CHAPITRE 12 : LES DONS SPIRITUELS

ARTICLE 7. - Nous croyons au don des langues, de prophétie, de révélation, de vision, de guérison, d'interprétation des langues, etc...

Les dons spirituels, signes caractéristiques de l'Eglise. - Il a été affirmé que tous ceux qui veulent officier légitimement dans les ordonnances de l'évangile doivent être commissionnés à leurs devoirs exaltés par l'autorité des cieux. Une fois investis de la sorte, ces serviteurs du Seigneur ne manqueront pas de preuves de leur commission divine, car c'est un trait caractéristique des voies du Seigneur qu'il manifeste son pouvoir en accordant une variété de grâces ennoblissantes, appelées, à juste titre, dons de l'Esprit. Elles sont souvent manifestées d'une manière tellement différente de l'ordre ordinaire des choses qu'on les dit miraculeuses et surnaturelles. C'est de cette façon que le Seigneur se fit connaître dans les premiers temps de l'histoire scripturale; et, d'Adam à nos jours, les prophètes de Dieu ont été généralement doués d'un tel pouvoir. Chaque fois que le pouvoir de la Prêtrise a opéré par l'intermédiaire d'une Eglise organisée sur la terre, les membres ont été fortifiés dans leur foi et bénis de mille façons par la possession de ces dons. Nous pouvons considérer à coup sûr l'existence de ces pouvoirs spirituels comme l'une des caractéristiques essentielles de l'Eglise; là où ils ne sont pas, la Prêtrise de Dieu ne fonctionne pas.

Mormon [1] déclara solennellement que le jour des miracles ne cesserait pas dans l'Eglise aussi longtemps qu'il y aurait, sur terre, un homme à sauver. « Car, dit-il, c'est par la foi que se font les miracles, et c'est par la foi que les anges apparaissent aux hommes et les servent. C'est pourquoi, si ces choses ont cessé, malheur aux enfants des hommes, car c'est à cause de l'incrédulité, et tout est vain. » Et Moroni, s'attendant à tout instant à quitter la terre, rendit son témoignage indépendant que les dons et les grâces de l'Esprit ne disparaîtront jamais, tant que le monde existera, à moins que ce ne soit à cause de l'incrédulité des hommes. [2]

Ecoutez les paroles de ce prophète, [3] adressées à « vous qui niez les révélations de Dieu, qui dites qu'elles ont cessé, qu'il n'y a pas de révélations, ni de prophéties, ni de dons, ni de guérisons, ni de dons des langues, ni d'interprétation des langues. Voici, je vous dis, celui qui nie ces choses ne connaît pas l'évangile du Christ; oui, il n'a pas lu les Ecritures et s'il les a Lues, il ne les comprend pas. Car ne lisons-nous pas que Dieu est le même hier, aujourd'hui et à jamais et qu'il n'y a en lui ni variation ni ombre de changement ? Et maintenant, si vous vous êtes imaginé un dieu qui varie et en qui il y a une ombre de changement, alors vous vous êtes imaginé un dieu qui n'est pas le Dieu de miracles. Mais voici, je vous montrerai un Dieu de miracles, même le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob; et c'est ce même Dieu qui a créé les cieux et la terre, et tout ce qu'ils contiennent ».

Nature des dons spirituels. - Les dons dont il est parlé ici sont essentiellement des attributions de pouvoir et d'autorité, grâce auxquelles les buts de Dieu s'accomplissent, parfois dans des conditions qui peuvent paraître surnaturelles. C'est par ces dons que les malades sont guéris, que les influences malignes sont vaincues, et que les esprits des ténèbres sont soumis; que les saints, humbles et faibles, proclament leurs témoignages et expriment leurs louanges à Dieu en des langues nouvelles et étranges tandis que d'autres interprètent leurs paroles; que l'intellect humain est. fortifié par l'effluve divine des visions et des rêves spirituels et voit et comprend des choses ordinairement dérobées aux sens mortels; que la communication directe avec la source de toute sagesse est établie et que les révélations du divin sont obtenues.

Ces dons ont été promis par le Seigneur à ceux qui croient en son nom[4]; ils sont la récompense de ceux qui obéissent aux exigences de l'évangile. Parmi les croyants, ces dons sont destinés à encourager ainsi qu'à développer un plus haut degré de communion avec l'Esprit. [5] Ils ne sont pas donnés comme signes pour satisfaire la curiosité chamelle ou le désir morbide du spectaculaire. Des hommes ont été conduits à la lumière par des manifestations miraculeuses; mais les événements de la vie de ces hommes montrent soit qu'ils sont de ceux qui auraient trouvé la vérité d'une autre façon, soit qu'ils ne sont touchés que superficiellement et, aussitôt la nouveauté de cette sensation disparue, ils s'égarent de nouveau dans les ténèbres d'où ils n'ont émergé que pour un moment. Le but premier des miracles n'est pas de démontrer la puissance de Dieu; il n'a sûrement pas besoin de cela; les événements plus simples, les oeuvres plus ordinaires de la création suffisent à cela. Mais pour le cœur déjà adouci et purifié par le témoignage de la vérité, pour l'âme éclairée par le pouvoir de l'Esprit et consciente de ce qu'elle sert docilement au milieu des exigences de l'évangile, la voix des miracles apporte des nouvelles réjouissantes, des preuves plus fraîches et plus abondantes de la magnanimité d'un Dieu parfaitement miséricordieux[6].

Cependant le témoignage des miracles devrait solliciter même l'incroyant, quand ce ne serait que pour le déterminer à chercher par quel pouvoir ils sont accomplis; et dans de tels cas, les miracles sont comme « une voix forte qui s'adresse à ceux qui sont durs d'oreille ». Le but des dons spirituels dans l'Eglise est explicitement exposé dans une révélation du Seigneur à Joseph Smith: « C'est pourquoi prenez garde qu'on ne vous trompe; et, afin de n'être point trompés, cherchez ardemment les meilleurs dons, vous souvenant toujours du but dans lequel ils sont donnés, car en vérité, je vous le dis, ils sont donnés pour le bénéfice de ceux qui m'aiment et qui gardent tous mes commandements, et de celui qui s'efforce de faire ainsi; afin que puissent en bénéficier tous ceux qui cherchent ou qui me demandent, mais non ceux qui me demandent un signe pour le consommer sur leur convoitise » [7] '

Les miracles sont considérés communément comme des événements opposés aux lois de la nature. Pareille conception est, de toute évidence, erronée, car les lois de la nature sont inviolables. Cependant, étant donné que la compréhension humaine de ces lois est, pour le moins, imparfaite, des événements strictement conformes aux lois naturelles peuvent apparaître opposés à ces lois. La constitution entière de la nature[8] est fondée sur le système et l'ordre; cependant, les lois de la nature sont graduées comme le sont les lois de l'homme. L'opération d'une loi supérieure, dans un cas particulier quelconque, ne détruit pas la réalité de l'existence d'une loi inférieure. Par exemple, la société a décrété une loi qui interdit à tout homme de s'approprier les biens d'un autre; cependant, bien souvent, des officiers de la loi saisissent de force les biens de leurs semblables contre lesquels des jugements peuvent avoir été rendus; et ces actes sont posés pour satisfaire et non pour violer la justice. Jéhovah a commandé: « Tu ne tueras point ! » et l'humanité a de nouveau décrété cette loi, prescrivant des châtiments pour sa violation. Cependant l'histoire sainte atteste que, dans certains cas, le Législateur lui-même a commandé directement que justice fût faite par la peine de mort. Le juge qui condamne un meurtrier à la peine capitale, et le bourreau qui exécute la sentence agissent non à l'opposé du « Tu ne tueras point », mais en réalité pour soutenir ce décret.

Nous connaissons, jusqu'à un certain point, quelques-uns des principes par lesquels les forces de la nature opèrent, et lorsque nous les méditons nous ne sommes plus surpris, bien qu'une étude plus profonde puisse montrer que même les phénomènes les plus communs ne sont que très peu compris. Mais tout événement au-delà de l'ordinaire est considéré par les gens peu réfléchis comme miraculeux, surnaturel, si pas contre nature. [9] Lorsque le prophète Elisée fit flotter la hache sur le fleuve, [10] il appela à son service une force supérieure à celle de la gravité. Sans aucun doute, le fer était plus lourd que l'eau; cependant, par l'action de cette force supérieure, il fut supporté, suspendu ou soutenu à la surface, comme s'il était tenu par une main humaine ou comme s'il était rendu suffisamment léger par des flotteurs qui y auraient été attachés.

Ordinairement, le vin consiste en quatre cinquièmes d'eau, le reste étant une variété de composés chimiques dont les éléments se trouvent en abondance dans le sol. La méthode ordinaire - que nous appelons aussi la méthode naturelle - de combiner ces éléments c'est de planter le raisin, puis de cultiver la vigne jusqu'à ce que son fruit soit prêt à donner son jus dans la presse. Mais par un pouvoir qui n'est pas à la portée des humains, Jésus-Christ, aux noces de Cana, [11] réunit tous ces éléments, et effectua, dans les jarres, une transmutation chimique qui produisit du vin. De même aussi, lorsqu'il nourrit les multitudes, sous son toucher sacerdotal et sa bénédiction revêtue d'autorité, la substance du pain et du poisson s'accrut et parvint à une quantité telle qu'il aurait fallu des mois de croissance dans ce que nous considérons l'ordre naturel. Lors de la guérison des lépreux, des paralytiques et des infirmes, les parties affectées du corps furent ramenées à leur état normal et sain; les impuretés qui agissaient comme des poisons dans les tissus furent enlevées par des moyens plus rapides et plus efficaces que ceux qui relèvent de la médecine.

Aucun observateur intéressé, aucun esprit raisonnable ne peut douter de l'existence d'intelligences et d'organismes que les sens de l'homme, sans aide, ne révèlent pas. Ce monde est l'incarnation temporelle des choses spirituelles. Le Créateur nous a dit qu'il avait formé toutes choses spirituellement avant qu'elles fussent créées temporellement. [12] Les fleurs qui s'épanouissent et meurent sur cette terre sont peut-être représentées, dans l'au-delà, par des floraisons impérissables de beauté et de parfum. L'homme est formé à l'image de la Divinité; son esprit, bien qu'enténébré par les traditions et affaibli par les habitudes pernicieuses, est, malgré tout, le type déchu d'une pensée immortelle; et bien que l'espace qui sépare l'humain du divin, en pensée, en désir et en action, soit aussi vaste que celui qui sépare la mer du ciel - car autant les étoiles sont au-dessus de la terre, autant les voies de Dieu sont au-dessus de celles des hommes - nous pouvons cependant affirmer une analogie entre le spirituel et le temporel. Lorsque les yeux du serviteur d'Elisée furent ouverts, l'homme vit les armées de guerriers célestes couvrant les collines autour de Dothan - fantassins, cavaliers et chars, armés pour combattre les Syriens. [13] Ne nous est-il pas permis de croire que lorsque Israël assiégea Jéricho, [14] le capitaine de l'armée du Seigneur et toute sa suite céleste étaient là et que c'est devant leur puissance super-mortelle, soutenue par la foi et l'obéissance de l'armée humaine, que les murs s'écroulèrent ? [15]

Quelques-unes des dernières et des plus grandes réalisations de l'homme dans le domaine de l'utilisation des forces de la nature approchent des conditions des opérations spirituelles. Compter le tic-tac d'une montre à des milliers de kilomètres de distance; parler de façon ordinaire et être entendu de part et d'autre d'un continent entier; envoyer un signal d'un hémisphère et être compris sur l'autre bien que des océans grondent et rugissent entre eux; amener l'éclair dans nos maisons pour nous servir de feu et de torche; naviguer dans les airs et voyager sous la surface de l'océan; réduire les énergies chimiques et atomiques au service de notre volonté - ne sont-ce pas là des miracles ? Avant leur réalisation véritable, l'idée que pareilles choses puissent être possibles n'aurait pas été acceptée. Néanmoins, ces miracles-là et d'autres s'accomplissent conformément aux lois de la nature, qui sont les lois de Dieu.

L'homme ne peut énumérer complètement les dons de l'Esprit. -Cependant les plus communes de ces manifestations spirituelles ont été spécifiées par des auteurs inspirés, et par la révélation. Paul, écrivant aux saints de Corinthe, [16] Moroni, rédigeant son dernier appel aux Lamanites, [17] et la voix du Seigneur s'adressant au peuple de son Eglise dans cette dispensation, [18] chacun cite un grand nombre des dons particuliers de l'Esprit. Grâce à ces Ecritures, nous apprenons que chaque homme a reçu un don ou l'autre de Dieu; et, étant donné la grande diversité des dons, tous ne reçoivent pas le même. « Il est donné à certains, par le Saint-Esprit, de connaître les différences d'administration... Et de plus, il est donné à certains, par le Saint-Esprit, de connaître les diversités d'opérations pour savoir si elles sont de Dieu, afin que les manifestations de l'Esprit soient données à chaque homme pour son bénéfice. Et de plus, en vérité, je vous le dis, à certains est donnée, par l'Esprit de Dieu, la parole de sagesse. A un autre est donnée la parole de connaissance, afin que l'on enseigne à tous à avoir de la sagesse et de la connaissance. Et de plus, à certains il est donné d'avoir la foi, pour être guéris; et à d'autres il est donné d'avoir la foi pour guérir. Et de plus, à certains il est donné d'opérer des miracles; et à d'autres il est donné de prophétiser; et à d'autres de discerner les esprits. Et de plus, il est donné à certains de parler en langues; et à un autre est donnée l'interprétation des langues. Et tous ces dons viennent de Dieu, pour le bénéfice des enfants de Dieu. » [19]

Le don des langues et d'interprétation. - Le don des langues constitua l'une des premières manifestations miraculeuses du Saint-Esprit aux apôtres d'autrefois. Il fut inclus par le Seigneur parmi les signes spéciaux qui devaient suivre le croyant: « En mon nom », dit-il, « ils parleront de nouvelles langues ». [20] La prompte réalisation de cette promesse dans le cas des apôtres eux-mêmes, eut lieu à la Pentecôte suivante, lorsqu'ils furent remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en langues étrangères. [21] Lorsque les portes de l'évangile furent ouvertes pour la première fois aux Gentils, les convertis se réjouirent dans le Saint-Esprit qui était descendu sur eux et qui les faisait parler en langues." Ce don, en même temps que d'autres, se manifesta parmi certains disciples à Ephèse, [22] lorsqu'ils reçurent le Saint-Esprit. Dans la dispensation actuelle, ce don, qui a été de nouveau promis aux saints, s'est manifesté assez souvent. Son objet principal est de louer plutôt que d'instruire et de prêcher; et ceci est conforme aux enseignements de Paul: « En effet, celui qui parle en langue, ne parle pas aux hommes, mais à Dieu ». [23] Une manifestation extraordinaire de ce don eut lieu lors de la conversion, déjà citée, des Juifs, le jour de la Pentecôte, lorsque les apôtres, s'adressant à la multitude, furent compris de toute cette assemblée cosmopolite, chaque auditeur entendant dans sa propre langue. [24] Ce don spécial était associé ici à une investiture supérieure de pouvoirs; c'était une occasion d'instruire, d'exhorter et de prophétiser. Le don d'interprétation -peut être donné à la personne qui parle en langues, mais plus souvent, les dons séparés se manifestent en des personnes différentes.

Le Don de Guérison fut exercé abondamment à l'époque du Sauveur et des apôtres. En effet, les guérisons constituent, de loin, la plus grande partie des miracles effectués à cette époque et qui nous ont été rapportés. Sous l'administration de la véritable autorité, les yeux des aveugles furent ouverts, les muets parlèrent, les sourds entendirent, les estropiés sautèrent de joie; des mortels affligés, courbés sous les infirmités se redressèrent et jouirent de la vigueur de la jeunesse; les paralytiques furent guéris; les lépreux furent purifiés; l'impotence fut bannie et les fièvres furent calmées. A notre époque, dispensation de la plénitude des temps, l'Eglise est en possession de ce pouvoir, qui se manifeste fréquemment parmi les Saints des Derniers Jours. Des milliers de bénéficiaires peuvent témoigner de l'accomplissement de la promesse du Seigneur, que si ses serviteurs imposent les mains aux malades, ceux-ci guériront. [25]

La méthode habituelle d’administrer les affligés est l'imposition des mains par ceux qui possèdent l’autorité nécessaire de la Prêtrise, conformément aux instructions du Seigneur autrefois [26] et à la révélation divine de nos jours. [27] Cette partie de l'ordonnance est ordinairement précédée d'une onction d'huile consacrée au préalable. Les Saints des Derniers Jours professent se conformer au conseil donné autrefois par Jacques: [28] « Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle les anciens de l'Eglise, et que les anciens prient pour lui, en l'oignant d'huile au nom du Seigneur; la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera: et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné ».

Bien que l'autorité d'administrer les malades appartienne aux anciens de l'Eglise en général, certains possèdent ce pouvoir à un degré extraordinaire, l'ayant reçu comme don spécial de l'Esprit. Un autre don, allié à celui-ci, c'est le don d'avoir la foi pour être guéri, [29] qui se manifeste à différents degrés. Les administrations des anciens ne sont pas toujours suivies de guérisons immédiates. Il peut être permis que les affligés souffrent dans leur corps pour l'accomplissement de buts justes, [30] et, à l'heure fixée, tous doivent passer par la mort corporelle. Mais observons les conseils de Dieu sur l'administration des affligés; alors, s'ils guérissent, ils vivent dans le Seigneur; et la promesse rassurante est ajoutée que ceux qui mourront dans de telles conditions mourront dans le Seigneur. [31]

Les visions et les songes ont constitué un moyen de communication entre Dieu et les hommes dans toutes les dispensations de la Prêtrise. En général, les visions sont manifestées aux sens éveillés tandis que les songes sont donnés au cours du sommeil. Cependant dans la vision, les sens peuvent être affectés au point de rendre la personne pratiquement inconsciente, ou du moins insensible à tout phénomène ordinaire, alors qu'elle est à même de distinguer la manifestation céleste. Au cours des dispensations précédentes, le Seigneur communiquait fréquemment à l'aide de visions et de songes, révélant souvent aux prophètes les événements de l'avenir, même jusqu'aux dernières générations. Considérez le cas d'Enoch, [32] à qui le Seigneur parla face à face, lui montrant le cours suivi par la famille humaine jusqu'à la seconde venue du Sauveur et au-delà. Le frère de Jared, [33] à cause de sa droiture, fut béni de Dieu à tel point que tous les habitants de la terre lui furent montrés, tous ceux qui avaient vécu auparavant aussi bien que ceux qui devaient venir après. La volonté du Seigneur fut révélée à Moïse, avec la manifestation visuelle du feu. [34] C'est au moyen de songes que Léhi reçut l'ordre de quitter Jérusalem; [35] et, par la suite, à maintes reprises, le Seigneur communiqua avec ce patriarche du monde occidental par des songes et des visions. Les prophètes de l'Ancien Testament eurent ces mêmes faveurs, tels Jacob, le père de tout Israël, [36] Job, la patiente victime, [37] Jérémie, [38] Ezéchiel, [39] Daniel, [40] Habakuk, [41] Zacharie. [42]

La dispensation du Christ et des apôtres fut marquée par des manifestations semblables. La naissance de Jean-Baptiste fut prédite à son père, alors que celui-ci remplissait ses fonctions sacerdotales. [43] Joseph, fiancé à la Vierge, reçut, par la visite d'un ange[44], la nouvelle de la naissance toute proche du Christ; et, à plusieurs reprises, par la suite, il reçut des avertissements et des instructions en rêve concernant le bien-être du Saint Enfant. [45] Les mages d'Orient, retournant de leur pèlerinage d'adoration, furent avertis en rêve des desseins perfides d'Hérode. [46] Saul de Tarse contempla, en vision, le messager que Dieu était sur le point de lui envoyer pour lui administrer les ordonnances de la Prêtrise, [47] et d'autres visions suivirent[48] Pierre fut préparé au ministère parmi les Gentils grâce à une vision;[49] et Jean fut tellement favorisé de Dieu à cet égard que le récit en remplit le livre de l'Apocalypse.

La plupart des visions et des songes rapportés dans les Ecritures ont été reçus par l'intermédiaire du ministère de la Prêtrise; mais il existe des cas exceptionnels où de telles manifestations ont été données à des gens qui, à l'époque, ne s'étaient pas encore jointes au troupeau. Tel fut, par exemple, le cas de Saul et de Corneille. Mais dans ces cas-là, les manifestations divines précédèrent immédiatement la conversion. Des songes comportant des significations spéciales furent donnés à Pharaon, [50] à Nebucadnetsar [51] et à d'autres; mais il fallut l'aide d'un pouvoir supérieur au leur pour les interpréter, et Joseph et Daniel furent appelés à officier. Le songe accordé au soldat madianite, et son interprétation, par son compagnon, [52] annonçant la victoire de Gédéon étaient de véritables manifestations, de même que le rêve de la femme de Pilate [53] par lequel elle apprit l'innocence du Christ accusé.

Le Don de Prophétie permet de distinguer son possesseur comme prophète, - littéralement « celui qui parle pour un autre », et en particulier, « celui qui parle pour Dieu ». [54] Paul déclare que c'est l'un des dons spirituels les plus désirables et il discute longuement de la supériorité de ce don au don des langues. [55] Prophétiser consiste à recevoir et à proclamer la parole de Dieu, et à déclarer sa volonté au peuple. La fonction de prédiction, souvent considérée comme seul élément essentiel de la prophétie, n'est qu'une des nombreuses caractéristiques de ce pouvoir divinement donné- Le prophète peut être tout aussi préoccupé du passé que du présent ou de l’avenir; il peut se servir de son don pour enseigner en mettant à profit l'expérience des événements passés aussi bien qu'en annonçant des événements à venir. Les prophètes de Dieu reçoivent ses confidences et ont le privilège d'apprendre sa volonté et ses desseins. Il a été affirmé que le Seigneur ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs les prophètes. [56] Ces oracles servent de médiateurs entre Dieu et les mortels, plaidant en faveur du peuple ou contre lui. [57]

Aucune ordination spéciale à la Prêtrise n'est essentielle pour qu'un homme reçoive le don de prophétie. Des détenteurs de la Prêtrise de Melchisédek, Adam, Noé, Moïse et une multitude d'autres étaient prophètes, mais pas plus que d'autres qui étaient expressément appelés à l'ordre d'Aaron; le cas de Jean-Baptiste en est un exemple. [58] Les ministères de Marie [59] et de Déborah [60] montrent que ce don peut être également possédé par les femmes. A l'époque de Samuel, les prophètes étaient organisés en un ordre spécial, dans le but d'étudier et de s'améliorer. [61]

Dans la dispensation actuelle, ce don se manifeste avec une abondance égale à celle de toutes les époques antérieures. La volonté du Seigneur concernant les tâches actuelles est révélée par la bouche des prophètes, et des événements de grande importance ont été prédits. [62] Le fait de l'existence actuelle et de la vitalité de l'Eglise est un témoignage indéniable de l'existence réelle de la prophétie dans les derniers jours. L'Eglise constitue de nos jours un corps de témoins, de centaines de milliers de témoins, qui rendent témoignage de l'existence de ce don, l'un des plus grands de Dieu.

La Révélation est la communication ou divulgation directe de la volonté de Dieu à l'homme. Dans les circonstances qui conviennent le mieux aux buts divins, par les songes du sommeil ou par des visions de l'esprit à l'état de veille, par des voix sans apparition à la vue ou par des manifestations réelles de la Présence Divine devant les yeux, Dieu fait connaître ses desseins, et donne ses instructions à ses révélateurs. Sous l'influence de l'inspiration, ou de sa manifestation plus puissante, la révélation, l'esprit de l'homme est éclairé et son énergie est vivifiée, lui permettant d'accomplir des merveilles dans l’œuvre du progrès humain. Touché par une étincelle de l'autel divin, le révélateur abrite le feu sacré en son âme et le communique aux autres selon les instructions qu'il reçoit; il est la voie par laquelle la volonté de Dieu est transmise. Les paroles de celui qui parle par la révélation, à son plus haut degré, ne sont pas les siennes; ce sont les paroles de Dieu lui-même. Le porte-parole mortel n'est que le messager de confiance chargé de ces messages célestes. Avec le péremptoire « Ainsi dit le Seigneur », le révélateur remet le message confié à ses soins.

Lorsque le Seigneur donne des révélations à ses serviteurs, il observe les principes d'ordre et de capacité. Bien que chaque personne ait le privilège de vivre de façon à mériter ce don dans les affaires de son appel spécial, seuls ceux qui sont choisis et ordonnés aux office de présidence peuvent être révélateurs pour le peuple tout entier. Concernant le Président de l'Eglise, qui, à l'époque de la révélation mentionnée ci-dessous, était le prophète Joseph Smith, le Seigneur a dit aux anciens de l'Eglise: « Et vous saurez ceci en toute certitude, qu'aucun autre n'est désigné parmi vous pour recevoir mes commandements et mes révélations, jusqu'à ce que je le reprenne, s'il me reste fidèle... Et ceci sera une loi pour vous, pour que vous n'acceptiez pas, comme révélations ou commandements, les enseignements de quiconque viendra devant vous; et ceci, je vous le donne afin que vous ne soyez pas trompés, afin que vous sachiez reconnaître qu'ils ne sont pas de moi ». [63]

Le témoignage des miracles. - La promesse du Sauveur à une époque antérieure [64] comme dans la dispensation actuelle [65] est bien claire: des dons de l'Esprit spécifiés doivent suivre le croyant en signe d'approbation divine. La possession de tels dons peut ainsi être considérée comme un trait essentiel de l'Eglise de Jésus-Christ. [66] Néanmoins, nous ne sommes pas justifiés si nous considérons la présence de miracles comme preuve d'autorité divine; d'autre part les Ecritures affirment que des pouvoirs spirituels d'un genre plus vil ont accompli des miracles, et continueront à en faire, pour en séduire beaucoup qui manquent de discernement. Si l'on accepte les miracles comme preuve infaillible de la présence du pouvoir de Dieu, les magiciens d'Egypte ont, du fait des prodiges qu'ils ont accomplis en vue de s'opposer au plan voulu pour la délivrance d'Israël, autant de droit à notre respect que Moïse. [67] Jean le Révélateur vit en vision une puissance maligne accomplir des miracles, et séduire par là beaucoup de gens, faire de grands prodiges, et même attirer le feu du ciel. [68] Il vit aussi des esprits impurs, qu'il savait être « des esprits des démons, qui font des prodiges » [69]

A ce propos, considérez cette prédiction faite par le Seigneur: « Car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus » [70] Le Christ, parlant des événements relatifs au grand jugement, a déclaré que les miracles ont peu de valeur pour prouver qu'un ministère a été autorisé par Dieu: «Plusieurs me diront, en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité ». [71] Les Juifs, à qui ces enseignements s'adressaient, savaient fort bien que des prodiges pouvaient être accomplis par les puissances du mal, car ils accusèrent le Christ de faire des miracles par l'autorité de Béelzébul, le prince des démons. [72]

Si l'accomplissement de miracles était exclusivement une caractéristique de la Sainte Prêtrise, nous nous attendrions à ce que l’œuvre de chaque prophète et ministre autorisé du Seigneur soit accompagnée du témoignage de manifestations merveilleuses, alors que, dans le cas de Zacharie, de Malachie et d'autres prophètes, nous ne trouvons pas mention de miracles; alors que de Jean-Baptiste dont le Christ a déclaré qu'il était plus qu'un prophète[73] il est dit clairement qu'il ne fit point de miracles; [74] néanmoins, en rejetant la doctrine de Jean, les incroyants méprisaient les conseils de Dieu aux dépens de leur propre âme. [75] Pour être valides en tant que témoignages de la vérité, les miracles doivent être accomplis au nom de Jésus-Christ et en son honneur, pour l'avancement du plan de salut. Comme il a été dit, ils ne sont pas donnés pour satisfaire les curieux ni les luxurieux, ni pour assurer la notoriété de celui par l'intermédiaire duquel ils sont accomplis. Ces dons du véritable Esprit sont manifestés pour confirmer le message des cieux, pour confirmer les paroles prononcées par l'autorité et pour bénir les individus.

Imitations des dons spirituels. - Les cas, déjà cités, de réalisations miraculeuses par des pouvoirs autres que celui de Dieu, et les prédictions scripturales au sujet de ces manifestations trompeuses dans les derniers jours, devraient être un avertissement efficace contre les fausses imitations des dons du Saint-Esprit. Satan s'est prouvé un stratège accompli et un imitateur habile; les plus déplorables de ses victoires sont dues à ses simulations du bien, par lesquelles les gens sans discernement ont été emmenés captifs. Que personne ne se laisse leurrer par la pensée que tout acte, dont les résultats immédiats paraissent être bénins, produira nécessairement un bien permanent. Il peut servir les sombres desseins de Satan d'exploiter le sens humain de la bonté, même jusqu'au point de guérir le corps et, selon toute apparence, d'écarter la mort.

La restauration de la Prêtrise sur terre à cet âge du monde, fut suivie d'une croissance phénoménale de divagations de spiritualisme par lesquelles beaucoup se laissèrent entraîner à placer leur confiance en ces imitations sataniques du pouvoir éternel de Dieu. Le développement du don de guérison dans l'Eglise est imité de nos jours, exactement de la même façon dont les magiciens d'Egypte simulèrent les miracles de Moïse, par toute une variété de guérisons par la foi et leurs nombreuses modifications. Pour ceux à qui les signes miraculeux suffisent entièrement, l'imitation aura autant de prix que la chose réelle. Mais pour l'âme qui considère le miracle sous son jour véritable, comme un seul des nombreux éléments du système du Christ, que l'on ne peut considérer comme critère positif que s'il est accompagné de toutes les autres caractéristiques de l'Eglise, cette âme ne sera pas trompée.

Les dons spirituels dans l'Eglise aujourd'hui. - Les Saints des Derniers Jours affirment posséder, dans l'Eglise, tous les signes et dons promis en héritage au croyant. Ils citent les témoignages incontestés de milliers de personnes qui ont été bénies par des manifestations directes et personnelles du pouvoir divin; les personnes autrefois aveugles, sourdes, muettes, estropiées, et faibles de corps, qui ont été guéries de leurs infirmités par leur foi et par les administrations de la Sainte Prêtrise; une multitude de gens qui ont rendu leur témoignage en langues qui leur étaient naturellement étrangères, ou qui ont montré qu'ils possédaient ce don en faisant preuve d'une connaissance phénoménale des langues étrangères lorsqu~une telle connaissance était nécessaire pour remplir leurs devoirs de prédicateurs de la parole de Dieu; le grand nombre de personnes qui ont joui d'une communion personnelle avec des êtres célestes; d'autres qui ont prophétisé en des termes qui ont trouvé une justification rapide dans leur accomplissement; et l'Eglise elle-même, dont la croissance a été guidée par la voix de Dieu, qui s'est faite entendre par le don de révélation. [76]
 

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[1] Moroni 7: 35-37.
[2] Moroni 10, 19, 23-27.
[3] Mormon 9: 7-11.
[4] Marc 16: 17, 18; D&A 84: 64-73.
[5] Matt. 12: 38, 39; 16: 1-4; Marc 8: 11, 12; Luc 11: 16-30.
[6] Voir note 6, à la fin du chapitre; aussi Jesus the Christ, p. 147.
[7] D&A 46: 8, 9.
[9] Voir note 1, à la fin du chapitre.
[10] 2 Rois 6: 5-7.
[11] Jean 2: 1-11 voir « Miracles », dans Jesus the Christ, pp. 147, 151.
[12] Voir note 3, à la fin du chapitre 10.
[13] 2 Rois 6: 13-18.
[14] Josué, chap. 6.
[15] Josué 5: 13, 14.
[16] 1 Cor. 12: 4-11.
[17] Moroni 10: 7-19.
[18] D&A 46: 8-29.
[18] D&A 46: 11-26; voir aussi 1 Cor. 12: 4-11.
[19] Marc 16: 17.
[20] Actes 2 4.
[21] Actes 10: 46.
[22] Actes 19: 6.
[23] 1 Cor. 14: 2.
[24] Actes 2: 6-12.
[25] Marc 16: 18, aussi D&A 84: 6&
[26] Idem voir aussi Jaq. 5: 14, 15.
[27] D&A 42: 43-44.
[28] Jaq. 4: 14, 15.
[29] D&A 46: 19; 42: 48-51; aussi Actes 14: 9; Matt. 8: 10; 9: 28, 29.
[30] Voir exemples de Job.
[31] D&A 42: 44-46.
[32] P. de G. P., Moïse 6: 27-39.
[33] Ether, chap. 3.
[34] Ex. 3: 2.
[35] 1 Néphi 2: 2-4.
[36] Gen. 46: 2.
[37] Job 4: 12-2 1.
[38] Jér. 1 :11-16.
[39] Ez. 1:1; 2:9, 10; 3:22, 23; 37:1-10, etc...
[40] Dan. chaps. 7 et 8.
[41] Hab. 2: 2, 3.
[42] Zach. 1:8-11, 18-21; 2:1, 2; chaps. 4, 5; 6: 1-8
[43] Luc 1: 5-22.
[44] Matt. 1, 20.
[45] Matt. 2:.13, 19, 22.
[46] Matt. 2: 12.
[47] Actes 9: 12.
[48] Actes 16 9; 18: 9; 10; 22: 17-21.
[49] Actes 10 : 10-16; 11:5-10.
[50] Gen., chap. 41 voir autres exemples dans Gen., chap. 40.
[51] Dan., chap. 21.
[52] Juges 7:13, 14.
[53] Matt. 27: 19.
[54] Voir note 2, à la fin du chapitre.
[55] 1 Cor. 14: 1-9.
[56] Amos 3:7.
[57] 1 Rois 18:36, 37 Rom. 11:2, 3 Jaq. 5:16-18; Apo.11: 6.
[58] Matt. 11: 8-10.
[59] Ex. 15 :20.
[60] Juges 4:4.
[61] Voir note 3, à la fin du chapitre.
[62] D&A 1:4; sec. 87.
[63] D&A 43: 3, 5, 6.
[64] Marc 16: 17, 18.
[65] D&A 84: 65-73.
[66] Voir notes 4 et 5, à la fin du chapitre.
[67] Ex., chaps. 7-11.
[68] Apo 13:11-18.
[69] Apo. 16:13, 14.
[70] Matt. 24: 24.
[71] Matt. 7: 22, 23.
[72] Matt. 12: 22-30; Marc 3: 22; Luc 11: 15; voir Jesus the Christ, p. 265.
[73] Matt. 11:
[74] Jean 10: 41.
[75] Luc 7:30.
[76] Voir note 7, à la fin du chapitre.

NOTES DU CHAPITRE 12

1. Un semblant de miracle. - Il est dit que Werner Siemens, un savant allemand renommé, visita la pyramide de Giseh et, accompagné de deux guides arabes, monta jusqu'au sommet. Il observa que les conditions atmosphériques étaient très favorables aux manifestations électriques. Fixant un grand bouton de cuivre à une gourde vide dans les mains d'un des Arabes, et plaçant ensuite ses jointures à une courte distance du bouton, il en tira un succession de brillantes étincelles accompagnées naturellement du bruit de craquement caractéristique aux décharges électriques. Les guides regardèrent cette exhibition de pouvoir surnaturel avec un étonnement et une terreur qui atteignirent leur paroxysme quand leur maître éleva son bâton au-dessus de sa tête et que le bâton fut surmonté d'un magnifique feu Saint-Elme. Ce spectacle était plus que n'en pouvaient supporter les superstitieux Bédouins; ils tremblaient devant un enchanteur qui pouvait jouer avec l'éclair et le feu comme avec un jouet, et qui portait le tonnerre en miniature dans la poche de son gilet; aussi dégringolèrent-ils les marches avec une dangereuse précipitation et disparurent bientôt dans le désert.

2. Le terme « Prophète » apparaît dans la Bible française comme traduction d'un certain nombre d'anciens termes, le plus usité étant nabhi (hébreu) signifiant « déverser comme une fontaine ». Un autre des mots originaux est rheo (grec), signifiant « couler » et par dérivation « parler », « prononcer », « déclarer ». Un prophète est donc un homme de la bouche duquel coulent les paroles d'une autorité supérieure. Aaron est pris comme prophète ou porte-parole de Moïse (Ex. 7: 1), mais dans le sens habituel, le prophète est le représentant de Dieu. Etroitement lié à l'appel de prophète, il y a celui du voyant; en effet, déjà avant Samuël, la désignation commune de l'oracle de Dieu était voyant: « Car celui qu'on appelle aujourd'hui un prophète, s'appelait autrefois le voyant. » (1 Sam. 9: 9.) Il était permis au voyant de regarder les visions de Dieu, au prophète de déclarer les vérités ainsi apprises; les deux appels étaient habituellement réunis dans la même personne. Le Seigneur communiquait ordinairement avec le prophète et voyant en visions et en songes; mais des exceptions furent faites, comme dans le cas de Moïse, qui était si fidèle dans toutes les bonnes choses, que le Seigneur communia avec lui face à face. (Nom. 12: 6-8.)

3. Les prophètes organisés. - L'office du prophète exista parmi les hommes aux premières périodes de l'histoire. Adam fut un prophète (D&A 107: 53-56) comme le furent également Enoch (Jude 14; P. de G. P., Moïse 6: 26), Noé (Gen. chap. 6: 7; P. de G. P., Moïse 8: 19; 2 Pi. 2: 5), Abraham (Gen. 20: 7), Moïse (Dent. 34: 10) et une multitude d'autres qui officièrent à des époques intermédiaires et postérieures. Samuël, qui fut établi aux yeux de tout Israël comme prophète de Dieu (1 Sam. 3: 19-20), organisa les prophètes en une société pour l'instruction et l'édification communes. Il établit des écoles pour les prophètes, où les hommes étaient instruits dans les choses appartenant aux saints offices; les étudiants étaient généralement appelés « fils des prophètes » (1 Rois 20: 35; 2 Rois 2: 3, 5, 7; 4: 1, 38; 9: 1). Des écoles semblables furent établies à Rama (1 Sam. 19:19-20), Bethel (2 Rois 2: 3), Jéricho (2 Rois 2: 5), Guilgal (2 Rois 4: 38). Les membres semblent avoir vécu ensemble, en société (2 Rois 6: 1-4). Dans la dispensation actuelle, une organisation semblable a été créée sous la direction du prophète Joseph Smith; celle-ci reçut également le nom d' Ecole des Prophètes.

4. Le déclin des dons spirituels aux anciens jours est admis par beaucoup d'autorités en histoire ecclésiastique et en doctrine chrétienne. Comme exemple de témoignage de ce genre, concernant le départ des grâces spirituelles de l'église apostate, les paroles suivantes de John Wesley peuvent être appliquées: « Il ne semble pas que ces dons extraordinaires du Saint-Esprit aient été communs dans l'Eglise pendant plus de deux ou trois siècles. Nous en entendons rarement parler quand, après la période fatale où Constantin se donna le nom de chrétien, et, s'imaginant avec vanité promouvoir ainsi la cause chrétienne, il répandit la richesse, le pouvoir et les honneurs sur les chrétiens en général, mais en particulier sur le clergé chrétien. Dès ce moment, ils cessèrent presque totalement; on en trouve très peu d'exemples. La cause de ceci n'était pas, comme on l'a supposé, qu'il n'y avait plus de raison d'en avoir puisque tout le monde était devenu chrétien. C'est une grave erreur; pas un vingtième du inonde n'était chrétienne de nom. La raison réelle en était que l'amour de beaucoup, de presque tous les soi-disant chrétiens, s'était refroidi. Les chrétiens n'avaient pas plus l'esprit du Christ que les autres païens. Quand le Fils de l'Homme vint sur la terre pour examiner son Eglise, il ne put guère trouver de foi sur la terre. Ceci est la cause réelle pour laquelle il n'était plus possible de trouver les dons extraordinaires du Saint-Esprit dans l'Eglise chrétienne - parce que les chrétiens étaient redevenus païens et n'avaient qu'une forme morte. de foi, » - Oeuvres de Wesley, vol. 7, 89: 26, 27.

5. Vues sectaires concernant la suite ou le déclin des dons spirituels. - « Les écrivains protestants soutiennent que l'âge des miracles se clôtura avec le quatrième ou le cinquième siècle et qu'après cela on ne doit pas chercher les dons extraordinaires du Saint-Esprit. Les écrivains catholiques, d'un autre côté, maintiennent que le pouvoir d'accomplir des miracles a toujours existé dans l'Eglise; cependant, les manifestations spirituelles qu'ils décrivent après le quatrième ou le cinquième siècle sentent l'invention de la part des prêtres et l'incrédulité enfantine de la part du peuple -, ou autrement, il s'en faut de beaucoup pour que ce qui est proclamé miraculeux approche de la puissance et de la dignité des manifestations spirituelles que l'Eglise primitive était habituée à voir. Les vertus et les prodiges imputés aux os et autres reliques des saints et des martyrs sont puérils en comparaison des guérisons par l'onction d'huile et l'imposition des mains, le don des langues, d'interprétation, de prophétie, de révélation, le don de chasser les démons au nom de Jésus-Christ; pour ne rien dire des dons de la foi, de la sagesse, de la connaissance, du discernement des esprits, etc., communs dans l'Eglise au temps des apôtres. (1 Cor. 12: 8-10.) Il n'y a rien non plus dans les Ecritures, ou dans la raison, qui amènerait quelqu'un à croire qu'ils devaient cesser. Pourtant les chrétiens modernes expliquent l'absence de ces pouvoirs spirituels parmi eux, en prétendant que les dons extraordinaires du Saint-Esprit devaient seulement accompagner la proclamation de l'évangile pendant les quelques premiers siècles jusqu'à ce que l'Eglise fût capable de suivre sa route sans eux et alors ils devaient disparaître. Il est suffisant de remarquer, à ce sujet, que c'est purement et simplement de la théorie et que ni les Ecritures ni la raison vraie ne l'autorisent; et cela prouve que la religion de Jésus-Christ fut tellement changée par les hommes qu'elle devint une forme de piété sans pouvoir. » - Elder B. H. Roberts, dans Outlines of Ecclesiastical History, deuxième partie, sec. 5: 6-8.

6. Les miracles, aide à la croissance spirituelle. - L'Apôtre Orson Pratt, commentant les paroles de Paul concernant la disparition de certains dons spirituels (1 Cor. chap. 13) écrit entre autres ce qui suit: « L'Eglise dans son état militant et imparfait, comparé avec son état triomphant, immortel et parfait, est (dans le onzième verset) représentée par les deux états très différents de l'enfance et de l'homme. « Quand j'étais enfant, dit saint Paul, je parlais comme un enfant, je comprenais comme un enfant, je pensais comme un enfant; mais quand je suis devenu homme j'ai laissé les choses de l'enfance. » Dans les divers stades d'éducation, de l'enfance à l'état d'homme, certaines règles, diagrammes et instruments scientifiques indispensables sont employés pour l'usage et le bénéfice de l'élève, afin qu'il puisse acquérir une connaissance correcte des sciences et se perfectionner dans ses études. Une fois que les principes sont acquis et que l'étudiant est perfectionné dans chaque branche de son éducation, il peut se dispenser de beaucoup de ses cartes, tableaux, sphères, livres, diagrammes, etc., choses enfantines qui ne sont plus nécessaires; elles étaient utiles avant que son éducation ne fût perfectionnée, pour donner la connaissance désirée, mais une fois qu'elles ont accompli leurs buts, il n'a plus besoin de leur aide... il en est de même pour l'Eglise à propos des dons spirituels. Tandis qu'elle est dans cet état d'existence, elle est représentée comme un enfant: la prophétie, la révélation, les langues et les autres dons spirituels sont les instruments d'éducation. L'enfant ou l'Eglise, ne peut pas plus se perfectionner dans son éducation sans l'aide des instruments que sont ces dons. que ne le pourrait le chimiste dans ses recherches s'il était privé des appareils nécessaires à ses expériences. De même que le chimiste a besoin de son laboratoire pour ses expériences aussi longtemps qu'il reste une vérité à découvrir relative aux éléments et à la composition de notre globe, ainsi, de même, l'Eglise a besoin du grand laboratoire de connaissances spirituelles- à savoir la révélation et la prophétie - aussi longtemps qu'elle ne connaîtra qu'en partie... De même qu'un être humain quand il est enfant, parle comme un enfant, comprend comme un enfant et pense comme un enfant, ainsi de même l'Eglise, dans cet état d'existence. ne connaît qu'en partie; mais comme l'enfant qui, lorsqu'il devient homme, rejette les choses de l'enfance, ainsi l'Eglise rejettera les choses de son enfance telles que la « prophétie en partie», la « connaissance en partie » et la « vue en partie » lorsqu'elle deviendra, à l'aide de ces choses, un homme parfait en Jésus-Christ;ce qui est fait en partie sera abandonné ou absorbé dans la plus grande plénitude de connaissance qui y règne. - Divine Authenticity of the Book of Mormon, 1: 15.

Mais aucun de ces dons ne cessera aussi longtemps que l'occasion de les employer existera. Il est clair que c'était là la conviction de l'Apôtre Orson Pratt, dont nous avons cité les paroles plus haut, si l'on en croit les paroles suivantes de la même autorité: « L'affliction des démons, la confusion des langues, les poisons mortels et les maladies, sont tous des malédictions qui ont été introduites dans le monde par la méchanceté de l'homme. Les bénédictions de l'évangile sont accordées pour combattre ces malédictions. Par conséquent, aussi longtemps que ces malédictions existeront, les signes promis (Marc 16: 16-18; D&A 84: 65-72) sont nécessaires pour combattre leurs conséquences mauvaises. Si Jésus n'avait pas voulu que les bénédictions soient aussi étendues et aussi illimitées au point de vue temps que les malédictions, il aurait certainement inclus quelque chose à ce sujet dans ses paroles. Mais lorsqu'il fait une promesse universelle de certains pouvoirs, pour permettre à chaque croyant de l'évangile dans le monde de vaincre certaines malédictions, léguées à l'homme de ne pas croire la bénédiction promise nécessaire, aussi longtemps que les malédictions abondent parmi les hommes. »

7. Les manifestations modernes. - Les publications officielles et auxiliaires de l'Eglise abondent en exemples de manifestations miraculeuses au cours de la dispensation actuelle. De nombreux récits prouvés avec de nombreux cas pourront se trouver dans ce qui suit: Divine Authenticity of the Book of Mormon, par Orson Pratt, chap. 5; A New Witness for God, par B. H. Roberts, chap. 18.

Pour un traité bref de « l'attitude de la science envers les miracles» voyez Jesus the Christ, p. 151; note 7 - sommaire d'un article publié par l'Institut Victoria ou Société Philosophique de Grande-Bretagne.
 

 

 

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