CHAPITRE TROIS : Le royaume de Dieu

L'Eglise est le royaume

" Cherchez premièrement le Royaume de Dieu " [1].

 

Tel était le commandement du Sauveur, tandis qu'il enseignait les enfants des hommes sur la terre.

Après avoir fait un examen général des prophéties, passées et futures, pour obéir à ce commandement, nous nous mettrons à la recherche du royaume de Dieu. Mais, avant de commencer, je préviendrai de nouveau le lecteur de ne pas m'accompagner dans ces recherches, à moins qu'il ne soit prêt à tout sacrifier à la cause de la vérité, même sa réputation, que dis-je? Sa vie même si cela est nécessaire: car un seul coup d'oeil sur le royaume de Dieu lui donnera un tel enthousiasme, qu'il ne sera satisfait que lorsqu'il en sera devenu sujet. Et pourtant il est si différent de tous les autres systèmes religieux qu'il sera surpris qu'aucune personne ait pu, la Bible à la main, prendre jamais un de ces systèmes humains pour le royaume de Dieu. Il y a certains pouvoirs, privilèges et bénédictions, appartenant au royaume de Dieu, qu'on ne trouve dans aucun autre royaume, et dont ne jouit aucun autre peuple. Il s'est toujours distingué, par là, de tous les autres systèmes et gouvernements; au point que celui qui cherche le royaume de Dieu, dès qu'il est instruit de ces particularités, ne peut jamais se méprendre ou être en peine de savoir quand il l'a trouvé. Mais avant d'avancer plus loin dans nos recherches, mettons-nous d'accord sur la signification de ce terme : le royaume de Dieu, ou du sens dans lequel nous l'emploierons. Car il y en a qui donnent cette désignation au séjour de la gloire céleste, d'autres la donnent aux félicités individuelles de leurs propres âmes, et d'autres enfin désignent ainsi le gouvernement de Dieu organisé sur la terre. Pour ce qui nous concerne, lorsque nous parlons du royaume de Dieu, il est bien entendu que nous voulons parler de son gouvernement organisé sur la terre

Eléments essentiels du royaume de Dieu

Maintenant, lecteur, nous nous élançons dans le vaste domaine ouvert devant nous, pour nous mettre à la recherche d'un royaume. Mais, arrêtez : une question.


- Qu'est-ce qu'un royaume? Je réponds : Quatre choses sont indispensables pour constituer un royaume, soit au ciel, soit sur la terre; savoir premièrement, un roi ; deuxièmement, des officiers commissionnés et dûment qualifiés pour exécuter ses lois et ses ordonnances ; troisièmement, un code de lois par lesquelles les sujets sont gouvernés ; et quatrièmement, des sujets qui sont gouvernés. Là où ces quatre éléments existent dans leur ordre propre et régulièrement constitués, là se trouve un royaume; mais là où l'un ou l'autre de ces éléments cesse d'exister, le royaume se trouve désorganisé; conséquemment il n'y a plus là de royaume jusqu'à ce qu'il soit réorganisé de la même manière qu'auparavant. Sous ce rapport, le royaume de Dieu est semblable aux autres royaumes partout où nous trouvons des officiers dûment qualifiés et commissionnés par le Seigneur Jésus, administrant ses ordonnances et ses lois en toute pureté, et sans mélanges de préceptes ou commandements humains, là existe le royaume de Dieu, là son pouvoir se manifeste, et on y possède les mêmes bénédictions qu'aux anciens jours.

Le Royaume établi autrefois

Nous allons examiner maintenant comment fut établi le royaume de Dieu, au jour des Apôtres. Le premier avis de son approche en fut donné par un ange à Zacharie, lui promettant un fils qui serait le précurseur du Roi pour lui préparer le chemin. La deuxième manifestation se fit par un saint ange à Marie, et ensuite à Joseph, leur annonçant la naissance du Messie; tandis qu'en même temps le Saint-Esprit manifestait à Siméon, dans le temple, qu'il ne mourrait point sans voir le Sauveur. Ainsi ces personnes, comme aussi les bergers et les Mages de l'Orient, eurent à se livrer à des transports de joie glorieusement ineffable, pendant qu'autour d'eux le monde ignorait la cause de leur joie. Après ces choses, tout parut rester dans une attente silencieuse, jusqu'à ce que Jean, parvenu à la virilité, surgit du désert de la Judée, avec une proclamation aussi nouvelle qu'étrange et criant « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » [2], administrant le baptême de repentance aux Juifs, et leur annonçant ouvertement que le Roi était déjà parmi eux, sur le point d'y fonder son royaume. Et pendant qu'il administrait encore, le Messie vint et fut baptisé et scellé par l'esprit de Dieu, qui se posa sur lui sous la forme d'une colombe; et bientôt après, il se mit à faire la même proclamation que Jean, en disant :


" Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche " [3]. Alors, après avoir choisi douze disciples, il les envoya dans toutes les villes de la Judée, avec cette même proclamation " Le royaume des cieux est proche ". Puis, il envoya soixante-dix hommes, et ensuite soixante-dix autres, répandre les mêmes nouvelles, de manière que tous fussent bien avertis et préparés pour un royaume qui allait être bientôt organisé parmi eux.

Mais quand ces faits eurent produit l'effet désiré, en faisant naître une attente générale, plus particulièrement dans le coeur de ses disciples, qui s'attendaient chaque jour à triompher de leurs persécuteurs par le couronnement de ce glorieux personnage, tandis qu'ils espéraient recevoir eux-mêmes une récompense pour toutes leurs fatigues et leurs sacrifices, en obtenant les premières dignités autour de son trône, quel ne dut pas être le désappointement de ces mêmes disciples, lorsqu'ils virent leur Roi pris et crucifié, après avoir été raillé, bafoué, tourné en ridicule, et finalement vaincu et écrasé, tant par les Juifs que par les Gentils?

Christ crucifié et réssuscité

Ils auraient volontiers perdu la vie en combattant pour le placer sur le trône; mais se soumettre humblement et sans résistance, faire l'abandon de toutes leurs espérances et sombrer dans le désespoir le plus profond au comble de l'enthousiasme, c'était en vérité plus,qu'ils ne pouvaient supporter. Supposant donc que tout était fini, ils se dispersèrent, remplis de chagrin; et chacun retournant à ses filets de pêcheur, ou à d'autres occupations, ils faisaient probablement des réflexions semblables à celles-ci : Est-ce là tout le fruit de nos travaux? Est-ce pour cela qu'ayant tout quitté, amis, maisons et terres, nous avons subi des persécutions, la faim, la fatigue et l'opprobre? Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais hélas! ils l'ont tué, et tout est fini. Pendant trois ans nous avons provoqué un état d'attente générale dans toute la Judée en annonçant que le royaume des cieux était proche mais maintenant que notre roi est mort, comment oserions-nous regarder le peuple en face?

Avec ces réflexions, chacun ayant pris son parti, tout retomba dans le silence; aucune voix ne cria plus dans la Judée : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. Jésus dormait dans les bras de la mort; une grosse pierre avec le sceau de l'Etat, défendait la tombe où reposait son corps; la garde romaine, attentive et silencieuse, veillait à la conservation de son dépôt, quand tout à coup un ange puissant descendit des régions célestes et roula la pierre de l'entrée du supulcre; à sa vue les soldats reculèrent comme frappés de mort; et le Fils de Dieu, s'étant réveillé, brisa les liens de la mort; et bientôt apparaissant à Marie, il l'envoya porter à ses disciples la joyeuse nouvelle de sa résurrection et leur désigna un lieu pour se réunir avec eux.

Après l'avoir revu, la douleur des disciples fut changée en joie, et toutes leurs espérances se ranimèrent; ils n'eurent plus à crier : Le royaume des cieux est proche, mais ils reçurent l'ordre de demeurer à Jérusalem, jusqu'à la fondation du royaume. Là, ils se préparèrent à ouvrir la porte du Royaume, et à y introduire des étrangers, en les adoptant légalement comme citoyens de ce royaume par l'administration de certaines lois et ordonnances, qui étaient invariablement des lois d'adoption, sans lesquelles nul ne pouvait devenir citoyen du royaume.

Points particuliers ayant toujours distingué le royaume

Après être monté aux cieux et avoir été revêtu de toute autorité au Ciel et sur la terre, Il revint à ses disciples et Il leur donna les pouvoirs en ces termes « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé, mais celui qui ne croira pas, sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris » [4].


Mon désir est que le lecteur pèse bien les termes de cette commission, jusqu'à ce qu'il la comprenne parfaitement, vu que, dès qu'il la comprendra, il n'aura plus à se méprendre à l'égard du royaume de Dieu, mais il pourra reconnaître ces particularités qui devaient le distinguer de tous les autres royaumes ou systèmes religieux du monde. Et de crainte qu'il ne comprenne mal, nous allons analyser la commission donnée aux Apôtres, en examiner soigneusement chaque partie dans toute leur portée. Premièrement, ils devaient prêcher l'Evangile, ou, en d'autres termes, la bonne nouvelle d'un Rédempteur crucifié et ressuscité, à tous les hommes; deuxièmement, celui qui croyait, et qui était baptisé serait sauvé; troisièmement, celui qui ne croyait pas ce qu'ils lui prêchaient serait condamné; et quatrièmement, ces signes suivraient ceux qui croiraient - d'abord, ils devaient chasser les démons; secondement, parler de nouvelles langues; troisièmement, chasser des serpents ; quatrièmement, s'ils venaient à prendre un breuvage mortel, il ne leur ferait pas de mal; cinquièmement, ils devaient imposer les mains aux malades, et ils les guériraient.

Signes suivant toujours les croyants

Maintenant, il n'y a qu'un aveuglement obstiné, ou l'ignorance de la langue française, qui ait jamais pu faire naître un malentendu là-dessus. En effet, les uns prétendent que ces signes ne devaient suivre que les Apôtres ; les autres soutiennent que ces signes ne devaient suivre les croyants que durant ce siècle-là. Mais Jésus-Christ place la prédication, la foi, le salut, et les signes qui devaient suivre les croyants, tous ensemble sur le même pied; là où l'une de ces choses était limitée, les autres devaient l'être aussi ; et là où l'une cessait d'exister, les autres cessaient également d'exister. Si le langage limite ces signes aux Apôtres, il limite aussi la foi et le salut aux mêmes Apôtres. Si d'autres personnes, après le temps des Apôtres, ne devaient plus obtenir les signes promis, il s'ensuit que ces personnes n'auraient eu ni à croire ni à faire leur salut. Ensuite, si le langage limite ces signes au premier siècle ou aux premiers siècles du Christianisme, il limite également le salut aux premiers siècles du Christianisme; car les uns sont précisément autant limités que les autres; et là où les signes sont en vigueur, le salut l'est aussi; et là où les signes cessent, le salut doit cesser pareillement.

Et nous pourrions aussi bien dire que, de nos jours, nous n'avons pas plus besoin de la prédication de l'Evangile que de la foi et du salut, et que ces choses n'avaient été données que pour établir l'Evangile ; que de soutenir que les signes ne sont plus maintenant nécessaires, et qu'ils n'avaient été données au commencement que pour fonder l'Evangile. Mais, dira le lecteur frappé d'étonnement : Est-ce que ces signes n'ont pas cessé d'exister parmi les hommes? Je réponds : démontrer qu'ils ont cessé d'exister, c'est démontrer que l'Evangile a cessé d'être prêché, que les hommes ont cessé de croire et d'être sauvés, et que le royaume de Dieu n'existe pas sur la terre; ou bien ce serait prouver que Jésus-Christ était un imposteur, et ses promesses vaines.

Don du Saint-Esprit essentiel au royaume

Après avoir donné l'analyse et expliqué la commission donnée aux Apôtres, poursuivons nos recherches sur l'organisation du Royaume de Dieu, aux jours des Apôtres. Le Sauveur, leur ayant donné leur autorité, leur ordonna d'attendre à Jérusalem et de ne commencer leur mission, que lorsqu'ils auraient été revêtus des pouvoirs d'en-haut. Pourquoi ce délai? Parce que nul ne fut jamais qualifié, et ne le sera jamais, de prêcher cet Evangile, et toutes les choses que Jésus leur ayant commandé d'enseigner, sans le Saint-Esprit. Et ce Saint-Esprit est bien différent de celui qu'ont tant de docteurs de nos jours dépourvus de toute inspiration; car le Saint-Esprit, dont parlait Jésus, devait guider ses disciples à toutes vérités, rappeler toutes choses à leur souvenir, tout ce qu'il leur avait enseigné, et leur montrer les choses de l'avenir; sans mentionner le fait qu'il les mettrait en état de parler dans toutes les langues de la terre.


Or, un homme qui prêche a le plus grand besoin de ce Saint-Esprit; premièrement, pour être guidé vers toutes vérités afin qu'il sache ce qu'il doit enseigner; secondement, pour fortifier sa mémoire, de crainte qu'il ne néglige d'enseigner quelques-unes des choses à lui commandées; et troisièmement, il a besoin de connaître les événements de l'avenir, pour qu'il puisse prévenir ses auditeurs des dangers qui approchent; et c'est ce qui le constitue prophète.


D'après ce qui précède, le lecteur peut voir combien Jésus tenait à ce que nul ne prêchât son Evangîle, sans le Saint-Esprit. Il peut voir également combien l'Esprit de Vérité diffère de ces esprits répandus dans le monde, qui égarent les hommes sous le nom du Saint-Esprit. Si les églises de nos jours ont le Saint-Esprit, pourquoi sont-elles si en peine de comprendre la vérité? Pourquoi marchent-elles dans des voies si différentes? Pourquoi tant de doctrines diverses? Pourquoi ont-elles besoin de bibliothèques entières de sermons, de traités, de dissertations théologiques, de controverses, d'opinions et d'arguments, produits de la sagesse humaine et ne faisant pas même profession d'être inspirés? Oh! combien le Seigneur a raison de dire d'elles : « Et la crainte qu'il a de moi n'est qu'un précepte de trahison humaine » [5]. Mais, pour en revenir à notre sujet, les Apôtres attendirent à Jérusalem jusqu'à ce qu'ils fussent revêtus des pouvoirs d'en-haut, et ils commencèrent alors à proclamer l'Evangile.

Le baptême : porte du royaume

Nous venons de découvrir plusieurs choses relativement au royaume : 1. Nous avons trouvé que le Roi est assis à la droite de Dieu, et qu'entre ses mains est remise toute puissance dans les cieux et sur la terre; 2. Nous avons vu que des officiers étaient dûment commissionnés et nommés pour administrer les affaires du royaume; 3. Nous avons reconnu que les lois par lesquelles les citoyens devaient être gouvernés ETAIENT TOUT CE QUE JESUS AVAIT COMMANDE A SES DISCIPLES DE LEUR ENSEIGNER.

Maintenant, si nous pouvons découvrir comment les hommes devenaient citoyens de ce royaume, j'entends quant aux règles de l'adoption, nous aurons alors trouvé le royaume de Dieu dans ce siècle; et nous serons fort mécontents de tout ce qui, de nos jours, a la prétention d'être le royaume de Dieu, et qui n'est pas conforme au modèle.

Or, il advint qu'il n'y avait pas de citoyens naturellement nés dans ce royaume, car les Juifs comme les Gentils étaient compris dans le péché et l'incrédulité; nul ne pouvait devenir citoyen sans la loi d'adoption, et tous ceux qui croyaient au nom du Roi avaient la faculté d'entrer dans son royaume; mais il existait une règle ou plan invariable par lequel ils étaient adoptés, et tous ceux qui se seraient avisés de vouloir prétendre aux droits de citoyen, par une autre voie quelconque, n'auraient été considérés que comme larrons et voleurs, sans jamais pouvoir obtenir le sceau de l'adoption. Cette règle fut arrêtée par le Sauveur dans ses instructions à Nicodème, à savoir « Si un homme ne naît d'eau [c'est-à-dire s'il n'est pas baptisé dans l'eau] et d'Esprit [c'est-à-dire n'est pas baptisé de l'Esprit], il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » [6].

Pierre enseigne le plan du salut

Or, à Pierre avaient été données les clés du Royaume; c'était donc son devoir d'en ouvrir la porte aux Juifs, ainsi qu'aux Gentils. Lorsque, le jour de la Pentecôte, une multitude de gens se furent rassemblés, l'apôtre Pierre, se présentant avec les onze, éleva sa voix, et dissertant, avec la foule, sur les Ecritures, il rendit témoignage de Jésus-Christ, de sa résurrection et de son ascension au Ciel; Si bien que beaucoup furent convaincus de la vérité, et demandèrent ce qu'il fallait qu'ils fissent. Ces gens-là n'étaient pas chrétiens; mais convaincus dès cet instant que Jésus était le Christ, ils agirent d'après cette conviction, en demandant : « Hommes frères, que ferons-nous? » Alors Pierre leur dit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » [7].

Lecteur, comprenez-vous cette proclamation? Si vous la comprenez, vous verrez que cet Evangile n'est pas généralement prêché dans ces temps modernes. C'est pourquoi, analysons-le et expliquons-le, phrase par phrase. Vous vous rappelez que ces hommes croyaient déjà, et que ce qui leur restait à faire c'était se repentir. Premièrement, la foi; deuxièmement, la repentance; troisièmement, le baptême; quatrièmement, la rémission des péchés; et cinquièmement, le Saint-Esprit. C'était là l'ordre de l'Evangile. La foi donnait la faculté de devenir enfants adoptifs ou citoyens du royaume; la repentance, et ensuite le baptême au nom de Jésus-Christ était l'acte d'obéissance par lequel ils étaient adoptés; et le Saint-Esprit de promesse était le sceau de leur adoption, et tous étaient assurés de l'obtenir en obéissant à l'Evangile.


Maintenant, cher lecteur, où entendez-vous, de nos jours, prêcher une telle doctrine? Qui enseigne que ceux qui croient et se repentent doivent être baptisés, et nul autre? Peut-être le lecteur dira que les Baptistes le font. Mais font-ils appel aux gens pour les baptiser, aussitôt qu'ils croient et se repentent? Et, en outre, promettent-ils la rémission des péchés, avec le don du Saint-Esprit? Souvenez-vous des effets produits par le Saint-Esprit sur ceux qui le reçoivent. Il les guide à toute vérité, fortifie leur mémoire et leur montre les choses de l'avenir. Le prophète Joël a dit qu'il leur donnerait des visions et des songes, et qu'il les ferait prophétiser.

Les signes suivent la prédication de Pierre

O, lecteur, je vous le demande, où trouvez-vous un Evangile semblable prêché parmi les hommes? Verrions-nous des gens gémir, se lamenter des semaines entières, sans obtenir le pardon de leurs péchés, ou les consolations du Saint-Esprit, si Pierre était au milieu de nous pour nous dire exactement comment s'obtiennent de semblables bénédictions?


Que penseriez-vous d'une assemblée religieuse tenue dans une forêt ["camp meeting" 7a], où trois mille hommes se présenteraient pour qu'on priât pour eux, et où vous verriez l'un des ministres se lever [à l'exemple de Pierre], et enjointe à chacun d'eux de se repentir, de recevoir le baptême pour la rémission de leurs péchés, en leur promettant que tous ceux qui obéiraient recevraient la rémission de leurs péchés, et le don du Saint-Esprit, qui leur donnerait des songes et les ferait prophétiser? Que diriez-vous en le voyant, avec d'autres ministres, ses frères, commencer, à l'instant, de les baptiser tous successivement jusqu'au dernier, le Saint-Esprit tomber sur eux, et eux se mettre à avoir des visions, à parler de nouvelles langues, et à prophétiser? Est-ce que le bruit ne se répandrait pas tout de suite, partout, qu'une nouvelle doctrine vient d'apparaître, entièrement différente de tout ce qui est actuellement pratiqué parmi les hommes? Oh! oui, répond le lecteur, cela serait assurément nouveau et très étrange pour nous tous. Eh bien! quelque étrange que cela paraisse, c'est là l'Evangile que prêcha Pierre le jour de la Pentecôte. Or, Paul déclare qu'il prêchait le même Evangile que Pierre; et il a dit encore : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème » [8]. Maintenant, le lecteur ne doit plus être surpris de voir que les signes ne suivent pas ceux qui croient un autre Evangile, ou d'autres doctrines, qui diffèrent de l'Evangile prêché par les Apôtres.

Les Apôtres donnent le modèle du royaume

Mais revenons au royaume de Dieu organisé du temps des Apôtres. Nous voyons que trois mille personnes furent adoptées dans ce royaume, le premier jour que la porte en fut ouverte. Ces personnes, ainsi que celles qui en grand nombre se convertirent dans la suite, devinrent sujets ou citoyens du royaume; lequel royaume, ayant été convenablement constitué, grandit comme un temple saint élevé au Seigneur. C'est ainsi qu'après avoir déblayé le terrain des débris amoncelés autour de nous par la superstition et par la tradition des sectes, et après d'attentives recherches, nous avons enfin découvert le royaume de Dieu, tel qu'il existait lors de sa première organisation aux jours des Apôtres; et nous avons vu qu'il différait grandement de tous les systèmes modernes de religion, tant par ses ministres et ses ordonnances que par ses pouvoirs et privilèges, à tel point que personne ne saurait confondre l'un avec les autres.


Après avoir fait cette découverte, nous examinerons les progrès que fit ce royaume, soit parmi les Juifs, soit parmi les Gentils, quels étaient ses fruits, et les dons et bénédictions dont jouissaient ses citoyens.


Un peu après l'organisation du royaume de Dieu à Jérusalem, Philippe vint prêcher l'Evangile à Samarie, et ses habitants ayant cru à son témoignage, hommes et femmes furent baptisés, ce qui leur donna une grande joie. Ensuite Pierre et Jean, étant arrivés de Jérusalem, prièrent pour eux et leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit. Remarquez bien ceci ils crurent d'abord, et furent baptisés ensuite, ce qui leur donna une grande joie, et pourtant ils n'avaient pas encore reçu le Saint-Esprit. Mais le Saint-Esprit leur fut donné plus tard, par la prière et l'imposition des mains. Oh! combien tout cela diffère des systèmes des hommes!


Voyez la conversion de Paul, durant son voyage à Damas. Le Seigneur Jésus lui apparaît en chemin; mais au lieu de lui dire que ses péchés lui étaient pardonnés et de répandre sur lui le Saint-Esprit, il l'envoie à Damas, en le prévenant que c'est là qu'il apprendrait ce qu'il avait à faire. A son arrivée à Damas, Ananias étant venu le trouver, lui ordonna de ne pas attendre; mais de se lever, de se faire baptiser et laver de ses péchés au nom du Seigneur Jésus [9]. Alors s'étant levé, il fut baptisé et rempli du Saint-Esprit - et aussitôt il se mit à prêcher que Jésus était le Christ.

Le baptême essentiel au salut

Voyez ensuite la conduite de Pierre lors de sa visite à Corneille. C'était un Gentil d'une grande piété, dont les prières et les aumônes étaient montées jusqu'à Dieu, et qui avait même reçu la visite d'un ange. Malgré toute sa piété, et bien que le Saint-Esprit eût été répandu sur lui et sur ses amis avant leur baptême, il fallut pourtant qu'ils fussent baptisés, sans quoi ils n'auraient pu être sauvés. Pourquoi? Parce que le Seigneur avait commandé aux apôtres de prêcher à toutes créatures et que toutes créatures, sans aucune exception, qui ne croiraient pas et ne seraient pas baptisées, seraient condamnées. Remarquez surtout les paroles de l'ange à Corneille « C'est lui [Pierre] qui te dira comment tu seras sauvé, toi et toute ta maison. Une question : Corneille aurait-il pu être sauvé sans obéir aux paroles de Pierre? Si vous répondez oui, alors le message de l'ange était inutile.

De nos jours, un ministre qui trouverait un homme aussi vertueux que Corneille, lui tiendrait à peu près ce langage : « Allez, frère, vous pouvez être sauvé vous avez de l'expérience en matière religieuse; vous pouvez sans doute être baptisé pour obéir à la voix d'une bonne conscience, si vous pensez que c'est pour vous un devoir; sinon, peu importe, il n'y a vraiment besoin que d'un coeur nouveau pour faire votre salut.


C'est comme s'il lui disait que les commandements de Jésus-Christ ne sont pas absolument nécessaires au salut, et qu'un homme, en l'appelant Seigneur, peut aussi bien se sauver qu'en gardant ses commandements. Doctrines vaines et insensées! Oh! vous, enfants des hommes, à quel point vous avez perverti l'Evangile! C'est en vain que vous l'appelez, Seigneur, Seigneur, si vous n'obéissez pas à ses commandements.


Mentionnons, en passant, le geôlier et sa maison, qui furent baptisés à la même heure qu'ils crurent, sans attendre le jour; puis Lydie et sa famille, qui obéirent à l'Evangile, après le premier sermon.


N'oublions pas Philippe et l'eunuque, qui arrêta son chariot aux premières eaux qu'ils rencontrèrent, pour recevoir le baptême, bien qu'il n'eût entendu parler de Jésus que pour la première fois, et seulement quelques minutes auparavant.

De tous ces exemples des temps anciens, et des enseignements qu'ils nous donnent, je tire cette conclusion que le baptême était l'ordonnance initiatrice, par laquelle tous ceux qui croyaient et se repentaient, étaient admis, adoptés dans l'Eglise ou Royaume de Dieu, comme ayant droit à la rémission des péchés, et aux bénédictions du Saint-Esprit. C'était, en réalité, l'ordonnance par laquelle ils devenaient fils et filles de Dieu; et parce qu'ils étaient ses fils, le Seigneur envoyait dans leur coeur l'Esprit de son Fils, qui criait Abba, Père.

Il est vrai que le Seigneur répandit le Saint-Esprit sur Corneille et ses amis, avant leur baptême mais cela parut nécessaire, afin de convaincre les Juifs croyants, que les Gentils, eux aussi, avaient part à ce même salut. Je crois que c'est là l'unique exemple, dans les Ecritures, d'hommes recevant le Saint-Esprit, sans avoir préalablement obéi aux lois de l'adoption.

Administrateurs légaux essentiels au royaume

Mais, remarquez-le bien, obéir aux lois de l'adoption ne constitue pas un homme héritier du royaume, ne lui donne pas droit aux dons et bénédictions du Saint-Esprit, à moins que ces lois et ordonnances aient été administrées par une personne revêtue de l'autorité légale, et dûment commissionnée par le Roi. Une commission donnée à un individu ne peut jamais autoriser un autre à agir à sa place. C'est là un des points les plus importants à comprendre, car il met à l'épreuve tous les ministres de la Chrétienté, et en question l'organisation de toutes les églises actuelles, et de toutes celles qui ont existé depuis que l'inspiration directe a cessé sur la terre.

Pour développer clairement ce sujet, examinons la constitution des gouvernements humains, en ce qui concerne les lois d'adoption et la question d'autorité. Exemple : le Président des Etats-Unis remet une commission ou brevet à A. B., l'autorisant légalement à remplir tel emploi dans le gouvernement. Durant son administration, deux étrangers viennent fixer leur résidence dans ce pays, et, voulant en devenir citoyens, ils se présentent chez A. B., qui, après leur avoir dûment fait prêter serment de fidélité, leur délivre un certificat constatant le fait : ce qui les constitue légalement citoyens de l'Union et leur confère tous les droits des citoyens nés sur le sol américain. Après cela, A. B. meurt ; C. D., en feuilletant ses papiers, vient à découvrir par hasard le brevet délivré au premier; et l'appliquant à son propre usage, il s'attribue les fonctions du défunt. Surviennent deux étrangers, qui désirent devenir citoyens américains. Informés par des personnes ignorantes des choses du gouvernement que C. D. peut appliquer, en leur faveur, la loi concernant l'adoption des étrangers, ils consentent à s'adresser à lui, sans songer à examiner s'il en a réellement l'autorité. C. D. leur délivre un certificat de naturalisation, et voilà nos deux étrangers se croyant membres de la Confédération, comme les autres, et ayant droit à tous les privilèges du citoyen américain. Mais leurs droits prétendus ayant été bientôt contestés, ils produisent le certificat qui leur a été délivré par C. D., et le Président s'écrie « Mais, qui est ce C. D.? Il n'a jamais été nommé à aucune fonction, je ne le connais pas; vous êtes donc sans droits politiques; étrangers à notre république, jusqu'à ce que vous vous présentiez chez le successeur légalement nommé de A. B., ou chez un autre revêtu de la même autorité, et ayant reçu sa commission directement du Président et en son propre nom ». Entre temps C. D. a été pris et puni suivant la loi, pour ses pratiques frauduleuses et pour avoir usurpé une autorité qui ne lui avait jamais été conférée.

De faux prêtres usurpent l'autorité

Il en a été de même dans le Royaume de Dieu. Le Seigneur avait autorisé les Apôtres et d'autres hommes par révélation directe, et par l'esprit de prophétie, à prêcher, à baptiser, et à fonder son Eglise ou Royaume, mais ces hommes moururent; et longtemps après eux, des gens ayant lu le texte du mandat où il est dit aux onze Apôtres : " Allez-vous-en par tout le monde et prêchez l'Evangile à toutes créatures ", ces gens-là furent assez présomptueux pour s'approprier ces paroles, baser sur elles leur autorité, et oser, sans aucun autre mandat, prêcher l'Evangile, baptiser, et propager le royaume de Dieu sur la terre. Mais ceux qui sont baptisés par ces hommes ne reçoivent jamais les mêmes dons et bénédictions qui caractérisaient les saints ou citoyens du royaume, du temps des apôtres. Pourquoi? Parce qu'ils ne cessent pas d'être étrangers au Royaume de Dieu, car la commission ou mandat donné aux Apôtres ne conféra jamais à aucun autre homme le droit d'officier à leur place. C'était une prérogative que le Seigneur s'était réservée à lui-même. Nul homme n'avait, et n'a le droit de prendre ce ministère sur lui-même, à moins d'être appelé par révélation, et d'être dûment qualifié pour officier dans sa vocation avec l'aide du Saint-Esprit.

Mais le lecteur va me demander avec étonnement : Quoi! est-ce qu'aucun des ministres des églises actuelles n'a été appelé à sa fonction et n'a reçu une commission légale? Je vais vous dire, cher lecteur, comment vous pouvez vous en assurer de leur propre bouche; et ce sera infiniment mieux qu'une réponse de ma part. Adressez-vous aux ministres de tous les cultes, et demandez-leur si Dieu a donné quelque révélation directe depuis le Nouveau Testament. Informez-vous si le don de la prophétie a cessé avec les premiers temps de l'Eglise; enfin demandez leur si des révélations, des prophètes, des visitations d'anges, etc., sont nécessaires ou attendus de nos jours, ou bien s'ils croient que ces choses ont cessé pour ne plus reparaître sur la terre. Leur réponse sera que la Bible en contient suffisamment, et que depuis que le canon des Ecritures a été rempli, les révélations, l'esprit de prophétie, et les visites d'anges ont cessé, comme n'étant plus nécessaires. En un mot, ils traiteront d'imposteur tout homme qui afficherait de telles prétentions. Quand vous aurez obtenu cette réponse, demandez-leur comment ils ont été appelés eux-mêmes et envoyés pour prêcher l'Evangile; vous les verrez embarrassés de vous répondre, et ils finiront par vous dire que c'est la Bible qui les a envoyés par ces paroles : "Allez-vous en par tout le monde..."

Le Seigneur rejette les faux ministres

Ainsi, vous le voyez, tous ceux qui n'ont pas eu une révélation directe du Roi du ciel, soit par la voix de Dieu, soit par des anges ou par l'esprit de prophétie, fonctionnent sous une autorité donnée à d'autres hommes qui sont morts depuis des siècles; leur mandat est volé et leur autorité usurpée. Un jour le Roi leur dira : Je connais Pierre, je connais Paul, c'est moi qui les avais appelés; mais vous, qui êtes-vous? Je ne vous ai jamais parlé de ma vie; et, en effet, vous croyiez qu'il n'était pas nécessaire que je parlasse de votre temps. C'est pour cela que vous n'avez jamais exercé votre foi pour obtenir une révélation, et que je ne vous en ai jamais donné; et même quand je parlais à d'autres, vous vous en moquiez, vous les appeliez imposteurs, vous les persécutiez, parce qu'ils rendaient témoignage de ce que je leur avais dit : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; j'étais nu, et vous ne m'avez pas vêtu; j'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité » - Oh! Seigneur, quand est-ce que nous avons omis de faire aucune de ces choses?» - Toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits [les prenant pour des imposteurs parce qu'ils vous témoignaient des choses que je leur avais révélées], c'est à moi que vous ne les avez pas faites» [10].

L'Eglise jouit des dons spirituels

Mais, revenons à notre sujet. Après avoir examiné le Royaume de Dieu sous le rapport de son ministère et de ses ordonnances, après avoir reconnu quels étaient les seuls moyens d'y entrer, examinons plus amplement quels étaient les dons, les bénédictions et les privilèges dont jouissaient ses citoyens. Vous avez déjà vu qu'ils devaient chasser les démons, parler de nouvelles langues, guérir les malades par l'imposition des mains au nom de Jésus, avoir des songes et des visions, prophétiser, etc.

Mais considérons le Royaume de Dieu dans son état organisé, et voyons si ces promesses devaient se réaliser parmi les Juifs, comme parmi les Gentils, partout où le Royaume de Dieu existerait, à travers les âges du monde.

Paul écrivant, premièrement, «A l'Eglise de Dieu, à Corinthe»; deuxièmement, «A ceux qui sont sanctifiés en Jésus-Christ »; troisièmement, « A ceux qui sont appelés saints »; et quatrièmement, « A tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ » [il] dit à tous dans sa première épître aux Corinthiens [XII, 1] « Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, frères, que vous soyez dans l'igorance. » Et, continuant ses instructions, quelques versets plus loin, il ajoute : « Or, à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. En effet, à l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit; à un autre, la foi, par le même Esprit; à un autre, le don des guérisons, par le même Esprit; à un autre, le don d'opérer des miracles; à un autre, la prophétie; à un autre, le discernement des esprits; à un autre, la diversité des langues; à un autre, l'interprétation des langues. Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il de Christ. Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. Ainsi, le corps n'est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs membres. Si le pied disait : Parce que je ne suis pas une main, je ne suis pas du corps, ne serait-il pas du corps pour cela? Et Si l'oreille disait : Parce que je ne suis pas un oeil, je ne suis pas du corps, ne serait-elle pas du corps pour cela? Si tout le corps était oeil, où serait l'ouïe? S'il était tout ouïe, ou serait l'odorat? Maintenant Dieu a placé chacun des membres dans le corps comme il a voulu. Si tous étaient un seul membre, où serait le corps? » Je réponds : « Il n'existerait pas ».

La véritable Eglise possède des apôtres et des prophètes

« Il y a plusieurs membres et un seul corps. L'oeil ne peut pas dire à la main : Je n'ai pas besoin de toi; ni la tête dire aux pieds : Je n'ai pas besoin de vous. Mais bien plutôt, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires; et ceux que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons d'un plus grand honneur. Ainsi, nos membres les moins honnêtes reçoivent le plus d'honneur, tandis que ceux qui sont honnêtes n'en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d'honneur à ce qui en manquait, afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Et Dieu a établi dans l'Eglise, premièrement, des apôtres, secondement, des prophètes, troisièmement, des docteurs, ensuite ceux qui ont le don des miracles, puis ceux qui ont les dons de guérir, de secourir, de gouverner, de parler diverses langues. Tous sont-ils apôtres? Tous sont-ils prophètes? Tous sont-ils docteurs? Tous ont-ils le don des miracles? Tous ont-ils le don des guérisons? Tout parlent-ils en langues? Tous interprètent-ils? Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence» [12].


Nous apprenons, par le 13e verset du chapitre précédent, qua l'apôtre s'adresse à l'Eglise entière de tous les siècles, soit Juifs, soit Gentils, soit libres, soit esclaves, à tous ceux qui composeront jamais le corps de Christ; montrant que le Corps de Christ comprend plusieurs membres, baptisés par le même Esprit en un même corps possédant tous des dons divers, l'un ayant un don, l'autre un autre don; et il dit expressément qu'un membre possédant un don ne doit pas dire à un autre membre ayant un autre don : Nous n'avons pas besoin de toi.

Les prophètes et les dons prouvent l'origine diverse de l'Eglise

Après avoir établi qu'il fallait des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs, ainsi que les dons de prophétie, de guérison, de miracles, et tous les autres dons, pour composer l'église ou le corps de Christ, dans tous les siècles, soit parmi les Juifs, soit parmi les Gentils, soit parmi les hommes libres, soit parmi les esclaves; et après avoir formellement défendu qu'aucun des membres ne dise jamais à aucun de ces dons : Nous n'avons pas besoin de toi; il déclare que le corps ne saurait jamais se perfectionner sans tous ces dons et que, s'ils venaient à cesser, il n'y aurait plus de corps, c'est-à-dire plus d'église de Christ en existence. Après avoir clairement démontré toutes ces choses, il les exhorte à désirer ardemment les meilleurs dons.

Dans le 13e chapitre, il les exhorte à la foi, à l'espérance et à la charité, sans lesquelles tous ces dons ne leur serviraient à rien; et dans le 14e chapitre, il répète l'exhortation « Recherchez la charité. Aspirez aussi aux dons spirituels, mais surtout à celui de prophétie » [13].


Dans son épître aux Ephésiens (I, 17), Paul prie le Seigneur de donner à l'Eglise l'Esprit de SAGESSE et de REVELATION, dans la CONNAISSANCE de Dieu. Dans le 4e chapitre, il enseigne aux Ephésiens qu'il y a un seul corps, un seul Seigneur, un seul Esprit, une seule foi et un seul baptême; que Christ, étant monté en haut, il mena captive une grande multitude de captifs, et qu'il distribua des dons aux hommes. Qu'il donna les uns pour être apôtres, les autres pour être prophètes, les autres pour être évangélistes, et les autres pour être docteurs et pasteurs. Et si le lecteur veut savoir quel était l'usage de ces dons et ministères, le 12e verset lui dira « Pour le perfectionnement des saints, en vue de l'oeuvre du ministère, et de l'édification du corps de Christ. » Si nous désirons connaître pour combien de temps étaient institués ces ministères, le 13e verset nous répondra : « Jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait à la mesure de la stature parfaite de Christ. »

Et si le lecteur veut savoir, en outre, quel autre but visait le Seigneur en accordant ces dons, qu'il lise le verset 14 : « Afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction. »

L'apostasie provient du fait de rejeter les prophètes et les dons

On le voit, sans ces dons et ces ministères, premièrement, les saints ne peuvent être perfectionnés; secondement, l'oeuvre du ministère ne peut progresser; troisièmement, le corps de Christ ne peut être édifié; et quatrièmement, il n'y a rien pour les empécher d'être emportés par le vent de toutes sortes de doctrines. Et bien je le déclare hardiment, la cause de toutes les divisions, de la discorde, de l'extrême confusion, des controverses et des haines, qui règnent parmi les hommes; la source fertile de tant de croyances, de seigneurs, d'esprits et de baptêmes divers; ce qui remplit leur entendement de ténèbres; ce qui les éloigne de la vie de Dieu, par cette ignorance qui est en eux et par l'aveuglement de leurs coeurs; tout cela, c'est parce qu'ils n'ont ni dons spirituels, ni Apôtres, ni Prophètes inspirés d'En-Haut, pour les diriger. En effet, s'ils avaient ces dons et ces ministères, et qu'ils voulussent se laisser guider par eux, ils seraient tous réunis en un seul corps, nourris de la doctrine de Christ, n'ayant qu'un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême et une seule espérance! Oui, ils seraient fondés, édifiés en Christ pour toutes choses; et le corps tout entier, convenablement organisé, grandirait majestueusement comme un temple élevé au Seigneur.

Mais aussi longtemps que de subtils charlatans pourront persuader les hommes qu'ils n'ont plus besoin de ces choses, aussi longtemps pourront-ils, à leur gré, les aveugler et les exploiter par toutes sortes de doctrines.


Lecteur, j'ai fini notre examen du Royaume de Dieu, tel qu'il existait du temps des Apôtres. Nous ne saurions le rencontrer dans aucun autre siècle, jusqu'à son rétablissement dans ces derniers jours; car il n'a jamais existé et il n'existera jamais sans apôtres et prophètes, et sans les autres dons du Saint-Esprit.

L'antéchrist règne dans notre chrétienté

Si nous devions examiner l'histoire des églises, depuis l'époque où l'inspiration divine a cessé jusqu'aux temps actuels, nous ne trouverions rien de semblable au royaume que nous avons contemplé avec tant d'admiration et de délices. A la place des apôtres et prophètes, nous verrions de faux docteurs que les hommes se sont choisis eux-mêmes; au lieu des dons de l'Esprit, nous verrions la sagesse des hommes; au lieu du Saint-Esprit, plusieurs faux esprits; au lieu des ordonnances de Dieu, des préceptes humains; au lieu de la science, l'opinion; au lieu de la révélation, des conjectures; au lieu de l'union, la discorde; au lieu de la foi, le doute; au lieu de l'espérance, le désespoir; au lieu de la charité, la haine; au lieu de l'imposition des mains pour la guérison des malades, des médecins; au lieu de la vérité, des fables; le mal pour le bien; le bien pour le mal; les ténèbres pour la lumière, la lumière pour les ténèbres; en un mot, l'antéchrist, au lieu de Christ : les puissances de la terre ayant fait la guerre aux saints et les ayant vaincus, jusqu'à ce que la parole de Dieu s'accomplisse.

O mon Dieu ! fais cesser cette vision, car je tombe en langueur à la vue de ce spectacle. Hâte le jour où la terre sera purifiée par le feu, de ses affreuses souillures. Mais, auparavant, accomplis les promesses que tu as faites par la bouche de ton serviteur Jean; tu lui as promis d'appeler à toi ton peuple en ces termes : " Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n'ayez point de part à ses fléaux " [14]. Et alors, Seigneur, après que tu auras retiré tes élus du milieu d'elle, par les pêcheurs et les chasseurs que tu as promis d'envoyer aux derniers jours pour opérer le rassemblement d'Israël; quand ton alliance éternelle aura été renouvelée et que ton peuple aura été rétabli par elle; que les fléaux, la mortalité, le deuil et la famine tombent sur elle en un même jour; qu'elle soit consumée par le feu; afin que tes saints apôtres et tes prophètes, et tous ceux qui craignent ton nom, grands et petits, se livrent à la joie, parce que tu auras vengé sur elle le sang de tes saints. Je te demande ces choses au nom de Jésus-Christ. Amen.

* * * * * * *

[1] Matthieu 6:33.
[2] Matthieu 3:2
[3] Matthieu 4:17.
[4] Marc 16:15-18.
[5] Esaïe 28:13.
[6] Jean 3:5.
[7] Actes 2:38-39.
[7a] "Camp Meeting", mot a mot, un camp-assemblée. Ici l'auteur fait allusion à ces sortes de retraites religieuses, que certaines sectes tiennent périodiquement dans les bois, aux Etats-Unis d'Amérique. Rien de plus curieux et de bizarre, aux yeux des étrangers, que l'aspect de ces vastes assemblées, tenues en plein vent et durant plusieurs jours dans les solitudes écartées, et où le fanatisme le plus outré joue, hélas! un rôle trop souvent déplorable. [Note du Traducteur.]
[8] Galates 1:8.
[9] Actes 22:14.
[10] Mathieu 25:31-46.
[11] Corinthiens 1:1-2.
[12] Corinthiens 12:7-31.
[13] 1 Corinthiens 14:1.
[14] Apocalypse 18:4.
 


 

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