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Le Monde des Jarédites CHAPITRE UN : Un monde crépusculaire Note de l’auteur : La forme
épistolaire, de cette série d’articles est le style dans lequel
l’auteur présente le plus communément ses idées. « Bien que le Professeur F », à qui ces
lettres sont adressées, soit un anthropologue purement fictif d’une
université de l’Est [des États-Unis], il est typique de bien des
correspondants réels et les lettres elles-mêmes ne sont pas moins
typiques. Si « F.» paraît anormalement humble et ouvert, c’est parce
qu’il serait insensé, du fait de l’espace limité dont nous
disposons, de nous lancer dans des controverses longues et inutiles. Le problème[1] Cher professeur F., Je vous ai averti que vous trouveriez le Livre de
Mormon plein de choses étranges et curieuses. N’hésitez pas à me dire
ce que vous pensez et, surtout, n’ayez pas peur d’offenser ma
sensibilité religieuse. Le Livre de Mormon a les reins solides :
plus on l’approfondit, mieux il se porte. Vous pouvez taper dessus comme
sur un ballon, comme beaucoup l’ont fait, je peux vous garantir que vous
serez épuisé bien avant d’avoir pu l’érafler. Pour ce qui est de votre première objection, vous
dites que cela vous chiffonne que le Livre de Mormon essaie apparemment de
faire remonter l’origine des tribus indiennes à une unique ville du
Proche-Orient et à une époque aussi récente que 600 av. J. C. À vos
yeux, c’est vouloir tout expliquer d’une manière trop simple et trop
limitée. C’est aussi mon avis. Mais puisque vous venez seulement de
commencer à lire le Livre de Mormon, je vous exhorte vivement à
continuer à le lire ! Une grande surprise vous attend dans
l’avant-dernier livre. Loin d’être simplifiée à l’extrême, cette
étrange histoire est extrêmement variée et compliquée. Comme vous le
savez, les missionnaires des premiers temps de l’Église, en
recommandant le Livre de Mormon au monde, disaient que c’était «
l’histoire des Indiens », les Indiens étant l’un des rares sujets
sur lesquels les Américains en général possédaient quelques
renseignements et sur lesquels on pouvait facilement éveiller leur intérêt.
En réalité, le Livre de Mormon est moins l’histoire des Indiens que
celle de leurs lointains ancêtres – de gens, qui, à beaucoup d’égards,
différaient autant d’eux que nos ancêtres celtiques de nous.
L’histoire des Indiens commence seulement là où le Livre de Mormon
prend fin; avant cela, elle traite surtout des grandes nations bâtisseuses
de villes du sud, sur lesquelles vous en savez tellement plus que moi. Mais avant même d’approcher de votre fascinant
domaine, le Livre de Mormon a pas mal de choses à dire sur une autre
culture, une culture qui a beaucoup été étudiée de nos jours et peut
toujours être examinée de première main, à savoir celle des Arabes du
désert, que l’on nous met sous les yeux dans le premier livre de Néphi
avec un réalisme et une clarté qui, je le crois, en disent long sur
l’authenticité de l’ouvrage. Ce même livre nous donne également un
aperçu de la vie des « Juifs » prospères et civilisés « de Jérusalem
» à l’époque de Sédécias, aperçu plus court, il est vrai, mais pas
moins clair ni moins précis que la description de la vie dans le désert. Déjà, vous le voyez, ce document remarquable
propose de donner des renseignements sur pas moins de quatre
cultures extrêmement différentes. Je vous laisse le soin de décider si
une description précise de l’une d’elles, n’importe laquelle, à
l’exception peut-être de certaines tribus indiennes, aurait été
possible à partir des sources dont on disposait à l’époque de Joseph
Smith. Mais c’est sur la culture numéro cinq que je voudrais
maintenant attirer votre attention. La dernière histoire que l’on
trouve dans le Livre de Mormon, qui a pour titre le livre d’Éther, est,
à mon avis, encore plus merveilleuse que la première. Elle nous conduit
dans le monde crépusculaire de la protohistoire où les empires
asiatiques, silhouettes vaguement discernables et à moitié décrites,
commencent seulement à prendre, à notre époque, une forme
reconnaissable. Comme vous le savez, mon faible naturel pour tout ce qui
est vague et imprécis m’a irrésistiblement attiré vers ce dangereux
secteur, et je me suis rendu coupable d’un certain nombre de longs
articles sur des questions que les gens sensés prétendent inaccessibles
à tout examen. Libre à vous d’en rire, mais si vous pensez que je dépasse,
moi, les bornes, que diriez-vous d’un homme qui essayerait de faire un récit
de la vie dans ce monde préhistorique d’après ce que l’on en savait
il y a cent vingt ans ! Du même pas assuré et posé qui nous a fait
traverser les sables de l’Arabie (et vous devez nous accorder que c’était
un exploit merveilleux), l’auteur du Livre de Mormon nous conduit
maintenant dans un monde si lointain, si absolument différent de tout ce
qui se trouve à la portée du savant biblique ou classique, que si nous
voulons le suivre, nous devons acquérir un tout nouvel attirail pour le
voyage. Je pense que nous sommes d’accord pour dire qu’il faudrait
beaucoup de formation pour acquérir la base nécessaire pour composer le
premier livre de Néphi. Imaginez maintenant un homme suffisamment fou
pour essayer, après des efforts aussi colossaux, d’écrire encore une
histoire de ce genre, égale en longueur et en détails mais cette fois
sur une race de gens tout à fait différente, vivant à une époque extrêmement
éloignée de l’autre et dans un cadre géographique entièrement différent
! Autant que je le sache, même Joseph Smith n’a jamais attiré
l’attention de qui que ce soit sur cet exploit prodigieux ; nous le
considérons tous comme naturel. Vous allez cependant vite vous apercevoir
que l’auteur d’Éther n’aurait pas pu trouver grand chose comme aide
dans la matière utilisée pour écrire 1 Néphi. Au contraire, cette
première expérience ne pouvait que tendre à embarrasser toute tentative
d’essayer une nouvelle histoire, laquelle exigerait une formation et une
préparation tout à fait nouvelles. Ce que l’auteur d’Éther doit fournir, ce
n’est pas une nouvelle intrigue, mais des accessoires et des décors
entièrement nouveaux. Chaque siècle connaît ses guerres, ses traités,
ses migrations, etc, mais toujours dans un cadre différent, de sorte que
la mise à l’épreuve d’un document historique réside, comme nous
l’avons si souvent souligné, non dans l’histoire qu’il raconte,
mais dans les petits détails mentionnés au passage, que seul un témoin
oculaire pourrait avoir vus. L’histoire de Jared et celle de Léhi ont
le même thème, celui bien connu du juste qui fait sortir son peuple
d’un monde condamné et méchant. Il n’y a rien d’original à cela.
C’est également l’histoire de Noé, d’Énoch, d’Abraham, de Moïse,
de « I’Église dans le désert » et, tant que nous y sommes, de l’Église
rétablie. Mais quel cadre ! Quelles institutions et pratiques étranges !
Comment pourrons-nous jamais vérifier un sujet aussi abscons ? Il va
falloir se démener un peu et je vous conseille donc de vous préparer à
un long siège. Comme vous le savez, j’ai la regrettable habitude
d’écrire des lettres épouvantablement longues (vingt pages déjà) ou
rien du tout. Puisque vous avez mis la machine en route en accusant le
Livre de Mormon de proposer une histoire simpliste des Indiens, je ne lâcherai
votre poignet palpitant que lorsque, pareil à Hamlet, je vous aurai forcé
à contempler un certain nombre de tableaux étranges et troublants. Si
les Jarédites avaient vécu dans le vide, leur histoire serait
aujourd’hui hors de portée de la critique. Mais ils ne vivaient pas
dans le vide : le livre d’Éther nous dit qu’ils perpétuèrent dans
le Nouveau Monde les coutumes et les vices qui avaient fleuri dans
l’ancien. Ainsi donc, si seulement nous pouvions trouver ce que les gens
fabriquaient dans la mère patrie à cette époque reculée, nous aurions
notre « contrôle » pour l’histoire d’Éther. Telle est, vous vous
en souviendrez, la manière dont nous avons traité le problème de Léhi
dans le désert : nous avons découvert ce qui se passait dans le monde
que Néphi était censé décrire et puis nous avons comparé les données
avec ce que Néphi avait à nous dire. La tâche de contrôler les activités
de Léhi a été fortement simplifiée par le fait que les Bédouins
d’Arabie font les choses aujourd’hui essentiellement comme ils les
faisaient de son temps. Ce que nous trouvons en Asie centrale – le pays
de Jared – ce sont des coutumes tout aussi stables. Oui, mais, vous entends-je déjà grogner, et les
preuves ? Lire l’arabe, je le reconnais, est une chose, zézayer le
chaste mongol en est une autre. De cet endroit isolé qu’est l’Utah,
il n’est pas possible de faire plus qu’effleurer le sujet ; mais si
vous voulez vous hâter de consulter les bibliographies d’ouvrages
classiques tels que McGovern et Vernadsky, vous verrez que même eux
n’ont guère fait plus. Tant que n’apparaîtra pas quelqu’un de compétent
pour traiter des documents difficiles, un classique qui soit également
sinologue, indologue, expert en sémitique, turc, slave, que sais-je
encore, bref un autre Vambery, nous devrons nous contenter de baser nos
suppositions sur la documentation limitée que nous avons à notre
disposition. Tout ce que nous avons comme justification, c’est qu’elle
suffit, comme dans le cas de Léhi, à prouver ce que nous voulons
prouver, rien de plus. Et qu’allons-nous prouver ? Que certaines choses
étranges et inusitées décrites dans Éther ont réellement pu se
produire telles que décrites, parce qu’elles se sont réellement
produites – d’une manière caractéristique et répétée – dans les
régions culturelles même où, selon le Livre de Mormon, les Jarédites
ont acquis leur culture et leur civilisation. Et quelle est cette « documentation » à laquelle
nous avons si vaguement fait allusion ? On la trouve à diverses périodes. Pour illustrer, disons
qu’il y a une coutume étrange – celle de la cour royale ou de la
chasse, par exemple – qui est décrite dans Éther. Nous trouvons la même
coutume décrite par des voyageurs modernes en Asie centrale (source numéro
un) ; des marchands chrétiens et musulmans, des géographes et des
missionnaires signalent la même coutume étrange dans la même région au
Moyen Âge (source numéro deux) ; ensuite nous remontons encore de sept
ou huit cents ans et voici : les espions et les ambassadeurs de la cour
byzantine décrivent la même coutume (source numéro trois, etc.), pour
laquelle nous commençons maintenant à éprouver un certain respect ! En
remontant le cours des siècles, nous voyons que des historiens classiques
depuis Cassiodore jusqu’à Hérodote, séparés d’un bon millier
d’années, mentionnent la même coutume, et puis, lorsque nous reculons
de quinze cents à deux mille ans encore, nous la retrouvons dans les
documents des Assyriens et des Babyloniens. Et finalement, les archéologues
russes trouvent des traces de la même chose à l’époque préhistorique.
À partir de ces nombreux repères, nous pouvons tracer, pour ainsi dire,
une courbe régulière remontant jusqu’aux Jarédites et en déduire,
sans risque de nous tromper, que lorsqu’il décrit les institutions mêmes
que l’on retrouve dans ces documents de l’Asie ancienne, le livre d’Éther
s’appuie sur de bonnes bases. Néanmoins, dans chaque cas, ce sera à
vous de juger, car tout ce que nous pouvons donner pour le moment, c’est
un échantillonnage des preuves. Vous devrez peut-être encore attendre
trente ans pour avoir le reste. Veuillez remarquer que nous limitons notre curiosité
au genre de choses qui se sont produites. L’époque et le lieu
exacts d’un événement donné ne nous intéressent pas. De telles
choses prêtent toujours à controverse et, dans le cas des Jarédites,
c’est troop vague pour qu’on puisse ne serait-ce que se risquer à émettre
des conjectures. Souvenez-vous que ces gens vivaient dans un milieu extrêmement
éloigné du courant de l’histoire du monde ; à une époque que l’on
ne peut dater, ils ont tiré leur culture de la source commune, et, à
partir de ce moment-là, se sont retrouvés livrés à eux-mêmes
jusqu’au moment où ils ont disparu de la terre. Quelle différence cela
fait-il qu’ils aient eu une bataille dans un endroit ou dans un autre,
une année ou une autre ? L’important, c’est qu’ils ont eu des
batailles et, pour ce qui nous intéresse, que ces batailles respectaient
les techniques de combat propres à l’Asie centrale. Ce qui nous préoccupe,
c’est la façon dont les choses se font. Le
premier chapitre de notre texte d’Éther nous avertit que nous ne devons
pas être dogmatiques en matière de chronologie. À trois reprises dans
la liste généalogique de trente noms remontant jusqu’à « la grande
tour », on trouve le mot « descendant », une fois où cela peut
couvrir plusieurs générations (Éther
1:23; 10:9),
et deux fois de manière interchangeable avec le mot « fils »
(Éther
1:6, 16;
cf. 10:31;
11:23).
Comme vous le savez, en hébreu et dans d’autres
langues, « fils » et « descendant » se rendent tous deux par le même
mot très courant. Un seul et même mot fait du Juif moderne et d’Isaac
des « fils » d’Abraham – on comprend le mot d’une manière différente
dans chaque cas, mais on ne l’écrit pas différemment. Une
personne qui est limitée à un texte écrit n’a aucun moyen de savoir
à quel moment ben doit être pris dans le sens de « fils »
au sens littéral et quand il signifie simplement « descendant ». Les
anciens Hébreux savaient parfaitement bien quand il fallait faire la
distinction : comme les Arabes et les Maoris, ils apprenaient leurs
annales par cœur, et quand on parlait d’un certain patriarche, on présumait
que l’auditeur connaissait son lignage jusqu’à son prochain
descendant important, les listes écrites n’étant qu’un simple schéma
pour établir les relations entre les lignages particuliers – le nom
d’un patriarche suffisait pour indiquer son lignage, lequel n’avait
pas besoin d’être écrit en entier. Sir Leonard Woolley a un certain
nombre de choses intéressantes à dire à ce sujet dans son livre Abraham.
Or Éther prouve, du moins pour les saints des derniers jours, que « fils
» et « descendant » étaient tous deux utilisés dans les généalogies
antiques, qui ne présentent donc pas une filiation ininterrompue de père
à fils. On nous dit que la généalogie que l’on trouve dans Éther
appartient à la deuxième partie d’un document et que « la première
partie de ces annales... existe parmi les Juifs » (Éther
1:3).
Nous pouvons donc considérer les généalogies de l’Ancien Testament
comme étant la partie la plus ancienne de cette même liste et nous nous
trouvons donc devant la possibilité, dont beaucoup ont longtemps soupçonné
l’existence, que, dans les généalogies bibliques, ben doive
tantôt être interprété comme voulant dire « fils » et tantôt comme
voulant dire « descendant », bien que les hommes aient depuis longtemps
perdu la connaissance qui permettait aux dirigeants d’autrefois de faire
la distinction nécessaire. Il en résulte évidemment que nos généalogies
bibliques, telles que nous les lisons aujourd’hui, sont probablement
beaucoup trop courtes. Soit dit
en passant, la généalogie d’Éther, chapitre 1, explique pourquoi ni
le frère de Jared ni ses enfants ne sont jamais nommés (on ne nous dit même
pas combien de fils il avait, quoique les propres fils de Jared soient
indiqués par leur nom). Ceci m’intriguait jadis, puisque le frère de
Jared est de loin le personnage le plus important du Livre. Cela tient évidemment
au fait que celui qui a écrit ceci est un descendant direct de Jared (Éther
1:2, 32),
et ne raconte que l’histoire de son propre lignage. Si nous entrions
dans les quatre-vingt-huit versions que donne Andree de l’histoire du déluge
ou les soixante-quatre récits contradictoires de la dispersion énumérés
par Von Schwarz, cela se ferait au détriment du laconisme et de la
concision qui donnent à nos petites notes toute leur valeur. Reléguons
donc ce genre de choses à la décente obscurité d’une note de fin de
chapitre[2]. À ce propos, tant que vous
tenez absolument à ce que l’on vous fournisse la preuve de tout, vous
ne pouvez faire objection à une référence occasionnelle en petits
caractères. L’ennui dans l’histoire de Babel, c’est qu’on nous en
dit si peu de choses. Quelques courts versets énigmatiques de la Genèse
ne suffisent pas par eux-mêmes pour justifier les reconstructions
dogmatiques et les théories fantaisistes qui ont fait rage à propos de
la tour. Éther a le soutien des conclusions les plus récentes, basées
sur Genèse 10, que lorsque l’on construisit la tour, le peuple était déjà
« dispersé au loin sur la terre après le déluge » depuis un certain
temps[3]. Il est intéressant de
constater que tous les récits sont très vagues sur le point de savoir où
vivait la famille humaine avant le déluge, la meilleure version,
celle de Berossos, racontant que « les survivants du déluge sont
‘perdus’ et doivent apprendre par révélation divine où ils sont »[4]. Lorsque
notre source décrit une région particulière comme étant « cette
contrée où il n’y avait jamais eu d’homme » (Éther
2:5),
cela implique que des hommes avaient déjà certainement été dans
d’autres contrées. En outre, le peuple de Jared n’était guère
disposé à partir de chez lui, et lorsqu’il fut finalement « chassé
du pays », il emmena des troupeaux de gros et de petit bétail, et des
semences de toute espèce, en même temps que la connaissance et
l’artisanat (il emmena même des livres) nécessaires pour fonder une
grande civilisation – tout cela étant le produit nécessaire d’une économie
établie depuis longtemps et largement répandue. Dans les pages d’Éther,
la civilisation nous apparaît pleinement épanouie et même décadente.
C’est en vain que l’on chercherait de nombreux signes d’évolution
dans le Livre de Mormon. Je sais que c’est agiter une cape rouge devant
les sociologues, mais cela tient seulement au fait que les sociologues ne
lisent pas les documents historiques, lesquels, si seulement ils le
savaient, sont les inépuisables notes prises sur le terrain et en
laboratoire, du genre humain. Pour les gens dont la conception du monde découle
des questionnaires et des manuels, il paraît incroyable que l’antique
civilisation dynastique de Sumer, par exemple, soit tellement en avance
sur les cultures ultérieures que, « comparé avec elles, tout ce qui
vient plus tard semble presque décadent; l’artisanat a dû atteindre
une stupéfiante perfection. »[5]. On a du mal à croire que la
grande civilisation babylonienne, au cours des nombreux siècles pendant
lesquels elle fleurit, faisait simplement roue libre, en jouant les
pique-assiette sur les réalisations d’une civilisation beaucoup plus
ancienne, qui normalement aurait dû être « primitive » ; pourtant
c’est exactement l’image que nous donne Meissner dans sa grande étude[6]. Il est contraire aux règles
que ces réalisations artistiques pour lesquelles l’Égypte est le plus
connue : les portraits incomparables, les merveilleux récipients de
pierre, les tissages exquis, soient parvenus à leur point culminant à
l’aube même de l’histoire égyptienne, à la période pré-dynastique,
et pourtant c’est bien le cas. C’est dans les dynasties les plus
anciennes, pas dans les dynasties postérieures que la perfection
technique et le goût artistique des Égyptiens en bijouterie, en
mobilier, en céramique, etc. sont le plus « avancés ». « Voilà une
chose très étrange », disait récemment une autorité britannique, «
dans la littérature, le meilleur dans chaque genre vient d’abord, vient
tout d’un coup et ne revient plus jamais. C’est là une idée déroutante,
dérangeante, inacceptable pour des gens qui défendent une doctrine
simpliste de l’évolution. Mais je pense qu’on doit la reconnaître
pour vraie. Dans les choses les plus grandes de chaque genre de littérature,
le chef d’oeuvre est sans précédent, unique, incomparable et dorénavant
sans rival[7]. Plus impressionnant encore
est le rapport de l’égyptologue Siegfried Schott : « Maintes et
maintes fois, dans le développement de la culture égyptienne, les
monuments d’une période nouvelle présentent quelque chose de
jusqu’alors inconnu, dans un état de perfection complètement développé. »
Il donne comme exemple l’apparition soudaine des textes des pyramides,
« la naissance surprenante de l’architecture des temples et de ses décorations
murales, sans aucune forme préalable pour en indiquer un développement
antérieur », les bâtiments de Zoser, à Sakkara, les grandes pyramides
elles-mêmes, et les reliefs des temples qui manifestent, dès leur première
apparition, une maîtrise complète de la technique et du style[8]. Les peintures les plus
anciennes du genre humain ne sont-elles pas sans égales à ce jour ?
Veuillez noter que nous ne sommes en mesure de juger que les choses qui,
par hasard, ont survécu depuis ces temps reculés. Nous supposons que ces
peuples étaient grossiers et primitifs dans toutes les autres
choses, jusqu’à ce que certaines de ces autres choses apparaissent et
montrent qu’ils sont loin en avance sur nous. Nous devons reconnaître,
par exemple, que la taille de la pierre par certains chasseurs paléolithiques
n’a jamais été égalée depuis leur temps ; il se fait que les outils
de pierre sont tout ce qui a survécu de ces gens – avons-nous le droit
de leur refuser la perfection dans d’autres choses ? Y a-t-il une raison
de penser que leur travail du bois ou du cuir étaient inférieurs ?
Quiconque a une instruction moderne, vous dira sans hésitation que les
tissages les plus anciens de nos ancêtres ont dû être vraiment
très grossiers. Mais lorsque, contre toute attente, on a découvert
certains de ces tissus, les experts français les ont examinés
soigneusement et ont déclaré qu’ils valaient les matériaux les plus
fins que nous sommes capables de produire aujourd’hui[9]. Les seules armes qui ont survécu
aux temps préhistoriques conviennent bien plus à leur usage qu’un
fusil moderne. La plus mortelle de toutes les armes de chasse reste
aujourd’hui encore la flèche à tête de pierre (et non pas à tête
d’acier). Dans mes travaux récents sur les flèches marquées, j’ai
eu l’occasion de réunir une quantité impressionnante de preuves dans
ce domaine[10]. Eyre a récemment fourni pas
mal de preuves pour montrer que nos ancêtres « primitifs » jouissaient
de bien plus de sécurité, de confort et de plaisir dans la vie que nous[11]. En outre, vous qui êtes
anthropologue, vous savez parfaitement bien que les gens arriérés et
primitifs peuvent avoir des pouvoirs mentaux qui égalent ou dépassent
les nôtres. Regardez les aborigènes australiens d’Elkin ou, s’ils
sont trop éloignés, je peux vous mener auprès de certains Indiens qui
dans certaines choses peuvent nous donner l’impression que nous sommes
des crétins. Si cela ne nous écartait pas trop de notre propos, je
pourrais vous montrer que le dogme de l’avancement évolutif de la race
humaine dans son ensemble n’est rien d’autre qu’un diplôme
impressionnant que le dix-neuvième siècle s’est accordé à lui-même
avec les palmes académiques. L’homme moderne se proclame être un génie,
qui, s’étant épinglé à lui-même le ruban bleu sur son revers de
veston, se met en devoir de décerner toutes les autres récompenses selon
que les divers candidats sont plus ou moins semblables à lui. Je vous entends déjà dire : « Oui, mais il doit y
avoir eu une longue évolution derrière toutes ces anciennes réalisations.
» C’est là une chose que vous devez prouver, et non pas supposer, si
vous êtes un savant. Ce qui est certain à ce jour, c’est que (a) on
n’a pas découvert leur passé évolutif, et (b) il n’y a aucune trace
d’amélioration ultérieure au cours de tous ces milliers d’années.
Que les biologistes parlent donc d’évolution ; pour l’historien, elle
n’a pas de sens. En effet, le professeur Van der Meer, qui est sans
doute le spécialiste vivant le plus éminent de la chronologie antique,
ne peut que regretter « l’influence d’une théorie de l’évolution
que l’on a eu le malheur d’introduire dans l’étude de l’histoire
ancienne »[12]. Je suppose que je vous ai maintenant mis dans un tel
état que vous refuseriez de continuer à lire même si j’avais le temps
d’en écrire davantage. Je vous laisse maintenant en vous promettant des
attractions futures, si toutefois vous êtes disposé à continuer la
discussion. Ayez la bonté de me manifester vos réactions à toutes ces
paroles, et je me conduirai en conséquence. La Tour[13] Cher professeur F., En réponse à mon barrage d’artillerie du 17 écoulé,
vous m’accusez « d’accepter avec naïveté et crédulité
l’histoire de la Tour de Babel ». Je m’y attendais. La plupart des
gens croient très naïvement que Lincoln a écrit le discours de
Gettysburg, mais le fait qu’ils l’acceptent d’une manière
absolument dépourvue de sens critique ne l’empêche pas d’être vrai.
Vous pouvez accepter n’importe quelle histoire naïvement ou vous pouvez
la voir avec un esprit critique. Que diriez-vous si je vous accusais d’être
très simple et crédule parce que vous rejetez l’histoire de la
Tour ? La pierre angulaire de « l’érudition saine » à notre époque
est la doctrine confortable que la réponse non ne peut jamais être
tout à fait aussi mauvaise que la réponse oui, proposition qui,
à ma connaissance, n’a jamais été démontrée. Excusez-moi si je
parais récalcitrant, mais je trouve étrange que le talent par excellence
qui est le plus apprécié et le plus récompensé dans ces cercles où
l’on entend éternellement parler de « l’esprit chercheur » et de
l’importance de « découvrir personnellement » est le don et le
pouvoir de considérer les choses comme acquises. Même nos intellectuels
mormons sont convaincus que la manière d’impressionner les Gentils
n’est pas d’acquérir la maîtrise de leurs outils critiques (rares
sont ceux qui connaissent ne serait-ce que le latin !) mais simplement de
s’en remettre pour tout à leur opinion. Repensez, mon cher ami, au premier acte de
l’histoire écrite. Qu’est-ce qui frappe notre regard lorsque le
rideau se lève ? Des gens qui construisent partout des tours. Et pourquoi
construisent-ils des tours ? Pour arriver au ciel. La tour était, pour
utiliser la formule babylonienne, le markas shame u irsitim, le «
Iieu de liaison du ciel et de la terre », endroit unique où l’on
pouvait établir le contact avec les mondes supérieurs et inférieurs[14]. Cela vaut non seulement pour
la Babylonie, mais également pour le monde antique tout entier, comme je
l’ai montré d’une manière impitoyablement longue dans mon étude récenter
sur « l’Etat hiérocentrique »[15]. Les tours étaient des
montagnes artificielles, comme vous le dira n’importe quel manuel, et un
complexe de temples ne pouvait pas s’en passer. Les travaux de Dombart,
Jeremias, Andrae, Burrows et d’autres nous épargneront la peine de vous
montrer ces tours répandues partout dans l’ancien monde pour permettre
aux hommes d’atteindre le ciel[16]. Les légendes les concernant
sont légion, mais elles rentrent toutes dans le même cadre : au
commencement une race ambitieuse d’hommes a essayé d’atteindre le
ciel en escaladant une montagne ou une tour ; elle a échoué et puis
s’est mise en devoir de conquérir le monde. Une version tout à fait
typique de l’histoire est une variante que l’on trouve dans les écrits
apocryphes juifs et chrétiens dans lesquels les fils de Seth (les anges,
dans certaines versions), désirant vivement récupérer le paradis
qu’Adam avait perdu, montèrent sur le mont Hermon, et y menèrent une
vie d’ascétisme religieux, se donnant le nom de « Veilleurs » et de
« fils d’Elohim ». C’était une tentative d’établir l’ordre
divin et elle échoua, la colonie aigrie descendit de la montagne pour
enfreindre l’alliance, épouser les filles de Caïn et engendrer une
race « d’hommes notoires pour les meurtres et les pillages ». Décidés
à posséder la terre s’ils ne pouvaient posséder le ciel, les hommes
de la montagne nièrent avoir échoué, contrefirent la prêtrise et forcèrent
les habitants de la terre à accepter les rois qu’ils leur imposaient[17]. Cette histoire, vous la
reconnaîtrez comme étant une variante évidente du cycle extrêmement
ancien et répandu du Chasseur Fou, dont j’ai traité dans un article
sur l’origine de l’Etat[18]. Le Chasseur Fou, vous vous
en souviendrez, prétendit être le souverain légitime de l’univers, défia
Dieu à un concours de tir à l’arc et construisit une grande tour du
haut de laquelle il espérait lancer ses flèches dans le ciel. Sir James
Frazer a réuni un grand nombre de versions amérindiennes de cette
histoire pour illustrer les parallèles de l’Ancien Monde, car on
rencontre cette histoire chez les chasseurs primitifs du monde entier[19]. Dans (Genèse 10:9), nous
lisons que Nimrod, « vaillant chasseur devant l’Eternel »[20], fonda le royaume de Babel,
et au chapitre suivant que Babel était le nom de la tour construite pour
atteindre le ciel. Ce Nimrod semble être l’archétype originel du
Chasseur Fou[21]. Son nom représente en tous
temps pour les Juifs le symbole même de la révolte contre Dieu et de
l’autorité usurpée; c’est lui qui « devint chasseur d’hommes »,
établit une fausse prêtrise et une fausse royauté sur la terre en
imitation du gouvernement de Dieu et « fit pécher tous les hommes »[22]. Un écrit chrétien très
ancien raconte comment les descendants de Noé se livrèrent une guerre
acharnée après sa mort, pour voir qui posséderait sa royauté ;
finalement quelqu’un du sang de Cham l’emporta, et c’est de lui que
les Égyptiens, les Babyloniens et les Perses tirent leur prêtrise et
leur royauté. « De la race de Cham, dit le texte, en vint un par la
succession magique (opposée à la succession sacrée) appelé Nimrod, qui
était un géant contre le Seigneur... que les Grecs appellent Zoroastre
et qui gouverna le monde, forçant tous les hommes, par ses faux arts
magiques, à reconnaître son autorité[23]. Le Chronicon Paschale
rapporte une tradition très répandue selon laquelle ce géant qui
construisit Babylone n’était pas seulement le premier roi de Perse, le
Cosmocrator terrestre, mais aussi le premier homme à enseigner à tuer et
à manger les animaux, croyance également exprimée dans le Coran[24]. Il y a une autre tradition
courante selon laquelle la couronne de Nimrod était un faux, et qu’il
gouverna sans en avoir le droit sur la terre sur tous les fils de Noé, et
ils furent tous sous son pouvoir et à sa discrétion; il ne suivit pas
les voies du Seigneur et fut plus corrompu que tous les hommes qui
l’avaient précédé[25] ». On peut juger de
l’antiquité de ces histoires grâce à un très ancien récit
babylonien parlant d’un roi mauvais qui fut le premier à mélanger
« petits et grands… sur le tertre » et les fit pécher, s’acquérant
le titre de « roi du noble tertre » (cf. la tour), « dieu de l’illégalité
», dieu du non gouvernement[26]. Dans les
toutes premières traditions indo-européennes, ce personnage est un
Dahhak, « type du dregvant, l’homme du Mensonge et le roi des
fous », qui siégea sur le trône pendant mille ans et obligea tous les
hommes à inscrire leur nom dans le livre du Dragon, les assujettissant
ainsi à lui[27]. Cela nous rappelle la
tradition très antique selon laquelle, lorsqu’il succéda à Adam dans
la prêtrise, Seth commanda que l’on tienne un registre spécial, que
l’on appela le livre de vie et qui était caché des fils de Caïn. Le
Livre du Dragon en était l’imitation[28]. Il y a une tendance
constante dans les documents anciens à confondre Jemshid, fondateur du
royaume terrestre et père du genre humain, non pas avec Adam, mais avec
le faux Adam ou usurpateur[29]. Dans le livre d’Éther, le
nom de Nimrod est attaché à « la vallée qui était située du côté
du nord » et qui menait « dans cette contrée où il n’y avait jamais
eu d’homme » (Éther
2:2, 5),
qui correspond très bien à la personnalité légendaire de Nimrod,
chasseur fou des steppes. Le nom de Nimrod a toujours dérouté les
philologues, qui n’ont jamais pu le situer, bien que Kraeling accepte
maintenant la théorie très controversée d’Eduard Meyer qui veut que
le nom soit égypto-lybien, ce qui va très bien avec notre propre
croyance concernant la malédiction de Cham[30], mais à la fin du siècle
dernier, l’explorateur et savant Emin trouva ce nom attaché à des légendes
(pour la plupart de l’espèce Chasseur fou) et à des noms de lieu dans
la région du Lac Van, le grand système de vallées situé au nord de la
Mésopotamie supérieure[31]. Je n’affirme pas le moins
du monde que le légendaire Nimrod ait jamais existé. Comme je vous
l’ai déjà dit, je m’intéresse uniquement au genre de choses
qui s’est produit, et après avoir examiné des centaines de légendes
de toutes les parties du monde antique, toutes racontant substantiellement
la même histoire, je pense qu’on aurait du mal, étant donné l’évidence,
à nier qu’il y ait eu un événement commun derrière elles. En outre
l’événement semble avoir été unique. Comment
cela ? J’ai dit plus haut que nous trouvons des tertres et des tours,
accompagnés de rituels, dans tout le monde antique ; j’irai maintenant
plus loin et je dirai que ces tertres et ces tours et les grands complexes
cultuels qui les accompagnent n’étaient pas autant d’inventions
locales indépendantes, mais en réalité des imitations tirées en fin de
compte d’un original unique. Tous les grands sanctuaires nationaux de
l’Antiquité ont une légende fondatrice racontant, comment, au début,
ils ont été apportés à travers les airs d’un pays lointain et mystérieux.
Et ce pays lointain se révèle toujours avoir été en Asie centrale.
Notre Othinn norvégien vient du pays des géants à l’est, le culte
national grec du pays des Hyperboréens, loin au nord-est de la Grèce,
les gens du Proche-Orient situaient dans une mystérieuse montagne blanche
du nord le siège de leur culte primordial, les Chinois dans le paradis ou
la montagne de l’Ouest, etc. Vous pouvez énumérer les diverses légendes
fondatrices et les faire remonter selon votre bon plaisir jusqu’à un
lieu d’origine unique[32]. Je trouve étrange que le père
fondateur et summus deus de chaque nation de l’Antiquité ait été
déclaré quelque part être un charlatan et un imposteur, un vagabond
errant venu de loin dont les prétentions à l’autorité suprême ne
peuvent résister à un examen trop attentif. Pensez au défi lancé par
Prométhée à Zeus, au chantage auquel se livre Loki sur la personne
d’Othinn, à la louche « justification d’Osiris », à la terreur du
tout-puissant Anu lorsque Tiamat conteste son autorité, et ainsi de suite[33]. Passez en revue ces légendes
et vous verrez dans tous les cas que l’usurpateur vient d’Asie
centrale. Même Ésaïe (Ésaïe 14:12-14)
Esaïe 14 :12-14) rappelle qu’au commencement
l’adversaire lui-même éleva son trône « sur la montagne de
l’assemblée, à l’extrémité du septentrion », et y prétendit être
« semblable au Très-Haut ». Pour tout cela on indique une origine
unique ; qu’elle soit historique ou rituelle, cela ne change pas grand
chose. Il y a un aspect du cycle de Nimrod qui est trop intéressant
pour qu’on le laisse de côté, surtout pour un anthropologue. C’est
la tradition du vêtement volé. Le vêtement volé Nimrod prétendait à sa royauté pour avoir vaincu
ses ennemis[34] ; mais il prétendait à sa
prêtrise parce qu’il possédait « Ie vêtement d’Adam ». Le Talmud
nous assure que c’est en vertu de la possession de ce vêtement que
Nimrod put prétendre avoir le pouvoir de gouverner sur toute la terre, et
qu’il était assis dans sa tour tandis que les hommes venaient
l’adorer[35]. Les écrivains apocryphes,
juifs et chrétiens ont pas mal de choses à dire sur ce vêtement. Pour
citer l’un d’eux : « Les vêtements de peau que Dieu fit pour Adam et
sa femme lorsqu’ils sortirent du jardin furent donnés… après la mort
d’Adam... à Énoch »; de là ils passèrent à Metuschélah, et
ensuite à Noé, à qui Cham les vola pendant que le peuple quittait
l’arche. Le petit-fils de Cham, Nimrod, les obtint de son père Cusch[36]. Quant à l’héritage légitime
de ce vêtement, un fragment très ancien récemment découvert dit que
Michel « dévêtit Énoch de ses vêtements terrestres et mit sur lui son
vêtement angélique », l’emportant dans la présence de Dieu[37]. Ce vêtement d’Énoch était
censé être le vêtement de peau même que Jean-Baptiste portait, appelé
par les premiers chrétiens, « Ie vêtement d’Élias[38] ». Une « Vie de
Jean-Baptiste » arabe dit que Gabriel l’apporta du ciel à Jean comme
étant le « vêtement d’Élie » ; « il remontait, dit Jean
Chrysostome, au commencement du monde, à l’époque qui précédait
celle où Adam avait besoin d’être couvert. C’était donc le symbole
du repentir[39] ». D’autres croyaient
que c’était ce même vêtement que Hérode et plus tard les Romains
mirent sous clef lorsqu’ils voulurent empêcher le peuple de le mettre
sur un candidat de son propre choix et racontent comment les Juifs essayèrent
de s’emparer du vêtement par la force et de le mettre sur
Jean-Baptiste, le faisant ainsi leur grand prêtre à la place d’Hérode[40]. Quelle qu’en soit
l’origine, le port d’un vêtement de repentir, symbolisant la vie de
l’homme dans son état déchu, était connu des chrétiens les plus
anciens et pratiqué par certains cultes ultra-conservateurs jusqu’à
l’époque moderne[41]. Soit dit en passant, l’histoire du vêtement volé,
telle que la racontent les vieux rabbins, y compris le grand Éléazer,
demande une lecture tout à fait différente de cette étrange histoire
que l’on trouve dans Genèse 9 que celle que l’on trouve dans notre
Bible. Ils semblaient penser que le ‘erwath de Genèse 9:22 ne
signifiait pas du tout « nudité » mais devait recevoir le sens originel
de sa racine qui est « couverture de peau ». Ainsi lu, nous devons
entendre par là que Cham prit le vêtement de son père pendant qu’il
dormait et le montra à ses frères, Sem et Japhet, qui en prirent un
patron ou une copie (salmah), ou encore un vêtement tissé qui lui
ressemblait (simlah) qu’ils se mirent sur leurs propres épaules,
après avoir rendu le vêtement de peau à leur père. En s’éveillant,
Noé reconnut la prêtrise de deux fils, mais maudit celui qui avait essayé
de le dépouiller de son vêtement. Par un genre extrêmement courant de
substitution, le simlah de Genèse 9:23 pouvait très facilement
représenter un tsimlah original, une copie, imitation, patron ou
par un type de transposition tout aussi commun salmah, un vêtement ou manteau, comme dans Michée
2:8. Même tel qu’il est, simlah signifie seulement un vêtement
tissé et ne peut absolument pas désigner le vêtement originel de peau.
Telle est apparemment la source de la légende généralement répandue
selon laquelle Cham vola le vêtement de Noé et prétendit posséder la
prêtrise en vertu de ses insignes illégitimes. Les descendants de Cham,
Cusch et Nimrod – tous les deux Africains, bien que Nimrod dans ses
errances se fût dirigé vers l’Asie[42]
– eurent la même prétention. Il est intéressant que, selon certaines
Écritures anciennes, que les saints des derniers jours affirment avoir été
rendues par la révélation à notre époque, Pharaon (qui représente la
lignée afro-asiatique de Cusch-Nimrod), fut béni quant à la royauté,
mais maudit quant à la prêtrise, et il offrit à Abraham le droit de
porter ses propres insignes royaux, dans l’espoir qu’Abraham lui
rendrait le compliment en permettant au pharaon de porter ses insignes
sacerdotaux (Abraham 1:26-27). Selon une tradition très ancienne, le
pharaon convoita la prêtrise de Moïse, tout comme Nimrod convoita celle
d’Abraham, et on disait que les pharaons d’Égypte se vêtaient d’un
vêtement de peau « pour montrer que leur origine était plus ancienne
que le temps lui-même[43] ». Selon le Talmud, le « grand succès de Nimrod à la
chasse provenait du fait qu’il portait le vêtement de peau que Dieu
avait fait pour Adam et Eve[44]
». Il y a une tradition qui veut que Nimrod, devenu jaloux de son rival
chasseur Ésaü (tant pis pour la chronologie !), lui tendit une embuscade
mais fut battu par Ésaü, lequel lui coupa la tête et « prit les précieux
vêtements de Nimrod... grâce auxquels Nimrod régnait sur tout le pays
(ou toute la terre !), et courut les cacher dans sa maison ». Ces vêtements,
dit le rapport, n’étaient rien moins que le droit d’aînesse qu’ Ésaü
vendit plus tard à Jacob[45]. De tout dela découlent deux conclusions importantes
: (1) que toute reconstitution historique de tout ce qui s’est réellement
passé est hors de question, ce qui est venu jusqu’à nous étant une
masse de légendes et de rapports contradictoires et (2) que ces légendes
et rapports contradictoires sont néanmoins d’accord sur certains points
principaux, qu’ils sont très anciens, et que les Juifs les plus savants
considéraient qu’ils présentaient des sujets d’une grande importance
dont la signification a échappé aux époques ultérieures. Les prêtres
et les rois de l’Antiquité portaient certainement des vêtements[46] de ce genre, et le vêtement
de peau était souvent imité dans les pièces tissées[47] ; en fait, le vêtement de
peau était lui-même considéré comme remplaçant un vêtement encore
plus ancien fait avec les feuilles du ficus religiosus[48]. C’est sans scrupule que je vous
conduis dans ces chemins détournés et perdus du passé. Vous avez
souvent proclamé que c’est votre obligation professionnelle de vous intéresser
à tout et surtout à l’insolite. On peut cependant aller trop loin, et
il est grand temps que je vous montre à quel point le livre d’Éther
est un document sobre, réaliste et sensé. Revenons à Babel.
[1] La 1e partie de « The World of the Jaredites », [Le monde des Jarédites] IE [Improvement Era, prédécesseur de l’Ensign] 54, septembre 1951, pp. 628-30, 673-75, commençait ici. [2] Richard Andree, Die Flutsagen,
Braunschweig, Bieweg, 1891; Franz von Schwarz, Sintfluth und
Völkerwanderungen, Stuttgart, Enke, 1894, pp. 358 &
passim. [3] Emil G. Kraeling, « The
Earliest Hebrew Flood Story », JBL 66, 1947, pp. 290, 280-85. [4] Id., p. 285. [5] Albrecht Götze, Hethiter, Churriter und Assyreer,
Oslo, Aschehoug, 1936, p. 11. [6] Meissner, Babylonien
und Assyrien, 2 vols., Heidelberg, Winter, 1926,
illustre la dépendance permanente de toute la civilisation
bablyonienne postérieure vis-à-vis de la culture des premiers colons
de la vallée, p. ex., dans la littérature, 2:154-55; cf. Alexandre
Moret, Histoire de l'Orient, 2 vols., Paris,
Presses Universitaires, 1929-36, 1:130. [7] A. Richards, cité
par A. C. Bouquet, Comparative Religion, 6e éd.,
Baltimore, Penguin, 1962, p. 24. [8] Siegfried
Schott, Mythe und Mythenbildung im alten
Ägypten, Leipzig, Hinrich, 1945; réimpression Hildesheim,
Olm, 1964, pp. 10-11. [9] « La finesse des
fils est telle qu'avec nos machines les plus récentes, nous ne
l'avons guère dépassée. » Lacasine, cité par Moret, Histoire
de l'Orient, 1:66. Le tissu le plus ancien connu présente
un degré de perfection élevé, F.-M. Bergounioux et André Glory, Les
Premiers Hommes, Paris, Didier, 1952, pp. 388-90. [10] La
supériorité de la flèche à pointe de pierre a été pleinement démontrée
par Saxton Pope, Hunting with the Bow and
Arrow, New York, Putnam, 1947. [11] Wilhelm
Schmidt, « The Injury Done to the Study of Primitive Man by
Evolutionary Preconceptions », dans Edward Eyre, dir. de publ., European
Civilization, 7 vols., Oxford, Oxford University Press,
1934-38, 1:36-51. « Les artistes paléolithiques », dit Moret, Histoire de l'Orient
1:23, « ont dû vivre à une époque où ils pouvaient travailler de
manière continue, en sécurité et dans la permanence. » Nous
pourrions les envier ! [12] P.
van der Meer, The Ancient Chronology of Western
Asia and Egypt, Leiden, Brill, 1947, p. 13. [13] La
2e partie de « The World of the Jaredites », IE 54, octobre
1951, pp. 704-6, 752-55,
commençait ici. [14] Alfred
Jeremias, Handbuch der altorientalischen Geisteskultur,
Leipzig, Hinrich, 1913, pp. 33-34, 48, 51, 55-57, 92, 128. [15] Hugh
W. Nibley, « The Hierocentric State », WPQ 4, 1951, pp. 226-53. [16] On
trouvera les traitements classiques de la tour dans Jeremias, Handbuch
der altorientalischen Geisteskultur, pp. 7, 85-86,
149-50, 230, 236, 275, 286-89, 319, citant de nombreuses autorités;
Alfred Jeremias, Das Alte Testament im Lichte des Alten
Orients, 3e éd., Leipzig, Hinrich, 1916, pp. 168-80; Theodor
Dombart, Der Sakralturm, Munich, Beck 1920; Dombart, « Der
Babylonische Turm », Das Alte Orient 29, 1930, Heft 2; Eric
Burrows, « Some Cosmological Patterns in Babylonian Religion », dans
Samuel H. Hooke, dir. de publ., The Labyrinth, Londres, Society
for Promoting Christian Knowledge, 1935, pp. 45-70, et en bas, n. 19. [17] Enoch
6:2-8; The Book of Jasher 9:20-39; E. A. Wallis Budge, The
Chronography of Bar Hebraeus, 2 vols., Oxford, Oxford University
Press, 1932, 1:3-4. [18] Hugh
W. Nibley, « The Arrow, the Hunter, and the State », WPQ 2,
1949, pp. 339-40. [19] Id., 339-43; cf. Wilhelm Nestle, « Legenden vom Tod der Gottesverächter »,
ARW 33, 1936, pp.
246-69. [20] Le
vague « devant l’Eternel » de la Bible, "(Genèse 10:9)
cache la véritable signification, rendue par « contre l’Eternel »
par les auteurs rabbiniques et les premiers
auteurs chrétiens; sur ce thème, voir Karl Preisendanz, « Nimrod »,
dans RE 17:624. Au sujet des crimes de Nimrod, voir Nibley, «
The Arrow, the Hunter, and the State », pp. 339-41. [21] Sous
la direction de Nimrod, les hommes dirent: « Nous monterons au ciel,
et nous le frapperons (Dieu) avec des arcs et des lances; et Dieu
connut toutes leurs œuvres… et il vit la ville et la tour qu’ils
construisaient », Jasher 9:20; cf. G. Sale, The Koran,
Philadelphie, Lippincott, 1870, p. 269. On signale la même coutume et
la même arrogance à propos des anciens Thraces, Hérodote, Histoires
IV, p. 94. [22] Voir
l’article « Nimrod », JE 9:309-11; cf. 1 Enoch 10:7-10 sur
Azazel, le chasseur fou à qui « sont attribués tous les péchés »,
qui « a conduit les anges dans leur recherche des filles des hommes
», etc. Preisendanz, « Nimrod », p. 624. [23] Clément
de Rome, Homilia (Homélie) IX, 3-5, dans PG 2:241-44. [24] Chronicon Paschale 36, dans PG 92:145.
Coran 16:5, 66; 33:70-72; 40:79 parle de la consommation d’animaux.
Cf. Chronicon Anonymi 3, dans PL 3:680 [25] Mahbub, (Agapius) of Menbij, Alexandre Vasiliev, dir. de publ., Kitab al-Unwan, dans PO 5:631; Budge, Chronography of Bar Hebraeus 1:8; à propos de Nimrod, l’usurpateur qui « tua son père et prit sa mère pour épouse », Charles M. Doughty, Travels in Arabia Deserta, New York, Random House, 1937, 2:32, p. 657. [26] W.
St. Chad Boscawen, « The Legend of the Tower of Babel », TSBA
5, 1876, pp. 303-12. [27] A.
J. Carnoy, Indian/Iranian Mythology, vol. 6 de Mythology of
All Races, Boston, Marshall Jones, 1917, p. 321. [28] Selon
l’historien perse Tha'labi, Kitab Qisas al-Anbiyya, Le Caire,
Mustafa al-Babli al-Halabi wa-Awladuhu, A. H., 1345, p. 33. [29] Ad-Diyarbakri,
Tarikh al-Khamis, Le Caire, A. H., 1283, 1:67; Clément Huart
et Louis Delaporte, L'Iran antique, Paris, Michel, 1952, pp.
454-55. [30] Preisendanz, « Nimrod », p. 626. Kraeling, « The Earliest Hebrew Flood
Story », p. 289, n. 28; Eduard Meyer, Geschichte des Altertums,
5 vols., Stuttgart, Cotta, 1925-58, vol. 2, pt. 2, pp. 31-32. [31] O.
Emin, Izsledovania i Statyi, Moscou, 1896, pp.
301-3. [32] J’ai
traité de ce sujet d’une manière assez détaillée dans mon
article « The Hierocentric State », WPQ 4, 1951, pp. 226-253.
On trouvera un passage en revue de diverses montagnes primordiales de
ce genre dans Theodor H. Gaster, Thespis, New York, Schuman,
1950, pp. 184-85, 169-71; H. R. Hall, « Notices of Recent
Publications », JEA 10, 1924,
pp. 185-187. [33] C.
J. Gadd, Ideas of Divine Rule in the
Ancient East, Londres, Oxford University Press, 1948,
pp. 1-3; Dahhad-Jemshid en est un exemple typique, Carnoy, Indian/Iranian
Mythology, pp. 321-22. [34] Jasher 7:39-46. [35] Jeremias, Das Alte Testament im Lichte des Alten Orients, 159-60,
citant bin Gorion et le Pirke de R. Eliezer; « Nimrod », JE
9:309; Preisendanz, « Nimrod », p. 627. [36] La
citation est tirée de Jasher 7:24-30; d’autres sont données dans
« Nimrod », JE 9:309-11, cf. Jeremias, Das Alte Testament
im Lichte des Alten Orients, pp. 159-60. [37] August
F. von Gall, Basileia tou Theou, Heidelberg, Winter, 1926, p.
330, citant 2 Enoch 22:8. [38] Robert Eisler, Iesous
Basileus ou Basileusas, 2 vols., Heidelberg, Winter, 1929-30,
2:33-38. Eisler, 33, cite la tradition que Jean-Baptiste portait
l’habit de peau, 'or, (Genèse 3:21) au lieu de l’habit de lumière
originel, ('or) porté avant la chute;
divers cultes anciens, interdisant l’abattage d’animaux, changèrent
l’habit de peau en habit de poils, id., (Genèse 2:16, 34,
118-19), cf. Friedrich Dieterici, dir. de publ., Thier und Mensch
vor dem König der Genien, Leipzig, Hinrich, 1879; réimpression
Hildesheim, Olms, 1969, pp. 22, 97. [39] Jean
Chrysostome, Commentarius in Sanctum Matthaeum Evangelistam,
Commentaire sur Matthieu) 10, 4
dans PG 57:188-89; ceci et la vie anonyme de
Jean-Baptiste sont tous
deux cités dans Eisler, Iesous Basileus 2:36, n. 6.
Selon le R. H. Charles, Book of Jubilees, Jérusalem,
Makor, 1972, 3:30-31, écrit au 2e s. av. J.-C., dorénavant cité
sous le nom Jubilés, « c’est à Adam seul qu’il [Dieu] a donné
pour couvrir sa honte... À cause de cela, il est prescrit sur les
tablettes célestes concernant tous ceux qui connaissent le jugement
de la loi, qu’ils doivent couvrir leur honte et ne doivent pas se dénuder
comme le font les païens. » [40] Eisler,
Iesous Basileus, 2:78-81; Josèphe, Histoirs ancienne des
Juifs, 3:182-87, cf. Eusèbe, Historia Ecclesiastica,
(Histoire ecclésiastique) I, 6, dans PG 20:533-36. [41] Eisler, Iesous Basileus, 2:35, 78, 109-10; von Gall, Basileia tou Theou, pp. 330-32, cit. Apocalypse de Baruch grecque, (3 Baruch) Baruch 4:16; 1 Enoch 62:15; 2 Enoch 22:8; "Apocalypse 3:4-5; " Apocalypse 16:11; les Mandéens croyaient que le vêtement de Jean-Baptiste serait donné à tous ceux qui étaient admis au salut, Eisler, Iesous Basileus, 2:33, cf. Odes de Salomon 25:8; et l’écrit apostolique du 2e s. publié par Carl Schmidt, Gespräche Jesu mit seinen Jüngern nach der Auferstehung, Leipzig, Hinrich, 1919, p. 72. Lié au baptismi vestamentum des premiers chrétiens, Tertullien, De Baptismo, (Du baptême) p. 13, dans PL 1:1323, 1215). [42] Voir ci-dessus, n. 7; cf. Joseph Poplicha,
« The Biblical Nimrod and the Kingdom of Eanna », JAOS 49,
1929, pp. 304-5. [43] Selon
des auteurs apocryphes, la véritable raison pour laquelle Abraham fut
expulsé d’Egypte fut son refus de faire l’échange. Dieterici,
Thier und Mensch, 112; A. Wünsche, Salomons
Thron und Hippodrom Abbilder des Babylonischen
Himmelsbildes, Ex Oriente Lux 2, 3,
Leipzig, Pfeiffer, 1906, p. 26. Il y a pas mal
de documentation égyptienne qui traite de cette coutume d’échange
royal de vêtements et d’honneurs, mais nous n’avons pas le temps
d’approfondir cela ici. Je voudrais simplement attirer l’attention
sur le fait que nous nous trouvons ici dans un monde de coutumes et de
notions bien établies, quelque bizarres qu’elles puissent paraître
au profane. [44] « Nimrod », JE 9:309: « Quand les animaux virent [Nimrod] revêtu de ces habits, ils se couchèrent devant lui, de sorte qu’il n’eut aucun mal à les attraper. » [45] Jasher
27:2-13. [46] Ci-dessus
n. 29; les prêtres, les membres de la famille royale et les morts égyptiens
étaient tous revêtus du vêtement classique de peau du sacredoce égyptien;
cf. T. J. C. Baly, « Notes on the Ritual of Opening the Mouth », JEA
16, 1930, pp. 173-186. Le kaunakes des Sumériens était un vêtement
épais de peau, qui ne convenait absolument pas au climat de la
Babylonie et a, pour cette raison, été considéré comme la preuve
que les Sumériens venaient du nord, Moret, Histoire de l'Orient
1:21, n. 81; vs. George A. Barton, « Whence Came the Sumerians? » JAOS
49, 1929, pp. 263-64. Montague R. James, The Apocryphal New
Testament, Oxford, Clarendon, 1924, p. 414; cf. p. 412, on a trouvé,
en 1939, sur les vêtements du roi, une statuette d’ambre montrant
le roi d’Assyrie portant les insignes du souverain sacrificateur
juif, « A Unique Example of Assyrian Sculpture: A Portrait in Amber
», ILN, 7 janvier 1939, p. 25. [47] Plus
tard, le prêtre égyptien ne porta plus de « peau de léopard, mais
une tunique serrante de lin fin en forme de peau de léopard »,
H. R. Hall, « The Bronze Statuette of Khonserdaisu in the British
Museum », JEA 16, 1930, p.
1, cf. T. J. C. Baly, « Notes on the Ritual of Opening the Mouth »,
178. Les chrétiens syriens disaient que le vêtement donné à Adam
était en coton, la « peau » de l’arbre, Eisler, Iesous
Basileus, 2:34; ce point de doctrine, disent-ils, n’était connu
que de Moïse, « qui appelait le coton ‘peau’, parce que
parmi les arbres il prend la place de la peau » ; de là
l’idée que Jean-Baptiste tirait ses vêtements des arbres. Les
Juifs conservèrent des traces de l’ancien vêtement dans leurs
phylactères et dans les tsitsit, les quatre fils que tous les Juifs
avaient autrefois au bord de leur vêtement, Ferris J. Stephens, «
The Ancient Significance of Sisith », JBL 50, 1931, pp. 59-70. Comparez avec
l’Irham des musulmans dans John L. Burckhardt, Travels in Arabia,
2 vols., Londres, Colburn & Bently, 1831, 1:104-5, 163-64. [48] Références dans Eisler, Iesous
Basileus, 2:34, n. 11.
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