La croyance en la préexistence est aujourd’hui propre aux saints des derniers jours. Mais saviez-vous qu’elle a eu toute une histoire, même parmi les théologiens catholiques, parce qu’elle contient la réponse aux dilemmes les plus cruciaux du christianisme ?

QUAND LES AMES AVAIENT DES AILES

Ce que la tradition occidentale a à nous apprendre sur la préexistence

par Terryl L. Givens

Note à propos de l’auteur. Nous n’avons pas l’habitude de préciser les qualifications des auteurs des articles que nous affichons. Nous considérons que le contenu des articles est amplement témoin de leur compétence. Tous sont de toutes façons professeurs d’université ou, s’ils appartiennent à d’autres milieux, maîtrisent parfaitement les outils nécessaires à une recherche scientifique digne de ce nom. Si nous faisons une exception pour Terryl Givens, qui est professeur d’anglais à l’université de Richmond, en Virginie, c’est qu’il a réussi l’exploit peu ordinaire de faire publier en 2002, par une maison d’édition aussi prestigieuse que la Oxford University Press, un livre sur le Livre de Mormon, écrit par un mormon, By the Hand of Mormon, The American Scripture that Launched a New World Religion (De la main de Mormon : l’Ecriture américaine qui a lancé une nouvelle religion mondiale). Une telle réussite, au vu de la méfiance avec laquelle sont encore accueillis les ouvrages sur l’Église publiés par les mormons eux-mêmes, est un signe que l’érudition des auteurs mormons commence à forcer le respect.

Exposé fait lors de la Conférence de FAIR 2007
© FAIR

Les mormons sont un peu trop prompts à voir dans tous les textes écrits avant 1830 des documents susceptibles de verser de l’eau à leur moulin, à voir dans le service rendu par Jésus à Marie et à Marthe une préfiguration du programme d'enseignement au foyer, à voir dans chaque trou creusé dans la terre en Mésoamérique des fonts baptismaux, et ainsi de suite. En d'autres termes, nous sommes trop prompts à donner une valeur à ces autres systèmes et phénomènes en fonction de leur capacité d’annoncer un Rétablissement que nous traitons comme étant entier et complet. Il ne l'est pas, comme les prophètes, de Joseph Smith et Brigham Young au président Kimball, nous l’ont rappelé.

Aujourd'hui je veux montrer comment mon appréciation et ma compréhension personnelles de la préexistence ont été enrichies et élargies par l’étude comparative de l'idée et de ses apparitions innombrables dans l'histoire de la philosophie, de la théologie et de la littérature. Ce que j’ai appris à apprécier, c’est cette idée essentielle : Si le Rétablissement n'est pas encore complet, les autres traditions ont beaucoup à nous apprendre. Non pas dans le sens qu’elles confirment, corroborent ou vérifient les vérités nous avons déjà, mais dans le sens qu’elles apportent quelque chose à la doctrine révélée que nous qualifions de précieuse et vraie. Le Rétablissement n'est ni entier ni complet. Brigham a dit un jour à propos des clefs de la résurrection : « C’est l'une des ordonnances que nous ne pouvons pas recevoir ici et il y en a beaucoup d’autres [1]. » « Il se passera beaucoup de temps après que vous aurez traversé le voile avant que vous ayez appris » tous les principes de l'Evangile, a dit Joseph [2]. Et si, au lieu de faire des pieds et des mains pour trouver des explications quand Joseph semble avoir emprunté aux francs maçons, à Ethan Smith ou à Pierre ou Paul, nous voyions plutôt une autre possibilité merveilleuse, à savoir qu’il ne faisait que pratiquer ce qu'il prêchait : Comme Brigham caractérisait sa position : « Si vous pouvez trouver une vérité dans le ciel, sur la terre ou en enfer, elle appartient à notre doctrine. Nous y croyons ; elle nous appartient, nous nous en réclamons [3]. » Il faut une vraie humilité et une vraie générosité d'esprit pour se laisser enseigner. Notre condescendance actuelle dans ce domaine était de toute évidence étrangère à un prophète qui a montré au monde qu'il pouvait traduire des plaques d'or écrites en égyptien reformé, pour ensuite engager un maître d’école juif pour lui enseigner l'hébreu.

Alors, qu’est-ce que moi, saint des derniers jours croyant, j'apporte à l'étude de la préexistence ? Seulement une compréhension très schématique du principe enseigné par Joseph. Dans un certain sens, mon identité est éternelle. Et avant ma naissance, j'ai existé sous une forme qui comportait la capacité de prendre des décisions et de contracter des alliances. Pas beaucoup plus que cela. Quelle est la valeur ou le pouvoir de ce genre d'anthropologie spirituelle ? Cela signifie que je suis un enfant de Dieu, un être éternel. Mais quelle autre valeur, quelle autre force une croyance de ce type pourrait-elle incarner ? Qu’est-ce que sa persistance dans le temps pourrait révéler sur les myriades d'autres questions, aspirations, désirs ardents, énigmes et dilemmes auxquels cette croyance répond ? Qu’est-ce que j'ai appris à cet égard ? Je n’en reviens pas du nombre de ceux qui ont adopté ou enseigné ou envisagé cette doctrine, depuis les anciens rabbis et pères de l’Église jusqu’à Robert Frost [a] et a un récent lauréat du prix Nobel. L'idée a été promulguée au dix-neuvième siècle par certains des théologiens et des prédicateurs les plus influents de l’époque. Elle a été traitée à longueur de livre et des livres entiers de réfutations ont été écrits. Elle a occupé les débatteurs à l'école de philosophie de Concord et a rempli les pages des journaux religieux dans l’Amérique d'avant la guerre de Sécession. Elle a caractérisé les écoles entières de philosophie depuis les Platoniciens de Cambridge jusqu’aux Transcendentalistes américains et on la retrouve également dans des traitements philosophiques américains et russes moins connus. Elle apparaît chez un certain nombre de mystiques européens, et les philosophes européens, de Hume à Locke et Kant, ont apporté leur grain de sel. Il n’est guère de poète romantique qui ne se soit pris d’éloquence pour la défendre, Wordsworth [b] n’étant que le plus connu d’entre eux. Le simple fait de l’ampleur, de l’éclat et de la ferveur et des contextes tragiques dans lesquels se trouvaient beaucoup de ceux qui en ont parlé a éveillé chez moi le soupçon que nous avons affaire là à un point de doctrine dont nous n’avons même pas encore commencé à nous faire une idée des enjeux, de l’attrait et du potentiel en matière de travail philosophique et culturel. Par travail philosophique et culturel, je veux dire l'approche dont Nietzsche a si brillamment donné l’exemple dans sa Généalogie de la Morale, quand il demande : Qu’allons nous découvrir si nous nous contenons de demander si les catégories du Bien et du Mal, l'âme et la conscience, sont vraies et transcendantes, plutôt que de demander quelle fonction peut-on démontrer que ces concepts remplissent historiquement, à qui et à quoi bénéficient-ils et quels dilemmes sociaux et politiques résolvent-ils ? Il est rare que nous allions au-delà de notre enthousiasme à l’idée d’avoir trouvé quelque chose qui étaye ce que nous affirmons être la vérité pour passer à ces questions intéressantes et extrêmement importantes.

Nous croyons que la doctrine était connue d’Abraham et sans doute plus tôt encore. En Occident, du moins, l'idée n’apparaît pas clairement avant Platon, bien qu’il y ait des allusions sur lesquelles on aimerait en savoir davantage dans les textes mésopotamiens.

Selon l’un des récits de la création de cette civilisation,

•    Les plus grands des dieux se réunirent en Conseil
•    Pour créer le ciel et la terre [4].

Le monde créé par les dieux de la Mésopotamie antique est une sphère qui est peuplée par les divinités elles-mêmes plutôt que par les humains. L'étymologie et les détails de la création à l'origine de l'humanité ouvrent clairement la porte à l'apparition de l'idée d'une âme et d’une panoplie de fils conducteurs que l’on va retrouver dans les mythologies suivantes concernant l'origine et la destinée potentielle de l'âme. Dans les récits mésopotamiens, les humains n’entrent en scène qu’à cause du mécontentement qui résulte du fait que la société des dieux est particulièrement stratifiée et relègue certaines divinités au rang de citoyens de second ordre. Un poème akkadien [5], datant de 1646-1626 av. J.-C., révèle que la création de l'humanité est le résultat du conflit qui s’ensuit.

Le poème décrit une situation dans laquelle les dieux détenant un plus grand pouvoir confient à des dieux de pouvoir inférieur toutes les tâches serviles liées à la culture et à l'entretien du monde. Les dieux inférieurs ne supportent pas d’être exploités et finissent par refuser d'accomplir leurs tâches. Le conseil des dieux se réunit pour étudier le problème et Enki/Éa propose une solution brillante : ils vont créer une race d’humains faits d'argile pour accomplir les tâches indésirables qui ont provoqué ce grand différend céleste. Pour animer cette nouvelle création et la rendre capable d'accomplir le travail précédemment exécuté par les dieux, il est estimé nécessaire de lui infuser un élément divin. Il est proposé que cet ingrédient nécessaire vienne d'un dieu. Mais ce ne sera pas n'importe quelle divinité qui fera l’affaire. Enki/Éa choisit Wê pour le sacrifice et prend soin de souligner les raisons pour lesquelles c’est ce dieu-là qui est choisi : « Wê a été sélectionné, d'une part, pour sa qualité de ‘dieu’ (ilu) et, de l'autre, parce qu'il était doté d'un ‘esprit’ (têmu). » L'étymologie du produit qui en résulte reflète le raisonnement théologique qui est à la base de ce mythe de la création, écrit Bottéro, puisque dans la pensée mésopotamienne « le nom d'une chose était en fait la chose elle-même » :

« En ajoutant à Wê la mention de sa nature divine, ilu, on obtenait le mot akkadien pour ‘l'être humain’ : (a) wêlu, ou awîlu. Et si on joignait aussi au nom Wê le rappel de son ‘esprit’, la combinaison donnait (w)etem(m)u, qui désignait tout ce qui restait d'une personne après la mort : le ‘fantôme’. »

Ainsi le mot même qui désigne l'être humain englobe l’idée d'une divinité d’où il provient et qui constitue une partie de sa nature essentielle. Et la partie immortelle de l'homme unit pareillement les idées de divinité et d'esprit.

Pris ensemble, ces deux termes révèlent cette ambivalence concernant les origines humaines qui va hanter l'histoire tout entière de la préexistence et va revenir dans les critiques et les débats, de Tertullien [c] jusqu’à nos jours. Dans ce mot akkadien désignant l'être humain, nous voyons l'identité humaine comme un hybride divin/humain qui a des racines dans le monde des dieux eux-mêmes. Mais dans le mot qui désigne l'essence postmortelle de l'homme, nous trouvons, écrit Bottéro, « une ombre lointaine et pâle de l'immortalité divine, de sorte qu'il ne chercherait jamais plus loin l'immortalité. » Nous trouvons donc dans ce récit mésopotamien de la création, une tension entre la nature divine et les limites humaines, entre des origines prodigieuses et une présomption dangereuse. Et c’est ainsi que dans cette formule sont clairement préfigurés les gloires et le pathétique des aspirations humaines au divin. La chute d'Icare [d] et de Lucifer, la tragédie d'Éden, l’aspiration faustienne [e] à la transcendance, tout cela peut être vu comme le déroulement de ce combat millénaire entre l’ « apokatastasis » simple ou restauration d'une part et « l'ambition débordante » et le chemin de la perdition de l'autre. Cette anthropologie de la condition humaine explique les efforts des hommes pour obtenir la déification à la fois destinée naturelle et blasphème suprême.

Le conseil des dieux approuve le plan d'Enki/Éa, et il arrive donc, comme le résume un texte, que « pour laisser les dieux oisifs dans ce lieu de bonheur, Mardouk créa l’humanité [6]. » Les mots exacts utilisés pour désigner l'exécution proprement dite du plan créent un précédent pas simplement pour le genre de dualisme qui va se développer dans le monde judéo-chrétien, mais aussi pour une création non simultanée de l'esprit et du corps. La conception, disent les textes, se produit lorsqu’il y a « dépôt » de substance divine dans les « matrices » du « prototype » d'argile [7]. »

Tous les germes des développements philosophiques qui vont s’ensuivre et des controverses théologiques concernant l'anthropologie de l'âme humaine sont là. On invoque explicitement l'esprit de l'homme comme étant ce qui le distingue des autres variétés de la création et le rend plus proche des dieux que tous les autres êtres. Mais l'étincelle du divin qu’il a en lui est en même temps une invitation à la théurgie [f], à rechercher ses racines célestes et à y retourner, tout comme c'est une tentation à la hubris [g], à sortir du chaînon qui lui est assigné dans la Grande Chaîne de l'Être, et encourir le mécontentement ou même la colère divins. Partageant le sang même des dieux, l'homme est à la fois parenté et menace. Et le « dépôt », qui inaugure la vie et garantit l'immortalité, précède cette vie, ayant son origine dans les cieux parmi les dieux eux-mêmes. Ces origines sont dépeintes à ce stade-ci comme un simple mythe et l'esprit ou l'âme elle-même n'est pas encore développée au point de constituer l'identité centrale de l'humanité. Ce n’est au contraire, qu’une vague conception du moi. Mais c'est un début.

Le conseil des dieux, motif commun des textes mésopotamiens, passera dans la tradition ugaritique [h] et survivra clairement dans les textes religieux hébraïques. Par la suite, dans deux traditions au moins, les âmes humaines apparaîtront non pas comme simples produits des délibérations de ce conseil, mais comme participantes à part entière à ces conseils.

Comme vous le savez, il y a des traces du motif de l’assemblée des dieux dans l'Ancien Testament, de même que des indices de la préexistence et de la préordination de certaines personnalités et de certaines lignées (Jérémie 1:5 ; Deutéronome 32:8-9). Entre-temps, la Grèce a été le terroir de ce qui est sans doute un centre indépendant du développement de l'idée. La théorie de la préexistence formulée par Platon est la plus connue et la plus influente. Mais les idées sont tellement nombreuses et diverses dans le monde hellénique qu’Aristote, élève de Platon, décide qu'il est temps de les examiner et d'évaluer leurs mérites. Ce faisant, il nous donne une image d'un monde hellénique énergétiquement divisé entre des conceptions concurrentes de la nature humaine et des origines de l'âme. Confronté à un vaste éventail de mythologies pleines d’imagination et à ce qu’il considère comme des suppositions ridicules sur le sujet, Aristote les fait passer par le filtre du bon sens attique et juge la plupart d'entre elles gravement déficientes.

« Voici encore une absurdité entraînée par cette doctrine et par la plupart de celles qui traitent de l’âme c’est qu’elles unissent et placent l’âme dans un corps, sans préciser en rien la raison de cette union, ni comment le corps se comporte … comme s’il était possible que, conformément aux mythes pythagoriciens, une âme quelconque pût revêtir un corps quelconque! C’est absurde, car il semble bien que chaque corps possède une forme et une figure qui lui est propre … La doctrine contenue dans les vers Orphiques, ainsi appelés, souffre aussi la même objection. On y dit, en effet, que l’âme s’introduit de l’Univers extérieur dans les êtres en train de respirer, portée sur l’aile des vents. Or il n’est pas possible que cela se produise pour… certains animaux, puisqu’ils ne respirent pas tous. Ce point a échappé à ceux qui ont partagé cette croyance [8]. »

Quand arrive l’époque du Christ, les idées au sujet de la préexistence sont courantes. La Méditerranée, dans les premiers siècles chrétiens, est un endroit très cosmopolite ; les Hébreux, les Pythagoriciens, les Orphiques, les Platoniciens, les Stoïciens et un tas d'influences orientales alimentent le mélange et tous apportent des mythes, des textes et des doctrines comportant l'existence prémortelle, à telle enseigne qu’il devient absolument impossible de démêler l’écheveau des transmissions et des influences. Je saute donc ce matériel volumineux et fascinant pour passer à un moment où l'Église chrétienne commence à essayer de faire un tri systématique de toutes ces idées.

Du temps d'Augustin d’Hippone (354-430), un des penseurs les plus influents depuis Paul, il existe quatre théories de l'origine de l'âme qui se font concurrence.

« (1) Elles naissent par propagation [traducianisme] ; (2) elles sont créées individuellement pour chaque personne qui naît [créationnisme] ; (3) elles existent déjà quelque part et sont envoyées par Dieu dans le corps de ceux qui naissent [préexistence « envoyée »] ; (4) elles descendent dans des corps par leur propre choix [préexistence « tombée »]. Il serait imprudent de se prononcer pour l’une d’elles car les commentateurs catholiques sur l'Écriture n'ont ni résolu ni jeté aucune lumière sur cette question obscure et qui laisse perplexe ou, s'ils l’ont fait, je n'ai pas encore trouvé de tels écrits [9]. »

À l’un des grands carrefours de l’élaboration de la tradition chrétienne, ce n’est pas une, mais deux théories de la préexistence qui sont en jeu. On aurait eu de très bonnes raisons de croire que, étant donné le tourbillon doctrinal qu’a été le début du cinquième siècle, une version ou l'autre sortirait vainqueur du concours pour une généalogie spirituelle réussie. Voici pourquoi : Il y a, à ce moment-là dans l'Église chrétienne, un certain nombre de controverses urgentes qui concernent des questions relatives à l'identité humaine essentielle et à la nature humaine, au rôle et à la responsabilité de l’espèce humaine vis-à-vis du péché, à la justice de Dieu, à la signification et à la portée de la grâce, et tout cela, et d’autres choses encore, dépend de la façon dont on conçoit l’origine de l’âme. Et comme Augustin le laisse entendre, les Écritures sont à cet égard un guide insuffisant et l’enseignement de l'Église n’est pas fixé.

Le traducianisme et le créationnisme sont bourrés de ce genre de problèmes, c’est la préexistence miraculeuse qui se perd dans le vide. En conséquence, les théologiens continuent aujourd'hui à discuter si c’est le traducianisme ou le créationnisme qui pose le moins de problèmes. Car le traducianisme veut que la capacité soit donnée aux hommes et aux femmes de produire une âme humaine lors de chaque acte de conception. C'est une prérogative que la plupart réserveraient à Dieu. Le créationnisme, d'autre part, requiert que nous croyions non seulement que Dieu est continuellement impliqué dans des millions de créations d'esprits, mais qu'un esprit nouvellement fait par un Dieu pur et parfait est néanmoins entaché par le péché original.

Une autre raison de choisir la théorie moins sujette à problèmes de la préexistence, laisse entendre Augustin, est qu'il ne peut pas résister à l'attrait d'une théorie qui résout la question de l'injustice trop manifeste de Dieu :

« Mais si, au lieu de cela, les âmes qui ont été créées ailleurs ne sont pas envoyées par le Seigneur Dieu, mais viennent habiter un corps de leur propre gré, il est très facile de voir que l'ignorance et la difficulté qui résultent de leur propre volonté ne sont en aucune façon la faute de leur Créateur puisqu'il est sans défaut même s’il envoie lui-même des âmes demeurer dans des corps [10]. »

Finalement, l'idée a eu la sanction d’Origène (185-254), le théologien et père de l'Église le plus respecté de son époque, qui écrit : « Par conséquent, chacun de ceux qui descendent sur terre est, selon ses mérites ou la situation qu'il a eue là, désigné pour venir dans ce monde soit dans un endroit différent, soit dans une nation différente, soit dans un métier différent… »

Mon temps est à moitié expiré, je vais donc jeter un très bref coup d’œil sur quelques-uns des arguments les plus intéressants soulevés au cours des siècles suivants pour appuyer, défendre ou ressusciter la doctrine de l'existence prémortelle.

1. L'esthétique de la préexistence : D.P. Walker

J'ai entendu récemment qu'une de mes connaissances avait quitté l'Église et je me suis laissé dire que cela avait eu quelque chose à voir avec l'incapacité de l'Évangile de le satisfaire esthétiquement. Certains trouveront cela curieux, futile ou absurde. Je trouve, moi, que c’est une des meilleures raisons que j'ai jamais entendues. Je veux dire seulement que la beauté est effectivement un critère valide pour notre acceptation de l'Évangile, pas qu'il a été correctement appliqué dans ce cas-ci. Après tout, le Psalmiste a écrit avec ferveur : « Je demande à l’Éternel une chose, que je désire ardemment: Je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l’Éternel, Pour contempler la magnificence de l’Éternel » (Psaume 27:4).

J’ai donc trouvé particulièrement convaincante la remarque de l’influent érudit en religion, D.P. Walker, quand il fait remarquer que la conception chrétienne de l’éternité qui s’est imposée est, esthétiquement parlant, gravement déficiente, parce qu’elle comporte « des éléments arbitraires et asymétriques ». Pour être plus précis, il écrit :

« Les chrétiens sont peut-être vraiment désavantagés d’avoir deux éternités [le ciel et l’enfer habités par des âmes humaines] qui ont un commencement mais pas de fin… Pourquoi pas une aeternitas a parte ante au lieu de post (des êtres qui n'ont pas de commencement mais une fin) ? ou pourquoi pas les deux ? ou pourquoi pas une éternité successive sans commencement ni fin, comme dans le système néoplatonicien ? Quiconque pense en termes platoniciens trouverait l’aeternitas a parte post tout à fait paradoxale ; une éternité aussi tronquée et disproportionnée serait une image absurdement insatisfaisante de l'éternité idéale et immobile. C’est pour cela que je trouve que ce système chrétien fait désordre et est inélégant [11]. »

Il ne va pas jusqu’à affirmer que ce désir d’un système esthétiquement plus attrayant, d’une métaphysique « plus propre », a été la motivation principale de la remise sur le tapis des idées de préexistence au 17ème siècle. Mais, insiste-t-il, « il a joué un rôle important [12]. »

Le problème avec les modèles chrétiens conventionnels peut être esthétique, mais leurs implications peuvent également laisser perplexe d’un point de vue logique. Car, estime-t-il, la conception officielle d'une éternité asymétrique [un commencement mais pas de fin] contient « un inconvénient commun à tous les systèmes chrétiens par rapport au système néoplatonicien. Il risque de conduire à la question fondamentale à laquelle il n’est pas possible de répondre, de la théodicée : Pourquoi Dieu s’est-il donné la peine de créer ? Dans le système néoplatonicien, cette question ne se pose pas [13]. »

2. Préexistence et Théodicée : Beecher

Pour moi, la motivation principale derrière l’idée de préexistence, ce ne sont pas les vagues allusions d’un Wordsworth ou les dilemmes épistémologiques d'un Platon. C'est le besoin d’une théodicée, le désir de réconcilier la justice de Dieu avec les faits de l'existence humaine. Même Platon dit, dans La République, que la prémortalité d'une âme dotée de la capacité de choisir signifie que nous ne pouvons pas rendre les dieux responsables de notre état mortel. Le recours célèbre d’Origène à l’idée de préexistence était incontestablement motivé par la notion de la chute de l’homme et on allait l’invoquer régulièrement pour donner un sens à la souffrance humaine. Augustin, nous venons de le voir, y trouvait quelque chose d’attrayant. Mais c’est au dix-neuvième siècle que la remise sur le tapis la plus radicale et la plus influente de la théodicée et de la préexistence se produit, pas de la part de Joseph Smith, mais par un homme qui fut à un moment donné le membre le plus prometteur de la famille américaine la plus éminente du milieu du siècle, les Beecher. Son père Lyman et son frère Charles étaient des personnalités imposantes du jour, une sœur s’était acquis la célébrité comme suffragette et l'autre était « la petite dame qui déclencha une guerre » avec son livre La Case de l’oncle Tom [i]. Mais c'était Edward qui, pensaient certains membres de la famille, était le plus prometteur. Pourquoi n’avons-nous pas entendu parler de lui ? L'explication est donnée de manière succincte et émouvante par un descendant, quand il a remis à l'université d'Illinois une biographie non publiée du prédicateur : « Je suis sur le point de vous transmettre enfin le manuscrit Life of Edward Beecher par son frère Charles…Il est sans doute loin d’être riche en intérêt humain étant donné qu’il concerne essentiellement l’évolution ‘spirituelle’ (théologique) d'Edward et sa croyance en la préexistence de l'âme, une excursion malheureuse dans le monde de l’hérésie qui a manifestement détruit sa carrière. Edward Beecher est apparemment devenu hanté par l'idée, écrit son descendant, et s’est mis dans la tête l'idée fausse qu’il était né pour être le ‘Copernic de la morale’ [14]. » Au lieu de cela, il finit par en être le Galilée. Mais sa critique passionnée des notions chrétiennes de dépravation, de péché original, et des caprices tyranniques de Dieu est un témoignage émouvant des sentiments plus élevés que manifestaient tant de gens à l’ère de la réforme [j]. Le fait que Joseph Smith soit arrivé à des conclusions semblables par la prophétie plutôt que par la théologie peut nous empêcher d’apprécier la majesté de la puissance morale de cette doctrine et des bases philosophiques et théologiques que d'autres ont érigées sous son influence.

Il décrit ainsi sa lutte avec Dieu :

« La souffrance, la maladie et la mort s’abattent sur le genre humain avant que la raison ne se développe. Pareil état de choses ressemble fort à l’application d’une punition en prévision d'un crime…. Mais dire que la dépravation totale est volontaire, c’est comme écarter une difficulté par de simples mots. En bref, la dépravation originale, innée et totale est une doctrine difficile à expliquer… La question est : le système actuel n'est-il pas malveillant ? … Le mal existe. Si c’est la preuve qu’il y a de la malveillance chez Dieu, nous sommes perdus…. Nous ne pouvons pas analyser la chose [15]. »

Beecher continua à chercher une solution. Et quand il l'a trouvée, elle est venue comme une « révélation virtuelle » après qu’il eut, comme il le dit, « tâtonné dans quelque vaste cathédrale, dans les ténèbres de minuit à essayer vainement d’en comprendre les éléments et les relations, quand brusquement devant la vaste fenêtre cintrée de la nef un soleil éblouissant avait soudain jailli [16]. »

La vision qui en résulta fut une manifestation révolutionnaire dont Beecher voulut immédiatement faire part à son assemblée et au monde, mais son père, homme prudent, lui recommanda la discrétion, ce que firent aussi ses amis. Beecher garda la révélation pour lui pendant un quart de siècle. Puis il jeta la prudence aux orties et publia    un manifeste de quatre cents pages, l'exposé le plus hardi et le plus détaillé de la doctrine de la préexistence dans l'histoire de la religion.

Beecher intitula son ouvrage The Conflict of Ages; or, the Great Debate on the Moral Relations of God and Man [Le sempiternel conflit ou le grand débat sur les relations morales entre Dieu et l’homme]. Il y affirme hardiment :

« Au commencement, Dieu a créé une race d’êtres spirituels. Il les a dotés de leur libre arbitre et les a traités, en toutes choses, de manière juste et honorable. »

Le livre de Beecher fit l’effet d’une bombe. Ce qui est le plus étonnant, c’est que les critiques convinrent presque universellement que « il présente la doctrine scripturaire concernant un royaume d'esprits déchus dans une lumière beaucoup plus raisonnable, intelligible et impressionnante. » (242, 228-33)

Un autre critique écrivit : « Le ‘Conflict of the Ages’ du Dr Beecher a fait l’objet d’une attention tout à fait remarquable. Il a été passé et repassé en revue dans les journaux, les articles de magazine, les conférences et sous forme de livre … Il semble être tombé sur la chaire et sur la presse religieuse comme la pluie sur l'herbe fauchée, comme les averses qui arrosent la terre en temps de sécheresse. La récolte a été abondante [17]. »

Il n’empêche : le poids de la tradition et des préjugés engloutirent l’œuvre et l'homme.

3. Kant, Berdyaev et la dignité humaine

Kant semble avoir été le premier à trouver ce qu’il y avait d’incongru entre la futilité, la banalité et le caractère totalement aléatoire des circonstances qui entourent une grande partie de la procréation humaine et le fait de concevoir le produit ainsi engendré comme quelque chose de majestueux, empreint du divin et doté d'immortalité.

« Le caractère aléatoire de la conception… qui dépend de l'occasion, mais aussi de l'alimentation, du gouvernement, de ses humeurs et caprices, même du vice, fait que l’on a beaucoup de mal à s’imaginer qu’une créature dont la vie a commencé dans des circonstances aussi insignifiantes puisse avoir une durée éternelle. »

Ou comme il en conclut en termes polis : « On peut vraiment se demander si l’on est en droit de s'attendre à ce que des causes aussi peu importantes puissent produire un effet aussi puissant. »

« On pourrait par contre proposer une hypothèse transcendantale : que tout… n'a ni commencé à la naissance ni ne prend fin à la mort ; que si nous pouvions connaître par intuition les choses et nous-mêmes tels que nous sommes nous nous verrions dans un monde de natures spirituelles avec lequel notre seule vraie communauté n'avait pas commencé par la naissance ni ne cesserait avec la mort corporelle [18]. »

Le philosophe russe Nikolai Berdyaev trouvait, lui aussi, que la préexistence était un remède puissant contre les autres anthropologies qui privaient l'âme humaine de la dignité qui lui revenait. « Le protestantisme devait forcément faire son apparition, raisonnait-il, parce qu’il n’existait dans l'histoire du christianisme aucune anthropologie religieuse positive et que le vide était rempli par une anthropologie fausse [19]. » Il allait devenir le défenseur philosophique sans doute le plus ardent de la préexistence au vingtième siècle, la considérant comme le moyen le plus puissant de récupérer une dignité refusée par les conceptions plus traditionnelles des origines humaines.

Si j’en avais le temps, je parlerais de l’idée de Wilhelm Benecke que la préexistence fournit la base nécessaire à toute prétention à l'intuition des réalités spirituelles, de l'utilisation de la préexistence par les Transcendentalistes pour asseoir un nouveau genre de discours faisant autorité, de la défense complexe de la préexistence par Julius Muller, qui y voyait le seul moyen de sauver une notion du libre arbitre humain qui tienne la route ou de l'argument du philosophe moderne John McTaggart, aussi vieux que celui d'Aristote, que ce qui est libre et responsable doit être causé par soi-même, et d’une dizaine d’autres. Mais ce qu'ils ont tous en commun, ce n'est pas la simple réaffirmation d'une vérité enseignée par Joseph dans une nudité et une simplicité relatives, mais un pouvoir très réel d'enrichir et d’augmenter notre compréhension de ce que nous tenons pour une vérité éternelle et un témoignage remarquable de l'immense diversité de travaux théologiques, culturels, psychologiques et philosophiques pour lequel on a    eu recours à ce paradigme au fil des siècles.

Je termine par quelques réflexions sur ce que j’ai appris à propos de l’abandon de la préexistence.

Un savant a ceci à dire au sujet de l'évêque chrétien néoplatonicien Synésius [k] et de sa conception des origines prémortelles pour l'âme humaine : « Le fait qu’il affirme la divinité inhérente (et donc l'immortalité) de l'âme humaine, qui rend possible son retour par son propre pouvoir vers le divin, est l’indication claire d'une foi essentiellement païenne [20]. » Voilà une affirmation quelque peu étonnante et révélatrice. Si l’on inclut la nuance importante « par son propre pouvoir », c'est évidemment un point de vue païen ou en tous cas pélagien [l]. Mais la capacité d’atteindre le salut par ses propres moyens n'est certainement pas un élément dominant dans la conception de Synésius, et la meilleure illustration que le savant trouve à citer à l’appui de son affirmation est l’allusion de l'évêque au bienheureux « qui, échappant à l'écorce dévorante de la matière et de la terre, nous élève et avec un bond de l'esprit se hâte sur le chemin qui le mène à Dieu [21]. » On croirait aussi bien entendre un mystique du Moyen-Âge qu’un païen ou un pélagien. Alors qu’est-ce qu’il y a de si dangereusement « païen » dans la préexistence et du fait des origines humaines dans le divin ? La réponse a été donnée il y a bien longtemps par Tertullien, quand, comme notre savant moderne, il a révélé de quelle manière radicale la construction de la souveraineté du Dieu des chrétiens s’éloignait du Dieu platonicien. Dans le Timée, Platon avait écrit que Dieu « était bon, et, chez celui qui est bon, il ne naît jamais d’envie pour quoi que ce soit. Exempt d’envie, il a voulu que toutes choses fussent, autant que possible, semblables à lui-même [22]. »

Tertullien objectait cependant qu’en gratifiant l'humanité « de qualités si divines, il [Platon] la fait égale à Dieu. Il l'a déclare innée [non née]…. Il ajoute qu'elle [l’âme] est immortelle, incorruptible, incorporelle, parce qu'il a cru la même chose de Dieu, invisible, impossible à représenter, identique, souveraine, raisonnable, intelligente. Quelle autre qualité assignerait-il à l'âme, s'il la nommait un Dieu? Pour nous qui n'assimilons rien à Dieu (dans le sens d’une égalité), nous plaçons par là même l'âme bien au-dessous de Dieu, parce que nous reconnaissons qu'elle est née [23]. »

Voici donc comment je conçois la disparition de l’idée de préexistence. Placée au centre de la théologie chrétienne au début du Ve siècle, la grâce devient un don spécialement dispensé qui exclut quasiment toute capacité de s’élever soi-même. Une fois l’accent mis sur le péché, sur la culpabilité héritée et la dépravation, face particulièrement aux incursions pélagiennes, les étincelles divines et les antécédents célestes vont être exclus de la personnalité humaine. Si l’on ajoute la création ex nihilo comme condition préalable supplémentaire nécessaire à la souveraineté de Dieu, la préexistence va être de plus en plus logiquement incompatible avec un Dieu créateur. Mais le coup de grâce se produit quand Augustin détermine que ce qui va de pair avec la grâce, c’est une logique suprarationnelle que nous ne pouvons comprendre. La théodicée qu'il avait tellement voulu élaborer va devoir se plier au fonctionnement mystérieux de Dieu et nous n’avons plus besoin de consacrer notre attention ou nos efforts à expliquer de manière rationnelle le scandale que sont la souffrance et la misère humaines. En fait, dans la pensée post-augustinienne, notre perplexité devant l'absence de théodicée devient un signe à la fois de notre vile humilité et du fait que la souveraineté de Dieu est le radicalement Autre. Le moteur puissant qui incitait constamment à régler le problème de la justice de Dieu n’a plus de carburant. Le libre arbitre humain, si essentiel à la culpabilité humaine, n'est plus le saint Graal désespérément recherché qu'il était, maintenant que la justice de Dieu se résout en dehors de l'orbite de la compréhension et des explications humaines. Pour toutes ces raisons, la préexistence va perdre son attrait le plus puissant.

Des siècles plus tard, quand les possibilités humaines vont trouver à s’exprimer de manière exubérante au moment de la résurgence du néoplatonisme, l'idée va réapparaître (au XVIIe siècle). Plus tard encore, quand le XIXe siècle, l'ère de la réforme, s’ouvre avec une nouvelle conscience sociale et une église moins puissante et moins médiévale, et que les poètes et les intellectuels se remettent à sonder les profondeurs des aspirations faustiennes, leur imagination libérée de toute contrainte, l'idée va refleurir (l'époque du romantisme).

Relevant la croyance pythagoricienne en la préexistence qui est à la base de la civilisation occidentale, un savant classique de Cambridge écrit : « Cependant beaucoup de lecteurs… croient que leur âme survivra à la mort, j’imagine qu’assez peu croient qu'elle a également préexisté à leur naissance. Les religions qui ont façonné la culture occidentale sont si inhospitalières à l'idée de la préexistence que vous la rejetez probablement d’emblée sans aucune bonne raison [24]. » Bien entendu, il fait ensuite remarquer sournoisement que ce même Pythagore qui enseignait le caractère prémortel de l'âme humaine est aussi celui qui disait à ses disciples de cracher sur leurs coupures d'ongles et de cheveux, de laver le pied gauche avant le droit et que la mer est constituée les larmes de Chronos. C’est possible. Malheureusement, il oublie que certaines croyance rencontrent une fin aussi définitive que leur invraisemblance. Et cependant, pendant des centaines d’années, les critiques de la préexistence n’ont pas trouvé grand-chose à critiquer dans la doctrine à part le fait qu’elle évoque une ressemblance de famille entre nous-mêmes et le Dieu qui nous a donné la vie. Je finirai par l’un de ces critiques dont l'argument fait plus pour le saper lui-même que sa cible :
« Il y a quelque chose de majestueux dans cette conception qu'une justice fondamentale est intégrée dans le tissu même de la vie, imprégnant tout et s’exécutant dans tout ce qui nous arrive … Mais c’est là une solution beaucoup trop grossière et trop facile. » (Interpreter’s Bible)

La doctrine da la préexistence a persisté avec une ténacité étonnante à travers les millénaires et les cultures, un hommage en soi, sinon à sa vérité, en tous cas à sa capacité puissante de satisfaire les impératifs logiques, moraux et même esthétiques du coeur humain. Pour cette raison, la préexistence a sans doute encore de beaux jours devant elle.

Notes

[1] Journal of Discourses, 26 vols., rapporté par G. D. Watt et autres., Liverpool, F.D et S.W. Richards, et autres, 1851-1886 ; réimpression, Salt Lake City, np, 1974, 15:137
[2] Joseph Smith, Jr., History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 7 vols., dir. de publ. James Mulholland, Robert B. Thompson, William W. Phelps, Willard Richards, George A. Smith et plus tard B.H. Roberts, Salt Lake City, Deseret News Press, 1902-1912 ; 22e édition révisée, Salt Lake City, Deseret Book, 1951, 6:306-307.
[3] Journal of Discourses, 13:335.
[4] Bottéro, Religion, p. 86.
[5] L’akkadien est la langue sémitique la plus ancienne connue, parlée en Mésopotamie par les Assyriens et les Babyloniens. Le poème est l’Atrahasis.
[6] À la fin du deuxième millénaire, Mardouk avait pris sa place à la tête du panthéon mésopotamien et ce fut lui qui conçut le plan de créer une race subalterne. Bottéro, Religion, pp. 31, 88.
[7] Bottéro, Religion, pp. 100-101.
[8] Aristote, De l’âme I: iii: 14-17; v: 27-30. Traduction de Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, www.remacle.org
[9] Augustin, Du libre choix de la volonté iii.21 retraduit de l’anglais de Thomas Williams, Indianapolis, Hackett, 1993, p. 111.
[10] Augustin, sur le choix libre de la volonté iii.20.
[11] D. P. Walker, « Eternity and the Afterlife », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes 27, 1964, p. 246.
[12] Walker, pp. 246-47.
[13] Walker, p. 250.
[14] John Beecher au président Hudson, 11 mars 1950, lettre présentant la copie manuscrite de la Vie d'Edward Beecher. Original à l'université de l'Etat d'Illinois.
[15] « Life of Edward Beecher », manuscrit non publié à la bibliothèque de l'Université de l’Etat d’Illinois.
[16] Edward Beecher, The Conflict of Ages: or, the Great Debate on the Moral Relations of God and Man, Boston, Phillips, Sampson & Company, 1853.
[17] « H.B. », critique de « H.B. », Review of The Divine Character Vindicated. Universalist Quarterly and General Review, avril 1855.
[18] Emmanuel Kant, Critique de la Raison pure, trad. angl. de Paul Guyer et Allen W. Wood, Cambridge, Cambridge University Prfess, 1998, pp. 663-664.
[19] Filosofiya svobody, p. 181. Cité dans Matthew Spinka, « Berdyaev and Origen : A Comparaison », Church History 16.1, mars 1947, p. 15.
[20] Jay Bregman, Synesius of Cyrene, Berkeley, University of California Press, 1982, p. 34.
[21] Synesius, chant 1, dans Jay Bregman, Synesius of Cyrene, Berkeley, University of California Press, 1982, p. 34.
[22] Platon, Timée, traduction en ligne Emile Chambry.
[23] Tertullien, De l'âme, traduction en ligne de E.-A. de Genoude, XXIV.
[24] M.F. Burnyeat, « Other Lives » London Review of Books 29.4, 22 février 2007, .
Notes de la Rédaction
[a] Robert Frost, 1874-1963, poète américain.
[b] William Wordsworth, 1770-1850, poète anglais dont les dirigeants de l’Eglise citent souvent cette allusion à la préexistence :
Notre naissance n'est qu'un sommeil et un oubli;
L'âme qui se lève avec nous, étoile de notre vie,
A pris ailleurs son départ
Et vient de bien loin;
Ce n’est pas dans un oubli complet
Ni dans une nudité totale,
Mais en traînant des nuées de gloire que nous venons
De Dieu, qui est notre foyer.
(William Wordsworth, « Ode: Intimations of Immortality from Recollections of Early Childhood»).
[c] Tertullien, 150/160-230/240, est l’un des Pères de l’Église, l’un des théologiens qui ont contribué à l’élaboration de la doctrine catholique.
[d] Icare, personnage de la mythologie grecque, s’était confectionné des ailes fixées par de la cire. S’étant trop approché du soleil, il perd ses ailes dont la cire a fondu et s’écrase au sol. Il symbolise la présomption des hommes à vouloir s’élever trop haut.
[e] Faust, personnage qui aurait vendu son âme au diable pour obtenir une puissance supérieure.
[f] Théurgie, magie faisant appel aux divinités célestes dont l’homme utilise les pouvoirs.
[g] Chez les Grecs, la « hubris » est la démesure de l’homme qui entraîne la colère et la vengeance des dieux ou némésis.
[h] La civilisation ugaritique, nom tiré de la ville d’Ugarit (Ras Shamra) en Syrie, a été brillante au 13e siècle av. J.-C.. Elle avait un système d’écriture dont le nôtre dérive.
[i] « La Case de l’oncle Tom », publié en 1852 par Harriet Beecher Stowe, qui décrit la tragédie de l’esclavage noir dans le sud de États-Unis, passe pour avoir suscité un mouvement d’indignation qui aurait contribué au déclenchement de la guerre de Sécession.
[j] Il ne s’agit pas ici de la Réforme protestante du XVIe siècle, mais d’une période de l’histoire américaine que les historiens ont appelés « the age of reform », période qui s’étend de 1830 à 1850 et qui est une réaction spirituelle à la course effrénée au dollar qui régnait alors.
[k] Synésius de Cyrène (Libye), vers 370-vers 414, évêque de Ptolémaïs et auteur néoplatonicien.
[l] Doctrine de Pélage, un moine anglais (345-420), selon laquelle l’homme, étant libre, peut accéder à la perfection du simple fait de sa volonté. Pélage niait la Chute, la Rédemption et même le péché, qui n’était qu’un ensemble de mauvaises habitudes.