Le frère de Jared et la dotation du temple

 

Catherine Thomas

 

Les traditions anciennes affirment que la Tour de Babel fut l'œuvre de Nimrod, le petit fils de Cham, qui voulut détrôner Dieu en réduisant son peuple à une dépendance complète envers lui. Il ordonna à son peuple de construire une tour, apparemment une sorte de temple, puisque son but était d'atteindre les Cieux grâce à elle. La réponse de Dieu fut rapide et cinglante : il provoqua la confusion des langues, les dépossédant ainsi de la puissance de la langue adamique. Le mot babel veut dire en hébreu « la porte des Cieux » et un jeu de mot est créé avec le mot balal qui signifie « confusion ». Il est clair que la Tour de Babel était une contrefaçon de « porte des Cieux », c’est à dire un « temple parallèle », et que ce sont les descendants de Cham, qui, ordonnés à une fausse prêtrise, l'avaient construite pour se rebeller contre Dieu.  

 

Jared, sa famille et leurs amis rejetèrent ce faux temple et, par conséquent, Dieu décida de les bénir. « Et il arriva que le Seigneur alla devant eux et parla avec eux, tandis qu'il se tenait dans une nuée, et leur donna des instructions sur la direction qu'ils devaient prendre. » Après une traversée du désert pleine d'embûches, Jared eut le désir de recevoir plus de lumière du Seigneur et, pour ce faire, il se rendit sur le mont Shelem.

 

Le mot shelem, en hébreu, a plusieurs significations. Il peut vouloir dire « paix, tranquillité et sécurité », mais aussi « complet, sûr et parfait ». Dans Ether 3:1 on lit : « Et il arriva que le frère de Jared (or, le nombre de bateaux qui avaient été préparés était de huit) alla sur la montagne qu'ils appelaient le mont Shélem, à cause de sa hauteur extrême (il est à noter que dans les temps anciens, lorsque les fidèles n'avaient pas les bénédictions d'un temple, ils pratiquaient les cérémonies sacrées en haut de très hautes montagnes...), et fondit d'un rocher seize petites pierres; et elles étaient blanches et claires comme du verre transparent; et il les porta dans ses mains jusqu'au sommet de la montagne, et éleva de nouveau la voix vers le Seigneur... »

 

Les seize pierres dont parle Moroni, étaient plus que de simples lampes pour les barques de Jared et de sa famille. Ces pierres provenant de la roche fondue, blanches et claires comme du verre, évoquent l'urim et le thummim (ce qui en hébreu veut dire « lumières et perfections »). Doctrine et Alliances 130:9 : « Cette terre, dans son état sanctifié et immortel, sera rendue semblable à du cristal et sera, pour ceux qui l'habiteront, un urim et un thummim... »

 

Quel est le rapport entre les seize pierres et l'urim et le thummim ? Il semble que sachant qu'il allait être séparé de ses proches pendant toute la traversée (ils étaient 22 en tout et avaient construit 8 barques, c'est à dire une barque pour 2 à 3 personnes, 2 pierres par barque cf. Ether 6:16) Jared ait voulu donner non seulement une lumière matérielle à sa famille, mais aussi une lumière spirituelle.

 

Ces pierres font également penser au caillou blanc de l'Apocalypse. Apocalypse 2:17 : « ...A celui qui vaincra je donnerai …un caillou blanc; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit. » L'explication de ce caillou est donnée dans Doctrines et Alliances 130:10-11 : « Alors la pierre blanche … deviendra pour chaque personne qui en recevra une un urim et un thummim par lesquels les choses qui ont trait aux royaumes d'un ordre supérieur seront révélées; et à chacun de ceux qui entrent dans le royaume céleste est donnée une pierre blanche sur laquelle est écrit un nouveau nom que nul ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit. Le nouveau nom est le mot-clef. »

 

Finalement, il est à noter que pour fondre la pierre brute et la purifier pour obtenir « lumières et perfections » Jared a dû, tel un forgeron, utiliser du feu et de l'eau. De même, pour que nous puissions nous-mêmes devenir un jour « lumières et perfections », il faut que nous commencions notre transformation par le baptême d'eau et de feu.