LES REALISATIONS DE JOSEPH SMITH


Texte signalé par l’un de nos correspondants
affiché sur www.thechristiandefense.com
L’auteur a utilisé le pseudonyme Néphi, San Jose, Californie


Le 23 décembre de cette année, nous célébrerons le 200e anniversaire de Joseph Smith. Bien qu’il ait récemment été désigné comme l’un des cent plus grands Américains sur le Canal Discovery, peu de gens en Amérique ont plus qu’une connaissance superficielle de cet homme et la plupart des choses qu’ils pourraient lire dans des livres, des revues et sur Internet, sont soit déformées, soit des mensonges éhontés. Laissez-moi vous renseigner sur cet homme extraordinaire, cet homme que John Taylor, son ami et troisième président de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, a appelé le plus grand homme qui ait jamais vécu sur cette terre à l’exception seule de Jésus-Christ.


John Taylor n'était pas le seul à avoir cette vision de la grandeur de Joseph Smith. En 1844, Josiah Quincy, maire de Boston de 1845 à 1849, visita Nauvoo. Quincy fut à ce point impressionné par le génie du prophète qu'il écrivit plus tard :


« Il n’est pas du tout impossible que quelque futur livre à l’usage de générations non encore nées contienne une question de ce genre-ci : Quel Américain historique du dix-neuvième siècle a exercé l'influence la plus puissante sur la destinée de ses compatriotes ? Et il n’est pas du tout impossible que la réponse à celle question soit libellée comme suit : Joseph Smith, le Prophète mormon. Et cette réponse, aussi absurde qu'elle paraisse sans aucun doute à la plupart des hommes qui vivent actuellement, sera peut-être un lieu commun évident pour leurs descendants. L'histoire nous montre des surprises et des paradoxes aussi étonnants que celui-ci. L'homme qui a établi une religion en ce siècle de libre débat, qui était et est encore aujourd'hui accepté par des centaines de milliers d’individus comme émissaire direct du Très-Haut, un être humain aussi rare ne peut pas être expédié en abreuvant sa mémoire d’épithètes malsonnantes… Les questions essentielles que les Américains se posent aujourd'hui portent sur cet homme et sur ce qu'il nous a laissé. Ce sont des questions brûlantes qui doivent accorder une place importante dans l’histoire du pays à cet homme hardi et résolu, à qui j’ai rendu visite à Nauvoo. Proclamant être un maître inspiré, Joseph Smith a fait face à une adversité comme peu d’hommes ont été appelés à en rencontrer, a joui d’une brève période de prospérité comme peu d’hommes en ont jamais atteint, et finalement quarante-trois jours après que je l’ai vu, est allé allègrement à une mort de martyr. Lorsqu’il livra sa personne au gouverneur Ford, afin d’éviter l’effusion de sang, le prophète avait un pressentiment de ce qui l’attendait. ‘Je vais comme un agneau à l’abattoir, dit-il, mais je suis aussi calme qu’un matin d’été. J’ai la conscience nette de toute offense et je mourrai innocent’ » (Josiah Quincy, Figures of the Past, 1893, pp. 376-378).


Howard S. McDonald, écrivant pour le New York Times, dit le 4 septembre 1843 :


« Ce Joe Smith doit être considéré comme un personnage extraordinaire, un prophète-héros, comme Carlyle pourrait l'appeler. Il est l'un des grands hommes de notre époque et, dans l’histoire future, comptera avec ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont marqué fortement de leur empreinte la société. » (Joseph Smith Memorial, 9 décembre 1945, p.17).

Je voudrais examiner ici les réalisations de cet homme à qui un ange a dit, quand il avait 18 ans, que son « nom serait connu en bien et en mal parmi toutes les nations, familles et langues, ou qu'on en dirait du bien et du mal parmi tous les peuples. » (Joseph Smith – Histoire 1:33) Le regard que je voudrais porter, c’est celui que pourrait avoir quelqu’un qui ne serait pas membre de l’Église qu'il a organisée. C'est-à-dire que je voudrais regarder l'histoire, ce qu'il a fait, plutôt que ce que lui ou ses disciples affirmaient.

Une biographie assez récente de Joseph Smith commence en ces termes : « Ceci est l'histoire incroyable d'un dirigeant charismatique, une des figures les plus complexes et les plus influentes de l’histoire américaine : prophète, voyant, urbaniste, banquier, agent immobilier, homme d'affaires, lieutenant-général de milice, politicien, instrument de la révélation divine – un homme qui croyait en Dieu mais pas aux sectes querelleuses et contradictoires de son temps et qui mourut martyr pour ses croyances. »

Source d'Écritures : Joseph Smith a créé près de mille pages de ce qu'il affirmait être de nouvelles Écritures, plus de huit fois ce que Paul, qui vient en second, a produit. On peut ne pas accepter ces écrits comme Écriture, mais il y a vraiment près de mille pages d'instructions et d'histoire dont le moins qu’on puisse en dire c’est qu’elles ressemblent à des Écritures, ayant une cohérence interne, aussi bien qu'une cohérence avec les paroles de la Bible. Quelque chose d’Impressionnant pour n'importe qui, mais que faut-il en penser quand cela vient de quelqu'un qui n’a fait que trois années d’école ? Le monde a insisté sur le fait que quelqu'un d'autre a dû faire au moins 500 pages du Livre de Mormon. On est toujours à la recherche de ce quelqu'un d'autre. Mais cela laisse presque 500 pages de texte de qualité semblable dont Joseph Smith est l’auteur incontesté. Comme ces 500 dernières pages, le reste de cette liste de réalisations ne peut pas être attribué à quelqu'un d'autre : il y a trop de témoins.

Théologien : « Il a été laissé seul pour s'embarquer sur l'océan de la pensée religieuse, ayant rejeté tous les navires connus sur lesquels il aurait pu naviguer et sans jamais en avoir vu ou construit un lui-même. Assurément s'il était un imposteur, la barque qu’il pouvait construire serait vraiment primitive » (David O. McKay). La théologie qu'il a proclamée allait bien au-delà de la pensée de son temps.

Philosophe : Il avait une conception extrêmement positive de l'humanité et de son potentiel éternel. La conception tout à fait unique qu’il avait de la philosophie commence à retenir l'attention des savants du monde. Par exemple, un historien danois examine la vie de Joseph Smith dans le contexte du philosophe Kierkegaard. Un autre examine les ressemblances entre la façon dont un Joseph Smith sans instruction a traduit des textes sacrés cachés et une tradition tibétaine semblable où les moines cachent des textes sacrés que l’on découvrira et que l’on traduira à une époque future.
« Mais les historiens mormons et non mormons conviennent que les histoires sont complexes et les historiens ne cesseront jamais de démêler les fils de la vie de Joseph Smith, chacun étudiant, sous un angle différent, sa vie et ce qu’il a laissé. Depuis deux siècles, les historiens décrivent invariablement Joseph Smith soit comme un chercheur d’or et un charlatan religieux, soit comme un génie religieux et un théologien révolutionnaire. Mais les historiens d’aujourd'hui, des gens venant de tous les horizons religieux et scientifiques, semblent s’accorder pour dire que l'homme qui a fondé l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est bien plus complexe et bien plus compliqué que les biographies simplistes qui ont défini le prophète mormon. » (Article de l’Associated Press du 7 mai 2005 relatif au colloque tenu à la Bibliothèque du Congrès, « Les mondes de Joseph Smith », reproduit dans le Deseret News.)

Politicien : Maire de Nauvoo, la plus grande ville d’Illinois à l’époque, et la dixième des États-Unis. Il a rédigé la charte de Nauvoo et l'a fait approuver par le législateur de l'Illinois. Au moment où il fut assassiné, il était lieutenant-général, commandant la Légion de Nauvoo et candidat à la présidence des États-Unis. Voici une brève esquisse des thèmes de sa campagne électorale et des raisons pour lesquelles il se présentait :

« Views Of The Powers And Policy Of The Government Of The United States [Vues concernant les pouvoirs et la politique du gouvernement des États-Unis] est strictement un document politique. Dans cette brochure, Joseph Smith ne fait aucune mention de ses enseignements religieux. L'utilisation du titre « Général » (de la Légion de Nauvoo) plutôt que de Prophète ou de Président donne le ton du document. La brochure ne dit rien des expériences spirituelles de Joseph Smith et ne mentionne pas l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. En fait, quelques mois à peine avant la publication de la brochure, Joseph déclarait : « Le Seigneur ne m'a pas donné de révélation concernant la politique. Je ne lui en ai pas demandé. » « Views » était essentiellement une tentative d’apporter des solutions pragmatiques aux problèmes les plus urgents de la nation. Joseph préconisait de donner au président le pouvoir de réprimer les émeutes. Il était également en faveur de la suppression de l'esclavage, de la réduction du nombre et du salaire de la Chambre des représentants, de la réforme du système pénitentiaire, de la suppression des cours martiales pour les cas de désertion, de la création d’une banque fédérale et de l’annexion de l'Oregon et du Texas. » (H. Dean Garrett, dir. de publ., Regional Studies in Latter-day Saint History, Illinois, p.154)

Joseph a dit : « Je n'aurais jamais permis que mes amis se servent de mon nom comme président des États-Unis ou comme candidat à cette fonction, si mes amis et moi avions eu la possibilité de jouir de nos droits religieux et civiques en tant que citoyens américains, ces droits mêmes que la Constitution garantit à tous ses citoyens sans distinction. Or c’est ce que l’on nous refuse depuis le début. Les persécutions ont déferlé de temps en temps sur nos têtes dans certains endroits des États-Unis, comme des roulements de tonnerre, à cause de notre religion ; et jusqu’ici aucune partie du gouvernement n’est venue à notre secours. Cela étant, j’estime avoir le droit d’acquérir tout ce que je peux comme influence et comme pouvoir aux États-Unis, pour que les innocents lésés soient protégés. » (H. Dean Garrett, dir. de publ., Regional Studies in Latter-day Saint History, Illinois, p.155.)

Chef militaire : Joseph commandait la Légion de Nauvoo au moment de son assassinat. On a dit que c'était l'unité militaire non professionnelle la mieux entraînée des États-Unis. Le poste de Joseph comme lieutenant-général lui donnait, à ce moment-là, le rang militaire le plus élevé des États-Unis et il était le premier à détenir ce rang depuis Washington.

« La réforme de l’armée était un autre de ses programmes. Le prophète voulait abolir la pratique de l'armée et de la marine de juger les déserteurs par cour martiale : ‘Si un soldat ou un « marine » s’enfuit, envoyez-lui son salaire en lui précisant que son pays ne lui fera plus jamais confiance, qu’il a perdu son honneur. Faites que l’HONNEUR soit la norme pour tous les hommes. » Il ajouta : « Assurez-vous que le bien soit rendu pour le mal dans tous les cas : et la nation tout entière… s’élèvera dans la justice et sera respectée comme étant sage et digne sur la terre. (H. Dean Garrett, dir. de publ., Regional Studies in Latter-day Saint History, Illinois, p.158.)

Réformateur social :

Position sur l'esclavage

« L'esclavage… était une autre question importante dans la campagne électorale de Joseph Smith. Le prophète recommandait l'abolition de l'esclavage pour 1850 au plus tard. Il voulait que le Congrès « paie à chaque homme un prix raisonnable pour ses esclaves grâce aux fonds excédentaires résultant de la vente des terres publiques et de ce qui serait déduit du salaire des membres du Congrès. Brisez les liens du pauvre noir et engagez-le pour qu’il travaille comme les autres êtres humains ... [Pour Joseph,] le problème de l'esclavage et la question de la réforme parlementaire étaient étroitement liés. Le prophète voulait lever des fonds pour acheter les esclaves à leurs propriétaires, entre autres en réduisant le nombre des membres du Congrès et leur salaire. Il préconisait de garder deux sénateurs de chaque État, mais de n’avoir que deux représentants par million de personnes. En 1844, il y avait 223 représentants et 52 sénateurs représentant 26 États. La population des États-Unis était d’environ 20 millions d’âmes. La proposition du prophète aurait ramené la chambre des représentants de 223 à 40. Il croyait qu'un corps législatif de cette taille ‘abattrait plus de travail que l'armée qui occupe maintenant l’hémicycle de la législature nationale. » (H. Dean Garrett, dir. de publ., Regional Studies in Latter-day Saint History, Illinois, p.157.)

Position concernant la réforme des prisons

[Joseph] « recommandait également la réforme du système pénitentiaire du pays : « Que les pénitenciers soient transformés en lieux d’enseignement. » Il déclarait : « La rigueur et la réclusion ne pourront jamais faire autant pour réformer les inclinations des hommes que la raison et l'amitié. » [Il croyait que ceux qui avaient enfreint la loi devaient être mis au travail sur « les routes, les travaux publics ou tout autre endroit où l’on pourrait leur apprendre plus de sagesse et plus de vertu et les rendre plus éclairés. » Il voulait aussi supprimer l'emprisonnement pour dettes, qui restait un problème dans quelques États. La position progressiste du prophète sur la réforme des prisons n’était pas seulement le fruit de son désir d'améliorer la société en général mais également de sa compassion pour ceux qui avaient enfreint la loi. » (H. Dean Garrett, dir. de publ., Regional Studies in Latter-day Saint History, Illinois, pp.157-158.)

Économiste : Il a conçu un système économique pour le millénium. Certains affirment que la mise en pratique partielle de ce système par des pionniers mormons a sauvé les pionniers de l'Utah.

« Le concept d'une banque fédérale était un thème [de la campagne électorale de Joseph] dont le dirigeant mormon semblait particulièrement satisfait. Le soir du lundi 5 février 1844, deux jours avant que la brochure Views ne soit terminée, le prophète écrivit : « J’ai été le premier à proposer publiquement une banque fédérale selon les principes énoncés dans la brochure. » Il recommanda, en premier lieu, la création d’une banque fédérale avec des filiales dans chaque état et territoire ; en second lieu, que les fonctionnaires soient élus annuellement et qu’on leur paie deux dollars par jour pour leurs services ; troisièmement, que les diverses banques ne soient pas autorisées à émettre plus de billets qu’ils n’avaient de capital social dans leurs chambres fortes ; quatrièmement, que les bénéfices nets de la banque mère soient affectés au revenu national, et ceux des filiales aux états et aux territoires ; et cinquièmement, que les billets aient la même valeur dans tout le pays, ce qui, croyait-il, réglerait le problème du ‘courtage’. » (H. Dean Garrett, dir. de publ., Regional Studies in Latter-day Saint History, Illinois, p.158.)

Urbaniste :
C’est lui qui a fait le plan de la ville de Nauvoo, qui, au moment de sa mort, était la plus grande ville de l'État d’Illinois. Il élabora le plan de la ville de Sion, une ville millénaire qui devait être construite à peu près à l'endroit actuel de Kansas City (Missouri). Plus de cent villes de l'Ouest américain ont été construites selon ses plans urbanistiques.

Architecte : Il a conçu deux temples dont l’architecture était distincte de celle de tous les autres bâtiments que lui ou son peuple avaient connus. À l’époque, le temple de Nauvoo acquérait la réputation d’être le bâtiment le plus grandiose de l’Ouest des États-Unis. Il avait coûté six millions de dollars. Son peuple continua à travailler au temple alors même qu’il se faisait expulser, en plein hiver, de Nauvoo par des émeutiers déchaînés, qui prenaient plaisir à brûler et à tuer les mormons. On disait qu'ils travaillaient au temple une truelle dans une main et un fusil dans l’autre, ceci selon une prophétie de Joseph Smith, qui disait qu’ils seraient chassés de Nauvoo avant de pouvoir achever et utiliser complètement leur temple et que celui-ci serait bientôt détruit sans qu’il en reste pierre sur pierre. Les émeutiers incendièrent le temple avant que tous les mormons ne se soient échappés à travers le Mississippi gelé. Une dizaine d’années plus tard, les murs restants furent démolis par une tornade. Les pierres furent ensuite utilisées par les nouveaux habitants de Nauvoo pour la construction de leurs maisons.

On lit dans l’article de l’Associated Press cité plus haut : « Une petite histoire ne saurait expliquer un si grand homme » a dit Richard Bushman, professeur honoraire d'histoire à l'université de Columbia, dont l'analyse définitive de Joseph Smith paraîtra cet automne. « Quelque chose en lui transcende le temps et l'espace » et il ajoute que les historiens doivent maintenant examiner le prophète dans une optique plus large que « typiquement américaine » ou comme simple produit des réveils religieux de la Nouvelle-Angleterre.

Pour les spécialistes laïques de la religion, c'était une occasion de plonger dans les nuances spirituelles de l’Amérique du XIXe siècle avec son abondante philosophie restaurationniste, son idéalisme apocalyptique et son millénarisme.

Et la personnalité qui donne sa définition à cette renaissance religieuse est Joseph Smith, « l'Américain par excellence » et un homme « étrange et différent », dit Robert Remini, érudit jacksonien et professeur honoraire à l'université d’Illinois à Chicago, qui vient d’être nommé historien de la chambre des représentants des États-Unis. Remini, qui vient également de publier une biographie considérable de Joseph Smith, a dit qu'il est impossible d’examiner l'importance historique de l'homme sans tenir compte des racines qu’il a en Nouvelle-Angleterre, de sa place dans l'expansion vers l'ouest d'une nouvelle nation et de ses expériences religieuses collectives dans une société ardemment religieuse. « Je ne pense pas que l'examen de Joseph Smith soit complet », a-t-il dit.

Richard T. Hughes, professeur de religion à l'université Pepperdine en Californie et expert des mouvements restaurationnistes du début du XIXe siècle, confirme que les historiens ont longtemps été divisés par la religion, les historiens non mormons affirmant que ce sont des circonstances spécifiquement américaines qui ont créé Joseph Smith et les mormons qui croient qu’il a été choisi par Dieu pour rétablir l'Évangile de Jésus-Christ. La vérité, c’est « qu’il y a bien plus chez Joseph Smith » que dans ces deux approches simplistes, a dit Hughes, dont l'université est affiliée à Alexander Campbell, critique au verbe haut, contemporain de Joseph Smith, qui avait fondé son propre mouvement de restauration avec un grand nombre des mêmes bases restaurationnistes que la religion des saints des derniers jours.

Conseiller en alimentation : Ce que nous appelons la Parole de Sagesse, la section 89 des Doctrine et Alliances. Après 173 ans elle reste un code de santé modèle. Tandis que le monde moderne de la nutrition va et vient dans ses conseils de santé, ce code de santé continue à être valable et plus complètement confirmé avec chaque oscillation du pendule des nutritionnistes.

Pionnier : Joseph a conduit une troupe de 200 hommes de Kirtland (Ohio) à Independence (Missouri). Ce qu’on appelle le camp de Sion a été une marche de plus de 1500 kilomètres. Tandis que beaucoup prétendraient que ce fut un échec, puisque son but avoué était de délivrer Independence des mains des émeutiers du Missouri, il s'est avéré être une expérience d'apprentissage très importante pour Joseph et a séparé les brebis des boucs. Il y eut des problèmes d'approvisionnement, de maladie et de rébellion. Il y eut une formation importante, une foi accrue et des miracles. Et il y eut des vicissitudes, des querelles et des pertes de foi. Brigham Young dit qu’il apprit tout ce qu'il savait de la vie de pionnier grâce à Joseph Smith dans le camp de Sion. À son retour à Kirtland, Joseph organisa le Collège des Douze et le premier collège des soixante-dix. Tous les soixante-dix et neuf des Douze furent choisis parmi ceux qui avaient accompagné Joseph dans le camp de Sion. Mon arrière-arrière grand-père participa, à 17 ans, au camp de Sion. À son retour, il fut appelé à faire sa première mission dans les États du Sud. Il allait passer les onze années suivantes comme missionnaire, la plupart du temps dans le Sud.

Athlète : Joseph avait plus d’un mètre quatre-vingts et pesait quatre-vingt-dix kilos. Il était physiquement fort et était imbattable à la lutte ou à la traction du bâton. La traction du bâton était un concours très populaire de force sur la frontière américaine [On appelle frontière américaine la limite entre les terres colonisées par les blancs et la partie non exploitée habitée par les Indiens – N.d.T.]. Les adversaires étaient assis par terre, se faisant face, pied contre pied. Ils agrippaient tous les deux un bâton ayant environ cinq centimètres de diamètre. Le signal donné, chacun tirait sur le bâton en essayant de soulever l'autre du sol. Le perdant était souvent projeté au-dessus de la tête du gagnant.

Joseph avait besoin d’une grande force physique rien que pour survivre. Il avait par nature « un tempérament joyeux », et il avait besoin de cela également.

« Malgré son sérieux, le prophète, quand les circonstances le permettaient, était extrêmement familier, avait le rire facile, était sociable et animé ; c’était un boute-en-train, qui utilisait un langage haut en couleurs…

« Non seulement Joseph Smith avait ce tempérament, mais il avait du mal à supporter l’attitude opposée, en particulier quand elle était le fruit de fausses traditions. Un jour des pasteurs vinrent le trouver dans l’intention de le coincer dans l'analyse des Écritures et ils se vantaient qu’ils allaient le faire. Ils ne cessaient d’essayer de l’acculer, mais chaque fois, il avait non seulement la réponse, mais également des questions auxquelles ils ne pouvaient pas répondre. Finalement ils acquirent la conviction qu’il valait mieux partir. Pendant qu'ils se dirigeaient vers la porte, le prophète les précéda. Il sortit, traça une marque sur le sol et sauta. « Messieurs, dit-il, vous ne m’avez pas battu dans les Écritures. Voyons si vous pouvez me battre à cela. » Ils s’en allèrent, furieux…

« Un homme qui utilisait un langage affecté se rendit chez Joseph… et dit, avec une sorte de déférence dédaigneuse : ‘Se peut-il que mon système optique se pose sur un prophète ?’ ‘Oui, répondit le prophète, autant que je sache ; voulez-vous lutter avec moi ?’ L'homme fut choqué. » (Joseph Smith, le prophète, pp. 25-26).

Éducateur : Joseph, qui avait fait très peu d’études officielles (il avait le niveau de la troisième année primaire), devint un excellent orateur, apprit à lire l’hébreu et l'allemand, fonda une université, écrivit le programme d'études pour la formation des dirigeants de l'Église (les « Lectures on Faith ») et fut l'un des partisans les plus convaincus au monde de l'éducation.

Joseph Smith était un travailleur : C'est-à-dire qu’il ne recevait pas de salaire pour son travail dans l'Église, il gagnait sa vie comme fermier et négociant ; bien que pas un grand homme d'affaires : ne pouvant pas voir les autres souffrir de la pauvreté, il donnait littéralement tout son magasin.

Joseph Smith aimait la vie de famille : Oui, il y a eu la polygamie et son épouse, qu'il aimait tendrement, ne pouvait pas l'accepter. Joseph pleura quand on l’arracha à sa famille à Far West. Les lettres qu’il écrivit à Emma depuis la prison de Liberty révèlent ses émotions et son amour profonds pour sa famille et pour les saints. Emma le soutint dans les moments les plus éprouvants. Elle fut son associée et son alliée la plus ferme, et ce jusqu'à ce mois de juillet fatidique de 1843. Cette dernière année fut très difficile (la révélation sur la polygamie fut rendue publique en juillet 1843 et Joseph fut tué en juin 1844). Il était au courant de la révélation longtemps avant d’en parler. Il savait qu’elle briserait le cœur de son épouse. Mais il avait reçu le commandement et il obéit.

Joseph mit par écrit un événement qui eut lieu le 4 janvier 1844 :

« Je prenais mon repas dans la salle du nord et je faisais la réflexion à frère Phelps que j’avais une femme bien gentille et attentionnée, que quand je voulais un peu de pain et de lait, elle chargeait la table de tant de bonnes choses que cela détruisait mon appétit. À ce moment-là, Emma est entrée, tandis que Phelps, poursuivant la conversation, disait : ‘Vous devez faire comme Bonaparte : avoir une petite table, juste assez grande pour les aliments que vous voulez manger.’ Mme Smith répondit : ‘M. Smith est un plus grand homme que Bonaparte : il ne peut jamais manger sans ses amis.’ J'ai dit : ‘C'est la chose la plus sage que je t’aie jamais entendu dire.’ (History of the Church, Vol.6, pp.165-166).

Joseph Smith était un dirigeant charismatique : Il est difficile de mesurer tout ce qu’il avait accompli à l'âge de 39 ans. L’essentiel de son succès résidait dans sa capacité de communiquer sa vision et de rassembler des disciples loyaux autour de lui. Les paroles d'un agent de police envoyé l’arrêter illustrent son magnétisme. Il dit : « J’emmenai Joseph Smith chez moi pour le détenir jusqu’au lendemain matin, dans l’intention de rejoindre la prison le matin. Il n'était pas chez moi d’une demi-heure que ma femme, j’en suis certain, l’aimait plus que moi. » La force de sa personnalité est illustrée dans une cellule de prison au Missouri. Parley P. Pratt, l'un des Douze, dit à ce propos :

« Au cours d'une de ces nuits sans fin, nous étions restés couchés comme endormis jusqu'à ce que l'heure de minuit fût passée et que nos yeux et notre cœur eussent souffert d’avoir écouté, des heures durant, les plaisanteries obscènes, les jurons atroces, les blasphèmes horribles et le langage ordurier de nos gardes, le colonel Price en tête, qui se racontaient mutuellement les actes de rapine, de meurtre, de pillage, etc., qu'ils avaient commis parmi les mormons pendant qu'ils étaient à Far West et dans le voisinage. Ils se vantaient même d'avoir souillé de force des épouses, des filles et des vierges et d'avoir abattu ou fait sauter la cervelle à des hommes, à des femmes et à des enfants.

« J'avais écouté jusqu'à être à ce point dégoûté, choqué et horrifié, et si rempli de l'esprit de justice indignée que j'avais du mal à m'empêcher de me lever et de réprimander les gardes; mais je n'avais rien dit à Joseph ni à personne d'autre, bien que couché à côté de lui et sachant qu'il était éveillé. Soudain il se leva et parla d'une voix de tonnerre, comme un lion rugissant, disant, dans la mesure où je peux m'en souvenir, ce qui suit :

« ‘Silence, démons du gouffre infernal! Au nom de Jésus-Christ, je vous réprimande et je vous commande de vous taire. Je ne vivrai pas un instant de plus pour entendre pareil langage. Cessez ce genre de conversation ou bien vous ou moi mourrons à l 'instant.’

« Il cessa de parler! Il se tenait droit avec une majesté terrible. Enchaîné et sans armes, calme, serein et digne comme un ange, il regardait les gardes tremblants qui baissèrent leurs armes ou les laissèrent tomber par terre, dont les genoux fléchirent et qui, reculant dans un coin ou s’accroupissant à ses pieds, lui demandèrent pardon et restèrent silencieux jusqu'à la relève de la garde.

« J'ai vu des dispensateurs de la justice, revêtus de leurs toges de magistrats et des criminels traduits devant eux, dans des situations où la vie ne tenait qu’à un fil, dans les tribunaux anglais. J'ai vu un Congrès réuni en session solennelle pour donner des lois à des nations; j'ai essayé de concevoir des rois, des cours royales, des trônes et des couronnes et des empereurs assemblés pour décider du destin de royaumes; mais la dignité et la majesté, je ne les ai vues qu'une seule fois, enchaînées, à minuit, dans un cachot d'un village obscur du Missouri. » (Parley P. Pratt, Autobiography, 1985, pp. 179-180.)