LA REVELATION ET L’URIM ET LE THUMMIM

Basé sur des recherches faites par Matthew Roper
Insights, décembre 1995, n° 103

Précédemment, la plupart des spécialistes de la Bible considéraient l’urim et le thummim comme un instrument plutôt mécanique utilisé simplement pour obtenir oui ou non comme réponse, comme dans le tirage au sort. Ceci est très différent de la fonction de l’instrument décrite dans le Livre de Mormon comme étant des « interprètes » et par Joseph Smith, le prophète, comme étant « l’urim et le thummim ». Dans ces descriptions de l’utilisation de l’urim et du thummim, la révélation jouait un grand rôle. Par exemple, les récits concernant la traduction du Livre de Mormon montrent que Joseph Smith ne pouvait pas traduire sans l’Esprit et qu’un grand effort mental était nécessaire [1].

Or, deux études faites par des savants biblistes sur l’urim et le thummim décrit dans l’Ancien Testament correspondent mieux à la conception des saints des derniers jours. Sur la base de ce qui semble bien être des éléments historiques, linguistiques et textuels solides, Cornelius Van Dam rejette la conception mécanique en attirant l’attention sur de nombreux cas où la réponse divine est détaillée et pas simplement oui ou non [2]. Selon lui, « il semble certain que le don de l’inspiration prophétique de Yahweh intervenait et jouait le rôle principal dans le processus de réponse » par l’urim et le thummim : « Quand une révélation était demandée à Yahweh, celui-ci parlait au souverain sacrificateur ou l’éclairait et lui donnait ainsi la décision qui était nécessaire. Si cette inspiration ne se produisait pas, le souverain sacrificateur savait qu’il n’était pas en état d’utiliser l’UT [urim et thummim] [3]. »

Reste à voir si les arguments de Van Dam et de Houtman convaincront les spécialistes de la Bible et si de nouveaux éléments et de nouvelles interprétations soutiendront ou affaibliront leur position. Mais pour le moment leurs arguments ouvrent la porte à une compréhension de l’urim et du thummim qui reconnaît un plus grand rôle à la révélation, correspondant à celle qui se dégage des Écritures modernes.

D’autres points de ces deux études peuvent aussi apporter un éclairage sur des passages du Livre de Mormon. Selon Van Dam, dans de nombreux cas, dans l’Ancien Testament, l’expression interroger le Seigneur indique l’utilisation de l’urim et du thummim [5]. En deux occasions au moins, des chefs militaires néphites envoient des messagers à Alma pour qu’il « interroge le Seigneur » sur l’endroit où se trouvaient leurs ennemis (Alma 16:6 ; 43:23-24). Dans chaque cas, Alma révèle des directions précises permettant aux Néphites d’obtenir l’avantage sur leurs ennemis. Peut-être Alma s’est-il servi de l’urim et du thummim pour obtenir cette connaissance. Nous savons qu’il possédait les interprètes (Mosiah 28:20 ; Alma 37:24), que Joseph Smith a décrits comme étant l’urim et le thummim et le récit du Livre de Mormon correspond à l’usage biblique décrit par Van Dam.

Finalement, Van Dam suggère qu’il y avait un élément visuel dans l’utilisation de l’urim et du thummim : « Une lumière spéciale ou miraculeuse était d’une certaine façon associée au fonctionnement de l’UT », peut-être par une sorte de pierre « pour confirmer que le message donné par le souverain sacrificateur était de Yahweh [6]. »

Les passages du Livre de Mormon relatifs aux interprètes suggèrent aussi une composante visuelle. Ammon dit que le roi du pays de Zarahemla « a ce qu'il faut pour regarder et traduire » (Mosiah 8:13) et Alma parle de « une pierre qui brillera dans les ténèbres de manière à apporter la lumière » pour révéler les choses tenues secrètes (Alma 37:23).

NOTES

[1] Voir D&A 8:1-4 ; 9:7-9 ; et Lyndon W. Cook, David Whitmer Interviews, Orem, Ut, Grandin, 1991, pp. 86, 199.
[2] The Urim and Thummim, Kampen, Uitgevgerij Van den Berg, 1986.
[3] Id. p. 128.
[4] “The Urim and Thummim: A New Suggestion”, Vetus Testamentum 40, avril 1990, p. 231.
[5] Urim and Thummim, pp. 89-95.
[6] Id., pp. 130-131.