CHAPITRE 22 : LA LIBERTÉ RELIGIEUSE ET LA
TOLÉRANCE
ARTICLE 11. - Nous réclamons le privilège d'adorer le Dieu « Tout-Puissant
selon les inspirations de notre conscience, et nous concédons à tous les
hommes ce même privilège d'adorer comme ils veulent, où ils veulent ou ce
qu'ils veulent.
Le droit de l'homme à la liberté du culte. - Les Saints des Derniers
Jours proclament leur fidélité sans réserve aux principes de liberté
religieuse et de tolérance. La liberté d'adorer le Dieu Tout-Puissant
selon l'inspiration de la conscience est, affirment-ils, un des droits
inhérents et inaliénables de l'homme. Les auteurs inspirés de notre charte
d'indépendance nationale ont proclamé au monde cet axiome que le droit '
de naissance commun de l'humanité donne à chaque homme titre à la vie, à
la liberté, et à la poursuite du bonheur. Le bonheur est étranger, la
liberté n'est qu'un mot, la vie n'est que désappointement pour celui qu'on
prive de la liberté d'adorer selon ses désirs. Quelqu'un qui révère la
Divinité ne peut pas être heureux s'il est victime de restrictions dans
l'accomplissement du devoir le plus élevé de son existence. Pourrait-on
être heureux, même si on était logé dans un palais, entouré de tout le
confort matériel possible et jouissant de toutes les facilités pour le
plaisir de l'intellect, si on était séparé de la communion avec l'être
qu'on aime le plus ?
Qu'est-ce que le culte ? - La racine du mot même nous suggère la réponse.
Culte provient du participe passé « cultus », du verbe latin « colere » :
honorer. Le culte est donc l'honneur qu'on rend à la Divinité,
l'expression d'une vénération profonde. L'expression de cet honneur ou de
cette vénération dépend de la compréhension qu'a l'adorateur des attributs
de l'objet de son culte ou de sa révérence. L'homme adore Dieu dans la
mesure où il le comprend. Plus la connaissance de l'adorateur est
complète, plus sa communion avec la Divinité est étroite, plus son hommage
sera vrai et sincère. Lorsque nous disons que quelqu'un a le culte du bon,
du beau, du vrai, nous voulons dire qu'il possède une conception plus
profonde de la valeur de l'objet de son adoration, qu'un autre dont la
perception ne l'amène pas à révérer ces qualités ennoblissantes.
L'homme adorera donc selon sa conception des attributs et des pouvoirs
divins, et cette conception est d'autant plus proche de la vérité qu'il
aura reçu de lumière spirituelle. Le véritable culte ne peut pas exister
là où il n'y a ni amour ni révérence pour l'être qui en est l'objet. Cette
révérence peut être mal fondée ; l'adoration peut être une sorte
d'idolâtrie ; en fait l'objet de ce culte peut en être indigne ; cependant
on doit dire de l'adorateur qu'il rend un culte véritable si sa conscience
revêt son idole des attributs qui méritent son adoration. Nous avons parlé
du « culte véritable » ; cette expression est un pléonasme. Comme il a été
affirmé, le culte est l'adoration qui vient du cœur, qui résulte d'une
conception sincère des mérites de l'objet de ce culte. Toute manifestation
de révérence qui repose sur une conviction inférieure à cela West qu'une
contrefaçon de culte. Appelez cela « faux culte » si vous voulez, mais
rappelez-vous que le culte est nécessairement véritable, et que ce mot n'a
pas besoin d'adjectif pour en amplifier le sens ou pour en attester la
véracité. Le culte n'est pas une affaire de forme, pas plus que la prière.
Il ne consiste ni en postures, ni en gestes, ni en rituels, ni en credos.
Le culte le plus sincère peut être rendu sans l'aide des accessoires
artificiels des services rituels, la pierre du désert peut servir d'autel,
les sommets des collines éternelles peuvent remplacer les tours des
temples et la voûte des cieux est le plus grandiose de tous les dômes de
cathédrales.
Au fond de lui-même, l'homme est, en partie, l'expression de ce qu'il
adore. Le sauvage qui ne connaît pas de plus grand triomphe que celui
d'une victoire sanglante sur ses ennemis, qui considère les prouesses et
la force physique comme les qualités les plus désirables de sa race et la
vengeance et la haine comme les joies de la vie, revêt son dieu
d'attributs semblables et témoigne son plus profond respect par des
sacrifices sanglants. Les pratiques révoltantes de l'idolâtrie remontent à
des conceptions perverties de l'excellence humaine, et celles-ci se
reflètent dans les créations hideuses de divinités faites de main d'homme
et inspirées par le diable. D'un autre côté, l'homme dont l'âme éclairée a
été imprégnée d'amour pur et entier, attribuera à son Dieu les attributs
de bonté et d'affection et dira en son cœur : « Dieu est amour ». C'est
pourquoi la connaissance est essentielle au culte ; l'homme ne peut pas
servir Dieu adéquatement dans l'ignorance ; et plus sa connaissance de la
personnalité divine est grande plus son culte sera sincère et complet. Il
peut apprendre à connaître le Père et le Fils qui fut envoyé, et une telle
connaissance est la garantie pour l'homme d'une vie éternelle.
Le culte est l'hommage volontaire de l'âme. Sous la contrainte, ou pour
faire étalage, quelqu'un peut accomplir, sans sincérité aucune, toutes les
cérémonies extérieures d'un style établi d'adoration ; il peut prononcer
les paroles de prières prescrites ; ses lèvres peuvent professer un credo
; cependant son effort n'est qu'une moquerie d'adoration et constitue un
péché. Dieu ne réclame pas d'hommage forcé, ni de louange prononcée à
contrecœur. Les formes du culte ne sont acceptables que si elles sont
accompagnées d'une dévotion intelligente, et elles ne sont authentiques
que dans la mesure où elles contribuent à la dévotion spirituelle qui mène
à la communion avec la Divinité. La prière prononcée n'est qu'un son creux
si elle n'indique pas l'intensité du juste désir de l'âme. Les
communications adressées au Trône de Grâce doivent porter le sceau de la
sincérité si elles veulent atteindre leur destination élevée. La forme de
culte la plus acceptable est celle qui repose sur l'obéissance sans
réserve aux lois de Dieu, telles que l'adorateur a appris à les connaître.
L'intolérance religieuse. - L'Eglise considère que le droit d'adorer selon
l'inspiration de la conscience a été conféré à l'homme par une autorité
supérieure à n'importe quelle autorité terrestre, et que, par conséquent,
aucun pouvoir terrestre ne peut, à juste titre, intervenir dans l'exercice
de ce droit. Les Saints des Derniers Jours reconnaissent comme inspirée
cette disposition de la Constitution qui garantit ouvertement la liberté
religieuse dans notre propre nation et qui stipule qu'aucune loi ne sera
jamais passée « concernant l'établissement d'une religion, ou en
interdisant la libre pratique » ; [1] et ils croient, avec confiance,
qu'avec la propagation de la lumière dans le monde, une garantie semblable
sera obtenue par chaque nation. A toute époque, l'intolérance a été le
plus grand obstacle au progrès ; cependant, sous le manteau d'hermine du
zèle religieux perverti, des nations, tout en se vantant de leur
civilisation, et des soi-disant ministres de l'évangile de Jésus-Christ,
ont souillé les pages de l'histoire du monde du récit d'actes de
persécutions impies au point d'en faire pleurer les cieux. A ce sujet, le
soi-disant christianisme peut bien baisser la tête avec honte devant la
tolérance païenne. Rome, bien que posant avec arrogance, et avec pas moins
d'efficacité comme maîtresse du monde, accordait à ses sujets vaincus tous
les droits de la liberté dans le culte, n'exigeant d'eux que de s'abstenir
de molester les autres ou l'un l'autre dans l'exercice d'une telle
liberté.
Le peuple d'Israël, alors qu'il adorait toujours Jéhovah, devint très
prospère, mais versa bientôt dans l'intolérance, s'estimant sûr d'un
destin exalté et considérant indignes tous ceux qui n'appartenaient pas à
la race de l'alliance. Le Christ, au cours de son ministère parmi les
Israélites, vit, avec chagrin et compassion, l'esclavage spirituel et
intellectuel des temps, et leur proclama cette parole de salut : « La
vérité vous affranchira ». A ceci, certains agresseurs pharisaïques se
mirent en colère et répondirent présomptueusement : « Nous sommes la
postérité d'Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne ;
comment dis-tu : Vous deviendrez libres ? ». Alors le Maître leur reprocha
leur bigoterie : « Je sais que vous êtes la postérité d'Abraham ; mais
vous cherchez à me faire mourir parce que ma parole n'entre pas en vous ».
[2]
Il y a peu de raison de s'étonner du fait que les premiers chrétiens,
brûlant d'un zèle ardent pour la nouvelle foi dans laquelle ils avaient
été baptisés et nouvellement convertis de l'idolâtrie et des superstitions
païennes, se considéraient supérieurs au reste de l'humanité toujours
plongée dans les ténèbres et l'ignorance. Même Jean, connu
traditionnellement comme l'Apôtre de l'Amour, mais surnommé par le Christ,
avec son frère Jacques, Boanergès, ou Fils du Tonnerre, [3] était
intolérant et vindicatif envers ceux qui ne suivaient pas ses voies ; et
son maître dut le réprimander plus d'une fois. Notez l'incident suivant :
« Jean lui dit : Maître, nous avons vu un homme qui chasse les démons en
ton nom, et nous l'en avons empêché, parce qu'il ne nous suit pas. Ne l'en
empêchez pas, répondit Jésus, car il n'est personne qui, faisant un
miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi. Qui West pas
contre nous est pour nous. Et quiconque vous donnera à boire un verre
d'eau en mon nom,, parce que vous appartenez au Christ, je vous le dis en
vérité, il ne perdra point sa récompense ». [4] Et, de nouveau, alors
qu'ils parcouraient la Samarie avec leur Seigneur, les apôtres Jacques et
Jean furent transportés de fureur devant le manque de respect dont les
Samaritains faisaient preuve envers leur Maître, et ils sollicitèrent la
permission d'appeler le feu du ciel pour consumer les incroyants ; mais
leur désir de vengeance fut à l'instant même l'objet d'une réprimande de
la part du Seigneur, qui leur dit: « Vous ne savez de quel esprit vous
êtes animés. Car le Fils de l'Homme est venu, non pour perdre les âmes des
hommes, mais pour les sauver ». [5]
L'intolérance est contraire aux Ecritures. - Les enseignements de notre
Sauveur respirent l'esprit de patience, et d'amour, même envers ses
ennemis. Il tolérait, bien qu'il ne pût les approuver, les pratiques
idolâtres des païens, les Samaritains et leur culte dégénéré, les
Sadducéens amateurs de luxe et les Pharisiens à cheval sur les lois. La
haine ne fut jamais encouragée même envers les .ennemis. Ses instructions
furent : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du
bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et
qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans
les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons,
et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes ». [6] Il fut
commandé aux Douze de bénir toute maison où ils demanderaient
l'hospitalité. Il est vrai que si les gens les rejetaient, eux et leur
message, le châtiment devait suivre ; mais l'exécution du châtiment était
uniquement une prérogative divine. Dans la parabole de l'ivraie, le Christ
enseigna cette même leçon de tolérance ; les serviteurs impatients
voulaient arracher l'ivraie immédiatement, mais cela leur fut interdit, de
peur qu'ils ne déracinent le bon grain en même temps ; ils reçurent
l'assurance qu'une séparation serait faite à l'époque de la moisson. [7]
En dépit de l'esprit de tolérance et d'amour qui dominait et imprégnait
les enseignements du Sauveur et des apôtres, on a essayé de trouver, dans
les Ecritures, la justification de l'intolérance et de la persécution. [8]
Les mots cinglants que Paul adressa aux Galates ont reçu une signification
tout à fait étrangère à l'esprit qui les inspira. Mettant en garde les
saints contre les faux docteurs, il dit : « Nous l'avons dit précédemment
et je le répète à cette heure : si quelqu'un vous annonce un autre
évangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème ». En
vertu de cette forte admonition doublée d'une dénonciation, certains ont
essayé de justifier les persécutions dues aux différences de religion ;
mais une déformation de sens aussi flagrante doit être imputée à une
lecture creuse et aux mauvais préjugés. N'était-il pas - n'est-il pas
rationnel de dire que tout homme ou groupe d'hommes, toute secte, religion
ou église qui prêcherait ses propres conceptions comme étant le véritable
évangile de Jésus-Christ, serait coupable de blasphème et mériterait la
malédiction de Dieu ? Paul ne nous laisse aucun doute quant à la nature de
l'évangile qu'il a ainsi défendu avec tant de force, comme le montrent ses
paroles ultérieures . « Je vous déclare, frères, que l'évangile qui a été
annoncé par moi n'est pas de l'homme ; car je ne l'ai ni reçu ni appris
d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ ».[9]
Qu'on se souvienne que la vengeance et la récompense appartiennent au
Seigneur. [10]
L'intention des paroles de conseil adressées par Jean à l'élue ont été
perverties, et on a fait de ses enseignements un manteau pour les
persécuteurs et les bigots. La mettant en garde contre les serviteurs de
l'Antéchrist qui disséminaient diligemment leurs hérésies, l'apôtre
écrivit : « Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, ne
le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui
qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises oeuvres ». [11] Aucune
interprétation correcte de ces paroles ne peut servir à sanctionner
l'intolérance, la persécution et la haine.
Ce que l'apôtre voulait vraiment dire a été expliqué avec clarté et force
par un auteur chrétien moderne de grand renom, qui, après avoir déploré «
L'intolérance étroite d'un dogmatisme ignorant », déclare : « L'Apôtre de
l'Amour aurait démenti tout ce qu'il y a de mieux dans ses propres
enseignements, s'il avait consciemment donné l'absolution, que dis-je, un
encouragement à l'intolérance furieuse... Entre-temps cette expression
fortuite de la brève épître de saint Jean ne se prête pas à ces
perversions gros
s*ères. Ce que saint Jean dit et veut dire en réalité est quelque chose de
tout à fait différent. Il y avait un grand nombre de faux prédicateurs,
qui, professant être chrétiens, dépouillaient la nature du Christ de tout
ce qui donnait son efficacité à l'expiation, et sa signification à
l'incarnation. Ces prédicateurs, comme les autres missionnaires chrétiens,
voyageaient de ville en ville, et, en l'absence d'hôtelleries publiques,
étaient reçus dans les maisons des convertis chrétiens. La chrétienne, à
laquelle saint Jean écrit, est avertie que si elle offrait son hospitalité
à ces dangereux émissaires, qui déformaient les vérités fondamentales du
christianisme, elle exprimerait ainsi publiquement qu'elle les approuvait
; et, en faisant cela, et en leur offrant ses meilleurs souhaits, elle
prendrait une part directe au mal qu'ils causaient. C'est là le sens
commun, et il n'y a rien de contraire à la charité en cela. Nul n'est dans
l'obligation de contribuer à la propagation d'enseignements qu'il
considère erronés et opposés aux doctrines les plus essentielles de sa
propre foi. Il eût été encore moins juste de faire cela à l'époque où les
communautés chrétiennes étaient encore si petites et si faibles. Mais
interpréter cela comme on l'a fait pratiquement à tous les âges -
pervertir ce passage en une sorte de commandement d'exagérer les
variations mineures entre les différentes opinions religieuses et de
persécuter ceux dont les vues diffèrent des nôtres - faire de nos opinions
personnelles l'épreuve concluante de l'hérésie, et dire, avec
Comelius-a-Lapide, que ce verset réprouve « toutes conversations, toutes
relations, tous contacts avec les hérétiques » - c'est interpréter les
Ecritures avec le regard féroce du parti-pris et de la fatuité
spirituelle, et non pas les lire à la lumière de l'amour sacré ». [12]
Tolérer n'est pas accepter. - La faiblesse humaine qui consiste à courir
d'un extrême à l'autre, dans la pensée et dans l'action, ne trouve pas
d'exemples plus manifestes que ceux que présentent les rapports de l'homme
avec ses semblables dans les questions religieuses. D'un côté, il est
enclin à considérer la foi des autres non seulement inférieure à la
sienne, mais d'un autre côté, il se plait à croire que toutes les sectes
sont également justifiées dans leurs professions de foi et dans leurs
pratiques, et que, par conséquent, il n'y a pas de véritable ordre
distinct dans la religion. Il n'est pas du tout illogique que les Saints
des Derniers Jours proclament hardiment la conviction que leur église est
l'église reconnue, la seule qui ait droit au titre d'Eglise de
Jésus-Christ, la seule dépositaire terrestre de la Prêtrise éternelle à
cette époque, et, en même temps, d'être disposés à traiter avec bonté, en
reconnaissant la sincérité de ses intentions, toute âme ou toute secte
professant honnêtement le Christ, ou tout simplement respectant la vérité
et manifestant le désir sincère de marcher dans la lumière reçue. Ma
fidélité à l'Eglise de mon choix repose sur la conviction que j'ai de la
validité et de l'authenticité de ce haut privilège qu'elle revendique -
être la seule Eglise possédant une charte d'autorité donnée par Dieu -
Néanmoins, je considère les sectes comme sincères, du moins jusqu'à ce
qu'elles montrent qu'elles ne le sont pas, et je suis prêt à prendre la
défense de leurs droits.
Joseph Smith, le premier prophète de la dispensation actuelle, alors qu'il
adressait des reproches à certains de ses frères à cause de leur
intolérance envers les croyances chères aux autres hommes, enseigna que
même les idolâtres devraient être protégés dans leur culte ; que bien que
ce fût le devoir de tout chrétien de faire tous ses efforts pour apporter
la lumière à ces esprits enténébrés, il ne serait pas justifié s'il
privait, par la force, même les païens de leur liberté de culte. Aux yeux
de Dieu, l'idolâtrie est haïssable ; cependant il est tolérant envers ceux
qui, ne le connaissant pas, cèdent à leur instinct inné de l'adoration en
rendant hommage même à du bois ou à de la pierre. Aussi mortel que soit le
péché d'idolâtrie de la part de celui qui a reçu la lumière, il peut
cependant représenter chez le sauvage l'adoration la plus sincère dont il
est capable. La voix du Seigneur a déclaré que les païens qui n'ont connu
aucune loi prendront part à la première résurrection. [13]
L'homme est responsable de ses actes. - La libéralité et la tolérance sans
bornes avec lesquelles l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours considère les sectes religieuses et les enseignements de l'Eglise
concernant l'assurance de la rédemption finale pour tous les hommes à
l'exception de quelques-uns qui sont tombés si bas qu'ils ont commis le
péché impardonnable qui fait d'eux des fils de Perdition, peuvent suggérer
la conclusion erronée que nous croyons que tous ceux qui seront ainsi
rachetés recevront des gloires, des pouvoirs et des privilèges égaux dans
le royaume des cieux. Bien au contraire, l'Eglise proclame la doctrine de
l'existence de degrés, nombreux et variés, de gloire, dont les rachetés
hériteront selon leurs propres mérites. Nous ne croyons pas en l'existence
d'un plan général de pardon ou de récompense universelle, qui exempterait
les grands et petits pécheurs des effets de leurs actions, tandis que les
justes seraient envoyés tous dans le même endroit du ciel, où ils seraient
tous glorifiés dans la même mesure. Comme nous l'avons déjà dit, les
païens, dont les péchés sont dus à leur ignorance, se lèveront avec les
justes lors de la première résurrection ; mais cela n'implique pas que ces
enfants des races inférieures hériteront de la gloire prévue pour ceux qui
sont capables vaillants et fidèles dans la cause de Dieu sur la terre.
Notre condition dans le monde à venir sera strictement le résultat de la
vie que nous menons dans cette épreuve, de même que, à la lumière des
vérités révélées au sujet de notre état préexistant, nous savons que notre
condition présente a été déterminée, par la fidélité avec laquelle nous
avons gardé notre premier état. [14] Les Ecritures déclarent que l'homme
récoltera les fruits naturels de ses oeuvres dans cette vie, qu'ils soient
bons ou mauvais. Pour employer le langage efficace dont le Père se sert
pour encourager et mettre en garde ses frêles enfants, chacun sera
récompensé ou puni selon ses oeuvres. [15] Dans l'éternité, l'homme se
réjouira ou se lamentera « des fruits de ses actes ».
Gloires graduées. - Il est indiqué dans les enseignements du Christ que
les privilèges et les gloires des cieux sont gradués pour correspondre aux
capacités diverses des bénis. Voici ce qu'il dit aux apôtres : « Il y a
plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n'était pas, je
vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et, lorsque je m'en
serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je
vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi » [16]
Cette déclaration est détaillée par celle de Paul, qui parle comme suit
des gradations lors de la résurrection : « Il y a aussi des corps célestes
et des corps terrestres ; mais autre est l'éclat des corps célestes, autre
celui des corps terrestres. Autre est l'éclat du soleil, autre est l'éclat
de la lune, et autre l'éclat des étoiles ; même une étoile diffère en
éclat d'une autre étoile. Ainsi en est-il de la résurrection des morts ».
[17]
Une connaissance plus complète de ce sujet nous a été accordée dans la
dispensation actuelle. Dans une révélation donnée en 1832 [18] nous
apprenons que trois grands royaumes, ou degrés de gloire, sont prévus,
portant le nom de Céleste, Terrestre et Téleste. Bien au-dessous du
moindre et du dernier de tous, se trouve l'état de punition éternelle
réservé aux fils de Perdition.
La gloire céleste est prévue pour ceux qui méritent les plus hauts
honneurs des cieux. Nous lisons, dans la révélation en question : « Ce
sont ceux qui ont reçu le témoignage de Jésus, ont cru en mon nom et ont
été baptisés à la manière de sa sépulture, ayant été ensevelis dans l'eau
en son nom, selon le commandement qu'il a donné – afin qu'en gardant les
commandements Us puissent être lavés et purifiés de tous leurs péchés, et
recevoir le Saint-Esprit par l'imposition des mains de celui qui est
ordonné et scellé à ce pouvoir ; qui vainquent par la foi et sont scellés
par le Saint-Esprit de promesse, que le Père répand sur tous ceux qui sont
justes et fidèles. Ce sont ceux qui sont l'Eglise du Premier-Né. Ce sont
ceux entre les mains desquels le Père a remis toutes choses - ce sont ceux
qui sont prêtres et rois, qui ont reçu de sa plénitude et de sa gloire et
sont prêtres du Très-Haut, selon l'ordre de Melchisédek, qui était selon
l'ordre d'Enoch, qui était selon l'ordre du Fils unique. C'est pourquoi,
comme il est écrit, ils sont dieux, oui, les fils de Dieu - c'est pourquoi
tout est à eux, que ce soit la vie ou la mort, le présent ou l'avenir,
tout est à eux, et ils sont au Christ, et le Christ est à Dieu... Ceux-là
demeureront dans la présence de Dieu et de son Christ pour toujours et à
jamais. Ce sont ceux qu'il amènera avec lui, lorsqu'il viendra dans les
nuées du ciel pour régner sur la terre, sur son peuple. Ce sont ceux qui
auront part à la première résurrection. Ce sont ceux qui se lèveront lors
de la résurrection des justes... Ce sont les justes rendus parfaits par
l'intermédiaire de Jésus, le médiateur de la nouvelle alliance, qui
accomplit cette expiation parfaite par l'effusion de son propre sang. Ce
sont ceux dont les corps sont célestes, dont la gloire est celle du
soleil, même la gloire de Dieu, la plus haute de toutes, gloire dont il
est écrit que le soleil du firmament en est le type ».
La gloire terrestre. - Le degré suivant, immédiatement inférieur, sera
atteint par beaucoup de gens dont les oeuvres ne méritent pas la plus
haute récompense. Nous lisons à leur sujet : « Ce sont ceux qui sont du
terrestre, dont la gloire diffère de celle de l'Eglise du Premier-Né qui a
reçu de la plénitude du Père, de même que la gloire de la lune diffère de
celle du soleil dans le firmament. Voici, ce sont ceux qui sont morts sans
loi ; et aussi ceux qui sont les esprits des hommes gardés en prison, que
le Fils visita et à qui il prêcha l'évangile, afin qu'ils pussent être
jugés selon les hommes dans la chair qui n'ont pas accepté le témoignage
de Jésus dans la chair , mais qui l'ont accepté ensuite. Ce sont les
hommes honorables de la terre qui ont été aveuglés par les supercheries
des hommes. Ce sont ceux qui reçoivent de sa gloire, mais pas de sa
plénitude. Ce sont ceux qui reçoivent de la présence du Fils, mais pas de
la plénitude du Père. C'est pourquoi ils sont des corps terrestres et non
des corps célestes, et ils diffèrent en gloire comme la lune diffère du
soleil. Ce sont ceux qui ne sont pas vaillants dans le témoignage de Jésus
; c'est pourquoi ils n'obtiennent pas la couronne du royaume de notre Dieu
».
La gloire téleste. - Et la révélation continue ainsi : « Et ensuite nous
vîmes la gloire des télestes, [19] qui est la moindre, de même que la
gloire des étoiles diffère de la gloire de la lune dans le firmament. Ce
sont ceux qui n'ont pas accepté l'évangile du Christ, ni le témoignage de
Jésus. Ce sont ceux qui ne renient pas le Saint-Esprit. Ce sont ceux qui
sont précipités dans l'enfer. Ce sont ceux qui ne seront délivrés des
mains du diable qu'à la dernière résurrection, que quand le Seigneur,
c'est-à-dire le Christ, l'Agneau, aura terminé son oeuvre ». Nous
apprenons plus loin que les habitants de ce royaume seront répartis en
divers degrés, étant donné qu'ils comprennent ceux qui ne sont pas
éclairés, appartenant aux diverses sectes ou divisions des hommes qui
s'opposent les unes aux autres, et de nombreux genres de pécheurs, dont
les offenses ne les condamnent pas à la perdition totale: « Car comme une
étoile diffère en gloire d'une autre étoile, ainsi, dans le monde téleste,
l'un diffère en gloire de l'autre. Car ce sont ceux qui sont de Paul,
d'Apollos et de Céphas. Ce sont ceux qui se disent de celui-ci ou de
celui-là - les uns du Christ, les autres de Jean, d'autres de Moïse,
d'autres d'Elie, d'autres d'Esaïas, d'autres d'Esaïe et d'autres d'Enoch ;
mais qui n'ont pas accepté l'évangile ni le témoignage de Jésus, ni les
prophètes, ni l'alliance éternelle ».[20] Selon toute évidence, une grande
partie de la famille humaine n'ira pas plus loin que la gloire téleste,
car nous lisons : « Mais, voici, nous vîmes la gloire et les habitants du
monde téleste, et ils étaient aussi innombrables que les étoiles du
firmament, ou que le sable sur les bords de la mer :b. Ainsi ils ne sont
pas entièrement rejetés ; leurs mérites seront respectés. « Car ils seront
jugés selon leurs oeuvres, et chacun recevra, selon ses propres oeuvres,
sa propre domination, dans les demeures qui sont préparées ; et ils seront
serviteurs du Très-Haut ; mais ils ne peuvent aller là où Dieu et le
Christ demeurent, aux siècles des siècles. »
Le fait que chaque âme trouvera sa place dans l'au-delà, qu'elle sera
jugée selon ce qu'elle est, n'est pas moins scriptural que raisonnable.
Elle héritera selon sa capacité de recevoir, de jouir et d'utiliser. Tout
cela est rendu sublimement clair par une révélation donnée en 1832, dans
laquelle nous lisons : « Car celui qui n'est pas capable de se conformer à
la loi d'un royaume céleste ne peut supporter une gloire céleste. Et celui
qui n'est pas capable de se conformer à la loi d'un royaume terrestre ne
peut supporter une gloire terrestre. Et celui qui n'est pas capable de se
conformer à la loi d'un royaume téleste ne peut supporter une gloire
téleste, c'est pourquoi il ne convient pas pour un royaume de gloire.
C'est pourquoi il doit demeurer dans un royaume qui n'est pas un royaume
de gloire ». [21]
Les Royaumes, les uns par rapport aux autres. Les trois royaumes, dont les
gloires diffèrent énormément, sont organisés respectivement selon un plan
de gradation. Le royaume Téleste comprend des subdivisions on nous dit que
c'est aussi le cas pour le royaume Céleste ; [22] et, par analogie, nous
en concluons que les mêmes conditions règnent dans le royaume Terrestre.
Ainsi, il est prévu, pour les innombrables degrés de mérite parmi les
hommes, un nombre infini de gloires graduées. Le royaume Céleste jouit de
l'honneur suprême de l'administration personnelle du Père et du Fils. Le
royaume Terrestre sera administré par le royaume supérieur, et n'aura pas
de plénitude de gloire. Le Téleste est gouverné par l'intermédiaire du
Terrestre, « par les anges qui sont désignés pour être les esprits qui les
servent ». [23]
Il est raisonnable de croire, en l'absence de révélation directe, par
laquelle seule nous pourrions recevoir une connaissance absolue à ce
sujet, que, selon le plan de progression éternelle de Dieu, il y aura
possibilité d'avancement à l'intérieur de chacun des trois royaumes
spécifiés. Quant à la possibilité de progression d'une gloire à une autre,
les Ecritures n'apportent rien de positif. Un avancement éternel sur des
courses différentes est concevable. Nous pouvons conclure que degrés et
gradations caractériseront toujours les royaumes de notre Dieu. I2éternité
est un état de progrès ; la perfection est relative ; le trait essentiel
du but vivant de Dieu c'est le pouvoir d'accroissement éternel qui lui est
associé.
Les fils de Perdition. - Nous apprenons qu'il existe une autre classe
d'âmes, dont les péchés sont tels qu'ils les mettent actuellement dans
l'impossibilité de se repentir et d'être sauvés. On les appelle fils de
Perdition, enfants de l'ange déchu qui fut autrefois un Fils du Matin,
Lucifer, et qui est maintenant Satan ou Perdition. [24] Ce sont ceux qui,
en pleine connaissance, ont violé la vérité ; qui, ayant reçu le
témoignage du Christ et le don du Saint-Esprit, les renient ensuite et
défient le pouvoir de Dieu, crucifiant de nouveau le Seigneur et lui
faisant ouvertement affront. e péché impardonnable ne peut être commis que
par ceux-là seulement qui ont reçu la connaissance et la conviction de la
vérité, contre laquelle, ils se rebellent ensuite. Leur péché est
comparable à la trahison de Lucifer qui essaya d'usurper le pouvoir et la
gloire de son Dieu. Voici ce que le Seigneur a dit à leur sujet et
concernant leur sort terrible : « Ce sont ceux qui sont les fils de
perdition, de qui je déclare qu'il aurait mieux valu pour eux qu'ils ne
fussent jamais nés ; car ils sont des vases de colère, condamnés à subir
la colère de Dieu, avec le diable et ses anges pour l'éternité, à propos
desquels j'ai dit qu'il n'y a pas de pardon dans ce monde, ni dans le
monde à venir... les seuls sur qui la seconde mort aura un pouvoir
quelconque... ils s'en iront au châtiment perpétuel, qui est le châtiment
sans fin, qui est le châtiment éternel, pour régner avec le diable et ses
anges pendant l'éternité, là où leur ver ne meurt pas, là où le feu ne
s'éteint pas, ce qui est leur tourment - et nul n'en connaît la fin ni le
lieu, ni leur tourment ; et cela n'a pas été révélé à l'homme, ne l'est
pas et ne le sera jamais, si ce n'est à ceux qui y sont condamnés.
Néanmoins, moi, le Seigneur, je le montre en vision à beaucoup, mais' je
la referme immédiatement ; c'est pourquoi ils n'en comprennent pas la fin,
la largeur, la hauteur, la profondeur, et la misère, ni personne, si ce
n'est ceux qui sont destinés à cette condamnation ». [25]
Les doctrines de l'Eglise définissent clairement le rapport entre
l'épreuve mortelle et l'état futur, et enseignent explicitement la
responsabilité individuelle et le libre-arbitre de l'homme. L'Eglise
affirme que, étant donné la responsabilité qui repose sur chaque individu,
en tant que capitaine de son propre voyage, il doit être et est libre de
choisir en toutes choses, entre la vie qui mène à la demeure céleste et la
carrière qui n'est que le prélude aux misères de la perdition. La liberté
du culte, d'adorer ou de ne pas adorer, est un droit divin, et chaque âme
doit supporter les conséquences de son choix. [26]
* * * * * * *
[1] Constitution des Etats-Unis, Premier Amendement.
[2] Jean 8 : 32-45 ; voir aussi Matt. 3 : 9 ; voir Jesus the Christ, p.
408.
[3] Voir Marc 3 : 17.
[4] Marc 9 : 38-41 ; voir aussi Luc 9 : 49, 50 et comparer Nom. 11 :
27-29.
[5] Luc 9 : 51-56 ; voir aussi Jean 3 : 17 et 12 47 ; voir note 1, à la
fin du chapitre.
[6] Matt. 5 : 44, 45.
[7] Voir Matt. 13 :24-30.
[8] Voir note 1, à la fin du chapitre.
[9] Gal. 1 : 812 ; voir Vitality of « Mormonism », p. 182.
[10] Voir Deut. 32: 35 ; voir aussi Ps. 94: 1 ; Rom. 12 :19; Héb. 10: 30.
[11] 2 Jean 10, 11.
[12] Chanoine Farrar, The Early Days of Christianity, pp. 587, 588.
[13] Voir chap. 3 de ce livre, sous « Le péché ».
[14] P. de G. P., Abraham 3 : 22-26 ; voir aussi « La. responsabilité de
l'homme », chap. 3 et « Le salut et l'exaltation », chap. 4.
[15] Voir Job 34 : 11 ; Ps. 62:12; Jér. 17:10; 32: 19; Rom. 2:6-12; 14:
12; 1 Cor. 3: 8; 2 Cor. 5 : 10; Apo. 2 : 23 ; 20 : 12 ; 22 : 12.
[16] Jean 14:1-3.
[17] 1 Cor. 15:40-42.
[18] Voir D. & A. Sec. 76.
[19] Voir note 2, à la fin du chapitre.
[20] D. & A., sec. 76.
[21] D. & A. 88: 22-24.
[22] Voir D. & A. 131: 1 ; voir aussi 2 Cor. 12: 1-4.
[23] Voir D. & A. 76: 86-88.
[24] Voir D. & A. 76:25-27.
[25] D. & A. 76: 31-48 ; voir aussi Héb. 6 : 4-6 ; Alma 39 : 6. Pour
détails sur la « seconde mort », voir Vitality of «Mormonism », p. 301, de
l'auteur.
[26] Voir note 3, à la fin du chapitre.
NOTES DU CHAPITRE 22
1. Intolérance parmi les sectes chrétiennes. - « Il faut dire - quoique je
le fasse avec la plus profonde tristesse - que la froide exclusivité du
Pharisien, l'amère ignorance du prétendu théologien, l'infaillibilité
usurpée du zélateur religieux à moitié éduqué, ont toujours été la
malédiction du christianisme. Ils ont imposé « les sens de l'homme aux
paroles de Dieu, les sens spéciaux des hommes aux paroles générales de
Dieu » ; et ont essayé de les faire prévaloir dans toutes les consciences
avec toutes sortes de malédictions et d'anathèmes sous des menaces égales
de mort et de damnation. Et ainsi, ils encoururent la terrible
responsabilité de présenter la religion à l'humanité sous des dehors faux
et répulsifs. La haine théologique doit-elle être encore en proverbe au
juste mépris du monde ? Cette haine-là, haine sous sa forme la plus
violente et la plus impitoyable – doit-elle être regardée comme le fruit
normal et légitime de la religion d'amour ? L’esprit de paix
n'arrivera-t-il jamais à influencer les opinions religieuses ? Ces
questions doivent-elles toujours exciter l'animosité la plus intense et
les plus terribles divisions ?
Le monde doit-il à jamais être confirmé dans son opinion que les partisans
théologiques sont moins vrais, moins droits, moins élevés, moins
honorables même que les partisans des causes politiques et sociales, qui
ne font aucune profession du devoir d'amour ? Les soi-disant champions «
religieux » doivent-ils à jamais être ce qu'ils sont à présent, les plus
malhonnêtement amers, les plus visiblement déloyaux. Hélas ! ils
pourraient l'être avec beaucoup moins de danger pour la cause de la
religion s'ils voulaient renoncer au luxe de « citer les Ecritures pour
leurs desseins ». » - Chanoine Farrar, The Early Days of Christianity, pp.
584-585.
2. « Téleste ». - L'adjectif « téleste > n'est pas d'un emploi courant
dans le langage ; son emploi est limité à la théologie de l'Eglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Il est appliqué comme terme
distinctif au moindre des trois royaumes de gloire préparés pour les
rachetés. Le seul mot anglais se rapprochant de sa forme est l'adjectif «
telestic » qui est défini ainsi « tendant vers la fin ou l'accomplissement
final ; tendant à accomplir un but ».
Sous ce rapport, la note suivante de l'Ancien J. M. Siodahl à l'auteur,
peut être étudiée avec profit: « Paul, parlant des différentes époques de
résurrection (1 Cor. 15 : 22-25) dit de la dernière: « Ensuite viendra la
fin quand il remettra le royaume à » celui qui est Dieu le Père, etc. » Le
mot traduit par fin est telos et la gloire de ceux qui sont ressuscités en
dernier lieu peut correctement être appelée téleste, comme se rapportant à
telos. Leur résurrection est la fin, la conclusion de la série des
résurrections.
3. La tolérance. - « Le « mormonisme » n'offre aucune modification ou
condition à la nécessité, pour tout habitant indépendant de la terre à qui
le salut doit venir, de se conformer aux lois et aux ordonnances de
l'évangile. Il ne fait aucune distinction entre les nations païennes et
les nations éclairées, ni entre les hommes de haute ou de faible
intelligence, ni entre les vivants ou les morts. Aucun être humain qui a
atteint l'âge de responsabilité dans la chair, ne peut espérer le salut
dans le royaume de Dieu à moins qu'il n'ait rendu obéissance aux
commandements du Christ, le Rédempteur du monde. Mais quoiqu'il soit
formel à ce sujet, le « mormonisme » n'est pas exclusif. Il ne prétend pas
que tous ceux qui n'ont pas accepté l'évangile de la vie éternelle et n'y
ont pas obéi seront éternellement et à jamais damnés. Quoique proclamant
hardiment que l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est
le seul dépositaire de la Sainte Prêtrise maintenant restaurée sur la
terre, il enseigne et réclame la plus entière tolérance pour tous les
individus et organisations d'individus qui professent la justice ; et
prétend que chacun sera récompensé pour le bien qu'il aura fait,
récompense adjugée selon la connaissance spirituelle qu'il a gagnée. Et,
pour ces hautes proclamations combinées avec ces professions de tolérance,
l'Eglise a été accusée d'inconséquence. Qu'on n'oublie cependant pas que
tolérance n'est acceptation... Les seules limites à la liberté d'un
individu sont celles qui marquent la liberté d'un autre, ou les droits de
la communauté. Dieu lui-même considère comme sacrée et, par conséquent,
comme inviolable la liberté de l'âme humaine... Le « mormonisme » prétend
qu'aucun homme, aucune nation ne possède le droit de priver de force même
le païen de son droit d'adorer son Dieu. Quoique l'idolâtrie ait été
marquée depuis les premiers âges par le sceau de la disgrâce divine, elle
peut représenter, pour le cerveau enténébré, la plus sincère vénération
dont cette personne est capable. Elle devrait être mieux enseignée mais
jamais forcée. Il n'y a aucune proclamation de pardon universel; aucune
glorification injustifiée de la Miséricorde au point de dégrader ou de
négliger la Justice ; aucune pensée qu'un simple péché d'omission ou de
commission ne laissera pas sa plaie ou sa cicatrice. Dans le grand avenir,
on trouvera une place pour chaque âme, quel que soit son degré
d'intelligence spirituelle. » - L'auteur, dans The Story and Philosophy of
« Mormonism », Salt Lake City 1914.
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