La véracité de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est indissolublement liée à l’authenticité du Livre de Mormon. Ou bien celui-ci est véritablement le document historique qu’il affirme être, et dans ce cas ni Joseph Smith, ni personne d’autre, que ce soit au 19ème siècle ou de nos jours, n’aurait pu en être l’auteur, ou bien c’est un faux, et alors il sera inévitablement démasqué par les progrès des connaissances scientifiques, et l’Eglise se révélera être une fausse église. Or, depuis une cinquantaine d’années, les indices en faveur de l’authenticité historique du Livre de Mormon n’ont cessé de se multiplier au point que quiconque veut mettre le Livre de Mormon (et l’Eglise) en doute ne peut plus – s’il est intellectuellement honnête – les ignorer. L’article suivant traite d’un de ces indices.

 

 

Un autel en rapport avec le Nahom de Néphi ?

 

Warren P. Aston

© 2000 Lehi's Trail

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La découverte récente, par une équipe d'archéologues allemands, d’un autel de pierre au Yemen portant le nom tribal NIHM a été annoncée en 1999 dans le Journal of Book of Mormon Studies[1].  Parfaitement conservé sous des siècles de sables, l'autel avait été daté par les archéologues aux environs de 600-700 av. J-C, le situant ainsi en plein à l'époque du « Nahom » du Livre de Mormon (1 Néphi 16:34) où Ismaël fut enterré. Contrairement à la plupart des endroits mentionnés dans le récit du voyage depuis Jérusalem, la formulation utilisée par Néphi montre bien que Nahom était déjà appelé comme cela par la population locale. Ce qui rend également Nahom important, c'est le fait que c'est à cet endroit que le voyage vers « Abondance » tourne vers l'est (1 Néphi 17:1).

 

Précédemment, la mention la plus ancienne connue de NHM (habituellement rendue par NiHM,  NeHeM, NaHaM, etc) remontait au premier siècle de notre ère[2]. Bien que l’emplacement du complexe du temple de Bar’an près de Marib, où la découverte a été faite, se trouve en dehors du territoire tribal de Nihm, l’équipe était certaine qu’il s’agissait de la même région tribale, qui a maintenant son centre dans l’oued Jawf au nord-est de la capitale nationale Sana’a.

 

Jusqu’à présent, les chercheurs de l’Eglise ont dû se baser sur une traduction publiée de l’inscription, étant donné que l’autel fait partie d’une exposition itinérante d’antiquités du Yemen, qui est actuellement en tournée en Europe. Cependant, le 12 septembre 2000, un deuxième autel, apparemment identique, a été trouvé dans le même complexe de temples, portant l’inscription NHM.  Cet autel, qui a 69cm de haut, 50cm de long et 37cm de large, avec un lettrage haut de 8 cm, ainsi qu’un troisième autel portant une inscription différente a été examiné et photographié par une petite équipe de chercheurs de l’Eglise.

 

Deux aspects de cette découverte méritent d’être mentionnés. Premièrement, il paraît de plus en plus vraisemblable que le territoire tribal de Nahom s'étendait autrefois sur une superficie beaucoup plus grande que maintenant, une idée qui avait été avancée pour la première fois lors d'une conférence faite en 1995 par Warren Aston lors du Séminaire d'études arabes à Cambridge[3]. Cela signifie que les immenses complexes funéraires sur les crêtes de Ruwayk, 'Alam et Jidran, à la limite du grand désert arabe, à l’est de la Nahom moderne, récemment examinés pour la première foi par une équipe française, sont peut-être directement liés aux nécropoles plus petites de la Nahom actuelle. Ce cimetière est vraisemblablement le plus grand d’Arabie. Etant donné que Nahom était un lieu d’ensevelissement, il se peut fort bien que le nom Nahom lui-même remonte à la construction de ces tombes, dont on pense que l’ancienneté remonte à 4000 av. J-C.

 

Deuxièmement, bien que l’autel date de 600 à 700 av. J-C., l’inscription concerne en réalité le grand-père du donateur et dit de lui qu’il est de la tribu de Nihm, ce qui rend l’allusion à NHM trois générations – soit au minimum encore un siècle – plus ancienne. En outre, on croit maintenant que la construction de ce temple s'est faite en deux étapes, d’abord de 2000 à 1000 av. J-C., puis une deuxième phase qui a commencé en 850 av. J-C. Il reste possible que l’autel remonte à l'une de ces périodes. Les recherches continuent et les datations au carbone de traces minuscules de couleur rouge sur les autels pourra permettre une datation plus précise.

 

En tout cas, il est clair que cette découverte est plus ancienne que la mention de Nahom par le Livre de Mormon, attestant de la présence du nom depuis 2600 ans et nous permettant de comprendre pourquoi Néphi a écrit comme si le nom lui-même existait déjà.

 



[1]   S.Kent Brown, "The Place That Was Called Nahom", New Light from Ancient Yemen, JBMS, FARMS, vol. 8, n°1, 1999, pp. 66-68.

[2]  Warren P.& Michaela K Aston, "The Place Which Was Called Nahom", première partie de "In The Footsteps of Lehi", Deseret Book, 1994.

[3] Warren P. Aston, "Some Notes on the Tribal Origins of NHM", discours prononcé le 22 juillet 1995 au Seminar for Arabian Studies, Cambridge.