PREMIERS SIGNES DE L’APOSTASIE
par Kent P. Jackson
Ensign,
décembre 1984, pp. 8-15
Le Nouveau
Testament prophétise et confirme l’apostasie du premier siècle
Depuis
qu’elle existe, l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
proclame invariablement au monde qu’il y a eu une apostasie de l’Église
fondée par Jésus pendant son ministère palestinien et dirigée par ses
apôtres après son ascension
[1]. C’est une croyance fondamentale des
saints des derniers jours.
S’il n’y avait pas eu d’apostasie, il n’y aurait
pas eu besoin de Rétablissement.
La théologie
des saints des derniers jours affirme que l’Église du Sauveur et de ses
apôtres dans le Vieux Monde a pris fin au cours du siècle qui a suivi sa
formation
[2]. La doctrine que ses
dirigeants
inspirés avaient enseignée fut corrompue et remplacée par d’autres qui ne
venaient pas d’une inspiration semblable, l’autorité d’agir au nom de Dieu
fut retirée de la terre et aucun des systèmes chrétiens qui ont existé
après ces événements, bien qu’ils aient fait de bonnes choses,
n’a été reconnu par le Seigneur comme étant son
Église.
(JS–H
1:19 ;
D&A 1:30.)
Le meilleur
des
témoins
de l’apostasie du christianisme du
Nouveau
Testament
est sans
conteste le
Nouveau
Testament
lui-même.
Les auteurs du Nouveau Testament
ont prédit qu’une apostasie se produirait dans l’Église et que celle-ci
serait vaincue par elle. D’une manière tout aussi
significative, le
Nouveau Testament va jusqu’à noter que
l’apostasie était en route à l’heure même où l’ouvrage était en cours de
rédaction. Avec le temps, les hérésies
contre lesquelles les apôtres luttaient devinrent de plus en plus
virulentes et connurent de plus en plus de succès, comme le montre le
texte. Vers la fin du premier siècle, les
annales apostoliques prenaient soudainement fin.
Dans cet
article, nous regarderons d’abord les
prophéties
sur l’apostasie, ensuite le compte rendu proprement dit que fait le
Nouveau
Testament
de l’apostasie elle-même.
Prophéties
au sujet de l’apostasie
Le
Nouveau
Testament
contient plusieurs
déclarations
faites par Jésus et ses apôtres au sujet de l’avenir de leur œuvre.
Les apôtres travaillèrent avec une grande ardeur
à amener des âmes au Seigneur
et à établir l’Église dans le monde entier, mais leurs paroles
prophétiques concernant le résultat final de leurs efforts prévoyaient un
dénouement tragique. En bref, ils savaient
que l’Église tomberait dans l’apostasie peu de temps après leur mort et
ils en témoignèrent franchement, comment le démontrent les passages
suivants.
Matthieu
24:9
Dans
Matthieu
24, Jésus prédit des événements qui se produiraient à brève et à longue
échéance.
Matthieu 24:9-11
rapporte une prophétie
d’une grande importance au sujet de l’avenir de l’Église (et la façon dont
ce passage est rendu dans Joseph
Smith-Matthieu (7-9) de ce passage le
situe clairement dans le contexte des derniers jours de l’Église
primitive) [3] :
« Alors
on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir, et vous serez
haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. Et alors aussi plusieurs
succomberont, et ils se trahiront, se haïront les uns les autres.
Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. »
Nous
apprenons ici que les apôtres seraient livrés aux tourments, haïs et mis à
mort à cause du Christ.
Ce n’est pourtant pas la mise à mort des apôtres
qui a été la cause de l’apostasie.
D’autres passages enseignent clairement que le christianisme est mort
d’une blessure interne, le rejet de la vraie doctrine par les membres de
l’Église. Cependant, la mort de ceux qui
étaient les seuls à détenir l’autorité de diriger l’Église ne pouvait que
signifier la mort de l’Église elle-même.
Il y a, au
verset 10, une
prophétie
parlante concernant le rejet de la vérité par les saints :
« Alors aussi plusieurs succomberont »,
c’est-à-dire abandonneront
la foi ou tomberont dans le péché. « Beaucoup »
[le grec polloï signifie beaucoup et non plusieurs], prédit le Sauveur, le
feront ce jour-là.
Le
verset
11 contient une autre
prophétie :
que
beaucoup de faux prophètes s’élèveraient et séduiraient beaucoup de gens.
N’oublions pas que le contexte historique ici, ce
sont les derniers jours de l’ère apostolique, quand les apôtres seraient
livrés aux tourments, haïs et tués. Ils allaient être remplacés,
dans l’esprit de beaucoup de gens, par ce que le
Sauveur appelle « plusieurs [beaucoup de] faux prophètes » [4].
Actes
20:29-31
Paul fait
cette
prophétie
aux anciens
d’Éphèse
:
« Je
sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui
n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des
hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les
disciples après eux. Veillez donc, vous souvenant que, durant trois
années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous. »
(Actes 20:29-31.)
Avec la
métaphore du loup, Paul décrit probablement moins les agressions physiques
ou les persécutions venues du dehors qu’il prévoit l’apparition de forces
mauvaises au sein de l’Église et leur prise de
pouvoir
sur les saints.
2
Thessaloniciens
2:1-12
Dans la
deuxième lettre aux
Thessaloniciens,
Paul enseigne que le jour de la venue du Christ n’aura pas lieu avant que
ne se produise « l’apostasie » et « qu’on ait vu paraître l’homme du
péché, le
fils de la perdition »
(2
Thessaloniciens 2:3).
Le terme
grec originel « apostasía »
désigne un changement radical.
Les sources antiques emploient le terme pour
décrire la rébellion et la révolution politiques [5].
Aux versets
3 et 4, Paul affirme que la rébellion va écarter Dieu de sa place dans
l’Église. La caractéristique principale de
cette période de rébellion sera le triomphe de « l’homme
du péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de
tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le
temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu »
(2
Thessaloniciens 2:3-4) [6].
« L’homme du
péché »,
généralement identifié comme étant
Satan
[7], s’élèverait au-dessus de tout ce qui est divin et prendrait la place
de Dieu dans l’Église.
Une chose qui a une importance
historique et théologique, c’est le fait que dans la prophétie
de Paul, la structure de l’Église survit.
Mais Dieu n’est pas à sa tête, d’où il résulte que l’Église – une fois que
Satan y est apparu – n’est plus l’Église de Dieu.
Dire que
Satan
est à la place de Dieu dans le christianisme après le temps des apôtres ne
veut pas dire que tout ce qui s’y trouve est satanique.
En effet, les
saints des derniers jours doivent se
réjouir – tout comme le font certainement les cieux – des grandes
œuvres de
justice et de foi,
et de l’influence féconde sur le monde de ceux dont la vie est touchée de
quelque façon que ce soit par Celui dont les saints
jouissent de l’Évangile
dans sa plénitude. Malgré tout, la
« puissance de Dieu pour le salut » (Romains
1:16) est absente de tout ce qui n’est pas
l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours, que le
Seigneur lui-même
a proclamée être « la seule Église vraie et vivante sur toute la
surface de la terre » (D&A
1:30). Le but de
Satan, qui est d’empêcher beaucoup
d’enfants de Dieu de retourner dans la gloire de
leur Père, est ainsi réalisé. La
description de Paul, qui le montre assis à la place de Dieu dans l’Église
de l’apostasía, est donc tout à fait
pertinente.
1 Timothée
4:1-3
Dans sa
première lettre à
Timothée,
Paul annonce que certains des saints abandonneront la foi :
« Mais
l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns
abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des
doctrines de démons »
(1 Timothée
4:1.) [8]
Quelques
décennies après que Paul eut annoncé que certains abandonneraient la foi
dans les « derniers temps », Jude annonça : « Il
s’est glissé parmi vous certains hommes »
(Jude 1:4), rappelant aux lecteurs que les apôtres avaient déjà prévenu « qu’au
dernier temps il y aurait des moqueurs, marchant selon leurs convoitises
impies »
(Jude 1:17-19).
De même, Jean
exprime aux lecteurs de sa première lettre sa certitude qu’ils sont
eux-mêmes parvenus à « la dernière heure » (eschatê
hôra – voir 1
Jean
2:18-19). Il est clair que
Jean et Jude
savaient qu’ils n’étaient pas dans les derniers temps du monde, mais leurs
paroles révèlent
qu’ils savaient qu’ils étaient dans les derniers jours de l’Église
chrétienne, au moment où la nuit de l’apostasie commençait [9].
Bien que beaucoup de signes de l’apostasie dont ils parlent s’appliquent
aisément aux « derniers jours » précédant l’avènement de
Jésus-Christ, il
est évident que leur intérêt principal se concentrait sur l’apostasie en
cours au premier siècle apr. J.-C.
Comme nous
l’avons vu dans les autres
prophéties
examinées jusqu’ici, les écarts par rapport à la foi étaient une défection
par rapport aux principes vrais de la doctrine.
Ce que Paul a vu n’était pas l’abandon de la
religion mais un transfert de loyauté d’une religion vraie à une religion
fausse.
2
Timothée
4:3-4
La
prophétie
finale de Paul concernant l’abandon de la religion vraie se trouve au
dernier chapitre de 2
Timothée,
où il dit que les hommes remplaceront « la saine doctrine » par des
« fables. »
Encore une fois, Paul prévoit que la vraie
doctrine sera rejetée et remplacée par des doctrines fausses mais plus au
goût du public. Notez que les personnes
impliquées, bien que peu disposées à accepter les enseignements corrects,
n’en désiraient pas moins des enseignements.
Ayant la « démangeaison d’entendre » de la
religion, elles allaient se donner les
docteurs dont les doctrines leur
semblaient acceptables.
2 Pierre 2:1-3
Paul n’était
pas le seul des apôtres à prophétiser la fin du christianisme primitif.
Dans 2 Pierre, le chef des apôtres prédit
l’arrivée de faux docteurs dans l’Église :
« Il
y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous
de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui,
reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine
soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la
vérité sera calomniée à cause d’eux. »
(2 Pierre 2:1-2.)
Apocalypse
13:1-9
Dans
Apocalypse 13 nous trouvons la vision de la victoire des forces de
Satan
sur les saints du
Seigneur.
Dans sa vision,
Jean voit ce qui a l’aspect d’une bête,
agent du diable. « Et
il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre.
Et il lui fut donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue,
et toute nation. »
(Apocalypse 13:7, italiques ajoutés.)
Le prophète
Joseph Smith a dit que cette bête était « à la similitude des royaumes de
la terre. »
(TJS, Apocalypse 13:1.) Un
royaume, dans un contexte scripturaire,
peut signifier n’importe quel genre d’institution, de mouvement, de force
ou de puissance – religieux,
politique ou autre. Quand nous envisageons
la bête de Jean
à la lumière de son contexte dans Apocalypse 13 et d’autres
déclarations
prophétiques au sujet de la chute de l’Église, nous pouvons l’identifier
comme étant les institutions ou les forces qui l’ont emporté sur le
christianisme véritable (ou, plus exactement, l’ont corrompu), laissant un
christianisme apostat à sa place.
Indications
d’une apostasie précoce dans le
Nouveau
Testament
Les passages
précédents démontrent que Jésus et ses apôtres savaient que l’Église
qu’ils dirigeaient prendrait fin peu de temps après leur génération.
Mais il y a quelque chose qui est peut-être plus
frappant que les prophéties
sur l’apostasie, ce sont les indications de ce que l’apostasie était bel
et bien en cours au moment même où le
Nouveau Testament était en cours de
rédaction. Dans les écrits des apôtres
nous avons des preuves abondantes de ce qu’à mesure que l’Église
chrétienne se développait les éléments cancéreux en son sein qui ont
finalement causé sa mort grandissaient aussi. Le
Nouveau Testament
ne prédit pas seulement la mort de l’Église, mais en prend note alors même
qu’elle se produit. En fait, la fin du
Nouveau Testament
annonce essentiellement la fin de l’Église.
Pour
démontrer ce fait, examinons dans l’ordre chronologique plusieurs thèmes
qui se dégagent des épîtres du
Nouveau
Testament.
Il deviendra clair qu’à mesure que l’on avance
dans le premier siècle, les problèmes doctrinaux comportementaux que les
apôtres combattaient sont devenus de plus en plus graves.
Dans les lettres les anciennes, écrites vers le
milieu du premier siècle, les apôtres ont dû faire face à des problèmes
relativement inoffensifs de malentendus doctrinaux.
Mais à l’époque où les dernières lettres sont
écrites à la fin du siècle, les hérésies sont à ce point malignes que les
apôtres ne peuvent plus endiguer la marée de l’apostasie.
1 et 2
Thessaloniciens
(vers 50-51 apr. J.-C.)
Dans les
lettres aux
Thessaloniciens,
les problèmes doctrinaux que Paul doit traiter sont assez faciles à
régler.
Toutes deux concernent des malentendus au sujet
de la seconde venue de Jésus. Dans 1
Thessaloniciens,
le problème est la croyance que ceux qui étaient vivants quand la seconde
venue aurait lieu seraient avantagés par rapport à ceux qui étaient morts
précédemment. (Voir 1
Thessaloniciens
4:13-17.) Dans la
deuxième lettre, Paul réfute l’idée que le « jour du Christ » était « déjà
là » (2 Thessaloniciens
2:2) en prophétisant l’apostasie qui aurait lieu
avant cela (voir 2 Thessaloniciens
2:3-4).
Nous pouvons
nous dire qu’une croyance telle que celle que Paul réfute dans 2
Thessaloniciens
pourrait avoir des implications graves pour l’Église.
Sans examiner les possibilités hypothétiques,
nous pourrions conclure que sans la lettre de Paul pour remettre les
choses en place, les saints de
Thessalonique auraient pu tomber dans de
plus grands problèmes. C’était une chance pour l’Église
que Paul, en vertu de son autorité apostolique et divinement doté de
dons
spirituels, ait pu exprimer la parole du
Seigneur pour assurer l’intégrité de
l’Église. L’on pourrait se demander :
qu’arrive-t-il à l’Église quand il ne s’y trouve plus de tels hommes ?
Jacques
(vers le milieu des années 50 apr. J.-C.)
Dans la
lettre de Jacques, il est clair que l’apôtre combat des idées fausses au
sujet de la nature de la foi par rapport aux
œuvres
chrétiennes.
Il dit entre autres pour mettre les choses au point :
« Comme le
corps sans âme est mort, de même la foi sans les oeuvres est morte. »
(Jacques 2:26.) Le manque d’importance
accordé aux œuvres
de l’Évangile
n’est peut-être pas le genre de problème qui pourrait causer la ruine de
tout le christianisme et Jacques ne nous laisse aucunement entendre qu’il
s’attend à une apostasie généralisée à cause de cela.
Pourtant ceux qui étaient coupables de négliger
l’importance des œuvres
avaient une religion « morte », pour employer le terme de Jacques, et une
religion « morte » n’a certainement pas le
pouvoir de sauver.
Peut-être que sans l’épître de Jacques des
problèmes plus graves auraient pu apparaître.
1
Corinthiens (vers 56 apr. J.-C.)
Si 1
Corinthiens 1 est une bonne indication, des problèmes graves surgirent
dans l’Église de Corinthe dans le domaine de la doctrine et du
comportement peu de temps après sa création.
Aux chapitres 1-4, par exemple, Paul parle des
factions ou des divisions qui se sont produites dans l’Église corinthienne
autour de diverses autorités. Le seul fait
de penser que certains aient pu lui accorder leur loyauté, à lui plutôt
qu’au Christ, le choque tellement qu’il se considère comme chanceux de ne
pas en avoir baptisé plus dans l’Église, « afin
que personne ne dise que vous avez été baptisés en mon nom. »
(Voir 1 Corinthiens
1:10-16.) On dira peut-être que le fait
d’accorder sa loyauté à un
dirigeant de
l’Église plutôt qu’à d’autres n’est pas vraiment le genre de chose qui
donne directement lieu à une apostasie. Il
est cependant clair que, sans mesure corrective, cela pourrait introduire
dans l’Église des problèmes plus graves de loyauté et de doctrine.
Au chapitre
5, Paul réprimande vertement les saints de Corinthe pour avoir laissé un
cas d’inceste impuni.
Il commande, au nom du
Seigneur, que le
coupable soit excommunié. Il dit : « C’est
bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous pas qu’un peu de levain
fait lever toute la pâte? »
(1 Corinthiens 5:6), en parlant du risque que
cela représente de permettre qu’un problème moral aussi grave que
l’inceste reste non sanctionné. Il faut se
rappeler que quelques années plus tard, Paul va prophétiser que l’abandon
de la vraie religion s’accompagnera d’une dégradation de la moralité.
(Voir 2
Timothée 3:1-4.)
1
Corinthiens traite également d’hérésies doctrinales, parmi lesquelles la
perversion de la
Sainte-Cène
(1 Corinthiens 11) et une
compréhension
corrompue des
dons
spirituels (1 Corinthiens
12-14).
Pourtant le problème doctrinal le plus révélateur
à Corinthe était peut-être la croyance de certains qu’il n’y a pas de
résurrection. Au chapitre 15, Paul
démontre la validité de la doctrine que Jésus est ressuscité et que tout
le monde ferait de même, précisant que le christianisme n’a aucun sens
s’il n’y a pas de résurrection. (Voir 1
Corinthiens 15:14, 17-19.)
Paul écrit
de manière formelle et ferme pour traiter de chacun de ces problèmes qui
existent à Corinthe.
Nous n’avons aucun moyen de savoir à quel point
sa lettre a motivé les Corinthiens à rejeter les idées fausses qui
circulaient chez eux, mais les problèmes soulevés étaient graves et
susceptibles de faire beaucoup de tort.
2
Corinthiens (vers 57 apr. J.-C.)
Dans 2
Corinthiens, Paul
révèle
beaucoup de choses sur lui-même, sur ses problèmes et sur ce qu’il fait.
Parmi les Corinthiens, il y en avait qui avaient
attaqué sa doctrine et sa consécration
à l’œuvre du Seigneur.
Paul estimait que la situation était suffisamment
grave pour justifier une défense franche. C’est ainsi que,
contrairement à son habitude, il parle de ses
sacrifices pour l’Évangile, ses flagellations, ses emprisonnements, ses
lapidations, ses naufrages, ses souffrances, sa faim, sa soif, et de ses
visions et de ses révélations. (Voir 2
Corinthiens 11:23-27 ; 2 Corinthiens
12:1-12.) Il dit que, ce faisant, il parle
comme un insensé (voir 2 Co
11:21, 23), pourtant comme représentant du
Seigneur il est
tenu de défendre son intégrité et celui de son message.
Si les saints corinthiens le rejettent, lui, le
messager qui leur a apporté l’Évangile,
qu’est-ce qui pourrait les empêcher de rejeter également le message ?
Galates
(vers 58 apr. J.-C.)
Dans la
lettre aux
Galates,
Paul réagit à un mouvement dans l’Église qui oppose à ses enseignements un
christianisme judaïsé
et l’attaque personnellement.
Parmi les convertis juifs de l’Église il y en a
qui soutiennent que les membres doivent observer certaines pratiques
juives pour être sauvés. Il ressort de la
lettre que les judaïsants anti-pauliniens rencontrent un grand succès, ce
qui cause à Paul beaucoup de souci. Il
accuse les saints de se tourner vers ce qu’il appelle un « autre
Évangile » sous
l’influence de ceux qui « veulent renverser l’Évangile
du Christ. » (Galates 1:6-7.) Il
les accuse entre autres de vouloir en revenir à
la loi de Moïse pour être sauvés (Galates 3:1-5), observant les fêtes
juives (Galates 4:10), et acceptant de nouveau la circoncision (Galates
5:2-4). Il insiste tellement sur
l’autorité apostolique de son message et sur son origine divine qu’il
souligne son reproche en disant que même si « un ange de ciel » venait
enseigner une doctrine autre que ce qu’il a enseigné, il devrait être
rejeté ! (Galates 1:6-12.)
Colossiens
(vers 61 apr. J.-C.)
Dans
l’épître de Paul aux
Colossiens,
nous trouvons la toute première allusion au
gnosticisme
dans l’Église chrétienne primitive
[10]. Le gnosticisme
était une philosophie erronée centrée sur la croyance que l’esprit était
parfait et saint mais que la matière, et tout ce qui avait été créé avec
elle, étaient entièrement mauvais. Cette
idée soutenait que Dieu était un être de pur esprit et ne pouvait rien
avoir de commun avec l’homme, création matérielle (et donc mauvaise) ;
ainsi, au lieu d’adorer Dieu, les
gnostiques
vénéraient une hiérarchie complexe de divinités subalternes.
Il est probable que dans sa lettre aux saints de
Colosse,
Paul s’est attaqué à une hérésie de ce genre en dénonçant ce qu’il appelle
« un culte des anges. » (Colossiens 2:18.)
Un des
problèmes que les
gnostiques
chrétiens rencontraient, c’était que les chrétiens croyaient que
Jésus-Christ
était à la fois Dieu et homme.
Comme Jésus avait un corps matériel, sa situation
dans les hiérarchies célestes posait un problème pour les
gnostiques.
Paul réagit avec force à cette ambivalence
concernant le rôle de Jésus quand il souligne dans Colossiens
1:16-17 et 2:9-10 sa prééminence par rapport à tout [11].
Notez la puissance avec laquelle il définit la
situation de Jésus :
« Car
en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la
terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations,
autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. »
(Colossiens 1:16.)
Paul
proclame que le Sauveur est « le chef de toute domination et de toute
autorité. »
(Colossiens 2:10.)
Il avertit les
Colossiens en ces termes :
« Prenez garde que personne ne fasse de
vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant
sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur
Christ. »
(Colossiens 2:8.) Le gnosticisme
et les hérésies du même genre étaient un problème grave pour l’Église.
Ces croyances se situaient tellement aux
antipodes des enseignements de Jésus et des apôtres que les tentatives de
fusion et de réconciliation avec elles contribuèrent à la corruption de la
foi originelle. Les sources extra-bibliques
nous disent
que le gnosticisme
a joué un rôle important aux premiers siècles de l’histoire chrétienne
[12]. La religion des apôtres n’est pas restée,
mais sa contrepartie gnosticisée
bien.
1
Timothée
et
Tite
(vers 63 apr. J.-C.)
On trouve,
dans les épîtres pastorales, d’autres indications que les doctrines
apostates
étaient répandues dans le christianisme du vivant même de Paul.
Une source importante d’enseignements hérétiques,
c’était le gnosticisme.
Le mot
gnosticisme
vient du grec
gnôsis,
qui signifie « connaissance. »
Les gnostiques
croyaient qu’ils avaient des « connaissances » secrètes qui leur avaient
été transmises par Jésus ou les apôtres.
Ils soutenaient que c’était par cette
gnôsis
que l’homme était sauvé, parce qu’elle lui permettait de s’élever
au-dessus du monde physique mauvais. C’est peut-être pour mettre
Timothée en garde
contre ce genre de « connaissance » fausse que Paul écrit :
« Ô Timothée,
garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes, et les disputes
de la fausse science [gnôsis]
[13]. »
Dans 1
Timothée
1:3-4, Paul conseille à
Timothée
d'enseigner aux autres à éviter les « fables et des généalogies sans
fin ».
De même, il recommande à
Tite : « évite
les discussions folles, les généalogies (Tite
3:9). » Nous
savons que la
généalogie à des fins dignes était connue parmi les premiers chrétiens.
(Voir Matthieu 1:1-16 ;
Luc 3:23-38 ;
Actes 4:36 ;
Philippiens 3:5.) Ce à quoi Paul fait ici
allusion est tout à fait différent, puisqu’il le dénonce dans le contexte
de controverses sur des théories doctrinales qui étaient « inutiles et
vaines. » (Tite
3:9.)
Les deux
extrêmes du
gnosticisme –
l’esprit pur
d’un côté et la matière mauvaise de l’autre – furent à l’origine d’une
généalogie étendue de divinités subalternes, chacune descendant d’une plus
sainte qu’elle-même.
Dans certains systèmes gnostiques
du deuxième siècle,
il y avait jusqu’à 365 niveaux dans cette chaîne d’êtres divins [14].
Beaucoup de commentateurs croient que l’interdit jeté par Paul sur les
« généalogies sans fin » concerne ce type de structure [15].
Ces suppositions qui détournent du vrai sujet n’édifient pas la
foi, dit Paul, mais « produisent
des discussions »
(1 Timothée
1:4).
Les épîtres
pastorales révèlent d’autres signes de la popularité des fausses doctrines
dans l’Église.
Paul met Timothée
en garde contre ceux qui enseignent des idées autres que la parole de
Jésus-Christ.
Ceux qui font cela sont obsédés par « des
questions oiseuses et des disputes de mots »
dont découlent « les vaines discussions
d’hommes corrompus d’entendement »
(1 Timothée
6:3-5 ; voir
aussi 2 Timothée 2:23.)
Il a dit à
Tite :
« Il y a, en effet, surtout parmi les
circoncis, beaucoup de gens rebelles, de vains discoureurs et de
séducteurs, auxquels il faut fermer la bouche. Ils bouleversent des
familles entières, enseignant pour un gain honteux ce qu’on ne doit pas
enseigner… Ce témoignage est vrai. C’est pourquoi reprends-les sévèrement,
afin qu’ils aient une foi saine, et qu’ils ne s’attachent pas à des fables
judaïques et à des commandements d’hommes qui se détournent de la
vérité. » (Tite 1:10-11, 13-14.)
2
Timothée
(vers 67 apr. J.-C.)
La dernière
lettre de Paul, écrite à Timothée, son associé bien-aimé, a été rédigée
tandis que l’apôtre âgé attendait son exécution à Rome.
Dans ce contexte pathétique, Paul considère que
l’apostasie a déjà commencé. Il met
Timothée en garde contre
« les discours vains et profanes; car
ceux qui les tiennent avanceront toujours plus dans l’impiété, et leur
parole rongera comme la gangrène »
(2 Timothée
2:16-17.). Il mentionne deux hommes
coupables de répandre de fausses doctrines qui ont détruit la foi de
certains en enseignant que la résurrection finale avait déjà eu lieu.
Les paroles
les plus douloureuses de Paul sont sans nul doute celles qui se trouvent
dans 2
Timothée
1:15
: « Tu sais que
tous ceux qui sont en Asie m’ont abandonné. »
Le choix des mots montrent clairement que
l’apostasie est en cours parmi les Églises d’Asie.
Paul y avait enseigné l’Évangile
treize ans plus tôt et les gens
avaient été nombreux à l’accepter. (Actes
19:8-22.) Mais maintenant ils se
détournaient de lui, ainsi que de son message.
(Voir 2
Timothée 2:16-18, 23-26 .) Il voyait le
moment où les Églises deviendraient corrompues, « ayant
l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force »
(2 Timothée
3:5.)
Jude (vers
80 apr. J.-C.)
A l’époque
où l’épître de Jude est mise par écrit, l’apostasie bat son plein, comme
les paroles de Jude l’attestent.
Il recommande instamment à ses lecteurs de « combattre
pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes »
(Jude 1:3.).
Comme l’a écrit James E. Talmage,
« Il est clair que Jude considérait que « la foi qui a été transmise aux
saints une fois pour toutes » était en danger et il exhorte les fidèles à
lutter pour elle et à la défendre ouvertement [16]. » (La
grande apostasie,
Francfort
1980, p. 45). La traduction de l’original grec du
verset 4 révèle la
cause des préoccupations de Jude : « Car
il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est
écrite depuis longtemps. » [17]
Jude
poursuit en comparant les
apostats
de son temps à plusieurs d’époques plus reculées.
Parmi les accusations qu’il porte contre eux, il y a
l’affirmation qu’ils « méprisent
l’autorité et injurient les gloires »
(Jude 1:8), un acte manifeste de rébellion semblable à celui décrit dans 3
Jean.
Vers la fin
de la lettre, Jude rappelle aux lecteurs : « Mais
vous, bien-aimés, souvenez-vous des choses annoncées d’avance par les
apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils vous disaient qu’au dernier
temps il y aurait des moqueurs, marchant selon leurs convoitises impies ;
ce sont ceux qui provoquent des divisions, hommes sensuels, n’ayant pas
l’esprit. »
(Jude 1:17-19.) Frère
Talmage
commente : « Il fait clairement allusion aux
apostats de
l’époque. » [18] p. 45
Apocalypse
(vers 96 apr. J.-C.)
Dans
l’Apocalypse de
Jean,
nous trouvons des preuves convaincantes de ce que l’apostasie détruisait
finalement l’Église.
Elles se trouvent dans les messages aux sept
Églises de l’Asie aux chapitres 2 et 3.
Le message
destiné à
Éphèse
contenait
des éloges et aussi de la condamnation.
(Apocalypse 2:1-7.) Les
Éphésiens avaient
réussi à rejeter les faux apôtres et d’autres influences
apostates,
pourtant ils « étaient tombés », succombant à certains maux.
Sans repentir
immédiat, les avertit Jean,
ils seraient rejetés par le Seigneur.
Il dit, de
même, aux saints de
Pergame,
que s’ils
ne se
repentent pas,
le
Seigneur
les détruira rapidement.
(Apocalypse 2:12-17.)
Ils sont coupables de fausse religion, qu’il
appelle « la doctrine de Balaam »,
le prophète de l’Ancien Testament
qui conduisit Israël
vers un culte apostat.
La
condamnation de Thyatire va dans le même sens.
(Apocalypse 2:18-29.) Bien que méritant
des félicitations pour leurs bonnes
œuvres, les saints
de là-bas se rendaient coupables de permettre à un mouvement hérétique
appelé du nom de Jézabel
de les « séduire » et des les amener à des pratiques
apostates.
L’infamie de Jézabel
avait consisté à amener Israël
au culte de faux dieux. Quoique invités à
se repentir, ceux qui avaient été séduits
par l’hérésie avaient refusé. Ceux qui
n’avaient pas été corrompus par cette doctrine, qui « n’ont pas connu les
profondeurs de Satan »
reçoivent le commandement de « retenir » ce qu’ils ont reçu.
Le message
adressé à
Sardes
est sombre :
l’Église y est « près de mourir. »
(Apocalypse 3:1-6.) Quelques-uns
seulement ne se sont pas souillés. Si les
autres ne se repentent pas,
leurs noms seront effacés du « livre de vie. »
Philadelphie
reçoit un message plus prometteur.
(Apocalypse 3:7-13.)
Il lui reste « peu de puissance », mais si elle
tient bon, personne ne prendra sa couronne.
Les deux
messages restants sont ceux adressés à
Smyrne
(Apocalypse 2:8-11) et à
Laodicée
(Apocalypse 3:14-22).
Les saints de
Smyrne sont
félicités et aucun défaut n’est mentionné au sujet de l’Église.
Mais un destin tragique l’attend.
Ils seront emprisonnés et souffriront le martyre.
Ils sont exhortés à ne pas craindre ce qui va
arriver et à être « fidèle[s] jusqu’à la mort ».
Ce faisant, ils recevront une « couronne de vie »
et n’auront pas à « souffrir la seconde mort ». Par contre, pour ce
qui est de Laodicée, le message du Seigneur
est que l’Église y est spirituellement « malheureuse », « misérable »,
« pauvre », « aveugle » et « nue ». En
raison de son indifférence aux choses de Dieu, il la vomira de sa bouche.
Si les
messages aux sept Églises d’Asie donnent une bonne idée de la situation
générale du christianisme primitif, on ne peut pas éviter la conclusion
que les
prophéties
sur l’apostasie étaient alors en voie d’accomplissement.
Des sept Églises, il n’y en a que deux qui ne
sont pas condamnées et l’une d’elles va connaître le martyre.
Une des Églises est près de mourir à cause de ses
péchés ;
Dieu va en vomir une autre de sa bouche.
Toutes les autres sont coupables d’erreurs graves
et chacune s’entend dire en termes sévères que si elle
ne se repent pas
elle sera rejetée.
1 et 2
Jean
(vers 98 apr. J.-C.)
Les lettres
de
Jean
sont les derniers écrits du
Nouveau
Testament.
Le spectacle qu’elles donnent de l’Église à la
fin du siècle est tragique. Jean
dit à ses lecteurs que la dernière heure de l’Église a sonné, comme
prophétisé, et que les puissances
de l’apostasie sont en action parmi eux :
« Petits
enfants, c’est la dernière heure, et comme vous avez appris qu’un
antéchrist vient, il y a maintenant plusieurs antéchrists: par là nous
connaissons que c’est la dernière heure. »
(1 Jean
2:18) [19].
Jean
poursuit en disant que des antéchrists sont venus de parmi les saints :
« Ils sont
sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres; car s’ils
eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous »
(1 Jean
2:19).
Plus loin
dans sa lettre,
Jean
continue à mettre ses lecteurs en garde contre les influences
apostates
existant chez eux
:
« Plusieurs
faux prophètes sont venus dans le monde »
(1 Jean
4:1). Il est clair que Jean
parle de faux prophètes au sein du christianisme.
Rappelez-vous que dans sa lettre de
Patmos aux
Éphésiens
il parle de faux apôtres que l’on a découverts et repoussés.
(Apocalypse 2:2.)
Ensuite,
Jean
donne le moyen d’éprouver une personne ou un prophète pour voir s’il est
de Dieu :
« Reconnaissez
à ceci l’Esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en
chair est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de
Dieu, c’est celui de l’antéchrist, dont vous avez appris la venue, et qui
maintenant est déjà dans le monde. »
(1 Jean
4:2-3.)
La croyance
que Jésus n’était pas vraiment venu dans la chair mais avait seulement
semblé le faire
est appelée
le
docétisme
[20]. Cette croyance était basée sur la
conception gnostique qu’il serait impossible à un être divin tel que le
Christ d’être associé à la matière, puisque la matière était mauvaise.
Le docétisme
niait donc l’humanité du Christ, ses souffrances physiques, sa mort
physique et sa résurrection physique ; il
avait seulement semblé avoir un corps physique.
Jean
dénonce comme trompeurs et antéchrists ceux « qui
ne confessent point que Jésus-Christ est venu en chair »
(voir 1
Jean
2:22-26 ;
2 Jean
1:7) et supplie les saints de se tenir fermement
à la vraie doctrine : « Que
ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous. Si ce que
vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez
aussi dans le Fils et dans le Père. »
(1 Jean
2:24.)
3
Jean
(vers 98 apr. J.-C.)
La troisième
lettre de Jean se concentre sur l’apostasie.
Il y est question d’un certain Diotrèphe,
dirigeant local de l’Église qui, comme le
dit Jean,
« aime à être le premier »
parmi les saints. (3
Jean 1:9.) En sa qualité d’apôtre,
Jean lui
avait écrit, mais Diotrèphe
ne voulut pas le recevoir. Il ne voulait pas non plus recevoir
« les frères » et il ne le permettait pas non
plus à son assemblée.
En fait, il excommuniait ceux qui voudraient le
faire. (3
Jean 1:10.)
C’était de
l’apostasie pure et simple.
C’était la rébellion contre l’autorité divinement
instituée. Jean
promet de s’occuper du contrevenant quand il le pourra, mais il est
certain que si Diotrèphe ne
reconnaissait pas l’autorité de
Jean, il n’aurait
pas accepté sa réprimande non plus. Ainsi donc, à la troisième génération
de l’histoire chrétienne, ce n’était pas seulement l’apostasie doctrinale
qui se produisait, mais certains étaient en rébellion ouverte contre
l’autorité de la prêtrise.
En rejetant Jean,
ils tranchaient le tout dernier lien légitime de l’autorité doctrinale et
de la prêtrise
entre le Christ et l’Église qui portait son nom.
Dates
probable des lettres rapportant l’apostasie
:
1 et 2
Thessaloniciens
vers 50-51 apr. J.-C.
Jacques
vers 55 apr. J.-C.
1
Corinthiens vers 56 apr. J.-C.
2
Corinthiens vers 57 apr. J.-C.
Galates
vers 58 apr. J.-C.
Colossiens
vers 61 apr. J.-C.
1
Timothée,
Tite
vers 63 apr. J.-C.
2
Timothée
vers 67 apr. J.-C.
Jude
vers 80 apr. J.-C.
Apocalypse
vers 96 apr. J.-C.
1–3
Jean
vers 98 apr.
J.-C.
La fin de
l’ère apostolique
Le Nouveau
Testament
ne nous a pas conservé l’histoire
complète
de l’Église chrétienne du premier siècle apr. J.-C.
En plus des
Évangiles, nous ne possédons que les
vingt-huit chapitres du livre des
Actes – dont la plus grande partie n’est pas l’histoire
de l’Église, mais celle de la carrière d’un seul apôtre
– et moins de deux douzaines de lettres.
Ces documents ne nous donnent qu’un vague aperçu
de la période de soixante-dix-ans
qu’ils couvrent. Il y a des lacunes
majeures dans notre connaissance des activités des apôtres, de leur vie,
de leurs enseignements et de leur mort.
Ce que nous
savons, c’est que pendant les premières années qui suivirent la
résurrection de Jésus, les apôtres ajoutèrent de nouveaux membres à leur
nombre pour combler les vacances
[21]. Mais par la suite, la succession prit fin.
Autant que nous sachions, en 95 apr. J.-C., il ne
restait plus que Jean.
Lorsque le ministère public de celui-ci prit fin,
l’apostolat
cessa d’exister. Si cela avait été la
volonté de Dieu, d’autres auraient certainement pu être choisis. Ce
ne l’était de toute évidence pas. Ce n’est
pas parce que les apôtres étaient partis que
l’apostasie se produisit : les apôtres
furent pris parce que l’apostasie s’était produite [22].
Quand il
envoya ses
témoins
spéciaux dans le monde, Jésus leur commanda
de rendre
témoignage
de lui.
Ils le firent de deux manières importantes.
D’abord, ils voyagèrent au loin, prêchant l’Évangile
et témoignant de Jésus partout où ils allaient.
En second lieu, ils laissèrent leur témoignage
sous la forme des documents
que nous appelons collectivement le Nouveau
Testament.
Cet ouvrage, conservé pour toutes les générations, est le témoignage écrit
de ceux qui furent chargés d’être les « témoins
[du Christ]… jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1:8).
Les apôtres furent laissés sur la terre
suffisamment longtemps pour accomplir le commandement divin.
Ils n’échouèrent pas.
Comme nous
l’avons vu, le
Seigneur
savait, et ses apôtres savaient, que les saints se détourneraient de la
vraie foi qui leur avait été enseignée.
Nous avons également vu que cela s’est produit –
lentement au début, mais avec une accélération croissante à chaque
décennie successive. Et, comme nous
l’avons vu, le rejet de la vraie religion s’est accompagnée du rejet de la
véritable autorité. A ce propos, Mark
E. Petersen
a dit,
« Mais tout cela avait été prédit. Le
Seigneur
avait prévu cette apostasie. De même qu’il ne voulait pas faire
d’autres miracles devant les incroyants de
Capernaum,
de même il n’a pas voulu laisser ses Douze oints dans un groupe
apostat.
Jean a donc été
retiré de parmi les hommes [23]. »
Une fois le
dernier apôtre disparu de l’Église, la nuit de l’apostasie descendit sur
elle ;
et les choses allaient en rester ainsi jusqu’à
l’aube d’un jour nouveau, celui du Rétablissement.
NOTES
[1] Voir,
par exemple, James E. Talmage, La grande apostasie, Francfort,
1980; Articles de Foi, Église de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours, 1962, pp. 247-251.
[2] Mark E.
Petersen, dans Conference Report, avril 1979, pp. 29-30 (Ensign,
mai 1979, pp. 21-22); Which Church is Right?, Salt Lake City, The
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, pp. 8-9; Hugh W. Nibley,
« Christ Among the Ruins », Ensign, juillet 1983, p. 16; Talmage,
La grande apostasie, pp. 40-43.
[3] Talmage,
La grande apostasie, p. 25. Dans Joseph Smith–Matthieu, Joseph
Smith, le prophète, a réorganisé Matthieu 24, par révélation, pour rendre
plus clair le compte rendu du sermon du Sauveur. Jésus répond aux
questions des apôtres concernant l’avenir immédiat (JS-M 1:4-21) et aussi
sur le moment de sa seconde venue (JS-M 1:21-55). Voir Bruce R. McConkie,
Doctrinal New Testament Commentary, Salt Lake City, Bookcraft,
1973, 1:637-648.
[4] McConkie,
1:641.
[5] Heinrich
Schlier, « Apostasia », dans Theological Dictionary of the New
Testament, dir. de publ. G. Kittel, Grand Rapids, Michigan, Eerdmans,
1964, 1:513-514; F. F. Bruce, 1 and 2 Thessalonians, Word Biblical
Commentary, 45, Waco, Texas, Word Books, 1982, p. 166.
[6] Sydney
B. Sperry, « New Light on the Great Apostasy », The Improvement Era,
sept. 1950, pp. 750-751.
[7] Voir,
par exemple, McConkie, 3:63; Sperry, Paul’s Life and Letters, Salt
Lake City, Bookcraft, 1955, p. 103.
[8] Talmage,
La grande apostasie, pp. 30, 38-39.
[9] « Ce que
l’Apôtre [Jean, dans 1 Jn. 2:18] veut dire en fait, c’est simplement
ceci : La fin de l’Église avec ses apôtres, ses prophètes et ses
dirigeants inspirés pour diriger, guider et orienter les fidèles est
proche. Le moment prédit par le Christ et ses Apôtres concernant une
apostasie et le renversement de l’Église est là. » (Sperry, « New Light »,
p. 711 ; cf. aussi pp. 744, 746-751.) Talmage, La grande apostasie,
p. 38-39.
[10] On
trouve une argumentation pour le gnosticisme dans le christianisme du
premier siècle dans R. M. Wilson, Gnosis and the New Testament,
Philadelphie, Fortress Press, 1968, pp. 31-84.
[11]
McConkie, 3:25-26; 29-30.
[12] Voir,
par exemple, Irénée, Contre les hérésies; Clément d’Alexandrie,
Les Stromates, ou Divers; Tertullien, Contre Marcion 1-5,
Contre Valentin, Prescription d’hérésies, Scorpiace. On peut
tous les trouver dans The Ante-Nicene Fathers, dir. de publ. A.
Roberts et J. Donaldson, Grand Rapids, Michigan, Eerdmans, 1953, I-III.
[13] 1 Tim.
6:20; traduction grecque littérale à la note de bas de page 20b dans
l’édition de la Bible faite par l’Église, italiques ajoutés. Voir Richard
L. Anderson, Understanding Paul, Salt Lake City, Deseret Book Co.,
1983, p. 318.
[14] Irénée,
Contre les hérésies, 1.24.3-4.
[15]
Anderson, Understanding Paul, pp. 320-21; Wilson, pp. 41-43; A. T.
Hanson, The Pastoral Epistles, Grand Rapids, Michigan, Eerdmans,
1982; J. N. D. Kelly, The Pastoral Epistles: Timothy I & II, Tite,
New York, Harper and Row, 1963.
[16] Talmage,
La grande apostasie, p. 45.
[17] Bible
de Jérusalem, Jude v. 4; cf. Anderson, Guide, chap. 24.
[18] Talmage,
La grande apostasie, p. 45.
[19] Talmage,
La grande apostasie, p. 39; Anderson, « Clement, Ignatius, and
Polycarp », Ensign, août. 1976, p. 55; Sperry, “New Light”, p. 711.
[20]
Anderson, « Clement, Ignatius, and Polycarp », p. 53; F. F. Bruce, The
Epistles of John, Grand Rapids, Michigan, Eerdmans, 1970, pp. 15-18,
104-105. On trouvera un bref apercu des interprétations dans I. Howard
Marshall, The Epistles of John, The New International Commentary on the
New Testament, Grand Rapids, Michigan, Eerdmans, 1978, pp. 14-22.
[21] Nous
savons que les apôtres suivants ont été appelés en plus des Douze
originels: Matthias (Actes 1:21-26), Jacques (voir Actes 12:17; Actes 15;
Gal. 1:19), Paul (Actes 14:14) et Barnabas (Actes 14:14).
[22]
Petersen, Which Church is Right? pp. 8-9.
[23]
Petersen, Which Church is Right? p. 9. « Ensuite, le Seigneur
retira Jean du ministère. On ne sait plus rien de lui après l’an 101. »
(p. 8.)
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