Un document peu connu sur les témoins du Livre de Mormon
Par Daniel C. Peterson · 8 novembre 2016


William E. McLellin fut choisi en 1835 comme l’un des douze apôtres, mais fut excommunié en 1838 de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Cependant, il n’abandonna jamais sa foi au Livre de Mormon et l’un des piliers de celle-ci reposait sur les entretiens approfondis qu’il eut très tôt avec les témoins du livre. C’était un homme très intelligent (et, semble-t-il, assez irascible), et il était très soigneux et bien décidé à découvrir la vérité. Il a laissé un certain nombre de déclarations sur ses investigations. Celle-ci provient d’un manuscrit inédit qu’il a écrit entre janvier 1871 et janvier 1872. Je le trouve fascinant :

« En 1833, lorsque les exactions des émeutiers étaient à leur comble au comté de Jackson, dans le Missouri, O. Cowdery et moi nous nous sommes enfuis de chez nous le samedi vingtième jour de juillet par crainte de violences sur nos personnes. Les émeutiers se sont dispersés avec l’intention avouée de se rassembler de nouveau le mardi suivant. Ils offraient une récompense de quatre vingts dollars à toute personne qui livrerait Cowdery ou McLellan à Independence mardi. Le lundi, je me suis glissé dans la propriété des Whitmer, et là, dans les bois solitaires, j’ai rencontré David Whitmer et Oliver Cowdery. Je leur ai dit : ‘Frères, je n’ai jamais eu de vision ouverte de ma vie, mais vous, vous dites que c’est votre cas et que par conséquent vous savez de manière positive. Or, vous savez que notre vie est en danger à chaque heure, il suffit que les émeutiers nous mettent la main dessus. Dites-moi, dans la crainte de Dieu, ce Livre de Mormon est-il vrai ? Cowdery, avec une expression de solennité sur le visage, dit : « Frère William, Dieu a envoyé son saint ange pour nous déclarer que la traduction était vraie, et c’est pourquoi nous savons. Et même si les émeutiers nous tuent, nous mourrons toujours en disant qu’elle est vraie. » David a dit : « Oliver t’a dit la vérité solennelle, car nous n’avons pas pu être trompés. Je te déclare formellement que c’est vrai ! » Je leur ai dit : Les amis, je vous crois. Je ne vois aucune raison pour laquelle vous ne me diriez pas la vérité maintenant que notre vie est en danger. Huit hommes témoignent également avoir manipulé cette pile sacrée de plaques à partir de laquelle Joseph Smith a lu la traduction de ce Livre céleste.

« Il y a une situation que je vais raconter à propos de l’un de ces huit témoins. Pendant que les émeutiers faisaient rage en 1833 au comté de Jackson, au Missouri, quelques jeunes hommes traquèrent dans les bois Hiram Page, l’un des huit témoins, et commencèrent à le battre et à lui taper dessus avec des fouets et des bâtons. Il les supplia, mais il n’y avait pas de pitié. Ils dirent qu’il était un damné mormon et qu’ils avaient l’intention de le battre à mort ! Mais enfin l’un d’eux lui dit : si tu renies ce maudit livre, nous te laisserons aller. Il dit : comment est-ce que je peux nier ce que je sais être vrai ? Alors, ils se remirent à lui taper dessus. Lorsqu’ils pensèrent qu’il était sur le point de rendre l’âme, ils lui dirent : Alors que penses-tu de ton Dieu qui ne te sauve pas ? Je crois en Dieu, répondit-il. Eh bien, dit l’un des plus intelligents d'entre eux, je crois que ce damné idiot ne changera pas d’avis, même si nous le tuons. Laissons-le aller. Mais il était à moitié mort. Il fut cloué au lit pendant un certain temps. Voilà pour un homme qui sait par lui-même. La connaissance est au-delà de la foi ou du doute. C’est une certitude positive.

En compagnie d’un ami, j’ai rendu visite à l’un des huit témoins en 1869, le seul encore vivant, et il a rendu un témoignage très lucide et très rationnel et nous a donné beaucoup de détails intéressants. Il était jeune homme quand il a eu ces témoignages. Il a maintenant soixante-huit ans et est toujours ferme dans sa foi. Maintenant, je voudrais demander ce que je vais faire d’une telle nuée de fidèles témoins, rendant un témoignage aussi rationnel et cependant solennel tout à la fois ? Ces hommes, tandis qu’ils étaient dans la fleur de l’âge, ont eu la vision de l’ange et ont rendu leur témoignage à tout le monde. Huit hommes ont vu les plaques et les ont manipulées. Ces hommes savaient donc tous que ce qu’ils déclaraient était positivement vrai. Et ce, quand ils étaient jeunes, et maintenant qu’ils sont vieux, ils déclarent les mêmes choses.

Ces paragraphes proviennent de Mitchell K. Schaefer, dir. de publ., William E. McLellin’s Lost Manuscript, Salt Lake City, Eborn Books, 2012, p. 166-167.

Le témoin à qui McLellin rendit visite en 1869 devait être John Whitmer, décédé en 1878.