Doù viennent les papyrus achetés par Joseph Smith,
quest-ce quils contenaient, quen est-il advenu et quest-ce que le
Livre dAbraham a à voir avec eux ? Le présent article traite de ce sujet complexe.
Il combine une conférence faite le 3 mars 1999 par légyptologue John Gee sous les
auspices de FARMS et le même texte remanié pour constituer un chapitre intitulé «
Eyewitnesses, Hearsay and Physical Evidence of the Joseph Smith Papyri » (témoins
oculaires, rumeurs et preuves matérielles des papyrus de Joseph Smith) du livre The
Disciple as Witness, FARMS, 2000.
HISTOIRE DES PAPYRUS DE JOSEPH SMITH ET DU LIVRE DABRAHAM
John Gee
© 1999, 2000 John Gee
Histoire des papyrus
En juillet 1798, Napoléon envahit lÉgypte. Il ny gagna rien, mais
lÉgypte acquit un nouveau gouvernement sous Méhémet Ali et lEurope fut
prise dégyptomanie, car, en fin de compte, la chose la plus importante apportée
par Napoléon dans sa conquête ne fut pas son infanterie, mais son armée de savants.
Il se fit accompagner de 150 savants et artistes, notamment les mathématiciens Gaspard
Monge et Jean-Baptiste Joseph Fourier et le chimiste Claude-Louis Berthollet. En août
1798, ces trois hommes fondèrent lInstitut égyptien. Monge et Berthollet
accompagnèrent Napoléon lorsque celui-ci senfuit dÉgypte en 1799, mais
Fourier, qui nétait pas un intime de Napoléon, ne rentra en France quen
1801. Lannée suivante, il employa comme secrétaire Jacques-Joseph Champollion,
frère aîné du célèbre Jean-François Champollion. Avant de rentrer en France, Fourier
supervisa les recherches archéologiques de lInstitut égyptien. Lexpédition
française en Égypte fut quelque chose de remarquable puisquelle « était
généreusement pourvue par le gouvernement de lépoque dun groupe
délite darchéologues, darchitectes, de géomètres, de naturalistes et
de dessinateurs dont la mission était dexaminer tout ce qui était intéressant
pour la science ou pour la littérature dans ce singulier pays. » En 1809, suite à leur
expédition, les Français publièrent leur « splendide collection », la Description de
lÉgypte en huit tomes de textes, cinq dimages dobjets égyptiens
anciens, deux sur lÉgypte moderne et trois sur son histoire naturelle. Ces dix-huit
tomes, pour lesquels il fallait souvent une bibliothèque spéciale, donnaient aux
Européens le premier aperçu détaillé des antiquités égyptiennes (temples,
sarcophages et papyrus) et suscitèrent lintérêt de lEurope pour
lÉgypte. Monge avait créé la géométrie descriptive à des fins militaires, mais
elle sest aussi avérée être un outil indispensable à larchéologie et fut
utilisée dans les travaux archéologiques français en Égypte, apportant ainsi un
nouveau savoir-faire aux recherches archéologiques de lépoque. Les Français
firent leur plus grande découverte en juillet 1799 dans la forteresse du port
del-Rachid. Cétait une grande pierre de basalte contenant un décret de
Ptolémée V Épiphane traitant de ses réformes politiques et religieuses après
quil eut écrasé une révolte. Les Anglais sen emparèrent et elle se trouve
maintenant au British Museum. Cette stèle, maintenant appelée pierre de Rosette (forme
francisée du nom du lieu où elle a été trouvée, el-Rachid), reste lun des
textes les moins lus quoique le plus célèbre de tous les textes égyptiens, puisque
cest lui qui a permis à Thomas Young de commencer à déchiffrer le démotique et
plus tard à Champollion de faire la même chose avec les hiéroglyphes égyptiens.
Un des soldats qui accompagnèrent Napoléon dans son expédition en Égypte était un
Italien du Piémont appelé Bernardino Drovetti. Il était sous les ordres de Joachim
Murat, beau-frère de Napoléon. Après avoir sauvé la vie à Murat au prix de la perte
dune main, Drovetti fut nommé consul général français dÉgypte, fonction
quil détint de 1803 à 1814.
Après la défaite de Napoléon à Waterloo, un autre Piémontais, Antonio Lebolo, ayant
pris le parti des perdants, dut se débrouiller. Stigmatisé dans sa patrie, il abandonna
sa femme et son enfant et partit pour lÉgypte où il se lia damitié avec
Drovetti. Celui-ci fit de lui son agent et lenvoya à la recherche
dantiquités à piller. À lépoque, larchéologie ne se distinguait pas
du pillage de tombes. (Après tout, la grande différence entre un archéologue et un
pilleur de tombes est que larchéologue publie ce quil trouve.) Sous
leffet de lintérêt suscité par la publication de la Description de
lÉgypte, les Européens se bousculèrent pour acheter des antiquités égyptiennes
et des hommes tels que Lebolo, Drovetti, Giovanni dAnastasi et Giovanni-Batiste
Belzoni étaient tout disposés à les fournir. « Le but de mes recherches, dit Belzoni,
était de piller les Égyptiens. » On naurait pas pu le dire plus succinctement.
On eut recours à toutes sortes de ruses pour se procurer des antiquités. Pour acheter
pour Drovetti un obélisque pour lequel Belzoni avait précédemment obtenu les droits,
Lebolo « prétendit pouvoir lire les hiéroglyphes gravés sur lobélisque et dit
quil était écrit que lobélisque appartenait aux ancêtres de M. Drovetti et
que par conséquent il y avait droit. » Cela et un petit bakchich lui en assura la
possession un certain temps. Une grande partie des objets des collections des musées
européens fut acquise à cette époque et de la même manière. Lebolo navait pas
lavantage dêtre un diplomate avec de bonnes relations, comme Anastasi, ni
davoir acquis célébrité et gloire pour des prouesses comme celles de Belzoni et
est donc moins connu. Les rivalités et les mauvais coups typiques du monde des
collectionneurs dobjets dart dantan battaient leur plein et la collecte
dobjets anciens nétait pas sans danger. Belzoni et Lebolo étaient rivaux et
Lebolo, pour son malheur, échoua dans sa tentative dassassinat de Belzoni, lequel
vécut suffisamment longtemps pour lécrire dans ses mémoires, nous donnant ainsi
une idée du trafic de ces deux coquins indélicats. « La Thèbes antique tout entière
est la propriété privée des consuls anglais et français », dit un voyageur
contemporain qui avait eu affaire à Lebolo, « les bâtiments qui ont jusquà
présent résisté aux attaques des Barbares, ne résisteront pas aux spéculations de la
cupidité civilisée, des virtuoses et des antiquaires. » Belzoni prétendait que la vue
des momies, avant quil ne sy habitue le « remplissait dhorreur » ;
quoi quil en soit, sa description davoir démoli des centaines de momies
inspire le même sentiment à légyptologue moderne.
Parmi le butin retiré de diverses tombes, Lebolo conserva une petite collection
personnelle quil emporta quand il se retira des affaires comme pilleur de tombes. En
1822, il retourna dans son Italie natale avec une maîtresse noire et une collection de
momies. Lorsquil mourut prématurément en 1822, sa collection dantiquités
égyptiennes passa à son fils, Pietro, lequel, pour gagner de largent, les vendit
pour expédition à Albano Oblasser pour les vendre en Amérique à quiconque les
achèterait pour le prix quon pourrait en obtenir moins le transport.
Quand elles arrivèrent à New York, les momies furent achetées par un certain Michael
Chandler, qui avait emprunté pas mal dargent pour ce faire. Chandler espérait
senrichir et quand il ouvrit les sarcophages pour voir ce que les momies
contenaient, il trouva quelque chose. « Quand il découvrit quil y avait quelque
chose avec les momies, M. Chandler supposa ou espéra que ce seraient des diamants ou un
métal précieux et fut fort déçu par ce quil trouva. En ouvrant les sarcophages,
il découvrit que dans le cas de deux des corps, il y avait quelque chose denroulé
avec le même genre de tissu, saturé du même bitume, qui, à lexamen,
savéra être deux rouleaux de papyrus
Deux ou trois autres petits morceaux de
papyrus, avec des calculs astronomiques, des épitaphes, etc., furent découverts sur
dautres momies. » Chandler décida de gagner sa vie en exposant les momies et les
papyrus comme une exhibition de monstres égyptiens, comme P. T. Barnum allait le faire
quelques années plus tard. Chandler, au moins, avait une marchandise authentique pour
laquelle il obtint des certificats dérudits partout où il se rendait, les
collectionnant comme un vendeur de remèdes de charlatan collectionne les témoignages.
Les papyrus retinrent davantage lattention du public que les momies. Chandler finit
par en avoir assez dêtre tout le temps sur les routes et, comme il devait
rembourser largent quil avait emprunté pour acheter les momies, décida de
vendre la collection. Après un passage à Cleveland, son circuit le conduisit à
Kirtland. Ayant trouvé acquéreur, Chandler vendit les momies en juillet 1835 pour $2400
et sadonna à lagriculture.
Les acquéreurs étaient trois, Joseph Coe, Simeon Andrews et Joseph Smith. Ce dernier
allait traduire les papyrus et les antiquités furent donc confiées à sa garde. La
traduction commença en juillet 1835 et prit fin en novembre, la plus grande partie de la
traduction du Livre dAbraham étant terminée dès le début octobre. Ce que Joseph
écrit surtout avoir fait avec les papyrus cest de les avoir montrés aux personnes
intéressées, quelques-unes par mois. Le reste de lannée, Joseph Smith le passa à
étudier lhébreu. En 1836, son temps fut pris par lachèvement et la
consécration du temple de Kirtland. En 1838, la situation à Kirtland était devenue
intolérable et Joseph fut forcé de fuir au Missouri comme beaucoup dautres saints.
Les momies et les papyrus suivirent Joseph au Missouri au cours de lété de 1838
grâce à Vinson Knight. À la fin de lété, Joseph était en prison et Lilburn W.
Boggs, gouverneur du Missouri ordonnait que « les mormons [soient] traités comme des
ennemis et [soient] exterminés ou chassés de lÉtat, si cest nécessaire,
pour le bien public. » Les papyrus et les momies furent transportés en Illinois sous la
direction de Brigham Young et de Heber C. Kimball. Quand il lui fut permis de
séchapper, Joseph rejoignit les saints en Illinois au printemps de 1839 et il y
avait du pain sur la planche. Il fallait assécher les marécages et bâtir une ville. Au
cours des mois dhiver du début de 1842, plus de six ans après son dernier travail
connu sur les papyrus, Joseph eut finalement le temps de sy remettre. Au début de
cette année-là, trois livraisons du Livre dAbraham furent publiées dans le Times
and Seasons, toutes contenant des fac-similés, mais seules les deux premières
contenaient du texte. Les fac-similés accompagnant la publication du Livre dAbraham
furent faits à léchelle par Reuben Hedlock, ancien président du collège des
anciens de Kirtland. Dautres livraisons de luvre furent promises mais
jamais publiées. Lattention de Joseph sétait tournée vers dautres
projets cruciaux tels que la création de la Société de Secours et lintroduction
de la totalité des dotations du temple. Lorsque arriva la fin de lannée, Joseph
était passé dans la clandestinité. Bien que continuant à montrer les papyrus aux
visiteurs, comme il lavait fait à Kirtland, il confia la plupart de ces
responsabilités à sa mère devenue veuve, qui était âgée et avait besoin de gagner un
peu dargent. En 1844, Joseph était assassiné.
En 1851, Franklin D. Richards, lapôtre le plus récent et nouveau président de la
mission européenne, dont le siège était en Angleterre, estima que les saints anglais
qui, à lépoque, étaient le plus grand groupe de saints au monde, navaient
presque pas de documentation de lÉglise, même pas le Livre de Mormon. Il décida
de publier « une sélection des révélations, des traductions et des narrations de
Joseph Smith ». Il lintitula Perle de Grand Prix et inclut le Livre dAbraham
dans la sélection. La Perle de Grand Prix, dit frère Richards, nétait « pas
adaptée ni conçue comme pionnière de la foi parmi les incroyants », mais était
destinée aux saints pour « augmenter leur capacité de conserver et de défendre la
sainte foi grâce à sa possession ». Les fac-similés du Livre dAbraham furent de
nouveau gravés pour cette édition et pour les éditions successives, devenant, au fur et
à mesure, de plus en plus imprécis.
En 1878, la Perle de Grand Prix fut publiée en Utah. Deux ans plus tard, elle fut
canonisée par un vote à la conférence générale. Jusquen 1981, lédition
standard fut lédition de 1901, qui avait les copies les plus inexactes des
fac-similés. Lédition anglaise de 1981 en revint aux fac-similés originaux de
Reuben Hedlock et est depuis lors lédition standard.
Pour en revenir aux papyrus. Après la mort de son fils, Lucy Mack Smith vécut avec Emma,
femme de Joseph, jusquà son décès en mai 1856. Elle exhiba les momies et les
papyrus jusquà sa mort pour le prix de 25 cents. Entre-temps, Emma sétait
remariée avec Lewis C. Bidamon.
Tout de suite après le décès de la maman Smith, sa famille se débarrassa des momies.
Lewis Bidamon, Emma Smith et son fils Joseph Smith III vendirent, moins de deux semaines
plus tard, les quatre momies et les papyrus à Abel Combs, un autre marchand itinérant.
Combs ne garda pas les papyrus ensemble. Il en vendit certains au musée de Saint Louis et
en conserva dautres. Ceux qui avaient été vendus au musée de Saint Louis furent
vendus plus tard au musée Wood. Ce musée déménagea ultérieurement à Chicago où il
fut détruit dans lincendie de 1871. On crut longtemps que tous les papyrus avaient
été détruits, mais ce nétait pas le cas. Combs en avait conservé certains. À
sa mort, ils revinrent à sa gouvernante.
Celle-ci les donna à sa fille, Alice Heusser, qui, en 1918, alla trouver Albert M.
Lythgoe du Metropolitan Museum of Art avec les papyrus. Le musée décida quil
nen voulait pas.
Trente ans plus tard, le Metropolitan changea davis grâce surtout aux efforts de
Ludlow S. Bull. Celui-ci, qui avait fait ses études à Yale, qui avait un diplôme de
droit de Harvard et un doctorat de luniversité de Chicago, commença
légyptologie à Yale. Il eut une longue collaboration avec le Metropolitan. En
1922, lannée où il obtint son doctorat, il fut nommé conservateur adjoint du
département dart égyptien et fut nommé conservateur en second six ans plus tard.
Il resta intéressé par les papyrus et en 1946 essaya de savoir ce quil en était
advenu. Lorsquil retourna pour acheter les papyrus pour le Metropolitan, Alice
Heusser était morte. Bull négocia donc avec son mari, Edward Heusser. Le Metropolitan
acheta les papyrus en 1947 et lannonça immédiatement dans sa liste officielle des
acquisitions du musée, ce qui était la garantie que personne ne le verrait jamais. Et
personne ne le vit jamais.
En 1967, le Metropolitan Museum of Art de New York était sous la direction dynamique de
Thomas Hoving. Celui-ci voulait ce quil y avait de plus grand et de meilleur en
tout. Pour obtenir les fonds pour ce faire, il lui fallait évacuer les objets les moins
désirables du musée et il dit aux divers départements de se débarrasser des objets les
moins historiques. Ceci comprenait les galeries égyptiennes, qui rencontrèrent un
problème : Que faire des papyrus mormons ? Qui en voudrait ? Il était certain
quaucun égyptologue nen voudrait. Peut-être les mormons voudraient-ils les
récupérer. Peut-être pas. Comment le savoir ?
Loccasion se présenta en la personne dAziz S. Atiya, spécialiste du copte à
luniversité dUtah. Lors dun voyage au Metropolitan Museum of Art pour
faire de la recherche sur des objets coptes de ses collections, Atiya fut abordé par
Henry Fischer, conservateur du département dart égyptien du Metropolitan, qui lui
dit vouloir sentretenir avec lui dun sujet délicat. Pensait-il que les
papyrus pourraient intéresser les mormons ? Serait-il disposé à en parler aux mormons
pour savoir ce quils en pensaient ? Il promit de le faire. Malheureusement, Atiya ne
connaissait pas beaucoup de mormons et personne au siège de lÉglise. On
lenvoya auprès de N. Eldon Tanner, membre de la Première Présidence de
lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Les négociations
commencèrent pour de bon en 1966, mais il fallut un an pour que la transaction fût
approuvée par le processus de liquidation du musée. Le transfert fut alors convenu le 27
novembre 1967. Un donateur anonyme fit un don au musée et en échange le musée donna les
papyrus à lÉglise. Le changement de propriété fit la une des journaux qui, comme
dhabitude, racontèrent immédiatement les choses de travers. Mais le département
dart égyptien du Metropolitan Museum of Art était plus préoccupé par
lacquisition du temple de Dendur et par limpact que la guerre israélo-arabe
de 1967 allait avoir sur la poursuite de ses études sur lAntiquité que par une
correction des idées fausses de la presse.
LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours fut heureuse davoir
les papyrus et les publia sur-le-champ. Deux mois plus tard, ils paraissaient dans
lImprovement Era de février 1968 et la numérotation actuelle des papyrus date de
cette publication. Bien entendu, les antimormons navaient pas attendu jusque là
pour attaquer. En réaction, Malcolm Jeppson, rédacteur du tout nouveau trimestriel
Dialogue, demanda que Richard Parker, John Wilson et Klaus Baer publient, pendant
lété de 1968, des traductions préliminaires des papyrus existants, ce quils
firent. Jeppson y ajouta des articles de Hugh Nibley pour représenter le point de vue
promormon et de Jerald Tanner et Grant Heward pour représenter le point de vue
antimormon. Avec cette publication, largumentaire antimormon se fossilisa en un
mantra presque canonique, répété sans fin et rarement vérifié. Les éléments
nouveaux sont généralement venus du côté mormon. Par exemple, la première publication
complète de lun quelconque des papyrus avec texte, traduction et commentaire fut
faite par Hugh Nibley, un membre de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours. La première traduction du fac-similé 2 est de Michael Rhodes, un autre
membre de lÉglise. Les antimormons ont systématiquement évité toute recherche
complémentaire sur un sujet quils ne sont pas compétents pour traiter et qui
risquerait de saper leur argumentation.
Reconstitution des papyrus
Puisque lattaque antimormone contre le Livre dAbraham repose sur leur
compréhension erronée des papyrus, jetons un coup dil plus détaillé sur
ceux-ci.
Ce qui a été donné au Metropolitan Museum of Art et quil a remis à son tour à
lÉglise, cétaient dix fragments de papyrus qui avaient jadis constitué
trois manuscrits distincts. Ces trois manuscrits avaient appartenu à lorigine à
des personnes appelées Hor (JSP I, X-XI), Tsemminis (JSP II, IV-IX) et Neferirtnoub (JSP
IIIa-b). Notre intention ici nest pas tellement de retrouver les divers endroits où
les papyrus se trouvaient ni chez qui ils étaient à tel ou tel moment précis, mais
plutôt dutiliser le témoignage de témoins oculaires pour reconstituer la longueur
et létat physique des papyrus à lépoque où ils étaient en la possession
de Joseph Smith et de déterminer, si possible, ce qui est arrivé aux divers rouleaux.
Nous allons examiner les témoins oculaires par ordre chronologique.
Les témoins oculaires 1835-1837
La première mention connue des Papyrus de Joseph Smith est dA. Gardner [11] dans
une lettre publiée dans le numéro du 27 mars 1835 du Painesville Telegraph [12]. Sur
lune des momies féminines exposées par Michael Chandler, appelée « n° 1 », «
on a trouvé
un rouleau ou livre, ressemblant un peu à de lécorce de
bouleau. Cependant, certains linguistes disent pouvoir déchiffrer 1336 dans ce
quils qualifient dépitaphe ; encre noire et rouge ; beaucoup de personnages
féminins [13] ». Une autre momie féminine, appelée « n° 2 » a été « trouvée
avec un rouleau comme le n° 1, rempli de hiéroglyphes grossièrement exécutés [14]. »
Une momie masculine, appelée « n° 3 », « avait un rouleau de texte comme les n° 1 et
2 [15]. » On peut vraisemblablement les rattacher aux fragments restants suivants des
Papyrus de Joseph Smith : le n°1, avec lencre noire et rouge et les nombreux
personnages féminins, est le rouleau de Tsemminis. Le nombre 1336 est sans doute une
tentative de déchiffrer le hiératique dd mdw in « paroles dites par » dans la rubrique
(appelée ici une « épitaphe »). Le n° 2, provenant dune femme et dont les
hiéroglyphes sont tracés grossièrement est vraisemblablement le rouleau de Neferirtnoub
et le n° 3, qui vient dun homme, est sans doute le rouleau de Hor.
En décembre 1835, Oliver Cowdery, qui, comme Phelps, était secrétaire de Joseph Smith
et avait donc travaillé de près aux papyrus, les décrit comme « deux rouleaux de
papyrus » remplis de « caractères
comme on en trouve sur les sarcophages des
momies, des hiéroglyphes, etc., avec beaucoup de caractères ou lettres exactement
(quoique peut-être pas tout à fait aussi carrés) que la forme actuelle de
lhébreu sans points » formant un « document
joliment écrit sur du papyrus
à lencre noire et, pour une petite partie, rouge, parfaitement conservé [17]. »
Il ajoute « que deux ou trois autres petits morceaux de papyrus, avec des calculs
astronomiques, des épitaphes, etc., ont été trouvés avec dautres de ces momies
[18] ». Cowdery nous apprend donc quoutre les deux grands rouleaux, il y avait
plusieurs autres morceaux divers de papyrus. Toujours prolixe, il décrit aussi les
vignettes qui se trouvent sur les papyrus :
« La représentation de la divinité trois et cependant une est dessinée
de façon curieuse
Le serpent, représenté comme marchant, ou formé de manière à
être capable de marcher, debout en face et près dun personnage féminin est, pour
moi, une des représentations les plus formidables que jaie jamais vues sur papier
ou support de texte
Le pilier dHénoc, dont parle Josèphe, est sur le même
rouleau
Lextrémité intérieure du même rouleau
donne une
représentation du jugement : on voit dun seul coup dil le Sauveur,
assis sur son trône, couronné et tenant les sceptres de la justice et du pouvoir, devant
qui sont assemblées les douze tribus dIsraël, les nations, langues et peuples de
la terre, les royaumes du monde sur lesquels on voit Satan régner, Michel,
larchange, tenant la clef de labîme et en même temps le diable enchaîné et
enfermé dans labîme. Mais pour ce qui est de cette dernière scène je ne peux que
vous donner une ombre de ce que cest en réalité [20]. »
Il y a des années, Jay Todd semble avoir relié avec précision ces descriptions aux
fragments de papyrus actuels [21]. La représentation de la « divinité » semble
provenir de JSP IV, le serpent qui marche et le pilier semblent provenir de JSP V, tout
cela appartenant donc au rouleau de Tsemminis. La description de la scène de jugement
(que Cowdery interprète correctement) [22] correspond à JSP IIIa-b, sauf que Cowdery la
situe « à lextrémité intérieure du même rouleau », ce qui mène à la
conclusion que cétait une vignette du Livre des Morts 125 sur le rouleau de
Tsemminis et cela semblerait confirmé par un fragment du texte du Livre des Morts 125 qui
se trouve dans JSP IX.
Dès 1836, après beaucoup de déplacements et de manipulations [23], les papyrus avaient
été endommagés aux extrémités extérieures des rouleaux [24].Une transcription de
certaines parties du rouleau de Tsemminis, probablement faite en 1835, montre des
gribouillis probablement faits pour indiquer le bord du papyrus, montrant que des morceaux
sétaient déjà détachés [25]. Les papyrus commençaient à se briser en petits
morceaux comme le prouvent les fragments minuscules collés aux mauvais endroits des
papyrus quand ils furent montés sur du papier [26]. Le papier de support date de la
période de Kirtland. Seules les parties extérieures endommagées des rouleaux furent
montées sur du papier. Le reste des papyrus, toujours en relativement bon état, fut
laissé sous forme de rouleaux. Ceci explique tous les rapports de témoins oculaires et
les preuves matérielles restantes. On découvre les préoccupations de Joseph Smith
lui-même quand il remet les antiquités égyptiennes entre les mains de Joseph Coe (qui
avait contribué à leur achat) en février 1836 : « Je me suis conformé à sa demande
et jai simplement dit quil fallait les traiter avec prudence et soin, surtout
les manuscrits [27]. » À mon avis, cest à ce moment-là, si pas plus tôt, que
les papyrus ont été montés. Les Papyrus de Joseph Smith actuels viennent tous de ces
fragments montés sur papier provenant de lextrémité des rouleaux. Aucun de ces
derniers na été conservé.
En 1837, William S. West décrivit les papyrus quil avait vus comme « une quantité
de documents écrits sur du papyrus en hiéroglyphes égyptiens
Ces documents
sétaient déchirés, quand on les avait détachés du rouleau de baume
dembaumement dans lequel ils se trouvaient et certaines parties étaient tout à
fait perdues [28]. » Ceci est confirmé par Luman Shurtliff qui examina les papyrus en
décembre 1837. Il regarda
« le parchemin ou Papyrus comme on lappelle en langue égyptienne. Ce Parchemin
semblait fait de tissu fin amidonné ou raidi avec une sorte de gomme puis lissé
fortement et couvert de caractères, de figures, de hiéroglyphes et sexprimant en
langue égyptienne. Ces feuilles avaient à peu près la taille de ce livre [30 x 37,5 cm]
quand il est ouvert. Ils étaient enroulés, mis dans un étui de gomme et posés sur la
poitrine dun des dirigeants égyptiens, quand la Momie ou le corps fut trouvé, ce
document était sur sa poitrine [29]. »
Donc, dès la fin de 1837, certaines parties étaient déjà séparées en feuilles.
Les témoins oculaires 1838-1856
En 1838, quand les Frères furent chassés de Kirtland, les manuscrits leur furent
apportés plus tard, en été, par Vinson Knight à Far West [30]. En avril 1840, un
visiteur venu de Montrose rendit visite au Prophète et décrivit « plusieurs cadres,
recouverts de verre, sous lesquels il y avait de nombreux fragments de papyrus égyptiens
sur lesquels on avait, comme dhabitude, marqué une grande diversité de caractères
hiéroglyphiques [31]. »
Le 5 mai 1841, William I. Appelby rendit visite à Joseph Smith et en fit un récit
détaillé dans son journal intime. Une grande partie de ce récit copie des sections du
Livre dAbraham davant sa publication ; mais ce qui nous intéresse ici, ce
sont les descriptions des papyrus dans le contexte. Il dit quil avait
« vu les Rouleaux de Papyrus et les écrits qui sy trouvaient, détachés de la
poitrine de la momie masculine, contenant certains des écrits dAbraham
dautrefois et de Joseph qui fut vendu en Égypte. Les écrits sont principalement en
langue égyptienne, à lexception dun peu dhébreu. Je crois quils
décrivent certaines des scènes de lÉgypte ancienne, leur culte, leurs idoles,
etc. Les écrits sont beaux et clairs, composés dencres rouge et noire. Il y a une
différence perceptible entre les écrits. Cest Joseph qui semble avoir été le
meilleur scribe. Il y a aussi des représentations dhommes, de bêtes,
doiseaux, didoles et de bufs attachés à une sorte de charrue guidée
par une femme. Aussi le serpent quand il a séduit Ève. Il apparaît avec deux pattes,
debout sous lapparence et la forme de lhomme. Mais sa tête dans la forme et
représentant le Serpent, sa langue fourchue étendue. Il y a de même des
représentations dun autel dressé, avec un homme lié et couché dessus et un
Prêtre, couteau en main, debout au pied, avec une colombe au-dessus de la personne liée
sur lautel avec plusieurs idoles debout tout autour. Un globe céleste avec la
planète Kolob ou première création de lÊtre suprême une planète de
lumière laquelle planète fait une révolution en mille ans Aussi le
Seigneur révélant les grands mots clefs de la sainte Prêtrise à Adam dans le jardin
dÉden, et aussi à Seth, Noé, Melchisédek, Abraham et à tous ceux à qui la
Prêtrise a été révélée. Abraham aussi à la cour du Pharaon, assis sut le trône du
Roi, raisonnant sur lAstronomie, une couronne sur la tête, représentant la
Prêtrise emblématique de la grande Présidence du Ciel, avec en main le sceptre de la
Justice et du Jugement. Et le Roi Pharaon, debout derrière lui, avec un Prince un
serviteur principal et un esclave noir du Roi. Une généalogie des momies et des
épitaphes et leur mort etc., etc. sont également représentés distinctement sur le
Papyrus qui est appelé le « Livre dAbraham » [32]. »
On a ici les éléments du Livre dAbraham dans un journal intime avant sa
publication. Mais nous avons aussi ici des descriptions de scènes provenant des papyrus
qui nont pas été publiés. Il est important de noter ce qui suit : La description
de JSP II (« des bufs attachés à une sorte de charrue guidée par une femme »),
le couteau représenté dans la main de la figure 3 du fac-similé 1 (qui est dans le
fac-similé non encore publié mais pas sur le fragment actuellement en existence de JSP
I), la nette différence entre les écritures des scribes des papyrus et les généalogies
reconnaissables des momies sur les papyrus.
Le Révérend Henry Caswall visita Nauvoo le 18 avril 1842, juste après la publication du
Livre dAbraham et des fac-similés dans le Times and Seasons et vit les papyrus. Il
raconte quils étaient conservés dans « un certain nombre de cadres vitrés, comme
des cadres à tableaux, contenant des feuilles de papyrus avec des inscriptions
égyptiennes et des hiéroglyphes [33] ». Il continue à décrire les vignettes dans un
dialogue ou le témoignage oculaire est fortement mêlé douï-dire. Une vignette
contenait « la représentation dun homme couché sur une table » accompagné
dun « homme debout à côté de lui, brandissant un couteau [34]. La description
est clairement JSP I (le fac-similé 1 du Livre dAbraham). Caswall dit quun
papyrus séparé contenait « une représentation hiéroglyphique avec quatre petits
personnages » et un « grand chien regardant les quatre personnages ». Le chien était
accompagné dune « personne qui retenait le grand chien ». À un autre endroit du
papyrus il y avait un « personnage » avec « ses deux épouses » il y avait des rayures
en travers de la robe dune de [ses] femmes
qui ne montaient que jusquà
la taille de sa femme [35]. » Cette description semble correspondre à JSP IIIa-b.
Le témoignage du Révérend Caswall reste problématique, en partie à cause du fait
quil a inventé certaines parties de sa visite à Nauvoo [36]. On pourrait être
enclin à penser quil avait puisé ses renseignements sur les papyrus dans la grande
publicité qui en avait été faite sauf en ce qui concerne sa description de JSP IIIa-b ;
ceci montre quil a eu une expérience de première main avec les papyrus. Il reste
encore un autre obstacle, puisque Caswall, un non-mormon ouvertement hostile à Joseph
Smith, décrit JSP I comme montrant « cet homme debout à côté de lui brandissant un
couteau [37] ». Lexistence du couteau a été mise en doute par beaucoup parce
quelle nest pas conforme à ce à quoi nous nous attendrions au vu
dautres papyrus égyptiens [38], et pourtant le voilà ici décrit par un témoin
oculaire non mormon dont la description de la conservation des papyrus correspond à celle
de récits contemporains indépendants. Elle correspond aussi à la description faite par
William Appleby avant que Reuben Hedlock ne fasse les gravures sur bois des fac-similés.
Cela nous fait deux témoins oculaires indépendants de la présence dun couteau sur
le fac-similé 1, que nous en pensions ce que nous voulons.
Robert Horne est un exemple de témoin oculaire qui najoute rien de neuf au tableau
mais nen est pas moins un témoin oculaire indépendant. Il décrit les papyrus
entre 1842 et 1843 comme étant « une sorte de parchemin ou de papyrus et il contenait
des écrits en rouge et en noir [39]. »
Quand elle vit les papyrus en février 1843, Charlotte Haven dit avoir vu « un long
rouleau de manuscrit » et « les hiéroglyphes dun autre rouleau [40] ». Ce
deuxième rouleau comportait plusieurs vignettes : « lune représentait Ève
tentée par le serpent, lequel était debout sur lextrémité de sa queue, laquelle
formait, avec ses deux pattes, un trépied, et avait la tête dans loreille
dÈve. » Le fait de déclarer que le personnage féminin est Ève est clairement
une interprétation ; cela mis à part, la description de la vignette ne correspond à
rien de ce qui est conservé dans les papyrus de Joseph Smith et cest une chose à
laquelle nous ne nous attendrions pas non plus. Étant donné que les bords extérieurs
des rouleaux étaient ceux qui étaient endommagés et par conséquent ceux qui étaient
montés sur papier et conservés sous encadrement vitré, le centre intact des rouleaux
est resté et a été conservé sous la forme de rouleaux. On nous dit explicitement que
la vignette se trouvait sur un des rouleaux restants, pas sur les papyrus montés dans les
encadrements vitrés, les seuls à avoir été conservés jusquà nos jours et ne
fait donc pas partie des Papyrus de Joseph Smith en notre possession [41].
Ayant vu les papyrus en 1844, Josiah Quincy les décrivit comme « des parchemins couverts
dhiéroglyphes
conservés sous verre et manipulés avec un grand respect [42]
». Il décrit aussi une des vignettes comme suit : « Le parchemin mentionné en dernier
montrait un dessin grossier dun homme et dune femme et dun serpent
marchant sur une paire de pattes [43]. » La description de Quincy a aussi été racontée
à Henry Halkett, qui fait dire à Quincy quun des papyrus « représentait un
homme, une femme, un arbre et un animal indéfinissable [44] ». JSP V montre une femme
faisant face à un serpent marchant sur des pattes mais ne montre ni homme ni arbre ; il
semblerait donc que ce que Quincy décrit est un autre fragment de papyrus. Cela montre
que tous les fragments montés nont pas fini da ns le lot remis au
Metropolitan Museum of Art.
Pendant que les papyrus se trouvaient au musée de Saint Louis, Gustavus Seyffarth, qui
était un rival de Champollion [45], vit au moins un des rouleaux de papyrus en 1856 et
décréta : « Le papyrus nest pas un livre, mais une invocation au dieu Osirus,
dans laquelle apparaît le nom de la personne (Horus) et une représentation des esprits
accompagnateurs, qui présentent le mort au juge, Osirus [46] ». La « représentation »
décrite semble être le fac-similé 3. Ceci indique que la partie du rouleau doù
proviennent JSP I, XI et X était toujours conservée sous forme de rouleau en 1856 et que
le fac-similé 3 du Livre dAbraham était sur ce rouleau. Le contenu du musée de
Saint Louis fut vendu au Wood Museum et transféré à Chicago où lon retrouve la
même description dans le catalogue de 1863 [47]. Ce groupe dantiquités semble
avoir été détruit dans lincendie de Chicago de 1871.
Taille des papyrus de Joseph Smith
Daprès les descriptions historiques de papyrus faites par les témoins oculaires et
les preuves matérielles restantes, nous pouvons établir la description égyptologique
suivante des papyrus [48]. Le Livre des Morts de Tsemminis, fille dEskhons, était
un long rouleau (que lon estime avoir eu à lorigine 320 x 32 cm) [42] dont
les feuilles extérieures endommagées étaient conservées sous verre, les fragments qui
restent sont les Papyrus Joseph Smith VII, VIII, V, VI, IV et II (arrangés dans cet ordre
de droite à gauche). Les chapitres du Livre des Morts représentés sont 3-6, 53-54, 57,
63, 65, 67, 70, 72, 74-77, 83, 86-89, 91, 100-101, 103-106, 110, 125 [50]. Copie tardive
du Livre des Morts, elle peut définitivement être qualifiée de thébaine, appartenant
au Style 1a et à la phase III de Mosher [51]. Des fragments du premier quart du rouleau
manquent [52]. Les fragments ont été séparés du rouleau et montés sur verre,
probablement en 1836. Le rouleau semble avoir contenu une copie du Livre des Morts 125
ainsi quune vignette dun arbre, dun homme et dune femme avec un
serpent debout sur ses pattes, la tête dans loreille de la femme ; ceci correspond
aux chapitres existants et aux descriptions des témoins oculaires. Le rouleau et
peut-être certains des fragments semblent avoir été détruits dans lincendie de
Chicago. Ce rouleau datait probablement de la dernière moitié du
troisième siècle av. J.-C.
Le Livre des Morts de Neferirtnoub était, daprès les premiers comptes-rendus,
apparemment un rouleau dune grande longueur dont il reste deux fragments, JSP
IIIa-b, contenant la vignette du Livre des Morts 125. Comme il ne reste que les deux
fragments, le reste a dû être détruit dans lincendie de Chicago.
Le rouleau de Hor (fils de Osoroeris et de Taykhebit) [53], était un rouleau dune
certaine taille (lestimation des dimensions originales est de 320 x 11 cm). Les
feuilles extérieures, probablement séparées et montées en 1836 à Kirtland,
constituent JSP I, XI et X (dans cet ordre, de droite à gauche). Ce rouleau contient ce
quon appelle le « Livre des Respirations fait par Isis » et au moins un autre
texte. La relation de ce rouleau avec P. Louvre 3284 a besoin dêtre éclaircie
étant donné que la plupart des traductions et des commentaires sur JSP XI-X sont en
réalité des traductions et des commentaires sur P. Louvre 3284 [54]. Une différence
entre les deux papyrus est que les commentaires terminaux de P. Louvre 3284 (= colonne 6)
deviennent les commentaires préliminaires dans JSP XI (= colonne 1) et seraient
normalement appelés « rubriques » sauf quil na pas été fait usage
dencre rouge dans un cas comme dans lautre [55]. À part cela, la relation
semble être que JSP XI-X est une copie abrégée du même texte que P. Louvre 3284 dans
la mesure où il existe une correspondance point par point entre les colonnes du texte
[56], ce dont nous déduisons quil a dû y avoir, sur le rouleau de Hor, deux
colonnes de plus, outre la vignette conservée en tant que fac-similé 3 dans le Livre
dAbraham. Ces colonnes devaient contenir la version abrégée de la confession
négative, mais pas dinvocation réelle à Osiris comme décrit par Seyffarth [57].
Cela veut dire quil devait y avoir plus dun texte sur le rouleau [58] ; nous
nous attendrions donc à ce quil soit resté davantage sur le rouleau que les deux
colonnes de texte du Livre des Respirations et la vignette (fac-similé 3). Bien que les
morceaux extérieurs soient devenus JSP I, XI et X, le reste du rouleau était presque
certainement au Wood Museum de Chicago et a donc été détruit lors de lincendie de
1871.
Lhypocéphale de Sheshonq (les dimensions originales sont 19 x 20 cm) nest
conservé que sous la forme du fac-similé 2 dans le Livre dAbraham.
Des parties du Document inconnu dAmenhotep, fils de Tanoub, ne sont conservées que
dans une mauvaise copie dans le manuscrit égyptien n° 6 des Papiers égyptiens de
Kirtland [59]. La copie est sur trois colonnes de texte, mais on ne sait pas comment cela
se rapporte au papyrus original. Une des colonnes contient le Livre des Morts 45. Les
autres colonnes nont pas été identifiées comme une partie du Livre des Morts ni
daucun autre texte connu. Cest le nom différent qui le distingue comme un
document séparé.
Le contenu des papyrus : la partie pour le tout ?
Les papyrus de Joseph Smith sont généralement qualifiés de documents funéraires
typiques. Certaines personnes considèrent que si ces documents sont funéraires, ils ne
peuvent rien contenir dautre. Or certains papyrus du Livre des Morts contiennent bel
et bien dautres textes [60]. Par exemple, un Livre des Morts fragmentaire de la
dix-huitième Dynastie au Caire (JE 95575) contient des textes de comptabilité au recto
[61]. Le Papyrus Vandier a aussi un Livre des Morts au verso, mais le recto contient
lhistoire de Meryre, qui fut sacrifié sur un autel (une ressemblance intéressante
avec le Livre dAbraham) [62]. Les Livres des Morts de Psenmines (Louvre 3129) et de
Pawerem (BM 10252) contiennent tous deux des rituels du temple [63]. Les papyrus Harkness
et BM 10507 (papyrus funéraires démotiques contiennent plusieurs textes différents
[65]. Le simple fait que les sections conservées des Papyrus de Joseph Smith sont de
nature funéraire ne veut pas dire quils nauraient pas pu avoir dautres
textes que ce soit au verso ou dans des sections manquantes des rouleaux. Les arguments
basés sur le silence des textes sont habituellement considérés comme de peu de valeur
[66]. Le rapport de Seyffarth montre que le rouleau appartenant à Hor contenait plus que
simplement un Livre des Respirations. Malheureusement nous ne savons pas ce quil
contenait dautre, ce qui constitue un exemple de plus dun fait historique
objectif qui est actuellement irrécupérable par les moyens et les méthodes des
spécialistes.
Les rumeurs et la conception quavait Joseph Smith des papyrus
Les détracteurs ont souvent eu recours à la divination pour dire ce quils
croyaient que Joseph Smith pensait des papyrus et ont souvent avancé des éléments pour
étayer leurs affirmations. Malheureusement les éléments en question étaient souvent de
deuxième main ou des rumeurs plutôt que des déclarations faites ou publiées par le
Prophète. Ces dernières ont la priorité sur les premières. Deux exemples devraient le
démontrer.
Dès la fin de juillet 1835, le Cleveland Whig écrivait que « le prophète Joe a
déclaré, en examinant les papyrus à laide de ses lunettes, quelles [les
momies] sont les corps de Joseph (fils dAbraham) et du roi Abimélec et de sa fille
[67]. » Ce récit a été diffusé par cinq autres journaux aussi éloignés que New York
et Washington DC [68]. « Dans le but de corriger ces affirmations et dautres
affirmations erronées », concernant les momies et les documents, les dirigeants de
lÉglise se donnèrent la peine de faire remarquer dans une publication officielle :
« On a dit que les acquéreurs de ces antiquités affirment avoir le corps
dAbraham, dAbimélec, roi des Philistins, de Joseph, vendu en Égypte, etc.,
etc., dans le but dattirer lattention de la foule et de duper les gens sans
méfiance, ce qui est totalement faux
« Nous ne prétendons pas dire qui étaient ces anciens habitants de lÉgypte, et
cela na pas dimportance pour nous. Nous navons pas la moindre idée
sils sont Abraham, Abimélec ou Joseph. Abraham a été enterré dans un endroit qui
lui appartenait, « dans la caverne de Macpéla, dans le champ dEphron, fils de
Tsochar, le Héthien, vis-à-vis de Mamré » quil avait acheté aux fils de Heth.
Abimélec vivait dans le même pays, et à ce que nous sachions, y est mort, et les
enfants dIsraël ont emporté les os de Joseph dÉgypte quand ils en sont
sortis sous la direction de Moïse. Par conséquent, on naurait pas pu les trouver
en Égypte au XIXe siècle [69]. »
Jamais, ni de leur temps ni depuis lors en particulier, on na reconnu aux dirigeants
de lÉglise le bon sens et la pensée critique manifestés ici. Et cependant cela
na en rien empêché les faux bruits de circuler jusquaujourdhui.
Quelquun qui rendit visite à Joseph Smith en 1840 propose son identification
dune des momies :
« Cétait peut-être la princesse Thermuthis, ai-je répondu, celle-là même qui a
sauvé Moïse des eaux du Nil. »
« Ce nest pas improbable, a répondu le Prophète, mais le temps na pas
encore permis de faire un examen complet et de décider de la question [70]. »
Joseph Smith permettait aux autres de se livrer à des supputations sur lidentité
des momies et a pu, dans certains cas, se faire lécho des théories, Mais il
na jamais tranché. Les sources de deuxième main qui prétendent quil
affirmait que les momies étaient une personne déterminée et particulièrement une
personne célèbre sont suspectes et ne peuvent pas être considérées comme des rapports
au premier degré de ce que Joseph pensait.
Pour ce qui est de notre deuxième exemple, Josiah Quincy a souvent été cité, tant dans
lÉglise quau-dehors [71], bien que pour ce qui est de lÉglise,
cest ironique puisquil se moque clairement du Prophète dans son récit.
Pourtant Quincy nétait pas la seule personne présente lors de son entretien avec
le Prophète en avril 1833 et il na pas non plus été le seul à laisser un compte
rendu de lentretien. Voici comment il rapporte les paroles de Joseph concernant les
papyrus :
« Des parchemins couverts dhiéroglyphes nous furent alors proposés. Ils étaient
conservés sous verre et traités avec un grand respect. Ça cest
lécriture dAbraham, le Père des Croyants, dit le prophète.
Ceci, cest lautographe de Moïse et ces lignes-ci ont été écrites par
son frère Aaron. Ici nous avons le récit le plus ancien de la Création à partir duquel
Moïse a composé le premier livre de la Genèse [72]. »
Charles Francis Adams, compagnon de voyage de Quincy, décrit ceci dune manière un
peu différente :
« Il leur fit également visiter sa maison où il leur montra quatre momies égyptiennes
et expliqua (contre paiement de vingt-cinq cents) le contenu dun manuscrit «
écrit de la main dAbraham » qui avait été découvert à lintérieur
de lune delles [73]. »
La façon dont Adams décrit le manuscrit : « écrit de la main dAbraham » est
différente de la description de Quincy : « lécriture dAbraham » et est
importante car elle correspond mieux à la déclaration publiée par le Prophète que le
manuscrit « se voula[i]t être les écrits d'Abraham du temps où il était en Égypte,
appelés Livre d'Abraham, écrits de sa propre main, sur papyrus [74]. » Quincy semble
avoir pris des libertés avec la formulation des paroles du Prophète et, ce faisant,
la tronquée. Les déclarations publiées du Prophète ont la préséance sur les
souvenirs indirects déformés, aussi bien intentionnés soient-ils.
Les notes de Joseph dans son journal intime parlent de sa conception de ce quil a
fait des papyrus [75]. La plupart de ces notes traitent doccasions où il a montré
les papyrus aux personnes intéressées [76]. Quatre inscriptions parlent de traduction
[77], une de transcription [78] et une parle des Papiers égyptiens de Kirtland [79].
Les Papiers égyptiens de Kirtland
N.d.l.r. : Les Papiers égyptiens de Kirtland (Kirtland Egyptian Papers) sont un ensemble
de papiers, tous écrits de la main de collaborateurs de Joseph Smith en 1837 à Kirtland
et tous classifiés comme « égyptiens ». Ils se trouvent dans une boîte en carton au
département dhistoire de lEglise et ont été, à un moment donné,
microfilmés, mais sans aucune indication quant à leur nature ni à ce qui les reliait
entre eux. Le film fut volé en 1966, reproduit sans autorisation et des exemplaires en
furent vendus à Salt Lake City. Un de ces documents, en particulier, a été utilisé par
les ennemis de lEglise comme étant à lorigine du Livre dAbraham. On y
trouve la traduction anglaise du premier chapitre du Livre dAbraham, avec, en regard
de chaque paragraphe, un symbole hiératique. Comme nous lavons déjà dit à
plusieurs reprises, les détracteurs de lEglise ne se soucient pas de vérité, mais
simplement de donner une mauvaise impression de lEglise ou de ce qui a rapport avec
elle. Ils se sont donc empressés de proclamer que le texte anglais figurant sur le
document était la traduction des caractères figurant en regard. Laccusation visait
aussi à ridiculiser Joseph Smith, parce que rendre un seul caractère égyptien par tout
un paragraphe est absurde. Nous ne savons malheureusement pas qui a introduit ces
caractères hiératiques dans le document ni pourquoi, mais il est clair que le texte
anglais est une copie au propre (et non le texte dune traduction en cours), écrite
soigneusement le long dune marge clairement tracée et que les caractères
hiératiques ont été ajoutés plus tard, car certains débordent de la marge et sur le
texte. Dune manière générale, il semble évident que les collaborateurs de Joseph
Smith (et lui-même aussi dailleurs) ont essayé de jouer les Champollion et de
déchiffrer les caractères égyptiens, tentative très vite abandonnée sil faut en
juger par la brièveté des documents.
Les Papiers égyptiens de Kirtland sont un ensemble de documents, dont la plupart datent
de la période de Kirtland, portant lécriture de diverses personnes. Ils ont été
groupés en deux catégories de documents, les manuscrits du Livre dAbraham
(ci-après KEPA) et les manuscrits égyptiens (ci-après KEPE). On trouvera une
description des manuscrits au tableau 1.Tableau 1.
Papiers égyptiens de Kirtland [80]
N° |
Date |
Taille |
Ecriture |
Titre et contenu |
KEPE 1 |
1836 (?) |
1 volume 31 x 20 cm |
W. W. Phelps & W. Parrish |
« Grammaire & alphabet de la langue
égyptienne » |
KEPE 2 |
1836 (?) |
2 feuilles 33 x 20 cm |
W. W. Phelps |
« Comptage égyptien » |
KEPE 3 |
1 octobre 1835 (?) |
4 feuilles 32 x 20 cm |
W. W. Phelps |
« Alphabet égyptien » |
KEPE 4 |
1 octobre 1835 (?) |
9 feuilles 32 x 20 cm |
J. Smith & O. Cowdery |
« Alphabet égyptien » |
KEPE 5 |
1 octobre 1835 (?) |
4 feuilles tailles diverses |
O. Cowdery |
(Titre perdu, « Alphabet égyptien » ?) |
KEPE 6 |
26 novembre 1835 (?) |
1 volume 20 x 13 cm |
O. Cowdery |
« Découverte précieuse dannales
cachées » |
KEPE 7 |
1837 ( ?) |
1 volume 20 x16 cm |
O. Cowdery |
« F.G.W. » et « William » |
KEPE 8 |
26 novembre 1835 (?) |
1 feuille 32 x 40 cm |
? |
Pas de titre |
KEPE 9 |
26 novembre 1835 (?) |
1 feuille 39 x 19 cm |
? |
Pas de titre |
KEPE 10 |
Février 1836 (?) |
1 feuille 33 x 20 cm |
? |
Pas de titre = JSP IX |
KEPA 1 |
1836 (?) |
10 feuilles 32 x 20 cm |
? |
Pas de titre Abr 1:4-2:18 |
KEPA 2 |
1836 (?) |
4 feuilles 33 x 19 cm |
W. W. Phelps & W. Parrish |
Pas de titre Abr 1:4-2:6 |
KEPA 3 |
1836 (?) |
6 feuilles 32 x 19 cm |
W. W. Phelps |
Pas de titre Abr 1:4-2:2 |
KEPA 4 |
Février 1842 (?) |
18 feuilles 29 x 20 cm |
W. Parrish |
Pas de titre Abr 1:1-3:26 |
KEPA 5 |
Mars 1842 (?) |
4 feuilles tailles diverses |
W. Richards |
Pas de titre Fac-similé 2 |
KEPA 6 |
1842 |
grande feuille 32 x 19 cm |
W. Richards |
Au dos, lettre à Clyde Williams & Co.,
signée par Joseph Smith et W. W. Phelps |
Lorigine de KEPA 1 diffère de celle des autres
Papiers égyptiens de Kirtland. Wilford Wood la acheté à Charles E. Bidamon alors
que certains des autres au moins ont été apportés à Salt Lake City par Willard
Richards [81] et que dautres ont pu être apportés par W. W. Phelps. Cela peut
avoir des implications pour linterprétation des Papiers égyptiens de Kirtland, car
si cest W. W. Phelps qui les a apportés, ce sont les notes de W. W. Phelps, pas
celles de Joseph Smith. Les provenances diverses des documents indiquent aussi que nous ne
possédons peut-être pas tous les Papiers égyptiens de Kirtland.
Chacun de ces papiers doit être analysé selon ses propres mérites. Ils ne sont pas
uniformes en ce qui concerne lécriture, la date ou le but. Aucun des manuscrits
nest daté, bien quil soit possible den dater quelques-uns dans
certaines limites. Leur but semble être plus varié. Par exemple KEPA 4 semble être le
manuscrit de limprimeur pour la première livraison du Livre dAbraham, car il
traite exactement de la même matière, correspond à lédition imprimée (même
dans la division en paragraphes) et est de la main dun des secrétaires de Joseph
Smith de lépoque. KEPA 5 devait peut-être à lorigine remplir le même but
pour le fac-similé 2 mais il y a eu un changement de programme [82]. Aucun des autres
Papiers égyptiens de Kirtland ne semble directement lié à la publication du Livre
dAbraham. La signification de chacun des papiers mérite dêtre déterminée
avec soin puisque aucune des personnes impliquées dans leur production ne semble avoir
fait de commentaires sur les documents à lexception dune seule mention dans
le journal personnel de Joseph Smith [83].
Note du 1er octobre 1835
La seule note dans le journal personnel de Joseph Smith concernant les Papiers égyptiens
de Kirtland mérite une attention spéciale :
« 1er octobre 1835. Travaillé cet après-midi à lalphabet égyptien en compagnie
des frères O. Cowdery et W. W. Phelps : Le système dastronomie a été dévoilé.
»
Ce que les éditeurs ont fait de cette note de la main dOliver Cowdery montre la
nécessité déclaircissements. Quand il a préparé la Manuscript History of the
Church, Warren A. Cowdery a laissé tomber certaines choses et en a ajouté dautres
tout en affinant la langue (les italiques indiquent les changements apportés).
« Il est resté chez lui et a travaillé à lAlphabet égyptien en compagnie de ses
frères O. Cowdery & W. W. Phelps. Le système dastronomie a été dévoilé
[85]. »
Scott Faulring, lorsquil a édité les journaux personnels du Prophète, a cru
nécessaire dajouter du texte entre crochets :
« 1er octobre 1835. Travaillé cet après-midi à lalphabet égyptien en compagnie
des fr[ère]s O[liver]. Cowdery et W[illiam]. W. Phelps : Le système dastronomie
[nous] a été dévoilé [87]. »
Deux mentions dans le journal demandent des éclaircissements si lon veut comprendre
ce qui sest passé ce jour-là.
Système dastronomie. Lexpression système dastronomie est ce qui a
provoqué le plus de corrections. Plus tard cette année-là, Joseph Smith a expliqué à
William McLellin, à Brigham Young et à Jared Carter « les relations de Dieu avec les
anciens et la formation du système planétaire [88] ». Warren Parrish a amplifié cette
note du journal personnel du Prophète dans la Manuscript History of the Church pour lui
faire dire que le Prophète a expliqué « beaucoup de choses concernant les actions de
Dieu avec les anciens particulièrement le système dastronomie enseigné par
Abraham, qui se trouve dans ces manuscrits [les papyrus égyptiens] [89]. » Parrish a
apporté ces changements presque au même moment que linscription dans le journal
personnel. Dans la semaine qui a suivi cette inscription, Oliver Cowdery écrivait que les
papyrus contenaient plus que de simples rouleaux de papyrus, notant « que deux ou trois
autres petits morceaux de papyrus, avec des calculs astronomiques, des épitaphes, etc.
ont été trouvés sur les autres momies [90] ». Les frères faisaient ici allusion à un
papyrus bien déterminé et à son interprétation. Joseph Smith nous dit lequel dans une
note dans un journal personnel tenu à Nauvoo :
« Montré le Livre dAbraham, dans loriginal, à fr. Reuben Hadlock [Hedlock],
pour quil puisse mesurer la taille des différents clichés et préparer les blocs
pour le Times & Seasons et ai aussi donné des instructions concernant la disposition
du texte sur le grand cliché illustrant les principes dastronomie [91]. »
Une des choses qui sont passées inaperçues à propos de la publication originelle des
fac-similés, cest que Reuben Hedlock les a reproduits grandeur nature dans le Times
and Seasons. Le fac-similé 2 était une grande feuille séparée nettement plus grande
que les deux autres ; il est impossible de le dire dans la plupart des publications
modernes, où la taille est adaptée à lespace disponible. (Le soin mis par Joseph
Smith et Reuben Hedlock dans leurs considérations épigraphiques est sous-estimé,
surtout en comparaison dautres publications épigraphiques et égyptologiques de
lépoque davant Lepsius [92]. Ceci nous apprend que le fac-similé 2 du Livre
dAbraham était le manuscrit astronomique qui a paru dans le numéro suivant du
Times and Seasons La note dans le journal personnel à la date du 1er octobre 1835
rapporte la révélation de linterprétation du fac-similé 2.
Le Livre dAbraham, tel que publié dans le Times and Seasons, nétait pas une
traduction complète, mais la publication des fac-similés illustre un ordre dans
lhistoire. Dans le fac-similé 1, Abraham est sauvé du sacrifice, le fac-similé 2
contient la connaissance de lastronomie révélée à Abraham et le fac-similé 3
montre Abraham en train denseigner cette connaissance à la cour du pharaon. Le
Livre dAbraham donne aussi un aperçu de son contenu futur :
«
la connaissance du commencement de la création et aussi des planètes et des
étoiles, telles qu'elles furent révélées aux pères, et je vais m'efforcer d'écrire,
au profit de ma postérité qui viendra après moi, quelques-unes de ces choses sur ces
annales. » (Abraham 1:31)
Sous sa forme publiée actuelle, le Livre dAbraham sarrête au milieu
dune révélation sur la création donnée à Abraham avant son entrée en Égypte.
Il est utile de dire ici un mot sur les explications des fac-similés du Livre
dAbraham. Bien que chaque fac-similé ait ce qui est appelé une « explication »,
elle nexplique pas grand-chose de ce qui se passe dans les fac-similés ; elle
identifie plutôt divers éléments qui sont ensuite expliqués dans le texte du Livre
dAbraham. Tel quil existe actuellement, celui-ci sarrête avant que ne
se produise lexplication du fac-similé 2. Quand il écrit le 1er octobre 1835 que
« le système dastronomie a été dévoilé », Joseph Smith fournit une date du
stade quil a atteint dans la traduction du Livre dAbraham, qui se trouve plus
loin dans le livre que ce qui a été publié. En outre, la première allusion à de
lastronomie se produit dans Abraham 3:2, qui est plus loin dans la traduction que
tout manuscrit du Livre dAbraham datant de la période de Kirtland (KEPA 1-3). Aucun
manuscrit de la période de Kirtland ne traite de lhypocéphale. Et aucun passage du
Livre dAbraham ne traite vraiment de « la formation du système planétaire [93]
». Le fait que la traduction était plus avancée que le Livre dAbraham actuel est
confirmé par le rapport de première main dAnson Call quen 1838, il avait
fallu « en tout environ deux heures » pour lire le Livre dAbraham à haute voix
[94] ; maintenant, cela prend environ une demi-heure. Cela montre que vers 1838, Joseph
Smith avait traduit approximativement quatre fois plus que ce que nous avons actuellement
dans le Livre dAbraham et comme nous navons aucune trace de traduction après
le 25 novembre 1835, il semblerait que la plus grande partie si pas tout avait été
traduit en 1835.
Alphabet égyptien. Lautre groupe de mots, qui mérite examen dans la note du 1er
octobre, est que Joseph Smith dit quil a « travaillé à lalphabet égyptien
». On a longtemps supposé quil sagissait ici de ce quon appelle «
Egyptian Alphabet and Grammar » (KEPE 1) [95]. Cest impossible pour plusieurs
raisons : (1) Le titre donné à KEPE 1 est « Grammar and Alphabet of the Egyptian
Language » [96], tandis que dautres documents, en particulier KEPE 3-5, portent le
titre « Egyptian Alphabet » ; (2) lécriture de KEPE 1 est celle de W. W. Phelps
et de Warren Parrish. Parrish ne fut engagé comme secrétaire de Joseph Smith que quatre
semaines plus tard [97]. Dautre part, KEPE 3-5 sont de la main des trois hommes dont
Joseph Smith mentionne la présence en cette occasion : Joseph Smith, Oliver Cowdery et W.
W. Phelps. Les documents mentionnés, si nous les possédons, doivent être KEPE 3-5.
Les manuscrits 3, 4 et 5 des Papiers égyptiens de Kirtland, ont un contenu presque
identique. Les colonnes de gauche sont remplies de caractères provenant de diverses
colonnes de JSP 1, identifiés par degré (colonne ou ligne) et partie (fragment) [98].
Les glyphes copiés indiquent que le papyrus sétait détérioré depuis 1835. Les
traductions anglaises de la dernière colonne ne sont pas liées au Livre dAbraham
ni à lastronomie [99], alors quils devraient lêtre si les détracteurs
avaient raison. Le fait que le seul de ces manuscrits à porter lécriture de Joseph
Smith correspond à JSP I mais pas au Livre dAbraham devrait montrer que Joseph
Smith ne pensait pas que le Livre des Respirations soit le Livre dAbraham [100]. Les
trois manuscrits ne sont pas des copies lun de lautre. Les variantes et les
synonymes abondent, ce qui montre que les manuscrits sont des notes indépendantes faites
au même moment [101]. Cest donc à JSP I quon a travaillé, mais la
révélation donnée en cette occasion concernait un autre papyrus, lhypocéphale de
Joseph Smith (fac-similé 2).
Par conséquent, lunique document dans lequel il y a quelque chose sur les papiers
égyptiens de Kirtland dit par quelquun dont lécriture y figure (la note du
1er octobre 1935 portée par Joseph Smith dans son journal personnel) confirme que les
papiers égyptiens de Kirtland navaient rien à voir avec la traduction du Livre
dAbraham. La révélation ne dépendait pas des Papiers égyptiens de Kirtland,
nen découlait pas et nen était pas le produit. La traduction du Livre
dAbraham avait déjà dépassé de loin lendroit où se trouvaient les Papiers
égyptiens de Kirtland. Comme cela se passe habituellement pour la plupart des langues
anciennes déchiffrées, le déchiffrement et la traduction viennent en premier lieu et la
grammaire est écrite une fois quon a compris le texte [102]. Cest pourquoi,
les Papiers égyptiens de Kirtland sont tout au plus le résultat dun effort de la
part des Frères daligner le Livre dAbraham déjà reçu par
révélation sur des documents sur papyrus déjà en leur possession, bien que
même ceci soit douteux. Limportance de la participation de Joseph Smith au reste
des Papiers égyptiens de Kirtland est rendue très faible (1) par le fait que son
écriture ne se trouve pas sur les documents restants, (2) par lindépendance
évidente des secrétaires, même quand ils travaillaient en collaboration, (3) par les
promesses faites aux secrétaires, comme Warren Parrish (la plupart des KEP sont de sa
main) que « il verra beaucoup de mes annales anciennes et sera informé de choses
cachées et sera doté de la connaissance de langues cachées [103] » et (4) par le fait
bien connu que « les secrétaires et les employés composaient et enregistraient souvent
des informations de leur propre initiative [104] ».
Le Livre dAbraham se trouvait ailleurs sur les rouleaux puisque Joseph Smith parle
denseignements du Livre dAbraham et dit avoir appris cela « en traduisant les
papyrus qui se trouvent maintenant chez moi [105] », mais la technique nétait pas
celle de légyptologue moderne. Le mot choisi pour décrire le processus, «
dévoilé », indique, comme ailleurs dans les écrits de Joseph Smith, que cétait
une affaire de révélation, pas de recherche [106]. Le fait que le Livre dAbraham a
été reçu par révélation est confirmé par ce que dira Warren Parrish après son
apostasie :
« Jai été assis à ses côtés et jai écrit la traduction des
hiéroglyphes égyptiens telle quil affirmait la recevoir par inspiration directe
des cieux [107]. »
Les éléments que fournissent ceux qui ont participé à la traduction montrent que le
Livre dAbraham vient de la révélation et non par les méthodes de
légyptologie moderne ni par les Papiers égyptiens de Kirtland. Ces derniers sont
tout au plus un sous-produit de la traduction.
Nécessité de la prudence
Quand on observe un sujet sous son jour véritable, les différentes approches convergent
pour donner le même résultat. Mais si lon se fie aux rumeurs, les approches se
concentrent sur les commérages relatifs à un sujet plutôt que sur le sujet lui-même.
Les exemples ci-dessus montent quil faut faire preuve de plus de prudence dans la
collecte et le tri des documents, surtout quand on essaye de déterminer ce que Joseph
Smith pensait quil faisait. Si certaines difficultés sont dues au fait que
lon na pas rassemblé les documents utiles et quon ne la pas mis
dans le contexte historique auquel il appartient (du fait que Joseph a précédé et
était extérieur à la tradition égyptologique, il a utilisé des termes quon
na pas reconnus et quon a mal compris, pour lui reprocher ensuite de ne pas se
situer dans la tradition ou pour le manque de compréhension moderne),
il y a eu au moins autant de dégâts causés par le fait quon na pas fait la
distinction entre les déclarations de première main et la rumeur qui déforme tout.
Faire la distinction entre les témoignages oculaires et les ouï-dire est la seule
manière valable de donner un sens au fatras qui entoure les Papyrus de Joseph Smith.
Dune manière générale, les historiens de lAntiquité nont pas
lhabitude davoir tant de documentation à traiter ; nous disposons en fait de
si peu de renseignements que nous sommes obligés daccepter toute information
portant sur le sujet. Trop souvent nos tentatives de faire correspondre les données à
nos idées préconçues ont oublié la grande leçon : les sources primaires de première
main ont la préséance sur toutes les autres. Les Papyrus de Joseph Smith ne peuvent
avoir du sens que si lon tient compte du point de savoir si les sources sont de
première main pour les renseignements que lon recherche. Trop souvent, cela
na pas été le cas.
NOTES
Aucune note naccompagne la conférence de Gee. Nous avons respecté la numérotation
des notes de la partie de son article que nous avons traduite.
[11] Contrairement à ce que veut faire croire Robert K. Ritner dans John A. Larson, «
Joseph Smith and Egyptology: An Early Episode in the History of American Speculation About
Ancient Egypt, 1835-1844 » dans For His Ka: Essays Offered in Memory of Klaus Baer, dir.
de publ. David P. Silverman, Chicago, Oriental Institute, 1994, p. 161; le nom nest
pas forcément un pseudonyme, dans la tradition américaine du 'Poor Richard de
Benjamin Franklin, puisque la famille est attestée dans le recensement du comté de
Cuyahoga County tant en 1830 quen 1840, Cuyahoga County Ohio 1830 census, p. 102 et
Cuyahoga County Ohio 1840 census, p. 12.
[12] Selon Jay M. Todd, Saga of the Book of Abraham, Salt Lake City, Deseret Book, 1969,
p. 133, ce compte-rendu journalistique a été découvert par Richard Lloyd Anderson.
[13] Cité dans id., p. 134.
[14] Id.
[15] Id.
[16] William W. Phelps à Sally Phelps, 19-20 juillet 1835, dans Leah Y. Phelps, «
Letters of Faith from Kirtland », Improvement Era, août 1942, p. 529, cité dans Todd,
Saga of the Book of Abraham, p. 172, et dans H. Donl Peterson, The Story of the Book of
Abraham: Mummies, Manuscripts, and Mormonism, Salt Lake City, Deseret Book, 1995, p. 4.
[17] Oliver Cowdery, lettre à William Frye, 22 décembre 1835, imprimée dans le Latter
Day Saints' Messenger and Advocate 2/3, décembre 1835, p. 234. On en trouvera aussi des
citations dans Todd, Saga of the Book of Abraham, pp. 188-189.
[18] Cowdery à Frye, 22 décembre 1835, dans Latter Day Saints' Messenger and Advocate,
p. 234.
[19] Le style dOliver suit de plus près la manière décrire de son époque
que celui de Joseph. Comparez les comptes rendus dOliver dans The Papers of Joseph
Smith, dir. de publ. Dean C. Jessee, Salt Lake City, Deseret Book, 1989-1992, 1:26-96,
avec lun quelconque des comptes rendus de Joseph Smith sur les mêmes événements
dans le même volume. « Le lecteur remarquera ici que le récit prend une forme
différente
Lauteur a jugé bon de faire une narration claire, simple et
cependant fidèle. » Joseph Smith History 1834-1836, septembre 1835, dans Papers of
Joseph Smith, 1:97. Ceci exprime bien la différence de style entre Joseph Smith et Oliver
Cowdery.
[20] Cowdery à Frye, 22 décembre 1835, dans Latter Day Saints' Messenger and Advocate,
p. 236. Voir Todd, Saga of the Book of Abraham, pp. 191-192.
[21] Voir Todd, Saga of the Book of Abraham, p. 194.
[22] Lidentification de Cowdery précède de sept ans celle de K. Richard Lepsius,
Das Todtenbuch der Ägypter nach dem hieroglyphischen Papyrus in Turin, Leipzig, Wigand,
1842, pp. 13-15, et de dix-neuf ans le traitement de Max Uhlemann, Das Todtengericht bei
den alten Ägyptern, Berlin, Geelhaar, 1854.
[23] On trouvera les déplacements des papyrus jusquà ce moment-là dans Peterson,
Story of the Book of Abraham, pp. 43-102, surtout la carte p. 91.
[24] On trouvera des détériorations semblables dans les photos du Papyrus Harkness dans
Thomas J. Logan, « Papyrus Harkness », dans Studies in Honor of George R. Hughes,
Chicago, Oriental Institute, 1976, p. 150; Theodore M. Davis, The Funeral Papyrus of
Iouiya, intro. Edouard Naville, Londres, Constable, 1908, planche I à opposer à la
planche XXXIV; Louis Speleers, Le Papyrus de Nefer Renpet, Bruxelles, Vromant, 1917,
planches CG 40003 (JE 95834) et CG 25095, dans Irmtraut Munro, Die Totenbuch-Handschriften
der 18. Dynastie im Ägyptischen Museum Cairo, Textband, Wiesbaden, Harrassowitz, 1994, 1,
planches 55-56, 58-61. Lextérieur du rouleau est généralement à droite mais
dépend de la direction de lécriture; pour ce qui est de lusage, voir la
statue de Horemheb (MMA 23.10.1) dans Peter F. Dorman, Prudence O. Harper et Holly
Pittman, The Metropolitan Museum of Art: Egypt and the Ancient Near East, New York, The
Metropolitan Museum of Art, 1987, p. 67; voir aussi Jaroslav Cerny, Paper and Books in
Ancient Egypt, 1952; réimpression, Chicago, Ares, 1985, pp. 10, 13-14.
[25] Papiers égyptiens de Kirtland, manuscrit égyptien 8, p. 1, dans la Division des
archives, Département dhistoire de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours, dorénavant appelé LDS Church Archives. Le nom T3-srt-Min m3'-hrw ms.n
Ns-Hnsw m3'-hrw est clair dans la copie et est aussi clairement coupé par les gribouillis
à partir du milieu du mot.
[26] Voir les traitements dans Klaus Baer, « The Breathing Permit of Hor: A Translation
of the Apparent Source of the Book of Abraham », Dialogue 3/3, 1968, pp.109-134.
[27] Joseph Smith's Ohio Journal, 17 février 1836, dans Papers of Joseph Smith, 2:176.
[28] William S. West, A Few Interesting Facts Respecting the Rise, Progress, and
Pretensions of the Mormons, Warren, Ohio, 1837, cité dans Todd, Saga of the Book of
Abraham, pp. 196-197.
[29] Journal of Luman A. Shurtliff, 1:87-88, cité dans Todd, Saga of the Book of Abraham,
p. 200.
[30] Voir Anson CalI, Manuscript Journal, été de 1838, p. 9, cité dans Robert J.
Matthews, « A Plainer Translation »: Joseph
Smith's Translation of the Bible, A History and Commentary, Provo, Utah, Brigham Young
University Press, 1975, p. 98; par opposition à Larson, « Joseph Smith and Egyptology «
, p. 169. Vinson Knight était à Kirtland le 12 janvier 1838; Scott H. Faulring, dir. de
publ., An American Prophet's Record: The Diaries and Journals of Joseph Smith, Salt Lake
City, Signature, 1989, p. 191. À lautomne de 1838, il fut expulsé du Missouri;
Vinson Knight, attestation sous serment du 29 octobre 1839, dans Mormon Redress Petitions:
Documents of the 1833-1838 Missouri Conflict, dir. de publ. Clark Y. Johnson, Provo, Utah,
BYU Religious Studies Center, 1992, p. 261.
[31] The Quincy Whig, 17 octobre 1840, cité dans Todd, Saga of the Book of Abraham, p.
211.
[32] Journal intime de William I. Appleby, 5 mai 1841, ms. 1401 1, pp. 71-72, LDS Church
Archives.
[33] Henry Caswall, The City of the Mormons; or, Three Days at Nauvoo, in 1842, Londres,
Rivington, 1842, p. 22; aussi cité dans Todd, Saga of the Book of Abraham, p. 237.
[34. Caswall, City of the Mormons, pp. 22-23.
[35] Id., p. 23.
[36] Le traitement standard est dans Hugh W. Nibley, « The Greek Psalter Mystery or Mr.
Caswall Meets the Press », dans Tinkling Cymbals and Sounding Brass: The Art of Telling
Tales about Joseph Smith and Brigham Young, Salt Lake City, Deseret Book et FARMS, 1991,
pp. 304-406.
[37] Caswall, City of the Mormons, p. 23.
[38] Tout récemment par Stephen E. Thompson, « Egyptology and the Book of Abraham »,
Dialogue 28/1, 1995, pp. 148-149 et n. 25. Si Caswall na pas vu le couteau, comme le
prétend Thompson, pourquoi ne fait-il pas de commentaire sur ce qui serait une
contradiction évidente? En admettant que la vignette qui en résulterait naurait
pas de sens sur la base de ce que Thompson sait des papyrus funéraires égyptiens, cela
ne vaut pas de prétendre que quelque chose nexiste pas parce que cela ne correspond
pas à ce à quoi lon sattend. Et il est faux de dire, comme Thompson,
quil est « peu probable quun Égyptien souhaiterait se voir dépeint abordé
par un dieu armé dun couteau », id., p. 149. On trouvera des exemples dans Émile
Chassinat, Le Temple d'Edfou, MIFAO 27, Le Caire, Institut Français d'Archéologie
Orientale, 1928-1960, 10:2, planches CXLY, CXLY111, CLIII; Lepsius, Das Todtenbuch der
Ägypter, planches LXI-LXIY; Suzanne Ratié, Le papyrus de Neferoubenef, Louvre 11193, Le
Caire, Institut Français d'Archéologie Orientale, 1968, planche XIII; Jacques J. Clère,
Le Papyrus de Nesmin: Un livre des morts hiéroglyphique de l'époque ptolémaïque, Le
Caire, Institut Français d'Archéologie Orientale, 1987, planches XV-XVI; Eva von Dassow,
dir. de publ., The Egyptian Book of the Dead: The Book of Going Forth by Day, San
Francisco, Chronicle Books, 1994, planche Il; Munro, Die Totenbuch-Handschriften, 1:
planches 60-61. Le personnage à tête de chacal nest pas forcément Anubis; il
pourrait également être Isdes, qui, lui, brandit un couteau; voir
Chassinat, Le Temple d'Edfou, MIFAO 22, 5:143; il y a un autre personnage à tête de
chacal qui apparaît régulièrement dans le onzième tertre du Livre des Morts 149; voir
Raymond O. Faulkner, The Ancient Egyptian Book of the Dead, Londres, British Museum, 1985,
p. 141.
[39] Robert Home, « Reminiscences of the Church in Nauvoo », Millennial Star 55/36, 4
septembre 1893, p. 585; aussi cité dans Todd, Saga of the Book of Abraham, p. 249.
[40] Charlotte Haven à sa mère, 19 février 1843, cité dans Todd, Saga of the Book of
Abraham, p. 245. Le rapport de Charlotte Haven concernant les rouleaux de papyrus à
Nauvoo est confirmé par un souvenir de Joseph F. Smith, qui nous parvient de troisième
main par Preston Nibley à Hugh Nibley: « Le président Smith (comme frère Nibley se le
rappelait grâce à sa mémoire remarquable) se souvenait dans les larmes du spectacle
familier doncle Joseph à genoux sur le plancher de la pièce de devant
avec des manuscrits égyptiens étalés tout autour de lui, maintenus en place par des
pierres et des livres, étudiant avec une concentration intense une ligne de caractères,
notant, au fur et à mesure, ses impressions dans un petit carnet. » Hugh W. Nibley, « A
New Look at the Pearl of Great Price », Improvement Era, mars 1968, pp. 17-18, répété
dans Todd, Saga of the Book of Abraham, p. 219. Ayant personnellement inspecté la Mansion
House à Nauvoo, mon estimation est que lon ne pouvait pas dérouler plus de 5 à 6
mètres de papyrus à la fois.
[41] Par opposition à Todd, Saga of the Book of Abraham, pp. 246-249.
[42] Josiah Quincy, Figures of the Past from the Leaves of Old Journals, Boston, Roberts
Brothers, 1883, p. 386. Une autre édition, Boston, Little, Brown, 1926, p. 325, est
citée dans Todd, Saga of the Book of Abraham, p. 256; et Larson, « Joseph Smith and
Egyptology », p. 172.
[43] Quincy, Figures, 1883, p. 386, 1926, p. 326.
[44] Cité dans Todd, Saga of the Book of Abraham, p. 257.
[45] On peut se faire une idée claire de ses notions toutes personnelles des
hiéroglyphes égyptiens dans Gustavus Seyffarth, « A Remarkable Papyrus-scroll, Written
in the Hieratic Character about 1050 B.C. », The Transactions of the Academy of Science
of St. Louis 1, 1856-1860, pp. 527-569, planche XIX, n° 1-16. Certaines des conceptions
quil entretenait vis-à-vis des égyptologues de son temps, particulièrement
Champollion, exprimées dans cet ouvrage, valent dêtre citées: « Ils [personnes
non nommées de New York] ne connaissaient que le système de Champollion, selon lequel,
comme tout le monde le sait, personne na encore réussi, à ce jour, à traduire une
seule ligne dun texte hiéroglyphique ou hiératique », id., p. 529. Il écarte
louvrage de Heinrich Brugsch (sur le livre des Respirations) en disant que ce sont
des « sottises », id., p. 536. Lattaque de Peter Le Page Renouf contre son ouvrage
« est écrite si ingénieusement, si habilement et de manière si attrayante
quaucun autre lecteur que lauteur et moi-même nen soupçonnerait la
tromperie « , id., p. 539. Nous laissons à ceux que cela intéresse ses commentaires sur
de Rougé et Lepsius. Quil suffise de dire que Seyffarth nétait pas un
égyptologue conventionnel, que ce soit à son époque ou de nos jours; il lui arrive
néanmoins de tomber sur une traduction correcte pour toutes sortes de mauvaises raisons
(par exemple : ntr 3, « le grand dieu » comme étant « la puissante divinité »
dans id., planche XIX n° 4, section III, lignes 8-9, tout en attribuant le sens aux
mauvais mots.)
[46] Catalogue du musée de Saint Louis, 1859, cité dans Todd, Saga of the Book of
Abraham, pp. 296-298.
[47] Voir Todd, Saga of the Book of Abraham, pp. 299-302.
[48] Ma reconstruction a déjà paru dans Gee, « A Tragedy of Errors », pp. 108-109, et
est ici considérablement augmentée et corrigée.
[49] En supposant que la partie endommagée était le quart de la longueur de
loriginal du rouleau. Les mesures ont été faites à partir des photographies de «
New Light on Joseph Smith's Egyptian Papyri », Improvement Era, février 1968, pp. 40-41
(aussi 40A-H) daprès les échelles apparaissant sur les photos. Cela a donné un
calcul de 373 x 34.5 cm. Le papyrus dEfonkh à Turin avait 1786 cm de long, tandis
que MMA 35.9.19 mesure 453 x 37.5 cm. Les chapitres traités par les fragments prennent
environ le cinquième du papyrus Efonkh, ce qui donne une longueur de 466 cm, plus proche
de MMA 35.9.19. Jai délibérément arrondi à la taille moyenne des papyrus de la
période ptolémaïque tirés de P. W. Pestman, The New Papyrological Primer, 2e éd.,
Leiden, Brill, 1994, pp. 4-5.
[50] Les chapitres ont été identifiés et mis en ordre par John A. Wilson, « A Summary
Report », faisant partie de « The Joseph Smith Egyptian Papyri: Translations and
Interpretations », Dialogue 3/2, 1968, pp. 67-85. Malheureusement, Wilson et son
éditeur, Joseph Jeppson, nont fait que semer la confusion en renumérotant les
papyrus. Pour ceux qui voudront travailler avec larticle de Wilson, voici une
concordance des numérotations que les papyrus ont eues au fil des années : 
Les documents A et F de Wilson sont le même document. Le document H de Wilson (dont la
langue est larabe) semble être un mirage créé par Jerald et Sandra Tanner.
[51] Voir Malcolm Mosher Jr., « Theban and Memphite Book of the Dead Traditions in the
Late Period », Journal of the American Research Center in Egypt 29, 1992, pp. 145-148,
170-172.
[52] Basé sur les vingt-et-une des soixante-dix-neuf planches sur lesquelles figurera le
contenu du rouleau dEfonk à Turin, dans Lepsius, Das Totenbuch der Ägypter.
[53] Le nom de la mère a été pris pour un nom de père Rmny-q3i dans JSP XI 2/7 par
Richard A. Parker, trad., « The Book of Breathings (Fragment 1, the 'Sensen' Text, with
Restorations from Louvre Papyrus 3284) », faisant partie de « The Joseph Smith Egyptian
Papyri », p. 99, et suivi de Hugh W. Nibley, Message of the Joseph Smith Papyri: An
Egyptian Endowrnent, Salt Lake City, Deseret Book, 1975, pp. 26 et suiv., qui a été la
source de Gee, « Tragedy of Errors », pp. 105, 108, une erreur que je corrige ici.
[54] Ceci comprend Baer, « The Breathing Permit of Hor », et Nibley, Message of the
Joseph Smith Papyri.
[55] La terminologie et le traitement suivent ici Thomas G. Allen, The Book of the Dead or
Going Forth by Day: Ideas of the Ancient Egyptians concerning the Hereafter as Expressed
in Their Own Terms, Chicago, University of Chicago Press, 1974, p. 2.
[56] Les données pour cette comparaison se trouvent dans Nibley, Message of the Joseph
Smith Papyri, pp. 18-65, mais celui-ci ne les a pas remarquées.
[57] Seyffarth a pu prendre par erreur lépithète dOsiris appliquée à Hor
comme, étant le nom du dieu, bien que ceci soit douteux pour deux raisons: (1) Seyffarth
rend systématiquement le terme Wsir devant un nom de personne par « le très saint »,
« A Remarkable Papyrus Scroll », planche XIX no.11, ligne 64 et n° 15, ligne 134. (2)
il na pas identifié un autre Livre des Respirations comme livre de cantiques,
traduisant h3ty-rn sy n snsnw ir.n Is.t n sn=s Wsir « commencement du
livre des respirations fait par Isis pour son frère Osiris « comme étant « Le Livre
des Cantiques pour chanter les gloires de celui qui a fait lIsis (la terre), (les
gloires) de cet être invisible qui a fait Osiris (le soleil) » (id., p. 530 et la
planche XIX n° 8-9, lignes 1-4). Cest justement lexpression h3ty-rn
sy « commencement du livre que Seyffarth rend par « Livre de Cantiques » (id.,
planche XIX n° 8, lignes 1-4). Cela montre quen identifiant un texte comme étant
une « invocation », Seyffarth a pu lire les premières lignes dun autre texte, un
qui suivait le Livre des Respirations.
[58] Les variantes fréquentes et incontrôlées parmi les Livres des Respirations fait
lobjet de commentaires depuis longtemps. Ce traitement est particulièrement courant
parmi les Seconds Livres des Respirations; voir François-René Herbin, « Une nouvelle
page du livre des respirations », BIFAO 84, 1984, pp. 249-250 n. 3.
[59] Photographie du document dans Todd, Saga of the Book of Abraham, p. 316.
[60] On trouvera un traitement général de la réutilisation des rouleaux dans Cerny,
Paper and Books in Ancient Egypt, pp. 21-23. Nous nous préoccupons tout particulièrement
ici de textes multiples en rapport avec le Livre des Morts.
[61] Voir Munro, Totenbuch-Handschriften, 1:191-204, planches 67-71; 2: planches 139-141.
[62] Voir Georges Posener, Le Papyrus Vandier, Le Caire, Institut Français d'Archéologie
Orientale, 1985.
[63] Voir Siegfried Schott, Urkunden mythologischen Inhalts: Bücher und Sprüche gegen
den Gott Seth, Leipzig, Hinrichs, 1929.
[64] Voir Logan, « Papyrus Harkness », pp. 150-161; Mark Smith, « Papyrus Harkness »,
Enchoria 18, 1991, pp. 95-105.
[65] Voir Mark Smith, The Mortuary Texts of Papyrus BM 10507, Catalogue of Demotic Papyri
in the British Museum, vol. 3, Londres, British Museum, 1987, p. 19. Ce papyrus funéraire
a été découvert avec et écrit par le même scribe que les Instructions d
Onchsheshonqy, qui contient aussi un récit où il est question de brûler Harsiese
sur un autel; on trouvera ceci dans S. R. K. Glanville, The Instructions of
'Onchsheshonqy, (British Museum Papyrus 10508), Catalogue of Demotic Papyri au British
Museum, vol. 2, pt. 1, Londres, British Museum, 1955; Miriam Lichtheim, Ancient Egyptian
Literature: A Book of Readings, Berkeley, University of California Press, 1973-1980,
3:159-84; Heinz J. Thissen, Die Lehre des Anchscheschonqi, P. BM 10508, Bonn, Habelt,
1984.
[66] Voir David H. Fischer, Historians' Fallacies: Toward a Logic of Historical Thought,
New York, Harper and Row, 1970, pp. 47-48.
[67] Cleveland Whig, 31 juillet 1835, cité dans Todd, Saga of the Book of Abraham, p.
175.
[68] Il apparaît dans le Pittsburgh Chronicle du 13 août 1835, dans le New York Sunday
Morning News du 16 août 1835, dans le Washington, D.C., Daily National Intelligencer du
21 août 1835, dans le New York Evening Star daoût 1835 et dans le Painesville
Telegraph du 4 septembre 1835. Détails et citations dans Todd, Saga of the Book of
Abraham, pp; 175-179. Il vaut la peine de noter que, comme aujourdhui, les journaux
de lépoque se copiaient mutuellement, mais que contrairement à notre époque, les
agences de presse montraient beaucoup plus clairement leur parti pris politique, comme le
proclament souvent les titres mêmes des journaux.
[69] Latter Day Saints' Messenger and Advocate 2/3, décembre 1835, pp. 233-234; aussi
cité dans Todd, Saga of the Book of Abraham, pp. 187-188. Ce récit est habituellement
attribué à Joseph Smith, mais Todd pense quil a pu être écrit par
léditeur, John Whitmer, id., p. 187.
[70] « A Glance at the Mormons », Quincy Whig, 17 octobre 1840, cité dans Todd, Saga of
the Book of Abraham, p. 210.
[71] Cest dans LeGrand Richards, A Marvelous Work and a Wonder, 2e éd., Salt Lake
City, Deseret Book, 1976, pp. 406-407 (N.d.l.r. éd. française 1964, p. 430) que
lon trouvera ce qui est sans doute la citation la plus notable et la plus influente.
[72] Quincy, Figures, 1926, pp. 325-326.
[73] Martin B. Duberman, Charles Francis Adams, 1807-1886, Boston, Houghton Mifflin, 1961,
p. 92.
[74] Times and Seasons 3, 1 mars 1842, p. 704, cité dans Todd, Saga of the Book of
Abraham, p. 233.
[75] On trouvera un traitement abrégé dans Gee, « 'Bird Island' Revisited », pp.
226-227.
[76] Voir Joseph Smith, Ohio Journal, 1835-1836, notes des 3,19, 24 et 29 octobre 1835,
17, 23 et 30 novembre 1835, 7,10,12, 14-16, 20 et 23 décembre 1835, dans Papers of Joseph
Smith, 2:46, 53, 56-58, 85, 88, 92, 97, 101-102,104-106,119-120.
[77] Voir Joseph Smith, Ohio Journal, 1835-1836, 7 octobre 1835, pp. 19-20, 25 novembre
1835, dans Papers of Joseph Smith, 2:50, 87, 90.
[78] Voir Joseph Smith, Ohio Journal, 1835-1836, 26 novembre 1835, dans Papers of Joseph
Smith, 2:90.
[79] Voir Joseph Smith, Ohio Journal, 1835-1836, 1 octobre 1835, dans Papers of Joseph
Smith, 2:45.
[80] Tiré de Hugh W. Nibley, « The Meaning of the Kirtland Egyptian Papers », BYU
Studies 11/4, 1971, p. 351. Les écritures ont été identifiées par Dean Jessee;
jai modifié les dates par endroits.
[81] Voir Todd, Saga of the Book of Abraham, pp. 281-284, 286, 326-331.
[82] Voir Joseph Smith, Illinois Journal, 1841-1842, 4 mars 1842, dans Papers of Joseph
Smith, 2:366.
[83] Il y a une allusion à l « Alphabet » dans Joseph Smith, Ohio Journal,
1835-1836, 17 novembre 1835, dans Papers of Joseph Smith, 2:85, mais cest 1) une
insertion ultérieure, 2) insérée comme objet du verbe « exhibé » et ne constitue
donc pas une preuve de la pensée de Joseph.
[84] The Personal Writings of Joseph Smith, comp. et dir. de publ. Dean C. Jessee, Salt
Lake City, Deseret Book, 1984, p. 60; Papers of Joseph Smith, 2:45.
[85] Papers of Joseph Smith, 1:102, italiques ajoutés.
[86] History of the Church, 2:286.
[87] Faulring, An American Prophet's Record, p. 35.
[88] Joseph Smith, Ohio Journal, 1835-1836, 16 octobre 1835, dans Papers of Joseph Smith,
2:106.
[89] Manuscript History of the Church, Book A-I, 16 décembre 1835, LDS Church Archives,
p. 148, dans Papers of Joseph Smith, 1:163.
[90] Cowdery à Frye, 22 octobre 1835, dans Latter Day Saints' Messenger and Advocate, p.
234.
[91] Joseph Smith, Illinois Journal, 1841-1842, 4 mars 1842, dans Papers of Joseph Smith,
2:366.
[92] Voir Ricardo Caminos, « The Recording of Inscriptions and Scenes in Tombs and
Temples », dans Ancient Egyptian Epigraphy and Palaeography, New York, Metropolitan
Museum of Art, 1976, pp. 3-4. Lexpédition de Lepsius (publiée de 1849 à 1859) est
la seule réalisation épigraphique quil trouve digne dêtre mentionnée avant
1875.
[93] Joseph Smith, Ohio Journal, 1835-1836, 16 octobre 1835, dans Papers of Joseph Smith,
2:106. Le seul passage possible qui traite de ceci est Abraham 4:14-18, qui y fait
allusion mais ne mentionne expressément aucune planète précise et encore moins un «
système planétaire » ou la « formation » de quelque chose de ce genre.
[94] Anson Call, Manuscript Journal, été de 1838, p. 9, cité dans Matthews, Joseph
Smith's Translation of the Bible, p. 98.
[95] Voir, par exemple, Jerald et Sandra Tanner, MormonismShadow or Reality? 5e
éd., Salt Lake City, Utah Lighthouse Ministry, 1987, pp. 311-313.
[96] Jai normalisé lorthographe et lusage des majuscules du titre; on
trouvera lorthographe originale au tableau 1.
[97] Voir Joseph Smith, Ohio Journal, 1835-1836, 29 octobre 1835, dans Papers of Joseph
Smith, 2:56. Lécriture de Warren Parrish commence avec linscription du 8
octobre 1835, néanmoins il y a des indications qui montrent que Joseph avait trois
semaines de retard dans sa tenue de notes. Ceci nétait pas une situation isolée.
Quand Parrish tomba malade le 25 janvier 1836, Joseph désigna « Sylvester Smith comme
secrétaire suppléant pour le moment où jusquà ce que frère Parrish recouvre la
santé »; lécriture de Sylvester Smith commence avec la note du 22 janvier 1836,
dans Papers of Joseph Smith, 2:160 n. 2, p. 162. De même, le 8 février 1836, « Frère
Parrish, mon secrétaire a de nouveau reçu mon journal » mais son écriture commence en
réalité la veille, dans Papers of Joseph Smith, 2:171 n. 1, p. 172. On peut aussi
remarquer la brièveté de la plupart des notes entre le 8 et le 29 octobre 1835, ce qui
donne à penser quun effort était fait pour mettre rapidement le journal personnel
à jour.
[98] Cet usage de la terminologie est traité dans John A. Tvedtnes, « The Critics of the
Book of Abraham » dans Book of Abraham Symposium, Salt Lake City, Salt Lake Institute of
Religion, 1971, pp. 73-74, ainsi que dans la note de Tvedtnes dans Gee, « Tragedy of
Errors », p. 114 n. 59. On voit la confusion dans la terminologie dans Wesley P. Walters,
« Joseph Smith among the Egyptians », Journal of the Evangelical Theological Society
16/1, 1973, pp. 31-32.
[99] La meilleure façon dillustrer ceci est peut-être de transcrire la colonne
anglaise de KEPE 4, p. 1, lignes 2-24, « le premier être qui exerce le pouvoir suprême
/ le premier homme ou quelquun qui a le pouvoir royal ou / un règne princier
universel ayant une domination ou un pouvoir plus grands / famille royale sang royal ou
pharaon ou pouvoir suprême ou roi / couronne dun prince ou reine ou représente une
reine / Vierge non mariée ou le principe de la vertu / le nom dune famille royale
dans la lignée féminine / Une femme non mariée et une princesse vierge de / homme non
marié prince / femme mariée ou non mariée une fille /Couronne dun prince ou roi /
la Terre / en dessous ou sous leau / loeil ou voir ou me voir parfois
moi-même / le pays dÉgypte vu pour la première fois sous <eau> / quelle
autre personne est-ce ou qui / un pouvoir gouvernemental ou royaume / le commencement
dabord avant dindiquer / au commencement de la Tertre ou Création / Signifie
être en quoi que ce soit comme la lumière dans le
/ la première Création de quoi
que ce soit première [
]tion / du début jusquà toute période mentionnée
après / dune période quelconque ou une période de fixée <retour> au
commencement <de la création>. » Est-ce là le Livre dAbraham ? Comment
quelquun pourrait-il tirer le Livre dAbraham de cela?
[100] Par opposition à Tanner et Tanner, MormonismShadow or Reality? pp. 311-314;
Walters, « Joseph Smith among the Egyptians », pp. 34-37.
[101] Par exemple, KEPE 3, p. 1, ligne 15, colonne 4, dit: « en bas, en dessous, sous,
eau ». La ligne correspondante dans KEPE 4, p. 1, ligne 14, colonne 3, dit: « en bas ou
sous eau. » La ligne correspondante dans KEPE 5, p. 1, ligne 13, colonne 5, dit
simplement « ou eau ». Des variantes semblables mènent à la conclusion que ce sont là
des notes indépendantes plutôt que des copies serviles réciproques.
[102] « Un déchiffreur, qui saute ingénieusement les scrupules et les difficultés et
un philologue, qui réfléchit soigneusement à ses résultats pour en faire des règles,
sont fondamentalement différents et ne doivent pas être confondus. » Johannes
Friedrich, Extinct Languages, 1957; réimpression, New York, Dorset, 1989, pp. 24-25. Ce
sont Richard Lepsius, Heinrich Brugsch et Adolf Erman qui ont pavé la voie
philologiquement pour des livres de grammaire tels que ceux dAdolf Erman et Alan
Gardiner. Friedrich, qui était hittitologue et a été personnellement responsable du
déchiffrement des hiéroglyphes hittites, démontre de nombreuses fois par des exemples
cette progression dans son livre, p. ex., id., pp. 53-57, 61-68. Lécart de temps
entre le déchiffrement et la grammaire est souvent considérable.
[103] Joseph Smith, Ohio Journal, 1835-1836, 14 novembre 1835, dans Papers of Joseph
Smith, 2:79.
[104] Howard C. Searle, « Authorship of the History of Joseph Smith: A Review Essay »,
BYU Studies 21/1, 1981, p. 105.
[105] The Words of Joseph Smith, comp. et dir. de publ. Andrew F. Ehat and Lyndon W. Cook,
Provo, Utah, BYU Religious Studies Center, 1980, p. 380; voir John Gee, « The Role of the
Book of Abraham in the Restoration », Provo, Utah, FARMS, 1997, p. 8.
[106] Déjà relevé dans Gee, « Tragedy of Errors », p. 111 n. 50. Comparez avec
lutilisation dans Doctrine et Alliances 6:7; [10:64; 11:7; 32:4 et 90:14. Comparez
avec lutilisation du mot dévoiler par Oliver Cowdery dans son histoire, dans Papers
of Joseph Smith, 1:69.
[107] Warren Parrish, lettre au rédacteur du Painesville Republican, datée du 5 février
1838, dans Painesville Republican 2/14-15, 15 février 1838, p. 3.
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