L’hypocéphale de Joseph Smith… dix-sept ans plus tard

par Michael D. Rhodes

© FARMS 1994

 

Il y a dix-sept ans, j'ai publié une traduction et un commentaire du fac-similé 2 du livre d'Abraham [1]. Depuis lors, il y a eu de nombreuses avancées dans notre compréhension de ce document intéressant et j’ai estimé que l'étude avait besoin de révision à la lumière de ces avancées [2].

 

Ce ne sera certainement pas le dernier mot sur le fac-similé 2. Dans les recherches égyptiennes, comme dans toutes les entreprises humaines, notre connaissance est toujours provisoire et a constamment besoin de révision à mesure que nous en apprenons davantage. Cela ne devrait pas étonner les membres de l'Eglise que plus notre compréhension des choses égyptiennes augmente, plus il y a d'explications du fac-similé 2 données par Joseph Smith qui sont en accord avec cette compréhension accrue. Néanmoins, mon but n'est pas de « prouver » que Joseph Smith était un prophète. Cette connaissance ne peut et ne doit venir que de Dieu, pas du raisonnement intellectuel et il appartient à chacun de la trouver par lui-même. David O. McKay a déclaré que l'université Brigham Young « a été fondée dans le seul but d'associer aux faits de la science, des arts, de la littérature et de la philosophie les vérités de l'Evangile de Jésus-Christ [3]. » Dans cet esprit, j'ai essayé de rattacher la compréhension que l’égyptologie a actuellement du fac-similé 2 aux vérités révélées de l'Evangile rétabli.

 

Le fac-similé 2 appartient à une catégorie de documents religieux égyptiens appelés hypocéphales (grec υποκεφαλος [hupoképhalos], « sous la tête », traduction de l'égyptien hr tp avec la même signification). Un hypocéphale est un petit objet en forme de disque fait en papyrus, en toile, bronze, or, bois, ou argile stuqué que les Égyptiens mettaient sous la tête de leurs morts. Ils croyaient qu'il envelopperait de manière magique la tête et le corps de flammes ou de rayonnement, rendant ainsi le mort divin [4]. L’hypocéphale lui-même symbolisait l'œil de Ré ou de Horus [5], c.-à-d., le soleil, et les scènes dépeintes dessus ont trait au concept égyptien de la résurrection et de la vie après la mort. Pour les Égyptiens, le lever et le coucher quotidiens du soleil étaient un symbole frappant de la résurrection. L’hypocéphale lui-même représentait tout ce que le soleil encercle, c.-à-d. le monde entier. La partie supérieure représentait le monde des hommes et du ciel diurne et la partie inférieure (la partie avec la vache) le monde d’en bas et le ciel nocturne.

 

Les hypocéphales sont apparus pendant la dynastie égyptienne saïte (663-525 av. J.-C.) et leur utilisation a continué au moins jusqu’à l'ère chrétienne [6]. C’est dans la version saïte du livre des morts, chapitre 162, que des directives pour la construction et l'usage du hypocéphale sont données [7]. La section à laquelle ce chapitre appartient (les chapitres 162 à 165) contient beaucoup de mots et de concepts étranges qui, selon certains égyptologues, contiennent des influences étrangères, probablement sémitiques ou nubiennes [8].

 

On trouve des hypocéphales dans plusieurs musées d’Europe et du Proche-Orient [9],  mais à l’exceptions de l’hypocéphale de Joseph Smith, aucun n’est parvenu jusqu’en Amérique. La plus grande collection d’hypocéphales se trouve au British Museum et trois exemplaires de cette collection sont tout à fait semblables à l’hypocéphale de Joseph Smith [10] tant pour la disposition que pour le texte. En comparant ces derniers au fac-similé 2, j’ai pu reconstituer le texte original de l’hypocéphale de Joseph Smith avec quelques lectures incertaines seulement.

 

D’après les récits que nous avons au sujet de l’hypocéphale de Joseph Smith et des autres papyrus égyptiens qui lui sont associés, il semble qu'ils ont été trouvés en Égypte dans la région de Gurneh de Thèbes vers l'année 1818 [11]. Des hypocéphales semblables tels que British Museum 8445c, qui sont clairement apparentés à l’hypocéphale de Joseph Smith, ont tous été trouvés à Thèbes [12]. BM 8445c est aussi particulièrement intéressant à un autre point de vue, puisque le nom du propriétaire était Har (Horus), le même que le propriétaire du papyrus Livre des Respirations dans la collection de l’Eglise. Se pourrait-il que ce soit la même personne ?

L’examen soigneux du fac-similé 2 prouve qu'il y a une différence entre la plupart des signes hiéroglyphiques et les signes qui se trouvent à droite de la figure sur le bord externe ainsi que les parties externes des sections numérotées 12 à 15. Ces signes sont hiératiques, pas hiéroglyphiques, et sont inversés ou à l'envers, par rapport au reste du texte. Ils sont, en fait, une copie assez précise des lignes 2, 3 et 4 du papyrus de Joseph Smith XI, qui contient une partie du Livre des Respirations. Un mot qui est particulièrement clair, c’est le mot snsn, à la section 14 et une partie du nom de la mère du propriétaire du papyrus, (t3y-)hby.t), répété deux fois sur le bord externe. Un dessin à l’encre de l’hypocéphale dans le bureau de l'historien de l'Eglise montre que ces mêmes zones sont vides. Il est probable que ces zones ont été détruites sur l’hypocéphale original et que quelqu'un (le graveur, un des associés de Joseph Smith ou Joseph lui-même) a copié les lignes tirées du papyrus du Livre des Respirations pour des raisons esthétiques.

 

Ce qui suit est la une transcription hiéroglyphique reconstituée du texte de l’hypocéphale de Joseph Smith :

 

 

[Note de FAIRMormon Answers : Il convient de remarquer, à propos du Facsimile 2, que certaines parties de l’original étaient vraisemblablement manquantes et que celles-ci ont été remplacées par des caractères ou des images tirés d’autres sources avant que l’image ne soit publiée dans le Times and Seasons. Il y a des éléments qui ont été copiés dans les papyrus de Joseph Smith. Parmi les sections manquantes, il y avait sans doute celle appelée section 3, qui correspond à un personnage qui apparaît dans le Papyrus IV de Joseph Smith. Une chose intéressante dans cette restauration est que le personnage dans le bateau se retrouve dans la même partie d’au moins un autre hypocéphale.]

 

Fac-similé 2 - Transcription du texte hiéroglyphique

Bord : ink db3ty m hw.t bnbn.t  m ’Iwnw. q3 sp-2. 3h sp-2. k3 nk iwty snw=f. ntr pwy ‘3 m hw.t bnbn.t. m 'Iwnw [cnh Wsir Ššq r nhh d.t h] n ntr pf m 'Iwnw.

11-18 : i ntr sdr.w m sp tpy, ntr c3 nb p.t, t3, dw3.t, mw=f c3, dw3.t, mw=f c3, di cnh b3 Wsir Ššq..

15: =f

17-16 : 1) h3.t th.t, nn th.tw, nn th.tw b3 pn hnc nb=f m dw3.t d.t.

21-19 : iw wnn=k m ntr pf dd wy.

2: rn n ntr pf c3.

3:. dp.t ntr

Traduction du texte

Bord : Je suis le Pourvoyeur [13] dans le Temple du soleil [14] à Héliopolis. [Je suis] extrêmement exalté et très glorieux. [Je suis] un taureau viril sans égal. [Je suis] ce Dieu Puissant [15] dans le Temple du soleil à Héliopolis. <Puisse l'Osiris Shishaq vivre à jamais> [16] avec ce Dieu Puissant à Héliopolis [17].

Milieu gauche : Ô Dieu des Dormants [18] dès la création [19]. () Ô Dieu puissant, Seigneur du ciel et de la terre, de l’au-delà et de ses grandes eaux [20], puisse la vie être accordée à l'âme de l'Osiris [21] Shishaq [22].

En bas : Puisse ce tombeau ne jamais être profané [23] et puisse cette âme et son seigneur ne jamais être profanés dans l’au-delà.

En haut à gauche : Vous serez à jamais comme ce Dieu, le Busirien [24].

À la gauche du Dieu debout à deux têtes : Le nom [25] de ce Dieu puissant.

À la gauche du dieu à tête de faucon : Barque divine.

 

Commentaire

 

Héliopolis, est l'une des villes les plus antiques d’Égypte. Son nom égyptien hw.t-k3-Pth (« maison de l'âme de Ptah ») nous a donné le nom de l'Égypte (par le grec Aιγυπτος [Aïguptos]). Les liens entre Héliopolis et Israël sont nombreux et anciens. La tradition juive affirme qu'Abraham a enseigné l’astronomie et d’autres sciences aux prêtres d’Héliopolis [26]. Notre ancêtre Joseph a épousé Asnath (hébreu אסנת, égyptien ’Is.t-N.t « Isis-Neith » ou ns-N.t> 3s-N.t. « celle qui appartient à Neith »), la fille de Potiphar (hébreu פרע פוטע [Potiphéra], égyptien p3-di-p3-Rc « Celui que Ré a donné »), prêtre d’On [27]. Ce fut le pharaon Sheshonq III qui fit le sac du temple de Jérusalem du temps de Roboam, fils de Salomon, et en emporta tous les ustensiles sacrés pour les utiliser dans le temple d’On [28]. C’est peut-être plus qu’une coïncidence que le nom du propriétaire de l’hypocéphale de Joseph Smith soit Sheshonq (Shishaq). Chose encore plus intéressante, en 150 av. J.-C., des réfugiés de Jérusalem sous la direction du prêtre Onias obtinrent la permission du pharaon Ptolémée Philométor de construire un temple semblable au temple de Jérusalem à Léontopolis dans le nome (district administratif) d’Héliopolis [29].  Ainsi l'association d'Abraham et de ses descendants avec Héliopolis est antique et vénérable.

 

Deux papyrus démotiques découverts à Thèbes au début du XIXe siècle présentent un intérêt particulier [30]. Ils sont datés des environs du troisième siècle apr. J.-C., et sont ainsi à peu près du même âge que les documents égyptiens que Joseph Smith a acquis de Michael Chandler, et viennent de la même région d'Égypte. Un des papyrus montre le dessin d'une momie couchée sur un lit en forme de lion avec le  personnage du dieu Anubis debout devant lui, tout à fait comme dans la scène représentée dans le fac-similé 1 du livre d'Abraham. En dessous de ce dessin on lit les mots en grec : « Αβρααμ ο έπι [Abraam ho épi]…Abraham qui sur » (le reste de la phrase est endommagé mais pourrait être quelque chose comme « le lit » [31]. Au début du même papyrus, nous trouvons de nouveau le nom d’Abraham (Αβράχάμ) [32]. Sur un autre de ces papyrus se trouve l'expression en démotique, cbrchm p3 df n t3 ir.t n t3 wd3.t, « Abraham, la pupille de l'œil de l’Ouadjet [33]. » Ainsi nous trouvons deux papyrus égyptiens antiques, dont il aurait été impossible à Joseph Smith de connaître l’existence, qui associent Abraham non seulement à une scène de lit en forme de lion mais également à l'œil Ouadjet de Horus, que l’hypocéphale était censé représenter [34].

 

Deux textes pseudépigraphiques ayant trait à Abraham, qui ont été découverts après le temps de Joseph Smith, donnent aussi un éclairage intéressant aux rapports entre Abraham et les Égyptiens. Dans le Testament d'Abraham, Abraham a une vision du jugement dernier qui est incontestablement liée à la scène de jugement décrite au 125e chapitre du livre des morts, associant clairement, de ce fait, Abraham au livre égyptien des morts [35]. L’un des papyrus de Joseph Smith est en fait un dessin de cette scène de jugement du 125e chapitre du livre des morts.

 

L'Apocalypse d'Abraham décrit une vision qu’Abraham reçoit pendant qu’il fait un sacrifice à Dieu. Dans cette vision, le plan de l'univers lui est montré, « ce qui est dans les cieux, sur la terre, dans la mer et dans l'abîme [36] » (presque les mots exacts utilisés dans la partie à gauche du centre de l’hypocéphale de Joseph Smith). Il voit « la plénitude du monde entier et son cercle » dans une image qui a deux côtés [37]. La ressemblance avec l’hypocéphale est frappante. Il y a même une description de ce qui est clairement les quatre personnages canopes portant le n° 6 dans l’hypocéphale de Joseph Smith [38]. L'importance de ces documents est qu'ils datent du début de l’ère chrétienne – qu'ils sont grosso modo contemporains de l’hypocéphale et des autres documents égyptiens achetés par Joseph Smith –  et qu’ils racontent les mêmes choses au sujet d'Abraham dont Joseph Smith dit qu’elles se trouvent dans l’hypocéphale et les autres papyrus égyptiens.

 

Le Fac-similé 2 par les numéros

 

Je passe maintenant aux illustrations qui se trouvent sur l’hypocéphale de Joseph Smith et je compare les explications que Joseph Smith en donne avec une interprétation basée sur l’égyptologie moderne. Qu’il me soit tout d'abord permis de dire que l'interprétation des illustrations est l'une des parties les plus difficiles de la compréhension des textes égyptiens. Les Égyptiens ne mettaient pas des illustrations simplement pour la décoration ; elles étaient toujours utilisées pour compléter et clarifier le texte. Cependant, la détermination de leur signification correcte peut être, pour nous, une entreprise redoutable. Un symbole donné peut avoir beaucoup de significations différentes et il est parfois presque impossible de décider laquelle l'auteur du texte avait à l’esprit. Par exemple, l’œil ouadjet qui se trouve en haut et à gauche du personnage faucon assis dans la section 3 peut représenter la guérison, la lumière, la totalité, la protection, la gloire et même la richesse ! [39] De plus, dans beaucoup de cas, nous ne savons tout simplement pas encore ce que signifient certains symboles. Ayant bien compris la difficulté de ce que nous sommes sur le point d'essayer de faire, regardons chacune des figures.

 

1. Une divinité assise avec deux (ou dans la plupart des hypocéphales, quatre) [40] têtes de bélier. Elle tient dans la main les symboles de la vie (cnh), de la domination (w3s) et de la stabilité (dd). De chaque côté du dieu il y a deux singes (numéros 22 et 23) avec, sur la tête, le disque lunaire muni de cornes, dans une attitude d'adoration [41]. Il y a aussi deux serpents, un de chaque côté de la divinité assise [42]. Le dieu est assis au centre de l’hypocéphale, qui, comme nous l’avons dit plus haut, représente le monde.

Cette figure assise représente le dieu en tant que créateur, Amon-Ré ou Khnoum [43]. Quand il est représenté ainsi avec quatre têtes, ce dieu réunit en lui les attributs des dieux Ré (le soleil), Shou (la lumière), Geb (la terre) et Osiris (dieu de l’autre monde et de la résurrection) et représente la force créatrice primitive [44].

 

Joseph Smith dit que ceci est « Kolob, signifiant la première création, la plus proche du céleste, ou de la résidence de Dieu [45] ». Ceci correspond bien au symbolisme égyptien d'un dieu doté de la force créatrice primitive assis au centre de l'univers. Le nom Kolob est tout à fait à sa place dans ce contexte. Le mot dérive très probablement de la racine sémitique courante QLB, qui a la signification de base de « coeur, centre, milieu » (qalb arabe « coeur, centre » ; קךב hébreu, « milieu, centre », קרב « se rapprocher » ; égyptien m-q3b,  « au milieu de ». En fait, qalb fait partie des noms arabes de plusieurs des étoiles les plus brillantes du ciel, notamment Antarès, Régulus et Canopus.

 

Les singes peuvent représenter Thoth, le dieu de l'écriture et de la sagesse, ainsi que la lune [46], mais étant donné leur habitude curieuse de lever les mains pour recevoir les premiers rayons réconfortants du soleil après la nuit froide du désert comme s’ils adoraient le soleil à son lever [47], on les trouve souvent en liaison avec le soleil. En plus de ces associations solaires et lunaires, les singes sont également associés aux étoiles et aux constellations [48]. Joseph Smith dit qu’ils sont des étoiles recevant de la lumière de Kolob, ce qui concorde avec notre compréhension de leur symbolisme en égyptien.

 

Dans son explication de la figure 1, Joseph Smith dit que la terre est appelée Jah-oh-eh par les Égyptiens. Dans le Times and Seasons, il définit Jah-oh-eh comme « Ô la terre » [49]. Ce serait une traduction raisonnable de l'égyptien I 3h.t, « Ô la terre » (en supposant que Joseph ait utilisé la convention biblique de rendre un yod sémitique par un j anglais [50].

 

2. Une divinité à deux têtes portant la couronne à deux plumes d'Amon sur laquelle sont montées des cornes de bélier. Sur ses épaules il y a des têtes de chacal, et il tient l’étendard en forme de chacal du dieu Wepwawet. À sa droite il y a un autel sur lequel et autour duquel il y a des offrandes. Sur la plupart des hypocéphales, il tient l'ankh, ou symbole de la vie, dans la main droite. À sa gauche, il y a aussi une ligne d'hiéroglyphes qui dit : « Le nom de ce Dieu puissant ».

 

C'est Amon-Ré, le dieu principal du panthéon égyptien [51] ; les deux têtes illustrent le pouvoir caché et mystérieux d'Amon (son nom signifie en égyptien « celui qui est caché ») [11] combiné au pouvoir visible et lumineux de Ré [52]. C'est clairement le dieu mentionné au chapitre 162 du livre des morts (le chapitre qui décrit la construction et l'utilisation de l’hypocéphale), qui porte la couronne à deux plumes. Les chacals qu’il a sur les épaules ainsi que l’étendard en forme de chacal qu'il tient sont des symboles du dieu Wepwawet, Celui qui ouvre la Voie, c.-à-d. à l'année, au roi dans ses conquêtes, aux morts à travers les dangers de l’au-delà jusqu’au trône d'Osiris où ils seront jugés, ou toute autre voie qui a besoin d’être ouverte.

 

Joseph Smith dit : « Se trouve à côté de Kolob, appelée Oliblisch par les Égyptiens, la deuxième grande création directrice proche du céleste ou du lieu où Dieu réside; détient aussi la clef du pouvoir. » Le symbole de la vie que tient ce dieu était considéré comme le symbole du pouvoir d'un dieu. Un bon exemple en est le dieu Aton, qui est représenté par un disque solaire d’où sortent de nombreux rayons qui se terminent tous par une main tenant le symbole de la vie. Je ne peux trouver aucun mot évident en égyptien qui correspond à Oliblish, mais ceci met le mot dans la même catégorie que les nombreux noms étranges que l’on trouve au chapitre 162 du livre des morts, qui semblent ne pas être égyptiens mais appartenir à une langue étrangère.

 

Joseph dit aussi que cette figure a trait au plan des créations de Dieu révélé à Abraham tandis qu’il faisait un sacrifice. Ceci s’accorde exactement avec l'Apocalypse d’Abraham décrit ci-dessus [53], ainsi qu’avec le concept égyptien de l’hypocéphale représentant tout ce que le soleil encercle.

 

3. Un dieu Ré à tête de faucon ayant le disque solaire sur la tête, assis sur la barque solaire. De chaque côté de lui il y a un œil ouadjet. Il tient dans la main le sceptre w3s, symbole de domination [54] et devant lui il y a un autel avec une fleur de lotus dessus.

Ré assis dans sa barque représente le soleil dans sa traversée quotidienne du ciel et symbolise la résurrection et la renaissance, puisque l’on pensait que le soleil mourait et renaissait chaque jour. Le lotus sur l'autel devant lui symbolise, lui aussi, la renaissance et le soleil levant [55]. L’œil ouadjet symbolisait la lumière et la protection (entre autres) [56] et n'est donc pas déplacé dans ce contexte.

 

Joseph Smith dit que ceci représentait Dieu assis sur son trône, revêtu de pouvoir et d'autorité, avec une couronne de lumière éternelle sur la tête. Le sceptre w3s, comme je le disais ci-dessus, représente le pouvoir et l'autorité, et le soleil se qualifie certainement comme couronne de lumière éternelle. Il dit aussi qu'il représentait les grands mots-clefs de la prêtrise. L'auteur grec Plutarque explique que l’œil ouadjet d'Osiris représentait le πρόνοια [pronoia], « la Providence divine » (littéralement « la prescience ») [57], la sagesse divine par laquelle Dieu supervise toutes ses créations et s’occupe d’elles. Il n'est pas déraisonnable d’y voir « les grands mots-clefs de la prêtrise » (« La gloire de Dieu c’est l’intelligence », D&A 93:36).

 

4. Un faucon enveloppé de bandelettes de momie, aux ailes déployées, assis sur une barque. Ceci peut représenter soit Horus-Soped, soit Sokar, tous deux dieux faucons, qui sont symbolisés par un faucon momiforme [58]. Un élément important de cette figure, ce sont ses ailes déployées, qu’on ne trouve normalement pas dans les représentations de ces deux dieux. Les ailes montrent un lien évident avec Horus, personnification du ciel [59], et en même temps soulignent le fait que le faucon est en train de se dégager de ses bandelettes de momie dans la résurrection. L'association avec Sokar, le dieu antique de Memphis, est encore plus intéressante. Lors de la fête de Sokar, qui était célébrée dans beaucoup de régions de l'Égypte, il y avait une procession dans laquelle le grand prêtre mettait la barque de Sokar sur un traîneau et le tirait tout autour du sanctuaire .Cette procession symbolisait la révolution du soleil et d'autres corps célestes [60].

 

Joseph Smith voit ici un symbolisme de l'étendue ou firmament des cieux, concept que, comme je l’ai dit plus haut, les Égyptiens représentent souvent par le dieu faucon Horus. L'explication de Joseph que cette figure représente les révolutions de Kolob et d'Oliblish correspond à ce que nous savons de l'utilisation de la barque de Sokar lors de la fête de Sokar pour représenter les révolutions du soleil et d'autres corps célestes. Joseph dit aussi que c'est une représentation numérique signifiant, en égyptien, mille. Bien que ce ne soit pas l'hiéroglyphe habituel du nombre mille, il y a un lien clair entre le nombre mille et la barque des morts. Par exemple, dans les textes des sarcophages nous lisons : « Il prend la barque de 1000 coudées de bout en bout et la conduit jusqu’à l'escalier de feu [61]. » Sur le sarcophage de la princesse Anchenneferibre on trouve une description de la « Khabas à Héliopolis » et « Osiris dans sa barque de mille » [62]. Le terme Khabas (h3-b3=s en égyptien) signifie que « mille sont ses âmes » et a trait aux armées étoilées du ciel [63], confirmant de nouveau l'explication de Joseph Smith qu'il représente l'étendue des cieux.

 

5. Une vache portant un disque solaire et les doubles plumes avec un collier menit (symbole de Hathor, d'Ihet, etc.) [64]. C'est la vache Ihet mentionnée au chapitre 162 du livre des morts, qui doit être dessinée sur un morceau de papyrus neuf pour faire un hypocéphale [65]. C’est pour cela que cette image d'une vache est commune à presque tous les hypocéphales. lhet est une forme de Hathor, personnification des eaux originelles d’où est sortie la totalité de la création. C’est elle qui a donné naissance au soleil [66]. Elle se rattache aussi à Mehweret (grec Μεθύρ [Methur]), une autre déesse vache qui symbolisait le ciel et est la mère céleste par laquelle le soleil renaît chaque jour [67]. Le nom Mehweret (Mh-wr.t) signifie « Grande plénitude », c’est-à-dire les eaux primordiales d’où Ré, le Soleil, est sorti [68]. Derrière la vache se tient la déesse Ouadjet, qui tient une fleur de lotus, symbole de la renaissance [69], indiquant ici le renouvellement quotidien et annuel du soleil.

 

L'explication de Joseph Smith que ceci est le soleil concorde avec le symbolisme égyptien. Parmi les divers noms utilisés ici par Joseph, je ne peux trouver d’équivalent que pour Hakokabim où l’on peut reconnaître le mot hébreu הכוכבים, « les étoiles ». Mais encore une fois,  comme mentionné ci-dessus, les noms étranges et incompréhensibles sont typiques de cette catégorie de documents religieux égyptiens.

 

6. Ces quatre figures debout, semblables à des momies, sont les quatre fils d’Horus [70]. Ils étaient les dieux des quatre coins de la terre et l’on en est venu plus tard à les considérer comme présidant aux quatre points cardinaux [71]. Ils étaient aussi les gardiens des viscères des morts et leur image était gravée sur les quatre vases canopes dans lesquels les viscères des morts étaient placés [72].

Joseph Smith décrit de nouveau correctement ces figures comme représentation des « quatre coins de la terre ».

 

À la droite de ces quatre figures se trouve le nom d'un dieu écrit avec une fleur de lotus, un lion et un bélier (en égyptien srpt-m3i-sr). On pense que ces trois signes symbolisent les dieux du soleil levant, du soleil à midi et du soleil couchant, c.-à-d. Ré, Khépri et Atoum [73]. On trouve ce même dieu dans plusieurs passages du papyrus démotique égyptien tardif qui parle d’Abraham [74]. Joseph Smith ne donne aucune explication de ce nom hiéroglyphique, mais il est clairement associé à Abraham dans ce document antique.

 

7. Un dieu ithyphallique assis avec une queue de faucon, brandissant un fléau. C'est une forme de Min, dieu des forces régénératrices et procréatrices de la nature, peut-être combiné avec Horus, comme la queue de faucon semblerait l’indiquer [75]. Devant le dieu il y a ce qui semble être un oiseau qui lui présente un œil Ouadjet, symbole de tous les bons dons [76]. Sur d'autres hypocéphales, ce peut également être un singe, un serpent ou un serpent à tête de faucon qui présente l'œil. Cette figure représente Nehebka, un dieu serpent et l’un des juges des morts du chapitre 125 du livre des morts [77]. Nehebka était considéré comme un fournisseur de vie et de nourriture [78] et comme tel était souvent représenté comme présentant une paire de jarres ou un œil Ouadjet. Quant à l'oiseau qui se trouve sur le fac-similé 2, ceci pourrait symboliser le Ba ou l'âme (que les Égyptiens représentaient souvent sous la forme d’un oiseau) présentant l’œil Ouadjet au dieu assis.

 

Joseph Smith dit que cette figure représente Dieu assis sur son trône révélant les grands mots-clefs de la prêtrise. Nous avons expliqué ci-dessus le lien de l’œil Ouadjet avec « les grands mots-clefs de la prêtrise ». Joseph explique aussi qu’il y avait une représentation du signe du Saint-Esprit sous forme de colombe. Les Égyptiens décrivaient généralement l'âme ou l'esprit sous la forme d’une colombe, donc un oiseau est un symbole approprié du Saint-Esprit.

 

Joseph Smith explique que les figures restantes contenaient des écrits qui ne peuvent pas être révélés au monde. Le fait de mettre l’accent sur le caractère secret de ces choses est tout à fait en accord avec les documents religieux égyptiens tels que l’hypocéphale et le chapitre 162 du livre des morts. Nous lisons, par exemple, au chapitre 162 du livre des morts : « Ceci est un livre grand et secret. Ne laissez personne le voir ! » Joseph dit aussi que la ligne 8 « peut s’obtenir dans le saint temple de Dieu ». La ligne 8 dit : 'Veuille que l'âme de l'Osiris, Shishaq, vive (éternellement). » Puisque le but visé pour l’hypocéphale était de rendre le défunt divin, il n'est pas déraisonnable de voir ici une allusion aux ordonnances sacrées accomplies dans nos temples modernes.

 

Conclusion

 

Le texte ainsi que les figures et les illustrations de l’hypocéphale de Joseph Smith concernent tous l'espérance qu’avaient les Égyptiens en une résurrection et une vie après la mort en tant qu'être divin. Bien que dans notre manière moderne de penser, ce message soit communiqué par un assortiment étrange de dieux, d’animaux et d'autres figures bizarres, il est important de se rappeler que pour les Égyptiens, qui ont toujours essayé d'exprimer des idées abstraites par des représentations concrètes, c'étaient là tous des aspects du Dieu unique qui se manifestait sous beaucoup de formes [79].

 

Il est particulièrement important d’être conscient du fait que même les meilleurs savants du temps de Joseph Smith n’avaient pas accès à la connaissance de ces choses. Les œuvres pseudépigraphiques attribuées à Abraham, que j'ai citées plus haut, par exemple, n’ont été retrouvées qu’au début du XXe siècle. Les papyrus démotiques mentionnant Abraham n'ont été publiés qu'en 1839 et n’ont été traduits qu'en 1904 [80]. Bien que Champollion ait déchiffré des hiéroglyphes égyptiens en 1822, il a fallu de nombreuses années de travail minutieux pour que les égyptologues puissent publier des grammaires et des dictionnaires de l’égyptien. Joseph Smith n’aurait tout simplement pas pu acquérir, grâce au monde, la compréhension qu'il avait de ces choses. Néanmoins, comme la présente étude l’a montré, beaucoup parmi les explications données par le prophète concernant l’hypocéphale illustré dans le fac-similé 2 sont soutenues par notre compréhension actuelle de la religion égyptienne antique et sont en fait particulièrement typiques des écrits religieux égyptiennes tardifs. Il y en a une ou deux que l’on pourrait peut-être écarter comme étant un coup de chance ou le fait du hasard, mais, prises ensemble, les nombreuses interprétations correctes ne sauraient être ignorées. Il est clair que Joseph Smith savait de quoi il parlait. Ceci ne fait que réaffirmer ce que toute personne honnête peut apprendre par une prière fervente, que Joseph Smith a reçu ces choses de Dieu, exactement comme il l’a affirmé.

 

Annexe

 

Traduction du chapitre 162 du livre des morts

(tiré du Todtenbuch de Lepsius [81])

Titre : Un charme pour faire apparaître une flamme sous la tête d'un être glorifié.

 

À réciter : Salutations à toi, Par puissant [82], qui portes les doubles plumes sublimes et la couronne blanche [de la Haute Égypte], qui tiens le fléau [de l'autorité royale]. Tu es Seigneur des pouvoirs régénérateurs [83]. Tu te lèves et brilles constamment. Tu ne cesses jamais de te lever. Tu es un maître des formes, qui as de nombreux aspects. Tu te caches de tes enfants [84] dans l’œil Ouadjet [85]. Tu es le rugissant puissant au milieu de l'Assemblée [86] des dieux. Tu es un coureur puissant, aux enjambées rapides. Tu es un dieu fort qui viens à celui qui l'appelle, [et qui viens] à celui qui se lamente de [sa] misère causée par le besoin (ou la peste). Viens donc à mon appel, [car] je suis Ihet [87]. Ton nom [88] est dans ma bouche et je le dirai : celui de Haghaghar [89] est ton nom, Iriyakrasingarabat [90] est ton nom, Sarpatmaisar [91] est ton nom, Harsat [92] est ton nom. J'ai loué ton nom. Je suis Ihet. Entendez aujourd’hui ma voix. Tu places une flamme sous la tête de Ré et voici il est dans l’au-delà divin à Héliopolis [93]. Tu les fais devenir comme ceux sur la terre [94]. Il est ton âme. Ne l'oublie pas. Viens à l'Osiris, Efonakh, qui est justifié, et fais qu’une flamme soit sous sa tête. En vérité, il est l'âme du Grand Corps [95] qui repose à Héliopolis. Akhukhaparsar [96] est son nom, Barkatatju [97] est son nom. Oui, viens et fais qu’il devienne comme l’un de tes disciples, car celui-ci, il t’appartient.

 

À réciter sur une figure d'Ihet qui est faite d'or fin et placée autour du cou de l'être glorifié et également mise par écrit sur le papyrus neuf et placé sous sa tête. [Si l’on fait ceci] il y aura une multitude de flammes tout autour de lui comme il en va de ceux qui sont sur la terre (c.-à-d. les vivants). L'œil d'Ihet (c.-à-d. l’hypocéphale) est une protection très grande pour son fils, Ré, quand il se couche. Son trône sera encerclé par une armée zélée (?) [98]. Il sera rendu divin dans la nécropole et il ne sera rejeté avec succès d’aucune porte de l’au-delà.

 

Alors vous direz après avoir placé cette déesse autour du cou de l'être glorifié : « Ô toi le très caché qui es dans le ciel, veille sur le corps de ton fils et préserve-le dans la nécropole. »

 

Ceci est un livre grand et secret. Ne laissez personne le voir, car ce serait une abomination. Celui qui le connaît (c.-à-d. le livre) et le garde secret continuera à exister.

 

Le nom de ce livre est : Maîtresse du Temple secret. Fin.

 

NOTES

 

[1] Michael D. Rhodes, "A Translation and Commentary of the Joseph Smith Hypocephalus”, Brigham Young University Studies 17, Spring 1977, pp. 259-274,

[2] J’ai une dette de reconnaissance spéciale envers John Gee qui a lu plusieurs fois cet article, a fait des suggestions précieuses et m’a donné des références supplémentaires qui ont rendu l’article meilleur qu’il ne l’aurait été sans cela.

[3] Messenger, Provo, BYU, octobre 1937.

[4] Voir Richard Lepsius. Das Todtenbuch der Ägypter, Leipzig, C. Wigrand, 1842, chapitre 162, ligne 10, Voir aussi la traduction du chapitre 162 du livre des morts dans l’appendice.

[5] Samuel Birch, "Hypocephalus in the Possession of Sir Henry B. Meux, Bart.", Proceedings for the Society of Biblical Archeology, novembre 1883, p. 3 (ci-après abrégé en PSBA). Voir aussi Hans Bonnet, Reallexikon der Ägyptischen Religionsgeschichte, Berlin, De Gruyter, 1952, pp. 314, 630,

[6] Voir Samuel Birch, "Hypocephalus in the Collection of Walter Myers, Esq. F. S. A.", PSBA, 2 juin 1885, p. 214, où Birch traite d’un hypocéphale datant des environs de l’ère chrétienne.

[7] Voir la traduction du chapitre 162 dans l’appendice.

[8] Eduard Naville, "Einleitung", Das Ägyptische Todtenbuch der XVIII. bis XX. Dynastie.3 vol., Berlin, A. Asher, 1886, p. 184; Thomas George Allen, The Book of the Dead or Going Forth by Day, Studies in Ancient Oriental Civilization No.37, Chicago, University of Chicago Press, 1974, p. 157. Jean Yoyotte, "Contribution à l'Histoire du Chapitre 162 du Livre des Morts", Revue d'Égyptologie 29, 1977, pp. 194-202.

[9] Le British Museum à Londres, le Louvre à Paris, le Musée de Berlin, le Musée Magyor Nemzeti à Budapest et le musée du Caire en Égypte.

[10] Les trois sont 37909. 8445c et 8445f. Le Berlin n° 7792, bien que fortement endommagé, montre aussi des ressemblances.

[11] Voir Joseph Smith, fils, History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints.dir. de publ. B. H. Roberts, Salt Lake City, Deseret Book, 1971, 2:348-350; aussi James R. Clark, Story of the Pearl of Great Price, Salt Lake City, Bookcraft, 1955.

[12] Edith Varga, Acta Orientalia Hungariensis 12, 1961, p. 256.

[13] Égyptien db3ty, épithète du dieu Osiris. Cf. Adolf Erman et Hermann Grapow, Wörterbuch der Ägyptischen Sprache. 5 vols. Berlin, Akademie Verlag. 1971, 4:562, rubrique 7, ci-après abégé en Wb. Il peut aussi désigner une boîte comme l’hébreu תבה "arche” de l’alliance, que l’on pense être un emprunt égyptien. Cf Francis Brown, S. R. Driver et Charles Briggs, Hebrew and English Lexicon of the Old Testament, Oxford, Clarendon Press, 1968, p. 1061.

[14] Égyptien hw. t bnbn. Littéralement "maison du benben".  Cf. Wb. 1:459.10. Voir aussi Ricardo Caminos, "The Chronicle of Prince Osorkon", Analecta Orientalia 37, Rome, Ponitifica Institutum Biblicum, 1958, p. 127. On trouve aussi une mention de la Maison du Benben dans deux papyrus démotiques magiques tardifs, qui contiennent aussi le nom d’Abraham, Francis LI. Griffith et Herbert Thompson, The Demotic Magical Papyrus of London and Leiden, Londres, H. Crevel, 1904, colonne IX, ligne 14; et Janet H. Johnson, "The Demotic Magical Spells of Leiden I 384", Oudheidkundige  Mededelingen uit het Rijksmuseum van Oudheden te Leiden 56, 1975, pp. 29-64, colonne IX, ligne 14. Cf aussi wbn.n=k m hw.t bnbn m ’Iwnw. "Tu as montré comme le phénix dans le temple du Benben à Héliopolis", Textes des Pyramides 603 §1652.

[15] Dieu puissant est un nom donné à Osiris et au défunt considéré comme étant Osiris. Cf. Wb.2:361, 2 & 7.

[16] <cnh Wsir Ššq r nhh d.t> Lecture proposée pour la partie manquante du bord externe.

[17] On retrouve cette même expression dans un papyrus sensen démotique parlant d’Osiris", Wsir ntr, c3 m ’Iwnw", Giuseppe Botti, "II Libro del Respirare e un Suo Nuovo Esemplare nel Papiro Demotico N. 766 del Museo Egizo Di Torino", Journal of Egyptian Archeology 54, 1968, p. 226.

[18] C.-à-d. Les morts. Cf. Wb 4:392,9.

[19] Littéralement « la première fois ». Cf. Wb 3:438, 1.

[20] L’océan primordial d’où le soleil est sorti le jour de la création et qui entoure la terre. Cf. Henri Frankfort, Ancient Egyptian Religion, New York, Harper Torchbooks, 1961, p. 114. On trouve une expression semblable dans un des papyrus démotiques magiques. r- wn n=y p3 t3 r- wn n=y t3 tw3.t r- wn n=y p3 nwn, "Ouvre la terre pour moi, ouvre le monde d’en bas pour moi, ouvre les eaux primordiales pour moi: Griffith et Thompson, The Demotic Magical Papyrus of London and Leiden, Londres, ligne I 5.

[21] Pour l’identification du mort à Osiris, voir Frankfort, Religion, 103 et suiv..

[22] Shishaq ou Sheshonq était le nom de plusieurs pharaons égyptiens de la XXIe Dynastie, la dynastie libyenne.

[23] Correction: nn th.tw h3.t tn. On  trouve des passages semblables, mais encore plus tronqués, dans les hypocéphales 8445c. 3445f et 37909 du British Museum.

[24] Forme adjectivale nisbe de Dd.w, Busiris, centre du culte d’Osiris dans le Delta, et donc utilisé comme épithète d’Osiris. Cf. Wb 5:630, 7.

[25] Les Égyptiens croyaient que tous les dieux et déesses avaient un nom secret. Si quelqu’un parvenait à découvrir ce nom, il avait pouvoir sur ce dieu ou cette déesse. Cf. Bonnet, Reallexikon, pp. 501-504.

[26] Flavius Josèphe, Histoire antique des Juifs, I, 8, 2; Eupolème tel que cité par Eusèbe Praeparatio Evangelica, IX, 18, 2.

[27] Genèse 41:45.

[28] 1 Rois 14:25-26.

[29] Flavius Josèphe, Histoire ancienne des Juifs, XIII.3.2-4.

[30] Hans D. Betz, The Greek Magical Papyri in Translations, Chicago, University of Chicago Press, 1986, lviii.

[31] Janet. H. Johnson, "The Demotic Magical Spells of Leiden l 384", Oudheidkundige Mededelingen uit het Rijksmuseum van Oudheden te Leiden 56, 1975, column XIII line 6, (dorénavant abrégé en Demotic Spells).

[32] Johnson, Demotic Spells, colonne VIII ligne 16.

[33] Griffith et Thompson, Demotic Magical Papyrus of London and Leiden, col. VIII ligne 8.

[34] Samuel Birch, "Hypocephalus in the Possession of Sir Henry B. Meux, Bart." PSBA, novembre 1883, p. 3. Voir aussi Bonnet, Reallexikon, 314, 630.

[35] Testament d’Abraham, recension A. 12-13. On trouvera une traduction anglaise dans James H. Charlesworth, Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols., Garden City, Doubleday & Company, 1983, 1:889-890.

[36] Apocalypse d’Abraham 12. On trouvera une traduction anglaise dans Charlesworth, Old Testament Pseudepigrapha 1:694-695.

[37] Id.

[38] Apocalypse d’Abraham, p. 18.

[39] Gertrud et Traudl Kerszt-Kratschmann, Das Grosse Ägyptische Totenbuch, Schriften des Österreichischen Kulturinstituts Kairo, Archäologisch-Historische Abteilung, Band I, Kairo, Öbsterreichisches Kulturinstitut Kairo, 1969, p. 73.

[40] Voir par ex. Les hypocéphales 37909, 8445f, 8445c, etc. du British Museum. On trouvera un autre hypocéphale où deux têtes seulement sont représentées dans PSBA. 1897, planche Il. Sur un autre hypocéphale, le dieu porte une ou plusieurs couronnes atef.

[41] Sur d’autres hypocéphales, le nombre de singes varie de deux jusqu’à huit.

[42] Ces serpents sont souvent entourés d’un cercle. Par exemple, voir l’hypocéphale 8445f du British Museum.

[43] Ceux qui pensent que c’est Amon-Ré: Bonnet, Reallexikon, p. 389 et Lexikon der Ägyptologie, 7 vols., Wiesbaden, Harrassowitz, 1973-1989. 1:239 (dorénavant abrégé en LdÄ). Ceux qui pensent que c’est Khnoum: William Flinders Petrie, Abydos I. Twenty-Second Memoir of the Egyptian Exploration fund, Londres, Egyptian Exploration Fund, 1902; P. J. Horrack, "Les hypocéphales", dans Études Archéologiques, Linguistiques et Historiques dédiées à Mr. le Dr. C. Leemans, dir. de publ. W. Pleyte, Leiden 1985. P. J. de Horrack, "Hypocephalus in the Musée du Louvre," PSBA, 4 mars 1884, p. 128.

[44] Les Égyptiens appelaient cette force créatrice primordiale šf.t h3.t.. Bonnet, Reallexikon, 137-138: Wb 4:456, p. 13.

[45] Explication du fac-similé 2 dans la Perle de Grand Prix.

[46] Frankfort, Religion, illustration 3; de Horrack, "Les Hypocéphales", p. 60; LdÄ 4:917-918; Bonnet, Reallexikon, p. 7.

[47] Bonnet, Reallexikon, 7; LdÄ 4:917.

[48] Bonnet, Reallexikon, 7; LdÄ 4:917.

[49] Joseph Smith, Times and Seasons 4, 13 novembre 1843, p. 373.

[50] La forme copte de 3h.t, єιωzє se prononçait "yo-he" voir Jároslav Cerný, Coptic Etymological Dictionary, Cambridge, Cambridge University Press, 1976, p. 50; Walter E. Crum, A Coptic Dictionary, Oxford, Clarendon Press, 1939, p. 89.

[51] LdÄ 1:237-246; Bonnet, Reallexikon, p. 34.

[52] De Horrack, "Louvre Hypocephalus", p. 128. Petrie, Abydos I, p. 50.

[53] Apocalypse d’Abraham, p. 12.

[54] w3s "domination". Cf. Gardiner, Egyptian Grammar, 3e éd., Oxford, Griffith Institute, 1957, p. 559; Raymond O. Faulkner, A Concise Dictionary of Middle Egyptian, Oxford, Griffith Institute, 1962, p. 54.

[55] LdÄ 3: 1092-1094.

[56] Thausing et Kerszt-Kratschmann, Grosse Totenbuch, p. 73.

[57] Plutarch, De Iside et Osiride, p. 51.

[58] Bonnet. Reallexikon, pp. 723, 741-742 ; LdÄ 5:1108, 5:1056.

[59] LdÄ 5:1056.

[60] LdÄ 5:1056, 1061 ; Bonnet, ReaIlexikon, pp. 725-726.

[61] Coffin Texts 162, II, pp. 403-404.

[62] C. E. Sander-Hansen, Die Religiösen Texte auf dem Sarg der Anchneneferibre, Copenhagen, Levin & Munksgaard, 1937.

[63] Wb 3:230, 1.

[64] Bonnet, ReaIlexikon, 459; LdÄ 2: 1025, 1041, 3:124-125.

[65] Lepsius. Todtenbuch, chapitre 162, lignes 8-9.

[66] LdÄ 3:124.

[67] LdÄ 4:3-4.

[68] Naville, Ägyptische Todtenbuch, chapitre 17, lignes 34-36: LdÄ 4:3,

[69] De Horrack, "Louvre Hypocephalus", p. 127. Johanna Dittmar, Blumensträuße aIs Opfergabe in alten Ägypten, Heft 43 de Münchener Ägyptologische Studien, Munich, Deutscher Kunstverlag, 1986.

[70] On trouvera une étude exhaustive des quatre fils d’Horus dans John Gee, "Notes on the Sons of Horus", Provo, Foundation for Ancient Research and Mormon Studies, 1991?

[71] Bonnet, Reallexikon, pp. 315-316; LdÄ 5:53.

[72] Gee, "Notes on the Sons of Horus".

[73] Marie-Louise Ryhiner, "À Propos de Trigrammes Panthéistes", Revue d'Égyptologie 29, 1977, pp. 134-136.

[74] Griffith et Thompson, Demotic Magical Papyrus of London and Leiden, col. VIII ligne 8.

[75] Petrie, Abydos I, p. 50; Bonnet, Reallexikon, p. 465.

[76] Bonnet, Reallexikon, p. 511.

[77] Petrie. Abydos I, p. 50; Samuel Birch, "Henry B. Meux Hypocephalus", p. 38; Birch, "Hypocephalus in the British Museum n° 8445a", PSBA, 5 février 1884, p. 389; Bonnet, Reallexikon, p. 389; LdÄ 4:388.

[78] LdÄ 4:388.

[79] Thausing et Kerszt-Kratschmann, Grosse Totenbuch, pp. 16, 72; Bonnet, Reallexikon, pp. 223-225, 217. LdÄ 1:245.

[80] Conrad Leemans, Monument égyptien du Musée d'Antiquités des Pays-Bas à Leide: Papyrus égyptien démotique à transcriptions grecques I, Leiden, 1839, n° 383. Première traduction dans Griffith et Thompson, Demotic Magical Papyrus of London and Leiden.

[81] Lepsius, Das Todtenbuch der Ägypter nach dem hieroglyphischen Papyrus in Turin, Leipzig, Georg Wigand. 1842, pl. LXXVII.

[82] Egyptian p3.r(c) c.-à-d. Ré, le dieu soleil. Cf. Wb 2:401.8.

[83] Littéralement "Seigneur du phallus” ou "possesseur du phallus".

[84] "Celui qui se cache de ses enfants” est un qualificatif d’Amon-Ré à Khasut dans le Delta. Il pourrait s’agir ici d’une allusion au fait que Ré se retire de l’humanité comme l’explique en détail le Livre de la Vache.

[85] wd3.t, l’œil indemne d’Horus (de wd3, “être en bonne santé”). Aussi pour Ré et généralement pour n’importe quel dieu ou déesse. Également amulette en forme d’œil. Cf. Wb 1:401. 12.

[86] psd. t. littéralement "les neuf”, mais se comprend peut-être mieux comme le pluriel d’un pluriel, c.-à-d. tous les dieux. Le nombre de dieux dans le psd.t peut aller de sept à quinze et jusqu’à “tous les dieux”; voir Erik Hornung, Conceptions of God in Ancient Egypt: The One and the Many, trad. John Baines, Ithaca, New York, Cornell University Press, 1982, pp. 222-223.

[87] ’Ih.t. la vache céleste. Mh-wr. t une forme de Hathor. Cf. Wb I:120.6.

[88] Tous les dieux et déesses avaient un nom secret. Si quelqu’un parvenait à découvrir ce nom, il avait pouvoir sur ce dieu ou cette déesse. Cf. Bonnet, Reallexikon, pp. 501-504.

[89] hghghr, sans signification en égyptian.

[90] Également sans signification en égyptien.

[91] On trouve ce nom derrière les quatre fils d’Horus sur l’hypocéphale de Joseph Smith et il semble désigner les trois aspects du soleil : soleil levant, soleil à midi et soleil couchant, c.-à-d. Ré, Khépri et Atoum. Cf. Marie-Louise Ryhiner, "À Propos de Trigrammes Panthéistes", Revue d'Égyptologie 29, 1977, pp. 134-136.

[92] Également sans signification. Tous ces noms ne sont peut-être que du charabia ou une autre langue, peut-être sémitique ou nubienne. Cf. Naville, "Einleitung”, p. 184; Allen, Book of the Dead, p. 157: Jean Yoyotte, "Contribution à l'Histoire du chapitre 162 du Livre des Morts", Revue d'Égyptologie 29, 1977, pp. 194-202.

[93] Pas l’Héliopolis terrestre, mais plutôt l’Héliopolis céleste dans le même sens que la Jérusalem céleste.

[94] C.-à-d. rendu à la vie.

[95] C.-à-d. Osiris.

[96] Peut-être une autre façon de désigner le soleil sous ses trois aspects: soleil levant, soleil à midi et soleil couchant, c.-à-d. Ré, Khépri et Atoum. Cf. Marie-Louise Ryhiner, "À Propos de Trigrammes Panthéistes", Revue d'Égyptologie 29, 1977, pp. 123 et suiv.

[97] Peut-être un autre nom étranger.

[98] Égyptien mhd.ty. Ne se trouve pas dans le Wb. En égyptien tardif mhd signifie une querelle. Cf. Leonard H. Lesko. A Dictionary of Late Egyptian, 5 vols., Berkley, B. C. Scribe Publications, 1982-1990, 1:231.