CHAPITRE 31 : FIN DU MINISTÈRE PUBLIC DE NOTRE SEIGNEUR

 

CONSPIRATION DES PHARISIENS ET DES HÉRODIENS[1]

 

Les autorités juives persistaient sans relâche dans leurs efforts, bien décidées à tenter ou à entraîner Jésus à commettre un acte ou à prononcer une parole sur lesquels elles pourraient baser l'accusation qu'il avait commis un délit, soit en vertu de leur loi, soit en vertu de la loi romaine. Les Pharisiens se consultèrent «sur les moyens de prendre Jésus au piège de ses propres paroles»; puis, mettant de côté leurs préjugés partisans, ils conspirèrent à cette fin avec les Hérodiens, faction politique dont la caractéristique principale était l'objectif de maintenir au pouvoir la famille des Hérode[2], politique qui entraînait nécessairement le soutien du pouvoir romain dont les Hérode détenaient l'autorité qui leur était déléguée. Ils avaient conclu la même association incongrue que précédemment, lorsqu'ils essayèrent d'inciter Jésus à parler ou à agir ouvertement en Galilée; et le Seigneur avait associé les deux partis dans l'avertissement qu'il avait donné aux disciples de se méfier du levain de l'un et de l'autre[3]. C'est ainsi que le dernier jour où le Seigneur enseigna en public, les Pharisiens et les Hérodiens unirent leurs forces contre lui; les uns veillant à la moindre infraction technique à la loi mosaïque, les autres prêts à s'emparer du moindre prétexte pour l'accuser de déloyauté envers les pouvoirs séculiers. Leurs plans furent conçus par traîtrise et mis à exécution comme l'incarnation vivante d'un mensonge. Choisissant du milieu d'eux certains qui n'étaient pas encore apparus personnellement en conflit avec Jésus, et qui étaient censés lui être inconnus, les principaux conspirateurs les envoyèrent avec l'ordre de feindre «d'être de bonne foi, pour le prendre à l'une de ses paroles et le livrer aux magistrats et à l'autorité du gouverneur».

 

Cette délégation d'espions hypocrites vint poser une question, avec une sincérité feinte, comme s'ils étaient troublés dans leur conscience et demandaient conseil à l'éminent instructeur. «Maître», dirent-ils avec une flatteuse duplicité, «nous savons que tu es véridique, et que tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité, sans redouter personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes». Cet éloge étudié du courage et de l'indépendance de pensée et d'action de notre Seigneur était vrai à tous points de vue; mais, prononcé par ces hypocrites écœurants et avec leur intention mauvaise, il était faux à l'extrême. Cependant la formule mielleuse avec laquelle les conspirateurs essayèrent d'endormir la méfiance du Seigneur indiquait que la question qu'ils étaient sur le point de poser exigeait précisément, pour que l'on pût y répondre convenablement, les qualités d'esprit qu'ils faisaient semblant de lui attribuer.

 

«Dis-nous donc», continuèrent-ils, «ce que tu en penses: Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César?» La question avait été choisie avec une ruse diabolique; car de tous les actes qui attestaient la fidélité forcée à Rome, l'obligation de payer la capitation était celui qui offensait le plus les Juifs. Si Jésus avait répondu «oui», les fourbes Pharisiens auraient pu enflammer la multitude contre lui en faisant de lui un fils déloyal d'Abraham; s'il avait répondu «non», les Hérodiens comploteurs l'auraient dénoncé comme fomenteur de troubles contre le gouvernement romain. En outre la question était inutile; la nation, tant le peuple que les gouverneurs, l'avait réglée, quoique de mauvais gré, car ils acceptaient et faisaient circuler parmi eux comme moyen commun d'échange la monnaie romaine; et pour les Juifs, celui qui utilisait couramment la monnaie d'un souverain quelconque reconnaissait son autorité royale. «Mais Jésus qui connaissait leur malice répondit: Pourquoi me mettez-vous à l'épreuve, hypocrites?» Toutes leurs manifestations habiles de fausse adulation furent coupées par l'épithète flétrissante: «hypocrites». «Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut», commanda-t-il, et ils lui présentèrent un denier romain portant l'effigie et le nom de Tibère, empereur de Rome. «De qui sont cette effigie et cette inscription?» demanda-t-il. Ils répondirent: «De César.» Alors il leur dit: «Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu[4]

 

Quel que soit l'angle sous lequel nous la considérons, cette réplique était magistrale; elle est devenue un aphorisme utilisé dans la littérature et dans la vie. Et si quelqu'un avait continué de penser qu'il y eût, dans l'esprit de celui qui était entré si récemment à Jérusalem comme roi d'Israël et prince de la paix, le moindre désir de pouvoir ou domination terrestre, cette réponse l'aurait dégrisé. Elle fixait pour toujours la seule base licite des rapports entre les devoirs spirituels et séculiers, entre l'Eglise et l'Etat. Les apôtres des années ultérieures édifièrent sur ce fondement et enjoignirent l'obéissance aux lois des gouvernements établis[5].

 

On peut, si l'on veut, tirer une leçon de l'association des paroles du Seigneur avec la présence de l'image de César sur la pièce de monnaie. C'était cette effigie avec l'inscription qui l'accompagnait qui donnaient un sens particulier à son commandement mémorable: «Rendez donc à César ce qui est à César.» Il y ajouta cet autre ordre: «Et à Dieu ce qui est à Dieu.» Toute âme humaine est marquée de l'image et de l'inscription de Dieu, quelque flous et indistincts que les contours aient pu devenir du fait de la corrosion ou de l'usure du péché[6]; et comme on doit rendre à César les pièces sur lesquelles apparaît son effigie, de même il faut rendre à Dieu les âmes qui portent son image. Rendez au monde les pièces frappées qui reçoivent cours légal par les insignes des pouvoirs profanes, et donnez-vous à Dieu et à son service, vous, la monnaie divine de son royaume éternel.

 

Pharisiens et Hérodiens furent réduits au silence par la sagesse sans réplique de la réponse que le Seigneur fit à leur question rusée. Quoi qu'ils fassent, ils ne pouvaient «le prendre à l'une de ses paroles», et ils furent humiliés devant le peuple qui était témoin. S'étonnant de sa réponse, et peu disposés à courir le risque d'être de nouveau embarrassés, et peut-être pire, ils «le quittèrent et s'en allèrent». Néanmoins ces Juifs pervertis persistèrent dans leurs desseins vils et traîtres. Comme cela n'apparaît nulle part avec plus d'évidence que lorsqu'ils formulèrent devant Pilate l'accusation absolument fausse que Jésus était coupable d'empêcher «de payer l'impôt à César, et se disait lui-même Christ, roi»[7].

 

LES SADDUCÉENS POSENT DES QUESTIONS SUR LA RÉSURRECTION[8]

 

Ensuite les Sadducéens essayèrent de désarçonner Jésus en posant ce qu'ils considéraient comme une question compliquée sinon très difficile. Les Sadducéens affirmaient qu'il ne pouvait y avoir de résurrection du corps, point de doctrine, parmi bien d'autres, sur lequel ils étaient les adversaires avoués des Pharisiens[9]. La question posée par les Sadducéens en cette occasion avait directement trait à la résurrection et était formulée de manière à discréditer cette doctrine en lui donnant une application extrêmement peu favorable et grossièrement exagérée. «Maître», dit le porte-parole du groupe, «Moïse a dit: Si quelqu'un meurt sans enfants, son frère épousera la veuve et suscitera une descendance à son frère. Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier se maria et mourut, et comme il n'avait pas d'enfants, il laissa sa femme à son frère. Il en fut de même du deuxième, puis du troisième, jusqu'au septième. Après eux tous, la femme mourut. A la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle donc la femme? Car tous l'ont eue.» Il était hors de doute que la loi mosaïque autorisait et exigeait que le frère vivant d'un mari décédé et sans enfants épousât sa veuve dans le but d'élever des enfants au nom du mort, dont la lignée familiale serait légalement continuée[10]. Un état de choses tel que celui qu'avaient présenté les casuistes sadducéens dans lequel sept frères, l'un après l'autre, avaient eu pour épouse et laissée veuve sans enfants la même femme, était possible en vertu du code mosaïque relatif au lévirat; mais c'était un exemple extrêmement improbable.

 

Mais Jésus ne perdit pas de temps à discuter des éléments du problème qui lui était présenté; que le cas fût théorique ou réel n'avait pas d'importance, puisque la question: «De qui sera-t-elle donc la femme?» était basée sur une conception absolument fausse. «Jésus leur répondit: Vous êtes dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. Car à la résurrection, les hommes ne prendront pas de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.» L’intention du Seigneur était claire: dans l'état ressuscité, il n'y a aucun doute sur le point de savoir auquel des sept frères la femme appartiendra pour l'éternité, puisque tous, sauf le premier, ne l'avaient épousée que pour la durée de la vie ici-bas et avant tout dans le but de perpétuer dans la mortalité le nom et la famille du frère qui était mort le premier. Voici une partie des paroles du Seigneur telles que Luc les rapporte: «Mais ceux qui seront trouvés dignes d'avoir part au siècle à venir et à la résurrection d'entre les morts ne prendront ni femmes ni maris. Ils ne pourront pas non plus mourir, parce qu'ils seront semblables aux anges et qu'ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection.» Dans la résurrection, on ne se mariera pas ni ne donnera en mariage; car toutes les questions relatives à l'état matrimonial doivent être réglées avant ce moment-là, selon l'autorité de la Sainte Prêtrise, qui détient le pouvoir de sceller en mariage pour le temps et l'éternité[11].

 

Passant du cas présenté par ses perfides interlocuteurs, Jésus parla de la réalité de la résurrection, qui était impliquée par la question. «Pour ce qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit: Moi, je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.» C'était une attaque directe contre la doctrine sadducéenne qui niait la résurrection littérale des morts. Les Sadducéens se distinguaient comme défenseurs zélés de la loi, dans laquelle Jéhovah affirme lui-même être le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob[12]; et cependant ils niaient qu'il fût possible à ces patriarches de ressusciter et rendaient le titre exalté, sous lequel le Seigneur s'était révélé à Moïse, valide seulement au cours de la brève existence mortelle des ancêtres de la nation israélite. En déclarant que Jéhovah n'est pas le Dieu des morts mais des vivants, Jésus dénonçait de manière irréfutable la déformation des Ecritures par les Sadducéens; et de manière définitive et solennelle, le Seigneur ajouta: «Votre erreur est grande.» Certains des scribes présents furent frappés par cette démonstration incontestable de la vérité et s'exclamèrent avec approbation: «Maître, tu as bien parlé.» Les orgueilleux Sadducéens étaient convaincus d'erreur et réduits au silence. «Et ils n'osaient plus lui poser aucune question.»

 

LE GRAND COMMANDEMENT[13]

 

Les Pharisiens, se réjouissant sous cape de la déconfiture de leurs rivaux, réunirent maintenant suffisamment de courage pour préparer une autre attaque à leur propre compte. L’un d'entre eux, docteur de la loi, titre sous lequel nous pouvons entendre l'un des scribes, qui était également professeur des lois ecclésiastiques, demanda: «Quel est le premier de tous les commandements?» ou, comme Matthieu rapporte la question: «Maître, quel est le grand commandement de la loi?» La réponse fut prompte, tranchante et universelle au point de couvrir dans leur intégralité les exigences de la loi. Avec l'appel impérieux que Moïse avait utilisé pour commander à Israël d'écouter et de faire attention[14], les termes mêmes qui étaient écrits sur les phylactères[15] que les Pharisiens portaient sur le front entre les yeux, Jésus répondit: «Voici le premier: Ecoute Israël, le Seigneur, notre Dieu, le Seigneur est un, et tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là.» Matthieu formule la fin de cette déclaration comme suit: «De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.»

 

Le bien-fondé philosophique de la profonde généralisation du Seigneur et de son résumé universel de «la loi et des prophètes»[16] apparaîtra à tous ceux qui étudient la nature humaine. Il est une tendance commune parmi les hommes de rechercher, ou du moins de s'informer et de s'étonner du superlatif. Qui est le plus grand poète, le plus grand philosophe, le plus grand savant, le plus grand prédicateur ou le plus grand chef d'Etat? Qui se trouve au premier rang de la communauté, de la nation ou même, comme les apôtres le demandèrent dans leur ambitieuse ignorance, dans le royaume des cieux? Quelle est la montagne qui domine tout le reste? Quel est le fleuve qui est le plus long ou le plus large? Pareilles questions sont éternelles. Les Juifs avaient divisé et subdivisé les commandements de la loi et avaient ajouté à la moindre subdivision des règles inventées par eux-mêmes.

 

Maintenant venait le Pharisien, demandant laquelle de ces exigences était la plus grande[17]. Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit, c'est le servir et garder tous ses commandements. Aimer son prochain comme soi-même, c'est être un frère dans le sens à la fois le plus large et le plus exigeant du terme. C'est pourquoi le commandement d'aimer Dieu et l'homme est le plus grand, étant donné la vérité simple et mathématique que le tout est plus grand que n'importe laquelle de ses parties. Quel besoin aurait-on du décalogue si l'humanité obéissait à ce premier grand commandement universel? La réponse que le Seigneur fit à la question était convaincante même pour le savant scribe qui s'était présenté comme porte parole de ses collègues pharisiens. L’homme fut suffisamment honnête pour admettre la droiture et la sagesse sur lesquelles la réponse reposait et exprima impulsivement son accord, disant: «Bien, maître, tu as dit avec vérité que Dieu est unique et qu'il n'y en a pas d'autre que lui, et que l'aimer de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force, ainsi qu'aimer son prochain comme soi‑même, c'est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices.» Jésus ne fut pas moins prompt que le scribe aux bonnes intentions en reconnaissant le mérite des paroles d'un adversaire; et il encouragea l'homme en lui assurant: «Tu n'es pas loin du royaume de Dieu.» Les Ecritures ne nous disent pas si le scribe resta ferme dans son intention et obtint finalement le droit d'entrer dans cette demeure bénie.

 

JÉSUS SE FAIT QUESTIONNEUR[18]

 

Sadducéens, Hérodiens, Pharisiens, docteurs de la loi et scribes avaient tour à tour subi la déconfiture et la défaite dans leurs efforts pour embrouiller Jésus dans des questions de doctrine ou de pratique et avaient complètement échoué dans leurs tentatives pour l'amener à commettre un acte ou prononcer une parole qui leur permettrait de l'accuser légalement de délit. Ayant si efficacement réduit au silence tous ceux qui s'étaient risqués à l'affronter en discussion, soit d'une manière cachée soit ouvertement, de sorte que «personne n'osa plus lui poser de questions», Jésus se fit à son tour interrogateur offensif. Se tournant vers les Pharisiens qui s'étaient groupés pour se consulter plus facilement, Jésus lança la discussion suivante: «Que pensez-vous du Christ? De qui est-il fils? Ils lui répondirent: de David. Et Jésus leur dit: Comment donc David, (animé) par l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, lorsqu'il dit: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je mette tes ennemis sous tes pieds? Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son fils?» Cette citation que le Seigneur fit du cantique d'actions de grâce joyeux et adorateur de David dont, comme l'affirme Marc, Jésus déclara qu'il avait été inspiré du Saint-Esprit, se rapportait au psaume messianique[19] dans lequel le roi chanteur affirmait sa loyauté et son respect et exaltait le règne glorieux du Roi des rois promis, qui y est spécialement appelé «sacrificateur pour toujours, à la manière de Melchisédek»[20]. Aussi embarrassante que fût cette question inattendue pour les Juifs érudits, il ne nous est possible d'y voir aucune difficulté inexplicable, puisque pour nous, qui avons moins de préjugés qu'eux qui vivaient dans l'attente d'un Messie qui ne serait fils de David que dans le sens de la lignée familiale et la succession royale dans la splendeur du règne temporel, la Divinité éternelle du Messie est un fait démontré et indéniable. Jésus le Christ est le Fils de David dans le sens physique de la lignée par laquelle Jésus et David sont fils de Jacob, Isaac, Abraham et Adam. Mais bien que Jésus fût né dans la chair à une époque aussi tardive que le «midi des temps»[21], il était Jéhovah, Seigneur et Dieu, avant que David, Abraham ou Adam ne fussent connus sur la terre[22].

 

DÉNONCIATION DES SCRIBES ET DES PHARISIENS PERVERS[23]

 

La défaite humiliante du parti pharisien fut parachevée par la dénonciation que fit le Seigneur de ce système et par la condamnation qu'il prononça contre ses indignes représentants. S'adressant avant tout aux disciples, mais parlant cependant de manière que la foule l'entendît, il attira l'attention de tous sur les scribes et les Pharisiens qui, fit-il remarquer, occupaient la chaire de Moïse comme interprètes de la doctrine et administrateurs officiels de la loi et auxquels on devait par conséquent obéir dans leur gouvernement autorisé; il mit cependant fortement en garde les disciples contre leur exemple pernicieux. «Faites donc et observez tout ce qu'ils vous diront», dit le Seigneur, «mais n'agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent et ne font pas.» Il n'était pas possible de faire plus clairement la distinction entre l'obéissance qui est due aux préceptes officiels et la responsabilité qu'ont personnellement ceux qui suivent le mauvais exemple, même si c'est celui d'hommes d'une grande autorité. On n'avait pas le droit de désobéir à la loi parce que les représentants de celle-ci étaient corrompus, mais il ne fallait pas non plus excuser ou diminuer la méchanceté de qui que ce fût à cause des vilenies d'un autre.

 

Expliquant l'avertissement qu'il proclamait ainsi ouvertement contre les vices des dirigeants, le Seigneur poursuivit: «Ils lient des fardeaux pesants et les mettent sur les épaules des hommes, mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.» Le rabbinisme avait pratiquement supplanté la loi en y substituant de multiples règles et demandes exorbitantes, avec des châtiments y afférents; la journée était remplie d'observances traditionnelles qui encombraient jusqu'aux activités courantes de la vie; cependant les dirigeants hypocrites pouvaient trouver des raisons d'être exemptés personnellement de ces fardeaux et d'autres charges pénibles.

 

Leur vanité sans borne et leur prétention irrespectueuse à une piété excessive furent stigmatisées comme suit: «Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi ils élargissent leurs phylactères[24] et ils agrandissent les franges de leurs vêtements; ils aiment la première place dans les repas, les premiers sièges dans les synagogues et les salutations sur les places publiques; (ils aiment) aussi être appelés par les hommes, Rabbi.» Le titre prétentieux de rabbi, signifiant maître, instructeur ou docteur, avait éclipsé la sainteté divinement reconnue de la prêtrise; être rabbi des Juifs était considéré comme infiniment supérieur à être prêtre du Dieu Très-Haut[25]. «Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi», dit Jésus aux apôtres et aux autres disciples présents: «car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n'appelez personne sur la terre père, car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs, car un seul est votre Directeur, le Christ[26]

 

Ceux sur qui allait reposer la responsabilité d'édifier l'Eglise qu'il avait fondée ne devaient pas aspirer aux titres profanes ni aux honneurs des hommes; car ces élus étaient frères, et leur seul but devait être de rendre le plus grand service possible à leur seul et unique Maître. Comme cela avait déjà été si fortement souligné en d'autres occasions, ce n'est qu'en servant avec humilité et dévouement qu'on parvenait et qu'on parvient à l'excellence ou à la suprématie dans l'appel apostolique, de même que dans les devoirs de disciple ou de membre de l'Eglise du Christ; c'est pourquoi le Maître dit de nouveau: «Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s'élèvera sera abaissé, et qui s'abaissera sera élevé.»

 

De la multitude mêlée de disciples et d'incrédules, comprenant beaucoup de gens du commun qui écoutaient avec un joyeux empressement pour apprendre[27], Jésus se tourna vers les dirigeants déjà décontenancés mais en colère et les abreuva d'un véritable torrent de juste indignation, que traversait l'éclair d'invectives flétrissantes, accompagné de coups de tonnerre d'anathème divin.

 

«Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez pas entrer ceux qui le voudraient. «Le critère de piété des Pharisiens était l'érudition des écoles; celui qui n'était pas versé dans les questions techniques de la loi était considéré comme inacceptable devant Dieu et véritablement maudit[28]. Par leur casuistique et leurs explications perverties des Ecritures, ils embrouillaient et égaraient le «commun du peuple» et constituaient ainsi des obstacles à l'entrée du royaume de Dieu, refusant d'y entrer eux-mêmes et barrant le chemin aux autres.

 

«Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l'apparence de longues prières; à cause de cela, vous subirez une condamnation particulièrement sévère[29].» La cupidité des dirigeants juifs à l'époque de notre Seigneur était un scandale public. Par des extorsions et des exactions illégales sous couvert du devoir religieux, les gouverneurs ecclésiastiques avaient amassé un énorme trésor[30], dont les contributions des pauvres et les confiscations de biens, y compris même les maisons de veuves endettées, formaient une proportion considérable; et la perfidie de cette pratique était assombrie par l'apparence extérieure de sainteté et l'accompagnement sacrilège de prières verbeuses.

 

«Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, quand il l'est devenu, vous en faites un fils de la géhenne, deux fois pire que vous.» Il est possible que ce malheur se soit adressé davantage à l'effort de faire des prosélytes au pharisaïsme qu'à celui de convertir les étrangers au judaïsme; mais comme ce dernier était absolument dégradé et le premier horriblement corrompu, on peut appliquer la dénonciation de notre Seigneur à l'un ou à l'autre ou aux deux. Il a été dit des Juifs qui s'efforçaient de faire des prosélytes que «d'un mauvais païen ils faisaient un Juif pire encore». Un grand nombre de leurs convertis devenaient bientôt pervers.

 

«Malheur à vous, conducteurs aveugles! Qui dites: Si quelqu'un jure par le temple, cela ne compte pas; mais si quelqu'un jure par l'or du temple, il est engagé. Insensés et aveugles! Lequel est le plus grand, l'or, ou le temple qui sanctifie l'or? Si quelqu'un, dites-vous encore, jure par l'autel, cela ne compte pas; mais si quelqu'un jure par l'offrande qui est sur l'autel, il est engagé. Aveugles! lequel est le plus grand, l'offrande, ou l'autel qui sanctifie l'offrande? Celui qui jure par l'autel jure par l'autel et par tout ce qui est dessus; celui qui jure par le temple jure par le temple et par celui qui l'habite, et celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis.» C'est ainsi que le Seigneur condamnait les décrets infâmes des écoles et du sanhédrin concernant les serments et les vœux; car ils avaient établi ou sanctionné un code de lois illogique et injuste concernant les vétilles techniques par lesquelles un vœu pouvait être rendu obligatoire ou invalidé. Si un homme jurait par le temple, la maison de Jéhovah, il pouvait obtenir une indulgence pour avoir enfreint son serment; mais s'il faisait vœu par l'or et les trésors de la sainte maison, il était tenu par les liens indestructibles de la loi ecclésiastique. Si on jurait par l'autel de Dieu, ce serment pouvait être annulé; mais si on faisait vœu par le don corban ou par l'or qui se trouvait sur l'autel[31], l'obligation était impérieuse. Dans quelles profondeurs de déraison et de dépravation désespérées les hommes étaient-ils tombés, combien coupablement insensés et combien perversement aveugles étaient-ils, eux qui ne voyaient pas que le temple était plus grand que son or, et l'autel que l'offrande qui se trouvait dessus! Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur avait dit de ne «pas jurer»[32]; mais ceux qui ne vivraient pas conformément à cette loi supérieure, ceux qui persisteraient à se servir de serments et de vœux, la loi moindre et évidemment juste de la stricte fidélité aux termes des obligations contractées personnellement devait leur être imposée, sans faux-fuyant malhonnête ni discrimination injuste.

 

«Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous payez la dîme de la menthe, de l'aneth et du cumin, et que vous laissez ce qu'il y a de plus important dans la loi: le droit, la miséricorde et la fidélité; c'est là ce qu'il fallait pratiquer sans laisser de côté le reste. Conducteurs aveugles! Qui retenez au filtre le moucheron et qui avalez le chameau.»

 

La loi de la dîme était un trait caractéristique des exigences théocratiques en Israël depuis l'époque de Moïse; et en réalité, cette pratique remontait à bien avant l'exode. Interprétée littéralement, la loi exigeait la dîme des troupeaux, des fruits et du grain[33]; mais la tradition avait étendu cette loi à tous les produits de la terre. Le Seigneur approuvait ceux qui prélevaient consciencieusement la dîme de tous leurs biens, même les herbes potagères et autres produits de jardin; mais il dénonçait comme purs hypocrites ceux qui observaient ces lois pour s'en servir comme excuse à leur négligence des autres devoirs de la vraie religion. La mention de «ce qu'il y a de plus important dans la loi» peut avoir été une allusion à la falsification rabbinique des règlements «légers» et «lourds» dans la loi, bien qu'il soit certain que le Seigneur n'approuvait pas des distinctions aussi arbitraires. Omettre la dîme à prélever sur de petites choses, comme les feuilles de menthe et les brindilles d'aneth et de cumin, c'était un manquement à la bonne observance; mais ignorer ce que demandaient la justice, la miséricorde et la fidélité, c'était perdre son droit aux bénédictions comme enfant de Dieu selon l'alliance. Utilisant une puissante comparaison, le Seigneur stigmatisa pareil manque de logique en le comparant aux soins scrupuleux que l'on mettrait à retenir au filtre un moucheron tout en étant disposé, au figuré, à avaler un chameau.

 

«Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous purifiez le dehors de la coupe et du plat, alors qu'en dedans ils sont pleins de rapine et d'intempérance. Pharisien aveugle! Purifie premièrement l'intérieur de la coupe et du plat, afin que l'extérieur aussi devienne pur[34].» Nous avons déjà dit que les Pharisiens mettaient un soin scrupuleux à purifier cérémoniellement les plats et les coupes, les pots et les vases de cuivre. Le Seigneur ne dépréciait nullement la propreté; les traits de sa désapprobation visaient l'hypocrisie de ceux qui entretenaient à la fois une propreté immaculée à l'extérieur et la corruption à l'intérieur. Les coupes et les plats, bien que parfaitement purifiés, étaient impurs devant le Seigneur si leur contenu était acheté avec l'or de l'extorsion ou s'ils devaient être utilisés pour servir la gourmandise, l'ivrognerie ou d'autres excès.

 

«Malheur à vous scribes et Pharisiens hypocrites! parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui au dedans sont pleins d'ossements de morts et de toute espèce d'impureté. Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes mais au dedans vous êtes remplis d'hypocrisie et d'iniquité.» C'était une image terrible que cette comparaison à des sépulcres blanchis, pleins d'ossements de morts et de chair en putréfaction. Etant donné que les dogmes des rabbis faisaient du moindre contact avec un cadavre ou les linceuls, ou avec la bière sur laquelle il était porté, ou le tombeau dans lequel il avait été déposé, une cause de souillure personnelle que seules les ablutions cérémonielles et l'offrande des sacrifices pouvaient enlever, on prenait soin de rendre les sépulcres visiblement blancs, de sorte que personne ne pût être souillé pour avoir ignoré qu'il se trouvait tout près d'endroits aussi impurs; et en outre, on considérait le blanchissage périodique des sépulcres comme un acte que l'on devait accomplir en souvenir des morts pour les honorer. Mais de même qu'aucun soin ou mesure de diligence aussi grands soient-ils pour conserver bien clair l'extérieur d'une tombe ne pourrait empêcher la putréfaction qui se produit à l'intérieur, de même aucun signe extérieur de prétendue justice ne pourrait atténuer la corruption répugnante d'un cœur qui exhale l'iniquité. Jésus avait déjà comparé les Pharisiens à des sépulcres qui ne paraissent pas, sur lesquels les hommes marchaient par inadvertance et devenaient ainsi souillés sans le savoir[35]; en cette occasion, que nous examinons maintenant, il les dénonça comme des sépulcres blanchis, se montrant avec ostentation, mais néanmoins des sépulcres.

 

«Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes et ornez les tombeaux des justes, et que vous dites: Si nous avions vécu au temps de nos pères, nous ne nous serions pas associés à eux pour (répandre) le sang des prophètes. Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes.» L’orgueil national, qui n'est pas entièrement différent du patriotisme, s'était exprimé pendant des siècles dans le respect officiel des cryptes dans lesquelles étaient ensevelis les anciens prophètes, dont beaucoup avaient été mis à mort à cause de leur zèle juste et impavide. Ces Juifs modernes proclamaient qu'ils désavouaient toute sympathie avec les actes meurtriers de leurs ancêtres qui avaient martyrisé les prophètes et prétendaient avec ostentation que s'ils avaient vécu à l'époque de ces martyres, ils n'y auraient pas participé, et cependant par cet aveu ils se proclamaient les descendants de ceux qui avaient versé le sang innocent.

 

Avec des malédictions flétrissantes, le Seigneur les voua à leur destin: «Mettez donc le comble à la mesure de vos pères! Serpents, race de vipères! Comment fuirez-vous la condamnation de la géhenne? C'est pourquoi, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous flagellerez les autres dans vos synagogues et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Bérékia, que vous avez tué entre le temple et l'autel. En vérité je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération.» Ils affirmaient d'un air papelard être supérieurs à leurs pères qui avaient tué les envoyés de Jéhovah, et Jéhovah lui-même leur répondait en prédisant qu'ils se teindraient les mains du sang des prophètes, des sages et des scribes justes qu'il enverrait parmi eux et se révéleraient ainsi être fils littéraux d'assassins et assassins eux-mêmes, de sorte que sur eux reposerait le fardeau de tout le sang juste qui avait été versé en témoignage de Dieu, depuis Abel le juste jusqu'au martyr Zacharie[36]. Ce destin effroyable décrit avec un réalisme aussi terrible ne devait pas être un événement de l'avenir lointain; chacun des affreux malheurs que le Seigneur avait prononcés devait se réaliser dans cette génération-là,

 

LAMENTATION DU SEIGNEUR SUR JÉRUSALEM[37]

 

Ce furent les dernières paroles que Jésus prononça sur les scribes, les Pharisiens et le pharisaïsme. Contemplant des hauteurs du temple la ville du grand Roi qui allait bientôt être abandonnée à la destruction, le Seigneur éprouva un profond chagrin. Avec l'éloquence immortelle de l'angoisse, il émit une lamentation telle qu'aucun père mortel n'en a jamais exprimée sur le plus indigne et le plus renégat des fils.

 

«Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu! Voici: votre maison vous est laissée déserte, car je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!»

 

L'OFFRANDE DE LA VEUVE[38]

 

Quittant la cour ouverte, Jésus se dirigea vers le trésor du temple garni de colonnades, et là, il s'assit, apparemment absorbé dans une triste rêverie. Il y avait dans ce lieu treize coffres, chacun muni d'un réceptacle en forme de trompette; et c'est là que le peuple déposait ses contributions pour les divers objectifs indiqués par les inscriptions des boîtes. Levant les yeux, Jésus observa les files de donateurs, de tous rangs et de tous niveaux de richesse et de pauvreté, certains déposant leurs dons avec une dévotion et une sincérité d'intention évidentes, d'autres y jetant avec ostentation de grandes sommes d'argent et d'or, surtout pour être vus des hommes. Parmi la foule se trouvait une pauvre veuve qui, faisant probablement un effort pour échapper à l'attention, laissa tomber dans l'un des coffres du trésor deux petites pièces de bronze appelées oboles; sa contribution se montait à moins d'un demi-cent en argent américain. Le Seigneur appela ses disciples autour de lui, attira leur attention sur la pauvre veuve et son action, et dit: «En vérité, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus qu'aucun de ceux qui ont mis dans le tronc; car tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre.»

 

Dans les comptes gérés par les anges qui tiennent les registres, calculés selon l'arithmétique du ciel, les inscriptions sont faites en termes de qualité et non de quantité, et les valeurs sont déterminées en fonction de la capacité et de l'intention. Les riches donnaient beaucoup, mais pourtant ils conservaient davantage; le don de la veuve était tout ce qu'elle avait. Ce n'était pas la petitesse de son offrande qui la rendait particulièrement acceptable, mais l'esprit de sacrifice et d'intention pieuse avec lequel elle donnait. Dans le livre des comptables célestes, la contribution de cette veuve était inscrite comme un don magnifique, surpassant en valeur les largesses des rois. «Les bonnes dispositions, quand elles existent, sont agréables en raison de ce qu'on a, mais non de ce qu'on n'a pas[39]

 

LE CHRIST QUITTE DÉFINITIVEMENT LE TEMPLE

 

Les discours publics de notre Seigneur et les discussions ouvertes auxquelles il avait participé avec des professionnels et des officiels ecclésiastiques au cours de ses visites quotidiennes au temple pendant la première moitié de la semaine de la Passion, avaient poussé un grand nombre d'entre les principaux dirigeants, ainsi que d'autres, à croire qu'il était le véritable Fils de Dieu; mais la peur de la persécution par les Pharisiens et la crainte d'être excommuniés de la synagogue[40] les empêchaient de confesser la loyauté qu'ils éprouvaient et d'accepter le moyen de salut si gracieusement offert. «Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu[41]

 

Il se peut que ce soit au moment où Jésus se dirigeait pour la dernière fois vers ce grand portail de sortie du lieu jadis saint qu'il prononça le témoignage solennel de sa divinité rapporté par Jean[42]. Il cria d'une voix forte aux dirigeants sacerdotaux et à la multitude en général: «Celui qui croit en moi, croit, non pas en moi, mais en celui qui m'a envoyé; et celui qui me contemple, contemple celui qui m'a envoyé.» Lui être fidèle, c'est déjà être fidèle à Dieu, et il dit clairement au peuple que l'accepter, lui, n'était pas affaiblir le moins du monde sa fidélité à Jéhovah, mais au contraire la confirmer. Répétant le précepte qu'il avait déjà exprimé, il proclama de nouveau être la lumière du monde, par les rayons de laquelle seule l'humanité pouvait être délivrée des ténèbres d'incrédulité spirituelle qui l'enveloppaient. Les témoignages qu'il laissait au peuple seraient le moyen par lequel seraient jugés et condamnés tous ceux qui le rejetaient volontairement. «Car mes paroles ne viennent pas de moi; mais le Père, qui m'a envoyé, m'a commandé lui-même ce que je dois dire et ce dont je dois parler. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Ainsi ce dont je parle, j'en parle comme le Père me l'a dit.»

 

PRÉDICTION DE LA DESTRUCTION DU TEMPLE[43]

 

Comme Jésus quittait l'enceinte où se trouvait ce qui avait jadis été la maison du Seigneur, un disciple ou davantage attirèrent son attention sur le magnifique bâtiment, les pierres massives, les colonnes énormes et les ornements abondants et coûteux des divers bâtiments. Le commentaire que le Seigneur fit en réponse était une prophétie sans réserve de la destruction totale du temple et de tout ce qui y avait trait. «En vérité je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.» Telle était la prédiction précise et terrible. Ceux qui l'entendirent furent abasourdis; ils n'essayèrent pas d'en savoir plus ni en posant d'autres questions ni par d'autres réactions. L'accomplissement littéral de cette terrible menace ne fut qu'un incident dans l'annihilation de la ville moins de quarante ans plus tard.

 

Après le départ définitif du Seigneur hors du temple, qui se produisit probablement l'après-midi du mardi de cette dernière semaine, son ministère public prenait solennellement fin. Quels que fussent les discours, les paraboles ou les ordonnances qui allaient suivre, ils ne serviraient plus qu'à instruire et à investir davantage les apôtres.

 

NOTES DU CHAPITRE 31

 

1. L’effigie de la pièce : Les Juifs avaient une aversion pour les images ou les effigies en général, professant considérer leur usage comme une violation du deuxième commandement. Mais leurs scrupules ne les empêchaient point d'accepter des pièces de monnaie portant l'effigie de rois, même si ces rois étaient païens. Leurs propres pièces de monnaie portaient d'autres représentations, telles que des plantes, des fruits, etc, au lieu d'une tête humaine; et les Romains avaient permis avec condescendance l'émission d'une monnaie spéciale à l'usage juif, chaque pièce portant le nom mais pas l'effigie du monarque. Les monnaies ordinaires de Rome avaient cependant cours en Palestine.

 

2. La soumission à l'autorité séculière : Les gouvernements sont institués par Dieu, parfois par son intervention directe, parfois avec sa permission. Lorsque les Juifs avaient été soumis par Nebucadnetsar, roi de Babylone, le Seigneur commanda au peuple, par le truchement du prophète Jérémie (27:4-8), d'obéir à son conquérant, qu'il appelait son serviteur; car en vérité le Seigneur avait utilisé le roi païen pour châtier les enfants renégats et infidèles de l'alliance. L'obéissance ainsi imposée comprenait le paiement d'impôts et s'étendait à la soumission complète. Après la mort du Christ, les apôtres enseignèrent l'obéissance aux pouvoirs en vigueur, lesquels pouvoirs, déclara Paul, «ont été institués par Dieu» (voir Rm 13:1-7, Tt 3:1, 1 Tm 2:1-3, voir aussi 1 P. 2:13,14). Par la révélation moderne, le Seigneur a ordonné à son peuple de la dispensation actuelle d'obéir et de soutenir loyalement les gouvernements dûment établis qui existent dans tous les pays. Voir D&A 58:21-22, 98:4-6 et la section 134 tout entière. L’Eglise rétablie proclame comme une partie essentielle de sa croyance et de ses pratiques: «Nous croyons que nous devons nous soumettre aux rois, aux présidents, aux gouverneurs et aux magistrats; obéir aux lois, les honorer et les soutenir» (12e article de foi).

 

3. Le mariage pour l'éternité : La révélation divine dans la dispensation de la plénitude des temps a montré clairement que les contrats de mariage, de même que tous les accords entre parties dans la mortalité, n'ont aucune valeur au-delà de la tombe, si ces contrats ne sont pas ratifiés et validés par les ordonnances dûment établies de la Sainte Prêtrise. Le scellement dans l'alliance du mariage pour le temps et l'éternité, qui a pris le nom de mariage céleste, est une ordonnance établie par l'autorité divine dans l'Eglise rétablie de Jésus-Christ. Voir l'analyse de ce sujet par l'auteur dans Articles de Foi, pp. 539-541, et La Maison du Seigneur, sous «Le scellement dans le mariage», pp. 82-88.

 

4. Divisions et subdivisions de la loi : «Les écoles rabbiniques, dans leur esprit touche-à-tout, charnel et superficiel qui jouait sur les mots et avait le culte de la lettre, avaient tissé de vastes accumulations de subtilités sans valeur sur toute la loi mosaïque. Entre autres choses, elles avaient gaspillé leur vanité en des tentatives fantastiques de compter, de classer, de peser et de mesurer chacun des commandements de la loi cérémonielle et morale. Elles en étaient venues à la conclusion savante qu'il y avait deux cent quarante-huit préceptes affirmatifs, lesquels étaient aussi nombreux que les artères et les veines, ou les jours de l'année: le total étant de six cent treize, qui était aussi le nombre de lettres du décalogue. Ils arrivaient au même résultat en partant du fait que les Juifs avaient reçu le commandement (Nb 15:38) de porter des franges (tsitsit) sur les coins de leur tallit, reliées par un fil de tissu bleu; et comme chaque frange avait huit fils et cinq nœuds, et que les lettres du mot tsitsit font six cents, le nombre total de commandements était comme précédemment six cent treize. Mais il est certain que dans un nombre aussi grand de préceptes et d'interdictions, tout ne pouvait pas avoir tout à fait la même valeur; certains étaient ‘légers’ (kal), et certains étaient ‘lourds’ (kobhed). Mais lesquels? Et quel était le plus grand de tous les commandements? Selon certains rabbis, le plus important de tous est celui qui a trait aux tephillin et aux tsitsit, aux franges et aux phylactères; et «celui qui l'observe avec diligence est estimé de la même manière que s'il avait gardé la Loi tout entière».

 

«Les uns considéraient l'omission des ablutions comme aussi grave que l'homicide; les autres, que les préceptes de la michna étaient tous ‘lourds'; ceux de la loi étaient, les uns ‘lourds’, les autres ‘légers'. D'autres considéraient le troisième comme le plus grand commandement. Aucun d'entre eux ne s'était rendu compte du grand principe que la violation volontaire d'un commandement, c'est les transgresser tous (Jc 2:10), parce que l'objet de la Loi tout entière c'est l'esprit de l'obéissance à Dieu. Chammaïtes et hillélites étaient en désaccord sur la question proposée par les docteurs de la loi et, comme d'habitude, les deux écoles avaient tort: les chammaïtes, en pensant que de simples observances extérieures ordinaires avaient de la valeur, indépendamment de l'esprit dans lequel on les accomplissait et le principe qu'elles représentaient, les hillélites, en pensant que n'importe quel commandement affirmatif pouvait être secondaire en lui-même, et ne voyant pas que les grands principes sont essentiels pour accomplir correctement les devoirs même les plus petits.» Farrar, Life of Christ, chap. 52.

 

5. Phylactères et bords : Par une interprétation traditionnelle d'Ex 13:9 et de Dt 6:8, les Hébreux adoptèrent la coutume de porter des phylactères, qui consistaient essentiellement en des bandes de parchemin sur lesquelles étaient inscrits en entier ou en partie les textes suivants: Ex 13:2-10 et 11:17, Dt 6:4-9, et 11:13-21. On portait les phylactères sur la tête et le bras. Les bandes de parchemin pour la tête étaient au nombre de quatre, sur chacun desquels un des textes cités ci-dessus était écrit. On plaçait ceux-ci dans un réceptacle cubique de cuir mesurant de 1,5 cm à 3,5 cm de côté; le réceptacle était divisé en quatre compartiments, et on plaçait dans chacun d'eux un des petits rouleaux de parchemin. Des courroies maintenaient le réceptacle sur le front entre les yeux du porteur. Le phylactère du bras ne contenait qu'un seul rouleau de parchemin sur lequel les quatre textes prescrits étaient notés; on le plaçait dans une petite boîte attachée par des lanières sur l'intérieur du bras gauche de manière à pouvoir être approché du cœur lorsque les mains étaient placées ensemble dans l'attitude de la dévotion. Les Pharisiens portaient le phylactère du bras au-dessus du coude, tandis que leurs rivaux, les Sadducéens, l'attachaient à la paume de la main (voir Ex 13:9). Le commun du peuple ne portait les phylactères qu'au moment de la prière, mais on disait que les Pharisiens les montraient pendant toute la journée. L’allusion que fit notre Seigneur à la coutume des Pharisiens de fabriquer de grands phylactères avait trait à l'agrandissement du réceptacle qui les contenait, en particulier celui du front. La grandeur des bandes de parchemin était fixée par une règle rigide.

 

Le Seigneur avait commandé au peuple d'Israël, par le truchement de Moïse (Nb 15:35), d'attacher au bord de son vêtement une frange avec un ruban de bleu. Etalant avec ostentation leur prétendue piété, les scribes et les Pharisiens prenaient plaisir à porter de larges bords pour attirer l'attention publique. C'était une autre manifestation d'hypocrisie.

 

6. Les titres ecclésiastiques : Notre Seigneur condamna sévèrement la recherche de titres comme signes de rang à son service. Néanmoins il nomma les Douze qu'il choisit comme apôtres; et dans l'Eglise qu'il fonda, les offices d'évangéliste, grand prêtre, pasteur, ancien, évêque, prêtre, instructeur et diacre furent établis (voir Articles de Foi, pp. 245-247). C'est aux titres vides créés par les hommes qui s'attachaient à l'individu et non aux titres autorisés de l'office auquel les hommes étaient appelés par ordination autorisée que le Seigneur apposa le sceau de sa désapprobation. Les titres des offices de la Sainte Prêtrise sont d'un caractère trop sacré pour qu'on les utilise comme signe de distinction parmi les hommes. Dans l'Eglise rétablie de la dispensation actuelle, les hommes sont ordonnés à la prêtrise et aux divers offices de la Moindre Prêtrise ou Prêtrise d'Aaron et de la Prêtrise de Melchisédek; et même si quelqu'un est nommé ancien, soixante-dix, grand prêtre, patriarche ou apôtre, il ne doit pas chercher à utiliser le titre simplement pour embellir son nom (voir «The Honor and Dignity of Priesthood», par l'auteur, dans Improvement Era, Salt Lake City, mars 1914).

 

Charles F.Deems, dans The Light of the Nations, pp. 583-584, dit en parlant de l'usage irrespectueux des titres ecclésiastique: «Les Pharisiens aimaient aussi les places les plus élevées dans les synagogues, et cela réjouissait leur vanité que d'être appelés maître, docteur, rabbi. C'est contre ces titres que Jésus mit ses disciples en garde. Ils ne devaient pas aimer se faire appeler rabbi, titre qui apparaît sous trois formes, rab, instructeur, docteur, rabbi, mon docteur ou instructeur, rabbouni, mon grand docteur. Et ils ne devaient appeler personne ‘père' dans le sens de lui accorder l'infaillibilité du jugement ou du pouvoir sur leur conscience... ‘Papa’, comme les simples Moraves appellent leur grand homme, le comte Zinzendorf, ‘fondateur’, comme les méthodistes appellent le bon John Wesley, ‘saint père en Dieu’, comme on appelle parfois les évêques, ‘pape’, qui est la même chose que ‘papa’, ‘docteur en théologie’, équivalent chrétien du ‘rabbi’ juif, sont tous des titres dangereux. Mais ce n'est pas l'utilisation d'un nom que Jésus dénonce, c'est l'esprit de vanité qui animait les Pharisiens et l'esprit servile que l'usage de titres peut engendrer. Paul et Pierre disaient d'eux-mêmes qu'ils étaient des pères spirituels. Jésus enseigne que les offices dans les sociétés de ses disciples, telles que celles qui seraient formées par la suite, ne devaient pas être considérés comme des dignités, mais plutôt comme des services, que personne ne devait les rechercher pour l'honneur qu'ils pouvaient conférer mais pour le champ de services qu'ils pouvaient fournir, que personne ne devait entraîner une secte, car il n'y avait qu'un seul dirigeant; et que le groupe tout entier des croyants est composé de frères dont Dieu est le Père.»

 

L’auteur cité en dernier lieu discrédite avec beaucoup d'à-propos les aspirations, stimulées par la vanité et la présomption hypocrite, à l'emploi du titre ‘révérend’ appliqué aux hommes.

 

7. Sept ou huit malheurs? : Certains des anciens manuscrits des évangiles omettent le verset 14 de Mt 23. Cette omission réduit le nombre des paroles commençant par «Malheur à vous» de huit à sept. Il n'y a aucun doute sur la présence dans l'original des passages que l'on trouve dans Marc 12:40 et Lc 20:47, qui ont le même sens que Mt 23:14.

 

8. Le trésor du temple : A propos de l'incident de l'obole de la veuve, Edersheim (vol. 11, pp. 387-388) écrit: «Certains peuvent venir avec l'apparence du pharisaïsme, certains même avec ostentation, certains comme s'ils accomplissaient de bon cœur un joyeux devoir. Plusieurs riches mettaient beaucoup - oui, beaucoup, car la tendance était telle que l'on dut décréter une loi interdisant de donner au temple plus qu'une certaine proportion de ses biens. Et l'on peut déduire le montant de ces contributions en se souvenant de cet incident, qu'à l'époque de Pompée et de Crassus, le trésor du temple, après avoir défrayé abondamment tous les frais possibles, contenait en argent près d'un demi million, et des vases précieux d'une valeur de près de deux millions de sterling.» Voir aussi Josèphe, Antiquités XIV, 4:4, 7:1,2.

 

9. Zacharie le martyr : A propos des martyrs de l'époque antérieure au midi des temps, l'évangéliste fait utiliser au Seigneur l'expression «tout le sang innocent répandu sur la terre depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Bérékia, que vous avez tué entre le temple et l'autel» (Mt 23:35). L’Ancien Testament, tel que nous l'avons maintenant, ne parle pas d'un martyr nommé Zacharie, fils de Bérékia, mais rapporte le martyre de Zacharie fils de Yehoyada (2 Ch 24:20-22). La plupart des spécialistes de la Bible sont d'avis que le Zacharie dont il est question dans le récit de Matthieu est Zacharie fils de Yehoyada. Dans la compilation juive des Ecritures de l'Ancien Testament, l'assassinat de Zacharie apparaît comme le dernier martyre rapporté par écrit; et l'allusion que le Seigneur fait aux justes qui ont été massacrés d'Abel à Zacharie peut avoir inclus d'un seul grand trait tous les martyrs jusqu'à cette époque-là, du premier au dernier. Cependant nous avons connaissance de Zacharie, fils de Bérékia (Za 1:1, 7), et ce Bérékia était fils d'Iddo. Il est également question de Zacharie, fils d'Iddo, dans Esdras 5: 1, mais comme on le voit ailleurs dans les anciennes Ecritures, le petit fils est appelé le fils. L'Ancien Testament ne compte pas ce Zacharie parmi les martyrs, mais les récits traditionnels (Whitby citant le Targum) disent qu'il fut tué «Ie jour des expiations». Il est probable que le Seigneur parlait d'un martyre récent et probablement du dernier des martyres rapportés par écrit; et il est tout aussi évident que l'affaire était bien connue des Juifs. Il est vraisemblable qu'un récit plus complet existait dans les Ecritures qui avaient cours parmi les Juifs à l'époque du Christ mais qui ont été perdues depuis. Voir note 4, page XXX.

 

10. Destruction du temple : «Pendant trente ans ou davantage après la mort du Christ, les Juifs continuèrent d'aménager et d'embellir les bâtiments du temple. Le plan complexe conçu et projeté par Hérode avait été pratiquement mené à bien; le temple était pour ainsi dire achevé et, comme il apparut bientôt, il était prêt pour la destruction. Son destin avait été nettement prédit par le Sauveur lui-même. Commentant une remarque d'un des disciples concernant les grandes pierres et les bâtiments splendides de la colline du temple, Jésus avait dit: «Vois-tu ces grandes constructions? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée» (Mc 13:1, 2, voir aussi Mt 24:1, 2, Lc 21:5, 6). Cette amère prédiction fut bientôt littéralement accomplie. Dans le grand conflit qui les opposa aux légions romaines sous Titus, beaucoup de Juifs avaient cherché un refuge dans les cours du temple, apparemment dans l'espoir que le Seigneur mènerait à nouveau la lutte pour son peuple et lui donnerait la victoire. Mais la présence protectrice de Jéhovah s'en était éloignée depuis longtemps, et Israël fut abandonné en proie à ses ennemis. Quoique Titus eût voulu épargner le temple, ses légionnaires, ivres de carnage, déclenchèrent l'incendie, et tout ce qui pouvait brûler fut brûlé. Le massacre des Juifs fut épouvantable; des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants furent égorgés sans merci à l'intérieur des murs, et les cours du temple furent littéralement inondées de sang humain. Cet événement se passa en 70 ap. J.-C. et, selon Josèphe, le même mois et le même jour du mois où le jadis glorieux temple de Salomon était devenu la proie des flammes allumées par le roi de Babylone (Josèphe, Guerres des Juifs, VI, 4:5, 8. On trouvera dans l'ensemble des chapitres 4 et 5 le récit détaillé et imagé de la destruction du temple). Le chandelier d'or et la table des pains de proposition qui faisaient partie du mobilier du temple furent enlevés du saint et rapportés à Rome par Titus en guise de trophées de guerre; on peut les voir représentés sur l'arc de triomphe élevé au nom de ce général victorieux. Depuis la destruction du splendide temple d'Hérode, aucune construction de cette espèce, aucun temple, aucune maison du Seigneur - puisque ces termes ont un sens distinct - n'a plus été consacré dans l'hémisphère [oriental]» - La Maison du Seigneur, pp. 49-50.

 

Josèphe attribue la destruction du temple d'Hérode à la colère de Dieu et déclare que les flammes dévorantes «prirent naissance chez les Juifs eux-mêmes et furent occasionnées par eux». Le soldat qui appliqua la torche à la sainte maison, qui était restée intacte tandis que le feu faisait rage dans les cours, l'historien le considère comme l'instrument de la vengeance divine. Nous lisons (Guerres VI, 4, 5): «Un des soldats, sans attendre d'ordre et sans se soucier ou craindre pareille entreprise, et poussé par une fureur divine, arracha un morceau des matériaux qui étaient en feu, et soulevé par un autre soldat, mit le feu à une fenêtre dorée donnant sur les salles qui se trouvaient autour de la sainte maison, du côté nord. Lorsque les flammes s'élevèrent, les juifs poussèrent une grande clameur, comme le réclamait une affliction aussi grande. »

 



[1] Mt 22:15-22, Mc 12:13-17, Lc 20:19-26.

[2] Page 74.

[3] Mc 3:6, 8:15.

[4] Note 1, fin du chapitre.

[5] Note 2, fin du chapitre.

[6] Pages 12, 13.

[7] Lc 23:2, page 680.

[8] Mt 22:23-33, Mc 12:18-27, Lc 20:27-38.

[9] Pages 70, 78.

[10] Dt 25:5.

[11] Note 3, fin du chapitre.

[12] Gn 28:13, Ex 3:6,15.

[13] Mt 22:34-40, Mc 12:28-34.

[14] Dt 6:4,5.

[15] Note 5, fin du chapitre.

[16] Cf. page 268.

[17] Note 4, fin du chapitre.

[18] Mt 22:41-46, Mc 12:35-37, Lc 20:41-44.

[19] Ps 110.

[20] Ps 110:4; cf. Hé 5:6.

[21] Chapitre 6.

[22] Chapitres 4 et 5.

[23] Mt 23, Mc 12:38-40, Lc 20:45-57; cf. Lc 11:39-52.

[24] Note 5, fin du chapitre.

[25] Pages 68, 76.

[26] Note 6, fin du chapitre.

[27] Mc 12:37.

[28] Jn 7:49; cf. 9:34.

[29] Note 7, fin du chapitre.

[30] Note 8, fin du chapitre.

[31] Page 384.

[32] Mt 5:33-37, page 257 supra.

[33] Lv 27:30, Nb 18:21, Dt 12:6, 14:22-28. Voir aussi The Law of the Tithe, de l'auteur, 20 pp., 1914.

[34] Cf. Lc 11:39, 40, Mc 7:4, page 476 supra.

[35] Lc 11:44.

[36] Note 9, fin du chapitre.

[37] Mt 23:37-39; cf. Lc 13:34, 35.

[38] Mc 12:41-44, Lc 21:1-4.

[39] 2 Co 8:12.

[40] Jn 12:42; cf. 7:13, 9:22.

[41] Jn 12:43; cf. 5:44.

[42] Jn 12:44-50.

[43] Mt 24:1, 2, Mc 13:1, 2, Lc 21:5, 6, note 10, fin du chapitre.

 

 

 

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