LA SÉCHERESSE À L’ÉPOQUE D’ABRAHAM
D’après des recherches de John A. Tvedtnes
FARMS Update
Insights, avril 1998
N° 117
De nouvelles indications de l’existence d’une sécheresse de 300 ans dans
l’ancienne Mésopotamie, concordent avec les allusions faites par la Bible
et le Livre d’Abraham à une famine qui serait survenue à l’époque
d’Abraham (voir Genèse 12:10 ; Abraham 1:29-30 ; 2:1, 4-5, 15-17).
Deux anciens textes juifs, le « Livre des Jubilés » (premier siècle av.
J.-C.) et le « De Abrahamo », de Philon (premier siècle apr. J.-C.),
parlent également d’une famine qui aurait sévi à Ur, pays d’Abraham [1].
Joseph Smith n’avait pas accès à ces deux documents. Un numéro récent du
magazine « Discover » montre que des recherches scientifiques indiquent
qu’une sécheresse importante au Proche-Orient aurait duré de 2200 av. J.-C
à 1900 av. J.-C, période qui correspond à celle d’Abraham [2]. Voici un
résumé de ces découvertes.
En 1966, l’archéologue britannique James Mellaart a suggéré que c’était
une sécheresse qui avait été à l’origine de la chute de plusieurs
civilisations du Proche-Orient à la fin du troisième millénaire av. J.-C.
[3].
Des preuves d’une sécheresse aussi étendue ont été découvertes au cours de
ces dernières années par Harvey Weiss, professeur d’archéologie du
Proche-Orient à l’Université de Yale. Au cours des fouilles de 1993 à Tell Leilan, dans les plaines du Habur, dans le nord-est de la Syrie, Weiss a
découvert que la ville avait été abandonnée pendant une période d’à peu
près 300 ans, de 2200 à 1900 av. J.-C.
Les prélèvement d’échantillons de terre provenant du site ont montré que
la section correspondant à l’abandon de la ville était constituée d’une
couche de 20 centimètres d’un sable soufflé par le vent, sans la moindre
trace de tunnels de vers de terre, suggérant donc une sécheresse
prolongée [4]. Des analyses sédimentaires au lac Van, en Turquie, et dans le
Golfe d’Oman, ont également révélé une augmentation des couches d’une
poussière soufflée par le vent aux environs de 2200 av. J.-C. De plus, une
récente étude des glaces du Groenland montre que cette sécheresse au
Proche-Orient coïncide avec une période de refroidissement des eaux de
l’Océan Atlantique. Ce refroidissement aurait créé une basse pression
attirant l’humidité vers le nord, et par conséquent loin du bassin
méditerranéen.
Weiss a fait remarquer qu’il existait également des indications écrites de
cette sécheresse. Par exemple, un texte cunéiforme connu sous le nom de «
la malédiction d'Akkad », parle de « grands champs ne donnant pas de
grains » et « d’épais nuages ne donnant pas de pluie [5]». Les érudits
prônaient l’interprétation métaphorique de ces écrits. Aujourd’hui, les
découvertes archéologiques favorisent leur interprétation littérale.
Certains érudits acceptent la possibilité d’une sécheresse limitée, mais
rejettent l’idée d’une sécheresse répandue sur tout le pays, se basant sur
le fait qu’il existe des preuves que des villes du nord de la Mésopotamie
étaient toujours habitées à l’époque où Tell Leilan fut abandonnée. Le
Livre d’Abraham, alors qu’il parle de la famine dans les régions d’Ur et
de Charan, ne suggèrent pas que toutes les villes furent abandonnées,
seulement que des personnes partirent pour des régions qu’ils espéraient
plus verdoyantes. Fait révélateur, Tell Leilan se trouve dans la même
vallée que Charan, où Abraham et sa famille avaient déménagé pendant la
famine, et des érudits pensent que Ur se trouvait également dans cette
région.
NOTES
1. Voir Jubilés 11:11-13 ; De Abrahamo 91. La famine d’Ur est également
mentionnée par certains écrivains juifs, chrétiens et musulmans du
Moyen-Âge.
2. Voir Karen Wright « Empires in the Dust » Discover, mars 1998, pp.
94-99.
3. Ceci comprend le Vieux Royaume d’Égypte, l’Empire akkadien de
Mésopotamie, la civilisation minoenne naissante en Crète et la
civilisation de la vallée de l’Indus.
4. Pour le résultat des études de 1993, voir l’article dans Science, 261,
20 août 1993.
5. Voir James B. Prichard, dir. de publ., Ancient Near Eastern Texts
Relating to the Old Testament, 3e éd., 1969, pp. 646-651.
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