexed  (Le Guide des égarés, NdT), Dover, 1956, pp. 113-114.

[28] Sallie Nichols, Jung and Tarot : An Archetypal Journey, Samuel Weiser, Inc., 1984, p. 126.

[29] Barbara Walker, The Secrets of the Tarot: Origins, History, and Symbolism, Harper and Row Publishers, 1984, pp. 185-186.

[30] Walker, p. 186.

[31] Ouaknin, Mysteries of the Alphabet, p. 123.

[32] Gesenius, Hebrew-Chaldee Lexicon of the Old Testament, Baker Book House, 1979, p. 1.

[33] Barbara Walker, The Woman's Encyclopedia of Myths and Secrets,Harper and Row Publishers, 1983, p. 782.

[34] Walker, Woman's Encyclopedia, p. 783.

[35] Walker, p. 783.

[36] Barbara Walker, The Woman's Dictionary of Symbols & Sacred Objects, Harper & Row, 1988, p. 73.

[37] John Anthony West, Serpent in the Sky, Quest Books, 1993, p. 40.

[38] West, p. 41.

[39] West, p. 42.

[40] West, p. 42.

[41] Lawlor, Sacred Geometry, p. 37.

[42] Lawlor, p. 61.

[43] H. E. Huntley,  The Divine Proportion : A Study in Mathematical Beauty, Dover, 1970, p. 63.

[44] voir Huntley, pp. 161-165.

[45] Michael S. Schneider, « A Beginner’s Guide to Constructing the Universe : The Mathematical Archetypes of Nature, Art, and Science », Harper Perennial, 1995, p. 127.

[46] Schneider, p. 137.

[47] Schneider, p. 141 présente des photos de ces phénomènes intéressants.

 

MATTHEW B. BROWN ET PAUL T. SMITH

 

[1] On trouve cela dans le Deseret News du 20 août 1880 à propos du symbole d’étoile qui est gravé sur les clefs de voûte est et ouest du premier étage du temple de Logan. (Voir Nolan P. Olsen, Logan Temple : The First 100 Years, Providence, Utah, Keith W. Watkins et Fils, 1978, p.203.) Non loin de Logan, on peut voir une étoile du même type sur la clef de voûte de l’entrée sud du bâtiment de l’Oneida Stake Academy, à Preston (Idaho). On peut voir le pentacle allongé sur la clef de voûte de l’Eagle Gate à Salt Lake City, et un groupe de dix-huit pentacles allongés en bois entoure la statue du Christus dans le Centre d’accueil des visiteurs nord de Temple Square.

[2] W. W. Phelps a publié un périodique appelé Evening and Morning Star (l’étoile du soir et du matin) à partir de juin 1832. La planète Vénus est l’étoile du soir et celle du matin. Un autre journal, lancé par Parley P. Pratt en mai 1840, portait le nom de Millennial Star [L’étoile millénaire]. Frère Pratt explique que le Millennial Star et « l’étoile du matin » sont une seule et même chose (vol. 1, n°1, p.1). La raison en est sans doute que les mille années du Millénium ne sont qu’un seul jour pour le Seigneur (2 Pierre 3 :8) et que la venue du Christ annonce l’aube de ce jour millénaire. Lors d’une conférence générale qui eut lieu le 7 mars 1840 à New York, plusieurs membres de l’Église chantèrent ensemble « Comme elle brille, l’étoile du matin, Elle répand au loin sa lumière glorieuse, Elle embrase l’aube qui se lève, De ce matin lumineux du Millénium » (TS 1:111). L’étoile à cinq branches est un emblème de Vénus parce que cette planète semble tracer un pentacle précis dans les cieux au cours d’une période de huit ans. (Voir Henry Lincoln, The Holy Place, New York, Arcade, 1991, p. 69.) La Médaille d’Honneur décernée dans les diverses branches de l’armée consiste en un pentacle inversé qui représente Vénus.

[3] EPJS, p. 240.

[4] Mormon Doctrine, p. 109.

[5] Marion G. Romney, Conference Report, 1er octobre 1965, p. 20. Italiques ajoutés.

[6] La comparaison des esprits prémortels avec des « étoiles du matin » (Job 38:7) peut être une allusion au fait qu’ils demeurent dans la gloire céleste. Voir D&A 128:23 et Ésaïe 14:12-14.

[7] Pour la signification théologique de ce titre du Christ, voir McConkie, The Mortal Messiah, 1:24-25 ; Mormon Doctrine p. 106 ; Doctrinal New Testament Commentary, 1:88 ; 3:356, 593.

[8] Erastus Snow, Journal of Discourses, 20:185, “l’aube de l’étoile du matin ou une lampe qui brille dans un lieu obscur ».

[9] Revell Bible Dictionary, Old Tappan, N.J., Fleming H. Revell Co, 1990, p. 659.

[10] Leonid Ouspensky et Vladimir Lossky, The Meaning of Icons, Boston, Boston Book and Art Shop, 1952, p. 213.

[11] Journal of Discourses, 4:333, 31 mai 1857.

 

 

 

 

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