LA PARABOLE DU SEMEUR ET LES TROIS DEGRES DE GLOIRE

 

Le Christ a insisté à plusieurs reprises sur l'importance de garder certaines choses secrètes. La parabole du semeur en est un exemple. Voici ce qu’en dit le professeur Hugh Nibley [1] :

« S’il y a une allégorie dont le sens paraît évident, du moins à première vue, c’est bien la parabole du semeur ; pourtant les évangiles la traitent comme l'un des plus grands de tous les mystères, comme ‘le mystère du royaume des cieux’ lui-même, dont le Seigneur ne divulgue le sens qu'aux Douze lorsqu'il est seul avec eux [2].

« Dans chacune des versions des évangiles, le défi : ‘Que celui qui a des oreilles pour entendre entende’, annonçant que quelque chose de très important vient d'être dit, suit directement la mention des trois degrés, trente, soixante et cent. Ce sont ‘les trois degrés de gloire’, qui n’ont rien à voir avec le monde, mais ne concernent que ceux qui ont entendu l'Evangile, l'ont compris, l'ont accepté et ont porté « du fruit avec persévérance » [3]. Telles sont la gradation et la répartition de ceux qui sont sauvés, dit Irénée, citant un enseignement qu’il attribue aux ‘anciens’, c'est-à-dire à ceux qui avaient personnellement entendu les apôtres :

« ‘Les Anciens affirment que ceux qui sont jugés dignes d'une demeure dans les cieux iront là-bas, d'autres jouiront des délices du Paradis et d'autres encore posséderont les splendeurs de la Cité, car le Sauveur sera vu par tous ceux qui seront dignes de le voir. Néanmoins il y a une différence entre l’habitation de ceux qui produisent cent fois, de ceux qui produisent soixante fois et ceux qui produisent trente fois ; car les premiers seront enlevés dans les cieux, la deuxième catégorie demeurera au Paradis et les derniers habiteront la Cité ; c'est pour cela que le Seigneur dit : ‘Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père’ [4].

« Clément écrit que le Seigneur avait commandé aux apôtres de ne prêcher au monde ‘pour le moment’ aucune doctrine au-delà de celle du baptême, à propos de laquelle Pierre dit :

« ‘Que ce soit donc pour vous une première étape de trente commandements et la deuxième soixante et la troisième cent, comme nous vous l’expliquerons plus complètement une autre fois.’ [5]

« L'explication plus complète, si elle a jamais été écrite, ne nous est jamais parvenue et la doctrine tout entière, qui est certainement importante, n'a pas de place dans les enseignements des églises chrétiennes ultérieures, ignorantes qu’elles étaient du grand plan du salut universel [6]. »


NOTES

[1] Hugh Nibley : "Mormonism and Early Christianity, “The Collected Works of Hugh Nibley, Volume 4, Salt Lake City, Deseret Book Company et FARMS, pp.112-113.
[2] Matthieu 13:10-15 ; Marc 4:10-13 ; Luc 8:9-10.
[3] Matthieu 13:23 ; Marc 4:20 ; Luc 8:15.
[4] Irénée, Contre les Hérésies, V, 36, dans PG 7:1221-1223
[5] Reconnaissances clémentines IV, 35-36, dans PG 1:1330-1332.
[6] C’est ainsi que saint-Augustin conteste l’idée de « plusieurs demeures », faisant remarquer qu’il n’y a qu’une maison de Dieu et qu’un seul salut : il n’y a pas de degrés de salut, De Anima et eius Origine (De l’âme et de son origine) II, 10 ; III, 11, 13, dans PL 44:503, 518, 520.