Dès l'instant où Joseph Smith a commencé son œuvre, tous les efforts ont été faits pour le discréditer et pour le présenter comme un charlatan, le genre de personne dont on ne peut concevoir que Dieu aurait pu le choisir comme prophète. Sa famille et lui ont été décrits comme des bons à rien, des paresseux vivant d'expédients. Comme devait le dire plus tard William, frère cadet du prophète : « Nous ne savions pas que nous étions de mauvaises gens jusqu'à ce que Joseph se mette à avoir des révélations. » On a particulièrement accusé Joseph de s'être prétendu capable de trouver, par la magie, des trésors enterrés. Selon les auteurs de ces dires, Joseph et ses dupes auraient fait des trous un peu partout dans la région (un travail qui n'est pas fait pour des paresseux, il suffit d'en creuser un pour s'en rendre compte), mais les trésors restaient introuvables parce que les esprits qui les gardaient les déplaçaient. Malheureusement pour les adversaires de Joseph, ces on-dit n'étaient rien de plus que cela. Le rêve, c'était de mettre la main sur un document officiel qui le prouverait sans laisser le moindre doute. Ce document, les anti-mormons furent persuadés de l'avoir trouvé lorsque l'on découvrit les notes de frais d'un juge et d'un shérif pour un procès intenté à Joseph Smith en 1826 à South Bainbridge, où celui-ci est qualifié de « glass looker » (celui qui regarde dans du verre, voyant extralucide). S'il était établi que Joseph Smith avait été condamné en justice pour avoir dupé des gens en se faisant passer pour un voyant extralucide, se disaient les antimormons, sont sort serait réglé. Manque de chance, aucune trace du contenu du procès n'a pu être trouvée et il n'y a aucune raison de penser que Joseph Smith ait été condamné lors de ce procès, qui lui fut intenté par un neveu de Josiah Stowell, tout simplement parce que ce procès ne devait être que l'un des 46 procès vexatoires (selon Brigham Young, Journal of Discourses vol. 14, p. 199) que ses ennemis lui ont fait pour arrêter l'œuvre et dont aucun n'a abouti à une condamnation. En réalité, ces procès ne sont que des incidents sans importance, mais il nous a paru intéressant de les mentionner, parce qu'ils sont une illustration exemplaire de la façon de travailler des anti-mormons et constituent un rappel important qu'il ne faut jamais accepter passivement ce qu'ils écrivent, aussi convaincant que cela puisse paraître à première vue. - Idumea -

 

LES PROCES DE 1826 ET 1830 CONTRE JOSEPH SMITH

 

Analyse de l’ouvrage de Wesley Walters

« Les procès de Joseph Smith à South Bainbridge (New York) »

par M. L. Jacobs

   

INTRODUCTION

 

Au cours de l'hiver de 1974, un article écrit par le Révérend Wesley Walters, maintenant décédé, intitulé « Joseph Smith's Bainbridge, N.Y., Court Trials » (Les procès en justice intentés à Joseph Smith à Bainbridge, New York) parut dans le Westminster Theological Journal[1]. Dans cet article, le Révérend Walters s'efforçait de montrer que, le 20 mars 1826, Joseph Smith fut condamné par un tribunal pour voyance extralucide. Le but du présent document est de montrer que Walters a tiré des conclusions non justifiées à partir des indices présentés par lui et que son but n'était pas d'apprendre la vérité concernant les démêlés de Joseph Smith avec la loi en 1826, mais plutôt de le discréditer comme susceptible de devenir prophète.

 

LE PROCÈS DE 1830

 

L'article de Walters commence par l'examen d'un procès non contesté de Joseph Smith, qui eut lieu en 1830. Il cite d'abord la partie du compte-rendu du procès qui précise où et quand le procès a eu lieu. Il ne cite pas le compte-rendu des témoignages et du verdict fait par Smith[2]. Puis il annonce :

 

« Il y a maintenant des éléments contemporains qui confirment le récit de ce procès par Joseph Smith…[3]. »

 

Ces éléments, ce sont les notes de frais du policier et du juge. Tout ce que les notes[4] révèlent, c'est que :

 

1. La date du procès était le 1er juillet 1830.
2. L'accusation était : trouble à l'ordre public.

3. Douze témoins furent appelés.

4. Joseph Smith fut détenu un jour et reçut trois repas.

5. Dix citations à comparaître furent lancées.

 

Les notes ne contiennent ni témoignages ni verdict. Elles confirment une partie de l'histoire de Smith, mais elles ne confirment en aucune façon ce qui est le plus intéressant : les témoignages présentés et les débats sur l'affaire. Étant donné que les notes ne font allusion ni au témoignage ni au verdict, elles ne confirment ni ne réfutent cette partie de l'histoire de Smith.

 

Le récit de Joseph Smith parle de persécutions religieuses avec recours à la loi comme arme contre lui. Selon lui, le mandat d'arrêt délivré contre lui fut présenté juste avant l'heure prévue pour le début d'une réunion de culte[5] et l'agent de police lui dit que l'accusation de « trouble à l'ordre public » venait de ce qu'il prêchait le Livre de Mormon[6]. Smith rapporte le témoignage de Josiah Stowell :

 

« – Le prisonnier, Joseph Smith, ne vous a-t-il pas pris un cheval ?

« – Oui.

« – N'est-il pas allé vous trouver pour vous dire qu'un ange lui était apparu et l'avait autorisé à vous prendre le cheval ?

« – Non, il ne m'a rien dit de tel.

« – Alors comment se l'est-il procuré?

« – Il me l'a acheté comme n'importe qui d'autre.

« – Vous a-t-il payé ?

« – Cela ne vous regarde pas. »

La question ayant été posée à nouveau, le témoin répond :

« – J'ai son billet pour le prix du cheval que j'estime comme aussi valable que l'argent, car je connais bien Joseph Smith, fils, et je sais que c'est un homme honnête; et s'il le souhaite, je suis prêt à lui céder n'importe quel cheval aux mêmes conditions[7]. »

 

A. W. Benton, celui qui avait porté plainte contre Joseph Smith pour trouble à l'ordre public, rédigea aussi un compte-rendu de ce procès de 1830[8]. Benton raconte aussi le témoignage de Stowell :

 

« - Smith vous a-t-il jamais dit qu'il y avait de l'argent caché dans un certain endroit qu'il a mentionné ?

« - Oui.

« - Vous a-t-il dit que vous pouviez le trouver en creusant ?

« - Oui.

« - Avez-vous creusé ?

« - Oui.

« - Avez-vous trouvé de l'argent ?

« - Non.

« - Alors, ne vous a-t-il pas menti et trompé ? 

« - Non. L'argent était là, mais nous n'y sommes pas tout à fait arrivés !

« - Comment savez-vous qu'il était là ?

« - C'était Smith qui l'avait dit[9] ! »

 

Les comptes-rendus du témoignage de Stowell fournis par Benton et Smith n'ont rien en commun. Laquelle des versions rend exactement ce qui s'est dit au tribunal ou est-ce que Smith et Benton, pour des raisons différentes, citent des parties différentes du témoignage de Stowell, toutes les deux étant exactes ? Il est impossible de le dire sur la base des notes de frais, car elles ne disent rien sur les témoignages.

 

Et le verdict ? Smith dit qu'il a été acquitté[10]. Benton ne mentionne pas le verdict.

 

Notez la façon dont Walters traite les détails du procès de 1830 :

 

1. Il cite Smith quand il s'agit de l'accusation, de l'arrestation, du moment du procès, du nom du juge et de celui d'un témoin (Stowell). Il dit aussi que les filles de Stowell étaient témoins. Il ne donne pas d'autre information provenant de Smith ni de sources favorables à Smith.

2. Il cite le compte-rendu que fait Benton des témoignages, ce qui incite le lecteur à croire que ce récit est complet et exact. Il mentionne que Smith a fait un compte-rendu des témoignages, mais il laisse entendre qu'il n'est pas exact : « On pourrait vérifier l'exactitude de cette information si l'on pouvait trouver le registre des jugements rendus par le juge Chamberlin…[11] »

3. S'il est vrai qu'il dit que c'est Benton qui a porté plainte contre Smith pour trouble à l'ordre public[12], il ne le mentionne qu'au passage et n'attire pas particulièrement l'attention là-dessus. Combien, parmi les lecteurs de Walters, remarqueront que les seules informations qu'il donne concernant les témoignages rendus au procès viennent justement du plaignant ?

4. Le reste des réflexions de Benton, que Walters se garde bien de citer, montre que Benton avait une forte aversion pour les mormons en général et pour Smith en particulier et qu'il les croyait capables de mentir sous serment au tribunal[13]. Ce qu'il fait, en ne fournissant pas cette information, c'est cacher les sentiments anti-mormons de Benton à ses lecteurs et leur donner l'impression que Benton est impartial.

5. En citant à la fois des sources mormones et non mormones, Walters semble être neutre vis-à-vis des deux groupes. Mais regardez mieux ! Ce qu'il cite dans les sources mormones, ce ne sont que les détails mécaniques du procès. Aussi importants que soient ces renseignements, ils ne constituent pas les données cruciales : les témoignages et le verdict. Celles-ci, c'est le compte-rendu fort partial de Benton qui les fournit au lecteur. Walters a l'air d'être équitable avec les deux parties alors qu'en réalité il pousse ses lecteurs à accepter l'interprétation anti-mormone du procès donnée par Benton.

6. La conclusion de Walters, basée sur le compte-rendu du procès de 1830 par Benton est que : « Il ne fait plus aucun doute qu'avant d'imprimer et de vendre le Livre de Mormon, il [Smith] gagnait partiellement sa vie en cherchant des trésors cachés par la clairvoyance[14]. »

 

Cette conclusion n'est pas justifiée par les faits, même quand elle est présentée avec les déformations propres à Walters. Voici son raisonnement :

 

1. Nous avons maintenant des notes de frais qui confirment que Smith a été jugé pour trouble à l'ordre public en 1830.

2. Ces notes montrent que c'est le compte-rendu des témoignages fait par Benton qui est exact et que son affirmation que Smith jouait les voyants extralucides est tout à fait vraie.

3. Nous savons donc que Smith était voyant extralucide avant l'impression du Livre de Mormon.

 

Malgré cinq pages de commentaires, Walters ne montre pas comment l'existence des notes de frais prouve que le compte-rendu du procès par Benton et les déclarations sur la clairvoyance de Smith sont exactes. Walters utilise sélectivement les indices dans un plaidoyer tendancieux pour convaincre le lecteur que l'existence des notes de frais prouve que les histoires antimormones qui font de Smith un voyant extralucide sont vraies, alors qu'en fait elle ne prouve rien de tel. Ses lecteurs doivent se poser plusieurs questions concernant ses méthodes :

 

1. Pourquoi n'évalue-t-il pas les réflexions de Benton à la lumière du fait que c'est celui-ci qui a porté plainte contre Smith et qu'il n'avait rien à faire de Smith ni des mormons ?

2. Pourquoi ne mentionne-t-il pas le compte-rendu des témoignages au procès fourni par Smith comme il le fait pour Benton ? Puisqu'il y a eu des escrocs religieux, un chercheur objectif admettra que Benton pourrait bien dire la vérité. Mais il est également prouvé qu'il y a eu des cas de persécutions religieuses. Le compte-rendu de ce procès fait par Smith devrait être proposé à l'évaluation du lecteur.

3. Pourquoi présente-t-il les affirmations de Benton sous leur meilleur jour et laisse-t-il entendre, sans raison aucune, que les déclarations de Smith ne sont pas dignes de confiance ?

 

Je propose trois réponses à ces questions :

 

1. Walters n'était pas un historien neutre essayant de déterminer ce qui s'était passé entre Smith et la loi. Au contraire, il cherchait à le discréditer.

2. Il voulait que les lecteurs acceptent comme un fait établi que Smith était voyant extralucide malgré la pauvreté des indices utilisés pour soutenir cette affirmation.

3. Il voulait que le lecteur accepte son raisonnement tordu selon lequel les notes de frais prouveraient le compte-rendu antimormon du procès de 1830. C'est un élément crucial pour son traitement du procès de 1826.

 

LE PROCÈS DE 1826

 

Ayant tiré la conclusion que Smith était effectivement un voyant extralucide et une fripouille, Walters va pouvoir s'attaquer au procès de 1826. Il commence par citer de nouveau Benton à propos des fouilles faites par Smith en 1825 pour trouver de l'argent pour Stowell à l'aide de sa clairvoyance[15]. Ensuite, il présente les notes de frais du juge et de l'agent de police en disant :

 

« La découverte… de deux notes de frais des fonctionnaires qui ont participé en 1826 à l'arrestation et au procès de Joseph Smith à South Bainbridge confirme cette histoire sans l'ombre d'un doute[16]. »

 

Les notes de frais[17] confirment que :

 

1. Smith a comparu devant le tribunal sur une accusation de délit non spécifié.

2. Les honoraires du juge s'élevaient à $ 2.68.

3. La comparution devant le tribunal a eu lieu le 20 mars 1826.

4. Smith a été détenu deux jours et une nuit.

5. Douze témoins ont été cités à comparaître.

6. Deux juges ont été notifiés.

7. Le shérif avait un mandat de dépôt.

   

 

Encore une fois, aucun témoignage, aucun verdict n'est enregistré. Walters insiste sur le fait que le terme « the glass looker » (le voyant extralucide) sur la note de frais du juge Neely prouve que Smith était effectivement un voyant extralucide et, à titre de confirmation, renvoie dans une note de bas de page à une déclaration d'Isaac Hale, beau-père de Smith, dans laquelle Hale dit que Smith se qualifiait de « glass-looker » (voyant extralucide)[18]. Quand on compare la déclaration de Hale et l'histoire de Joseph Smith, on constate que Walters tire de nouveau des conclusions non justifiées et ne révèle pas des renseignements sur Hale dont le lecteur a besoin pour évaluer correctement la déclaration de celui-ci. Il faut que le lecteur sache que :

 

1. La famille Smith disait que la réputation de chercheur d'or de Joseph Smith tirait son origine de son travail chez Stowell à la fin de l'année 1825. Selon la famille, Stowell avait engagé Joseph pour l'aider à trouver une mine[19].

2. La déclaration de Hale n'a pas été faite au moment des soi-disant activités de recherche de trésors et de voyance extralucide, mais date de 1834 après que Smith s'était fait des ennemis à cause de la publication de Livre de Mormon et de la fondation d'une Église. Hale, méthodiste dévot, considérait Joseph Smith comme un escroc religieux[20].

 

En soulignant le fait que Hale était le beau-père de Smith, Walters espère convaincre le lecteur que Hale et Smith étaient suffisamment amis pour que Smith se confie à Hale, qui était donc en mesure de connaître de première main ce que Smith faisait. En réalité, Smith avait pris pension chez les Hale pendant qu'il travaillait pour Stowell. Hale n'approuvait pas le métier de Smith, qui consistait à l'époque à aider Stowell à chercher une mine et refusa à Joseph la permission d'épouser sa fille[21].

 

En janvier 1827, Emma, qui avait alors vingt-deux ans, s'enfuit avec Joseph[22], à la grande contrariété de son père. Smith irrita de nouveau Hale en refusant de lui montrer ce qui était censé être les plaques à partir desquelles le Livre de Mormon avait été tiré[23].

 

Hale n'est donc pas un témoin neutre. Il avait plusieurs sujets de rancœur vis-à-vis de Smith et le considérait comme un charlatan religieux. Cela n'empêche pas Walters de laisser croire que cette soi-disant description de soi-même comme voyant extralucide vient d'une source neutre, voire même amicale envers Smith.

 

Walters dit que Smith se qualifie lui-même de voyant extralucide, pourtant il ne propose aucune déclaration de Smith dans laquelle il se désignerait comme tel. Il cite au contraire Hales, qui cite soi-disant Smith huit ans après les faits. Il a donc recours à un on-dit vieux de huit ans. Cette façon d'utiliser les citations est typique des écrivains antimormons – citer quelqu'un d'autre qui cite soi-disant ce que Smith est supposé lui avoir dit en secret et en conclure sans autre confirmation que Smith a effectivement dit ce qu'on lui attribue[24].

 

En fournissant la déclaration de Hales selon laquelle Smith se serait désigné lui-même comme voyant extralucide, sans donner au lecteur le contexte nécessaire pour évaluer la déclaration, Walters espère qu'il acceptera comme évidence absolue que Smith en était effectivement un. À la connaissance du présent auteur, personne n'a encore présenté des éléments de preuve légitimes, provenant de Smith lui-même ou de sources connues pour être favorable à Smith, de ce qu'il se soit jamais qualifié lui-même de voyant extralucide. Les documents provenant soi-disant de sources amicales, qui disent que Smith se livrait à ce genre d'activité (la lettre de 1825 de Smith à Josiah Stowell et la lettre de 1830 dite « à la Salamandre » de Martin Harris à W. W. Phelps) se sont de avérés être des faux modernes créés par le faussaire Mark Hofmann[25].

 

Il convient ici de poser une autre question : Est-il possible d'expliquer l'utilisation du terme « glass looker » dans la note d'honoraires de Neely et dans la déclaration de Hale d'une manière qui cadre avec le récit que la famille Smith fait de cette période de sa vie ? Selon les Smith :

 

1. L'ange montra à Joseph les plaques et l'urim et le thummim en septembre 1823. Ils étaient enterrés dans le sol dans un coffre de pierre. Joseph ne fut pas autorisé à les prendre, mais dut revenir chaque année, pendant quatre ans, pour recevoir des instructions de Moroni[26].

2. Joseph continua, à partir de ce moment-là, à recevoir des instructions du Seigneur[27].

3. Le 22 septembre 1824, Smith essaya de sortir les plaques. Elles disparurent lorsqu'il les déposa pour voir si quelque chose ayant une valeur monétaire avait été conservé avec elles[28].

4. Alarmé, Smith pria et fut réprimandé par Moroni pour n'avoir pas suivi les instructions. En levant de nouveau les yeux, il vit les plaques et tenta de les prendre, mais fut repoussé avec une grande violence[29].

5. Tous ces événements furent racontés à la famille[30].

 

Sur quoi les histoires provenant de sources hostiles insistent-elles à propos de Smith ?

 

1. Smith passa des années à rechercher des trésors dans la terre. (Les plaques ?)

2. Des pierres de voyant furent utilisées pour trouver l'emplacement du trésor. (L'urim et le thummim ?)

3. Smith ne pouvait jamais parvenir jusqu'au trésor parce que : (a) dès qu'il creusait jusque-là, le trésor disparaissait (voir le n° 3 ci-dessus) ou (b) quand il y parvenait, un tremblement de terre le déplaçait (voir n° 4 ci-dessus) ou (c) un esprit le gardait (l'ange Moroni ?).

4. Il y avait une sorte de cérémonie religieuse pour lui permettre de se procurer le trésor. (La prière ?)

 

Les parallèles entre le récit de Smith et les récits anti-mormons sautent aux yeux. Joseph Smith recommanda à sa famille de ne pas répéter à qui que ce soit ce qu'il lui racontait, mais au fil des années, des bruits allaient inévitablement se répandre. Ce fut en effet la rumeur que Smith pouvait discerner des choses invisibles à l'œil nu qui incita Stowell à louer ses services pour découvrir une vieille mine espagnole qui était censée se trouver sur son terrain[31]. Si ce que la famille Smith raconte sur les activités de Joseph représente la vérité, on peut s'attendre à ce que les sceptiques et les autres incroyants répandent des bruits de chasse au trésor, de recherche d'argent et de clairvoyance.

 

Il existe au moins deux explications à la présence de l'expression « glass looker » dans la déclaration de Hale et sur la note de frais du juge Neely. Les deux, qui sont diamétralement opposées, sont :

 

1. Les récits antimormons disent vrai et Smith se livrait véritablement à la recherche d'argent et à la voyance extralucide.

2. Le récit de Smith dit vrai, ce sont les incroyants qui ont fait courir des bruits sur la découverte des plaques du Livre de Mormon et de l'urim et du thummim (et la façon dont il fallait les utiliser), bruits qui sont devenus des histoires de recherche d'argent, de pierres de voyant et de clairvoyance.

 

Si les deux explications peuvent également être à l'origine du terme « glass looker », on peut se servir de la présence de ce terme sur la note de frais de Neely pour déterminer laquelle de ces explications (ou une combinaison des deux) représente la vérité. Walters part du point de vue que la seule chose qui aurait pu valoir à Smith la réputation de « glass looker », c'était le fait qu'il en était véritablement un. C'est de la sottise.

 

LES COMPTES-RENDUS DU PROCÈS DE 1826

 

Le premier compte-rendu du procès à être publié fut un article de Charles Marshall, qui parut en février 1873 en Angleterre, dans le magazine Frasers. Marshall prétendait avoir copié le compte-rendu dans le document original en la possession d'une femme de Salt Lake City, dont il ne donnait pas le nom. L'article de Frasers fut réimprimé en avril 1873, à New York, dans le magazine Eclectic.

 

En 1877, William D. Purple rédigea ses souvenirs personnels du procès, au cours duquel il prétendait avoir pris des notes. Cela fut publié le 3 mai 1877 dans le Chenango Union. En 1883, l'évêque Daniel Tuttle publia, dans la New Scharf-Herzog Encyclopedia, une copie du soi-disant « registre officiel des jugements ». Il disait l'avoir obtenu d'Emily Pearsall, nièce du juge Neely, qui travaillait à la mission épiscopalienne en Utah. C'était probablement d'elle que Marshall avait obtenu son information. Tuttle dit plus tard qu'il avait donné le manuscrit original du registre du procès aux méthodistes. Ils en imprimèrent une copie en 1886 dans le Utah Christian Advocate. Le manuscrit disparut ensuite et personne ne l'a plus jamais retrouvé. Il fut en tous temps entre les mains des non-mormons et il n'existe aucune indication qu'un mormon l'ait jamais examiné.

 

Les mormons ont affirmé qu'il y avait quelque chose de louche dans ce soi-disant compte-rendu du procès. En 1831, Benton avait dit que Smith avait eu des démêlés avec la loi quelques années auparavant. De 1826 à 1877, Purple aurait parlé à beaucoup de personnes du procès, racontant dans le détail les témoignages et le verdict[32]. Pourtant le procès n'est mentionné nulle part entre 1826 et 1873, à part la vague allusion de Benton en 1831 et une allusion encore plus vague faite en 1842 par Joel King Noble[33]. Noble prétend que Smith fut condamné par le tribunal, mais cela ne prouve pas que Smith fut reconnu coupable. D'après John Reid, l'avocat de Smith lors du procès de 1830, Smith fut condamné par le tribunal (c'est-à-dire qu'il reçut une réprimande) en dépit du fait que l'on venait de le déclarer non coupable[34].

 

Il faut se souvenir qu'à partir de 1830, les antimormons se sont acharnés à trouver tout ce qu'ils pouvaient pour salir Smith. Aucun de ces chercheurs de vérité n'a jamais signalé avoir parlé à quelqu'un qui aurait assisté au procès ni à aucun de ceux à qui Purple avait parlé du procès ni à Purple lui-même.

 

En outre, Isaac Hale, chez qui Smith avait pris pension pendant qu'il travaillait pour Stowell, n'a jamais parlé du procès de 1826, alors qu'il a fait plusieurs déclarations hostiles concernant Smith et sa religion. Il est vrai que l'absence de preuves ne peut en aucune façon démontrer de manière concluante que le soi-disant compte-rendu du procès n'est pas exact; mais si, comme le déclare ce soi-disant compte-rendu, Smith a reconnu être voyant extralucide et charlatan, il semble incroyable qu'il n'ait paru que de vagues allusions au procès avant 1873. Le moindre indice tendant à montrer que Smith avait effectivement été trouvé coupable de charlatanisme aurait incité ses ennemis à tout retourner pour en découvrir la preuve.

 

D'autre part, s'il y a eu un procès et que Smith ait été acquitté, l'existence du procès ne pourrait pas être utilisée contre lui. Ses ennemis n'auraient aucune raison de suivre cette piste. Étant donné que ni Benton ni Noble ne fournissent le verdict, leur déclaration ne constitue pas une preuve concernant le résultat du procès. Ce qu'ils disent, c'est que Smith fut « condamné », ce qui peut simplement vouloir dire, comme c'est le cas  du procès de 1830, qu'il n'y avait aucune preuve de sa culpabilité, mais que le tribunal, ne croyant pas au récit de ses activités religieuses, lui fit une réprimande et rendit une ordonnance de non-lieu. On notera, et cela confirme notre interprétation, que le témoin oculaire Purple affirme que Smith fut acquitté en 1826, déclaration qui contredit formellement le soi-disant registre des jugements.

 

Avant la découverte de la note de frais de Neely, plusieurs auteurs mormons avaient tiré la conclusion qui n'y avait pas eu de procès en 1826[35]. Cette conclusion était basée sur les contradictions des différents comptes-rendus du procès, des irrégularités dans la procédure supposée et de la disparition des documents originaux, s'ils avaient existé. En l'absence de toute preuve écrite de ce que le procès avait réellement eu lieu, ces auteurs étaient tout à fait justifiés dans leurs conclusions, compte tenu surtout du fait que c'étaient les non-mormons qui avaient la main-mise complète sur les documents existants. La comparaison du récit de Purple avec ce qu'on prétend être le registre des jugements donne beaucoup de raisons de se montrer méfiant.

 

Mais maintenant nous avons la preuve qu'une procédure judiciaire[36] d'une sorte ou d'une autre a effectivement eu lieu en 1826. Une fois de plus, Walters déduit incorrectement que le simple fait de l'existence des notes de frais prouve d'une façon ou d'une autre que les comptes-rendus imprimés de ce procès sont exacts. Les chiffres des frais qui apparaissent dans l'article de Frasers démontrent que Tuttle a effectivement eu un document qui avait un lien avec le procès. Ce document a disparu et tout ce que l'on a, ce sont des textes imprimés que l'on dit être des copies exactes.

 

Nibley a consacré 23 pages[37] et Kirkham en a consacré plus de 120 au procès[38]. Ces hommes ont soulevé beaucoup de questions concernant l'authenticité du texte imprimé que l'on prétend être le registre des jugements. Walters prend sept pages pour traiter superficiellement de quelques-unes seulement de ces questions[39]. Or, ses lecteurs n'ont aucun moyen de savoir que, pour la plupart, ce sont là les objections les moins importantes soulevées par ces mormons. Une fois de plus, Walters a l'air de tenir compte équitablement des deux aspects du problème, alors qu'en réalité il ne fait qu'utiliser un raisonnement tendancieux pour étayer son point de vue que Smith était un charlatan, sans tenir compte des éléments qui vont en sens contraire.

 

L'objection la plus importante que Walters examine est la thèse mormone que Marshall ou Tuttle ont pu changer le document avant sa publication[40]. Il écarte ceci au passage en faisant observer que le changement aurait été remarqué par Miss Pearsall[41]. Il existe plusieurs scénarios qui peuvent expliquer la cohérence entre les diverses publications d'un faux registre des jugements. En voici quelques-uns :

 

1. En utilisant le véritable registre des jugements du juge Neely, pour en retirer les noms, la date et les montants, etc., n'importe qui aurait pu écrire un compte-rendu fictif du procès, que Miss Pearsall aurait ensuite emporté en Utah.

2. Miss Pearsall aurait pu inventer le registre des jugements avant de remettre à Marshall une copie et à Tuttle l'original de son faux.

3. Miss Pearsall avait le registre authentique en sa possession, et Marshall a pu l'utiliser comme base du faux qu'il a fait lui-même. Étant donné que Miss Pearsall est décédée en 1872, elle n'aurait pas pu être au courant de la falsification. L'évêque Tuttle, profitant de cette occasion en or, aurait alors utilisé l'article de Marshall pour faire son propre document. C'est ce document qu'il va remettre à la Utah Christian Tract Society.

 

Le lecteur peut imaginer des scénarios de son cru.

 

Si l'on a écrit un compte-rendu fictif, les différences avec l'original seraient précisément les choses que les notes de frais ne confirment pas : les témoignages et le verdict. Il ne serait pas nécessaire de changer la liste des dépenses, les noms des juges, la date du procès, ni rien de ce genre (c'est en effet la présence de certains de ces points dans la note de frais de Neely qui donne de la crédibilité au texte imprimé que l'on prétend être le registre des jugements). Le fait que les notes de frais donnent à croire que Tuttle a pu avoir en sa possession quelque chose dont l'origine remonte à un document authentique de Neely ne confirme donc pas les témoignages des versions imprimées.

 

À la fin de son compte-rendu du procès, le témoin oculaire Purple déclare :

 

« Faut-il le dire ? Comme on ne pouvait mettre en doute le témoignage du diacre Stowell, le prisonnier fut relaxé...[42]. »

 

Ceci est en accord avec une brève allusion d'Oliver Cowdery, faite en 1835, à cette décision du tribunal :

 

« Pendant qu'il était dans cette région, quelqu'un de très excité porta plainte contre lui pour trouble à l'ordre public et le fit comparaître devant les autorités du comté; mais comme rien ne put être retenu contre lui, il fut honorablement acquitté[43]. »

 

Contrairement au point de vue de Walters que Purple avait un souvenir inexact du verdict[44], l'expérience du présent auteur lui donne à penser que Purple se rappelait probablement correctement le verdict, même s'il a pu avoir un souvenir inexact des détails des témoignages. En 1978, l'auteur a fait partie d'un jury qui a condamné un prévenu de tentative de vol. L'auteur se souvient clairement du verdict, mais il ne se rappelle mot à mot que d'un passage des témoignages et cela uniquement parce que cette intervention a surpris tout le monde dans la salle d'audience. Le récit de Purple a été écrit après la publication à New York de l'article de Marshall, qu'il a pu lire, ce qui a eu pour résultat « d'améliorer » son souvenir du procès.

 

C'est précisément cette possibilité d'incorporer des informations de seconde ou de troisième main dans l'esprit qui est la raison pour laquelle les juges disent aux jurys (y compris celui dont l'auteur a fait partie) qu'avant d'être séquestrés pour parvenir à un verdict, ils ne doivent pas discuter de l'affaire entre eux, ni lire les comptes-rendus dans les journaux, ni examiner des indices qui n'ont pas été présentés au tribunal.

 

Il ne fait aucun doute qu'un compte-rendu fictif du procès de 1826 a pu être écrit de manière à cadrer avec tout ce que l'on sait des participants et être également la source de toutes les versions imprimées. La question n'est pas : Est-ce qu'on aurait pu le faire ? mais Est-ce qu'on l'a fait ? En fin de compte, la question revient à savoir si Pearsall, Tuttle et Marshall étaient honnêtes. Walters n'est pas disposé à envisager cette question. Sans examiner le registre original de Neely, il est impossible de prouver ou de réfuter l'exactitude du texte imprimé du registre des jugements. Les notes de frais ne confirment les comptes-rendus imprimés que si l'on considère que les gens qui n'aiment pas les mormons ne mentent jamais à leur sujet. Or, il existe de nombreux exemples d'hommes, dont on aurait pu croire qu'ils seraient d'une intégrité au-dessus de tout soupçon, qui ont trafiqué des déclarations mormones ou ont inventé des éléments de preuve[45]. En voici quelques exemples :

 

1. En 1832, les mormons imprimèrent une révélation dans leur journal du Missouri, The Evening and Morning Star[46]. Eber D. Howe la transforma en une caricature diffamatoire, qu'il publia dans son livre comme étant la croyance des mormons[47].

2. En 1839, le Révérend D. R. Austin discuta de la théorie du manuscrit Spaulding sur l'origine du Livre de Mormon avec Mathilda Davidson, l'ancienne épouse de Solomon Spaulding. Il écrivit ensuite une déclaration, y apposa la signature de la femme et l'envoya au Révérend John Stoors, qui la fit publier, en avril 1839, dans le Boston Recorder. Madame Davidson fut mise au courant de la déclaration qu'elle était censée avoir signée, quand elle la lut dans le journal[48].

3. En 1844, Alexander Campbell et Adamson Bentley, pasteurs et cofondateurs de ce qui est aujourd'hui appelé l'Église du Christ, inventèrent une conversation qui étaient censée avoir eu lieu en 1827 entre Bentley et Sidney Rigdon[49]. Le but de cette pseudo-conversation était de prouver que Rigdon et Smith avaient modifié le manuscrit Spaulding pour en faire le Livre de Mormon.

4. En 1906, l'avocat Theodore Schroeder, cita une œuvre romancée écrite par Parley P. Pratt pour démontrer que Rigdon et Smith s'étaient rencontrés avant la publication du Livre de Mormon[50]. Il s'abstint toutefois de dire à ses lecteurs que ce qu'il citait c'était du roman. Il le présenta comme étant un discours fait par Pratt en 1843 ou 1844, transformant ainsi un roman en pièce à conviction en faveur de la théorie Spaulding[51].

5. Plus récemment, le « Révérend » « Dr » Walter Martin[52], anti-mormon très actif jusqu'à sa mort, déclarait que le juge Neely avait infligé une amende de $ 2,68 à Smith pour voyance extralucide, convertissant ainsi la note de frais envoyée par Neely au comté pour services rendus, en un verdict et une amende infligée à Smith[53].

6. Pendant plusieurs années, l'apostat mormon Mark Hofmann inventa de nombreux documents qui, s'ils avaient été authentiques, auraient confirmé les histoires racontées par les antimormons sur la jeunesse de Smith. Ces documents discrédités comprenaient le manuscrit Anthon, une lettre de Joseph Smith à Josiah Stowell et une lettre de Martin Harris à W. W. Phelps[54].

 

Voilà pour l'honnêteté et l'intégrité de ministres du culte et d'autres personnes. Ces exemples prouvent que les mormons ont de très bonnes raisons d'être soupçonneux à l'égard des mobiles et des méthodes des antimormons, quelles que soient la réputation ou la fonction de ces personnes. L'intégrité de Pearsall, Marshall et Tuttle peut très certainement être mise en doute.

 

Il y a de nombreuses contradictions entre les souvenirs de Purple et les comptes-rendus imprimés du procès publiés par Marshall et Tuttle, mais la plus évidente est le résultat du procès. Purple déclare qu'à cause du témoignage rendu en sa faveur, Smith fut reconnu non coupable et relaxé, alors que selon le prétendu registre des jugements, malgré les témoignages en sa faveur, Smith confessa être une fripouille et fut déclaré coupable. Chose incroyable, Walters écarte cette contradiction, qu'il considère comme mineure, se contentant de dire que Purple avait l'impression erronée que Smith avait été relaxé[55] !

 

RÉSUMÉ

 

Wesley Walters tire la conclusion que Smith fut déclaré, le 20 mars 1826, coupable de voyance extralucide par un tribunal. Pour étayer sa thèse, lui donner de la crédibilité et, en fin de compte, justifier cette conclusion, il examine tout d'abord le procès de 1830. Sa technique consiste à  présenter le compte-rendu des témoignages par l'antimormon Benton sans présenter le compte-rendu différent de Smith et sans attirer l'attention du lecteur sur le fait que Benton était un ennemi de Smith et des mormons.

 

Il essaye ensuite de persuader le lecteur que Smith disait de lui-même qu'il était voyant extralucide en présentant le témoignage d'Isaac Hale, sans préciser que ce témoignage était un on-dit vieux de huit ans venant d'un homme qui avait plusieurs griefs à l'égard de Smith. Il en conclut à tort que la découverte des notes de frais des juges confirme d'une certaine manière le compte-rendu fait par Benton des témoignages du procès de 1830 et ses commentaires sur la voyance de Smith.

 

Sa tactique, en ce qui concerne le procès de 1826, est semblable, sauf que sa thèse est encore plus faible. Sa conclusion est que la découverte des notes de frais du juge Neely et du shérif DeZeng confirme la version imprimée de ce que l'on a prétendu être le registre des jugements concernant le procès, qui fut publié pour la première fois en 1873, 47 ans après l'événement. Il ne prend pas au sérieux les objections des mormons, mais tout en ayant l'air de les évaluer objectivement, il les écarte pour la plupart avec un haussement d'épaules. Sans fournir de preuves, ni informer ses lecteurs de sa façon de procéder, il part du principe que l'on peut parfois se fier aux comptes-rendus mormons quand il s'agit de détails mécaniques, mais qu'on ne peut pas s'y fier quand il est question du fond. Inversement, et sans preuve, et sans informer ses lecteurs de la nature de ses sources, il part du principe que les informations antimormones sont implicitement dignes de confiance.

 

Il ne fait pas la moindre tentative d'expliquer le contenu de la note de frais de Neely, ni les allusions de Hale et de Benton à la voyance extralucide, d'une manière qui soit cohérente avec le récit que fait la famille Smith de cette période de sa vie. Il se donne beaucoup de mal pour donner l'impression qu'il tient compte des deux versions de la question alors qu'en réalité il n'en présente qu'une seule.

 

CONCLUSION

 

Les conclusions de Walters concernant les procès de 1830 et 1826 ne sont pas étayées par les faits. Walters a recours à un enchaînement incroyablement tortueux de raisonnements pour convaincre le lecteur qu'il a prouvé sa théorie. Walters n'est pas un historien objectif. C'est un antimormon convaincu qui considère qu'une pseudo-érudition et des raisonnements tendancieux avancés sur un ton paisible sont de bons moyens de susciter des sentiments antimormons chez ses lecteurs.

 

Son but final, quand il écrit sur les procès, est de donner de la crédibilité à la version imprimée de ce que l'on prétend être le registre des jugements, un document dont il est clair que l'on peut mettre en doute qu'il soit le compte-rendu véridique des démêlés de Joseph Smith en 1826 avec la loi. Si l'on devait appliquer son raisonnement au procès de Jésus-Christ devant Ponce Pilate, on serait forcé d'en conclure que le simple fait que Jésus a comparu devant Pilate prouve que l'explication antichrétienne de la crucifixion du Christ est correcte. Cette explication dit que Jésus fut puni pour ses crimes[56].

 

Le fait que la gymnastique à laquelle Walters a dû avoir recours a été considérée comme nécessaire dans cette tentative de discréditer Joseph Smith est une indication de la force de la position mormone.

 

 


 

 

Comme indiqué dans l'article ci-dessus, on est resté longtemps sans avoir la moindre trace officielle de l'existence de ce procès de South Bainbridge. En fait, c'est Wesley Walters lui-même qui a retrouvé les notes de frais dont il a été question. L'histoire de cette découverte mérite d'être racontée, parce qu'elle met particulièrement en lumière les procédés auxquels peuvent avoir recours ceux qui se sont donné pour raison de vivre de causer la perte (croient-ils) de l'Église rétablie. Pour ce faire, nous reproduisons en traduction une partie d'une critique, par Larry C. Porter, d'un livre de H. Michael Marquardt et Wesley P. Walters, intitulé Inventing Mormonism : Tradition and the Historical Record, critique parue dans Review of Books on the Book of Mormon, FARMS, vol. 7, n°2, 1995, pp. 123-143. La première partie de la critique porte sur la thèse de Marquardt et Walters selon laquelle Joseph Smith n'aurait pas eu de Première Vision parce que le grand réveil religieux dont il parle dans son témoignage n'aurait pas eu lieu en 1820 mais en 1824. Nous publierons la traduction de cette partie plus tard. La deuxième partie, qui nous intéresse actuellement, commence page 138. - Idumea -

 

 

Marquardt et Walters se montrent partisans de la précision dans le détail « aussi minime que cela puisse paraître ». Mais ceci devrait assurément s'appliquer à eux aussi bien qu'aux premiers mormons. La deuxième partie de « L'Essai Biographique » dans Inventing Mormonism est intitulée « 2. Le Procès de 1826 » (pp. 222-30). Dans une des sections, (pp. 222-23), ils examinent les « Notes détaillées du Juge Albert Neely et de l'agent de police Philip De Zeng », en précisant que les notes de frais respectives furent rassemblées en liasses en 1826 et déposées dans une réserve. Ensuite leur texte passe du 19e siècle à un événement du 20e siècle et à la déclaration : « Ces notes et d'autres relatives aux comparutions de Joseph Smith devant le tribunal de Bainbridge ont été retirées par [Wesley P.] Walters et [Fred] Poffarl[57] de la boîte détrempée par l'eau dans laquelle elles ont été trouvées et portées personnellement à la Beinecke Rare Book and Manuscript Library de l'université de Yale. Le comté de Chenango les a récupérées en octobre 1971. Des photos sont classées à la bibliothèque du Westminster Theological Seminary à Philadelphie » (p. 223).

 

Vue superficiellement, cette description paraît tout à fait inoffensive: deux hommes qui retirent des documents d'une boîte détrempée par l'eau et les apportent pour examen à une bibliothèque pour manuscrits pour les examiner, peut-être même pour les traiter, et qui les rendent ensuite à leur comté d'origine. On croirait y voir les gestes responsables d'archivistes soucieux de l'environnement en action, avec, pour autant qu'on le sache, l'approbation du comté, ce qu'on laisse croire, sans le dire explicitement. Maintenant, regardons-y de plus près par souci de « précision » et voyons dans quelles circonstances les choses se sont passées. J'étais occupé, à l'époque, à microfilmer des documents relatifs au mormonisme à la Guernsey Memorial Library et je faisais en même temps des recherches dans des documents dans le bâtiment administratif du comté de Chenango, situé juste à côté, à Norwich (New York). John P. McGuire, greffier du comté, m'avait accordé l'accès à la chambre forte. J'étais en train de chercher le type même de documents que Wesley P. Walters et Fred Poffarl allaient découvrir plus tard, mais sans succès. Lorsque j'eus soigneusement compulsé les documents de la chambre forte, M. McGuire me renvoya à la réserve de registres des jugements entreposés dans la cave de la prison. Ces documents avaient été confiés à la surveillance directe du shérif, qui avait remis à son adjoint la tâche de s'en occuper. Walters et Poffarl n'ont pas exagéré : les documents eux-mêmes étaient humides et dans des boîtes détrempées par l'eau. Après avoir fouillé des centaines de documents pendant deux jours, malheureusement au mauvais bout de la pièce, je dus partir pour aller à des rendez-vous précédemment pris. Peu après mon départ, Walters et Poffarl allèrent trouver M. McGuire et se virent accorder la même autorisation que moi d'examiner le contenu de la chambre forte. Au moment où ils terminaient ce travail, un employé du bâtiment administratif du comté leur signala que M. Porter avait travaillé dans le sous-sol de la prison. Le 28 juillet 1971, ils firent des recherches et réussirent à trouver les insaisissables notes de frais et quelques autres documents du même genre. Ils les sortirent de leur liasse et se rendirent à la Guernsey Memorial Library. Charlotte Spicer, une des bibliothécaires, me dit qu'ils utilisèrent la photocopieuse, mais qu'elle était de mauvaise qualité et que les résultats ne leur plurent pas. Elle me dit qu'il décidèrent ensuite d'emporter les documents ailleurs. En voyant la nature des papiers, elle leur conseilla de les rendre immédiatement. Elle dit : « M. Walters répondit 'que s'ils les rendaient, les mormons les feraient disparaître'. » Ils partirent alors, les soustrayant ainsi à la collectivité et à la garde du greffier du comté. Fred Poffarl les emporta à Yale. Walters affirma plus tard qu'ils les avaient enlevés sans permission parce qu'on ne pouvait trouver à ce moment-là ni le shérif, ni l'historienne du comté[58]. À l'instigation de Walters, certains des documents, accompagnés d'un commentaire, furent publiés en août 1971 par Jerald et Sandra Tanner dans The Salt Lake City Messenger sous le titre : « Une nouvelle découverte sape le mormonisme », dans le cadre de leurs efforts pour dénoncer Joseph Smith[59].

 

Je poursuivais à l'époque des recherches dans l'Est. Richard L. Anderson me mit au courant du traité des Tanner sur la découverte de Walters et, vivement désireux de voir le document, je me rendis à Norwich pour en vérifier le contenu. Une fois là-bas, j'allai trouver Mae L. Smith, historienne du comté de Chenango, mais elle ne put me montrer le document original du tribunal. Elle n'avait en sa possession que des photocopies, puisque les originaux avaient été emportés. Elle m'apprit, en outre, que Wesley P. Walters avait photocopié les documents originaux en sa possession et avait ensuite envoyé une de ces copies au rédacteur du Chenango Union, à Norwich, comme confirmation d'un article sur le mormonisme qu'il y avait annexé et qu'il demandait au journal d'imprimer. Le rédacteur s'était rendu compte que quelque chose n'allait pas et avait attiré l'attention de Mae Smith sur les photocopies. Elle se rendit compte que des documents juridiques avaient été emportés sans autorisation et, par l'intermédiaire du greffier du comté, prit contact avec Edwin M. Crumb, greffier du Board of Supervisors du comté de Chenango. James H. Haynes, fils, procureur du comté de Chenango, fut alors chargé d'écrire à Wesley P. Walters. M. Haynes écrivit le 16 septembre 1971 :

 

« Monsieur le pasteur Walters,

 

« Madame Mae Smith, historienne de notre comté, me prie de vous écrire à propos de certains documents que vous avez retirés des registres du comté entreposés dans le sous-sol du bureau de notre shérif local. J'ai, à propos de ces documents, des lettres que vous avez écrites à Madame Smith en date du 21 août 1971.

« Madame Smith me dit que vous avez pris ces documents sans sa permission et qu'elle vous a écrit pour vous demander de les renvoyer immédiatement.

« Auriez-vous l'amabilité de prendre immédiatement contact avec l'université de Yale et de demander que ces papiers soient renvoyés sans aucun retard à Madame Smith, historienne de notre comté[60]. »

 

Les documents furent renvoyés plus tard parce qu'il le fallait bien. De toute évidence, les documents qui se trouvaient dans cette salle au sous-sol n'étaient pas catalogués, de sorte qu'il était impossible de déterminer le nombre de pièces qui en avait été sorties. L'observateur peut apprécier le dilemme compréhensible de ceux qui en étaient responsables.

 

On dira peut-être : « En agissant ainsi, ils les ont préservés. Que pouvaient-ils faire d'autre ? » J'ai quelques autres solutions à proposer. John P. McGuire, le greffier du comté, était un homme qui avait un grand sens des responsabilités et il était en outre le gardien légal des registres. J'avais travaillé avec lui pendant une période de temps prolongée pour trouver certains documents à valeur historique en vue de les faire microfilmer par le service de microfilmage généalogique de l'Église. S'il avait été au courant de la valeur historique de ce document, il aurait, je n'en ai pas le moindre doute, pris les dispositions nécessaires pour veiller à ce qu'ils soient retirés de la cave et conservés en lieu sûr pour consultation. D'autres documents de valeur historique pour la localité se trouvaient déjà dans la chambre forte. En outre, Mae Smith, historienne du comté de Chenango, aurait garanti leur sécurité et introduit une demande pour en obtenir la possession, ce qui finit par être le cas[61]. En les emportant, Walters et Poffarl commirent le péché cardinal d'en compromettre éventuellement la validité. Certains estimèrent qu'ils avaient falsifié les indices pendant leur disparition. Je crois personnellement que les documents qui ont été restitués sont valables et intacts. Mais bien entendu – et c'est là le problème – on ne peut pas le prouver.

 

Walters donna cependant, en 1974, quelque temps après les faits, une explication détaillée de ce que son ami et lui avaient fait. Il déclara qu'il avait immédiatement pris contact avec Mae Smith et avec d'autres (un peu plus de trois semaines plus tard). Sa description donnerait à croire au lecteur que tout avait été réglé à l'amiable[62]. Ce que je sais, moi, c'est que lorsque je suis arrivé à Norwich, peu après l'explication publiée par Walters, j'y ai trouvé une Mae Smith toute hérissée. Elle était fort mécontente des méthodes de ces hommes qui avaient extrait des documents officiels, et l'était encore un an plus tard lorsque j'ai téléphoné au musée d'histoire du comté de Chenango pour voir les insaisissables documents, qui avaient entre-temps été restitués. Dans leur volonté de foncer, les historiens ne peuvent pas passer outre leurs collègues locaux. Quelque chose de plus a été perdu dans cet échange que la disparition momentanée de documents. Cet acte contraire à la déontologie a créé une atmosphère de méfiance chez les responsables du comté de Chenango, alors que tant de confiance avait été accordée à des générations de chercheurs avant ce malheureux incident. Rétrospectivement, je peux encore entendre M. McGuire, greffier du comté, demander simplement à tous les visiteurs : « Lorsque vous les sortez, remettez-les là où vous les avez trouvés. »

 

Un peu plus de précision dans les détails, et l'on comprend bien des choses là où une information limitée ne fournissait qu'une vision fausse de ce qui s'était réellement passé.

  



[1] Wesley P. Walters, "Joseph Smith's Bainbridge, N.Y., Court Trials", Westminster Theological Journal, 36:2, hiver 1974, pp. 123-155, réimprimé par Modern Microfilm Company, Salt Lake City, Utah, non daté.

[2] Walters, p. 123.

[3] Id. p. 124.

[4] Id. p. 124.

[5] B. H. Roberts, History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 7 volumes, Salt Lake City, Utah, vol. 1, p. 88. Dorénavant citée sous le sigle HC.

[6] Id. 1:88.

[7] Id 1:90.

[8] A. W. Benton, "Mormonites", Evangelical Magazine and Gospel Advocate, 9 avril 1831, p. 120, réimprimé dans Francis W. Kirkham, A New Witness for Christ in America, université Brigham Young, 1959, 2:467-468.

[9] Id. 469.

[10] HC vol 1. p. 91.

[11] Walters, p. 127.

[12] Id. p. 127.

[13] Benton, pp. 467-468.

[14] Walters, p. 128.

[15] Id. pp. 128-129.

[16] Id. p. 129.

[17] Id. pp. 129-130.

[18] Id. p. 129, note 12.

[19] Lucy Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet, and his Progenitors for many Generations Liverpool, 1853, p. 92. Dorénavant cité sous le nom Lucy Mack Smith, Biographical Sketches. Voir aussi Lucy Mack Smith, History of Joseph Smith by his Mother, Preston Nibley, directeur de publication, Bookcraft, 1958, p. 92. Dorénavant cité sous le nom Lucy Mack Smith, History. Voir aussi HC 1:17.

[20] Eber D. Howe, Mormonism Unvailed, Painesville, Ohio, 1834, pp. 262-266. Dorénavant cité sous Howe, 1834.

[21] Howe, 1834, pp. 262-266.

[22] HC 1:17.

[23] Howe, 1834, p. 264.

[24] Hugh Nibley, The Myth Makers, Bookcraft, 1961, pp. 160-161 Dorénavant cité sous le nom Nibley, 1961.

[25] Linda Sillitoe et Alan D. Roberts, Salamander. The Story of the Mormon Forgery Murders, Signature Books, 1988, pp. 542-544. Dorénavant cité sous le titre Silitoe et Roberts, 1988.

[26] Smith, 1853, pp. 82-85, 99-101. Smith, 1958, pp. 83-85, 100-101.

[27] Smith, 1853, p. 84. Smith, 1958, pp. 82.

[28] Smith, 1853, p. 85. Smith, 1958, pp. 83.

[29] Smith, 1853, p. 86. Smith, 1958, p. 84.

[30] Smith, 1853, pp. 84-85. Smith, 1958, pp. 81-82.

[31] Smith, 1853, pp. 91-92. Smith, 1958, p. 92. HC vol. 1, p. 17.

[32] William D. Purple, "Joseph Smith, The Originator of Mormonism: Historical Reminiscences of the Town of Afton", Chenango Union, 3 mai 1877, réimprimé dans Francis W. Kirkham, A New Witness for Christ in America, Brigham Young University, 1959, p. 362. Dorénavant cité sous le nom Purple, 1877.

[33] Joel King Noble, lettre datée du 8 mars 1842 à Jonathan B. Turner, reproduite dans Wesley P. Walters, "From Occult to Cult with Joseph Smith, Jr.", The Journal of Pastoral Practice, 1, 2, été 1977, réimprimé par Modern Microfilm Company, non daté.

[34] HC, vol 1, p. 94, note.

[35] Francis W. Kirkham et Hugh Nibley, par exemple.

[36] Cette étude n'a pas pour but d'examiner la question de savoir à quelle sorte de procédure on a eu recours, que ce soit ce que l'on appellerait aujourd'hui une audience préliminaire ou un procès proprement dit d'une sorte ou d'une autre. Il y avait à cet endroit et à cette époque plusieurs types de procès. Voir Gordon A. Madsen, "Joseph Smith's 1826 Trial: The Legal Setting", BYU Studies, 30, p. 2, printemps 1990, pp. 91-108. Madsen n'essaie pas de déterminer si la procédure était celle d'un véritable procès. Il part de l'idée que c'en était un. Le but de cet article est de déterminer à quelle sorte de procès Joseph Smith a été soumis.

[37] Nibley, 1961, pp. 139-161.

[38] Francis W. Kirkham, A New Witness for Christ in America, université Brigham Young, 1959, pp. 423-500; 1960, pp. 370-394, 467-469, 475-492.

[39] Walters, 1974, pp. 143-149.

[40] Walters 1974, p. 145.

[41] Walters, 1974, p. 145.

[42] Purple, 1877, p. 368.

[43] Oliver Cowdery à W. W. Phelps, Latter Day Saints' Messenger and Advocate, vol. 2:1, octobre 1835, p. 201. Il est tout à fait clair qu'Oliver Cowdery fait allusion au procès de 1826 et pas à celui de 1830. Le contexte dans lequel l'allusion est faite au procès est celui de l'époque où Smith travaillait pour Josiah Stowell et étaient en pension chez les Hale. Après avoir dit que Smith avait été acquitté, Oliver poursuit : « À partir de ce moment, il continua  à recevoir de la part du messager céleste des instructions concernant la parution de la plénitude de l'Evangile, jusqu'à ce qu'il reçoive le commandement de se rendre à nouveau à l'endroit où les annales étaient déposées. » Il est donc clair que Cowdery faisait allusion à un procès qui avait eu lieu pendant que Smith était en pension chez Hale et travaillait pour Stowell, donc avant d'avoir reçu les plaques.

[44] Walters, 1974, p.

[45] Les exemples 1 à 4 se trouvent dans Roberts, "The Origin of the Book of Mormon (A Reply to Mr. Theodore Schroeder)", American Historical Magazine, 3, 6, novembre 1908, pp. 558-565, 4, 1, janvier 1909, pp. 40-44, 4, 2, mars 1909, pp. 169-172. Dorénavant cité sous le nom de Roberts.

[46] "Extracts from the Laws for the Government of the Church of Christ", Evening and Morning Star; 1, 2, juillet 1832. Voir aussi les Doctrine et Alliances, section 42:43-52.

[47] Howe, 1834, p. 124.

[48] Roberts, 1908, pp. 561-567.

[49] Adamson Bentley, lettre en date du 22 janvier 1841, Millennial Harbinger, 1844, p. 39, reproduit dans Roberts, 1909, p. 40.

[50] Theodore Schroeder, "The Origin of the Book of Mormon", American Historical Magazine, 2, 1, janvier 1907, pp. 58-59.

[51] Roberts 1909, pp. 169-172.

[52] Walter Martin n'était ni ordonné ni détenteur d'un doctorat accrédité. Voir Robert L. et Rosemary Brown, They Lie in Wait to Deceive, vol. 3, Brownsworth Publishing, 1986.

[53] Walter Martin, The Maze of Mormonism, Vision House Publishers, 1978, p. 36. En outre, le présent auteur a assisté à une réunion, tenue le 11 septembre 1978, à l'église presbytérienne de Bear Creek, à Lakewood (Colorado), où Walter Martin parlait du mormonisme. Au cours de cette réunion, il dit : « Joseph Smith fut condamné, le 20 mars 1826, comme diseur de bonne aventure, et vous, les mormons de l'auditoire qui ne me croyez pas, j'en ai la preuve ici même. » Il brandit alors une photocopie de la note de frais de Neely (faite d'après la page 33 du Mormonism: Shadow or Reality, de Jerald et Sandra Tanner), la montra à l'auditoire, puis, faisant semblant de lire la note de frais, dit : « Joseph le 'glass looker', coupable, amende $ 2,68. » Il se tourna ensuite vers l'auditoire et fit ce commentaire : « Il n'était même pas assez bon comme diseur de bonne aventure pour avoir une amende décente. »

L'auteur écrivit  ce qui précède vingt et un jours après la réunion dans une lettre en date du 2 octobre 1978 adressée à M. Stanley W. Paher de Las Vegas (Nevada).

[54] Silitoe et Roberts, 1988, pp. 543-544.

[55] Walters, 1974, pp. 140-141.

[56] Origène, Against Celsus, livre 2, chapitre 5, dans Alexander Roberts et James Donaldson, directeurs de publication, The Ante-Nicene Fathers, 4, p. 431.

 

NOTES DE L'ARTICLE DE LARRY C. PORTER

 

[57] Fred Poffarl était un collègue du Rév. Wesley P. Walters, de Philadelphie (Pennsylvanie).

[58] Wesley P. Walters, "Joseph Smith's Bainbridge, N.Y., Court Trials", Westminster Theological Journal, 36, hiver 1974, p. 126; voir aussi Wesley P. Walters, Joseph Smith's Bainbridge, N.Y., Court Trials, Modern Microfilm Company, Salt Lake City, 1971.

[59] "New Find Undermines Mormonism", The Salt Lake City  Mesenger 32, août 1971, pp. 1-3; voir aussi Jerald et Sandra Tanner, Joseph Smith's 1826 Trial, Salt Lake City, Modern Microfilm Company, 1971.

[60] Lettre de James A. Haynes, fils, Procureur du Comté de Chenango, Norwich, New York, au Rév. Wesley P. Walters, 16 septembre 1971.

[61] En 1974, Walters réfléchit à ce qu'il avait fait et reconnut que "À la lumière de ce qui s'est passé plus tard, il aurait sans doute été plus sage d'obtenir tout simplement du comté une copie certifiée conforme des notes de frais et de les laisser retourner dans cette cave humide pour s'y désintégrer."  "Joseph Smith's Bainbridge, N.Y., Court Trials", p. 54. Un repentir partiel mais pas total. Il ne reconnaissait toujours pas à l'historienne du comté de Chenango ni aux autres la capacité de savoir quand des documents ayant valeur historique doivent être retirés de l'humidité une fois leur état constaté. May Smith les a mis en sécurité dans une chambre forte sèche.

[62] Walters, "Joseph Smith's Bainbridge, N.Y., Court Trials", pp. 153-155.