CHAPITRE
39 : LE MINISTÈRE DU CHRIST RESSUSCITÉ SUR LE CONTINENT AMERICAIN En considérant le ministère apostolique immédiatement
après notre récit de l'ascension du Seigneur depuis le mont des
Oliviers, nous nous sommes écartés de l'ordre chronologique des
manifestations personnelles du Seigneur ressuscité aux mortels; en effet
c'est rapidement après son adieu final aux apôtres en Judée qu'il
rendit visite à ses «autres brebis», qui n'étaient pas de la bergerie
orientale, dont il avait affirmé l'existence dans le sermon
impressionnant concernant le bon berger et ses brebis[1].
Ces autres brebis qui devaient entendre la voix du Berger et être
finalement incluses dans le troupeau unifié étaient les descendants de Léhi
qui, avec sa famille et quelques autres personnes, avait quitté Jérusalem
en 600 av. J.-C. et avait traversé le grand abîme jusqu'à
l'endroit que nous appelons maintenant le continent américain, sur lequel
ils s'étaient multipliés et étaient devenus un peuple puissant quoique
divisé[2]. LA MORT DU SEIGNEUR FUT SIGNALÉE PAR DE GRANDES
CALAMITÉS SUR LE CONTINENT AMÉRICAIN Comme nous l'avons déjà
exposé dans ces pages, la naissance de Jésus à Bethléhem avait été
communiquée par révélation divine à la nation néphite sur le
continent américain; ce joyeux événement avait été marqué par
l'apparition d'une nouvelle étoile, par une nuit sans ténèbres, de
sorte que deux jours et la nuit qui les séparait avaient été comme un
seul jour, et par d'autres événements étonnants, qui tous avaient été
prédits par les prophètes du monde américain[3].
Samuel le Lamanite qui, par sa fidélité et ses bonnes œuvres, était
devenu prophète, puissant en paroles et en actions, dûment choisi et
envoyé de Dieu, avait ajouté, lorsqu'il prédit les événements
merveilleux qui devaient marquer la naissance du Christ, des prophéties
sur l'apparition d'autres signes - de ténèbres, de terreur et de
destruction - qui signaleraient la mort du Sauveur sur la croix[4]. Toutes les paroles prophétiques relatives aux
phénomènes qui devaient accompagner la naissance du Sauveur s'étaient
accomplies. Beaucoup de personnes
avaient été ainsi amenées à croire que le Christ était le Rédempteur
promis; cependant, comme c'est de coutume chez ceux dont la croyance
repose sur les miracles, une partie du peuple néphite «commença à
oublier ces signes et ces prodiges qu'il avait entendus et à s'étonner
de moins en moins devant un signe ou un prodige du ciel, au point qu'il
commença à devenir dur de cœur et aveugle d'esprit et commença à
douter de tout ce qu'il avait vu et entendu»[5]. Trente-trois
ans s'étaient écoulés depuis la nuit illuminée et les autres signes de
l'avènement du Messie; alors, le quatrième jour du premier mois, ou,
selon notre calendrier, pendant la première semaine d'avril, dans la
trente-quatrième année, une grande et terrible tempête s'éleva,
accompagnée de coups de tonnerre, d'éclairs, de plissements et de dépressions
de la surface de la terre, de sorte que les routes furent détruites, les
montagnes furent divisées et un grand nombre de villes furent totalement
détruites par des tremblements de terre, des incendies et des raz de marée.
Cet
holocauste sans précédent se poursuivit pendant trois heures; ensuite,
des ténèbres épaisses tombèrent dans lesquelles il fut impossible
d'allumer du feu; l'horrible obscurité était semblable aux ténèbres
d'Egypte[6]
en ce qu'on pouvait sentir ses vapeurs froides et humides. Cela dura
jusqu'au troisième jour, de sorte qu'une nuit, un jour et une nuit,
furent comme une nuit ininterrompue, et les ténèbres impénétrables
furent rendues d'autant plus terribles par les lamentations du peuple,
dont le refrain déchirant était partout le même: «Oh, si nous nous étions
repentis avant ce grand et terrible jour[7].» Alors, perçant les ténèbres, se fit entendre
une voix[8],
devant laquelle le chœur effrayant des lamentations humaines fut réduit
au silence: «Malheur, malheur, malheur à ce peuple» entendit-on
dans tout le pays. La voix proclama des malheurs croissants si le peuple
ne se repentait pas. La destruction s'était abattue sur lui à cause de
sa méchanceté, et le démon se réjouissait alors du nombre des morts et
du châtiment que leur destruction constituait. L’étendue de cette
terrible calamité fut détaillée; les villes qui avaient été brûlées
avec leurs habitants, les autres qui s'étaient enfoncées dans la mer;
d'autres encore qui avaient été ensevelies dans la terre, furent énumérées;
et la raison divine de cette destruction générale fut clairement donnée:
c'était pour que la méchanceté et les abominations du peuple fussent
chassées de la surface de la terre. Ceux qui avaient survécu pour
entendre furent déclarés être les plus justes des habitants; et il leur
fut laissé de l'espoir à condition de se repentir et de se réformer
plus complètement. Voici
comment l'identité de la voix fut révélée: «Voici, je suis Jésus-Christ
le Fils de Dieu. J'ai créé les cieux et la terre, et toutes les choses
qu'ils contiennent. J'étais avec le Père dès le commencement. Je suis
dans le Père et le Père est en moi; et en moi, le Père a glorifié son
nom.» Le Seigneur commanda au peuple de ne plus le servir par des
sacrifices sanglants et des holocaustes, car la loi de Moïse était
accomplie, et dorénavant le seul sacrifice acceptable serait le cœur
brisé et l'esprit contrit; ceux-là ne seraient jamais rejetés. Le Seigneur
recevrait dans son sein les humbles et les repentants. «Voici, dit-il, c'est pour ceux-là que j'ai donné ma vie
et l'ai reprise; c'est pourquoi, repentez-vous et venez à moi,
bouts de la terre, et soyez sauvés.» La voix se tut, et pendant les nombreuses heures
que les ténèbres continuèrent, les vociférations et les lamentations
furent réduites au silence, car le peuple sentait sa culpabilité et
pleurait silencieusement, étonné de ce qu'il avait entendu et attendant
avec espoir le salut qui lui avait été offert. Une deuxième fois la
voix se fit entendre, comme attristée de ceux qui avaient refusé
d'accepter le secours du Sauveur; car il les avait souvent protégés, et
il l'aurait fait plus souvent encore s'ils avaient été disposés et à
l'avenir il les chérirait encore «comme une poule rassemble ses poussins
sous ses ailes» s'ils se repentaient et vivaient dans la justice. Le
matin du troisième jour les ténèbres se dispersèrent, les remous
telluriques cessèrent et les tempêtes se calmèrent. Lorsque le manteau
de ténèbres fut ôté du pays, le peuple vit combien profondes avaient
été les convulsions de la terre et combien grandes avaient été les
pertes qu'il avait subies en parents et en amis. Dans sa contrition et son
humiliation, il se souvint des prédictions des prophètes et sut que le
commandement du Seigneur avait été exécuté contre lui[9]. PREMIÈRE
VISITE DE JÉSUS-CHRIST AUX NÉPHITES Six
semaines environ ou davantage après les événements que nous venons
d'examiner[10], une grande multitude de Néphites s'était
assemblée au temple dans le pays appelé Abondance[11] et discutait avec gravité des grands
changements qui s'étaient produits dans le pays, et en particulier de Jésus-Christ.
Elle
avait pu assister aux signes prévus de sa mort expiatoire dans tous leurs
détails tragiques. L'Esprit
qui régnait dans l'assemblée était celui de la contrition et de la piété.
Tandis qu'elle était ainsi réunie, elle entendit un bruit, comme celui
d'une voix provenant d'en haut; mais elle fut incapable de comprendre,
tant les premières paroles que les deuxièmes. Tandis qu'elle écoutait avec une vive attention, la voix
se fit entendre pour la troisième fois: «Voici mon Fils bien-aimé,
en qui je me complais, en qui j'ai glorifié mon nom - écoutez-le[12].» Tandis qu'il levait les yeux dans une attente
pieuse, le peuple vit un Homme, vêtu d'une robe blanche, qui descendit et
se tint au milieu de lui. Il parla, disant: «Voici, je suis Jésus-Christ,
de qui les prophètes ont témoigné qu'il viendrait au monde. Et voici,
je suis la lumière et la vie du monde; j'ai bu à cette coupe amère que
le Père m'a donnée et j'ai glorifié le Père en prenant sur moi les péchés
du monde, en quoi j'ai souffert la volonté du Père en toutes choses
depuis le commencement.» La multitude se prosterna en adoration, car elle
se souvenait que ses prophètes avaient prédit que le Seigneur apparaîtrait
parmi elle après sa résurrection et son ascension[13]. Sur son
commandement, le peuple se leva, et les gens vinrent un par un à lui,
virent et sentirent les empreintes des clous dans ses mains et ses pieds
et la blessure de la lance dans son côté. Poussés à exprimer leur
adoration, ils s'écrièrent à l'unisson: «Hosanna! Béni soit le nom
du Dieu très haut!» puis, tombant aux pieds de Jésus, ils l'adorèrent. Commandant à Néphi et à onze autres de
s'approcher, le Seigneur leur donna l'autorité de baptiser le peuple après
son départ et prescrivit le mode du baptême en leur interdisant
particulièrement d'avoir des disputes parmi eux au sujet de l'altération
de la forme donnée, comme en témoignent les paroles du Seigneur: «En vérité,
je vous dis que tous ceux qui se repentiront de leurs péchés après vos
paroles et désireront être baptisés en mon nom, vous les baptiserez de
cette manière: Voici, vous descendrez et vous vous tiendrez dans l'eau,
et vous les baptiserez en mon nom. Et maintenant voici les paroles que
vous prononcerez en les appelant par leur nom: Ayant reçu l'autorité de
Jésus-Christ, je vous baptise au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit. Amen. Et alors, vous les plongerez dans l'eau et puis
vous sortirez de l'eau. Et c'est de cette manière que vous baptiserez en
mon nom; car voici, en vérité, je vous dis que le Père, le Fils et le
Saint-Esprit sont un; et je suis dans le Père, et le Père est en
moi, et le Père et moi sommes un. Et selon que je vous l'ai commandé, ainsi vous
baptiserez. Et il n'y aura plus de disputes parmi vous, comme il y en a eu
jusqu'à présent; et il n'y aura plus non plus de disputes parmi vous sur
les points de ma doctrine, comme il en a été jusqu'à présent.[14]» Le peuple en général,
et surtout les Douze, choisis comme nous l'avons dit, furent avertis d'une
manière frappante contre les querelles sur les sujets de doctrine; il fut
déclaré que l'esprit de celles-ci était du diable, qui est le père
de la querelle. La doctrine de Jésus-Christ fut exposée en un résumé
simple et cependant complet en ces termes: «Voici, en vérité, en vérité, je vous le dis, je vous déclarerai ma
doctrine. Et ceci est ma doctrine, et
c'est la doctrine que le Père m'a donnée; et je rends témoignage du Père,
et le Père rend témoignage de moi, et le Saint-Esprit rend témoignage
du Père et de moi; et je rends témoignage que le Père commande à tout
homme, en tous lieux, de se repentir et de croire en moi. Et quiconque croit en moi et est
baptisé, sera sauvé; et ce sont ceux-là qui hériteront du
royaume de Dieu. Et quiconque ne croit point
en moi et n'est pas baptisé, sera damné[15].» Le
repentir et une humilité semblable à celle de l'enfant confiant et
innocent étaient les conditions du baptême, ordonnance sans laquelle nul
ne pouvait hériter du royaume de Dieu. Employant le ton tranchant
et simple qui avait caractérisé ses enseignements en Palestine, le
Seigneur donna les commandements suivants aux Douze qu'il venait de
choisir: «En vérité, en vérité,
je vous le dis, voilà ma doctrine; et quiconque bâtit sur ces choses, bâtit
sur mon roc; et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre lui. Et
quiconque déclarera plus ou moins que ceci et l'établira pour ma
doctrine, celui-là vient du mal et ne bâtit pas sur mon roc; mais
il bâtit sur un fondement de sable; et les portes de l'enfer seront
ouvertes pour le recevoir, quand viendront les inondations et que les
vents s'abattront sur lui. C'est pourquoi, allez à ce peuple et déclarez
les paroles que j'ai dites jusqu'aux bouts de la terre[16].» Puis
se tournant vers la multitude, Jésus l'exhorta à prêter attention aux
enseignements des Douze et poursuivit par un discours contenant les
principes sublimes qu'il avait enseignés parmi les Juifs dans le sermon
sur la montagne[17].
On trouve, tant dans la version de Matthieu que dans celle de Néphi de ce
discours sans pareil, les béatitudes, le Notre Père et le même exposé
splendide de préceptes ennoblissants, et on y voit apparaître la même
richesse de comparaisons efficaces et d'excellentes illustrations; mais on
découvre une différence significative dans toutes les allusions à
l'accomplissement de la loi mosaïque; car tandis que les Ecritures juives
nous montrent le Seigneur parlant d'un accomplissement alors incomplet,
les expressions correspondantes du récit néphite sont formulées au passé,
la loi ayant déjà été accomplie dans son intégralité par la mort et
la résurrection du Christ. C'est ainsi que Jésus avait dit aux Juifs: «Jusqu'à
ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de
lettre de la loi ne passera, jusqu'à ce que tout soit arrivé»; aux Néphites,
il dit: «Car, en vérité, je vous le dis: Pas un seul iota, pas un seul
trait de lettre n'est passé de la loi; mais en moi, elle a été toute
accomplie.[18]» Beaucoup
s'étonnèrent de cela, se demandant ce que le Seigneur voulait qu'ils
fissent à propos de la loi de Moïse; «car ils n'avaient pas compris ces
paroles: Que les anciennes choses étaient finies, et que toutes choses étaient
devenues nouvelles». Jésus, connaissant leur perplexité, proclama
clairement que c'était lui qui avait donné la loi, et que c'est par lui
qu'elle avait été accomplie et par conséquent abrogée. Son affirmation
est particulièrement explicite: «Voici, je vous dis que la loi qui fut donnée
à Moïse est accomplie. Voici, c'est moi qui ai donné la loi et c'est
moi qui ait fait alliance avec mon peuple, Israël; c'est pourquoi, la loi
est accomplie en moi, parce que je suis venu pour accomplir la loi; c'est
pourquoi, elle est finie. Voici, je ne détruis pas les prophètes, car
tous ceux qui n'ont point été accomplis en moi, en vérité, je vous le
dis, ils seront tous accomplis. Et parce que je vous disais que les
anciennes choses sont passées, je ne détruis pas ce qui a été dit
concernant ce qui est à venir. Car voici, l'alliance que j'ai faite avec
mon peuple n'est pas entièrement accomplie; mais la loi qui fut donnée
à Moïse est finie en moi[19].» S'adressant
aux Douze, il affirma que le Père ne lui avait jamais commandé de mettre
les Juifs au courant de l'existence des Néphites, si ce n'est
indirectement en parlant d'autres brebis qui n'étaient pas de la bergerie
juive; et comme ils avaient été incapables de comprendre ce qu'il disait
«à cause de leur obstination et de leur incrédulité», le Père lui
avait commandé de ne plus rien dire que ce fût au sujet des Néphites ou
du troisième troupeau comprenant les «autres tribus de la maison d'Israël,
que le Père a emmenées hors du pays». Jésus enseigna aux disciples néphites
beaucoup d'autres sujets qui avaient été tenus cachés des Juifs,
lesquels par leur incapacité à recevoir avaient été laissés dans
l'ignorance. Même les apôtres juifs avaient cru à tort que «ces autres
brebis» étaient les nations païennes, ne se rendant pas compte que
l'apport de l'Evangile aux Gentils faisait partie de leur mission à eux,
et oubliant que le Christ ne se manifesterait jamais en personne à ceux
qui n'étaient pas de la maison d'Israël. C'est par les inspirations du
Saint-Esprit et les labeurs d'hommes revêtus d'autorité et envoyés
que les Gentils entendraient la parole de Dieu; mais ils n'avaient pas
droit à la manifestation personnelle du Messie[20].
Cependant la miséricorde et les bénédictions du Seigneur seront grandes
pour les Gentils qui acceptent la vérité, car le Saint-Esprit leur
témoignera du Père et du Fils, et tous ceux d'entre eux qui se
conforment aux lois et aux ordonnances de l'Evangile seront comptés dans
la maison d'Israël. Leur conversion et leur admission dans le troupeau du
Seigneur se feront sur le plan individuel et non par nations, tribus ou
peuples[21]. La multitude pleine d'adoration, comptant environ
deux mille cinq cents âmes, pensa que Jésus était sur le point de
partir; et elle le supplia, en pleurant, de rester. Il la consola en
l'assurant qu'il reviendrait le lendemain et l'exhorta à réfléchir aux
choses qu'il avait enseignées et à prier le Père en son nom pour
recevoir de l'intelligence. Il avait déjà informé les Douze, et
maintenant déclarait au peuple qu'il se montrerait et administrerait
l'Evangile «aux tribus perdues d'Israël, car elles ne sont pas perdues
pour le Père, car il sait où il les a emmenées». Exprimant la
compassion qu'il ressentait, le Seigneur ordonna au peuple d'aller
chercher ses affligés, les paralytiques, les estropiés, les mutilés,
les aveugles et les sourds et les lépreux; lorsque ceux-ci lui
furent amenés, il guérit chacun d'eux. Puis, sur son ordre, les parents
amenèrent leurs petits enfants et les mirent en cercle autour de lui. La
multitude se prosterna en prière et Jésus pria pour elle; et, écrit Néphi,
«nulle langue ne peut rendre, nul homme ne saurait écrire, ni le cœur
des hommes concevoir les choses grandes et merveilleuses que nous vîmes
et que nous entendîmes de la bouche de Jésus; et personne ne saurait
concevoir la joie qui nous remplit l'âme au moment où nous l'entendîmes
prier le Père pour nous». La
prière terminée, Jésus commanda à la multitude de se lever et
s'exclama joyeusement: «Vous êtes bénis à cause de votre foi. Et
maintenant voici, ma joie est pleine.» Jésus pleura. Puis il prit les
enfants, un par un, et les bénit, priant le Père pour chacun d'eux. «Et
lorqu'il eut fait cela, il pleura de nouveau. Et il parla à la multitude
et leur dit: Voici vos petits enfants. Et comme ils regardaient, voici,
ils levèrent les yeux vers le ciel, ils virent les cieux s'ouvrir, et ils
virent des anges descendre du ciel comme au milieu d'un feu; et ils
descendirent et entourèrent ces petits enfants, et ils étaient environnés
de feu; et les anges les servirent[22].» Le
Seigneur Jésus fit chercher du pain et du vin et fit asseoir le peuple.
Il rompit et bénit le pain et en donna aux Douze; ceux-ci ayant mangé,
distribuèrent le pain à la multitude. Le vin fut béni, et tous en
prirent, les Douze en premiers, ensuite le peuple. D'une manière
frappante, semblable à celle qui accompagna l'institution du sacrement du
repas du Seigneur parmi les apôtres de Jérusalem, Jésus expliqua
clairement la sainteté et l'importance de cette ordonnance, disant que
l'autorité serait donnée pour l'administrer dans l'avenir et que tous
ceux qui avaient été baptisés pour avoir la compagnie du Christ
devaient y prendre part et qu'ils devaient toujours l'observer en souvenir
de lui, le pain étant l'emblème sacré de son corps, le vin le signe de
son sang qui avait été versé. Le Seigneur interdit expressément le
sacrement du pain et du vin à tous ceux qui n'étaient pas dignes; «car,
expliqua-t-il, quiconque mange et boit ma chair et mon sang
indignement, mange et boit de la damnation pour son âme. C'est pourquoi,
si vous savez qu'un homme est indigne de manger et de boire de ma chair et
de mon sang, vous le lui interdirez». Mais le peuple reçut
l'interdiction de chasser de ses assemblées ceux à qui la Sainte-Cène
devait être refusée, si ceux-ci se repentaient et demandaient à être
intégrés par le baptême[23]. Le Seigneur souligna explicitement la nécessité
de la prière, le commandement de prier étant donné séparément aux
Douze et à la multitude. Voici comment le Seigneur commanda les prières
personnelles, le recueillement en famille et le culte en communauté: «C'est pourquoi, vous devez sans cesse prier le
Père en mon nom; et tout ce que vous demanderez de juste au Père, en mon
nom, croyant l'obtenir, voici, cela vous sera donné. Priez le Père dans
vos familles toujours en mon nom, afin que vos femmes et vos enfants
soient bénis. Et voici, vous vous rassemblerez souvent; et vous ne défendrez
à personne de venir à vous quand vous vous assemblez, mais vous
souffrirez qu'ils viennent à vous et ne les empêcherez pas; mais vous
prierez pour eux et ne les chasserez pas. Et s'ils viennent souvent à
vous, vous prierez le Père pour eux en mon nom[24].» Le Seigneur toucha alors
chacun des Douze de la main, les investissant, par des paroles que les
autres n'entendirent pas, de l'autorité de conférer le
Saint-Esprit par l'imposition des mains sur tous les croyants
repentants et baptisés[25]. Lorsqu'il eut fini
d'ordonner les Douze, une nuée recouvrit le peuple, de sorte que le
Seigneur fut caché à sa vue; mais les douze disciples «virent et
rendirent témoignage qu'il était remonté au ciel». LA DEUXIÈME VISITE DU
CHRIST AUX NÉPHITES[26] Le lendemain, une multitude plus grande encore se réunit pour attendre
le retour du Sauveur. Pendant toute la nuit des messagers avaient répandu
la merveilleuse nouvelle de l'apparition du Seigneur et de sa promesse de
rendre de nouveau visite à son peuple. Si grande fut l'assemblée que Néphi
et ses compagnons demandèrent au peuple de se diviser en douze groupes,
afin de charger chacun des disciples de donner des instructions et de
diriger dans la prière l'un de ces groupes. La teneur des prières était
que le Saint-Esprit leur fût donné. Dirigée par les disciples choisis, l'immense multitude s'approcha du bord
de l'eau, et Néphi, descendant le premier, fut baptisé par immersion;
ensuite il baptisa les onze autres que Jésus avait choisis. Lorsque les
Douze furent sortis de l'eau, «ils furent remplis du Saint-Esprit
et de feu. Et voici, ils furent enveloppés comme par du feu; et ce feu
descendit du ciel, et la multitude le vit et rendit témoignage; et des
anges descendirent du ciel et les enseignèrent. Et tandis que les anges
enseignaient les disciples, voici, Jésus vint, se tint au milieu d'eux et
les enseigna»[27]. Ainsi Jésus
apparut au milieu des disciples et des anges qui les instruisaient. Sur
son ordre, les Douze et la multitude s'agenouillèrent; et ils prièrent Jésus,
l'appelant leur Seigneur et leur Dieu. Jésus s'éloigna d'eux de quelques
pas, et pria dans une attitude humble, disant entre autres: «Père, je te
remercie d'avoir donné le Saint-Esprit à ceux que j'ai choisis; et
c'est pour leur croyance en moi que je les ai choisis de parmi le monde. Père,
je te prie de donner le Saint-Esprit à tous ceux qui croiront en
leurs paroles.» Les disciples étaient encore occupés à prier Dieu avec
ferveur, lorsqu'il revint auprès d'eux; et tandis qu'il les regardait
avec un sourire miséricordieux et approbateur, ils furent glorifiés en
sa présence, de sorte que leur visage et leurs vêtements brillèrent
avec un éclat semblable à celui du visage et des vêtements du Seigneur,
au point que «rien sur la terre ne saurait approcher d'une telle
blancheur». Une deuxième et une troisième fois Jésus se retira et pria
le Père; et bien que le peuple comprit le sens de sa prière, il confessa
et témoigna que «si grandes et si merveilleuses étaient les paroles de
sa prière, qu'elles ne peuvent être écrites ni prononcées par l'homme».
Le Seigneur se réjouit de la foi du peuple, et il dit aux disciples: «Je
n'ai jamais vu une si grande foi parmi tous les Juifs; c'est pourquoi, je
n'ai pas pu leur montrer d'aussi grands miracles, à cause de leur incrédulité.
En vérité,
je vous le dis, il n'en est aucun parmi eux qui ait vu d'aussi grandes
choses que celles que vous avez vues; et ils n'ont pas entendu non plus
d'aussi grandes choses que celles que vous avez entendues[28].»
Alors le Seigneur administra la Sainte-Cène de la même manière
que la veille; mais le pain et le vin furent fournis sans aide humaine. La
sainteté de l'ordonnance fut exprimée de la manière suivante: «Celui
qui mange ce pain mange mon corps en son âme; et celui qui boit ce vin
boit mon sang en son âme; et son âme n'aura jamais ni faim ni soif, mais
elle sera rassasiée.» A ceci succédèrent des instructions concernant
le peuple de l'alliance, Israël, dont les Néphites faisaient partie, et
des rapports qu'ils auraient avec des nations gentiles dans l'évolution
future des desseins de Dieu. Jésus se déclara être le Prophète dont Moïse
avait prédit la venue et le Christ dont tous les prophètes avaient témoigné.
La suprématie temporaire des Gentils, qui accomplirait la dispersion définitive
d'Israël, et le rassemblement final du peuple de l'alliance furent prédits,
avec des allusions fréquentes aux paroles inspirées d'Esaïe à ce sujet[29].
Décrivant l'avenir des descendants de Léhi, le Seigneur dit qu'ils
tomberaient dans l'incrédulité à cause de leur iniquité; en conséquence
de cela, les Gentils deviendraient un peuple puissant sur le continent américain
en dépit du fait que ce pays avait été donné comme héritage final à
la maison d'Israël. Voici comment fut prédit l'établissement de la
nation américaine alors encore à naître, dont la caractéristique
serait d'être un «peuple libre», et comment fut expliqué le dessein de
Dieu dans ce domaine: «Car il est de la sagesse du Père qu'ils soient établis
sur cette terre et qu'ils soient établis en peuple libre par le pouvoir
du Père, afin que ces choses puissent venir d'eux à un reste de votre
postérité, pour que l'alliance que le Père a faite avec son peuple
s'accomplisse, ô maison d'Israël.[30]» Comme signe de l'époque à
laquelle se produirait le rassemblement des diverses branches d'Israël
depuis leur longue dispersion, le Seigneur spécifia la prospérité des
Gentils en Amérique et leur intervention dans l'apport des Ecritures au
reste dégénéré de la postérité de Léhi, les Indiens américains[31].
Il expliqua que tous les Gentils qui se repentiraient et accepteraient
l'Evangile du Christ par le baptême seraient comptés parmi le peuple de
l'alliance et recevraient les bénédictions qui seraient données dans
les derniers jours où la nouvelle Jérusalem serait établie sur le
continent américain. Le récit joyeux du rassemblement d'Israël que Jéhovah
avait donné précédemment par la bouche de son prophète Esaïe, Jéhovah
ressuscité le répéta à son troupeau néphite[32]. Les exhortant à réfléchir
aux paroles des prophètes dont le texte se trouvait parmi eux et d'obéir
aux Ecritures nouvelles qu'il leur avait révélées, et commandant tout
particulièrement aux Douze d'enseigner davantage au peuple les choses
qu'il avait exposées, le Seigneur les informa des révélations qui
avaient été données par le truchement de Malachie et ordonna qu'elles
fussent écrites[33]. Les prophéties ainsi répétées par celui qui
avait inspiré Malachie à parler, étaient de toute évidence pour
l'avenir à ce moment-là, et aujourd'hui encore, elles ne sont pas
encore intégralement accomplies. L’avènement du Seigneur, dont ces
Ecritures témoignent, est encore à venir; mais le fait que ce moment est
maintenant proche - «Ie jour de l'Eternel, ce jour grand et
redoutable» - est attesté par le fait qu'Elie, qui devait venir
avant ce moment-là, est apparu pour s'acquitter de sa mission
personnelle - qui était de tourner le cœur des enfants vivants
vers leurs ancêtres décédés, et le cœur des pères morts vers leur
postérité encore mortelle[34]. Le ministère personnel du Christ lors de sa deuxième
visite dura trois jours, au cours desquels il donna au peuple de
nombreuses Ecritures semblables à celles qui avaient été données précédemment
aux Juifs, car c'est ce que le Père avait commandé; et il leur exposa
les desseins de Dieu, depuis le commencement jusqu'au moment où le Christ
reviendra dans sa gloire; «et même jusqu'au grand et dernier jour,
lorsque tous les peuples, toutes les familles, toutes les nations et
langues se tiendront devant Dieu pour être jugés selon leurs œuvres,
bonnes ou mauvaises. -
Si elles sont bonnes, à la résurrection de la vie éternelle; et si
elles sont mauvaises, à la résurrection de la damnation; étant sur un
parallèle, les uns d'un côté, les autres de l'autre, suivant la miséricorde,
la justice et la sainteté qui sont en Jésus-Christ qui était
avant que le monde ne commençât». Dans sa miséricorde, il guérit les
affligés et ressuscita un homme d'entre les morts. A des époques ultérieures mais non précisées, il
se montra parmi les Néphites et «rompit souvent le pain, le bénit et le
leur donna»[35]. Après sa deuxième ascension de parmi eux,
l'esprit de prophétie se manifesta parmi le peuple, et cela s'étendit même
aux enfants et aux nourrissons, dont beaucoup parlèrent de choses
merveilleuses selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Les Douze
entreprirent leur ministère avec vigueur, instruisant tous ceux qui
voulaient les écouter, et baptisant ceux qui, par leur repentir, demandèrent
la communion de l'Eglise. Le Saint-Esprit fut conféré à tous ceux qui
se conformaient ainsi aux exigences de l'Evangile; et ceux qui étaient
ainsi bénis vivaient ensemble dans l'amour et furent appelés dans
l'Eglise du Christ[36]. VISITE
DU CHRIST AUX DOUZE QU'IL AVAIT CHOISIS D'ENTRE LES NEPHITES[37] Sous l'administration des douze disciples ordonnés,
l'Eglise grandit et prospéra dans le pays de Néphi[38].
Les disciples, témoins
spéciaux du Christ, voyagaient, prêchaient, instruisaient et baptisaient
tous ceux qui professaient avoir la foi et se montraient repentants. En
une occasion les Douze étaient assemblés «en une prière et un jeûne
fervents», demandant des instructions sur un sujet particulier qui, en dépit
des injonctions du Seigneur contre les querelles, avait donné lieu à des
disputes parmi le peuple. Tandis qu'ils suppliaient
le Père au nom du Fils, Jésus apparut au milieu d'eux et demanda: «Que
voulez-vous que je vous donne?» Leur réponse fut: «Seigneur, nous
désirons que tu nous indiques le nom par lequel nous désignerons cette
Eglise; car il y a des disputes à ce sujet parmi le peuple.»
Provisoirement, ils avaient appelé la communauté des croyants baptisés
Eglise du Christ; mais apparemment ce nom vrai et distinctif n'avait pas
été généralement accepté sans restriction. «Et le Seigneur leur dit: En vérité, en vérité,
je vous le dis, pourquoi le peuple murmure-t-il et se
dispute-t-il à cause de cette chose? N'a-t-il pas
lu les Ecritures qui disent que vous devez prendre sur vous le nom du
Christ, qui est mon nom? Car c'est de ce nom que vous serez appelés au
dernier jour; et quiconque prend mon nom et persévère jusqu'à la fin,
celui-là sera sauvé au dernier jour. C'est pourquoi, tout ce que
vous ferez, vous le ferez en mon nom; vous appellerez donc l'Eglise de mon
nom et vous invoquerez le Père en mon nom, afin qu'il bénisse l'Église
pour l'amour de moi. Et comment est-elle mon église, si elle n'est
appelée de mon nom? Car si une église est appelée du nom de Moïse,
alors c'est l'église de Moïse; ou si elle est appelée du nom d'un
homme, alors c'est l'église d'un homme; mais si elle porte mon nom, alors
c'est mon église, si elle est fondée sur mon évangile. En vérité, je
vous dis que vous êtes édifiés sur mon évangile; c'est pourquoi tout
ce que vous appellerez, vous l'appellerez de mon nom; si donc vous priez
le Père pour l'Eglise, si c'est en mon nom, le Père vous entendra; et
s'il arrive que l'Eglise soit édifiée sur mon évangile, alors le Père
montrera ses œuvres en elle. Mais si elle n'est pas édifiée sur mon évangile
et qu'elle est bâtie sur les œuvres des hommes ou les œuvres du diable,
je vous le dis, en vérité, ils auront de la joie en leurs œuvres pour
une saison et bientôt la fin arrive et ils sont abattus et jetés au feu,
d'où l'on ne revient pas. Car leurs œuvres les suivent, car c'est à
cause de leurs œuvres qu'ils sont abattus; c'est pourquoi
rappelez-vous les choses que je vous ai dites[39].» C'est ainsi que le Seigneur confirma, comme une
investiture autorisée, le nom qui, par inspiration, avait été pris par
ses enfants obéissants, l'Eglise de Jésus-Christ. L'explication
que le Seigneur donna sur le seul et unique nom qui convenait à l'Eglise
est logique et convaincante. Ce n'était pas l'Eglise de Léhi ou de Néphi,
de Mosiah ou d'Alma, de Samuel ou d'Hélaman, sinon on aurait dû
l'appeler du nom de l'homme dont c'était l'Eglise, tout comme aujourd'hui
il y a des Eglises qui tirent leur nom d'un homme[40];
mais c'était l'Eglise établie par Jésus-Christ, elle ne pouvait,
à bon droit, porter d'autre nom que le sien. Jésus
répéta alors aux Douze néphites un grand nombre des principes cardinaux
qu'il leur avait précédemment énoncés, à eux et au peuple en général,
et commanda que ces paroles fussent écrites, à l'exception de certaines
communications sublimes qu'il leur interdit de noter. Il leur montra
combien il était important de conserver comme un trésor sans prix les
nouvelles Ecritures qu'il avait données, les assurant qu'au ciel des
livres étaient tenus de toutes les choses qui étaient faites sur ordre
divin. Il fut dit aux Douze qu'ils devaient être les juges de leur
peuple; et à cause de cette investiture, ils furent exhortés à la
diligence et à la piété[41]. Le Seigneur se réjouit de la foi et de l'obéissance
facile des Néphites parmi lesquels il avait enseigné; et il dit aux
douze témoins spéciaux: «Et maintenant, voici, ma joie est grande, même
jusqu'à la plénitude à cause de vous et de cette génération; oui, même
le Père se réjouit, et aussi tous les saints anges, à cause de vous et
de cette génération; car aucun d'eux n'est perdu. Voici, je voudrais que
vous compreniez; car je veux dire ceux de cette génération qui sont
maintenant en vie; et aucun d'eux n'est perdu; et en eux ma joie est complète.»
Sa joie était cependant mêlée de tristesse à cause de l'apostasie dans
laquelle les générations ultérieures tomberaient; il prévoyait une
situation terrible qui atteindrait son paroxysme dans la quatrième génération
qui suivrait la leur.[42] LES TROIS NÉPHITES Avec une compassion aimante,
le Seigneur parla, un à un, aux douze disciples, demandant: «Que désirez‑vous
de moi, après que je serai allé au Père[43]?» Tous, à l'exception
de trois, exprimèrent le désir de poursuivre le ministère jusqu'à ce
qu'ils fussent parvenus à un âge avancé, et ensuite être reçus en
leur temps par le Seigneur dans son royaume. Jésus leur donna une
merveilleuse assurance, disant: «Quand vous aurez atteint l'âge de
soixante-douze ans, vous viendrez à moi dans mon royaume; et, avec
moi, vous trouverez du repos.» Il se tourna vers les trois autres qui
avaient réservé la requête qu'ils n'osaient pas exprimer: «Et il leur dit: Voici, je connais vos pensées;
et vous avez désiré la chose que Jean, mon bien‑aimé, qui était
avec moi dans mon ministère, avant que je fusse élevé par les Juifs,
avait désirée de moi. C'est pourquoi, vous êtes bénis davantage, car
vous ne goûterez jamais la mort; mais vous vivrez pour voir toutes les œuvres
du Père envers les enfants des hommes, même jusqu'à ce que toutes
choses soient accomplies, selon la volonté du Père, quand je viendrai
dans ma gloire avec les puissances du ciel. Et vous ne subirez jamais les
angoisses de la mort; mais quand je viendrai dans ma gloire, vous serez
changés, en un clin d’œil, de la mortalité à l'immortalité; et
alors vous serez bénis dans le royaume de mon Père.[44]» Les
trois apôtres bénis reçurent l'assurance qu'au cours de leur vie
prolongée ils seraient immunisés contre la douleur et ne connaîtraient
le chagrin que dans la mesure où ils s'affligeraient des péchés du
monde. A cause de leur désir d’œuvrer à amener des âmes au Christ
tant que le monde existerait, il leur fut promis qu'ils recevraient
finalement une plénitude de joie, semblable à celle à laquelle était
parvenu le Seigneur lui-même. Jésus toucha chacun des neuf qui
devaient vivre et mourir dans le Seigneur, mais les trois qui devaient
demeurer jusqu'à sa venue en gloire, il ne les toucha point. «Puis il
partit.» Un changement se produisit dans le corps des
trois Néphites, de sorte que, tant qu'ils demeureraient dans la chair,
ils seraient exempts des effets ordinaires des vicissitudes physiques. Les
cieux furent ouverts à leurs yeux; ils furent enlevés, et virent et
entendirent des choses indicibles. «Et il leur fut défendu de les
rapporter; et le pouvoir ne leur fut pas donné non plus d'exprimer les
choses qu'ils virent et entendirent.» Ils vécurent et œuvrèrent comme
hommes parmi leurs semblables, prêchant, baptisant et conférant le
Saint-Esprit à tous ceux qui prêtaient attention à leurs paroles,
cependant que les ennemis de la vérité étaient impuissants à leur
nuire. Un peu plus de cent-soixante-dix ans après la dernière
visite du Seigneur, une persécution maligne fut lancée contre les trois. A cause
de leur zèle dans le ministère, on les jeta en prison; et «Ies prisons
ne pouvaient les retenir, car elles se fendaient en deux». Ils furent
incarcérés dans des cachots souterrains; «mais ils frappaient la terre
de la parole de Dieu, de sorte que, par son pouvoir, ils étaient délivrés
des entrailles de la terre; c'est pourquoi, on ne pouvait creuser des
puits assez profonds pour les contenir». Trois fois, ils furent jetés
dans une fournaise, mais ne souffrirent aucun mal; trois fois ils furent
jetés dans des antres de bêtes sauvages, mais, «ils jouèrent avec les
bêtes, comme un enfant avec un agneau qui tète encore; et il ne reçurent
aucun mal»[45]. Mormon affirme qu'en réponse à ses prières le
Seigneur lui avait révélé que le changement opéré sur le corps des
trois était de nature à priver Satan de tout pouvoir sur eux, et «qu'ils
étaient saints, et que les pouvoirs de la terre n'avaient aucune prise
sur eux. Et ils devaient rester dans cet état jusqu'au jour du jugement
du Christ; et en ce jour-là, ils devaient recevoir un plus grand
changement et être reçus dans le royaume du Père pour n'en plus sortir,
mais pour demeurer avec Dieu éternellement dans les cieux»[46]. Pendant près de trois cents ans, et peut-être
plus, les trois Néphites servirent visiblement parmi leurs semblables;
mais lorsque la méchanceté du peuple augmenta, ces ministres spéciaux
furent retirés et dorénavant ne se manifestèrent qu'au nombre restreint
des justes. Moroni, dernier prophète des Néphites, tandis qu'il était
occupé à mettre la dernière main aux annales de son père, Mormon, et y
ajoutant ce qu'il connaissait, écrivit à propos de ces trois disciples
du Seigneur qu'ils «restèrent dans le pays jusqu'à ce que la méchanceté
du peuple fût si grande, que le Seigneur ne leur permit plus de demeurer
avec le peuple; et s'ils sont sur la surface du pays, nul ne le sait. Mais voici, mon père et moi, nous les avons vus, et ils nous ont enseignés»[47]. Leur ministère devait s'étendre
aux Juifs et aux Gentils, parmi lesquels ils œuvrent sans qu'on connaisse
leur antique naissance; et ils sont envoyés aux tribus dispersées d'Israël
et à toutes les nations, familles, langues et peuples, d'où ils ont amené
et continuent à amener beaucoup d'âmes au Christ, «pour que leur désir
soit satisfait, et à cause du pouvoir de conviction qu'ils ont reçu de
Dieu»[48]. CROISSANCE DE L'ÉGLISE SUIVIE
PAR L’APOSTASIE DE LA NATION NEPHITE L'Eglise de Jésus-Christ se développa rapidement dans le pays de
Néphi et apporta à ses adhérents fidèles des bénédictions sans précédent.
Même l'animosité héréditaire entre Néphites et Lamanites fut oubliée;
et tous vivaient dans la paix et la prospérité. Si grande était l'unité
de l'Eglise que ses membres avaient tout en commun, et «c'est pourquoi il
n'y avait ni riches ni pauvres, ni esclaves ni libres, mais ils étaient
tous affranchis et bénéficaires du don céleste»[49].
Des villes populeuses remplacèrent la désolation des ruines qui s'était
abattue au moment de la crucifixion du Seigneur. Le pays fut béni, et le
peuple se réjouissait dans la justice. «Et il n'y eut aucune querelle
dans le pays, parce que l'amour de Dieu demeurait dans le cœur du peuple.
Et il n'y avait pas d'envies, ni de luttes, ni de tumultes, ni de luxure,
ni de mensonges, ni de meurtres, ni aucune sorte de lasciveté; et assurément
il ne pouvait exister de peuple plus heureux parmi tous les peuples qui
avaient été créés par la main de Dieu[50].»
Neuf des douze témoins spéciaux choisis par le Seigneur décédèrent
lorsque vint le moment où ils devaient se reposer, et d'autres furent
ordonnés à leur place. Cet état de merveilleuse prospérité et de
communauté de biens se poursuivit pendant une période de cent
soixante-sept ans; cependant peu après se produisit un changement déplorable.
L’orgueil remplaça l'humilité, l'étalage de vêtements précieux
remplaça la simplicité des jours heureux; la rivalité conduisit à des
querelles, et dès lors les hommes «ne mirent plus leurs biens et leur
subsistance en commun. Et ils commencèrent à être divisés en classes;
et ils commencèrent à se bâtir des églises à eux-mêmes pour
acquérir du gain et commencèrent à nier la véritable Eglise du Christ»[51].
Les Eglises d'hommes se multiplièrent et la persécution, sœur de
l'intolérance, se généralisa. Les Lamanites à peau rouge retournèrent
à leurs voies dégénérées et se prirent d'une hostilité meurtrière
pour leurs frères blancs, et toutes sortes de trafics corrompus devinrent
communs dans les deux nations. Pendant de nombreuses décennies,
les Néphites se retirèrent devant leurs ennemis agressifs, se dirigeant
vers le nord-est à travers ce qui est maintenant les
Etats-Unis. Vers 400 ap. J.-C., la dernière grande bataille
fut livrée près de la colline de Cumorah[52],
et la nation néphite s'éteignit[53].
Le reste dégénéré de la postérité de Léhi, les Lamanites ou indiens
américains, ont continué d'exister jusqu'à nos jours. Moroni, dernier
des prophètes néphites, cacha les annales de son peuple dans la colline
de Cumorah, d'où elles ont été sorties dans la dispensation actuelle
sous la direction divine. Ces annales se trouvent maintenant devant le
monde, traduites par le don et la puissance de Dieu et publiées pour l'édification
de toutes les nations, sous le titre de LIVRE DE MORMON. NOTES DU CHAPITRE 39 1. Le pays d'Abondance : Celui-ci comprenait la partie nord de l'Amérique du Sud, s'étendant
jusqu'à l'isthme de Panama. Au nord il était limité par le pays de la Désolation,
qui embrassait l'Amérique centrale et, dans l'histoire néphite ultérieure,
une étendue au nord de l'isthme. L’Amérique du Sud en général est
appelée, dans le Livre de Mormon, le pays de Néphi. 2. Les versions juive et néphite du «sermon
sur la montagne» : Comme nous l'avons indiqué dans le texte, l'un des contrastes les plus
frappants entre le sermon sur la montagne et la répétition virtuelle du
discours par notre Seigneur lors de sa visite aux Néphites, est celle de
la prédiction concernant l'accomplissement de la loi de Moïse dans le
premier discours, et l'affirmation sans réserve dans le second que la loi
avait été accomplie. Certaines différences apparaissent dans les béatitudes,
le sermon néphite étant plus explicite dans chacune d'elles. C'est ainsi
qu'au lieu de «Heureux les pauvres en esprit» (Mt 5:3), nous lisons: «Bénis
sont les pauvres en esprit qui viennent à moi» (3 Né 12:3). Au lieu de:
«Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés»
(Mt), nous lisons: «Et bénis sont tous ceux qui ont faim et soif de
justice, car ils seront remplis du Saint-Esprit» (Né). Au lieu de:
«à cause de la justice» (Mt), nous avons «à cause de mon nom» (Né).
Au lieu du passage difficile: «C'est vous qui êtes le sel de la terre. Mais si le sel
devient fade avec quoi le salera-t-on?» (Mt), nous avons
l'expression plus claire: «Je vous donne d'être le sel de la terre; mais
si le sel perd sa saveur, avec quoi la terre sera-t-elle salée?
(Né). Et comme nous l'avons déjà remarqué, au lieu de «pas
un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu'à
ce que tout soit arrivé» (Mt), nous avons «pas un seul iota, pas un
seul trait de lettre n'est passé de la loi; mais en moi, elle a été
toute accomplie» (Né). Les variantes dans les versets qui suivent sont
dues à la différence entre l'accomplissement futur dans Matthieu et
l'affirmation de cet accomplissement dans Néphi. Au lieu de la forte
analogie qui dit qu'il faut arracher l’œil qui occasionne le scandale
ou couper une main mauvaise (Mt), nous trouvons: «Voici, je vous donne le
commandement de ne permettre à aucune de ces choses d'entrer dans votre cœur;
car il vaut mieux que vous refusiez ces choses et preniez en cela votre
croix, que d'être jetés en enfer» (Né). Après les exemples illustrant les exigences de
l'Evangile qui remplacent celles de la loi, le document néphite présente
ce résumé splendide: «C'est pourquoi, ces choses de l'ancien temps, qui
étaient sous la loi, sont toutes accomplies en moi. Les choses anciennes
sont finies, et toutes choses sont devenues nouvelles. C'est pourquoi, je
voudrais que vous soyez parfaits, même comme moi, ou comme votre Père céleste
est parfait. » Dans le récit que donne Matthieu du sermon, il
fait peu de distinction entre les préceptes adressés à la multitude en
général et les instructions données aux Douze en particulier. C'est
ainsi qu'on suppose que Mt 6:25-34 fut dit aux apôtres; car c'était
eux et non le peuple qui devaient abandonner toutes les activités
profanes; dans le sermon fait aux Néphites, la distinction est expliquée
de cette manière: «Quand Jésus eut prononcé ces paroles, il posa les
yeux sur les douze qu'il avait choisis, et leur dit: Rappelez-vous
ce que je vous ai dit. Car voici, vous êtes ceux que j'ai choisis pour
enseigner ce peuple. C'est pourquoi, je vous dis: N'ayez point souci de
votre vie, de ce que vous aurez à manger et de ce que vous aurez à
boire, ni de votre corps, ni de ce dont vous le revêtirez. La vie
n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement?»
etc. (voir 3 Né 13:25-34). Mt 7 commence par «Ne jugez pas, afin
de ne pas être jugés», sans dire s'il s'applique d'une manière générale
ou particulière; 3 Né 14 commence par: «Quand il eut dit ces mots, Jésus
se tourna de nouveau vers la multitude et ouvrit de nouveau la bouche et
lui dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, ne jugez pas, afin que
vous ne soyez pas jugés.» Nous recommandons vivement à tous les lecteurs de
comparer soigneusement verset par verset le sermon sur la montagne tel
qu'il est rapporté par Matthieu et le discours du Seigneur ressuscité à
son peuple sur le continent américain. 3. Les baptêmes chez les Néphites
après la visite du Seigneur : Nous lisons qu'avant la
deuxième apparition du Christ aux Néphites, les Douze choisis furent
baptisés (3 Né 9:10-13). Ces hommes avaient indubitablement été
baptisés précédemment, car Néphi avait été habilité non seulement
à baptiser mais à ordonner d'autres à l'autorité requise pour
administrer le baptême (3 Né 7:23-26). Le baptême des disciples,
le matin de la deuxième visite du Seigneur, constituait un rebaptême,
impliquant un renouvellement des alliances et une confession de foi au
Seigneur Jésus. Il est possible que dans les
baptêmes néphites antérieurs une certaine irrégularité dans son mode
ou une inexactitude dans l'esprit de l'administration de cette ordonnance
se soit produite; car, comme nous l'avons vu, le Seigneur commanda au
peuple, à propos des instructions qu'il donna concernant le baptême, que
les discussions devaient cesser (voir 3 Né 11:28-33). Pour ce qui est du deuxième
baptême ou des baptêmes ultérieurs, l'auteur a écrit ailleurs (voir Les Articles de foi, pp.177-180)
en substance ce qui suit. Les rebaptêmes rapportés par les Ecritures
sont rares, et, dans chaque cas, les circonstances particulières
justifiant une telle action apparaissent clairement. C'est ainsi que nous
lisons que Paul baptisa certains disciples à Ephèse, bien qu'ils eussent
déjà été baptisés, selon le baptême de Jean. Mais dans ce cas, l'apôtre
n'était évidemment pas convaincu que le baptême avait été administré
par l'autorité constituée, ou que les croyants avaient été
correctement instruits quant à l'importance de cette ordonnance.
Lorsqu'il éprouva l'efficacité de leur baptême en leur demandant: «Avez-vous
reçu l'Esprit Saint quand vous avez cru?», ils lui répondirent: «Nous
n'avons même pas entendu dire qu'il y ait un Esprit Saint.» Apparemment
surpris, il leur demanda: «Quel baptême avez-vous donc reçu? Ils
répondirent: Le baptême de Jean. Alors Paul dit: Jean a baptisé du baptême
de repentance; il disait au peuple de croire en celui qui venait après
lui, c'est-à-dire en Jésus. Sur ces paroles, ils furent
baptisés au nom du Seigneur Jésus» (voir Ac 19:1-6). Dans l'Eglise d'aujourd'hui la répétition de l'ordonnance du baptême
en faveur du même individu est permise dans certaines conditions bien déterminées.
C'est
ainsi que si quelqu'un, étant entré dans l'Eglise par le baptême, s'en
retire ensuite ou bien en est excommunié, et puis se repent et désire
retrouver sa qualité de membre dans l'Eglise, il ne peut le faire que par
le baptême. Cependant,
ce second baptême ne sera que la répétition de l'ordonnance initiatrice
administrée la première fois. Il n'y a pas d'ordonnance dans l'Eglise
qui soit distincte dans sa nature, sa forme ou son but, de l'autre baptême.
C'est pourquoi, lorsque le baptême est administré à une personne qui a
déjà été baptisée une première fois, la forme de l'ordonnance est
exactement la même que lors du premier baptême.
[1] Jn 10:16; cf. LM, 3 Né
15:17-21; page 454 supra. [2] Voir pages 53, 60 supra. [3] Pages 53-56. [4] HéI 14:14-27. [5] 3 Né 2:1. [6] Ex 10:21-21 [7] 3 Né
8:5-25; cf. Hél 14:20-27. [8] 3 Né chap. 9. [9] 3 Né chap. 10. [10] Hél 14:25; 3 Né 23:7-13;
cf. Mt 27:52, 53. [11] 3 Né, chap. 11-18 inclus. 3
Né 10:18. Qu'on se souvienne que l'ascension du Christ se produisit
quarante jours après sa résurrection. [12] Note 1, fin du chapitre. [13] 3 Né 11:7; cf. Mt 3:17, Mc 1:11,
Lc 9:35, PGP, Joseph Smith 2:17. [14] 3 Né 11:23-28; cf. D&A
20:72-74. [15] 3 Né 11:31-34; cf. Mc
16:15; voir aussi Jn 12:48. [16] 3 Né 11:39-41. [17] 3 Né, chap. 12, 13, 14; cf. Mt chap. 5, 6, 7. [18] Mt 5:18 et 3 Né 12:18; cf. 46, 47, 15:2-10 et 9:17-20.
Voir note 2, fin du chapitre. [19] 3 Né 15:4-8. Voir pages
256, 408, 409 supra. [20] 3 Né 15:11-24. [21] 3 Né 16:4-20. [22] 3 Né 17:22-24; lire tout le
chapitre. [23] 3 Né 18:1-14, 27-34,
comparer avec 1 Co 11:23-30. On trouvera la manière prescrite de
bénir la Sainte-Cène dans Moroni, chap. 4 et 5; cf.
D&A 20:75-79. [24] 3 Né 18:19-23. [25] 3 Né 18:36, 37; Moro 2:1-3. [26] 3 Né chap. 19-25 et
26:1-5. [27] Note 3, fin du chapitre. [28] 3 Né chap.
19:35, 36; lire tout le chapitre. [29] 3 Né chap.
20; voir références à Esaïe qu'on y trouve. [30] 3 Né 21:4. [31] 3 Né
21:1-7; on trouvera dans le reste du chapitre des prophéties
concernant les événements ultérieurs. [32] 3 Né chap. 22; cf. Es chap. 54. [33] 3 Né chap. 24 et 25; cf. MI chap.
3 et 4. [34] D&A 110:13-16. Le 3
avril 1836, Elie apparut dans le temple de Kirtland et remit à l'Eglise
les clefs de l'autorité pour l’œuvre par procuration pour les morts.
Voir chapitre 41 infra, page 831. [35] 3 Né 26:4, 5, 13-15. [36] 3 Né 26:14-21. [37] 3 Né, chap. 26,27 et
28:1-12. [38] Note 1, fin du chapitre. [39] 3 Né 27:4-12. [40] P. ex. de Calvin, Luther, Wesley;
voir aussi La Grande apostasie, 10:21, 22. [41] Noter que les apôtres juifs
furent assurés qu'ils recevraient la même autorité: Mt 19:28; Luc
22:30. Voir aussi 1 Né 12:9. [42] 3 Né 27:32 et les références y
afférentes. [43] 3 Né 28: 1; lire versets
1-12. [44] 3 Né 28:6-8; voir page 746
supra. [45] 3 Né 28:13-23; cf. 4 Né
1:14, 29-33. [46] 3 Né 28:39, 40. [47] Morm 8:10, 11; voir aussi 3 Né
28:26-32,36-40; 4 Né 1:14, 37; Eth 12:17. [48] 3 Né 28:27-32. [49] 4 Né 1:3; lire 1:23; voir pages
758 et 771 supra. [50] 4 Né 1:15, 16. [51] 4 Né 1:25, 26. [52] Près de Manchester, dans le comté
d'Ontario (New York). [53] Voir Morm, chapitres 1-9 et
Moro chapitre 10.
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