CHAPITRE
31 : FIN DU MINISTÈRE PUBLIC DE NOTRE SEIGNEUR CONSPIRATION
DES PHARISIENS ET DES HÉRODIENS[1] Les autorités juives persistaient sans relâche
dans leurs efforts, bien décidées à tenter ou à entraîner Jésus à
commettre un acte ou à prononcer une parole sur lesquels elles pourraient
baser l'accusation qu'il avait commis un délit, soit en vertu de leur
loi, soit en vertu de la loi romaine. Les Pharisiens se consultèrent «sur
les moyens de prendre Jésus au piège de ses propres paroles»; puis,
mettant de côté leurs préjugés partisans, ils conspirèrent à cette
fin avec les Hérodiens, faction politique dont la caractéristique
principale était l'objectif de maintenir au pouvoir la famille des Hérode[2],
politique qui entraînait nécessairement le soutien du pouvoir romain
dont les Hérode détenaient l'autorité qui leur était déléguée. Ils
avaient conclu la même association incongrue que précédemment,
lorsqu'ils essayèrent d'inciter Jésus à parler ou à agir ouvertement
en Galilée; et le Seigneur avait associé les deux partis dans
l'avertissement qu'il avait donné aux disciples de se méfier du levain
de l'un et de l'autre[3]. C'est ainsi que le dernier
jour où le Seigneur enseigna en public, les Pharisiens et les Hérodiens
unirent leurs forces contre lui; les uns veillant à la moindre infraction
technique à la loi mosaïque, les autres prêts à s'emparer du moindre
prétexte pour l'accuser de déloyauté envers les pouvoirs séculiers.
Leurs plans furent conçus par traîtrise et mis à exécution comme
l'incarnation vivante d'un mensonge. Choisissant du milieu d'eux certains
qui n'étaient pas encore apparus personnellement en conflit avec Jésus,
et qui étaient censés lui être inconnus, les principaux conspirateurs
les envoyèrent avec l'ordre de feindre «d'être de bonne foi, pour le
prendre à l'une de ses paroles et le livrer aux magistrats et à
l'autorité du gouverneur». Cette
délégation d'espions hypocrites vint poser une question, avec une sincérité
feinte, comme s'ils étaient troublés dans leur conscience et demandaient
conseil à l'éminent instructeur. «Maître», dirent-ils avec une
flatteuse duplicité, «nous savons que tu es véridique, et que tu
enseignes la voie de Dieu en toute vérité, sans redouter personne, car
tu ne regardes pas à l'apparence des hommes». Cet éloge étudié du
courage et de l'indépendance de pensée et d'action de notre Seigneur était
vrai à tous points de vue; mais, prononcé par ces hypocrites écœurants
et avec leur intention mauvaise, il était faux à l'extrême. Cependant
la formule mielleuse avec laquelle les conspirateurs essayèrent
d'endormir la méfiance du Seigneur indiquait que la question qu'ils étaient
sur le point de poser exigeait précisément, pour que l'on pût y répondre
convenablement, les qualités d'esprit qu'ils faisaient semblant de lui
attribuer. «Dis-nous donc», continuèrent-ils, «ce
que tu en penses: Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César?»
La question avait été choisie avec une ruse diabolique; car de tous les
actes qui attestaient la fidélité forcée à Rome, l'obligation de payer
la capitation était celui qui offensait le plus les Juifs. Si Jésus
avait répondu «oui», les fourbes Pharisiens auraient pu enflammer la
multitude contre lui en faisant de lui un fils déloyal d'Abraham; s'il
avait répondu «non», les Hérodiens comploteurs l'auraient dénoncé
comme fomenteur de troubles contre le gouvernement romain. En outre la
question était inutile; la nation, tant le peuple que les gouverneurs,
l'avait réglée, quoique de mauvais gré, car ils acceptaient et
faisaient circuler parmi eux comme moyen commun d'échange la monnaie
romaine; et pour les Juifs, celui qui utilisait couramment la monnaie d'un
souverain quelconque reconnaissait son autorité royale. «Mais Jésus qui
connaissait leur malice répondit: Pourquoi me mettez-vous à l'épreuve,
hypocrites?» Toutes leurs manifestations habiles de fausse adulation
furent coupées par l'épithète flétrissante: «hypocrites». «Montrez-moi
la monnaie avec laquelle on paie le tribut», commanda-t-il, et ils
lui présentèrent un denier romain portant l'effigie et le nom de Tibère,
empereur de Rome. «De qui sont cette effigie et cette inscription?»
demanda-t-il. Ils répondirent: «De César.» Alors il leur
dit: «Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui
est à Dieu[4].» Quel
que soit l'angle sous lequel nous la considérons, cette réplique était
magistrale; elle est devenue un aphorisme utilisé dans la littérature et
dans la vie. Et si quelqu'un avait continué de penser qu'il y eût, dans
l'esprit de celui qui était entré si récemment à Jérusalem comme roi
d'Israël et prince de la paix, le moindre désir de pouvoir ou domination
terrestre, cette réponse l'aurait dégrisé. Elle fixait pour toujours la
seule base licite des rapports entre les devoirs spirituels et séculiers,
entre l'Eglise et l'Etat. Les apôtres des années ultérieures édifièrent
sur ce fondement et enjoignirent l'obéissance aux lois des gouvernements
établis[5]. On peut, si l'on veut, tirer une leçon de
l'association des paroles du Seigneur avec la présence de l'image de César
sur la pièce de monnaie. C'était cette effigie avec l'inscription qui
l'accompagnait qui donnaient un sens particulier à son commandement mémorable:
«Rendez donc à César ce qui est à César.» Il y ajouta cet autre ordre: «Et à Dieu ce qui est à
Dieu.» Toute âme humaine est marquée de l'image et de l'inscription de
Dieu, quelque flous et indistincts que les contours aient pu devenir du
fait de la corrosion ou de l'usure du péché[6];
et comme on doit rendre à César les pièces sur lesquelles apparaît son
effigie, de même il faut rendre à Dieu les âmes qui portent son image. Rendez au monde les pièces frappées
qui reçoivent cours légal par les insignes des pouvoirs profanes, et
donnez-vous à Dieu et à son service, vous, la monnaie divine de
son royaume éternel. Pharisiens
et Hérodiens furent réduits au silence par la sagesse sans réplique de
la réponse que le Seigneur fit à leur question rusée. Quoi qu'ils
fassent, ils ne pouvaient «le prendre à l'une de ses paroles», et ils
furent humiliés devant le peuple qui était témoin. S'étonnant de sa réponse,
et peu disposés à courir le risque d'être de nouveau embarrassés, et
peut-être pire, ils «le quittèrent et s'en allèrent». Néanmoins
ces Juifs pervertis persistèrent dans leurs desseins vils et traîtres.
Comme cela n'apparaît nulle part avec plus d'évidence que lorsqu'ils
formulèrent devant Pilate l'accusation absolument fausse que Jésus était
coupable d'empêcher «de payer l'impôt à César, et se disait lui-même
Christ, roi»[7]. LES SADDUCÉENS POSENT DES
QUESTIONS SUR LA RÉSURRECTION[8] Ensuite les Sadducéens essayèrent de désarçonner
Jésus en posant ce qu'ils considéraient comme une question compliquée
sinon très difficile. Les Sadducéens affirmaient qu'il ne pouvait y
avoir de résurrection du corps, point de doctrine, parmi bien d'autres,
sur lequel ils étaient les adversaires avoués des Pharisiens[9]. La question posée par les Sadducéens en
cette occasion avait directement trait à la résurrection et était
formulée de manière à discréditer cette doctrine en lui donnant une
application extrêmement peu favorable et grossièrement exagérée. «Maître»,
dit le porte-parole du groupe, «Moïse a dit: Si quelqu'un meurt
sans enfants, son frère épousera la veuve et suscitera une descendance
à son frère. Or, il y avait parmi nous
sept frères. Le
premier se maria et mourut, et comme il n'avait pas d'enfants, il laissa
sa femme à son frère. Il en fut de même du deuxième, puis du troisième,
jusqu'au septième. Après eux tous, la femme mourut. A la résurrection,
duquel des sept frères sera-t-elle donc la femme? Car tous l'ont eue.» Il était hors de doute que la loi mosaïque
autorisait et exigeait que le frère vivant d'un mari décédé et sans
enfants épousât sa veuve dans le but d'élever des enfants au nom du
mort, dont la lignée familiale serait légalement continuée[10]. Un état de choses tel que celui qu'avaient présenté
les casuistes sadducéens dans lequel sept frères, l'un après l'autre,
avaient eu pour épouse et laissée veuve sans enfants la même femme, était
possible en vertu du code mosaïque relatif au lévirat; mais c'était un
exemple extrêmement improbable. Mais
Jésus ne perdit pas de temps à discuter des éléments du problème qui
lui était présenté; que le cas fût théorique ou réel n'avait pas
d'importance, puisque la question: «De qui sera-t-elle donc la
femme?» était basée sur une conception absolument fausse. «Jésus leur
répondit: Vous êtes dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni les
Ecritures, ni la puissance de Dieu. Car à la résurrection, les hommes ne
prendront pas de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les
anges de Dieu dans le ciel.» L’intention du Seigneur était claire:
dans l'état ressuscité, il n'y a aucun doute sur le point de savoir
auquel des sept frères la femme appartiendra pour l'éternité, puisque
tous, sauf le premier, ne l'avaient épousée que pour la durée de la vie
ici-bas et avant tout dans le but de perpétuer dans la mortalité le nom
et la famille du frère qui était mort le premier. Voici une partie des
paroles du Seigneur telles que Luc les rapporte: «Mais ceux qui seront
trouvés dignes d'avoir part au siècle à venir et à la résurrection
d'entre les morts ne prendront ni femmes ni maris. Ils ne pourront pas non
plus mourir, parce qu'ils seront semblables aux anges et qu'ils seront
fils de Dieu, étant fils de la résurrection.» Dans la résurrection, on
ne se mariera pas ni ne donnera en mariage; car toutes les questions
relatives à l'état matrimonial doivent être réglées avant ce
moment-là, selon l'autorité de la Sainte Prêtrise, qui détient
le pouvoir de sceller en mariage pour le temps et l'éternité[11]. Passant
du cas présenté par ses perfides interlocuteurs, Jésus parla de la réalité
de la résurrection, qui était impliquée par la question. «Pour ce qui
est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu
vous a dit: Moi, je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de
Jacob? Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.» C'était une
attaque directe contre la doctrine sadducéenne qui niait la résurrection
littérale des morts. Les Sadducéens se distinguaient comme défenseurs zélés
de la loi, dans laquelle Jéhovah affirme lui-même être le Dieu
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob[12];
et cependant ils niaient qu'il fût possible à ces patriarches de
ressusciter et rendaient le titre exalté, sous lequel le Seigneur s'était
révélé à Moïse, valide seulement au cours de la brève existence
mortelle des ancêtres de la nation israélite. En déclarant que Jéhovah
n'est pas le Dieu des morts mais des vivants, Jésus dénonçait de manière
irréfutable la déformation des Ecritures par les Sadducéens; et de manière
définitive et solennelle, le Seigneur ajouta: «Votre erreur est grande.»
Certains des scribes présents furent frappés par cette démonstration
incontestable de la vérité et s'exclamèrent avec approbation: «Maître,
tu as bien parlé.» Les orgueilleux Sadducéens étaient convaincus
d'erreur et réduits au silence. «Et ils n'osaient plus lui poser aucune
question.» LE GRAND COMMANDEMENT[13] Les Pharisiens, se réjouissant sous cape de la déconfiture
de leurs rivaux, réunirent maintenant suffisamment de courage pour préparer
une autre attaque à leur propre compte. L’un d'entre eux, docteur de la
loi, titre sous lequel nous pouvons entendre l'un des scribes, qui était
également professeur des lois ecclésiastiques, demanda: «Quel est le
premier de tous les commandements?» ou, comme Matthieu rapporte la
question: «Maître, quel est le grand commandement de la loi?» La réponse
fut prompte, tranchante et universelle au point de couvrir dans leur intégralité
les exigences de la loi. Avec l'appel impérieux que Moïse avait utilisé
pour commander à Israël d'écouter et de faire attention[14],
les termes mêmes qui étaient écrits sur les phylactères[15]
que les Pharisiens portaient sur le front entre les yeux, Jésus répondit:
«Voici le premier: Ecoute Israël, le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur
est un, et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute
ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second: Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre
commandement plus grand que ceux-là.» Matthieu formule la fin de
cette déclaration comme suit: «De ces deux commandements dépendent
toute la loi et les prophètes.» Le bien-fondé philosophique de la
profonde généralisation du Seigneur et de son résumé universel de «la
loi et des prophètes»[16] apparaîtra à tous ceux qui étudient la
nature humaine. Il est une tendance commune parmi les hommes de
rechercher, ou du moins de s'informer et de s'étonner du superlatif. Qui
est le plus grand poète, le plus grand philosophe, le plus grand savant,
le plus grand prédicateur ou le plus grand chef d'Etat? Qui se trouve au
premier rang de la communauté, de la nation ou même, comme les apôtres
le demandèrent dans leur ambitieuse ignorance, dans le royaume des cieux?
Quelle est la montagne qui domine tout le reste? Quel est le fleuve qui
est le plus long ou le plus large? Pareilles questions sont éternelles. Les Juifs avaient divisé et subdivisé les
commandements de la loi et avaient ajouté à la moindre subdivision des règles
inventées par eux-mêmes. Maintenant venait le
Pharisien, demandant laquelle de ces exigences était la plus grande[17].
Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit,
c'est le servir et garder tous ses commandements. Aimer son prochain comme
soi-même, c'est être un frère dans le sens à la fois le plus
large et le plus exigeant du terme. C'est pourquoi le commandement d'aimer
Dieu et l'homme est le plus grand, étant donné la vérité simple et
mathématique que le tout est plus grand que n'importe laquelle de ses
parties. Quel besoin aurait-on du décalogue si l'humanité obéissait
à ce premier grand commandement universel? La réponse que le Seigneur
fit à la question était convaincante même pour le savant scribe qui s'était
présenté comme porte parole de ses collègues pharisiens. L’homme fut
suffisamment honnête pour admettre la droiture et la sagesse sur
lesquelles la réponse reposait et exprima impulsivement son accord,
disant: «Bien, maître, tu as dit avec vérité que Dieu est unique et
qu'il n'y en a pas d'autre que lui, et que l'aimer de tout son cœur, de
toute son intelligence et de toute sa force, ainsi qu'aimer son prochain
comme soi‑même, c'est plus que tous les holocaustes et tous les
sacrifices.» Jésus ne fut pas moins prompt que le scribe aux bonnes
intentions en reconnaissant le mérite des paroles d'un adversaire; et il
encouragea l'homme en lui assurant: «Tu n'es pas loin du royaume de Dieu.»
Les Ecritures ne nous disent pas si le scribe resta ferme dans son
intention et obtint finalement le droit d'entrer dans cette demeure bénie. JÉSUS
SE FAIT QUESTIONNEUR[18] Sadducéens, Hérodiens, Pharisiens, docteurs de la
loi et scribes avaient tour à tour subi la déconfiture et la défaite
dans leurs efforts pour embrouiller Jésus dans des questions de doctrine
ou de pratique et avaient complètement échoué dans leurs tentatives
pour l'amener à commettre un acte ou prononcer une parole qui leur
permettrait de l'accuser légalement de délit. Ayant si efficacement réduit
au silence tous ceux qui s'étaient risqués à l'affronter en discussion,
soit d'une manière cachée soit ouvertement, de sorte que «personne
n'osa plus lui poser de questions», Jésus se fit à son tour
interrogateur offensif. Se tournant vers les Pharisiens qui s'étaient
groupés pour se consulter plus facilement, Jésus lança la discussion
suivante: «Que pensez-vous du Christ? De qui est-il fils? Ils
lui répondirent: de David. Et Jésus leur dit: Comment donc David, (animé)
par l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, lorsqu'il dit: Le Seigneur a
dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je
mette tes ennemis sous tes pieds? Si donc David l'appelle Seigneur,
comment est-il son fils?» Cette citation que le Seigneur fit du
cantique d'actions de grâce joyeux et adorateur de David dont, comme
l'affirme Marc, Jésus déclara qu'il avait été inspiré du
Saint-Esprit, se rapportait au psaume messianique[19]
dans lequel le roi chanteur affirmait sa loyauté et son respect et
exaltait le règne glorieux du Roi des rois promis, qui y est spécialement
appelé «sacrificateur pour toujours, à la manière de Melchisédek»[20].
Aussi embarrassante que fût cette question inattendue pour les Juifs érudits,
il ne nous est possible d'y voir aucune difficulté inexplicable, puisque
pour nous, qui avons moins de préjugés qu'eux qui vivaient dans
l'attente d'un Messie qui ne serait fils de David que dans le sens de la
lignée familiale et la succession royale dans la splendeur du règne
temporel, la Divinité éternelle du Messie est un fait démontré et indéniable.
Jésus le Christ est le Fils de David dans le sens physique de la lignée
par laquelle Jésus et David sont fils de Jacob, Isaac, Abraham et Adam.
Mais bien que Jésus fût né dans la chair à une époque aussi tardive
que le «midi des temps»[21], il était Jéhovah, Seigneur
et Dieu, avant que David, Abraham ou Adam ne fussent connus sur la terre[22]. DÉNONCIATION DES SCRIBES ET DES PHARISIENS
PERVERS[23] La
défaite humiliante du parti pharisien fut parachevée par la dénonciation
que fit le Seigneur de ce système et par la condamnation qu'il prononça
contre ses indignes représentants. S'adressant avant tout aux disciples,
mais parlant cependant de manière que la foule l'entendît, il attira
l'attention de tous sur les scribes et les Pharisiens qui, fit-il
remarquer, occupaient la chaire de Moïse comme interprètes de la
doctrine et administrateurs officiels de la loi et auxquels on devait par
conséquent obéir dans leur gouvernement autorisé; il mit cependant
fortement en garde les disciples contre leur exemple pernicieux. «Faites
donc et observez tout ce qu'ils vous diront», dit le Seigneur, «mais
n'agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent et ne font pas.» Il n'était
pas possible de faire plus clairement la distinction entre l'obéissance
qui est due aux préceptes officiels et la responsabilité qu'ont
personnellement ceux qui suivent le mauvais exemple, même si c'est celui
d'hommes d'une grande autorité. On n'avait pas le droit de désobéir à
la loi parce que les représentants de celle-ci étaient corrompus,
mais il ne fallait pas non plus excuser ou diminuer la méchanceté de qui
que ce fût à cause des vilenies d'un autre. Expliquant
l'avertissement qu'il proclamait ainsi ouvertement contre les vices des
dirigeants, le Seigneur poursuivit: «Ils lient des fardeaux pesants et
les mettent sur les épaules des hommes, mais eux-mêmes ne veulent
pas les remuer du doigt.» Le rabbinisme avait pratiquement supplanté la
loi en y substituant de multiples règles et demandes exorbitantes, avec
des châtiments y afférents; la journée était remplie d'observances
traditionnelles qui encombraient jusqu'aux activités courantes de la vie;
cependant les dirigeants hypocrites pouvaient trouver des raisons d'être
exemptés personnellement de ces fardeaux et d'autres charges pénibles. Leur
vanité sans borne et leur prétention irrespectueuse à une piété
excessive furent stigmatisées comme suit: «Ils font toutes leurs actions
pour être vus des hommes. Ainsi ils élargissent leurs phylactères[24]
et ils agrandissent les franges de leurs vêtements; ils aiment la première
place dans les repas, les premiers sièges dans les synagogues et les
salutations sur les places publiques; (ils aiment) aussi être appelés
par les hommes, Rabbi.» Le titre prétentieux de rabbi, signifiant maître,
instructeur ou docteur, avait éclipsé la sainteté divinement reconnue
de la prêtrise; être rabbi des Juifs était considéré comme infiniment
supérieur à être prêtre du Dieu Très-Haut[25]. «Mais vous, ne vous
faites pas appeler Rabbi», dit Jésus aux apôtres et aux autres
disciples présents: «car un seul est votre Maître, et vous êtes tous
frères. Et n'appelez personne sur la terre père, car un seul est votre Père,
celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs, car
un seul est votre Directeur, le Christ[26].» Ceux
sur qui allait reposer la responsabilité d'édifier l'Eglise qu'il avait
fondée ne devaient pas aspirer aux titres profanes ni aux honneurs des
hommes; car ces élus étaient frères, et leur seul but devait être de
rendre le plus grand service possible à leur seul et unique Maître.
Comme cela avait déjà été si fortement souligné en d'autres
occasions, ce n'est qu'en servant avec humilité et dévouement qu'on
parvenait et qu'on parvient à l'excellence ou à la suprématie dans
l'appel apostolique, de même que dans les devoirs de disciple ou de
membre de l'Eglise du Christ; c'est pourquoi le Maître dit de nouveau: «Le
plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s'élèvera sera abaissé,
et qui s'abaissera sera élevé.» De la multitude mêlée de disciples et d'incrédules,
comprenant beaucoup de gens du commun qui écoutaient avec un joyeux
empressement pour apprendre[27], Jésus se tourna vers les
dirigeants déjà décontenancés mais en colère et les abreuva d'un véritable
torrent de juste indignation, que traversait l'éclair d'invectives flétrissantes,
accompagné de coups de tonnerre d'anathème divin. «Malheur
à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous fermez aux
hommes le royaume des cieux; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et
vous n'y laissez pas entrer ceux qui le voudraient. «Le critère de piété
des Pharisiens était l'érudition des écoles; celui qui n'était pas
versé dans les questions techniques de la loi était considéré comme
inacceptable devant Dieu et véritablement maudit[28].
Par leur casuistique et leurs explications perverties des Ecritures, ils
embrouillaient et égaraient le «commun du peuple» et constituaient
ainsi des obstacles à l'entrée du royaume de Dieu, refusant d'y entrer
eux-mêmes et barrant le chemin aux autres. «Malheur
à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous dévorez les
maisons des veuves, et que vous faites pour l'apparence de longues prières;
à cause de cela, vous subirez une condamnation particulièrement sévère[29].»
La cupidité des dirigeants juifs à l'époque de notre Seigneur était un
scandale public. Par des extorsions et des exactions illégales sous
couvert du devoir religieux, les gouverneurs ecclésiastiques avaient
amassé un énorme trésor[30], dont les contributions des
pauvres et les confiscations de biens, y compris même les maisons de
veuves endettées, formaient une proportion considérable; et la perfidie
de cette pratique était assombrie par l'apparence extérieure de sainteté
et l'accompagnement sacrilège de prières verbeuses. «Malheur à vous, scribes et Pharisiens
hypocrites! Parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, quand
il l'est devenu, vous en faites un fils de la géhenne, deux fois pire que
vous.» Il est possible que ce malheur se soit adressé davantage à
l'effort de faire des prosélytes au pharisaïsme qu'à celui de convertir
les étrangers au judaïsme; mais comme ce dernier était absolument dégradé
et le premier horriblement corrompu, on peut appliquer la dénonciation de
notre Seigneur à l'un ou à l'autre ou aux deux. Il a été dit des Juifs
qui s'efforçaient de faire des prosélytes que «d'un mauvais païen ils
faisaient un Juif pire encore». Un grand nombre de leurs convertis devenaient
bientôt pervers. «Malheur à vous, conducteurs aveugles! Qui dites:
Si quelqu'un jure par le temple, cela ne compte pas; mais si quelqu'un
jure par l'or du temple, il est engagé. Insensés et aveugles! Lequel est
le plus grand, l'or, ou le temple qui sanctifie l'or? Si quelqu'un,
dites-vous encore, jure par l'autel, cela ne compte pas; mais si
quelqu'un jure par l'offrande qui est sur l'autel, il est engagé.
Aveugles! lequel est le plus grand, l'offrande, ou l'autel qui sanctifie
l'offrande? Celui qui jure par l'autel jure par l'autel et par tout ce qui
est dessus; celui qui jure par le temple jure par le temple et par celui
qui l'habite, et celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et
par celui qui y est assis.» C'est ainsi que le Seigneur condamnait les décrets
infâmes des écoles et du sanhédrin concernant les serments et les vœux;
car ils avaient établi ou sanctionné un code de lois illogique et
injuste concernant les vétilles techniques par lesquelles un vœu pouvait
être rendu obligatoire ou invalidé. Si un homme jurait par le temple, la
maison de Jéhovah, il pouvait obtenir une indulgence pour avoir enfreint
son serment; mais s'il faisait vœu par l'or et les trésors de la sainte
maison, il était tenu par les liens indestructibles de la loi ecclésiastique.
Si on jurait par l'autel de Dieu, ce serment pouvait être annulé; mais
si on faisait vœu par le don corban ou par l'or qui se trouvait sur
l'autel[31], l'obligation était impérieuse.
Dans quelles profondeurs de déraison et de dépravation désespérées
les hommes étaient-ils tombés, combien coupablement insensés et
combien perversement aveugles étaient-ils, eux qui ne voyaient pas
que le temple était plus grand que son or, et l'autel que l'offrande qui
se trouvait dessus! Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur avait dit
de ne «pas jurer»[32]; mais ceux qui ne vivraient
pas conformément à cette loi supérieure, ceux qui persisteraient à se
servir de serments et de vœux, la loi moindre et évidemment juste de la
stricte fidélité aux termes des obligations contractées personnellement
devait leur être imposée, sans faux-fuyant malhonnête ni
discrimination injuste. «Malheur
à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous payez la dîme
de la menthe, de l'aneth et du cumin, et que vous laissez ce qu'il y a de
plus important dans la loi: le droit, la miséricorde et la fidélité;
c'est là ce qu'il fallait pratiquer sans laisser de côté le reste.
Conducteurs aveugles! Qui retenez au filtre le moucheron et qui avalez le
chameau.» La loi
de la dîme était un trait caractéristique des exigences théocratiques
en Israël depuis l'époque de Moïse; et en réalité, cette pratique
remontait à bien avant l'exode. Interprétée littéralement, la loi
exigeait la dîme des troupeaux, des fruits et du grain[33]; mais la tradition avait étendu cette loi à
tous les produits de la terre. Le Seigneur approuvait ceux qui prélevaient
consciencieusement la dîme de tous leurs biens, même les herbes potagères
et autres produits de jardin; mais il dénonçait comme purs hypocrites
ceux qui observaient ces lois pour s'en servir comme excuse à leur négligence
des autres devoirs de la vraie religion. La mention de «ce qu'il y a de
plus important dans la loi» peut avoir été une allusion à la
falsification rabbinique des règlements «légers» et «lourds» dans la
loi, bien qu'il soit certain que le Seigneur n'approuvait pas des
distinctions aussi arbitraires. Omettre la dîme à prélever
sur de petites choses, comme les feuilles de menthe et les brindilles
d'aneth et de cumin, c'était un manquement à la bonne observance; mais
ignorer ce que demandaient la justice, la miséricorde et la fidélité,
c'était perdre son droit aux bénédictions comme enfant de Dieu selon
l'alliance. Utilisant
une puissante comparaison, le Seigneur stigmatisa pareil manque de logique
en le comparant aux soins scrupuleux que l'on mettrait à retenir au
filtre un moucheron tout en étant disposé, au figuré, à avaler un
chameau. «Malheur
à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous purifiez le
dehors de la coupe et du plat, alors qu'en dedans ils sont pleins de
rapine et d'intempérance. Pharisien aveugle! Purifie premièrement l'intérieur
de la coupe et du plat, afin que l'extérieur aussi devienne pur[34].»
Nous avons déjà dit que les Pharisiens mettaient un soin scrupuleux à
purifier cérémoniellement les plats et les coupes, les pots et les vases
de cuivre. Le Seigneur ne dépréciait nullement la propreté; les traits
de sa désapprobation visaient l'hypocrisie de ceux qui entretenaient à
la fois une propreté immaculée à l'extérieur et la corruption à l'intérieur.
Les coupes et les plats, bien que parfaitement purifiés, étaient impurs
devant le Seigneur si leur contenu était acheté avec l'or de l'extorsion
ou s'ils devaient être utilisés pour servir la gourmandise, l'ivrognerie
ou d'autres excès. «Malheur
à vous scribes et Pharisiens hypocrites! parce que vous ressemblez à des
sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui au dedans sont
pleins d'ossements de morts et de toute espèce d'impureté. Vous de même,
au dehors, vous paraissez justes aux hommes mais au dedans vous êtes
remplis d'hypocrisie et d'iniquité.» C'était une image terrible que
cette comparaison à des sépulcres blanchis, pleins d'ossements de morts
et de chair en putréfaction. Etant donné que les dogmes des rabbis
faisaient du moindre contact avec un cadavre ou les linceuls, ou avec la
bière sur laquelle il était porté, ou le tombeau dans lequel il avait
été déposé, une cause de souillure personnelle que seules les
ablutions cérémonielles et l'offrande des sacrifices pouvaient enlever,
on prenait soin de rendre les sépulcres visiblement blancs, de sorte que
personne ne pût être souillé pour avoir ignoré qu'il se trouvait tout
près d'endroits aussi impurs; et en outre, on considérait le
blanchissage périodique des sépulcres comme un acte que l'on devait
accomplir en souvenir des morts pour les honorer. Mais de même qu'aucun
soin ou mesure de diligence aussi grands soient-ils pour conserver
bien clair l'extérieur d'une tombe ne pourrait empêcher la putréfaction
qui se produit à l'intérieur, de même aucun signe extérieur de prétendue
justice ne pourrait atténuer la corruption répugnante d'un cœur qui
exhale l'iniquité. Jésus avait déjà comparé les Pharisiens à des sépulcres
qui ne paraissent pas, sur lesquels les hommes marchaient par inadvertance
et devenaient ainsi souillés sans le savoir[35];
en cette occasion, que nous examinons maintenant, il les dénonça comme
des sépulcres blanchis, se montrant avec ostentation, mais néanmoins des
sépulcres. «Malheur
à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous bâtissez les sépulcres
des prophètes et ornez les tombeaux des justes, et que vous dites: Si
nous avions vécu au temps de nos pères, nous ne nous serions pas associés
à eux pour (répandre) le sang des prophètes. Vous témoignez ainsi
contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes.»
L’orgueil national, qui n'est pas entièrement différent du
patriotisme, s'était exprimé pendant des siècles dans le respect
officiel des cryptes dans lesquelles étaient ensevelis les anciens prophètes,
dont beaucoup avaient été mis à mort à cause de leur zèle juste et
impavide. Ces Juifs modernes proclamaient qu'ils désavouaient toute
sympathie avec les actes meurtriers de leurs ancêtres qui avaient
martyrisé les prophètes et prétendaient avec ostentation que s'ils
avaient vécu à l'époque de ces martyres, ils n'y auraient pas participé,
et cependant par cet aveu ils se proclamaient les descendants de ceux qui
avaient versé le sang innocent. Avec des malédictions flétrissantes, le Seigneur
les voua à leur destin: «Mettez donc le comble à la mesure de vos pères!
Serpents, race de vipères! Comment fuirez-vous la condamnation de
la géhenne? C'est pourquoi, je vous envoie des prophètes, des sages et
des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous flagellerez les
autres dans vos synagogues et vous les persécuterez de ville en ville,
afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre
depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Bérékia,
que vous avez tué entre le temple et l'autel. En vérité je vous le dis,
tout cela viendra sur cette génération.» Ils affirmaient d'un air
papelard être supérieurs à leurs pères qui avaient tué les envoyés
de Jéhovah, et Jéhovah lui-même leur répondait en prédisant
qu'ils se teindraient les mains du sang des prophètes, des sages et des
scribes justes qu'il enverrait parmi eux et se révéleraient ainsi être
fils littéraux d'assassins et assassins eux-mêmes, de sorte que
sur eux reposerait le fardeau de tout le sang juste qui avait été versé
en témoignage de Dieu, depuis Abel le juste jusqu'au martyr Zacharie[36].
Ce destin effroyable décrit avec un réalisme aussi terrible ne devait
pas être un événement de l'avenir lointain; chacun des affreux malheurs
que le Seigneur avait prononcés devait se réaliser dans cette génération-là, LAMENTATION
DU SEIGNEUR SUR JÉRUSALEM[37] Ce furent les dernières paroles que Jésus
prononça sur les scribes, les Pharisiens et le pharisaïsme. Contemplant
des hauteurs du temple la ville du grand Roi qui allait bientôt être
abandonnée à la destruction, le Seigneur éprouva un profond chagrin.
Avec l'éloquence immortelle de l'angoisse, il émit une lamentation telle
qu'aucun père mortel n'en a jamais exprimée sur le plus indigne et le
plus renégat des fils. «Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et
qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu
rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses
ailes, et vous ne l'avez pas voulu! Voici: votre maison vous est laissée
déserte, car je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais jusqu'à
ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!» L'OFFRANDE
DE LA VEUVE[38] Quittant la cour ouverte, Jésus se dirigea vers
le trésor du temple garni de colonnades, et là, il s'assit, apparemment
absorbé dans une triste rêverie. Il y avait dans ce lieu treize coffres,
chacun muni d'un réceptacle en forme de trompette; et c'est là que le
peuple déposait ses contributions pour les divers objectifs indiqués par
les inscriptions des boîtes. Levant les yeux, Jésus observa les files de
donateurs, de tous rangs et de tous niveaux de richesse et de pauvreté,
certains déposant leurs dons avec une dévotion et une sincérité
d'intention évidentes, d'autres y jetant avec ostentation de grandes
sommes d'argent et d'or, surtout pour être vus des hommes. Parmi la foule
se trouvait une pauvre veuve qui, faisant probablement un effort pour échapper
à l'attention, laissa tomber dans l'un des coffres du trésor deux
petites pièces de bronze appelées oboles; sa contribution se montait à
moins d'un demi-cent en argent américain. Le Seigneur appela ses
disciples autour de lui, attira leur attention sur la pauvre veuve et son
action, et dit: «En vérité, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis
plus qu'aucun de ceux qui ont mis dans le tronc; car tous ont mis de leur
superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle possédait,
tout ce qu'elle avait pour vivre.» Dans
les comptes gérés par les anges qui tiennent les registres, calculés
selon l'arithmétique du ciel, les inscriptions sont faites en termes de
qualité et non de quantité, et les valeurs sont déterminées en
fonction de la capacité et de l'intention. Les riches donnaient beaucoup,
mais pourtant ils conservaient davantage; le don de la veuve était tout
ce qu'elle avait. Ce n'était pas la petitesse de son offrande qui la
rendait particulièrement acceptable, mais l'esprit de sacrifice et
d'intention pieuse avec lequel elle donnait. Dans le livre des
comptables célestes, la contribution de cette veuve était inscrite comme
un don magnifique, surpassant en valeur les largesses des rois. «Les
bonnes dispositions, quand elles existent, sont agréables en raison de ce
qu'on a, mais non de ce qu'on n'a pas[39].» LE
CHRIST QUITTE DÉFINITIVEMENT LE TEMPLE Les discours publics de notre Seigneur et les
discussions ouvertes auxquelles il avait participé avec des
professionnels et des officiels ecclésiastiques au cours de ses visites
quotidiennes au temple pendant la première moitié de la semaine de la
Passion, avaient poussé un grand nombre d'entre les principaux
dirigeants, ainsi que d'autres, à croire qu'il était le véritable Fils
de Dieu; mais la peur de la persécution par les Pharisiens et la crainte
d'être excommuniés de la synagogue[40]
les empêchaient de confesser la loyauté qu'ils éprouvaient et
d'accepter le moyen de salut si gracieusement offert. «Car ils aimèrent
la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu[41].» Il se
peut que ce soit au moment où Jésus se dirigeait pour la dernière fois
vers ce grand portail de sortie du lieu jadis saint qu'il prononça le témoignage
solennel de sa divinité rapporté par Jean[42]. Il cria d'une voix forte aux dirigeants
sacerdotaux et à la multitude en général: «Celui qui croit en moi,
croit, non pas en moi, mais en celui qui m'a envoyé; et celui qui me
contemple, contemple celui qui m'a envoyé.» Lui être fidèle, c'est déjà
être fidèle à Dieu, et il dit clairement au peuple que l'accepter, lui,
n'était pas affaiblir le moins du monde sa fidélité à Jéhovah, mais
au contraire la confirmer. Répétant le précepte qu'il avait déjà
exprimé, il proclama de nouveau être la lumière du monde, par les
rayons de laquelle seule l'humanité pouvait être délivrée des ténèbres
d'incrédulité spirituelle qui l'enveloppaient. Les témoignages qu'il
laissait au peuple seraient le moyen par lequel seraient jugés et condamnés
tous ceux qui le rejetaient volontairement. «Car mes paroles ne viennent pas de moi; mais le Père, qui m'a envoyé,
m'a commandé lui-même ce que je dois dire et ce dont je dois
parler. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Ainsi ce
dont je parle, j'en parle comme le Père me l'a dit.» PRÉDICTION
DE LA DESTRUCTION DU TEMPLE[43] Comme Jésus quittait l'enceinte où se trouvait
ce qui avait jadis été la maison du Seigneur, un disciple ou davantage
attirèrent son attention sur le magnifique bâtiment, les pierres
massives, les colonnes énormes et les ornements abondants et coûteux des
divers bâtiments. Le commentaire que le Seigneur fit en réponse était
une prophétie sans réserve de la destruction totale du temple et de tout
ce qui y avait trait. «En vérité je vous le dis, il ne restera pas ici
pierre sur pierre qui ne soit renversée.» Telle était la prédiction précise
et terrible. Ceux qui l'entendirent furent abasourdis; ils n'essayèrent
pas d'en savoir plus ni en posant d'autres questions ni par d'autres réactions.
L'accomplissement littéral de cette terrible menace ne fut qu'un incident
dans l'annihilation de la ville moins de quarante ans plus tard. Après le départ définitif du Seigneur hors du
temple, qui se produisit probablement l'après-midi du mardi de
cette dernière semaine, son ministère public prenait solennellement fin.
Quels que fussent les discours, les paraboles ou les ordonnances qui
allaient suivre, ils ne serviraient plus qu'à instruire et à investir
davantage les apôtres. NOTES DU CHAPITRE 31 1. L’effigie de la pièce : Les Juifs avaient une
aversion pour les images ou les effigies en général, professant considérer
leur usage comme une violation du deuxième commandement. Mais leurs
scrupules ne les empêchaient point d'accepter des pièces de monnaie
portant l'effigie de rois, même si ces rois étaient païens. Leurs
propres pièces de monnaie portaient d'autres représentations, telles que
des plantes, des fruits, etc, au lieu d'une tête humaine; et les Romains
avaient permis avec condescendance l'émission d'une monnaie spéciale à
l'usage juif, chaque pièce portant le nom mais pas l'effigie du monarque.
Les monnaies ordinaires de Rome avaient cependant cours en Palestine. 2. La soumission à
l'autorité séculière : Les gouvernements sont institués par Dieu, parfois par
son intervention directe, parfois avec sa permission. Lorsque les Juifs
avaient été soumis par Nebucadnetsar, roi de Babylone, le Seigneur
commanda au peuple, par le truchement du prophète Jérémie
(27:4-8), d'obéir à son conquérant, qu'il appelait son serviteur;
car en vérité le Seigneur avait utilisé le roi païen pour châtier les
enfants renégats et infidèles de l'alliance. L'obéissance ainsi imposée
comprenait le paiement d'impôts et s'étendait à la soumission complète.
Après la mort du Christ, les apôtres enseignèrent l'obéissance aux
pouvoirs en vigueur, lesquels pouvoirs, déclara Paul, «ont été institués
par Dieu» (voir Rm 13:1-7, Tt 3:1, 1 Tm 2:1-3, voir aussi 1
P. 2:13,14). Par la révélation moderne, le Seigneur a ordonné à son
peuple de la dispensation actuelle d'obéir et de soutenir loyalement les
gouvernements dûment établis qui existent dans tous les pays. Voir
D&A 58:21-22, 98:4-6 et la section 134 tout entière.
L’Eglise rétablie proclame comme une partie essentielle de sa croyance
et de ses pratiques: «Nous croyons que nous devons nous soumettre aux
rois, aux présidents, aux gouverneurs et aux magistrats; obéir aux lois,
les honorer et les soutenir» (12e article de foi). 3. Le mariage pour l'éternité : La révélation divine dans la dispensation de la plénitude des temps a
montré clairement que les contrats de mariage, de même que tous les
accords entre parties dans la mortalité, n'ont aucune valeur au-delà
de la tombe, si ces contrats ne sont pas ratifiés et validés par les
ordonnances dûment établies de la Sainte Prêtrise. Le scellement dans
l'alliance du mariage pour le temps et l'éternité, qui a pris le nom de
mariage céleste, est une ordonnance établie par l'autorité divine dans
l'Eglise rétablie de Jésus-Christ. Voir l'analyse de ce sujet par
l'auteur dans Articles de Foi, pp. 539-541, et La Maison du Seigneur, sous «Le scellement dans le mariage»,
pp. 82-88. 4. Divisions et subdivisions de la loi : «Les écoles rabbiniques, dans
leur esprit touche-à-tout, charnel et superficiel qui jouait
sur les mots et avait le culte de la lettre, avaient tissé de vastes
accumulations de subtilités sans valeur sur toute la loi mosaïque. Entre autres
choses, elles avaient gaspillé leur vanité en des tentatives
fantastiques de compter, de classer, de peser et de mesurer chacun des
commandements de la loi cérémonielle et morale. Elles en étaient venues à la
conclusion savante qu'il y avait deux cent quarante-huit préceptes
affirmatifs, lesquels étaient aussi nombreux que les artères et les
veines, ou les jours de l'année: le total étant de six cent treize, qui
était aussi le nombre de lettres du décalogue. Ils arrivaient au même résultat
en partant du fait que les Juifs avaient reçu le commandement (Nb 15:38)
de porter des franges (tsitsit) sur les coins de leur tallit, reliées par
un fil de tissu bleu; et comme chaque frange avait huit fils et cinq nœuds,
et que les lettres du mot tsitsit font six cents, le nombre total de
commandements était comme précédemment six cent treize. Mais il est
certain que dans un nombre aussi grand de préceptes et d'interdictions,
tout ne pouvait pas avoir tout à fait la même valeur; certains étaient
‘légers’ (kal), et certains étaient ‘lourds’ (kobhed). Mais lesquels? Et quel était le
plus grand de tous les commandements? Selon certains rabbis, le plus
important de tous est celui qui a trait aux tephillin et aux tsitsit, aux
franges et aux phylactères; et «celui qui l'observe avec diligence est
estimé de la même manière que s'il avait gardé la Loi tout entière». «Les uns considéraient
l'omission des ablutions comme aussi grave que l'homicide; les autres, que
les préceptes de la michna étaient tous ‘lourds'; ceux de la loi étaient,
les uns ‘lourds’, les autres ‘légers'. D'autres considéraient le
troisième comme le plus grand commandement. Aucun d'entre eux ne s'était
rendu compte du grand principe que la violation volontaire d'un
commandement, c'est les transgresser tous (Jc 2:10), parce que l'objet de
la Loi tout entière c'est l'esprit de l'obéissance à Dieu. Chammaïtes
et hillélites étaient en désaccord sur la question proposée par les
docteurs de la loi et, comme d'habitude, les deux écoles avaient tort:
les chammaïtes, en pensant que de simples observances extérieures
ordinaires avaient de la valeur, indépendamment de l'esprit dans lequel
on les accomplissait et le principe qu'elles représentaient, les hillélites,
en pensant que n'importe quel commandement affirmatif pouvait être
secondaire en lui-même, et ne voyant pas que les grands principes
sont essentiels pour accomplir correctement les devoirs même les plus
petits.» Farrar,
Life of Christ, chap. 52. 5. Phylactères et bords : Par une interprétation
traditionnelle d'Ex 13:9 et de Dt 6:8, les Hébreux adoptèrent la coutume
de porter des phylactères, qui consistaient essentiellement en des bandes
de parchemin sur lesquelles étaient inscrits en entier ou en partie les
textes suivants: Ex 13:2-10 et 11:17, Dt 6:4-9, et
11:13-21. On portait les phylactères sur la tête et le bras.
Les bandes de
parchemin pour la tête étaient au nombre de quatre, sur chacun desquels
un des textes cités ci-dessus était écrit. On plaçait
ceux-ci dans un réceptacle cubique de cuir mesurant de 1,5 cm à
3,5 cm de côté; le réceptacle était divisé en quatre compartiments,
et on plaçait dans chacun d'eux un des petits rouleaux de parchemin. Des
courroies maintenaient le réceptacle sur le front entre les yeux du
porteur. Le phylactère du bras ne
contenait qu'un seul rouleau de parchemin sur lequel les quatre textes
prescrits étaient notés; on le plaçait dans une petite boîte attachée
par des lanières sur l'intérieur du bras gauche de manière à pouvoir
être approché du cœur lorsque les mains étaient placées ensemble dans
l'attitude de la dévotion. Les Pharisiens portaient le phylactère du bras
au-dessus du coude, tandis que leurs rivaux, les Sadducéens,
l'attachaient à la paume de la main (voir Ex 13:9). Le commun du
peuple ne portait les phylactères qu'au moment de la prière, mais on
disait que les Pharisiens les montraient pendant toute la journée.
L’allusion que fit notre Seigneur à la coutume des Pharisiens de
fabriquer de grands phylactères avait trait à l'agrandissement du réceptacle
qui les contenait, en particulier celui du front. La grandeur des bandes de parchemin
était fixée par une règle rigide. Le
Seigneur avait commandé au peuple d'Israël, par le truchement de Moïse
(Nb 15:35), d'attacher au bord de son vêtement une frange avec un ruban
de bleu. Etalant avec ostentation leur prétendue piété, les scribes et
les Pharisiens prenaient plaisir à porter de larges bords pour attirer
l'attention publique. C'était une autre manifestation d'hypocrisie. 6.
Les titres ecclésiastiques : Notre Seigneur condamna sévèrement la
recherche de titres comme signes de rang à son service. Néanmoins il
nomma les Douze qu'il choisit comme apôtres; et dans l'Eglise qu'il
fonda, les offices d'évangéliste, grand prêtre, pasteur, ancien, évêque,
prêtre, instructeur et diacre furent établis (voir Articles de Foi, pp. 245-247).
C'est aux titres vides créés par les hommes qui s'attachaient à
l'individu et non aux titres autorisés de l'office auquel les hommes étaient
appelés par ordination autorisée que le Seigneur apposa le sceau de sa désapprobation.
Les titres des offices de la Sainte Prêtrise sont d'un caractère trop
sacré pour qu'on les utilise comme signe de distinction parmi les hommes.
Dans l'Eglise rétablie de la dispensation actuelle, les hommes sont ordonnés
à la prêtrise et aux divers offices de la Moindre Prêtrise ou Prêtrise
d'Aaron et de la Prêtrise de Melchisédek; et même si quelqu'un est nommé
ancien, soixante-dix, grand prêtre, patriarche ou apôtre, il ne
doit pas chercher à utiliser le titre simplement pour embellir son nom
(voir «The Honor and Dignity of Priesthood», par l'auteur, dans Improvement Era, Salt Lake City, mars 1914). Charles
F.Deems, dans The Light of the
Nations, pp. 583-584, dit en parlant de l'usage irrespectueux des
titres ecclésiastique: «Les Pharisiens aimaient aussi les places les
plus élevées dans les synagogues, et cela réjouissait leur vanité que
d'être appelés maître, docteur, rabbi. C'est contre ces titres que Jésus
mit ses disciples en garde. Ils ne devaient pas aimer se faire appeler
rabbi, titre qui apparaît sous trois formes, rab, instructeur, docteur, rabbi,
mon docteur ou instructeur, rabbouni,
mon grand docteur. Et ils ne devaient appeler personne ‘père' dans
le sens de lui accorder l'infaillibilité du jugement ou du pouvoir sur
leur conscience... ‘Papa’, comme les simples Moraves appellent leur
grand homme, le comte Zinzendorf, ‘fondateur’, comme les méthodistes
appellent le bon John Wesley, ‘saint père en Dieu’, comme on appelle
parfois les évêques, ‘pape’, qui est la même chose que ‘papa’,
‘docteur en théologie’, équivalent chrétien du ‘rabbi’ juif,
sont tous des titres dangereux. Mais ce n'est pas l'utilisation d'un nom
que Jésus dénonce, c'est l'esprit de vanité qui animait les Pharisiens
et l'esprit servile que l'usage de titres peut engendrer. Paul et Pierre
disaient d'eux-mêmes qu'ils étaient des pères spirituels. Jésus
enseigne que les offices dans les sociétés de ses disciples, telles que
celles qui seraient formées par la suite, ne devaient pas être considérés
comme des dignités, mais plutôt comme des services, que personne ne
devait les rechercher pour l'honneur qu'ils pouvaient conférer mais pour
le champ de services qu'ils pouvaient fournir, que personne ne devait
entraîner une secte, car il n'y avait qu'un seul dirigeant; et que le
groupe tout entier des croyants est composé de frères dont Dieu est le Père.» L’auteur cité en dernier lieu discrédite
avec beaucoup d'à-propos les aspirations, stimulées par la vanité
et la présomption hypocrite, à l'emploi du titre ‘révérend’
appliqué aux hommes. 7. Sept ou huit malheurs? : Certains des anciens manuscrits des évangiles
omettent le verset 14 de Mt 23. Cette omission réduit le nombre des
paroles commençant par «Malheur à vous» de huit à sept. Il n'y a
aucun doute sur la présence dans l'original des passages que l'on trouve
dans Marc 12:40 et Lc 20:47, qui ont le même sens que Mt 23:14. 8. Le trésor du temple : A propos de l'incident de
l'obole de la veuve, Edersheim (vol. 11, pp. 387-388) écrit: «Certains
peuvent venir avec l'apparence du pharisaïsme, certains même avec
ostentation, certains comme s'ils accomplissaient de bon cœur un joyeux
devoir. Plusieurs riches mettaient beaucoup - oui, beaucoup, car la
tendance était telle que l'on dut décréter une loi interdisant de
donner au temple plus qu'une certaine proportion de ses biens. Et l'on
peut déduire le montant de ces contributions en se souvenant de cet
incident, qu'à l'époque de Pompée et de Crassus, le trésor du temple,
après avoir défrayé abondamment tous les frais possibles, contenait en
argent près d'un demi million, et des vases précieux d'une valeur de près
de deux millions de sterling.» Voir aussi Josèphe, Antiquités XIV, 4:4, 7:1,2. 9. Zacharie le martyr : A propos des martyrs de l'époque
antérieure au midi des temps, l'évangéliste fait utiliser au Seigneur
l'expression «tout le sang innocent répandu sur la terre depuis le sang
d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Bérékia, que vous
avez tué entre le temple et l'autel» (Mt 23:35). L’Ancien Testament, tel que nous
l'avons maintenant, ne parle pas d'un martyr nommé Zacharie, fils de Bérékia,
mais rapporte le martyre de Zacharie fils de Yehoyada (2 Ch
24:20-22). La plupart des spécialistes de la Bible sont d'avis que
le Zacharie dont il est question dans le récit de Matthieu est Zacharie
fils de Yehoyada. Dans la compilation juive des Ecritures de l'Ancien
Testament, l'assassinat de Zacharie apparaît comme le dernier martyre
rapporté par écrit; et l'allusion que le Seigneur fait aux justes qui
ont été massacrés d'Abel à Zacharie peut avoir inclus d'un seul grand
trait tous les martyrs jusqu'à cette époque-là, du premier au
dernier. Cependant nous avons connaissance de Zacharie, fils de Bérékia
(Za 1:1, 7), et ce Bérékia était fils d'Iddo. Il est également question
de Zacharie, fils d'Iddo, dans Esdras 5: 1, mais comme on le voit ailleurs
dans les anciennes Ecritures, le petit fils est appelé le fils. L'Ancien
Testament ne compte pas ce Zacharie parmi les martyrs, mais les récits
traditionnels (Whitby citant le Targum) disent qu'il fut tué «Ie jour
des expiations». Il est probable que le Seigneur parlait d'un martyre récent
et probablement du dernier des martyres rapportés par écrit; et il est
tout aussi évident que l'affaire était bien connue des Juifs. Il est
vraisemblable qu'un récit plus complet existait dans les Ecritures qui
avaient cours parmi les Juifs à l'époque du Christ mais qui ont été
perdues depuis. Voir note 4, page XXX. 10. Destruction du temple : «Pendant trente ans ou davantage après la mort du Christ, les Juifs
continuèrent d'aménager et d'embellir les bâtiments du temple. Le plan
complexe conçu et projeté par Hérode avait été pratiquement mené à
bien; le temple était pour ainsi dire achevé et, comme il apparut bientôt,
il était prêt pour la destruction. Son destin avait été nettement prédit
par le Sauveur lui-même. Commentant une remarque d'un des disciples
concernant les grandes pierres et les bâtiments splendides de la colline
du temple, Jésus avait dit: «Vois-tu ces grandes constructions? Il
ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée» (Mc 13:1, 2,
voir aussi Mt 24:1, 2, Lc 21:5, 6). Cette amère prédiction fut bientôt
littéralement accomplie. Dans le grand conflit qui les opposa aux légions
romaines sous Titus, beaucoup de Juifs avaient cherché un refuge dans les
cours du temple, apparemment dans l'espoir que le Seigneur mènerait à
nouveau la lutte pour son peuple et lui donnerait la victoire. Mais la présence
protectrice de Jéhovah s'en était éloignée depuis longtemps, et Israël
fut abandonné en proie à ses ennemis. Quoique Titus eût voulu épargner
le temple, ses légionnaires, ivres de carnage, déclenchèrent
l'incendie, et tout ce qui pouvait brûler fut brûlé. Le massacre des
Juifs fut épouvantable; des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants
furent égorgés sans merci à l'intérieur des murs, et les cours du
temple furent littéralement inondées de sang humain. Cet événement se
passa en 70 ap. J.-C. et, selon Josèphe, le même mois et le même
jour du mois où le jadis glorieux temple de Salomon était devenu la
proie des flammes allumées par le roi de Babylone (Josèphe, Guerres des Juifs, VI, 4:5, 8. On trouvera dans l'ensemble des
chapitres 4 et 5 le récit détaillé et imagé de la destruction du
temple). Le chandelier d'or et la table des pains de proposition qui
faisaient partie du mobilier du temple furent enlevés du saint et rapportés
à Rome par Titus en guise de trophées de guerre; on peut les voir représentés
sur l'arc de triomphe élevé au nom de ce général victorieux. Depuis la
destruction du splendide temple d'Hérode, aucune construction de cette
espèce, aucun temple, aucune maison du Seigneur - puisque ces
termes ont un sens distinct - n'a plus été consacré dans l'hémisphère
[oriental]» -
La Maison du
Seigneur, pp. 49-50. Josèphe
attribue la destruction du temple d'Hérode à la colère de Dieu et déclare
que les flammes dévorantes «prirent naissance chez les Juifs eux-mêmes
et furent occasionnées par eux». Le soldat qui appliqua la torche à la
sainte maison, qui était restée intacte tandis que le feu faisait rage
dans les cours, l'historien le considère comme l'instrument de la
vengeance divine. Nous lisons (Guerres VI, 4, 5): «Un des soldats, sans
attendre d'ordre et sans se soucier ou craindre pareille entreprise, et
poussé par une fureur divine, arracha un morceau des matériaux qui étaient
en feu, et soulevé par un autre soldat, mit le feu à une fenêtre dorée
donnant sur les salles qui se trouvaient autour de la sainte maison, du côté
nord. Lorsque les flammes s'élevèrent, les juifs poussèrent une grande
clameur, comme le réclamait une affliction aussi grande. »
[1] Mt 22:15-22, Mc
12:13-17, Lc 20:19-26. [2] Page 74. [3] Mc 3:6, 8:15. [4] Note 1, fin
du chapitre. [5] Note 2, fin
du chapitre. [6] Pages 12, 13. [7] Lc 23:2, page 680. [8] Mt 22:23-33, Mc
12:18-27, Lc 20:27-38. [9] Pages 70, 78. [10] Dt 25:5. [11] Note 3, fin du chapitre. [12] Gn 28:13, Ex 3:6,15. [13] Mt 22:34-40, Mc
12:28-34. [14] Dt 6:4,5. [15] Note 5, fin
du chapitre. [16] Cf. page 268. [17] Note 4, fin du chapitre. [18] Mt 22:41-46, Mc
12:35-37, Lc 20:41-44. [19] Ps 110. [20] Ps 110:4; cf. Hé 5:6. [21] Chapitre 6. [22] Chapitres 4 et 5. [23] Mt 23, Mc
12:38-40, Lc 20:45-57; cf. Lc 11:39-52. [24] Note 5, fin
du chapitre. [25] Pages 68, 76. [26] Note 6, fin
du chapitre. [27] Mc 12:37. [28] Jn 7:49; cf. 9:34. [29] Note 7, fin du chapitre. [30] Note 8, fin du chapitre. [31] Page 384. [32] Mt
5:33-37, page 257 supra. [33] Lv 27:30,
Nb 18:21, Dt 12:6, 14:22-28. Voir aussi The Law of the Tithe, de
l'auteur, 20 pp., 1914. [34] Cf. Lc 11:39, 40, Mc 7:4, page 476
supra. [35] Lc 11:44. [36] Note 9, fin
du chapitre. [37] Mt
23:37-39; cf. Lc 13:34, 35. [38] Mc 12:41-44, Lc
21:1-4. [39] 2 Co 8:12. [40] Jn 12:42;
cf. 7:13, 9:22. [41] Jn 12:43;
cf. 5:44. [42] Jn 12:44-50. [43] Mt 24:1, 2, Mc 13:1, 2, Lc 21:5,
6,
note 10, fin du chapitre.
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