La véracité de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est indissolublement liée à l'authenticité du Livre de Mormon. Ou bien celui-ci est véritablement le document historique qu'il affirme être, et dans ce cas ni Joseph Smith, ni personne d'autre, que ce soit au 19e siècle ou de nos jours, n'aurait pu en être l'auteur, ou bien c'est un faux, et alors il sera inévitablement démasqué par les progrès des connaissances scientifiques, et l'Église se révélera être une fausse église. Or, depuis une cinquantaine d'années, les indices en faveur de l'authenticité historique du Livre de Mormon n'ont cessé de se multiplier au point que quiconque veut mettre le Livre de Mormon (et l'Église) en doute ne peut plus - s'il est intellectuellement honnête - les ignorer. L'article suivant traite d'un de ces indices.

 

A-t-on découvert le pays d'Abondance en Arabie ?

 

Warren P. Aston

Journal of Book of Mormon Studies

volume 7, numéro 1, 1998, pp. 5-11

 

Indices en faveur du « pays d'Abondance » de Néphi

 

Le Livre de Mormon parle d'un pays d' « Abondance », un endroit fertile dans la péninsule Arabique où Néphi construisit le bateau qui transporta le groupe de Léhi au Nouveau Monde. A l'époque de Joseph Smith, et pendant plus d'un siècle après cela, il apparut impossible qu'un tel endroit puisse exister dans une Arabie apparemment aride. Et pourtant on a récemment découvert, dans un coin perdu de la côte sud d'Oman, une belle vallée boisée qui correspond dans les moindres détails à la description de l'endroit faite par Néphi.

 

L'emplacement fertile que Léhi et sa famille ont appelé « Abondance » a été « préparé par le Seigneur » (1 Néphi 17:5). Il marquait à la fois la fin de leur voyage de 3000 km à travers la péninsule Arabique et leur point de départ vers le Nouveau Monde. Pendant des dizaines d'années, les écrits de Hugh Nibley, publiés pour la première fois dans l'Improvement Era en 1950[1], ont représenté le seul ouvrage écrit par un érudit membre de l'Église sur le cadre de l'Ancien Monde dans lequel commence le récit du Livre de Mormon. Nibley tirait son information d'une poignée d'écrits assez anciens qui décrivaient la vie en Arabie, notamment le récit d'une visite à Oman, au début de ce siècle, par l'explorateur Anglais Bertram Thomas. La description, en tous cas, que fait Thomas de la fertilité de la région près de la capitale régionale Salalah, dans le sud du pays, a incité Nibley à croire que c'était vraisemblablement l'endroit dont avait parlé Néphi deux millénaires et demi plus tôt.

 

Au début des années 1970, Jay Todd, rédacteur en chef de l'Ensign, proposa une visite dans les régions où l'histoire du Livre de Mormon avait commencé. Il invita Lynn et Hope Hilton, qui avaient une expérience approfondie du Proche-Orient, à se rendre dans la péninsule Arabique pour l'Ensign. Voyageant avec leur fille et avec le photographe Gerald W. Silver au début de 1976, les Hilton devinrent les premiers saints des derniers jours à traverser l'Ouest de l'Arabie Saoudite et, très brièvement, le Sud de l'Etat d'Oman, pour examiner les itinéraires que Léhi et sa famille avaient pu utiliser. Ce qu'ils virent et photographièrent démontra que certains endroits de la côte Sud d'Oman possédaient beaucoup de caractéristiques décrites par Néphi[2].

 

Néanmoins les conflits civils à Oman continuèrent à maintenir le pays isolé et il allait se passer encore 11 ans avant que d'autres chercheurs membres de L'Église ne visitent de nouveau le Sud d'Oman. En 1987, je visitai plusieurs jours la région et examinai la région de Salalah plus en profondeur. Cette visite fit ressortir le fait que, s'il était vrai que Salalah répondait à la plupart des conditions requises pour le pays d'Abondance décrite dans le Livre de Mormon, les plus importantes de ces conditions - la végétation naturelle, de grands arbres et de l'eau fraîche - ne se retrouvaient qu'à plusieurs kilomètres à l'intérieur des terres, séparées de l'océan par une plaine côtière aride. Et pourtant, la description du Livre de Mormon montre bien que le pays d'Abondance de Néphi, où le groupe de Léhi a vécu pendant qu'ils construisaient et lançaient leur bateau, était juste sur la côte. Les ruines de forts remontant au premier millénaire avant J-C. ont montré que le bord de mer n'a pas changé de manière appréciable pendant des millénaires dans la région de Salalah, de sorte qu'il est peu probable que ces éléments décrits dans le Livre de Mormon aient été anciennement plus proches de la côte. De ce fait, il est peu vraisemblable que Salalah puisse se qualifier comme candidate pour Abondance et quand nous avons appris que l'on trouvait de grands arbres au bord de la mer plus loin vers l'ouest, près de la frontière du Yémen, cela nous a convaincu que nous devions examiner d'autres sites avant de régler la question. En 1988, nous avons commencé, ma femme et moi, un programme d'exploration de 4 ans, visitant par étapes les régions côtières isolées d'Oman à l'ouest de Salalah, ainsi que la totalité du bord de mer plus à l'est au Yémen voisin, qui s'étend sur plus de 1100 km jusqu'à Aden dans le coin sud-ouest de la péninsule Arabique. Ce relevé sans précédent du territoire nous a donné des informations de base sur la région tout entière et a démontré, à notre satisfaction, qu'on ne pouvait pas trouver de candidats sérieux pour Abondance en dehors de la région du Dhofar, dans le Sud d'Oman.

 

Le relevé a également révélé que les endroits les plus fertiles le long de cette côte étaient situés dans une petite région peu connue d'Oman adossée aux monts Qamar, près de la frontière du Yémen. Au contraire de Salalah, cette petite région avait des endroits où une végétation naturelle importante, dont des arbres de grande taille, se trouvait sur la côte même. Cette fertilité est apparemment due à l'existence de petites vallées étroites, qui absorbent les pluies de mousson annuelles vers l'intérieur des terres, créant des vallées bien arrosées. Nous avons bientôt découvert que c'est ici, comme nulle part ailleurs, que tous les facteurs mentionnés par Néphi se trouvaient en un seul endroit[3].

 

Notre intérêt n'a pas tardé à se concentrer sur la partie la plus verte de cette petite région, la baie de Khor Kharfot (« Fort Crique » ou « Fort Port »). Cet endroit tout à fait unique est si isolé que même aujourd'hui il est presque inconnu ailleurs à Oman. Il est situé à l'extrémité d'une gorge longue et étroite, l'Oued Sayq (« vallée de la rivière ») qui constitue le seul accès à partir du désert intérieur vers la côte à travers les monts Qamar. En avril et en septembre 1993, deux équipes de spécialistes, dont un géologue et un archéologue, conjointement patronnés par FARMS et l'université Brigham Young, ont visité Khor Kharfot pour l'examiner plus en profondeur.[4]

 

Une de leurs premières découvertes a été que l'endroit avait jadis été une crique de mer abritée jusqu'à un certain moment dans les quelques dernières centaines d'années, lorsqu'une plage s'est formée, fermant la baie. Ils ont aussi identifié plusieurs séries de ruines distinctes, indiquant que Kharfot a été colonisée par intermittence au cours des siècles. Sur le petit plateau plat situé à l'est et surplombant la baie, des ruines semblant être les plus anciennes ont été trouvées , mais nous n'en saurons pas plus tant que des fouilles n'auront pas été menées.

 

LES CRITÈRES AUXQUELS ABONDANCE DOIT SATISFAIRE

 

Avant d'avoir la certitude que Khor Kharfot ou n'importe quel autre endroit est le candidat le plus vraisemblable pour Abondance, nous devons examiner à fond le texte du Livre de Mormon lui-même et, à partir de ses données, construire un modèle à l'aide duquel nous pouvons juger si un emplacement existant peut être candidat[5]. Dans le texte de Néphi, on trouve insérée presque involontairement une foule de détails sur les territoires que sa famille et lui ont traversés et particulièrement sur le pays d'Abondance. Les déclarations directes du Livre de Mormon, combinées à certaines conclusions logiques que l'on en tire, nous permettent de dresser une liste assez longue des caractéristiques de cette région de l'Ancien Monde.

 

Abondance était située « presque dans la direction de l'est » par rapport à Nahom

 

Ce rapport géographique clair entre les deux endroits (voir 1 Néphi 17:1) était vraisemblablement assez précis, plutôt qu'une orientation purement générale. Dans ce décor de l'Ancien Monde, Néphi était très précis quand il donnait des directions, écrivant par exemple précédemment dans son récit, qu'après avoir quitté Jérusalem, il s'était dirigé « dans une direction proche du sud-sud-est » (1 Néphi 16:3). 

 

C'est pourquoi, il devient important de définir l'emplacement de Nahom lorsque l'on recherche Abondance. A ce jour, un seul site semble répondre aux données fournies par les Écritures concernant Nahom : Le territoire tribal toujours connu sous le nom Nehem, qui se trouve à environ 40 km au nord-est de Sana'a, capitale de la République du Yémen. Nehem est le seul endroit d'Arabie où est conservé le nom sémitique Nhm (écrit de diverses façons : Nahm, Nehem, Nihim, etc.). L'existence du nom est maintenant confirmée au même endroit dans des cartes et des écrits remontant jusqu'à 600 de notre ère et peut-être plus tôt. Cet endroit doit être considéré comme le meilleur candidat pour être Nahom.

 

Le récit de Néphi précise qu'Ismaël fut enterré « à l'endroit qui était appelé Nahom » (1 Néphi 16:34). La formulation de Néphi donne à penser que ce n'est pas le groupe de Léhi qui a donné le nom, mais qu'il l'a appris des habitants locaux. Le Nehem moderne contient une vaste nécropole traditionnelle avec des tombes qui remontent jusqu'au néolithique, longtemps avant l'époque de Léhi. La racine du nom lui-même en hébreu désigne le deuil, la consolation et le fait de se plaindre de la faim, ce qui correspond parfaitement aux événements rapportés par Néphi après la mort de son beau-père Ismaël (voir 1 Néphi 16:35-39)[6].

 

En outre, la vallée de Jawf, où est situé Nehem marque le point où l'ancienne route du commerce de l'encens, qui est parallèle à la côte arabe de la mer Rouge, tourne vers l'est. Bien que la route commerciale tourne de nouveau vers le sud peu après avoir quitté Nehem, le groupe de Léhi a maintenu sa direction « presque en direction de l'est » à partir de l'endroit où il a quitté la région de Nahom jusqu'à son arrivée à Abondance. Un itinéraire allant de Nehem vers l'est passerait près du redoutable grand désert arabe, qui n'a virtuellement aucune source d'eau. L'aridité de toute cette région pourrait expliquer pourquoi le récit de Néphi laisse entendre que cette dernière étape de leur voyage dans le désert fut la plus dure de toutes.

 

Etant donné que Nehem se situe à une latitude de 16° nord, nous devons nous attendre à ce que leur voyage « presque en direction de l'est » atteigne Abondance à un endroit proche de la même latitude. Khor Kharfot est situé à 16°45', en d'autres termes, moins d'un degré de déviation par rapport à l'est véritable sur les quelques 1000 kilomètres de la dernière partie de leur voyage.

 

Abondance pouvait être atteinte par voie de terre à partir du désert intérieur.

 

Il est habituellement difficile, et par endroit impossible, d'accéder à la côte sud à partir de l'intérieur d'Oman. Géologiquement séparés du reste de la région du sud, les monts Qamar empêchent l'accès à la petite région extrêmement fertile où nous nous attendons à trouver Abondance. Il y a cependant un itinéraire, le seul, l'Oued Sayq, qui permet d'atteindre la côte à travers les montagnes, présentant un chemin étroit qui descend graduellement vers la mer à Khor Kharfot. Ce défilé étroit, érodé par des millénaires d'écoulements annuels provenant des monts Qamar, constitue la seule route directe par terre de l'intérieur vers l'océan sur des kilomètres de bord de mer. Outre les informations fournies par une cartographie détaillée par satellite, l'examen, en 1993, de l'Oued Sayq à partir du début même de la vallée, a confirmé qu'il était toujours possible d'y accéder depuis le désert intérieur.

 

Abondance était fertile

 

Néphi décrit Abondance comme produisant, « de la viande » (peut-être du petit gibier que l'on pouvait chasser), « [une] grande quantité de… fruits » et du « miel » (voir 1 Néphi 17:5-6; 18:6). Khor Kharfot est très fertile. Les arbres poussent naturellement, certains d'entre eux portant des fruits, et il y a des oiseaux qui font leur nid et une diversité de petits animaux, des abeilles qui fournissent du miel sauvage et une grande quantité de poissons. Bien que le récit ne dise pas que le groupe ait fait des cultures avec les semences qu'il avait emportées de Jérusalem, la région de Kharfot est suffisamment fertile pour rendre ces cultures possibles (voire photos en fin de document).

 

La région entourant Abondance était probablement fertile.

 

L'utilisation par Néphi de l'expression « pays d'Abondance » suggère que ce n'était pas seulement l'endroit où ils ont dressé le camp qui était fertile, (1 Néphi 17:6), mais que toute la région (« le pays ») devait également être très fertile (voir 1 Néphi 17:5, 7). La région de l'Oued Sayq / Khor Kharfot est située à l'extrémité orientale de la partie la plus naturellement fertile de toute la côte d'Arabie, une bande étroite longue de quelques kilomètres seulement, limitée de trois côtés par du terrain aride et du quatrième par l'océan.

 

Abondance convenait pour un campement de longue durée et pour la construction d'un bateau

 

Il a vraisemblablement fallu à Néphi et à ses frères au moins un an pour construire un bateau suffisamment grand pour emporter une trentaine de personnes quasiment jusqu'à l'autre bout du monde. Donc l'emplacement d'Abondance a dû pouvoir entretenir une petite colonie pendant au moins une année et peut-être plusieurs années. Les ruines de Khor Kharfot, qui doivent encore être fouillées, semblent indiquer qu'une petite collectivité au moins y a vécu un certain temps. Chaque année, pendant plusieurs mois, au cours de la mousson, la ligne côtière méridionale d'Arabie est enveloppée par des mers houleuses, le brouillard et la pluie, rendant difficiles les activités extérieures, comme la construction d'un bateau. Il est probable que Néphi et ses frères cessaient de travailler sur le bateau pendant cette période de l'année, à moins qu'Abondance lui ait offert un abri suffisant pour lui permettre de continuer. A Kharfot, un petit plateau de terrain surélevé surplombe le côté occidental de la baie et il aurait pu fournir un emplacement convenable pour travailler par mauvais temps. Les ruines qui se trouvent sur ce plateau semblent être les plus anciennes de Kharfot.

 

Abondance devait être boisée pour fournir facilement du bois de construction

 

Pour construire son bateau, Néphi devait avoir accès à suffisamment de bois de construction du genre et de la taille qu'il fallait pour façonner un navire capable de tenir la mer (voir 1 Néphi 18:1, 2, 6). Amener du bois de construction jusqu'à la plage aurait été une tâche ardue et aurait pris beaucoup de temps; il est donc vraisemblable qu'il y avait des arbres très près de la côte; cela faisant probablement partie de ce que Néphi entendait par l'appellation « Abondance ».

 

On trouve toujours de nombreux grands arbres à Khor Kharfot, quasiment jusqu'à l'océan, et ils étaient certainement encore plus abondants dans le passé. (La sécheresse a réduit ces derniers siècles les forêts naturelles qui couvraient anciennement les flancs de la vallée et les montagnes environnantes.) Les diverses essences de bois découvertes à Kharfot - particulièrement le figuier sycomore (ficus sycamorus) et le tamarinier (tamarindus indica) - auraient convenu pour la construction d'un navire de mer.

 

Nous ne pouvons, bien entendu, qu'émettre des suppositions sur le type de bateau construit par Néphi. L'Arabie est l'endroit où sont apparus les célèbres bateaux « cousus » - des bateaux cousus à l'aide de cordes résistantes sans clous ni autres métaux - mais il est impossible de savoir si Néphi a utilisé cette méthode de construction. Néphi souligne le fait que ni la préparation du bois ni la méthode de construction n'étaient « à la manière des hommes » (1 Néphi 18:2) et qu'il avait régulièrement besoin de la révélation du Seigneur au cours de la construction (voir 1 Néphi 18:3). Mais nous savons qu'il a utilisé du bois, puisqu'il utilise à plusieurs reprises le mot « bois de construction ».

 

Abondance devait disposer toute l'année de réserves en eau fraîche pour l'approvisionnement du camp

 

Kharfot contient la plus grande source de la côte arabe et il y a des indications que l'eau était encore plus abondante dans le passé. Par comparaison, le Yémen oriental n'a que trois petits cours d'eau côtiers irréguliers sur les 1100 km de sa longueur, et pourtant dans la seule province du Dhofar, à Oman, on trouve des petits cours d'eau et des sources à Rakhyut, à quelques kilomètres à l'est de Kharfot et dans les contreforts de Salalah en plus de l'Oued Sayq.

 

Abondance avait une montagne bien visible

 

Il y avait une montagne bien visible (1 Néphi 17:7; 18:3) qui était suffisamment proche du campement pour que Néphi puisse aller y prier souvent (1 Néphi 18:3). Les mots que choisit 1 Néphi, « la montagne » indique qu'il faisait allusion à une montagne isolée, bien visible, plutôt qu'à une chaîne de montagnes. Effectivement, à Kharfot, le pic le plus élevé et le plus visible est isolé directement au-dessus du petit plateau situé à l'ouest où les signes d'une colonisation ancienne sont les plus abondants et sur lequel la famille de Léhi a le plus vraisemblablement campé.

 

Abondance avait probablement des falaises qui dominaient l'océan

 

Laman et Lémuel tentèrent de tuer Néphi en le jetant dans la mer (voir 1 Néphi 17:48). Cela semble indiquer qu'il y avait des falaises qui dominaient l'océan, puisque la vie de Néphi n'aurait pas été menacée s'il avait été jeté de la plage dans l'océan. A Kharfot, l'océan est dominé par des falaises dangereuses ayant en moyenne 60 mètres de haut au bord du plateau occidental.

 

Abondance avait une source de minerais

 

Du minerai, à partir duquel on pouvait faire fondre du métal pour fabriquer des outils, devait exister suffisamment près du camp pour qu'il soit possible de montrer à Néphi où le trouver sans efforts extraordinaires, ainsi que du silex pour faire du feu (1 Néphi 17:9-11; 16). Oman a historiquement plusieurs milliers d'années d'histoire de fonte du cuivre, mais les dépôts primaires connus se trouvent dans la partie nord du pays. Cependant, une étude récente, patronnée par FARMS, de la région entourant Kharfot, a révélé de nombreuses petites sources d'hématite qui pourrait fournir un fer convenant à la fabrication d'outils de construction navale[7]. On trouve, dans la même région, à quelques kilomètres seulement à l'intérieur des terres, des dépôts superficiels extrêmement étendus d'une forme de silex permettant de faire du feu. Cette distance par rapport à la côte ne devait pas poser le même problème pour le minerai que pour le bois de charpente, puisqu'il ne fallait que de petites quantités de minerai, alors qu'il aurait fallu de grandes quantités de bois de construction.

 

Abondance ne devait pas être habitée à l'époque par d'autres groupes

 

Le Livre de Mormon ne parle pas de relations avec d'autres groupes à Abondance. Si de tels groupes avaient existé, Néphi n'aurait probablement pas eu besoin de révélations divines précises pour savoir où aller pour se procurer du minerai pour faire des outils ou peut-être sur la façon de construire les bateaux, puisqu'il aurait pu obtenir ces renseignements auprès d'autres résidents. Donc Abondance n'avait probablement pas de population résidente pendant la période où Néphi construisit le bateau. Cet isolement a pu être important pour éviter que le groupe de Léhi soit contaminé par les croyances polythéistes qui étaient alors courantes partout en Arabie et pour l'isoler des diversions et des tentations offertes par les ports commerciaux.

 

Comme noté précédemment, les indices archéologiques préliminaires ne révèlent que des périodes intermittentes d'habitation à Kharfot. A cause de la côte escarpée, le voyage par voie de terre vers Kharfot en longeant la côte est très difficile; c'est probablement la raison principale pour laquelle un endroit aussi attrayant et fertile que Kharfot est resté inhabité la plupart du temps, y compris à notre époque. A moins de traverser la longue vallée à partir du désert intérieur, c'est la mer qui offre le seul autre accès raisonnable à Kharfot. Il est vraisemblable que dans les temps anciens, les autres voyageurs ne se sont pas rapprochés davantage de Kharfot que la région de Salalah, un voyage difficile de plusieurs jours. C'est cet isolement qui explique peut-être pourquoi Laman et Lémuel ont aidé à la construction du bateau et semblent n'avoir pas fait d'objections à l'idée de quitter Abondance.

 

Finalement, il fallait des vents et des courants favorables pour pousser le bateau vers la mer d'Oman, puis vers l'océan Indien.

 

Les sources arabes et anciennes nous assurent qu'à un moment déterminé de l'année, les voyageurs venant de la mer Rouge et de la côte méridionale de l'Arabie faisaient, d'une manière habituelle, le voyage en bateau dans la direction de l'est, vers le sud de l'Inde et Ceylan. Néphi a pu utiliser les mêmes vents au départ de Kharfot pour traverser l'océan Indien. En outre, pendant quelques années, le phénomène météorologique qui porte le nom populaire d'El Niño produit un changement dans les vents qui traversent le Pacifique, de sorte que les voyages dans la direction de l'est jusqu'en Amérique deviennent possible pendant un an ou deux[8].

 

Les recherches résumées dans cet article nous assurent que le sud de la péninsule Arabique est un cadre géographique tout à fait plausible pour le pays d'Abondance de l'Ancien Monde décrit dans 1 Néphi. Les réalités physiques que Néphi décrit sont faciles à saisir. Des montagnes, des rivières, une vallée fertile, des dépôts de minerai et d'autres critères se trouvent dans le sud d'Oman et particulièrement à Khor Kharfot, dans des rapports qui cadrent parfaitement avec le texte de l'Écriture. Bien que les recherches n'aient pas encore prouvé que Kharfot est le lieu appelé Abondance, elles ont démontré qu'il y a un endroit qui remplit les critères pour Abondance, chose que ni Joseph Smith ni aucune autre personne en occident et à cette époque ne savait.

 

Pour ceux qui acceptent le fait que l'histoire de Léhi et de Néphi s'est produite dans la réalité, ces faits constituent la confirmation des affirmations de Joseph Smith que le livre a été traduit à partir d'un document historique authentique. Ces faits nous éclairent et soutiennent la conviction spirituelle que Moroni invite chaque lecteur à obtenir. Les chercheurs de l'Église ont encore beaucoup de travail à faire en Arabie pour bâtir sur les fondements des recherches accomplies jusqu'à présent. Il est maintenant temps que les spécialistes étudient plus en profondeur toutes les facettes de cet endroit important. Il doit encore y avoir davantage d'études par des experts, par exemple, pour définir la nature des dépôts de minerais que Néphi a pu utiliser. Plusieurs régions étendues d'Arabie qui auraient pu se trouver sur l'itinéraire de Léhi doivent encore être examinées par des scientifiques compétents. Les ruines de Kharfot doivent être fouillées pour déterminer à quel moment ce bel endroit intéressant a été habité. Mais pour le moment, suffisamment de recherches ont été faites pour qu'il en ressorte clairement que la description par Néphi d'un endroit qui mérite d'être appelé « Abondance » correspond à la réalité du sud de la péninsule Arabique.

  

NOTES

 

On pourra trouver de plus amples informations sur ce sujet dans Warren P. et Michaela Knoth Aston, In the Footsteps of Lehi, Salt Lake City, Deseret Book, 1994, également accessible sur CD-ROM dans Book of Mormon Reference Library, Salt Lake City, Deseret Book, 1995.

 

 

Terrains modernes irrigués sur la plaine côtière à Salalah, orientés vers l'ouest. Les montagnes se trouvent à l'intérieur des terres par rapport à cette plaine alluviale.

 

 

La région de Nehem, peut-être près de l'emplacement de Nahom.

 

 

Khor Kharfot produit une végétation abondante pendant les pluies d'été, invitant les oiseaux à nidifier.

  

 

Le figuier sycomore, le tamarinier et le palmier dattier comptent parmi les arbres les plus communs du Sud de l'Oman. 

 

 

Une montagne bien visible sort de la mer du côté ouest de l'embouchure de l'Oued Sayq. 

 

 

Vue de l'est de l'autre côté de l'Oued Sayq prise du plateau situé à l'ouest qui domine la barre et la plage. 

 

 

Des falaises descendent à pic de l'extrémité sud de la montagne située à l'ouest à l'Oued Sayq. 

 

 

La fertilité abondante de Khor Kharfot permet à des gens de vivre dans cette vallée. 

 

 

La ruine la plus visible à Kharfot est sans doute le « fort » qui a donné son nom à Kharfot. 

 

 

La péninsule Arabique est entourée de trois côtés par de l'eau. Le désert intérieur est un des plus hostiles du monde.


 


[1] Voir Hugh W. Nibley, Lehi in the Desert, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1988.

[2] Les articles originaux ont été traduits dans L'Etoile de juillet et août 1977, sous le titre « A la recherche de la route de Léhi ». Le livre : Lynn et Hope Hilton, In Search of Lehi's Trail, Salt Lake City, Deseret Book, 1976, a récemment été mis à jour dans Discovering Lehi : New Evidence of Lehi and Nephi in Arabia, Springville, Utah, Cedar Fort, 1996.

[3] Le compte rendu de l'exploration à Oman à partir de 1987 et la découverte de Khor Kharfot se trouvent dans Aston et Aston, In the Footsteps of Lehi, pp. 27-59.

[4] Voir Aston et Aston, In the Footsteps of Lehi, pp. 61-78.

[5] Bien que parlant du cadre dans le Nouveau Monde, Sorenson démontre parfaitement ce principe au premier chapitre de son remarquable ouvrage, An Ancient American Setting for the Book of Mormon, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1985.

[6] Les indices historiques, géographiques et linguistiques confirmant l'identification de Nehem avec Nahom, ainsi que les renvois à d'autres commentaires d'érudits de l'Eglise sur Nahom se trouvent dans Aston et Aston, In the Footsteps of Lehi, pp. 3-25.

[7] Eugene Clark, « A Preliminary Survey of the Geology and Mineral Resources of Dhofar, the Sultanate of Oman », Provo, FARMS, 1995, donne un aperçu général en attendant la publication de données précises trouvées sur le terrain.

[8] Voir George F. Hourani, Arab Seafaring in the Indian Ocean in Ancient and Early Medieval Times, Princeton, N. J., Princeton University Press, 1951; G. R. Tibbetts, Arab Navigation in the Indian Ocean before the Coming of the Portuguese, Londres, Royal Asiatic Society, 1971; et David L. Clark, "Lehi and El Niño: A Method of Migration", BYU Studies 30/3, 1990, pp. 57-65.