Le
plan de salut
par Marcel Kahne
Je souhaite présenter ici la perception que nous avons, dans l’Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, des trois grandes questions :
D’où venons-nous ? Que sommes-nous venus faire ici ? Où allons-nous ? Ce
qui suit représente ma compréhension personnelle de la chose et n’engage
ni l’Église, ni idumea.
L’expression « plan de salut » est utilisée dans l’Église de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours pour désigner le programme divin qui a
présidé à la Création et aux destinées de l’humanité et qui a été révélé
par Dieu à ses porte-parole, les
prophètes.
Les idées traditionnelles
Pour mieux faire ressortir l’originalité de la doctrine des saints des
derniers jours, il convient d’abord de rappeler succinctement les idées
entretenues traditionnellement dans le christianisme.
Nous l’avons déjà relevé ailleurs : la conception que le christianisme a
de Dieu, de la Création et de l’homme diffère de celle de la Bible. Le
Dieu de la Bible est anthropomorphique, il a des passions (il aime, hait,
pardonne, se venge, se repent, s’irrite, a compassion, etc.), tout en
étant tout-puissant, omnipotent et omniscient. Il a créé l’univers à
partir du chaos et a fait l’homme à son image, déclarant que nous sommes
des dieux, nous sommes tous des fils du Très-Haut (voir Ps 82:6 ).
Cette conception biblique était inacceptable pour les intellectuels des
premiers siècles du christianisme, formés dans les grandes écoles
néoplatoniciennes. Elle rappelait trop les divinités grecques aux mœurs
par trop humaines sorties de l’imagination populaire. Ces intellectuels
vont donc adopter une conception issue de la philosophie de Platon. En
bref, celui-ci conçoit Dieu comme un être qui est le Totalement Autre par
rapport à l’univers et à l’humanité. Il est immatériel, hors de l’espace,
hors du temps, c’est un tout sans parties et, comme il est infini, rien
d’autre que lui ne peut exister : il est forcément unique. Étant dans un
état de perfection, il est immuable, parfaitement immobile (puisque tout
mouvement implique un besoin de changer, donc un manque de perfection) et
sans passion, donc parfaitement indifférent. En d’autres termes, c’est un
néant tout-puissant.
Ce Dieu de Platon, les intellectuels chrétiens vont le substituer au Dieu
de la Bible. Il va d’ailleurs leur donner du fil à retordre, car il va
falloir faire des adaptations, ne serait-ce que parce que le Nouveau
Testament conçoit Dieu comme trois Dieux, Père, Fils et Saint-Esprit et
que l’un de ces Dieux, le Fils, va aller jusqu’à sortir de la Divinité
pour vivre comme un mortel sur la terre, état dans lequel il ne cessera de
déclarer qu’il est subordonné au Père, ce qui est incompatible avec le
tout parfait et sans parties du Dieu de Platon. Il va même remonter au
ciel avec son corps et a promis de revenir de la même façon. Cela fait
beaucoup de monde et beaucoup de mouvement pour un Dieu unique et
immuable. Il faudra de nombreux conciles et un millénaire pour parvenir à
une définition finale de la Divinité, celle de la Trinité, qui postule,
entre autres, que Dieu est un et trois en même temps.
Immobile, ce Dieu va agir en créant l’univers. Situé hors de l’espace et
du temps, il va créer l’espace-temps. Immatériel, il va créer un univers
matériel et comme rien d’autre ne peut exister en dehors de lui, puisqu’il
est infini, il va le tirer du néant, c’est-à-dire de lui-même, bien qu’il
soit un tout sans parties (Dieu est tout entier dans la plus infime des
particules, néanmoins il n’y a pas une infinité de Dieux, mais un seul
Dieu. Voir credo
d'Athanase). Infiniment parfait, il va créer un univers imparfait qui,
en vertu de la seconde loi de la thermodynamique, s’achemine de l’ordre
vers le désordre. Quant à l’homme, point culminant de la Création, que la
Bible dit avoir été créé « à son image, selon sa ressemblance », il est
agité par toutes sortes de passions, dont beaucoup sont mauvaises. La
seule ressemblance entre l’homme et Dieu, c’est l’étincelle d’intelligence
que Dieu lui a donnée.
Divers problèmes sont engendrés par cette conception de la création : (1)
Pourquoi Dieu a-t-il voulu créer quelque chose d’aussi totalement étranger
à lui-même que l’univers et l’homme ? (2) Pourquoi l’avoir créé imparfait
avec tout le cortège de misère que cela entraîne ? (3) Si Dieu a tout tiré
du néant, n’est-ce pas lui qui a aussi créé le diable et le mal ? Pour
quoi faire ? (4) Si l’homme ne commence à exister qu’à sa naissance,
n’est-il pas tel que Dieu l’a fait et, dans ce cas, n’est-ce pas Dieu qui
est responsable du mal qu’il commet ? (5) Pourquoi a-t-il fallu qu’il
envoie une partie de lui-même (bien qu’il n’ait pas de parties), son Fils
bien-aimé par-dessus le marché, se faire crucifier pour sauver les hommes
? Et les sauver de quoi au fait ? Et en quoi va consister ce salut ? À
chanter éternellement les louanges d’un Dieu qui n’en a pas besoin ? À
quoi peut bien rimer ce spectacle – « plein de bruit et de fureur qui ne
signifie rien », comme dit le Macbeth de Shakespeare à propos de la vie –
spectacle qui se passe à l’intérieur d’un Dieu qui n’a pas d’intérieur ?
L’apport de la Révélation
Tout ce qui précède, rappelons-le, est le fruit des cogitations
philosophiques des érudits chrétiens des premiers siècles du
christianisme, pas de la révélation divine, alors que celle-ci aurait été
essentielle. Paul ne dit-il pas : « Dieu nous les a révélées par l'Esprit.
Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. Lequel des hommes,
en effet, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme
qui est en lui? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce
n'est l'Esprit de Dieu » (1 Corinthiens 2:10-11) ?
Nous allons maintenant voir ce que la Révélation divine a à dire sur Dieu,
sur l’homme et sur la Création. Elle nous donne une vision radicalement
différente de celle qu’entretient le christianisme traditionnel.
Dieu
Comme nous l’avons déjà prouvé ailleurs, la Bible montre d’une manière
irréfutable que Dieu a une forme humaine (voir
"Dieu a-t-il une forme humaine").
Cette conception de Dieu est largement confirmée par la Révélation
moderne. Lors de la Première Vision, Joseph Smith vit « deux Personnages
dont l'éclat et la gloire défient toute description, et qui se tenaient
au-dessus de [lui] dans les airs. L'un d'eux [lui] parla, [l]'appelant par
[son] nom, et dit, en [lui] montrant l'autre: Celui-ci est mon Fils
bien-aimé. Écoute-le! » (Perle de Grand Prix, JS-Histoire v. 17). En un
instant, il avait appris que le Père et le Fils avaient une forme humaine
et étaient deux personnes distinctes, ce qui l’amena plus tard à donner
cette description de la Divinité :
« Le Père a un corps de chair et d'os aussi tangible que celui de l'homme,
le Fils aussi; mais le Saint-Esprit n'a pas de corps de chair et d'os,
c'est un personnage d'esprit. S'il n'en était pas ainsi, le Saint-Esprit
ne pourrait demeurer en nous » (Doctrine et Alliances, Section 130:22).
À la suite d’une autre vision, Joseph Smith et Sidney Rigdon purent
témoigner :
« Nous, Joseph Smith, fils, et Sidney Rigdon, étant dans l'Esprit, le
seizième jour de février de l'an de grâce mil huit cent trente-deux: Par
la puissance de l'Esprit, nos yeux furent ouverts et notre intelligence
fut éclairée de manière à voir et à comprendre les choses de Dieu… Et
tandis que nous méditions sur ces choses, le Seigneur toucha les yeux de
notre entendement, et ils furent ouverts, et la gloire du Seigneur
resplendit alentour. Et nous vîmes la gloire du Fils, à la droite du Père,
et reçûmes de sa plénitude; nous vîmes les saints anges et ceux qui sont
sanctifiés devant son trône, adorant Dieu et l'Agneau, lui qu'ils adorent
pour toujours et à jamais. Et maintenant, après les nombreux témoignages
qui ont été rendus de lui, voici le témoignage, le dernier de tous, que
nous rendons de lui: qu'il vit! Car nous le vîmes, et ce, à la droite de
Dieu; et nous entendîmes la voix rendre témoignage qu'il est le Fils
unique du Père » (Doctrine et Alliances, Section 76:11-12, 19-23).
En 1836, lors de la consécration du temple de Kirtland, Joseph Smith,
accompagné cette fois d’Oliver Cowdery, eut cette vision :
« Le voile fut enlevé de notre esprit, et les yeux de notre entendement
furent ouverts. Nous vîmes le Seigneur debout sur la balustrade de la
chaire devant nous. Sous ses pieds, il y avait un pavement d'or pur, d'une
couleur semblable à l'ambre. Ses yeux étaient comme une flamme de feu, ses
cheveux étaient blancs comme la neige immaculée, son visage était plus
brillant que l'éclat du soleil et sa voix était comme le bruit du
déferlement de grandes eaux, oui, la voix de Jéhovah, disant: Je suis le
premier et le dernier; je suis celui qui vit, je suis celui qui fut
immolé; je suis votre avocat auprès du Père » (Doctrine et Alliances,
Section 110:1-4).
Non seulement ces visions montrent que les membres de la Divinité ont une
forme humaine et sont des personnes séparées et distinctes, mais affirment
aussi que Jésus-Christ est le Jéhovah (l’Éternel) de l’Ancien Testament,
ce qui cadre avec les affirmations de la Bible elle-même.
Les Écritures modernes vont dans le même sens. Voici comment Néphi décrit
sa rencontre avec l’Esprit :
« Je lui parlais comme un homme parle; car je voyais qu'il avait la forme
d'un homme; mais néanmoins, je savais que c'était l'Esprit du Seigneur; et
il me parlait comme un homme parle avec un autre » (Livre de Mormon, 1
Néphi 11:11).
L’apparition de Jésus au frère de Jared nous apprend qu’il avait un corps
de forme humaine avant sa venue sur la terre :
« Et il arriva que lorsque le frère de Jared eut dit ces paroles, voici,
le Seigneur étendit la main et toucha les pierres, une à une, du doigt. Et
le voile fut ôté des yeux du frère de Jared, et il vit le doigt du
Seigneur; et il était comme un doigt d'homme, semblable à la chair et au
sang; et le frère de Jared tomba devant le Seigneur, car il était frappé
de crainte. Et le Seigneur vit que le frère de Jared était tombé sur le
sol; et le Seigneur lui dit: Lève-toi! pourquoi es-tu tombé? Et il dit au
Seigneur: J'ai vu le doigt du Seigneur, et j'ai craint qu'il ne me frappe;
car je ne savais pas que le Seigneur avait de la chair et du sang. Et le
Seigneur lui dit: À cause de ta foi, tu as vu que je prendrai sur moi la
chair et le sang; et jamais homme n'est venu devant moi avec une foi aussi
extrême que toi; car s'il n'en était pas ainsi, tu n'aurais pas pu voir
mon doigt. As-tu vu plus que cela? Et il répondit: Non. Seigneur,
montre-toi à moi. Et le Seigneur lui dit: Crois-tu aux paroles que je
dirai? Et il répondit: Oui, Seigneur, je sais que tu dis la vérité, car tu
es un Dieu de vérité, et tu ne peux pas mentir. Et lorsqu'il eut dit ces
mots, voici, le Seigneur se montra à lui et dit: Parce que tu sais cela,
tu es racheté de la chute; c'est pourquoi, tu es ramené en ma présence;
c'est pourquoi je me montre à toi. Voici, je suis celui qui a été préparé
dès la fondation du monde pour racheter mon peuple. Voici, je suis
Jésus-Christ. Je suis le Père et le Fils. En moi toute l'humanité aura la
vie et ce, éternellement, à savoir ceux qui croiront en mon nom; et ils
deviendront mes fils et mes filles. Et je ne me suis jamais montré à
l'homme que j'ai créé, car jamais homme n'a cru en moi comme toi. Vois-tu
que vous êtes créés à mon image? Oui, tous les hommes ont été créés au
commencement à mon image. Voici, ce corps, que tu vois maintenant, est le
corps de mon esprit; et l'homme, je l'ai créé selon le corps de mon
esprit, et j'apparaîtrai à mon peuple dans la chair comme je t'apparais
dans l'esprit » (Livre de Mormon, Éther 3:6-16).
Enfin le témoignage d’Abraham :
« C'est ainsi que moi, Abraham, je parlai avec le Seigneur, face à face,
comme un homme parle avec un autre; et il me parla des œuvres que ses
mains avaient faites. Et il me dit: Mon fils, mon fils (et sa main était
étendue), voici, je vais te les montrer toutes. Et il mit la main sur mes
yeux, et je vis les choses que ses mains avaient faites, qui étaient
nombreuses; et elles se multiplièrent devant mes yeux, et je ne pus en
voir la fin » (Perle de Grand Prix, Abraham 3:11-12).
Ainsi donc, toutes les Écritures, anciennes et modernes, s’accordent sur
le caractère anthropomorphique de la Divinité. Selon ces mêmes Écritures,
le fait que Dieu ait un corps ne l’empêche pas d’être tout-puissant,
infini et éternel.
L’homme
La Révélation apporte sur l’homme des informations-clefs pour la
compréhension du plan de salut de Dieu à son égard :
« Et maintenant, en vérité, je vous le dis, j'étais au commencement avec
le Père et je suis le Premier-né… Vous étiez aussi au commencement avec le
Père; ce qui est Esprit, c'est-à-dire l'Esprit de vérité… L'homme était
aussi au commencement avec Dieu. L'intelligence, ou la lumière de la
vérité, n'a été ni créée ni faite et ne peut assurément pas l'être. Toute
vérité est indépendante dans la sphère dans laquelle Dieu l'a placée,
libre d'agir par elle-même; et il en va de même pour toute intelligence;
sinon il n'y a pas d'existence… Car l'homme est esprit. Les éléments sont
éternels, et l'esprit et l'élément, inséparablement liés, reçoivent une
plénitude de joie; et lorsqu'ils sont séparés, l'homme ne peut recevoir de
plénitude de joie. » (Doctrine et Alliances, Section 93:21, 23, 29-30,
33-34).
« Moi, le Seigneur Dieu, je créai spirituellement toutes les choses dont
j'ai parlé, avant qu'elles fussent naturellement sur la surface de la
terre. Car moi, le Seigneur Dieu, je n'avais pas fait pleuvoir sur la
surface de la terre. Et moi, le Seigneur Dieu, j'avais créé tous les
enfants des hommes. » (Perle de Grand Prix, Moïse 3:5)
« S'il y a deux esprits, et que l'un soit plus intelligent que l'autre,
cependant ces deux esprits, malgré que l'un soit plus intelligent que
l'autre, n'ont pas de commencement; ils ont existé avant, ils n'auront pas
de fin, ils existeront après, car ils sont 'olam, ou éternels » (Perle de
Grand Prix, Abraham 3:18).
« Dieu se tient dans l'assemblée de Dieu; Il juge au milieu des dieux…
Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très-Haut » (Psaumes 82:1,
6).
« Jésus leur répondit: N'est-il pas écrit dans votre loi: J'ai dit: Vous
êtes des dieux? Si elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été
adressée, et si l'Écriture ne peut être anéantie, celui que le Père a
sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui dites: Tu blasphèmes! Et cela
parce que j'ai dit: Je suis le Fils de Dieu » (Jean 10:34-36).
De ces passages d’Écriture découlent les faits suivants :
1. L’homme – du moins son « moi » fondamental – est éternel. Il n’a jamais
eu de commencement. Ce qui veut aussi dire qu’il existait avant sa
naissance ici-bas .
2. Jésus-Christ est le Premier-né, ce qui signifie que son Intelligence
primordiale éternelle a été dotée d’un corps d’esprit par Dieu,
établissant ainsi la filiation de l’un par rapport à l’autre. Le fait
qu’il ait été le Premier-né implique que d’autres intelligences
primordiales éternelles – le reste de l’humanité – ont acquis cette même
filiation, un fait qui donne un relief singulier à cette parole du Christ
: « Jésus lui dit: Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers
mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon
Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17). Paul
confirme : « Il [Jésus] a dû être rendu semblable en toutes choses à ses
frères » (Hébreux 2:17) et « D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair
nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à
bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la
vie? » (Hébreux 12:9).
3. Le libre arbitre, c’est-à-dire la faculté de choisir et de
s’autodéterminer, est un élément essentiel et donc inaliénable de
l’existence.
4. La matière (l’élément) – du moins sous sa forme fondamentale – est
éternelle.
5. Pour accéder à une joie complète, l’esprit de l’homme et son corps de
chair (d’élément) doivent être inséparablement liés (comme cela nous est
promis à la résurrection).
Pour nous résumer, les hommes, en tant qu’entités intelligentes
primordiales, n’ont jamais eu de commencement. Dieu a fait d’eux ses
enfants en les dotant d’un corps d’esprit (un peu comme nos parents
terrestres font de notre esprit leur enfant en le dotant d’un corps de
chair et d’os). Ces êtres d’esprit conservaient leur pleine liberté de
choix, mais ne pouvaient accéder à la perfection qu’en étant
inséparablement unis à un corps de chair et d’os.
La Création
Le sens donné actuellement au verbe créer (hébreu bara) dans Genèse 1:1,
c’est-à-dire tirer quelque chose de rien (création ex nihilo) n’est pas
le sens originel de l’hébreu. Le sens premier de bara est « couper,
diviser ou séparer » et de là, organiser quelque chose qui existe déjà.
C’est ainsi que Dieu « crée » Israël à partir d’un peuple préexistant dans
Ésaïe 43:15 et « crée » en David un cœur pur à partir d’un cœur déjà
existant (Psaumes 51:12). La Bible, comme tous les textes religieux
anciens, enseigne la Création sous la forme d’une organisation à partir du
chaos primordial. Le commentaire de Rachi (1040-1105), le plus célèbre des
rabbins et grammairiens juifs, est à cet égard intéressant. Faisant
observer que : « On ne rencontre… jamais dans la Bible le mot réchith
[commencement – le premier mot de la Bible en hébreu est beréchith,
traditionnellement rendu par « au commencement »] qui ne soit ‘construit’
avec le mot suivant », il affirme que l’expression indépendante « Au
commencement » est une erreur. Elle doit obligatoirement être liée à la
suite de la phrase par un « de ». Il rend donc la première phrase de la
Genèse comme suit : « Au commencement de la création des cieux et de la
terre, alors que la terre était tohu et bohu et ténèbres, Dieu dit : Que
la lumière soit. » Autrement dit, le chaos précède l’acte créateur ou plus
exactement organisateur. Ce qui correspond parfaitement à ce que l’on peut
lire dans la Révélation :
« Et il y en avait un parmi eux qui était semblable à Dieu, et il dit à
ceux qui étaient avec lui: Nous descendrons, car il y a de l'espace
là-bas, nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons une terre sur
laquelle ceux-là pourront habiter » (Perle de Grand Prix, Abraham 3:24)
Il ressort de ce qui précède que ce que Dieu a fait lors de l’acte
créateur a été d’organiser une matière éternelle, donc déjà existante.
ET LE MAL?
La vision des choses que nous présentent les Écritures permet d’éliminer
les problèmes insurmontables qui se posent aux tenants du christianisme
traditionnel. N’étant pas la cause première de tout, Dieu ne peut être
responsable des imperfections de la création. Les hommes étant libres de
choisir, ils assument la pleine responsabilité de leurs actes. La notion
même de salut prend tout son sens : L’homme, ayant existé éternellement,
est appelé à exister éternellement ; mais avec quelle qualité de vie ?
L’homme est un dieu en embryon (Jean 10:33-36), il est de la race de Dieu
(Actes 17:28-29). « Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes
maintenant et est un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux
là-haut » et il s’efforce de nous amener à la perfection qu’il a lui-même
atteinte. Le divin qui est en l’homme ne peut se contenter de rien moins
que l’état divin. La damnation, pour l’homme, ce sera de n’avoir pas
atteint le maximum qu’il peut atteindre et de devoir rester éternellement
chenille plutôt que de devenir papillon. C’est de cela que Dieu veut nous
sauver, mais il ne peut pas nous forcer au salut, seulement essayer de
nous persuader.
Et le mal dans tout cela ? D’où vient-il ? Le prophète Léhi nous
l’explique :
«
Il doit nécessairement y avoir une opposition en toutes choses. S'il n'en
était pas ainsi… la justice ne pourrait pas s'accomplir, ni la méchanceté,
ni la sainteté ni la misère, ni le bien ni le mal. C'est pourquoi, chaque
chose doit nécessairement être un composé; c'est pourquoi, si c'était un
seul corps, cela devrait nécessairement rester comme mort, n'ayant ni vie
ni mort, ni corruption ni incorruptibilité, ni bonheur ni malheur, ni
sensibilité ni insensibilité… Il fallut nécessairement, pour accomplir ses
desseins éternels à l'égard de la destinée finale de l'homme, qu'il y eût
une opposition, le fruit défendu par opposition à l'arbre de vie, l'un
étant doux et l'autre amer. C'est pourquoi, le Seigneur Dieu donna à
l'homme d'agir par lui-même. C'est pourquoi, l'homme ne pourrait agir par
lui-même s'il n'était attiré par l'attrait de l'un ou de l'autre » (Livre de
Mormon, 2 Néphi 2:11-12, 15-16).
En d’autres termes, le mal est comme le verso d’une feuille de papier dont
le bien serait le recto. Il n’y a pas de recto sans verso. Le mal n’est
pas une création, il est une composante de l’existence. Sans lui, il n’y
aurait pas de choix, donc pas d’action, donc pas de vie. On ne peut pas
l’éliminer, mais on doit le neutraliser.
L’existence prémortelle ou préexistence et le Grand Conseil dans les cieux
Les intelligences primordiales devenues enfants de Dieu par l’acquisition
d’un corps d’esprit ont connu une période de formation auprès de Dieu.
Dans sa révélation concernant la rédemption des morts, Joseph F. Smith
écrit à propos de certains esprits des morts :
«
Avant même de naître, ils avaient reçu, avec bien d'autres, leurs
premières leçons dans le monde des esprits et avaient été préparés pour
paraître au temps fixé du Seigneur pour travailler dans sa vigne au salut
de l'âme des hommes. » (Doctrine et Alliances, Section 138:56).
Cette période d’apprentissage va déboucher sur un grand rassemblement des
esprits dans ce que les saints des derniers jours appellent le « Grand
Conseil dans les cieux » au cours duquel la phase suivante de la
progression des esprits prémortels vers la perfection divine va être
présentée. À l’issue de ce Grand Conseil, la Divinité passera à l’action
et, à cette occasion, nous apprenons quel est le dessein divin :
«
Nous descendrons, car il y a de l'espace là-bas, nous prendrons de ces
matériaux, et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter;
nous les mettrons ainsi à l'épreuve, pour voir s'ils feront tout ce que le
Seigneur, leur Dieu, leur commandera; ceux qui gardent leur premier état
[vivent à la hauteur des principes appris dans la vie préterrestre]
recevront davantage; ceux qui ne gardent pas leur premier état n'auront
pas de gloire dans le même royaume que ceux qui gardent leur premier état;
et ceux qui gardent leur second état [réussissent le test sur la terre]
recevront plus de gloire sur leur tête pour toujours et à jamais » (Perle de
Grand Prix, Abraham 3:24-26).
Le passage sur terre est donc un examen, une mise en application de ce qui
a été appris en la présence de Dieu, mais est resté sur le plan théorique.
De toute évidence, l’homme va être éloigné de Dieu, de manière à pouvoir
agir en toute indépendance, mais il ne va pas être laissé à lui-même, sans
personne pour le guider :
«
Or, le Seigneur m'avait montré, à moi, Abraham, les intelligences qui
furent organisées avant que le monde fût; et parmi toutes celles-là, il y
en avait beaucoup de nobles et de grandes; et Dieu vit que ces âmes
étaient bonnes, et il se tint au milieu d'elles et dit: De ceux-ci je
ferai mes dirigeants. Car il se tint parmi ceux qui étaient esprits et il
vit qu'ils étaient bons; et il me dit: Abraham, tu es l'un d'eux; tu fus
choisi avant ta naissance. » (Perle de Grand Prix, Abraham 3:22-23)
C’est alors que se pose un problème qui va déboucher sur une crise grave.
Trois passages d’Écriture l’abordent sous diverses facettes et nous en
livrent une image composite :
«
Le Seigneur dit: Qui enverrai-je? Un, qui était semblable au Fils de
l'Homme, répondit: Me voici, envoie-moi. Et un autre répondit et dit: Me
voici, envoie-moi. Le Seigneur dit: J'enverrai le premier. Et le second
fut en colère, et il ne garda pas son premier état; et ce jour-là,
beaucoup le suivirent. » (Perle de Grand Prix, Abraham 3:27-28)
«
Et moi, le Seigneur Dieu, je parlai à Moïse, disant: Ce Satan que tu as
commandé au nom de mon Fils unique, est celui-là même qui était dès le
commencement, et il vint devant moi, disant: Me voici, envoie-moi, je
serai ton fils et je rachèterai toute l'humanité, de sorte que pas une
seule âme ne sera perdue, et je le ferai certainement; c'est pourquoi
donne-moi ton honneur. Mais voici, mon Fils bien-aimé, qui était mon
Bien-aimé et mon Élu depuis le commencement, me dit: Père, que ta volonté
soit faite, et que la gloire t'appartienne à jamais . C'est pourquoi,
parce que Satan se rebellait contre moi, qu'il cherchait à détruire le
libre arbitre de l'homme, que moi, le Seigneur Dieu, je lui avais donné,
et aussi parce qu'il voulait que je lui donne mon pouvoir, par le pouvoir
de mon Fils unique je le fis précipiter; et il devint Satan, oui, le
diable, le père de tous les mensonges, pour tromper et pour aveugler les
hommes et pour les mener captifs à sa volonté, oui, tous ceux qui ne
voudraient pas écouter ma voix. » (Perle de Grand Prix, Moïse 4:1-4)
«
Et il arriva qu'Adam fut tenté par le diable — car voici, le diable était
avant Adam, car il se rebella contre moi, disant: Donne-moi ton honneur,
qui est mon pouvoir; et il détourna également de moi le tiers des armées
du ciel à cause de leur libre arbitre; et ils furent précipités et
devinrent ainsi le diable et ses anges; Et voici, il y a un lieu préparé
pour eux depuis le commencement, lieu qui est l'enfer. Et il faut que le
diable tente les enfants des hommes, sinon ils ne pourraient pas agir par
eux-mêmes; car s'ils n'avaient jamais ce qui est amer, ils ne pourraient
pas connaître ce qui est doux — » (Doctrine et Alliances, Section 29:36-39)
En quoi réside le conflit ? Privé de la présence divine et n’étant pas
inhibé par elle, l’homme va pouvoir exercer sa liberté de choix, ce qui
implique la faculté de choisir le mal plutôt que le bien. Or « rien
d'impur ne peut demeurer auprès de Dieu » (Livre de Mormon, 1 Néphi
10:21). Il saute donc aux yeux que les pertes seront nombreuses. Tablant
sur la réticence devant l’effort, la recherche de la facilité et la
veulerie des masses, celui que l’on va appeler diversement Lucifer (le
porteur de lumière), Satan ou le diable, propose la première des solutions
démagogiques, un système attrayant grâce auquel tout le monde sera sauvé,
une dictature absolue sous laquelle les hommes perdront leur libre arbitre
et parviendront au bonheur parfait à l’état de zombies. Dans ce « Meilleur
des Mondes » de son cru, Satan sera le maître absolu et, assuré de son
succès, invite Dieu à lui céder sa place.
Mais c’est vider le plan de salut de sa substance. Le seul bonheur
véritable que l’homme peut atteindre, c’est celui qu’il conquiert à force
de sacrifices et de ténacité, et parce qu’il le veut. C’est parce que
c’est dans ce sens-là qu’il veut œuvrer, que c’est le futur Jésus-Christ
qui va être envoyé.
Satan ne l’entend pas de cette oreille et fomente la première tentative de
coup d’état. N’a-t-il pas déjà entraîné le tiers des esprits préexistants
derrière lui ?
«
Un autre signe parut encore dans le ciel; et voici, c'était un grand
dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept
diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait
sur la terre… Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges
combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent,
mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée
dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien,
appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut
précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. »
(Apocalypse 12:3-4, 8-9)
C’est sans doute à cet événement qu’Ésaïe, dont les prophéties jouent
constamment à la fois sur l’actualité politique et sur le plan
eschatologique, associe la chute du roi de Babylone, quand il écrit :
«
Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore! Tu es abattu à
terre, Toi, le vainqueur des nations! Tu disais en ton cœur: Je monterai
au ciel, J'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu; Je m'assiérai
sur la montagne de l'assemblée, À l'extrémité du septentrion; Je monterai
sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très-Haut » (Ésaïe 14:12-14).
Nous n’avons aucune idée de la nature du combat que les deux camps ont
mené. Ce qui est clair, c’est que le diable et ceux qui ont pris parti
pour lui se sont retrouvés exclus de la présence de Dieu et précipités sur
la terre. Il n’est pas inutile ici d’examiner d’un peu plus près le
chapitre 12 de l’Apocalypse, car il nous donne une idée de la partie qui
se joue actuellement et dont nous sommes l’enjeu.
« Un grand signe parut dans le ciel: une femme enveloppée du soleil, la
lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle
était enceinte, et elle criait, étant en travail et dans les douleurs de
l'enfantement. Un autre signe parut encore dans le ciel; et voici,
c'était un grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses
têtes sept diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et
les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait
enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu'elle aurait enfanté. Elle
enfanta un fils, qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer.
Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône. Et la femme
s'enfuit dans le désert, où elle avait un lieu préparé par Dieu, afin
qu'elle y fût nourrie pendant mille deux cent soixante jours. Et il y eut
guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et
le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus
forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Et il fut
précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan,
celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses
anges furent précipités avec lui … Malheur à la terre et à la mer! car
le diable est descendu vers vous, animé d'une grande colère, sachant qu'il
a peu de temps. Quand le dragon vit qu'il avait été précipité sur la
terre, il poursuivit la femme qui avait enfanté l'enfant mâle … Et le
dragon fut irrité contre la femme, et il s'en alla faire la guerre aux
restes de sa postérité, à ceux qui gardent les commandements de Dieu et
qui ont le témoignage de Jésus. »
La femme est l’Église. Elle mène à la
gloire céleste, figurée par le soleil. À sa tête se trouvent les douze
apôtres et elle porte une couronne, symbole de victoire. L’Église doit
amener ses membres à un niveau de sainteté qui assurera leur salut et cela
ne se fait pas sans mal. Le dragon est le diable. Les sept têtes
symbolisent l’universalité de son règne et les diadèmes représentent son
pouvoir politique. Le tiers des enfants d’esprit de Dieu l’ont suivi. Il
est l’ennemi juré de l’Église. L’Église doit donner le jour au Royaume de
Dieu, constitué de ceux de ses membres qui vivent vraiment l’Évangile. La
verge de fer fait penser à la barre de fer du songe de Léhi. Le Royaume
nourrira les nations en leur apportant l’Évangile. Mais l’opposition du
diable est si forte que le Royaume a dû être retiré de la
terre. L’apostasie étant consommée, il ne reste de l’Église qu’un pâle
reflet qui subsistera jusqu’au Rétablissement. Le texte fait maintenant un
retour en arrière vers le grand conflit prémortel pour expliquer qui est
le diable et comment il s’est retrouvé sur la terre. Fin du retour en
arrière. C’est Satan qui est derrière les persécutions dont souffre
l’Église du Christ. Satan ne cesse de harceler les saints.
Battus dans leur tentative de révolte, Lucifer et ses partisans se
retrouvent sur la terre avec un handicap majeur : ils n’ont pas de corps
de chair et d’os, indispensable à l’acquisition d’un bonheur complet,
comme nous l’avons vu plus haut. La prise de conscience de ce qu’ils ont
ainsi perdu explique peut-être le curieux comportement des démons
mentionnés dans Matthieu 8:28-32 :
«
Lorsqu'il fut à l'autre bord, dans le pays des Gadaréniens, deux
démoniaques, sortant des sépulcres, vinrent au-devant de lui. Ils étaient
si furieux que personne n'osait passer par là.
Et voici, ils s'écrièrent: Qu'y a-t-il entre nous et toi, Fils de Dieu?
Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps? Il y avait loin d'eux
un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Les démons priaient Jésus,
disant: Si tu nous chasses, envoie-nous dans ce troupeau de pourceaux. Il
leur dit: Allez! Ils sortirent, et entrèrent dans les pourceaux. Et voici,
tout le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer, et ils
périrent dans les eaux. »
La nécessité d’un Rédempteur
Étant imparfait, l’homme, une fois sur terre, allait forcément, par manque
de vision ou pour d’autres raisons, utiliser son libre arbitre pour agir à
l’encontre des lois qui devaient l’aider à accéder à l’état divin ;
d’autre part, « rien d'impur ne peut demeurer auprès de Dieu » (Livre de
Mormon, 1 Néphi 10:21). Une fois de plus, la loi de l’opposition en toutes
choses, qui permet aux hommes d’exercer leur libre arbitre « sinon il n’y
a pas d’existence » (D&A 93:30), va jouer. Le Livre de Mormon explique que
la présence de la loi et de ses corollaires – le péché, le châtiment, le
repentir, la justice et la miséricorde – sont des éléments inhérents à
l’existence même. Qu’on les supprime, c’est l’immobilisme total, il n’y
aura plus de bien ni de mal, ni de possibilité pour l’homme de progresser,
d’évoluer et de parvenir un jour à la divinisation. Dieu lui-même ne peut
empêcher qu’il en soit ainsi.
Ceci pose un problème : S’il y a infraction à la loi, il doit y avoir
réparation intégrale. Or l’homme n’est pas en mesure d’effectuer cette
réparation. C’est ici que Dieu, en la personne du Fils, intervient en
accomplissant ce que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes, mais que lui
peut faire grâce à sa perfection.
«
Et maintenant, le plan de la miséricorde ne pouvait être réalisé que si
une expiation était faite; c'est pourquoi Dieu lui-même expie les péchés
du monde, pour réaliser le plan de la miséricorde, pour apaiser les
exigences de la justice, afin que Dieu soit un Dieu parfait et juste, et
aussi un Dieu miséricordieux.
Or, le repentir ne pouvait être accordé aux hommes que s'il y avait une
punition, qui était aussi éternelle que devait l'être la vie de l'âme,
attachée en opposition au plan du bonheur, qui était, lui aussi, aussi
éternel que la vie de l'âme.
Or, comment un homme pourrait-il se repentir, s'il ne péchait pas? Comment
pourrait-il pécher, s'il n'y avait pas de loi? Comment pourrait-il y avoir
une loi, s'il n'y avait pas de punition?
Or, une punition fut attachée, et une loi juste fut donnée, qui
apportèrent le remords de conscience à l'homme.
Or, si aucune loi n'était donnée, stipulant que si un homme commettait le
meurtre il mourrait, aurait-il peur de mourir s'il commettait le meurtre?
Et en outre, si aucune loi n'était donnée contre le péché, les hommes
n'auraient pas peur de pécher.
Et si aucune loi n'était donnée, si les hommes péchaient, que pourrait
faire la justice, ou même la miséricorde, car elles n'auraient aucun droit
sur la créature?
Mais une loi est donnée, et une punition est attachée, et un repentir est
accordé; et ce repentir, la miséricorde le réclame; sinon, la justice
réclame la créature et exécute la loi, et la loi inflige la punition; s'il
n'en était pas ainsi, les œuvres de la justice seraient détruites, et Dieu
cesserait d'être Dieu.
Mais Dieu ne cesse pas d'être Dieu, et la miséricorde réclame le pénitent,
et la miséricorde est accordée à cause de l'expiation; et l'expiation
réalise la résurrection des morts; et la résurrection des morts ramène les
hommes en la présence de Dieu; et ainsi ils sont ramenés en sa présence
pour être jugés selon leurs œuvres, selon la loi et la justice.
Car voici, la justice exerce toutes ses exigences, et la miséricorde
réclame aussi tous les siens; et ainsi nul n'est sauvé, sauf ceux qui sont
vraiment pénitents.
Quoi, penses-tu que la miséricorde puisse frustrer la justice? Je te dis
que non, en aucune façon. S'il en était ainsi, Dieu cesserait d'être Dieu.
» (Livre de Mormon, Alma 42:15-25)
Nous ne savons pas en quoi a consisté l’Expiation. Ce qui est certain,
c’est qu’elle a eu lieu dans le jardin de Gethsémané, comme le montre une
révélation de Jésus-Christ donnée à titre de réprimande à Martin Harris :
«
C'est pourquoi, je te commande de te repentir! Repens-toi, de peur que je
ne te frappe du sceptre de ma parole, de ma fureur et de ma colère, et que
tes souffrances ne soient atroces; et tu ne sais pas combien elles sont
atroces, tu ne sais pas combien elles sont extrêmes, oui, tu ne sais pas
combien elles sont dures à supporter.
Car voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne
souffrent pas s'ils se repentent.
Mais s'ils ne se repentent pas, ils doivent souffrir tout comme moi.
Et ces souffrances m'ont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus
grand de tous, et elles m'ont fait saigner à chaque pore et m'ont fait
souffrir de corps et d'esprit — et j'ai voulu ne pas devoir boire la coupe
amère, mais je n'ai pas non plus voulu me dérober —
Néanmoins, gloire soit au Père, j'ai bu et j'ai terminé tout ce que
j'avais préparé pour les enfants des hommes » (D&A 19:15-19).
Nous n’avons
naturellement aucune idée de ce que le Sauveur a pu souffrir. La seule
autre description de souffrance que nous avons et qui peut nous donner une
faible mesure de ce que le Christ a pu souffrir est celle des fils de
perdition (voir plus loin), les seuls qui se placent totalement en dehors
de l’œuvre rédemptrice du Christ, « les seuls sur lesquels la seconde mort
aura un pouvoir quelconque » (D&A 76:37). La révélation précise :
« Il sauve donc tout le monde, sauf eux: ils s'en iront au châtiment
perpétuel, qui est le châtiment sans fin, qui est le châtiment éternel,
pour régner avec le diable et ses anges dans l'éternité, là où leur ver ne
meurt pas, là où le feu ne s'éteint pas, ce qui est leur tourment — et nul
n'en connaît la fin, ni le lieu, ni leur tourment. Et cela n'a pas été
révélé à l'homme, ne l'est pas et ne le sera jamais, si ce n'est à ceux à
qui il est donné d'y prendre part. Néanmoins, moi, le Seigneur, j'en donne
la vision à beaucoup, mais je la referme immédiatement; c'est pourquoi, ni
eux, ni personne, si ce n'est ceux qui sont soumis à cette condamnation,
n'en comprennent la fin, la largeur, la hauteur, la profondeur et la
misère » (Doctrine et Alliances, Section 76:44-48).
Jésus, ayant payé le prix à notre place, la miséricorde et la justice
peuvent jouer équitablement leur rôle et agir selon que nous nous plaçons
sur le territoire de l’une ou de l’autre. La miséricorde nous permet de
nous repentir et de nous corriger sans devoir traîner le fardeau d’une
culpabilité insurmontable. L’alliance du baptême non seulement efface nos
péchés antérieurs, mais continue à les effacer au fur et à mesure que nous
nous en repentons véritablement. Cela veut dire aussi que Jésus est le
passage obligé, comme il le dit lui-même : « Je suis le chemin, la vérité,
et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14:6). « Je suis la
porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé » (Jean 10:9).
Sauvé de quoi, au fait ? Tout d’abord de la mort éternelle. Le Livre de
Mormon l’explique très bien :
«
Car comme la mort est passée sur tous les hommes, pour accomplir le plan
miséricordieux du grand Créateur, il doit nécessairement y avoir un
pouvoir de résurrection, et la résurrection doit nécessairement être
donnée à l'homme en raison de la chute; et la chute s'est produite en
raison de la transgression, et parce que l'homme est devenu déchu, il a
été retranché de la présence du Seigneur. C'est pourquoi, il doit
nécessairement y avoir une expiation infinie: si ce n'était pas une
expiation infinie, cette corruption ne pourrait pas revêtir
l'incorruptibilité. C'est pourquoi, le premier jugement qui est tombé sur
l'homme aurait nécessairement dû rester pour une durée sans fin. Et s'il
en avait été ainsi, cette chair aurait dû se coucher pour pourrir et se
désagréger, et retourner à la terre, sa mère, pour ne plus se relever. Oh!
la sagesse de Dieu, sa miséricorde et sa grâce! Car voici, si la chair ne
se relevait plus, notre esprit serait soumis à cet ange qui tomba de la
présence du Dieu éternel et devint le diable, pour ne plus se relever. Et
notre esprit serait devenu semblable à lui, et nous serions devenus des
démons, anges d'un démon, pour être exclus de la présence de notre Dieu et
rester avec le père des mensonges dans la misère comme lui » (Livre de
Mormon, 2 Néphi 9:6-9 ; voir aussi les versets 10, 19 et 26).
Ce salut-là est acquis car l’Expiation garantit la résurrection à tous les
hommes : « Comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en
Christ » (1 Corinthiens 15:22).
Ensuite, l’Expiation offre aux hommes – mais ceci est conditionnel – de
les sauver en leur permettant d’accéder au seul mode de vie qui leur
apportera l’épanouissement complet, la vie éternelle. Immortalité et vie
éternelle, dans les Écritures, ne sont pas la même chose. L’immortalité
est dans la durée, la vie éternelle est une qualité de vie, celle que Dieu
mène et que l’on ne peut connaître que si l’on vit en sa présence. Comme
nous le verrons plus loin, Dieu, dans son grand amour pour ses enfants,
accordera à la quasi-totalité d’entre eux une forme de salut. L’Évangile et ses ordonnances ne concernent que ceux qui ont la volonté
d’accéder au salut en la présence de Dieu, celui auquel notre nature
profonde aspire puisque nous sommes de souche divine. Les autres n’ont
besoin ni du baptême ni des autres ordonnances.
Notre condition mortelle
Nous sommes donc venus de la vie prémortelle sur cette terre pour les
raisons suivantes :
1. Obtenir un corps de chair et d’os et faire les expériences qu’il rend
possibles :
-Assujettir la matière (en vue de créer un jour des univers. Adam et Ève
reçoivent ce commandement : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la
terre, et l'assujettissez », Ge 1:28)
-Fonder une famille et élever des enfants (en vue de prendre un jour en
charge des intelligences)
-Maîtriser les passions et les tendances propres au corps de chair (en
vue de le posséder éternellement dans un état glorieux)
-Affronter les conditions que nous impose le monde matériel : maladies,
catastrophes naturelles, accidents, conditions climatiques, etc.
L’humanité progresse grâce à l’ingéniosité qu’elle déploie à affronter la
nature.
2. Montrer si nous sommes disposés à « faire tout ce que le Seigneur,
[notre] Dieu, [nous] commandera ». Il convient de noter ici qu’on appelle
à tort « épreuves » les difficultés, les contrariétés et les revers que
nous rencontrons dans la vie. Le texte d’Abraham 3:25 est clair : il n’y a
qu’une épreuve à laquelle nous soyons soumis : c’est la façon dont nous
allons réagir aux situations que nous rencontrons. C’est cela l’épreuve et
non les situations elles-mêmes. Allons-nous rester fidèles à notre
programme éternel face aux obstacles, aux injustices, à toutes les choses
mauvaises qui nous arrivent et que nous ne comprenons pas ou allons-nous
nous aigrir et abandonner notre idéal de vie ?
Autant que nous puissions en juger, notre passage sur cette terre est une
sorte de plaque tournante sur laquelle nous choisissons la direction que
notre vie – ici-bas et dans l’au-delà – va prendre. Le type d’existence
pour lequel nous optons va engendrer des comportements qui vont se
cristalliser peu à peu en nous et figer notre personnalité. Comme le dit
le Livre de Mormon :
«
Je vous supplie donc de ne pas différer le jour de votre repentir jusqu'à
la fin; car après ce jour de vie, qui nous est donné pour nous préparer
pour l'éternité, voici, si nous ne faisons pas meilleur usage de notre
temps pendant que nous sommes dans cette vie, alors vient la nuit de
ténèbres où aucun travail ne peut être accompli.
Vous ne pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette crise affreuse:
Je vais me repentir, je vais retourner à mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas
le dire; car ce même esprit qui possède vos corps au moment où vous
quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps
dans le monde éternel » (Livre de Mormon, Alma 34:33-34).
Nous ne sommes bien entendu pas livrés à nous-mêmes à un moment aussi
critique de notre devenir. Même si Dieu doit se faire aussi discret que
possible pour que nous ayons les coudées franches et choisissions en toute
liberté ce que nous voulons, il nous envoie les prophètes, les Écritures
et son Église et surtout la
possibilité d'avoir la compagnie du Saint Esprit pour nous avertir et nous montrer le chemin. Ceci est
nécessaire, car, sans repères, les hommes s’égarent vite. Le nombre de
pratiques et d’idéologies aberrantes ainsi que de vies gâchées que nous
voyons autour de nous en sont la preuve.
L’apôtre Paul a décrit avec beaucoup de précision le rôle que l’Église
doit jouer dans le devenir de l’homme :
«
Et il [le Christ] a donné les uns comme apôtres, les autres comme
prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et
docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l'œuvre du
ministère et de l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que nous
soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de
Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ,
afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout
vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les
moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous
croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ » (Éphésiens
4:11-15).
Il vaut la peine d’examiner ce passage avec soin. Paul nous dit clairement
que le Christ, contrairement à ce que d’aucuns pensent, a bel et bien
organisé son Église.
Pourquoi des apôtres, des prophètes, etc ? Parce qu’ils sont capables de
donner aux hommes les repères dont ils ont besoin pour s’orienter dans la
vie. Qu’est-ce qui leur confère cette capacité ? Le fait qu’ils jouissent
de la révélation divine. Matthieu 16:13-18 est très clair là-dessus :
«
Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à
ses disciples: Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l'homme ? Ils
répondirent: Les uns disent que tu es Jean-Baptiste; les autres, Élie; les
autres, Jérémie, ou l'un des prophètes. Et vous, leur dit-il, qui
dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondit: Tu es le Christ, le Fils du
Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole, lui dit: Tu es heureux, Simon,
fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé
cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu
es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les
portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. »
Qu’est-ce qui faisait que Simon était aussi ferme qu’une pierre ? C’était
le fait que sa connaissance ne lui venait pas des hommes (la chair et le
sang), mais de la révélation du Père. Et Jésus enchaîne en disant que
c’est sur la pierre de la révélation qu’il bâtira son Église, ce qui veut
dire qu’elle doit être dirigée par des hommes qui reçoivent la révélation
divine et être constituée de personnes qui reçoivent la révélation pour
leur propre domaine..
Quelle est la raison d’être de l’Église ? Premièrement, perfectionner les
saints jusqu’à ce qu’ils deviennent des « hommes faits », des hommes qui
soient « à la mesure de la stature parfaite du Christ », qui « croissent à
tous égards en… Christ », des hommes ayant suffisamment absorbé les
caractéristiques voulues par Dieu pour pouvoir rentrer en sa présence.
Deuxièmement, leur fournir une connaissance suffisante pour leur éviter
d’être « emportés à tout vent de doctrine ». Il suffit de regarder autour
de soi pour se rendre compte que rejeter l’Évangile révélé, c’est créer un
vide dans lequel vont s’engouffrer toutes sortes d’idéologies de moindre
valeur dont beaucoup sont aberrantes. Troisièmement, amener tous les
hommes « à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu » et
non à une diversité de doctrines et d’églises, parce que le but ultime est
« l’édification du corps de Christ », c’est-à-dire l’établissement du
Royaume de Dieu.
Cette Église, encore faut-il la trouver et la reconnaître une fois qu’on
la rencontre. Comme Paul l’a dit : « Il [Dieu] a voulu qu'ils [les hommes]
cherchassent le Seigneur, et qu'ils s'efforçassent de le trouver en
tâtonnant, bien qu'il ne soit pas loin de chacun de nous » (Actes 17:27).
Pareille recherche est loin d’être simple. Il faut pour cela être disposé
à remettre en question les traditions dans lesquelles on a été élevé et se
trouver dans des conditions de vie permettant une telle recherche. Il y a
les barrières dressées par l’éducation reçue, par les circonstances
géographiques, économiques et culturelles dans lesquelles on se trouve. La
plupart des hommes sont trop pris par le quotidien pour lever la tête et
se poser des questions. Et si on s’en pose, encore faut-il pouvoir s’y
retrouver dans le concert des voix discordantes qui se revendiquent de la
Vérité. L’Église va bien entendu à la rencontre des hommes par son œuvre
missionnaire, mais celle-ci est loin de donner à toute l’humanité
l’occasion d’être exposée au message de l’Évangile.
Il est toutefois clair que tout homme sera jugé selon le choix de valeurs
qu’il aura fait et qu’il aura mises en application dans sa vie, en
fonction de la lumière dont il dispose. Comme le dit Paul dans 2
Corinthiens 5:10 : « Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal
de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu'il aura
fait, étant dans son corps. »
L’au-delà
C’est ici qu’intervient un élément-clef du plan de salut : la mort. La
mort constitue un traumatisme qui arrache tous les hommes à leur ancrage
culturel et à toutes les valeurs autres que celles qui concernent leur
propre évolution. Quelles que soient les croyances qu’ils aient
entretenues vis-à-vis de l’au-delà, elles seront confrontées à une réalité
qui sera nouvelle pour beaucoup et les obligera à réviser toutes les idées
qu’ils entretenaient en la matière.
Que se passe-t-il entre la mort et la résurrection ? Tandis que le corps
retourne à la terre, l’esprit immortel poursuit une existence consciente.
L’état d’esprit dans lequel se trouvent alors les morts est décrit comme
suit par le Livre de Mormon :
«
Les esprits de ceux qui sont justes seront reçus dans un état de bonheur,
qui est appelé paradis, un état de repos, un état de paix, où ils se
reposeront de toutes leurs difficultés, et de tous les soucis, et de toute
tristesse… Les esprits des méchants… seront chassés dans les ténèbres du
dehors… dans un état d'attente affreuse et terrible de l'indignation
ardente de la colère de Dieu contre eux » (Livre de Mormon, Alma 40:12-14).
C’est dans ce contexte que l’Évangile va pouvoir être présenté à toute
l’humanité. Les passages d’Écriture suivants vont nous montrer ce qui se
passe :
«
En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà
venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui
l'auront entendue vivront.
Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir
la vie en lui-même… Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient où tous
ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront. Ceux
qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront
fait le mal ressusciteront pour le jugement » (Jean 5:25-29).
«
Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des
injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la
chair, mais ayant été rendu vivant quant à l'[e]sprit, dans lequel aussi
il est allé prêcher aux esprits en prison,
qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se
prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l'arche, dans
laquelle un petit nombre de personnes, c'est-à-dire, huit, furent sauvées
à travers l'eau » (Pierre 3:18-20).
«
Ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts.
Car l'Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été
jugés comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l'esprit.
» (1 Pierre 4:5-6).
Ces passages évoquent ce que l’on appelait autrefois « la descente de
Jésus aux enfers », notion aujourd’hui rejetée, parce qu’incomprise, par
le christianisme, et pourtant essentielle au plan divin si l’on veut qu’il
donne une chance égale à tous les hommes.
Les passages bibliques qui précèdent sont rendus plus explicites par une
vision donnée en 1918 à Joseph F. Smith, sixième président de l’Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours :
«
… Je vis les multitudes des morts, petits et grands. En un seul lieu était
rassemblée une foule innombrable d'esprits des justes qui avaient été
fidèles au témoignage de Jésus tandis qu'ils vivaient ici-bas, et qui
avaient offert un sacrifice à la similitude du grand sacrifice du Fils de
Dieu et avaient subi des tribulations au nom de leur Rédempteur. Tous
ceux-là avaient quitté cette vie, fermes dans l'espérance d'une glorieuse
résurrection par la grâce de Dieu le Père et de son Fils unique,
Jésus-Christ. Je vis qu'ils étaient remplis de joie et d'allégresse et se
réjouissaient ensemble parce que le jour de leur délivrance était proche.
Ils étaient assemblés, attendant l'avènement du Fils de Dieu dans le monde
des esprits pour annoncer leur rédemption des liens de la mort. Leur corps
endormi et en poussière allait être rendu à sa forme parfaite, chaque os à
son os, et les tendons et la chair sur eux, l'esprit et le corps devant
être unis pour ne plus jamais être divisés, pour qu'ils reçussent une
plénitude de joie.
Tandis que cette vaste multitude attendait et conversait, se réjouissant
de l'heure où elle serait délivrée des chaînes de la mort, le Fils de Dieu
apparut, proclamant la liberté aux captifs qui avaient été fidèles, et là
il leur prêcha l'Évangile éternel, la doctrine que l'humanité
ressusciterait et serait rachetée de la chute et des péchés personnels à
condition de se repentir… Je vis que… parmi les justes, il organisa ses
forces et désigna des messagers revêtus de pouvoir et d'autorité, et les
chargea d'aller porter la lumière de l'Évangile à ceux qui étaient dans
les ténèbres, oui, à tous les esprits des hommes. Et c'est ainsi que
l'Évangile fut prêché aux morts » (Doctrine et Alliances, Section 138:11-19,
29-30).
C’est ainsi que, grâce à ce plan admirable, tous les hommes auront
l’occasion d’entendre l’Évangile dans une situation où, débarrassés des
contingences terrestres, ils seront suffisamment sensibilisés pour lui
accorder leur attention et décider en connaissance de cause s’ils veulent
l’accepter ou non. Ils seront néanmoins jugés en fonction de leur conduite
dans la condition mortelle et de la lumière dont ils disposaient, comme le
précisent 2 Corinthiens 5:10 et 1 Pierre 4:6.
Le millénium
Le Christ étant le passage obligé, comme montré plus haut, le baptême et
les autres ordonnances de l’Évangile doivent impérativement être conférés
à tous ceux qui seront héritiers du salut. Si un seul homme pouvait
rentrer en la présence de Dieu sans recevoir toutes ces ordonnances, elles
ne seraient d’aucune utilité pour personne. D’où la pratique, chez les
saints des derniers jours (comme dans l’Église primitive d’ailleurs) de
rechercher leurs ancêtres et d’aller ensuite au temple afin de recevoir
pour eux, par procuration, toutes les ordonnances requises. C’est une
grande œuvre d’amour que Dieu confie à ses saints, « afin qu'ils [les
morts] ne [parviennent] pas sans nous à la perfection » (Hébreux 11:40).
Il va de soi qu’une œuvre pareille, qui implique que l’on retrouve la
totalité de ceux qui ont vécu sur la terre, ne peut qu’être ébauchée
ici-bas dans les conditions actuelles. De là la nécessité d’une période où
l’univers des vivants et celui des morts ne seront plus cloisonnés comme
ils le sont aujourd’hui, d’une période de paix où l’œuvre de rédemption
des morts pourra s’accomplir sans entraves. Cette période, ce sera le
millénium, inauguré par la seconde venue du Christ, qui régnera et fera en
sorte que tout soit accompli avant de présenter l’humanité au Père pour un
jugement dernier véritablement équitable.
«
Pendant cette période de paix, quand les justes se lèveront de leur tombe,
ils se mêleront aux mortels de la terre et les instruiront. Le voile qui
sépare les vivants des morts sera écarté et les mortels et les saints
d’autrefois converseront ensemble. De plus, ils travailleront dans une
entente parfaite au salut et à l’exaltation de ceux qui sont dignes, qui
sont morts sans avoir reçu les bénédictions de l’Évangile.
La grande œuvre du millénium sera accomplie dans les temples qui
couvriront toutes les parties du pays et dans lesquels les enfants iront
accomplir pour leurs pères l’œuvre que ceux-ci ne pouvaient pas faire pour
eux-mêmes quand ils étaient dans cette vie mortelle.
De cette manière, ceux qui sont passés par la résurrection et qui sont
informés sur les gens et la situation de l’autre côté, mettront entre les
mains de ceux qui sont dans la mortalité les renseignements nécessaires
par et grâce auxquels la grande œuvre du salut pour toutes les âmes dignes
sera accomplie, et ainsi les desseins du Seigneur, définis avant la
fondation du monde, seront pleinement réalisés » (Joseph Fielding Smith,
Doctrines du Salut, vol. 2, p. 235).
Le jugement dernier
Une fois que l’œuvre du millénium sera terminée, le Christ pourra
présenter l’humanité au Père pour le jugement final. Il y aura alors une
résurrection générale des non-justes (Apocalypse 20:5) et tous les hommes
se tiendront devant Dieu pour le Jugement dernier. Le Livre de Mormon
explique comment ce jugement aura lieu :
«
L'homme qui… entre en rébellion ouverte contre Dieu… si cet homme ne se
repent pas, et reste et meurt ennemi de Dieu, les exigences de la justice
divine éveillent son âme immortelle à la conscience vive de sa
culpabilité, ce qui le fait reculer hors de la présence du Seigneur et
remplit son sein de culpabilité, et de souffrance, et d'angoisse, ce qui
est semblable à un feu qui ne s'éteint pas, dont la flamme monte pour
toujours et à jamais » (Mosiah 2:37-38).
«
Et si elles [leurs œuvres] sont mauvaises, ils sont condamnés à la vision
affreuse de leur culpabilité et de leurs abominations personnelles, ce qui
les fait reculer hors de la présence du Seigneur, vers un état de misère
et de tourment sans fin d'où ils ne peuvent plus revenir; c'est pourquoi,
ils ont bu de la damnation pour leur âme » (Mosiah 3:25).
«
Pensez-vous que vous pourriez être heureux de demeurer avec cet Être
saint, alors que votre âme est tenaillée par la conscience de votre
culpabilité d'avoir constamment enfreint ses lois? Voici, je vous dis que
vous seriez plus malheureux de demeurer avec un Dieu saint et juste, avec
la conscience de votre souillure devant lui, que de demeurer avec les âmes
damnées en enfer. Car voici, lorsque vous serez amenés à voir votre nudité
devant Dieu, et aussi la gloire de Dieu, et la sainteté de Jésus-Christ,
cela allumera sur vous une flamme d'un feu qui ne s'éteint pas » (Mormon
9:3-5).
Mis en présence de Dieu, les hommes dont la vie aura été consacrée au
péché se verront tels qu’ils sont et s’éloigneront d’eux-mêmes parce que
ne pouvant pas supporter sa gloire.
Les degrés de
gloire
Le destin final des hommes est conforme à l’image que nous donnent les
Écritures d’un Dieu juste, bon et aimant : chacun héritera le mode
d’existence pour lequel il se sera préparé :
«
L'esprit et le corps sont l'âme de l'homme. Et la résurrection d'entre les
morts est la rédemption de l'âme. Et la rédemption de l'âme se fait par
celui qui vivifie tout, dans le sein duquel il est décrété que les pauvres
et les humbles de la terre l'hériteront. C'est pourquoi, il faut qu'elle
soit sanctifiée de toute injustice, afin d'être préparée pour la gloire
céleste; car lorsqu'elle aura rempli la mesure de sa création, elle sera
couronnée de gloire, oui, de la présence de Dieu le Père; afin que les
corps qui sont du royaume céleste la possèdent pour toujours et à jamais,
car c'est dans ce but qu'elle a été faite et créée, et c'est dans ce but
qu'ils sont sanctifiés… Ceux qui ne sont pas sanctifiés par la loi que je vous ai donnée,
c'est-à-dire la loi du Christ, doivent hériter un autre royaume, un
royaume terrestre ou un royaume téleste . Car celui qui n'est pas capable
de se conformer à la loi d'un royaume céleste ne peut pas supporter une
gloire céleste. Et celui qui n'est pas capable de se conformer à la loi
d'un royaume terrestre ne peut pas supporter une gloire terrestre. Et
celui qui n'est pas capable de se conformer à la loi d'un royaume téleste
ne peut pas supporter une gloire téleste; c'est pourquoi il ne convient
pas pour un royaume de gloire. Il doit donc supporter un royaume qui n'est
pas un royaume de gloire.
Et de plus, en vérité, je vous le dis, la terre se conforme à la loi d'un
royaume céleste, car elle remplit la mesure de sa création et ne
transgresse pas la loi; c'est pourquoi, elle sera sanctifiée; oui, en
dépit du fait qu'elle mourra, elle sera de nouveau vivifiée et supportera
le pouvoir par lequel elle aura été vivifiée, et les justes l'hériteront.
Car en dépit du fait qu'ils meurent, eux aussi ressusciteront — corps
spirituel.
Ceux qui sont d'un esprit céleste recevront le même corps qui était un
corps naturel; oui, vous recevrez votre corps, et votre gloire sera cette
gloire par laquelle votre corps sera vivifié. Vous qui êtes vivifiés par
une part de la gloire céleste, vous en recevrez alors une plénitude. Et
ceux qui sont vivifiés par une part de la gloire terrestre en recevront
alors une plénitude. Et ceux qui sont vivifiés par une part de la gloire
téleste en recevront alors une plénitude. Et ceux qui restent seront
également vivifiés; néanmoins, ils retourneront dans leur lieu propre pour
jouir de ce qu'ils sont disposés à recevoir, parce qu'ils n'étaient pas
disposés à jouir de ce qu'ils auraient pu recevoir » (Doctrine et Alliances,
Section 88:15-32).
À part un petit nombre de fils de perdition, qui ont connu la puissance de
Dieu –
«
et à qui il a été donné d'y prendre part, qui se sont laissés vaincre par
la puissance du diable et se sont permis de renier la vérité et de défier
ma puissance : ce sont ceux qui sont les fils de perdition, dont je dis
qu'il aurait mieux valu pour eux qu'ils ne fussent jamais nés ; car ils
sont des vases de colère, condamnés à subir la colère de Dieu dans
l'éternité avec le diable et ses anges; à propos desquels j'ai dit qu'il
n'y a pas de pardon dans ce monde ni dans le monde à venir : car ils ont
renié l'Esprit-Saint après l'avoir reçu, ils ont renié le Fils unique du
Père, l'ont crucifié, pour leur part, et l'ont exposé à l'ignominie.
Ce sont eux qui s'en iront dans l'étang de feu et de soufre avec le diable
et ses anges, les seuls sur lesquels la seconde mort aura un pouvoir
quelconque »
(Doctrine et Alliances, Section 76:31-37).
– tous seront héritiers du salut en ce sens que tous hériteront un royaume
de gloire, téleste, terrestre ou céleste, dont l’éclat respectif est
symbolisé par celui des étoiles, de la lune et du soleil. Il faut
cependant préciser que le fait de se retrouver dans l’un de ces royaumes
de gloire ne signifie pas forcément vivre en la présence de Dieu, ceci
étant réservé à ceux qui hériteront la gloire céleste. Ceux qui seront
dans la gloire terrestre recevront « de la présence du Fils, mais pas de
la plénitude du Père » (v. 77) et ceux de la gloire téleste recevront « de
l’Esprit-Saint par le ministère des terrestres », tout comme les
terrestres recevront ce qu’ils ont par le ministère des célestes (v. 87).
On peut donc imaginer qu’il y aura dans ces gloires inférieures une
éternelle insatisfaction due au fait que l’on n’aura pas réalisé la
plénitude de la divinité à laquelle on aurait pu accéder si on l’avait
voulu. Il n’empêche que la révélation dit, même à propos de ceux qui
hériteront la gloire la plus basse :
«
Et ainsi nous vîmes… la gloire des télestes, qui défie toute compréhension
»
(Doctrine et Alliances, Section 76:89).
Le royaume téleste sera constitué de ceux qui auront dû attendre la fin du
millénium pour ressusciter. Ce sont ceux :
« ...qui n'ont pas accepté l'Évangile, ni le témoignage de Jésus, ni les
prophètes, ni l'alliance éternelle… Ce sont les menteurs, les sorciers,
les adultères, les fornicateurs et tous ceux qui aiment et pratiquent le
mensonge » (Doctrine et Alliances, Section 76:103).
Le royaume terrestre sera constitué, entre autres, de ceux :
« ...qui n'ont pas accepté le témoignage de Jésus dans la chair, mais qui l'ont
accepté par la suite. Ce sont les hommes honorables de la terre qui ont
été aveuglés par la fourberie des hommes… Ce sont ceux qui ne sont pas
vaillants dans le témoignage de Jésus… » (Doctrine et Alliances, Section
76:74-75, 79).
Le royaume céleste est réservé à « ceux qui se lèveront à la résurrection
des justes » :
«
Ce sont ceux qui ont accepté le témoignage de Jésus, ont cru en son nom,
ont été baptisés à la manière de son ensevelissement, étant ensevelis dans
l'eau en son nom, selon le commandement qu'il a donné – afin qu'en gardant
les commandements, ils soient lavés et purifiés de tous leurs péchés et
reçoivent l'Esprit-Saint par l'imposition des mains de celui qui est
ordonné et scellé à ce pouvoir; qui vainquent par la foi et sont scellés
par le Saint-Esprit de promesse que le Père répand sur tous ceux qui sont
justes et fidèles… Ceux-là demeureront pour toujours et à jamais dans la
présence de Dieu et de son Christ » (Doctrine et Alliances, Section
76:50-53, 62).
Le degré de gloire céleste est lui-même divisé en trois degrés, dont deux
seulement sont décrits :
«
Il y a, dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour obtenir le
plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la prêtrise [à savoir: la
nouvelle alliance éternelle du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il
peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin de son royaume; il ne peut
avoir d'accroissement » (Doctrine et Alliances, Section 131:1-4).
Cela explique le caractère sacré du mariage ou « scellement » éternel pour
les saints des derniers jours, scellement qui ne peut être fait que dans
un temple par quelqu’un ayant reçu l’autorité requise. La révélation
explique l’importance de cette ordonnance (sacrement) :
«
Si un homme épouse une femme en ce monde, mais ne l'épouse pas par moi ni
par ma parole, et fait alliance avec elle aussi longtemps qu'il est dans
le monde, et elle avec lui, leur alliance et leur mariage ne sont pas
valides lorsqu'ils sont morts et hors du monde; ils ne sont donc liés par
aucune loi lorsqu'ils sont hors du monde. C'est pourquoi, lorsqu'ils sont
hors du monde, les hommes ne prennent pas de femmes, ni les femmes de
maris, mais ils sont désignés comme anges dans les cieux; lesquels anges
sont des serviteurs au service de ceux qui sont dignes d'un poids de
gloire beaucoup plus grand, extrême et éternel. Car ces anges n'ont pas
respecté ma loi; c'est pourquoi, ils ne peuvent s'accroître, mais restent
à toute éternité séparés et seuls, sans exaltation, dans leur état sauvé.
Et dorénavant, ils ne sont pas dieux, mais anges de Dieu, pour toujours et
à jamais » (Doctrine et Alliances, Section 132:15-17).
Ceci ne concerne évidemment pas les personnes qui, pour une raison ou une
autre, n’ont pas pu contracter ce genre de mariage, mais celles qui ne
l’ont pas voulu. La période du millénium doit également permettre de
régler ce genre de situation pour les personnes qui ont été empêchées de
se marier. Il est à remarquer que les personnes qui refusent le mariage
éternel, même si elles accèdent au royaume céleste et à la présence de
Dieu, « ne peuvent s’accroître » (pas plus que les personnes qui se
retrouveront dans les autres royaumes de gloire). Il n’y a d’accroissement
éternel que dans le plus haut degré de la gloire céleste, que nous
appelons « l’exaltation » :
«
Et de plus, en vérité, je te le dis, si un homme épouse une femme par ma
parole qui est ma loi, et par la nouvelle alliance éternelle, et que leur
union est scellée par le Saint-Esprit de promesse… ce sera pleinement
valide lorsqu'ils seront hors du monde. Et ils passeront devant les anges
et les dieux qui sont placés là, vers leur exaltation et leur gloire en
toutes choses, comme cela a été scellé sur leur tête, laquelle gloire sera
une plénitude et une continuation des postérités pour toujours et à
jamais.
Alors ils seront dieux, parce qu'ils n'ont pas de fin; c'est pourquoi,
ils seront de toute éternité à toute éternité, parce qu'ils continuent.
Alors, ils seront au-dessus de tout, parce que tout leur est soumis. Alors
ils seront dieux, parce qu'ils ont tout pouvoir et que les anges leur
seront soumis » (Doctrine et Alliances, Section 132:19-20).
Les notions de divinisation et de « continuation des postérités » à toute
éternité donnent à penser que ceux-là seront amenés à recommencer avec
d’autres intelligences le cycle décrit ci-dessus. Si c’est exact (la
révélation ne le précise cependant pas), on peut en déduire que ce qui est
vrai pour le futur a également été vrai dans le passé, compte tenu en
particulier de la citation de Joseph Smith mentionnée plus haut : « Dieu
lui-même a jadis été tel que nous sommes maintenant et est un homme exalté
et siège sur son trône dans les cieux là-haut. »
Nous avons ainsi, dans le plan de salut, un programme admirable d’équité,
de bonté et de justice, respectueux de la liberté de chacun, dans lequel
personne n’est oublié et qui donne sa chance à tout le monde. C’est un
plan dans lequel il n’y a pas d’arbitraire, pas de numerus clausus. La
conception très élevée de l’homme qui s’en dégage et le fait de savoir qui
nous sommes, que nous sommes des « dieux en embryon », sont des incitants
merveilleux à être le meilleur de nous-mêmes, à nous dépasser, à
mettre en application dans notre vie l’idéal prôné par le Christ : «Soyez
donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Matthieu 5:48).
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