CHAPITRE 8 : L’ENFANT DE BETHLÉHEM

 

LA NAISSANCE DE JÉSUS

 

Les prédictions qui déterminent le lieu de sa naissance à Bethléhem, petite ville de Judée, sont aussi catégoriques que les prophéties qui déclarent que le Messie naîtrait de la lignée de David. Il semble qu'il n'y ait pas eu de divergences d'opinion parmi les prêtres, les scribes ou les rabbis à ce sujet, que ce soit avant ou depuis le grand événement. Bethléhem, quoique petite et de peu d'importance pour le commerce, était doublement chère au cœur juif, étant le lieu de naissance de David et celui du futur Messie. Marie et Joseph vivaient à Nazareth de Galilée, loin de Bethléhem de Judée; et, à l'époque dont nous parlons, la maternité de la Vierge approchait rapidement.

 

En ce temps-là, Rome émit un édit ordonnant le recensement des habitants de tous les royaumes et provinces tributaires de l'empire; le décret était de nature générale, il prévoyait un «recensement de toute la terre»[1]. Ce recensement des sujets romains, une fois obtenu, permettrait de déterminer l'impôt à prélever sur les divers peuples intéressés. Le recensement en question était le deuxième des trois recensements que les historiens déclarent s'être produits à des intervalles de vingt ans environ. Si le recensement avait été fait suivant la méthode romaine habituelle, chaque personne aurait été enregistrée dans sa ville de résidence; mais la coutume juive, que la loi romaine respectait, exigeait que le recensement fût fait dans les villes que les familles respectives considéraient comme celles de leurs ancêtres. Il ne nous importe pas spécialement de savoir s'il était absolument requis de chaque famille de se faire ainsi recenser dans la ville de ses ancêtres; mais il est certain que Joseph et Marie se rendirent à Bethléhem, ville de David, pour y être recensés suivant le décret impérial[2].

 

A ce moment, la petite ville était bondée de monde, très vraisemblablement par la multitude qui s'y était rendue conformément au même édit; Joseph et Marie ne purent donc trouver à se loger convenablement et durent se contenter d'un camp improvisé, comme d'innombrables voyageurs l'avaient fait avant eux, et comme beaucoup d'autres l'ont fait depuis, dans cet endroit-là comme ailleurs. Il ne serait pas raisonnable de considérer que la situation dans laquelle ils se trouvaient prouvait qu'ils étaient extrêmement pauvres; elle manquait certainement de confort mais ne nous prouve absolument pas qu'ils se trouvaient dans une grande détresse ou dans la misère[3]. C'est alors qu'elle se trouvait dans cette situation que Marie, la Vierge, donna naissance à son premier-né, le Fils du Très-Haut, le Seul-Engendré du Père éternel, Jésus, le Christ.

 

Nous n'avons que peu de détails sur ce qui se passa. On ne nous dit pas combien de temps après l'arrivée de Marie et de son mari à Bethléhem la naissance se produisit. Il se peut que le but de l'évangéliste qui composa le document ait été de ne mentionner les questions d'intérêt purement humain que dans la mesure où cela était nécessaire pour la narration des faits, afin que la vérité centrale ne fût ni cachée, ni réduite au second plan par des incidents sans importance. Dans les Ecritures Saintes nous ne lisons que ceci sur la naissance proprement dite: «Pendant qu'ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, et elle enfanta son fils premier-né. Elle l'emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie[4]

 

Contraste frappant avec la simplicité et la brièveté du récit scripturaire et son peu de détails secondaires, l'imagination des hommes a ajouté tout un fatras de circonstances dont une grande partie ne se fonde sur aucun document autorisé et qui sont, à beaucoup de points de vue, manifestement illogiques et faux. Vis-à-vis d'un sujet aussi important, il est prudent et sage de séparer et de marquer nettement la distinction entre les faits dont l'authenticité est vérifiée et les commentaires imaginés d'historiens, de théologiens et de romanciers, aussi bien que les rhapsodies émotives de poètes et les extravagances artistiques créées par le ciseau ou le pinceau.

 

Dès son origine, Bethléhem avait été la résidence de gens occupés, la plupart du temps, à des activités pastorales et agricoles. A l'époque de la naissance du Messie, qui se produisit au printemps de l'année, les troupeaux se trouvaient nuit et jour dans les champs sous la garde de leurs bergers; cela est tout à fait en accord avec ce que nous connaissons de la ville et de ses environs. C'est à certains de ces humbles bergers que fut proclamée pour la première fois la naissance du Sauveur. Voici ce que dit ce récit tout simple: «Il y avait, dans cette même contrée des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. Un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande crainte. Mais l'ange leur dit: Soyez sans crainte, car je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie qui sera pour tout le peuple: aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et ceci sera pour vous un signe: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche. Et soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, qui louait Dieu et disait: «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée[5]

 

Jamais nouvelle aussi importante n'avait été annoncée par un ange ou reçue par l'homme - une bonne nouvelle qui serait le sujet d'une grande joie, donnée à un petit nombre seulement, et ce, parmi les plus humbles de la terre, mais destinée à se répandre à tous les hommes. La scène est d'une grandeur sublime, car l'auteur du message est divin, et l'apothéose est telle que l'esprit de l'homme n'aurait jamais pu le concevoir: l'apparition soudaine d'une multitude de l'armée céleste chantant, de manière que les oreilles humaines puissent les entendre, le plus court, le plus logique et le plus réellement complet de tous les cantiques de paix jamais entonnés par un chœur mortel ou spirituel. Quel idéal désirable: la paix sur la terre! Mais comment peut-elle nous être donnée s'il n'y a pas de bonne volonté parmi les hommes? Et de quelle manière pourrait-on rendre plus efficacement gloire à Dieu dans les lieux très hauts?

 

Les bergers confiants et simples n'avaient pas demandé de signe ou de confirmation; leur foi était à l'unisson de la communication céleste; néanmoins l'ange leur avait donné ce qu'il appelait un signe pour les guider dans leurs recherches. Ils n'attendirent pas mais se mirent en route en hâte, car, dans leur cœur, ils croyaient, oui, ils faisaient plus que croire, ils savaient, et voici quelle était la teneur de leur résolution: «Allons donc jusqu'à Bethléhem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître[6].» Ils trouvèrent l'Enfant dans la crèche, sa mère et Joseph près de lui; et ayant vu, ils s'en allèrent et témoignèrent de la vérité concernant l'Enfant. Ils retournèrent à leurs troupeaux, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu'ils avaient entendu et vu.

 

La remarque que Luc fait, apparemment au passage, est d'un sens aussi profond que l'émotion qu'elle doit faire éprouver à tous ceux qui la lisent. «Marie conservait toutes ces choses, et les repassait dans son coeur[7].» Il est évident que la grande vérité relative à la personnalité et à la mission de son Fils divin ne s'était pas dévoilée pleinement à son esprit. Tous les événements qui se déroulèrent depuis la salutation de Gabriel jusqu'au témoignage pieux des bergers concernant l'ange annonciateur et les armées célestes, étaient en grande partie un mystère pour cette mère et épouse sans tache.

 

LES EXIGENCES DE LA LOI SONT STRICTEMENT OBSERVÉES

 

L'Enfant naquit juif; la mère était juive et le père putatif et légal, Joseph, était juif. Seules quelques personnes savaient qui était le vrai père de l'Enfant; seuls peut-être à l'époque Marie, Joseph et probablement Elisabeth et Zacharie; lorsqu'il grandit, le peuple le considéra comme le fils de Joseph[8]. Les exigences de la loi furent soigneusement respectées dans tout ce qui concernait l'Enfant. Lorsqu'il eut huit jours, il fut circoncis, comme cela était requis de tous les enfants de sexe masculin nés en Israël[9]; et en même temps il reçut comme nom terrestre le nom qui avait été prescrit lors de l'annonciation. On l'appela JESUS, ce qui, par interprétation, signifie Sauveur; ce nom lui appartenait à bon droit, car il venait sauver le peuple de ses péchés[10].

 

Une partie de la loi donnée par l'intermédiaire de Moïse aux Israélites dans le désert et appliquée au cours des siècles avait trait à la procédure prescrite pour les femmes après la naissance des enfants[11]. Conformément à celle-ci, Marie resta isolée pendant quarante jours après la naissance de son Fils; puis son mari et elle présentèrent le Garçon devant le Seigneur comme cela était prescrit pour le premier-né masculin de toute famille. Il est manifestement impossible que toutes les présentations de ce genre aient pu avoir lieu au temple, car beaucoup de Juifs vivaient à de grandes distances de Jérusalem; il était cependant de règle que les parents présentent leurs enfants au temple quand c'était possible. Jésus naquit à huit ou neuf kilomètres de Jérusalem; il fut donc emmené au temple pour la cérémonie qui devait satisfaire à la loi relative aux premiers-nés de tous les Israélites, à l'exception des Lévites. On se souviendra que les enfants d'Israël avaient été délivrés de l'esclavage d'Egypte avec accompagnement de signes et de miracles. Pharaon ayant refusé à plusieurs reprises de laisser partir le peuple, il s'était abattu sur les Egyptiens des fléaux dont l'un fut la mort des premiers-nés dans tout le pays, à l'exception de ceux d'Israël. En souvenir de cette manifestation de puissance, il fut exigé des Israélites qu'ils consacrent leurs fils premiers-nés au service du sanctuaire[12]. Par la suite, le Seigneur ordonna qu'au lieu des premiers-nés de toutes les tribus, tous les enfants masculins appartenant à la tribu de Lévi fussent consacrés à cette tâche particulière; néanmoins le fils aîné était toujours considéré comme appartenant particulièrement au Seigneur et devait être exempté officiellement du service requis antérieurement, par le paiement d'une rançon[13].

 

Lors de la purification, toutes les mères devaient fournir un agneau d'un an à immoler en sacrifice, et un jeune pigeon ou une jeune colombe en guise d'offrande pour les péchés; mais dans le cas d'une femme qui n'était pas à même de fournir un agneau, un couple de colombes ou de pigeons pouvait être offert. Nous apprenons que Joseph et Marie étaient de situation modeste du fait qu'ils apportèrent l'offrande la moins coûteuse, deux colombes ou pigeons, au lieu d'un oiseau et d'un agneau.

 

Parmi les Israélites justes et dévots il y en avait qui, en dépit du traditionalisme, du rabbinisme et de la corruption des prêtres, vivaient toujours dans cette attente du juste dont la confiance est inspirée, espérant patiemment la consolation d'Israël[14]. L’un de ceux-ci était Siméon, qui vivait à l'époque à Jérusalem. Il avait reçu par la puissance du Saint-Esprit la promesse qu'il ne mourrait que lorsqu'il aurait vu le Christ du Seigneur dans la chair. Poussé par l'Esprit, il se rendit au temple le jour de la présentation de Jésus et reconnut dans l'Enfant le Messie promis. Dès qu'il se rendit compte que l'espoir de sa vie s'était magnifiquement réalisé, Siméon éleva respectueusement l'Enfant dans ses bras, et, avec l'éloquence simple mais immortelle qui vient de Dieu, exprima une supplication splendide, dans laquelle l'action de grâce, la résignation et la louange se mêlent si magnifiquement:

 

«Maintenant, Maître, tu laisses ton serviteur

«S'en aller en paix selon ta parole.

«Car mes yeux ont vu ton salut,

«Que tu as préparé devant tous les peuples,

«Lumière pour éclairer les nations

«Et gloire de ton peuple, Israël[15]

 

Puis, animé de l'esprit de prophétie, Siméon parla de la grandeur de la mission de l'Enfant et de la souffrance que sa mère serait appelée à endurer à cause de lui, souffrance qui serait semblable à celle provoquée par une épée qui lui percerait l'âme. Le témoignage de l'Esprit quant à la divinité de Jésus n'allait pas se limiter à un homme. Il y avait, à l'époque, dans le temple, une sainte femme d'un âge très avancé, Anne, prophétesse qui se consacrait exclusivement au service du temple; inspirée de Dieu, elle reconnut son Rédempteur et témoigna de lui à tous ceux qui se trouvaient autour d'elle. Joseph et Marie s'étonnèrent des choses qui étaient dites de l'Enfant; ils n'étaient apparemment pas encore à même de comprendre la majesté de celui qui leur avait été donné par une conception aussi miraculeuse et une naissance aussi merveilleuse.

 

DES MAGES À LA RECHERCHE DU ROI

 

Quelque temps après la présentation de Jésus au temple, bien que la durée de ce temps ne nous soit pas connue, quelques jours, ou peut-être des semaines, ou même des mois, Hérode, roi de Judée, fut profondément troublé, comme le fut le peuple de Jérusalem en général, à la nouvelle de la naissance d'un Enfant de la Prophétie, d'un enfant destiné à devenir Roi des Juifs. Hérode professait la religion de Juda, bien qu'étant Iduméen de naissance, de descendance édomite, c'est-à-dire faisant partie de la postérité d'Esaü, tous personnages que les Juifs haïssaient; et de tous les Edomites, il n'en était pas un qui fût aussi profondément détesté qu'Hérode, le roi. Il était tyrannique et impitoyable, n'épargnant personne, ami ou ennemi, qu'il venait à soupçonner de constituer un obstacle à ses desseins ambitieux. Il avait fait cruellement massacrer sa femme et plusieurs de ses enfants, ainsi que d'autres de sa famille par le sang; il mit également à mort presque tous les membres du grand conseil national, le sanhédrin. Son règne fut rempli de cruautés révoltantes et d'oppressions sans frein. Ce n'est que quand il courait le danger de provoquer une révolte nationale ou lorsqu'il avait peur d'encourir le déplaisir de son maître, l'empereur romain, qu'il s'arrêtait dans une entreprise quelconque[16].

 

La nouvelle de la naissance du Christ parvint aux oreilles d'Hérode de la manière suivante. Certains hommes, des mages comme on les appelait, vinrent à Jérusalem d'un pays lointain et demandèrent: «Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer[17].» Hérode convoqua «tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple», et leur demanda où, d'après les prophètes, le Christ devait naître. Ils lui répondirent: «A Bethléhem en Judée, car voici ce qui a été écrit par le prophète:

 

Et toi, Bethléhem, terre de Juda

Tu n'es certes pas la moindre parmi les principales villes de Juda;

Car de toi sortira un prince,

Qui fera paître Israël, mon peuple[18].

 

Hérode fit venir les mages en secret et les interrogea sur les sources de leurs renseignements, et en particulier sur l'époque à laquelle l'étoile, à laquelle ils accordaient tant d'importance, était apparue. Puis il les dirigea vers Bethléhem, disant: «Allez, et prenez des informations précises sur le petit enfant; quand vous l'aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que j'aille moi aussi l'adorer.» Lorsque les hommes se mirent en route de Jérusalem pour la dernière étape de leur voyage d'enquête et de recherche, ils se réjouirent à l'extrême, car la nouvelle étoile qu'ils avaient vue à l'orient était de nouveau visible. Ils trouvèrent la maison dans laquelle Marie vivait avec son mari et l'Enfant, et, en reconnaissant l'Enfant royal, ils «se prosternèrent et l'adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe»[19]. Ayant ainsi merveilleusement réalisé le but de leur pèlerinage, ces voyageurs pieux et savants se préparèrent à rentrer chez eux et se seraient arrêtés à Jérusalem pour faire rapport au roi comme il l'avait demandé, mais «divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin»[20].

 

On a écrit beaucoup de choses, que ne justifie absolument rien dans les Ecritures, concernant la visite des mages, ou des sages, qui cherchaient et trouvèrent ainsi le Christ enfant. En fait, nous ne savons rien de leur pays, de leur nation ou de leur tribu; on ne nous dit même pas combien il y en avait, bien qu'une tradition fausse les ait appelés «Ies trois rois mages» et leur ait même donné des noms; les Ecritures, le seul document véritable existant à leur sujet, ne donne pas leurs noms; il se peut qu'ils n'aient été que deux seulement ou qu'ils aient été plus nombreux. On a essayé d'identifier l'étoile dont l'apparition dans le ciel oriental avait assuré les mages que le Roi était né; mais l'astronomie ne fournit aucune confirmation satisfaisante. L’apparition de l'étoile que l'on rapporte a été associée, tant par les interprètes anciens que modernes, à la prophétie de Balaam qui, quoique n'étant pas Israélite, avait béni Israël et avait prédit, poussé par l'inspiration divine: «Un astre sort de Jacob, un sceptre s'élève d'Israël[21].» En outre, comme nous l'avons déjà montré, l'apparition d'une étoile nouvelle était un signe prédit, reconnu et admis parmi les habitants des Amériques comme témoin de la naissance du Messie[22].

 

LA FUITE EN ÉGYPTE

 

La perfidie d'Hérode, lorsqu'il commanda aux sages de revenir l'informer du lieu où l'Enfant royal se trouvait, professant hypocritement qu'il désirait l'adorer également, tandis que dans son cœur il se proposait d'ôter la vie à l'Enfant, fut contrecarrée par l'avertissement divin, donné, comme nous l'avons déjà noté, aux mages. Après leur départ, l'ange du Seigneur apparut à Joseph, disant: «Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte et restes-y jusqu'à ce que je te parle; car Hérode va rechercher le petit enfant pour le faire périr[23].» Obéissant à ce commandement, Joseph prit Marie et son Enfant et se mit en route de nuit vers l'Egypte; et la famille y resta jusqu'à ce qu'elle reçût de Dieu l'ordre de revenir. Lorsque le roi s'aperçut que les mages avaient ignoré ses ordres, il entra dans une violente colère; et calculant la date la plus reculée à laquelle la naissance pouvait s'être produite d'après la date de l'apparition de l'étoile que lui avaient fournie les mages, il ordonna impitoyablement le massacre de «tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans son territoire»[24]. Dans ce massacre des innocents, l'évangéliste trouva l'accomplissement de la parole du Seigneur prononcée par Jérémie six siècles auparavant et exprimée avec force au passé comme si elle avait déjà été accomplie:

 

«Une voix s'est fait entendre à Rama,

«Des pleurs et beaucoup de lamentations:

«C'est Rachel qui pleure ses enfants;

«Elle n'a pas voulu être consolée,

«parce qu'ils ne sont plus[25]

 

LA NAISSANCE DE JÉSUS RÉVÉLÉE AUX NÉPHITES

 

Comme nous l'avons montré jusqu'à présent, les prophètes des Amériques avaient clairement prédit l'avènement terrestre du Seigneur et avaient indiqué exactement le temps, le lieu et les circonstances de sa naissance[26]. Lorsque le temps fut proche, le peuple fut divisé par des opinions contradictoires quant à la véracité de ces prophéties; des incrédules intolérants persécutèrent cruellement ceux qui, comme Zacharie, Siméon, Anne et d'autres justes de Palestine, conservaient avec foi et confiance l'espoir inébranlable que le Seigneur viendrait. Samuel, Lamanite juste qui, à cause de sa fidélité et de son dévouement désintéressé avait reçu l'esprit et la faculté de prophétiser, proclama intrépidement que la naissance du Christ était proche: «Voici, je vous donne un signe; encore cinq ans, et voici, le Fils de Dieu vient racheter tous ceux qui croiront à son nom[27].» Le prophète dit que beaucoup de signes et de miracles marqueraient le grand événement. A mesure que les cinq années s'écoulaient, les croyants devenaient de plus en plus fermes, les incroyants de plus en plus violents, jusqu'à l'aube du dernier jour de la période spécifiée; et c'était là le jour fixé par les incrédules «où tous ceux qui croyaient en ces traditions seraient mis à mort, si le signe donné par Samuel, le prophète, ne se montrait pas»[28].

 

Néphi, prophète de l'époque, invoqua le Seigneur dans l'angoisse de son âme à cause des persécutions dont son peuple était la victime; «et voici, la voix de Dieu vint à lui, disant: Lève la tête et prends courage; car voici, le temps est proche, et cette nuit le signe sera donné, et demain je viendrai au monde pour montrer aux hommes que j'accomplirai tout ce que j'ai fait annoncer par la bouche de mes saints prophètes. Voici, je viens parmi les miens pour accomplir toutes les choses que j'ai fait connaître aux enfants des hommes depuis la fondation du monde et pour faire la volonté du Père et du Fils - du Père à cause de moi, et du Fils à cause de ma chair. Et voici, le temps est proche, et cette nuit le signe sera donné[29]

 

Les paroles du prophète s'accomplirent cette nuit-là; car si le soleil se coucha dans son cours habituel, il n'y eut pas de ténèbres, et le lendemain le soleil se leva sur un pays déjà illuminé; un jour et une nuit et un autre jour s'étaient passés comme un seul jour, et ce n'était là qu'un seul des signes. Une nouvelle étoile apparut dans le firmament à l'ouest, comme celle que les mages de l'orient avaient vue; et il y eut beaucoup d'autres manifestations merveilleuses comme les prophètes l'avaient prédit. Tout cela se produisit sur ce que l'on appelle maintenant le continent américain, six cents ans après que Léhi et sa petite compagnie eurent quitté Jérusalem pour se rendre là-bas.

 

ÉPOQUE DE LA NAISSANCE DE JÉSUS

 

L'époque de la naissance du Messie est un sujet sur lequel les spécialistes de la théologie et de l'histoire, et ceux que l'on appelle «les savants» ne s'accordent pas. Des recherches ont été faites, suivant de nombreux procédés, pour n'arriver qu'à des conclusions divergentes, tant en ce qui concerne l'année qu'en ce qui concerne le mois et le jour de l'année où «l'ère chrétienne» a réellement commencé. Le premier à choisir la date de la naissance du Christ comme l'événement à partir duquel on devrait calculer tous les événements chronologiques ultérieurs fut Dionysius Exiguus, en 532 ap. J.-C.; cette méthode de calcul du temps a pris le nom de système dionysien et prend pour date de base A. U. C. 753, c'est-à-dire 753 ans après la fondation de Rome, comme année de la naissance de notre Seigneur. Les érudits ultérieurs qui ont examiné le sujet ne s'accordent que pour dire que le calcul dionysien est erroné, en ce qu'il situe la naissance du Christ de trois à quatre ans trop tard; et que, par conséquent, notre Seigneur est né dans la troisième ou la quatrième année avant le commencement de ce que les savants d'Oxford et de Cambridge appellent l'ère vulgaire, calculée en ans de grâce.

 

Sans essayer d'analyser la masse des données relatives à ce sujet, nous acceptons la méthode dionysienne comme correcte en ce qui concerne l'année, c'est-à-dire que nous croyons que le Christ est né au cours de l'année que nous appelons l'an 1 av. J.-C., et, comme nous le montrerons, au cours d'un des premiers mois de cette année. Nous citons, en confirmation de cette croyance, le document inspiré appelé la «Révélation sur le gouvernement de l'Eglise, donnée par l'intermédiaire de Joseph le Prophète, en avril 1830», qui commence par les paroles: «Naissance de l'Eglise du Christ en ces derniers jours, mille huit cent trente ans depuis l'avènement de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ dans la chair[30]

 

Une autre preuve que la chronologie que nous acceptons communément est correcte est fournie par le Livre de Mormon. Nous y lisons que «au commencement de la première année du règne de Sédécias, roi de Juda», le Seigneur adressa la parole à Léhi, à Jérusalem, lui ordonnant de prendre sa famille et de partir dans le désert[31]. Dans les premières étapes de leur voyage vers la mer, Léhi prophétisa, comme le Seigneur le lui avait montré, la destruction imminente de Jérusalem et la captivité des Juifs. En outre, il prédit le retour final du peuple de Juda de son exil à Babylone, et la naissance du Messie, déclarant clairement que ce dernier événement se produirait six cents ans après la date à laquelle son peuple et lui avaient quitté Jérusalem[32]. Cette précision quant au temps fut répétée par des prophéties ultérieures[33], et le Livre rapporte que quand les signes de l'accomplissement réel se produisirent, «il y avait six cents ans que Léhi avait quitté Jérusalem»[34]. Ces Ecritures fixent l'époque du commencement du règne de Sédécias à six cents ans avant la naissance du Christ. Selon le calcul communément accepté, Sédécias fut couronné roi en 597 avant Jésus-Christ[35]. Cela montre un désaccord d'environ trois ans entre la date communément acceptée de l'inauguration de Sédécias comme roi et celle donnée par le Livre de Mormon; et comme nous l'avons déjà vu, il y a une différence d'environ trois à quatre ans entre le calcul dionysien et la première possibilité d'accord entre les savants à propos du commencement de l'ère vulgaire. C'est pourquoi la chronologie du Livre de Mormon confirme d'une manière générale que le système dionysien ou commun est correct.

 

Quant à l'époque de l'année où le Christ naquit, il existe parmi les savants une diversité d'opinions aussi grande que pour l'année elle-même. Beaucoup de savants bibliques prétendent que le 25 décembre, jour célébré par la chrétienté sous le nom de Noël, ne peut être la date correcte. Nous croyons que le 6 avril est la date de naissance de Jésus-Christ, comme l'indique une révélation de la dispensation actuelle déjà citée[36] dans laquelle ce jour correspond exactement à la fin de la mille huit cent trentième année depuis l'avènement du Seigneur dans la chair. Nous admettons naturellement que notre position est basée sur notre foi en la révélation moderne et ne provient en aucune façon de recherches ou d'analyses chronologiques. Nous croyons que Jésus-Christ naquit à Bethléem de Judée, le 6 avril de l'an 1 av. J.-C.

 

NOTES DU CHAPITRE 8

 

1. Le recensement : A propos de la présence de Joseph et de Marie à Bethléem, loin de leur demeure de Galilée et du décret impérial en vertu duquel ils avaient été amenés à se trouver là, les notes suivantes méritent considération. Farrar (Life of Christ, p. 24, note), dit: «On ne sait pas avec certitude si le voyage de Marie avec son mari était obligatoire ou volontaire... si ce recensement entraînait également une taxe, cela veut dire que les femmes étaient passibles d'un impôt par tête. Mais, en dehors de toute nécessité légale, on peut aisément imaginer qu'en un pareil moment Marie ait désiré ne pas rester seule. Les soupçons cruels dont elle avait été l'objet et qui avaient presque provoqué la rupture de ses fiançailles (Mt 1:19) la feraient s'attacher d'autant plus à la protection de son mari.» L’extrait suivant est tiré de Life and Words of Christ, de Geikie, vol. 1, chap. 9, p. 108: «La nation juive payait tribut à Rome, par l'intermédiaire de ses gouverneurs, depuis le temps de Pompée; et Auguste, le méthodique, qui régnait maintenant et devait rétablir l'ordre dans les finances de l'empire et les assainir après la confusion et l'épuisement des guerres civiles, prit grand soin que cette obligation ne fût ni oubliée ni évitée. Il avait coutume d'exiger un recensement qui devait être fait périodiquement dans toutes les provinces de ses vastes conquêtes, afin de connaître le nombre de soldats qu'il pouvait lever dans chacune d'elles et le montant des impôts dus au trésor... Dans un empire qui embrassait le monde connu à l'époque, il était impossible de faire un recensement pareil simultanément partout, en une période de temps brève ou fixée; il est plus probable que c'était un travail qui durait des années et qui était effectué dans les provinces ou les royaumes successivement. Mais tôt ou tard, même les domaines de rois vassaux comme Hérode devaient fournir les statistiques requises par leur maître. Lorsqu'il avait reçu son royaume, il était resté sujet de l'empereur et dépendait de plus en plus d'Auguste à mesure que les années passaient et qu'il lui demandait de sanctionner à chaque instant les mesures qu'il se proposait de prendre. Il ne serait donc que trop prêt à satisfaire ses désirs, en se procurant les statistiques qu'il désirait comme on peut en juger par le fait qu'au cours d'une des dernières années de sa vie, juste avant la naissance du Christ, il obligea la nation juive tout entière à faire un serment solennel d'obéissance à l'empereur ainsi qu'à lui-même.

 

«Il est tout à fait probable que la méthode pour obtenir les statistiques requises fut laissée en grande partie à Hérode, à la fois pour lui montrer du respect devant son peuple et parce qu'on savait que les Juifs étaient déjà opposés à tout ce qui ressemblait à un recensement général, abstraction faite de l'imposition à laquelle il devait mener. A l'époque où se situe le récit, il semble qu'on ait procédé à un simple enregistrement, suivant le vieux système hébraïque qui consistait à s'inscrire par famille dans son district ancestral, naturellement à usage futur; et c'est ainsi que les choses se passèrent en bon ordre... La proclamation ayant été faite dans tout le pays, Joseph n'avait que le choix d'aller à Bethlehem, ville de David, lieu où ses origines familiales, de la maison et du lignage de David, exigeaient qu'il fût inscrit.»

 

2. Jésus né dans un entourage pauvre : Il ne fait aucun doute que le lieu où Jésus naquit n'était pas très confortable. Mais ces conditions, quand on les examine à la lumière des coutumes du pays et du temps, étaient loin de l'état de dénuement profond que l'on pourrait imaginer en les comparant à nos coutumes modernes et occidentales. Loger à la belle étoile n'était pas quelque chose d'extraordinaire pour les voyageurs de la Palestine à l'époque de la naissance de notre Seigneur; et ce ne l'est pas non plus aujourd'hui. Mais il ne fait cependant aucun doute que Jésus naquit dans une famille relativement pauvre, dans des conditions modestes liées à l'inconfort provenant du voyage. Cunningham Geikie, Life and Words of Christ, chap. 9, pp. 112, 113, dit: «Joseph et Marie se rendaient à Bethlehem, ville de Ruth et de Booz, et ancienne résidence de leur propre grand ancêtre David. En s'en approchant, après avoir quitté Jérusalem, ils devaient passer, dans le dernier kilomètre, devant un endroit sacré pour des Juifs, où le soleil de la vie de Jacob s'éteignit, lorsque son premier amour, Rachel, mourut et fut enterrée comme sa tombe le montre encore, «sur le chemin d'Ephrata, qui est Bethléhem» (Gn 35:19). Voyager en Orient a toujours été très différent des conceptions occidentales. Comme dans tous les pays peu peuplés, l'hospitalité privée obviait, dans les temps anciens, au manque d'auberges, mais ce qui est particulier à l'Orient, c'est que cette coutume amicale se poursuivit pendant une longue série d'époques. Sur les grandes routes qui traversaient des régions désertiques ou inhabitées, le besoin d'abri mena, très tôt, à la construction de bâtiments grossiers et simples, de grandeur variée, appelés khans, qui offraient aux voyageurs la protection de murs et d'un toit, et de l'eau, mais pas grand-chose de plus. Les bâtiments les plus petits ne se composaient parfois que d'une seule pièce vide, sur le sol de laquelle le voyageur pouvait étendre son tapis pour dormir; les plus grands, toujours construits dans un carré creux, entouraient une cour pour les animaux, contenant de l'eau pour eux et leurs maîtres. Depuis des temps immémoriaux cela a été un mode favori de bienveillance que d'édifier de tels abris, comme nous le voyons dès l'époque de David, quand Chinham construisit un grand khan près de Bethléhem, sur la route caravanière d'Egypte.»

 

Le chanoine Farrar (Life of Christ, chap. 1) accepte la croyance traditionnelle que l'abri dans lequel Jésus naquit était une des nombreuses grottes calcaires qui abondent dans la région et que les voyageurs utilisent encore comme lieu de repos. Il dit: «Il n'est pas rare, en Palestine, que le khan tout entier, ou tout au moins la partie de celui-ci où sont logés les animaux, soit une de ces cavernes innombrables qui abondent dans les rochers calcaires de ces collines centrales. Tel semble avoir été le cas dans la petite ville de Bethléhem-Ephrata, dans le pays de Juda. Justin, apologiste et martyr, qui, étant donné sa naissance à Sichem, connaissait bien la Palestine et qui vivait moins d'un siècle après l'époque de notre Seigneur, situe la scène de la nativité dans une grotte. C'est là, en effet, la tradition ancienne et constante des Eglises d'Orient et d'Occident, et c'est une des rares que nous puissions considérer comme raisonnablement probable, bien qu'elle ne soit pas rapportée dans l'histoire évangélique.»

 

3. Hérode le Grand : L’histoire d'Hérode 1er, également appelé Hérode le Grand, doit être recherchée dans des ouvrages spéciaux, dans lesquels le sujet est traité en détail. Certains des faits principaux doivent être examinés dans notre étude présente et, pour aider l'étudiant, nous présentons ci-après quelques extraits tirés d'ouvrages considérés comme dignes de foi.

 

Condensé d'une partie d'un article du Standard Bible Dictionary, édité par Jacobus Nourse et Zenos, publié par Funk and Wagnalls Co., 1909: - Hérode 1er, fils d’Antipater, reçut très tôt un office important de son père, qui avait été nommé procurateur de Judée. Le premier office qu'Hérode détint fut celui de gouverneur de la Galilée. C'était alors un jeune homme de vingt-cinq ans environ, énergique et athlétique. Il se mit immédiatement en devoir de supprimer les bandes de pillards qui infestaient son district et réussit bientôt à exécuter le chef pillard Hézékiah et plusieurs de ses lieutenants. Pour cela il fut convoqué à Jérusalem par le Sanhédrin, jugé et condamné mais, de connivence avec Hyrcan II (grand prêtre ethnarque), il prit la fuite pendant la nuit. - Il se rendit à Rome où il fut nommé roi de Judée par Antoine et Octave. - Pendant les deux années suivantes il s'employa à lutter contre les forces d'Antigone, qu'il finit par vaincre, et prit possession de Jérusalem en 37 av. J.-C. - Une fois roi, Hérode dut faire face à de graves difficultés. Les Juifs lui étaient opposés à cause de sa naissance et de sa réputation. La famille des Asmonéens le considérait comme un usurpateur, en dépit du fait qu'il avait épousé Mariamne. Les Pharisiens étaient choqués de ses sympathies hellénistiques ainsi que de ses méthodes sévères de gouvernement. D'autre part les Romains le considéraient comme responsable de l'ordre de son royaume et de la protection de la frontière orientale de la République. Hérode fit face à ces difficultés diverses avec une énergie et même une cruauté caractéristiques, et généralement avec une sagacité froide. Bien qu'il taxât le peuple sévèrement, il lui remettait ses dettes en temps de famine et vendait même sa vaisselle pour obtenir le moyen de lui acheter de la nourriture. Bien qu'il n'eût jamais de relations vraiment amicales avec les Pharisiens, ils profitaient de son hostilité envers le parti des Asmonéens, ce qui conduisit au commencement de son règne à l'exécution d'un certain nombre de Sadducéens qui étaient membres du sanhédrin.

 

Tiré du Comprehensive Dictionary of the Bible, de Smith: La dernière partie «du règne d'Hérode ne souffrit pas de troubles externes, mais sa vie domestique fut gâchée par une série presque ininterrompue de blessures et d'actes cruels de vengeance. Les terribles effusions de sang qu'Hérode commit sur sa famille furent accompagnées par d'autres tout aussi terribles parmi ses sujets, si on pense au nombre de personnes qui en furent les victimes. Selon l'histoire bien connue, il ordonna que les nobles qu'il avait fait venir auprès de lui à ses derniers moments fussent exécutés immédiatement après son décès, afin qu'ainsi au moins sa mort s'accompagnât d'un deuil universel. C'est à l'époque de sa maladie fatale qu'il dut ordonner le massacre des petits enfants de Bethléhem» (Mt 2:16-18).

 

La fin mortelle du tyran et massacreur est traitée de la manière suivante par Farrar dans sa Life of Christ, pp. 54,55: - «Hérode dut mourir très peu après l'assassinat des innocents. Cinq jours seulement avant sa mort, il avait frénétiquement essayé de se suicider et avait ordonné l'exécution de son fils aîné, Antipater. Son agonie, qui nous rappelle une fois de plus Henri VIII, s'accompagna de circonstances particulièrement horribles; on a affirmé qu'il mourut d'une maladie répugnante, qui n'est pour ainsi dire jamais mentionnée dans l'histoire sinon dans le cas d'hommes qui ont été rendus infâmes par les atrocités qu'ils ont commises dans leur zèle à persécuter. Sur son lit de douleurs intolérables dans ce palais splendide et luxueux qu'il s'était construit, sous les palmiers de Jéricho, enflé par la maladie et brûlant de soif, ulcéré extérieurement et consommé intérieurement par un «feu brûlant lentement», entouré de fils qui complotaient et d'esclaves qui pillaient, haïssant tout le monde et haï de tous, aspirant au moment où la mort le délivrerait de ses tortures et pourtant la craignant parce qu'elle serait le commencement de terreurs pires encore, rongé par le remords et pourtant pas encore rassasié de meurtre, horrible pour tous ceux qui l'entouraient et pourtant plus terrifiant à lui-même dans sa conscience coupable, dévoré par la corruption prématurée d'une tombe qui l'attendait, mangé de vers comme s'il était frappé visiblement par le doigt de la colère de Dieu, après soixante-dix ans de scélératesse prospère, le misérable vieillard, que les hommes appelaient le Grand, était étendu dans une frénésie sauvage attendant sa dernière heure. Sachant que personne ne verserait une larme sur lui, il décréta aux principales familles du royaume et aux chefs des tribus, sous peine de mort, de se rendre à Jéricho. Ils vinrent. Après les avoir fait enfermer dans l'hippodrome, il commanda secrètement à sa sœur Salomé de les faire tous massacrer au moment de sa mort. Et c'est ainsi que, étouffant pour ainsi dire de sang, imaginant des massacres dans son délire même, l'âme d'Hérode entra dans la nuit.»

 

On trouvera le temple d'Hérode mentionné à la note 5, après le chapitre 6.

 

4. Dons des mages à l'Enfant Jésus : Le récit scripturaire de la visite des mages à Jésus et à sa mère déclare qu'ils «se prosternèrent et l'adorèrent», et en outre qu'«ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe». La présentation de dons à un personnage de rang supérieur, que ce soit par sa situation dans le monde ou par ses capacités spirituelles reconnues, était une coutume des temps anciens et est encore largement répandue dans beaucoup de pays orientaux. Il est à noter que nous n'avons aucun document qui montre que ces hommes d'Orient aient offert des dons à Hérode dans son palais; mais ils donnèrent une partie de leurs trésors à l'humble Enfant en qui ils reconnaissaient le Roi à la recherche duquel ils étaient partis. La tendance à attribuer une signification occulte à des détails même minuscules mentionnés dans les Ecritures, en particulier en ce qui concerne la vie du Christ, a conduit à beaucoup de suggestions imaginaires concernant l'or, l'encens et la myrrhe mentionnés dans cet incident. Certains y ont vu un symbolisme à moitié caché: l'or, tribut à sa royauté, l'encens comme offrande reconnaissant sa prêtrise, et la myrrhe pour son ensevelissement. Le livre sacré n'offre aucune base à de pareilles suppositions. La myrrhe et l'encens sont des résines aromatiques dérivées de plantes originaires des pays d'Orient, et on les utilise depuis des temps extrêmement reculés en médecine et dans la préparation de parfums et de mélanges aromatiques. Ils comptaient probablement parmi les produits naturels des pays dont les mages venaient, bien qu'il soit probable que, même là, ils étaient chers et très estimés. Avec l'or, qui est un métal précieux dans toutes les nations, ils constituaient des dons tout à fait appropriés pour un roi. Quiconque désire attribuer une signification mystique à ces présents doit se souvenir qu'elle ne sera rien de plus que ses propres suppositions ou sa propre imagination et n'est pas garantie par l'Ecriture.

 

5. Les témoignages des bergers et des mages : La note instructive suivante sur les témoignages qui ont trait à la naissance du Messie est tirée du Young Men's Mutual Improvement Association Manual, de 1897 - 8: «On observera que les témoignages relatifs à la naissance du Messie proviennent de deux extrêmes, les humbles bergers des champs de Judée, et les mages érudits de l'Extrême-Orient. Nous ne pouvons pas penser que c'est là le résultat d'un simple hasard, mais que l'on peut y discerner le dessein et la sagesse de Dieu. Israël tout entier espérait la venue du Messie, et, dans la naissance de Jésus à Bethléhem, l'espoir d'Israël bien qu'à l'insu de celui-ci - se réalise. Le Messie dont leurs prophètes parlaient est né. Mais il doit y en avoir qui témoignent de cette vérité, c'est pourquoi un ange fut envoyé aux bergers qui gardaient leurs troupeaux de nuit, pour dire: ‘Soyez sans crainte, car je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie qui sera pour tout le peuple: aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur.’ Et comme signe de la véracité du message, ils devaient trouver l'Enfant enveloppé de langes, couché dans une crèche à Bethléhem. Et ils allèrent en hâte et trouvèrent Marie et Joseph, et le bébé couché dans une crèche; et lorsqu'ils l'eurent vu, ils révélèrent à tout le monde ce qu'on leur avait dit concernant cet enfant. Dieu s'était suscité des témoins parmi le peuple pour témoigner que le Messie était né, que l'espoir d'Israël s'était réalisé. Mais il y avait parmi les Juifs des classes de gens que ces humbles témoignages des bergers ne pouvaient atteindre, et qui, si on avait pu les atteindre, auraient sans aucun doute considéré l'histoire de la visite de l'ange et le concours d'anges chantant le cantique magnifique de ‘Paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée’, comme des contes futiles de gens superstitieux, trompés par leur imagination exagérée ou leurs songes vains. Dieu suscita donc une autre classe de témoins - des mages de l'Orient - témoins qui pouvaient entrer dans le palais royal du fier roi Hérode et demander hardiment: ‘Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer’; témoignage qui surprit Hérode et troubla Jérusalem tout entière. De sorte que Dieu se suscita, en effet, des témoins pour satisfaire toutes les classes et tous les états des hommes: le témoignage d'anges pour les pauvres et les humbles; le témoignage d'hommes sages pour le roi hautain et les prêtres orgueilleux de la Judée. De sorte que ses disciples pouvaient dire, en parlant des choses relatives à la naissance du Messie, tout autant que des choses relatives à sa mort et à sa résurrection d'entre les morts: ‘Ce n'est pas en cachette qu'elles se sont passées.’

 

6. L’année de la naissance du Christ : En traitant ce sujet, le Dr Charles F. Deems (The Light of the Nations, p. 28), après avoir soigneusement examiné les estimations, les calculs et les suppositions d'hommes qui ont employé de nombreux moyens dans leurs recherches pour ne parvenir qu'à des résultats discordants, dit: «Il est ennuyeux de voir des savants utiliser le même attirail à calculer pour arriver aux résultats les plus divergents. C'est une chose étourdissante que d'essayer de trouver un accord parmi ces calculs divers.» Dans une note en appendice, le même auteur déclare: «Par exemple: la naissance de notre Seigneur est située en l'an 1 av. J.-C. par Pearson et Hug, l'an 2av. J.-C. par Scalinger, 3 av. J.-C. par Baronius et Paulus, 4 av. J.-C. par Bengel, Wieseler et Greswell, 5 av. J.-C. par Usher et Petavius, 6 av. J.-C. par Strong, Luvin et Clark, 7 av. J.-C. par Ideler et Sanclemente.»

  



[1] Lc 2:1; voir versets 2-4. Note 1, fin du chapitre.

[2] Note 1, fin du chapitre.

[3] Note 2, fin du chapitre.

[4] Lc 2:6,7.

[5] Lc 2:8-14.

[6] Lc 2:15.

[7] Lc 2:19.

[8] Lc 4:22, Mt 13:55, Mc 6:3.

[9] Gn 17:12,13, Lv 12:3; cf. Jn 7:22. Page 95.

[10] Lc 2:21; cf. 1:31, Mt 1:21, 25.

[11] Lv chap. 12.

[12] Ex 12:29, 13:2, 12, 22:29,30.

[13] Nb 8:15-18, 18:15,16.

[14] Lc 2:25; voir aussi verset 38; Mc 15:43; cf. Ps 40.1.

[15] Lc 2:29-32. Dans les cantiques chrétiens, ces versets sont appelés le Nunc dimittis; ils doivent leur nom aux deux premiers mots de la version latine.

[16] Note 3, fin du chapitre.

[17] Mt 2:2; lire 1-10.

[18] Mt 2:5,6; cf. Mi 5:2, Jn 7:42.

[19] Note 4, fin du chapitre.

[20] Note 5, fin du chapitre.

[21] Nb 24:17.

[22] LM, HéI 14:5; 3 Né 1:21. Pages 53, 110 et 775.

[23] Mt 2:13.

[24] Mt 2:16.

[25] Mt 2:17,18; cf. Jr 31:15.

[26] Page 53.

[27] LM, Hél 14:2; lire 1-9.

[28] LM, 3 Né 1:9; lire versets 4-21.

[29] LM, 3 Né 1:12-21.

[30] D&A 20:1; cf. 21:3. Note 6, fin du chapitre.

[31] LM, 1 Né 1:4; 2:2-4.

[32] LM, 1 Né 10:4.

[33] LM, 1 Né 19:8; 2 Né 25:19.

[34] LM, 3 Né 1:1.

[35] Standard Bible Dictionary; édité par Jacobus, Nourse et Zenos, pub. par Funk et Wagnalls Co., New York et Londres, 1909, p. 915, articIe «Zedekiah».

[36] D&A 20:1; cf. 21:3.

 

 

 

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