Sur les petites plaques, Néphi veut plus que toute autre chose convaincre ses lecteurs que Jésus est le Christ. Il veut aussi y écrire des choses claires et précieuses. Les plus claires et les plus précieuses sont les passages où il utilise le nom Christ dans des chiasmes ou dans d’autres formes de poésie. Et c’est surtout là qu’il cherche à convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le seul vrai Messie.

 

Néphi nous convainc que Jésus est le Christ par le Chiasme : la façon claire et précieuse d'un prophète de Dieu de nous persuader

 

David E. Sloan

Journal of Book of Mormon Studies, vol. 6, n° 2, 1997, pp. 67-98

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Introduction

 

Le Seigneur a commandé « que le ministère et les prophéties, les parties les plus claires et les plus précieuses d'entre elles, devaient être écrites sur [les petites plaques] » de Néphi (1 Néphi 19:3) [1]. Les écrits de Néphi sur les petites plaques se veulent essentiellement clairs et précieux. Un des tout grands buts poursuivis par Néphi lorsqu’il écrit des choses claires et précieuses est de persuader (voir 1 Néphi 6:4), de prouver (voir 2 Néphi 11:4, 6) et de convaincre Juif et Gentil que Jésus-Christ est le seul vrai Messie (voir 2 Néphi 26:12) et de les convaincre «  que les annales des prophètes et des douze apôtres de l'Agneau sont vraies » (1 Néphi 13:39) [2].

La force de conviction des écrits de Néphi est due en partie à ce qui s’y trouve et qui a disparu de la Bible. « Les plus claires et les plus précieuses de toutes les vérités perdues dans la Bible, en particulier dans l'Ancien Testament, sont les déclarations claires et sans équivoque de la mission de Jésus-Christ [3]. » En revanche, la clarté du Livre de Mormon « se concentre souvent sur des sujets cruciaux tels que la suprématie de Jésus [4]. » Certaines des parties les plus claires des écrits de Néphi sont les cinquante-trois fois qu’il écrit le nom Christ [5]. Certaines des parties les plus précieuses des écrits de Néphi sont celles dans lesquelles il utilise la poésie (« les meilleurs mots dans le meilleur ordre [6] ») en général et le chiasme en particulier. Sur la base de cette thèse, l’exemple parfait d’écrit clair et précieux chez Néphi est incontestablement l'utilisation du nom Christ sous forme chiastique ou sous d’autres formes poétiques. Richard Dilworth Rust écrit : « L'entrelacement de la beauté, de la vérité et de ce qui est bon nous invite au Christ. C'est-à-dire que des éléments littéraires tels que la forme, les images, la poésie et la narration contribuent à nous instruire et à nous motiver d’une manière qui nous touche le cœur et l’âme aussi bien que l’esprit [7]. » Ainsi, « le contenu déterminant souvent la forme et la forme révélant le contenu, des thèmes profonds sont présentés d’une manière qui nous atteint profondément [8]. » Le but de cet article est d'analyser l'utilisation que fait Néphi d’écrits clairs et précieux, du chiasme en particulier, pour nous convaincre « que Jésus est le Christ » (2 Néphi 26:12).

Les paroles de trois témoins du Christ

Avant de continuer, il convient de noter que pour prouver la venue du Christ, Néphi complète ses écrits par les paroles de trois témoins oculaires spéciaux du « Rédempteur » (2 Néphi 11:2-4) [9]. Néphi commence par les paroles de Jacob dans 2 Néphi 6-10 [10], poursuit avec les paroles d'Ésaïe dans 2 Néphi 12-24 et conclut avec ses propres paroles dans 2 Néphi 25:7-33:15 [11]. Jeffrey Holland écrit : « Sentinelles postées à la porte du livre, Néphi, Jacob et Ésaïe nous admettent en la présence scripturaire du Seigneur [12]. » Il est significatif que les cinquante-trois mentions du mot Christ dans les écrits de Néphi se trouvent dans ces chapitres [13].

Chose importante, Néphi se sert de deux passages chiastiques (voir 2 Néphi 11:2-8 et 25:1-6, traités ci-dessous) comme procédé littéraire pour pourvoir simultanément séparer les paroles des trois témoins et unir leurs témoignages du Christ [14]. Selon John Welch, « Chaque fois qu'on lit un texte, particulièrement un texte ayant une origine antique, on doit faire attention à la division du texte en sections ou unités et se rappeler que, dans la manière d’écrire d’autrefois, le chiasme constituait un élément bien nécessaire d'organisation interne [15]. » Le reste de cet article analyse l'utilisation que fait Néphi des titres Christ et Messie, particulièrement là où ils apparaissent sous forme chiastique ou sous une autre forme poétique.

2 Néphi 10:3, 9

Jacob, qui est le premier des trois témoins oculaires, utilise deux fois le titre Messie pendant un sermon, dans 2 Néphi 6:13-14 [16]. Cette nuit-là, après le sermon, un ange va instruire Jacob sur le Messie, révélant que « Christ… serait… son nom » (2 Néphi 10:3) [17]. Jacob utilise aussi le nom Christ quelques versets plus loin dans 2 Néphi 10:7. Bien que Christ n’apparaisse pas ici sous forme poétique, comme nous allons le montrer ci-dessous, quand il passe du terme plus général de Messie au terme très spécifique de Christ, Néphi le fait à l'aide d’un chiasme et c’est là un aspect important de sa manière de convaincre autrui du Christ [18].

Les termes originaux pour désigner le Messie et le Christ dans le Livre de Mormon

Avant d’aller trop loin dans nos conclusions concernant le passage de Messie à Christ, nous devons réfléchir à la possibilité d'une transition semblable dans le texte original non traduit. La question se pose parce que Messie et Christ sont des translittérations de mots hébreu et grec signifiant « l’oint ». Bien qu'il semble raisonnable de conclure que le mot hébreu mashiach est l'original du mot Messie dans le Livre de Mormon, on ne sait pas quel mot se trouve derrière Christ [19]. Certains considèrent même comme anachronique l'utilisation de Christ à ce stade du Livre de Mormon [20].

Cependant, les mots « ce serait là son nom » suggèrent que l'ange a réellement révélé un nom futur de Jésus autre que mashiach (le nom le plus vraisemblablement connu de Jacob à ce moment-là) que Joseph Smith a traduit par Christ. Une possibilité pour ce nom futur est le grec Christos [21]. « Le grec était d'usage courant dans l'ensemble de la Palestine au premier siècle apr. J.-C. » (certains savants vont jusqu’à proposer « un dialecte grec spécial aux Juifs »), et la plus grande partie du Nouveau Testament a été écrite à l'origine en grec [22]. En outre, « le langage des Juifs » était influencé par « l'audition et la lecture fréquentes » de la version grecque de l'Ancien Testament, connue sous le nom de Version des Septante ou LXX, dont la traduction fut faite plus de cent ans avant la naissance du Christ [23]. En fait, « l’opinion générale est que la LXX est en grande partie responsable » de l'influence de l'Ancien Testament sur « le vocabulaire religieux » utilisé quand le Nouveau Testament a été écrit [24]. En conséquence, beaucoup de termes « tirés de la LXX » par les Juifs étaient « couramment employés dans les textes et le vocabulaire religieux [25]. » Si Christos était l’un de ces termes, il est possible qu'avant la naissance du Christ, les Israélites, tant dans le vieux monde que dans le nouveau aient attendu un Messie qu'ils connaissaient sous  le nom ou titre de Christos [26].

En résumé, bien que le mot originel du Livre de Mormon pour désigner le Christ soit inconnu, il y a des raisons de croire que ce n'était pas le même mot que celui qui désignait le Messie. En outre, indépendamment de ce mot originel, la présence du nom Christ dans le Livre de Mormon avant l’apparition du Christ ressuscité n’est pas anachronique pour ceux qui croient en la révélation et en la prescience de Dieu [27].

2 Néphi 11:2-8

Après les deux mentions de Christ par Jacob dans 2 Néphi 10, le nom est ensuite utilisé quatre fois par Néphi dans 2 Néphi 11. Chose importante, Néphi place ses quatre premières mentions de Christ en tant qu'éléments parallèles dans deux chiasmes, comme on le verra ci-dessous [28] :

A  a   Et maintenant, moi, Néphi, j'écris davantage des paroles d'Ésaïe,

          b   car mon âme fait ses délices de ses paroles.

   c  Car j'appliquerai ses paroles à mon peuple,

         A1  et je les enverrai à tous mes enfants,

               B1   a   car en vérité il a vu mon Rédempteur

 b   tout comme je l'ai vu.

  B1   a   Et mon frère Jacob l'a vu, lui aussi,

  b   comme je l'ai vu;

         A1’ c'est pourquoi, j'enverrai leurs paroles à mes enfants

         A2  pour leur prouver que mes paroles sont vraies.

  B2  C'est pourquoi, par les paroles de trois,

        C2  a dit Dieu,

        C2’ j'établirai ma parole.

  B2’ Néanmoins, Dieu envoie encore d'autres témoins,

         A2’ et il prouve toutes ses paroles.

         B   Voici, mon âme met ses délices à prouver à mon peuple

   A3   la vérité de la venue du Christ;

          B3   car c'est à cette fin que la loi de Moïse a été donnée,

          B3  et tout ce qui a été donné par Dieu à l'homme depuis le commencement du monde

    A3’ est une figure de lui.

    C   Et mon âme fait aussi ses délices des alliances que le Seigneur a faites avec nos pères;

    C’  oui, mon âme fait ses délices de sa grâce, et de sa justice, et de sa puissance, et de sa

         miséricorde dans le grand plan éternel pour délivrer de la mort.

         B’     Et mon âme met ses délices à prouver à mon peuple

    A4  que si le Christ ne venait pas, tous les hommes périraient.

          B4  Car s'il n'y a pas de Christ,

   C4   il n'y a pas de Dieu;

          D4   et s'il n'y a pas de Dieu, nous ne sommes pas,

          D4  car il n'aurait pu y avoir de création.

    C4’ Mais il y a un Dieu,

          B4  et il est le Christ,

    A4’ et il vient dans la plénitude de son temps.

A’  a   Et maintenant, j'écris quelques-unes des paroles d'Ésaïe,

          b  afin que tous ceux de mon peuple qui verront ces paroles élèvent leur cœur et se

 réjouissent pour tous les hommes.

 c   Maintenant, voici les paroles, et vous pouvez vous les appliquer, à vous et à

       tous les hommes.

Dans ce passage, les deux premières mentions du nom Christ apparaissent en tant qu'éléments parallèles à B et à B'. En utilisant lui au lieu du Christ dans le troisième sous-chiasme [est une figure de lui], Néphi fait en sorte que ce premier parallèle du nom se situe dans la structure du chiasme principal plutôt que de se retrouver dans un sous-chiasme. Les deux autres mentions du nom apparaissent en tant qu'éléments parallèles dans le quatrième sous-chiasme, qui se situe également au niveau B'. Selon Nils Lund, « la distribution symétrique des noms divins… apparaît souvent dans les psaumes et il y a beaucoup d'exemples de cette forme d'art littéraire dans le Nouveau Testament [30]. » Il vaut d’être noté que dans le passage précédent, le nom Christ est clairement employé de manière symétrique, mais, à l’exception de Dieu dans le quatrième sous-chiasme, les termes Rédempteur, Seigneur et Dieu ne le sont pas.

Le chiasme principal a six éléments dont les cinq premiers commencent par l'expression mon âme fait (met) ses délices.[31]. Le sixième élément contient les mots élèvent leur cœur et se réjouissent. Les délices que met l’âme de Néphi dans les paroles d’Ésaïe est à mettre en parallèle avec les réjouissances dans le cœur de son peuple en entendant ces paroles [32]. Bien que le centre chiastique ne contienne pas le mot Christ, il met l’accent sur « les alliances que le Seigneur a faites », Seigneur qui est le Christ, et sur « le grand plan éternel pour délivrer de la mort » qui est rendu possible grâce à lui [33].

Bien qu'il y ait apparemment un manque de densité et d'équilibre entre A, avec ses deux sous-chiasmes, et A’, l’équilibre est plus grand et la densité plus forte entre ces deux parties qu’il n’y paraît. Néphi utilise les deux sous-chiasmes de A (que l’on distingue par les indices 1 et 2) pour développer deux des principaux points parallèles de A et A’ (paroles et vu). Par exemple, paroles ou parole apparaît onze fois dans le chiasme principal, les huit mentions de la première moitié se trouvant toutes dans A, et les trois mentions de la deuxième moitié se trouvant toutes dans A' [34]. De même, les formes du verbe voir (vu, verront) n’apparaissent que dans ces deux éléments, quatre fois dans A et une fois dans A'. Quand on tient compte des quatre sous-chiasmes, on constate que très peu de mots extérieurs apparaissent dans ce passage et la rigueur et la haute densité du style de Néphi en deviennent d'autant plus impressionnants [35]. C’est comme si Néphi suivait une règle qui permettrait de déposer un niveau littéraire dans un sous-chiasme et puis d’en ressortir au même endroit dans la structure plus générale [36].

Il y a cependant quelque chose de plus important que la rigueur littéraire du chiasme : c’est sa « densité doctrinale » [37]. En commençant par Ésaïe, un témoin unique du Christ, les témoignages augmentent quand Jacob, Néphi et « d’autres témoins » (notamment la loi de Moïse et « tout ce qui a été donné par Dieu… ») viennent s’y ajouter. Le thème du passage est de prouver à la fois l'existence et la venue du Christ par les « paroles » des trois témoins principaux [38]. Le centre du premier sous-chiasme se focalise sur le fait que Ésaïe et Jacob ont tous deux vu leur Rédempteur, et le fait que Néphi l'a vu est mentionné deux fois pour former un parallélisme alterné simple [39]. Ceci crée un contraste chiastique dans le chiasme principal entre ces trois témoins experts, dont chacun a vu le Christ, et le peuple de Néphi, qui n’a sans doute vu que les écrits des témoins.

Le caractère parallèle du centre du deuxième sous-chiasme : « a dit Dieu, j’établirai ma parole » était peut-être plus clair dans la langue originale. Si nous postulons que la langue sous-jacente était de l’hébreu, il est probable que pour parole, Néphi a utilisé dabar, qui signifie « mot, sujet, chose » (comme c’est le cas dans 2 Néphi 12:1). Dabar peut également être traduit par « dit » [40]. Les extrémités du premier sous-chiasme créent un lien chiastique entre les paroles d'Ésaïe et les paroles de Jacob. En outre, dans le deuxième sous-chiasme, tout comme Néphi a utilisé les paroles des deux premiers témoins pour prouver les siennes, Dieu utilise celles des trois témoins et d'autres pour confirmer ses paroles. La preuve des paroles de Néphi est liée par le chiasme à la preuve des paroles de Dieu par les extrémités du deuxième sous-chiasme.

Néphi fait un usage étendu de l'amplification dans ce passage, prenant souvent des idées présentées dans la première moitié du chiasme principal et dans les sous-chiasmes, et les redisant ensuite de manière plus puissante avec leurs éléments parallèles dans la deuxième moitié [41]. Par exemple, les délices personnels de Néphi dans A b s’étendent aux réjouissances de son peuple dans A’ b. L’application des paroles d'Ésaïe à son peuple dans A c est amplifiée dans leur application à tous les peuples dans A’ c [42].  La preuve de la venue du Christ dans B devient, dans B', la preuve que si le Christ ne venait pas, tous les hommes périraient. Le troisième sous-chiasme passe de la loi de Moïse à tout ce qui est donné par Dieu comme symboles du Christ. Dans le quatrième sous-chiasme, la non-existence hypothétique de Dieu et du Christ est amplifiée par l'affirmation qu'il y a un Dieu et qu'il est le Christ. Dans ce même sous-chiasme, l'expression nous ne sommes pas est amplifiée par la déclaration il n'aurait pu y avoir de création. Enfin, les alliances que le Seigneur a faites avec « nos pères » dans C deviennent « le grand plan éternel pour délivrer de la mort » dans C'.

L'effet de l’inclusion chiastique de ces diverses preuves et ces divers témoins du Christ entre les extrémités (« les paroles d'Ésaïe ») est de créer, dans l'esprit du lecteur, une association entre ces mots et la réalité de l’existence du Christ et de ses premier et second avènements. Cette association influence la manière dont nous lisons les treize chapitres d'Ésaïe qui suivent [43].

2 Néphi 25:1-6

Néphi s’est également servi d’un passage chiastique pour séparer les paroles d'Ésaïe de sa propre prophétie finale. Ce passage ne contient ni le nom Christ ni le titre Messie ; il contient cependant des thèmes semblables au premier chiasme et il vous est donc montré ci-dessous sous forme abrégée [44] :

A Les paroles que j'ai écrites

      B dites de la bouche d’ÉsaïeEsaie a dit

            C    a difficiles à comprendre—prophétiser parmi les Juifs

                        b Moi, Néphi—n’ai pas enseigné—manière des Juifs

                              c j’écris à mon peupleles jugements de Dieu—

                                s’abattent sur toutes les nations

                  D les paroles d'Ésaïe

                        E ne sont pas claires pour vous

                              F néanmoins elles sont claires

                                    G pour tous ceux

                                          H qui sont remplis

                                                I de l'esprit

                                                      J de prophétie

                                                      J’ mais je vous donne une prophétie

                                                I’ selon l'esprit

                                          H’ qui est en

                                    G’ moi

                              F’ prophétiser selon la clarté

                        E’ mon âme met ses délices à être claire

                  D’ mon âme fait ses délices des paroles d’Ésaïe

            C’   a les Juifscomprennent—les choses des prophètes—comprend

                        b moi, Néphi—n’ai pas instruit—manière des Juifs

                              c J’ai fait mention à mes enfants—jugements de Dieu

                                 se sont produits parmi les Juifs

      B’ ce qu’Ésaïe a dit

A’ je ne les écris pas

Juste avant et après ce chiasme, il y a, respectivement, les paroles d'Ésaïe et la prophétie de Néphi. Par conséquent, comme 2 Néphi 11:2-8, les limites du chiasme sont claires et « il constitue un bloc au sein d’une unité littéraire [45] ». Il y a un certain nombre d'autres ressemblances qui apparaissent entre ce passage et le chiasme de 2 Néphi 11:2-8. Dans les deux chiasmes, Néphi dit que son « âme met ses délices » dans les paroles d’Ésaïe. Les deux commencent par « Maintenant, moi, Néphi » et les extrémités de chacun se rapportent aux écrits de Néphi. Les deux contiennent « les paroles d'Ésaïe » comme éléments parallèles, et le deuxième passage comprend aussi des mentions parallèles à ce qui a été « dit » par Ésaïe [46]. Et enfin, ce passage contient également un sous-chiasme potentiel dans C’ a et b [47].

Ce passage répond à la question de savoir pourquoi Néphi, qui tenait tant à écrire avec clarté, a consacré une si grande partie de ses petites plaques limitées aux paroles d'un prophète qui « a dit beaucoup de choses qui étaient difficiles à comprendre » (2 Néphi 25:1). La réponse de Néphi est que malgré le fait que les paroles d'Ésaïe n’étaient pas claires pour tout le monde, « elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de prophétie » (2 Néphi 25:4) [48]. Non seulement Néphi avait  lui-même l'esprit de prophétie, mais comme son descendant Alma, il savait que cet esprit est « selon le témoignage de Jésus-Christ » (Alma 6:8) [49]. Ainsi, bien que les écrits d'Ésaïe ne contiennent pas le nom Christ, pas plus que le chiasme, le centre du chiasme révèle la clef permettant de trouver le Christ dans le livre d'Ésaïe.

Juste après ce chiasme, Néphi termine son deuxième livre par ses propres paroles comme troisième témoin du Christ : « Mais voici, je continue avec ma propre prophétie, selon ma clarté, dans laquelle je sais que nul ne peut s’égarer » (2 Néphi 25:7). Lorsqu’il fait son commentaire sur la clarté de ses écrits, Néphi n'a pas l’intention de diminuer ceux d'Ésaïe, le deuxième témoin du Christ. Il écrit au contraire : « Dans les jours où les prophéties d'Ésaïe s’accompliront, les hommes sauront avec certitude, dans les temps où elles arriveront. C'est pourquoi, elles ont de la valeur pour les enfants des hommes » (2 Néphi 25:7-8). En réalité, le fait qu’il inclut les paroles d'Ésaïe confirme qu'il les considère comme claires et précieuses [50].

Néphi affirme aussi qu’il va « limiter » ce qu’il a écrit à son propre peuple et qu’il va plutôt adresser le reste de sa prophétie claire à ceux qui vivent dans les derniers jours qui « pensent » que les paroles d'Ésaïe n’ont pas de valeur : « Car je sais qu’elles [les paroles d'Ésaïe] auront une grande valeur pour lui [son peuple] dans les derniers jours ; car en ce jour-là il les comprendra ; c'est pourquoi, c’est pour son bien que je les ai écrites » (2 Néphi 25:8). Ce désir de nous convaincre non seulement du Christ, mais aussi du témoignage d'Ésaïe à son sujet, crée le contexte pour le reste de 2 Néphi, qui contient plus de quatre-vingt-dix pour cent des passages où Néphi (à l’exclusion de Jacob) utilise le nom Christ.

2 Néphi 25:14-16

Après 2 Néphi 11, les mentions suivantes de Christ (deux fois) et de Messie (deux fois) se trouvent dans 2 Néphi 25:13-16. Bien que ces versets ne soient pas des chiasmes, ils donnent « une impression générale d'ordre ou d'équilibre », qui se manifeste comme suit : « vu son jour… le Messie », « croire au Christ » « croiront au Christ », « n’attendront plus un autre Messie [51] ». Dans ces versets, Néphi note quelques thèmes familiers : « mon âme met ses délices à prophétiser à son sujet, car j'ai vu son jour, et mon cœur exalte son saint nom » (2 Néphi 25:13). Il écrit aussi que les Juifs seront dispersés et châtiés par d'autres nations « jusqu'à ce qu’ils soient persuadés de croire au Christ, le Fils de Dieu, et en l'expiation, qui est infinie pour toute l'humanité » (2 Néphi 25:16).

2 Néphi 25:18-19

Néphi veut entre autres convaincre que Jésus-Christ est le seul vrai Messie. Il le fait en démontrant tout d'abord qu'il n’y a qu’un seul Messie et en nous conduisant ensuite de ce Messie au Christ par une progression de pensée. Le nom Messie apparaît ensuite six fois en deux versets (voir 2 Néphi 25:18-19). On trouve dans ces versets une certaine chiasticité, bien que pas au même point que le premier chiasme présenté plus haut :

A    C'est pourquoi, il leur fera parvenir ses paroles, paroles qui les jugeront au dernier jour,

      B    car elles leur seront données dans le but de les convaincre du vrai Messie qui fut rejeté par eux,

            C    et de les convaincre

                  D    qu'ils ne doivent plus attendre un Messie

                        E    à venir,

                        E’   car s'il en venait un,

                  D’   ce ne serait qu'un faux Messie

            C’   qui tromperait le peuple;

      B’   car il n'y a qu'un seul Messie dont parlent les prophètes, et ce Messie est celui qui sera rejeté par les Juifs.

A’   Car selon les paroles des prophètes, le Messie viendra six cents ans après le moment où mon père quitta Jérusalem

 

Comme dans les deux chiasmes traités plus haut, les extrémités de ce passage se concentrent sur les paroles du Seigneur et de ses prophètes. Bien qu'à première vue la répétition de Messie puisse sembler désordonnée, un examen plus attentif montre qu’elle est soigneusement structurée. Les mentions dans B et B’ concernent le seul vrai Messie rejeté par les Juifs ; les mentions dans D et D’ concernent un futur faux Messie que les Juifs attendent. Par contraste avec les points centraux, qui indiquent la période où seulement un faux Messie viendrait, les extrémités créent un parallèle entre les termes six cents ans et dernier jour, les époques réelles des premier et second avènements du vrai Messie [52].

Conformément au but de Néphi, ce passage indique que les paroles à faire paraître, notamment le Livre de Mormon, sont données pour convaincre le peuple du Seigneur du vrai Messie. Bien que convaincre et tromper ne conviennent sans doute généralement pas à un contraste parallèle, dans ce cas-ci ces mots portent sur les motivations que l’on peut avoir de croire soit au vrai soit au faux Messie. Les  dans Écritures parlent souvent de ceux qui sont trompés ou séduits et croient donc en de faux Messies ou de faux Christs (voir Matthieu 24:5, 24 ; Marc 13:6 ; Luc 21:8 ; 2 Jean 1:7 ; Moïse 1:16, 19) ; par contraste, Néphi écrit ici et ailleurs sur ceux qui seront « convaincus » de croire au vrai Messie et au vrai Christ (2 Néphi 26:12 ; voir aussi la page de titre du Livre de Mormon ; Actes 18:28) [53].

Le contraste créé entre le vrai et le faux Messie démontre la clarté du Livre de Mormon par rapport à la Bible. Dans la Bible, « ‘Messie’ pourrait désigner toute personne appelée par Dieu pour une tâche affectant la destinée du peuple élu… ‘messie’ n'avait pas de signification fixe et technique du temps de Jésus [54]. » Par contre, Messie a une signification définie et fixe dans le Livre de Mormon. Dans le tout premier chapitre, Léhi lit un livre divinement révélé qui « annonçai[t] clairement la venue d'un Messie et aussi la rédemption du monde » (1 Néphi 1:19). Ce livre lui a apparemment été montré par le Messie (voir le 1 Néphi 1:9-11). Ainsi « un Messie » (1 Néphi 1:19 ; 10:4) évolue rapidement vers « le vrai Messie » (1 Néphi 10:14). Parce que « il n’y a qu’un seul Messie dont parlent les prophètes », tout autre Messie est « un faux Messie » (2 Néphi 25:18).

La conclusion de la répétition de Messie dans ce chiasme marque un tournant dans les écrits de Néphi. Après le verset 19, Néphi n’utilise plus qu’une seule fois le titre Messie sur les petites plaques (voir 2 Néphi 26:3). Par contraste, à partir de 2 Néphi 25:19, Néphi passe à l’utilisation du nom Christ. Bien que Christ n’apparaisse que huit fois jusqu’ici, à partir du verset 19, le nom apparaît seize fois en treize versets et après cela, vingt-neuf fois encore dans le reste de 2 Néphi [55]. Pour faciliter le passage de Messie à Christ, Néphi a recours à un parallélisme alterné simple comme passerelle pour relier les deux termes entre eux et comme connecteur entre deux chiasmes [56] :

a Car selon les paroles des prophètes,

   b    le Messie viendra six cents ans après le moment où mon père quitta Jérusalem;

a et selon les paroles des prophètes, et aussi la parole de l'ange de Dieu,

   b    son nom sera Jésus-Christ, le Fils de Dieu. (2 Néphi 25:19) [57].

 

2 Néphi 25:19-20

2 Néphi 25:19 marque la première fois que le nom Jésus apparaît dans le Livre de Mormon. Le nom n’apparaît que neuf fois de plus sur les petites plaques, dont huit dans le reste de 2 Néphi. Néphi a placé le nom Jésus-Christ à chaque extrémité d'un chiasme se composant de plusieurs types de Christ inclus entre les deux mentions de son nom, comme montré ci-dessous :

A    a    Son nom

            b    sera Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

                  c    Et maintenant, mes frères, j'ai parlé clairement,

                        d    afin que vous ne puissiez pas vous tromper.

      B    Et comme le Seigneur Dieu vit,

            C    lui qui a fait monter Israël du pays d'Égypte,

                  D    a    et a donné à Moïse le pouvoir

                              b    de guérir les nations

                        E    lorsqu'elles eurent été mordues par les serpents venimeux,

                        E’   si elles voulaient bien jeter les yeux sur le serpent qu'il dressa devant elles,

                  D’   a    et lui a aussi donné le pouvoir

                              b    de frapper le rocher

            C’   et d'en faire jaillir l'eau;

      B’   oui, voici, je vous dis que de même que ces choses sont vraies, et que le Seigneur Dieu vit,

A’   a    il n'y a aucun autre nom donné sous le ciel,

            b    si ce n'est ce Jésus-Christ

                  c    dont j'ai parlé,

                        d    par lequel l'homme puisse être sauvé.

 

Les extrémités (A, A') soulignent explicitement le salut par le nom Jésus-Christ. L’utilisation de ce nom pour ouvrir et fermer le chiasme nous rappelle les paroles du Sauveur aux Néphites : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin » (3 Néphi 9:18). En utilisant le nom Jésus-Christ, Néphi, dont l’ « âme met ses délices à être claire » (2 Néphi 25:4), parle « clairement » de sorte que nous « ne puissions pas nous tromper » (A). Il est intéressant de remarquer que sur les quatre chiasmes décrits jusqu'ici, les extrémités des deux premiers se concentrent sur les paroles du prophète Ésaïe ; les extrémités du troisième se concentrent sur les paroles du Seigneur par ses prophètes et les extrémités du quatrième se concentrent sur les paroles du prophète Néphi. Les deux lignes parallèles suivantes (B, B') nous assurent deux fois par un serment sacré que Jésus-Christ est le seul nom par lequel le salut est accordé [58].

 

En (C) et (C'), la délivrance d'Israël d'Égypte et l'eau du rocher se produisent toutes deux par le pouvoir de Dieu après que le rocher et l'Égypte ont été frappés par la verge de Moïse. Ce parallèle est presque identique à celui qui se trouve aux extrémités du schéma du psaume 114 fait par Lund, qui est également « une combinaison de chiastique et d’alternance » : « A  Quand Israël sortit d'Égypte, Quand la maison de Jacob s'éloigna d'un peuple barbare » et « A’  Qui change le rocher en étang, Le roc en source d'eaux [59]. » Dans Deutéronome 8:14-15, ces deux événements sont présentés ensemble en termes similaires, en même temps que l'épisode des serpents brûlants : « Prends garde que ton cœur ne s'enfle, et que tu n'oublies l'Éternel, ton Dieu, qui t'a fait sortir [yatsa] du pays d'Égypte, de la maison de servitude, qui t'a fait marcher dans ce grand et affreux désert, où il y a des serpents brûlants et des scorpions, dans des lieux arides et sans eau, et qui a fait jaillir [yatsa] pour toi de l'eau du rocher le plus dur [60]. »

Dans les allusions, aux extrémités, à Jésus-Christ, il y a un certain nombre de types et de symboles du Sauveur, démontrant la véracité de la déclaration de Néphi que « tout ce qui a été donné par Dieu à l'homme depuis le commencement du monde est une figure de lui » (2 Néphi 11:4) [61]. La chose la plus importante est le centre ou point focal du chiasme (E, E'), qui oppose deux idées antithétiques [62]. Spécifiquement, le serpent donneur de vie élevé au-dessus des nombreux serpents venimeux destructeurs de vie symbolise le Christ élevé sur la croix (« au-dessus de tout ») et son pouvoir sur la mort et le péché [63]. En outre, la relation antithétique entre les divers serpents venimeux et le serpent sauveur unique est analogue à la relation entre les faux Messies potentiellement nombreux avec l'unique Messie véritable (voir 2 Néphi 25:18-19 ; voir aussi Paroles de Mormon 1:15, qui parle de « faux Christs ») [64]. Ce contraste est amplifié par la conclusion chiastique que « il n'y a aucun autre nom » par lequel le salut est accordé (A').

À un autre niveau, le serpent d'airain élevé sur une perche par Moïse est en opposition avec  « le serpent ancien, qui est le diable » (2 Néphi 2:18), qui reçut la malédiction de marcher sur son ventre dans la poussière (voir Moïse 4:20) [65]. Enfin, la valeur numérique du mot hébreu traduit par « serpent », nachash, est 358, qui est identique à la valeur numérique de mashiach, le mot hébreu rendu par Messie ou « oint » [66]. » Ainsi, en entourant le serpent symbolique par le nom Jésus-Christ, Néphi nous mène à la conclusion inévitable que Jésus-Christ est le seul vrai Messie.

En plus du serpent, on trouve, dans le chiasme, d'autres types du Christ et de son expiation. La délivrance d'Israël de l’esclavage en Égypte est un type de la délivrance du peuple de l'alliance de l’esclavage spirituel par l'expiation du Christ. En outre, Jésus fut emmené en Égypte « afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: J'ai appelé mon fils hors d'Égypte » (Matthieu 2:15 ; voir Osée 11:1). Moïse lui-même est un type du Christ. Il a prophétisé que tout comme le serpent a été élevé, « L'Éternel, ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères, un prophète [c.-à-d. le Christ] comme moi » (Deutéronome 18:15 ; Actes 3:20-22 ; 1 Néphi 22:20-21 ; 3 Néphi 20:23) [67].

En outre, le rocher et les eaux vives qui en sortent sauvent Israël de la mort physique dans le désert, tout comme le Christ est « le rocher spirituel » d’où coule l’eau vive pour sauver le peuple de l'alliance de la mort spirituelle dans le désert du péché (voir 1 Corinthiens 10:4 ; Deutéronome 32:4 ; voir aussi Jean 4:14 ; 7:37). De plus, tout comme de l'eau sort du rocher après que Moïse a « frapp[é] deux fois le rocher » avec sa verge, de l'eau (et du sang) sortent de Jésus quand il a été percé dans le côté par une lance tandis qu’il était élevé sur la croix (voir Nombres 20:11 ; Jean 19:34).

En parlant des prophètes de l'Ancien Testament, un commentateur a affirmé :

« Quand le Nouveau Testament montre que la vie du Christ est la vérité et l'accomplissement de tout ce qui a été esquissé et symbolisé dans l'Exode, il ne fait que reprendre et poursuivre la typologie esquissée par les prophètes. La différence de base ne se situe pas dans la typologie, mais dans le fait que les auteurs du Nouveau Testament montrent comme accompli en Jésus Christ ce que les prophètes présentent comme quelque chose qui est encore à venir [68]. »

Ce qui fait que le Livre de Mormon est si unique est que des prophètes tels que Néphi ont non seulement puisé dans l'Exode ces types des choses à venir, mais ont également montré que ces types seraient accomplis en Jésus Christ [69]. Ainsi « quand il s’agit de rassembler des documents disparates, il est… important de reconnaître ce que fait le Livre de Mormon pour unir l'Ancien Testament au Nouveau Testament d'une manière qui… en fait, est parfois considérée comme impossible dans d'autres traditions religieuses [70]. » « Cette façon de fusionner des éléments de l’Ancien et du Nouveau Testament est l'une des caractéristiques les plus distinctives du Livre de Mormon [71]. » En outre, « la capacité du Livre de Mormon d'unifier les deux testaments de la Bible… et sa capacité de parler au Juif et au Gentil sont peut-être deux de ses points forts les plus importants et cependant ceux qui sont le plus souvent négligés [72]. » Le chiasme était l'outil idéal pour aider Néphi à  établir ce rapport.

2 Néphi 25:24-27

L'un des plus grands de tous les types, la loi de Moïse, n’apparaît pas dans les types de Christ que l’on trouve dans 2 Néphi 25:19-20. Cependant, la loi et le Christ sont rattachés entre eux par une répétition non structurée quelques versets plus tard seulement. À partir de 2 Néphi 25:23, le nom Christ apparaît quatorze fois et le mot loi treize fois en neuf versets. La partie centrale de ces versets sur le Christ et la loi est un passage chiastique qui se trouve dans 2 Néphi 25:24-27 [73] :

A          a    Et en dépit du fait que nous croyons au Christ,

                  b    nous gardons la loi de Moïse

      B    a    et attendons avec constance le Christ,

                  b    jusqu'à ce que la loi soit accomplie.

            C    Car c'est à cette fin que la loi a été donnée;

                  D    a    c'est pourquoi, la loi est devenue morte pour nous,

                              b    et nous sommes rendus vivants dans le Christ à cause de notre foi;

                                    cependant, nous gardons la loi à cause des commandements.

                        E    Et nous parlons du Christ,

                              nous nous réjouissons dans le Christ,

                              nous prêchons le Christ,

                              nous prophétisons concernant le Christ,

                        E’   et nous écrivons selon nos prophéties, afin que nos enfants sachent vers quelle

                              source ils peuvent se tourner pour obtenir la rémission de leurs péchés. C'est

                              pourquoi, nous parlons de la loi, afin que nos enfants sachent

                  D’   que la loi est morte;

                        a    et que, sachant que la loi est morte,

                              b    ils attendent cette vie qui est dans le Christ

            C’   et sachent à quelle fin la loi a été donnée.

      B’   Et que lorsque la loi aura été accomplie dans le Christ,

A’   ils ne s'endurcissent pas le cœur contre lui lorsque la loi devra être abolie.

 

Comme dans le psaume chiastique 115, le centre de ce chiasme contient « une profusion de noms divins [74] ». En fait, ce passage est le seul cas où Néphi utilise le nom Christ au centre d'un chiasme. C'est clairement l'un de ces « textes du Livre de Mormon, qui fusionnent la loi de Moïse avec l'Évangile de Jésus-Christ, aussi peu naturelle que cette combinaison puisse paraître à certains [75]. » Pour frère Holland, la loi de Moïse doit être considérée « comme le recueil inégalé de types, d'ombres, de symboles et de préfigurations du Christ qu’elle est [76]. » Dans ce passage, comme dans 2 Néphi 25:19-20, Néphi a recours au chiasme pour enseigner les relations des types, des ombres et des symboles avec le Christ. Dans des termes presque identiques à ceux du chiasme de 2 Néphi 11:2-8, ce passage parle du but dans lequel la loi a été donnée. Comme le chiasme de 2 Néphi 25:1-6, le point focal de ce passage est la prophétie. L'esprit de prophétie est une « clef christologique » qui permet de comprendre que la vie éternelle grâce au Christ est le but dans lequel la loi a été donnée et que les symboles et les types sont eux-mêmes simplement des impasses [77]. Le passage utilise une alternance chiastique simple (D a b, D’ a b) pour contraster la loi morte avec le Christ vivant [78]. Ainsi donc, bien que des types tels que le serpent d'airain et la loi puissent montrer le chemin, on doit en fin de compte regarder au-delà du type mort et « attend[re] avec constance le Christ » (2 Néphi 25:24).

Frère Holland écrit aussi que « le Livre de Mormon fait plus pour relier les dispensations et pour mettre la loi de Moïse dans sa vraie perspective – c’est-à-dire pour clarifier et souligner son rapport avec l'Évangile de Jésus Christ – que n'importe quel autre livre qui existe [79]. » Selon Neal A. Maxwell : « Puisque le Livre de Mormon doit paraître pour convaincre le Juif que Jésus est le Christ, l’attention soigneuse qu’il accorde au caractère précurseur de la loi de Moïse portera un jour des fruits considérables parmi les enfants de Juda [80]. » Parce que « il faut souvent exercer une foi rédemptrice à l’égard d’expériences qui se situent dans le futur – l’inconnu, qui donne une occasion au miraculeux », le pouvoir qu’a le Livre de Mormon de persuader les Juifs peut partiellement provenir de la foi de ses auteurs, qui ont à la fois adhéré à la loi et prévu la venue du Christ [81].

2 Néphi 25:28-29

Après le passage ci-dessus il y a trois autres mentions de Christ qui sont des exemples de cycloïde [82] et d'anabase [83] :

car la voie droite, c'est de croire au Christ

et de ne pas le nier,

car en le niant

vous niez aussi les prophètes et la loi.

Et maintenant, voici, je vous dis que la voie droite, c'est de croire au Christ

et de ne pas le nier;

et le Christ est le Saint d'Israël. (2 Néphi 25:28-29)

  

2 Néphi 26:1-9

Ce passage est un autre chiasme potentiel qui contient à la fois Messie (une fois, pour la dernière fois dans 2 Néphi) et Christ (deux fois). À cause de la longueur du passage, du fait qu’il a moins à voir avec le thème de cet article et qu'il est publié ailleurs [84], sa structure chiastique n'est pas donnée ci-dessous. Cependant, quelques commentaires généraux s’imposent. Les extrémités du passage sont « lorsque le Christ sera ressuscité des morts il se montrera à vous » et « le Fils de la justice leur apparaîtra » (2 Néphi 26:1, 9). Comme la plupart des passages chiastiques décrits ci-dessus, ce passage a également les paroles du Christ ou de ses prophètes comme éléments parallèles (voir 2 Néphi 26:1, 8). Au lieu de se concentrer sur des types du Christ, le chiasme se concentre sur les « signes… de sa naissance, et aussi de sa mort et de sa résurrection » (2 Néphi 26:3). Enfin, comme 2 Néphi 25:24 (« attend[re] avec constance le Christ, jusqu'à ce que la loi soit accomplie »), le chiasme indique que les justes « attendent avec constance dans le Christ les signes qui sont donnés » (2 Néphi 26:8) [85].

2 Néphi 26:12

Les deux mentions suivantes du nom Christ mettent en évidence le désir de Néphi de convaincre et se trouvent dans un parallélisme alterné simple dans 2 Néphi 26:12 :

a   Et comme j'ai dit qu'il fallait convaincre les Juifs

     b   que Jésus est le Christ même,

a   il faut nécessairement que les Gentils soient convaincus, eux aussi,

     b   que Jésus est le Christ, le Dieu éternel [86]

 

Selon frère Maxwell,

« Convaincre » les Juifs de ce que Jésus est le Messie est sûrement l'un des buts prioritaires du Seigneur dans les derniers jours. (Voir 2 Néphi 26:12.) Ceux qui nous ont donné le Livre de Mormon n'ont jamais perdu de vue ce but central qui est de convaincre – et nous non plus. De plus, l'utilisation répétée de ce même mot précis n'est clairement pas accidentel [87].

2 Néphi 30-33

À part deux exemples isolés de Christ dans 2 Néphi 27:11 et 28:14, les mentions restantes du nom sont dans les quatre derniers chapitres de 2 Néphi, où il apparaît un total de vingt-quatre fois, ce qui correspond à presque la moitié de l’usage total qu’en fait Néphi [88]. Un des points saillants de cette partie est le discours de Néphi sur la « doctrine du Christ » qu'il expose « clairement, selon la clarté de [sa] manière de prophétiser » (2 Néphi 31:2). En fait, avec sa concentration sur le Christ, cette section peut constituer la partie la plus claire des écrits de Néphi. Il ne semble pas qu’aucune de ces vingt-quatre mentions finales de Christ apparaisse sous forme chiastique. Néanmoins, Néphi a jeté les bases de ces chapitres culminants en nous convainquant du Christ de manière chiastique dans ses précédents écrits.

Bien qu’il n'utilise pas le nom Christ dans des chiasmes à la fin de ses écrits, Néphi a recours à ces formes de parallélisme que sont l'anabase et l'épibole [89] :

écoutez ces paroles

et croyez au Christ;

 et si vous ne croyez pas en ces paroles,

croyez au Christ.

Et si vous croyez au Christ,

vous croirez en ces paroles,

car elles sont les paroles du Christ (2 Néphi 33:10)

 

Enfin, Néphi termine par une invitation et une prière au nom du Christ :

« Et si elles ne sont pas les paroles du Christ, jugez-en: car le Christ vous montrera au dernier jour, avec puissance et une grande gloire, qu'elles sont ses paroles… Et je prie le Père, au nom du Christ, que beaucoup d'entre nous, sinon tous, soient sauvés dans son royaume en ce grand et dernier jour » (2 Néphi 33:11-12) [90].

Il est clair que les paroles de Jacob, d'Ésaïe et de Néphi, données par l'esprit de prophétie, selon le témoignage de Jésus, ne sont pas simplement les paroles de trois témoins spéciaux ; elles sont réellement « les paroles du Christ [91]. »

Conclusion

L'analyse qui précède devrait être un témoignage de la véracité de la déclaration de Néphi quand il dit : « Nous travaillons diligemment à écrire, pour persuader nos enfants, et aussi nos frères, de croire au Christ et d'être réconciliés avec Dieu » (2 Néphi 25:23) [92]. Il serait difficile d’imaginer un auteur plus diligent et plus appliqué que Néphi [93]. Parlant d'écrits et d’auteurs anciens, Welch conclut que « la beauté littéraire était synonyme de forme. La marque d'un grand artiste est sa capacité de devenir tellement habile dans l'utilisation d'une forme que la forme elle-même devient presque invisible ou du moins n'attire pas indûment l'attention sur elle-même [94]. » C’est le cas des écrits de Néphi. Par exemple, quand nous lisons le nom Christ dans 2 Néphi 11:4-7, nous ne nous apercevons pas tout de suite que le nom est employé symétriquement et simultanément dans un grand chiasme et dans un sous-chiasme. Il n’est pas non plus évident dans 2 Néphi 25:19 qu'un parallélisme simple alterné est employé pour relier les extrémités de deux chiasmes et pour passer de la répétition de Messie à la répétition de Christ. En outre, après avoir mentionné certaines difficultés spéciales que l’on rencontre quand on écrit de la poésie hébraïque, notamment « les restrictions de la distribution symétrique des noms divins dans les strophes ou l'entrelacement complexe d’idées, d’expressions ou de termes parallèles dans des structures sans cesse alternantes et chiastiques », Lund déclare : « Le fait que l'esprit poétique de l'hébreu antique ait pu maîtriser ces formes rigides qui nous semblent être si inflexibles et rébarbatives est le plus grand hommage que l’on puisse rendre à son génie [95]. » Étant lui-même un Hébreu ancien, Néphi mérite éminemment cet éloge et révèle clairement le coup de patte  d'un grand artiste dans sa façon d’utiliser la forme.

Bien que les écrits poétiques de Néphi conviennent ne serait-ce que pour leur beauté comme moyen de transmettre la parole de Dieu, les chiasmes contenant Christ accomplissent bien plus que cela. L’encadrement chiastique des types du Christ par le nom Christ (voir 2 Néphi 25:19-22 ; 25:24-27) combine de manière convaincante l’ancienne et la nouvelle alliance, enseignant le lien entre les deux et comblant le fossé entre l’Ancien et le Nouveau Testament [96]. En outre, l'association chiastique de l'esprit de prophétie avec les paroles d'Ésaïe (voir 2 Néphi 25:1-6) enseigne le moyen de comprendre le témoignage du Christ rendu par Ésaïe. De plus, s'ajoutant à son récit prophétique du rôle et de la mission spécifiques de Jésus, les écrits poétiques de Néphi nous conduisent soigneusement du terme plus général de Messie au nom très précis qu’est Christ. Le parallélisme alterné simple de 2 Néphi 25:19 constitue la passerelle que Néphi emprunte pour passer d’un terme à l'autre.

Comme Néphi le proclame dans 2 Néphi 26:12 et Moroni à la page de titre, le Livre de Mormon a pour but de convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ. La clarté du témoignage que Néphi rend du Christ peut suffire pour attirer les gentils, mais il faudra probablement le caractère précieux et la beauté de ses écrits poétiques pour convaincre les Juifs, qui devraient reconnaître qu'il a écrit selon la « science des Juifs » (1 Néphi 1:2) et selon « la manière de prophétiser parmi les Juifs » (2 Néphi 25:1) [97].

En conclusion, grâce à l’utilisation de chiasmes et d'autres formes de parallélismes se concentrant sur le Christ, les prophéties claires précieuses de Néphi fournissent au Juif et au Gentil un témoignage persuasif et convaincant que Jésus-Christ est le seul vrai Messie.

NOTES

[1] Ceci présuppose des différences qualitatives et quantitatives entre les grandes et les petites plaques. En outre, bien que Néphi ait seulement écrit des choses « sacrées » sur les petites plaques (1 Néphi 19:6), cet article part de la thèse que certaines parties sont plus « claires et précieuses » que d'autres.

[2] Néphi a vu en vision que le Livre de Mormon et d'autres documents « confirmeront la vérité » de la Bible, « feront connaître les choses claires et précieuses qui en ont été ôtées, et feront connaître… que l'Agneau de Dieu est le Fils du Père éternel et le Sauveur du monde » (1 Néphi 13:40). On trouvera une proposition de structure chiastique pour 1 Néphi 13:39-42 dans Donald W. Parry, The Book of Mormon Text Reformatted according to Parallelistic Patterns, Provo, Utah, FARMS, 1992, pp. 23-24.

[3] Jeffrey R. Holland, Christ and the New Covenant, Salt Lake City, Deseret Book, 1997, p. 6.

[4] Neal A. Maxwell, Plain and Precious Things, Salt Lake City, Deseret Book, 1983, p. 41.

[5] Bien que Christ soit un titre, dans le Livre de Mormon il est généralement utilisé comme nom. Cet article se concentre principalement sur le nom Christ, secondairement sur le titre Messie et ne mentionne qu’en passant  d'autres noms ou titres que Néphi utilise pour Jésus.

[6] Robert Alter, The Art of Biblical Poetry, New York: Basic Books, 1985, p. x.

[7] Richard Dilworth Rust, Feasting on the Word: The Literary Testimony of the Book of Mormon, Salt Lake City, Deseret Book and FARMS: 1997, pp. 2-3.

[8] Id., 10.

[9] John W. Welch relève une structure chiastique globale dans 2 Néphi dans laquelle « l’accent principal est mis sur les paroles d’Ésaïe dans lesquelles Jacob et Néphi voient beaucoup de choses qui pourraient s’appliquer à l’avenir du groupe de Léhi. » John W. Welch, « Chiasmus in the Book of Mormon », dans Chiasmus in Antiquity, dir. de publ. John W. Welch, Hildesheim, Gerstenberg, 1981, p. 201.

[10] Selon John Welch, le discours de Jacob dans 2 Néphi 6-10 est un « texte du temple » et « la mission principale » de tels textes dans le Livre de Mormon est de « convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ ». John W. Welch, « The Temple in the Book of Mormon: The Temples at the Cities of Néphi, Zarahemla, and Bountiful » dans Temples of the Ancient World, dir. de publ. Donald W. Parry, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1994, p. 300.

[11] Contrairement aux chapitres précédents, qui contiennent un abrégé des annales de son père et le récit de leurs voyages dans le désert (voir 1 Néphi 19:1), Néphi ne fournit quasiment aucun contexte historique pour cette partie de ses écrits. En outre, bien que Néphi ait probablement commencé à faire les petites plaques environ trente ans après avoir quitté Jérusalem, la rédaction de cette partie finale fut très vraisemblablement commencée au moins dix ans plus tard (voir 2 Néphi 5:33-34).

[12] Holland, Christ and the New Covenant, p. 36. Il affirme également : « On pourrait arguer d'une façon convaincante du fait que le but premier de la rédaction, de la préservation et puis de la traduction des petites plaques de Néphi était de faire paraître lors de la dispensation de la plénitude des temps le témoignage de ces trois témoins. » Id., p. 35. On trouvera un traitement des passages christologiques qui se trouvent dans les écrits des trois témoins dans Holland, Christ and the New Covenant, pp. 33-94.

[13] Si l’on exclut les paroles d'Ésaïe ou de Jacob, mais que l’on inclut les paroles qui ont pu être dites par le Seigneur ou d'autres, Néphi a écrit approximativement 9.790 de ses propres mots dans cette partie du Livre de Mormon. Sur la base de cinquante et une mentions, le taux d’utilisation normalisé du nom Christ par Néphi dans cette section est d’environ 3.61, plus de 3 fois et demie le taux moyen d’utilisation dans le Livre de Mormon. Deux exemples du nom apparaissent dans les paroles de Jacob dans 2 Néphi, mais aucun n'apparaît dans Ésaïe. on trouvera l’explication de la méthodologie statistique que comporte ce calcul dans Roger R. Keller, Book of Mormon Authors: Their Words and Messages, Provo, Utah, BYU Religious Studies Center, pp. 5-7. Keller divise les paroles de Néphi (notamment 1 Néphi), de Mormon et de Moroni, fils de Mormon, en sections « narratives » et en sections « sermoniques ». Le taux d’utilisation normalisé de Christ dans les sections sermoniques de ces trois auteurs est approximativement de 6,3 fois pour Mormon, qui semble être le plus élevé du Livre de Mormon, 4,9 fois pour Moroni, qui semble être le second en nombre de fois et 1,9 fois pour Néphi.

[14] De même, les chapitres 48 et 49 d'Ésaïe, copiés par Néphi dans 1 Néphi 20 et 21, sont séparés des paroles de Néphi par les formes poétiques de l'anabase et du cycloïde dans 1 Néphi 19:24 et par le chiasme dans 1 Néphi 22:1-3. Parry, The Book of Mormon Reformatted, pp. 40, 45-46. En outre, 1 Néphi 19:23-24 révèle même un certain degré de chiasticité, que l’on voit comme suit : écrites, le prophète, j'appliquais toutes les Écritures à nous, entendez les paroles du prophète – maison d'Israël, entendez les paroles du prophète – maison d'Israël, appliquez-les à vous-mêmes, le prophète, écrit.

[15] John W. Welch, « What Does Chiasmus in the Book of Mormon Prove? » dans Book of Mormon Authorship Revisited: The Evidence for Ancient Origins, dir. de publ. Noel B. Reynolds, Provo, Utah, FARMS, 1997, p. 205. Welch écrit également que « la conception et la profondeur du Livre de Mormon ne ressortent souvent que quand on étudie le livre en ayant à l’esprit les principes chiastiques et autres principes littéraires. » Id., p. 222.

[16] Messie apparaît vingt-neuf fois dans les écrits de Néphi sur les petites plaques. Les dix-huit premières mentions, commençant par 1 Néphi 1:19 et finissant par 2 Néphi 3:5, se trouvent dans le compte rendu des visions et des enseignements de Léhi fait par Néphi. Après le sermon de Jacob, Messie n'apparaît plus avant 2 Néphi 25:14, quand Néphi l'utilise pour la première fois indépendamment de son père et de son frère.

[17] Ceci suppose que « la nuit dernière » a trait à la nuit qui a précédé immédiatement (2 Néphi 10:3).

[18] Ce passage est effectif dans tout le Livre de Mormon, parce que Messie n’est utilisé que trois fois en dehors des écrits de Néphi, alors que Christ apparaît 333 fois dans les mêmes textes. Selon Hugh W. Nibley, « Messie est le terme plus général, Christ le terme plus limité et plus particulier. » Since Cumorah, 2e éd., Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1988, p. 168.

[19] Il existe des preuves convaincantes de ce que le texte original du Livre de Mormon consistait en mots hébreux transcrits en caractères égyptiens reformés. Voir John A. Tvedtnes et Stephen D. Ricks, « Jewish and Other Semitic Texts Written in Egyptian Characters », Journal of Book of Mormon Studies 5/2, 1996, pp. 156-163.

[20] Répondant à cette accusation d'anachronisme, Nibley compare l'ambiguïté découlant de l'utilisation des mots Christ et Messie dans le Livre de Mormon avec la même ambiguïté existant dans le récit, dans le Nouveau Testament, des paroles de la Samaritaine au puits de Jacob : « Je sais que le Messie doit venir celui qu'on appelle Christ » (Jean 4:25). Nibley écrit : « Elle a dû utiliser deux mots différents. Pourtant c’était une femme sans instruction qui ne parlait pas le grec mais une langue très proche de l’hébreu ; quel mot a-t-elle bien pu employer pour ‘Christ’ pour le distinguer de Messie ? Nous devons poser la même question à propos du Livre de Mormon plutôt que de nous dépêcher de le condamner comme anachronisme. » Since Cumorah, p. 168 ; comparez avec Jean 1:41.

[21] Il ne devait pas être plus difficile de révéler que Christos serait le futur nom du Messie que de révéler que Marie serait le nom de la mère du Messie (voir Mosiah 3:8).

[22] Voir James W. Voelz, « The Language of the New Testament », dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, dir. de publ. Wolfgang Haase, Berlin, de Gruyter, 1984, 2:25.2, pp. 894, 926; voir aussi Friedrich Blass et Albert Debrunner, A Greek Grammar of the New Testament, trad. et rév. Robert W. Funk, Chicago, University of Chicago Press, 1961, p. 3 (parlant de sections du Nouveau Testament « qui reposent probablement sur un original araméen »). Puisque « Jésus parlait l’araméen galiléen » pendant son ministère, le Messias araméen, qui apparaît deux fois dans le Nouveau Testament, est également une possibilité pour le nom futur du Messie. Voir Joachim Jeremias, The Parables of Jesus, trad. S. H. Hooke, éd. rév., New York, SCM, 1963, p. 25. Toutefois, la permanence du grec Christos en fait un choix plus probable.

[23] Blass et Debrunner, A Geek Grammar, 3.

[24] Voelz, « The Language of the New Testament », p. 928.

[25] Blass et Debrunner, A Greek Grammar, p. 3. « La LXX a créé les équivalents grecs des vocables hébreux et ceux-ci, chargés de leurs (nouvelles) significations hébraïques, ont été repris et employés par les auteurs du NT. » Voelz, « The Language of the New Testament », p. 928. Ces emprunts à la Septante se sont peut-être produits parce que « la langue de la LXX semblait convenir parfaitement à un style solennel et digne. » Blass et Debrunner, A Greek Grammar, p. 3.

[26] Que la femme au puits de Jacob ait parlé le grec ou pas, l'ange de Jacob a certainement pu le parler. Ainsi la situation hypothétique suivante est possible : un ange parlant l’hébreu enseigne à Jacob le mot grec Christos ; Néphi transcrit ce terme en caractères égyptiens réformés et Joseph Smith le traduit par le mot anglais Christ. On trouvera un point de vue différent dans John Tvedtnes, critique de The Use of the Old Testament in the Book of Mormon, par Wesley P. Walters, Review of Books on the Book of Mormon 4, 1992, pp. 230-231 : « Il n'y a ici aucun indice que le Livre de Mormon ait contenu un mot grec ou que le terme rendu par « Christ » par Joseph Smith était étranger aux Israélites pré-chrétiens. »

[27] Non seulement le Livre de Mormon n’est pas anachronique à cet égard, mais il précède la conclusion relativement récente de beaucoup de savants que le bilinguisme en Palestine était répandu du temps du Christ.

[28] Le passage suivant dans le texte contient quatre sous-chiasmes dans un chiasme principal. Nous utilisons des majuscules pour indiquer les éléments séparés de chaque chiasme et nous ajoutons un numéro en indice 1-4 dans le cas des sous-chiasmes. Les minuscules indiquent les éléments parallèles qui n’ont pas de correspondances en sens inverse. Les italiques servent à mettre en évidence les parallèles entre les éléments du chiasme principal mais pas des sous-chiasmes. Il y a un schéma chiastique différent de ce passage dans Parry, The Book of Mormon Reformatted, p. 76. Selon Welch : « Définir les unités littéraires et déterminer où elles commencent et où elles finissent… est souvent une affaire de jugement personnel, de même que le fait de décider quels sont les termes qui constituent des correspondances significatives dans les deux parties. » John W. Welch, « Criteria for Identifying and Evaluating the Presence of Chiasmus », Journal of Book of Mormon Studies 4/2, 1995, p. 3.

[29] A a, b, c constitue une alternance chiastique étendue avec A’ a, b, c, ci-dessous. Lund appelle cette forme une « combinaison de sections alternantes et chiastiques. » Nils W. Lund, Chiasmus in the New Testament, Chapel Hill: University of North Carolina Press, 1942, p. 61. On trouvera une définition de « alternance étendue » dans Parry, The Book of Mormon Reformatted, p. i.

[30] Lund, Chiasmus in the New Testament, p. 98. Lund appelle aussi les trois « classes » suivantes de psaumes : (1) chiastiques simples, (2) alternances et (3) une combinaison de ces deux formes. Id., p. 94.

[31] L’expression âme met (fait) ses délices n’apparaît que onze fois dans le Livre de Mormon, toutes dans 2 Néphi et habituellement dans un chiasme.

[32. Âme et cœur constituent une paire de mots parallèles dans le Livre de Mormon ; voir Kevin L. Barney, « Poetic Diction and Parallel Word Pairs in the Book of Mormon », Journal of Book of Mormon Studies 4/2, 1995, 15, 51-54. Néphi utilise souvent les mots cœur et âme en parallèle, par exemple, sept fois dans 2 Néphi 4:15-30. Il écrit aussi : « Mon âme se réjouira à cause de toi, mon Dieu » (2 Néphi 4:30). Jacob écrit : « mon âme a le péché en horreur, et mon cœur fait ses délices de la justice » (2 Néphi 9:49). Délices et se réjouir sont synonymes (voir, par exemple, Proverbes 2:14).

[33] À la page de titre, Moroni donne deux buts principaux du Livre de Mormon : faire connaître « les alliances du Seigneur » et « convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel ». Ainsi, frère Holland écrit : « Au cours du processus par lequel ils parviennent à pareille conviction au sujet du Christ, tous ceux qui reçoivent ces annales seront également convaincus des ‘alliances du Seigneur’. » Holland, Christ and the New Covenant, p. 4.

[34] La répétition de paroles pourrait être considérée comme non structurée, diminuant de ce fait le degré de chiasticité du passage. Welch, « Criteria », p. 7. Cependant, paroles apparaît chaque fois une fois dans A a, b, c, et A’ a, b, c, désignant dans tous les cas les paroles d'Ésaïe. On ne trouve aucune autre mention des paroles d’Ésaïe seules dans le chiasme principal. Cette correspondance exacte et le placement de paroles aux extrémités seulement démontrent que la répétition n'est pas non structurée.

[35] « Plus la structure proposée est compacte ou moins il y a d’éléments hétérogènes entre ses composantes, plus le degré de chiasticité est élevé. Un texte dense révèle une technicité, une rigueur, une concentration, une intention et une clarté plus grandes. » Welch, « Criteria », pp. 6-7.

[36] En termes de logique informatique, la manière d’écrire de Néphi est récurrente et les sous-chiasmes sont nichés au sein du chiasme principal ; il bascule d’un niveau puis revient là où il s’est interrompu. On trouvera des exemples de ce procédé dans la langue et la musique dans Douglas R. Hofstadter, Gödel, Escher, Bach : An Eternal Golden Braid, New York, Basic Books, 1979, pp. 127-131.

[37] Maxwell, Plain and Precious Things, p. 14.

[38] Parlant du Livre de Mormon, du Nouveau Testament et des annales des dix tribus, frère Maxwell écrit que « en fin de compte, c’est par trois témoins scripturaires que la nature messianique de Jésus de Nazareth sera finalement confirmée. » Maxwell, Plain and Precious Things, p. 12.

[39] L'utilisation par Néphi du mot Rédempteur en ce qui concerne Ésaïe est intéressante ici aussi bien que dans 1 Néphi 19:23. Bien qu'il n’ait utilisé le terme messie ou oint qu’en ce qui concerne Cyrus dans Ésaïe 45:1, Ésaïe emploie le terme gaal ou Rédempteur au moins treize fois.

[40] Young's Analytical Concordance to the Bible, Nashville, Nelson, 1982, pp. 1068-1069, 831. Comparez la prière d'actions de grâces de David dans 2 Samuel 7:25 : « Maintenant, Éternel Dieu, fais subsister jusque dans l'éternité la parole [dabar] que tu as prononcée sur ton serviteur… et agis selon ta parole [dabar]. »

[41] L'amplification ou intensification est le mouvement entre deux idées parallèles, la seconde intensifiant la première. Voyez Alter,  The Art of Biblical Poetry, pp. 10-14

[42] Dans le premier sous-chiasme, la diffusion des paroles d'Ésaïe s’étend pour inclure également les paroles de Jacob. Dans le deuxième sous-chiasme, le désir de Néphi de prouver ses paroles est intensifié par la déclaration que Dieu prouvera ses propres paroles.

[43] Bien que cet article n'analyse pas les prophéties d'Ésaïe sur le Christ, on pourrait écrire beaucoup de choses là-dessus. Selon frère Holland, « Ésaïe est à tous égards le prophète messianique par excellence de l'Ancien Testament C’est certainement à cause de cette focalisation messianique dévorante – plus exactement cette préoccupation messianique – qu’Ésaïe présente tant d’intérêt et est tellement important pour Néphi. » Holland, Christ and the New Covenant, pp. 75-76. Il écrit également que sur les 433 versets d'Ésaïe cités dans le Livre de Mormon, « pas moins de 391 de ces versets mentionnent les caractéristiques, l'aspect, la majesté et la mission de Jésus-Christ. » Id., p. 76, citant Monte C. Nyman, Great Are the Words of Isaiah, Salt Lake City, Bookcraft, 1980, p. 7.

[44] J'ai essayé de décomposer les éléments de ce passage au « plus petit commun dénominateur ». Il y a un certain nombre d’autres manières de combiner les éléments qui se trouvent dans G – J et J' – G’.

[45] Welch, «Criteria», p. 6.

[46] Selon un commentateur, « une structure maîtresse » relative aux chapitres 1 à 36 du livre d'Ésaïe est « destruction ou jugement des impies. » Avraham Gileadi, The Book of Isaiah, Salt Lake City, Deseret Book, 1988, p. 11, italiques dans l'original. Étant donné une telle structure et le fait qu’il  inclut les chapitres 2 à 14 d'Ésaïe, Néphi met dans le mille quand il parle des « jugements de Dieu », qui sont « selon tout ce qu’Ésaïe a dit ».

[47] Ce sous-chiasme se présente comme suit :

A1   car je suis sorti de Jérusalem,

      B1   et mes yeux ont vu les choses des Juifs,

            C1   et je sais que les Juifs, eux,

                  D1   comprennent les choses des prophètes,

                        E1   et il n'y a aucun autre peuple

                  D1  qui comprend les choses [des prophètes]

            C1  qui ont été dites aux Juifs aussi bien qu'eux,

      B1  a    s'il n'est instruit

                  b    à la manière des choses des Juifs.

            a    Mais voici, moi, Néphi, je n'ai pas instruit mes enfants

                  b    à la manière des Juifs;

A1  mais voici, moi, en ce qui me concerne, j'ai demeuré à Jérusalem (2 Néphi 25:5-6)

 

Le texte entre crochets se trouvait dans le manuscrit de l'imprimeur mais a été supprimé dans le manuscrit de l'imprimeur « corrigé » et n'est plus apparu depuis lors dans le Livre de Mormon. Voir Book of Mormon Critical Text, Provo, Utah, FARMS, 1987, p. 243.

[48] Pour cette raison Néphi a pu écrire : «  Mais afin de les persuader plus complètement de croire au Seigneur, leur Rédempteur, je leur lus ce qui était écrit par le prophète Ésaïe; car j'appliquais toutes les Écritures à nous, afin que cela fût pour notre profit et notre instruction » (1 Néphi 19:23).

[49] Néphi avait précédemment eu une vision semblable à celle donnée à Jean le Révélateur, qui a également témoigné que « le témoignage de Jésus est l'esprit de la prophétie » (Apocalypse 19:10 ; 1 Néphi 14:24-28).

[50] C’est peut-être parce qu'il a vu dans la vision que beaucoup de choses claires et précieuses seraient ôtées des « annales des Juifs » par « la grande et abominable Église » que Néphi désire préserver les paroles d'Ésaïe dans ses propres annales (1 Néphi 13:20-29). Cependant, le plus ancien manuscrit d'Ésaïe (premier ou deuxième siècle av. J.-C.) antidate la formation de la grande et abominable Église (voir 1 Néphi 13:26) et est essentiellement semblable à l’Ésaïe de Néphi et au texte massorétique. Voir le Harper's Bible Dictionary, San Francisco, Harper, 1985, p. 426; comparez avec  John Tvedtnes, « Isaiah Variants », Provo, Utah, FARMS, 1985, Provo, Utah, FARMS, 1985. Ironie des choses, il se peut que cette conservation des choses claires et précieuses dans des écrits d'Ésaïe soit due au fait qu'il est si difficile de comprendre ses écrits sans l’Esprit.

[51] Welch, « Criteria », p. 10.

[52] Voir Bruce R. McConkie, « Judgment Day » et « Last Day » dans Mormon Doctrine, Salt Lake City, Bookcraft, 1979, pp. 404, 431.

[53] Le récit du Livre de Mormon sur l'antéchrist appelé Korihor fait contraste avec cette façon de convaincre et de tromper : « Et alors Korihor dit à Alma: Si tu me montres un signe, afin que je sois convaincu qu'il y a un Dieu, oui, montre-moi qu'il a du pouvoir, et alors je serai convaincu de la véracité de tes paroles. » (Alma 30:43). Après que le signe a été donné sous forme de malédiction, le grand juge demande à Korihor : « Es-tu convaincu du pouvoir de Dieu? » (Alma 30:51). Plus tard, Korihor reconnaît : « Le diable m'a trompé, car il m'est apparu sous la forme d'un ange [d’un faux ange si pas d’un faux Messie] et m'a dit: Va et ramène ce peuple, car ils se sont tous égarés derrière un Dieu inconnu » (Alma 30:53). À la suite de ces événements, les gens « furent tous convaincus de la méchanceté de Korihor; c'est pourquoi ils furent tous de nouveau convertis au Seigneur » (Alma 30:58).

[54] Harper's Bible Dictionary, p. 630. Comparez avec le manuscrit de la mer Morte, Règle de la Communauté, qui semble parler de deux Messies. L’un est le Messie d'Israël ou Messie royal, l'autre est le Messie d'Aaron ou Messie sacerdotal (et probablement le Maître de Justice). André Dupont-Sommer, The Essene Writings from Qumran, trad. Geza Vermes, Gloucester, World, 1973, pp. 112-113.

[55] « Le but principal de la répétition de mots donnés est d’attirer l'attention sur le mot que l’on répète, ou de faire en sorte que le mot répété devienne le thème principal du passage…Cette utilisation fréquente a tendance à unir les multiples expressions du paragraphe en un corps unifié  – les différentes parties étant reliées par le mot répété. » Parry, The Book of Mormon Reformatted, p. xlvi.

[56] Le second de ces deux chiasmes est présenté dans la prochaine section, ci-dessous.

[57] C’est vraisemblablement le même ange qui apparaît à Jacob la nuit et lui révèle le nom (voir 2 Néphi 10:3).

[58] À propos du caractère sacré du serment, voir Hugh W. Nibley, An Approach to the Book of Mormon, 3e éd., Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1988, pp. 128-129.

[59] Lund, Chiasmus in the New Testament, pp. 110-111.

[60] Dans l'Ancien Testament, le mot racine hébreu généralement utilisé pour le jaillissement de l'eau hors du rocher est yatsa (voir, par exemple, Exode 17:6 ; Nombres 20:8, 10-11 ; Néhémie 9:15). Dans le livre de l'Exode, la sortie d’Israël d'Égypte est mentionnée quelque quarante-deux fois (mon calcul approximatif), dont trente utilisent yatsa  (voir, par exemple, Exode 3:10 ; 6:27 ; 7:4 ; 12:17). Cependant, il convient de noter que chaque fois que l'Exode dans la KJV parle de faire monter Israël d’Égypte (comme dans 2 Néphi 25:20), c’est le mot racine hébreu alah qui est employé au lieu de yatsa (bien que l'Exode 32:7 dans la KJV traduise alah simplement comme « fait sortir »). C’est peut-être une coïncidence, mais la signification du mot racine hébreu ‘ala’ est « sucer » ou « boire ». Voir The New Strong's Exhaustive Concordance of the Bible, Nashville, Nelson, 1990, # 5966 ; voir aussi Job 39:30.

[61] Ou, pour parler comme les Doctrine et Alliances, « Il est au-dessus de tout, en tout, à travers tout et autour de tout » (D&A 88:41).

[62] « L’essence même du chiasme, c’est l’inversion, par conséquent plus l’inversion est claire au point central plus la chiasticité du passage est forte. » Welch, « Criteria », p. 8.

[63] Ces « serpents brûlants qui volaient » ont été envoyés par le Seigneur pour corriger le peuple à cause de son iniquité (1 Néphi 17:41). Voir aussi  Wallace E. Hunt Jr., « Moses' Brazen Serpent as It Relates to Serpent Worship in Mesoamerica », Journal of Book of Mormon Studies 2/2, 1993, pp. 121-131.

[64] Ceux qui attendent « un Messie à venir » (2 Néphi 25:18), plutôt que « [de lever] les regards avec foi vers le Fils de Dieu » pendant qu'il était « élevé » sur la croix (Hélaman 8:14-15), sont comme ceux qui étaient « si endurcis qu'ils ne voulurent pas regarder » le serpent « élevé » devant eux (Alma 33:20 ; Hélaman 8:14), alors qu’il leur aurait été si facile de regarder ce serpent et de vivre (voir Hélaman 8:15). Dans les deux cas, ces gens étaient coupables de « regarder au-delà du point marqué » (Jacob 4:14).

[65] Satan est également le « faux Messie » par excellence en opposition au vrai Messie, puisqu’il « se transforme presque en un ange de lumière » (2 Néphi 9:9) et s’écrie : « Je suis le Fils unique, adore-moi » (Moïse 1:19). Soit dit en passant, dans le livre de Moïse, le serpent est distinct de Satan, puisque Satan met dans le cœur du serpent de tenter Ève (voir Moïse 4:6).

[66] Voir Gileadi, The Book of Isaiah, pp. 6-7 ; Hélaman 8:13-15. Selon Gileadi, « les Juifs étudient soigneusement les paroles des prophètes. Ils analysent même chaque lettre et l'importance de cette lettre selon l'alphabet hébreu. Chaque lettre possède une valeur numérique. Le mot serpent [nachash], par exemple, a la même valeur numérique que le mot Messie [mashiach]. Ainsi, le mot serpent sert également de symbole au Messie. » Voir aussi Joe Sampson, Written by the Finger of God: A Testimony of Joseph Smith's Translations, Sandy, Wellspring, 1993, p. 79.

[67] Même l'expression « guérir les nations » nous rappelle le Christ. La seule autre expression semblable dans les Écritures que je connaisse se trouve dans Apocalypse 22:1-2. Le passage mentionne l’ « eau de la vie… qui sortait du trône de Dieu et de l'agneau » et passe devant un « arbre de vie… dont les feuilles servaient à la guérison des nations ». La vision plus ancienne de Néphi montre clairement que l'arbre de vie et l’eau de la vie sont des symboles du Christ (voir 1 Néphi 11:4-6, 16-27).

[68] Jean Daniélou, From Shadows to Reality: Studies in the Biblical Typology of the Fathers, trad. Dom W. Hibberd, Westminster, Md., Newman, 1960, pp. 156-157, cité dans George S. Tate, « The Typology of the Exodus Pattern in the Book of Mormon », dans Literature of Belief, dir. de publ. Neal E. Lambert, Provo, Utah, BYU Religious Studies Center, 1981, p. 251.

[69] Selon Tate, « Dans la partie Ancien Testament du Livre de Mormon, le schéma de l'Exode se reproduit d’une manière plus concentrée que dans la Bible et sa typologie est plus consciente parce qu'on comprend que les narrateurs possèdent la clef christologique de l'accomplissement des types. » Id., p. 257. En outre, « dans le domaine infini et éternel de l'Expiation, comme dans toutes les autres alliances éternelles, ‘le temps n’est mesuré que pour les hommes’ et les prophètes pourraient parler de choses encore à venir ‘comme si elles étaient déjà venues’. » « Holland, Christ and the New Covenant, p. 27 ; voir aussi Mosiah 16:6 ; Jarom 1:11.

[70] Holland, Christ and the New Covenant, p. 13. « Faisant encore une fois un lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament – qui serait fondamental à la compréhension et à la réconciliation prophétisée des Juifs – Néphi note que le même pouvoir qui a sauvé l’Israël antique des serpents venimeux et a fait jaillir de l’eau du rocher à Meriba est le pouvoir de sauver les âmes éternelles. » Id., 46.

[71] Welch, « The Temple in the Book of Mormon », p. 318.

[72] Id. Parce que « le monde du Livre de Mormon n’est ni juif ni chrétien, mais les deux », le livre « est une passerelle entre les cultures juive et chrétienne ». Id.

[73] La structure de ce chiasme est tirée de Parry, The Book of Mormon Reformatted, p. 99, mise en évidence en caractères gras remplacée par des italiques. Voir aussi John W. Welch, « Chiasmus in the Book of Mormon », dans Book of Mormon Authorship, dir. de publ. Noel B. Reynolds, Provo, Utah, Religious Studies Center, 1982, p. 47, et Welch, « Chiasmus in the Book of Mormon », dans Chiasmus in Antiquity, p. 202.

[74] Lund, Chiasmus in the New Testament, p. 106.

[75] Welch, « The Temple in the Book of Mormon », p. 310.

[76] Holland, Christ and the New Covenant, p. 136.

[77] Voir Tate, « Typology », p. 257 ; comparez avec Gileadi, The Book of Isaiah, p. 3. Les Néphites « attendaient la venue du Christ, considérant que la loi de Moïse était une figure de sa venue… la loi de Moïse servait à fortifier leur foi au Christ; et c'est ainsi qu'ils conservèrent l'espérance par la foi, pour le salut éternel, s'appuyant sur l'esprit de prophétie, qui parlait de ces choses à venir. » (Alma 25:15-16). Pour employer les termes de Jacob, « Et nous avions aussi beaucoup de révélations et l'esprit pour prophétiser en abondance, c'est pourquoi, nous avions connaissance du Christ et de son royaume qui devaient venir » (Jacob 1:6).

[78] De même, Jésus a non seulement dit : « Voici, je suis la loi et la lumière » (3 Néphi 15:9), mais aussi : « Je suis la lumière et la vie du monde » (3 Néphi 9:18).

[79] Holland, Christ and the New Covenant, p. 140.

[80] Maxwell, Plain and Precious Things, p. 24.

[81] Holland, Christ and the New Covenant, p. 18.

[82] « Une expression ou une phrase identique répétée régulièrement dans tout le paragraphe. » Voir Parry, The Book of Mormon Reformatted, pp. xlii, 100.

[83] Un « parallélisme en escalier » ou « une intensification manifeste d'un sens à un autre, jusqu'à atteindre le point culminant de la pensée ». Voir Id., p. xxi.

[84] Parry, The Book of Mormon Reformatted, pp. 100-101. [Ndlr : On trouvera ce chiasme dans l’appendice après les notes.]

[85] L’expression attendent avec constance dans le Christ pourrait probablement être incluse en tant qu'élément de la dernière extrémité, auquel cas elle formerait un parallèle avec lorsque le Christ sera ressuscité à la première extrémité

[86] De même, la page de titre du Livre de Mormon donne le but du livre : « convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel. »

[87] Maxwell, Clear and Precious Things, p. 10. Frère Holland dit que le Livre de Mormon « a été écrit dans le but fondamental et éternellement essentiel ‘de convaincre… Juif et Gentil que JÉSUS est le CHRIST, le DIEU ÉTERNEL.’ » Holland, Christ and the New Covenant, p. 4.

[88] Chose significative, le taux d’utilisation normalisé du nom Christ par Néphi dans ces quatre chapitres est d’approximativement six fois le taux d’utilisation moyen du Livre de Mormon.

[89] Voir Parry, The Book of Mormon Reformatted, p. 115. L’épibole, ou répétition non structurée, est « la répétition irrégulière de la même expression dans un verset ou des versets successifs d’Ecriture. » Id., p. xli.

[90] On trouvera la présentation de 2 Néphi 33:6-13 dans un format poétique en six strophes dans Rust, Feasting on the Word, pp. 82-83.

[91] En plus des cinquante-trois fois que Néphi écrit le nom Christ, Jacob l’écrit vingt-six fois dans son livre (y compris la préface) et Énos l'emploie trois fois dans le sien. Il est cependant possible que les Néphites aient oublié plus tard le nom Christ du fait qu’il a cessé d’être utilisé dans leur vocabulaire religieux standard. Pendant les 141 ans ou plus qui suivent Énos, aucun de ses descendants n’utilisera Christ jusqu'à Amaléki, la dernière personne à écrire sur les petites plaques (voir Omni 1:26), et Jarom ira jusqu’à en revenir à Messie (voir Jarom 1:11). Si l’on ne compte pas les Paroles de Mormon, l’apparition suivante du nom se produit quand, en des termes semblables à ceux de l'ange à Jacob, il est annoncé comme si c’était quelque chose de nouveau par un ange à Benjamin : « Et il sera appelé Jésus-Christ » (Mosiah 3:8). (Il convient de noter que « faux Christs » dans Paroles de Mormon 1:15 a pu faire partie du livre de Mosiah originel.) En outre, en parlant à Noé et à ses prêtres (qui n'avaient pas entendu le sermon de Benjamin), Abinadi parle d’abord du « Messie » et puis du « Christ – car c’est ainsi qu’il sera appelé » (Mosiah 13:33 ; 15:21). Cette formule bien connue employée par Jacob, Néphi (2 Néphi 25:19), Benjamin et Abinadi suggère que dans chaque cas une révélation spéciale du nom du Seigneur a été donnée à un prophète et a ensuite été enseignée comme quelque chose de nouveau à l’auditoire du prophète. Si le nom Christ avait été oublié par les Néphites, le conseil chiastique de Benjamin de se rappeler le nom prend tout son sens (voir Mosiah 5:10-12). Dans le livre d’Éther, Messie n'est pas employé et toutes les mentions de Christ à l’exception d’une sont attribuables à Moroni. L'exception est Éther 3:14, qui enregistre une révélation du nom du Seigneur au frère de Jared qui a été cachée au monde : « Voici, je suis Jésus-Christ » (voir Éther 4:1-2 ; voir aussi Éther 13:4).

[92] Jacob écrit de même : « C'est pourquoi, nous travaillions diligemment parmi notre peuple, afin de le persuader de venir au Christ et de prendre part à la bonté de Dieu, afin qu'il pût entrer dans son repos » (Jacob 1:7).

[93] La diligence de Néphi l’a amené à écrire sur les grandes plaques, chose qui, bien qu'apparemment stérile de notre point de vue à cause de la perte des 116 pages, a dû être pour lui une expérience semblable à celle du Camp de Sion qui l'a préparé pour ses écrits clairs et précieux sur les petites plaques.

[94] Welch, « What Does Chiasmus in the Book of Mormon Prove? » p. 206.

:[95] Lund, Chiasmus in the New Testament, 128.

[96] Non seulement le Livre de Mormon réunit ces deux testaments, mais la Bible et le Livre de Mormon « se rejoindr[ont] pour confondre les fausses doctrines, et mettre fin aux querelles » (2 Néphi 3:12).

[97] « Le fait de voir et d’apprécier ses dimensions juives aide le livre à parler à son auditoire juif aussi bien qu’à ses adhérents gentils. » Welch, « The Temple in the Book of Mormon », p. 318.

APPENDICE

 

Le chiasme dans 2 Néphi 26:1-9

 

A    Et lorsque le Christ sera ressuscité des morts, il se montrera à vous, mes enfants, et mes frères bien-aimés;

      B    et les paroles qu'il vous dira seront la loi que vous observerez.

            C    Car voici, je vous dis que j'ai vu que beaucoup de générations passeront

                  D    et qu'il y aura de grandes guerres et de grandes querelles parmi mon peuple.

                        E    Et lorsque le Messie viendra, il y aura des signes qui seront donnés à mon peuple, de sa naissance, et aussi de sa mort et de sa résurrection; et grand et terrible sera ce jour pour les méchants,

                              F    car ils périront; et ils périssent

                                    G    parce qu'ils chassent les prophètes et les saints, et les lapident et les tuent; c'est pourquoi, le cri du sang des saints montera contre eux du sol jusqu'à Dieu.

                                          H   C'est pourquoi, tous les hautains et tous les méchants, le jour qui vient les embrasera,

                                          H’   dit le Seigneur des armées, car ils seront comme du chaume.

                                    G’   Et ceux qui tuent les prophètes, et les saints,

                              F’   les profondeurs de la terre les engloutiront, dit le Seigneur des armées;

 

                                    et des montagnes les couvriront,

                                    et des tourbillons les emporteront,

                                    et des édifices tomberont sur eux

                                    et les écraseront en petits morceaux

                                    et les broieront en poudre.

                        E’   Et ils seront châtiés par les tonnerres,

                              et les éclairs,

                              et les tremblements de terre,

                              et toutes sortes de destructions, (de nombreux et)

 

car le feu de la colère du Seigneur sera allumé contre eux, et ils seront comme du chaume, et le jour qui vient les embrasera, dit le Seigneur des armées. (épibole)

                  D’   Ô la souffrance, et l'angoisse de mon âme pour la perte des tués de mon peuple!

            C’   Car moi, Néphi, je l'ai vu, et cela me consume presque devant la présence du Seigneur; mais je dois crier à mon Dieu: Tes voies sont justes.

      B’   Mais voici, les justes qui écoutent les paroles des prophètes et ne les font pas périr, mais attendent avec constance dans le Christ les signes qui sont donnés, malgré toutes les persécutions, voici, ce sont ceux-là qui ne périront pas.

A’   Mais le Fils de la justice leur apparaîtra