Il y a, dans le Livre de
Mormon, des passages dont la logique nous échappe. C’est quelque chose de
tout à fait normal parce que le Livre de Mormon appartient à une culture
différente de la nôtre. Dans ce cas-ci, Néphi veut savoir ce que signifie
l’arbre de vie de la vision de Léhi. Pour toute réponse, l’ange lui donne
une vision de la vierge Marie et de son enfant. Nous ne voyons pas le
rapport, mais cela suffit à Néphi pour comprendre. Pourquoi ? Parce que
cela fait appel à un élément de sa culture qui ne fait pas partie de la
nôtre. Pour savoir de quoi il s’agit, lisez l’article.
NEPHI
ET SON ASHERA
Daniel C. Peterson
Journal of Book of Mormon Studies,
vol. 9, n° 2, 2000, pp. 16-25
© FARMS
Un des
passages les plus connus du Livre de Mormon, la vision de l’arbre de vie
donnée à Néphi, amplifie la vision reçue précédemment par son père, Léhi.
«
Et il arriva que l'Esprit me dit: Regarde! Et je regardai et
vis un arbre; et il était semblable à l'arbre que mon père avait vu; et sa
beauté était bien au-delà de toute beauté; et sa blancheur dépassait la
blancheur de la neige vierge.
« Et il arriva
qu'après avoir vu l'arbre, je dis à l'Esprit: Je vois que tu m'as montré
l'arbre qui est précieux par-dessus tout.
« Et il me dit:
Que désires-tu?
« Et je lui
dis: En connaître l'interprétation… » (1 Néphi 11:8-11)
Puisque Néphi
voulait connaître la signification de l’arbre que son père avait vu et que
lui-même voyait maintenant, nous nous attendons à ce que « l’Esprit »
réponde à sa question. Mais la réponse de l’ange est surprenante :
« Et il arriva
qu'il me dit: Regarde! Et je regardai comme pour le contempler, et je ne
le vis plus, car il s'était retiré de ma présence.
« Et il arriva
que je regardai et vis la grande ville de Jérusalem et aussi d'autres
villes. Et je vis la ville de Nazareth; et dans la ville de Nazareth, je
vis une vierge, et elle était extrêmement belle et blanche.
« Et il arriva
que je vis les cieux s'ouvrir; et un ange descendit et se tint devant moi,
et il me dit: Néphi, que vois-tu?
« Et je lui
dis: Une vierge d'une très grande beauté et plus belle que toutes les
autres vierges.
« Et il me dit:
Connais-tu la condescendance de Dieu?
« Et je lui
dis: Je sais qu'il aime ses enfants; néanmoins, je ne connais pas la
signification de tout.
« Et il me dit:
Voici, la vierge que tu vois est, selon la chair, la mère du Fils de Dieu.
« Et il arriva
que je vis qu'elle était ravie dans l'Esprit; et lorsqu'elle eut été ravie
dans l'Esprit un certain temps, l'ange me parla, disant: Regarde!
« Et je
regardai et vis de nouveau la vierge portant un enfant dans ses bras.
« Et l'ange me
dit: Vois l'Agneau de Dieu, oui, le Fils du Père éternel! » (1 Néphi
11:12-21).
Ensuite, «
l’Esprit » pose à Néphi la question que celui-ci a lui-même posée quelques
versets seulement plus tôt :
« Connais-tu la
signification de l'arbre que ton père a vu? » (1 Néphi 11:21).
Ce qui nous
frappe, c’est que, bien que la vision de Marie semble n’avoir aucun
rapport avec la question posée au départ par Néphi concernant la
signification de l’arbre - l’arbre n’est en effet mentionné nulle part
dans la réponse de l’ange - Néphi lui-même répond maintenant que oui, il
connaît la réponse à sa question.
« Et je lui
répondis, disant: Oui, c'est l'amour de Dieu, qui se répand dans le cœur
des enfants des hommes; c'est pourquoi, c'est la plus désirable de toutes
les choses.
« Et il me
parla, disant: Oui, et la plus joyeuse pour l'âme » (1 Néphi 11:22-23).
Comment Néphi
a-t-il fait pour arriver à cette compréhension ? Il est clair que la
réponse à sa question concernant la signification de l’arbre se trouve
dans la vierge-mère et l’enfant. On a, en fait, l’impression que, dans un
certain sens, la vierge est l’arbre. Même les termes utilisés pour
la décrire font écho à ceux utilisés pour l’arbre. De même qu’elle est «
extrêmement belle et blanche », « d'une très grande beauté et plus belle
que toutes les autres vierges », de même la beauté de l’arbre est « bien
au-delà de toute beauté; et sa blancheur dépassait la blancheur de la
neige vierge ». Ce qui est cependant significatif, c’est que ce n’est
qu’après qu’elle est apparue avec un bébé et qu’elle a été identifiée
comme étant « la mère du Fils de Dieu » que Néphi saisit la signification
de l’arbre.
Qu’est-ce qui
fait que Néphi a pu voir un lien entre un arbre et la vierge mère d’un
enfant divin ? Je crois que la vision de Néphi reflète une signification
de « l’arbre sacré » qui est propre au Proche-Orient antique, une
signification que l’on ne peut pleinement apprécier que quand on a à
l’esprit ce à quoi les Cananéens et les Israélites anciens associaient
l’arbre.
ASHERA, EPOUSE D’EL
Le fossé
culturel et religieux entre les Cananéens et les Israélites était bien
moins grand que les spécialistes de la Bible le pensaient jadis. (Michael
D. Coogan le dit clairement : « La religion israélite était un
sous-ensemble de la religion cananéenne. ») [1]. Dans leurs efforts pour
mieux comprendre les croyances des anciens Israélites, les savants
modernes ont été considérablement aidés par des documents et des artéfacts
extra-bibliques dégagés du sol du Proche-Orient. Pendant des années ils
n’avaient pas eu grand-chose d’autre que la Bible elle-même à étudier. La
situation a commencé à changer de manière spectaculaire à partir de 1929
avec la découverte des textes ugaritiques (de Ugarit, cité antique, NdT)
de Ras Shamra, en Syrie. Ils ont révolutionné la compréhension que nous
avons de la religion cananéenne en général et de la religion hébraïque
ancienne en particulier.
Le Dieu El
était le patriarche du panthéon cananéen. Un de ses titres était ‘el
‘olam.
Frank
Moore Cross Jr. remarque: « Nous devons y voir le sens originel de ‘El,
seigneur de l’Éternité’ ou peut-être plus exactement : ‘El
l’Ancien’. Les mythes inscrits sur les tablettes d’Ugarit représentent
‘El comme un homme à barbe grise, père des dieux et père des hommes [2]. »
Cependant, remarque le professeur Cross, « dès le quatorzième siècle av.
J.-C. dans le nord de la Syrie, le culte d’El déclina, laissant la place
au jeune dieu viril Ba’l-Haddou [3] », le Baal de l’Ancien Testament. El
était probablement aussi le Dieu originel d’Israël. Dans la conception
israélite la plus ancienne, El, le père, avait un fils divin appelé Yahweh
[4]. Cependant, la conception israélite de Yahweh allait graduellement
absorber les fonctions d’El et, dès le 10e siècle av. J.-C., à
l’époque du roi Salomon, Yahweh était identifié à lui [5].
Ashéra
était la déesse principale des Cananéens [6]. Elle était l’épouse d’El et
la mère et la nourrice des autres dieux. C’est ainsi que les dieux
d’Ugarit pouvaient être appelés « la famille [ou les fils] d’El » ou les «
fils d’Ashéra ». De plus, Ashéra était liée à la naissance des souverains
cananéens et pouvait être aussi considérée métaphoriquement comme leur
mère [8].
Elle
avait des liens étroits avec la ville cananéenne côtière de Sidon, du
moins au cours de la période qui suivit le départ de Léhi et de Néphi du
Vieux Monde et probablement avant cela [9]. Ceci est intéressant parce que
Léhi, dont les origines familiales semblent se situer dans le nord de la
Palestine et qui a pu avoir une tradition commerciale, « semble avoir eu
des liens particulièrement étroits avec Sidon (car ce nom apparaît de
manière répétée dans le Livre de Mormon, sous ses formes hébraïque et
égyptienne), qui était à l’époque un des deux ports par lesquels Israël
faisait un commerce extrêmement actif avec l’Égypte et l’Ouest [10]. »
En outre, il semble que les
Hébreux aient, eux aussi, connu et vénéré Ashéra. Certains
Israélites au moins l’adorèrent pendant une période allant de la conquête
de Canaan au deuxième millénaire avant le Christ jusqu’à la chute de
Jérusalem en 586 av. J.-C. - l’époque où Léhi quitta le Vieux Monde avec
sa famille [11]. Par exemple, les femmes israélites d’autrefois étaient
parfois enterrées portant « une perruque d’Ashéra » et il se peut aussi
qu’elle se reflète dans l’architecture des temples israélites. De plus, on
a trouvé, dans les sites israélites, des milliers de figurines de déesses
fabriquées en grandes quantités. William Dever résume la situation en
écrivant, à propos des figurines, que « la plupart montrent la silhouette
féminine nue, avec des seins exagérés ; on la représente parfois enceinte
ou donnant le sein à un enfant. » Mais il y a une différence importante
entre les figurines provenant des sites israélites et celles découvertes
dans les sites cananéens païens : On ne trouve pas, dans la partie
inférieure du corps des figurines israélites, les détails explicites qui
caractérisent les objets cananéens ; en effet, la partie située sous la
taille des figurines israélites est typiquement une simple colonne. Alors
que les objets cananéens païens représentent une déesse fortement
sexualisée de l’enfantement et de l’amour érotique, dans les figurines
israélites, c’est l’aspect dea nutrix, la déesse nourrice, qui est
mis en évidence. Comme l’écrit le professeur Dever : « Les motifs sexuels
les plus flagrants cèdent la place à la mère nourrice [12]. »
Ashéra
semble avoir été populaire dans toutes les couches de la société israélite
pendant de nombreuses années [13]. Elle était adorée en Israël à l’époque
des Juges [14]. Elle était particulièrement vénérée à la campagne [15],
mais elle fut également importante dans les villes hébraïques postérieures
[16]. Bien que 1 Rois 3:3 dise qu’il « aimait l’Éternel », le roi Salomon
introduisit Ashéra à Jérusalem un peu après 1000 av. J.-C. Et un centre
imposant du culte d’Ashéra a sans doute fonctionné à Ta’anakh, au moins
sous le patronage indirect de la cour de Salomon [17].
Après la
séparation des royaumes d’Israël et de Juda, le roi Achab et sa reine
d’origine phénicienne, Jézabel, « fille d’Ethbaal, roi des Sidoniens »,
installèrent Ashéra en Samarie, où « vers 800 avant l’ère vulgaire, le
culte officiel de Yahweh comprenait celui de son épouse Ashéra [18]. »
Elle semble y avoir été adorée jusqu’à la chute d’Israël devant les
Assyriens en 721 av. J.-C.
Mais il
ne faut pas croire que la vénération d’Ashéra était limitée au royaume du
nord souvent dénigré [19]. Au sud, en Juda, Roboam, fils de Salomon,
l’introduisit dans le temple de Jérusalem - ce qui veut sans doute dire
qu’il érigea un symbole sacré (parfois appelé, sans majuscule, « un
ashéra » ou « l’ashéra ») qui la représentait. Les rois Asa et
Josaphat ôtèrent Ashéra du temple, mais Joas la rétablit. Le grand roi
réformateur Ézéchias l’ôta de nouveau, en même temps que le Nehuschtan,
que 2 Rois 18:4 décrit comme étant « le serpent d’airain que Moïse avait
fait ». Plus tard le roi Manassé, qui ne rétablit cependant pas le
Nehuschtan, réinstalla Ashéra dans le temple de Jérusalem où elle resta
jusqu’aux réformes du roi Josias, qui régna de 639 à 609 av. J.-C.
environ. Ashéra était encore à ce point visible au cours de cette période
précédant immédiatement la captivité babylonienne, que le contemporain de
Léhi, le prophète Jérémie, se sentit obligé de dénoncer son culte [20]. En
d’autres termes, une statue ou un symbole d’Ashéra se dressa dans le
temple de Salomon à Jérusalem pendant près des deux-tiers de son
existence, qui se prolongea certainement jusqu’à l’époque de Léhi et
peut-être même jusqu’à celle de son fils Néphi [21]. Son titre Elat
(« déesse ») existe encore aujourd’hui dans le nom d’une grande station
balnéaire côtière israélienne et dans le nom israélien du golfe d’Akaba.
Il est très vraisemblable que Léhi et son groupe traversèrent ou longèrent
Elat après avoir quitté Jérusalem en direction du sud.
Mais
après l’exil babylonien d’Israël et son retour sous Esdras, l’opposition à
Ashéra devint universelle dans le judaïsme. En effet, la conception de
Yahweh qui se développait chez les Israélites semble, dans une certaine
mesure, avoir absorbé ses fonctions et ses épithètes, tout comme elle
avait précédemment absorbé celles du père de Yahweh, El [22]. C’est ainsi
qu’Ashéra fut fondamentalement éliminée de l’histoire d’Israël et du
judaïsme postérieur. Dans le texte de la Bible tel que nous le lisons
maintenant, filtré et refaçonné comme il semble l’avoir été par les
prêtres deutéronomistes réformateurs vers 600 av. J.-C., il reste des
indices de la déesse, mais il y a peu de choses qui survivent qui soient
susceptibles de nous donner une compréhension détaillée de sa personnalité
ou de sa nature [23].
Que
faut-il donc penser d’Ashéra ? L’opposition à sa vénération exprimée et
imposée par les deutéronomistes et les rois israélites réformateurs
indique-t-elle qu’elle était une corruption étrangère de la religion
hébraïque légitime ? Cela n’en a pas l’air. Rappelez-vous qu’Ézéchias
enleva à la fois l’ashéra et le Nehuschtan du temple de Jérusalem.
Le Nehuschtan n’était pas une intrusion païenne, mais était « le serpent
d’airain que Moïse avait fait », que les Israélites avaient soigneusement
conservé pendant près d’un millénaire jusqu’à ce que Ézéchias, heurté par
le culte idolâtre des « enfants d’Israël [qui brûlaient] de l’encens
devant lui » (2 Rois 18:4) l’ôta et le détruisit. En d’autres termes, le
Nehuschtan avait un passé illustre entièrement intérieur au monde
religieux d’Israël et il n’y a aucune raison de croire qu’il en allait
autrement pour l’ashéra à cet égard.
Ce qui
frappe dans la longue histoire de l’Ashéra d’Israël, c’est l’identité de
ceux qui ne s’opposaient pas à elle. Aucun prophète ne semble l’avoir
dénoncée avant le huitième siècle avant Jésus-Christ. Les grands prophètes
yahvistes Amos et Osée, véhéments dans leur dénonciation de Baal, ne
semblent pas avoir dénoncé Ashéra. L’école de réformateurs yahvistes
d’Élie-Élisée ne semble pas s’être opposée à elle. Bien que 400 prophètes
d’Ashéra aient mangé avec Jézabel en même temps que les 450 prophètes de
Baal, le célèbre concours d’Élie avec les prêtres de Baal, qui fut
spectaculairement fatal à ceux-ci, n’a rien à dire à propos des fervents
d’Ashéra, lesquels ne furent pas inquiétés. « Qu’est-il arrivé à Ashéra et
à ses prophètes ? » demande David Noel Freedman. « Rien [24]. » Au cours
des années suivantes, la campagne impitoyable contre Baal inspirée par
Élie et Élisée et menée par Jéhu laissa l’ashéra de Samarie debout.
Baal fut totalement éliminé, alors que la vénération de la déesse survécut
au royaume du nord [25]. »
La
croyance en Ashéra semble en fait avoir été une attitude conservatrice
dans l’Israël ancien ; sa critique était une nouveauté. Saul Olyan, notant
que « avant les rois réformateurs de Juda, l’ashéra semble avoir été tout
à fait légitime [25] », avance que l’opposition hébraïque ancienne à
Ashéra émanait entièrement du parti réformateur deutéronomiste ou de ceux
qui étaient fortement influencés par lui. Les autres factions de l’Israël
le plus ancien, dit Olyan, pensaient probablement que son culte n’était
pas quelque chose de mal et l’ont peut-être même adorée eux-mêmes [27].
(La plupart des savants considèrent le Deutéronome comme associé aux
réformes du roi judéen Josias au septième siècle av. J.-C. et un certain
nombre de spécialistes de l’histoire de Juda croient qu’il a été en fait
écrit à cette époque.) Parlant des figurines de déesses courantes que nous
avons déjà mentionnées, le professeur Dever fait cette réflexion : « Pour
ce qui est de l’idée que ces figurines, quoi qu’elles aient signifié,
étaient rares dans les cercles orthodoxes, Kathleen Kenyon a trouvé une
‘cache culte’ du 7e siècle av. J.-C., qui en contenait plus de
trois cent cinquante, dans une grotte à Jérusalem à moins de cent mètres
de la montagne du temple [28]. » (Il faut se rappeler que la date
attribuée à ces figurines fait d’elles au moins de proches contemporaines
de Léhi.)
Quel
était le rôle d’Ashéra dans les croyances religieuses de l’ancien Israël ?
Étant donné ce que nous avons déjà dit au sujet de l’histoire de la
religion cananéenne et israélite, « Ashéra a pu être l’épouse d’El, mais
pas de Yahweh à une époque reculée de la religion israélite [29]. » Mais
au cours des générations, la conception qu’avaient les Israélites de
Yahweh absorba les attributs d’El, père de Yahweh, et l’imagination du
peuple semble aussi avoir accordé à Yahweh la femme et épouse de son père.
« Il est bien connu, dit André Lemaire, que dans la religion israélite,
Yahweh a remplacé le grand dieu El comme dieu d’Israël. Si Yahweh a
remplacé El, il semblerait logique de supposer que sous l’influence
cananéenne, ashéra [c’est-à-dire les emblèmes matériels représentant la
déesse] aient remplacé Athirat [la déesse Ashéra] et que, du moins dans la
religion populaire de l’ancien Israël si pas dans la forme plus pure de
cette religion qu’exprime la Bible, ashéra ait rempli les fonctions
d’épouse ou de femme de Yahweh [30]. »
L’idée
qu’Ashéra était considérée comme la femme divine de Yahweh semble gagner
du terrain parmi les spécialistes de la religion israélite ancienne [31].
« On ne peut plus contester le fait que certains en Juda voyaient en
Ashéra son épouse », déclare Thomas Thompson [32]. « Ashéra était une
déesse qui allait de pair avec El et cette association fut léguée à la
religion israélite en vertu de l’identification de Yahweh à El [33] »,
selon Smith, tandis que Olyan dit que Ashéra semble avoir été considérée
comme l’épouse de Yahweh aussi bien dans la religion de l’État que dans la
religion publique, tant dans le royaume d’Israël au nord que dans le
royaume de Juda au sud [34]. Deux découvertes archéologiques récentes et
très controversées faites en Palestine appuient fortement cette thèse. La
première est Khirbet al-Qom, un site qui se trouve à environ treize
kilomètres à l’ouest de Hébron et à une bonne dizaine de kilomètres à
l’est-sud-est de Lakis, dans le territoire de l’ancienne Juda. Les
inscriptions paléo-hébraïques de Khirbet al-Qom peuvent remonter à entre
700 et 800 av. J.-C.[35]. Les savants s’accordent pour dire qu’elles nous
montrent au moins une partie de la religion populaire de leur époque [36].
La deuxième est Kuntillet ‘Arjud, qui était sans doute le poste avancé le
plus méridional du royaume de Juda. Cet endroit servait soit de
forteresse, soit d’étape pour les caravanes (ou les deux). Il se trouve
sur la frontière entre le sud du Néguev et la péninsule du Sinaï, non loin
de la route qui reliait Gaza à Elat. Les ruines archéologiques de
l’endroit montrent des influences du royaume d’Israël au nord et datent de
la fin du neuvième ou du début du huitième siècle av. J.-C., ce qui les
situerait pendant le règne de Joachaz, roi d’Israël, fils et successeur de
l’anti-Baaliste militant Jéhu [37].
Une
inscription découverte à Kuntillet ‘Ajrud était écrite à l’encre rouge sur
l’épaule d’un grand vase en argile. Elle semble avoir trait à « Yahweh de
Samarie et son Ashéra ». De l’autre côté du vase, il y a le dessin d’un
arbre de vie [38]. L’inscription funéraire de Khirbet al-Qom semble aussi
mentionner « Yahweh et son ashéra » (désignant, semble-t-il, un
objet de culte) ou, moins vraisemblablement, « Yahweh et son Ashéra » (où
l’allusion pourrait être directement à une déesse-épouse). C’est dans
l’optique de ces découvertes que l’archéologue William Dever a affirmé que
« des découvertes archéologiques récentes fournissent des textes et des
représentations picturales qui, pour la première fois, identifient
clairement ‘Ashéra’ comme l’épouse de Yahweh, au moins dans certains
milieux de l’Israël d’autrefois [39]. » Raphaël Patai déclare qu’elles
indiquent que « le culte d’Ashéra comme épouse de Yahweh (‘son Ashéra’ !)
faisait partie intégrante de la vie religieuse de l’ancien Israël avant
les réformes introduites par le roi Josias en 621 avant l’ère vulgaire
[40]. » David Noel Freedman le confirme : « Nos recherches montrent que le
culte d’une déesse, épouse de Yahweh, était profondément enraciné en
Israël et en Juda à l’époque préexilique [41]. »
De plus,
comme chez les Cananéens, Ashéra était aussi associée à la fertilité et à
la naissance humaines[42]. Une incantation hébraïque découverte à Arslan
Tash, en haute Syrie, datant du 7e siècle av. J.-C. (c-à-d de
la période juste avant la vision de Néphi), semble demander l’aide de la
déesse Ashéra pour une femme occupée à accoucher [43].
Concentrons-nous maintenant d’une manière plus précise sur la nature de la
vénération que l’on accordait chez les Israélites à l‘épouse divine.
Qu’était l’ashéra qui se trouvait dans le temple de Jérusalem et à
Samarie ? Ashéra était associée aux arbres [44]. Un support servant au
culte provenant de Ta’anakh, près de Megiddo, porte deux représentations
d’Ashéra, d’abord sous forme humaine, puis sous la forme d’un arbre sacré.
Elle est l’arbre [45]. Nous devrions peut-être ici repenser aux
figurines de déesses israélites : On se souviendra que la partie
supérieure de leur corps est incontestablement anthropomorphique et
féminine, mais que la partie inférieure de leur corps, contrairement à
celle de leurs homologues cananéennes, est une simple colonne. William
Dever pense que cette partie inférieure du corps en forme de colonne
représente un tronc d’arbre [46]. Et pourquoi pas ? Ashéra « est une
déesse des arbres et comme telle est associée au chêne, au tamaris, au
palmier-dattier, au sycomore et à beaucoup d’autres espèces. Cette
association a amené à l’identifier aux arbres sacrés ou à l’arbre de vie
[47]. » Les auteurs rabbiniques de la Mishna juive (2e-3e
siècles apr. J.-C.) expliquent l’ashéra comme étant un arbre que
l’on adorait [48].
L’ashéra,
sans majuscule, était communément une représentation gravée en bois,
peut-être une sorte de poteau. Malheureusement, du fait qu’elle était en
bois, aucun exemplaire archéologique direct n’a survécu [49]. Mais nous
savons, grâce aux données bibliques, que l’objet pouvait être fixé
(Deutéronome 16:21) de sorte qu’il était debout (2 Rois 13:6), mais qu’on
pouvait aussi l’arracher (Michée 5:13 Bible de Jérusalem), le couper
(Exode 34:13, Bible de Jérusalem) et le brûler (Deutéronome 12:3). [NdT :
Segond n’emploie pas le mot ashéra, il le remplace par « idoles ». La
Bible de Jérusalem emploie l’expression « pieux sacrés ».) Il était très
probablement en bois et symbolisait un arbre. C’était peut-être un arbre
stylisé [50]. Il n’était pas rare dans le Proche-Orient ancien qu’un dieu
ou une déesse soit assimilé à son symbole et Ashéra ne devait pas faire
exception : elle était à la fois déesse et symbole religieux. Elle
était l’ « arbre » [51].
La
menora, le chandelier à sept branches, qui fut pendant des siècles dans le
temple de Jérusalem, constitue un parallèle intéressant à tout ceci : Leon
Yarden affirme qu’elle représente un amandier stylisé. Il attire
l’attention sur la blancheur remarquablement radieuse de l’amandier à
certains moments de son cycle de vie. Il avance aussi l’argument que le
nom grec archaïque de l’amande (amygdalê, que l’on retrouve dans sa
désignation botanique actuelle, amigdalis communis), qui n’est
presque certainement pas un mot d’origine grecque, découle très
vraisemblablement de l’hébreu em gdola, signifiant « Grande Mère »
[52].
«
L’iconographie de l’ashéra à l’âge du bronze récent, écrit Mark Smith,
suggère qu’elle représentait les dimensions maternelle et nourricière de
la divinité » [53]. Raphaël Patai a attiré l’attention sur les parallèles
entre la dévotion juive à l’égard de diverses divinités féminines et
quasi-divinités au cours des siècles, en commençant par Ashéra et la
vénération catholique populaire de Marie, mère de Jésus [54]. Chose
intéressante, il apparaît qu’Ashéra, « déesse mère par excellence », a pu
être, chose paradoxale, considérée comme vierge [55]. La déesse punique
Tannit, que Saul Olyan a identifiée à l’Ashéra israélite-cananéenne,
l’épouse d’El, mère et nourrice des dieux, était décrite comme étant
vierge et symbolisée par un arbre [56].
Il
devrait être maintenant évident pourquoi Néphi, un Israélite vivant à la
fin du 7e siècle et pendant le début du 6e siècle
av. J.-C., a pu reconnaître la réponse à sa question concernant un arbre
merveilleux grâce à l’image, donnée sans explication, d’une mère vierge et
de son enfant divin. Ce n’est pas que ce qu’il a vu et la façon dont il
l’a interprété aient été parfaitement évidents. Ce qu’il a « lu » dans la
vision symbolique était teinté par sa culture. La version copte du
document appelé Apocalypse de Paul montre comment l’interprétation
culturelle façonne le sens. Ce document, qui est probablement originaire
d’Égypte et date du milieu du 3e siècle de l’ère chrétienne,
relate une vision du grand apôtre qui, du moins dans ce détail, ressemble
de manière frappante à la vision de Néphi : « Et il [l’ange] me montra
l’Arbre de Vie, fait dire le texte à Paul, et c’était une épée tournante
portée au rouge. Et une Vierge apparut près de l’arbre, et trois anges qui
chantaient des cantiques à son nom, et l’ange dit que c’était Marie, la
Mère du Christ [57]. » Mais la vision de Néphi va même plus loin et
identifie Marie à l’arbre. Cet élément supplémentaire semble découler
précisément de la culture palestinienne préexilique dans laquelle, nous
dit le Livre de Mormon, Néphi était né.
Bien
entendu, Marie, la vierge de Nazareth vue par Néphi, n’était pas
littéralement Ashéra. Elle était, comme le guide de Néphi le souligne
soigneusement, simplement « selon la chair, la mère du Fils de Dieu
» [58]. Mais elle était le symbole mortel parfait de la mère du Fils de
Dieu.
ASHERA
ET LA LITTERATURE BIBLIQUE DE LA SAGESSE
Ashéra
est également liée à la Bible d’une tout autre manière. Nous allons
examiner un passage de la Bible qui semble avoir trait à elle tout en
présentant aussi plusieurs parallèles intéressants avec les visions de
Léhi et de Néphi.
Les
spécialistes de la Bible reconnaissent un type d’écrits, que l’on trouve
aussi bien dans les ouvrages canoniques standard (p. ex. Job, Proverbes,
Ecclésiaste, Cantique des Cantiques) qu’en dehors du canon, qu’ils
appellent « littérature de la sagesse ». Parmi les caractéristiques de ce
type d’écrits, il ne faut pas s’étonner de trouver fréquemment utilisé le
terme sagesse. Mais ce qui est également commun à ce genre de
littérature et qui est très frappant dans les textes appartenant à un
milieu culturel hébreu, c’est l’absence de thèmes typiquement israélites
ou juifs. On n’y trouve rien sur les promesses faites aux patriarches,
l’histoire de Moïse et l’Exode, l’alliance au Sinaï ou la promesse divine
que la royauté appartiendrait à David. Au lieu de cela, l’accent y est
fortement mis sur les enseignements des parents et spécialement sur celui
dispensé par les pères [59]. Ceux qui lisent avec soin remarqueront que
toutes ces caractéristiques sont présentes dans les récits des visions de
Léhi et de Néphi rapportés dans le Livre de Mormon.
La Bible
présente deux sources terrestres principales de sagesse. La sagesse est
censée venir de « l’orient », terme par lequel il faut presque
certainement entendre le désert syro-arabe, et de l’Égypte [60]. (Le livre
de Job, par exemple, se déroule en « orient » et on n’y trouve aucune
trace d’usages spécifiquement israélites ou hébraïques.) [61]. Ceci
rappelle les deux influences extérieures à Israël - l’Égypte et le désert
- que le Livre de Mormon et les recherches des saints des derniers jours
ont identifiées pour la famille de Léhi et de Néphi [62]. Il est peut-être
significatif qu’un passage du livre des Proverbes (31:1-9) affirme
représenter les « paroles de Lémuel » - en utilisant un nom que l’on ne
trouve que parmi les fils de Léhi, mais qui a aussi sa place dans le
désert arabe.
Certains
autres motifs communs à la littérature de la sagesse caractérisent aussi
l’ensemble du Livre de Mormon. Par exemple, les livres de la sagesse,
qu’ils soient canoniques ou extra-canoniques, se soucient beaucoup de
l’usage correct ou incorrect du discours [63]. Le livre des Proverbes met
en garde contre la séduction dangereuse de « l’étrangère
qui emploie des paroles doucereuses » et nous recommande : « Ne te mêle
pas avec celui qui ouvre ses lèvres » [64]. La « flatterie » et les «
paroles rusées », généralement utilisées à des fins mauvaises et dans le
but de tromper sont également une préoccupation récurrente de l’ouvrage néphite [65]. Un autre thème que l’on retrouve à la fois dans le Livre de
Mormon et dans la littérature de la sagesse du Proche-Orient est l’idée
que la sagesse ou la justice apportent la prospérité, alors que la sottise
ou la méchanceté conduisent à la souffrance et à la destruction [66]. Le
vocabulaire de Proverbes 1-6, qui met l’accent sur la science,
l’intelligence, la justice, le discernement et la connaissance,
s’apparente manifestement à d’importants messages du Livre de Mormon en
général et aux visions de Léhi et de Néphi en particulier. De même,
Proverbes 3:1-12 se concentre sur le besoin que nous avons « d’entendre »
la sagesse inspirée ainsi que sur la promesse de « la vie » et notre
devoir de faire confiance au Seigneur plutôt que d’être sages à nos
propres yeux [67]. On peut aussi retrouver des exemples nombreux de
chacune de ces exhortations dans tout le texte du Livre de Mormon, en
particulier l’invitation que nous lance maintes fois Néphi de mettre notre
confiance dans le Seigneur plutôt que dans « le bras de la chair » [68].
Dans la vision que Néphi a de l’arbre de vie, le « grand et spacieux
édifice » symbolise la sagesse et l’orgueil du monde qui tomberont [69].
Mais
parmi les correspondances intéressantes entre l’antique littérature de la
sagesse du Proche-Orient et le Livre de Mormon, il y en a une qui présente
un intérêt particulier pour le présent article. La sagesse elle-même est
représentée dans Proverbes 1-9 comme une personne de sexe féminin [70]. En
effet, ici et ailleurs dans la littérature hébraïque et juive anciennes,
la Sagesse apparaît comme la femme de Dieu, ce qui ne peut que nous
rappeler Ashéra [71]. Elle a peut-être même pu jouer un rôle dans la
Création : « C’est par la sagesse que l’Éternel a fondé la terre », dit
Proverbes 3:19. « Comme le symbole de l’ashéra, la Sagesse est une figure
féminine, donneuse de vie et nourricière [72]. » En fait, comme Steve A.
Wiggins le fait remarquer à propos d’Ashéra elle-même, « Elle est la
Sagesse, la première création de Dieu [73]. » Le texte classique sur le
sujet se trouve dans Proverbes 8:22-34.
« L'Éternel m'a créée la première de ses œuvres, Avant ses œuvres
les plus anciennes.
J'ai été établie depuis l'éternité, Dès le commencement, avant
l'origine de la terre.
Je fus enfantée quand il n'y avait point d'abîmes, Point de sources
chargées d'eaux;
Avant que les montagnes soient affermies, Avant que les collines
existent, je fus enfantée;
Il n'avait encore fait ni la terre, ni les campagnes, Ni le premier
atome de la poussière du monde.
Lorsqu'il disposa les cieux, j'étais là; Lorsqu'il traça un cercle
à la surface de l'abîme,
Lorsqu'il fixa les nuages en haut, Et que les sources de l'abîme
jaillirent avec force,
Lorsqu'il donna une limite à la mer, Pour que les eaux n'en
franchissent pas les bords, Lorsqu'il posa les fondements de la terre,
J'étais à l'œuvre auprès de lui, Et je faisais tous les jours ses
délices, Jouant sans cesse en sa présence,
Jouant sur le globe de sa terre, Et trouvant mon bonheur parmi les
fils de l'homme.
Et maintenant, mes fils, écoutez-moi, Et heureux [ashre]
ceux qui observent mes voies!
Écoutez l'instruction, pour devenir sages, Ne la rejetez pas.
Heureux [ashre] l'homme qui m'écoute, Qui veille chaque jour
à mes portes, Et qui en garde les poteaux! »
L’utilisation du mot hébreu ashre dans ce contexte - de la même
racine (‘shr) qui est à la base du mot ashéra - est
probablement importante [74]. « Heureux [ashre] l’homme qui a
trouvé la sagesse » (Proverbes 3:13). Il y a peut-être un jeu de mots du
même genre derrière le mot heureux dans 1 Néphi 8:10 et peut-être
même derrière joie et joyeuse dans 1 Néphi 8:12 et 11:23.)
[75]. Un autre fait qui vaut d’être relevé est que « l’arbre de vie, qui
rappelle l’ashéra, apparaît dans la tradition israélite comme une
expression métaphorique pour désigner la sagesse. » En effet, Marl Smith
voit dans Proverbes 3:13-18 un « chiasme évident » dans lequel les «
termes internes » essentiellement équivalents sont hokma (sagesse)
et ‘ets-hayim (arbre de vie) [76]. Le livre apocryphe de
l’Ecclésiastique, que l’on appelle aussi la Sagesse de Jésus Ben Sira,
utilise divers arbres pour symboliser la Sagesse (24:12-19). « La racine
de la sagesse, c’est de craindre le Seigneur », dit Ecclésiastique 1:20
(Bible de Jérusalem) et « et sa frondaison, c’est une longue vie. » «
Elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent, Et ceux qui
la possèdent sont heureux [me’ushshar] [77] » (Proverbes 3:18).
Le lecteur attentif remarquera plusieurs parallèles entre le
langage de Proverbes 1-9 et celui des visions de 1 Néphi. Notez, par
exemple, dans Proverbes 3:18, cité plus haut, l’image de « saisir », qui
rappelle la barre de fer des visions de Léhi et de Néphi [78]. Le texte de
Proverbes 3:18, dans la Bible de Jérusalem, parle de la saisir et de la
tenir, de la même manière que les visions de Léhi et de Néphi parlent de «
se saisir de » et de « s’agripper à » la barre de fer. Proverbes 4:13,
dans la Bible de Jérusalem, nous recommande : « Saisis la discipline, ne
la lâche pas, garde-la, c’est ta vie. » L’apocryphe de Baruch 4:1 déclare
que « quiconque la garde [la Sagesse] vivra, quiconque l’abandonne mourra.
» De plus les conseils des Proverbes aussi bien que les images du songe de
Léhi s’adressent expressément aux jeunes, spécifiquement aux fils ou aux
enfants [79]. (« Oh ! souviens-toi, mon fils », dit Alma 37:35, faisant
écho à ce thème, « et apprends la sagesse dans ta jeunesse ; oui, apprends
dans ta jeunesse à garder les commandements de Dieu. ») Les Proverbes,
aussi bien que 1 Néphi, utilisent constamment les images des « chemins »,
« sentiers » et de « marcher » et mettent en garde contre le fait de «
s’égarer » et de « errer sur des routes étranges » [80]. Proverbes 3:17
déclare que « ses voies [celles de la sagesse] sont des voies agréables,
et tous ses sentiers sont paisibles. » Dans la tradition néphite
ultérieure, le roi Benjamin parle de « l’Esprit du Seigneur » qui «
[guide] dans les sentiers de la sagesse » (Mosiah 2:36) et Mormon déplore
« comme [les gens] sont lents à marcher dans les sentiers de la sagesse »
(Hélaman 12:5).
Les Proverbes
représentent les paroles de la Sagesse comme étant « claires », une
caractéristique maintes fois louée dans tout 1 Néphi, particulièrement
dans le récit de la vision de Néphi et dans tout 2 Néphi [81].
L’expression claires et précieuses qui se répète dans le récit de
Néphi racontant son expérience avec l’ange qui le guide [82], pourrait
constituer une excellente description de la « Sagesse » biblique.
L’expression claires et pures, et extrêmement précieuses dans 1
Néphi 14:23 est encore mieux indiquée. Dans Proverbe 8:19, la Sagesse
déclare : « Mon fruit est meilleur que l’or, que l’or pur » [83]. « Elle
est plus précieuse que les perles », dit Proverbes 3:15, « elle a plus de
valeur que tous les objets de prix. » « La sagesse, déclare Ecclésiastique
4:11, élève ses enfants ». De la même manière, l’arbre de Léhi et de Néphi
est « précieux par-dessus tout » (1 Néphi 11:9) - « un arbre dont le fruit
était désirable pour rendre heureux » (1 Néphi 8:10), « plus désirable que
tous les autres fruits » (1 Néphi 8:12, 15 ; comparer avec 11:22). Par
conséquent, il n’y a pas de prix trop élevé à payer si cela nous permet
d’atteindre la sagesse. « Je vous le dis, déclare Alma le Jeune aux
pauvres d’entre les Zoramites, au cours d’un exposé centré sur une semence
et sur l’arbre de vie qui pouvait en sortir si on le nourrissait, « il est
bon que vous soyez chassés de vos synagogues, afin que vous soyez humbles
et que vous appreniez la sagesse » (Alma 32:12). Assurée de la qualité de
ce qu’elle a à offrir, la sagesse, selon les Proverbes, invite les autres
à en profiter :
« La sagesse crie dans les rues, Elle élève sa voix dans les
places:
Elle crie à l'entrée des lieux bruyants; Aux portes, dans la ville,
elle fait entendre ses paroles [84].
« La sagesse ne crie-t-elle pas? L'intelligence n'élève-t-elle pas
sa voix?
C'est au sommet des hauteurs près de la route, C'est à la croisée
des chemins qu'elle se place;
À côté des portes, à l'entrée de la ville, À l'intérieur des
portes, elle fait entendre ses cris [85]
« Elle a envoyé ses servantes, elle crie Sur le sommet des hauteurs
de la ville [86] »
Et cependant, malgré sa situation élevée, la Sagesse doit affronter
les « moqueurs », ce qui doit certainement rappeler au lecteur de 1 Néphi
ceux qui se trouvent dans le « grand et spacieux édifice », qui regardent
avec mépris les saints qui s’avancent pour prendre du fruit de l’arbre de
vie [87]. Ce bâtiment semble représenter l’alternative humaine à la vraie
sagesse, la sagesse divine de Dieu : Néphi écrit qu’il symbolise « le
monde et sa sagesse » (1 Néphi 11:35).
La sagesse représente la vie, tandis que le manque de sagesse
conduit à la mort [88]. (Il est possible que la juxtaposition d’un arbre
vivant et nourricier dans 1 Néphi avec l’édifice inanimé du haut duquel se
penchent les profanes pour exprimer leur dédain vise à faire ressortir
ceci.) « Car les hommes droits habiteront le pays, Les hommes intègres y
resteront; Mais les méchants seront retranchés du pays, Les infidèles en
seront arrachés. » [89]. « Car celui qui me trouve a trouvé la vie », dit
la Sagesse dans Proverbes 8:35-36, « et il obtient la faveur de l'Éternel.
Mais celui qui pèche contre moi nuit à son âme; Tous ceux qui me haïssent
aiment la mort. » En fait le pécheur tombe dans les griffes de la « femme
étrangère », la rivale de Dame Sagesse : « Car sa maison penche vers la
mort, Et sa route mène chez les morts: Aucun de ceux qui vont à elle ne
revient, Et ne retrouve les sentiers de la vie. [90] » Ammon, dans le
Livre de Mormon, rappelle en des termes très semblables l’avertissement
des Proverbes : «
Oh! comme elles sont merveilleuses, les œuvres du Seigneur,
et comme il est longanime envers son peuple; oui, et comme elle est
aveugle et impénétrable, l'intelligence des enfants des hommes; car ils ne
cherchent pas la sagesse ni ne désirent qu'elle les gouverne! » (Mosiah
8:20). Ecclésiastique 4:19 dit à propos de la
Sagesse et de celui qui s’en égare, qu’elle l’abandonnera et le livrera à
son sort. Dans la vision de Léhi, ceux qui ont rejeté le fruit de l’arbre
« tombèrent dans des sentiers interdits et se perdirent » (1 Néphi 8:28)
ou « furent noyés dans les profondeurs de la source » (1 Néphi 8:32). «
Beaucoup disparurent à ses yeux, errant sur des routes étranges » (1 Néphi
8:32). C’est par crainte de ce résultat possible qu’après avoir pris du
fruit de l’arbre, Léhi désira que sa famille en mange aussi (voir 1 Néphi
8:12). Dans le même ordre d’idées, Ecclésiastique 4:16 nous dit que celui
qui sert la Sagesse « l’aura en partage, et sa postérité en conservera la
jouissance. »
Dans 1 Néphi 8:13-14, l’arbre de Léhi est associé à une rivière et
à une source d’eau. « Les symboles de la source et de l’arbre de vie sont
fréquents » aussi dans la littérature de la sagesse [91]. Néphi lui-même,
dans 1 Néphi 11:25, assimile « l’arbre de vie » à « la source d’eaux vives
», « lesquelles eaux, dit-il, sont une représentation de l’amour de Dieu.
» « Et je vis aussi, poursuit-il, que l’arbre de vie était une
représentation de l’amour de Dieu. »
L’inclusion dans 1 Néphi de deux symboles religieux authentiquement
préexiliques (Ashéra et la Sagesse) que le jeune garçon de ferme de New
York qu’était Joseph Smith n’aurait pas pu tirer de la Bible suggère
fortement que le Livre de Mormon est véritablement un document historique
ancien écrit dans la tradition sémitique.
NOTES
1. Michael D.
Coogan, “Canaanite Origins and Lineage: Reflections on the Religion of
Ancient Israel”, dans Ancient Israelite Religion: Essays in Honor of
Frank Moore Cross, dir. de publ.
Patrick D.
Miller Jr., Paul D. Hanson et S. Dean McBride, Philadelphia, Fortress
Press, 1987, p. 115. Comparer avec William G. Dever, Recent
Archaeological Discoveries and Biblical Research, Seattle, University
of Washington Press, 1990, pp. 121, 128, 166.
2. Frank
Moore Cross Jr., «Yahweh and the God of the Patriarchs », Harvard
Theological Review 55, 1962, p. 240.
3. Id., pp.
234, 241-242.
4. Voir Mark
S. Smith, The Early History of God: Yahweh and the Other Deities in
Ancient Israel, San Francisco, Harper & Row, 1990, p. 7; et Margaret
Barker, The Great Angel: A Study of Israel»s Second God,
Louisville, Westminster/John Knox Press, 1992).
5. Voir
Smith, The Early History of God, xxiii, xxvii, pp. 8-11, 15, 21,
22, 23, 163; Raphael Patai, Hebrew Goddess, 3e éd., Detroit, Wayne
State University Press, 1990, p. 133; Cross, «Yahweh and the God of the
Patriarchs», 253-257; Otto Eissfeldt, «El and Yahweh», Journal of
Semitic Studies 1, 1956, pp. 25-37.
6. Voir John
Day, «Asherah in the Hebrew Bible and Northwest Semitic Literature»,
Journal of Biblical Literature 105/3, 1986, pp. 385-87, 398; Steve A.
Wiggins, «The Myth of Asherah: Lion Lady and Serpent Goddess»,
Ugarit-Forschungen: Internationales Jahrbuch für die Altertumskunde
Syrien-Palästinas 23, 1991, p. 384; et Steve A. Wiggins, A
Reassessment of «Asherah»: A Study according to the Textual Sources of the
First Two Millennia B.C.E., Kevelaer, Allemagne, Butzon und Bercker,
1993, p. 192.
7. Voir J.
C. de Moor, «asherah», dans G. Johannes Botterweck et Helmer Ringgren,
dir. de publ.., Theological Dictionary of the Old Testament, Grand
Rapids, Mich., Eerdmans, 1974, 1:439.
Concernant Ashéra comme nourrice divine, voir Wiggins, Reassessment of
«Asherah», 26-27, 71, 76, 89, 190; en ce qui concerne son aspect
maternel, voir pp. 37, 71, 89.
8. Wiggins,
Reassessment of «Asherah», pp. 27, 71, 108-110, 131, 190.
9. Voir John
Wilson Betlyon, «The Cult of Aserah/Elat at Sidon», Journal of Near
Eastern Studies 44/1, 1985, pp. 53-56; comparer avec de Moor, «asherah»,
1:440 et Day, «Asherah in the Hebrew Bible», pp. 387-388.
10. Hugh
Nibley, An Approach to the Book of Mormon, 3e éd., Salt lake City,
Deseret Book et FARMS, 1988, p. 47.
11. Voir
Patai, Hebrew Goddess, 34; Manfred Dietrich et Oswald Loretz, «Jahwe
und seine Aschera»: Anthropomorphes Kultbild in Mesopotamien, Ugarit und
Israel: Das biblishe Bilderverbot, Munster, UGARIT-Verlag, 1992, p.
120; Wiggins, Reassessment of «Asherah», p. 149.
12. Voir
Dever, Recent Archaeological Discoveries, 157-159.
13. Voir
Patai, Hebrew Goddess, p. 39 et Thomas L. Thompson, «The
Intellectual Matrix of Early Biblical Narrative: Inclusive Monotheism in
Persian Period Palestine», dans The Triumph of Elohim: From Yahwisms to
Judaisms, dir. de publ. Diana Vikander Edelman, Grand Rapids, Mich.,
Eerdmans, 1996, p. 119 n. 13.
14. Voir
Smith, Early History of God, pp. 6, 145.
15. Voir
Patai, Hebrew Goddess, pp. 47, 52.
16. Voir J.
Glen Taylor, Yahweh and the Sun: Biblical and Archaeological Evidence
for Sun Worship in Ancient Israel, Sheffield: JSOT Press, 1993, pp.
58-59 et Erhard S. Gerstenberger, Yahweh-The Patriarch: Ancient
Images of God and Feminist Theology, trad. Frederick J. Gaiser,
Minneapolis, Fortress Press, 1996, p. 66.
17. J. Glen
Taylor, «The Two Earliest Known Representations of Yahweh», dans
Ascribe to the Lord: Biblical and Other Studies in Memory of Peter C.
Craigie, dir. de publ. Lyle Eslinger et Glen Taylor, Journal for the
Study of the Old Testament Supplement Series 67, Sheffield, JSOT Press,
1988, p. 566.
18. David
Noel Freedman, «Yahweh of Samaria and His Asherah», Biblical
Archaeologist 50/4, décembre 1987, p. 248; voir Herbert Niehr, «The
Rise of YHWH in Judahite and Israelite Religion», dans Edelman, Triumph
of Elohim, dir. de publ. Edelman, pp. 57, 59.
19. Voir
Edelman, «Introduction», dans Triumph of Elohim, p. 19 et Lowell K.
Handy, «The Appearance of Pantheon in Judah», dans Triumph of Elohim,
dir. de publ.
Edelman,
pp. 27-43.
20. En
permutant les rôles de la mère et du père, Jérémie 2:27 se moque de la
vénération d’Ashéra. Voir Saul M. Olyan, «The Cultic Confessions of Jer
2,27a», Zeitschrift für alttestamentliche Wissenschaft 99, 1987,
pp. 254-259.
21. Voir
Patai, Hebrew Goddess, pp. 39, 41-42, 45-52; Wiggins,
Reassessment of «Asherah», p. 125; Smith, Early History of God,
pp. 80, 94; Saul M. Olyan, Asherah and the Cult of Yahweh in Israel,
Atlanta, Scholars Press, 1988, pp. 19, 70-72; et beaucoup d’autres
sources.
22. Smith,
Early History of God, pp. 98, 161-163; comparer avec Gerstenberger,
Yahweh -The Patriarch, pp. 92, 136.
23. Wiggins,
Reassessment of «Asherah», p. 130.
24.
Freedman, «Yahweh of Samaria and His Asherah», p. 248. Voir 1 Rois
18:1-46.
25. Voir 2
Rois 10:18-28; 13:6; voir aussi Olyan, Asherah and the Cult of Yahweh,
p. 4; Patai, Hebrew Goddess, pp. 43-46; et Smith, Early History
of God, p. 80.
26. Olyan,
Asherah and the Cult of Yahweh, p. 73.
27. Voir
id., pp. 3-4, 9, 13-14, 22, 33, 43, 73-74; Smith, Early History of God,
p. 150; Olyan, «The Cultic Confessions of Jer 2,27a», p. 257; et Baruch
Halpern, ««Brisker Pipes Than Poetry»: The Development of Israelite
Monotheism», dans Judaic Perspectives on Ancient Israel, dir. de
publ. Jacob Neusner, Baruch A. Levine et Ernest S. Frerichs, Philadelphia,
Fortress Press, 1987, p. 83.
28. Dever,
Recent Archaeological Discoveries, p. 159.
29. Smith,
Early History of God, p. 89.
30. André
Lemaire, «Who or What Was Yahweh’s Asherah», Biblical Archaeology
Review 10/6, 1984, p. 46.
31. Voir
Olyan, Asherah and the Cult of Yahweh, xiv, p. 74; et William Dever,
«Is the Bible Right After All», interview par Hershel Shanks, Biblical
Archaeology Review 22/5, sept./oct. 1996, p. 37.
32.
Thompson, «The Intellectual Matrix of Early Biblical Narrative», p. 119 n.
10.
33. Smith,
Early History of God, p. 19; comparer avec pp. 89, 92-93; et Olyan,
Asherah and the Cult of Yahweh, xiv.
34. Olyan,
Asherah and the Cult of Yahweh, pp. 29, 33-34, 38, 74.
35. Voir
Lemaire, «Who or What Was Yahweh’s Asherah», pp. 42, 44; André Lemaire,
«Les inscriptions de Khirbet el-Qum et l’asherah de YHWH», Revue
biblique 84, 1977, pp. 602-603, cf. pp. 596, 597); Ziony Zevit, «The
Khirbet el-Qum Inscription Mentioning a Goddess», Bulletin of the
American Schools of Oriental Research 255, 1984, p. 39; Olyan,
Asherah and the Cult of Yahweh, p. 23; et Day, «Asherah in the Hebrew
Bible», p. 394.
36. Voir
Lemaire, «Les inscriptions de Khirbet el-Qum et l’asherah de YHWH», p.
608; Lemaire, «Who or What Was Yahweh’s Asherah», pp. 44, 51; et Freedman,
«Yahweh of Samaria and His Asherah», pp. 246-249.
37.
Freedman, «Yahweh of Samaria and His Asherah», p. 248.
38. Voir
Ze’ev Meshel, «Did Yahweh Have a Consort», Biblical Archaeology Review
5/2, 1979, p. 31; William G. Dever, «Asherah, Consort of Yahweh? New
Evidence from Kuntillet ‘Ajrud», Bulletin of the American Schools of
Oriental Research 255, 1984, pp. 26-27; Dever, Recent
Archaeological Discoveries, pp. 140-149, qui traite des découvertes
faites à Kuntillet ‘Ajrud.
39. Dever, «Asherah,
Consort of Yahweh», p. 21; comparer avec p. 30. Voir aussi Olyan, «Cultic
Confessions of Jer 2,27a», pp. 257, 259; Dever, «Is the Bible Right After
All?», p. 37; Brian B. Schmidt, «The Aniconic Tradition: On Reading Images
and Viewing Texts», dans Triumph of Elohim, dir. de publ.
Edelman, pp.
75-105; et Gerstenberger, Yahweh -The Patriarch, pp. 33-34.
40. Patai,
Hebrew Goddess, pp. 52-53; comparer avec Gerstenberger, Yahweh
-The Patriarch, pp. 33-34.
41.
Freedman, «Yahweh of Samaria and His Asherah», p. 249; comparer avec Day,
«Asherah in the Hebrew Bible», p. 392; et Niehr, «Rise of YHWH in Judahite
and Israelite Religion», pp. 54-55, 59.
Voir
Proverbes 8:22-34. Cette image qui est en train de se dégager de
recherches toutes récentes - un Dieu sur son trône, qui est assis avec son
épouse au milieu d’un conseil divin composé de ses enfants, qui se
rattachent au soleil, à la lune et aux étoiles, jette un éclairage
fascinant sur la vision de Léhi rapportée dans 1 Néphi 1:9-11. Le texte
décrit «
un Être
descendant du milieu du ciel », dont le resplendissement surpassait celui
du soleil à midi » et qui était suivi de douze autres dont « l’éclat
dépassait celui des étoiles du firmament » et qui alors « descendirent et
s'en allèrent sur la surface de la terre ». Il est clair qu’il s’agit ici
du Sauveur, Jésus-Christ, et de ses douze apôtres.
(Taylor,
dans tout son livre, Yahweh and the Sun, démontre un lien antique
entre Yahweh ou Jéhovah [que les saints des derniers jours identifient
comme étant le Jésus-Christ prémortel] et le soleil.) Cependant, quand on
la lit à la lumière des découvertes bibliques récentes, l’histoire de la
vision de Léhi semble également impliquer des notions de l’existence
prémortelle et du lignage littéralement divin de l’humanité dont on
suppose souvent qu’elles ne sont apparues qu’au cours du développement
doctrinal ultérieur du mormonisme.
42. Voir
Dever, «Is the Bible Right After All?», p. 36; et Patai, Early History
of God, p. 52.
43. Cité
dans Patai, Hebrew Goddess, p. 39.
44. Voir
id., p. 49; et Day, «Asherah in the Hebrew Bible», p. 397.
45. Voir
Taylor, «The Two Earliest Known Representations of Yahweh», pp. 558-560,
565 n. 19; Taylor, Yahweh and the Sun, p. 29; Dever, «Asherah,
Consort of Yahweh?», p. 27; et de Moor, «asherah», 1:441-443.
Wiggins,
Reassessment of «Asherah», p. 13, pense que les Hébreux anciens
devaient distinguer Ashéra dans l’arbre de vie du jardin d’Eden.
46.
William G. Dever, conférence à l’université Brigham Young, 14 février
1997.
47. Steve
A. Wiggins, «The Myth of Asherah: Lion Lady and Serpent Goddess»,
Ugarit-Forschungen: Internationales Jahrbuch für Altertumskunde Syrien-Palästinas
23, 1991, p. 383, avec des références.
48. Voir
Day, «Asherah in the Hebrew Bible», pp. 397-398; 401-404, avec des
références.
49. Voir
Wiggins, Reassessment of «Asherah», p. 92.
50. Voir
id., pp. 94-95, 101, 109, 129, avec des références rabbiniques);
Patai, Hebrew Goddess, pp. 38-39, 42, 45, 48; Smith, The Early
History of God, pp. 81-85; et Olyan, Asherah and the Cult of Yahweh,
p. 13.
51. Voir
Olyan, Asherah and the Cult of Yahweh, pp. 26, 28, 31-32; W. L.
Reed, «Asherah», dans George Arthur Buttrick, dir. de publ., The
Interpreter’s Dictionary of the Bible, Nashville, Abingdon, 1962,
1:250-252; de Moor, «asherah», 1:441; Day, «Asherah in the Hebrew Bible»,
p. 408; et Dietrich et Loretz, «Jahwe und seine Aschera», pp.
82-85, 99.
52. Leon
Yarden, The Tree of Light: A Study of the Menorah, the Seven-Branched
Lampstand, Uppsala, Suède, Skriv Service AB, 1972, pp. 44-47,
103-106.
53. Smith,
The Early History of God, p. 84; comparer avec Wiggins,
Reassessment of «Asherah», pp. 37, 71, 89; et Erich Neumann, The
Great Mother: An Analysis of the Archetype, trad. Ralph Mannheim,
Princeton, Princeton University Press, 1983, pp. 48-50, 52, 241-243.
54. Patai,
Hebrew Goddess, pp. 20, 116, 139-140, 151-152, 199, 265, 280.
55. Citant
Olyan, Asherah and the Cult of Yahweh, p. 57 n. 82; comparer avec
Olyan, «Cultic Confessions of Jer 2,27a», p. 259.
56. Olyan,
Asherah and the Cult of Yahweh, pp. 56-61, 65-67.
57. Voir
Ernest A. Wallis Budge, Egyptian Tales and Romances: Pagan, Christian
and Muslim, Londres, Thornton Butterworth, 1935, p. 280.
58. 1
Néphi 11:18; italiques ajoutés.
59. Voir
Roland E. Murphy, The Tree of Life: An Exploration of Biblical Wisdom
Literature, 2e éd., Grand Rapids, Mich., Eerdmans, 1996, pp. 14, 103.
60. Voir,
par exemple, 1 Rois 4:29-34; Job 1:3; comparer avec Murphy, Tree of
Life, pp. 23-25, 175, 195.
61. Voir
Murphy, Tree of Life, p. 33.
62. Voir 1
Néphi 1:2; et Nibley, Lehi in the Desert; The World of the Jaredites;
There Were Jaredites, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1988,
pp. 34-42.
63. Voir
Murphy, Tree of Life, p. 22.
64.
Proverbes 2:16, comparer avec 6:24; 7:5, 21-23); 20:19, comparer avec
12:6; 26:28; 29:5). Voir aussi Psaumes 5:9; 12:2; 78:36.
65. Voir,
par exemple, 2 Néphi 28:22; Jacob 7:2, 4; Mosiah 7:21; 9:10; 10:18; 11:7;
26:6; 27:8; Alma 20:13; 30:47; 46:5, 7, 10; 50:35; 52:19; 61:4; Hélaman
1:7; 2:4-5; 13:28; 3 Néphi 1:29; 7:12; Éther 8:2. Daniel 11:21 résume bien
un effet fréquent de la flatterie dans le Livre de Mormon.
66. Voir
Murphy, Tree of Life, p. 15, pour ce thème dans le Proche-Orient
ancien.
67.
Comparer avec Proverbes 26:12.
68. 2
Néphi 4:34; 28:31.
69. Voir
1 Néphi 11:35-36.
70. Voir
Proverbes 1:20-21; 4:5-9, 13; 7:4; 8:1-3, 22-36; 9:1-3. Le terme hébreu
traduit par « sagesse » hokma, est, bien entendu, un nom féminin.
Murphy, dans Tree of Life, pp. 133-149 et d’un bout à l’autre,
propose un traité utile, sur la « Dame Sagesse ».
71. Patai
donne des référence que je ne peux traiter ici par manque de place, voir
Hebrew Goddess, pp. 97-98). Proverbes 7:4 recommande à ses lecteurs
de prendre la Sagesse comme sœur et comme amie.
72. Smith,
Early History of God, p. 95.
73. Wiggins,
«Myth of Asherah», p. 383.
74. Voir
Smith, Early History of God, p. 95.
75. S’il
en est ainsi, la langue des plaques doit être l’hébreu ou quelque chose de
semblable. Comparer avec Genèse 30:13.
76. Voir
Smith, Early History of God, p. 95; comparer avec Proverbes 11:30;
15:4.
77.
Encore une fois, de la racine shr.
78.
Comparer avec Proverbes 4:13 et 1 Néphi 8:24, 30; 15:24.
79.
Comparer avec Proverbes 1:4, 8, 10, 15; 3:1, 11, 21; 4:1, 3, 10, 20; 5:1,
7»8, 20; 6:1, 3, 20; 7:1, 7; 1 Néphi 8:12-18.
80. Voir
Proverbes 1:15, 19, 20; 2:1, 8, 9, 12, 13, 15, 18-20; 3:6, 12, 17, 23;
4:11, 12, 14, 18-19, 26-27; 5:5, 6, 8, 21, 23; 6:12, 23; 7:8, 12, 25, 27;
8:2, 13, 20, 32; 9:6.
Comparer
avec the «sentiers», 1 Néphi 8:20-23, 28) et les «chemins», 1 Néphi 8:23,
30-31) et les «routes», 1 Néphi 8:32) de la vision de Léhi. Comparer aussi
avec Psaumes 1:1-6, cité plus haut.
81. Voir
Proverbes 8:6-9; comparer avec 1 Néphi 13:26-29, 32, 34-40; 14:23; 2 Néphi
4:32; 9:47; 25:4; 26:33; 33:5-6.
82. Voir 1
Néphi 13:26, 28, 29, 32, 34, 35, 40.
83.
Comparer avec Proverbes 3:14; 8:11, 19; aussi 2:4; Job 28:12-28; Sagesse
de Salomon 7:8; 8:5.
84.
Proverbes 1:20-21.
85.
Proverbes 8:1-3.
86.
Proverbes 9:3.
87. Comme
dans Proverbes 1:22; 3:34; comparer avec 9:6-8, 12; 1 Néphi 8:26-27, 33;
11:35.
88. À
propos de l’assimilation de la sagesse à la vie, voir Proverbes 3:2, 18,
22; 4:4, 10, 13, 22; 6:23-35; 8:35-36; 9:6-11. À propos du manque de
sagesse conduisant à la mort, voir Proverbes 2:18; 5:5; 7:22-23, 26-27;
9:18.
89.
Proverbes 2:21-22.
90.
Proverbes 2:18-19.
91. Murphy,
Tree of Life, p. 29, avec des références). Voir Widengren, The
King and the Tree of Life.
Proverbes
5:15-18 parle aussi d’eaux et de ruisseaux.
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