CHAPITRE 34 : LE PROCÈS ET LA CONDAMNATION

 

LE PROCÈS JUIF

 

De Gethsémané le Christ ligoté et captif fut trainé devant les dirigeants juifs. Jean est seul à nous apprendre que le Seigneur fut emmené tout d'abord devant Anne, qui l'envoya, toujours lié, à Caïphe, le souverain sacrificateur[1]; les synoptiques ne rapportent que la comparution devant Caïphe[2]. Nous n'avons aucun détail sur l'entretien avec Anne; et il était aussi irrégulier et illégal, selon la loi hébraïque, de faire comparaître Jésus devant lui que le furent les autres actes de procédure de cette nuit-là. Anne, qui était le beau-père de Caïphe, avait été déposé de ses fonctions de souverain sacrificateur plus de vingt ans auparavant, mais pendant toute cette période il avait exercé une puissante influence dans toutes les affaires de la hiérarchie[3]. Caïphe, comme Jean prend bien soin de nous le rappeler, «était celui qui avait donné aux Juifs le conseil: 'Il est préférable qu'un seul homme meure pour le peuple.'[4]»

 

Au palais de Caïphe étaient assemblés les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens du peuple en réunion du sanhédrin, non officielle, tous attendant impatiemment le résultat de l'expédition menée par Judas. Lorsque Jésus, objet de leur haine violente et leur future victime, fut introduit, prisonnier ligoté, on le fit immédiatement passer en jugement, contrairement à la loi, tant écrite que traditionnelle, dont ces dirigeants des Juifs rassemblés professaient être les champions si zélés. On ne pouvait procéder légalement à un interrogatoire pour un crime capital que dans la salle de tribunal officielle du sanhédrin. Le récit que nous donne le quatrième Evangile nous permet de conclure que le prisonnier fut tout d'abord soumis à un interrogatoire de la part du souverain sacrificateur en personne[5]. Ce fonctionnaire, il n'est pas dit si c'était Anne ou Caïphe, interrogea Jésus sur ses disciples et ses enseignements. Cette enquête préliminaire était tout à fait illégale, car le code hébreu prévoyait que les témoins de l'accusation dans une cause quelconque devant la cour devaient formuler leur accusation contre l'accusé, et que ce dernier devait être protégé contre toute tentative de le pousser à témoigner contre lui-même. La réponse du Seigneur aurait dû être une protestation suffisante devant le souverain sacrificateur pour l'empêcher de se livrer à d'autres procédés illégaux. «J'ai parlé ouvertement au monde; j'ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s'assemblent, et je n'ai parlé de rien en secret. Pourquoi m'interroges-tu? Demande à ceux qui m'ont entendu de quoi je leur ai parlé; voici qu'ils savent, eux, ce que moi j'ai dit.» C'était une objection légale contre ce procédé illégal de refuser à un prisonnier qui passait en jugement son droit d'être confronté avec ses accusateurs. Elle fut reçue ouvertement avec dédain, et l'un des huissiers qui se trouvait tout près, espérant peut-être obtenir ainsi la faveur de ses supérieurs, alla jusqu'à frapper violemment Jésus[6], en lui posant la question: «Est-ce ainsi que tu réponds au souverain sacrificateur?» A cette lâche attaque le Seigneur répondit avec une douceur presque surhumaine[7]: «Si j'ai mal parlé, prouve ce qu'il y a de mal; et si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu?» A cette soumission se mêlait cependant ici un autre appel aux principes de la justice; si ce que Jésus avait dit était mal, pourquoi celui qui l'avait assailli ne l'accusait-il pas, et s'il avait bien parlé, de quel droit un officier de police ou un juge condamnait-il et punissait-il, et ce, en présence du souverain sacrificateur? La loi et la justice avaient été détrônées cette nuit-là.

 

«Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus, pour le faire mourir[8].» Que «tout le sanhédrin» signifie un quota légal, ce qui ferait 23 ou davantage ou l'assemblée complète des soixante-douze sanhédristes, cela n'a que peu d'importance. Toute session nocturne du sanhédrin, et plus particulièrement pour l'examen d'une accusation de crime, était directement une violation de la loi juive. De même, il était illégal de la part du sanhédrin d'examiner pareille accusation un jour de sabbat, un jour férié ou la veille d'un jour de ce genre. Au sanhédrin, tous les membres étaient juges; le groupe des juges devait entendre le témoignage et, selon ce témoignage et rien d'autre, rendre une décision dans tous les cas dûment présentés. Il était requis des accusateurs qu'ils comparussent en personne, et on devait tout d'abord les avertir contre tout faux témoignage. Tous les accusés devaient être considérés et traités comme innocents jusqu'à ce qu'ils fussent dûment condamnés. Mais dans le prétendu jugement de Jésus, les juges non seulement cherchèrent des témoins mais essayèrent tout particulièrement de trouver de faux témoins. Beaucoup de faux témoins vinrent, mais cependant il n'y eut aucun témoignage contre le prisonnier, parce que les parjures subornés n'étaient pas d'accord entre eux, et même les sanhédristes sans loi hésitaient à enfreindre ouvertement la règle fondamentale qui voulait que deux témoins concordants au moins témoignassent contre un accusé, faute de quoi l'affaire devait être rejetée.

 

Les juges ecclésiastiques avaient déjà décidé que Jésus devait être condamné sur une accusation ou une autre et être mis à mort; leur incapacité à trouver des témoins contre lui menaçait de retarder l'exécution de leur néfaste projet. La haine et la précipitation caractérisèrent de bout en bout leur façon de procéder; ils firent arrêter illégalement Jésus le soir; ils procédaient illégalement à un semblant de jugement la nuit; leur but était de condamner le prisonnier suffisamment à temps pour l'amener devant les autorités romaines aussitôt que possible dans la matinée - comme criminel dûment jugé et considéré digne de mourir. L’absence de deux témoins hostiles qui diraient les mêmes mensonges était un obstacle grave. Mais «enfin il en vint deux qui dirent: Celui-là a dit: je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours.» Cependant d'autres attestèrent: «Nous l'avons entendu dire: Je détruirai ce temple fait par la main de l'homme et en trois jours j'en bâtirai un autre qui ne sera pas fait par la main de l'homme[9].» Et ainsi, comme l'observe Marc même dans ce détail leurs témoignages ne concordaient pas. Il est certain que dans une affaire portée devant un tribunal, une différence comme celle qui apparaît entre «je puis» et «je détruirai» dans des paroles attribuées à l'accusé est d'importance capitale. Cependant ce semblant d'accusation officielle était la seule base de l'accusation portée contre le Christ à ce stade du jugement. On se souviendra que lors de la première purification du temple, vers le début du ministère du Christ, celui-ci avait répondu aux Juifs qui avaient demandé à cor et à cri un signe de son autorité en disant: «Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai.» Il n'avait pas du tout dit que c'était lui qui allait détruire; c'était les Juifs qui détruiraient, et lui qui relèverait. Mais l'auteur inspiré prend le soin d'expliquer que Jésus «parlait du temple de son corps», et pas du tout des bâtiments élevés par l'homme[10].

 

Il pourrait être raisonnable de se demander quelle portée sérieuse on pouvait attacher à une déclaration comme celle que les témoins parjures prétendaient avoir entendue des lèvres du Christ. La vénération que les Juifs professaient pour la sainte maison, dont ils profanaient cependant les lieux sans pudeur, donne une réponse partielle mais insuffisante. Dans leur conspiration contre le Christ, il semble que les dirigeants aient eu pour plan de le condamner pour sédition, le faisant passer pour un fauteur de troubles dangereux qui mettait en péril la paix de la nation, attaquait les institutions établies et incitait par conséquent à l'opposition contre l'autonomie vassale de la nation juive et la domination suprême de Rome[11].

 

L’ombre vaguement définie d'une accusation légale produite par le témoignage ténébreux et sans consistance des faux témoins suffit à enhardir l'inique tribunal. Caïphe, se levant de son siège pour souligner sa question d'une manière dramatique, demanda à Jésus: «Ne réponds-tu rien? De quoi témoignent-ils contre toi?» Il n'y avait rien à répondre. Le témoignage qui avait été porté contre lui n'était ni logique ni valable; par conséquent il garda un silence digne. Alors Caïphe, enfreignant l'interdiction légale de demander à quiconque de témoigner dans sa propre affaire si ce n'est volontairement et de sa propre initiative, ne se contenta pas d'exiger une réponse de la part du prisonnier mais exerça la puissante prérogative de l'office du souverain sacrificateur de placer l'accusé sous serment, comme témoin devant le tribunal sacerdotal. «Et le souverain sacrificateur», prenant la parole, «Iui dit: je t'adjure par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu[12].» Le fait qu'il sépara les deux qualificatifs «le Christ» et le «Fils de Dieu» est significatif en ce qu'il indique que les Juifs attendaient un Messie mais ne reconnaissaient pas qu'il devait être d'origine divine. Rien de ce qui avait été dit avant ne pouvait justifier pareille question. L’accusation de sédition était sur le point d'être remplacée par une accusation plus énorme encore: celle de blasphème[13].

 

Jésus répondit à cette adjuration absolument injuste et pourtant officielle du souverain sacrificateur: «Tu l'as dit. De plus je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l'homme assis à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel.» Cette expression: «Tu l'as dit» était équivalente à «Je suis ce que tu as dit»[14]. C'était un aveu sans restriction de sa filiation divine et de sa Divinité inhérente. «Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements et dit: Il a blasphémé. Qu'avons-nous encore besoin de témoins? Vous venez d'entendre son blasphème. Qu'en pensez-vous? Ils répondirent: Il est passible de mort[15]

 

C'est ainsi que les juges d'Israël, y compris le souverain sacrificateur, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens du peuple, le grand sanhédrin, illégalement assemblés, décrétaient que le Fils de Dieu méritait la mort sans autre preuve que sa propre affirmation d'identité. Le code juif interdisait expressément de condamner, spécialement lors d'une accusation de crime, toute personne sur son propre aveu, si celui-ci n'était amplement confirmé par la déposition de témoins dignes de confiance. De même que dans le jardin de Gethsémané Jésus s'était rendu volontairement, ainsi donnait-il personnellement et volontairement devant les juges les preuves sur lesquelles ils déclarèrent injustement qu'il méritait la mort. Il ne pouvait y avoir d'autre crime dans la prétention à être Messie ou à une filiation divine que la fausseté de cette prétention. C'est en vain que nous examinons les documents pour y trouver ne serait-ce qu'un sous-entendu pour nous informer qu'une enquête fut faite ou proposée quant aux raisons sur lesquelles Jésus basait ses prétentions sublimes. En déchirant ses vêtements, le souverain sacrificateur affectait d'une manière spectaculaire son horreur pieuse devant le blasphème dont ses oreilles avaient été agressées. La loi interdisait expressément au souverain sacrificateur de déchirer ses vêtements[16], mais les écrits extra-scripturaires nous apprennent que les lois traditionnelles permettaient de déchirer ses vêtements pour attester un crime extrêmement grave comme celui de blasphème[17]. Nous n'avons aucune indication nous informant si le vote des juges fut demandé et enregistré de la manière exacte et ordonnée requise par la loi.

 

Jésus était donc condamné pour la transgression la plus abominable connue de la juiverie. Bien qu'injustement, il avait été jugé coupable de blasphème par le tribunal suprême du pays. Pour être précis, nous ne pouvons pas dire que les sanhédristes condamnèrent le Christ à mort, étant donné que le pouvoir de prononcer des sentences de mort avait été retiré au tribunal juif par décret romain. Le tribunal des souverains sacrificateurs décida cependant que Jésus méritait de mourir, et c'est ce qu'ils attestèrent lorsqu'ils le livrèrent à Pilate. Débordant de haine et de méchanceté, les juges d'Israël abandonnèrent leur Seigneur aux caprices des valets, qui lui firent subir toutes les indignités que leurs instincts brutaux pouvaient leur inspirer. Ils lui lançèrent leurs crachats impurs au visage[18]; ensuite, lui ayant bandé les yeux, ils s'amusèrent à le frapper sans arrêt, en disant: «Christ, devine, dis-nous qui t'a frappé.» La foule des mécréants le couvrit de moqueries et de sarcasmes, et en réalité se fit en fait blasphématrice[19].

 

La loi et les coutumes de l'époque requéraient qu'une personne jugée coupable d'un crime capital fût soumise, après avoir été dûment jugée devant un tribunal juif, à un deuxième jugement le lendemain; lors de cette seconde séance, l'un des juges, ou l'ensemble de ceux-ci, qui avaient précédemment voté pour la culpabilité, pouvait changer d'avis; mais quiconque avait demandé l'acquittement ne pouvait altérer son vote. La majorité simple suffisait pour l'acquittement, mais il fallait plus qu'une majorité qualifiée pour condamner. En vertu d'un article qui doit nous sembler absolument extraordinaire, si tous les juges votaient pour la condamnation dans un crime capital, le verdict était invalidé et l'accusé devait être mis en liberté; en effet, disait-on, si l'on votait unanimement contre un prisonnier, cela voudrait dire qu'il n'avait ni ami ni défenseur au tribunal et que les juges pouvaient avoir ourdi une conspiration contre lui. En vertu de cette loi de la jurisprudence hébraïque, le verdict prononcé contre Jésus et qui fut rendu lors de la session nocturne illégale des sanhédristes, était sans valeur, car il nous est dit clairement que «tous le condamnèrent comme passible de mort»[20].

 

Voulant apparemment créer un vague prétexte de légalité dans leur procédure, les sanhédristes ajournèrent la séance pour se réunir de nouveau au petit matin. Ils se conformaient ainsi techniquement à la loi selon laquelle, dans tous les cas où l'on avait décrété la peine de mort, le tribunal devait entendre et juger une deuxième fois dans une session ultérieure, mais ils ignorèrent complètement la règle absolument formelle qui voulait que le deuxième jugement eût lieu le lendemain de la première séance. Entre les deux sessions séparées d'un jour les juges devaient jeûner et prier, et examiner calmement et sérieusement l'affaire à juger.

 

Luc, qui ne donne aucun détail sur le procès nocturne de Jésus, est le seul évangéliste à faire un récit détaillé de la session du matin. Il dit: «Quand il fit jour, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes s'assemblèrent et firent amener Jésus devant leur sanhédrin[21].» Certains savants bibliques ont compris l'expression «amener Jésus devant leur sanhédrin», dans le sens que Jésus fut condamné par le sanhédrin dans la salle officielle du tribunal, c'est-à-dire la gazith ou salle des pierres taillées, comme le voulait la loi de l'époque; mais c'est une position qui est contredite par Jean qui dit qu'ils emmenèrent Jésus directement de Caïphe au tribunal romain[22].

 

Il est probable qu'à cette session du petit matin on approuva la procédure irrégulière des heures nocturnes et que l'on décida des détails de la procédure ultérieure à suivre. Ils «se consultèrent sur les moyens de le faire périr»; néanmoins ils remplirent les formalités d'un deuxième procès, dont les conclusions furent grandement facilitées par les déclarations volontaires du prisonnier. Absolument rien ne permettait aux juges de demander à l'accusé de témoigner; ils auraient dû examiner de nouveau les témoins à charge. La première question qui lui fut posée fut: «Si tu es le Christ, dis-le nous.» Le Seigneur répondit avec dignité: «Si je vous le dis, vous ne le croirez point; et si je vous interroge vous ne répondrez point. Désormais le Fils de l'homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu.» Ni la question, ni la réponse n'entraînaient la condamnation. Le pays tout entier attendait le Messie; si Jésus prétendait l'être, la seule action judiciaire appropriée serait de s'informer des mérites de cette prétention. La question cruciale suivit immédiatement: «Tu es donc le Fils de Dieu? Et il leur répondit: Vous le dites, je le suis. Alors ils dirent: Qu'avons-nous encore besoin de témoignage? Nous l'avons entendu nous-mêmes de sa bouche[23]

 

Jéhovah était donc déclaré coupable de blasphème contre Jéhovah. Le seul mortel à qui il était impossible d'imputer ce crime terrible qu'est le blasphème en prétendant avoir des attributs et des pouvoirs divins était condamné comme blasphémateur devant les juges d'Israël. «Tout le sanhédrin», expression qui peut vouloir dire un quota légal, était impliqué dans l'action finale. C'est ainsi que prit fin le prétendu «jugement» de Jésus devant le souverain sacrificateur et les anciens[24] de son peuple. «Le matin venu, tous les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mourir. Après l'avoir lié, ils l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate le gouverneur[25].» Pendant les quelques heures qui lui restaient à vivre sur terre, il serait entre les mains des Gentils, trahi et livré par les siens[26].

 

PIERRE RENIE SON SEIGNEUR[27]

 

Lorsque Jésus fut arrêté dans le jardin de Gethsémané, les Onze l'abandonnèrent tous et s'enfuirent. Il ne faut pas considérer ce fait comme une preuve certaine qu'ils étaient des lâches, car le Seigneur avait voulu qu'ils partent[28]. Pierre et un autre disciple au moins suivirent de loin; lorsque les gardes armés furent entrés au palais du souverain sacrificateur avec leur prisonnier, Pierre «entra et s'assit avec les gardes pour voir comment cela finirait». Le disciple dont le nom n'est pas donné et qui connaissait le souverain sacrificateur l'aida à s'introduire. Cet autre disciple était probablement Jean, du moins c'est ce que nous pouvons penser puisqu'il n'est mentionné que dans le quatrième Evangile, dont l'auteur, et cela est caractéristique chez lui, ne se désigne jamais par son propre nom[29].

 

Tandis que Jésus se trouvait devant les sanhédristes, Pierre demeura en bas avec les serviteurs. La porte était gardée par une jeune femme; ses soupçons féminins avaient été éveillés lorsqu'elle reçut Pierre, et tandis qu'il était assis avec d'autres dans la cour du palais, elle s'approcha de lui et, l'ayant observé attentivement, dit: «Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen.» Mais Pierre nia, affirmant qu'il ne connaissait pas Jésus. Pierre était agité; sa conscience et la peur d'être reconnu comme disciple du Seigneur le troublaient. Il quitta la foule et chercha une solitude partielle sous le porche; mais là, une autre servante le découvrit et dit à ceux qui se trouvaient tout près: «Celui-ci était avec Jésus de Nazareth»; accusation à laquelle Pierre répondit avec serment: «Je ne connais pas cet homme.»

 

On était en avril et la nuit était froide; on avait fait un feu dans le hall ou la cour du palais. Pierre s'assit près du feu avec d'autres, pensant peut-être qu'il valait sans doute mieux, pour ne pas être repéré, se découvrir avec audace que chercher à se cacher. Une heure environ après ses deux premiers reniements, quelques-uns des hommes qui se trouvaient autour du feu l'accusèrent d'être disciple de Jésus et se servirent de son dialecte galiléen pour prouver qu'il était au moins compatriote du prisonnier du souverain sacrificateur; menace plus grande encore, un parent de Malchus, dont Pierre avait coupé l'oreille de son épée, demanda péremptoirement: «Ne t'ai-je pas vu avec lui dans le jardin?» Dans la série de mensonges où il s'était lancé, Pierre alla jusqu'à proférer des imprécations, à jurer et à déclarer avec véhémence pour la troisième fois: «Je ne connais pas cet homme.» Comme le dernier mensonge impie quittait ses lèvres, les notes claires du chant d'un coq lui frappèrent les oreilles[30], et dans son esprit jaillit le souvenir de ce que son Seigneur avait prédit. Tremblant et conscient de sa perfide lâcheté, le malheureux se détourna de l'attroupement et rencontra le regard douloureux du Christ qui, du milieu de la foule insolente, regardait dans les yeux son apôtre vantard, et cependant aimant mais faible. Quittant précipitamment le palais, Pierre sortit dans la nuit, pleurant amèrement. Comme l'atteste sa vie ultérieure, ses larmes étaient celles d'une contrition réelle et d'un véritable repentir.

 

PREMIÈRE COMPARUTION DU CHRIST DEVANT PILATE

 

Comme nous l'avons déjà appris, aucun tribunal juif n'avait l'autorité d'infliger la peine de mort; la Rome impériale s'était réservé cette prérogative. Il serait inutile au sanhédrin de prétendre à l'unisson que Jésus méritait la mort tant que cela n'était pas sanctionné par le représentant de l'empereur, qui était à l'époque Ponce Pilate, gouverneur, ou plus exactement procurateur de Judée, de Samarie et d'Idumée. Pilate avait sa résidence officielle à Césarée[31], au bord de la Méditerranée; mais il avait coutume d'être à Jérusalem à l'époque des grandes fêtes hébraïques, voulant probablement préserver l'ordre ou étouffer promptement tous les troubles qui pourraient naître parmi les vastes multitudes hétérogènes qui se pressaient dans la ville pendant ces fêtes. Lors de cette Pâque importante, le gouverneur était à Jérusalem avec ses lieutenants. Au petit matin du vendredi, tous les membres du sanhédrin menèrent Jésus, lié, au tribunal de Ponce Pilate; mais ils évitèrent scrupuleusement d'entrer dans le bâtiment de crainte de se souiller; en effet le lieu du jugement faisait partie de la maison d'un Gentil, et il pouvait s'y trouver quelque part du pain avec du levain, et le fait même de s'en approcher les rendrait cérémoniellement impurs. Chacun pourra qualifier lui-même le genre d'hommes qui ont peur ne serait-ce que d'être près du levain alors même qu'ils sont assoiffés de sang innocent.

 

Par déférence pour leurs scrupules, Pilate sortit du palais; lorsqu'ils lui remirent leur prisonnier, il demanda: «Quelle accusation portez-vous contre cet homme?» La question, quoique strictement de circonstance et judiciairement nécessaire, surprit et déçut les gouverneurs ecclésiastiques, qui s'étaient évidemment attendus à ce que le gouverneur approuvât tout simplement leur verdict par pure formalité et prononçât la sentence en conséquence; mais au lieu de cela, Pilate était apparemment décidé à exercer son autorité de juger seul. Avec une contrariété mal cachée, leur porte-parole, probablement Caïphe, répondit: «Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne te l'aurions pas livré.» C'était maintenant au tour de Pilate de prendre ou du moins de feindre de prendre ombrage, et il dit en substance: Oh, très bien; si vous ne voulez pas énoncer l'accusation selon les formes, prenez-le et jugez-le selon vos lois; ne m'ennuyez plus avec cette affaire. Mais les Juifs répondirent: «Il ne nous est pas permis de mettre quelqu'un à mort.»

 

Jean l'apôtre voit dans cette dernière réflexion la détermination des Juifs de faire mettre Jésus à mort non seulement par une sanction romaine mais aussi par des bourreaux romains[32]; en effet comme nous pourrons le voir rapidement, si Pilate avait approuvé la sentence de mort et remis le Prisonnier aux Juifs pour qu'ils l'infligent, Jésus aurait été lapidé conformément au châtiment hébreu pour le blasphème; le Seigneur, lui, avait clairement prédit que sa mort serait par crucifixion, ce qui était une méthode d'exécution romaine que ne pratiquaient jamais les Juifs. En outre, si Jésus avait été mis à mort par les dirigeants Juifs, même avec la sanction gouvernementale, il aurait pu en résulter une insurrection parmi le peuple, car il y en avait beaucoup qui croyaient en lui. Les chefs rusés étaient décidés à obtenir sa mort par condamnation romaine.

 

«Ils se mirent à l'accuser, en disant: Nous avons trouvé celui-ci qui incitait notre nation à la révolte, empêchait de payer l'impôt à César, et se disait lui-même Christ, roi[33].» Il est important de remarquer qu'on ne formula aucune accusation de blasphème devant Pilate; si pareille accusation avait été présentée, le gouverneur dont le cœur et l'esprit étaient totalement païens, aurait probablement laissé tomber l'accusation, la considérant comme absolument indigne d'être entendue; en effet, Rome, avec ses dieux multiples, dont le nombre grandissait constamment du fait que les païens déifiaient continuellement des mortels, n'avaient pas connaissance d'une violation de la loi telle que le blasphème dans le sens juif. Les sanhédristes accusateurs n'hésitèrent pas à substituer au blasphème, qui était le plus grand crime connu dans le code hébraïque, l'accusation de haute trahison, qui était la violation de la loi la plus grave dans la catégorie des crimes romains. Le Christ, calme et digne, ne daigna pas répondre aux accusations vociférées par les principaux sacrificateurs et les anciens. Il leur avait parlé pour la dernière fois - jusqu'au moment fixé d'un autre procès où c'est lui qui sera le Juge et eux les prisonniers devant la barre.

 

Pilate fut surpris du comportement soumis et cependant majestueux de Jésus; il y avait certainement, chez cet homme, beaucoup de caractère royal; jamais quelqu'un comme celui-ci ne s'était tenu devant lui. Néanmoins, l'accusation était grave. Les hommes qui prétendaient au titre de roi pouvaient se révéler dangereux pour Rome, et cependant l'accusé ne répondait rien à cette accusation. Entrant au tribunal, Pilate fit appeler Jésus[34]. Le récit détaillé des événements que nous trouvons dans le quatrième Evangile montre que certains des disciples, et parmi eux presque certainement Jean, entrèrent également. N'importe qui pouvait entrer, car un trait réel et très célèbre des procès romains était qu'ils étaient publics.

 

Pilate qui, c'est clair, n'éprouvait aucune animosité ni aucun préjugé contre Jésus, demanda: «Es-tu le roi des Juifs? Jésus répondit: Est-ce de toi-même que tu dis cela, ou d'autres te l'ont-ils dit de moi?» La question du Seigneur signifiait, c'est ainsi que le comprit Pilate, comme le montre sa réplique et comme nous pourrions la formuler: Demandes-tu cela dans le sens romain et littéral - à savoir si je suis un roi dont le royaume est terrestre - ou dans le sens juif et plus spirituel? S'il avait répondu directement «oui», il aurait dit vrai dans le sens messianique, mais aurait menti dans le sens profane; et «non» aurait été inversement vrai ou faux. «Pilate répondit: Moi, suis-je donc juif? Ta nation et les principaux sacrificateurs t'ont livré à moi: qu'as-tu fait? Jésus répondit: Mon royaume n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi, afin que je ne sois pas livré aux Juifs; mais maintenant, mon royaume n'est pas d'ici-bas. Pilate lui dit: Tu es donc roi? Jésus répondit: Tu le dis: je suis roi. Voici pourquoi je suis né et voici pourquoi je suis venu dans le monde: pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.»

 

Il était clair pour le gouverneur romain que cet homme admirable, avec sa mission sublime d'un royaume qui ne serait pas de ce monde et d'un empire de vérité dans lequel il devait régner, n'était pas un révolté politique; et que le considérer comme une menace pour les institutions romaines serait absurde. Ces dernières paroles - au sujet de la vérité - étaient les plus embarrassantes de toutes; Pilate était agité, et peut-être un peu effrayé de leur importance. «Qu'est-ce que la vérité?» s'exclama-t-il plutôt avec appréhension qu'il ne le demanda en s'attendant à une réponse, au moment où il s'apprêtait à quitter la salle. Il annonça officiellement aux Juifs qui se trouvaient à l'extérieur que le prisonnier était acquitté. «Moi, je ne trouve aucun motif (de condamnation) en lui», fut son verdict.

 

Mais les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens du peuple ne se laissèrent pas rebuter. Ils étaient tellement assoiffés du sang du Christ que cette soif s'était transformée en folie. Ils hurlèrent sauvagement et férocement: «Il soulève le peuple, en enseignant dans toute la Judée, depuis la Galilée où il a commencé, jusqu'ici.» Lorsqu'il fut parlé de la Galilée, cela donna à Pilate l'idée d'employer une nouvelle procédure. S'étant assuré par une enquête que Jésus était Galiléen, il décida d'envoyer le prisonnier à Hérode, gouverneur vassal de cette province, qui se trouvait à Jérusalem à l'époque[35]. Pilate espérait ainsi se débarrasser de toute responsabilité dans l'affaire, et en outre, Hérode, avec lequel il avait de mauvais rapports, pourrait ainsi être apaisé.

 

LE CHRIST DEVANT HÉRODE[36]

 

Hérode Antipas, fils dégénéré de son infâme père, Hérode le Grand[37] était à ce moment-là tétrarque de Galilée et de Pérée, et selon l'usage populaire, que ne justifiait cependant pas la sanction impériale, se faisait flatteusement appeler roi. C'est lui qui, accomplissant un vœu impie inspiré par les flatteries voluptueuses d'une femme, avait ordonné le meurtre de Jean-Baptiste. Il gouvernait comme vassal romain et professait être orthodoxe dans les observances du judaïsme. Il était venu en grande pompe à Jérusalem pour célébrer la fête de la Pâque. Hérode fut heureux de se voir envoyer Jésus par Pilate, car cette action n'était pas seulement gracieuse de la part du procurateur, constituant comme le prouvèrent les événements ultérieurs, le préliminaire d'une réconciliation entre les deux gouverneurs[38], mais c'était aussi un moyen de satisfaire la curiosité qu'éprouvait Hérode à voir Jésus dont il avait tant entendu parler, dont la réputation l'avait terrifié et grâce auquel il espérait maintenant voir accomplir quelque miracle intéressant[39].

 

Si effrayé qu'Hérode ait pu être jadis devant Jésus, qu'il avait superstitieusement cru être la réincarnation de sa victime assassinée, Jean-Baptiste, ce sentiment était maintenant remplacé par un intérêt amusé lorsqu'il vit, lié devant lui, le célèbre prophète de Galilée, accompagné d'une garde romaine et de fonctionnaires ecclésiastiques. Hérode commença à questionner le prisonnier, mais Jésus resta silencieux. Les principaux sacrificateurs et les scribes exprimèrent avec véhémence leurs accusations, mais le Seigneur ne prononça pas un mot. Hérode est le seul personnage de l'histoire à qui Jésus, pour autant qu'on le sache, appliqua personnellement une épithète méprisante. «Allez dire à ce renard», dit-il un jour à certains Pharisiens qui étaient venus le trouver pour lui dire qu'Hérode avait l'intention de le tuer[40]. Pour autant que nous le sachions, Hérode se distingue en outre par ce qu'il est le seul être qui ait vu le Christ face à face et qui lui ait parlé sans jamais entendre sa voix. Pour les pécheurs repentants, les femmes en pleurs, les enfants babillards, pour les scribes, les Pharisiens, les Sadducéens, les rabbis, pour le souverain sacrificateur parjure et son sujet obséquieux et insolent, et pour Pilate le païen, le Christ avait des paroles - de réconfort ou d'enseignement, d'avertissement ou de réprimande, de protestation ou de dénonciation - et cependant pour Hérode, le renard, il n'avait qu'un silence dédaigneux et royal. Piqué au vif, Hérode passa des questions insultantes à des actes de dérision méchante. Lui et ses soldats se moquèrent des souffrances du Christ et le traitèrent «avec mépris», puis, après l'avoir, pour se moquer de lui, «revêtu d'un habit éclatant, il le renvoya à Pilate»[41]. Hérode n'avait rien trouvé en Jésus qui justifiât une condamnation.

 

LE CHRIST COMPARAIT DE NOUVEAU DEVANT PILATE[42]

 

Le procurateur romain, voyant qu'il ne pouvait éviter l'examen du cas, assembla «Ies principaux sacrificateurs, les chefs et le peuple, et leur dit: Vous m'avez amené cet homme comme entraînant le peuple à la révolte. Voici: je l'ai interrogé devant vous et je ne l'ai trouvé coupable d'aucune des fautes dont vous l'accusez: Hérode non plus, car il nous l'a renvoyé, et voici: cet homme n'a rien fait qui soit digne de mort. Je le relâcherai donc après l'avoir fait châtier». Pilate désirait sincèrement sauver Jésus de la mort, mais il faisait une concession infâme aux préjugés juifs en décidant de faire flageller le prisonnier, dont il avait affirmé et répété l'innocence. Il savait que l'accusation de sédition et de trahison n'était pas fondée, et qu'il était parfaitement ridicule de la part de la hiérarchie juive, dont la loyauté feinte à César n'était que le manteau dont elle couvrait une haine inhérente et inextinguible, de formuler pareille accusation; et il était parfaitement conscient que les dirigeants ecclésiastiques avaient livré Jésus entre ses mains par envie et méchanceté[43].

 

Il était de coutume qu'au moment de la Pâque le gouverneur amnistiât et remit en liberté tout prisonnier condamné que le peuple nommerait. Ce jour-là, il y avait en suspens, en attendant son exécution, «un nommé Barabbas... en prison avec des émeutiers pour avoir, lors d'une émeute, commis un meurtre». Cet homme était condamné du délit même dont Jésus avait été prononcé innocent, explicitement par Pilate et implicitement par Hérode, et en plus de cela, Barabbas était un assassin. Pilate essaya d'apaiser les prêtres et le peuple en libérant Jésus. Le faire bénéficier de l'amnistie de la Pâque, c'était reconnaître tacitement la condamnation du Christ devant le tribunal ecclésiastique et pratiquement confirmer la sentence de mort, remplacée par le pardon officiel. C'est pourquoi il leur demanda: «Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus appelé le Christ?» Il semble qu'il y ait eu un bref intervalle entre la question de Pilate et la réponse du peuple, intervalle au cours duquel les principaux sacrificateurs et les anciens s'activèrent parmi la multitude à l'exhorter à demander la libération du révolté et de l'assassin. Aussi, lorsque Pilate répéta la question: «Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche?» Israël assemblé cria: «Barabbas.» Pilate, surpris, déçu et irrité, demanda alors: «Que ferai-je donc de Jésus, appelé le Christ? Tous répondirent: Qu'il soit crucifié! Le gouverneur dit: Mais quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort: Qu'il soit crucifié!»

 

Le gouverneur romain était profondément troublé et intérieurement effrayé. Pour augmenter sa perplexité, il reçut un message avertisseur de sa femme, alors même qu'il était assis sur le siège du jugement: «Ne te mêle pas de l'affaire de ce juste, car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui.» Il est caractéristique de ceux qui ne connaissent pas Dieu qu'ils sont superstitieux. Pilate avait peur de penser à la menace terrible dont le songe de sa femme pouvait être le présage. Mais voyant qu'il ne pouvait l'emporter et prévoyant un tumulte parmi le peuple s'il persistait à défendre le Christ, il se fit apporter de l'eau et se lava les mains devant la multitude - acte symbolique par lequel on rejetait toute responsabilité, et que tous comprirent - proclamant en même temps: «Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde.» C'est alors que s'éleva le terrible cri par lequel le peuple de l'alliance se condamnait lui-même: «Que son sang (retombe) sur nous et sur nos enfants!» L’histoire rend un témoignage effrayant de ce que ce vœu terrible s'accomplit littéralement[44]. Pilate libéra Barabbas et remit Jésus à la garde des soldats pour qu'ils le flagellent.

 

La flagellation était un préliminaire terrible à la mort sur la croix. L’instrument du châtiment était un fouet fait de nombreuses lanières, armées de métal et terminées par des morceaux d'os dont les extrémités étaient déchiquetées. Les documents rapportent certains cas dans lesquels le condamné mourait sous le fouet et échappait ainsi aux horreurs d'être crucifié vif. Conformément aux coutumes brutales de l'époque, Jésus, affaibli et sanglant après l'effrayante flagellation qu'il avait subie, fut livré aux soldats à demi sauvages pour leur amusement. Ce n'était pas une victime ordinaire, et par conséquent toute la soldatesque s'attroupa dans le prétoire, ou grande salle du palais, pour participer à cet amusement diabolique. Ils enlevèrent à Jésus son vêtement supérieur et le couvrirent d’un manteau de pourpre[45]. Puis avec un sens démoniaque du réel ils tressèrent une couronne d'épines et la placèrent sur le front du martyr; on lui mit un roseau dans la main droite en guise de sceptre royal et, s'inclinant devant lui en un hommage feint, ils le saluèrent des mots: «Salut, roi des Juifs!» Lui arrachant le roseau ou la baguette, ils l'en frappaient brutalement sur la tête, enfonçant les épines cruelles dans la chair; ils le giflaient de leurs mains et crachaient sur lui avec un entrain vil et vicieux[46].

 

Pilate avait probablement observé cette scène en silence. Il l'arrêta et décida d'essayer encore une fois de faire appel à la pitié juive, si elle existait. Il sortit et dit à la multitude: «Voici, je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve aucun motif (de condamnation).» C'était la troisième fois que le gouverneur proclamait nettement l'innocence du prisonnier. «Jésus sortit donc, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit: Voici l'homme![47]» Pilate semble avoir compté que l'aspect pitoyable du Christ fouetté et sanglant adoucirait le cœur des Juifs en colère. Mais il ne réussit pas son effet. Réfléchissez à ce fait terrible: un païen qui ne connaissait pas Dieu, suppliant les prêtres et le peuple d’Israël de laisser la vie à leur Seigneur et Roi! Lorsque, sans se laisser émouvoir par ce spectacle, les principaux sacrificateurs et les officiers s'écrièrent sur un ton de plus en plus vindicatif: «Crucifie! crucifie!», Pilate prononça la sentence fatale: «Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le», mais il ajouta avec irritation: «Car moi, je ne trouve pas de motif (de condamnation) en lui.»

 

On se souviendra que la seule accusation proférée contre le Christ devant le gouverneur romain était celle de sédition; les persécuteurs juifs avaient soigneusement évité la moindre mention du blasphème qui était l'offense pour laquelle ils avaient estimé que Jésus méritait de mourir. Maintenant qu'ils avaient arraché à Pilate la peine de la crucifixion, ils essayèrent impudemment de faire croire que l'autorisation du gouverneur n'était qu'une ratification de leur propre condamnation à mort; ils dirent donc: «Nous avons une loi, et selon la loi, il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu.» Qu'est ce que cela voulait dire?

 

Ce titre intimidant, Fils de Dieu, toucha plus profondément la conscience troublée de Pilate. Une fois de plus il emmena Jésus devant le tribunal et lui demanda en tremblant: «D'où es-tu?» Il voulait savoir si Jésus était humain ou surhumain. Si le Seigneur avait reconnu directement sa divinité il aurait effrayé le gouverneur païen sans l'éclairer; c'est pourquoi Jésus ne lui répondit pas. Pilate fut encore plus surpris et peut-être quelque peu offensé de ce mépris apparent de son autorité. Il demanda une explication, disant: «A moi, tu ne parles pas? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher, et que j'ai le pouvoir de te crucifier?» Alors Jésus répondit: «Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en-haut. C'est pourquoi celui qui me livre à toi est coupable d'un plus grand péché.» Les situations étaient renversées; le Christ était le juge et Pilate le sujet de la décision de ce dernier. Sans être considéré innocent, le Romain était jugé moins coupable que celui ou ceux qui avaient remis Jésus de force en son pouvoir et avaient exigé de lui une exécution injuste.

 

Le gouverneur, quoique ayant prononcé sa sentence, cherchait encore le moyen de libérer le Patient soumis. Dès qu'il montra aux Juifs qu'il hésitait, ceux-ci s'écrièrent: «Si tu le relâches, tu n'es pas ami de César. Quiconque se fait roi, se déclare contre César.» Pilate s'assit au tribunal, qui était érigé au lieu appelé le Pavé ou Gabbatha, en dehors de la salle. Il en voulait à ces Juifs qui avaient osé laissé entendre qu'il n'était pas l'ami de César et dont l'insinuation pouvait provoquer l'envoi d'une ambassade à Rome pour se plaindre et le faire apparaître autrement qu'il n'était par une accusation exagérée. Indiquant Jésus, il s'exclama avec un sarcasme non voilé: «Voici votre roi!» Mais les Juifs répondirent avec des cris menaçants: «A mort! A mort! crucifie-le!» Leur rappelant d'une manière mordante leur assujettissement national, Pilate demanda avec une ironie encore plus tranchante: «Crucifierai-je votre roi?» Et les principaux sacrificateurs crièrent d'une voix forte: «Nous n'avons de roi que César.»

 

Ainsi en fut-il et ainsi en devait-il être. Le peuple qui avait accepté par alliance Jéhovah pour roi, le rejetait maintenant en personne et ne reconnaissait d'autre souverain que César. Depuis lors il a été sujet et serf de César au cours des siècles. Pitoyable est l'état de l'homme ou de la nation qui ne veut, dans son cœur et dans son esprit, n'avoir d'autre roi que César[48]!

 

En quoi résidait la cause de la faiblesse de Pilate? Il était le représentant de l'empereur, le procurateur impérial qui avait le pouvoir de crucifier ou de sauver; officiellement c'était un autocrate. Il ne fait aucun doute qu'il était convaincu de l'innocence du Christ et qu'il désirait le sauver de la croix. Pourquoi donc Pilate hésita-t-il, vacilla-t-il, et finalement céda-t-il contrairement à sa conscience et à sa volonté? Parce qu'au fond, il était plus esclave qu'homme libre. Il était asservi à son passé. Il savait que si on se plaignait de lui à Rome, sa corruption et ses cruautés, ses extorsions et le massacre injustifiable qu'il avait provoqué seraient tous relevés contre lui. Il était le gouverneur romain, mais le peuple qu'il dominait officiellement se réjouissait de le voir se replier sur lui-même lorsqu'il faisait claquer au-dessus de sa tête, avec un bruit sec et féroce, le fouet menaçant d'un rapport sur lui à son maître impérial, Tibère[49].

 

JUDAS ISCARIOT[50]

 

Lorsque Judas Iscariot vit les effets terribles de sa trahison, il fut saisi d'un remords frénétique. Au cours du procès du Christ devant les autorités juives, qui s'accompagna d'humiliations et de cruautés, le traître avait vu la gravité de son acte; et lorsque le Martyr s'était laissé livrer aux Romains sans résister, et que l'issue fatale était devenue certaine, l'énormité de son crime remplit Judas d'une horreur sans nom. Se précipitant auprès des principaux sacrificateurs et des anciens, tandis que l'on faisait les derniers préparatifs pour la crucifixion du Seigneur, il implora les gouverneurs ecclésiastiques de reprendre le salaire maudit qu'ils lui avaient payé, s'écriant dans son désespoir terrible: «J'ai péché, en livrant le sang innocent.» Il se peut qu'il ait vaguement espéré une parole de sympathie de la part des conspirateurs entre les mains perverses et adroites desquels il avait été un instrument aussi empressé et utile. Il espérait peut-être que son aveu pourrait freiner le cours de leur méchanceté et qu'ils demanderaient une réforme du jugement. Mais les gouverneurs d'Israël le repoussèrent avec dégoût. «Que nous importe?», raillèrent-ils, «cela te regarde.» Il les avait servis, ils lui avaient payé son salaire, ils ne voulaient plus jamais le voir; et ils le rejetèrent impitoyablement dans les ténèbres hantées de sa conscience affolée. Serrant encore le sac d'argent, souvenir trop réel de son affreux péché, il se précipita dans le temple, pénétrant même dans les locaux réservés aux prêtres, et lança les pièces d'argent sur le sol du sanctuaire[51]. Puis, poussé par l'aiguillon de son maître, le diable, dont il était devenu corps et âme l'esclave, il sortit et s'en alla se pendre.

 

Les principaux sacrificateurs rassemblèrent les pièces d'argent et, avec un scrupule sacrilège, tinrent une réunion solennelle pour décider de ce qu'ils feraient du «prix du sang». Comme ils estimaient illégal d'ajouter les pièces souillées au trésor sacré, ils s'en servirent pour acheter un certain champ d'argile, qui était autrefois la propriété d'un potier et qui était l'endroit même où Judas s'était suicidé; ce morceau de terre, ils le réservèrent comme lieu d'enterrement pour les étrangers et les païens. Le corps de Judas, qui trahit le Christ, fut probablement le premier à y être enterré. Et ce champ fut appelé «Hakeldamah, c'est-à-dire, champ du sang»[52].

 

NOTES DU CHAPITRE 34

 

1. Anne et son entretien avec Jésus : «Il n'est pas de personnage mieux connu dans l'histoire juive contemporaine que celui d'Anne, pas de personnalité jugée plus fortunée ou heureuse, mais également aucune qui ait été haïe d'une manière aussi universelle que l'ex-souverain sacrificateur. Il n'avait détenu le pontificat que pendant six ou sept ans, mais pas moins de cinq de ses fils le remplirent, ainsi que son beaufils Caïphe et un petit-fils, et à cette époque-là il valait mieux, du moins pour quelqu'un qui avait la tournure d'esprit d'Anne, avoir été qu'être souverain sacrificateur. Il bénéficiait de toute la dignité de cette fonction ainsi que de toute son influence, puisqu'il était à même d'y avancer ceux qui avaient le plus de relations avec lui. Et s'ils agissaient publiquement, en réalité c'était lui qui dirigeait les affaires sans être encombré des responsabilités ou des restrictions qu'imposait cet office. Son influence auprès des Romains, il la devait aux opinions religieuses qu'il professait, à sa collaboration ouverte avec l'étranger et à sa richesse énorme... Nous avons vu les revenus immenses que la famille d'Anne avait dû retirer des échoppes du temple, et combien ce trafic était néfaste et impopulaire. Quand on prononçait le nom de ce fils d'Aaron orgueilleux, licencieux, sans scrupule et dégénéré, on le faisait en chuchotant des malédictions. Sans même penser à l'intervention du Christ dans ce trafic du temple, intervention qui, si son autorité l'avait emporté, lui aurait naturellement été fatale, nous pouvons comprendre quelle opposition il devait y avoir à tous points de vue entre un Messie - et un Messie tel que Jésus - et Anne... Il ne nous est rien dit de ce qui se passa devant Anne. Le quatrième Evangile ne fait que mentionner au passage le fait que le Christ lui fut amené en premier lieu. Comme les disciples l'avaient tous abandonné et s'étaient enfuis, nous pouvons comprendre qu'ils aient ignoré ce qui se passa réellement jusqu'à ce qu'ils se fussent repris, du moins au point que Pierre et «un autre disciple», de toute évidence Jean, «entra avec Jésus dans la cour du souverain sacrificateur» - c'est-à-dire dans le palais de Caïphe et non d'Anne. Car si, comme le disent les trois Evangiles synoptiques, c'est le palais du souverain sacrificateur Caïphe qui fut la scène du reniement de Pierre, le récit qu'en fait le quatrième Evangile doit avoir trait au même endroit et non au palais d'Anne.» - Edersheim, Life and Times of Jesus the Messiah, vol.11, pp. 547-548.

 

2. La patience du Christ sous les coups : Le fait que Jésus resta d'humeur égale et demeura soumis, même quand il fut provoqué par un serviteur brutal qui lui asséna un coup en présence du souverain sacrificateur, confirme l'affirmation de notre Seigneur lorsqu'il dit qu'il avait «vaincu le monde» (Jean 16:33). On ne peut lire ce passage sans comparer, peut-être involontairement, la soumission divine de Jésus en cette occasion, à l'indignation entièrement naturelle et humaine de Paul dans une situation ultérieure analogue (Actes 23:1-5). Le souverain sacrificateur Ananias, mécontent des réflexions de Paul, ordonna à quelqu'un qui se trouvait là de le frapper sur la bouche. Paul éclata en une protestation furieuse: «Dieu te frappera, muraille blanchie! Tu sièges pour me juger sur la loi, et contre la loi, tu ordonnes de me frapper.» Il s'excusa ensuite, disant qu'il ne savait pas que c'était le souverain sacrificateur qui avait ordonné qu'on le frappe. Voir Articles de Foi, pp. 506-508 et note 1 page 519, et Life and Words of Saint Paul, de Farrar, pp. 539-540.

 

3. Principaux sacrificateurs et anciens : Ces titres (le terme «principaux sacrificateurs» employé par la version Segond a pour équivalent en anglais le terme «grand prêtre» - N.d.T.) détenus par les fonctionnaires de la hiérarchie juive à l'époque du Christ ne doivent pas être confondus avec les mêmes désignations appliquées aux détenteurs de la prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek. Le souverain sacrificateur (grand prêtre) des Juifs était le prêtre président; il devait être de descendance aaronique pour être prêtre; il devenait souverain sacrificateur (grand prêtre) quand les Romains le nommaient à ce poste. Les anciens, comme le nom l'indique, étaient des hommes d'âge mûr et d'expérience, qui étaient nommés aux fonctions de magistrats dans les villes et de juges dans les tribunaux ecclésiastiques, soit dans les sanhédrins auxiliaires des provinces ou au grand sanhédrin de Jérusalem. Le terme «ancien» tel qu'il était utilisé parmi les Juifs à l'époque de Jésus, n'avait pas plus de rapport avec la qualité d'ancien dans la Prêtrise de Melchisédek que le titre de «scribe». Les devoirs des souverains sacrificateurs et des anciens des Juifs combinaient à la fois les fonctions ecclésiastiques et séculières; en fait les deux offices étaient devenus en grande mesure des bénéfices politiques. Voir «Elder» dans le Bible Dictionary, de Smith. Depuis le départ de Moïse jusqu'à la venue du Christ, la théocratie organisée d'Israël fut celle de la moindre prêtrise ou Prêtrise d'Aaron, comprenant l'office de prêtre, qui était limité à la lignée d'Aaron, et les offices moindres d'instructeur et de diacre qui étaient combinés dans l'ordre lévitique. Voir «Ordre et offices de la prêtrise», par l'auteur, dans les Articles de Foi, pp. 251‑253.

 

4. Procédures illégales dans le procès juif de Jésus : On a écrit beaucoup de volumes sur le prétendu procès de Jésus. Nous ne pouvons introduire ici qu'un résumé très bref des principaux faits et lois. Quiconque désire faire un examen plus approfondi peut se reporter aux ouvrages suivants: Edersheim, Life and Times of Jesus the Messiah; Andrews, Life of our Lord; Dupin, Jesus before Caiaphas and Pilate; Mendelsohn, Criminal Jurisprudence of the Ancient Hebrews; Salvador, Institutions of Moses; Innes, The Trial of Jesus Christ; Maimonide, Sanhedrin; MM. Lemann, Jesus before the Sanhedrin; Benny, Criminal Code of the Jews; et Walter M. Chandler, du Barreau de New York, The trial of Jesus from a lawyer's Standpoint. Le dernier titre cité est un ouvrage en deux volumes commentant respectivement «Le procès hébreu» et «Le procès romain» et contient des citations des ouvrages ci-dessus et d'autres encore.

 

Edersheim (vol. 2, pp. 556-558) est d'avis que la mise en accusation nocturne de Jésus dans la maison de Caïphe n'était pas un jugement devant le sanhédrin, et note les irrégularités et les illégalités de la procédure pour prouver que le sanhédrin n'aurait pas pu faire ce que l'on fit cette nuit-là. Employant de nombreuses citations pour confirmer les conditions légales qu'il spécifie, l'auteur dit: «Mais en outre, le procès et la condamnation de Jésus dans le palais de Caïphe auraient enfreint tous les principes de la loi et de la procédure pénales juives. Pour juger les causes de ce genre et prononcer une peine capitale, il fallait le faire dans le local officiel du sanhédrin et non, comme ici, au palais du souverain sacrificateur. Aucun procès, et bien moins encore un procès de ce genre, ne pouvait être entrepris au milieu de la nuit, et pas même dans l'après-midi, bien que, si la discussion s'était prolongée toute la journée, on pouvait prononcer la sentence de nuit. En outre, aucun procès ne pouvait avoir lieu le sabbat ou les jours fériés, ni même la veille de ceux-ci, ce fait annulant l'action; d'un autre côté, on pourrait avancer qu'un procès contre quelqu'un qui avait séduit le peuple devrait de préférence avoir lieu lors des jours fériés publics, et la sentence devrait être exécutée ces jours-là, en guise d'exemple. Enfin, dans les affaires capitales il y avait un système compliqué pour avertir et mettre sur leurs gardes les témoins; on peut affirmer en toute sécurité que lors d'un procès ordinaire, les juges juifs, quels qu'aient été les préjugés qu'ils aient pu avoir, n'auraient pas agi comme les sanhédristes et Caïphe le firent en cette occasion... Mais bien que le Christ ne fut pas jugé et condamné en une assemblée officielle du sanhédrin, il ne peut y avoir, hélas, aucun doute que sa condamnation et sa mort furent l'œuvre, sinon du sanhédrin, du moins des sanhédristes - du conseil tout entier («tout le sanhédrin»), ce qui exprime quel était le jugement et les intentions du tribunal suprême et des dirigeants d'Israël, à un très petit nombre d'exceptions près. Nous devons garder à l'esprit que la résolution de sacrifier le Christ était prise depuis quelque temps.»

 

Si nous avons cité ce qui précède, c'est pour montrer, en nous appuyant sur une autorité reconnue et éminente, certains des procédés illégaux qui furent employés dans le procès nocturne de Jésus, qui fut mené, comme le montre le texte ci-dessus et les documents scripturaires, par le souverain sacrificateur et le sanhédrin d'une manière reconnue irrégulière et illégale. Si les sanhédristes jugèrent et condamnèrent sans être en session au sanhédrin, l'énormité de cette procédure est, si pareille chose est possible, plus profonde et plus noire que jamais.

 

Dans son excellent ouvrage (vol. 1, The Hebrew Trial), Chandler examine de manière exhaustive les faits que nous possédons sur ce procès et la loi pénale hébraïque dans ce domaine. Suit un sommaire compliqué qui présente l'un après l'autre les points suivants:

 

«Article 1: L'arrestation de Jésus fut illégale», puisqu'elle se produisit la nuit et grâce à la trahison de Judas, un complice, deux éléments qui étaient expressément interdits par la loi juive de l'époque.

 

«Article 2: L’interrogatoire privé de Jésus devant Anne ou Caïphe était illégal»; en effet (1) il se fit pendant la nuit; (2) il était expressément interdit à un «juge unique» d'instruire une cause quelconque, (3) selon une citation tirée de Salvador «un principe qui est perpétuellement reproduit dans les Ecritures hébraïques traite de ces deux conditions: le caractère public et la liberté».

 

«Article 3: L’inculpation portée contre Jésus était illégale dans sa forme.» «La procédure criminelle tout entière du code mosaïque repose sur quatre règles: la certitude de l'accusation, le caractère public de la discussion, la garantie d'une liberté pleine et entière à l'accusé et les précautions contre tout danger d'erreur dans les témoignages.» - Salvador, p. 365. «Le sanhédrin ne lançait pas et ne pouvait pas lancer d'accusation; il ne faisait qu'enquêter sur ceux qui étaient amenés devant lui.» - Edersheim, vol. 1, p. 309. «C'étaient les preuves apportées par les témoins principaux qui constituaient l'accusation. Il n'y avait pas d'autre accusation, pas d'inculpation plus officielle. Le prisonnier n'était pas considéré comme accusé tant qu'ils n'avaient pas parlé et parlé dans l'assemblée publique.» - Innes, p. 41. «Les seuls plaignants connus de la jurisprudence criminelle talmudique sont les témoins du délit. Leur devoir est de porter l'affaire à la connaissance du tribunal et de rendre témoignage contre le criminel. Dans les affaires capitales, ils sont aussi les bourreaux légaux. Il n'y a nulle part la moindre trace d'accusateur officiel ou de ministère public dans les lois des anciens Hébreux.» - Mendelsohn, p. 110.

 

«Article 4: L'action du sanhédrin contre Jésus était illégale parce qu'elle fut menée pendant la nuit.» «Jugez un crime capital pendant le jour mais suspendez la nuit.» - Michna, sanhédrin 4:1. «Les divers tribunaux ne peuvent statuer sur les affaires pénales que pendant la journée, les sanhédrions auxiliaires entre la fin du service matinal et midi et le grand sanhédrion jusqu'au soir.» - Mendelsohn, p. 112.

 

«Article 5: L’action du sanhédrin contre Jésus était illégale parce que le tribunal se réunit avant que le sacrifice matinal ne fût offert.» «Le sanhédrin siégeait de la fin du sacrifice matinal jusqu'au moment du sacrifice vespéral.» - Talmud Jer. San. 1:19. «Il ne pouvait y avoir aucune session du tribunal avant que le sacrifice matinal ne fût offert.» - MM. Lemann, p. 109. «Comme le sacrifice matinal était offert à l'aube du jour, il n'était guère possible au sanhédrin de s'assembler avant l'heure qui suivait ce moment-là. » - Michna, Tamid, ch. 3.

 

«Article 6: l'action intentée contre Jésus était illégale parce qu'elle fut menée la veille d'un sabbat juif, ainsi que le premier jour des pains sans levain et la veille de la Pâque.» «On ne jugera pas la veille du sabbat ni celle d'aucune fête.» - Michna, San. 4:1. «Il n'était permis à aucun tribunal en Israël de siéger le jour du sabbat ni aucun des sept jours fériés bibliques. Dans les cas de crime capital, on ne pouvait entreprendre aucun procès le vendredi ou la veille d'un jour férié parce qu'il était illégal aussi bien d'ajourner ces procès plus longtemps que pour une nuit que de les poursuivre lors du sabbat ou du jour férié.» - Rabbi Wise, Martyrdom of Jesus, p. 67.

 

«Article 7: Le procès de Jésus était illégal parce qu'il se termina dans le délai d'une journée.» «Une affaire criminelle qui a pour résultat l'acquittement de l'accusé peut se terminer le jour même où le procès a commencé. Mais si l'on prononce la peine de mort, on ne peut mettre fin au procès que le jour suivant.» - Michna, San. 4:1.

 

«Article 8: La sentence de condamnation prononcée contre Jésus par le sanhédrin était illégale parce qu'elle était fondée sur sa confession non confirmée.» «Un principe fondamental de notre jurisprudence est que nul ne peut porter une accusation contre lui-même. Si un homme plaide coupable devant un tribunal légalement constitué, pareille confession ne peut être utilisée contre lui que si elle est dûment attestée par deux autres témoins.» - Maïmonide, 4:2. «Non seulement on n'oblige jamais l'accusé, par la torture, à se condamner lui-même, mais on n'essaie jamais de l'amener à s'incriminer. En outre, le fait qu'il confesse volontairement n'est pas admis comme preuve et ne suffit par conséquent pas à le condamner tant qu'un nombre légal de témoins ne confirment pas minutieusement l'accusation qu'il porte contre lui-même.» - Mendelsohn, p. 133.

 

«Article 9: La condamnation de Jésus était illégale parce que le verdict du sanhédrin était unanime.» «Un verdict simultané et unanime de culpabilité rendu le jour du procès équivaut à un acquittement.» - Mendelsohn, p. 141. «Si aucun des juges ne défend le coupable, c'est-à-dire si tous le prononcent coupable, sans personne pour le défendre au tribunal le verdict de culpabilité est non valable et la sentence de mort ne peut être mise à exécution. » - Rabbi Wise, «Martyrdom of Jesus», p. 74.

 

«Article 10: l'action intentée contre Jésus était illégale en ce sens que: (1) La sentence de condamnation fut prononcée en un lieu interdit par la loi, (2) le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, (3) le vote était irrégulier.» «Après avoir quitté la salle Gazith on ne peut prononcer de sentence de mort contre personne.» - Talmud Bab. «De l'idolâtrie» 1:8. «On ne peut prononcer de peine de mort que tant que le sanhédrin est en session au lieu désigné.» - Maïmonide 14. Voir en outre Lv 21:10, comparer 10:6. «Que les juges absolvent ou condamnent, chacun à son tour.» - Michna, San. 15:5. «Les membres du sanhédrin étaient assis en demi-cercle, à l'extrémité duquel on plaçait deux greffiers, l'un qui avait pour mission de prendre note des votes en faveur de l'accusé, l'autre ceux qui étaient contre lui. » - Michna, San. 4:3. «Dans les cas ordinaires les juges votaient par rang d'ancienneté, en commençant par le plus ancien; dans une affaire capitale on suivait l'ordre inverse.» - Benny, p. 73.

 

«Article 11: Les membres du grand sanhédrin n'avaient légalement pas qualité pour juger Jésus.» «Il ne doit pas y avoir non plus sur le siège du jugement soit un parent ou un ami particulier soit un ennemi que ce soit de l'accusé ou de l'accusateur.» - Mendelsohn p. 108. «Et en aucune circonstance il n'était permis à un homme connu pour être ennemi de l'accusé d'occuper un poste parmi les juges.» Benny, p. 37.

 

«Article 12: La condamnation de Jésus était illégale parce que les mérites de la défense ne furent pas examinés.» «Tu feras des recherches, tu examineras, tu interrogeras avec soin.» - Dt 13:14. «Les juges délibéreront de l'affaire dans la sincérité de leur conscience.» - Michna, San. 4:5. «L’objectif principal du système hébraïque était de rendre impossible la condamnation d'un innocent. Toute l'ingéniosité des légistes juifs était orientée vers la réalisation de cet objectif.» - Benny, p. 56.

 

Nous recommandons aux chercheurs le magistral énoncé des faits par Chandler et ses arguments à propos de chacun des articles ci-dessus. L’auteur affirme brièvement: «Les pages de l'histoire humaine n'offrent pas de cas plus net d'assassinat judiciaire que le procès et la crucifixion de Jésus de Nazareth, pour la simple raison que toutes les formes de la loi furent violées et piétinées dans l'action menée contre lui» (p. 216).

 

5. «Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants!» : Edersheim (vol. 2, p. 578) fait le commentaire puissant qui suit sur cette phrase par laquelle les Juifs acceptaient la responsabilité de la mort du Christ: «La Michna nous dit que, lorsque les anciens s'étaient solennellement lavé les mains et avaient rejeté toute culpabilité, les prêtres répondaient par la prière: «Pardonne à ton peuple d'Israël que tu as racheté, ô Seigneur, et ne mets pas du sang innocent sur ton peuple d'Israël.» Mais ici, en réponse aux paroles de Pilate, se faisait entendre le cri profond et rauque: «Que son sang retombe sur nous», et, - comment est-ce possible - «sur nos enfants.» Une trentaine d'années plus tard, et en ce lieu même, le jugement était prononcé contre l'élite de Jérusalem, et parmi les 3600 victimes de la furie du gouverneur dont un nombre considérable furent flagellées et crucifiées juste à côté contre le prétoire, se trouvaient un grand nombre des citoyens les plus nobles de Jérusalem (Josèphe, Guerres, XIX, ch. 8:9). Quelques années plus tard, des centaines de croix portaient des corps juifs mutilés tout près de Jérusalem. Et depuis lors ces errants semblent porter, d'un siècle à l'autre et d'un pays à l'autre, ce fardeau de sang; et depuis lors il semble peser «sur eux et leurs enfants».

 

6. «Nous n'avons de roi que César» : «Par ce cri le judaïsme se rendait, dans la personne de ses représentants, coupable de renier Dieu, de blasphème ou d'apostasie. Il se suicidait; et depuis lors, son cadavre est transporté pour être montré d'un pays à l'autre et d'un siècle à l'autre - pour être mort et rester mort jusqu'à ce que revienne une deuxième fois celui qui est la résurrection et la vie.» - Edersheim, vol. 2, p. 581.

 

7. La raison fondamentale pour laquelle Pilate se rendit aux exigences juives : Pilate savait ce qui était juste mais n'avait pas le courage de le faire. Il avait peur des Juifs et craignait plus encore une influence hostile à Rome. Il avait peur de sa conscience mais craignait plus encore de perdre son poste officiel. La politique de Rome était de faire preuve de libéralisme et de conciliation dans ses rapports avec les religions et les coutumes sociales des nations conquises. Ponce Pilate enfreignait cette politique libérale depuis le commencement de son mandat. Ne tenant absolument aucun compte de l'antipathie hébraïque pour les images et les enseignes païennes, il faisait entrer les légionnaires à Jérusalem le soir, portant leurs aigles et leurs étendards décorés de l'effigie de l'empereur. Pour les Juifs, cet acte constituait une profanation de la ville sainte. En grandes foules ils se rassemblèrent à Césarée et firent une pétition auprès du procurateur pour que les étendards et les autres images fussent enlevés de Jérusalem. Pendant cinq jours le peuple supplia et Pilate refusa. Il le menaça d'un massacre général et eut la stupéfaction de voir le peuple s'offrir comme victime à l'épée plutôt que d'abandonner sa demande. Pilate dut céder (Josèphe, Ant. XVIII, ch. 3:1, et Guerres II, chap. 9:2, 3). Il les offensa de nouveau en s'appropriant de force le corban ou fonds sacré du temple, pour la construction d'un aqueduc destiné à fournir à Jérusalem l'eau des réservoirs de Salomon. S'attendant à la protestation publique du peuple, il avait fait déguiser des soldats romains en Juifs et leur avait ordonné de se mélanger à la foule en cachant des armes sur eux. A un signal donné ces assassins utilisèrent leurs armes et un grand nombre de Juifs sans défense furent tués ou blessés (Josèphe, Ant. XVIII, ch. 3:2 et Guerres 11, ch. 9:3-4). Une autre fois, Pilate avait gravement offensé le peuple en installant dans sa résidence officielle de Jérusalem des boucliers qui avaient été consacrés à Tibère, et ce «moins pour honorer Tibère que pour ennuyer le peuple juif». Une pétition signée par les fonctionnaires ecclésiastiques de la nation et par d'autres personnes influentes, y compris quatre princes hérodiens, fut envoyée à l'empereur, qui réprimanda Pilate et ordonna que les boucliers fussent transférés de Jérusalem à Césarée (Philon, De Legatione ad Caium, sect. 38).

 

Ces outrages au sentiment national et un grand nombre de petits actes de violence, d'extorsion et de cruauté, les Juifs pouvaient s'en servir contre le procurateur. Il se rendait compte que sa position n'était pas sûre, et il craignait d'être démasqué. Il avait fait tant de mal que lorsqu'il aurait voulu faire du bien, il en fut empêché par la crainte lâche qu'il avait de son passé accusateur.

 

8. Judas Iscariot : Aujourd'hui quand nous parlons d'un traître, nous l'appelons «Judas» ou «Iscariot». L’homme qui a rendu infâme ce nom combiné fait depuis des siècles le sujet de discussions parmi les théologiens et les philosophes, et ces derniers temps la lumière de l'analyse psychologique a été dirigée sur lui. Les philosophes allemands furent les premiers à affirmer que l'homme avait été jugé injustement, et que sa personnalité réelle était d'un ton plus brillant que celui dans lequel elle avait été dépeinte. En effet, certains critiques sont d'avis que des Douze, Judas était celui qui était le plus entièrement convaincu de la divinité de notre Seigneur dans la chair; et ces apologistes essaient d'expliquer la trahison comme une manœuvre délibérée et bien intentionnée de mettre Jésus de force dans une situation difficile dont il ne pourrait s'échapper qu'en exerçant les pouvoirs de sa Divinité que jusqu'alors il n'avait jamais utilisés en sa faveur.

 

Il ne nous appartient pas de juger Judas ni personne d'autre; mais il est de notre compétence de former et d'entretenir des opinions sur les actions de n'importe qui. A la lumière de la parole révélée, il apparaît que Judas Iscariot s'était rangé à la cause de Satan tout en servant ostensiblement le Christ dans des fonctions élevées. Ce n'est que par le péché qu'il pouvait s'abandonner ainsi aux forces du mal. La nature et l'étendue des transgressions que cet homme commit au cours des années ne nous sont pas précisées. Il avait reçu le témoignage que Jésus était le Fils de Dieu et, dans la pleine lumière de cette conviction, il se tourna contre son Seigneur et le trahit pour le livrer à la mort. La révélation moderne déclare d'une façon non moins explicite que l'ancienne que le sentier du péché est celui des ténèbres spirituelles conduisant à une destruction certaine. L’homme qui est coupable d'adultère, ne serait-ce que dans son cœur, perd certainement, s'il ne se repent, la compagnie de l'Esprit de Dieu et «reniera sa foi»; c'est d'ailleurs ce que la voix de Dieu a affirmé (voir D&A 63:16). Nous ne pouvons donc pas douter que toute forme de péché mortel empoisonnera l'âme et, si elle n'est pas abandonnée par un repentir véritable, placera cette âme sous la condamnation. Satan fournit aux serviteurs habiles qu'il a formés des occasions de servir proportionnelles à leurs capacités mauvaises. Quelle que puisse être l'opinion des critiques modernes quant à la bonne réputation de Judas, nous avons le témoignage de Jean, qui pendant près de trois ans avait été en rapports étroits avec lui, que cet homme était un voleur (12:6); Jean dit de lui que c'était un démon (6:70) et «le fils de perdition» (17:12). Voir à ce propos D&A 76:41-48.

 

Il est un fait que les tendances mauvaises de Judas Iscariot étaient connues du Christ, puisque le Seigneur déclara sans détours que parmi les Douze, il y en avait un qui était un démon (Jean 6:70, comparez 13:27, Luc 22:3); en outre il est évident qu'il le savait lorsque les Douze furent choisis, puisque Jésus dit: «Je connais ceux que j'ai choisis», expliquant que les Ecritures seraient accomplies par le choix qu'il avait fait. De même que la mort sacrificatoire de l'Agneau de Dieu était connue d'avance et prédite, de même les circonstances de la trahison étaient prévues. Il serait contraire, tant à la lettre qu'à l'esprit de la parole révélée de dire que si le misérable Iscariot agit comme il le fit pour parvenir à un but aussi exécrable, c'était parce qu'il était privé de liberté ou de libre arbitre. En commun avec les Douze il avait la possibilité et le droit de vivre dans la lumière de la présence immédiate du Seigneur et de recevoir de la source divine la révélation des objectifs de Dieu. Judas Iscariot n'était pas victime des circonstances, ce n'était pas un instrument insensible guidé par une puissance surhumaine, si ce n'est dans la mesure où il se livra volontairement à Satan et accepta un salaire au service du démon. Si judas avait été fidèle à la justice, d'autres moyens que sa perfidie auraient agi pour amener l'Agneau à la boucherie. Son ordination à l'apostolat le rendit possesseur de possibilités et de droits supérieurs à ceux des hommes qui n'avaient été ni appelés, ni ordonnés; et à une possibilité aussi merveilleuse de se surpasser au service de Dieu correspondait la capacité de tomber. Un membre du gouvernement investi de la confiance du peuple peut commettre des actes de trahison qui sont impossibles au citoyen qui n'a jamais appris les secrets d'Etat. L'avancement comporte un accroissement de responsabilités, plus littéralement encore dans les affaires du royaume de Dieu que dans les institutions des hommes.

 

Il y a une contradiction apparente entre le récit de la mort de Judas Iscariot tel qu'il est donné par Matthieu (27:3-10) et tel qu'il est donné dans les Actes (1:16-20). Selon le premier, Judas se pendit; le deuxième déclare qu'il «est tombé en avant, s'est brisé par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues». Ces deux récits sont exacts: il est probable que le misérable se pendit puis tomba, peut-être à cause de la rupture de la corde ou de la branche à laquelle elle était attachée. Matthieu dit que les gouverneurs juifs achetèrent le «champ du sang»; l'auteur des Actes cite Pierre disant que Judas acheta le champ avec l'argent qu'il avait reçu des prêtres. Comme le champ avait été acheté avec l'argent qui avait appartenu à Iscariot et comme cet argent n'avait jamais été repris officiellement par les fonctionnaires du temple, le champ qui avait été acheté ainsi appartenait techniquement au bien foncier de Judas. Les divergences sont surtout importantes en ce qu'elles montrent que les auteurs écrivent indépendamment les uns des autres. Les récits concordent pour l'élément essentiel: Judas connut la fin d'un misérable suicidé.

 

Pour ce qui est du sort des «fils de perdition», le Seigneur en a fait un tableau partiel mais terrible dans une révélation en date du 16 février 1832: «Ainsi dit le Seigneur concernant tous ceux qui connaissent mon pouvoir et à qui il a été donné d'y prendre part, qui ont permis au pouvoir du diable de les vaincre et de leur faire renier la vérité et défier mon pouvoir: ce sont ceux qui sont les fils de perdition, de qui je déclare qu'il aurait mieux valu pour eux qu'ils ne fussent jamais nés; car ils sont des vases de colère, condamnés à subir la colère de Dieu dans l'éternité avec le diable et ses anges; à propos desquels j'ai dit qu'il n'y a pas de pardon dans ce monde ni dans le monde à venir: car ils ont renié le Saint-Esprit après l'avoir reçu, ont renié le Fils unique du Père, l'ont crucifié et l'ont exposé à l'ignominie. Ce sont eux qui s'en iront dans le lac de feu et de soufre avec le diable et ses anges, les seuls sur lesquels la seconde mort aura un pouvoir quelconque... Il sauve donc tout le monde, sauf eux: ils s'en iront au châtiment perpétuel, qui est le châtiment sans fin, qui est le châtiment éternel, pour régner avec le diable et ses anges pour l'éternité, là où leur ver ne meurt pas, là où le feu ne s'éteint pas, ce qui est leur tourment. Et nul n'en connaît la fin, ni le lieu, ni leur tourment. Et cela n'a pas été révélé à l'homme, ne l'est pas et ne le sera jamais, si ce n'est à ceux qui y sont condamnés. Néanmoins, moi, le Seigneur, je le montre en vision à beaucoup, mais je la referme immédiatement; c'est pourquoi, ils n'en comprennent pas la fin, la largeur, la hauteur, la profondeur et la misère, ni personne, si ce n'est ceux qui sont destinés à cette condamnation.» - D&A 76:31-37, 44-48.

 



[1] Jean 18:13,24.

[2] Mt 26:57, Marc 14:53, Luc 22:54.

[3] Note 1, fin du chapitre.

[4] Jean 18:14; cf. 11:49, 50.

[5] Jean 18:19-23.

[6] Le texte dit que l'homme donna un soufflet à Jésus, c'est-à-dire qu'il le gifla. Cet acte ajoutait l'insulte humiliante à la violence. En marge de la version anglaise on trouve «avec une baguette». Les premiers manuscrits ne sont pas d'accord sur ce point.

[7] Note 2, fin du chapitre.

[8] Mt 26:59-61, Marc 14:55-59.

[9] Mt 26:61 et Marc 14:58.

[10] Jean 2:18-22; voir pages 171-172 supra.

[11] Notez l'accusation portée devant Pilate que Jésus était coupable d'exciter la nation à la révolte, Luc 23:2.

[12] Mt 26:63-66; cf. Marc 14:61-64.

[13] Pages 210, 221.

[14] Cf. Marc 14:62.

[15] Mt 26:65, 66. La version révisée anglaise porte en marge une traduction plus littérale: «passible de mort».

[16] Lv 21: 10.

[17] Josèphe, Guerres, 11, 15:2, 4; et 1 Maccabées 11:71.

[18] Mt 26:67, Marc 14:65; cf. Luc 18:32, voir aussi Es 50:6.

[19] Mt 26:68, Luc 22:62-65.

[20] Marc 14:64.

[21] Luc 22:66.

[22] Jean 18:28.

[23] Luc 22:66-71.

[24] Note 3, fin du chapitre.

[25] Marc 15:1; cf. Mt 27:1, 2, Jean 18:28.

[26] La note 4, à la fin du chapitre, donne d'autres détails sur les irrégularités du procès juif de Jésus.

[27] Mt 26:58, 69-75, Marc 14:54, 66-72, Luc 22:54-62, Jean 18:15-18, 25-27

[28] Jean 18:8,9; page 661 supra.

[29] Jean 1:35, 40, 13:23, 19:26, 20:2, 21:7, 20, 24.

[30] Observez que Marc, qui est seul à déclarer que le Seigneur dit à Pierre «Avant que le coq chante deux fois, toi tu me renieras trois fois» (14:30), rapporte un premier chant du coq après le premier reniement de Pierre (v. 68) et un deuxième chant après le troisième reniement (v. 72).

[31] Césarée de Palestine, pas Césarée de Philippe.

[32] Jean 18:28-32.

[33] Luc 23:2.

[34] Jean 18:33-38; cf. Mt 27:11, Marc 15:2, Luc 23:3,-4.

[35] Luc 23:5-7.

[36] Luc 23:8-12.

[37] Pages 121,129; voir aussi page 116.

[38] Luc 23:12.

[39] Mt 14: 1, Marc 6:14, Luc 9:7, 9.

[40] Luc 13:31, 32, page 485 supra.

[41] Luc 23:11. Clarke («Commentaries») et beaucoup d'autres auteurs pensent que la tunique était blanche, cette couleur étant la teinte ordinaire des vêternents de la noblesse juive.

[42] Luc 23:13-25, Mt 27:15-31, Marc 15:6-20, Jean 18:39, 40, 19:1-16.

[43] Mt 27:18, Marc 15:10.

[44] Note 5, fin du chapitre.

[45] Matthieu dit «écarlate», Marc et Jean disent «pourpre».

[46] Cf. Luc 18:32.

[47] «Ecce Homo».

[48] Note 6, fin du chapitre.

[49] Note 7, fin du chapitre.

[50] Mt 27:3-10; cf. Actes 1:16-20

[51] La version révisée (anglaise) de Mt 27:5 dit: «Judas jeta les pièces d'argent dans le sanctuaire» au lieu de «dans le temple», ce qui veut dire qu'il lança l'argent dans le portique de la maison sainte, par distinction avec les cours extérieures et publiques.

[52] Actes 1:19, Mt 27:8, note 8, fin du chapitre.

 

 

 

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