La véracité de l'Eglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours est indissolublement liée à l'authenticité du
Livre de Mormon. Ou bien celui-ci est véritablement le document historique
qu'il affirme être, et dans ce cas ni Joseph Smith, ni personne d'autre,
que ce soit au 19e siècle ou de nos jours, n'aurait pu en être l'auteur,
ou bien c'est un faux, et alors il sera inévitablement démasqué par les
progrès des connaissances scientifiques, et l'Eglise se révélera être une
fausse église. Or, depuis une cinquantaine d'années, les indices en faveur
de l'authenticité historique du Livre de Mormon n'ont cessé de se
multiplier au point que quiconque veut mettre le Livre de Mormon (et
l'Eglise) en doute ne peut plus - s'il est intellectuellement honnête -
les ignorer. L’article suivant traite d'un de ces indices.
L’ENGLOUTISSEMENT DE LA VILLE DE JERUSALEM
John L. Sorenson
Insights, vol. 22, 2002, n° 4, pp. 2-3
Lors de leur visite dans le sud du Guatemala, beaucoup de clients de FARMS
ont visité, à l'ouest de la capitale, le lac Atitlan, un des sites les
plus photogéniques d'Amérique centrale. Les guides ont dit à des milliers
de personnes que les belles « eaux de Mormon », bien-aimées d’Alma mais
également de son peuple (voir Mosiah 18 :30) pourraient bien être le lac
Atitlan. Les annales néphites nous disent aussi qu’une ville appelée
Jérusalem, construite par des Lamanites dirigés par des dissidents
néphites se trouvait « au loin, touchant les régions frontières de Mormon
» (Alma 21:1-2).
Il y a vingt-cinq ans, John Sorenson a émis l'opinion que la ville de
Jérusalem s'intègre d’une manière très plausible dans la géographie de
l'Amérique centrale, si l’on considère qu'elle se trouvait sur la rive
méridionale du lac Atitlan [1]. Un article scientifique publié en 2000 au
Guatemala par Henry Benitez et Robert Samayoa, deux Guatémaltèques ayant
l'expérience de l'archéologie sous-marine, confirme cette idée avec de
nouveaux indices spectaculaires [2].
3 Néphi 9:7 raconte qu'immédiatement après la grande série de catastrophes
qui accompagna la crucifixion de Jésus-Christ, la voix du Seigneur,
parlant du haut des cieux, dit aux Néphites que « la ville de Jérusalem et
ses habitants » avaient été recouverts d'eau (« et j'ai fait venir des
eaux à leur place »), un événement qui s'est produit en quelques heures.
Une partie des données utilisées par Sorenson pour élaborer sa proposition
était un rapport d’archéologues signalant « des fluctuations périodiques
du niveau du lac Atitlan, qui se produisent depuis longtemps et qui
semblent être dues aux déplacements de fissures situées à une grande
profondeur, ouvrant et fermant alternativement les sorties d’évacuation
[3] ». Le lac doit son existence à la croissance des trois volcans situés
sur sa rive méridionale, qui bloquent l‘évacuation normale des eaux, pour
ne laisser que des sorties souterraines à travers le « barrage » de lave.
Des fluctuations de niveau du lac allant jusqu'à 4,50 m par an ont été
relevées dans des documents historiques en espagnol, mais jusqu’à tout
récemment, on n'avait aucune indication qu’il ait pu y avoir une
augmentation ou une baisse soudaines.
Benitez et Samaoya signalent un site englouti, qu'ils appellent Samabaj,
juste au large de la côte méridionale du lac, non loin de Santiago Atitlan.
Des fondations de maisons en pierres taillées se trouvent à une profondeur
de 17 m en dessous du niveau actuel du lac. Les restes de constructions se
trouvent au sommet de ce qui était autrefois une île aux pentes abruptes,
d'un diamètre d’environ 300 m, située à quelques centaines de mètres du
bord de l’eau. De toute évidence, lorsque l'endroit était habité et les
maisons construites, le niveau du lac devait être au moins 17 m plus bas
que maintenant. L’île engloutie descend fortement de part et d'autre
jusqu'à une profondeur de 80 m ou davantage sous le niveau actuel du lac.
Les explorations des plongeurs ont également démontré qu'à certaines
époques du passé le niveau du lac était encore plus bas, jusqu'à 60 m plus
bas que le niveau actuel, comme le montrent, par exemple, des restes de
plages en terrasse).
Des plongeurs ont dressé la carte de la colonie sous-marine détruite, en
accordant une attention toute particulière à l'orientation des bâtiments
et ont constaté qu'il s'y trouve au moins trois groupes de bâtiments dont
les murs sont marqués par des pierres bien équarries. Le secteur appelé
Groupe III se compose d'un grand bâtiment (d'environ 9 x 26 m) qui semble
avoir jadis été muni d’un escalier sur l’un des côtés. Une stèle de
basalte lissé, ou monument debout, a été érigée en face de l'escalier. Les
archéologues considèrent que ce grand bâtiment a été le centre politique
et administratif de l'antique colonie.
Les plongeurs ont également conclu que l’engloutissement de Samabaj sous
les eaux du lac a été relativement soudain, car ils n’ont remarqué que peu
de dégâts aux édifices dus à l'action des vagues (on s'attendrait à des
dégâts considérables si le processus d’engloutissement avait été
prolongé).
En attendant que d'autres travaux soient faits (les ressources humaines et
matérielles à la disposition de ces hommes travaillant sans financement
institutionnel ont limité leur capacité de faire de plus amples
explorations), les archéologues s’abstiennent de toute tentative de dater
cette ruine. Cependant, certaines découvertes dans la région d'Atitlan
montrent que des colons occupaient le voisinage depuis avant le temps du
Christ [4], et la stèle lissée de Samabaj indique une date qui pourrait
être encore plus ancienne.
Nous pouvons dire, en tous cas, que si la ville apostate de Jérusalem dans
le Nouveau Monde se trouvait à côté du lac Atitlan, nous pouvons
maintenant comprendre comment elle a pu être recouverte en quelques heures
par la montée des eaux, comme le déclare 3 Néphi.
Traduit et publié avec la permission de FARMS
NOTES
[1] John L. Sorenson, An Ancient American Setting for the Book of Mormon,
Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1985, pp. 223-225. Le point de vue
a d'abord été mis par écrit dans un manuscrit, qui a eu une diffusion
considérable sous forme de photocopies entre 1977 et 1984.
[2] Henry Benitez et Roberto Samayoa, « Samabaj y la arqueologia
subacuatica en el Lago de Atitlan », dans XIII Simposio de Investigaciones
Arqueologicas en Guatemalad, 1999, Guatemala, Museo Nacional de
Arqueologia y Etnologia, 2000, 2:849-854.
[3] Felix Webster McBryde, Cultural and Historical Geography of Southwest
Guatemala, Smithsonian Intitution, Institute of Social Anthropology
Publication 4, Washington D.C., 1945, pp. 132-133.
[4] Samuel K. Lothrop, Atitlan, Carnegie Institution of Washington
Publication 444, Washington D.C., 1933.
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