La véracité de l'Eglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours est indissolublement liée à l'authenticité du
Livre de Mormon. Ou bien celui-ci est véritablement le document historique
qu'il affirme être, et dans ce cas ni Joseph Smith, ni personne d'autre,
que ce soit au 19e siècle ou de nos jours, n'aurait pu en être l'auteur,
ou bien c'est un faux, et alors il sera inévitablement démasqué par les
progrès des connaissances scientifiques, et l'Eglise se révélera être une
fausse église. Or, depuis une cinquantaine d'années, les indices en faveur
de l'authenticité historique du Livre de Mormon n'ont cessé de se
multiplier au point que quiconque veut mettre le Livre de Mormon (et
l'Eglise) en doute ne peut plus - s'il est intellectuellement honnête -
les ignorer. Les deux articles suivants traitent d'un de ces indices.
L’ENLEVEMENT DES FILLES DES LAMANITES *
Alan Goff, Sorenson et Thorne
Rediscovering the Book of Mormon, pp. 67-74
Un incident tout à fait secondaire dans le Livre de Mormon montre à quel
point la lecture du livre peut constituer une tâche difficile. Il montre
aussi à quel point notre compréhension peut être enrichie quand nous nous
souvenons que le Livre de Mormon est un document ancien, qui a des
attaches avec d'autres documents anciens, en particulier l'Ancien
Testament. Dans le livre de Mosiah, une bande de méchants prêtres se
cachent dans le désert et enlèvent des jeunes filles pour en faire leurs
femmes (voir 20:1-5). On peut lire cette histoire comme un récit
d’aventures. Mais si on l'examine avec soin, elle montre le genre de liens
qui existent entre le Livre de Mormon et l'Ancien Testament, qui
démontrent que le Livre de Mormon est un livre ancien.
L'histoire de l'enlèvement par les méchants prêtres est un détail tout à
fait annexe dans les annales du peuple de Zénif. Quand le roi Noé, qui
règne sur les Zénifites, rejette le message du prophète Abinadi et le fait
tuer, le prêtre Alma et ses partisans se séparent du reste du peuple. Plus
tard, les Lamanites attaquent le peuple de Zénif. Pendant leur fuite
devant les Lamanites, le roi Noé leur commande d'abandonner leurs
familles. Au lieu de cela, ils exécutent Noé et essayent de tuer ses
prêtres (voir Mosiah 17-19). Ceux-ci s'enfuient dans le désert sous la
direction de l’un d'eux, appelé Amulon, et, plus tard, ils enlèvent
quelques-unes des filles des Lamanites pour en faire leurs femmes. Furieux
de cet enlèvement, et supposant que c’est la faute des Zénifites, les
Lamanites les attaquent. La paix revient quand les Lamanites apprennent
qui sont les véritables ravisseurs (voir Mosiah 20).
Un parallèle biblique
Cette histoire de l'enlèvement des jeunes filles Lamanites ressemble à une
histoire de la Bible dans laquelle des hommes de la tribu de Benjamin
enlèvent des filles d'Israël à Silo. La fin du livre des Juges contient
trois histoires sur la tribu de Benjamin. Dans la première, les
Benjaminites violent et assassinent la concubine d'un Lévite (voir Juges
20). Dans la deuxième, les onze autres tribus se rassemblent pour punir
les délinquants et il en résulte une guerre civile (voir Juges 19). La
troisième histoire raconte l'enlèvement (voir Juges 21).
Après avoir détruit la plus grande partie de la tribu de Benjamin, les
israélites se rendent compte que cette tribu court le risque de
disparaître. Pour la sauver de l’extinction, les Benjaminites ont besoin
de femmes. Mais les Israélites ont juré de ne pas permettre que leurs
filles épousent les Benjaminites. Pour contourner leur vœu, ils disent aux
Benjaminites d'enlever les filles des Israélites qui habitent Silo pendant
que celles-ci dansent dans les vignes. Pendant que les filles de Silo se
rassemblent, les Benjaminites se cachent. Les filles dansent et les
Benjaminites les enlèvent pour en faire leurs femmes.
L'enlèvement des filles des Lamanites
Les ressemblances entre les histoires de Mosiah et des Juges sont
complexes et soigneusement formulées :
« Et ils dirent: Voici, il y a chaque année une fête de l'Eternel à Silo,
qui est au nord de Béthel, à l'orient de la route qui monte de Béthel, à
Sichem, et au midi de Lebona. Puis ils donnèrent cet ordre aux fils de
Benjamin: Allez, et placez-vous en embuscade dans les vignes. Vous
regarderez, et voici, lorsque les filles de Silo sortiront pour danser,
vous sortirez des vignes, vous enlèverez chacun une des filles de Silo
pour en faire votre femme, et vous vous en irez dans le pays de Benjamin »
(Juges 21:19-21).
« Or, il y avait à Shemlon un lieu où les filles des Lamanites se
rassemblaient pour chanter, et pour danser, et pour s'amuser. Et il arriva
qu'un jour un petit nombre d'entre elles était rassemblé pour chanter et
pour danser » (Mosiah 20:1-2).
Dans la Bible, l’incident est clairement un rituel annuel. Le récit du
Livre de Mormon le présente comment une activité régulière sans nous en
donner la fréquence (« un jour »). Dans les deux histoires, les vierges
enlevées deviennent les épouses des ravisseurs. Le récit dit que les
prêtres de Noé « avaient honte de retourner à la ville de Néphi, et ils
craignaient aussi que le peuple ne les tuât ; ils n'osaient donc pas
retourner auprès de leurs épouses et de leurs enfants » (Mosiah 20:3). Ils
guettent donc les danseuses et les enlèvent pour remplacer leurs femmes.
Quand le récit revient à l'histoire d'Amulon et des autres prêtres, les
filles des Lamanites sont alors appelées « leurs épouses » (Mosiah 23:33).
Dans les deux histoires, les ravisseurs, comme des voyeurs, attendent et
observent le spectacle. Les Benjaminites se tiennent en embuscade dans les
vignes et regardent la danse. Les méchants prêtres trouvent, eux aussi,
l'endroit où les filles dansent, ensuite « ils s'embusquèrent et les
observèrent » (Mosiah 20:4). Nous savons que les prêtres se cachent, parce
que, au verset suivant, ils « sort[ent] de leurs lieux secrets » et
enlèvent vingt-quatre des danseuses. Dans les deux récits, on insiste non
seulement sur l'observation, mais aussi sur l'embuscade. Ce ne sont pas
des délits passionnels, mais des délits de préméditation.
La signification des parallèles
Certains contradicteurs du Livre de Mormon ont remarqué les parallèles
entre les deux histoires et en ont tiré la conclusion que Joseph Smith
avait simplement copié l'histoire sur les Juges. Ils en concluent que
toute ressemblance entre deux histoires est un signe de plagiat. Les
spécialistes de la Bible ont une approche moins simpliste que celle des
contradicteurs face à des textes qui peuvent paraître empruntés à d'autres
textes. Ils voient souvent dans les ressemblances entre histoires un signe
de la maîtrise que l'auteur a de son art et de la richesse du texte.
Par exemple, la première des histoires concernant les Benjaminites, qui
raconte le viol et la mort d'une concubine, ressemble à une histoire
biblique plus ancienne, celle de Lot et de ses deux visiteurs à Sodome.
L'histoire des Juges parle d'un Lévite et de sa concubine qui rentrent
chez eux d'une visite chez le père de celle-ci à Bethléhem. Ils arrivent à
une heure tardive à Guibea, une ville benjaminite. Seul un vieillard est
disposé à recevoir les voyageurs. Pendant qu'il leur donne à manger, les
hommes de la ville se rassemblent à l'extérieur et exigent que le maître
de la maison fasse sortir le Lévite pour qu'ils puissent le violer. Le
maître de la maison proteste contre cette violation des lois de
l'hospitalité et propose en remplacement sa propre fille, qui est vierge,
et la concubine du Lévite. Celui-ci livre sa concubine à la bande, qui
abuse « d'elle toute la nuit jusqu'au matin » (Juges 19:25). Quand le
matin arrive, elle est morte.
Cette histoire est de toute évidence semblable à celle des visiteurs de
Lot dans Genèse 19. Dans les deux histoires, les voyageurs sont invités à
entrer, les habitants de la ville menacent de commettre un viol homosexuel
et le maître de maison propose deux femmes en remplacement pour épargner
les hommes. Il est certain que le but est de faire en sorte que le lecteur
voie le rapport entre les deux histoires. Les érudits bibliques y voient
un exemple d'emprunt volontaire visant à mettre en relief la signification
de la deuxième histoire et à faire ressortir l’état de corruption de
Guibea. On peut facilement lire et comprendre l'histoire de Genèse 19 sans
connaître l'histoire de Juges 19, mais pour comprendre Juges 19 d'une
manière complète, le lecteur doit voir le lien avec Sodome. Le Lévite est
décrit d'une manière défavorable par comparaison avec les visiteurs divins
de Lot. Les visiteurs de Sodome opèrent un sauvetage divin, tandis que le
Lévite livre sa propre concubine pour sauver sa peau [1].
Je crois que, pareillement, l’histoire d'enlèvement dans Mosiah prend un
sens plus profond quand nous la voyons à la lumière de l'histoire des
Juges. J'ai le sentiment que l'auteur de l'histoire de Mosiah a
volontairement emprunté à l'histoire des Juges, qu'il connaissait grâce
aux plaques d'airain, pour mieux faire sa démonstration.
L'histoire de l'enlèvement des filles de Silo est l'histoire finale des
Juges. Un des grands buts des Juges était de justifier l'installation d'un
roi. Le livre des Juges décrit le mal que les Israélites font aux yeux de
Dieu (voir Juges 3:7; 4:1), expliquant qu'ils font le mal parce qu'il n'y
a pas de roi pour gouverner le peuple (voir Juges 17:6; 18:1). Le livre
des Juges termine sur trois histoires concernant la tribu de Benjamin qui
illustrent le mal qui se fait. Les histoires sont précédées par une
déclaration sur l'absence de roi dans le pays : « En ce temps où il n'y
avait point de roi en Israël... » (Juges 19:1). La troisième histoire se
termine par une déclaration similaire : « En ce temps-là, il n'y avait
point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Juges
21:25). Le monde à l’envers décrit dans Juges 17-21 démontre que faire ce
qui semble bon est souvent la même chose que faire ce qui est mal aux yeux
de Dieu [2].
En mettant l'accent sur les parallèles avec l’histoire d’enlèvement des
Juges, l'auteur de l'histoire de Mosiah me semble avoir renforcé la note
morale qu’il voulait donner. Les méchants prêtres conduits par Amulon
étaient également pervers, faisant ce qui leur semblait bon plutôt que de
suivre le Seigneur.
Autres parallèles
Le texte, on le comprend, manifeste sa désapprobation pour tout ce
qu'Amulon et ses collègues font. Le parallèle avec les Juges à propos de
faire ce qui semble bon à l'homme n'est qu'une manière qu’a le texte de
montrer sa désapprobation. Il y a d'autres parallèles qui discréditent
encore davantage Amulon et ses compagnons.
Le récit dit qu'une fois que les Lamanites se sont emparés d'Amulon et de
son peuple, « Amulon trouva grâce aux yeux du roi des Lamanites » (Mosiah
24:1). En trouvant grâce aux yeux des Lamanites, ces prêtres perdaient
évidemment la faveur de Dieu. Il y a autant de désapprobation dans les
termes du narrateur quand il dit que le peuple d'Amulon non seulement
trouve grâce aux yeux du roi des Lamanites mais aussi que le roi les
désigne pour être les instructeurs de tout son peuple (voir Mosiah 24:1).
Étant instructeurs, ces prêtres apprennent aux Lamanites la langue des
Néphites (voir Mosiah 24:4), « néanmoins, ils ne connaissaient pas Dieu ;
et les frères d’Amulon ne leur enseignaient rien non plus concernant le
Seigneur, leur Dieu, ni la loi de Moïse ; et ils ne leur enseignaient pas
non plus les paroles d'Abinadi » (Mosiah 24:5).
Par contre, Alma enseigne à son peuple comment Dieu a délivré les
disciples de Limhi et d'Alma de la servitude (voir Mosiah 25:10, 16). Il
leur enseigne aussi « le repentir et la foi au Seigneur » (Mosiah 25:15)
en les organisant en assemblées. L'auteur met en évidence la différence
entre Alma et les prêtres de Noé. Il dit clairement que les prêtres de Noé
n’enseignaient pas aux Lamanites les paroles d'Abinadi. Il précise aussi
qu'Alma « s'en alla secrètement parmi le peuple, et commença à enseigner
les paroles d'Abinadi » (Mosiah 18:1). Alma et Amulon entrent tous les
deux dans le récit en tant que prêtres de Noé. En entendant les paroles
d'Abinadi, Alma se repent, mais Amulon refuse de se repentir. Alma
enseigne les paroles du prophète en secret, tandis qu'Amulon et ses
prêtres refusent absolument de les enseigner aux Lamanites.
Le lecteur est amené à voir le contraste entre la vie, pas simplement
d’Alma et d’Amulon, mais aussi du peuple de Limhi et d’Alma et du peuple
d’Amulon. Alma et Amulon emmènent tous les deux des colonies dans le
désert : Alma et son peuple, quand les soldats de Noé découvrent leur «
mouvement », « [prennent] leurs tentes et leurs familles et part[ent] dans
le désert » (Mosiah 18:32, 34). Amulon et ses partisans s'enfuient
également dans le désert, mais, sur l’ordre de Noé, ils laissent leurs
familles derrière eux (voir Mosiah 19:11-23).
Les méchants prêtres abandonnent leurs épouses quand le roi Noé commande «
à tous les hommes de laisser leurs femmes et leurs enfants, et de s’enfuir
devant les Lamanites » (Mosiah 19:11), puis ils essaient de trouver des
femmes de remplacement. Les autres Zénifites préfèrent périr que
d'abandonner leurs femmes et leurs enfants (voir Mosiah 19:12). Ainsi ceux
qui restent « [font] avancer leurs filles, qui [sont] jolies, pour
qu'elles supplient les Lamanites de ne pas les tuer » (Mosiah 19:13). Les
filles inspirent de la « compassion » aux Lamanites, car ils sont «
charmés par la beauté de leurs femmes » (Mosiah 19:14). Plus tard, Amulon
fera la même chose, en envoyant les filles Lamanites que les autres
prêtres et lui avait enlevées, pour qu'elles demandent grâce (voir Mosiah
23:33-34).
Le texte propose des exemples parallèles que le lecteur peut comparer. Les
Zénifites envoient des hommes à la recherche de ceux qui ont fui leurs
enfants et leurs femmes, « tous sauf le roi et ses prêtres » (Mosiah
19:18) et se sont juré de retourner auprès de leurs femmes et de leurs
enfants ou de mourir en cherchant à se venger si les Lamanites les ont
tués (Mosiah 19:19). Les histoires parallèles où l'on envoie deux groupes
de filles demander grâce aux Lamanites enseignent au lecteur que ce qui
semble être les mêmes actes est en réalité différent quand ils sont
accomplis d'une part par ceux qui ont bon cœur ou d'autre part par ceux
qui ont un cœur mauvais.
Quand nous comparons les gens comme le texte nous invite à le faire, nous
faisons le contraste entre le souci que les hommes de Limhi manifestent
pour leurs femmes et leurs enfants et l'abandon par les prêtres de Noé.
Tous ces événements font ressortir le manque de conscience morale des
prêtres. Le fait que le roi des Lamanites est disposé à cautionner
l'enlèvement des filles lamanites en accueillant Amulon et ses prêtres
dans son royaume n’est pas à l’honneur de ce roi, tout comme le fait pour
les Israélites d'inviter les Benjaminites à enlever leurs propres filles
est une honte pour tout Israël. Par contre, les hommes de Limhi se battent
« pour leur vie, et pour leurs épouses, et pour leurs enfants » (Mosiah
20:11). Ces différences révèlent non seulement la mentalité des prêtres de
Noé, qui préfèrent abandonner leurs familles plutôt que de tomber entre
les mains des Lamanites, mais aussi celle des Néphites, qui décident
d’affronter la mort avec leurs familles plutôt que de les abandonner.
Il est clair que le texte n'a aucune sympathie pour le peuple d'Amulon. Le
lien entre les deux histoires d’enlèvement est une allusion de l'auteur
que leur conduite rappelle une époque, rapportée dans les Juges, où les
Israélites ne suivaient pas la loi de Dieu, mais faisaient ce qui leur
semblait bon. On nous montre les prêtres comme indifférents à l'égard de
Dieu, en dépit de leurs fonctions, qui auraient dû les rendre plus
vivement désireux de suivre Dieu.
L’histoire de l'enlèvement des filles des Lamanites, racontée dans le
Livre de Mormon, ne peut pas être expliquée par l'affirmation simpliste
qu'elle a simplement été copiée de la Bible. Le Livre de Mormon utilise
habilement l’histoire pour proposer sa propre morale. Les contradicteurs
du Livre de Mormon croient que l'auteur du texte a utilisé l’histoire de
Juges, qui lui est antérieure, et je suis d'accord avec cela. Mais
contrairement à eux, je crois que le parallèle donne du relief au livre et
montre que c’est un document ancien plutôt qu'une imitation moderne.
LA DANSE DES VIERGES ET LE 15 AV **
John W. Welch
Reexploring the Book of Mormon, pp. 139-141
Basé sur des recherches de John W. Welch, Robert F. Smith et Gordon C.
Thomasson, février 1985
Mosiah 20:1 « Il y avait à Shemlon un lieu où les filles des Lamanites se
rassemblaient pour chanter, et pour danser. »
Tout comme le mois de février va de pair avec la saint Valentin dans nos
pays, le 15 Av avait une signification pour les anciens Israélites. Ce
jour-là, cinquième mois du calendrier israélite (qui, à l'origine, tombait
à la Saint-Jean) les vierges d'Israël se rassemblaient pour danser.
C'était, entre autres choses, une « fête matrimoniale pour les jeunes ».
Cette fête antique est décrite par Abraham P. Bloch [1]. Bloch conclut que
cette fête, qui n'a pas de nom, était très ancienne, remontant, selon un
rabbin, à Moïse [2]. À l’époque, la fête est avant tout une fête
matrimoniale, ressemblant beaucoup au Lag ba'omer juif du printemps. À la
fin de leurs travaux d’été dans les champs, les jeunes tournaient leur
attention vers « la chasse à l’épouse » et la danse des vierges « avait
été conçue à cette fin [3] ». La danse avait lieu à l'extérieur d'une
ville où il y avait un temple – pendant la période des Juges, les danses
se faisaient dans les champs à l'extérieur de Silo. À l'époque
postérieure, elles eurent lieu à Jérusalem.
Après le retour des Juifs de leur captivité à Babylone, la fête eut un
caractère très différent. Elle devint la fête de la récolte du bois et des
offrandes de bois pour l'autel du temple. Cette pratique prit fin avec la
destruction du deuxième temple de Jérusalem par les Romains. La fête
reparut pour un peu de temps vers 140 de notre ère pour commémorer la fin
des persécutions d'Hadrien contre les Juifs et pour glorifier les jeunes
patriotes juifs [4].
Il est évident que Léhi et son peuple n’ont connu que les traditions
anciennes de « la danse et la chasse à l’épouse », et cela jette peut-être
une lumière sur l'incident au cours duquel les prêtres de Noé enlèvent
vingt-quatre filles des Lamanites pour en faire leurs épouses.
Mosiah 20:1 dit « Il y avait à Shemlon un lieu où les filles des Lamanites
se rassemblaient pour chanter, et pour danser, et pour s’amuser. » Cela
semble vouloir dire que l’endroit était un endroit habituel. Il se
trouvait peut-être devant un sanctuaire ou un lieu sacré écarté. Il
n'était pas dans le désert en tant que tel, car les prêtres, quand ils
partent de là, entrent dans le désert (voir Mosiah 20:5), mais il n'était
pas non plus à l'intérieur d'une ville.
C'est là que les prêtres trouvent les jeunes filles, se cachent, observent
et sortent brusquement de leur cachette pour les emmener dans le désert
(voir Mosiah 20:2-5). L’idiome hébreu traduit par « s'embusquer » comporte
habituellement une idée de préméditation et de planification, ce qui veut
dire qu'il est fort possible que les prêtres connaissaient l'endroit et la
coutume qu’avaient les jeunes filles de s'y rendre. En fait, il semble
évident que les jeunes filles étaient disposées à devenir les femmes des
prêtres ; en tout cas, nous ne trouvons aucune indication qu'aucune
d'elles ait essayé de s'enfuir et toutes supplièrent plus tard leurs
frères et leurs pères de ne pas tuer leurs maris (voir Mosiah 23:33).
On peut en conclure que les filles des Lamanites s'étaient réunies pour
danser et célébrer un vestige de quelque chose qui ressemblait à la fête
israélite préexilique du 15 Av. Est-ce comme cela que les prêtres de Noé
ont su où aller et quand s'y rendre ? Est-ce pour cela que les jeunes
filles ont accepté les prêtres comme maris ? Après tout, elles dansaient
pour attirer des maris.
L'Ancien Testament note un événement semblable. Pendant la période des
Juges, on organisait « chaque année » une fête de l'Eternel à Silo, qui
était alors le centre religieux d'Israël. Une année, les hommes de
Benjamin se rendirent expressément à Silo en ce jour de fête, se placèrent
en embuscade dans les vignes, enlevèrent « chacun une des filles de Silo
pour en faire [leur] femme » et les emmenèrent au pays de Benjamin (Juges
21:16-23). Bien que le récit hébreu manque un peu de clarté, les
Benjaminites prirent apparemment des dispositions pour se défendre quand
les hommes de Silo se lancèrent à leur poursuite, en prétendant qu'ils
avaient fait ce qui était le mieux : en prenant les jeunes filles, ils
n'avaient pas demandé aux habitants de Silo de leur donner leurs filles,
ce qui aurait été une violation du serment de Juges 21:18 ; en outre, ils
n'avaient pas pris les jeunes filles par l'effusion du sang.
Toutefois ce récit biblique isolé ne nous donne pas un aperçu complet. Il
ne permet pas de comprendre que cette fête était probablement une fête
connue observée pendant de nombreux siècles parmi les Israélites anciens.
En outre, le « caractère matrimonial » des danses n'est précisé que dans
les traditions talmudiques postérieures [5] ». Il y a plusieurs autres
incidents célèbres dans l'histoire qui vont dans le même sens : par
exemple, l'enlèvement des Sabines par les Romains. Beaucoup de pratiques
et de comportements anciens de ce genre ont également pu être communs aux
peuples du Livre de Mormon.
Traduit et publié avec la permission de FARMS
NOTES
* Titre original : The Stealing of the
Daughters of the Lamanites
[1] Stuart Lasin, « Guest and Host in Judges 19: Lot’s Hospitality in an
Inverted World”, Journal for the Study of the Old Testament 29, juin 1984,
p. 40.
[2] Lasine, p. 55.
** Titre original : Dancing Maidens and the Fifteenth of Av
[1] Abraham P. Bloch, The Biblical and Historical Background of the Jewish
Holy Days, New York, KTAV, 1978, pp. 215-219.
[2] Voir Talmud babylonien, Baba Batra 121a.
[3] Bloch, The Biblical and Historical Background of the Jewish Holy Days,
p. 216.
[4] Id., pp. 217-218.
[5] Id., p. 216.
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