VOIX D'AVERTISSEMENT ET INSTRUCTION A TOUS PEUPLES
 

CHAPITRE UN : Des prophéties déjà accomplies
 

Dieu est l'auteur de la prophétie

"Et nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos coeurs; sachant, tout d'abord, vous-mêmes, qu'aucune prophétie de l'Ecriture ne peut être un objet d'interprétation particulière, car ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu" [1].


Pour démontrer quelque chose par les Ecritures, il est indispensable de poser en premier lieu une règle sûre, déterminée et infaillible, d'interprétation, sans laquelle l'esprit, bien que progressant dans le savoir, se perd dans le doute et l'incertitude, sans jamais pouvoir atteindre la connaissance de la vérité.


C'est pour avoir négligé une telle règle que les hommes se sont égarés, comme dans un labyrinthe inextricable, dans toutes leurs recherches bibliques. Il est parfaitement vrai que tant qu'ils seront libres de transformer, de spiritualiser ou d'interpréter arbitrairement la parole de Dieu, tout restera dans l'incertitude.


"Tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l'espérance" [2]. Supposons qu'un ami nous écrive de loin une lettre nous faisant certaines promesses, sous certaines conditions, dont l'accomplissement nous serait d'une fort grande utilité. On pourrait certainement dire de cette lettre qu'elle a été écrite à notre avantage et pour notre instruction, afin que, rassurés et consolés par les détails qu'elle nous donne, nous puissions espérer obtenir la réalisation de ces promesses. Or, Si nous comprenions clairement la lettre, sachant ainsi ce que nous avons à espérer, ce serait pour nous une grande consolation; au lieu que, s'il y avait doute ou incertitude dans le sens de la lettre, ignorant ce que nous avons à espérer, nous ne pourrions en tirer aucune utilité. Le lettre ne serait donc pour nous d'aucune valeur. Il en est ainsi des Ecritures. Nulle prophétie, nulle promesse ne sauraient être avantageuses aux lecteurs, ou faire naître la patience, la consolation ou l'espérance dans leur esprit, à moins qu'elles soient clairement comprises, pour qu'ils sachent exactement ce qu'ils ont à espérer. Or, les prédictions des Prophètes peuvent être aussi clairement comprises que celles des éclipses figurant dans un almanach; autrement la Bible serait de tous les livres le plus complètement inutile. Il eût été cent fois préférable pour les hommes que le Créateur n'eût rien révélé à sa créature déchue, que de lui avoir révélé un livre qui les laisserait dans le doute et l'incertitude, en proie, siècle après siècle, à des contentions relatives à la signification de son contenu. Que cette incertitude, que ces controverses aient existé durant des siècles, c'est ce que personne ne niera.

Les sages et les savants ont différé et diffèrent encore extrêmement dans l'interprétation des prophéties. D'où vient ce profond désaccord? De deux choses l'une: ou la Révélation est elle-même défectueuse, ou bien la faute en est aux hommes. Mais dire que la Révélation est imparfaite, ce serait accuser follement le Seigneur; que Dieu nous préserve d'un tel blasphème: la faute doit en être à l'homme. Il y a deux grandes causes à cet aveuglement. Les voici:

La folie des interprétations privées

Premièrement, les hommes ont supposé que l'inspiration directe par le Saint-Esprit ne devait pas continuer à tous les âges de l'Eglise, mais qu'elle était bornée aux temps primitifs. Le Canon des Ecritures étant rempli, et toutes les choses nécessaires ayant été révélées, les hommes n'eurent plus besoin de l'Esprit qui mène à toute vérité. C'est pourquoi ils cherchèrent à pénétrer, par leur propre savoir, ce qui ne pouvait être clairement compris, si ce n'est par l'Esprit de vérité car nul homme ne connaît les choses de Dieu, que par l'Esprit de Dieu [3].


Deuxièmement, après avoir perdu l'Esprit d'inspiration, ils commencèrent à ériger en préceptes leurs propres opinions et leurs traditions, donnant le sens et leur interprétation particulière à la parole écrite, au lieu de croire simplement aux choses écrites. Dès qu'ils s'écartèrent de la signification littérale, les opinions ou interprétations d'un homme devinrent aussi bonnes et correctes que celles d'un autre; tous étaient revêtus d'une autorité égale, et c'est ce qui donna naissance à tant d'aberrations et à toutes ces controverses diverses qui ont agité le monde au cours des dix-sept derniers siècles.

Un pouvoir inestimable

Parmi les choses diverses qui attirent l'attention des hommes, il en est une de plus grande valeur que toutes les autres. C'est un principe qui, une fois entre les mains de quelqu'un, contribuerait grandement à lui procurer tous les autres objets dignes de son ambition, tels que le pouvoir, les biens, les honneurs, l'or, l'opulence et même l'autorité souveraine. Comparativement, peu de gens l'ont possédé, bien qu'il fût à la portée de beaucoup d'autres; mais ils ne s'en doutaient pas ou bien ils n'en connaissaient pas la valeur. Il a fait des merveilles pour quelques-uns qui l'ont eu en leur possession. Il empêcha quelques-uns de se noyer, tandis que tous ceux qui ne l'avaient pas furent engloutis sous les eaux de l'abîme. Il en sauva d'autres de la famine, pendant que des milliers périssaient autour d'eux. Par ce principe, des hommes parvinrent aux premières dignités de l'Etat, et quelques-uns même à monter sur le trône. Bien plus, il en a fait passer d'un cachot dans un palais; et il y a des exemples où ceux qui l'avaient furent délivrés des flammes, tandis que des villes entières étaient consumées et que tous leurs habitants périssaient, eux exceptés. Il est arrivé fréquemment que lorsque la famine ou la guerre désolait une ville ou une nation, ceux qui le possédaient échappaient à ces fléaux, sains et saufs.

Mais, va demander le lecteur, quel est donc ce talisman? Nommez-le, et je l'achèterai au prix de tout ce que je possède. Eh bien! ce trésor s'appelle LA PRESCIENCE! C'est la connaissance des choses à venir. Qu'un livre soit publié sous ce titre: L'avertir dévoilé, et que les hommes soient réellement convaincus que cet ouvrage donne une certaine connaissance définie des événements futurs, de telle sorte qu'il dévoile l'histoire future des nations, comme l'histoire de la Grèce ou celle de l'empire romain en fait connaître le passé, et une immense édition en serait immédiatement enlevée à un prix inestimable. Eh bien! les livres des prophètes et l'esprit de prophétie n'ont été donnés aux hommes que pour leur dévoiler leurs futures destinées. L'Apôtre nous dit: "Aspirez aux dons les meilleurs... mais encore plus que vous prophétisiez" [4].

Règle d'interprétation des Ecritures

Nous allons entrer maintenant dans le vaste champ qui s'étend devant nous, et rechercher les trésors de sagesse et de connaissances qui ont brillé durant des siècles comme une lumière dans les ténèbres. Nous allons explorer des régions inconnues à bien des gens; nous y contemplerons des objets glorieux qui se présenteront à nous de toutes parts; nous rassasierons nos âmes d'un savoir qui est de nature à dilater le coeur, à exalter l'esprit, à élever nos affections au-dessus des grossières vanités de ce monde, et à nous faire obtenir notre salut éternel.

Définissons d'abord une règle sûre d'interprétation. Mais nous ne voulons point en cela consulter les hommes ni leurs commentaires, car le Saint-Esprit nous a avertis par la bouche de Pierre que aucune prophétie de l'Ecriture ne peut être un objet d'interprétation particulière [5].

Grandes divisions de la prophétie

Il y a une grande distinction qu'il ne faut jamais perdre de vue dans l'étude des prophéties c'est celle entre l'avenir et le passé. Le lecteur doit mettre toute son attention à reconnaître quelle partie en a été accomplie, et quelle partie attend encore son accomplissement, sans jamais oublier que la règle d'interprétation fixée par Pierre s'applique à l'une et à l'autre. Or, Si nous trouvons dans toutes nos recherches que toutes les prophéties accomplies jusqu'à ce jour l'ont été "littéralement", il s'ensuivra nécessairement que toutes les prophéties qui attendent leur accomplissement le recevront aussi d'une manière "littérale".
 

Cela posé, commençons à l'époque reculée du patriarche Noé.
 

"Et moi, je vais faire venir le déluge d'eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel; tout ce qui est sur la terre périra" [6]. Dans les versets qui suivent, le Seigneur ordonne à Noé d'entrer dans l'arche, et de prendre avec lui des animaux de toute espèce, etc. Et le 22e verset nous apprend que "C'est ce que fit Noé: il exécuta tout ce que Dieu lui avait ordonné". Quel bonheur pour lui de ne pas être versé dans les systèmes spiritualistes de nos grands théologiens modernes; car, sous leur influence somnifère, il n'aurait jamais pu croire qu'une prophétie si merveilleuse avait une signification littérale et s'accomplirait littéralement. De nos jours, on lui aurait objecté que ce déluge d'eaux ne signifiait qu'un déluge spirituel et que l'Arche n'était qu'une Arche spirituelle; et s'il s'était avisé de penser autrement, nos scribes l'auraient traité dans leurs journaux d'imposteur, de fanatique ou de fou. Mais Noé eut la simplicité de croire que la prophétie devait s'accomplir littéralement. Voilà un exemple frappant de prescience. En effet, tous ceux qui n'avaient pas ce don périrent misérablement dans ce grand cataclysme.

Prophétie accomplie littéralement

Prenons un autre exemple dans la Genèse: "Et l'Eternel dit à Abram : Sache que tes descendants seront étrangers dans un pays qui ne sera point à eux; ils y seront asservis et on les opprimera pendant quatre cents ans. Mais je jugerai la nation à laquelle ils seront asservis, et ils sortiront, ensuite, avec de grandes richesses. Toi, tu iras en paix vers tes pères, tu seras enterré après une heureuse vieillesse. A la quatrième génération, ils reviendront ici; car l'iniquité des Amoréens n'est pas encore à son comble" [7].

Les rigoureux traitements que les enfants d'Israël subirent en Egypte durant quatre cents ans, leur délivrance de ce pays avec de grandes richesses, les terribles châtiments qui furent infligés à leurs persécuteurs, ainsi que la mort d'Abraham, à un âge très avancé, sont des faits trop connus pour avoir, ici, besoin de commentaires. Nous nous bornerons à observer que c'est là un exemple frappant de l'accomplissement rigoureux d'une prophétie donnée quatre cents ans à l'avance; d'où nous apprenons que ces hommes des temps primitifs étaient tous exempts de notre manie moderne de tout spiritualiser.

Mentionnons l'exemple de Lot: "Qui as-tu encore ici? Gendres, fils et filles, et tout ce qui t'appartient dans la ville, fais-les sortir de ce lieu. Car nous allons détruire ce lieu, parce que le cri contre ses habitants est grand devant l'Eternel. L'Eternel nous a envoyés pour le détruire" [8]. Assez simple pour prendre à la lettre cet avertissement céleste, Lot prit avec lui autant de membres de sa famille qui voulurent consentir à le suivre, et il s'enfuit de Sodome au grand amusement de ses habitants qui, en le voyant passer, criaient sans doute "Illusion, fourberie, imposture!!!" dans leur persuasion que cette prophétie n'était qu'une figure. Voilà l'exemple d'un homme sauvant sa vie par une "prescience" qui lui fut communiquée, tandis qu'une ville tout entière périt dans les flammes. Quel bonheur pour Lot de ne pas connaître notre manière moderne d'interpréter les prophéties ! S'il était entré dans sa tête qu'il devait sortir spirituellement de Sodome, au lieu de le faire littéralement, il aurait péri comme les autres.

Le pouvoir de Prescience

Examinons maintenant une prophétie de Joseph dans le pays d'Egypte: "Voici, il y aura sept années de grande abondance dans tout le pays d'Egypte. Sept années de famine viendront après elles; et l'on oubliera toute cette abondance au pays d'Egypte, et la famine consumera le pays. Cette famine qui suivra sera si forte qu'on ne s'apercevra plus de l'abondance dans le pays" [9]. Alors Joseph donna des instructions pour faire remplir les greniers de blé durant les sept années d'abondance, afin de se prémunir contre la famine. Et Pharaon, aussi peu versé que ses prédécesseurs dans nos systèmes modernes de théologie, n'eut jamais la pensée d'interpréter cette prophétie autrement que dans le sens le plus littéral. Il fut ainsi, conjointement avec Joseph, un instrument dans les mains du Seigneur, pour sauver de la famine non seulement son peuple, mais aussi la maison d'lsraël. Exemple non moins frappant du pouvoir de la prescience, il préserva l'Egypte de la famine, et fit passer Joseph d'un cachot dans un palais, en l'élevant du dernier degré d'abaissement jusqu'au faîte des honneurs, au point qu'on cria devant lui: "A genoux!" Mais que de victimes, quelles lamentations s'il n'avait été question que d'une famine spirituelle et de blé spirituel!


Après ces exemples empruntés aux temps primitifs, nous allons effleurer en passant quelques-uns des principaux faits prophétiques qui ont déjà reçu leur accomplissement, jusqu'à ce que nous arrivions aux grands prophètes de la maison d'Israël. Alors un vaste champ s'ouvrira devant nous, présentant successivement les plus remarquables événements de l'histoire, et nous amenant au commencement de la glorieuse dispensation des derniers temps.

Accomplissement des prophéties en lsraël

Le prophète Elie nous offre un trait digne de figurer dans cette étude. C'est la prédiction qu'il fit à Achab qu'il ne pleuvrait pas durant trois ans et plus, ce qui s'accomplit effectivement [19]. Elisée nous offre un trait non moins remarquable. Le Syrien Hazaèl vint le voir pour qu'il s'enquît auprès du Seigneur touchant le roi de Syrie, son maître, qui était malade. Le prophète, en le considérant attentivement, se mit à fondre en larmes. Hazaèl lui ayant demandé quel était le sujet de ses pleurs, Elisée lui répondit: "L'Eternel m'a révélé que tu seras roi de Syrie." Alors il se mit à lui dévoiler les cruautés qu'il exercerait un jour envers Israël, cruautés tellement horribles que nous les passerons sous silence pour ne pas offenser les oreilles délicates. Humilié d'entendre prophétiser qu'il commettrait de telles infamies, Hazaèl s'écria, plein d'étonnement: "Mais qu'est-ce que ton serviteur, ce chien, pour faire de si grandes choses?" Mais, chose surprenante à dire, cette prédiction s'accomplit rigoureusement à la lettre [11].

Nous lisons dans le 21e chapitre des II Chroniques, 14-15, qu'un écrit fut apporté à Joram de la part du prophète Elie, qui, après lui avoir reproché le crime de son apostasie et celui d'avoir massacré ses frères, de la maison de son père, qui étaient meilleurs que lui, se termine ainsi "Voici, l'Eternel frappera ton peuple d'une grande plaie, tes fils, tes femmes, et tout ce qui t'appartient; et toi, il te frappera d'une maladie violente, d'une maladie d'entrailles, qui augmentera de jour en jour jusqu'à ce que tes entrailles sortent par la force du mal." Nous voyons dans ce même chapitre que les Arabes et les Philistins pillèrent toutes ses richesses et lui enlevèrent ses femmes et ses enfants. Et, après cela, le Seigneur le frappa dans ses entrailles d'une maladie incurable, ses entrailles sortirent par la force de sa maladie, et il expira dans d'affreux tourments.

Josué prophétise au sujet de Jéricho

Le 26e verset du 6e chapitre du livre de Josué contient cette étonnante prédiction sur la ville de Jéricho: "Maudit soit devant l'Eternel l'homme qui se lèvera pour rebâtir cette ville de Jéricho. Il en jettera les fondements au prix de son premier-né et il en posera les portes au prix de son plus jeune fils." Après cette malédiction, Jéricho resta déserte pendant des siècles, personne n'osant s'exposer à de telles éventualités, en rebâtissant la ville. Après une longue suite de juges et de rois, après des centaines d'années, Hiel de Béthel, qui vivait sous le règne d'Achab, supposant probablement que le Seigneur avait oublié la malédiction prononcée par Josué contre Jéricho, osa rebâtir cette ville. Mais à peine en eût-il jeté les fondements qu'Abiram, son premier-né, mourut; puis, persévérant dans son endurcissement, il en construisit les portes, et perdit Segub, le plus jeune de ses enfants, conformément aux paroles de Josué [I Rois XVI, 34]. Nous pourrions remplir un volume de traits semblables disséminés dans la partie historique des Ecritures; mais, voulant aborder promptement et plus en détail l'examen des livres des Prophètes, et de leurs prédictions contre Jérusalem, Babylone, Tyr, l'Egypte et diverses autres nations, nous bornerons là nos citations.

Le rêve de Nébucadnetsar

Babylone, ville la plus ancienne et la plus célèbre du monde, était agréablement située sur les bords d'une importante rivière qui serpentait majestueusement à travers les plaines de Shinar, non loin de l'endroit où s'élevait jadis la tour de Babel. Divisée en quatre parties principales, entourée d'une muraille de plus de trois cents pieds de haut et d'une circonférence de vingt lieues, et décorée de cent portes d'airain bardées de fer, dont vingt-cinq situées dans chaque division qui donnaient naissance à autant de rues longues de cinq lieues dans l'intérieur de la ville, cette immense capitale était ainsi disposée en vastes carrés réguliers d'une même étendue. Au centre de ces places, on voyait de splendides jardins ornés d'arbustes et de fleurs, et des promenades couvertes d'arbres, et les maisons, donnant directement sur les rues, étaient bâties aux extrémités des carrés. Au centre de la Cité s'élevait le magnifique palais du roi Nébucadnetsar, qui dictait ses lois à tout l'univers. Ce puissant monarque était, une nuit, plongé dans le sommeil, quand il plut au Seigneur de soulever devant lui le sombre voile de l'avenir et de lui présenter en vision l'histoire du monde, dans tout son ensemble, jusqu'à la consommation de toutes choses.

"Il voyait une grande statue, dont la tête était d'or très pur; sa poitrine et ses bras étaient d'argent; son ventre et ses cuisses étaient d'airain; ses jambes de fer; ses pieds, en partie de fer et en partie d'argile. Il regardait, lorsqu'une pierre se détacha sans le secours d'aucune main, frappa les pieds de fer et d'argile de la statue, et les mit en pièces. Alors, le fer, l'argile, l'airain, l'argent et l'or furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été; le vent les emporta, et nulle trace n'en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre."


Lorsque Daniel fut amené devant le roi pour lui dire quel songe il avait eu et lui en donner l'interprétation, il s'écria: "Il y a dans les cieux un Dieu qui révèle les secrets et qui a fait connaître au roi Nébucadnetsar ce qui arrivera dans la suite des temps."

Daniel interprète le songe de Nébucadnetsar

Puis, après avoir dit au roi quel songe il avait eu, il poursuivit en ce termes: "O roi, tu es le roi des rois car le Dieu des cieux t'a donné l'empire, la puissance, la force et la gloire; il a remis entre tes mains, en quelque lieu qu'ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t'a fait dominer sur eux tous: c'est toi qui es la tête d'or. Après toi, il s'élèvera un autre royaume, moindre que le tien; puis, un troisième royaume, qui sera d'airain, et qui dominera sur toute la terre. Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces. Et, comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l'argile. Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d'argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile. Tu as vu le fer mêlé avec l'argile, parce qu'ils se mêleront par des alliances humaines; mais ils ne seront point unis l'un à l'autre, de même que le fer ne s'allie point avec l'argile. Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d'un autre peuple il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même, subsistera éternellement. C'est ce qu'indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d'aucune main et qui a brisé le fer, l'airain, l'argile, l'argent et l'or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable et son explication est certaine" [12].

Réalisation du songe de Nébucadnetsar

Nous venons de voir se dérouler successivement devant nous, d'abord le royaume de Nébucadnetsar, première monarchie universelle; puis l'empire des Perses et des Mèdes qui conquirent Babylone sur le roi Belsçatsar, et régnèrent sur toute la terre; ensuite celui des Grecs sous l'empereur Alexandre, qui fit la conquête de l'univers et lui dicta des lois du milieu de Babylone; quatrièmement, l'empire Romain qui subjugua toutes les nations; cinquièmement, sa division en empire d'Orient et en empire d'Occident, et puis sa dissolution ou subdivision en divers royaumes, tels qu'ils existent dans l'état actuel de l'Europe, royaumes représentés par les pieds et les orteils de la statue, en partie de fer et en partie d'argile. En dernier lieu, nous avons vu qu'il s'élèverait un royaume entièrement nouveau, suscité et organisé par le Dieu du ciel aux derniers jours, ou durant le règne de ces rois figurés par les pieds et les orteils. Ce dernier royaume ne doit jamais changer de maître ni passer à un autre peuple, comme tous ceux qui l'ont précédé, mais il doit mettre en pièces tous les autres royaumes et subsister à jamais.

Certains docteurs prétendent que ce dernier royaume n'est autre que le royaume de Dieu, qui fut organisé du temps de Jésus-Christ ou des Apôtres. Mais il est impossible de faire une plus grossière bévue. Le royaume de Dieu établi du temps de Jésus-Christ ou des Apôtres ne mit en pièces aucun des royaumes de la terre. Au contraire, on lui fit la guerre et il fut subjugué, en accomplissement de ces paroles du prophète Daniel [VII, 21]: Je vis cette corne faire la guerre aux saints et l'emporter sur eux... [verset 22]. Jusqu'au moment où l'ancien des jours vint donner droit aux saints du Très-Haut, et le temps arriva où les saints furent en possession du royaume...[27]. Le règne, la domination et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son règne est un règne éternel, et tous les dominateurs le serviront et lui obéiront."

Le royaume de Dieu sera établi

Jean, dans son apocalypse [13], nous apprend qu'il "fut donné à la bête de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Et il lui fut donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation". En accomplissement de ces paroles, le pouvoir fut donné aux autorités de la terre de tuer les Apôtres et les hommes inspirés; et s'il en resta quelques-uns, ils furent bannis de toute société humaine ou forcés de se réfugier dans des îles désertes ou dans des cavernes. C'étaient des hommes dont le monde n'était pas digne. Et, en même temps, de faux docteurs et de faux prophètes furent introduits à leur place, que les hommes se choisirent eux-mêmes, parce qu'ils ne voulaient point supporter de saines doctrines. C'est ainsi que le royaume de Dieu "se désorganisa et disparut" de la terre, c'est ainsi qu'il fut remplacé par des doctrines et par des églises purement humaines. Mais nous nous réservons de traiter plus amplement ce sujet ailleurs. Remarquons simplement que le royaume dont parle Daniel est un royaume que le Dieu du ciel doit susciter et organiser lui-même aux derniers jours, sans rien emprunter aux institutions et aux préceptes des hommes. Une fois organisé, il ne cessera jamais de s'accroître; toutes les puissances de la terre et de l'enfer ne sauraient entraver ses progrès, jusqu'à ce qu'enfin l'Ancien des jours se soit assis sur son trône, et que le Seigneur Jésus vienne dans les nuées du ciel, revêtu d'une grande gloire et d'une grande puissance, en Roi des rois et en Seigneur des Seigneurs, détruire tous les royaumes et donner "aux saints" l'empire de l'univers. Alors il n'y aura plus qu'un Dieu et qu'un Seigneur, et il sera l'unique Roi de toute la terre.

Revenons à Nébucadnetsar, que Dieu, par la bouche de Jérémie, appelle "mon serviteur pour exécuter ses jugements contre les nations". Il paraît que le Seigneur n'avait exalté ce grand monarque, en l'armant de son propre glaive et en lui donnant une grande puissance, que dans le but formel d'exécuter ses jugements et de châtier toutes les nations de la terre. Jérémie nous apprend [XXV] que le Seigneur avait résolu de faire marcher Nébucadnetsar et ses armées contre Jérusalem et contre toutes les nations voisines, pour les mettre sous le joug et dans la désolation durant soixante-dix ans, et qu'après ces soixante-dix ans il tournerait sa colère contre le roi de Babylone et sa nation, et les châtierait à cause de leurs iniquités. Or, qui pourrait parcourir l'histoire donnant le récit de ces grands événements, indiqués avec tant d'exactitude dans Jérémie, Esaie et Ezéchiel, sans être frappé d'étonnement et d'admiration à la vue de ce merveilleux don de prophétie qui mettait alors ces hommes en état de faire l'histoire de l'avenir, comme on lit de nos jours celle du passé. En effet, un lecteur du XXe siècle, tenant en ses mains l'histoire de Babylone, l'histoire des Mèdes et des Perses, des Grecs, des Romains et des Egyptiens, ainsi que celle des Juifs, pourrait à peine se mettre mieux au courant des événements qui se sont passés parmi ces nations, que ne l'étaient les Prophètes soixante-dix ans avant leur accomplissement.

Les Juifs furent asservis par Nébucadnetsar; Jérusalem et le Temple furent réduits en cendres; leurs princes, leurs nobles et le peuple furent transportés à Babylone, ainsi que tous les objets sacrés. Toutes les particularités qui marquèrent ce grand désastre furent clairement prédites par Jérémie, aussi bien que le temps de la captivité, à savoir, soixante-dix ans. Après avoir soumis les Juifs, le roi de Babylone fit marcher son armée contre Tyr, la capitale du monde commercial de cette époque, ville située sur la mer et entourée non seulement par la mer, mais d'une forte muraille, une place si bien fortifiée exigea des efforts inouïs; il fallut la persévérance et toute l'habileté de Nébucadnetsar et de son armée, pour en venir à bout; enfin, après des travaux longtemps prolongés, ils parvinrent à s'emparer de Tyr et réduisirent ses habitants en servitude pendant soixante-dix ans. Puis, ils revinrent et rebâtirent leur ville, car Jérémie avait prédit la prise de Tyr, sa captivité durant soixante-dix ans et sa restauration après ce laps de temps. Après son rétablissement, la ville de Tyr redevint florissante, mais elle fut ensuite réduite à une extrême désolation. On voit encore de nos jours quelques-unes de ses ruines au fond de la mer; l'emplacement qu'elle occupait n'est plus qu'un rocher stérile habité par de pauvres pêcheurs. Cette désolation perpétuelle, et même ces débris misérables, avaient été clairement prédits par les Prophètes.

Nébucadnetsar accomplit les buts de Dieu

Après la conquête de Tyr par le roi de Babylone, pour dédommager ses soldats des souffrances extrêmes qu'ils avaient endurées pendant le siège, le Seigneur lui promit par la bouche d'Ezéchiel de lui donner les dépouilles de l'Egypte, comme salaire à son armée et récompense de ses services. Ce que Nébucadnetsar effectua, en faisant la conquête de l'Egypte et en réduisant ses habitants en servitude durant soixante-dix ans.
 

Puis, il faut le suivre, exécutant les décrets vengeurs du Seigneur contre Uz, sur les rois des Philistins, sur Askelon et Azaah; sur Ekron, Edom, Moab, Ammon, Dedan, Buz et Tema; sur les rois de l'Arable, Zimri et Elam; sur tous les rois des Mèdes; sur tous les princes du Nord, voisins ou éloignés; enfin contre toutes les nations de la terre qui étaient ivres jusqu'au vomissement, et qui devaient disparaître à jamais sous les coups de son épée. Mais lorsque Dieu eut accompli ces desseins contre ces peuples et ces rois, il résolut de châtier à son tour ce grand monarque et ses successeurs, ainsi que la superbe Babylone, et toute la nation. Il voulut les frapper d'une éternelle désolation; et, cela, à cause de leur extrême arrogance. Le Seigneur s'écria: "La hache se glorifie-t-elle envers celui qui s'en sert? Ou la scie est-elle arrogante envers celui qui la manie ?…" [14].


Mais pour retracer les événements qui amenèrent le retour des Juifs, et des autres nations, de leur captivité de soixante-dix ans, ainsi que le châtiment de Babylone, les prophètes introduisent un homme bien différent de Nébucadnetsar. Appelé dans les Ecritures l'Oint du Seigneur, on peut le considérer comme l'un des caractères les plus extraordinaires que le paganisme ait jamais produits. Sa douceur, sa persévérance, son courage, ses succès, mais par-dessus tout sa stricte obéissance aux commandements de ce Dieu que ni lui ni ses pères n'avaient jamais connu, tout tend à démontrer qu'Esaïe ne se trompait point, quand il l'appelait par son nom comme l'Oint du Seigneur, pour délivrer les nations de la servitude, pour dompter et châtier la plus grande ville et la plus vaste monarchie qui aient jamais existé sur la terre, pour opérer la restauration des Juifs, et rebâtir Jérusalem et le Temple. Il était réellement un de ces hommes rares, qui n'apparaissent dans le monde que pour réaliser de grandes choses. Mais voyons en quels termes le prophète lui-même en parle [Esaïe XLV, 1-6.]: "Ainsi parle l'Eternel à son oint, à Cyrus, qu'il tient par la main, pour terrasser les nations devant lui et pour relâcher la ceinture des rois, pour lui ouvrir les portes afin qu'elles ne soient plus fermées. Je marcherai devant toi, j'aplanirai les chemins montueux, je romprai les portes d'airain et je briserai les verrous de fer. Je te donnerai des trésors cachés, des richesses enfouies afin que tu saches que je suis l'Eternel qui t'appelle par ton nom, le Dieu d'Israël. Pour l'amour de mon serviteur Jacob, et d'Israël, mon élu, je t'ai appelé par ton nom, je t'ai parlé avec bienveillance, avant que tu me connusses. Je suis l'Eternel et il n'y en a point d'autre, hors moi, il n'y a point de Dieu; je t'ai ceint, avant que tu me connusses. C'est afin que l'on sache, du soleil levant au soleil couchant, que hors moi, il n'y a point de Dieu".


Il dit dans le 13e verset: "C'est moi qui ai suscité Cyrus dans ma justice et j'aplanirai toutes ses voies; il rebâtira ma ville, et libérera mes captifs, sans rançon ni présents, dit l'Eternel des armées". Le lecteur ne doit pas perdre de vue qu'Esaïe vivait environ cent ans avant la captivité des Juifs à Babylone, et cent-soixante-dix ans avant que Cyrus n'effectuât leur restauration.

Les grandes conquêtes de Cyrus

Ici je m'arrête, et je demande quel pouvoir, autre que le pouvoir de Dieu, eût été capable de mettre un homme en état d'en appeler un autre par son nom, un siècle avant sa naissance, et de prédire correctement l'histoire de sa vie? Quelles ne durent pas être sa surprise et son admiration, lorsque, après plusieurs années de guerres et de commotions, durant lesquelles il marcha de conquêtes en conquêtes, et il dépouilla de leurs trésors maintes nations, il vint camper enfin auprès des murs de la plus forte place de l'univers! Il avait là devant lui une muraille qui avait plus de 300 pieds d'élévation, avec ses portes d'airain bardées de fer. Muni de vivres pour plusieurs années, le peuple renfermé dans son enceinte se croyait à l'abri de toute atteinte. Comment songer à s'emparer d'une aussi forte place? Qui, à moins d'être inspiré du Grand Jéhovah, n'aurait pas reculé devant une pareille entreprise?

Mais Cyrus, ayant détourné le cours de l'Euphrate, et étant passé sous la muraille même de la ville dans le lit sec de la rivière, se trouva maître de Babylone, sans coup férir; alors même que le roi Belsçatsar se livrait à une orgie avec ses nobles et ses concubines, au cours de laquelle il avait fait apporter les vases d'or et d'argent que son père avait tirés du temple de Jérusalem. Déjà ses genoux s'étaient entrechoqués d'horreur, en voyant les doigts d'une main d'homme qui écrivait sa sentence sur l'enduit de la muraille, sentence que Daniel venait de lui interpréter, en lui apprenant que son royaume était donné aux Mèdes et aux Perses.

Après la conquête de cette grande monarchie, Cyrus, devenu l'arbitre de l'univers, dut admettre Daniel au nombre de ses amis. Le prophète l'initia sans doute à la connaissance des annales juives, et alors tout le mystère lui fut dévoilé il put voir que Dieu l'avait appelé par son nom, que sa puissante main l'avait ceint pour la bataille et avait dirigé toutes ses entreprises; il put alors comprendre pourquoi les trésors de la terre avaient afflué dans ses mains, pourquoi les rois avaient tremblé en sa présence, et pourquoi les portes d'airain s'étaient ouvertes, et leurs barres de fer s'étaient brisées. Tout cela s'était fait pour qu'il sût qu'il y avait un Dieu en Israël, qu'il n'y en avait pas d'autre, et que toutes les idoles n'étaient que pur néant; afin, aussi, qu'il opérât la restauration des Juifs, qu'il rebâtît Jérusalem et le Temple, et qu'il accomplît les desseins de Dieu concernant Babylone.

Cyrus décrète la reconstruction du Temple

En conséquence, il fit publier une proclamation pour inviter les Juifs à retourner dans leur patrie, et les peuples de son empire à les aider à rebâtir leur ville. On lit dans Esdras: "Ainsi parle Cyrus, roi des Perses: L'Eternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre, et il m'a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda. Qui d'entre vous est de son peuple? Que son Dieu soit avec lui et qu'il monte à Jérusalem, en Juda, et bâtisse la maison de l'Eternel, le Dieu d'Israël. C'est le Dieu qui est à Jérusalem" [15].
 

Quels puissants arguments, quelle irrésistible influence purent convaincre Cyrus que le Dieu du ciel habitait Jérusalem, qu'il était le seul vrai Dieu, et que c'était lui qui avait fait toutes ces choses? Il n'avait pourtant pas été élevé dans la foi de ce Dieu, ni dans les Saintes Ecritures. Il avait été jusqu'alors un adorateur zélé des idoles, et c'étaient elles seules qu'il invoquait dans sa jeunesse. A cela, je réponds c'était le pouvoir de Dieu rendu manifeste par les prophéties et leur accomplissement, non point dans un sens spiritualisé, non point d'une manière obscure, incertaine et difficile à comprendre, mais par une démonstration positive, simple et littérale, que nul ne pouvait rejeter ou nier. Esaïe nous apprend que tel était le but du Seigneur, en révélant ses desseins avec tant de clarté. Et Cyrus fit voir par sa conduite qu'il l'avait ainsi compris.
 

Remarquons ici que, lorsque nous aborderons cette partie des prophéties qui n'ont pas encore été accomplies, nous apporterons des preuves positives que les nations païennes des derniers jours seront également convaincues de la même manière que le fut Cyrus; c'est à dire qu'il y a certains événements clairement prédits par les Prophètes, pas encore accomplis, qui, après avoir reçu leur accomplissement, prouveront à ces nations l'existence du vrai Dieu; et elles reconnaîtront qu'il avait annoncé ces événements et qu'il les a accomplis. Et alors les grands docteurs et les savants théologiens de la chrétienté, comme toutes les sectes, qui donnent aux prophéties une autre interprétation que l'interprétation "littérale", resteront confondus et seront forcés de reconnaître que tout s'est accompli, comme il était écrit.

Désolation éternelle de Babylone

Mais revenons à nos recherches sur les prophéties et leur accomplissement. Les Prophètes avaient non seulement prédit la conquête de Babylone par Cyrus, mais ils avaient proclamé la destinée de cette ville jusqu'à la fin des temps. Ils avaient annoncé qu'elle serait frappée d'une complète désolation, et ne serait plus jamais habitée, même par les Arabes errants. "L'Arabe n'y dressera point sa tente", avait dit le prophète Esaïe [16].
 

Joseph Wolfe, le célèbre missionnaire juif, durant son voyage en Chaldée, s'informa auprès des Arabes s'ils dressaient leurs tentes parmi les ruines de Babylone. Ils répondirent négativement, déclarant qu'ils craindraient en le faisant d'être visités par l'esprit de Nimrod, le fameux chasseur. Ainsi toutes les prédictions des Prophètes sur cette puissante ville ont été accomplies.


L'ancien pays d'Edom nous offre un autre exemple frappant de l'accomplissement des prophéties. Ces prédictions sur Edom furent faites à une époque où le sol de ce pays était fort productif, bien cultivé, et couvert de villes et de villages florissants. Il ne reste maintenant de ces villes que des monceaux de ruines désolées, repaire des cormorans, des butors, des serpents, et des bêtes fauves. Le Seigneur a frappé le sol de stérilité et en a fait un désert depuis des siècles, en accomplissement formel des prophéties.

Daniel reçoit une vision des Royaumes

Arrêtons-nous un instant à la vision de Daniel sur le bouc et le bélier, rapportée dans le huitième chapitre de son livre. Nous engageons le lecteur à lire le chapitre tout entier. Pour nous, nous allons plus particulièrement nous attacher à l'interprétation de cette vision, telle qu'elle fut donnée par l'ange Gabriel à ce prophète. "Puis il me dit: Je vais t'apprendre ce qui arrivera au terme de la colère, car il y a un temps marqué pour la fin. Le bélier que tu as vu, et qui avait des cornes, ce sont les rois des Mèdes et des Perses. Le bouc, c'est le roi de Javan. La grande corne entre ses yeux, c'est le premier roi. Les quatre cornes qui se sont élevées pour remplacer cette corne brisée, ce sont quatre royaumes qui s'élèveront de cette nation, mais qui n'auront pas autant de force. A la fin de leur domination, lorsque les pécheurs seront consumés, il s'élèvera un roi impudent et artificieux. Sa puissance s'accroîtra, mais non par sa propre force; il fera d'incroyables ravages, il réussira dans ses entreprises, il détruira les puissants et le peuple des saints. A cause de sa prospérité et du succès de ses ruses, il aura de l'arrogance dans le coeur, il fera périr beaucoup d'hommes qui vivaient paisiblement, et il s'élèvera contre le chef des chefs; mais il sera brisé, sans l'effort d'aucune main."

Interprétation de la vision de Daniel

Dans cette vision, il est d'abord question de l'empire des Mèdes et des Perses, tel qu'il exista jusqu'à ce qu'il fût conquis par Alexandre le Grand. Or, c'est un fait bien connu que cet empire s'étendit de façon extraordinaire, un peu après la mort de Daniel, et qu'il poussa ses conquêtes vers le nord, le sud et l'ouest, au point de tout faire plier devant lui. Mais Alexandre, roi de Macédoine, arrivant de l'ouest, à la tête d'une petite armée d'hommes d'élite, vint attaquer les Perses sur les bords du Granique. Ayant lancé son cheval dans ses eaux, et suivi de son armée, il traversa la rivière et fondit impétueusement sur les Perses qui, rangés pour la bataille sur le rivage, étaient dix fois plus nombreux; mais, en dépit de leur nombre et quoiqu'ils eussent l'avantage du terrain, les Perses furent mis en pleine déroute. Alors les Grecs s'avancèrent dans l'intérieur du pays et, après avoir vaincu maintes fois les Perses en bataille rangée, ils les asservirent complètement. On sait qu'Alexandre le Grand subjugua toutes les nations les unes après les autres, et qu'après avoir fait la conquête de l'univers, il vint mourir à Babylone, à l'âge de trente-deux ans. Ainsi, après s'être accrue considérablement, la grande "corne" fut rompue, et à sa place il en surgit quatre autres vers les quatre vents des cieux. L'empire d'Alexandre fut divisé entre quatre de ses généraux, qui n'obtinrent jamais sa puissance. Et vers le déclin de ces royaumes, quand la transgression des Juifs fut arrivée à son comble, ces derniers furent rudement châtiés par les Romains, qui prirent Jérusalem, et firent cesser le sacrifice perpétuel. Les Romains ne s'arrêtèrent pas là, ils exterminèrent les hommes puissants et saints, c'est-à-dire les Apôtres et les premiers chrétiens, qui furent mis à mort par les autorités de Rome.

La science prophétique vient de Dieu

Nous vous le demandons: est-ce que l'histoire de notre pays nous rapporte plus clairement les événements passés, que la sagesse du prophète Daniel ne décrivit les événements de l'avenir, dont quelques-uns ne devaient s'accomplir qu'après de longs siècles, et que nulle sagacité humaine n'aurait jamais pu prévoir? De nos jours, l'homme, par son intelligence, est parvenu à faire bien des prodiges. Il peut parcourir les immenses solitudes de l'Océan sans vent ni marée; il peut s'élancer dans les nues sans le secours des ailes; sans l'aide des animaux, il franchit les distances avec une surprenante vélocité, et il fait circuler sa pensée avec la rapidité de la foudre. Mais il est un principe qu'il ne pourra jamais atteindre; non, pas même par la sagesse combinée des siècles; l'argent ne saurait l'acheter; il ne vient que de Dieu seul, et il est donné gratuitement à l'homme. Le prophète disait aux idoles: "Dites-nous ce qui arrivera, pour que nous sachions que vous êtes des dieux".

Les prophéties Messianiques

Maintenant nous allons démontrer avec quelle exactitude les prophéties furent littéralement accomplies en la personne de Jésus-Christ. "Voici, avait dit le prophète, la jeune fille deviendra enceinte et elle enfantera un fils" [17].


Bethléhem [18] devait être le lieu de sa naissance, et l'Egypte, où il séjourna avec ses parents, l'endroit d'où il devait être appelé [19]. Il vint habiter la ville de Nazareth, car il était écrit: "Il sera appelé Nazaréen" [20]. Il fit son entrée à Jérusalem sur un ânon, parce que le prophète avait dit: "Voici, ton Roi vient, doux et humble, monté sur un âne" [21].


Le prophète avait encore dit: "Il sera méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance; semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent; il n'a point ouvert la bouche. Il a été enlevé par l'angoisse et le châtiment; et parmi ceux de sa génération, qui a cru? Qu'il était retranché de la terre des vivants. Mais il était blessé pour nos péchés, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche" [22].


Aucun de ses membres n'est brisé [23]; ses vêtements sont tirés au sort [24] ; on lui donne du vinaigre et du fiel à boire; il est trahi pour trente pièces d'argent [25]; enfin, après sa mort, ayant été mis au sépulcre, il ressuscite triomphant le troisième jour, sans avoir subi la corruption [26].

Accomplissement littéral des prophéties messianiques

Maintenant, cher lecteur, Si vous eussiez accompagné le Rédempteur durant son séjour sur la terre, et que vous eussiez mis par écrit les circonstances particulières de sa vie et de sa mort, votre histoire ne serait pas plus clairement rédigée que celle que les Prophètes écrivirent des centaines d'années avant sa naissance. Une remarque importante à faire sur la manière dont les Apôtres interprétaient les prophéties, c'est qu'ils se bornaient à les citer, et signalaient ensuite leur accomplissement. Par cette méthode, ils étaient à même de produire, dans les synagogues, des preuves si convaincantes aux yeux des Juifs, que ceux-ci se trouvaient forcés de croire que le prétendu imposteur qu'ils avaient crucifié, était bien réellement le Messie. Mais si, à l'exemple des grands docteurs du jour, ils se fussent avisés de vouloir donner aux prophéties un sens spiritualiste ou une application incertaine, tout serait resté dans le doute et le vague, et, la certitude aurait disparu de la terre.

Prophétie concernant Jérusalem

Après avoir examiné les Prophètes de l'Ancien Testament, et avoir clairement démontré que l'accomplissement de leurs prédictions ne pouvait s'entendre que dans un sens littéral, on demandera peut-être si cela s'applique également aux prophéties du Nouveau Testament. Nous allons donc rapporter quelques exemples importants, puisés dans le Nouveau Testament; puis, nous explorerons le vaste champ des prophéties non encore accomplies.


L'une des prophéties les plus remarquables de la Bible nous a été donnée par Luc. La voici: "Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez alors que la désolation est proche. Alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui seront au milieu de Jérusalem en sortent, et que ceux qui seront dans les champs n'entrent pas dans la ville. Car ce seront des jours de vengeance, pour l'accomplissement de tout ce qui est écrit. Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là! Car il y aura une grande détresse dans le pays et de la colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant de l'épée, ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplis" [27].

Jérusalem foulée aux pieds par les Gentils

Cette prophétie comprend la destinée de Jérusalem, de son Temple, et de toute la nation juive depuis dix-huit siècles. Vers l'an soixante-dix, l'armée romaine vint assiéger Jérusalem. Les disciples de Jésus, se souvenant des avertissements qui leur avaient été donnés, quarante ans auparavant, par leur divin Maître, se réfugièrent dans les montagnes. La ville de Jérusalem fut prise après un long siège, au cours duquel les Juifs éprouvèrent les horreurs les plus extrêmes de la famine, de la peste et de l'épée. Ils remplirent des maisons de leurs morts, faute de place pour les enterrer, tandis que des femmes dévorèrent leurs propres enfants. Dans cette guerre, il périt, en Judée, près de quinze cent mille Juifs, sans compter les prisonniers. Le pays fut ravagé, le Temple détruit, la ville brûlée, et les misérables restes de ses habitants furent dispersés parmi toutes les nations de la terre. Depuis cette époque, leur situation n'a jamais varié; ils ont été chassés de ville en ville, de contrée en contrée, sous la fréquente et fausse accusation d'avoir commis les plus grands crimes, pour lesquels ils étaient exilés, et leurs biens confisqués. En effet, considérés le plus souvent comme des proscrits parmi les nations, la plante de leurs pieds ne pouvait nulle part trouver de repos; ils étaient partout un objet de mépris et de dérision, et on disait en les voyant "Voilà le peuple de Dieu, il a été banni de sa patrie".


Depuis lors, les Gentils ont possédé le pays de Canaan, et foulé aux pieds la cité sainte, où leurs pères avaient adoré le Seigneur. Or, au cours de cette longue captivité, les Juifs n'ont jamais perdu de vue leur patrie absente. Leurs yeux ont veillé, et leurs coeurs ont attendu en soupirant le jour où il leur sera permis de reprendre possession de ce riche héritage, légué à leurs pères, de rebâtir Jérusalem et le Temple, de rétablir leur prêtrise et leur ancien culte. Ils ont fait plusieurs tentatives de retour, mais ils y ont constamment échoué, car le Seigneur avait inaltérablement décrété que Jérusalem serait foulée aux pieds des Gentils jusqu'à ce que les temps des Gentils fussent accomplis. Moïse et les Prophètes s'étaient clairement exprimés dans leurs écrits, sur cette longue dispersion. Moïse avait même mentionné cette particularité que des enfants seraient secrètement mangés durant le siège, tant seraient affreuses les extrémités auxquelles ils seraient réduits. Quiconque lira le 28e chapitre du Deutéronome, lira l'histoire des calamités subies par les Juifs, prédites par Moïse avec toute la clarté qui caractérise l'histoire des événements du passé, et cela des milliers d'années avant leur accomplissement. ...

Accomplissement littéral de prophéties du Nouveau Testament

Nous citerons ensuite une prédiction qui se trouve dans les Actes, faite par le prophète Agabus qui, ayant pris la ceinture de Paul et s'en étant lié les mains et les pieds, s'écria: "Voici ce que déclare le Saint-Esprit: l'homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs le lieront de la même manière à Jérusalem et le livreront entre les mains des païens” [28]. L'accomplissement de cette prophétie est trop connu pour qu'il soit nécessaire de s'y arrêter. Nous allons donc passer à une prédiction de Paul: "Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité et se tourneront vers les fables" [29].


Cette prophétie a été accomplie à la lettre, car elle s'applique à tous les docteurs qui ont paru depuis Paul jusqu'à nos jours, à l'exception de ceux appelés par révélation directe et inspirés du Saint-Esprit. Mais pour convaincre le lecteur qu'elle a été rigoureusement accomplie, nous n'avons qu'à lui faire jeter les yeux sur les innombrables prêtres qui, de nos jours, prêchent pour de l'argent, qui ne remplissent leurs fonctions que pour un salaire, et n'ont reçu leur autorité que des hommes. Quant aux fables qu'ils débitent, nous n'avons besoin que de mentionner les interprétations spiritualistes et privées des Ecritures, qui se font entendre de presque toutes les chaires ou qu'on lit dans toutes les publications religieuses.


Mais il y a une autre prophétie de Paul bien digne de fixer notre attention, car elle dépeint parfaitement l'époque actuelle. En voici le texte: "Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, emportés, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Eloigne-toi de ces hommes-là" [30].

Condition prédite du Christianisme moderne

Par le dernier verset, nous apprenons à notre grand étonnement que ce total d'affreuse perversité ne s'applique "seulement" qu'à ceux qui font profession de religion, c'est-à-dire que Paul a prédit que ce serait là le caractère des hommes des derniers jours, se parant du titre de chrétiens. Ne tressaillez pas, cher lecteur, nous ne faisons pas cette application sans une preuve convaincante, et s'il vous reste encore quelque doute sur le témoignage de Paul à cet égard, jetez un coup d'oeil autour de vous, et jugez par vous-mêmes. "Vous les connaîtrez par leurs fruits".


Mon coeur s'afflige en traçant ces lignes. Hélas! en sommes-nous arrivés là? L'esprit de vérité n'a-t-il soulevé le voile de l'obscurité de dessus les derniers jours, que pour nous montrer un peuple d'apostats, une église déchue, corrompue, remplie de toutes sortes d'abominations, et méprisant même les justes; tandis qu'il ne lui reste qu'une vaine forme de sainteté, et qu'elle nie le pouvoir du Seigneur; c'est-à-dire qu'elle rejette l'inspiration directe et les dons surnaturels du Saint-Esprit, qui constituent toujours l'Eglise du Christ? Etait-ce seulement pour cela que le Saint-Esprit, dévoilant à quelques élus les événements futurs, leur fit contempler l'aurore radieuse des derniers jours? O vous, Prophètes et Apôtres, saints hommes des temps passés, qu'avez-vous fait, si vous vous arrêtez là? Et que deviendrions-nous, si vos visions prophétiques, en remontant le cours des siècles, n'avaient pas dépassé les temps actuels? Hélas! vous avez rempli nos coeurs de chagrin et de désespoir; vous avez laissé les Juifs errants dans la tristesse et dans les ténèbres, loin de tout ce qu'ils estiment le plus au monde; la terre de leur héritage est dans la désolation. Jérusalem est encore au pouvoir des Gentils, le Temple n'est plus et eux-mêmes méconnaissent le vrai Messie? Après avoir été greffés sur l'olivier franc et avoir largement puisé de sa sève, les Gentils, à l'exemple des Juifs, ont apostasié et, à cause de leur incrédulité, ils sont comme des arbres ne portant plus de fruits, morts et déracinés; ils n'ont qu'une vaine forme de sainteté; et les dons et les pouvoirs qui caractérisaient l'ancienne Eglise ont disparu de la terre. Etait-ce là le but de tous vos travaux? Est-ce pour cela que vous avez tant voyagé, tant peiné, et que vous avez versé votre sang et perdu la vie? Répondez. S'il vous reste un mot de consolation touchant l'avenir, prononcez-le promptement, pour que nos âmes ne languissent plus, désespérées, dans cette sombre vallée de larmes.
 


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[1] 2 Pierre 1: 19-21.
[2] Romains 15: 4.
[3] 1 Corinthiens 2: 11-16.
[4] 1 Corinthiens 12: 31; 14 : 5.
[5] 2 Pierre 1: 20.
[6] Genèse 6 : 1
[7] Genèse 15: 13-16.
[8] Genèse 19: 12-13.
[9] Genèse 41: 29-31.
[10] 1 Rois 17: 1; 18 : 41-45.
[11] 2 Rois 8: 7-15; 9: 14; 10: 32; 12: 17; 13: 22.
[12] Daniel 2: 28, 37-45.
[13] Apocalypse 13: 7.
[14] Esaïe 10: 15.
[15] Esdras 1: 2-3.
[16] Esaïe 13: 19-22.
[17] Esaïe 7: 14
[18] Michée 5: 2.
[19] Osée 11: 1.
[20] Matthieu 2: 23.
[21] Zacharie 9: 9.
[22] Esaïe 53: 1-12.
[23] Exode 12: 46.
[24] Psaumes 22: 18.
[25] Zacharie 11: 13.
[26] Esaïe 26: 19; Psaume 16: 10.
[27] Luc 21: 20-24.
[28] Actes 21: 10-11.
[29] 2 Timothée 4 : 3-4.
[30] 2 Timothée 3: 1-5.


 

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