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COMMENTAIRE SUR LES TEMOINS DU LIVRE DE MORMON : UNE REPONSE A JERALD ET SANDRA TANNER
Matthew Roper FARMS, Journal of
Book of Mormon Studies 2/2, automne 1993, pp. 164-193
Résumé:
Les contradicteurs prétendent souvent que certains des témoins du Livre
de Mormon ont plus tard mis en doute ou renié leur témoignage. Ils prétendent
aussi que les activités des Trois Témoins pendant qu’ils étaient hors
de l’Église jettent le doute sur la valeur de leur témoignage écrit
originel. Je passe en revue l’argumentation de ces prétentions et
traite de la question de savoir ce qui peut faire de quelqu’un un témoin
du Livre de Mormon et si les témoins ont jamais douté de leur témoignage
ou l’ont renié. J’examine les arguments avancés en faveur de ce
reniement ultérieur du Livre de Mormon et montre qu’ils ne sont pas
convaincants. Je parle aussi en détail de plusieurs questions diverses
relatives aux critiques de Jerald et Sandra Tanner à l’égard du Livre
de Mormon.
Le Review of Books on the Book of Mormon de l’an dernier a provoqué des commentaires brefs mais intéressants de la part des auteurs anti-mormons Jerald et Sandra Tanner, dont le livre faisait l’objet de la critique[1]. Je reprochais à l’époque aux Tanner le fait qu’ils ne tenaient aucun compte des réponses compétentes faites à leurs critiques à l’égard des témoins du Livre de Mormon[2]. Malheureusement les réflexions récentes des Tanner sur les Trois Témoins sont également faussées pour la même raison. Cependant, si ces réflexions n’ont pas de mérite historique, elles constituent une excellente occasion de traiter de plusieurs questions historiques concernant les témoins, qui sont importantes compte tenu de leur témoignage du Livre de Mormon.
TEMOINS NON OFFICIELS DU LIVRE DE MORMON
L’année dernière, j’ai contesté la façon trompeuse dont les Tanner utilisaient une citation de Brigham Young[3] : « Certains des témoins qui ont manipulé les plaques et ont conversé avec les anges de Dieu en sont arrivés plus tard à douter et à ne plus croire qu’ils avaient vu un ange. Un membre du Collège des Douze, un jeune homme plein de foi et de bonnes œuvres, a prié et la vision de son esprit s’est ouverte, et l’ange de Dieu est venu et a posé les plaques devant lui, et il les a vues et les a manipulées, et il a vu l’ange, et a conversé avec lui comme il l’aurait fait avec l’un de ses amis; mais après tout cela, il a été livré au doute et a plongé dans l’apostasie et a continué à lutter contre l’œuvre. Il y en a des centaines dans la même situation[4] »
J’ai fait observer que les Tanner n’avaient cité que la première phrase du passage, donnant l’impression fausse que le président Young faisait allusion aux onze témoins officiels du Livre de Mormon, alors qu’en réalité la phrase suivante explique qu’il parlait d’un membre du Collège des Douze. Aucun des onze témoins spéciaux du Livre de Mormon n’a jamais été membre du Collège des Douze[5].
Les Tanner affirment maintenant que la déclaration montre que Young pensait que «deux des [trois] témoins ou davantage étaient tombés dans l’incrédulité[6]. Mais c’est passer sous silence d’autres déclarations de Brigham Young qui affirment que les témoins ont toujours été fidèles à leur témoignage du Livre de Mormon, même après avoir quitté l’Église. « Martin Harris a déclaré, devant Dieu et les anges, qu’il avait vu des anges. A-t-il apostasié? Oui, bien qu’il dise que le Livre de Mormon est vrai. Oliver Cowdery a aussi quitté l’Église, mais il n’a jamais renié le Livre de Mormon, pas même dans les pires jours qu’il ait jamais connus[7] ». De nombreux passages d’interviews et de correspondance personnelle montrent que David Whitmer est resté ferme dans son témoignage du Livre de Mormon et n’a jamais mis en doute l’existence de l’ange et des plaques[8], un fait qui était reconnu des premiers dirigeants mormons[9]. La déclaration de Brigham ne porte pas sur les Huit Témoins non plus, puisqu’ils ont simplement vu et manipulé les plaques, alors que les sceptiques en question ne croyaient plus « qu’ils avaient vu un ange ». Il est donc difficile de soutenir l’affirmation des Tanner que Brigham faisait allusion à l’une de ces onze personnes.
Mais les Tanner prétendent que la déclaration de Brigham Young porte sur « différents cas d’apostasie. Il dit tout d’abord que certains des témoins du Livre de Mormon ont éprouvé des doutes et de l’incrédulité concernant les plaques d’or à partir desquelles le Livre de Mormon était censé avoir été traduit et aussi en ce qui concerne l’ange qui leur avait montré les plaques. Le président Young affirme ensuite qu’un membre du Collège des Douze avait également eu une expérience dans laquelle ‘un ange de Dieu vint poser les plaques devant lui’[10]. » Mais une fois de plus, l’explication des Tanner ne représente pas exactement les paroles de Brigham Young. Il n’a pas dit que certains des Trois ou des Huit Témoins ont douté avoir jamais vu ou manipulé les plaques, il parle seulement de « certains » témoins non identifiés du Livre de Mormon qui ont douté et n’ont pas cru avoir « vu un ange ». De plus, le mot « aussi » n’est pas dans la déclaration de Brigham Young[11]. Par conséquent l’expression « certains des témoins » dans la première phrase ne doit comprendre que le jeune membre des Douze et une autre personne non identifiée et pas l’un des onze témoins officiels, comme le prétendent les Tanner. Finalement, le président Young compare ces sceptiques à « des centaines d’autres [non identifiés] dans la même situation » d’incrédulité. Que ce soit intentionnel ou non, en ne mettant l’accent que sur la première phrase du paragraphe, ce que les Tanner font en réalité, c’est perpétuer une interprétation trompeuse et inexacte de la déclaration de Brigham Young, une interprétation qui n’a guère de fondement historique.
Les Tanner insistent sur le fait que quand il parle de « témoins » du Livre de Mormon, Brigham Young ne peut parler que des Trois ou des Huit Témoins[12]. C’est une interprétation qui n’a de sens que si Brigham Young et ses contemporains n’utilisaient le terme que pour désigner exclusivement les onze officiels. Bien que clairement conscients de l’appel unique des Trois et des Huit Témoins, Brigham Young et ses contemporains pouvaient également utiliser le terme témoin dans le contexte du Livre de Mormon pour désigner un groupe plus important de personnes. « Combien y a-t-il de témoins du Livre de Mormon ? » a-t-il un jour demandé. « Il y en a maintenant des centaines et des milliers qui vivent maintenant sur la terre qui témoignent de sa véracité[13]. »
« Outre le témoignage de ces douze témoins, des centaines et des milliers de personnes ont reçu du ciel un témoignage pour elles-mêmes, et qui peut contester leur témoignage[14] ? » En d’autres termes, d’après Brigham Young, quiconque peut témoigner que le Livre de Mormon est vrai, est véritablement un témoin du Livre de Mormon. Cela peut comprendre tous ceux qui témoignent d’expériences diverses: ceux qui ont vu des anges, qui ont vu ou manipulé les plaques, qui ont entendu la voix de Dieu, ont eu des visions, des songes, ou, tout simplement, ceux qui ont prié et ont reçu du Saint-Esprit le témoignage qu’il est vrai[15]. Par conséquent le terme témoin ne doit pas forcément se limiter aux onze témoins officiels. Cependant, le contexte de la déclaration de Brigham Young fait allusion à « certains », c’est-à-dire au moins à deux d’entre le groupe des témoins du Livre de Mormon qui « ont manipulé les plaques et ont conversé avec les anges de Dieu ». Brigham Young parle donc de témoins qui pouvaient témoigner des anges, des plaques ou des deux. Les exemples connus dans l’histoire de l’Église montrent qu’il peut y en avoir beaucoup qui pourraient tomber dans cette catégorie.
Dans une révélation donnée en 1831, le Seigneur dit : « J’ai envoyé mon ange volant par le milieu du ciel, ayant l’Évangile éternel, lequel ange est apparu à certains, et l’a remis à l’homme, et apparaîtra à beaucoup de ceux qui demeurent sur la terre » (D&A 133:36). En 1837, John Taylor fit allusion au témoignage de Joseph Smith concernant l’ange et les plaques, notant qu’il fut dit à Joseph « de choisir trois autres hommes à qui Dieu révélerait les mêmes choses. Ces trois hommes étaient ensemble, priant le Seigneur à ce sujet, et l’ange du Seigneur leur apparut, leur révéla les desseins de Dieu, leur montra les plaques et leur dit que l’interprétation en était correcte. Depuis ce moment-là, des anges sont apparus à un grand nombre d’autres personnes, qui rendent témoignage des mêmes choses[16]. » Zerah Pulsipher, un des premiers convertis, entra dans l’Église peu après avoir eu une vision dans laquelle des anges lui témoignèrent que le Livre de Mormon était « la grande révélation des derniers jours dans lesquels tout ce dont ont parlé les prophètes doit s’accomplir[17]. » Oliver Granger, nous dit-on, eut une vision dans laquelle l’ange Moroni lui apparut et témoigna que le Livre de Mormon était vrai[18]. Benjamin Brown, un autre converti, raconta comment, après avoir supplié le Seigneur de lui donner le témoignage de la véracité du Livre de Mormon, il fut visité et sévèrement réprimandé par des messagers divins qui lui donnèrent cet avertissement : « Maintenant tu sais par toi-même ! Tu as vu et entendu ! Si tu t’écartes maintenant, il n’y aura pas de pardon pour toi[19]. »
Non seulement certaines personnes ont reçu le témoignage de messagers célestes qui ont témoigné du Livre de Mormon, mais d’autres, qui ne faisaient pas partie des onze, ont vu un ange et les plaques. La mère de Joseph Smith raconte que Lucy Harris décrivit un songe dans lequel elle fut réprimandée par un ange pour son incrédulité. « Elle [Mme Harris] raconta un songe tout à fait remarquable qu’elle dit avoir eu au cours de la nuit. Cela se passa comme suit. Elle dit qu’un personnage lui apparut et lui dit qu’en contestant ce que disait le serviteur du Seigneur, en disant qu’il ne fallait pas croire ce qu’il disait et en lui posant aussi beaucoup de questions déplacées, elle avait fait ce qui n’était pas juste aux yeux de Dieu. Après quoi il lui dit : ‘Voici les plaques, regarde-les et crois.’ Après nous avoir raconté son rêve, elle décrivit les annales dans le plus grand détail. » Ce qui ne l’empêcha pourtant pas de rejeter quand même l’Évangile[20]. Harrison Burgess, un autre d’entre les premiers convertis de l’Église, fut témoin d’une expérience semblable en 1832, mais, dans ce cas, ce ne fut pas un songe. Il explique qu’après s’être retiré dans les bois, il « commenç[a] à prier le Dieu du ciel pour avoir le témoignage de ces choses. Soudain, un personnage glorieux, vêtu de blanc, se tint devant [lui] et [lui] montra les plaques d’où avait été tiré le Livre de Mormon[21]. » Tandis que le Livre de Mormon était en cours de traduction chez les Whitmer à Fayette, un messager montra les plaques à Mary Musselman Whitmer et « tourna les feuilles du livre des plaques, une à une, et lui montra aussi les caractères qui étaient gravés dessus; après quoi, il lui dit de supporter fidèlement encore un peu son fardeau, en lui promettant que si elle le faisait, elle serait bénie et que sa récompense serait assurée si elle se montrait fidèle jusqu’à la fin[22]. »
En 1846, John D. Lee rendit visite à Luke Johnson à St. Joseph (Missouri). Johnson avait été l’un des douze apôtres originels et avait quitté l’Église pendant l’apostasie de 1837-1838 à Kirtland. Détail qui ne manque pas d’intérêt, Lee décrit Johnson comme « l’un des témoins[23] du Livre de Mormon » alors qu’il ne faisait pas partie des onze. D’après Lee :
« Pendant que j’étais là, je rencontrai Luke Johnson, l’un des témoins du Livre de Mormon. J’étais curieux de lui parler à ce sujet. Nous allâmes faire un tour au bord du fleuve. Je lui demandai si la déclaration qu’il avait signée, dans laquelle il disait avoir vu l’ange et les plaques, était vraie. S’il avait vu les plaques à partir desquelles le Livre de Mormon avait été imprimé ou traduit. Il dit que c’était vrai. Je dis alors : ‘Comment se fait-il que vous ayez quitté l’Église? Si l’ange vous est apparu et que vous avez vu les plaques, comment pouvez-vous maintenant vivre hors de l’Église ? Je crois savoir que vous étiez l’un des douze apôtres lorsque l’Église a été organisée.’ ‘J’étais l’un des douze, dit-il, je n’ai pas renié la véracité du Livre de Mormon. Mais nous avons été, plusieurs autres et moi, surpris à commettre une faute à Kirtland... Mais j’ai beaucoup réfléchi à la question depuis lors et j’en suis arrivé à la conclusion que chacun est responsable de ses péchés et que la voie que je suis ne fait de tort qu’à moi, et j’ai l’intention de rendre visite aux saints et de demander à être réintégré dans l’Église[24]. »
Luke Johnson rentra dans l’Église à temps pour accompagner les premiers saints dans l’Ouest. Il allait devenir plus tard évêque dans l’Église. Par conséquent, la déclaration de Brigham Young « et a continué à lutter contre l’œuvre » peut désigner un autre apôtre encore qui a quitté l’Église pendant l’apostasie de Kirtland. Son allusion peut viser Lyman Johnson, frère de Luke, dont il est dit qu’il a apostasié après avoir vu un ange. « De merveilleuses manifestations furent données à Lyman Johnson, mais quand il tomba dans la transgression... le pouvoir et l’autorité qui l’avaient distingué précédemment furent retirés[25]. » « Je me souviens avoir entendu plus d’une fois le président Snow dire à quel point Lyman E. Johnson était déterminé à voir un ange du Seigneur, raconte Mathias Cowley. Il supplia et harcela le Seigneur pour qu’il lui envoie un ange jusqu’à ce qu’il le lui envoie; mais, dit le président Snow, son problème était qu’il voyait un ange un jour et le diable le lendemain et finalement le diable l’a emporté[26]. »
Les Tanner prétendent que, d’après Brigham Young, les trois témoins ont douté de leur témoignage du Livre de Mormon, mais les informations historiques dont nous disposons ne confirment pas cette prise de position. Étant donné que beaucoup d’entre les premiers membres de l’Église affirment avoir eu de grandes manifestations spirituelles liées au Livre de Mormon et que ces personnes étaient aussi qualifiées par les premiers mormons de « témoins » du Livre de Mormon, nous pouvons en toute justice conclure que l’expression « certains des témoins », quoi qu’en disent les Tanner, ne fait pas référence aux témoins officiels du Livre de Mormon, mais désigne effectivement certains des premiers mormons qui ont eu des expériences du même genre.
OLIVER COWDERY
Les Tanner affirment que bien que « aucun des témoins n’ait jamais publié de déclaration écrite reniant le Livre de Mormon, certains d’entre eux semblent avoir eu des périodes de scepticisme concernant l’autorité de cet ouvrage[27] ». À l’appui de cette affirmation, ils citent un poème qui a paru dans le Times and Seasons en 1841, écrit par Joel H. Johnson. Il disait que le Livre de Mormon était vrai même s’il était « renié par Oliver[28] ». Selon eux, ce poème montre bien « que les mormons croyaient qu’Oliver Cowdery avait renié son témoignage du Livre de Mormon[29]. » En fait, tout ce que le poème permet de penser, c’est que c’est Johnson qui a pu croire qu’Oliver avait renié son témoignage du Livre de Mormon. Mais en supposant même que ce soit là ce que Johnson a voulu dire, ce qui est douteux[30], la déclaration n’a aucune valeur de preuve, étant donné que Johnson n’a jamais eu l’occasion d’être témoin d’un quelconque reniement. À l’époque où Cowdery fut excommunié au Missouri, il était à Kirtland, et après cela on ne lui connaît aucun contact avec ce témoin du Livre de Mormon[31]. Les Tanner et d’autres contradicteurs citent souvent le poème de Johnson, mais on n’a aucune raison de croire que ce vers soit autre chose qu’une supposition ou une affirmation basée sur une rumeur non confirmée[32].
Les Tanner citent aussi une déclaration faite en 1885 par G. J. Keen[33]. Celui-ci signale d’une manière quelque peu ambiguë que lorsque Cowdery fut accepté dans les années 1840 comme membre de l’Église méthodiste protestante à Tiffin (Ohio), « il se leva et s’adressa aux personnes présentes, reconnut son erreur et implora leur pardon et dit qu’il était désolé et honteux de ses liens avec le mormonisme[34] ». Les Tanner en concluent naïvement qu’Oliver a dû avoir honte de son témoignage du Livre de Mormon, mais étant donné que la soi-disant déclaration ne dit rien concernant le Livre de Mormon, les plaques ou l’ange, on ne peut pas en déduire un reniement de ce genre, étant donné que chacun des témoins a continué à réaffirmer son témoignage du Livre de Mormon, tout en s’opposant à certains moments à d’autres enseignements de l’Église, comme la polygamie, qu’ils croyaient être une erreur. Par exemple, Thomas B. Marsh, qui se tourna aussi contre Joseph Smith, interviewa Oliver Cowdery et David Whitmer peu après leur excommunication, au moment où leur animosité à l’égard de Joseph Smith était à son maximum. Alors qu’ils considéraient à l’époque Joseph comme un prophète déchu, les deux témoins réaffirmèrent malgré tout leur témoignage de l’ange[35].
Heureusement pour l’historien, nous avons des lettres contemporaines écrites par Cowdery dans les années qu’il passa en Ohio et au Wisconsin, qui donnent des renseignements précieux sur son attitude à l’égard de son ancienne Église et de ses anciens amis[36]. Comme ce sont des sources primaires écrites par Cowdery lui-même, elles sont beaucoup plus utiles que le souvenir ambigu et tardif de Keen. Dans ces lettres, Cowdery fait souvent allusion aux persécutions qu’il subit fréquemment pour avoir été précédemment lié au mormonisme[37] et exprime aussi ses regrets concernant les événements malheureux qui l’ont éloigné de l’Église[38]. Ces lettres nous montrent aussi un homme vivement désireux de débarrasser son nom de ce qu’il estimait être des attaques injustifiées contre sa réputation[39], quelque chose qu’il estimait être voulu par ses ennemis pour diminuer l’impact de son témoignage[40]. Dans une lettre écrite en 1846 de Tiffin (Ohio) à Phineas Young, il explique les raisons de cette sensibilité.
« Pour éviter tout malentendu, je tiens à dire ici que tout ce que je recherche, tout ce que je demande, c’est que ma réputation soit débarrassée des accusations que l’on porte contre moi, les délits de vol, de faux, etc., ce que toutes les personnes qui m’ont fréquenté autrefois savent être faux. Je ne demande pas, je n’ai jamais demandé d’être excusé ou exempté de l’obligation de reconnaître toute faute ou toute mauvaise action réellement commise, car il y en a eu beaucoup, que j’ai toujours eu le plaisir de confesser – je caresse l’espoir, et c’est l’un de mes espoirs les plus chers, de laisser derrière moi une réputation telle que ceux qui croiront en mon témoignage, lorsque j’aurai été rappelé à Dieu, puissent le faire, non seulement pour l’amour de la vérité, mais n’aient pas à rougir de la vie privée de l’homme qui a rendu ce témoignage. Je suis susceptible là-dessus, je le reconnais, mais il faut que je le sois, vous le seriez dans ces circonstances, si vous vous étiez tenu en la présence de Jean avec notre frère Joseph décédé pour recevoir la moindre prêtrise, et en la présence de Pierre pour recevoir la prêtrise supérieure, et si vous deviez penser à l’avenir et être témoin des effets que cela doit produire – vous ressentiriez ce que vous n’avez jamais ressenti, si des hommes méchants conspiraient pour diminuer les effets de votre témoignage sur l’homme une fois que vous seriez parti pour le repos longtemps attendu[41]. »
Ce genre de déclaration fait par Cowdery pendant la période de Tiffin, tandis qu’il était encore non-membre, montre que, pendant qu’il était hors de l’Église, il continua à affirmer l’existence des événements du Rétablissement dont il avait été à la fois le témoin et le participant.
MARTIN HARRIS
Rien ne confirme non plus l'affirmation des Tanner que Martin Harris ait jamais renié son témoignage du Livre de Mormon ou en ait douté. Cependant, étant donné qu'il s'est affilié à plusieurs groupes de dissidents mormons entre 1838 et 1870, les Tanner prétendent qu'il était « instable et facilement influencé par des dirigeants charismatiques[42] ». Mais cette affirmation ne vaut pas pour le témoignage de Harris concernant le Livre de Mormon, qui est resté pendant des années l'ancre de sa vie[43]. Comme le remarque correctement un historien, dans chacun de ces groupes dissidents, « Harris désirait davantage leur prêcher que les écouter. Quoique séparé du gros de l'Église, il répondait amicalement à ceux qui recherchaient son soutien et se faisaient du souci pour lui. Mais dans chaque cas, il voulait prêcher le Livre de Mormon, ce qui débouchait habituellement sur une séparation des chemins[44]. » Martin Harris fut excommunié en décembre 1837 à Kirtland où il resta pendant les trente-deux années qui suivirent. Pendant ce temps-là, il s'associa à Warren Parrish et à d'autres dissidents de Kirtland, qui organisèrent une église. Le 30 mars 1839, George A. Smith écrivait une lettre de Kirtland décrivant les divisions qui existaient dans le groupe de Parrish. « Dimanche dernier, une division s'est produite parmi le groupe de Parrish au sujet du Livre de Mormon; John F. Boynton, Warren Parrish, Luke Johnson et d'autres ont dit que c'était de la sottise. Martin Harris a alors rendu témoignage de sa véracité et a dit qu'ils seraient tous damnés s'ils le rejetaient[45]. » Pareil comportement révèle un degré d'indépendance important que l'on n’attribue généralement pas à Harris.
Lorsque les saints quittèrent Kirtland, Harris perdit le contact avec le gros de l'Église et, pendant ce temps-là, se trouva en désaccord avec certains enseignements doctrinaux de l'Église. Toutefois un rebaptême en 1842 donne à penser qu'il éprouvait toujours de la sympathie pour les enseignements mormons. En 1846, il entra brièvement chez les Strangites, qui l'envoyèrent en mission en Angleterre, mais les sources existantes de cette période montrent qu'il ne fut jamais pleinement engagé vis-à-vis de leur cause[46]. La raison principale pour laquelle il partit, semble avoir été qu'il voulait témoigner du Livre de Mormon. Il essaya un jour de parler à une conférence de saints des derniers jours à Birmingham, mais cela lui fut interdit, puis on lui demanda sèchement de quitter la réunion. Furieux et manifestement embarrassé par l'affront, il sortit, dit-on, dans la rue et commença à insulter les dirigeants de l'Église[47]. Cependant, George Mantle, qui fut témoin de l'événement, raconta plus tard :
« Quand nous sommes sortis de la réunion, Martin Harris était entouré, dans la rue, d’une foule, qui s'attendait à ce qu'il lui fournisse des arguments pour faire la guerre au mormonisme, mais quand on lui demanda si Joseph Smith était un vrai prophète de Dieu, il répondit oui; et quand on lui demanda si le Livre de Mormon était vrai, il répondit ceci : ‘Est-ce que vous savez que c'est le soleil qui brille sur nous ? Parce qu’aussi certainement que vous savez cela, je sais que Joseph Smith était un vrai prophète de Dieu et qu’il a traduit ce livre par le pouvoir de Dieu’[48]. » Pendant un certain temps, Harris sympathisa avec d'autres dissidents tels que William McLellin et Gladden Bishop, mais ces hommes acceptaient toujours le Livre de Mormon. Comme le note à juste titre Anderson : « Martin Harris s’affilia chaque fois à un groupe mormon, sauf quand il accepta certaines croyances des shakers, un point de vue qui n'était pas fondamentalement contraire à son témoignage du Livre de Mormon, parce que le fondement de ce mouvement était l'acceptation de la révélation personnelle donnée par des êtres célestes[49]. »
Les Tanner essaient de minimiser l'importance du témoignage écrit des témoins en relevant des ressemblances entre ce texte et plusieurs écrits shakers du 19e siècle dans lesquels des croyants shakers affirmaient avoir vu des anges et avoir eu des visions. « Joseph Smith n'a eu que trois témoins qui ont affirmé avoir vu un ange. Par contre, les Shakers ont un grand nombre de témoins qui ont affirmé avoir vu des anges et le livre. [Dans les écrits shakers] il y a plus de 100 pages de témoignages de 'témoins vivants'[50]. » Mais la quantité des témoins ne signifie pas grand-chose s'ils reconnaissent par après s'être trompés. Au contraire du Livre de Mormon, le Roll and Book des Shakers fut plus tard discrédité et déshonoré parmi les Shakers eux-mêmes et fut abandonné par ses dirigeants et la plupart des fidèles[51], tandis que le Livre de Mormon continuait à être un élément d'importance capitale dans les Écritures mormones, dont chacun des témoins, y compris Martin Harris, continua à témoigner, même lorsqu’ils étaient hors de l'Église. À la page 14 de leur récent bulletin d'information, les Tanner prétendent que « l'entrée de Martin Harris chez les Shakers suscite des doutes sérieux en ce qui concerne sa croyance au Livre de Mormon. Nous croyons que quelqu'un qui croit au Livre de Mormon ne pourrait pas accepter ces révélations sans rejeter les enseignements de Joseph Smith[52]. » Mais c'est là une conclusion absurde, puisque les témoins ont de toute évidence effectivement rejeté, à certains moments, certains des enseignements de Joseph Smith tout en continuant à affirmer que le Livre de Mormon était vrai et que leur expérience était réelle. Il y a une autre raison encore pour laquelle la conclusion des Tanner ne se justifie pas. Martin Harris n'accepta jamais la totalité des croyances des Shakers. Par exemple, alors que les Shakers convaincus étaient partisans du célibat, Martin resta marié pendant cette période et eut plusieurs enfants[53]. En outre, il ne se joignit jamais aux communautés voisines de Shakers comme il l'aurait fait s’il s’était pleinement engagé. Les Shakers croyaient aux dons spirituels et mettaient l'accent sur la nécessité de se préparer à la seconde venue du Christ, des choses auxquelles Harris croyait avant même de devenir membre de l'Église. Même une des premières révélations données à Joseph Smith laissait entendre que les Shakers avaient certaines vérités (D&A 49:1-28). Harris était vraisemblablement enthousiaste pour certains éléments du mouvement shaker qui coïncidaient avec sa propre croyance en un rétablissement, mais il rejeta d'autres croyances et pratiques shakers, ce que montre clairement son comportement au cours de ces années. Ainsi donc, l’intérêt que Harris manifesta brièvement pour le Roll and Book des Shakers est tout à fait compréhensible et logique[54]. « Étant donné qu'il affirmait venir des anges pour préparer le monde au millénium, il devait, d'une manière générale, être en accord avec l'engagement de Martin Harris vis-à-vis du Livre de Mormon, qui, dans un sens beaucoup plus historique et rationnel, a le même objectif[55]. « Mais bien que l'intérêt de Harris pour le mouvement shaker ait été de courte durée, les éléments dont nous disposons pour la même période montrent qu'il n'a jamais dévié de son témoignage du Livre de Mormon[56]. »
DAVID WHITMER
Rien ne permet aux Tanner de dire que David Whitmer ait jamais douté de son témoignage du Livre de Mormon ou l’ait renié, mais cela ne les empêche pas de prétendre qu'on ne peut pas se fier à son témoignage parce qu'il prétendit plus tard avoir eu d'autres révélations critiquant les mormons. Ils font remarquer que David Whitmer suivit brièvement les prétentions de William McLellin et donna à un moment donné plusieurs révélations qui « condamnaient sévèrement le mormonisme[57] ». Ils affirment aussi que rien ne prouve qu'il ait jamais renié ces révélations[58]. En fait, la réalité est que peu de temps après, les Whitmer et Hiram Page reconnurent que ces activités étaient déplacées et « n'étaient pas en accord avec l’ordre de l'Église de l'Évangile[59] ». Plus tard, David Whitmer dit à propos de ces actions et de ces révélations que c'étaient « des erreurs de doctrine, ce que le Seigneur m'a montré depuis lors, erreurs que j'ai confessées et dont je me suis repenti[60] ». Les Tanner citent aussi une déclaration faite par David Whitmer deux ans avant sa mort, en 1887 : « Si vous croyez à mon témoignage du Livre de Mormon, si vous croyez que Dieu nous a parlé, à nous, les trois témoins, de sa propre voix, alors je vous dis qu'en juin 1838, Dieu m’a de nouveau parlé de sa propre voix venue des cieux et m’a dit 'de me séparer des saints des derniers jours, car ce qu'ils cherchaient à me faire leur serait fait'[61]. » Selon les Tanner, « Les Mormons ne peuvent pas accepter ce témoignage de leur propre témoin sans détruire la foi en Joseph Smith[62]. » En réalité, la voix décrite par David ne disait rien à propos de Joseph Smith, de ses révélations ou de la véracité de l'Église, alors qu’en 1887, David avait, de toute évidence, tiré ses propres conclusions de l'expérience[63]. Les Tanner déclarent à tort que cette voix avait dit à David Whitmer « qu'il devait quitter l'Église mormone[64] », puisque à ce moment-là celui-ci avait déjà été excommunié et n'était plus membre[65]. Il signale simplement qu'il lui fut dit de se « séparer » de la communauté des saints des derniers jours de Far West, ce qui, compte tenu des circonstances, était probablement une bonne idée[66]. Pourtant, et c’est significatif, pendant presque cinquante et un ans après cette séparation, il continua à affirmer que son témoignage du Livre de Mormon était vrai.
B. H. ROBERTS : UN TEMOIN QUI A DOUTE DU LIVRE DE MORMON ?
Au cours d'un programme radio récent à Salt Lake City, Jerald Tanner prétendit ne j'avais avoir déformé une déclaration de B. H. Roberts dans laquelle l'ancien dirigeant de l'Église expliquait le but de l'exposé de ses critiques non publiées du Livre de Mormon[67]. Après avoir vérifié, dans la source en question, la citation que j'avais faite dans ma critique, je me suis rendu compte que j'avais cité par inadvertance une source secondaire, alors que j'aurais dû citer la lettre elle-même, dont il était facile de se procurer une copie[68]. Tout en regrettant l'erreur, j’affirme que la citation, telle qu'elle se trouve dans la critique, démontre avec précision l'attitude de Roberts à l’égard de son étude non publiée. Cependant, pour dissiper tout malentendu à ce sujet, je cite maintenant la lettre de Roberts dans son intégralité. Les italiques indiquent les éléments cités dans la critique.
Le président Heber J. Grant
et le Conseil et le Collège des douze apôtres
Salt Lake City, Utah 15 mars 1923 [1922]
« Chers frères,
« Vous vous souviendrez peut être qu’au cours de l'audience sur les « Problèmes du Livre de Mormon », dont rapport a été fait à votre conseil en janvier 1922, j'ai dit dans mes observations qu'il y avait d'autres problèmes dont je pensais qu'il fallait les examiner en plus de ceux qui étaient proposés dans mon rapport. Frère Richard R. Lyman a demandé s'ils aideraient à résoudre les problèmes déjà présentés ou s'ils augmenteraient nos difficultés. Ma réponse a été qu'ils augmenteraient considérablement nos difficultés, à quoi il a répondu : « Alors je ne sais pas pourquoi nous devrions les examiner. » J’ai cependant répondu qu'il était de mon intention de poursuivre mon étude jusqu'à l'analyse finale. En conséquence, étant donné que l'affaire était déjà aussi avancée entre mes mains, j'ai poursuivi mon étude et vous en remets, par la présente, le compte-rendu. Je ne donne pas mes conclusions, car je n'en ai pas tiré.
En vous mettant par écrit le rapport de mes études, je l'ai fait du point de vue d’un esprit ouvert, examinant les faits concernant l'origine et l'auteur du Livre de Mormon. Je tiens à dire une fois pour toutes, de manière à éviter ce qui pourrait sinon nécessiter des explications répétées, que ce qui est exposé dans la présente ne représente aucune conclusion de ma part. Le rapport remis en annexe est ce qu'il prétend être, à savoir une «étude des origines du Livre de Mormon», pour l'information de ceux qui devraient tout savoir à son sujet, pour et contre, aussi bien que ce qui a été publié contre lui et ce qui pourra être publié contre lui. Mon point de vue est que notre foi dans le Livre de Mormon n'est pas seulement inébranlée, mais inébranlable et que par conséquent nous pouvons examiner sans crainte tout ce que l'on peut dire contre lui.
Pendant que je cherchais les réponses aux questions de Mr Couch, envoyées par l'intermédiaire de Mr William E. Riter, je suis entré en contact avec la matière utilisée ici et j'ai décidé, tant que j'avais le sujet frais à l'esprit, de le mettre par écrit pour ceux qui devraient l'étudier et savoir sur quelles bases on peut mettre en doute le Livre de Mormon, aussi bien que ce qui en confirme l'authenticité et la véracité.
S'il est impossible aux Autorités générales d'examiner ensemble cette affaire, je propose qu'elle soit déférée au comité que vous avez fait désigner pour examiner avec moi les réponses à donner à Mr Couch, à savoir les frères Ivins, Talmadge [sic] et Widtsoe, avec la requête qu'il en fasse rapport. Je suis tout à fait sûr que vous trouverez le document qui vous est proposé ci-joint extrêmement intéressant et il peut être extrêmement important puisqu'il représente ce que certains adversaires peuvent utiliser pour critiquer le Livre de Mormon.
Ce n’est pas à moi de vous dire qu'il est absolument essentiel, pour l'intégrité du mouvement mormon tout entier, d’affirmer la véracité du Livre de Mormon, car il est inconcevable que le Livre de Mormon ne soit pas vrai dans son origine ou sa nature et que l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours soit une vraie Église.
Toutes choses qui vous sont respectueusement proposées, Bien fraternellement [69]
Les Tanner connaissent bien cette déclaration, mais jusqu'à présent ils sont restés étrangement silencieux à ce sujet. Les études de Roberts ont été publiées et sont disponibles depuis 1985[70], mais les Tanner se sont abstenus de mentionner la déclaration de Roberts dans leur édition révisée de 1987 de Mormonism: Shadow or Reality?[71] Dans leur ouvrage de 1989, Major Problems of Mormonism[72], ils sont également étrangement silencieux concernant cette déclaration. Même leur examen le plus récent des études de B. H. Roberts[73] ne dit rien de la lettre d'accompagnement dont il avait toujours été dans l'intention de Roberts qu'elle soit jointe au manuscrit[74]. Leur silence obstiné concernant une preuve importante de ce que Roberts a continué à croire au Livre de Mormon est inexcusable.
LE « TANNERISME » : OMBRE OU REALITE ?
L'année dernière, j'ai aussi cité plusieurs exemples du chapitre 5 de Mormonism: Shadow or Reality ? où les Tanner avaient déformé des déclarations de Richard L. Anderson[75]. Comme il était évident que les déclarations d'Anderson ne soutenaient pas et en fait sapaient les arguments même que les Tanner essayaient d'avancer, je me suis sérieusement demandé pourquoi ils s'étaient même donné la peine de le citer. Ils ont répondu : « Si [Roper] avait lu soigneusement la totalité du chapitre 5 de notre livre, il n’aurait pas commis cette lourde erreur[76]. » Après avoir lu la réponse des Tanner, je suis retourné à ce chapitre et je l’ai relu. Je leur suis reconnaissant de leur invitation, qui a maintenant confirmé ma première évaluation. On trouvera ci-dessous plusieurs exemples supplémentaires provenant de leurs écrits qui m’avaient manifestement échappé.
TEMOINS DU LIVRE DE MORMON
CAPACITES CREATRICES ?
Les Tanner ont affirmé que Joseph Smith connaissait très bien les ouvrages du 19e siècle qui énonçaient des théories sur l'origine hébraïque des natifs américains. Ils ont dit récemment : « Nous sommes convaincus que Joseph Smith a lu un certain nombre de livres et d’articles concernant les Indiens, en particulier des livres qui voient en eux des Israélites[77]. » Et quelle preuve ont-ils de cela ? « Sa propre mère, Lucy Smith, dit que Joseph avait un intérêt profond pour les anciens Indiens avant de recevoir les plaques à partir desquelles il a 'traduit' le Livre de Mormon[78]. » Puis ils citent une déclaration de Lucy Mack Smith, comme suit :
« Dans nos conversations, le soir, Joseph nous faisait de temps en temps quelques-uns des récits les plus amusants que l’on puisse imaginer. Il décrivait les anciens habitants de ce continent, leur habillement, leur façon de voyager, les animaux qu'ils montaient, leurs villes, leurs bâtiments, avec tous les détails, leur façon de faire la guerre et aussi leur culte religieux. Il le faisait avec autant d'aisance, semble-t-il, que s'il avait passé toute sa vie avec eux[79]. »
En d'autres termes, c'est la mère du prophète qui est la preuve de la créativité de Joseph ! Or, les Tanner ont de nouveau déformé la déclaration en question, car la mère du prophète ne disait pas que Joseph tirait ces renseignements de son imagination ou de livres, mais plutôt que cela provenait du fait qu'il « continuait à recevoir des instructions du Seigneur et nous continuâmes à rassembler les enfants tous les soirs pour écouter tandis qu'il nous en faisait rapport... [Joseph] n'avait jamais lu la Bible d'un bout à l'autre de sa vie : il semblait beaucoup moins enclin à la lecture de livres qu'aucun de nos autres enfants, mais il s’adonnait beaucoup plus à la méditation et à l'étude approfondie[80]. » La citation ne soutient absolument pas ce que les Tanner prétendent.
Un autre exemple de ce même problème apparaît dans la tentative des Tanner de montrer que Joseph Smith possédait la capacité créatrice d'inventer des nouveaux noms bizarres comme ceux que l'on trouve dans le Livre de Mormon. Pour étayer cette affirmation, ils citent le passage suivant :
La citation complète explique que ce nom n'était pas une invention de Joseph Smith, mais lui avait été « révélé » par le Seigneur. Quand un auteur anonyme, membre de l'Église, fit observer ceci pour la première fois, les Tanner eurent cette faible réponse : « Nous avons simplement supposé que les gens sauraient que c'était censé être un nom inspiré[81]. » Mais, bien entendu, personne d’autre n'a fait cette supposition, puisque les Tanner n'ont pas fourni la citation complète. De plus, la malhonnêteté de cette réponse est tout à fait évidente, puisque la raison pour laquelle les Tanner citent cette déclaration est de fournir une preuve que « Joseph Smith avait à coup sûr la capacité d’inventer des 'nouveaux noms'[82]. » La réticence des Tanner à reconnaître cette évidence est la preuve flagrante que leur volonté de tromper était intentionnelle, étant donné que la citation ne prouve en aucune façon la capacité créatrice de Joseph Smith à part le fait qu'ils considèrent qu'il n'y a pas eu de révélation.
Quand on lit la dernière citation dans son contexte, il devient clair que frère Kimball ne parlait pas du tout de la Première Vision, mais du rétablissement de la prêtrise et de la parution du Livre de Mormon.
On pourrait continuer à citer d'autres exemples. Toutefois, ceux qui sont cités ci-dessus, ainsi que ceux que j'ai mentionnés l’an dernier[83], suffisent pour mettre en évidence la pratique néfaste chez les Tanner de déformer les choses dans leurs écrits, raison pour laquelle les lecteurs attentifs ont du mal à prendre leur travail au sérieux. Pour paraphraser nos contradicteurs, si les Tanner avaient « lu soigneusement » les sources qu’ils citent, ils n’auraient « pas commis cette lourde erreur ». Toutefois, que cette façon de faire soit délibérée ou simplement due à la négligence, il y a peu de chances pour que les Tanner le reconnaissent jamais volontairement. « En fait, nous ne voyons pas en quoi nous avons fait mauvais usage des citations[84]. » Cet aveuglement en révèle plus sur les auteurs et leurs mobiles que sur l’Église à laquelle ils s’opposent aussi vainement.
[1] Jerald et Sandra Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?» Salt Lake City Messenger 82, septembre 1992, pp. 12-14. Le tiers environ des commentaires des Tanner sont repris de leur récent ouvrage Major Problems of Mormonism, Salt Lake City, Utah Lighthouse Ministry, 1989, pp. 142-48. Je faisais observer, dans ma critique, qu’au sein de la communauté anti-mormone, on considérait l’œuvre des Tanner comme importante (Matthew Roper, critique de Jerald et Sandra Tanner Mormonism: Shadow or Reality? Dans Review of Books on the Book of Mormon 4, 1992, pp. 169-170. Je ne voulais pas dire par là, comme les Tanner l’affirment à tort, qu’elle était particulièrement importante parmi les membres de l’Église. Pour être tout à fait franc, la plupart des saints des derniers jours avec qui j’ai parlé ignorent tout des Tanner et de leur travail. Néanmoins les auteurs paraissent ravis de ce que leur collègue Dean Helland ait qualifié leur livre Mormonism: Shadow or Reality? de «poids lourd de tous les livres sur le mormonisme», mais comment peut-on être impressionné par les éloges de quelqu’un qui décrit aussi Loftes Tryk comme un «penseur» et quelqu’un avec qui il a «des atomes crochus»? Dean Helland, «Meeting the Book of Mormon Challenge in Chile», thèse de doctorat, université Oral Roberts, 1990, p. 43; on trouvera une évaluation amusante de l’œuvre de Tryk dans Daniel C. Peterson, «A Modern Malleus Maleficarum», dans Review of Books on the Book of Mormon 3, 1991, pp. 231-60; voir aussi Louis Midgley, «Playing with Half a Decker: The Countercult Religious Tradition Confronts the Book of Mormon», dans Review of Books on the Book of Mormon 5, 1993, pp. 116-171; Massimo Introvigne, «The Devil Makers: Contemporary Evangelical Fundamental Anti-Mormonism and Its 19th Century French Origins», étude non publiée lue à la réunion annuelle de la Mormon History Association, mai 1992, à St-George, Utah. [2] En particulier, Richard Lloyd Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, Salt Lake City, Deseret Book, 1981. Je voudrais remercier le Dr Anderson pour ses commentaires précieux à propos de cet article. [3] Roper,
critique de Mormonism: Shadow or Reality? pp. 171-172. [4] JD 7:164 (italiques ajoutés). [5] Les Tanner se sont plaints de ce que ma critique était injuste (p. 13). Ils ont répondu que la page voisine de Mormonism: Shadow or Reality? contenait une «photocopie non seulement de la citation, mais aussi de la page tout entière du sermon de Brigham Young!» (idem). Malheureusement, les Tanner se sont abstenus de reproduire la page en question dans les adaptations plus récentes de leur ouvrage; voir Jerald et Sandra Tanner, The Changing World of Mormonism, 2e éd., Chicago, Moody Press, 1981, p. 94. La contestation reste donc légitime. [6] Tanner et
Tanner, «Roper attacks Mormonism: Shadow or Reality?» p. 13. [7] JD 2:257 (italiques ajoutés). [8] Anderson, Investigating
the Book of Mormon Witnesses, pp. 79-92; Lyndon W. Cook, David
Whitmer Interviews: A Restoration Witness, Orem, UT, Grandin,
1991. [9] JD 22:254;
23:101. [10] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 13.
[11] Ironie des choses, les Tanner m’accusent d’essayer de «redéfinir la déclaration de Brigham Young» (idem), alors que ce sont eux qui le font en introduisant le mot «aussi» pour défendre une interprétation douteuse dénuée de soutien historique. [12] Idem. [13] JD 10:326. [14] JD 12:208. [15] Orson Pratt, dans JD
16:216-217, parle dans le même sens: «Je vais demander aux saints
des derniers jours, à ceux qui sont maintenant assis devant moi dans
toute cette vaste assemblée, comment avez-vous su que Joseph Smith était
un prophète de Dieu lorsque vous habitiez en Angleterre et que vous
n’aviez jamais vu cet homme? Comment l’avez-vous su en Suède, au
Danemark, en Norvège, en Suisse, en Italie, en Australie et dans les
divers endroits de la terre d’où vous avez émigré? Comment
avez-vous su que Joseph Smith était un prophète de Dieu avant
d’avoir traversé l’océan et être arrivés dans ce pays? Vous
l’avez appris par une connaissance qui vous a été donnée par le
don et le pouvoir du Saint-Esprit dans votre pays natal. C’est là
que vous avez été guéris et que vous avez vu la manifestation de la
puissance de Dieu qui guérissait de temps en temps les malades.
C’est là que la vision de votre esprit s’est ouverte
pour contempler les choses célestes. C’est là que vous avez
entendu la voix du Tout-Puissant vous parler par révélation et
vous témoigner des choses du ciel. Vous êtes nombreux à
avoir connu ces dons grands et merveilleux.» Orson Pratt décrit tout
ce groupe comme «une vaste nuée de témoins suscités d’entre
toutes les nations, familles, langues et peuples à qui cette œuvre a
été envoyée... rendant le même témoignage que Dieu a parlé et
que le Livre de Mormon est vrai, car le Seigneur le leur a révélé»
(italiques ajoutés). [16] Latter-day
Saint Messenger and Advocate 3/9, juin 1837, p. 513 (italiques ajoutés). [17] Zerah
Pulsipher, History of Zerah Pulsipher, manuscrit non publié,
Bibliothèque Harold B. Lee, université Brigham Young, p. 5. [18] Augusta J.
Crocheron, Representative Women of Deseret, Salt Lake City,
Graham, 1884, p. 24. [19] Benjamin
Brown, Testimonies for the Truth… Liverpool, Richards, 1853,
p. 5. [20] Lucy Mack
Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet and His
Progenitors for Many Generations, Liverpool, Richards, 1853, p.
112. [21] Harrison
Burgess, «Sketch of a Life Well Spent», Archives de l’Église, pp.
65-66. [22] Andrew
Jensen, The Historical record, octobre 1881, p. 621, cité dans
Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, pp.
30-33; on trouvera une description par David Whitmer dans Cook, David
Whitmer Interviews, pp. 13, 28, 182, 214, 216-18. [23] Ne s’applique pas en français. [24] John D.
Lee, Mormonism Unveiled or the Life and Confessions of the Late
Bishop John D. Lee, St-Louis (Missouri), Bryan, 1877, p. 184
(italiques ajoutés). [25] JD 26:248. Une bénédiction donnée en février 1835 promettait que «de saints anges le serviront de temps en temps», dans HC 2:188. [26] Conference
Report, 4 octobre
1901, p. 18. [27] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 13.
[28] Times and
Seasons, 2, 1841,
p. 482. Les auteurs
ne tiennent aucun compte du commentaire de Richard Lloyd Anderson sur
le poème dans Anderson, Investigating the Book of Mormon
Witnesses, pp. 152-155. [29] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 14.
[30] «Pour prétendre
que Johnson a ‘admis’ que Cowdery avait renié son témoignage, il
faut considérer que le mot ‘renier’ est utilisé au sens étroit
d’abjurer, pas dans le sens plus général de ‘mettre de côté’
le Livre de Mormon dans la pratique, tout en sachant passivement
qu’il est vrai. Par exemple, on a coutume de dire que Pierre a
‘renié’ le Christ, un des exemples de Johnson. En réalité,
Pierre n’a pas renié la divinité du Christ, qui n’était pas
contestée, mais, dans la cour du souverain sacrificateur, il a nié
avec véhémence tout lien avec Jésus. Le ‘reniement’ de Pierre
quand il s’est désolidarisé du Christ est la même chose que ce
que Oliver a fait en se dissociant du Livre de Mormon en ne le prêchant
pas activement pendant un certain temps. Cela suscite la question plus
générale de savoir si Johnson, en tant que poète, avait une
intention quelconque d’utiliser un langage techniquement précis,
car on voit bien qu’il exagère quant il parle de Paul tuant des chrétiens
et des Juifs tuant le Christ, ce qui, au sens strict du terme, n’est
pas vrai» (Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, pp.
153-154). [31] Johnson fut baptisé le 1er juin 1831 et resta à Amherst (Ohio) jusqu’en juillet 1833. À ce moment-là, il alla s’installer à Kirtland. Il y resta jusqu’au 6 juillet 1838, mais n’alla jamais au Missouri. Il décrit comme suit ces événements dans son autobiographie: «Life of Joel Johnson: Written by Himself», Utah Genealogical and Historical Magazine 29, 1938, pp. 170-171: «J’ai participé à l’organisation du camp de Kirtland en 1838 et je l’ai accompagné jusqu’à Springfield (Illinois); j’ai été appelé par le conseil à m’arrêter là-bas et à m’occuper des malades. J’ai commencé à prêcher et j’ai rapidement réuni une branche de quarante membres de l’Église dont j’ai été le président jusqu’au 8 janvier 1839, quand le Seigneur m’a montré par révélation que je devais me rendre immédiatement à Carthage, dans le comté de Hancock». Johnson resta dans le comté de Hancock jusqu’à la fin de mai 1846, quand des émeutiers l’obligèrent, lui et sa famille, à s’installer dans le comté de Knox (Illinois). Le 6 mai 1848, Johnson partit pour Winter Quarters et, le 5 juillet, il partit avec le convoi de Willard Richards pour le lac Salé où il arriva le 9 octobre 1848 (idem). Voir aussi sa lettre du 6 février 1840 dans le Times and Seasons du 1er mars 1841, pp. 76-77. [32] «Une fois
qu’il a choisi un sens arbitraire de ‘renié’, l’objecteur se
trouve toujours devant le fait que Johnson cite un certain nombre
d’intermédiaires anonymes qui citent soi disant Cowdery.
Historiquement parlant, cela n’a aucune importance que l’on puisse
prouver qu’une rumeur non fondée est contemporaine, c’est
toujours une rumeur sans preuve directe pour la confirmer», dans
Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, p. 154. [33]
Attestation de G. J. Keen, 14 avril 1885, dans Charles A. Shook, The
True Origin of the Book of Mormon, Cincinnati, OH, Standard, 1914,
pp. 58-59. Les amis
intimes de Cowdery au cours de cette époque parlent de sa répugnance
à s’exprimer si peu que ce soit au sujet du mormonisme. Quand
Thomas Gregg demanda à W. Lang si Cowdery avait jamais «dénoncé
ouvertement le mormonisme», Lang répondit: «Personne ne savait
mieux que lui garder ses opinions pour lui-même. Il ne permettait
jamais à personne de l’entraîner dans une conversation sur ce
sujet» (William Lang à Thomas Gregg, 5 novembre 1881, Tiffin (Ohio),
dans Shook, The True Origin of the Book of Mormon, p. 56). «Je
pense qu’il est tout à fait certain, écrit W. H. Gibson, que
Monsieur C., après avoir quitté les mormons, n’a jamais parlé de
ce sujet avec ses amis les plus intimes et n’a jamais, ni par la
parole ni par l’action, révélé quoi que ce soit concernant la
naissance, le développement ou les progrès de ‘l’Église de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours’.» (W. H. Gibson à Thomas Gregg, 3 août
1882,Tiffin (Ohio), dans Shook, The True Origin of the Book of
Mormon, p. 57). Par conséquent, lorsque Keen déclare qu’en 1840 il a appris «le
renoncement total et final» du mormonisme par Cowdery (Shook, The
True Origin of the Book of Mormon, p. 59), il ne peut faire
allusion qu’à la démission officielle d’Oliver de l’Église en
avril 1838, moment où il déclara que tout en étant fortement en désaccord
avec Joseph Smith et d’autres dirigeants de l’Église et était en
conflit avec certains principes relatifs au «gouvernement extérieur
de l’Église», il ne contestait pas les points de doctrine de base;
cf. Donald Q. Cannon et Lyndon W. Cook, directeurs de publication, Far
West Record, Salt Lake City, Deseret Book, 1983, pp. 165-166. [34] Shook, The
True Origin of the Book of Mormon, pp. 58-59. [35] «Je
demandai sérieusement à David s’il était vrai qu’il avait vu
l’ange, selon son témoignage comme l’un des témoins du Livre de
Mormon. Il répondit: Aussi sûrement qu’il y a un Dieu dans le
ciel, il avait vu l’ange, selon le témoignage qu’il rend dans ce
livre. Je lui demandai: S’il en était ainsi, comment se faisait-il
qu’il ne se tenait pas aux côtés de Joseph? Il répondit que du
temps où il avait reçu le Livre de Mormon et l’avait fait paraître,
Joseph était un homme de bien rempli du Saint-Esprit, mais il considérait
qu’il était maintenant déchu. J’interrogeai Oliver Cowdery de la
même manière et il me répondit de la même façon», dans «History
of Thomas Baldwin Marsh», Deseret News, 24 mars 1858. On
trouvera d’autres indications de la fidélité d’Oliver Cowdery à
son témoignage du Livre de Mormon pendant sa période d’éloignement
de l’Église dans le commentaire de Richard Lloyd Anderson sur son témoignage
au tribunal dans Investigating the Book of Mormon Witnesses,
pp. 57-60; JD 22:254). Brigham Young a également décrit une
autre affirmation apparemment distincte qui fut faite dans l’étude
d’avocat de Cowdery (JD 7:55). Brigham a pu être informé de
ces récits par ses parents directs, comme Phineas Young, qui restèrent
en contact intime avec Oliver pendant qu’il était éloigné de l’Église
et qui étaient présents à son retour en 1848 (idem; Seymour B.
Young, Conference Report, avril 1921, pp. 115-116). On trouvera
des informations sur le témoignage d’Oliver concernant le rétablissement
de la prêtrise et son attitude vis-à-vis de l’Église de 1848 à
sa mort en 1850 dans Richard Lloyd Anderson, «The Second Witness of
Priesthood Restoration», Improvement Era, 71/9, septembre
1868, pp. 15-24; Anderson, «The Second Witness on Priesthood
Succession», Improvement Era 71, novembre 1968, pp. 14-20. [36] Beaucoup d’entre eux ont été rendus accessibles dans Stanley R. Gunn, Oliver Cowdery: Second Elder and Scribe, Salt Lake City, Bookcraft, 1962. Le recueil de Gunn n’est pas exhaustif, mais il a été parmi les premiers historiens à rendre ces lettres accessibles au public et donne un commentaire utile, même s’il est maintenant un peu dépassé. [37] «Mes affaires augmentent constamment, je ne rencontre aucun obstacle, si ce n’est le fait que j’ai été autrefois lié à ce qui est maintenant une église importante. Je crois que s’il n’y n’avait pas cela, je pourrais parvenir au sommet de mon ambition. Mais honte à l’homme, ou aux hommes, qui sont indignes d’eux-mêmes au point d’en faire une entreprise. Mon Dieu m’a soutenu et est capable de me soutenir et, grâce à sa providence mystérieuse, de m’élever au-dessus de tous mes ennemis», Oliver Cowdery à Phineas Young, 26 août 1843, Tiffin (Ohio), dans Gunn, Oliver Cowdery, p. 246. Voir aussi Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, pp. 37-48. [38] Oliver Cowdery à Brigham Young etc., 25 décembre 1842, Tiffin (Ohio), dans Gunn, Oliver Cowdery. [39] Oliver Cowdery à Phineas Young, 18 décembre 1845, Tiffin (Ohio), dans Gunn, Oliver Cowdery, p. 248-249; Oliver Cowdery à Phineas Young, 26 mars 1846, Tiffin (Ohio), dans Gunn, Oliver Cowdery, pp. 250-251. [40] Oliver
Cowdery à Phineas Young, 26 mars 1846, Tiffin (Ohio), dans Gunn, Oliver
Cowdery, pp. 250-251. [41] Idem
(italiques ajoutés). [42] Tanner et Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 14. Cette instabilité religieuse a été considérablement exagérée par les Tanner et par d’autres. On trouvera une vision plus claire dans Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, pp. 167-170. [43] Anderson, Investigating
the Book of Mormon Witnesses, pp. 111-112. [44] Rhett S.
James, The Man Who Knew: The Early Years: A Play About Martin
Harris 1824-1830, Cache Valley, Utah, Martin Harris Pageant
Committee, 1983, p. 168, n. 313; les annotations de James constituent
un commentaire historique précieux sur la vie de Harris. [45] George A.
Smith à Josiah Fleming, 30 mars 1838, Kirtland. [46] Anderson, Investigating
the Book of Mormon Witnesses, pp. 112-113. Rendus
manifestement méfiants à cause de l’état d’apostasie de Harris,
les dirigeants de l’Église en Angleterre se plaignirent de ce que
Martin Harris, «honteux d’être strangite… a dit à certains de
nos frères à qui il a rendu visite qu’il professait la même
chose qu’eux, qu’il venait d’arriver d’Amérique et
voulait faire la connaissance des saints» ; Millennial Star
8, 3 octobre 1846, p. 128 (italiques ajoutés). Son manque
d’enthousiasme pour Strang et ses sympathies à l’égard des
saints des derniers jours perturbèrent tellement les dirigeants
strangites qu’ils ne tardèrent pas à le ramener à Philadelphie, où
il les abandonna pour de bon ; Lester Brooks à James M. Adams,
12 janvier 1847, dans Milo M. Quaife, The Kingdom of Saint James :
A Narrative of the Mormons, New Haven, Yale University Press,
1930, p. 243. Martin nia formellement avoir fait des conférences
contre le mormonisme pendant le voyage: «Personne ne m’a jamais
entendu nier, de quelque façon que ce soit, la véracité du Livre de
Mormon, le ministère de l’ange qui m’a montré les plaques, ni
l’organisation de l’Église de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours sous l’administration de Joseph Smith, fils» Journal
History, 1er juin 1877, cité dans Madge Harris Tucker et Belle
Harris Wilson, The Martin Harris Story, Provo, Vintage Books,
1983, p. 65. [47] Millennial Star 8, 31 octobre 1846, p. 128. [48] George Mantle à Marietta Walker, 26 décembre 1888, Saint Catherine, Missouri, cité dans Autumn Leaves 2, 1889, p. 141. [49] Anderson, Investigating
the Book of Mormon Witnesses, pp. 111. Les
relations de Harris avec les Shakers ont déjà été traitées par
Richard Anderson, pp. 164-66, pourtant les Tanner n’en ont tenu
aucun compte. Est-ce là, pour paraphraser les Tanner (p. 13), une
indication du caractère superficiel de leur critique? [50] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 14.
[51] Une autorité du 19e siècle sur les Shakers raconte: «Certains des éléments les plus curieux de la littérature des Shakers datent de cette période [du début à la moitié du 19e siècle], et leurs dirigeants admettent volontiers que dans certains cas ils se sont laissés égarer à des actes et à des publications qu'ils ont eu depuis des raisons de regretter. Ils croient qu'ils ont été trompés par de faux esprits et qu'ils n'ont pas pu, dans bien des cas, distinguer le vrai du faux. Cela veut dire qu'ils restent attachés à leur foi aux 'communication spirituelles', comme ils les appellent, mais rejettent beaucoup de choses auxquelles ils avaient foi précédemment, croyant que ce qu'ils rejettent maintenant vient du Malin... Les reliques les plus curieuses de cette époque sont deux gros volumes, qui sont depuis lors tombés dans le discrédit parmi les Shakers eux-mêmes, mais étaient, au moment de leur publication, considérés comme extrêmement importants. L'un de ces livres était intitulé 'Rouleau et livre saint, sacré et divin du Seigneur du ciel aux habitants de la terre'... Le deuxième ouvrage est appelé 'Le livre divin de la sagesse sainte et éternelle, révélant la parole de Dieu de la bouche duquel sort une épée acérée'... Ces deux volumes ne sont plus à l'honneur, comme auparavant, chez les Shakers. Un de leurs anciens m'a déclaré que je n'aurais jamais dû les voir et que la meilleure chose à faire avec eux, c'était de les brûler», dans Charles Nordhoff, The Communistic Societies of the United States, New York, Hillary House Publishers, 1961, pp. 235, 245, 248, 250; il s'agit d'une réimpression de l'édition de 1875. [52] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 14.
[53] Wayne C.
Gunnell, «Martin Harris: Witness and Benefactor to the Book of
Mormon, mémoire de maîtrise», Université Brigham Young, 1955, pp.
58-59. [54] On trouvera un traitement de l’attitude de Martin Harris à l’égard du Livre des Shakers en rapport avec son témoignage du Livre de Mormon dans Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, pp. 164-166. [55] Id., pp.
165-166. [56] Id., p.
165. [57] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 14.
[58] Tanner, Major
Problems of Mormonism, p. 146. [59] Hiram Page à Alfred Bonny et à d’autres, 24 juin 1849, Olive Branch, août 1849, p. 28. [60] David
Whitmer, An Address to All Believers in Christ, Richmond,
Missouri, n.p., 1887, p. 27. [61] Anderson, Investigating
the Book of Mormon Witnesses, p. 165. «Quelle
sorte de 'voix' David a-t-il entendue?... Il ne le dit pas vraiment;
tout ce qu'il laisse entendre, c'est qu'elle était audible, en la
comparant au commandement de témoigner du Livre de Mormon. Mais cela
pose problème, parce que, au cours de sa longue vie, il ne traita pas
les deux expériences de la même façon. Il ne parla qu'une seule
fois, à Far West, de la voix non définie, dans ce dernier écrit aux
autres croyants, mais il avait témoigné à maintes reprises avoir
entendu une voix audible authentifier le Livre de Mormon. Ceux qui étaient
avec lui en 1830 dans le petit bois à New York témoignèrent qu'ils
avaient également entendu la voix de Dieu à ce moment-là, mais ni
Oliver Cowdery, ni John Whitmer, qui quittèrent tous deux Far West en
même temps que David, ne disent quoi que ce soit concernant le
commandement céleste de 1838. Quoi que David Whitmer ait pu
percevoir, cette dernière expérience ne contredit en aucune façon
le commandement divin précédemment reçu de témoigner des annales
antiques. Il aurait pu recevoir une consolation spirituelle réelle à
cause des méthodes injustes que ses anciennes fréquentations
utilisaient contre lui ; ou bien il a simplement eu le sentiment que
Dieu lui parlait à cause de l'immense indignation qui lui remplissait
l'âme ; ou alors, s'il céda à l'esprit de colère et de représailles,
il invita Satan à l'inspirer et à le séduire», dans Anderson, Investigating
the Book of Mormon Witnesses, p. 164. [62] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 14.
David
Whitmer aurait trouvé pareil raisonnement absurde: «Il y a des gens
qui pensent que s'ils peuvent donner l'impression que la vie et la réputation
de Joseph n'étaient pas parfaites et qu'il avait des faiblesses
humaines, cela prouverait qu'il n'était pas prophète ; cela n'empêche
pas les mêmes personnes de croire que Moïse, qui a tué
l’Egyptien, David, qui a fait tuer Urie et qui a pris une foule d’épouses,
Salomon, qui était polygame et idolâtre, et Pierre, qui mentait et
jurait, etc., étaient tous prophètes et devraient être honorés et
respectés. Ce que la vie personnelle de Joseph Smith a été après
la traduction du Livre de Mormon n’a rien à voir avec le point de
savoir s’il était ou n'était pas inspiré de faire paraître ce
livre.» David Whitmer, interviewé par William H. Kelly et G. H.
Blakeslee, 15 janvier 1882, Richmond ( Missouri), The Saints'
Herald 29, 1er mars 1882, dans Cook, David Whitmer's
Interviews, p. 852 (italiques ajoutés). [63] Quand David
Whitmer dit: «Au printemps de 1838, les dirigeants de l'Église et
beaucoup de membres étaient tombés profondément dans l'erreur et
l'aveuglement» (idem), il exprime clairement son opinion personnelle
et non le contenu d'une soi-disant révélation. [64] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 14.
[65] David
Whitmer fut excommunié le 13 avril 1838 ; Cannon et Cook, Far
West Record, pp. 176-178. [66] Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, p. 163-164. «Ces circonstances sont bien connues des historiens mormons ; après l'excommunication d'Oliver Cowdery et de David et John Whitmer, Sidney Rigdon avait prêché son ' sermon sur le sel', dans lequel il avertissait les dissidents qu'ils ne devaient pas se mêler de la société mormone. Il fut dit ensuite aux Whitmer et à Cowdery de quitter la ville et avec le tumulte causé par leur éjection, ils quittèrent le centre mormon de Far West. Joseph Smith critiqua plus tard le discours agressif de Sidney Rigdon ainsi que les enseignements secrets de Sampson Avard, qui fut probablement le principal agent de cette expulsion.» On trouvera un aperçu historique sur Sampson Avard, les mormons et les Danites dans Leland Gentry, «The Danite Band of 1838», BYU Studies, 14/4, été 1974, pp. 421-450, Rebecca Foster Cornwall et Leonard J. Arrington, «Perpetration of a Myth: Mormon Danites in Five Western Novels, 1840-90», BYU Studies 23/2, printemps 1983, pp. 147-165, Richard L. Anderson, «Atchison's Letters and the Causes of Mormon Expulsion from Missouri», BYU Studies 26/3, été 1986, pp. 3-47, David Whittaker, «The Book of Daniel in Early Mormon Thought», dans By Study and Also by Faith: Essays in Honor of Hugh Nibley, 2 vol., Salt Lake City, Deseret Book et F.A.R.M.S., 1990, 1:166-174. [67] Roper,
Critique de Mormonism: Shadow or Reality? p. 193. Note du traducteur: L’événement auquel il est
fait allusion ici est le suivant. B. H. Roberts, membre de la présidence
des soixante-dix, homme extrêmement intelligent et cultivé, avait un
goût particulier pour les débats contradictoires dans lesquels il était
un interlocuteur redoutable. Convaincu que le Livre de Mormon était
vrai, il estimait qu’il pouvait résister victorieusement à toutes
les critiques, et que, plutôt que de les laisser venir des ennemis de
l’Église, il valait mieux faire un inventaire de toutes les
questions que l’on pouvait se poser au sujet du livre et essayer
d’y répondre soi-même. Il fit donc une liste de tous les problèmes
à l’intention de la Première Présidence et du Conseil des Douze,
avec une lettre d’accompagnement dans laquelle il précisait qu’il
ne tirait personnellement aucune conclusion. C’est cette lettre que
les Tanner ont choisi d’ignorer. [68] La source secondaire de laquelle j'avais tiré la citation était Truman Madsen et John Welch, «Did B. H. Roberts Lose Faith in the Book of Mormon?» document F.A.R.M.S., 1985, 2e partie, page 3. Suite à une erreur d'inattention de ma part, j'ai négligé de mettre un «idem» au début de la note 79, à la page 193 de la critique. Le but que j'avais à l'origine, en citant un renvoi à la version publiée de l'étude de Roberts (Brigham Madsen, directeur de publication, B. H. Roberts: Studies of the Book of Mormon, Urbana et Chicago, University of Illinois Press, 1985, pp. 57-58) était d'attirer l'attention sur le fait que les Tanner, quoique connaissant bien la déclaration de Roberts, étaient «complètement silencieux sur l'explication que Roberts donne lui-même du but de l'étude, alors qu'elle donne un éclairage tout à fait différent de l'état de sa foi et de son témoignage» (Roper, critique de Jerald et Sandra Tanner, Mormonism: Shadow or Reality? p. 193, n. 79). Cet argument est toujours légitime, étant donné qu'il y a un certain nombre d'années qu'ils assurent la vente du livre par l'intermédiaire de leur mission et de leur librairie. Welch a inséré par inadvertance deux des phrases de Roberts, une du premier paragraphe et une autre du quatrième au milieu du deuxième paragraphe de la lettre de Roberts. On a aussi remplacé le mot «this» par le mot «the» à la ligne 6 du paragraphe 2 de la lettre de Roberts. Le mot «this» a aussi été remplacé par le mot «the» à la ligne 6 du paragraphe 2 et le mot «very» a aussi été supprimé à la ligne 7 du paragraphe 4. On peut cependant trouver une photocopie de la lettre originale de Roberts dans le même article; c'est le document 6. Je voudrais remercier Jerald Tanner d'avoir attiré mon attention sur cette erreur. [69] B. H. Roberts à Heber J. Grant et au Conseil des douze apôtres, 15 mars 1923, Salt Lake City (italiques ajoutées). Une photocopie du document est reproduite comme document 6 de Welch et Madsen, «Did B. H. Roberts Lose Faith in the Book of Mormon?». L’indication de l’année sur la lettre est incorrecte et devrait être 1922 et non 1923. Voir Brigham Madsen, B. H. Roberts : Studies of the Book of Mormon, 33, n. 65, pp. 57-58. [70] Madsen, B.
H. Roberts: Studies of the Book of Mormon, pp. 57-58. Cet ouvrage
a été rendu disponible par la librairie des Tanner en octobre 1986
et ils en ont fait la publicité dans leur bulletin d’information. [71] Jerald et Sandra Tanner, Mormonism: Shadow or Reality? 5e éd., Salt Lake City, Utah Lighthouse Ministry, 1987, pp. 82-84. [72] Jerald et
Sandra Tanner, Major Problems of Mormonism, Salt Lake City,
Utah Lighthouse Ministry, 1989, pp. 156-160. [73] Jerald et Sandra Tanner, «B. H. Roberts’ Doubts», Salt Lake City Messenger 84, avril 1993, pp. 10-11. [74] B. H.
Roberts à Richard R. Lyman, 24 octobre 1927, cité dans Madsen, B.
H. Roberts: Studies of the Book of Mormon, pp. 58-60. Roberts estimait que la théorie sur Ethan Smith,
View of the Hebrews, pourrait être un jour utilisée «entre
les mains d’un adversaire habile» dans une tentative
d’embarrasser l’Église. C’était pour préparer les croyants
futurs à se défendre contre de telles attaques, et non parce qu’il
mettait en doute l’authenticité du Livre de Mormon, qu’il avait
poursuivi l’étude. «Une question telle que celle-là peut être
soulevée un jour et, si c’est le cas, ce serait un grand avantage
pour nos futurs Défenseurs de la Foi d’avoir sous la main une synthèse
approfondie du sujet», dans idem, pp. 59-60. Si ce qui est dit dans
la présentation de Roberts représentait véritablement ses
conclusions personnelles concernant le Livre de Mormon, comme le prétendent
les Tanner, il est très peu
probable que ses frères de la Première Présidence et du Conseil des
Douze, à qui elle était écrite, l’auraient maintenu dans un poste
de direction de l’Église pendant la décennie qui a suivi. [75] Roper,
critique de Mormonism: Shadow or Reality? pp. 172-176. Le fait que des auteurs tels que les Tanner
commettent des erreurs par inadvertance n’est pas particulièrement
important à moins que ces citations n’altèrent, ne déforment ou
ne cachent des informations qui peuvent affaiblir leurs arguments. Ce
qui me dérange dans les écrits des Tanner, ce n’est pas le fait
qu’il y a des erreurs, mais que ces exemples suppriment ou cachent
souvent des informations qui portent sur le sujet traité. [76] Tanner et
Tanner, «Roper Attacks Mormonism: Shadow or Reality?», p. 14.
[77] Jerald et
Sandra Tanner, «The Book
of Mormon: Ancient or Modern?», Salt Lake City Messenger 84
(avril 1993, p. 7). [78] Idem. [79] Cité par
les Tanner, «The Book of Mormon: Ancient or Modern?», p. 7, d’après
Lucy Mack Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet
and His Progenitors for Many Generatgions, Liverpool, Richards,
1853, p. 85. [80] Idem, pp.
84-85. [81] Jerald et
Sandra Tanner, Answering Dr Clandestine: A Response to the
Anonymous L.D.S. Historian, éd. augmentée, Salt Lake City, Utah
Lighthouse Ministry, 1978, p. 35. [82] Tanner et
Tanner, Mormonism: Shadow or Reality? p. 95 (italiques ajoutés).
[83] Roper,
critique de Mormonism: Shadow or Reality? pp. 171-176.
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