Qui peut mieux nous renseigner valablement sur Joseph Smith et sa famille que ceux qui les ont bien connus ?

 

Lumières sur la personnalité de Joseph Smith et de sa famille

Textes publiés par Daniel C. Peterson pour le Deseret News

 

Incarcéré le 4 novembre 1838 par la milice du Missouri à Independence, n’ayant échappé quelques jours plus tôt à l’exécution que parce que le général Alexander Doniphan avait refusé d’exécuter l’ordre, Joseph écrivit à sa femme Emma. La lettre se termine par une pensée pour ses enfants et une supplique vibrante à Emma :

« Dis-leur que Papa est toujours vivant, puisse Dieu permettre qu’il les revoie Oh Emma pour l’amour de Dieu ne me rejette pas, ni la vérité, mais souviens-toi de moi, si je ne te revois pas dans cette vie fasse Dieu que nous nous revoyions au ciel, je ne peux pas exprimer mes sentiments, mon cœur déborde, Adieu Ô ma gentille et affectueuse Emma je suis à toi pour toujours, ton mari et véritable ami. »

Un peu plus d’une semaine plus tard, le 12 novembre 1838, ayant été transféré à Richmond, comté de Ray, Missouri, face à des accusations de « trahison, meurtre, incendie criminel, cambriolage, vol et brigandage », enchaîné avec ses collègues dans une vieille maison de rondins, Joseph fut ravi de recevoir une lettre d’Emma. Voici sa réponse :

« Je pense que lors de l’enquête, les autorités découvriront notre innocence et nous libéreront tous, mais si cette bénédiction ne peut être obtenue, j’ai cette consolation que je suis un homme innocent, quoi qu’il m’arrive, j’ai reçu ta lettre que j’ai lue maintes et maintes fois, c’était une douce caresse pour moi. Oh Dieu accorde que j’aie peut-être la bénédiction de voir une fois de plus mes beaux enfants, dans la jouissance des bienfaits de la liberté et de la vie en société, de les serrer sur ma poitrine et d’embrasser leurs belles joues, voilà qui remplirait mon cœur d’une gratitude indicible, dis-leur que papa est vivant et qu’ils aient confiance : je vais venir les voir dans pas longtemps, réconforte leur cœur à tous comme tu peux et essaye d’être toi-même réconfortée autant que possible, il n’y a aucun risque que nous ne soyons pas mis en liberté si justice peut être faite... Frère Borbison est enchaîné à côté de moi, il a un cœur fidèle et un esprit ferme, frère Whight [Wight], est à côté, frère Rigdon, ensuite, puis Hyram, Parely [Parley] et Amasa et ainsi nous sommes attachés les uns aux autres comme dans les liens de l’amour éternel, nous sommes dans la bonne humeur et nous nous réjouissons d’être jugés dignes d’être persécutés pour l’amour du Christ, dis au petit Joseph qu’il doit être un bon garçon, que Papa l’aime d’un amour parfait, il est l’aîné et ne doit pas faire du mal à ceux qui sont plus petits que lui, mais les réconforter ; dis au petit Frederick, que Papa l’aime de tout son cœur, c’est un garçon charmant. Julia est une jolie petite fille, je l’adore aussi, elle est un enfant prometteur, dis-lui que son père veut qu’elle se souvienne de lui et qu’elle soit une gentille fille, dis aux autres que je pense à eux et que je prie pour eux tous, Frère Babbit attend pour porter nos lettres donc mon temps est court J’ai continuellement le petit Alexander à l’esprit. Oh mon affectueuse Emma, je veux te rappeler que je suis un ami fidèle, à toi et un papa pour toujours, mon cœur est entrelacé autour de toi pour toujours et à jamais, oh que Dieu vous bénisse tous amen. »

 

The real Joseph?

Certains sont convaincus qu’il s’agit d’un daguerréotype authentique du Prophète Joseph. J’ai parlé avec l’un d’eux aujourd'hui — c’est un peintre professionnel et il a étudié cette image pendant des années — et j’espère en entendre plus de lui sur le sujet. Si c’est authentique, c’est très excitant. Certains dans le passé ont soutenu que ce n’était pas Joseph, mais je suis ouvert à la persuasion.

 

Heber C. Kimball raconte que Joseph a fondu en larmes devant la foi simple d’une petite fille. « Il était doux avec les enfants », se rappelle George Q. Cannon « et s’attirait leur amour à tous. »

La mère de Joseph se rappelle sa réaction quand Martin Harris perdit les 116 pages manuscrites de la traduction. « « Oh, mon Dieu !, dit Joseph en se tordant les mains. Tout est perdu ! Tout est perdu ! Que dois-je faire ? J’ai péché — c’est moi qui ai tenté la colère de Dieu. » « Il pleurait et gémissait, dit-elle, et ne cessait de marcher en long et en large. » Sa sœur Katharine se souvient que « il a jeûné et prié plusieurs jours » après avoir appris ce qui était arrivé.

Ces manifestations d’émotion semblent difficiles à contrefaire. Si elles étaient fausses, Joseph Smith aurait été coupable d’un cynisme presque insondable. Mais ses amis et ses associés n’ont jamais vu aucune trace de cynisme et de fausseté. « Les gens l’adoraient », a raconté une femme. Il ne manifestait « pas la moindre affectation », se souvient Wandle Mace. « Il n’y avait pas la moindre apparence d’ostentation consciente de sa part », se rappelle Mercy R. Thompson. « Il était aussi à l’aise et sociable que si nous avions tous été ses propres frères et sœurs ou membres d’une même famille. Il était aussi modeste qu’un enfant. » Un membre du Congrès des États-Unis a écrit à son épouse, à l’issue d’une réunion avec Joseph Smith à Washington, que « tout ce qu’il dit est dit de manière à donner l’impression qu’il est sincère.... Dans son comportement, il n’y a aucune particularité, c’était celui d’un citoyen tout à fait ordinaire. » Un journaliste de Washington, du nom de Matthew L. Davis, commente comme suit l’aspect de Joseph pendant un sermon : « Il est sincère. Il n’y a aucune légèreté, aucun fanatisme, aucun manque de dignité dans sa conduite.... Ce n’est qu’un homme, dit-il ; un homme ordinaire, sans culture, à la recherche de ce qu’il faut faire pour être sauvé. » Un pasteur méthodiste du nom de Prior a visité Nauvoo en 1842 ou en 1843 et a assisté à un service du dimanche où Joseph prenait la parole. Il écrivit plus tard qu’il s’attendait à voir un fanatique hyperémotif et culpabilisé. « Mais quelle ne fut pas ma déception quand, à la place de la tête et des cornes de la bête et du faux prophète, je ne vis que l’apparence d’un homme ordinaire.... Je fus malheureusement déçu. » Pourtant, il était sûr que le sermon de Joseph répondrait à son attente. Mais ce ne fut pas le cas. « Il a commencé calmement et a poursuivi sereinement son sujet... Il s’est livré à un discours très intéressant et complexe avec le soin et le ton posé de quelqu’un qui était bien au courant du poste important qu’il occupait et de son devoir envers Dieu et envers les hommes. »

C’était bien la même impression que ses contemporains avaient de Joseph, même tard dans sa carrière. « C’est un homme qu’on ne pouvait pas s’empêcher d’aimer », écrit George W. Taggart de Nauvoo à ses trois frères non-mormons à l’automne 1843, « mettant de côté les préjugés religieux que le monde a suscités contre lui.... Il n’est pas non plus boursouflé de sa grandeur comme beaucoup le pensent mais est au contraire familier avec tout homme décent et est prêt à parler de n’importe quel sujet que l’on peut souhaiter [1]. » George Q. Cannon se le remémore comme « toujours doux et débonnaire », « prévenant et juste [2] ». En 1843, Joseph Smith dirigeait une Église importante et en croissance rapide, était lieutenant général de la milice de l’Illinois et une personnalité majeure de ce qui, à l’époque, aurait pu être la plus grande ville de l’État. Pourtant, il était tout à fait sans prétention. Au début de 1843, « lors d’une conversation que nous avons eue ensemble en société, écrit Jonah R. Ball, j’ai trouvé Joseph très à l‘aise dans les échanges, simple et sans prétention. J’ai n’ai trouvé aucune flagornerie. » Et le prophète, de toute évidence, n’exigeait pas de décorum en sa présence et tolérait chez les autres un comportement qui, selon les normes de l’époque, aurait pu être pris comme irrespectueux à son égard. « Il y en a, dit Ball, qui entraient ou sortaient sans même ôter leur chapeau ou leur casquette ». En conclusion, Ball dit : « Il est ce que les mormons disent de lui et les histoires à son sujet sont fausses [3]. » 

[1] Susannah Taggart et George W. Taggart, lettres du 6 et 10 septembre 1843 à Albert Taggart, Samuel W. Taggart et Henry C. Taggart. La citation se trouve pages 171 et 173 de Ronald O. Barney, « “A Man That You Could Not Help Likeing”: Joseph Smith and Nauvoo » dans une lettre adressée par Susannah et George W. Taggart », BYU Studies 40/2, 2001, p. 165-179.

[2] Cannon, Life of Joseph Smith, the Prophet, p. 343.

[3] Jonah Randolph Ball, lettre du 15 janvier 1843 à « Cher frère [Harvey Howard] et sœur. » Cité dans Barney, « ' “A Man That You Could Not Help Likeing”' », p. 178, note 41.

 Fin octobre 1830, six mois environ après la publication du Livre de Mormon, quatre missionnaires mormons, dont Parley P. Pratt, qui connaissait déjà Sidney Rigdon, passèrent par Kirtland (Ohio), où Sidney avait créé une communauté religieuse et lui présentèrent le Livre de Mormon et le mormonisme. Rigdon était un prédicateur pieux qui étudiait la Bible, qui était allé jusqu’à appeler l’un de ses fils John Wycliff, du nom du grand réformateur du XIVe siècle et traducteur de la Bible.

Pendant ce temps, presque dès sa première publication, il était devenu évident pour ceux qui connaissaient les deux hommes que Joseph Smith n’avait pas l’instruction ni la capacité requises pour écrire le Livre de Mormon. En conséquence, les critiques qui cherchaient une autre explication humaine au livre postulèrent l’existence d’un « nègre » et ne tardèrent pas à s’imaginer qu’ils l’avaient trouvé en Sidney Rigdon, qui était bien plus instruit, et décidèrent que l’histoire de la prétendue première rencontre de Sidney avec le livre était de la comédie.

En 1865, plus de deux décennies après l’excommunication de Sidney, John Wycliff Rigdon, qui, adolescent, avait suivi ses parents hors de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, interrogea son père sur le Livre de Mormon.

« J’ai décidé, écrivit-il plus tard, de procéder à une enquête pour ma propre satisfaction et de découvrir, si je pouvais, s’il avait toutes ces années trompé sa famille et le monde en disant ce qui n’était pas vrai... Si Sidney Rigdon, mon père, avait axé sa vie sur un mensonge, causant du chagrin et de la honte à sa famille, je voulais le savoir et j’étais déterminé à découvrir ce qu’il en était, peu importent les conséquences. »

John, qui était alors au milieu de la trentaine, n’avait plus vu son père depuis pas mal de temps. Mais il avait entre autres visité les colonies mormones en Utah, qui ne l’avaient pas impressionné très favorablement envers l’Église mormone et « pour ce qui est de l’origine du Livre de Mormon, j’avais quelques doutes ». Alors il alla droit au but :

« On t’a attribué la rédaction de ce livre qui introduit Joseph Smith dans le monde. Tu m’as toujours dit que tu n’avais jamais vu le livre avant qu’il te soit présenté par Parley P. Pratt et Oliver Cowdery et que tout ce que tu as jamais su sur l’origine de ce livre, c’est ce qu’ils t’ont dit et ce que Joseph Smith et les témoins qui ont vu les plaques t’ont dit. Est-ce vrai ? Dans l’affirmative, c’est bon ; si ce n’est pas le cas, tu nous dois, à notre famille et à moi, de nous le dire. Tu es un vieil homme, tu disparaîtras bientôt et je voudrais savoir si Joseph Smith, dans les relations que tu as eues avec lui pendant quatorze ans, ne t’a pas dit quelque chose qui t’a incité à croire qu’il a eu le livre d’une autre façon que ce qu’il t’avait dit. Dis-moi tout ce que tu sais là-dessus que je puisse connaître la vérité. »

Son père leva la main plus haut que la tête et dit lentement, tandis que des larmes lui coulaient sur les joues : « Mon fils, je te jure devant le ciel que ce que je t’ai dit sur l’origine de ce livre est vrai. Ta mère et ta sœur... étaient là quand le livre m’a été remis à Mentor (Ohio) et tout ce que j’ai su sur l’origine de ce livre est ce que m’ont dit les témoins qui ont affirmé qu’ils ont vu les plaques, Joseph Smith, Oliver Cowdery et Parley P. Pratt, et pendant tout le temps où j’ai été en rapport avec Joseph Smith, il ne m’a jamais raconté qu’une seule histoire, qu’il était gravé sur des plaques d’or et se trouvait dans une colline près de Palmyra (New York). … J’ai cru et je crois toujours qu’il m’a dit la vérité. »

Ensuite, se rappelle John, son père a également déclaré « que le mormonisme est vrai, que Joseph Smith était un prophète et ce monde le saurait un jour. » Et, plus tard, juste avant sa propre mort, la mère de John a confirmé le récit de Sidney, « car elle était présente et savait que c’était la première fois qu’il l’avait jamais vu, et que les histoires que l’on racontait que mon père avait écrit le Livre de Mormon n’étaient pas vraies ».

Motivé par ces conversations, John finit par s’installer en Utah et par rejoindre l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. À sa mort en 1912, il fut enterré à Salt Lake City.

 

 

Ce que cela a coûté à la famille de Joseph Smith de l’avoir soutenu

  Mother Smith

Lucy Mack Smith, mère de Joseph et de Hyrum
(CC Wikimedia, domaine public)

 

L’opposition à l’égard de la famille Smith, bien au-delà de l’opposition à Joseph Smith, lui-même, a commencé très tôt, lorsque des amis se sont tournés contre eux. Lucy Mack Smith, avec ses deux fils, Hyrum et Samuel, avait rejoint l’Église presbytérienne. Quelque temps plus tard, pendant l’impression du Livre de Mormon, une délégation de leur Église vint les trouver dans l’intention de les persuader de désavouer le livre. Le porte-parole du groupe s’adressa d’abord à la mère, mais il n’obtint aucune satisfaction d’elle. « Diacre Beckwith, dit Lucy, même si vous deviez me bourrer le corps de fagots et même me brûler sur le bûcher, je déclarerais, aussi longtemps que Dieu me donnerait le souffle, que Joseph a ces annales et que je sais qu’elles sont vraies. » Le porte-parole du groupe se tourna ensuite vers Hyrum, et lui demanda s’il n’estimait pas possible qu’il ait été trompé. « Non, Monsieur », répondit Hyrum. Enfin, lorsque Samuel leur eut cité d’un air de défi un passage d’Ésaïe sur « les sentinelles aveugles » et sur « les bergers qui ne savent rien comprendre », les dirigeants de l’Église partirent. Mais ils n’en restèrent pas là avec la famille Smith. Lucy, Hyrum et Samuel furent suspendus en tant que membres de l’Église presbytérienne, un avant-goût de l’ostracisme (et bien pire) qui les attendait [1].

Le récit plutôt naïf d’une certaine « Mme Palmer », qui grandit non loin de la famille de Joseph et de Lucy Mack Smith, parle avec une éloquence simple de la personnalité du prophète, mais aussi de l’hostilité suscitée par ses prétentions, même parmi des gens sinon bien disposés:

« Mon père possédait une ferme proche de celle de la famille Smith dans l’État de New York. Mes parents étaient des amis de la famille Smith, qui était l’une des meilleures de cette localité — honnête, croyante et industrieuse, mais pauvre.... Mon père aimait le jeune Joseph Smith et l’engageait souvent pour travailler avec ses garçons. J’avais environ six ans quand il est venu chez nous. Je me souviens être allée dans le champ un après-midi pour jouer dans les rangées de maïs pendant que mes frères travaillaient. Le soir venu, j’étais trop fatiguée pour marcher jusqu'à la maison et je pleurais parce que mes frères refusaient de me porter. Joseph m’a hissée sur ses épaules, le bras enserrant mes pieds pour me stabiliser et mon bras sur son cou, il m’a portée jusqu’à notre maison.

« Je me rappelle l’excitation suscitée chez certaines personnes lors de la première vision de Joseph. Mon père soutenait que ce n’était que le doux rêve d’un garçon à l’esprit pur. Un des dirigeants de notre Église est venu trouver mon père pour le réprimander parce qu’il tolérait ces liens étroits d’amitié entre sa famille et le ‘gamin Smith’, comme il l’appelait. Mon père a défendu son point de vue en disant que Joseph était la meilleure aide qu’il eût jamais trouvée...

« Ce n’est que quand Joseph eut eu une seconde vision et commença à écrire un livre qui attirait hors de l’Église beaucoup de gens parmi les plus brillants, que mes parents prirent conscience du fait que leur ami, l’homme d’église, leur avait dit la vérité. Alors, ma famille mit fin à son amitié pour tous les Smith, car toute la famille suivait Joseph. Même le père, aussi intelligent qu’il fût, ne pouvait pas discerner le mal qu’il aidait à promouvoir.

« Mes parents apportèrent toute l’aide qu’ils pouvaient pour aider à étouffer le projet de Joseph Smith, mais il était trop tard. Il y avait trop longtemps qu’il était en cours. Il ne pouvait plus être écrasé.

« Il n’y avait jamais eu de garçon plus fidèle, plus pur, plus noble que Joseph Smith, avant qu’il se laisse égarer par la superstition [2]. »

 

[1] The Revised and Enhanced History of Joseph Smith by his Mother, p 213-214. Richard Lloyd Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, Salt Lake City, Deseret Book, 1981), p. 138-139, décrit brièvement le témoignage corroborant de sources presbytériennes contemporaines.

[2] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, p. 1-2.

 

 

La personnalité de la famille Smith dans les premiers témoignages

 

Palmyra's four squared-off churches

Quatre églises aux quatre coins d’un carrefour au centre de Palmyra, New York
(CC Wikimedia)

 Hier, j’ai cité le témoignage d’une « Mme Palmer, » qui a connu Joseph Smith à Palmyra.

 D’autres ont été du même avis que Mme Palmer dans leur jugement sur la personnalité de Joseph. « Je connaissais bien toute la famille Smith, dit le non-mormon Orlando Saunders. Ils ont travaillé bien des fois pour moi. C’étaient de très braves gens. Le jeune Joe (comme nous l’appelions alors) a travaillé pour moi, et c’était un bon travailleur ; ils l’étaient tous [1]. »  « Mon père, se rappelle Joseph Knight, Jr., disait que Joseph était le meilleur ouvrier qu’il ait jamais embauché [2] ».  Thomas H. Taylor se rappelait les hommes Smith comme étant « des gens gentils [3] ». « Oh, combien d’heures j’ai passées avec ces braves gens », dit Wandle Mace de la famille Smith dans son ensemble. « Ils étaient aussi honnêtes et loyaux que c’était possible pour des mortels [4]. »  Stephen Mack, de Tunbridge (Vermont), était frère de Lucy Mack Smith. En raison de la grave maladie de leur mère pendant l’absence prolongée de leur père en Nouvelle-Écosse, Stephen était partiellement responsable de son éducation. Son verdict concernant la génération de Smith dans laquelle sa sœur s’était mariée était qu’ils étaient « dignes, respectables, agréables et intelligents [5]. » Apparemment d’autres étaient du même avis. Asael Smith, beau-père de Lucy et grand-père de Joseph Jr., avait auparavant rempli pendant un certain temps les fonctions de greffier élu de la ville de Windham (New Hampshire) [6]. Une confirmation indirecte de la bonté fondamentale et solide d’au moins quelques membres de la famille Smith apparaît dans le fait que Lucy, la mère, et ses deux fils, Hyrum et Samuel, restèrent membres de l’Église presbytérienne jusqu’au printemps de 1830. À cette époque, les excommunications étaient assez fréquentes dans la plupart des Églises de la région, plus précisément dans l’Église presbytérienne de Palmyra, pour des choses telles que les jeux de hasard, l’immoralité, l’ivresse et le blasphème. Pourtant, même lorsque les Smith ont finalement été exclus en 1830, les raisons étaient simplement qu’ils avaient été absents aux offices au cours des dix-huit mois précédents et, en outre, avaient déclaré leur manque d’intérêt pour les autres presbytériens [7]. Au sujet de la famille Smith, Orlando Saunders a déclaré : « J’ai toujours pensé qu’ils étaient honnêtes. Ils me devaient de l’argent lorsqu’ils sont partis d’ici. L’un d’eux est revenu environ un an après et m’a payé [8]. »

[1] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, p. 2 ; comparer avec Anderson, « The Reliability of the Early History of Lucy and Joseph Smith », p. 24. Saunders fait essentiellement la même remarque à l’intervieweur mormon Frederic G. Mather. Voir Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, p. 144. Madge Harris Tuckett et Belle Harris Wilson, The Martin Harris Story (Provo, Vintage Books, 1983), p. 16, affirme que Martin avait des souvenirs similaires de Joseph Smith comme travailleur acharné, mais ne donne pas de source.

[2] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, 5.

[3] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, 3.

[4] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, 131. Bien que son verdict puisse évidemment être rejeté comme partial, Lucy Mack Smith décrit son fils Hyrum, frère aîné de Joseph, comme « plutôt remarquable pour sa tendresse et sa sympathie » et comme « un garçon bon et fidèle. » Elle raconte une histoire convaincante qui semble confirmer la description qu’elle fait de lui et on ne voit pas particulièrement pourquoi on contesterait son jugement. Voir Book of Lucy, p. 305.

[5] Cité par Remini, Joseph Smith, 15.

[6] Remini, Joseph Smith, 12.

[7] On trouvera facilement les passages pertinents de « Records of the Session of the Presbyterian Church in Palmyra » (en date des 10 et 29 mars 1830) dans Backman, Joseph Smith’s First Vision, p. 182-183 ; comparer avec le traitement de Backman à la page 120.

[8] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, 2.

 

Premières impressions de Lorenzo Snow sur Joseph Smith

  Youngish Lorenzo Snow

Portrait non daté du jeune Lorenzo Snow
(Domaine Public)

Lorenzo Snow, un homme intelligent et instruit, se rappelle sa rencontre avec Joseph Smith : « J’ai fait un examen critique de son apparence, de sa tenue et de sa manière d’être tandis que je l’entendais parler.

« Il n’avait que vingt-cinq ans et n’était pas, à ce moment-là, ce qu’on appellerait quelqu’un qui était à l’aise pour s’exprimer. Ses réflexions se bornaient essentiellement à ses propres expériences, en particulier la visite de l’ange, donnant un témoignage fort et puissant de ces manifestations merveilleuses. Il rendait simplement, témoignage de ce que le Seigneur lui avait manifesté, de la dispensation de l’Évangile qui lui avait été confiée, ainsi que de l’autorité qu’il possédait. Dans un premier temps, il semblait un peu hésitant et parlait d’une voix plutôt basse. Mais à mesure qu’il parlait, il devenait très fort et puissant et donnait à son public l’impression d’être honnête et sincère. Il m’a certainement influencé en ce sens et m’a fait une impression qui m’est restée jusqu'à ce jour.

« En le regardant et en l’écoutant, je me suis dit qu’un homme rendant un merveilleux témoignage comme lui et ayant l’aspect qu’il possédait, pouvait difficilement être un faux prophète. Il n'aurait certainement pas pu être trompé, me semblait-il, et si c’était un traître, c’était sciemment qu’il trompait les gens, car lorsqu’il témoignait qu’il avait eu une conversation avec Jésus, le Fils de Dieu, et qu’il avait parlé avec lui personnellement, comme Moïse a parlé avec Dieu sur le mont Sinaï, et qu’il avait aussi entendu la voix du Père, il disait quelque chose qu’il savait positivement être vrai ou faux [1]. »

Lorenzo Snow allait devenir le cinquième président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.

 

[1] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, p. 36-37.

 

Une autre vision de la personnalité de Joseph Smith

  NY's Cumorah, where the plates were found

La colline de Cumorah, près de Palmyra, New York
(LDS.org)

Rappelant ses premières expériences avec Joseph Smith, Brigham Young fait cette réflexion :

« Qui peut juger Joseph Smith ? Je ne pense pas qu’il vive un homme sur terre qui l’ait mieux connu que moi et je n’hésite pas à dire qu’à l’exception de Jésus-Christ, il n’est pas d’homme meilleur qui ait jamais vécu ou vivra jamais sur cette terre. J'ai envie de crier alléluia tout le temps lorsque je pense que j'ai connu un jour Joseph Smith, le prophète [1]. »

« C’est quelque chose qui doit peser lourdement dans la balance de l’histoire, remarque Richard Lloyd Anderson, qu’Oliver Cowdery, qui devint plus tard un avocat perspicace et habile, a vécu le temps d’une année scolaire chez les Smith à Manchester en 1828-1829 et a qualifié le Prophète et sa famille d’ « industrieux, honnêtes, vertueux et généreux avec tout le monde [2] ».

Frederic G. Mather, écrivain professionnel et non-mormon, a interviewé vers 1880 des habitants de Harmony (Pennsylvanie) qui se souvenaient encore de Joseph Smith comme d’un « voisin bon et gentil » [3]. Le grand maître maçonnique de l’état d’Illinois a été surpris de trouver un Joseph « accueillant, poli, bien informé et libéral.... Jugez de ma surprise quand j’ai trouvé en lui un homme sensible, intelligent et courtois au lieu de l’arriviste ignorant et tyrannique auquel je m’attendais. Lors de fréquentes conversations avec lui, il m’a donné toutes les informations que je désirais et semblait n’être que trop heureux de pouvoir le faire [4]. » Un voyageur anglais, racontant sa visite à Nauvoo en 1843, a trouvé en Joseph « un homme aimable, gai, sociable [5]. »

[1] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, p. 40.

[2] Anderson, « The Reliability of the Early History of Lucy and Joseph Smith », p. 23, citant le L.D.S. Messenger and Advocate 2, 1855, p. 200.

[3] Frederic G. Mather, « The Early Days of Mormonism » Lippincott Magazine 26/152 (août 1880), p. 200-201.*

[4] Cité dans Canon, Life of the Prophet Joseph Smith, p. 352.

[5] Cité dans Canon, Life of the Prophet Joseph Smith, p. 355.

 

 

 

Quelques témoignages de la bonne moralité de Joseph Smith

  An authentic likeness of the Prophet Joseph Smith?

Portrait de Joseph Smith appartenant à son fils, Joseph III
(Wikimedia Commons Public Domain)

 

Les témoignages de la bonne moralité de Joseph Smith abondent [1]. Le prophète, se rappelle Jesse N. Smith, était

« incomparablement l’homme le plus proche de Dieu que j’aie jamais vu. Je sais que, de nature, il était incapable de mentir et de tromper et qu’il possédait la plus grande gentillesse et la plus haute noblesse de caractère. J’avais le sentiment en sa présence qu’il pouvait percevoir toutes mes pensées. Je sais qu’il était tout ce qu’il affirmait être [2].

« Ma première impression du prophète, se rappelle Daniel Tyler, était que c’était un homme doux, humble, sociable et très affable... Une fois que j’ai fait plus ample connaissance avec lui, j’ai senti plus que se confirmer dans tous les détails l’impression la plus favorable que j’avais de lui [3] « Comme fils, il était la noblesse même dans son amour et son respect pour ses parents, se rappelle Benjamin F. Johnson. Comme frère, il était aimant et fidèle même jusqu'à la mort. Comme mari et père, son dévouement aux épouses et aux enfants ne s’arrêtait qu’au bord de l’idolâtrie [4] »  « Mieux je le connaissais et plus mon expérience avec lui augmentait, écrit William Holmes Walker dans son journal, plus ma confiance en lui augmentait [5] . » « Au cours de l’hiver de 1830 et 1831, se rappelle Eliza R. Snow, Joseph Smith rendit visite à la maison de mon père. Tandis qu’il était assis à se réchauffer, j’ai scruté son visage autant que j’ai pu sans attirer son attention et j’ai décidé que c’était un visage honnête. La devise que j’avais adoptée : ‘Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon’ m’a incitée à m’informer, aussi incrédule que j’étais.

Le 5 avril 1835, j’étais baptisée par un Ancien ‘mormon’.. Au printemps 1836, j’ai donné cours à des jeunes filles et j’ai pris pension dans la famille du Prophète. Au début de 1837, j’ai de nouveau résidé avec la famille de Joseph Smith à laquelle j’ai donné cours et j’ai eu amplement l’occasion de noter son comportement quotidien comme prophète de Dieu. Plus je le connaissais, plus je l’appréciais comme tel [6].

 

[1] Voir, outre les documents spécifiques cités ci-dessous, les commentaires de Bathsheba W. Smith (Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, p. 138), William Farrington Cahoon (id., p. 149). Comparez avec l’impression notée par le non-mormon Peter Hardeman Burnett, qui a été pendant un certain temps avocat de Joseph Smith et plus tard premier gouverneur américain de Californie (id., p. 126).

[2] The Juvenile Instructor, 27 1er janvier 1892, p. 23-24.

[3] Andrus et Andrus, The Knew the Prophet, p. 55.

[4] Donné dans Dean R. Zimmerman, I Knew the Prophets: An Analysis of the Letter of Benjamin F. Johnson to George F. Gibbs, Reporting Doctrinal Views of Joseph Smith and Brigham Young (Bountiful, Horizon Publishers, 1976), p. 18.

[5] Extrait du journal de William Holmes Walker, « Incidents, Travels, and Life of Elder William Holmes Walker, including His Immediate Association with Joseph Smith, the Prophet . . .,” p. 8, copié par l’Université Brigham Young en 1961. Dans les Collections spéciales de BYU Special Collections.

[6] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, p. 63.

 

Autres témoignages d’époque sur la personnalité de Joseph

  McArthur house in St. George

La maison de Daniel D. McArthur
159, West Tabernacle Street, St. George, Utah
(Domaine public CC Wikimedia).

 

« Plus j’entendais ses paroles et voyais ses faits et gestes », se rappelle Daniel D. McArthur à propos de Joseph Smith, plus j’étais convaincu qu’il avait véritablement vu Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ et aussi les saints anges de Dieu. Je ne me souviens pas  avoir jamais eu le moindre doute depuis que j’ai entendu prêcher l’Évangile, ce qui était au printemps 1832, qu’il était un véritable prophète. Il m’a toujours semblé que s’il y avait une chose que je savais avec certitude ici-bas, c’était qu’il était un prophète [1]. » Les souvenirs de Wilford Woodruff sont du même genre. Après avoir raconté l’histoire de sa première rencontre avec Joseph Smith en 1834, Woodruff ajoute :

« Depuis ce jour jusqu'à présent [1892], je n’ai jamais vu un moment où j’ai eu un doute en ce qui concerne cette œuvre. Je me suis toujours senti l’envie de me réjouir extrêmement de ce que j’ai vu chez frère Joseph, car dans sa carrière publique et privée, il emmenait l’Esprit du Tout-Puissant, et il manifestait une grandeur d’âme que je n’avais jamais vue chez aucun autre homme [2]. »

« Au cours d’une période de sept ans environ, dit Benjamin Brown, j’ai eu de fréquentes occasions de poursuivre mes relations avec Joseph Smith, le voyant, quasiment tous les jours. Je peux témoigner, par expérience personnelle, de la pureté et de la droiture de sa vie, et je sais qu’il était un homme de Dieu. J’ai eu toutes les occasions d’acquérir cette information, car, lorsqu’il échappait à ses ennemis, il vivait parfois pendant une semaine chez moi [3]. »

 

[1] The Juvenile Instructor 27, 15 février 1892, p.129.

[2] Andrus et Andrus, They Knew the Prophet, p. 91.

[3] Benjamin Brown, Testimonies for the Truth: A Record of Manifestations of the Power of God, Miraculous and Providential, Witnessed in the Travels and Experience of Benjamin Brown  Liverpool : S. W. Richards, 1853, p. 19.

 

 

John Taylor à propos de Joseph Smith

  Sepia toned photo of John Taylor

John Taylor (1808-1887)
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« J’ai connu Joseph Smith pendant des années », fait remarquer John Taylor, le converti méthodiste anglais grièvement blessé dans la prison de Carthage quand Joseph fut assassiné et qui devint finalement le troisième président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.

« J’ai voyagé avec lui ; j’ai été avec lui en privé et en public ; j’ai été avec lui dans des conseils de toutes sortes ; j’ai écouté des centaines de fois ses enseignements publics et ses conseils de nature plus privée à ses amis et associés. J’ai été chez lui et j’ai vu son comportement dans sa famille. Je l’ai vu comparaître devant les tribunaux de son pays et l’ai vu acquitté honorablement et délivré du souffle pernicieux de la calomnie, des machinations et des mensonges d’hommes méchants et corrompus. J’étais avec lui quand il vivait et avec lui quand il est mort, lorsqu’il a été assassiné dans la prison de Carthage par des émeutiers sans pitié...

« Je l’ai donc vu dans ces diverses circonstances et je témoigne devant Dieu, les anges et les hommes, que c’était un homme bon, honorable et vertueux... que ses préceptes étaient ce qui seyait à un homme de Dieu, — que sa conduite publique et privée était inattaquable et qu’il a vécu et est mort comme un homme de Dieu et un gentleman. C’est là mon témoignage. S’il est contesté, qu’on m’amène une personne autorisée à recevoir une déclaration sous serment et j’en ferai une à cet effet. Je témoigne donc de choses que je connais et de choses que j’ai vues [1]. »

Au lendemain des meurtres à la prison de Carthage, et alors qu’il se remettait de la blessure grave par balle qu’il avait lui-même reçue lors de ce même sanglant assaut, John Taylor participa apparemment à la rédaction de l’annonce officielle de l’Église de la mort de son premier prophète. Parmi les autres passages éloquents, cette déclaration soulignait que « pour faire paraître le Livre de Mormon et ce livre des Doctrine et Alliances de l’Église pour le salut d’un monde corrompu, il a fallu le meilleur sang du XIXe siècle [2]. » 

[1] Homer G. Durham, dir. de publ., The Gospel Kingdom (1943), p. 355.

[2] Doctrine et Alliances 135:6.

 

Les Smith étaient-ils des travailleurs ou des fainéants ?

La réputation et les affirmations de Joseph Smith sont fondamentales pour les prétentions de l’Église qu’il a fondée. Sachant cela, les critiques du prophète proclament depuis plus d’un siècle et demi que sa famille et lui étaient la sorte de gens à qui personne ne voudrait acheter une voiture d’occasion et encore moins recevoir un plan de salut.

Le tout premier livre anti-mormon, « Mormonism Unvailed » (le mormonisme démasqué) de Eber D. Howe, publié en 1834, contenait des déclarations sous serment recueillies auprès des anciens voisins des Smith par Philastus Hurlbut, un excommunié aigri, décrivant la famille du prophète, parmi d’autres choses désobligeantes, comme étant « paresseuse » et « indolente ». Joseph Capron, par exemple, déclarait que « le grand objectif [des Smith] semblait être de vivre sans travailler ». « Ce qu’ils faisaient pour gagner leur vie, disait David Stafford, était un mystère pour leurs voisins. »

Au cours des quelques dernières décennies, les chercheurs mormons ont soumis les déclarations de Hurlbut-Howe et d’autres soi-disant « réminiscences » à une critique rigoureuse. Néanmoins, ces premiers documents sont restés une caverne d’Ali-Baba pour les anti-mormons que des générations de critiques ont exploitée avec empressement pendant des années.

Toutefois, dans un article pionnier publié en 1993 (« The Joseph Smith, Sr., Family: Farmers of the Genesee », dans Susan Easton Black et Charles D. Tate, Jr., directeurs de publication, « Joseph Smith: The Prophet, the Man », Provo, Religious Studies Center, Brigham Young University, 1993, p. 213-225), Donald L. Enders, conservateur principal au Musée d’Art et d’Histoire de l’Église à Salt Lake City, a présenté des preuves tangibles qui portent un coup sérieux à la crédibilité des déclarations sous serment de Hurlbut-Howe. Sur la base de registres fonciers et fiscaux, de livres de comptes agricoles et de la correspondance connexe, de relevés pédologiques, d’études horticoles, de relevés de bâtiments historiques, de rapports archéologiques et d’interviews d’historiens agricoles et d’autres spécialistes — des sources qui ne sont généralement pas utilisées par les historiens traditionnels et rarement ou pas du tout employées par les spécialistes des origines mormones — Enders a conclu que, quand il s’agit de faits que l’on peut vérifier, les déclarations sous serment ne sont pas fiables.

Les techniques agricoles des Smith étaient, semble-t-il, pratiquement un cas d’école illustrant ce qui se faisait le mieux à l’époque, montrant qu’ils étaient, à en juger par les pratiques de leur temps, des gens intelligents, compétents et responsables. Et ils étaient très travailleurs. Par exemple, pour créer leur ferme, les Smith ont déplacé des tonnes de pierres et coupé quelque 6 000 arbres, dont un grand pourcentage avait trente mètres de haut ou plus et un diamètre d’un mètre vingt à un mètre quatre-vingt. Puis ils ont clôturé leur propriété, ce qui les a obligés à couper au moins six à sept mille planches de trois mètres. Ils ont fait une énorme quantité de travail avant de pouvoir ne serait-ce que commencer à faire les travaux agricoles quotidiens.

En outre, pour payer leur ferme, ils ont dû se chercher du travail comme journaliers. Dans toute la région environnante, ils ont creusé et gainé des puits et des citernes, fauché, récolté, fabriqué du cidre, des tonneaux, des chaises, des balais, des paniers, enseigné à l’école, extrait du sel, travaillé comme menuisiers et domestiques, construit des murs et des âtres en pierre, vanné du blé, coupé et vendu des bûches, charrié, lessivé, vendu des plantes potagères, peint des chaises et des toiles cirées, fait de la boucherie, extrait du charbon et transporté des pierres. Et, chemin faisant, ils produisaient entre une demi et trois tonnes de sucre d’érable chaque année. Difficile de détecter de la « paresse » et de l’« indolence » chez les Smith. Je crains fort que peu de leurs critiques modernes survivraient longtemps à de tels efforts.

Quel a été le résultat du dur labeur des Smith ? Les dossiers fiscaux de 1830 pour l’arrondissement de Manchester estiment les avoirs fonciers de la famille comme situés au niveau moyen à l’hectare pour les fermes du voisinage. En d’autres termes, ils n’étaient pas la racaille locale. En fait, et c’est assez amusant, sur les dix fermes appartenant aux Stafford, aux Stoddard, aux Chase et aux Capron, les habitants du voisinage qui ont apposé leur signature en bonne place sur les déclarations sous serment dénigrant la famille du prophète, une seule a été évaluée comme ayant plus de valeur à l’hectare que celle des Smith. Les autres ont reçu des appréciations inférieures et, dans certains cas, nettement inférieures.

La conclusion qui s’impose ? Si l’on ne peut pas se fier aux déclarations sous serment de Hurlbut-Howe dans des domaines qui peuvent être quantifiés et testés, il n’y a guère de raison de faire confiance à leur jugement dans le domaine moins tangible de la réputation. Il est clair qu’il est l’expression de l’hostilité religieuse et peut-être de l’envie des voisins qui réussissaient moins que les Smith. Comme le dit William, frère du prophète : « Nous ne savions pas que nous étions de mauvaises personnes jusqu'à ce que Joseph raconte sa vision. Nous étions considérés comme respectables jusqu’alors, mais immédiatement les gens ont commencé à faire circuler des mensonges et des histoires de façon étonnante. »