LA CORRUPTION DES ECRITURES AU DEUXIEME SIECLE
par John Gee
John Gee a un doctorat en égyptologie de l’université de Yale
et est
professeur à l’université Brigham Young
Néphi, au commencement de son ministère, reçut une vision merveilleuse des
événements futurs :
« Et il arriva que moi, Néphi, je vis qu'ils prospéraient dans le pays; et
je vis un livre, et il était apporté parmi eux. Et l'ange me dit:
connais-tu la signification du livre? Et je lui dis: Je ne la connais pas. Et il dit: Voici, il sort de la bouche d'un Juif. Et moi, Néphi, je le
vis; et il me dit: Le livre que tu vois, ce sont les annales des Juifs,
qui contiennent les alliances que le Seigneur a faites avec la maison
d'Israël; et elles contiennent aussi beaucoup de prophéties des saints
prophètes; et ce sont des annales semblables aux inscriptions qui sont
gravées sur les plaques d'airain, sauf qu'il n'y en a pas autant;
néanmoins, elles contiennent les alliances que le Seigneur a faites avec
la maison d'Israël; c'est pourquoi, elles sont d'une grande valeur pour
les Gentils. Et l'ange du Seigneur me dit: Tu as vu que le livre sortait de la bouche
d'un Juif; et lorsqu'il sortit de la bouche d'un Juif, il contenait la
plénitude de l'Évangile du Seigneur dont les douze apôtres rendent
témoignage; et ils rendent témoignage selon la vérité qui est en l'Agneau
de Dieu. C'est pourquoi, ces choses sortent des Juifs, dans leur pureté, vers les
Gentils, selon la vérité qui est en Dieu. Et une fois qu'elles sont sorties des Juifs vers les Gentils par la main
des douze apôtres de l'Agneau, tu vois la formation de cette grande et
abominable Église, qui est la plus abominable par-dessus toutes les autres
Églises; car voici, elle a ôté de l'Évangile de l'Agneau beaucoup de
parties qui sont claires et extrêmement précieuses; et il y a aussi
beaucoup d'alliances du Seigneur qu'elle a ôtées. Et tout cela, elle l'a fait afin de pervertir les voies droites du
Seigneur, afin d'aveugler les yeux et d'endurcir le cœur des enfants des
hommes. » (Néphi 13:26-27)
Les saints des derniers jours ont souvent parlé de la suppression de
choses claires et précieuses dans les Écritures, mais parfois nos idées
concernant la façon dont cela s’est passé ont souffert d'un manque de
clarté et de connaissance historique. Nous pensons que ce sont les moines
du moyen âge qui ont changé le texte de l'Écriture. C’est possible, dans
une certaine mesure, mais pas de manière radicale. Les changements se sont
produits bien avant cela. Il ne faut pas rechercher ces changements au-delà
du deuxième siècle. Dès le début du deuxième siècle, la chrétienté s’était
fragmentée en des dizaines de factions [1] dont chacune accusait l’autre
de posséder des textes falsifiés et corrompus [2]. Je me bornerai à donner
des exemples de changements et de corruptions d'Écriture qui se sont
produits au cours du deuxième siècle.
LES ECRITURES DU DEBUT DU DEUXIEME SIECLE
Les Écritures que les chrétiens avaient au début du deuxième siècle
étaient différentes de celles qu’ils avaient à la fin du même siècle. À la
fin du deuxième siècle, les Écritures des chrétiens étaient très proches
de celles que nous avons actuellement. Tertullien, écrivant à la fin du
deuxième siècle, cite touts les livres du Nouveau Testament à l’exception
de Philémon. Irénée, écrivant aussi à la fin du deuxième siècle, cite tous
les livres du Nouveau Testament actuel à l’exception des livres minuscules
de Philémon, 3 Jean et Jude. Bien entendu, il cite aussi quelques livres
apocryphes comme faisant autorité.
Les auteurs chrétiens du début du deuxième siècle ont un ensemble
d'Écritures différent de ceux de la fin du deuxième siècle. On considère
généralement Clément de Rome comme étant le plus ancien des auteurs
chrétiens après le Nouveau Testament. Il cite beaucoup de livres de
l'Ancien Testament (Genèse, Exode, Nombres, Deutéronome, Josué, 1 Samuel,
2 Samuel, 1 Chroniques, Esther, Job, Psaumes, Proverbes, Ésaïe, Jérémie,
Ézéchiel, Daniel, Malachie) et, dans le Nouveau Testament, Matthieu, Marc,
Luc, Romains, 1 Corinthiens, Hébreux et 1 Pierre. Mais Clément cite aussi
les livres apocryphes que sont la Sagesse de Salomon et Judith. En outre,
il cite d'autres passages scripturaires, des passages que l'on ne trouve
dans aucun écrit. Nous allons en dresser la liste plus ou moins dans
l'ordre dans lequel nous les aurions trouvés dans notre Bible actuelle si
celle-ci les contenait. Par exemple, Clément fait dire à Moïse : « Je suis
la fumée qui sort d’un vase » [3], une citation que l’on ne trouve dans
aucun ouvrage [4] biblique ou apocryphe connu. Il cite en outre un passage
de Psaumes 28 [5] « Tu me ressusciteras et je te confesserai [6]. »
Toutefois, cette lecture du Psaume n'est attestée dans aucun manuscrit
existant. Clément cite aussi un passage attribué à Ézéchiel [7], mais pas
dans notre texte :
« Repens-toi, ô maison d'Israël, de tes péchés depuis la terre jusqu’au
ciel, et quand bien même ils seraient rouges comme de l’écarlate et noirs
comme la cendre, et vous vous tournez de tout votre cœur vers moi et dites
: Père, écoute, nous nous sommes le peuple saint [8]. »
Clément cite le passage suivant comme étant Écriture, bien que sa source
soit actuellement inconnue [9] :
« Malheureux sont les indécis qui doutent dans leur âme, qui disent : Nous
avons entendu ceci contre nos pères et voici, nous sommes devenus âgés et
aucune de ces choses n’est arrivée, pas même à nous. Insensés,
comparez-vous à un arbre – prenez l’exemple de la vigne – tout d’abord
elle perd la feuille, ensuite vient le bourgeon, puis la feuille, puis la
fleur et après cela le raisin sûr, puis apparaît le raisin mûri [10]. »
Finalement, Clément cite comme Écriture : « Attachez-vous aux saints, car
ceux qui s’attachent à eux seront sanctifiés [11] », bien que l’on ne
trouve cela dans aucune Écriture [12].
L'homélie appelée 2 Clément contient aussi des variantes dans les
citations d’Écritures. Voyez le passage suivant, qui vient d'un évangile,
mais que l’on ne trouve dans aucun des évangiles qui nous sont connus :
« Vous serez comme des brebis au milieu des loups. Pierre lui répondit: Et
si les loups dispersent les brebis ? Jésus dit à Pierre : Les brebis ne
craindront pas les loups après que ceux-ci les auront tuées ; vous non
plus vous ne craindrez pas ceux qui vous tueront et ne peuvent rien faire
contre vous, mais vous craindrez celui qui a le pouvoir, après votre mort,
de précipiter l'âme et le corps dans l'enfer de feu [13]. »
Les sentiments se retrouvent de manière générale dans les évangiles, mais
pas comme ils le sont ici. 2 Clément attribue également la parole suivante
à Jésus :
« Si vous êtes rassemblés à moi dans mon sein et ne faites pas mes
commandements, je vous jetterai au dehors et je vous dirai : Éloignez-vous
de moi, vous qui commettez l'iniquité; je ne sais pas d’où vous êtes [14].
»
Ce passage ressemble bien entendu au sermon sur la montagne, mais s’il
vient de Matthieu, c'est une autre forme que celle que nous avons
maintenant.
L'épître de Barnabas se présente comme écrite par Barnabas, que l’on
présume normalement avoir été le compagnon missionnaire de Paul, à ses
fils et à ses filles dans l'Évangile. La plupart des savants considèrent
l'épître comme écrite au début du deuxième siècle plutôt qu’au premier
siècle. L'épître de Barnabas est essentiellement un pastiche de citations
scripturaires; tout ce qu’il fait, c’est enchaîner une Écriture après
l'autre. Parmi ces citations, il y a celle-ci, attribuée aux prophètes,
mais que l’on ne trouve pas dans les Écritures : « Et ils mangeront du
bouc offert par le jeûne en faveur des pécheurs… Et les prêtres seuls
mangeront les entrailles, non lavées avec du vinaigre [15]. » L'épître
contient aussi ce qui suit concernant le rite du bouc émissaire dans la
loi de Moïse : « Et vous le cracherez, et vous le percerez, et lui
encerclerez la tête de laine écarlate, et le ferez chasser dans le désert
[16]. » Or le Lévitique ne contient pas ce rite. L'épître de Barnabas cite
ce qui suit comme faisant partie des paroles des prophètes, mais nous ne
le trouvons pas dans nos Écritures: « La parabole du Seigneur, qui la
comprendra, si ce n’est le sage et le savant qui aime aussi son Seigneur ?
[17] Ce qui suit, l’épître l’attribue aux prophètes, mais est absent dans
nos Écritures : « Et quand ces choses arriveront-elles ? L’Éternel dit :
Quand l’arbre pliera et se redressera et quand du sang coulera du bois
[18]. » L’épître contenait aussi ce qui suit, attribué au Seigneur mais
qu’on ne trouve pas dans les Écritures : « Voici, je fais le dernier comme
le premier [19]. »
Dans tous ces cas, les auteurs chrétiens citent des écritures qui ne sont
pas dans le canon, mais même quand ils citent les Écritures que nous avons
actuellement, les citations ne correspondent pas aux manuscrits.
L'explication habituelle est que ces passages trouvés chez les auteurs du
début du deuxième siècle mais pas ailleurs « sont parfois cités librement
et de manière inexacte, de mémoire… Ils sont en effet tellement différents
de tout ce que l’on trouve dans les livres connus de la Bible que les
critiques, en désespoir de cause, en sont réduits à supposer que Clément
les a tirés d’une source apocryphe perdue [20]. » Mais cette théorie
présuppose que le texte de la Bible était essentiellement le même pour les
chrétiens du début du deuxième siècle que pour nous aujourd'hui et qu'il
ne s’est produit aucune corruption majeure du texte. Cette thèse n'est
cependant pas confirmée par ce que l’on trouve manifestement chez les
auteurs chrétiens du deuxième siècle.
ACCUSATIONS DE CORRUPTION
Si la comparaison entre le commencement du deuxième siècle et sa fin
montre que l'Écriture a changé, on constate en regardant de plus près les
auteurs chrétiens du deuxième siècle qu'ils étaient conscients de ce
changement. Pierre note que le processus de corruption avait commencé dans
les temps apostoliques :
« Croyez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre
bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été
donnée. C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses,
dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les
personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des
autres Écritures, pour leur propre ruine » (2 Pierre 3:15-16).
Les enseignements les plus sacrés de Jésus n'ont pas été mis par écrit (3
Jean 1:13-14), mais ont été réservés à un petit nombre d’élus [21]. Une
indication de ceci, ce sont les cinquante-trois paraboles de Jésus
conservées dans les Évangiles, dont trois seulement ont une interprétation,
toutes les interprétations étant données à huis clos à un petit nombre
d’élus [22]. Ceux qui avaient ainsi le privilège de recevoir ce trésor
caché de connaissance le tenaient en haute estime [23], mais n’en
parlaient pour ainsi dire à personne [24]. La situation est expliquée
d’une manière très émouvante par l’un des disciples de Jean, Ignace
d'Antioche (décédé vers 110) [25] tandis qu’on le conduisait à sa mort :
”Ne pouvais-je pas vous écrire les sujets célestes ? Mais je crains de
vous faire du mal, puisque vous n'êtes que des bébés; pardonnez-moi donc,
de peur que si vous n’êtes pas en mesure de faire de la place, vous soyez
étouffés; car bien que je sois lié et que je sois capable de comprendre
les sujets célestes et les ordres angéliques et les révélations
principales [26], visibles et invisibles, néanmoins je ne suis pas encore
un disciple [27].”
Justin Martyr, un philosophe qui vivait au milieu du deuxième siècle,
lance l'accusation suivante contre les Juifs : Ils ont retiré « du
quatre-vingt-quinzième (quatre-vingt-seizième) Psaume ce bref passage des
paroles de David: 'depuis le bois'. Car, quand le passage disait : 'Dites
parmi les nations, l’Éternel règne depuis le bois', ils ont laissé : 'Dites
parmi les nations, l’Éternel règne.' [28] » Tryphon, l'antagoniste de
Justin, minimise l'accusation en disant : « Que les dirigeants du peuple
aient effacé ou non une partie quelconque des Écritures, comme tu
l’affirmes, Dieu seul le sait; mais cela paraît incroyable [29]. »
Clément d'Alexandrie (vers 150-215) décrit la corruption de l'évangile de
Marc par Carpocrate :
« Or donc, Marc, pendant le séjour de Pierre à Rome, mit par écrit les
actes du Seigneur, ne racontant néanmoins pas tout et ne faisant même pas
allusion à ce qui était sacré (tas mystikas), mais choisissant ce qu'il
considérait comme étant le plus utile pour la progression de la foi des
prosélytes. Lorsque Pierre fut martyrisé, Marc vint à Alexandrie;
polissant ses notes et celle de Pierre, transférant dans son premier livre
les choses convenant à ceux qui progressaient dans le témoignage (gnôsis)
; il rédigea un évangile plus spirituel à l’usage de ceux qui étaient en
cours de perfectionnement (tôn teleioumenôn). Cependant, il ne trahit en
aucune façon les choses dont il n’avait pas été discuté, et il n’écrivit
pas non plus l'enseignement d’initiation (hierophantikên didaskalian) [30]
du Seigneur. Mais ajoutant d’autres actes encore à ce qui avait été
précédemment écrit, il y ajouta quand même certaines paroles, dont
l'explication serait susceptible d’initier (mustagôgêsein) leurs auditeurs
dans le saint des saints (adyton) de la vérité voilé sept fois. C’est
pourquoi il l'a préparé ainsi – ni d’une manière corrompue ni sans prendre
de précautions – c’est ainsi que je le juge. Et lorsqu’il mourut, il
laissa sa compilation à l'église qui est à Alexandrie, où elle est
conservée en toute sécurité jusqu’à ce jour, n’étant lue qu’à ceux qui
sont initiés aux grands mystères (tôs muômenous ta megala musteria).
« Mais Carpocrate, qui fut instruit par les démons souillés qui complotent
constamment la destruction des enfants des hommes, ayant même utilisé les
arts de la tromperie, asservit à tel point un certain ancien de l'église
d’Alexandrie, qu'il fit une copie de l'évangile secret (tou mustikou
euangeliou). Et il l'expliqua selon sa propre pensée blasphématoire et
charnelle. Mais il le souilla encore en mélangeant les mensonges les plus
abominables aux paroles immaculées et saintes. C’est de cette teinture
qu’il extraya la doctrine Carpocratienne [31].
Irénée prétend que les Valentiniens ont changé les Écritures « en
transférant des passages, en les maquillant et en faisant une chose à
partir d'une autre [32]. » Il relève que parmi certains manuscrits
bibliques qui circulaient à son époque, le nombre de la bête dans
l’Apocalypse n'était pas 666, mais 616 [33]. Il révèle que des accusations
de corruption des Écritures étaient également lancées contre l'église dite
‘orthodoxe’, car ceux qu’on qualifiait d’hérétiques « se retournent et
accusent ces mêmes Écritures comme si elles n'étaient pas correctes [34].
»
Tertullien était un homme de loi qui vivait à la fin du deuxième siècle.
Il fut un auteur prolifique et le premier père chrétien à écrire en latin.
Il écrivit contre beaucoup de sectes chrétiennes de son époque et finit
par passer de ce que nous appelons aujourd'hui la secte chrétienne «
orthodoxe » à la secte chrétienne montaniste, parce que les montanistes
croyaient encore en la révélation continue, tandis que les autres sectes
chrétiennes n'y croyaient plus. Il prétendait qu’il y avait des « preuves
de ce que l'Évangile… s’était corrompu entre-temps [35]. « Il note qu'une
secte chrétienne de son époque « n’accepte pas certaines Écritures; et
celles qu’elle reçoit, elle les pervertit à l’aide d’ajouts et de
suppressions, afin d’atteindre son objectif ; et celles qu’elle accepte,
elle n’en accepte pas l’intégralité; mais même quand elle en accepte
jusqu'à un certain point comme entières, même celles-là, elle les
pervertit néanmoins par des interprétations diverses [36]. » Une des
sectes auxquelles Tertullien s’en prend est celle de Marcion, un dirigeant
chrétien du début du deuxième siècle, qui acceptait Paul et une forme
modifiée de Luc, mais rejetait toutes les autres Écritures chrétiennes.
Tertullien prétend explicitement que « Marcion a utilisé expressément et
ouvertement le couteau, et non la plume, puisqu'il a excisé des Écritures
ce qui convenait à son sujet [37] » et que « Marcion semble avoir choisi
Luc pour son travail de mutilation [38] ». Une autre secte sur laquelle
Tertullien écrit, ce sont les Valentiniens, qui tiraient leur nom de
Valentin, dirigeant chrétien du milieu du deuxième siècle, qui faillit
devenir évêque de Rome. Tertullien prétend aussi que bien que Valentin «
semble utiliser le volume tout entier, il n’en a pas moins mis la main
avec violence sur la vérité, seulement il l’a fait avec un esprit et une
habileté plus rusés que Marcion [39] », car bien qu'il « s'abstienne de
pareilles excisions, parce qu'il n’inventait pas des Écritures
correspondant à son propre sujet, mais adaptait son sujet aux Écritures ;
et cependant il en a enlevé davantage et en a ajouté davantage en ôtant le
sens propre de chaque mot et en ajoutant des arrangements fantastiques de
choses qui n'ont pas d’existence réelle [40]. » Tertullien parle «
d’écrits qui sont faussement attribués à Paul » alors qu’ils avaient été
composés par un ancien d’Asie [41]. Chacun de ces dirigeants, Marcion,
Valentin, etc., avait sa propre secte chrétienne. Tertullien reconnaît que
ces autres sectes « vont jusqu’à dire que les falsifications d’Écritures
et leurs fausses explications, sont plutôt introduites par nous-mêmes [voulant
dire la secte de Tertullien, celle qui devint plus tard orthodoxe], étant
donné que eux pas moins que nous, prétendent que la vérité est de leur
côté [42]. »
METHODES DE CORRUPTION
Nous sommes au courant de certains types de changements apportés aux
textes chrétiens parce que, ironie du sort, ils sont clairement énumérés
par les personnes mêmes qui avaient la responsabilité de les préserver.
Par exemple, Rufin (quatrième siècle) dit à propos des textes chrétiens
plus anciens qu'il copie : « C’est pourquoi, chaque fois que nous avons
trouvé dans ses livres [dans ce cas, ceux d’Origène] quelque chose de
contraire à ce qui a été pieusement précisé par lui à d’autres endroits à
propos de la Trinité, ou bien nous l'avons omis comme corrompu et
interpolé, ou bien nous l’avons modifié selon ce modèle que nous trouvons
souvent affirmé par lui. Cependant si, parlant aux personnes formées et
érudites, il écrit de manière obscure parce qu'il désire passer brièvement
sur quelque chose, nous avons, nous, pour rendre le passage plus clair,
ajouté les choses que nous avons lues ouvertement sur le même sujet dans
ses autres livres… Tous ceux qui copieront ou liront ceci… n’ajouteront
rien à cet écrit, ni n’en retireront rien, ni n’inséreront rien, ni ne
changeront rien [43] ».
Rufin plaide ici simultanément et de manière presque hypocrite pour que
les autres ne lui fassent pas ce qu’il leur a fait. Il suit explicitement
l'exemple de ses prédécesseurs, et en particulier celui de Macarius, «
qui, lorsqu’il a traduit plus de soixante-dix livres d'Origène, qui sont
appelés homélies, et aussi plusieurs de ses écrits sur l'apôtre en latin
dans lesquels se trouvent plusieurs passages offensants, pour cette
raison, il a enlevé ou nettoyé tout cela quand il a traduit, de sorte
qu’un lecteur latin n’y trouvera rien qui soit en désaccord ce que nous
croyons. C’est donc ce procédé que nous utilisons, même si nous ne sommes
pas aussi éloquents, néanmoins, dans la mesure du possible, selon les
mêmes règles, nous veillons à ne pas révéler les passages des livres
d'Origène qui sont en désaccord avec lui et le contredisent [44]. » Les
suppressions [45], les modifications et même les ajouts aux ouvrages ont
été des problèmes dans l'Antiquité [46], pendant la Renaissance [47], et
même à l’heure actuelle [48]. Mais d'autres types de corruptions affectent
également le texte. L’un d’eux est le processus par lequel les textes sont
réinterprétés dans un cadre non littéral ou allégorique [49]. Un autre est
le changement de signification des mots, comme celui qui s’est produit
pendant la deuxième période sophistique [50]. Entre l’époque de la
rédaction du Nouveau Testament et la fin du deuxième siècle, la
signification de plusieurs des mots a changé. Il y a, par exemple… le
changement des sens principaux du mot pistis, de « garantie » à « croyance
» [51], de homologein, de « s’accorder sur les conditions, accepter un
accord, faire un contrat légal, promettre », à « confesser » [52], de
musterion, de « rite (d’initiation) » à « secret » [53]. Étant donné qu’on
lit habituellement le Nouveau Testament avec le sens donné aux mots dans
la deuxième période sophistique et plus tard – des sens qui ont souvent
changé – la compréhension du texte peut être modifiée radicalement.
Malheureusement, beaucoup de livres écrits par les spécialistes du Nouveau
Testament n'aident pas le lecteur moyen à éliminer cet obscurcissement
parce que les savants qui écrivent les livres ont lu peu de choses en grec
à part le Nouveau Testament ou des écrits philosophiques occasionnels et
que de par leur formation, ils utilisent la compréhension de la langue
d’après la deuxième période sophistique. Toutes les méthodes utilisées
pour changer le texte dont nous venons de parler apparaissent au deuxième
siècle.
La corruption textuelle la plus facile à introduire est la suppression et
c’est la forme la plus fréquente d’erreur des copistes. Justin Martyr
accuse les Juifs d’avoir éliminé de petits groupes de mots dans les
Écritures [54]. Tertullien porte contre Marcion la même accusation
d’utiliser « le couteau, pas la plume », quand il pratique « de telles
excisions dans les Écritures [55] ».
Les ajouts sont aussi une corruption textuelle, quoique moins fréquente
que les suppressions: Tertullien parle d’écrits attribués à tort à Paul »,
qui sont intégralement des faux et que l’on faisait circuler de son temps
[56].
Irénée accuse Valentin d'agir comme le font les critiques bibliques
modernes et de diviser « les prophéties [en classes différentes],
affirmant qu'une partie a été dite par la mère, une deuxième par ses
enfants et une troisième par le Démiurge. De la même manière, ils
prétendent que Jésus a prononcé certaines choses sous l'influence du
Sauveur, d'autres sous celle de la mère et d'autres encore sous celle du
Démiurge [57]. » Les Valentiniens croyaient, en harmonie avec la pensée
néo-platonicienne de leur époque, que ce n’était pas Dieu qui avait créé
le monde, mais plutôt un dieu plus jeune qui avait créé un dieu encore
plus jeune, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’un de ces dieux plus jeunes
ait créé un démon, appelé le Démiurge, qui a créé le monde.
« Ils ont trouvé leurs idées dans d'autres sources que les Écritures; et
pour utiliser un proverbe courant, ils essayent de tisser des cordes avec
du sable, en s’efforçant d’adapter, avec un air de probabilité, à leurs
prétentions propres les paroles des apôtres, afin que leur système ne
semble pas tout à fait sans fondement. Cependant, en faisant cela, ils
méprisent l'ordre et la logique des Écritures et, dans la mesure ou cela
dépend d’eux, ils démembrent et détruisent la vérité. En transférant des
passages et en leur donnant un aspect nouveau, et en faisant une chose à
partir d’une autre, ils réussissent à en tromper beaucoup grâce à leur art
pervers d'adapter les oracles de Dieu à leur opinions [58]. »
Tertullien accuse Marcion de « n'attribuer aucun auteur à son évangile,
comme s’il ne pouvait pas lui être permis de donner un titre à un texte
dont il n'était pas criminel (à ses yeux) de corrompre le contenu même
[59]. »
RAISONS DE MANIPULER LE TEXTE
Quelles raisons les individus et les groupes du deuxième siècle
avaient-ils de changer les Écritures ? Clément de Rome écrivit son épître
au commencement du deuxième siècle à la demande des dirigeants de Corinthe
pour régler un conflit qui existait parmi eux. Il accuse certaines
personnes de Corinthe d’ « orgueil » et de « sédition », de se donner le
nom de « dirigeants » et d’usurper une autorité qui n'était pas la leur
[60]. Vers la fin du deuxième siècle, Clément d'Alexandrie note que les
Carpocratiens avaient changé l'Écriture pour justifier leur pratique
homosexuelle et autres pratiques immorales. Irénée affirme que les
Valentiniens « s’efforcent d'adapter avec un air de probabilité à leurs
affirmations personnelles les paraboles du Seigneur, les paroles des
prophètes et celles des apôtres, pour que leur système ne paraisse pas
être tout à fait non fondé [61]. » Tertullien dit qu’un Ancien d’Asie
avait inventé « des écrits faussement attribués à Paul pour donner aux
femmes le droit d’enseigner et de baptiser [62]. » Les changements dans
les textes et les raisons de modifier les textes des Écritures aussi bien
canoniques que non canoniques [63], en général, correspondent à celles
données par Néphi :
« C'est pourquoi, tu vois que lorsque le livre s'en est allé en passant
par les mains de la grande et abominable Église, il y a beaucoup de choses
claires et précieuses qui sont ôtées du livre, qui est le livre de
l'Agneau de Dieu » (1 Néphi 13:28).
« Voici, l'or, et l'argent, et les soieries, et l'écarlate, et le fin lin
retors, et les vêtements précieux, et les prostituées sont le désir de
cette grande et abominable Église » (1 Néphi 13:8).
S’il est vrai que tout les chrétiens du deuxième siècle n’étaient pas
dévorés par ces mêmes désirs, il est clair que certains d’entre eux
l’étaient [64].
PREUVES DANS LES MANUSCRITS
Certaines personnes modernes, comme Tryphon au deuxième siècle [65],
nient le changement dans les Écritures en disant des choses telles que : «
Nous avons aujourd'hui plus de 25 000 manuscrits rien que pour le Nouveau
Testament et plus de 5 000 d'entre eux sont écrits en grec, langue
originale du Nouveau Testament [66]. » Ou « Tel nombre d’ouvrages savants
ont prouvé que la Bible n'a pas été corrompue – c’est, de tous les
livre anciens, celui dont le manuscrit est le mieux attesté et dont le
texte a été le mieux conservé [67]. » Avec tout le respect que l’on doit à
ces trois personnes qui semblent détenir ensemble quatre doctorats vendus
par correspondance, je me risquerai à dire que ce sont elles qui ignorent
« l'histoire du canon [68] ». Nous avons examiné des éléments provenant du
deuxième siècle, mais il n’est que juste que nous jetions un coup d’œil
sur les manuscrits bibliques grecs.
Ce recueil de cinq mille manuscrits bibliques grecs comprend la Bible tout
entière et la plupart de ces manuscrits sont des manuscrits cursifs
tardifs. Si nous ne regardons que ceux du Nouveau Testament, nous avons
environ 341 manuscrits en onciale (qui sont généralement plus anciens que
les manuscrits cursifs) [69]. De ceux-ci, 10 % environ datent d’avant
l’époque de Constantin et un seulement remonte au deuxième siècle. Ce
manuscrit du deuxième siècle (P52 = Rylands 458) a à peu près la taille
d'un timbre poste et ne contient que dix mots complets. (La nouvelle
datation de Peter Thiede des fragments de Magdalen College, à savoir
qu’ils sont du premier siècle [70] aurait été quelque chose de merveilleux
s’il n’avait été démontré que ses arguments étaient erronés [71].) 99,7%
des manuscrits grecs en onciale du Nouveau Testament datent d’après
l’époque où les accusations de corruption de textes sont nombreuses. Si
nous y ajoutions les manuscrits cursifs, le pourcentage des manuscrits du
deuxième siècle deviendrait encore plus petit. Mais pensons, en outre, au
fait que dix mots complets seulement du Nouveau Testament sont attestés
sous forme manuscrite pendant la période de corruption textuelle et qu’il
n’y en a pas un seul qui soit attesté avant cette époque. Si nous
réunissons tous les manuscrits des deuxième et troisième siècles et que
nous notons simplement les chapitres où l’on ne retrouve ne serait-ce
qu’une partie d'un verset, nous constatons que des livres entiers manquent,
dont 1-2 Timothée, 1-2 Pierre, 2-3 Jean et Jude. Sur les vingt-huit
chapitres de l'évangile de Matthieu, il n’y a pas un seul manuscrit
contenant ne serait-ce qu’un seul verset de seize de ces chapitres avant
la fin du troisième siècle.
CONCLUSION
Ce que nous venons d’examiner, c’est l’état des Écritures chrétiennes au
deuxième siècle. De manière générale, nous n'avons pas eu besoin de nous
reposer sur des interprétations de spécialistes ou d’auteurs vivant en
dehors du deuxième siècle pour découvrir une transformation importante
dans la notion d'Écriture au deuxième siècle. Les livres qui étaient
considérés comme Écriture et une partie du contenu de ces livres ont
changé entre le commencement et la fin du siècle. Pendant le deuxième
siècle, diverses factions chrétiennes en ont accusé d'autres d'avoir
changé les textes pour les adapter à leurs idées. Ces changements ont pris
la forme de suppressions, de certains ajouts et d’une redéfinition du
texte. Ce que l'ange a dit à Néphi est essentiellement confirmé par ce qui
reste de la littérature chrétienne du deuxième siècle. C’est donc au
deuxième siècle, si pas avant, que nous pouvons situer la corruption des
Écritures et la perte des choses claires et précieuses, et il vaut d’être
noté qu'aucun des manuscrits grecs ne date d’avant cette période. Il est
donc impossible de reconstituer notre texte. Nous ne pouvons pas espérer
que la science rendra les parties claires et précieuses du texte qui ont
été perdues. Nous devons nous tourner vers le Rétablissement.
NOTES
[1] Tertullien, Scorpiace 1; Irénée, Contra Haereses 1.28.1, 29.1 les
décrit comme apparaissant comme des champignons; plus émotionnellement,
M_r_t_, évêque de Maipherqat dit qu’il ne restait plus qu’un épi de blé au
milieu de l’ivraie, Voir M_r _t_- Against the Canons from the Synod of
318, p. 5, dans Arthur Voobus, The Canons Ascribed to M_r _t- of
Maipherqat and related sources, 2 vols., CSCO pp. 439-40, série Scriptores
Syri pp. 191-92), Lovanii, E. Peeters, 1982, 1:22. Voir aussi Henry
Chadwick, The Early Church, Harmondsworth, Middlesex, Penguin, 1967, p.
34; W. H. C. Frend, The Rise of Christianity, Philadelphie, Fortress,
1984, pp. 201-203; Pagels, Gnostic Gospels, pp. 7-8.
[2] Actes 20:30 (Paul prophétise la corruption future des enseignements;
cf. Kent P. Jackson, "'Watch and Remember': The New Testament and the
Great Apostasy," dans Lundquist et Ricks, dir. de publ., By Study and Also
By Faith, 1:85; 2 Pierre 3:15-16 (montre que le processus a commencé à
l’époque apostolique); Justin Martyr, Dialogus cum Tryphone 73 (accusant
les Juifs); Irénée, Contra Haereses
1.7.3,8.1,9.4,18.1,19.1,20.1-2,22.1-3,26.2,27.2,4; V.30.1 (accusant divers
groupes); 111.2.1 (pour les contre-accusations); Tertullien, De Baptismo
17 (traite de manipulations bien intentionnées mais néanmoins
intempestives du texte de Paul); Tertullien, Adversus Marcionem IV.2.2-5
(accuse Marcion de corrompre Luc); Tertullien, De Praescriptione
Haereticorum 16-19, 38-40 (accusations dans les deux sens); M_r_t_,
Against the Canons from the Synod of 318,5, dans Voobus, Canons Ascribed
to M_r_t- of Maipherqa, 1 :22-23,25-26 (avec une longue liste de groupes);
M_r_t_, The Seventy Three Canons 1, dans id., 1:57-58, cf. 135; The
Apocalypse of Peter VII. 76.24- 78.31 (pas de mention de secte précise);
The Apocalypse of Adam V. 77.18-82.25 mentionne treize conceptions
différentes du Christ, don’t douze – y compris « l’orthodoxe » – sont
qualifiées d’erronées; Voir aussi NTA 1:31-34; Pagels, Gnostic Gospels,
20-21. Bien qu’au quatrième siècle, Épiphane, Panarion 30.13.1, 14.1;
42.9.1-2 accuse Ébion, Cerinthus, Carpocrate, et Marcion, personnalités du
2e siècle, de corrompre le texte de l’évangile de Matthieu; Épiphane,
n’est toutefois pas nécessairement une source digne de confiance.
[3] 1 Clément 17:6.
[4] Voir Lightfoot, The Apostolic Fathers, 1.2:64-65
[5] Voir Lightfoot, The Apostolic Fathers, 1.2:89.
[6] 1 Clément 26:2.
[7] Voir Lightfoot, The Apostolic Fathers, 1.2:39-41.
[8] 1 Clément 8:3.
[9] Voir Lightfoot, The Apostolic Fathers, 1.2:80-81.
[10] 1 Clément 23:3-4.
[11] 1 Clément 46:2.
[12] « On ne trouve nulle part cette citation dans l’Ancien Testament »
Lightfoot, The Apostolic Fathers, 1.2:139-10.
[13] 2 Clément 5:2-4.
[14] 2 Clément 4:5.
[15] Barnabas 7:4.
[16] Barnabas 7:8.
[17] Barnabas 6:10.
[18] Barnabas 12:1.
[19] Barnabas 6:13.
[20] Maxwell Staniforth, Early Christian Writings: The Apostolic Fathers,
New York, Dorset, 1986, p. 22.
[21] Matthieu 13:11-16; 19:11; Marc 4:2,33; Luc 18:34; 22:67; Jean 3:12;
6:60-61; 8:43; 10:27; 16:12, 18, 25; Actes 10:41. Voir aussi William J.
Hamblin, "Aspects of an Early Christian Initiation Ritual," dans John M.
Lundquist et Stephen D. Ricks, dir. de publ., By Study and Also By Faith,
2 vols., Salt Lake City, Deseret et Provo, Utah, FARMS, 1990, pp. 204-207
[22] Cela se trouvait dans les temps anciens dans l’Apocryphe de Jacques
1.8.4-10 qui mentionne aussi quelques paraboles précédemment inconnues.
[23] Tertullien, De Praescriptione Haereticorum pp. 20-22.
[24] 1 Corinthiens 3:1-2; 2 Corinthiens 12:4; Colossiens 1:26; Hébreux
5:11; 2 Jean 1:12. Voir aussi Elaine Pagels, The Gnostic Gospels, New
York, Random House, 1979, 17-18; Hamblin, "Aspects of an Early Christian
Initiation Ritual", pp. 208-210.
[25] J. B. Lightfoot, The Apostolic Fathers, 2 parties en 5 vols.,
Peabody, Massachusetts, Hendrickson, 1989, 2.1:29-30.
[26] Greek tas sustaseis tas archontikas. Bien que Ignace utilise le mot
sustasis dans d’autres sens (voir Ignace, Epître aux Romains, 5, il semble
être utilise ici dans le sens plus technique de question à l’oracle,
l’équivalent du démotique ph-ntr; Voir Janet H. Johnson, "Louvre E3229: A
Demotic Magical Text," Enchoria 7, 1977, pp. 90-91; Robert K. Ritner,
"Gleanings from Magical Texts," Enchoria 14, 1986, p. 95; Robert K. Ritner,
The Mechanics of Ancient Egyptian Magical Practice, SAOC 54, Chicago,
Oriental Institute, 1993, pp. 214-220.
[27] Ignace, Epître aux Tralliens 5. Sauf avis contraire, toutes les
traductions sont celles de l’auteur. Cette liste des caractéristiques des
enseignements secrets a fini par se glisser dans la tradition magique pour
finir dans un conte de fées anglais comme étant le contenu d’un gros livre
d’un magicien “relié de vachette noire avec un fermoir de fer et des coins
de fer » ; voir "The Master and his Pupil," dans Joseph Jacobs, coll.,
English Fairy Tales, Londres, G. P. Putnam's Sons and David Nutt, 1898,
réimpression New York, Dover, 1967, pp. 73-74. C’est aussi le sujet
principal des livres de 1 Jeu et 2 Jeu aussi bien que d’une grande partie
de la littérature hékalote juive.
[28] Justin Martyr, Dialogus cum Tryphone 73, dans The Ante-Nicean
Fathers, 1:235.
[29] Justin Martyr, Dialogus cum Tryphone 73, dans The Ante-Nicean
Fathers, 1:235 (parenthèses dans le document source).
[30] On trouvera une étude des autres façons dont cette expression a été
comprise dans les commentaires de Werner Jaeger dans Morton Smith, Clement
of Alexandria and a Secret Gospel of Mark, Cambridge, Massachusetts,
Harvard University Press, 1973, p. 38; John W. Welch, The Sermon at the
Temple and the Sermon on the Mount, Salt Lake City, Deseret Book et Provo,
Utah, FARMS, 1990, p. 59; et la réaction de Todd Compton, critique de
Welch, Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount, dans RBBM 3,
1991): 322; Hamblin, "Aspects of an Early Christian Initiation Ritual," p.
209.
[31] Clément d’Alexandrie, Lettre à Théodore, 1.15-2.10, dans Smith,
Clement of Alexandria and a Secret Gospel of Mark, 448-51, Plates I-II;
cf. Hamblin, "Aspects of an Early Christian Initiation Ritual," pp.
210-211.
[32] Irénée, Contra Haereses 1.8.1, dans The Ante-Nicean Fathers,
Alexander Roberts et James Donaldson, dir. de publ. réimpression Grand
Rapids, Eerdmans, 1985, 1:326.
[33] Irénée, Contra Haereses V .30.1, dans Ante-Nicean Fathers, 1:558-559.
[34] Irénée, Contra Haereses 111.2.1, dans Ante-Nicean Fathers, 1:415.
[35] Tertullien, Contra Marcionem IV.2, dans Ante-Nicean Fathers, 3:347
[36] Tertullien, De Praescriptione Haereticorum 17, dans Ante-Nicean
Fathers, 3:251.
[37] Tertullien, De Praescriptione Haereticorum 38, dans Ante-Nicean
Fathers, 3:262.
[38] Tertullien, Contra Marcionem IV.2, dans Ante-Nicean Fathers, 3:347.
[39] Tertullien, De Praescriptione Haereticorum 38, dans Ante-Nicean
Fathers, 3:262.
[40] Tertullien, De Praescriptione Haereticorum 38, dans Ante-Nicean
Fathers, 3:262.
[41] Tertullien, De Baptismo 17, dans Ante-Nicean Fathers, 3:677.
[42] Tertullien, De Praescriptione Haereticorum 18, dans Ante-Nicean
Fathers, 3:251
[43] Rufin, préface à Origène, Peri Archon, 2-4, dans Patrologiae Graecae
11:113-114; cf. G. W. Butterworth, trad., Origen On First Principles,
Goucester, Massachusetts, Peter Smith, 1973, lxiii-ixiv. Cette œuvre
d’Origène n’est conservée que dans la traduction latine de Rufin et
quelques fragments cités par des auteurs grecs. Les traductions non
fiables de Rufin de cette œuvre et d’autres étaient connues de ses
contemporains comme des savants modernes pour être « faussées et confuses
» quand ce n’était pas « bâclées et peu soignées » puisque « il paraphrase
souvent et interprète erronément son original », voir Quasten, Patrology,
1:61, 170; 2:37, 49, 58, 146; 3:172, 240, 315, 341, 533.
[44] Rufin, préface à Origène, Peri Archon, 2, dans PG 11: 112-113,
italiques ajoutés.
[45] Voir Rufin, préface au pseudo-Clément, Recognitiones, dans Alexander
Roberts, et James Donaldson, dir. de publ., The Ante-Nicene Fathers, 10
vols., Grand Rapids, Michigan, Wm. B. Eerdmans, et Edimbourg, T&T Clark,
1986,8:75, et n. 3. "L’erreur de copiste la plus courante est (je pense)
l’haplographie, c’est-à-dire, lire deux séquences identiques de lettres
comme si c’était une seule et omettre tout ce qui se trouve entre" ; P.
Kyle McCarter, Textual Criticism: Recovering the Text of the Hebrew Bible,
Philadelphie, Fortress Press, 1986, p. 17.
[46] On peut rerouver une excellente introduction aux problèmes que cela
comporte dans Hugh Nibley, "The Way of the Church," CWHN 4:209-63. La
prise de conscience des problèmes causés par la manipulation textuelle
apparaît très tôt dans l’histoire humaine; voir, par exemple, Ur-Nammu
(2112-2095 av. J.-C., premier roi de la Dynastie d’Ur III: lú mu-sar-ra-ba
šu bí-íb-úr-a dBíl-ga-mes-e nam ha-ba-da-ku5-e "puisse Gilgamesh maudire
quiconque modifie cette inscription;" Urnammu 41, dans Ilmari Kärki, Die
Konigsinshriften der dritten Dynastie von Ur, vol. 58 of Studia Orentalia,
Helsinki, Finnish Oriental Society, 1986, p. 26; on peut trouver des
imprécations semblables tout au long de l’histoire babylonienne dans
Hermann Hunger, Babylonische und assyrische Kolophone, vol. 2 de Alter
Orient und Altes Testament, Kevelaer, Butzon & Bercker, 1968); pour la
diffusion de cette formule de malédiction dans la culture hittite au
commencement de son histoire écrite, voir O. R. Gurney, The Hittites, 4e
éd., Harmondsworth, Middlesex, Penguin, 1990, p. 141, 1ère éd., 1952, p.
170.
[47] Voir A. E. Housman, M. Manilii Astonomicon, 5 vols., Cambridge,
Cambridge University Press, 1937, 1 :xiv-xxii; pour une estimation du
travail textuel de la Renaissance et de l’époque byzantine, voir Alexander
Hugh McDonald, "Textual Criticism," OCD 1049.
[48] À propos de la réécriture moderne de Polybe, Voir Robert K. Ritner,
"Implicit Models of Cross-Cultural Interaction: A Question of Noses, Soap
and Prejudice", dans Janet H. Johnson, dir. de publ., Life in a
Multi-Cultural Society: Egypt from Cambyses to Constantine and Beyond,
SAOC 51, Chicago, Oriental Institute, 1992, pp. 287-88. Ce point central
dans l’argument de Ritner a lui-même été omis dans la version originale
publiée et il faut vérifier sur la feuille d’errata. Un autre exemple
flagrant de réécriture des sources est Jesus the Magician, de Morton
Smith, San Francisco, Harper et Row, 1978. À la page 53, Smith prétend
prendre les Epistulae X.96 de Pline ''telles qu’on les prend
habituellement, au pied de la lettre” et se met ensuite à introduire des
formules magiques, des démons et du cannibalisme dans un texte où tous ces
éléments sont en réalité absents.
[49] Voir Richard Lloyd Anderson, Understanding Paul, Salt Lake City,
Deseret, 1983, pp. 376-377; Layton; Gnostic Scriptures, p. 317. On
trouvera une analyse exhaustive du changement d’interprétation dans un
passage d’écriture, dans Thomas W. Mackay, "Early Christian Millenarianist
Interpretation of the Two Witnesses in John's Apocalypse. 11:2-13", dans
Lundquist et Ricks, dir. de publ., By Study and Also By Faith, 1:222-331.
Pour l’utilisation de l’approche allégorique dans le judaïsme rabbinique,
voir Jacob Neusner, "The Case of Leviticus Rabbah," dans Lundquist et
Ricks, dir. de publ., By Study and Also By Faith, 1:366-370. Pour une
étude historique de l’allégorie, voir C.S. Lewis, The Allegory of Love: A
Study in Medieval Tradition, Oxford, Oxford University Press, 1936, pp.
44-111. Pour des tentatives récentes de parvenir au même genre de
changement d’interprétation chez les saints des derniers jours, voir Louis
Midgley, "More Revisionist Legerdemain and the Book of Mormon," RBBM 3,
1991, pp. 261-311; Stephen E. Robinson, critique de Dan Vogel, dir. de
publ., The Word of God: Essays on Mormon Scripture, dans RBBM 3, 1991, pp.
312-318; Daniel C. Peterson, "Questions to Legal Answers," RBBM 4, 1992,
pp. xl-lxxiii.
[50] En général, ce sujet n’a pas reçu le traitement qu’il mérite. Les
étapes préliminaires dans cette direction sont Nibley, "Evangelium
Quadriginta Dierum," 33 n. 61; Welch, The Sermon at the Temple and the
Sermon on the Mount, p. 88. On trouvera une analyse de la dynamique que
cela implique dans Hugh Nibley, "Victoriosa Loquacitas: The Rise of
Rhetoric and the Decline of Everything Else", CWHN 10:243-286. Liste des
sens de charis dans John Gee, critique de Robert L. Millet, By Grace Are
We Saved, dans RBBM 2, 1990), pp. 101-106 donne une indication de certains
des problèmes, mais n’affine pas davantage l’analyse par des arguments
chronologiques. Un autre exemple de recherches faites dans cette direction
est John W. Welch, "New Testament Word Studies," Ensign 23/4, avril 1993),
28-30.
[51] LSJ 1408.
[52] LSJ 1226.
[53] LSJ 1156.
[54] Justin Martyr, Dialogus cum Tryphone 73, dans The Ante-Nicean
Fathers, 1:235.
[55] Tertullien, De Praescriptione Haereticorum 38, dans Ante-Nicean
Fathers, 3:262.
[56] Tertullien, De Baptismo 17, dans Ante-Nicean Fathers, 3:677.
[57] Irénée, Contra Haereses 1.7.3, dans Ante-Nicean Fathers, 1:326.
[58] Irénée, Contra Haereses 1.8.1, dans Ante-Nicean Fathers, 1:326.
[59] Terullian, Contra Marcionem IV.2, dans Ante-Nicean Fathers, 3:347.
[60] 1 Clément 14.
[61] Irénée, Contra Haereses 1.8.1, dans The Ante-Nicean Fathers, 1:326.
[62] Tertullien, De Baptismo 17, dans Ante-Nicean Fathers, 3:677.
[63] Also Tertullien, De Praescriptione Haereticorum 38-40; d’autres
catégories et exemples sont donnés dans Robinson, "Lying for God," pp.
144-46.
[64] 1 Clément 44: 1; Hégésippe, cité dans Eusèbe, Historiae
Ecclesiasticae III.32.7; Second Treatise of the Great Seth
VII.59.19-61.24. Le besoin d’usurper l’autorité a pu être le cas des
accusations anonymes attestées dans Pline, Epistulae X.96.5.
[65] Justin Martyr, Dialogus cum Tryphone 73, dans The Ante-Nicean
Fathers, 1:235.
[66] James R. White, Letters to a Mormon Elder, Minneapolis, Minnesota,
Bethany House, 1993, p. 26.
[67] John Ankerberg et John Weldon, Everything You Ever Wanted to Know
About Mormonism, Eugene, Oregon, Harvest House, 1992, pp. 379-380. S’il
est vrai que les manuscrits de la Bible sont mieux attestés que n’importe
quel livre ancien, nous pourrions jeter un coup d’œil sur son concurrent
direct: il y a près de cinq cents copies (498) de l’Iliade rien qu’en
Égypte ; P.W. Pestman, The New Payrological Primer, 2e édition, Leiden,
Brill, 1994, p. 71.
[68] Ankerberg et Weldon, Everything You Ever Wanted to Know, p. 377.
[69] Les données de cette section ont été tirées de Kurt Aland, et al.,
Novum Testamentum Graecae, 26ème éd., 7e impression corrigée, Stuttgart,
Deutsche Bibelgesellschaft, 1983, pp. 684-702.
[70] Carsten Peter Thiede, "Papyrus Magdalen Greek 17, Gregory-Aland P64)
A Reappraisal",Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 105, 1995, pp.
13-20.
[71] Klaus Wachtel, "P64/67: Fragmente des Matthäusevangeliums aus dem 1.
Jahrhundert?" Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 107, 1995),
73-80. Thiede semble être l’homologue papyrologique de D. J. Nelson;
Harald Vocke, "Papyrus Magdalen 17-weitere Argumente gegen die
Frühdatierung des angeblichen Jesus-Papyrus," Zeitschrift für Papyrologie
und Epigraphik 113, 1996, pp. 153-157.
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