La véracité de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est indissolublement liée à l'authenticité du Livre de Mormon. Ou bien celui-ci est véritablement le document historique qu'il affirme être, et dans ce cas ni Joseph Smith, ni personne d'autre, que ce soit au 19e siècle ou de nos jours, n'aurait pu en être l'auteur, ou bien c'est un faux, et alors il sera inévitablement démasqué par les progrès des connaissances scientifiques, et l'Eglise se révélera être une fausse église. Or, depuis une cinquantaine d'années, les indices en faveur de l'authenticité historique du Livre de Mormon n'ont cessé de se multiplier au point que quiconque veut mettre le Livre de Mormon (et l'Eglise) en doute ne peut plus – s'il est intellectuellement honnête – les ignorer. L'article suivant traite d'un de ces indices.

 

LA DESTRUCTION D’AMMONIHAH ET LA LOI DES VILLES APOSTATES

 

John W. Welch, Reexploring the Book of Mormon, pp. 176-179

 

Alma 16:9 « Toute âme vivante des Ammonihahites fut détruite. » Alma 16:9-11 rapporte l’entière destruction de la méchante ville d’Ammonihah par une armée lamanite. Les recherches récentes ont mis en évidence plusieurs affinités frappantes entre ce récit et l’ancienne loi israélite concernant l’annihilation des villes apostates. La loi se trouve dans Deutéronome 13:12-16 :

 

« Si tu entends dire au sujet de l'une des villes que t'a données pour demeure l'Eternel, ton Dieu: Des gens pervers sont sortis du milieu de toi, et ont séduit les habitants de leur ville en disant: Allons, et servons d'autres dieux! des dieux que tu ne connais point tu feras des recherches, tu examineras, tu interrogeras avec soin. La chose est-elle vraie, le fait est-il établi, cette abomination a-t-elle été commise au milieu de toi, alors tu frapperas du tranchant de l'épée les habitants de cette ville, tu la dévoueras par interdit… Tu amasseras tout le butin au milieu de la place, et tu brûleras entièrement au feu la ville avec tout son butin…: elle sera pour toujours un monceau de ruines, elle ne sera jamais rebâtie. »

 

Alma, qui avait été le grand juge néphite, était très vraisemblablement au courant de cette disposition, puisque la loi de Moïse se trouvait sur les plaques d’airain qu’il avait en sa possession. Par conséquent, la notion de justice, pour Alma, aurait contenu l’idée qu’une ville apostate devait être détruite et subir l’anathème de la manière précise stipulée par la loi qui la gouvernait.

 

Il est évident qu'Alma n'avait ni le désir ni le pouvoir de faire détruire la ville d'Ammonihah par une force militaire néphite, et il est également certain qu'aucun décret légal ne fut jamais publié pour exiger l’extermination de la ville, mais Alma note et démontre soigneusement que les habitants d'Ammonihah répondaient à toutes les conditions pour être considérés comme une ville apostate. Il prouve que lorsque la justice de Dieu détruisit la ville, ce sort s’abattit sur elle conformément à la loi divine. Considérez les éléments suivants:

 

1. La loi deutéronomique concernait « des gens [qui] sont sortis du milieu » du peuple. Alma dit clairement que les dirigeants d'Ammonihah étaient des Néphites apostats: « Si ce peuple, qui a reçu tant de bénédictions de la main du Seigneur, venait à transgresser à l'encontre de la lumière et de la connaissance qu’il a... ce serait beaucoup plus tolérable pour les Lamanites que pour lui » (Alma 9:23).

 

2. La loi est d'application quand des hommes ont entraîné une ville à s'éloigner de Dieu pour servir d'autres dieux. Alma explique que certains hommes d'Ammonihah, les partisans de Néhor, avaient entrepris de pervertir leur peuple, de le détourner des lois, des ordonnances et des commandements du Seigneur (voir Alma 8:17).

 

3. Le Deutéronome décrit les contrevenants comme « des fils de Bélial[1] ». De même, Alma prend soin de noter que « Satan avait obtenu une grande emprise sur le cœur du peuple de la ville d'Ammonihah » (Alma 8:9).

 

4. La loi exigeait que les magistrats examinent la situation à fond, s’informent, fassent des recherches et interrogent avec soin pour s'assurer que l'infraction existait réellement. C'est également ce que fait Alma. Après avoir été rejeté, il reçoit l'ordre de retourner prêcher dans la ville pour lui donner l'avertissement nécessaire qu'elle sera détruite si elle ne se repent pas (voir Alma 8:16). Ensuite, jouant le rôle des deux témoins oculaires requis (voir Deutéronome 17:6), Alma et Amulek assistent au spectacle abominable de la mort par le feu des femmes et des enfants fidèles et innocents de leurs disciples (voir Alma 14:9). C’est une expérience révoltante, mais elle boucle le procès contre la ville et scelle son destin (voir Alma 14:11).

 

5. Le mode d'exécution prescrit pour une ville apostate était la destruction totale par l’épée. C'est le seul endroit de la loi de Moïse où l’exécution par l’épée est exigée. Quand le jour du jugement s'abattit sur Ammonihah, les Lamanites tuèrent le peuple et détruisirent la ville (voir Alma 16:2), vraisemblablement par l’épée, qui était leur arme principale dans le combat au corps à corps.

 

6. La loi exigeait que la ville soit détruite complètement par le feu et « elle sera pour toujours un monceau de ruines ». Alma écrit : « Toute âme vivante des Ammonihahites fut détruite et aussi leur grande ville... [et] leurs cadavres furent entassés sur la surface de la terre » (Alma 16:9-11). Alma ne dit pas comment Ammonihah fut détruite, mais il semblerait normal que les Lamanites y aient mis le feu.

 

7. Enfin, la loi disait que la ville « ne sera[it] jamais rebâtie ». Dans le cas d’Ammonihah, « le peuple n’entra plus pendant de nombreuses années pour posséder le pays d’Ammonihah … et leurs terres demeurèrent désolées » (Alma 16:11). Ces terres furent considérées comme intouchables pendant un peu plus de sept ans, période de purification rituelle (il y a huit ans, neuf mois et cinq jours entre Alma 16:1 et Alma 49:1). Il semble que l'interdiction de réoccuper l'endroit pouvait expirer ou être révoquée. De la même manière, l’un des anciens synodes chrétiens révoqua l’interdit stipulant que l'île de Chypre devait rester inoccupée pendant sept ans après l’extermination de ses habitants[2].

 

Ainsi donc, la destruction d'Ammonihah est tout à fait conforme aux dispositions juridiques de Deutéronome 13, ce qui en fait un exemple remarquable de l'exécution de la vengeance de la justice de Dieu (voir Alma 54:6).

 

Basé sur des recherches faites par John W. Welch, juillet 1987. D'autres recherches sur ce sujet ont été publiées dans « Law and War in the Book of Mormon » par John W. Welch, dans Stephen Ricks et William Hamblin, dir. de publ., Warfare in the Book of Mormon (Salt Lake City, Deseret Book et F.A.R.M.S., 1990), pp. 91-95 et dans Stephen D. Ricks, « 'Holy War': The Sacral Ideology of War in the Book of Mormon and in the Ancient Near East », id. pp. 110-114.

 

Traduit et publié avec la permission de FARMS


 


[1] Note du traducteur : Segond rend ceci par « des gens pervers ». Les autres versions disent « des vauriens ». Mais dans le texte hébreu on trouve « bnei Belial », fils de Bélial.

[2] Constantinus Prophyrogenitus, De Administrando Imperio 47, dans Patrologia Graeca, 113:336.