CHAPITRE 23 : LE MIRACLE DU PARDON

 

«C'est pourquoi, mes frères bien-aimés, est-ce que les miracles ont cessé parce que le Christ est monté au ciel et s'est assis à la droite de Dieu pour réclamer les droits de miséricorde qu'il a sur les enfants des hommes? Et (le Christ) a dit: Repentez-vous tous les bouts de la terre; venez à moi, soyez baptisés en mon nom, et ayez foi en moi, afin que vous soyez sauvés.» (Moroni 7:27,54)

 

Lançant un appel émouvant après l'extinction sanglante de son peuple, Moroni, le solitaire, dernier survivant d'une grande civilisation, contempla le flot du temps jusqu'à notre propre époque où le Livre de Mormon paraîtrait. Entre autres idées erronées, alors entretenues, prédit-il, il y aurait l'idée que «les miracles ont cessé» (Mormon 8:26).

 

Miracles modernes

 

Nous qui vivons maintenant, nous voyons que cette prophétie s'est accomplie. Heureusement les membres pratiquants de l'Eglise connaissent des miracles modernes - les visites d'anges, le rétablissement de l'Evangile, le Livre de Mormon, par exemple. Quand ils pensent aux miracles, la plupart d'entre eux pensent aux guérisons par le pouvoir de la prêtrise; mais il y a un autre miracle, plus grand encore: le miracle du pardon.

 

L'importance de la vision spirituelle

 

En fait, l'époque des miracles n'est pas passée, si ce n'est pour ceux qui ne veulent pas entendre l'appel du Seigneur et de ses serviteurs qui, nuit et jour, avertissent, plaident et implorent. Un miracle merveilleux attend toutes les âmes qui sont prêtes à changer. Le repentir et le pardon transforment la nuit la plus noire en un jour brillant. Quand les âmes renaissent, quand les vies changent, alors vient le grand miracle qui embellit, réchauffe et élève. Quand la mort spirituelle a menacé et qu'au lieu de cela il y a maintenant la résurrection, quand la vie repousse la mort, quand cela arrive, c'est le miracle des miracles. Et de si grands miracles ne cesseront jamais, tant qu'il y aura une seule personne qui appliquera le pouvoir rédempteur du Sauveur et ses propres œuvres personnelles pour produire sa renaissance.

 

Il y a deux genres de miracles, comme il y a deux parties à la vie dans tout domaine. Il y a le corps et l'esprit. Ainsi il y a deux genres de guérison.

 

Comme le Seigneur avançait sur la route, deux aveugles lui demandèrent de leur donner la lumière. «Emu de compassion, Jésus toucha leurs yeux; et aussitôt ils recouvrèrent la vue, et le suivirent» (Matt. 20:24). C'étaient leurs yeux mortels qui étaient ouverts.

 

L'Ecriture dit: «... et ils le suivirent.» Cette dernière phrase pourrait signifier qu'ils obtiendraient la vie spirituelle. S'ils le suivaient réellement, vivaient ses commandements, obéissaient totalement, leur âme recevrait la vue leur permettant dobtenir la vie éternelle.

 

Des deux, la vue spirituelle est de loin la plus importante. Seuls ceux dont les yeux physiques ne voient pas peuvent savoir quelles privations cela implique, et celles-ci sont sérieuses. Mais même cela ne peut se comparer à la cécité de ceux qui ont des yeux et ne veulent pas voir les gloires de cette vie spirituelle qui n'a pas de fin.

 

La bénédiction de la paix

 

L'essence du miracle du pardon est qu'il apporte la paix à l'âme précédemment anxieuse, agitée, frustrée, voire tourmentée. Dans un monde de remous et de querelles, c'est là en effet un don sans prix.

 

La civilisation néphite ne l'apprit pas à temps. Tandis qu'elle commençait à courir à une conclusion brutale et tragique, le prophète Mormon crut entrevoir la possibilité pour le peuple de se repentir et de recevoir le pardon de ses grands péchés. Mais il se trompait. Toute sa vie, depuis son enfance, il s'était lamenté sur la dureté de son peuple et observait avec tristesse et dans les larmes l'épaississement des ténèbres. Finalement, son espérance s'évanouit. Il écrivit:

 

«Mais voici, cette joie qui était la mienne fut vaine, car leur chagrin ne les conduisait point au repentir, à cause de la bonté de Dieu; mais c'était plutôt le chagrin des damnés, parce que le Seigneur ne voulait pas toujours leur permettre de continuer à mettre leur joie dans le péché. Et le chagrin me saisit de nouveau, et je vis que le jour de la grâce était passé pour eux, et temporellement, et spirituellement; car j'en vis des milliers fauchés en rébellion ouverte contre leur Dieu et entassés comme du fumier sur la surface du pays» (Mormon 2:13,15).

 

Alma le dit bien. Il avait goûté à l'amertume d'une vie pécheresse et de rébellion spirituelle: il savait donc bien de quoi il parlait: «La méchanceté n'a jamais été le bonheur» (Alma 41:10). Et puisque le bonheur apporte la paix, la méchanceté apporte son antithèse: la lutte et le tourment.

 

«Le plus grand besoin du monde actuel, c'est la paix», a dit David O. McKay. «Les tempêtes turbulentes de la haine, de l'inimitié, de la méfiance et du péché menacent de détruire l'humanité. Il est temps que les hommes   - les vrais hommes - consacrent leur vie à Dieu et crient avec l'esprit et le pouvoir du Christ: Silence, tais-toi!...»

 

La paix est le fruit de la justice. On ne peut l'acheter avec de l'argent et on ne peut ni l'échanger ni la troquer; il faut la gagner. Les riches dépensent souvent une grande partie de leurs gains à rechercher la paix, pour s'apercevoir qu'elle n'est pas à vendre. Mais les plus pauvres aussi bien que les plus riches peuvent l'avoir en abondance s'ils paient le prix total. Ceux qui respectent les lois et mènent une vie chrétienne, peuvent avoir la paix et d'autres bénédictions apparentées, dont les principales sont l'exaltation et la vie éternelle. Elles comprennent aussi des bénédictions pour cette vie.

 

«Et puisse le Seigneur vous bénir et garder vos vêtements sans tache, afin que, avec Abraham, Isaac, Jacob, et les saints prophètes depuis le commencement du monde, vous puissiez vous asseoir dans le royaume des cieux, pour n'en plus sortir, ayant vos vêtements sans tache comme ils ont leurs vêtements sans tache. Et maintenant, que la paix de Dieu repose sur vous, sur vos maisons, sur vos terres, vos troupeaux et sur tout ce que vous possédez, vos femmes et vos enfants, selon votre foi et vos œuvres, désormais et pour toujours...» (Alma 7:25,27).

 

La puissance transformatrice de Dieu

 

L'effet de la puissance transformatrice du Seigneur se manifeste dans beaucoup de vies. Quand Saül eut été choisi, appelé et nommé pour être le roi d'Israël, quand il eut été oint, béni et mis à part, «... Dieu lui donna un autre cœur...» et il le changea «...en un autre homme...» (1 Samuel 10:6,9). Des miracles avaient enveloppé Saül.

 

L'apôtre Paul est souvent mentionné dans cet ordre d'idées. Bien que, animé de motifs sincères, il eût précédemment persécuté l'Eglise de Dieu, il reconnut son péché et, par la grâce rédemptrice du Christ, trouva la paix par le pardon malgré les persécutions qu'il avait maintenant à subir. Son témoignage est impressionnant:

 

«Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. Mais j'ai obtenu miséricorde, afin que Jésus-Christ fît voir en moi le premier toute sa longanimité, pour que je servisse d'exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle.» (1 Tim. 1:15,16).

 

Mais la vie scripturale sans doute la mieux documentée qui montre la régénération frappante et la paix obtenues par le miracle du pardon est celle du prophète AIma (voir Mosiah 27). Sa vie avait été auparavant une vie de rébellion ouverte contre Dieu, de tentatives systématiques de détruire l'Eglise, malgré la formation que son père lui avait certainement donnée dans la vérité sa vie avait été une vie de grands péchés, à laquelle il avait ajouté le péché d'idolâtrie.

 

Alors il y eut la visite de l'ange, la terrible réprimande qui le rendit muet et le paralysa pendant trois jours et trois nuits. Pendant cette période, il connut l'angoisse du remords, une torture d'âme qu'il décrit en utilisant les termes «torturé d'un tourment éternel». Sa description est un passage classique dans les Ecritures. J'y ai déjà fait allusion, mais je la reprends en détail parce qu'elle est particulièrement appropriée dans ce chapitre final.

 

«Mais j'étais torturé d'un tourment éternel, car mon âme était déchirée au plus haut degré et torturée par tous mes péchés. Oui, je me rappelais tous mes péchés, toutes mes iniquités, et j'en subissais les peines de l'enfer; je voyais que j'avais été rebelle à mon Dieu, et que je n'avais pas gardé ses saints commandements. J'avais tué un grand nombre de ses enfants, ou plutôt je les avais conduits à la destruction; oui, et enfin mes iniquités avaient été si grandes que la seule pensée d'entrer en présence de mon Dieu torturait mon âme d'une horreur inexprimable. O, pensais-je, que ne puis-je être banni et anéanti corps et âme, afin de n'être point amené en présence de mon Dieu pour être jugé de mes œuvres. Ainsi, pendant trois jours et trois nuits, je fus torturé des tourments d'une âme damnée.» (Alma 36:12-16).

 

Dans le récit d'Alma, le lecteur sensible peut, dans une certaine mesure, s'identifier avec lui, sentir ses souffrances, connaître son grand sentiment d'horreur en prenant conscience de la profondeur de son péché. Le lecteur peut alors participer aussi au grand soulagement qu'Alma devait éprouver. Comment obtint-il ce soulagement? De la même manière que n'importe quel transgresseur: en participant au miracle du pardon par le repentir sincère et en se confiant entièrement à la merci de Jésus-Christ.

 

«Et comme j'étais ainsi torturé par le tourment, tandis que j'étais déchiré du souvenir de mes nombreux péchés, voici, je me rappelai aussi avoir entendu mon père prophétiser au peuple la venue d'un certain Jésus-Christ, un Fils de Dieu, pour expier les péchés du monde. Lorsque mon esprit se saisit de cette pensée, je m'écriai dans mon cœur: O Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi, qui suis dans le fiel de l'amertume, qui suis environné de chaînes éternelles de la mort. Et maintenant, voici, lorsque j'eus pensé ceci, je ne pus plus me souvenir de mes peines; oui, je ne fus plus torturé du souvenir de mes péchés. Et ô, quelle joie, quelle lumière merveilleuse je vis; oui, mon âme était remplie d'une joie aussi extrême que l'avait été ma souffrance! Oui, je te le dis, mon fils, qu'il ne pourrait y avoir rien d'aussi raffiné et d'aussi cruel que mes peines. Oui, et je te le dis encore, mon fils, que d'un autre côté il ne peut rien y avoir d'aussi exquis et d'aussi doux que ma joie.» (Alma 36:17-21).

 

Maintenant l'angoisse était remplacée par la joie, la peine par le calme, les ténèbres par la lumière. Ce n'était que maintenant qu'Alma pouvait avoir la paix. Il mit en relief pour son fils Shiblon la seule source de cette paix:

 

«Et je n'ai reçu la rémission de mes péchés qu'après avoir employé la miséricorde du Seigneur Jésus-Christ. Mais voici, je l'ai imploré et j'ai trouvé la paix de mon âme.» (Alma 38:8).

 

La paix en se préparant pour la venue du Christ

 

Il n'est pas facile d'être en paix dans le monde troublé d'aujourd'hui. La paix est nécessairement une acquisition personnelle. Comme nous l'avons laissé entendre tout au long de ce livre, on ne peut l'obtenir qu'en conservant constamment une attitude repentante, en recherchant le pardon des péchés, grands et petits, et en s'approchant ainsi toujours davantage de Dieu. Pour les membres de l'Eglise, c'est là l'essence de leur préparation, de leur qualification pour rencontrer le Sauveur quand il viendra. Toute autre voie les alignera sur les cinq vierges folles de la parabole du Maître.

 

«Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l'époux. Cinq d'entre elles étaient folles, et cinq sages. Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point d'huile avec elles; mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l'huile dans des vases. Comme l'époux tardait, toutes s'assoupirent et s'endormirent. Au milieu de la nuit, on cria: Voici l'époux, allez à sa rencontre. Alors toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes. Les folles dirent aux sages: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. Les sages répondirent: Non; il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous. Mais il répondit: Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas. Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l'heure.» (Matt. 25:1-13).

 

L'Evangile de Luc exprime d'une autre manière la même idée

 

«Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées. Et vous, soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera. Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant! Je vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera mettre à table, et s'approchera pour les servir.» (Luc 12:35-37).

 

Ceux qui sont prêts seront en paix dans leur cœur. Ils participeront à la bénédiction que le Sauveur a promise à ses apôtres:

 

«Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point» (Jean 14:27).

 

Le miracle du pardon

 

La mission de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est d'appeler tous les hommes au repentir. Ceux qui écoutent l'appel, qu'ils soient membres de l'Eglise ou non, peuvent participer au miracle du pardon. Dieu essuiera de leurs yeux les larmes d'angoisse, de remords, de consternation, de peur et de culpabilité. Des yeux secs remplaceront les yeux mouillés, et des sourires de satisfaction remplaceront le regard soucieux et anxieux.

 

Quel soulagement! Quelle consolation! Quelle joie! Ceux qui sont chargés de transgressions, de chagrin et de péchés peuvent être pardonnés, purifiés et lavés s'ils retournent à leur Seigneur, s'instruisent auprès de lui et gardent ses commandements. Et tous ceux d'entre nous qui ont besoin de se repentir des sottises et des faiblesses quotidiennes peuvent de même participer à ce miracle.

 

Ne pouvons-nous comprendre pourquoi le Seigneur plaide auprès de l'homme depuis ces milliers d'années pour qu'il vienne à lui? Assurément le Seigneur parlait du pardon par le repentir et du soulagement qui supprimerait la tension de la culpabilité, quand il ajouta cette supplication et cette promesse sublimes, après avoir fait sa merveilleuse prière à son Père:

 

«Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger» (Matt. 11:28-30).

 

J'espère de tout cœur que les hommes et les femmes de partout répondront à cette douce invitation et laisseront ainsi le Maître accomplir dans leur vie le grand miracle du pardon.

 

 

 

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