Abinadi
Auteur: CRAMER, LEW W.
Abinadi (150 av. J.-C.) est un prophète courageux et le martyr le plus connu du Livre de
Mormon. Son ministère et son exécution racontés au cur du livre de Mosiah
renforcent le contraste entre le roi juste Benjamin et le méchant roi Noé. Alma
lAncien, un témoin oculaire converti, écrira les paroles principales d'Abinadi peu
de temps après quelles auront été prononcées (Mos. 17:4).
Abinadi appartient à un petit groupe de Néphites réactionnaires qui était retourné de
Zarahemla, une génération plus tôt, pour récupérer auprès des Lamanites la ville de
Néphi, la capitale néphite traditionnelle, et son temple. Quand les excès du roi et des
prêtres néphites apostats deviennent intolérables, Abinadi reçoit du Seigneur le
commandement de dénoncer publiquement leurs abominations; il prophétise leur captivité
et leurs afflictions à venir. Noé le condamne à mort pour ceci, mais il
séchappe.
On ne sait
pas où il vit pendant son exil. Les ressemblances entre ses paroles et celles de Benjamin
(cf. Mos. 16:1; 3:20; 16:5; 2:38; 16:10-11; 3:24-25) pourraient signifier qu'il a passé
un certain temps à Zarahemla avec le roi Benjamin et son peuple (Pa. 1:16-17) ou
quil a reçu des révélations semblables pendant cette période.
Après
deux ans, ayant de nouveau reçu du Seigneur le commandement de prophétiser, Abinadi
retourne, déguisé, dans la ville de Néphi. Devant la foule, il lance, au nom du
Seigneur, une malédiction contre le peuple impénitent, contre son pays et son grain,
prédisant sans détour la destruction et une servitude humiliante, rappelant les
souffrances d'Israël en Égypte. Dans une malédiction sans appel, comme celles
utilisées au Proche-Orient antique pour condamner ceux qui violent leurs alliances, il
témoigne que la vie de Noé «sera estimée comme un vêtement dans une fournaise
ardente» (Mos. 12:3).
Le peuple
se saisit de lui, le ligote, le livre à Noé et laccuse de mentir au sujet du roi
et de prophétiser faussement. Les deux chefs daccusation sont des violations en
vertu de leur loi, la Loi de Moïse (Mos. 13:23; Ex. 20:16; De. 18:20-22). La nature
double des accusations semble avoir compliqué le procès qui en résulte, le roi ayant
comme dhabitude pouvoir en matière de politique et les prêtres en matière de
questions religieuses.
Le procès
se concentre d'abord sur laccusation de fausse prophétie. Les prêtres invitent
Abinadi à interpréter Ésaïe 52:7-10. Ils pensaient sans doute que ce texte montre que
Dieu a consolé leur propre peuple puisque celui-ci a vu le pays «racheté». Selon eux,
alors qu'Ésaïe chantait les louanges de ceux qui apportaient de «bonnes nouvelles»,
Abinadi, lui, dit du mal. Selon cette interprétation, les malédictions d'Abinadi sont en
conflit avec Ésaïe et les prêtres les considèrent comme fausses et illégales.
Abinadi réfute les prêtres de plusieurs manières. Il les accuse de mal comprendre la
loi et dy désobéir. Il parvient à leur faire admettre que le salut exige
l'obéissance à la loi, après quoi il leur rappelle les dix commandements, la loi
fondamentale de l'alliance qu'ils n'ont pas gardée. Il résiste miraculeusement à la
tentative du roi de le faire taire «et son visage brillait d'un resplendissement
extrême, comme celui de Moïse pendant qu'il était sur la montagne du Sinaï» (Mos.
13:5). Il cite ensuite Ésaïe 53 et explique le rapport de ce passage avec le futur
Messie.
Les
paroles prophétiques d'Abinadi sont parmi les plus puissantes du Livre de Mormon. Il
explique l «aspect» et la venue de Dieu mentionnés dans Ésaïe 52:14 et 53:2
(Mos. 13:34; 14:2) comme la venue d'un Fils dans la chair, étant «le Père et le Fils»
(Mos. 15:1-5). Il enseigne aussi que Dieu souffrira comme une «brebis muette devant ceux
qui la tondent» (És. 53:7; Mos. 14:7). Abinadi est alors en mesure de répondre à la
question des prêtres au sujet d'Ésaïe 52:7-10. Il proclame que ceux qui «déclareront
sa postérité» (voir Mos. 15:10) et « publient la paix » (voir Mos. 15:14) sont les
prophètes de Dieu et queux et tous ceux qui écoutent leurs paroles sont sa
«postérité» (Mos. 15:11, 13). Ils sont ceux qui apportent vraiment des «bonnes
nouvelles» de salut, de rédemption, de réconfort par le Christ et du règne de Dieu au
jour du jugement.
Utilisant
le texte d'Ésaïe, Abinadi montre que Dieu ne pourrait pas racheter le peuple de Noé qui
s'est obstinément rebellé contre la Divinité et que la vraie rédemption nest
possible que par le repentir et l'acceptation du Christ. Il montre aussi que ses
prophéties ne contredisent pas le texte d'Ésaïe cité par les prêtres.
Noé veut
qu'Abinadi soit mis à mort, laccusant davoir porté un faux témoignage
contre lui, le roi. Un jeune prêtre appelé Alma atteste vaillamment l'exactitude du
témoignage d'Abinadi, sur quoi il est expulsé et le procès est suspendu pendant trois
jours pendant lesquels Abinadi est gardé en prison.
Quand le
procès reprend, Abinadi est probablement accusé de blasphème (Mos. 17:8), encore une
infraction capitale en vertu de la loi de Moïse (Lé. 24:10-16). Noé lui donne
l'occasion dabjurer, mais Abinadi refuse de changer le message de Dieu, même face
à des menaces de mort.
Noé est
intimidé et pense à le libérer, mais les prêtres accusent Abinadi d'un quatrième
délit, celui dinsulter le roi (Mos. 17:12; Ex. 22:28). Cest pour ce motif que
Noé va condamner Abinadi, et les prêtres vont le flageller et le brûler. Il était
normal, en vertu de la loi mosaïque, que ce soient les accusateurs qui infligent le
châtiment, mais la mort par le feu est une forme extraordinaire d'exécution. Elle
reflète le crime dont Abinadi est accusé: il est brûlé tout comme il a dit que la vie
de Noé serait estimée comme un vêtement dans une fournaise ardente. En mourant, il
prophétise que ses accusateurs connaîtront le même destin. Cette prophétie ne tardera
pas à saccomplir (Mos. 17:15-18; 19:20; Al. 25:7-12).
Les
Néphites vont se rappeler Abinadi dans au moins trois rôles:
1. Pour
Alma, son converti principal, Abinadi est un prophète du Christ. Alma enseignera les
paroles d'Abinadi au sujet de la mort et de la résurrection du Christ, de la
résurrection des morts, de la rédemption du peuple de Dieu (Mos. 18:1-2) et du grand
changement de cur par la conversion (Al. 5:12). Grâce aux descendants d'Alma,
Abinadi va influencer les Néphites pendant des siècles.
2. Pour
Ammon, qui sera témoin du martyre de 1.005 de ses propres convertis (Al. 24:22), Abinadi
reste le martyr par excellence «à cause de sa croyance en Dieu» (Al. 25:11; cf. Mos.
17:20; voir aussi Mos. 7:26-28). Cest ce qui est reconnu comme étant la vraie
raison de la mort d'Abinadi, puisque laccusation dinsulte au roi lancée par
les prêtres se révèle être un faux prétexte.
3. Pour
Mormon, témoin de la décadence et de la destruction des Néphites cinq cents ans plus
tard, Abinadi reste celui qui a prophétisé que, pour cause de méchanceté, le malheur
sabattrait sur le pays et que les méchants seraient totalement détruits (Mrm.
1:19; cf. Mos. 12:7-8).
Bibliographie
Welch, John W. "Judicial Process in the Trial of Abinadi". Provo, Utah, 1981.
LEW W. CRAMER
Abraham
[Cette rubrique comprend cinq articles:
Livre dAbraham: Origine du livre dAbraham
Abraham: Traduction et publication du livre dAbraham
Abraham: Contenu du livre dAbraham
Abraham: Fac-similés du livre dAbraham
Abraham: Études sur le livre dAbraham
Le livre
dAbraham rapporte de manière autobiographique la première partie de la vie
dAbraham et est lun des textes du recueil dÉcritures des saints
intitulé Perle de Grand Prix. Larticle Origine du livre dAbraham raconte la
découverte et lachat des papyrus de Joseph Smith et les événements aboutissant à
la publication du livre dAbraham lui-même. Larticle Traduction et publication
du livre dAbraham donne quelques brefs détails sur le processus par lequel Joseph
Smith a produit le texte du livre dAbraham et lhistoire de sa parution comme
ouvrage imprimé. Larticle Contenu du livre dAbraham examine dune
manière générale les événements relatés dans le livre, notamment la délivrance
miraculeuse dAbraham de la mort et lalliance de Dieu avec lui avant quil
quitte sa patrie. Fac-similés du livre dAbraham donne une introduction aux
illustrations égyptiennes antiques qui sont actuellement publiées avec luvre
et évalue leur lien avec le texte. Les études publiées jusquici sur le livre
dAbraham sont traitées dans Études sur le livre dAbraham.]
Livre
dAbraham: Origine du livre dAbraham
Auteur: PETERSON, H. DONL
En juillet
1835, tandis quil habitait Kirtland (Ohio), le prophète Joseph Smith acheta, au nom
de lÉglise, pour $2400, quatre momies égyptiennes et les papyrus qui les
accompagnaient à Michael H. Chandler, un montreur itinérant de Pennsylvanie. Chandler
avait acquis onze momies début 1833 et avait vendu les sept autres dans lEst des
États-Unis avant de rencontrer Joseph Smith. Peu après avoir obtenu les antiquités,
Joseph Smith annonça que les papyrus contenaient des écrits des patriarches Abraham et
Joseph, qui avaient tous deux habité en Égypte (Ge. 12:37, 39-50).
Ces
antiquités avaient été exhumées par Antonio Lebolo sur la rive occidentale du Nil en
face de la ville antique de Thèbes (aujourdhui Louxor), probablement entre 1817 et
1821. Lebolo, né à Castellamonte, au Piémont (nord de lItalie), avait été
gendarme pendant loccupation de la botte italienne par Napoléon. Quand celui-ci fut
battu, Lebolo préféra lexil à la perspective de lemprisonnement au moment
de la réapparition de la monarchie sarde. Il alla sinstaller en Égypte, où il fut
employé par Bernardino Drovetti, ancien consul général de France en Égypte, pour
superviser ses fouilles en Haute-Égypte. Drovetti permit également à Lebolo de faire
ses propres fouilles. Lebolo découvrit onze momies bien conservées dans un grand
tombeau. Du fait que Lebolo dirigeait plusieurs centaines dhommes qui faisaient des
fouilles à différents emplacements, lendroit exact na pas été identifié.
Les momies furent envoyées à Trieste, où Lebolo autorisa Albano Oblasser, un magnat de
limport export, à les vendre en son nom. Lebolo mourut le 19 février 1830 à
Castellamonte. Oblasser expédia les onze momies à deux compagnies maritimes à New York,
McLeod et Gillespie, et à Maitland et Kennedy, pour quils les vendent à quiconque
payerait une somme appropriée. Le montant devait être envoyé aux héritiers de Lebolo.
Chandler les acheta en hiver ou au début du printemps 1833. Il prétendait que Lebolo
était son oncle, mais cette parenté na pas été confirmée.
On sait
maintenant quune partie de la littérature abrahamique révèle des liens avec
lÉgypte. Par exemple, le Testament dAbraham probablement dabord
écrit en grec provient presque certainement dÉgypte. Linsertion
dune personnalité biblique telle quAbraham dans les scènes hiéroglyphiques
égyptiennes est une technique juive connue depuis la période hellénistique (Grobel, pp.
373-382). Il nest donc pas étonnant que des textes égyptiens soient dune
certaine façon liés à la parution du livre dAbraham.
Selon
certains égyptologues, les écrits dAbraham acquis par Joseph Smith doivent dater
du début de lère chrétienne. Cette datation nest pas sans précédent. Le
Testament dAbraham, édité au départ par M. R. James en 1892, a été décrit par
lui comme étant « un écrit judéo-chrétien du deuxième siècle composé en Égypte »
(Nibley, pp. 20-21).
Lidentité des momies nest pas connue, puisquil ny a aucune source
primaire qui les identifie.
Bibliographie
Grobel, K. «
Whose Name Was Neves ». New Testament Studies 10 (1963-1964), pp.
373-382.
Nibley, Hugh W. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price: A History and Commentary. Salt Lake City,
1987.
H. DONL PETERSON
Livre
dAbraham: Traduction et publication du livre dAbraham
Auteur: PETERSON, H. DONL
Le 10
octobre 1880, lors dune conférence générale, les membres de lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours votèrent pour accepter le livre
dAbraham comme ouvrage scripturaire. Plusieurs idées ont été avancées concernant
le processus par lequel le prophète Joseph Smith a réalisé luvre. Bien que
ses associés et lui aient commencé un « alphabet et grammaire égyptiens » tandis
quils étudiaient les papyrus, le but de ce travail est obscur. Il na jamais
été fini, expliqué ou publié par Joseph Smith ni aucun de ses successeurs. Cependant,
il est certain quil a commencé à travailler à Kirtland sur les papyrus égyptiens
concernés peu après les avoir achetés à Michael H. Chandler en 1835.
Il est
probable que personne aux États-Unis en 1835 naurait pu interpréter des
hiéroglyphes égyptiens par les techniques ordinaires de traduction. Le prophète dit que
quand il avait traduit les plaques dor du Livre de Mormon » à partir du texte en
« égyptien réformé » (1827-1829), il lavait fait « par le don et le pouvoir de
Dieu ». De même, ce fut principalement linspiration divine plutôt que sa
connaissance des langues qui fut à lorigine du texte anglais du livre
dAbraham. Sa méthodologie précise demeure inconnue.
Le 5
juillet 1835, le prophète écrivit : « Jai commencé la traduction de certains des
caractères ou hiéroglyphes et, à notre grande joie, jai constaté quun des
rouleaux contenait les écrits dAbraham
Vraiment nous pouvons dire que le
Seigneur commence à révéler labondance de la paix et de la vérité » (HC
2:236). Après quelques retards, Joseph Smith désigna, le 2 novembre 1837, deux hommes
pour lever des fonds pour aider à la traduction et à limpression du livre
dAbraham. Mais à cause dautres difficultés, il ne put rien publier pendant
les quatre années qui suivirent. Le livre dAbraham fut imprimé pour la première
fois dans trois numéros du Times and Seasons, les 1er mars, 15 mars et 16 mai 1842. Ces
numéros contenaient tout le livre actuel dAbraham, dont les trois fac-similés. En
février 1843, Joseph Smith promit que davantage du livre dAbraham serait publié.
Malheureusement, le harcèlement continu de ses ennemis empêcha le prophète de publier
davantage du document. Il reçut une notoriété considérable quand plusieurs grands
journaux de lEst des États-Unis réimprimèrent le fac-similé 1 et une partie du
texte publié dans le Times and Seasons.
En 1851, les écrits dAbraham furent publiés en Angleterre dans la Perle de Grand
Prix, une petite compilation faite par Franklin D. Richards, contenant certaines des
traductions et des révélations de Joseph Smith. Cest cette compilation qui fut
canonisée en 1880 à Salt Lake City, ce qui la plaçait au niveau des trois autres
recueils ou ouvrages canoniques sacrés: la Bible, le Livre de Mormon et les Doctrine et
Alliances.
En 1856, les papyrus furent vendus par la veuve de Joseph à Abel Coombs. À
lexception de quelques fragments rendus à lÉglise en 1967, la localisation
actuelle des papyrus est inconnue. [Voir également Papyrus, Joseph Smith.]
Bibliographie
Nibley, Hugh. "The Meaning of the Kirtland Egyptian Papers". BYU Studies 11, n°
4, été 1971, pp. 350-399.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price: A History and Commentary. Salt Lake City,
1987.
H. DONL PETERSON
Livre
dAbraham: Contenu du livre dAbraham
Auteur: THOMPSON, STEPHEN E.
Le livre
dAbraham dans la Perle de Grand Prix se compose dun récit des relations
dAbraham avec le Seigneur dans quatre pays: la Chaldée, Charan, Canaan et
lÉgypte. Cette observation est en accord avec lexpression qui introduit
luvre, « au pays de ». Excepté pour les événements rapportés au premier
chapitre, Saraï (Sara) participe pleinement aux vicissitudes et aux triomphes de son
mari.
Au début du texte, Abraham vit parmi peuple idolâtre de Chaldée (Abr. 1:1, 5-7). Mais
sous le coup de fortes persécutions (1:12, 15) pour avoir prêché contre sa
méchanceté, il décide démigrer. Lopposition officielle qui en résulte
vaut presque à Abraham dêtre la victime dun sacrifice humain (1:12-15).
Quand il prie pour avoir laide divine, un ange le sauve et lui promet quil
sera conduit dans un nouveau pays et quil recevra la prêtrise (1:15-19).
Quand la famine prophétisée par lange arrive en Chaldée (1:29-30), Abraham part
avec Saraï, son neveu Lot, et sa famille, avec son père, Térach, dans son sillage
(2:4). Une fois quils sont installés à Charan, le Seigneur commande à Abraham de
continuer vers Canaan et lui révèle les éléments de base de lalliance
abrahamique (2:6-11). À cause de la famine, Abraham va en Égypte, où le Seigneur lui
commande et cest là un détail qui est absent dans Genèse 12:11-13
de présenter Saraï comme sa sur, afin que les Égyptiens ne le tuent pas
(2:21-25).
Au troisième chapitre, Abraham décrit une vision quil a reçue par un urim et un
thummim au sujet des mondes créés par Dieu, des esprits prémortels des hommes et du
Conseil dans les cieux où les dieux (cf. Jn. 1:1-4, 14; Hé. 1:1-3) planifièrent la
création de la terre et de lhumanité. Les quatrième et cinquième chapitres
racontent la réalisation de ces plans et le placement dAdam et Ève dans le jardin
dÉden.
Selon le récit du livre, la Chaldée était sous lhégémonie égyptienne du vivant
dAbraham. La religion locale comprenait le culte solaire égyptien, le culte du
pharaon et les sacrifices humains. La découverte du pays dÉgypte est attribuée à
Égyptus, fille de Cham et dÉgyptus; son fils aîné, dont le nom était Pharaon,
créa son premier gouvernement.
Les contributions doctrinales du livre sont une explication plus complète de
lalliance dAbraham et de son rapport avec lÉvangile (2:6-11) et une
meilleure compréhension de la vie prémortelle (3:22-28). Pour ce qui concerne
lastronomie, il donne le nom de lastre le plus proche de la demeure de Dieu,
Kolob (3:2-4) et détaille la création de la terre par un conseil des Dieux au quatrième
chapitre. Abraham 1:26-27 a été interprété par certains comme base scripturaire du
refus dans le passé de donner la prêtrise aux noirs.
Pour ce qui est des liens avec la Bible, lidolâtrie de Térach (cf. Jos. 24:2) et
la délivrance dAbraham par le Seigneur (cf. És. 29:22) sont détaillés dans le
livre dAbraham et dans dautres textes antiques sur Abraham.
Beaucoup de thèmes du livre apparaissent dans dautres documents littéraires
antiques, notamment la lutte dAbraham contre lidolâtrie (Jubilés 12;
Charlesworth, vol. 2, pp. 79-80), la tentative de sacrifice dAbraham (Pseudo-Philon
6; Charlesworth, vol. 2, pp. 310-312) et la vision dAbraham de lendroit où
Dieu habite, les événements dans le jardin dÉden et les esprits prémortels
(Apocalypse dAbraham 22-23; Charlesworth, vol. 1, p. 700). Le commandement de Dieu
à Abraham de présenter Saraï comme étant sa sur trouve son écho dans
lApocryphe de la Genèse (colonne 19) comme lui ayant été donné dans un songe.
Abraham enseignant lastronomie aux Égyptiens (fac-similé 3 du livre
dAbraham) se retrouve dans le Pseudo-Eupolème 9.17.8 et 9.18.2 (Charlesworth, vol.
2, pp. 881-82) et dans Josèphe (Histoire ancienne des Juifs 1.8.2).
Bibliographie
Charlesworth, James H., dir. de publ. The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols. Garden
City, N.Y., 1983, 1985.
Millet, Robert L., et Kent P. Jackson, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 2. Salt
Lake City, 1985.
Peterson, H. Donl, et Charles D. Tate, dir. de publ. The Pearl of Great Price: Revelations
from God. Provo, Utah, 1989.
STEPHEN E. THOMPSON
Livre
dAbraham: Fac-similés du livre dAbraham
Auteur: RHODES, MICHAEL D.
Trois
fac-similés sont publiés avec le texte du livre dAbraham dans la Perle de Grand
Prix. Tous sont semblables aux illustrations égyptiennes connues par dautres
sources.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 1. Les représentations semblables au fac-similé 1 abondent dans les
textes religieux égyptiens. Un exemple typique apparaît au chapitre 151 du Livre des
Morts, montrant le dieu Anubis embaumant Osiris, qui se trouve sur un lit en forme de
lion. Dans certains détails, tels que la position du personnage couché, le fac-similé 1
diffère des autres textes égyptiens.
On ne connaît lexistence du document original que pour le fac-similé 1. La
comparaison des fragments de papyrus ainsi que du texte hiéroglyphique qui accompagne ce
dessin démontre quil faisait partie dun texte religieux égyptien connu sous
le nom de Livre des Respirations. Sur la base des indications paléographiques et
historiques, la date de ce texte peut être estimée avec certitude comme étant le
premier siècle apr. J.-C. Étant donné que le livre dAbraham fait allusion à
cette illustration (Abr. 1:12), beaucoup en ont conclu que le Livre des Respirations doit
être le texte que le prophète Joseph Smith a utilisé dans sa traduction. Comme il est
clair que le Livre des Respirations nest pas le livre dAbraham, les
détracteurs affirment que cest la preuve concluante que Joseph Smith était
incapable de traduire les documents antiques.
Dans les documents historiques que lÉglise possède actuellement, Joseph Smith
na jamais décrit le processus quil utilisait pour traduire les documents
antiques. Parlant du Livre de Mormon, il a dit quil « nétait pas utile »
quil raconte tous les détails de sa parution (HC 1:220; voir Traduction du Livre de
Mormon par Joseph Smith). À plusieurs reprises, il a qualifié le livre dAbraham de
traduction (HC 4:543, 548); et quand le livre dAbraham fut publié par sections dans
le Millennial Star, il fut décrit comme « traduit par Joseph Smith » (juillet 1842, p.
34). Wilford Woodruff (dans son journal personnel) et Parley P. Pratt (dans le Millennial
Star de juillet 1842) affirment que la traduction avait été faite au moyen de
lurim et du thummim, bien que Joseph Smith lui-même ne mentionne pas
lutilisation de cet instrument à un endroit quelconque de la traduction.
On doit cependant tenir compte de ce que Joseph Smith entendait par traduction. La section
7 des Doctrine et Alliances nous propose une mesure standard. Ici, le prophète, utilisant
lurim et le thummim, a traduit des « écrits faits sur parchemin par Jean». Bien
quon ne sache pas si Joseph Smith a eu ce document en sa possession, il en a donné
une traduction. Puisquon ne sait pas au juste comment Joseph Smith traduisait, il
est raisonnable de postuler que, en étudiant les papyrus égyptiens achetés à Michael
Chandler, Joseph Smith a demandé au Seigneur de lui donner la révélation à leur sujet
et a reçu dans ce processus le livre dAbraham. Il se peut alors quil ait
recherché dans les papyrus en sa possession des illustrations semblables à celles
quil avait apprises par révélation. Cest une explication possible de la
façon dont des dessins faits aux environs du premier siècle apr. J.-C. ont été
utilisés pour illustrer le livre dAbraham.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 2. Les égyptologues appellent le fac-similé 2 un hypocéphale («
sous la tête » en grec) et de nombreux exemplaires sont conservés dans les musées de
par le monde. Leur but officiel était de maintenir le corps chaud (c.-à-d., prêt pour
la résurrection) et de transformer le défunt en un dieu dans lau-delà. Joseph
Smith a expliqué que le fac-similé 2 contenait des représentations de Dieu, de la
terre, du Saint-Esprit, etc. Ses explications sont généralement raisonnables à la
lumière des connaissances modernes en égyptologie. Par exemple, les quatre personnages
debout dans la partie inférieure du fac-similé représentent, selon Joseph Smith, « les
quatre coins de la terre». Les Égyptiens les appelaient les quatre fils dHorus et,
entre autres, ils étaient les dieux des quatre coins de la terre.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 3. Le fac-similé 3 est une scène que lon retrouve sans cesse
dans la littérature égyptienne, une scène particulièrement connue grâce au chapitre
125 du Livre des Morts. Il représente le jugement des morts devant le trône
dOsiris. Il est probable quil se trouvait à la fin du texte du Livre des
Respirations, dont le fac-similé 1 constituait le commencement, puisque dautres
exemplaires contiennent des vignettes semblables à celle-ci. De plus, le nom de Hor,
propriétaire du papyrus, apparaît dans les hiéroglyphes au bas de ce fac-similé.
Joseph Smith explique que le fac-similé 3 représente Abraham assis sur le trône du
pharaon, enseignant les principes de lastronomie à la cour égyptienne. Les
critiques ont fait remarquer que le deuxième personnage, que Joseph Smith dit être le
roi, est la déesse Hathor (ou Isis). Il y a cependant des exemples dans dautres
papyrus, qui nétaient pas dans la possession de Joseph Smith, où le pharaon est
représenté sous les traits dHathor. En fait, la scène entière est typique des
drames rituels égyptiens dans lesquels des acteurs costumés jouaient les rôles de
divers dieux et déesses.
En résumé, le fac-similé 1 constituait le commencement et le fac-simile 3 la fin
dun document connu sous le nom de Livre des Respirations, un texte religieux
égyptien que la paléographie date de lépoque de Jésus. Le fac-similé 2,
lhypocéphale, est également un texte religieux égyptien tardif. On pourrait
expliquer lassociation de ces fac-similés au livre dAbraham comme étant une
tentative de Joseph Smith de trouver, dans les papyrus quil possédait, les
illustrations qui correspondaient le mieux à ce quil avait reçu par révélation
en traduisant le livre dAbraham. De plus, les explications que le prophète donne de
chacun des fac-similés saccordent avec ce qui est connu aujourdhui des
pratiques religieuses égyptiennes.
Bibliographie
Harris, James R. "The Book of Abraham Facsimiles." Dans Studies in Scripture,
Vol. 2, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary of the Joseph Smith
Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, pp. 259-274.
MICHAEL D. RHODES
Livre
dAbraham: Études sur le livre dAbraham
Auteur: RHODES, MICHAEL D.
COMMENTAIRES
DOCTRINAUX. Les études doctrinales du livre dAbraham ont habituellement été des
composants de commentaires généraux sur la Perle de Grand Prix qui ne se concentraient
pas sur le livre dAbraham en particulier. Le Commentary on the Pearl of Great Price
de George Reynolds et Janne Sjodahl (Salt Lake City, 1965) en est un exemple typique.
Létude la plus complète de cette sorte est le Doctrinal Commentary on the Pearl of
Great Price (Salt Lake City, 1969) par Hyrum Andrus.
ÉTUDES HISTORIQUES. En 1912, la brochure Joseph Smith, Jr., as a Translator par F. S.
Spaulding, évêque épiscopalien dUtah, tentait de réaliser la première étude
non mormone officielle du livre dAbraham. Elle contenait des lettres de huit grands
égyptologues sur les trois fac-similés commentant sur « lexactitude » de leur
interprétation par le prophète Joseph Smith. Les savants saccordaient unanimement
pour dire que le prophète se trompait. À lépoque, aucun savant parmi les saints
des derniers jours nétait capable de réfuter leurs affirmations. Ce ne fut
quen 1936 que J. E. Homans, qui nétait pas saint des derniers jours et qui
écrivait sous le pseudonyme R. C. Webb, publia Joseph Smith as a Translator, défendant
les capacités du prophète comme traducteur, mais sans traiter directement les remarques
faites par les égyptologues.
En 1967, onze fragments des papyrus égyptiens qui avaient jadis appartenu à Joseph Smith
furent redécouverts par Aziz S. Atiya et furent ensuite présentés à lÉglise par
le Metropolitan Museum of Art de New York. On constata que plusieurs fragments faisaient
partie dun texte religieux égyptien connu sous le nom de Livre des Respirations.
Trois égyptologues de renom procédèrent rapidement à une traduction et à des
commentaires sur les fragments, ce qui eut comme conséquence de nouvelles attaques à
propos de « lincapacité » de Joseph Smith comme traducteur. Les détracteurs
affirmèrent que le Livre des Respirations navait rien à voir avec le livre
dAbraham que Joseph Smith prétendait apparemment avoir traduit de ces mêmes
papyrus. En effet, le Livre des Respirations est un texte tardif qui remonte aux environs
du premier siècle apr. J.-C., quelque deux mille ans après le temps dAbraham. Hugh
Nibley a systématiquement défendu Joseph Smith avec une grande compétence contre les
critiques de ce type, en affirmant que le livre dAbraham devait être évalué sur
la base de ce quil prétend être : le récit fait par Abraham de sa vie. Les
recherches de Nibley ont montré quil existe un nombre important de liens entre le
livre dAbraham et les textes antiques qui traitent dAbraham. Ces ressemblances
sont trop nombreuses et trop subtiles pour quon puisse les attribuer à la seule
coïncidence.
Dans son explication du fac-similé 2 du livre dAbraham, Joseph Smith affirmait que
certaines informations qui sy trouvaient ne devaient pas être révélées au monde,
« mais peu[ven]t sobtenir dans le saint temple de Dieu ». Les études sur le
rituel du temple égyptien faites depuis le temps de Joseph Smith ont révélé des
parallèles avec les célébrations et la doctrine du temple chez les saints des derniers
jours, notamment la représentation de la création et de la chute de lhumanité,
les ablutions et les onctions et le retour final des personnes en la présence de Dieu. De
plus, mari, femme et enfants sont scellés ensemble pour léternité, la
généalogie est prise au sérieux; les hommes seront jugés selon leurs actes dans cette
vie et la récompense dune vie juste est de vivre éternellement en la présence de
Dieu avec sa famille. Il nest guère raisonnable de vouloir faire croire que tous
ces parallèles se sont produits par pur hasard.
Un certain nombre de textes pseudépigraphiques prétendant être des récits de la vie
dAbraham sont apparus depuis le temps de Joseph Smith, comme lApocalypse
dAbraham et le Testament dAbraham, des documents qui montrent des
ressemblances remarquables avec le livre dAbraham. Par exemple, au chapitre 12 du
Testament dAbraham, il y a une description du jugement des morts qui correspond dans
le plus grand détail à la scène montrée dans le fac-similé 3 du livre dAbraham
et, par ailleurs, au chapitre 125 du Livre des Morts égyptien. En fait, on peut trouver
dans les écrits pseudépigraphiques sur Abraham des parallèles avec presque chaque
verset du livre dAbraham.
En résumé, les nombreuses ressemblances que le livre dAbraham et les points de
doctrine des saints des derniers jours qui lui correspondent ont en commun avec les textes
religieux égyptiens et les écrits pseudépigraphiques récemment découverts peuvent
être une confirmation supplémentaire de lauthenticité de la traduction de Joseph
Smith connue sous le nom de livre dAbraham. Une question importante au sujet de son
authenticité continue à tourner autour du point de savoir si Joseph Smith a traduit
louvrage au départ des fragments de papyrus que lÉglise a maintenant en sa
possession ou sil a utilisé lurim et le thummim pour recevoir le texte du
livre dAbraham par révélation, comme cest est le cas pour la traduction du
rouleau de Jean le Révélateur, que lon trouve à la section 7 des Doctrine et
Alliances ou du livre de Moïse, qui est extrait de la traduction de la Bible par Joseph
Smith et qui se trouve aussi dans la Perle de Grand Prix. Ces exemples montrent que Joseph
Smith navait pas besoin de posséder un texte original pour que sa traduction lui
soit révélée. Dans sa fonction comme prophète, voyant et révélateur, beaucoup de
voies lui étaient ouvertes pour recevoir des informations par linspiration divine.
[Voir aussi Livre dAbraham: Fac-similés du livre dAbraham.]
Bibliographie
Ashment, Edward H. "The Facsimiles of the Book of Abraham: A Reappraisal."
Sunstone 4, n° 5-6, déc. 1979, pp. 33-48.
Baer, Klaus. "The Breathing Permit of Hor." Dialogue 3, n° 3, 1968, pp.
109-134.
Homans, J. E. Joseph Smith as a Translator. Salt Lake City, 1936.
Nibley, Hugh. The Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Parker, Richard. "The Joseph Smith Papyri: A Preliminary Report." Dialogue 3,
n° 2, 1968, pp. 86-92, 98-99.
Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary on the Joseph Smith
Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, pp. 259-274.
Spaulding, F. S. Joseph Smith, Jr., as a Translator. Brochure. Salt Lake City, 1912.
Wilson, John. "A Summary Report." Dialogue 3, n° 2, 1968, pp. 67-85.
MICHAEL D. RHODES
Abraham
Auteur: CLARK, E. DOUGLAS
Peu de personnages bibliques ont une place aussi importante dans la religion des saints
quAbraham. Dautres croient aussi quil a réellement existé, mais
lapproche des saints est unique: Les révélations reçues par Joseph Smith
confirment lhistoricité de base de la Genèse et ajoutent des informations
auxquelles font écho des sources antiques dont beaucoup ont été retrouvées après
lépoque du prophète.
Le livre dAbraham tel que rétabli par Joseph Smith raconte de manière
autobiographique la jeunesse dAbraham, expliquant pourquoi il a été choisi comme
destinataire clef des promesses divines destinées au bien de lhumanité. Non
seulement il avait été préordonné dans la vie prémortelle (Abr. 3:23; cf. Apocalypse
dAbraham 22:1-5), mais dans sa jeunesse à Ur il sopposa à lidolâtrie
et aux sacrifices humains, ce qui, ironie des choses, lui valut den devenir presque
victime (Abr. 1:5-20; cf. Genèse Rabbah 38:13). Ce qui est encore plus ironique,
cest que la délivrance de dernière minute dAbraham par Dieu préfigurait ce
qui allait se passer quand Abraham offrirait Isaac.
Après avoir épousé Sara et appris son droit par lignage à lordre patriarcal de
la prêtrise tel que révélé dans les «annales des pères» (Abr. 1:2-4, 26, 31; 2:2;
Jubilés 12:27; cf. D&A 107:40-57), Abraham se rendit à Charan, où il reçut
apparemment son ordination (Abr. 2:9-11; WJS, pp. 245, 303). Il vit aussi le Seigneur, qui
lui fit des promesses remarquables: Abraham serait béni au-delà de toute mesure; sa
postérité porterait lÉvangile à toutes les nations et tous ceux qui le
recevraient porteraient son nom, seraient comptés dans sa postérité et le béniraient
comme étant leur père (Abr. 2:6-11; cf. Ge. 12:1-3).
Accompagnés de leurs convertis, Abraham et Sara se rendirent à Canaan (Abr. 2:15;
Genèse Rabbah 39:14). La famine ne tarda pas à les forcer à aller en Égypte, non sans
que Dieu commande au préalable à Abraham de demander à Sara de se faire passer pour sa
sur (Abr. 2:22-25; Apocryphe de la Genèse 19:14-21) et lui donna ensuite une vision
du cosmos et de la création pour lui permettre de les enseigner aux Égyptiens (Abr. 3-5;
cf. Sefer Yetsirah).
Le récit du livre dAbraham prend fin ici, mais le dernier fac-similé du livre (le
n° 3) dépeint Pharaon qui prétend traditionnellement être seul détenteur de la
prêtrise et de la royauté (Abr. 1:25-27) honorant la prêtrise dAbraham en
lui permettant doccuper le trône et denseigner lastronomie à la cour
(cf. Pseudo-Eupolème; Josèphe, Histoire ancienne 1.viii.2). Le fait que le pharaon ait
reconnu la prêtrise dAbraham était inconnu dans toutes les autres sources antiques
jusquà la découverte, en 1947, de lApocryphe de la Genèse, censé, comme le
livre dAbraham, contenir un récit autobiographique dAbraham mais continuant
le récit en Égypte (Apocryphe de la Genèse 20:8-34): Quand le pharaon emmène Sara au
palais, Abraham, en larmes, fait appel à Dieu, lequel la protège immédiatement en
affligeant le pharaon. Laffliction empire, mais le pharaon finit par faire un rêve
où Abraham le guérit; le patriarche est alors convoqué et rend la santé au pharaon en
lui mettant les mains sur la tête. Cest le seul exemple connu dans lAncien
Testament ou dans les pseudépigraphes apparentés dune guérison par imposition des
mains, et il plante le décor pour la scène du livre dAbraham. Ensemble ces deux
sources expliquent pourquoi les anciens considéraient la rencontre dAbraham avec le
pharaon comme «un événement crucial dans lhistoire de lhumanité» (Nibley,
1981 [citant Wacholder], p. 63).
Mais cest Sara qui se trouve face au dilemme le plus difficile en Égypte: Si elle
honore la demande dAbraham (en feignant être vierge) et ses vux matrimoniaux
(en refusant les avances du pharaon), elle risque une mort certaine. Lautre choix
est simplement daccepter son nouveau rôle avec sa richesse et son influence
éblouissantes. Sara prouve sa fidélité au péril de sa vie et, comme Abraham et Isaac,
est finalement sauvée par Dieu. Son sacrifice prouve son égalité avec Abraham et leur
dépendance mutuelle (CWHN 1:98; IE 73, avr. 1970, pp. 79-95).
Dautres sources mormones éclairent des événements postérieurs de la vie
dAbraham, comme quand Sara, encore sans enfant après être retournée à Canaan,
donne sa servante Agar à Abraham (Ge. 16:1-3) et ainsi «servit Abraham selon la loi»
(D&A 132:65; voir aussi le verset 34) en accord avec danciennes sources
originaires du Proche-Orient que lon a maintenant et qui décrivent
lobligation légale dune épouse sans enfant. Le geste de Sara démontre, dit
un apôtre moderne, «son amour et sa fidélité à son mari» (JD 23:228) et est, dit
Philon, lune «des preuves innombrables» de son «amour conjugal
Partout et
en tout temps elle était à ses côtés
sa vraie partenaire dans la vie et dans les
événements de la vie, résolue à partager au même titre le bon et le mauvais» (À
propos dAbraham, pp. xlii-xliii).
Les sources de lÉglise décrivent en outre comment Abraham fut instruit au sujet de
Jésus-Christ par Melchisédek (EPJS, pp. 260-261), qui, comme prototype du Christ (TJS
Ge. 14:26-36; Al. 13:17-19), donna à Abraham la prêtrise selon lOrdre du Fils de
Dieu (voir Prêtrise de Melchisédek; D&A 84:14; 107:2-4; cf. Genèse Rabbah 43:6)
avec accompagnement dordonnances du temple préfigurant le Christ (Abraham,
fac-similé 2; Al. 13:2, 16; cf. Cave of Treasures [Budge], p. 148). Plus tard, Abraham
«regarda et vit les jours du Fils de lHomme, et se réjouit» (TJS Ge. 15:9-12;
Hél. 8:17; Jn. 8:56).
Lépreuve suprême dAbraham, le sacrifice dIsaac, fut à la fois le
rappel de lexpérience antérieure dAbraham et la préfiguration de choses à
venir. Des siècles avant Jésus, un prophète du Livre de Mormon dit du sacrifice
dIsaac par Abraham quil était une «similitude de Dieu et de son Fils
unique» (Jcb 4:4-5) tout comme beaucoup de pères chrétiens allaient le dire
rétrospectivement. La vie dAbraham symbolise donc et témoigne de son éminent
descendant, Jésus, qui, parce quil était également le Fils de Dieu, pouvait
expier pour Abraham et tous les autres.
La vie dAbraham préfigure aussi celle dun autre descendant, Joseph Smith
(D&A 132:30-31), dont la prière à lâge de quatorze ans fait écho à celle du
jeune Abraham au même âge (Jubilés 11:16-17; JSH 1:7-17). Les deux hommes avaient
été préordonnés; tous les deux avaient reçu la prêtrise, prêché lÉvangile
et rencontré une opposition redoutable; tous deux parlèrent face à face avec des
messagers divins et avec Dieu lui-même, tous deux possédaient un urim et un thummim,
traduisirent des documents antiques et rédigèrent des Écritures et tous deux fondèrent
une communauté influente de saints.
Mais le lien est plus direct. John Taylor dit quAbraham a visité Joseph Smith (JD
20:174-75; 21:94), dont la mission était aussi de révéler des connaissances perdues sur
Abraham (cf. 2 Né. 3:7, 12) et dont le ministère de rétablissement tout entier a aidé
à accomplir lalliance dAbraham que dans sa postérité toutes les nations
seraient bénies (2 Né. 29:14; 3 Né. 20:27, 29). Un but central de ce rétablissement
est de rendre les promesses dAbraham efficaces pour ses descendants, qui, par les
ordonnances du temple, peuvent recevoir les bénédictions dAbraham et être
scellés dans une chaîne dancêtres remontant jusquà Abraham et à Adam
(D&A2; EPJS, pp. 289-290).
Pour atteindre la gloire dAbraham, il est commandé aux saints des derniers jours
daller au Christ en «[faisant] les uvres dAbraham» dont la vie
constitue un modèle (D&A 132:32; cf. És. 51:1-2; Jn. 8:39; Coran 16:120-123). Ces
uvres commencent par le baptême et la réception du Saint-Esprit, sur quoi le
bénéficiaire doit «avancer résolument» (2 Né. 31:19-20) dans la justice, comme
Abraham, en obéissant à Dieu, en recevant la prêtrise et les ordonnances du temple, en
honorant les alliances, en fondant une cellule familiale, en instruisant les enfants, en
tenant des annales sacrées, en prêchant lÉvangile et en se montrant fidèle dans
lopposition (Abr. 1-2; Ge. 12-25). Quand on progresse le long de ce chemin, on se
calque de plus en plus sur Abraham et Sara et les bénédictions qui leur ont été
promises. Par exemple, quiconque nest pas descendant dAbraham mais reçoit le
Saint-Esprit devient la postérité dAbraham (EPJS, pp. 116-117; Abr. 2:10; cf. Ga.
3:29), tandis que tout homme qui magnifie la Prêtrise de Melchisédek devient de même la
postérité dAbraham (D&A 84:33-34). Et tout couple marié éternellement dans
le temple reçoit la promesse des bénédictions dAbraham une postérité
comme les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer, signifiant un accroissement
éternel de sa postérité dans le royaume céleste (D&A 132:30; JD 11:151-152;
15:320).
Cette bénédiction dune postérité innombrable a été promise en plusieurs
occasions à Abraham (Abr. 3:13-14; Ge. 13:16; 15:5; 17:2, 6), mais ce nest que
quand il a démontré quil était disposé à offrir Isaac comme sacrifice que le
Seigneur a garanti les promesses (Ge. 22:16-18), montrant, explique Joseph Smith, que
toute personne qui veut atteindre la vie éternelle «doit tout sacrifier» (EPJS, p.
260). En conséquence, le peuple du Seigneur doit être «mis à lépreuve comme
Abraham» pour devenir sanctifié par le descendant dAbraham, le Christ (D&A
101:4-5; Mro. 10:33) en vue de «sasseoir dans le royaume de Dieu avec Abraham» et
Sara (Al. 5:24) sur un trône de gloire pour hériter les mêmes bénédictions de
lexaltation dont jouit déjà ce couple exemplaire (D&A 132:34-37; cf. Testament
dIsaac 2:5-7).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The Example of Abraham." Ensign 6, juin 1975, pp. 3-7.
Nibley, Hugh. "A New Look at the Pearl of Great Price" IE 71-73, janv. 1968-mai
1970, une série darticles couvrant deux années.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
E. DOUGLAS CLARK
Abraham – Evangile
Auteur: FLAKE, JOËL A.
Le 3 avril 1836, les clefs de la «dispensation de lÉvangile dAbraham»
furent remises au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland
dans le cadre du rétablissement de toutes choses dans la dispensation de la plénitude
des temps (D&A 110:12). Il fut promis que par ceux qui recevraient lÉvangile
dans les derniers jours et leur postérité, toutes les générations qui
laccepteraient seraient bénies (HC 2:434-436). Ceci a renouvelé la promesse faite
jadis à Abraham (Ge. 12:1-3; Abr. 2:6, 9-11; cf. Ga. 3:7-9, 29).
Les saints des derniers jours enseignent quAdam, Hénoc, Noé, Abraham et beaucoup
dautres ont été à la tête de dispensations de lÉvangile. Les
bénédictions et les commandements divins ont été conférés en fonction des
circonstances du peuple fidèle de Dieu dans chaque dispensation.
La dispensation de lÉvangile dAbraham comprend lordre patriarcal de la
prêtrise et lalliance du mariage éternel (D&A 131:1-4; 132:28-30; voir aussi
Mariage: Mariage éternel), par lesquels lalliance abrahamique est perpétuée de
génération en génération parmi les fidèles. Abraham reçut la promesse quil
aurait une postérité innombrable dans le monde et hors du monde. Cette promesse est
renouvelée à tous ceux qui obéissent à lÉvangile de Jésus-Christ et reçoivent
lalliance sacerdotale du mariage céleste, «et c'est par cette loi que se
perpétuent les uvres [du] Père» parmi lhumanité tant dans le temps que
dans léternité (D&A 132:31-33). Le rétablissement de toutes choses comprenait
la restitution des clefs à Joseph Smith pour la rendre possible à lépoque moderne
pour tous ceux qui font les uvres dAbraham pour hériter lalliance et
les bénédictions dAbraham. [Voir aussi Postérité dAbraham.]
JOEL A. FLAKE
Abrahamique Alliance
Auteur: RASMUSSEN, ELLIS T.
Lalliance divine archétypale, dont lalliance dAbraham est un exemple,
est lalliance éternelle de lÉvangile de Jésus-Christ. En acceptant
lÉvangile, lhumanité peut être rachetée de lissue fatale de la mort
et de la tache du péché pour jouir de la vie éternelle avec Dieu.
La mission dAbraham nétait pas nouvelle; elle était comme la mission
dAdam, de Hénoc et de Noé. Le même pouvoir divin ou prêtrise qui leur donnait
lautorité de promulguer lalliance de la rédemption divine pour les enfants
de Dieu à leur époque a été renouvelée avec Abraham et sa postérité; elle devait
être explicitement perpétuée par lui et ses héritiers littéraux et spirituels pour
toujours (Ge. 12:1-3; Abr. 1:18-19; 2:6, 9-11).
ACCOMPLISSEMENT PAR ABRAHAM DE LA MISSION DE LALLIANCE Abraham apprit dans les
annales de ses ancêtres ce qui concernait le Dieu vrai et vivant et les pouvoirs
salvateurs de la prêtrise. Bien que ses ascendants directs eussent apostasié de
lÉvangile, il désirait et reçut, de la part de Melchisédek, cette vraie
prêtrise avec ses pouvoirs et ses responsabilités (Abr. 1:1-7, 18, 19, 31; D&A
84:14; Al. 13:14-19; Ge. 14:18-20).
Les Chaldéens idolâtres avaient rejeté Abraham et lavaient mis sur un autel pour
le sacrifier (Abr. 1:5-12) mais le Seigneur le sauva et lui commanda de partir de chez lui
à Ur pour une nouvelle terre promise (Ge. 11:27-32; 12:1-3; Abr. 1:1, 17; 2:1-5). Abraham
emmena dautres membres de sa famille dans un endroit quils appelèrent Charan,
où il gagna dautres convertis aux voies du Seigneur. Il partit avec eux pour
entreprendre son ministère au pays qui lui était promis, à lui et à tous ses
descendants qui écouteraient la voix du Seigneur (Abr. 2:6, 14-20; Ge. 12:4-8).
Abraham et son groupe sinstallèrent dabord dans la région de Béthel,
bâtirent un autel et proclamèrent le nom du Seigneur, façon de faire quil
perpétua dans les foyers quil fonda par la suite (Ge. 12:8; 13:4, 18). Près de
Béthel, les promesses et les responsabilités de lalliance furent renouvelées et
la circoncision devint le signe de lalliance, pour rappeler à tous les détenteurs
de rester purs et exempts de péché (Ge. 17). Abraham devint un homme de bonne
réputation (Ge. 14:13, 18-20; 23:1-16) et eut la confiance de Dieu, qui fit son éloge en
disant: «Je l'ai choisi, afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de
garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la justice» (Ge. 18:19). Il
connut lépreuve suprême et une révélation de la signification de lalliance
rédemptrice lorsque Dieu exigea quà titre de préfiguration du sacrifice du
Sauveur, il soit disposé à sacrifier son propre fils. Il réussit lépreuve, son
fils fut sauvé et il apprit comment tous peuvent être sauvés par le Rédempteur divin
(Ge. 22:1-18; Jn. 8:56; Jcb. 4:5; Ga. 3:8).
PERPÉTUATION DE LA MISSION PAR LES HÉRITIERS DABRAHAM. Les successeurs littéraux
et spirituels dAbraham apprirent à garder lalliance par les choses
quils subirent. Leurs efforts eurent parfois du succès et leurs voisins furent
impressionnés (Ge. 17:1-7; 26:1-5, 24-28; 28:13-22; 30:25-27; 32:24-29; 35:1-15; 39:1-6,
21-23; 40:8; 41:9-16, 37-42).
Une bénédiction patriarcale donnée par Jacob (Israël), petit-fils dAbraham, à
ses douze fils définit les rôles futurs de lalliance pour ses descendants, en
particulier ceux issus de Juda et de Joseph (Ge. 49:10, 22-26).
En plus de la postérité de Jacob, Abraham eut des descendants par Ismaël, le fils
dAgar, servante de Sara. Dans la famille dIsmaël, on cite «douze princes»
qui fondèrent des «parcs» et des «enclos» (Ge. 25:12-16). Six fils par Ketura, autre
épouse dAbraham, sont également cités parmi ses familles: Zimran, Jokschan,
Medan, Madian, Jischbak et Schuach (Ge. 25:2). Il leur promit à tous des dons avant de
mourir (Ge. 25:1-7), notamment des dons spirituels. Un descendant, Jéthro (ou Reuel),
sacrificateur de Madian, fournit à Moïse une épouse, lordonna à la prêtrise et
le conseilla sur la façon dorganiser, de gouverner et de juger Israël (Ex.
2:16-22; 18:12-27; D&A 84:6-16). De nombreux descendants dÉsaü, avec leurs
chefs tribaux et leurs rois, sont également mentionnés (Ge. 36).
Aujourdhui, des millions de personnes considèrent Abraham comme leur père. Tous
peuvent avoir les bénédictions de son alliance : il leur suffit de faire les uvres
dAbraham. Le Seigneur na jamais dit à Abraham que lui seul serait béni par
lalliance ou quelle ne bénirait que sa postérité littérale; la mission
était quen lui et en sa postérité toutes les familles de toutes les nations
seraient bénies. Tous ceux qui acceptent lalliance du divin Rédempteur deviennent
spirituellement la postérité dAbraham et reçoivent les mêmes bénédictions que
ses descendants biologiques (Ge. 12:1-3; Abr. 2:8-11; Ga. 3:7-9, 26-29; cf. Jean 8:33, 37,
39; Ro. 9:6-8).
LHÉRITAGE ABRAHAMIQUE PAR MOÏSE ET LES PROPHÈTES La mission de Moïse était de
délivrer les enfants dIsraël du joug de lesclavage et de la mort en Égypte
et de les ramener dans la Terre promise. Ils ne devaient entrer dans le pays que lorsque
liniquité des habitants précédents serait devenue si excessive quils se
seraient plus dignes de le conserver (1 Né. 17:35; Ge. 15:13-16; 17:7-9; TJS Ge. 17:4-7;
Ex. 4:22-23; 6:1-8). Par Moïse, le Seigneur donna aux Israélites des lois, des
ordonnances, des statuts et des commandements pour les aider à se rappeler leurs devoirs
envers Dieu et pour faire deux un royaume de sacrificateurs, un peuple saint, un
peuple acquis en tant que serviteurs exemplaires de Dieu (Ex. 19:1-6, 20 et suiv.; De.
4:1-6; Mos. 13:27-30).
Israël vécut effectivement selon lalliance dans les derniers jours de Moïse et du
temps de son successeur, Josué; mais à lépoque des juges et au-delà, les
Israélites tombèrent dans la manière de vivre des tribus voisines au lieu de suivre les
lois morales et religieuses du vrai Dieu (Jg. 2:7-13; 17:6; 21:25). Parce que les cycles
dapostasie se répétèrent pendant toute lhistoire dIsraël, les
Israélites furent périodiquement réprimandés par les prophètes pour leurs péchés et
appelés au repentir (par exemple, És. 1:1-4; Os. 4:1-6; Am. 3; Mi. 3; Jé. 2; Éz. 2).
Deux thèmes dominent les messages des prophètes de lAncien Testament: (1) le
Rédempteur promis viendrait et, quoique rejeté par beaucoup, il ouvrirait le chemin
promis vers le salut pour tous; (2) dans les derniers jours, lalliance
dAbraham serait rétablie (Es. 2:2-5, 11; 7:14-16; 9:1-7; 52:13-15, 53; Jé. 23:5-8;
Éz. 37:11-28; Da. 9:21-27; Mi. 5:2-5; Za. 9:9-11; 11:10-13; 13:6; 14:4-9).
ACCOMPLISSEMENT ET PERPÉTUATION Le Rédempteur est venu, et les lois et les prophéties
ont préparé les fidèles à le recevoir (Ga. 3:16-24, 25-29; Ac. 2:47; 5:14; 1 Co.
15:6). Il a accompli sa mission denseignement et de sacrifice personnels sur la
terre, puis il a chargé les nouveaux héritiers chrétiens de lalliance de la faire
connaître au monde entier (Mt. 24:14; 28:19-20; Mc. 16:15-16). Cependant, pendant des
siècles, le pouvoir sacerdotal dadministrer les ordonnances appropriées de
lalliance et certaines facettes essentielles de doctrine ont été perdus. Tous ont
maintenant été rétablis dans la dispensation moderne de lÉvangile (D&A
110:11-16) et sont de nouveau accessibles à toutes les familles et nations de la terre.
Bibliographie
Brandt, Edward J. "The Covenants and Blessings of Abraham" Ensign 3, févr.
1973, pp. 42-43.
Kimball, Spencer W. Abraham: An Example to Fathers. Salt Lake City, 1977.
Nyman, Monte S. "Abraham, the Father of the Faithful" Sperry Lecture Series.
Provo, Utah, 1975.
Guide par sujet, "Abrahamic Covenant"; et Dictionary, "Abraham, Covenant
of." Dans lédition de lÉglise de la King James Version de la Bible.
Salt Lake City, 1979.
ELLIS T. RASMUSSEN
Adam
Cette rubrique se compose de deux sections:
Adam: Sources mormones
Adam: Sources antiques
Le premier article traite des enseignements mormons au sujet dAdam. Le second
propose plusieurs sources apocryphes et pseudépigraphiques comme points de comparaison.
On trouvera de plus amples renseignements sur Adam dans Adamique, langue, Ève, Chute
dAdam, Condition mortelle, Péché originel, et Plan du salut, Plan de Rédemption;
concernant les débuts de la vie terrestre, voir Création; Création, récits de la,
Terre, Évolution, Jardin dÉden, Origine de lhomme, But de la vie terrestre:
Perspective mormone, et Mondes.
Adam, Chute d'
Auteur: MATTHEWS, ROBERT J.
Les saints des derniers jours voient dans la chute d'Adam et Ève un événement réel qui
s'est produit dans le jardin d'Éden et a affecté la terre entière et chaque individu du
genre humain. La Chute était une étape nécessaire à la progression éternelle de
l'humanité et a introduit les conditions qui ont rendu la mission de Jésus-Christ
absolument nécessaire pour le salut. Les quatre ouvrages canoniques et les enseignements
de beaucoup de dirigeants éminents de l'Église sont les sources de la doctrine de la
Chute chez les saints. Ces sources sétendent longuement sur les effets bénéfiques
de la Chute comme élément du «grand plan du bonheur» de Dieu (Al. 42:8) pour ses
enfants et témoignent qu'Adam et Ève doivent être honorés pour ce quils ont fait
(voir Plan du salut, Plan de Rédemption; But de la vie sur terre: Perspective des
saints).
La création de la terre a été un processus en plusieurs étapes dans lequel la chute
d'Adam et Ève et leur expulsion du jardin d'Éden ont été les étapes finales
nécessaires pour réaliser la condition mortelle. Sans la Chute, Adam et Ève n'auraient
pas eu denfants (2 Né. 2:23); par conséquent, le genre humain n'aurait pas existé
sur cette terre dans les conditions et les circonstances existant dans le jardin. Le
prophète Léhi explique: «Adam tomba que les hommes fussent» (2 Né. 2:25) et Hénoc
déclare: «Cest parce quAdam tomba que nous sommes» (Moï. 6:48).
Après la Chute, l'Évangile de Jésus-Christ fut enseigné à Adam et à Ève et ils se
réjouirent de leur situation. Adam bénit Dieu en disant: «À cause de ma transgression,
mes yeux sont ouverts, et j'aurai de la joie dans cette vie, et je verrai de nouveau Dieu
dans la chair» (Moï. 5:10). Et Ève fut heureuse, disant: «Sans notre transgression,
nous n'aurions jamais eu de postérité et nous n'aurions jamais connu le bien et le mal,
la joie de notre rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à tous ceux qui
obéissent» (Moï. 5:11).
La Chute na pas été un accident, ni une obstruction au plan de Dieu, ni une fausse
route dans le parcours de l'humanité. «Le Seigneur
a créé la terre afin qu'elle
soit habitée» par ses enfants (1 Né. 17:36), et puisque Adam et Ève n'auraient pas eu
denfants dans leur état édénique, la Chute a été tout bénéfice pour
l'humanité. Cela faisait partie du plan du Père, connu de lui à lavance et
essentiel au genre humain. Tout «a été fait dans la sagesse de celui qui sait tout» (2
Né. 2:24).
La Chute a apporté deux genres de mort à Adam, à Ève et à leur postérité: la
séparation de l'esprit et du corps physique, que les Écritures appellent «la mort
temporelle» (Al. 11:42-43) et lexclusion de la présence de Dieu, qui est appelée
la mort spirituelle (2 Né. 9:6; D&A 29:41). Jésus-Christ rachète de manière
inconditionnelle toute l'humanité des deux morts introduites par la chute d'Adam (voir
Péché originel), relève toute l'humanité du tombeau et la ramène en la présence de
Dieu pour le jugement (Hél. 14:16-17). L'Expiation rachète également les individus des
conséquences de leurs propres péchés à condition quils se repentent.
Le Livre de Mormon explique: «L'homme naturel est ennemi de Dieu, et l'est depuis la
chute d'Adam, et le sera pour toujours et à jamais, à moins qu'il ne se rende aux
persuasions de l'Esprit-Saint, et ne se dépouille de l'homme naturel, et ne devienne un
saint par l'expiation du Christ, le Seigneur» (Mos. 3:19; cf. Al. 22:14; 42:9-15). Dieu
«a créé Adam, et par Adam vint la chute de l'homme. Et à cause de la chute de l'homme
vint Jésus-Christ
et à cause de Jésus-Christ est venue la rédemption de
l'homme» (Mrm. 9:12; cf. 2 Né. 9:6).
Les Doctrine et Alliances disent que la Chute est le résultat de la transgression: «Le
diable tenta Adam, et celui-ci prit du fruit défendu et transgressa le commandement
C'est pourquoi, moi, le Seigneur Dieu, je le fis chasser du jardin d'Éden, de ma
présence, à cause de sa transgression, en quoi il devint spirituellement mort» (D&A
29:40-41). Par la suite, Dieu envoya des anges enseigner à Adam et à sa postérité «le
repentir et la rédemption par la foi au nom de [son] Fils unique» (D&A 29:42; cf.
Moï. 5:6-8).
La Chute n'était pas un péché contre la chasteté. Adam et Ève étaient «mari et
femme» et Dieu leur avait commandé de se multiplier (Ge. 1:27-28; Moï. 3:21-25; Abr.
5:14-19). Joseph Fielding Smith, un apôtre, explique : «La transgression d'Adam n'était
pas un péché sexuel comme certains le croient et lenseignent erronément. Adam et
Ève furent mariés par le Seigneur pendant qu'ils étaient encore des êtres immortels
dans le jardin d'Éden et avant que la mort nentrât dans le monde» (DS1, p. 116;
cf. JC, pp. 30-33).
L'Écriture ancienne et moderne établit un rapport indissociable entre la chute d'Adam et
l'expiation de Jésus-Christ. Paul résume cela comme suit: «Comme tous meurent en Adam,
de même aussi tous revivront en Christ» (1 Co. 15:22). La révélation moderne souligne
en outre que le Christ rachètera tout de la mort et des effets de la Chute.
Le prophète Joseph Smith a enseigné que le rôle d'Adam était d «ouvrir la voie
vers le monde» (EPJS, p. 7); il a donc été le premier homme à entrer dans la condition
mortelle, et la chute d'Adam a un effet mortel sur la terre entière. La terre mourra
(D&A 88:25-26), mais par le pouvoir expiatoire de Jésus-Christ, «la terre sera
renouvelée et recevra sa gloire paradisiaque» (10e A de F). «Tout deviendra nouveau, le
ciel et la terre et toute leur plénitude, les hommes et les bêtes, les oiseaux du ciel
et les poissons de la mer. Et ni un cheveu, ni un fétu de paille ne seront perdus, car
c'est l'uvre de ma main» (D&A 29:24-25; cf. 101:24-26; És. 51:6).
Comme Léhi la déclaré: «Si Adam n'avait pas transgressé, il ne serait pas
tombé, mais il serait resté dans le jardin d'Éden. Et toutes les choses qui avaient
été créées auraient dû rester exactement dans l'état dans lequel elles étaient
après avoir été créées; et elles auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de
fin» (2 Né. 2:22; cf. Moï. 3:9). Diverses interprétations ont été suggérées au
sujet de la nature de la vie sur la terre avant la Chute et sur la façon dont la Chute a
physiquement affecté le monde, mais elles vont au-delà de la doctrine clairement
exprimée par l'Église. L'Église et les Écritures sont cependant formelles pour dire
que la Chute a apporté les deux genres de mort à Adam et à sa postérité.
Bibliographie
McConkie, Joseph Fielding, et Robert L. Millet, dir. de publ. The Man Adam. Salt Lake
City, 1990.
Packer, Boyd K. "The Law and the Light." Dans The Book of Mormon: Jacob Through
Words of Mormon, to Learn With Joy, pp. 1-31. Provo, Utah, 1990.
Smith, Joseph Fielding. Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
ROBERT J. MATTHEWS
Adam: Sources mormones
Auteur: BAILEY, ARTHUR A.
Pour des
saints des derniers jours, Adam est lun des plus nobles et des plus grands de tous
les hommes. Les informations que lon trouve dans les Écritures et dans les
déclarations des apôtres et des prophètes modernes révèlent des détails au sujet
dAdam et de son rôle important dans la vie préterrestre, en Éden, dans la
condition mortelle et dans sa vie postmortelle. Elles donnent à Adam des noms et des
titres tels que Michel (D&A 27:11; 29:26), archange (D&A 88:112) et Ancien des
jours (D&A 138:38).
Le prophète Joseph Smith a enseigné que Michel, dont il est question dans la Bible (Da.
10:13; Jud. 1:9; Ap. 12:7), est Adam. Dans sa vie prémortelle, Adam reçut la prêtrise
(EPJS, p. 124), se vit enseigner le plan de Dieu (EPJS, p. 133) et fut désigné pour
être à la tête de la famille humaine (EPJS, p. 125). Il participa à la création de la
terre et occupa un poste dautorité à côté de Jésus-Christ (EPJS, p. 125), sous
la direction duquel il fonctionne en tout temps (D&A 78:16). Il mena les forces de la
justice contre le diable et «ses anges», qui furent vaincus et expulsés du ciel (voir
Guerre dans les cieux).
Les Écritures modernes certifient quAdam est un fils de Dieu, que son corps
physique a été créé par les Dieux à leur propre image et placé dans le jardin
dÉden (Moï. 6:9, 22; Abr. 5:7-11; EPJS, p. 279-286; cf. 2 Né. 2:14-19). Dans cet
état physique/spirituel en Éden, Adam fut appelé le «premier homme» (Moï. 1:34) et
reçut la responsabilité de cultiver le jardin et d «ouvrir la voie vers le
monde» (EPJS, p. 7). Il reçut la domination et la responsabilité de la terre, et il
donna des noms à ses créatures (Moï. 3:19). Il fut uni à Ève par le mariage (Abr.
5:4-19), mais dans leur état prémortel «ils nauraient pas eu denfants» (2
Né. 2:23). Adam reçut les grandes clefs de la prêtrise (Abr., fac-similés 2, 3) et ses
ordonnances furent confirmées sur Adam et Ève (cf. EPJS, p. 133).
Pour obéir au commandement de Dieu de multiplier et de peupler la terre, Adam et Ève
transgressèrent la loi. Leur action délibérée eut comme conséquence leur chute (voir
Chute dAdam), et ils furent expulsés du jardin. «Adam tomba pour que les hommes
fusent, et les hommes sont pour avoir la joie» (2 Né. 2:25). Leur action précipita
donc, comme Dieu lavait projeté, la phase terrestre du plan du salut.
Dans leur condition mortelle, des messagers célestes continuèrent à instruire Adam et
Ève au sujet du plan du salut (Moï. 5:4-9; 6:50-54). Ils reçurent les ordonnances de la
prêtrise (Moï. 5:59; 6:64-65) et tout ce qui était nécessaire pour instruire leurs
enfants (Moï. 5:12). Les sources mormones disent quavec Ève, Adam eut des fils et
des filles avant que Caïn et Abel ne naissent (Moï. 5:2-3, 16-17). Ils souffrirent des
effets des tentations du diable et connurent le chagrin de dissensions familiales qui
conduisirent au meurtre et à la méchanceté parmi certains de leurs enfants (Moï.
5:12-53).
Adam et Ève avaient une langue pleinement développée et tenaient des annales (Moï.
6:5-9). Ils tinrent leur généalogie et le récit de la Création. Trois ans avant sa
mort, Adam convoqua sa postérité juste à Adam-ondi-Ahman et lui donna sa bénédiction
finale (D&A 107:53).
Premier sur cette terre à recevoir les clefs de la prêtrise, Adam continue à dispenser
de lautorité à dautres et à superviser ladministration de la
prêtrise sur la terre; ceux à qui des clefs ont été données doivent les rendre ou en
rendre compte à Adam, et lui, de son côté, les remettra ou en rendra compte au Christ
(EPJS, pp 124, 133). Ceci se produira quand lancien des jours (Adam) assistera à un
conseil à Adam-ondi-Ahman précédant lavènement du Christ (Da. 7:9-10; cf. EPJS,
p. 95).
À la fin du millénium, Adam, en tant que Michel, mènera de nouveau les justes au combat
contre le diable et ses armées. Michel et les armées du ciel lemporteront de
nouveau (D&A 88:111-115). Quand Adam sonnera de la trompette, les tombes
souvriront et le reste des morts se lèvera pour être jugé (D&A 29:26-27).
Soumis au Père et au Christ, Adam présidera alors éternellement sur sa postérité
(EPJS, p. 124).
Les divers titres dAdam ont trait à des phases particulières de sa mission. Dans
son rôle prémortel et postmortel, il est connu sous le nom de Michel et comme archange
(D&A 29:26). En hébreu, Michel veut dire un «qui est comme Dieu», et dans son rôle
puissant et principal comme archange, Adam est le capitaine des armées du Seigneur dans
la bataille contre le diable et ses forces. Adam est le nom qui lui a été donné pour la
condition mortelle (Moï. 1:34). En hébreu, adam veut dire «homme» ou «humanité».
Dans les sources mormones, les autres significations du mot sont «premier homme»
(D&A 84:16), «beaucoup» (Moï. 1:34) et «premier père» (Abr. 1:3), dénotant son
rôle historique de «grand ancêtre» de la famille humaine tout entière (EPJS, p. 133).
«Ancien des jours» semble être son titre parce quil est «le premier et le plus
vieux de tous» (EPJS, p. 133).
Adam a été tenu en haute estime par tous les prophètes anciens et modernes. Brigham
Young a exprimé en 1852 et au cours des années suivantes lidée quAdam «est
notre Père et notre Dieu, et le seul Dieu auquel nous ayons affaire» (JD 1:50). Cette
réflexion en a amené certains à penser que Brigham Young voulait dire quAdam, qui
était sur terre notre ancêtre, était en réalité Dieu le Père. Mais cette
interprétation a été officiellement rejetée comme incorrecte (Kimball, p. 77). Plus
loin dans le même discours, Brigham Young dit clairement «que la terre a été
organisée par trois personnes distinctes, à savoir Élohim, Yahovah et Michel» (JD
1:51). On peut aussi trouver dautres renseignements sur les sentiments de Brigham
Young à propos dAdam dans un discours de conférence donné le 8 octobre 1854 (JD
1:50), clarifiant quelque peu sa précédente déclaration. Il y laisse entendre que par
un processus connu sous le nom dinvestiture divine, Dieu délègue son pouvoir à
ses enfants. Adam fut le premier sur terre à recevoir cette autorité, qui comprend
toutes les clefs, tous les titres et tous les pouvoirs essentiels possédés par le Père
(D&A 84:38; cf. 88:107). Il lui avait ainsi conféré tout ce qui était nécessaire
à laccomplissement de ses nombreuses responsabilités et Adam est un nom-titre
signifiant quil est le premier homme et père de tous.
Adam: Sources antiques
Auteur: PALMER, MARTIN J.
Les sources juives et chrétiennes antiques disent dAdam quil est le premier
humain et lancêtre du genre humain. Beaucoup de textes apocryphes retouchent le
récit adamique de lAncien Testament et contiennent ou reflètent des traditions
antiques précieuses. Certains saints des derniers jours ont comparé utilement
quelques-unes de ces idées avec certains concepts au sujet dAdam mentionnés dans
les sources des saints des derniers jours.
Dans le judaïsme, Genèse 1-2 est utilisé comme base pour comprendre la relation de
lhumanité avec Dieu. La postérité dAdam a hérité de sa nature déchue, et
pourtant Adam est considéré comme le modèle archétypal de lhumanité, comme cela
ressort de textes qui remontent au moins aux temps hellénistiques (IIe siècle av. J.-C.)
et est amplifié dans la philosophie juive médiévale. Philon, suivant un modèle
platonicien, voit, dans les deux récits de la création de la Genèse, une distinction
entre un homme céleste ou spirituel, créé dabord spirituellement à limage
de Dieu (Ge. 1:27; cf. Moï. 3:5), et un deuxième, un homme terrestre, formé avec la
poussière (Ge. 2:7). La plupart des exégètes juifs acceptaient lhistoricité du
récit biblique; toutefois, Genèse 2:8-3:24 était souvent interprété allégoriquement.
Le Talmud et la Haggada ont ajouté de riches détails à lhistoire adamique,
notamment une description impressionnante dans laquelle toutes les générations futures
et leurs prophètes passèrent devant Adam, qui les contempla (Sanh. 38b;
Av. Zar. 5a; Ge. R. 24:2; cf. D&A 107:55-57). Adam reçut les lois noachides (Sanh.
56b) et la loi du sabbat (Mid. Ps. jusquà 92:6). Il fut le premier homme à offrir
des sacrifices (Av. Zar. 8a; cf. Moï. 5:5). Les kabbalistes médiévaux ajoutèrent aussi
des interprétations mystiques, bien quAdam ne soit jamais identifié ici comme
étant Michel, comme dans les Écritures des saints des derniers jours (voir D&A
27:11; 107:54; 128:21).
La théologie chrétienne orthodoxe, articulée pendant le deuxième siècle par Irénée
et dautres en réponse aux contestations avancées par le gnosticisme, voyait
fidèlement lAncien Testament à travers le rôle du Christ. Le christianisme
primitif considérait lincarnation et lexpiation de Jésus-Christ comme
laccomplissement de luvre commencée par Adam. Alors quAdam était
le prototype du vieil homme mortel, le Christ devint le prototype du nouvel homme,
jouissant de la promesse de limmortalité. Jésus devint «le deuxième Adam», dont
lExpiation permettait à lhumanité de surmonter les effets de la Chute (1 Co.
15:22, 45).
Lhistoire de la création et le récit adamique de la Genèse étaient
particulièrement importants dans le gnosticisme, qui interprétait la Chute comme
leffondrement du principe divin dans le monde matériel. Ceci contribua à
lattitude négative du gnosticisme envers la création physique. Plusieurs écrits
gnostiques traitent dAdam. Lun deux, lApocalypse dAdam,
trouvé à Nag Hammadi, dépend fortement des traditions apocalyptiques juives et ne
contient aucun point de doctrine chrétien explicite. Il prétend être une révélation
donnée à Adam après la Chute par trois messagers célestes, expliquant la nature et
lampleur de la Chute et apportant la promesse dun Rédempteur futur. Cette
connaissance est alors passée dAdam à Seth et à ses descendants (cf. D&A
107:41-57).
La Vie dAdam et Ève est une uvre apocryphe importante traitant de la vie et
de la mort dAdam. Elle fut probablement écrite en Palestine entre 100 av. J.-C. et
200 apr. J.-C. Elle a été conservée dans les révisions grecque, latine et slave,
chacune considérablement différente des autres. Cette uvre décrit en détail le
repentir dAdam et dÈve après leur départ du jardin dÉden (cf. Moï.
6:50-68). Aucun point de doctrine clair et central ne sen dégage, mais le texte
souligne les idées de jugement final et de résurrection. Les autres éléments
eschatologiques sont absents. On ny trouve aucune indication de la doctrine
traditionnelle du péché originel. Adam est parfait; Ève, faible mais pas méchante,
déplore ses propres imperfections tout en aimant Adam et en lui obéissant.
Un élément central de la Caverne des trésors, une uvre syriaque, est son histoire
dune caverne où Adam a vécu et a été enterré. Son corps est récupéré par
Noé, qui lemporte dans larche et lenterre de nouveau sur le Golgotha.
Selon ce récit, le sang rédempteur de Jésus, également appelé «le dernier Adam»,
versé à la crucifixion, a dabord coulé sur la tombe dAdam, démontrant un
lien inexorable entre la chute dAdam et lexpiation du Christ. Ainsi, dans
lÉvangile de Barthélemy 1:22, Jésus dit à Adam: «Jai été mis en croix
pour toi et pour tes enfants» et dans 2 Hénoc 42, Adam dans le paradis est amené dehors
«avec les ancêtres
pour quils puissent être remplis de joie» et de
richesse éternelle.
Il existe de nombreux textes antiques au sujet dAdam, notamment le livre éthiopien
dAdam et Ève et les livres arméniens de La mort dAdam, lHistoire de
lexpulsion dAdam du paradis, lHistoire de Caïn et Abel, les Fils
dAdam, et Des bonnes nouvelles de Seth.
Bibliographie
Ginzberg, Louis. Legends of the Jews, Vol. 1, pp. 3-142. Philadelphie, 1937.
Johnson, M. D. "The Life of Adam and Eve". Dans The Old Testament
Pseudepigrapha, dir. de publ. J. Charlesworth, Vol. 2, pp. 249-95. Garden City, N.Y.,
1985.
Robinson, James M., dir. de publ. The Nag Hammadi Library, 2e éd. New York, 1989.
Robinson, Stephen E. "The Apocalypse of Adam". BYU Studies 17, hiver 1977, pp.
131-153.
Robinson, Stephen E. "The Book of Adam in Judaism and Early Christianity". Dans
The Man Adam, dir. de publ. J. McConkie et R. Millet, pp. 131-150, donnant une liste de
titres de nombreux ouvrages antiques. Salt Lake City, 1990.
MARTIN J. PALMER
Adamique, Langue
Auteur: ROBERTSON, JOHN S.
La notion de langue adamique sest développée parmi des saints des derniers jours
à partir de passages dÉcriture, de commentaires des premiers dirigeants de
lÉglise et de la tradition qui a suivi. Elle ne joue pas un rôle doctrinal
essentiel et il ny a pas de position officielle de lÉglise qui définisse sa
nature ou son statut.
Les Écritures disent que cette langue, écrite et parlée par Adam et ses enfants, était
«pure et sans tache» (Moï. 6:5-6). Brigham Young a enseigné quelle a continué
dAdam à Babel, lorsque le Seigneur «a fait oublier au peuple sa propre langue
maternelle
le dispersant au-dehors sur la face de la terre entière», excepté sans
doute en ce qui concerne Jared et sa famille dans le Livre de Mormon (JD 3:100; cf. Ge.
11:1-9; Mos. 28:17). Cette déclaration reflète la croyance mormone très répandue que
les membres fondateurs de la civilisation jarédite ont conservé la langue adamique lors
de leur émigration vers le Nouveau Monde (Ét. 1:33-43; 3:24-28). Ainsi, la description
que fait le frère de Jared de sa vision apocalyptique a été rendue linguistiquement
inaccessible sans laide interprétative divine, puisque «la langue que tu écriras,
[moi, Dieu] je l'ai confondue» (Ét. 3:21-28).
Dans les premières années de lÉglise, quelques mots de la langue adamique ont pu
avoir été révélés à Joseph Smith (JD 2:342) et à dautres dirigeants de
lÉglise, dont Brigham Young (HC 1:297) et Elizabeth Ann Whitney (Womans
Exponent 7, 1er nov. 1878, p. 83) dont on a dit quils ont parlé en langues. Plus
récemment, le président Benson a fait allusion à son rétablissement universel possible
pour résoudre la diversité linguistique (Teachings of Ezra Taft Benson, Salt Lake City,
1988, p. 93; cf. Brigham Young, JD 3:100).
Puisquon considère généralement quune langue reflète sa culture, il est
possible que lérosion de la pureté de la culture adamique après Babel ait conduit
à une perte concomitante de pureté dexpression dans la langue qui en est le
reflet.
JOHN S. ROBERTSON
Adam-ondi-Ahman
Auteur: BERRETT, LAMAR C.
Adam-ondi-Ahman, une colonie dans le comté de Daviess (Missouri), reçut en 1838 son nom
peu commun du prophète Joseph Smith au moment où les saints des derniers jours entraient
dans la région. Les membres de lÉglise avaient été expulsés du comté de
Jackson (Missouri) en 1833 après trois ans dasile provisoire et avaient été plus
tard priés de quitter le comté de Clay. Quand ils avaient fait appel à la législature
de létat pour quelle crée un nouveau comté «pour des Mormons», les
comtés de Caldwell et de Daviess avaient été organisés. Les saints
sinstallèrent immédiatement dans le comté de Caldwell avec Far West comme siège
du comté et se mirent sans tarder à coloniser le comté avoisinant de Daviess. En mai
1838, Joseph Smith conduisit des arpenteurs à une courbe en fer à cheval de la Grand
River, à cent-dix kilomètres au nord de lactuelle Kansas City et proclama une
nouvelle communauté quil appela Adam-ondi-Ahman parce que, dit-il, «cest
lendroit où Adam viendra visiter son peuple, lendroit où lAncien des
jours siégera, comme le dit Daniel, le prophète» (HC 3:35; D&A 116). Orson Pratt a
interprété le nom comme voulant dire «vallée de Dieu où Adam a demeuré» (JD
18:343).
Les révélations du prophète indiquaient plusieurs choses au sujet de la région: (1) le
jardin dÉden était situé au comté de Jackson (Missouri) et après avoir été
expulsé du jardin, Adam se rendit à Adam-ondi-Ahman; (2) trois ans avant sa mort, Adam
réunit les justes de sa postérité à Adam-ondi-Ahman et leur conféra sa dernière
bénédiction; (3) cet emplacement serait lendroit dune future réunion du
Seigneur avec Adam et les saints, comme annoncé par le prophète Daniel (Da. 7:9-14,
21-27; 12:1-3).
Quand il arriva dans la vallée avec léquipe darpenteurs, Joseph Smith trouva
trois ou quatre familles de saints des derniers jours qui y vivaient déjà et fit de la
cabane de rondins de Lyman Wight son quartier général. De juin à octobre 1838, la
population des trois kilomètres carrés dAdam-ondi-Ahman grimpa jusquà
environ 400 âmes. 600 autres, dispersées dans tout le comté de Daviess considéraient
Adam-ondi-Ahman comme leur capitale.
Quelque 90% des saints du comté de Daviess sinstallèrent sur des terres en vertu
des «droits de préemption», ce qui voulait dire que le gouvernement navait pas
encore rendu les terres disponibles pour lachat. Croyant quils finiraient par
posséder la terre, les saints des derniers jours travaillèrent dur pour développer
leurs fermes. En juin 1838, quand le troisième pieu de lÉglise fut organisé à
Adam-ondi-Ahman, avec John Smith comme président de pieu, une atmosphère de paix
semblait régner. Cependant, en juillet, les colons reçurent une mise en demeure publique
de partir du comté de Daviess sous peine davoir à subir des conséquences graves.
Les saints mirent leur milice en état dalerte pour se défendre. Quand les
hostilités éclatèrent en août, la milice du siège de lÉglise à Far West alla
à Adam-ondi-Ahman, mais aucune bataille ne sensuivit. Une action semblable se
produisit en septembre.
Le 11 octobre, les émeutiers forcèrent les saints des derniers jours à quitter DeWitt,
au comté de Carroll, puis se tournèrent vers le comté de Daviess, bien décidés à les
chasser tous de létat. Ils brûlèrent les cabanes, volèrent les animaux et
harcelèrent les familles. Quand la milice de Far West arriva pour la troisième fois, en
octobre 1838, les membres de lÉglise de tout le comté de Daviess se réunirent à
Adam-ondi-Ahman pour y chercher la sécurité et la population de la communauté passa à
plus de mille. Lobligation de vivre sous la tente et dans des chariots et une
tempête de neige soudaine aggravèrent leurs misères.
Tandis que Joseph Smith et la milice de Far West étaient à Adam-ondi-Ahman en octobre,
les membres de lÉglise se réunirent pour assister à la dédicace de la place
publique par Brigham Young. Cest à ce moment-là que Joseph Smith indiqua un
endroit où Adam avait jadis construit un autel. En mai, le prophète avait identifié ce
même emplacement comme un endroit qui avait également été utilisé par les anciens
Indiens dAmérique.
Après les pillages et les incendies doctobre par les émeutiers et les actes de
représailles des saints des derniers jours, bien décidés à se défendre, la milice
détat les força à rendre leurs armes le 7 novembre 1838, et leur donna dix jours
pour aller sinstaller à Far West. Adam-ondi-Ahman fut abandonné et tomba aux mains
de colons non mormons. Les familles du comté de Daviess passèrent lhiver à Far
West avant dêtre expulsés de létat au printemps de 1839.
Les Missouriens qui étaient responsables de lexpulsion des membres de
lÉglise hors du comté de Daviess savaient que dans quatre jours leurs terres
seraient mises en vente par le gouvernement des États-Unis. Les mormons partis, ces
résidants achetèrent les terres exploitées et profitèrent du travail des saints.
John Cravens acheta la majeure partie de la zone centrale de la ville
dAdam-ondi-Ahman et la renomma Cravensville. La localité exista pendant trente-deux
ans et eut assez de résidants pour concourir avec Gallatin pour être le chef-lieu du
comté de Daviess, mais après 1871, les terres retournèrent à lagriculture et à
lélevage.
En 1944, Wilford C. Wood 1944 acheta pour lÉglise quinze hectares à
Adam-ondi-Ahman et, depuis lors, on a acheté 1200 hectares supplémentaires. Les
recherches dans les archives et les fouilles archéologiques ont aidé à déterminer
lemplacement, la taille, la nature, et lhistoire de la localité.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, pp. 575-588. Salt Lake City, 1982.
LAMAR C. BERRETT
Alliances
Auteur : Van Beek, Wouter
Le mot « alliance » dans la Bible est la traduction de lhébreu berith et du grec
diathêkê. Le concept, tel quil se trouve dans le Livre de Mormon, semble proche de
lhébreu, qui désigne toute relation rendue officielle entre deux parties, comme un
contrat, un pacte ou une convention. Comme tel, le terme est utilisé pour les pactes de
non-agression entre peuples (Genèse 26:26-31), une promesse de propriété foncière
(Genèse 15:18-21), une libération des esclaves (Jérémie 34:8-9) ou un serment de
garder le secret (2 Rois 11:4). Le grec diathêkê est un terme plus légaliste,
impliquant un legs officiel (Galates 3:17). Dans le Nouveau Testament, le terme est
souvent traduit par « testament », mais est clairement utilisé pour le même type de
convention que « alliance » (cf. Hébreux 7:22 ; 8:6 ; Anderson, p. 5). Cet aspect
juridique ressort également dans les Doctrine et Alliances (p. ex., D&A 132:7), où
certaines questions dorganisation sont rédigées en termes dalliance (par
exemple, D&A 82:11-12). Le terme « alliance », qui signifie « union », porte sur
laspect relationnel. Dans dautres langues, le terme utilisé peut avoir une
connotation plus juridique.
Les membres de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours se disent
être un « peuple de lalliance ». Lun des aspects les plus importants de
leur vie est de conclure des alliances de justice et autorisées avec Dieu. Ils
considèrent leurs alliances comme léquivalent moderne des alliances des temps
bibliques.
La plupart des alliances mentionnées dans les Écritures sont faites par Dieu avec
lhumanité, soit avec des individus, soit avec un groupe. Dans une alliance de
groupe, comme celle de lIsraël dautrefois ou des Néphites, le chef ou le roi
« coupe lalliance » (comme on le dit en hébreu) pour et en faveur de son peuple,
qui à son tour affirme son entrée dans lalliance par un serment collectif ou par
le repentir (par exemple, 2 Chroniques 34:29-32). Cette alliance peut être réaffirmée
et rétablie, comme cela se produit dans le discours du roi Benjamin (Mosiah 1-6; voir
Ricks, 1984). Lorsquune alliance de ce genre est contractée, le pacte collectif
avec Dieu tient aussi longtemps que le peuple obéit aux commandements explicites ou
implicites de lalliance. On peut néanmoins constater, entre lAncien et le
Nouveau Testament, un glissement progressif de lalliance collective vers
lalliance individuelle. Cest également le cas dans le Livre de Mormon et dans
les enseignements de lÉglise. Il reste une certaine tension entre
lassociation avec les « élus » (Psaumes 89:3-4 ; D&A 88:130-133 ) et
lalliance plus générale pour toute lhumanité (Ésaïe 55:3). En tous cas,
les alliances individuelles sont essentielles dans la doctrine et dans la religion des
saints des derniers jours, tant dans lhistoire sacrée que dans la pratique
actuelle.
Quand une alliance est contractée, Dieu prend linitiative avec une promesse
conditionnelle, spécifiant les bénédictions accessibles et fixant les conditions pour
les recevoir. Parfois un signe est donné pour commémorer le pacte, comme les tables de
lalliance (Deutéronome 9:9-11). Des révélations (Jérémie 11:1-5) et des
miracles (Deutéronome 5:1-6) accompagnent parfois les alliances. On contracte
lalliance habituellement par un rituel, un signe visible. Les sacrifices par
effusion de sang (« le sang de lalliance », Exode 24:8), « lalliance du sel
» (Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5 ), la circoncision des garçons (Actes 7:8), le
baptême (D&A 22:1; Mosiah 18:7-11 ), la Sainte-Cène (Hébreux 8:6; 3 Néphi 18:1-14
), le don de la prêtrise avec son "serment et [son] alliance » (D&A 84:33-42),
le mariage (D&A 132) et dautres rites du temple, tous ces rituels révélés
sont appelés sacrements ou ordonnances, donnés comme alliances. Ils sont le signal que
les gens concluent ou réaffirment des alliances personnelles avec le Seigneur. Comme Dieu
est lié par ses promesses (D&A 82:10), la conclusion dune alliance doit être
guidée par la révélation et effectuée par lintermédiaire de lautorité de
la prêtrise. Dans le cas contraire, Dieu nest pas vraiment partie prenante dans le
contrat. Étant donné que les rites dalliance sont essentiels au salut et à
lexaltation de lhomme, le rôle de la prêtrise dans ladministration de
ces sacrements dalliance est crucial. Sans lautorité de la prêtrise, il
ny a pas dalliances éternelles. Pourtant, ces obligations dalliance
sont toujours directement en rapport avec le commandement général daimer Dieu et
son prochain, appelé « lalliance du cur » (Hébreux 10:16; Jérémie
31:31-34 ; Ésaïe 55:3 ).
Les alliances du Seigneur couvrent essentiellement le plan du salut tout entier. La
promesse que Dieu fait est denvoyer un Sauveur pour tous les humains, en demandant
de leur part leur obéissance à la volonté du Seigneur. Chaque alliance répond à des
aspects de la « plénitude de son Évangile » (D&A 133:57). Bien que diverses
dispensations puissent avoir leur spécificité, comme « lalliance des uvres
» dIsraël et « lalliance de la grâce » de Paul, les saints des derniers
jours regroupent toutes les alliances divines sous lunité dun seul Évangile.
En conséquence, toutes les alliances sont toujours nouvelles, éternelles et sans cesse
renouvelées.
Les saints des derniers jours concluent, lors du baptême, une alliance éternelle avec
Dieu, dans laquelle ils promettent de prendre sur eux le nom de Jésus-Christ, de garder
ses commandements, de porter les fardeaux les uns des autres, de se tenir comme témoins
de Dieu en tout temps, de se repentir et de servir et de toujours se rappeler le Christ
(voir Alliance du baptême ; Mosiah 18:8-10 ; D&A 20:37 ). Ils renouvellent cette
alliance en prenant la Sainte-Cène. Ils contractent dautres alliances impliquant
des obligations de fidélité, de zèle dans leur appel, de sacrifice, dobéissance,
de justice, de chasteté et de consécration quand ils sont ordonnés à la Prêtrise de
Melchisédek (voir Serment et Alliance de la Prêtrise), quand ils reçoivent la dotation
du temple, et quand un homme et une femme contractent le mariage éternel (voir Mariage :
mariage éternel ).
De nombreux commentaires soulignent le caractère unilatéral des alliances scripturaires.
Étant donné que les promesses du Seigneur dépassent largement les obligations de
lhomme, les bénédictions de la Divinité éclipsent de loin les efforts exigés
(voir Mosiah 2:21), bien que la notion de réciprocité soit toujours présente. Quelque
chose est exigé en retour étant donné quune alliance est essentiellement à deux
sens ; avant toute chose, cest une relation, le moyen par lequel Dieu et
lhomme sont réconciliés dans lExpiation offerte à tous par Jésus-Christ.
Une alliance est un rapport particulier avec le Seigneur quune personne ou un groupe
peut contracter. Les termes ont été fixés par le Seigneur tant pour les récompenses
(bénédictions, salut, exaltation) que pour les efforts exigés (obéissance aux règles
et aux commandements). Une alliance est accomplie lorsque les gens tiennent leurs
promesses et persévèrent jusquà la fin dans la foi, tandis que le Seigneur donne
des bénédictions au cours de la vie et le salut et lexaltation à la fin.
Il y a rupture de lalliance quand une promesse nest pas tenue,
cest-à-dire, quand il y a transgression des commandements. En brisant cette
relation, la personne perd ses bénédictions. Celles-ci ne peuvent lui être rendues dans
leur intégralité que si elle se repent et contracte à nouveau lalliance. Les
alliances réconfortent les justes (Daniel 9:4) et soulagent le coeur des opprimés
(D&A 74:20-21), mais causent la honte chez les impénitents (Ézéchiel 16:60-63 ).
Les saints des derniers jours croient que les premières alliances personnelles ont été
faites dans la vie prémortelle, pour être contractées à nouveau plus tard sur la
terre. Dans lhistoire sacrée de la terre, Dieu a fait alliance avec Adam et Ève et
tous les anciens patriarches et prophètes et leurs épouses. Par exemple, Dieu a fait des
alliances de toutes sortes avec Hénoc, Abraham et Sara, Moïse, les rois dIsraël
et de Juda, David, Salomon et Josias (2 Chroniques 34:29-32) et avec beaucoup de
prophètes. Jésus-Christ a institué la Sainte-Cène comme une alliance établissant des
relations personnelles avec chacun de ses disciples
(Hébreux 8:6), son sang remplaçant le vieux sang des sacrifices, le sang
dune alliance éternelle » (Hébreux 13:20). Par lintermédiaire de Joseph
Smith, les alliances éternelle ont été rétablies (voir Nouvelle Alliance éternelle ;
D&A 1:15 , 22 ; 22:1 ; 132 ).
Pour chaque groupe respectif de peuples de lalliance, cette relation importante avec
la Divinité est également un marqueur didentité distinguant des personnes ou un
groupe de leurs pairs. On utilise souvent des signes extérieurs tels que la circoncision
(Genèse 17:2-14), le jour du sabbat (Exode 31:12-17), lendogamie ou
linterdiction du mariage en dehors du groupe (Esdras 10:3), les salutations (D&A
88:131-133) et les interdits en matière de nourriture, tels que les tabous alimentaires
du Lévitique ou le code de santé moderne de la Parole de Sagesse (D&A 89).
Dun point de vue historique, laccent mis sur les alliances, parmi les églises
chrétiennes, sest renforcé à partir de la Réforme. Dans la Genève de Jean
Calvin, la notion dalliance était cruciale (Lillback, 1987), une tradition qui
sest transmise à de nombreuses confessions protestantes, notamment aux Puritains
(van Pohr, 1986). Dans lhistoire ecclésiastique américaine, les alliances ont
aussi été cruciales, et les Puritains de la Nouvelle-Angleterre se sont clairement vus
comme étant le peuple de lalliance du Seigneur (Miller, 1966). Ce concept est
resté important dans la culture américaine et est un élément vital et essentiel de la
religion mormone.
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Religious Validity: The Sacramental Covenants in 3 Nephi."
Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, tome 2, p. 1-51.
Salt Lake City, 1990.
Cooper, Rex E. Promises Made to the Fathers: Mormon Covenant Organization. Salt Lake City,
1990.
Lillback, P. A. The Binding of God: Calvins Role in the Development of Covenant
Theology. Ann Arbor, Mich., 1987.
Miller, P. Life of the Mind in America from the Revolution to the Civil War. Londres,
1966.
Pohr, J. van. The Covenant of Grace in Puritan Thought. AAR Studies in Religion 45.
Atlanta, Georgia, 1986.
Ricks, Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamins Address
(Mosiah 1- 6)." BYU Studies 24, printemps 1984, p. 151-162.
WOUTER VAN BEEK
Alliances aux temps bibliques
Auteur : Tate, George S.
L'idée de contracter et de respecter des alliances est essentielle pour les saints des
derniers jours, qui seraient tout à fait daccord « que le message central de la
Bible est l'alliance de Dieu avec les hommes » (Bruce, p. 139). Le thème de
lalliance « imprègne les enseignements de l'Ancien Testament » et toutes les
Écritures (Ludlow). Lutilisation dalliances sacrées pour unir les hommes à
Dieu et les uns aux autres est un procédé systématique et durable dans les relations de
Dieu avec l'humanité depuis le début de l'histoire de la terre jusqu'à l'heure
actuelle.
Se basant sur des révélations extrabibliques pour leur compréhension des alliances
bibliques, les saints des derniers jours considèrent l'histoire des relations de Dieu
avec l'humanité comme organisée selon des « dispensations » de l'Évangile, à
loccasion desquelles l'Évangile (et notamment la prêtrise et toutes les
ordonnances nécessaires) est accordé par Dieu à l'homme et reçu par alliance. Chaque
dispensation est présidée par des dirigeants de la prêtrise détenant des clés qui
leur donnent le droit de faire contracter aux hommes des alliances qui font force de loi
au ciel comme sur la terre. Ainsi, Moïse (De. 29:10-15), Josué (Jo 24:14-28) et Pierre
(Mt 16:19) ont été parmi ceux qui avaient lautorité d'agir au nom de Dieu quand
ils faisaient et renouvelaient des alliances qui liaient entre eux Dieu et son peuple.
Les relations dalliance de Dieu avec l'humanité ont commencé avec Adam et Ève.
Les textes de la Perle de Grand Prix montrent quAdam et Ève ont été les premiers,
après la Chute, à contracter des relations par alliance avec Dieu par le sacrifice, le
baptême (Moïse 6:64-66) et la réception de la prêtrise et dordonnances liées au
temple : « Cest ainsi que tout fut confirmé pour Adam par une sainte ordonnance »
(Moïse 5:59 ; voir aussi 4:4-5, 8, 10-12). Adam et Ève reçurent la promesse dun
Sauveur et il leur fut commandé d'être obéissants, d'être repentants et de tout faire
au nom du Fils de Dieu (Moïse 5:6-8).
Alors que la Bible utilise pour la première fois le terme « alliance » avec Noé (6:18
; 9:9-17), cest avec Hénoc (Moïse 7:51 ; 8:2) que les autres écritures des saints
des derniers jours lemploient en premier lieu. Les érudits bibliques non mormons
(p. ex., Fensham) organisent généralement les principales alliances bibliques en une
quintuple séquence (Noé, Abraham, Moïse, David et l'alliance du Nouveau Testament),
mais les saints des derniers jours suivent une séquence de sept dispensations principales
(Adam, Hénoc, Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ et ses apôtres et Joseph Smith) et
reconnaissent aussi celles du frère de Jared, de Léhi et dAlma dans l'histoire du
Livre de Mormon. Alors que les savants non mormons sefforcent de comprendre ce
quil y a de commun et de différent entre les alliances mentionnées dans la Bible
(par exemple, lalliance patriarcale d'Abraham a continué même quand l'alliance au
Sinaï a été violée), les saints des derniers jours, eux, trouvent que les grandes
alliances ont toutes un point commun à savoir quon y retrouve les mêmes principes
sous-jacents de l'Évangile de Jésus-Christ.
Étant donné le rôle essential quelles jouent dans les alliances mentionnées plus
tard dans la Bible (p. ex., Ex. 2:24; Luc 1:72-73; Actes 3:25; Galates 3:13-14), les
promesses faites de manière explicite dans l'alliance abrahamique revêtent une
importance particulière dans les enseignements de lÉglise (Ricks, 1985 ; Nyman).
Le livre d'Abraham dans la Perle de Grand Prix augmente la compréhension que nous avons
des promesses faites à Abraham et à Sara. Aux promesses d'une terre d'héritage (Genèse
15:18 ;17:8 ; cf. Abr 2:6) et d'une postérité innombrable (Genèse 15:5 ; 17:2-6 ; cf.
Abr 2:9 ; 3:14), le livre d'Abraham ajoute les bénédictions de la prêtrise (Abr 1:3-4,
18) et la promesse que la postérité d'Abraham sera le moyen par lequel l'Évangile sera
répandu sur toute la terre afin que le monde entier puisse recevoir l'Évangile et
obtenir le salut (Abr 2:10-11). Les saints des derniers jours croient que le pouvoir de
faire ces promesses antiques au moyen dune alliance a été rétabli le 3 avril
1836, quand Élie, Élias, Moïse et autres prophètes anciens ont rendu à Joseph Smith
et à Oliver Cowdery les clés de « la dispensation de l'Évangile d'Abraham, disant
qu'en nous et en notre postérité toutes les générations après nous seraient bénies
» (D&A 110:12 ; 124:58 ; 132:30-31).
Aux temps bibliques, on faisait des alliances politiques et juridiques de diverses
manières. Les alliances religieuses sinspiraient souvent de ces pratiques profanes.
Par exemple, dans la langue de la Bible, on « coupe » une alliance, ce qui rappelle le
procédé légal consistant à couper un petit animal lors d'une cérémonie scellant un
contrat ou un traité (Genèse 15:10; Hillers, p. 40-45).
Le processus de renouvellement des alliances, individuellement et collectivement, était
également un élément important de la vie religieuse à l'époque biblique. Tout comme
les saints des derniers jours « renouvellent » leur alliance du baptême en prenant la
Sainte-Cène, il y a des cas scripturaires de rites communautaires de renouvellement
d'alliance (par exemple, De 31:10-13; Jo 1:16-18). On trouve aussi des renouvellements
d'alliance dans le Livre de Mormon où lon constate des analogies avec les pratiques
du Proche-Orient (surtout hittites) (Ricks, 1984, 1990).
Malgré ces renouvellements, il est clair que l'ancienne alliance, ou loi de Moïse,
devait être remplacée par une nouvelle, comme Jérémie le prophétise (Jérémie
31:31). Les saints des derniers jours croient que cette prophétie sest réalisée
dans le Nouveau Testament (ou, plus exactement, la Nouvelle Alliance). Le Christ « est le
médiateur d'une alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures
promesses » (Hébreux 8:6). Le symbole récurrent du renouvellement dans la nouvelle
alliance est la Sainte-Cène, instituée lors de la dernière Cène et centrée sur
l'engagement à se souvenir toujours du Christ, ce qui fait penser à la Pâque de
l'ancienne alliance et à lappel des prophètes de lalliance à connaître
Dieu (Osée 4:6).
Bibliographie
Bruce, F. F. "Bible." Dans The New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ. J.
D. Douglas et autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Fensham, F. C., "Covenant, Alliance." Dans The New Bible Dictionary, 2e éd.,
dir. de publ. J. D. Douglas et autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Hillers, Delbert R. Covenant: The History of a Biblical Idea. Baltimore, 1969.
Ludlow, Victor L. "Unlocking the Covenant Teachings in the Scriptures."
Religious Studies Center Newsletter, Brigham Young University 4, no. 2, 1990, p. 1, 4.
Nyman, Monte S. "The Covenant of Abraham." Dans The Pearl of Great Price:
Revelations from God, p. 155-170, dir. de publ. H. Donl Peterson et C. Tate. Provo, Utah,
1989.
Ricks, Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin's Address (Mosiah 1-
6)." BYU Studies 25, printemps 1984, p. 151-162.
Ricks, Stephen D. "The Early Ministry of Abraham." Dans Studies in Scripture,
dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, vol. 2, p. 217-224. Salt Lake City, 1985.
Ricks, Stephen D. "Deuteronomy: A Covenant of Love." Ensign 20, avr. 1990, p.
55-59.
Whittaker, David J. "A Covenant People: Old Testament Light on Modern
Covenants." Ensign 10, août 1980, p. 36-40.
GEORGE S. TATE
Alma lAncien
Auteur: LAMBERT, L. GARY
Alma lAncien (vers 174-92 av. J.-C.) est le premier des deux Alma du Livre de
Mormon. Il est descendant de Néphi 1, fils de Léhi, et est le jeune prêtre de la cour
du roi Noé qui va essayer de faire libérer pacifiquement le prophète Abinadi. Cela va
lui valoir la vengeance royale, l'exil et des menaces de mort. Il est impressionné par
les accusations portées par Abinadi concernant l'immoralité et les abus du gouvernement
et de la société et par son témoignage de l'Évangile de Jésus-Christ (Mos. 17:2).
Forcé plus tard de passer dans la clandestinité, Alma met par écrit les enseignements
d'Abinadi, puis en fait part à d'autres, attirant suffisamment dadhérents
450 pour organiser une société de croyants ou église. Les croyants
sassemblent dans une région isolée et non exploitée appelée Mormon. Ceux qui
participent à la vie de l'Église sengagent à «porter les fardeaux les uns des
autres», à «pleurer avec ceux qui pleurent» et à «consoler ceux qui ont besoin de
consolation» et à «être les témoins de Dieu en tout temps, et en toutes choses»
(Mosiah 18:8-9). Cet engagement est alors scellé par le baptême, considéré comme
«témoignage que tu as conclu l'alliance de le servir [le Dieu Tout-Puissant] jusqu'à ce
que tu sois mort quant au corps mortel» (verset 13). Les croyants se donnent le nom de
«l'Église de Dieu, ou l'Église du Christ» (verset 17).
Alma ordonne des prêtres laïcs un par cinquante membres et il leur dit de
subvenir à leurs propres besoins et de limiter leurs sermons à ses enseignements et à
la doctrine «qui avai[t] été dit[e] par la bouche des saints prophètes
le
repentir et la foi au Seigneur» (Mos. 18:19-20). Il exige aussi lobservance fidèle
du sabbat, des remerciements quotidiens à Dieu et aucune controverse, «leurs curs
étant enlacés dans l'unité et l'amour les uns envers les autres» (18:21-23). Les
prêtres se réunissent au moins une fois par semaine avec le peuple pour linstruire
lors d'une réunion de culte (18:25). Par des dons généreux, tous prennent soin les uns
des autres, chacun selon ce qu'il a (18:27-28).
Les croyants finissent par être découverts et le roi Noé accuse Alma de sédition,
commandant à son armée de lécraser, lui et ses disciples. Forcé de partir en
exil, Alma conduit le peuple plus loin dans le désert où il prospère pendant vingt ans
dans une région qu'il appelle Hélam (Mos. 18:32-35; 23:1-5, 20). Alma décline fermement
les efforts bien intentionnés de le faire roi et réussit à dissuader son peuple
d'adopter un gouvernement monarchique, linvitant à jouir de cette nouvelle
«liberté qui [l] a rend[u] libr[e] et de ne se fier «à aucun homme pour qu'il
soit [son] roi» (Mos. 23:13). Il ne s'oppose pas à la monarchie en tant que telle. Ce
sont plutôt ses limites fondamentales qui le préoccupent: «S'il était possible que
vous eussiez toujours des hommes justes comme rois, il serait bien que vous ayez un roi»
(23:8).
Alma et son peuple seront plus tard opprimés par Amulon, un autre ex-prêtre qui a
déserté la cour du roi Noé, et qui, avec le reste d'une armée de Lamanites, découvre
le peuple d'Alma dans son refuge du désert. Pendant leurs souffrances, la voix du
Seigneur promet soulagement et délivrance à cause de leur alliance avec lui: «Moi, le
Seigneur Dieu, j'interviens effectivement en faveur de mon peuple dans ses afflictions»
(Mos. 24:14). Une fois de plus, à la manière de Moïse, Alma guide son peuple hors de la
servitude et, par un voyage de douze jours, le conduit dans une nouvelle terre, le pays de
Zarahemla, où il sunit au peuple de Zarahemla et aux Néphites exilés pour former
une nation néphite nouvelle et plus forte (Mos. 24:24-25).
Mosiah II, roi de Zarahemla, lui aussi descendant de Néphites croyants transplantés,
approuve et autorise même l'expansion de l'église d'Alma dans son royaume; toutefois,
l'Église fonctionne séparément et indépendamment de l'État. Le roi confie aussi les
rênes de la direction à Alma (Mos. 25:19; 26:8), qui dirige lÉglise avec succès
pendant vingt années caractérisées en grande partie par des épreuves, beaucoup
daffrontements entre non-croyants et membres de l'Église avec, pour résultat, des
moments pénibles aussi bien pour lui que pour l'Église (Mos. 26:1-39). Plus tard,
l'antagonisme généralisé va obliger le roi à publier un décret pour diminuer la
tension (27:1-6). Même un des fils d'Alma se retrouve dans les rangs des ennemis de
l'Église, son agitation et ses critiques aggravant encore les persécutions contre les
membres de l'Église (27:8-10).
De son vivant, Alma voit le roi Mosiah démanteler la monarchie et la transformer en un
système de juges élus par le peuple (Mos. 29:2); il voit aussi son propre fils, Alma le
Jeune, celui qui lui a précédemment causé du chagrin ainsi quà lÉglise,
devenir le premier grand juge (Mos. 29:1-44). Cette transformation politique va
savérer cruciale dans l'histoire du pays de Zarahemla. Alma y est pour quelque
chose, aussi bien directement quindirectement; lhistoire de ses souffrances et
de celles de son peuple sous des gouverneurs oppresseurs est bien connue dans tout le
royaume (25:5-6) et est restée distincte dans l'esprit du roi Mosiah (29:18). On voit
donc que l'influence d'Alma dépasse les limites spirituelles immédiates de son
intendance sur l'Église. Cest, en effet, à cause de cette influence que la nation
néphite tout entière connaît des changements sans précédent dans presque toutes les
dimensions de la vie quotidienne: politiques, sociaux et économiques aussi bien que
religieux. Ces changements et toutes leurs ramifications pour l'ordre social et la
population préparent le contexte dans lequel va se dérouler la visite du Christ
ressuscité en Amérique. Aimé de ses disciples pour son dévouement et sa foi, estimé
par ses pairs pour sa direction efficace, Alma sera probablement toujours connu surtout
comme fondateur de l'Église à Zarahemla. Sa postérité va devenir la première famille
néphite pendant plus de 400 ans, jusquà Ammaron en 321 apr. J.-C. (4 Né. 1:48).
Alma meurt à quatre-vingt-deux ans, moins de cent ans avant la naissance de
Jésus-Christ.
L. GARY LAMBERT
Alma le Jeune
Auteur : Millet, Robert L.
Peu de personnes ont eu une plus grande influence sur une civilisation qu'Alma le Jeune,
fils d'Alma lAncien. Il est une personnalité-clef dans la naissance de l'Église et
de la république néphites, et le premier grand juge à Zarahemla, commandant en chef de
l'armée néphite et grand prêtre (vers 90-73 av. J.-C.). Ses efforts pour protéger son
peuple contre la guerre, les dissensions et la méchanceté ne le cèdent quà son
dévouement total au Sauveur, qu'il apprend à connaître par la révélation.
Ce champion de la justice apparaît d'abord dans le Livre de Mormon comme un jeune homme
rebelle. Lui et quatre des fils du roi Mosiah II, décrits comme « les plus vils des
pécheurs » (Mos. 28:4), se rebellent contre les enseignements de leurs parents et
cherchent à renverser l'Église. Tandis quils se livrent à ce travail (vers.
100-92 av. J.-C.), l'ange du Seigneur leur apparaît, leur parle avec une voix de tonnerre
et les appelle au repentir et il leur dit quil le fait à cause des prières du
peuple et du père d'Alma. Pendant trois jours et trois nuits, Alma reste couché dans un
état physiquement comateux et, pendant ce temps, il se retrouve spirituellement face à
tous ses péchés, à cause desquels, dira-t-il plus tard, il était « tourmenté par les
souffrances de l'enfer » (Al. 36:12-14).
Au plus profond de langoisse de son âme, Alma se rappelle les paroles de son père
au sujet de la venue de Jésus-Christ pour expier les péchés du monde. Il en appelle,
dans son cur, au Christ, demandant grâce et suppliant dêtre délivré du «
fiel de lamertume» et des « chaînes éternelles de la mort » Et, dit-il, « je
ne pus plus me souvenir de mes souffrances; oui, je n'étais plus déchiré par le
souvenir de mes péchés» (Al. 36:17-19). Après leur conversion, Alma et les fils de
Mosiah vont consacrer leur vie à la prédication du repentir et au joyeux Évangile (Al.
36:24).
Pendant quelque neuf années, Alma va être à la fois grand prêtre de l'Église et grand
juge ou gouverneur d'un nouveau système politique de juges parmi les Néphites. Il est
instruit, gardien des registres sacrés et civils, orateur inspirant et écrivain habile.
Jeune dirigeant civil et religieux, il doit affronter un certain nombre de problèmes.
Plusieurs factions politico-religieuses sont en train dapparaître dans la société
néphite, notamment les Zoramites, les Mulékites, des membres de l'Église et un groupe
hostile à lÉglise, les disciples de Néhor (voir Livre de Mormon Peuples).
Conserver la direction néphite de tous ces groupes va se révéler impossible. Lors
dun procès-phare dans sa première année comme grand juge, Alma juge le populaire
Néhor coupable dimposer par lépée des supercheries de prêtres, ce qui aura
comme conséquence son exécution (Al. 1:2-15). Ceci débouche bientôt sur une guerre
civile au cours de laquelle Alma tue lui-même au combat le nouveau chef rebelle,
lun des protégés de Néhor (Al. 2-3). Il sensuit une grave épidémie
d'orgueil et d'inégalité parmi beaucoup dans l'Église (Al. 4) et la sécession des
arrogants Zoramites. «Ne voyant aucun autre moyen de le ramener qu'en lui opposant un
témoignage pur» (Al. 4:19), Alma démissionne de son poste de grand juge et se consacre
entièrement à luvre du ministère (Al. 4:19 ; 31 :5). Son travail religieux,
particulièrement dans les villes néphites de Zarahemla (Al. 5, 30) et de Gidéon (Al.
7), le bastion néhorite d'Ammonihah (Al. 8-16) et le centre zoramite dAntionum (Al.
31-35) revitalise l'Église et fournit le modèle de l'administration pour le siècle à
venir jusquà l'avènement du Christ.
Cest dans ses sermons et les bénédictions quil donne à ses enfants que
lon trouve les apports les plus durables dAlma. Certainement en raison de sa
propre conversion (Mos. 27), ses paroles portent fréquemment sur le sacrifice expiatoire
du Rédempteur et sur la nécessité pour les hommes et les femmes de naître de Dieu,
dêtre changés et renouvelés par le Christ. Parlant au peuple de Gidéon, il
prononce un oracle prophétique profond concernant la naissance de Jésus et l'Expiation
qu'il va accomplir, «subissant des souffrances, et des afflictions, et des tentations de
toute espèce
afin de détacher les liens de la mort qui lient son peuple; et il
prendra sur lui ses infirmités, afin que ses entrailles soient remplies de
miséricorde
afin qu'il sache, selon la chair, comment secourir son peuple selon ses
infirmités» (Al. 7:11-12). À Zarahemla, Alma met laccent sur la nécessité de la
nouvelle naissance et d'acquérir l'image et les attributs du Maître ; ce faisant, il
propose une série de plus de quarante questions qui évaluent la profondeur de la
conversion et de la préparation à rencontrer le Créateur (voir Al. 5).
À Ammonihah, Alma et son converti Amulek sont accusés de crime, provoqués et
emprisonnés pendant plusieurs semaines sans vêtements ni nourriture suffisante. Après
avoir été forcés dêtre témoins de la mort par le feu de plusieurs femmes et
enfants fidèles, Alma et Amulek sont miraculeusement délivrés et leurs persécuteurs
annihilés. Les discours d'Alma et d'Amulek sur la Création, la Chute et l'Expiation sont
parmi les déclarations théologiques les plus claires et les plus fondamentales de
lÉcriture sur ces sujets (voir Al. 11-12, 34, 42). En expliquant l'humilité, la
foi et la prière aux pauvres dAntionum (Al. 32-34), Alma et Amulek exposent le
procédé par lequel ceux qui nont pas la foi au Christ (ou ceux dans la bergerie
qui désirent fortifier leur croyance) plantent la semence de la parole du Christ dans
leur cur et finissent par recevoir le témoignage qui est donné par le pouvoir du
Saint-Esprit.
Certains des renseignements doctrinaux les plus pénétrants du Livre de Mormon nous
viennent des paroles d'Alma à ses fils. Parlant à Hélaman I, son fils aîné et
successeur, Alma raconte avec éloquence l'histoire de sa propre conversion, lui fait des
recommandations paternelles affectueuses et lui confie la garde des plaques dairain,
des plaques de Néphi, des plaques d'Éther et du liahona (Al. 36-37). À Shiblon, il
donne des conseils pratiques sages (Al. 38). À Corianton, son fils cadet dévoyé, qui
finira par uvrer vaillamment dans l'Église, Alma explique la gravité du péché
sexuel, que la méchanceté na jamais été le bonheur (Al. 39, 41:10), que tous les
esprits seront jugés après la mort et se tiendront un jour devant Dieu après une
résurrection parfaite (Al. 40) et que le mot « restauration » ne signifie pas que Dieu
remettra le pécheur dans un certain ancien état de bonheur (Al. 41), parce que la
miséricorde divine ne peut pas dérober la justice quand la loi de Dieu a été violée
(Al. 42).
Relativement jeune au moment de sa conversion, Alma vivra moins de vingt ans après cela.
Pourtant, en ces deux décennies, il va presque à lui tout seul revigorer et faire
triompher la cause de la vérité et de la liberté dans l'église et la société
néphites. N'oubliant jamais la voix de tonnerre de l'ange au moment de sa conversion,
Alma est sans cesse animé de ce désir invariable : «Oh, que je voudrais être un ange
et satisfaire le souhait de mon cur, d'aller et de parler avec la trompette de Dieu,
d'une voix qui fait trembler la terre, et d'appeler tous les peuples au repentir!
afin qu'il n'y ait plus de tristesse sur toute la surface de la terre» (Al. 29:1-2).
Quand il sen va un jour et quon ne le revoit plus jamais, ses fils et
l'Église supposent que « [le Seigneur] a aussi reçu Alma en esprit à lui» tout comme
Moïse (Al. 45:19), faisant une comparaison justifiée entre ces deux grands
législateurs, juges, gouverneurs, chefs spirituels et prophètes.
Pour les saints des derniers jours, la vie et les leçons d'Alma sont riches et
éternelles. Il donne de lespoir aux parents qui ont des enfants rebelles et est
comme une balise pour ceux qui ségarent. Cest un homme public modèle, un
exemple remarquable de la nouvelle vie en Christ, un prédicateur courageux, un
missionnaire et un théologien doué. Alma est un prophète qui a reçu la récompense
d'un prophète.
Bibliographie
Holland, Jeffrey R. "Alma, Son of Alma". Ensign 7, mars 1977, pp. 79-84.
Perry, L. Tom. "Alma the Younger." CR avril 1979, pp. 16-17.
ROBERT L. MILLET
Ancien Testament
Auteur: RASMUSSEN, ELLIS T.
LAncien Testament est lun des ouvrages canoniques admis par lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, qui lestime pour ses enseignements
prophétiques, historiques, doctrinaux et moraux. Il raconte une série de dispensations
antiques pendant lesquelles le peuple a reçu des conseils périodiques par des alliances
et des commandements divins dont beaucoup restent fondamentaux et intemporels. À ce
propos, il est significatif pour les saints des derniers jours quen septembre 1823
lange Moroni ait cité une série de prophéties de lAncien Testament quand il
a révélé au prophète Joseph Smith lendroit où se trouvait un document antique
écrit sur des plaques dor, dont la traduction a donné le Livre de Mormon
(JSH 1:36-41). De plus, les travaux considérables de Joseph Smith sur lAncien
Testament et les révélations qui lui ont été données à ce propos (juin 1830 à
juillet 1833), qui ont mené à la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) et à
certaines sections instructives des Doctrine et Alliances, soulignent limportance de
ces textes scripturaires. En outre, il ressort du Livre de Mormon quavant 600 av.
J.-C. le prophète Léhi et sa colonie ont apporté de Jérusalem sur le continent
américain un document sur des plaques dairain qui contenait beaucoup de textes de
lAncien Testament (1 Né. 5:10-15), amenant Léhi et ses descendants à attendre la
venue dun Rédempteur (1 Né. 19:22-23) et leur donnant un guide pour leur
épanouissement moral et spirituel (Mos. 1:3, 5).
LAncien Testament, même sil porte aussi le nom dAncienne Alliance,
nest donc pas démodé aux yeux des saints. Il contient des récits, de la sagesse
et des textes écrits part des prophètes anciens, et même si des «parties claires et
précieuses» ont été perdues, beaucoup ont été rendues dans les Écritures des saints
(1 Né. 13:40). Il contient une série dalliances anciennes avec Jéhovah
(Jésus-Christ) quil faut distinguer des alliances supérieures du Nouveau Testament
(par exemple, Mt. 26:28; Lu. 22:20; 1 Co. 11:25; 2 Co. 3:6; Hé. 7:22). Les saints des
derniers jours les considèrent toutes comme éléments du même plan de salut divin.
ALLIANCES ET COMMANDEMENTS ÉTERNELS. Les saints des derniers jours éprouvent le besoin
dapprendre et de pratiquer les principes prescrits dans toutes les alliances et tous
les commandements divins, qui sont éternellement valides. Pour connaître et comprendre
les buts éternels de Dieu, il faut étudier les époques passées dont il est question
dans lAncien Testament, ainsi que celles accessibles dans dautres Écritures
anciennes et modernes. Par exemple, les révélations modernes aident les saints des
derniers jours à lire lAncien Testament en appréciant plus complètement la
pérennité des notions éternellement importantes enseignés par les prophètes dans les
Écritures.
Depuis le commencement, les alliances divines liées au salut sont enseignées par les
prophètes et certaines sont symbolisées par des ordonnances sacrificatoires. Une
révélation donnée à Moïse et rétablie par Joseph Smith dit que les sacrifices
danimaux ont été exigés depuis le temps dAdam et Ève (Moï. 5:5) et que
ces sacrifices étaient «une similitude du sacrifice du Fils unique du Père» (Moï.
5:7).
Une autre alliance de lAncien Testament confirmée dans la révélation moderne est
lalliance abrahamique. Elle ne concerne pas seulement les descendants littéraux
dAbraham mais également ceux qui sont adoptés dans sa famille à cause de leur foi
dans le vrai Dieu et de leur baptême dans lÉvangile du Christ (Ge. 12:1; Ga.
3:26-29). Ces «descendants» dAbraham sont chargés dapporter les
bénédictions de cette alliance à toutes les nations, en enseignant le Dieu vrai et
vivant et en faisant connaître son plan de salut (Abr. 2:9-11). La responsabilité de
connaître lalliance dAbraham et dagir en conséquence a été transmise
aux héritiers modernes par la révélation (D&A 110:12). De plus, il y a, dans le
Livre de Mormon, une promesse de Jésus ressuscité selon laquelle les descendants de son
peuple dIsraël, le peuple de son ancienne alliance, qui ont été dispersés
au-dehors, «seront rassemblés de lest, et de louest, et du sud, et du nord;
et ils seront amenés à connaître le Seigneur, leur Dieu, qui les a rachetés» (3 Né.
20:13). Ils doivent être installés dans les pays de leur héritage et sacquitter
de leur responsabilité antique et suprême dédifier le royaume du Seigneur (3 Né.
20:21-46; cf. És. 52:1-15). Pour les saints des derniers jours, le rétablissement «de
toutes choses» (Ac. 3:21) inclut beaucoup de principes, de points de doctrine et
didéaux de lAncien Testament.
LOIS TEMPORAIRES ET ÉTERNELLES. Les saints des derniers jours ne croient pas que quand il
a accompli la loi de Moïse Jésus a de ce fait abrogé la loi, les prophètes et les
écrits de lAncien Testament (3 Né. 15:5-8). En fait, il a accompli la loi du
sacrifice en permettant que son propre sang soit versé (Al. 34:13) et en remplaçant
certaines pratiques religieuses dautrefois (3 Né. 12:18-20; 15:2-10). Ainsi, la
fête de la pâque est devenue la Sainte-Cène commémorant le dernier repas du Seigneur
(Lu. 22:1-20): Lagneau pascal a trouvé son point culminant dans lAgneau de
Dieu (Ex. 12:5, 21; 1 Co. 5:7; 1 Pi. 1:19; Ap. 5:6). Le sacrifice danimaux a trouvé
son point culminant dans le sacrifice final de Jésus, dont ils étaient de simples
symboles, mais le sacrifice «dun cur brisé et dun esprit contrit»
continue (3 Né. 9:19-20; cf. Ro. 12:1).
Jésus a réitéré beaucoup de lois morales et spirituelles enseignées par Moïse et les
prophètes. Celles-ci comprennent les lois concernant la révérence pour Dieu, le respect
des parents, la chasteté dans la conduite morale, le renoncement à la violence et au
meurtre et la pratique de lhonnêteté avec ses semblables (par exemple, Mt.
5:17-48; cf. 3 Né. 12:17-48; Lu. 16:19-31; 24:13-47). Abinadi, prophète du Livre de
Mormon, a réitéré les dix commandements et était formel quant à la nécessité
den enseigner et den vivre les principes (Mos. 12:33-37; 13:12-26). Et la
révélation moderne confirme la même nécessité pour quiconque veut être agréable au
Seigneur (par exemple, D&A 20:17-19; 42:18-29; 52:39).
Pour les saints des derniers jours, tous les principes de moralité et de justice
enseignés par les prophètes de lAncien Testament demeurent valides. Michée, par
exemple, dit: «Ce que lÉternel demande de toi, cest que tu pratiques la
justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu» (Mi.
6:8). Le Seigneur enseigne par Habacuc que les visions divinement inspirées
saccompliront sûrement, même si cest à une époque lointaine; cest
pourquoi, «le juste vivra par sa foi» (Ha. 2:3-4). Moïse invite les Israélites à
vivre selon les lois de Dieu en tant que bons exemples pour les autres: «Vous les
observerez [les lois et les prescriptions] et vous les mettrez en pratique ; car ce sera
là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de
toutes ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple absolument sage et
intelligent!» (De. 4:6). Jésus fait appel au Deutéronome et au Lévitique au sujet des
premier et deuxième commandements, aimer Dieu et son prochain (De. 6:4-5; Lé. 19:18,
33-34; Mc. 12:28-34).
Cela ne veut cependant pas dire que toutes les pratiques en matière de culte
recommandées dans «la loi et les prophètes» devaient être perpétuées
éternellement. Vers 150 av. J.-C., le prophète Abinadi du Livre de Mormon a expliqué:
«Et maintenant, vous avez dit que le salut vient par la loi de Moïse. Je vous dis
quil est nécessaire que vous gardiez, pour le moment, la loi de Moïse; mais je
vous dis que le temps viendra où il ne sera plus nécessaire de garder la loi de Moïse»
(Mos. 13:27). Jésus ressuscité a répété aux disciples sur le chemin dEmmaüs et
aux onze apôtres réunis à Jérusalem les enseignements de la loi et des prophètes, des
psaumes et de «toutes les Écritures» quil avait accomplis, (Lu. 24:13, 27, 33,
44). Certaines choses seulement ont pris fin en lui (3 Né. 15:8; Ga. 3:24).
Les saints des derniers jours chérissent donc les lois et les points de doctrine de
lAncien Testament qui sont éternels, croyant quils sont inspirés par l
Dieu» et sont «utile[s] pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire
dans la justice» (2 Ti. 3:16).
ATTENTE DU MESSIEPAR LES PROPHÈTES. Plus de cinq siècles avant le temps du Christ,
Jacob, un prophète du Livre de Mormon, disait que son peuple était informé sur le
Christ par les enseignements de Moïse et des prophètes, et avait ainsi lespoir de
sa venue (Jcb. 4:4-5). Et Néphi 1 ajoute: «Car cest à cette fin que la loi de
Moïse a été donnée, et tout ce qui a été donné par Dieu à lhomme depuis le
commencement du monde est une figure de lui [le Christ]» (2 Né. 11:4). À une autre
occasion, Jacob dit que «tous les saints prophètes
ont cru au Christ», et que
son peuple a fidèlement gardé la loi de Moïse, celle-ci «tournant notre âme vers [le
Christ].» En effet, ils voyaient dans loffrande dIsaac par Abraham «une
similitude de Dieu et de son Fils unique» (Jcb. 4:4-5). Amulek, un prédicateur
ultérieur du Livre de Mormon (v. 75 av. J.-C.), en parlant du «grand et dernier
sacrifice» du Fils de Dieu, déclare que «cest là toute la signification de la
loi, tout jusquau moindre détail annonçant ce grand et dernier sacrifice
[du] Fils de Dieu» (Al. 34:13-14).
La capacité des enseignements et des ordonnances des prophètes damener les hommes
au Christ est démontrée par le fait même que Jésus fait allusion à ces rites et à
ces enseignements. En descendant de la montagne de la Transfiguration, il rappelle à
Pierre, à Jacques et à Jean quil est «écrit du Fils de lhomme quil
doit souffrir beaucoup et être méprisé» (Mc. 9:12; cf. És. 53:3-7). Dans sa ville
natale de Nazareth, il annonce que la prophétie dÉsaïe que le Messie guérira et
délivrera le peuple est accomplie en lui (Lu. 4:21; És. 61:1-2). Après avoir guéri un
homme le jour du sabbat, Jésus dit à ceux qui veulent le condamner que le temps est
proche où même les morts entendront sa voix, faisant certainement allusion aux
prophéties concernant cet événement (Jn. 5:25; cf. És. 24:22). Ses paroles
dadieu à ce même auditoire sont: «Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez
aussi, parce quil a écrit de moi» (Jn. 5:46; cf. De. 18:15-19 et Ac. 3:22-23; 1
Né. 22:21; 3 Né. 20:23). Même en sa dernière heure mortelle, en souffrant et en
accomplissant les promesses de la rédemption, Jésus cite le premier vers du Psaume 22:
«Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mas-tu abandonné?» comme pour faire ressortir
laccomplissement imminent des vers restants du psaume (Mt. 27:46; cf. Ps. 22:7-8,
12-19).
Les premiers missionnaires chrétiens ont converti beaucoup de gens au Christ parmi ceux
qui «examinaient chaque jour les Écritures» (Ac. 17:10-12). Ces Écritures étaient ce
qui est maintenant appelé lAncien Testament. Les prédicateurs chrétiens ont
réussi à montrer «par les Écritures que Jésus était le Christ» (Ac. 18:24-28). Paul
a déclaré que les Écritures, «tout ce qui a été écrit davance la été
pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les
Écritures, nous possédions lespérance» du salut (Ro. 15:4).
Pour ce qui est de lavènement futur du Christ, plus dune vingtaine de psaumes
«royaux» et «messianiques» annoncent le règne du Seigneur à lépoque finale.
Les psaumes 72 et 100 sont typiques (voir Psaumes, prophéties messianiques dans les). De
plus, dans les livres prophétiques de lAncien Testament, il y a plus de chapitres
qui annoncent son règne final triomphant que de chapitres parlant de sa première venue
et de son sacrifice (par exemple, És. 40, 43, 45, 52, 60, 63, 65; Éz. 37-48; Da. 12; Za.
12-14).
PROPHÉTIES POUR LE PRÉSENT ET LE FUTUR. Pour les saints des derniers jours, lère
actuelle de lÉvangile de Jésus-Christ a commencé non seulement par la première
vision de Joseph Smith mais également par les visites dautres messagers divins, qui
ont cité des prophéties de lAncien Testament avec la promesse quelles
étaient sur le point de saccomplir. Lange Moroni a cité à Joseph Smith
certaines des prophéties eschatologiques de Malachie, Ésaïe, Joël et, selon Wilford
Woodruff, Daniel, et a promis leur accomplissement (JSH 1:29, 33, 36-41; JD 24:241).
Les saints des derniers jours utilisent les prophéties antiques et modernes pour apporter
la lumière de lÉvangile aux gentils pour que tous soient mutuellement bénis (És.
49:5-22; D&A 86:11; 110:12; 124:9). Dans les derniers jours, le Dieu du ciel établira
son royaume pour quil englobe tous les hommes, allant de lavant jusquà
ce quil remplisse la terre (Da. 2:31-45; D&A 65). Le Seigneur «ramènera Sion»
et, de cette manière, publiera la paix et le salut, en proclamant: «Ton Dieu règne!»
Alors toutes les nations verront le salut de Dieu (És. 52:7-10). Tous peuvent faire
partie de Sion, «ceux qui ont le cur pur» (D&A 97:19-21). «Des libérateurs
monteront sur la montagne de Sion», comme le dit Abdias, «et à lÉternel
appartiendra le règne» (Ab. 1:21; D&A 103:7-10).
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Matthews, Robert J. "A Plainer Translation": Joseph Smiths Translation of
the Bible. Provo, Utah, 1975.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nyman, Monte S., dir. de publ. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also
by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, pp. 136-173. Salt Lake City,
1990.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israels Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
ELLIS T. RASMUSSEN
Anges
[Cette rubrique se compose de trois articles: Anges: Anges; Anges: Archanges; Anges: Anges
gardiens. Le premier article traite de la nature des anges en ce qui concerne leur
ministère auprès des habitants de la terre, montrant que différentes catégories
accomplissent différents types de service. Le deuxième article examine une hiérarchie
parmi des anges, et désigne Michel comme archange. Le dernier article explore la notion
dange gardien et examine ce que les Écritures et les Frères ont dit. Il propose le
Saint-Esprit comme type d'ange gardien.]
Anges: Anges
Auteur: MCCONKIE, OSCAR W.
Les saints
des derniers jours acceptent la réalité de lexistence des anges comme messagers du
Seigneur. Des anges sont mentionnés dans les Ancien et Nouveau Testaments, le Livre de
Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix et jouent un rôle important
dans l'histoire des débuts de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
Les anges sont de divers types et accomplissent diverses fonctions pour assurer
luvre du Seigneur sur la terre.
Le scepticisme de l'époque moderne a eu tendance à diminuer la croyance dans les anges.
Cependant, Jésus-Christ a fréquemment parlé des anges, littéralement et au figuré.
Quand les disciples de Jésus lui ont demandé: «Explique-nous la parabole de
livraie du champ», il a répondu: «Celui qui sème la bonne semence, cest le
Fils de lhomme; le champ, cest le monde
les moissonneurs, ce sont les
anges» (Mt. 13:36-39). Les anges sont des êtres réels qui participent à beaucoup
dincidents racontés dans les Écritures (par exemple, Lu. 1:13, 19; 2:25; Jn.
20:12, etc.). Ils font partie de toute la famille des cieux» (voir Ép. 3:15). Tout le
monde, y compris les anges, est la postérité de Dieu.
Les anges, en ce qui concerne la forme, sont semblables aux êtres humains. Ils nont
bien entendu pas les ailes que beaucoup de peintres montrent symboliquement (EPJS, p.
129). À propos des deux anges qui rendent visite à Lot à Sodome, les habitants de
lendroit demandent: «Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ?»
(Ge. 19:1, 5, italiques ajoutés). Daniel décrit l'ange Gabriel comme ayant «l'apparence
d'un homme» (Da. 8:15). Au sépulcre du Sauveur ressuscité, «un ange du Seigneur
descendit du ciel» (Mt. 28:2) sous la forme dun «jeune homme
vêtu
dune robe blanche» (Marc 16:5). Joseph Smith fait la description tout à fait
détaillée d'un ange quand il rapporte la visite de l'ange Moroni (JSH 1:30-33,
43).
Les anges qui visitent cette terre sont des personnes qui ont été affectées comme
messagers auprès de cette terre: «Aucun ange ne s'occupe de cette terre en dehors de
ceux qui y appartiennent ou qui y ont appartenu» (D&A 130:5).
Il y a plusieurs types et sortes d'êtres, à divers niveaux de progression, que le
Seigneur a utilisés comme anges dans des circonstances variables. Une sorte est un enfant
d'esprit du Père éternel qui n'est pas encore venu au monde mais qui est destiné à
vivre dans la condition mortelle terrestre. Cest probablement le type d'ange qui est
apparu à Adam (Moï. 5:6-8).
Dans les premiers temps du monde mortel, beaucoup de justes ont été enlevés de la terre
(voir Êtres enlevés). Hénoc et son peuple (Moï. 7:18-21, 31, 63, 69; Hé. 11:5),
Moïse (Al. 45:19) et Élie (2 R. 2:11-12) ont tous été enlevés. Le prophète Joseph
Smith a enseigné que des êtres enlevés «sont prévus pour des missions futures»
(EPJS, p. 153) et par conséquent peuvent être des anges chargés dun ministère.
Un autre genre d'ange peut être quelquun qui a terminé son existence mortelle mais
dont les travaux continuent dans le monde d'esprit tandis qu'il attend la résurrection du
corps. Ceux-là sont qualifiés d «esprits des justes parvenus à la perfection»
(Hé. 12:22-23; D&A 76:69; EPJS, p. 263). «Ne sont-ils pas tous des esprits au
service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent
hériter du salut ?» (Hé. 1:13-14).
Depuis la résurrection de Jésus-Christ, certains anges ont été «des personnages
ressuscités, ayant un corps de chair et d'os» (D&A 129:1). Le prophète Joseph Smith
a dit que les anges ressuscités ont avancé plus loin dans la lumière et la gloire que
les esprits (EPJS, p. 263). Cest le cas des êtres qui ont contribué au
rétablissement de l'Évangile dans la dispensation de la plénitude des temps. Cest
à propos de ce type d'ange que Jean écrit: «Je vis un autre ange qui volait par le
milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour lannoncer aux habitants de la
terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple» (Ap. 14:6).
Élias, Moïse, Élie, Moroni, Jean-Baptiste, Pierre et Jacques sont des exemples
danges ressuscités qui ont servi le prophète Joseph Smith.
Conformément à la prophétie de Jean dans Ap. 14:6, la plénitude de l'Évangile, dans
la parole et la puissance, a été rétablie sur la terre par le ministère danges.
L'ange Moroni, être ressuscité, a révélé les annales du Livre de Mormon qui
contiennent la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-11; voir Moroni,
Visitations de). Plus tard celui qui était appelé Jean-Baptiste dans le Nouveau
Testament, étant maintenant aussi ressuscité, vint, le 15 mai 1829, comme ange rendre la
Prêtrise d'Aaron à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A 13; JSH 1:68-72;
voir Prêtrise d'Aaron: Rétablissement). De même, Pierre, Jacques et Jean, messagers
incarnés de Dieu, rétablirent la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12-13; voir
Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Moïse,
Élias et Élie apparurent chacun comme anges et rendirent les «clefs du rassemblement
d'Israël», la «dispensation de l'Évangile d'Abraham» (dont le mariage céleste ou
patriarcal) et les clefs du pouvoir de scellement pour «tourner le cur des pères
vers les enfants, et les enfants vers les pères» (D&A 110:11-16).
D'autres «divers anges» sont venus remettre des clefs, du pouvoir, de la prêtrise et de
la gloire (D&A 128:18-21), pour enseigner (2 Né. 10:3; Mosiah 3:2-3; Ap. 1:1), guider
et inspirer (Ap. 5:11) et rendre l'Évangile actif dans la vie des hommes et des femmes.
Cependant, luvre des anges du Rétablissement n'est pas complète et les
Écritures disent qu'il y aura encore d'autres ministères danges avant que
«l'heure [du jugement de Dieu soit] venue» (D&A 88:103-104; 133:36).
Les anges messagers apportent la connaissance, la prêtrise, le réconfort et les
assurances de Dieu aux mortels. Cependant, quand cest la prêtrise ou les clefs qui
doivent être transmises, l'ange exerçant ce ministère possède un corps de chair et
d'os, soit ressuscité, soit enlevé. Les esprits peuvent donner des informations, mais
ils ne peuvent pas conférer la prêtrise à des mortels, parce que les esprits ne font
pas limposition des mains aux mortels (cf. D&A 129).
Parfois le Seigneur lui-même peut aussi être qualifié dange, puisque le terme
signifie «messager». Il est le «messager du salut» (D&A 93:8) et le «messager de
l'alliance» (Mal. 3:1), et est «lange qui ma délivré» dont Jacob parle
dans Genèse 48:15-16.
Certains des enfants d'esprit du Père «nont pas gardé leur dignité» (Jud. 1:6;
D&A 29:36-38; Ap. 12:3-9) et, comme Peter lexplique: «Dieu na pas
épargné les anges qui ont péché, mais sil les a précipités dans les abîmes de
ténèbres» (2 Pi. 2:4). Ce sont des anges au diable. Ainsi, Satan et ceux qui ont choisi
de le suivre sont parfois qualifiés danges (2 Co. 11:14-15; 2 Né. 2:17; voir aussi
Premier état; Guerre dans le ciel).
Une utilisation différente du terme «ange» est appliquée à ceux qui, parce qu'ils
n'ont pas obéi aux principes de la nouvelle alliance éternelle du mariage, ne se
qualifient pas pour l'exaltation mais restent séparés et seuls en tant qu'anges chargés
dun ministère, privés dexaltation dans leur état sauvé pour toute
l'éternité (D&A 132:16-17).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Mormon Doctrine. Salt Lake City, 1966.
McConkie, Oscar W. Angels. Salt Lake City, Utah, 1975.
Pratt, Parley P. "Angels and Spirits." Dans Key to the Science of Theology, 10e
éd., pp. 112-119. Salt Lake City, 1973.
OSCAR W. MCCONKIE
Anges: Archanges
Auteur: GILES, JERRY C.
Traditionnellement, les anges ont été considérés comme des gardiens de personnes ou de
lieux et porteurs des nouvelles de Dieu. Le préfixe «arch-» intensifie cette
signification pour dénoter quelquun qui règne ou est éminent, principal ou
prépondérant. Plusieurs textes bibliques donnent la prééminence à quatre, six ou sept
anges (Éz. 9:2; Ap. 8:2). Denis, un théologien chrétien du VIe siècle, prétend
quil existe neuf ordres danges appelés churs, dont un est appelé
«archanges». Le Paradis Perdu de Milton fait apparaître les archanges Raphaël et
Michel à Adam au sujet de la chute des anges, de la Création et de l'histoire du monde.
Dante parle aussi darchanges dans la Divine Comédie.
Dans la littérature de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, un
archange est un ange en chef, détenant une position d'autorité dans la prêtrise dans la
hiérarchie céleste. Michel (Adam) est le seul à être ainsi formellement désigné dans
l'Écriture (D&A 29:26; 88:112; 107:54; 128:21; 1 Th. 4:16; Jud. 1:9), bien que
d'autres (Gabriel, qui est également Noé; Raphaël, Raguël, etc.) soient mentionnés
dans les ouvrages scripturaires, apocryphes, et pseudépigraphiques. Les enseignements des
prophètes modernes indiquent qu'il existe une organisation de prêtrise parmi les armées
célestes (EPJS, pp 124, 167). Cependant, les commentaires sur des postes ou des fonctions
spécifiques dans la hiérarchie céleste au-delà des Écritures citées ci-dessus sont
de la conjecture.
JERRY C. GILES
Anthon, Transcription
Auteur : Bachman, Danel W.
La transcription Anthon était une feuille de papier, considérée comme perdue, sur
laquelle Joseph Smith avait copié des échantillons de caractères d« égyptien
réformé » provenant des plaques du Livre de Mormon. Au cours de l'hiver de 1828, Martin
Harris montra ces caractères au professeur Charles Anthon du Columbia College
(aujourd'hui Université de Columbia), doù le nom.
En février 1828, Martin Harris, un agriculteur de Palmyra, New York, rendit visite au
prophète Joseph Smith, qui résidait alors à Harmony (Pennsylvanie), où il venait de
commencer à traduire le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon, Traduction par Joseph
Smith). Smith sétait précédemment adressé à Harris pour avoir son soutien
financier pour la traduction ; maintenant, Harris se rendait à Harmony pour prélever des
échantillons des caractères égyptiens réformés des plaques d'or (cf. Mrm. 9:32), dans
le but dobtenir lavis de scientifiques à propos de leur authenticité. Smith
remit à Harris une copie de certains des caractères, ainsi que d'une traduction, que
Harris présenta ensuite à au moins trois érudits de l'Est des États-Unis. Le plus
important d'entre eux, étant donné la nature de la demande, était Charles Anthon,
classiciste renommé au Columbia College.
Les comptes rendus de la rencontre faits par les deux hommes diffèrent. Harris dit que le
professeur Anthon lui remit un certificat attestant l'authenticité des caractères, mais
que quand il apprit que Joseph Smith disait avoir reçu les plaques d'un ange, il reprit
le certificat et le déchira. Anthon, pour sa part, laissa, en 1834 et en 1841, des
comptes rendus écrits dans lesquels il se contredit sur le point de savoir sil
avait donné à Harris une opinion écrite sur le document. Dans les deux comptes rendus,
apparemment pour que lon naille pas penser quil sassociait à la
publication du livre, il prétendit avoir déclaré à Harris qu'il (Harris) était
victime d'une escroquerie. Les recherches modernes permettent de dire que, compte tenu de
l'état des connaissances de l'égyptien en 1828, les idées dAnthon nauraient
guère été plus qu'une opinion. Quoi quil en soit, Harris retourna à Harmony
prêt à aider Joseph Smith à faire sa traduction.
L'Église Réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (maintenant
appelée Community of Christ) possède un texte manuscrit appelé Transcription Anthon,
qui contient sept lignes horizontales de caractères apparemment copiés des plaques.
David Whitmer, à qui le document appartint à un moment donné, dit que c'est ce texte
que Martin Harris montra à Charles Anthon. Cette affirmation reste toutefois incertaine
car la transcription ne correspond pas à l'affirmation dAnthon, à savoir que le
manuscrit qu'il avait vu était disposé en colonnes verticales. Même si le document
n'est pas l'original, il représente presque certainement des caractères copiés à
partir des plaques en la possession de Joseph Smith ou copiés à partir du document
utilisé par Harris. À deux reprises, fin 1844, après le martyre du prophète, certaines
parties de ces symboles furent publiées comme étant les caractères que Joseph Smith
avait copiés à partir des plaques d'or une fois sur une affiche et une fois dans
le numéro du 21 décembre du journal mormon The Prophet (voir Magazines). En 1980 parut
un document qui semblait correspondre à la description faite par Anthon et qui avait
lair dêtre la Transcription Anthon originale. Mais en 1987, Mark W. Hofmann
reconnut que cétait un faux dont il était lauteur (voir Falsifications de
Documents historiques).
La visite rendue par Harris à des savants est plus quune curiosité intéressante
dans l'histoire du mormonisme. Selon ses propres dires, Harris retourna à Harmony,
convaincu que les caractères étaient authentiques. Par la suite, il consacra de bon
cur de son temps et de ses ressources pour assurer la publication du Livre de
Mormon. De plus, le prophète, Harris lui-même et les générations suivantes de saints
des derniers jours ont vu dans sa visite la réalisation dÉsaïe 29:11-12, qui
parle « dun livre cacheté » remis à « un homme qui sait lire » et qui ne peut
pas le lire (PJS 1:9; cf. 2 Né 27:6-24; voir aussi Livre de Mormon, Prophéties bibliques
sur). Ses efforts encouragèrent apparemment Joseph Smith dans la phase initiale de la
traduction. La Transcription Anthon est également importante pour les générations
suivantes comme un échantillon authentique des caractères gravés sur les plaques d'or
et donc l'une des rares preuves tangibles de leur existence. [Voir aussi Livre de Mormon,
langue.]
Bibliographie
Kimball, Stanley B. "I Cannot Read a Sealed Book." IE 60, févr. 1957, 80-82,
104, 106.
Kimball, Stanley B. "The Anthon Transcript: People, Primary Sources, and
Problems." BYU Studies 10, printemps 1970, 325-352.
"Martin Harris' Visit to Charles Anthon: Collected Documents on Short-hand
Egyptian." F.A.R.M.S. Preliminary Report. Provo, Utah, 1985.
DANEL W. BACHMAN
Antimormons Publications
Auteur: NELSON, WILLIAM O.
Lantimormonisme comprend toute opposition hostile ou polémique au mormonisme ou aux
saints des derniers jours, comme la diffamation du prophète fondateur, ses successeurs ou
les points de doctrine ou les pratiques de lÉglise. Bien que parfois bien
intentionnées, les publications antimormones prennent souvent la forme dinjures, de
mensonges, de caricatures dégradantes, de préjugés et de harcèlement juridique,
donnant lieu à des assauts verbaux et physiques. Dès ses débuts, lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et ses membres ont été les cibles de
publications antimormones. Mis à part le fait quelle les a rassemblées à des fins
historiques et ce, en réponse aux directives divines, lÉglise a essentiellement
ignoré cette littérature, parce que la plupart des membres y voient de fausses
déclarations irresponsables.
Peu dautres groupes religieux aux États-Unis ont été lobjet de critiques et
dune hostilité aussi constantes et aussi rabiques. Depuis lorganisation de
lÉglise en 1830 jusquen 1989, au moins 1.931 livres, romans, brochures,
tracts et feuillets volants antimormons ont été publiés en anglais. De nombreux autres
bulletins, articles et lettres ont été distribués. Depuis 1960, ces publications ont
augmenté considérablement.
Une raison importante dhostilité à légard de lÉglise a été sa
croyance en la révélation extrabiblique. Les fondements théologiques de lÉglise
reposent sur laffirmation du prophète Joseph Smith que Dieu le Père, Jésus-Christ
et des anges lui sont apparus et lui ont commandé de rétablir une dispensation de
lÉvangile.
Le scepticisme auquel le témoignage de Joseph Smith sest heurté au début était
compréhensible parce que dautres avaient émis des prétentions semblables à la
réception de révélations de Dieu. De plus, Joseph Smith avait fait paraître le Livre
de Mormon, ce qui constituait une preuve tangible de ses prétentions à la révélation,
et ceci demandait à être vérifié. Son témoignage que le livre provenait dun
document antique gravé sur des plaques en métal quil avait traduit par le don et
le pouvoir de Dieu était considéré comme absurde par les incroyants. Les écrits
antimormons hostiles et les autres abus ont découlé en grande partie de la nécessité
de trouver une autre explication à lorigine du Livre de Mormon. Les premiers
détracteurs se sont tout dabord ingéniés à discréditer la famille Smith, en
particulier Joseph Smith, fils, et ont essayé de prouver que le Livre de Mormon était
entièrement du XIXe siècle. Les détracteurs postérieurs se sont davantage concentrés
sur des points de doctrine, différents dirigeants et le fonctionnement de lÉglise.
PREMIÈRES CRITIQUES (1829-1846). Laffirmation de Joseph Smith que des messagers
célestes lui avaient rendu visite fut accueillie avec dérision, en particulier par
certains ecclésiastiques locaux. Quand les efforts de le dissuader eurent échoué, il
devint lobjet de railleries. À partir de lépoque de la Première Vision
(1820) jusquà la première visite de lange Moroni (1823), Joseph «subit
toutes sortes dopposition et de persécutions de la part des différents ordres de
religieux» (Lucy Mack Smith, History of Joseph Smith, p. 74).
La première tentative sérieuse de discréditer Joseph Smith et le Livre de Mormon fut
celle dAbner Cole, rédacteur du Reflector, un journal local de Palmyra. Écrivant
sous le pseudonyme dObadiah Dogberry, Cole publia dans son journal des extraits de
deux chapitres piratés de lédition de 1830 du Livre de Mormon, mais fut obligé de
renoncer parce quil violait la loi du copyright. Cole recourut à la satire. Il
essaya de diffamer Joseph Smith en lassociant à la recherche de trésors et il
prétendit que Joseph était influencé par un magicien appelé Walters.
Alexander Campbell, fondateur des Disciples du Christ, écrivit la première brochure
antimormone publiée. Le texte parut dabord sous forme darticles dans son
propre journal, le Millennial Harbinger (1831), et puis dans une brochure intitulée
Delusions [tromperies] (1832). Campbell conclut: «Je ne doute pas un seul instant que
[Joseph Smith] soit lunique auteur et propriétaire [du Livre de Mormon].» Deux ans
plus tard, il revint sur cette conclusion et accepta une nouvelle théorie de
lorigine du Livre de Mormon, à savoir que Joseph Smith avait dune certaine
façon collaboré avec Sidney Rigdon pour produire le Livre de Mormon à partir du
manuscrit de Spaulding (voir ci-dessous).
Louvrage antimormon le plus notable de cette période, Mormonism Unvailed (sic), fut
publié par Eber D. Howe en 1834. Howe collabora avec lapostat Philastus Hurlbut,
excommunié de lÉglise à deux reprises pour immoralité. Hurlbut fut engagé par
un comité dantimormons pour trouver des gens qui certifieraient la malhonnêteté
de Smith. Il «rassembla» des déclarations sous serment de soixante-douze contemporains
qui professaient connaître Joseph Smith et étaient disposés à parler contre lui.
Mormonism Unvailed essaya de discréditer Joseph Smith et sa famille en assemblant ces
déclarations sous serment et neuf lettres écrites par Ezra Booth, également apostat qui
avait quitté lÉglise. Ces documents prétendent que les Smith étaient des
chercheurs de trésors et des irresponsables. Howe avança la théorie que Sidney Rigdon
sétait procuré un manuscrit écrit par Solomon Spaulding, le réécrivit dans le
Livre de Mormon et convainquit ensuite Joseph Smith de dire au public quil avait
traduit le livre à partir de plaques reçues dun ange. Cette théorie servit
dalternative au récit de Joseph Smith jusquà ce que le manuscrit de
Spaulding soit découvert en 1884 et se révèle navoir rien à voir avec le Livre
de Mormon.
Le recueil Hurlbut-Howe et Delusions de Campbell furent les sources principales de presque
tous les autres écrits antimormons du XIXe siècle et quelques-uns du XXe siècle,
notamment les ouvrages dHenry Caswall, John C. Bennett, Pomeroy Tucker, Thomas
Gregg, William Linn et George Arbaugh. La plupart de ces auteurs puisèrent de manière
routinière dans le même groupe de légendes antimormones (voir H. Nibley, «How to Write
an Anti-Mormon Book» Brigham Young University Extension Publications, 17 fév. 1962, p.
30).
La manifestation la plus infâme de lantimormonisme se produisit lors du conflit du
Missouri, pendant lequel Lilburn W. Boggs, gouverneur de létat, lança un ordre
dextermination. «Les Mormons, écrivit-il, doivent être traités comme des ennemis
et être exterminés ou chassés de létat, si cest nécessaire, pour le bien
public» (HC 3:175). Cet ordre fut à lorigine de lexpulsion des mormons hors
du Missouri et de leur réinstallation en Illinois.
Tandis quil était incarcéré à la prison de Liberty en 1839, Joseph Smith
écrivit aux saints et leur dit de ne pas répondre par une polémique mais de «réunir
les publications diffamatoires qui sont en circulation, et toutes celles qui se trouvent
dans les magazines et dans les encyclopédies et toutes les histoires diffamatoires qui
sont publiées, qui sont écrites, et par qui» de manière à mettre en lumière tous les
rapports trompeurs et faux au sujet de lÉglise (D&A 123:4-5, 12-13). Ce
procédé a été appliqué par les saints des derniers jours au cours des années.
Après linstallation des saints à Nauvoo (Illinois), leur principal antagoniste fut
Thomas C. Sharp, rédacteur du Warsaw Signal. Alarmé par le pouvoir civil de
lÉglise, il utilisa son journal pour sy opposer. En 1841, il publia Mormonism
Portrayed, de William Harris.
Six livres antimormons notables furent édités en 1842. Le premier fut History of the
Saints; or, An Exposé of Joe Smith and Mormonism, par John C. Bennett, qui avait été
conseiller de Joseph Smith dans la Première Présidence et avait aussi été le premier
maire de Nauvoo. Après son excommunication de lÉglise pour immoralité, il se
tourna contre les Mormons et publia une série de lettres dans un journal de Springfield
(Missouri). Il accusa Joseph Smith dêtre «lun des imposteurs les plus vils
et les plus infâmes qui soient jamais apparus sur la face de la terre». Lhistoire
de Bennett empruntait fortement à Mormonism Portrayed.
Cette même année, Joshua V. Himes publia Mormon Delusions and Monstrosities, qui
reprenait une grande partie de Delusions dAlexander Campbell. Le Révérend John A.
Clark publia Gleanings by the Way et Jonathan B. Turner, Mormonism in All Ages. Ces deux
livres se basaient fortement sur Howe et Mormonism Unvailed de Hurlbut. Mormonism and the
Mormons, de Daniel P. Kidder, amplifia la théorie Spaulding des origines du Livre de
Mormon en y incluant Oliver Cowdery en plus de Joseph Smith et de Sidney Rigdon.
Appelé l «Antimormon Extraordinaire», le Révérend Henry Caswall publia The City
of the Mormons, or Three Days at Nauvoo. Il prétendit avoir donné à Joseph Smith une
copie dun manuscrit grec des psaumes et que Smith lidentifia comme étant un
dictionnaire dhiéroglyphes égyptiens. Caswall inventa un dialogue entre lui et
Smith pour dépeindre Joseph Smith comme ignorant, grossier et fourbe. En 1843, Caswall
publia «The Prophet of the Nineteenth Century» à Londres, empruntant la majeure partie
de sa matière à Clark et à Turner.
En 1844 Joseph Smith dut affronter de graves dissensions au sein de lÉglise.
Plusieurs de ses plus proches collaborateurs étaient en désaccord avec lui concernant la
révélation du mariage plural et dautres points de doctrine. Parmi les principaux
dissidents il y avait William et Wilson Law, Austin Cowles, Charles Foster, Francis et
Chauncey Higbee, Charles Ivins et Robert Foster. Ils sallièrent avec les éléments
antimormons locaux et éditèrent un numéro dun journal, le Nauvoo Expositor. Ils y
accusaient Joseph Smith dêtre un prophète déchu, coupable de fornication et
malhonnête en matière financière.
Le conseil municipal de Nauvoo et le maire Joseph Smith déclarèrent le journal
«nuisance» illégale et commandèrent au marshal de la ville de détruire la presse.
Cette destruction mit en rage les antimormons hostiles autour de Nauvoo. Le 12 juin 1844,
le Warsaw Signal, le journal de Thomas Sharp, exigea lextermination des saints des
derniers jours: «La guerre et lextermination sont inévitables! Citoyens,
levez-vous tous!!! Pouvez-vous rester là et laisser ces démons infernaux! dépouiller
des hommes de leurs biens et de leurs droits sans les venger
Que [votre commentaire]
se fasse avec la poudre et les balles!!!» Quinze jours plus tard, Joseph Smith et son
frère Hyrum étaient assassinés à la prison de Carthage tandis quils attendaient
dêtre jugés sur accusation de trahison.
Sharp justifia la tuerie sous prétexte que «les citoyens les plus respectables»
lavaient réclamée. Lui et quatre autres furent par la suite jugés pour les
meurtres, mais furent acquittés faute de preuves.
Beaucoup pensaient que lÉglise périrait avec ses fondateurs. Quand les membres
sunirent sous la direction des douze apôtres, les attaques antimormones reprirent
de plus belle. Sharp réclama de nouveau lexpulsion des mormons de lIllinois.
En septembre 1845, plus de 200 maisons de membres de lÉglise avaient été
brûlées dans les régions environnant Nauvoo. En février 1846, les saints traversèrent
le Mississippi et commencèrent lexode vers lOuest.
Il est possible que le mobile de certains antimormons, particulièrement des apostats, ait
été la vengeance. Philastus Hurlbut, Simonds Ryder, Ezra Booth et John C. Bennett
voulaient se venger parce que lÉglise les avait disciplinés. Alexander Campbell
était furieux parce quil avait perdu beaucoup de ses disciples campbellites quand
ils sétaient joints aux saints des derniers jours. Mark Aldrich avait investi dans
un développement immobilier qui fit faillite parce que les immigrés mormons ne
lavaient pas soutenu et Thomas Sharp avait perdu beaucoup de ses perspectives dans
les affaires.
CARICATURE DES MORMONS ET CROISADE CONTRE LA POLYGAMIE (1847-1896). Linstallation
dans lOuest permit un isolement bienvenu pour lÉglise, mais la révélation
publique de la pratique de la polygamie en 1852 suscita un nouveau barrage de moqueries et
un affrontement avec le gouvernement fédéral.
Les années de 1850 à 1890 furent turbulentes pour lÉglise parce que les
réformateurs, les ecclésiastiques et la presse attaquèrent ouvertement la pratique de
la polygamie. Les opposants fondèrent des sociétés antipolygames et le Congrès publia
une législation antipolygame. Les mormons furent caricaturés comme étant des gens qui
défiaient la loi et étaient immoraux. Le but clair de la croisade juridique et politique
contre les mormons était de détruire lÉglise. Seul le manifeste de 1890, une
déclaration de Wilford Woodruff, président de lÉglise, qui abolissait
officiellement la polygamie, apaisa le gouvernement, permettant la restitution à
lÉglise de ses biens confisqués. Les écrits, conférences et dessins satiriques
antimormons volumineux de lépoque caricaturèrent lÉglise comme une
théocratie qui défiait les lois de la société conventionnelle ; beaucoup décrivaient
ses membres comme bercés dillusions et fanatiques ; et ils prétendaient que la
polygamie, les rituels secrets et lexpiation par le sang constituaient les
fondements théologiques de lÉglise. Les motifs principaux étaient de discréditer
les croyances des saints, de réformer moralement ce qui était perçu comme un mal ou
dexploiter la polémique à des fins financières et politiques. La tactique
diffamatoire utilisée consistait en attaques verbales contre les dirigeants de
lÉglise, en caricatures dans les périodiques, les magazines et les conférences,
en inventions dans les romans et en mensonges purs et simples.
Louvrage antimormon le plus influent au cours de cette période fut probablement
Origin, Rise, and Progress of Mormonism, de Pomeroy Tucker (1867). Imprimeur employé par
E.B. Grandin, éditeur du Wayne Sentinel et imprimeur de la première édition du Livre de
Mormon, Tucker affirma avoir été en relations étroites avec Joseph Smith. Il soutint
laccusation de Hurlbut-Howe que les Smith étaient malhonnêtes et prétendit
quils volaient leurs voisins. Il reconnaissait cependant que ses insinuations
nétaient pas «confirmées par une enquête judiciaire».
The Golden Bible or the Book of Mormon: Is It from God? (1887) du Révérend M. T. Lamb se
moquait du Livre de Mormon quil qualifiait de «verbeux, maladroit, stupide
improbable
impossible
[et] une conjecture idiote.» Pour lui le livre était
inutile et de loin inférieur à la Bible et il disait de ceux qui croyaient au Livre de
Mormon quils étaient mal informés.
Sur les cinquante-six romans antimormons publiés au cours du XIXe siècle, quatre
devinrent le modèle de tous les autres. Ces quatre romans étaient des romans à
sensation érotiques se focalisant sur le soi-disant triste sort des femmes dans
lÉglise. Boadicea, the Mormon Wife, dAlfreda Eva Bell (1855), faisait des
membres de lÉglise «des meurtriers, des faussaires, des escrocs, des joueurs, des
voleurs et des adultères!» Dans Mormonism Unveiled, dOrvilla S. Belisle (1855),
lhéroïne était prise au piège dans un harem mormon sans espoir den sortir.
Mormon Wives, de Metta Victoria Fuller Victor (1856) fait des mormons des gens affreux et
aveuglés. Maria Ward (un pseudonyme) dépeint les tortures infligées par les mormons aux
femmes dans Female Life Among the Mormons (1855). Les auteurs écrivaient des passages
choquants dans le but de vendre les publications. Des membres excommuniés essayèrent de
profiter de leur ancienne appartenance à lÉglise pour vendre leurs histoires. Tell
It All, de Fanny Stenhouse (1874), Wife No. 19 dAnn Eliza Young (1876) étaient des
histoires à sensation sur le thème de la polygamie. William Hickman vendit son histoire
à John H. Beadle, qui exagéra le mythe danite dans Brighams Destroying Angel
(1872) pour présenter les mormons comme des gens violents.
Les dirigeants de lÉglise ne répondirent à ces attaques et à cette publicité
défavorable que par des sermons et des exhortations. Ils défendirent la doctrine
fondamentale de lÉglise quétaient la révélation et lautorité venant
de Dieu. Pendant la période des poursuites fédérales, la Première Présidence condamna
les actes contre lÉglise de la part du Congrès des États-Unis et de la Cour
Suprême comme violations de la Constitution des États-Unis.
LA RECHERCHE DUNE EXPLICATION PSYCHOLOGIQUE (1897-1945). Après que lÉglise
eut officiellement mis fin à la polygamie en 1890, limage publique du mormonisme
saméliora et devint modérément favorable. Cependant, en 1898, lUtah élut
au Congrès des États-Unis B.H. Roberts, qui avait contracté des mariages pluraux avant
le Manifeste. Son élection ranima les accusations de polygamie et de nouvelles
dénonciations par les reporters à scandale des magazines et le Congrès refusa de le
valider. Pendant le débat au Congrès, lOrder of Presbytery dUtah publia une
brochure, Ten Reasons Why Christians Cannot Fellowship the Mormon Church [Dix raisons pour
lesquelles les chrétiens ne peuvent pas recevoir lÉglise mormone dans leur
communion], sopposant principalement à la doctrine de la révélation moderne.
Lélection de Reed Smoot au Sénat des États-Unis (le 20 janvier 1903) causa une
polémique de plus. Bien que nayant pas été polygame, Smoot était membre du
Collège des douze apôtres. Dix mois après quil eut été assermenté en tant que
sénateur, son cas fut passé en revue par le Senate Committee on Privileges and
Elections. Les auditions pour laffaire Smoot durèrent de janvier 1904 à février
1907. Finalement, en 1907, le sénat vota de lui permettre de prendre son siège. La
Première Présidence publia alors An Address to the World (une déclaration au monde),
expliquant la doctrine de lÉglise et répondant aux accusations. La Salt Lake
Ministerial Association (lassociation des pasteurs de Salt Lake City) réfuta, le 4
juin 1907, cette déclaration dans le Salt Lake Tribune.
Pendant 1910 et 1911, les magazines Pearson's, Collier's, Cosmopolitan, McClure's et
Everybody's publièrent des articles antimormons rabiques. McClure accusa les mormons de
toujours pratiquer la polygamie. Cosmopolitan compara le mormonisme à une vipère
essayant de saisir, avec des tentacules, la richesse et le pouvoir. Les rédacteurs
qualifièrent lÉglise d «institution méprisable» dont «lemprise
gluante» avait servi le pouvoir politique et économique dans une douzaine détats
de lOuest. Les historiens de lÉglise appellent ces articles «la croisade des
magazines».
Larrivée du cinéma donna lieu à une répétition du stéréotype antimormon. De
1905 à 1936, on sortit au moins vingt et un films antimormons. Les plus sordides furent A
Mormon Maid (1917) et Trapped by the Mormons (1922). Les films montraient des dirigeants
polygames cherchant des converties pour satisfaire leurs convoitises et les mormons
assassinant des voyageurs innocents dans des rites secrets. Certains des écrits
antimormons les plus virulents de lépoque venaient de Grande-Bretagne. Winifred
Graham (Mme Theodore Cory), romancière antimormone professionnelle, accusa les
missionnaires mormons de profiter de la Première Guerre mondiale pour faire du
prosélytisme auprès des femmes dont les maris étaient partis faire la guerre. Le film
Trapped by the Mormons était basé sur lun de ses romans.
Quand la théorie Spaulding sur lorigine du Livre de Mormon fut discréditée, les
partisans antimormons se tournèrent vers la psychologie pour expliquer les visions et les
révélations de Joseph Smith. Walter F. Prince et Theodore Schroeder proposèrent des
explications aux noms du Livre de Mormon en ayant recours à des associations
psychologiques ingénieuses mais ténues. I. Woodbridge Riley prétendit dans The Founder
of Mormonism (New York, 1903) que «Joseph Smith, fils, était épileptique». Il fut le
premier à suggérer que View of the Hebrews, dEthan Smith (1823) et The Wonders of
Nature and Providence, Displayed, de Josiah Priest (1825) étaient les sources du Livre de
Mormon.
Lorsque lÉglise commémora son centenaire en 1930, lhistorien américain
Bernard De Voto affirma dans lAmerican Mercury: «Il est incontestable que Joseph
Smith était paranoïaque.» Il reconnut plus tard que larticle du Mercury était
«une attaque malhonnête» (IE 49, mars 1946, p. 154).
Harry M. Beardsley, dans Joseph Smith and His Mormon Empire (1931), avança la théorie
que les visions de Joseph Smith, ses révélations et le Livre de Mormon étaient des
sous-produits de son subconscient. Vardis Fisher, un romancier populaire ayant des racines
mormones en Idaho, publia Children of God: An American Epic (1939). Louvrage a une
certaine sympathie pour lhéritage mormon, tout en proposant une origine naturaliste
à la pratique mormone de la polygamie et décrit Joseph Smith en termes d
«impulsions névrotiques».
En 1945, Fawn Brodie publia No Man Knows My History, une histoire psychobiographique de
Joseph Smith. Elle le décrivit comme un «faiseur de mythes prodigieux» qui avait puisé
ses idées théologiques dans son environnement de New York. Le livre rejetait la théorie
de Rigdon-Spaulding, en revenait à la thèse dAlexander Campbell que seul Joseph
Smith était lauteur du livre et postulait que View of the Hebrews (suivant Riley,
1903) avait fourni la matière de base comme source du Livre de Mormon. Les
interprétations de Brodie ont été suivies par plusieurs autres auteurs.
Les savants de lÉglise ont critiqué pour plusieurs raisons les méthodes de
Brodie. Tout dabord, elle ignore des documents manuscrits précieux qui lui étaient
accessibles dans les archives de lÉglise. En second lieu, ses sources étaient
principalement des documents antimormons tendancieux rassemblés surtout à la
bibliothèque publique de New York, à la bibliothèque de Yale et à la bibliothèque
historique de Chicago. Troisièmement, elle commençait par une conclusion
prédéterminée qui façonna son ouvrage: «Jétais convaincue, écrit-elle, avant
même de commencer à écrire que Joseph Smith nétait pas un vrai prophète» et se
sentit obligée de fournir une autre explication à ses uvres (cité dans Newell G.
Bringhurst, «Applause, Attack, and Ambivalence-Varied Responses to Fawn M. Brodie's No
Man Knows My History» Utah Historical Quarterly 57, hiver 1989, pp. 47-48).
Quatrièmement, en utilisant une approche psychobiographique, elle imputait des pensées
et des motifs à Joseph Smith. Même Vardis Fisher critiqua son livre en écrivant que
cétait «presque plus un roman quune biographie parce quelle hésite
rarement à dire ce qui se passe dans lesprit dune personne ou à expliquer
des motifs que lon ne peut tout au plus que conjecturer» (p. 57).
REGAIN DES VIEILLES THÉORIES ET ALLÉGATIONS (1946-1990). Les auteurs antimormons ont
surtout été prolifiques pendant laprès-Brodie. En dépit dune presse
généralement favorable envers lÉglise pendant beaucoup de ces années, de tous
les livres, romans, brochures, tracts et feuillets publiés en anglais avant 1990, plus de
la moitié lont été entre 1960 et 1990 et le tiers dentre eux entre 1970 et
1990.
Des réseaux dorganisations antimormones fonctionnent aux États-Unis.
Lannuaire 1987 des organismes de recherche sur les cultes contient plus de cent
listes antimormones. Ces réseaux distribuent de la littérature antimormone, font des
conférences qui attaquent publiquement lÉglise et font du prosélytisme auprès
des mormons. La Pacific Publishing House en Californie donne une liste de plus de cent
publications antimormones.
Un large éventail dauteurs antimormons a produit la littérature dinvectives
de cette période. Les évangeliques et certains mormons apostats affirment que les saints
des derniers jours ne sont pas chrétiens. La base principale de ce jugement est le fait
que la croyance mormone en la Divinité chrétienne est différente de la doctrine
chrétienne traditionnelle de la Trinité. Ils prétendent que les saints des derniers
jours adorent «un autre Jésus» et que leurs Écritures sont contraires à la Bible. Une
autre tactique courante est dessayer de montrer quil y a des contradictions
entre les déclarations des dirigeants de lÉglise du passé et celles des
dirigeants actuels sur des points tels quAdam-Dieu, lexpiation par le sang et
le mariage plural.
Un exemple actuel de moquerie et de déformation des croyances des saints des derniers
jours vient dEdward Decker, mormon excommunié et cofondateur dEx-Mormons for
Jesus, maintenant connus sous le nom de Saints Alive in Jesus (saints vivants en Jésus).
Prétendant aimer les saints, Decker sest attaqué à leurs croyances. Les saints
des derniers jours considèrent son film et son livre, tous deux intitulés The Godmakers,
comme une distorsion grossière de leurs croyances, particulièrement des ordonnances du
temple. Un directeur régional de la ligue anti-diffamation de Bnai Brith et
le conseil régional de lArizona de la conférence nationale des chrétiens et des
Juifs sont parmi ceux qui ont condamné le film.
Bien que les critiques, les distorsions et les mensonges antimormons soient blessants pour
les membres de lÉglise, la Première Présidence leur a conseillé de ne pas
réagir et de ne pas engager de débats avec ceux qui les commanditent et les a invités
à donner leurs réponses «sous forme dexplications positives des points de
doctrine et des pratiques de lÉglise» (Church News, 18 déc. 1983, p. 2).
Jerald et Sandra Tanner sont deux chercheurs antimormons prolifiques. Ils ont commencé à
écrire début 1959 et proposent maintenant plus de 200 publications. Leur approche
principale est de démontrer des contradictions, dont beaucoup sont considérées par les
saints des derniers jours comme artificielles ou insignifiantes, entre les enseignements
actuels et passés de lÉglise. Ils agissent et éditent sous le nom de Utah
Lighthouse Ministry, Inc. Leur ouvrage le plus notable, Mormonism Shadow or
Reality? (1964, révisé 1972, 1987), contient lessentiel de leurs affirmations
contre lÉglise.
Pendant les années 1950, 1960 et le début des années 1970, lÉglise a eu une
image publique généralement favorable et cela sest reflété dans les médias
dinformation. Cette image est devenue plus négative dans les années 1970 qui ont
suivi et le début des années 1980. Lopposition de lÉglise à
lamendement sur légalité des droits et lexcommunication de Sonia
Johnson pour apostasie, la position de lÉglise en ce qui concerne la prêtrise et
les noirs (changée en 1978), une déclaration de la Première Présidence sopposant
au missile MX, lépisode de John Singer avec lattentat à la bombe contre un
bâtiment de lÉglise, les tensions entre certains historiens et les dirigeants de
lÉglise, la lettre à la «Salamandre» (un faux) et les autres faux et meurtres de
Mark Hofmann ont apporté de leau au moulin de la presse et de la télévision pour
leurs commentaires négatifs. Linfluence politique de lÉglise et ses avoirs
financiers ont également fait lobjet darticles ayant une forte orientation
négative.
Un livre antimormon largement diffusé, The Mormon Murders, par Steven Naifeh et Gregory
White Smith (1988), utilise plusieurs stratégies rappelant lantisémitisme
dautrefois. Les auteurs utilisent les contrefaçons et les meurtres de Hofmann comme
tremplin et suivent les thèmes et les méthodes antimormons traditionnels que lon
trouve dans les ouvrages plus anciens. Ils expliquent le mormonisme en termes de richesse,
de pouvoir, de tromperie et de crainte du passé.
Les dirigeants de lÉglise ont constamment fait appel à limpartialité des
lecteurs et les ont invités à examiner eux-mêmes le Livre de Mormon et les autres
Écritures et documents modernes plutôt que de porter un jugement tout fait sur
lÉglise sur la base de publications antimormones. En 1972, lÉglise a créé
le Département de la Communication, avec siège à Salt Lake City, pour diffuser des
informations publiques sur lÉglise
Bibliographie
Il nexiste pas dhistoire définitive des activités antimormones. Voici un
échantillon de sources de lÉglise sur lantimormonisme:
Allen, James B., et Leonard J. Arrington. "Mormon Origins in New York: An
Introductory Analysis." BYU Studies 9 (1969):241-74. Analyse les approches
promormones et antimormones.
Anderson, Richard Lloyd. "Joseph Smith's New York Reputation Reappraised." BYU
Studies 10 (1970):283-314. Analyse les attestations Hurlbut-Howe publiées dans Mormonism
Unvailed.
Bunker, Gary L., et Davis Bitton. The Mormon Graphic Image 1834-1914. Salt Lake City,
1983. Fait lhistorique de la caricature antimormone caricature.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Traite des écrits antimormons de Campbell, Howe et Hurlbut.
Kirkham, Francis W. A New Witness for Christ in America, 2 vols. Independence, Mo., 1942,
et Salt Lake City, 1952. Examine les premiers articles de journaux et les explications
antimormones de lorigine du Livre de Mormon.
Nibley, Hugh W. The Mythmakers. Salt Lake City, 1961. Passe en revue les auteurs
antimormons du temps de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W. "Censoring the Joseph Smith Story" IE 64 (juill., août, oct.,
nov. 1961). Série darticles examinant comment cinquante ouvrages antimormons
traitent lhistoire de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W. Sounding Brass. Salt Lake City, 1963. Passe en revue les auteurs
antimormons de lépoque de Brigham Young.
Nibley, Hugh W. The Prophetic Book of Mormon, CWHN 8 chaps. 4-8, 10-12, examine les
arguments antimormons.
Scharff, Gilbert W. The Truth About the Godmakers. Salt Lake City, 1986. Traite du film
The Godmakers.
WILLIAM O. NELSON
Anges: Anges gardiens
Auteur: MCCONKIE, OSCAR W.
Une des fonctions des anges est d'avertir et de protéger les mortels. Le Seigneur
chuchote à David: «Aucun malheur ne tarrivera, aucun fléau napprochera de
ta tente. Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies; ils te
porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre» (Ps.
91:10-12). L'ange de la présence du Seigneur sauve Israël (És. 63:9). Daniel répond au
roi: «Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions, qui ne mont fait
aucun mal
» (Da. 6:22).
Cette fonction bien connue de gardien attribuée aux anges a provoqué la théorie chez
certains que toutes les personnes, ou du moins les justes, se voient affecter un ange
comme gardien durant toute leur vie. Il n'y a aucune justification scripturaire à cette
tradition qui a parfois été entretenue parmi les saints des derniers jours et d'autres
(EPJS, p. 298).
Les saints des derniers jours croient que quiconque vient au monde se voit accorder un
soin et une direction protecteurs par Dieu, assurés en partie par la lumière du Christ
(D&A 84:44-48; Mro. 7:12-19). Ceux qui ont le don du Saint-Esprit peuvent être
avertis, gardés ou protégés par l'esprit de révélation (D&A 8:2-4). La meilleure
façon de considérer le terme «ange gardien» est dy voir une façon de parler
désignant la sollicitude protectrice et la direction de Dieu ou, dans des cas spéciaux,
un ange expédié sur la terre en accomplissement des desseins de Dieu.
OSCAR W. MCCONKIE
Apostasie
Auteur: COMPTON, TODD
Les saints des derniers jours croient que lapostasie se produit toutes les fois
quune personne ou une communauté rejette les révélations et les ordonnances de
Dieu, change lÉvangile de Jésus-Christ ou se rebelle contre les commandements de
Dieu, perdant de ce fait les bénédictions du Saint-Esprit et de lautorité divine.
Lapparition de communautés basées sur la révélation, dapostasies et de
rétablissements sest produite de manière cyclique pendant toute lhistoire de
lhumanité dans une série de dispensations depuis Adam et Hénoc (Moïse 7)
jusquau temps présent. Les saints des derniers jours considèrent quune
«grande apostasie» historique accompagnée de la perte de lautorité a commencé
à lépoque du Nouveau Testament et sest répandue au cours des siècles qui
ont suivi cette époque. Bien que les saints des derniers jours naient pas insisté
autant sur la grande apostasie que sur la notion que lÉglise est un rétablissement
basé sur la révélation, la nécessité dun rétablissement implique que quelque
chose dimportant a été perdu après le départ de lÉglise chrétienne
primitive.
Le mot «apostasie» dérive du grec apostasía ou apóstasis («défection, révolte»;
utilisé dans un sens politique par Hérodote et Thucydide); il est mentionné dans un
contexte religieux dans la Septante et le Nouveau Testament (par exemple, Jos. 22:22 et 2
Ch. 29:19; 2 Th. 2:3 dit quune apostasía doit venir avant la seconde venue du
Christ). Il peut signifier lintransitif «se tenir loin de» ou lactif «faire
se tenir loin de». Une apostasie peut donc être une rébellion active et collective.
Le Christ a dit à Joseph Smith dans sa première vision (1820) que toutes les Églises
existantes sétaient égarées dans leurs enseignements et dans leurs pratiques,
bien quayant «une forme de piété» (JSH 1:18-19). Il était donc
nécessaire quun «rétablissement» de lÉvangile ait lieu.
En outre, dans le Livre de Mormon (1 Né. 11-14; 2 Né. 28; cf. Mrm. 8), le prophète
Néphi 1 a une vision de lÉglise chrétienne primitive et de ses douze apôtres que
les «multitudes de la terre» et la maison dIsraël combattent (1 Né. 11:34-35).
Il prédit une «grande et abominable Église» qui va persécuter les vrais chrétiens et
les pauvres et dont les membres seront motivés par des choses telles que lorgueil,
le port de vêtements précieux et la pratique de limmoralité sexuelle (voir Grande
et abominable Église). Elle va changer insidieusement la simplicité de lÉvangile,
éliminer les alliances, exciser des Écritures importantes et nier lexistence des
miracles. Cette apostasie peut être rattachée, dans lallégorie de Zénos, à la
dispersion dIsraël quand tous arbres de la vigne du Seigneur deviennent corrompus
(Jcb. 5:39-48) et elle va de pair avec lapostasie désastreuse des Néphites dans le
Nouveau Monde (1 Né. 12:15-19; 4 Né. 1:24-46).
Cependant, daprès Néphi, cette «grande Église» nest pas une église
spécifique; dans sa vision apocalyptique, il ny a que deux églises, et «quiconque
n'appartient pas à l'Église de l'Agneau de Dieu appartient à cette grande Église» (1
Né. 14:10). Lexpression est typologique, symbolique de beaucoup de mouvements
historiques et sociaux (2 Né. 27:1); même ceux qui sont membres de nom de lÉglise
du Christ, sils sont poussés par lorgueil, la richesse, le prestige et
consorts, peuvent se retrouver membres de cette «grande Église» (cf. 1 Né. 8:27-28).
Pendant toute leur histoire, les saints des derniers jours ont écrit et émis des
théories sur les événements historiques liés à la «grande apostasie,» un thème
traité dans plusieurs écrits restaurationnistes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe
siècle (voir Restaurationnisme protestant). En 1833, parlant de Marc 16:17-18 et 1
Corinthiens 12, Joseph Smith a dit: «Les témoignages précités nous permettent de
regarder le monde chrétien et de voir lapostasie qui sest produite par
rapport à lenseignement apostolique» (EPJS, p. 9). Oliver Cowdery a écrit sur
lapostasie dans le premier numéro du Messenger and Advocate (1834). En 1840, Orson
Pratt a parlé dune «apostasie générale et terrible par rapport à la religion du
Nouveau Testament» (Listen to the Voice of Truth, 1.1). Il souligne en particulier le
manque dordonnances à cause de labsence dautorité dans la prêtrise;
le baptême en est un exemple flagrant. Selon le point de vue de Pratt, toutes les
églises antérieures au Rétablissement étaient erronées par certains côtés,
doctrinalement et rituellement, même si elles étaient justes dans dautres.
Benjamin Winchester, auteur mormon de brochures, a écrit un long traité à laide
des sources du Nouveau Testament pour démontrer quune apostasie avait été
prophétisée (A History of Priesthood, Philadelphie, 1843, pp. 72-96). Dans les années
1850 et 1860, les saints ont beaucoup parlé de «la grande apostasie» (O. Pratt, JD
12:247; W. Woodruff, JD 8:262) dans leurs sermons.
Cette idée la rupture avec la religion établie parce quelle semble en
désaccord avec le christianisme du Nouveau Testament a des accents protestants
évidents, mais la conception mormone diffère de lattitude protestante typique dans
son insistance sur la perte et le rétablissement dune autorité exclusive et bien
claire de la prêtrise, dordonnances correctes et de la révélation continue. Par
contraste, les protestants sappuient typiquement avant tout sur la
réinterprétation biblique.
En 1909, James E. Talmage a écrit La grande Apostasie, dans laquelle il rassemble les
passages du Nouveau Testament que les saints des derniers jours ont cités pour montrer
quune grande apostasie a été annoncée par Jésus-Christ, Paul et dautres
apôtres et prophètes (en particulier Mt. 24:4-13, 23-26; Ac. 20:29-30; Ga. 1; 2 Th.
2:7-8; 1 Ti. 4:1-3; 2 Ti. 3:1-6; 4:1-4; Jud. 1:3-4; Ap. 13:4-9; 14:6-7 et, dans
lAncien Testament, Am. 8:11-12). Talmage raconte aussi la persécution des premiers
chrétiens qui a accéléré lapostasie et montre que lÉglise primitive a
changé intérieurement à plusieurs égards. Il affirme que les principes simples de
lÉvangile ont été mêlés aux systèmes philosophiques païens de lépoque
(Trinitarianisme, ayant pour résultat le credo de Nicée; fausse opposition du corps et
de lesprit, donnant lieu à un ascétisme excessif), que les rituels ont été
changés et amplifiés de manière non autorisée (remplacement des rites chrétiens
primitifs simples par des cérémonies complexes influencées par le paganisme, perte du
baptême par immersion, introduction du baptême des petits enfants [cf. Mro. 8],
changement de la communion) et que lorganisation de lÉglise a été changée
(les apôtres et les prophètes, fondements nécessaires de lÉglise du Christ,
ayant été martyrisés, laissaient un vide qui ne pouvait pas être comblé par des
évêques; lÉglise médiévale montrait donc peu de ressemblances avec
lorganisation ou les pratiques de lÉglise du Nouveau Testament).
Les enseignements des saints sur lapostasie du début de lère chrétienne ont
reçu un appui supplémentaire au XXe siècle lorsque certains savants ont affirmé que
lÉglise primitive a commencé comme une organisation judaïque centralisée, a
affronté le défi posé par un christianisme hellénisé oriental gnostique ascétique et
est devenu comme son ennemi afin de le concurrencer. Lidée même dun
christianisme centralisé a cédé la place à une image dun christianisme primitif
diversifié et fragmenté où il est difficile de déterminer ce qui est orthodoxe et ce
qui est hérétique, ce qui est gnostique et ce qui est «courant principal». Par
exemple, Peter Brown et William Phipps affirment que la doctrine influente dAugustin
concernant le péché originel, avec le rituel qui laccompagne, le baptême des
bébés, était un résultat de son passé gnostique et était, en réalité, hérétique,
alors que lopposition de Pélage à ces idées était orthodoxe. Mais ce furent les
doctrines dAugustin qui lemportèrent et qui continuent à influencer la
théologie et la culture occidentales. Un autre point de doctrine chrétien primitif qui
na pas survécu dans le christianisme occidental est la déification, bien
quil soit demeuré au centre du christianisme orthodoxe.
Un milieu religieux et culturel complexe a alimenté et a transformé le christianisme
primitif. Il faut tenir compte de beaucoup de facteurs lors de lanalyse de cette
transformation du christianisme. Par exemple, certains ont imputé la responsabilité de
lapparition de la grande apostasie exclusivement à la philosophie grecque et à
linfluence de la philosophie sur le gnosticisme. Mais lascétisme (c.-à-d.,
la haine du corps, de la sexualité, du monde physique) a joué un rôle important dans
lapostasie de lÉglise primitive et lascétisme extrême est typiquement
oriental. On a dailleurs constaté que beaucoup de choses dans la philosophie
grecque sont conformes à lÉvangile; Orson F. Whitney qualifiait Platon et Socrate
de «serviteurs du Seigneur», bien que dans un «sens moindre» que les prophètes (CR
davril 1921, p. 33).
Lidée dune apostasie historique par rapport au christianisme primitif peut
dresser une barrière entre les saints des derniers jours et les autres personnes
intéressées par les rapports interconfessionnels. Mais les saints des derniers jours ne
considèrent pas ces événements comme une condamnation; beaucoup de choses ayant une
valeur spirituelle se sont produites pendant le Moyen-Âge dans les autres Églises
chrétiennes. Brigham Young a souligné que des hommes de bien avant le Rétablissement
avaient «lesprit de révélation» et a dit que John Wesley était lun des
meilleurs hommes «qui aient jamais vécu sur cette terre» (JD 7:5; 6:170; 11:126). Le
président Young a affirmé que toutes les églises et religions avaient «plus ou moins
de vérité» (JD 7:283) et il a exhorté les saints à rechercher et à accepter les
vérités partout où ils pourraient les trouver. Dans les discours de conférence, les
Autorités générales, notamment Spencer W. Kimball et Thomas S. Monson, ont cité ou
fait léloge de sommités telles que Billy Graham et mère Teresa.
Bibliographie
Bauer, Walter. Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity. Philadelphie, 1971.
Benson, Ezra T. "Apostasy from the Truth." IE 52, nov. 1949, pp. 713, 756-760.
Brown, Peter. Augustine of Hippo, pp. 395-400. Berkeley, Calif., 1967.
Brown, S. Kent. "Whither the Early Church?" Ensign 18, oct. 1988, pp. 7-10.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, p. 207. Urbana, Ill.,
1984.
Dodds, Eric R. Pagan and Christian in an Age of Anxiety. Cambridge, 1965.
Nibley, Hugh. The World and the Prophets. Dans CWHN 3.
Nibley, Hugh. Mormonism and Early Christianity, dans CWHN 4, traite de la disparition des
baptêmes chrétiens pour les morts (1948, pp. 100-167), la révision des textes
chrétiens primitifs à la lumière de la disparition de lÉglise naissante (1955,
pp. 168-322), les enseignements oubliés de Jésus pendant les quarante jours de
ministère qui ont suivi sa résurrection (1966, pp. 10-44) et la perte du cercle de
prière du christianisme primitif (1978, pp. 45-99); bibliographie (p. xii, n. 8).
Peterson, Daniel C., et Stephen D. Ricks. "Comparing LDS Beliefs with First Century
Christianity." Ensign 18, mars 1988, pp. 7-11.
Phipps, William. "The Heresiarch: Pelagius or Augustine?" Anglican Theological
Review 62, 1980, pp. 130-131.
Roberts, B. H. The "Falling Away." Salt Lake City, 1931.
Roberts, B. H. Outlines of Ecclesiastical History. Salt Lake City, 1893.
Robinson, Stephen E. "Early Christianity and 1 Nephi 13-14." Dans First Nephi,
The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, pp. 177-191. Provo, Utah,
1988.
Rudolph, Kurt. Gnosis: The Nature and History of Gnosticism. San Francisco, 1983.
Sperry, Sidney B. "New Light on the Great Apostasy." IE 53, sept. 1950, pp.
710-711, 744-751.
Talmage, James. The Great Apostasy. Salt Lake City, 1909.
Vogel, Dan. Religious Seekers and the Advent of Mormonism, pp. 49-66. Salt Lake City,
1988, contient une excellente bibliographie; critique par Grant Underwood, BYU Studies 30
Hiver 1990, pp. 120-126.
TODD COMPTON
Apostat
Auteur: SCHARFFS, GILBERT W.
Les membres de lÉglise diffèrent dans leur niveau de participation ou de croyance
(voir Activité dans lÉglise). Les saints des derniers jours qui ont gravement
enfreint ou ignoré les enseignements cardinaux de lÉglise (publiquement ou en
privé) sont considérés comme apostats, quils aient quitté officiellement
lÉglise ou non ou soient entrés dans une autre religion. Quelquun qui
nassiste pas aux réunions de lÉglise nest pas considéré comme
apostat. Cependant, quand une personne demande à ce que son nom soit rayé des registres,
la règle veut que cette demande soit honorée. Une commission disciplinaire de
lÉglise peut être convoquée pour tout membre qui viole des commandements
importants et «ne se repent pas» (Mosiah 26:32; D&A 42:28). Le reniement ouvert de
lÉglise, de ses dirigeants et de ses enseignements est une raison
dexcommunication.
Les étapes menant à lapostasie sont habituellement progressives. Il est
recommandé à tous les membres de se garder de toutes les manifestations dapostasie
personnelle (DS 3:293-312; Asay, pp. 67-68). Les causes les plus fréquentes
dapostasie sont le non respect de principes stricts de moralité, le fait de se
sentir offensé (à tort ou à raison), le mariage avec une personne dune autre
religion ou irréligieuse, le fait de négliger la prière et dentretenir sa
spiritualité ou une mauvaise compréhension des enseignements de lÉglise.
Lapostasie peut être accélérée par lidée fausse que lÉcriture ou
les dirigeants de lÉglise sont infaillibles. Joseph Smith a enseigné qu «un
prophète était un prophète uniquement quand il agissait comme tel» (HC 5:265). Il a
également déclaré quil «nétai[t] quun homme, et que [les gens] ne
devaient pas attendre de [lui quil soit] parfait» (HC 5:181). Ni lÉglise ni
ses dirigeants ni ses membres ne prétendent à linfaillibilité.
Par-dessus tout, lÉglise affirme que ses membres doivent rechercher la révélation
personnelle pour connaître la vérité et vivre en accord avec lEsprit de Dieu.
Ceux qui ne lont pas fait risquent de se perdre en chemin quand leur foi est mise à
lépreuve ou quand des difficultés surgissent.
Les apostats deviennent parfois ennemis de lÉglise. Le fait de quitter
lÉglise, qui affirme être lÉglise officielle de Dieu, contenant la
plénitude de lÉvangile, a souvent comme conséquence des sentiments de
culpabilité. Si beaucoup reviennent, dautres sont pris du besoin de défendre leurs
actions, «réfutent» lÉglise ou deviennent des ennemis. Les fruits de
lapostasie sont généralement amers. Le Livre de Mormon met en garde contre les
conditions défavorables qui résultent de transgressions «à lencontre de la
lumière et à de la connaissance» que lon a (Al. 9:23).
Les Écritures modernes ont, envers les apostats, une attitude aimante et animée par
lespoir. Il est vivement conseillé aux saints des derniers jours daimer ceux
qui ont abandonné la foi et dencourager ceux qui se sont écartés, de plaider et
de travailler avec eux, invitant «les brebis perdues» à revenir à la bergerie (Lu.
15:3-7). Le Sauveur ressuscité a enseigné à propos des égarés : «Vous ne le[s]
chasserez pas de vos
lieux de culte, car vous continuerez à servir de telles
personnes; car vous ne savez pas si elles ne reviendront pas et ne se repentiront pas, et
ne viendront pas à moi d'un cur pleinement résolu, et je les guérirai; et vous
serez le moyen qui leur apportera le salut» (3 Né. 18:32). Le désir de revenir est
motivé par la réalité du repentir rendu possible par lexpiation de Jésus-Christ.
«Celui qui s'est repenti de ses péchés est pardonné, et moi, le Seigneur, je ne m'en
souviens plus. C'est à ceci que vous saurez si un homme se repent de ses péchés: voici,
il les confessera et les délaissera» (D&A 58:42-43). [Voir aussi Antimormons
publications; Groupes schismatiques.]
Bibliographie
Asay, Carlos E. "Opposition to the Work of God." Ensign 11, nov. 1981, pp.
67-68.
Foster, Lawrence. "Career Apostates: Reflections on the Works of Jerald and Sandra
Tanner." Dialogue 17, été 1984, pp. 35-60.
Howard, F. Burton. "Come Back to the Lord." Ensign 16, nov. 1986, pp. 76-78.
GILBERT W. SCHARFFS
Apôtre
Auteur: BROWN, S. KENT
Un «apôtre» est un dirigeant ordonné à la Prêtrise de Melchisédek dans
lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Les apôtres sont choisis
par inspiration par le président de lÉglise, soutenus par lensemble des
membres de lÉglise et ordonnés par limposition des mains par la Première
Présidence et le Collège des douze apôtres. Ce sont des Autorités générales
contrairement aux autorités locales et régionales détenant leur office
dapôtre pour la durée de leur vie. Le doyen des apôtres est le président de
lÉglise.
En plus dêtre témoins de Jésus-Christ auprès du monde entier (D&A 107:23),
comme les apôtres de Jésus, les membres du Collège actuel des douze apôtres
détiennent les clefs de la prêtrise cest à dire le droit de présidence
(D&A 107:35; cf. 124:128). Le président Brigham Young a déclaré à propos de leur
autorité dans la prêtrise: «Les clefs de la prêtrise éternelle, qui est selon
lordre du Fils de Dieu, sont détenues quand on est apôtre. Toute la prêtrise,
toutes les clefs, tous les dons, toutes les dotations et tout ce qui est préparatoire à
lentrée dans la présence du Père et du Fils est dans, composé de, circonscrit
par, ou je pourrais dire incorporé dans la circonférence de lapostolat» (JD
1:134-35). Comme collège de la prêtrise, le Collège des douze apôtres suit en
autorité le Collège de la Première Présidence (D&A 107:24). De plus, il dirige le
ministère domestique et international des collèges des soixante-dix (D&A 107:34; cf.
124:139-40), et excepté en présence dun membre de la Première Présidence ou
dun membre plus ancien des Douze, un apôtre préside partout où il peut être dans
lÉglise.
Dans le Nouveau Testament, un apôtre (du grec apostellein, envoyer [comme représentant
ou agent]) était un envoyé choisi par Dieu (Mc. 3:14; Jn. 15:16; Ac. 1:21-26) qui était
témoin de la résurrection du Christ et avait lobligation missionnaire den
témoigner.
Jésus lui-même était un apôtre par qui Dieu parlait (Hé. 1:2; 3:1). Le Père a
envoyé Jésus, et celui qui le reçoit reçoit celui qui la envoyé (Mc. 9:37; Jn.
8:16-19). De même que le Père la envoyé, Jésus a envoyé ses apôtres (Jn.
20:21). Au commencement, ils ont été appelés dentre ceux «qui nous [les
apôtres] ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous» (Ac.
1:21). Le nombre douze, lié aux apôtres, fait écho au nombre de tribus dIsraël
que les apôtres doivent juger (Mt. 19:28; Lu. 22:30). À cet égard, ils étaient la base
de lÉglise chrétienne primitive (Ép. 2:19-21; 4:11-14).
Parfois, le terme englobe plus que les Douze, comme limpliquent lexpression
«tous les apôtres» (1 Co. 15:7) qui suit la mention expresse des «douze» par
Paul (1 Co. 15:5) et les mentions de personnes appelées comme apôtres que
lon savait ne pas faire partie des Douze (Ac. 14:14; Ro. 16:7). Il est probable
quen 54 apr. J.-C., Jacques, le frère du Seigneur, était devenu lun des
Douze (1 Co. 15:7; Ga. 1:19). Néanmoins, la plupart des mentions des apôtres dans le
Nouveau Testament désignent les membres des Douze apôtres originels de Jésus ou Paul.
Ils étaient les garants ou les témoins principaux de la résurrection de Jésus,
laquelle constituait elle-même lassurance quil était le Messie et le
Seigneur de gloire attendu (Ac. 1:8-11). Au premier siècle, les apôtres étaient les
témoins itinérants de la résurrection de Jésus, envoyés par lui dans le monde à
cette fin (Ac. 1:8; cf. Mt. 28:19-20). Au centre du groupe et à la base de
lÉglise se trouvaient Pierre, Jacques et Jean, qui avaient été avec ou
près de Jésus lors dexpériences critiques, notamment sa Transfiguration (Mc.
9:2-9) et son agonie à Gethsémané (Mc. 14:32-34).
Limportance des douze apôtres de Jésus est soulignée dans le Livre de Mormon.
Dabord, vers 600 av. J.-C., Léhi et son fils Néphi 1 ont eu la vision des Douze
comme disciples de Jésus en Palestine et comme victimes de la persécution (1 Né.
1:10-11; 11:29, 34-36). En second lieu, ces Douze doivent juger les douze tribus
dIsraël et les douze autres disciples que Jésus ressuscité a choisis pendant son
ministère en Amérique vers 34 apr. J.-C. (1 Né. 12:9-10; Mrm. 3:18-19; cf. D&A
29:12). Troisièmement, ces douze disciples quil faut distinguer des douze
apôtres de Jésus en Palestine doivent juger leur propre peuple qui descend de la
maison dIsraël (3 Né. 27:27). Quatrièmement, pendant sa visite en Amérique,
Jésus ressuscité a créé loffice des Douze dans son Église quand il les a
choisis et les a instruits soigneusement de son Évangile (3 Né. 11:18-12:1; cf.
13:25-34; 15:11-16:20; 18:36-37; 27:13-21). Il leur a conféré lautorité
denseigner lÉvangile et dadministrer ses ordonnances cest
à dire de baptiser deau et dEsprit faisant ainsi deux les
transmetteurs de la doctrine et des pratiques de lÉglise (3 Né. 11:22; 18:36-37;
19:6-14; 26:17). Cinquièmement, conformément au modèle du Nouveau Testament, le Livre
de Mormon rapporte que Jésus a été envoyé par le Père (3 Né. 18:27; cf. 16:3) et
quil a à son tour commandé à ces douze disciples: «Allez vers ce peuple et
annoncez les paroles que j'ai dites» (3 Né. 11:41).
La révélation moderne ajoute dautres dinformations. La fonction et
lautorité apostoliques ont été rendues au prophète Joseph Smith et à Oliver
Cowdery par Pierre, Jacques et Jean, ce qui souligne limportance continue de cet
office dans lÉglise (D&A 27:12; voir aussi Prêtrise de Melchisédek:
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Dès juin 1829, presque une année avant
que lÉglise soit organisée, Oliver Cowdery et David Whitmer, rejoints plus tard
par Martin Harris, recevaient des instructions concernant le genre dhommes
quils devaient choisir comme apôtres et ont été chargés de choisir les premiers
Douze de lère moderne (D&A 18:26-38). Cette mission a été exécutée les
14-15 février 1835, quand Cowdery, Whitmer et Harris ont choisi douze hommes comme
apôtres et ont ordonné les neuf qui étaient présents (HC 2:186-198).
LÉcriture moderne stipule que «toute décision
doit être à
lunanimité des voix» du Collège des douze apôtres (D&A 107:27). De plus, ses
membres ont le pouvoir de baptiser, de déclarer lÉvangile, et den ordonner
dautres à la prêtrise (D&A 18:26-36). Le Seigneur a dit que le nombre
dapôtres dans le Collège des Douze doit être maintenu (D&A 118:1) et que
leurs clefs «sont descendues des pères
envoyées du ciel» (D&A 112:32). Ceux
qui remplissent cet office doivent «[se purifier] le cur et les vêtements, de peur
que le sang de cette génération ne soit requis de [leurs] mains» (D&A 112:33).
Bibliographie
Kittel, Gerhard, dir. de publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad.
Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 1, pp. 407-447. Grand Rapids, Mich.,
1964-1976.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 2, pp. 99-114, 303-326. Salt Lake City, 1980.
S. KENT BROWN
Articles de foi
Auteur: WHITTAKER, DAVID J.
En 1842, en réponse à la demande expresse de John Wentworth (rédacteur du Chicago
Democrat), Joseph Smith envoya un aperçu succinct de ses expériences religieuses
personnelles et lhistoire de lÉglise quil présidait (voir Wentworth,
Lettre à). À la fin de lesquisse historique, il annexa une liste résumant «la
foi des saints des derniers jours». Intitulés plus tard «articles de foi», ces treize
articles furent publiés pour la première fois en mars 1842 dans le Times and Seasons de
Nauvoo et furent plus tard inclus dans la brochure de la mission Britannique de 1851, La
Perle de Grand Prix, compilée par Franklin D. Richards. Cette brochure fut révisée en
1878 et de nouveau en 1880. En 1880, une conférence générale de lÉglise vota
dajouter la Perle de Grand Prix aux ouvrages canoniques de lÉglise, incluant
ainsi les treize articles. Les articles de foi ne constituent pas une synthèse de toutes
les croyances des saints et ils ne sont pas un credo au sens chrétien traditionnel du
terme, mais ils fournissent un sommaire autorisé des Écritures et des croyances
fondamentales des saints.
Les articles commencent par laffirmation que la Divinité se compose de trois
personnalités: le Père, son Fils Jésus-Christ et le Saint-Esprit (cf. Ac. 7:55-56; 2
Co. 13:14; 2 Né. 31:21; JSH 1:17).
Le deuxième article concentre lattention sur le commencement de lhistoire
mortelle et affirme que les êtres humains ont le libre arbitre moral et donc la
responsabilité de leurs actes: «Les hommes seront punis pour leurs propres péchés, et
non pour la transgression dAdam» (cf. De. 24:16; 2 Né. 2:27).
Le troisième article concentre lattention sur limportance cruciale de
lexpiation du Christ et sur lavantage quen retire lhumanité:
«Par lexpiation du Christ, tout le genre humain peut être sauvé en obéissant aux
lois et aux ordonnances de lÉvangile» (Mos. 3:7-12; D&A 138:4).
Le quatrième article définit les principes et les ordonnances de base: la foi en
Jésus-Christ, le repentir, le baptême par immersion pour la rémission des péchés et
limposition des mains pour le don du Saint-Esprit (cf. Ac. 8:14-19; Hé. 6:1-2; 3
Né. 11:32-37).
Les deux articles suivants abordent les questions dautorité et dorganisation:
Un homme doit être appelé de Dieu, confirmé par linspiration divine et par
limposition des mains par ceux qui ont lautorité, pour prêcher
lÉvangile et en administrer les ordonnances (cf. 1 Ti. 4:14; D&A 42:11); de
plus, lÉglise est essentiellement «la même organisation qui existait dans
lÉglise primitive, savoir: apôtres, prophètes, pasteurs, docteurs,
évangélistes, etc.» (cf. Ép. 4:11).
Le septième article affirme la croyance des saints aux dons de lEsprit et en cite
expressément plusieurs: le don des langues, de prophétie, de révélation, de vision, de
guérison et dinterprétation des langues (cf. 1 Co. 12:10; D&A 46:10-26).
La place des Écritures sacrées est traitée dans le huitième article: Les saints des
derniers jours croient «que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est
traduite correctement»; ils croient aussi «que le Livre de Mormon est la parole de
Dieu» (cf. Éz. 37:16; Jn 10:16; 2 Ti. 3:16).
Le neuvième article dit que lÉvangile rétabli nest pas limité à un
ensemble fermé de livres, mais déclare plutôt le principe de la révélation continue
et donc dun canon ouvert. Les saints des derniers jours affirment croire à toute la
révélation passée et présente, et ils sattendent à recevoir beaucoup de futures
révélations (cf. Am. 3:7; D&A 76:7).
Larticle dix récapitule quatre grands événements des derniers jours: le
rassemblement littéral dIsraël et le rétablissement des dix tribus;
lédification de Sion, la nouvelle Jérusalem en Amérique, le règne du Christ en
personne sur terre et le renouvellement final de la terre elle-même, quand elle recevra
sa gloire paradisiaque, létat de pureté quelle avait avant la chute
dAdam (voir 3 Né. 21-22).
Le onzième article déclare la croyance des saints en la liberté de culte et de
conscience tant pour les autres que pour eux-mêmes. Il dit: «Nous affirmons avoir le
droit dadorer le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et
reconnaissons le même droit à tous les hommes, quils adorent comme ils veulent,
où ils veulent ou ce quils veulent.» Et le douzième article énonce la position
politique des saints des derniers jours en tant que citoyens respectueux des lois (D&A
134; voir Politique: Enseignements politiques; Tolérance).
La déclaration finale propose une perspective ouverte à la vie et une invitation à
approcher la vie comme le font les saints: «Nous croyons que nous devons être honnêtes,
fidèles, chastes, bienveillants et vertueux, et que nous devons faire du bien à tous les
hommes; en fait, nous pouvons dire que nous suivons lexhortation de Paul: nous
croyons tout, nous espérons tout, nous avons supporté beaucoup et nous espérons pouvoir
supporter tout. Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite
lapprobation ou est digne de louange» (cf. 1 Co. 13:7; Ph. 4:8).
La lettre à Wentworth nétait pas la première tentative de résumer les croyances
de base des saints. Des listes plus anciennes, dont certaines ont pu influencer la liste
de la lettre à Wentworth, avaient paru avant 1842. Dès juin 1829, Joseph Smith et Oliver
Cowdery mettaient sur papier les «Articles et Alliances» de lÉglise qui allait
bientôt être organisée. Appelé plus tard la section 20 des Doctrine et Alliances, ce
texte énumère un certain nombre de croyances de base, notamment lexistence de
Dieu, la création et la chute de lhomme, la place centrale de Jésus-Christ, les
ordonnances fondamentales de lÉvangile, dont le baptême et les devoirs de base des
membres (20:17-36). Ce document, le premier à être accepté par le vote dune
conférence de lÉglise, nétait pas une liste exhaustive de toutes les
croyances mais plutôt une charte de base pour lorganisation naissante, enracinée
dans la Bible et le Livre de Mormon.
Dans le premier numéro du Messenger and Advocate (oct. 1834), édité à Kirtland (Ohio),
Oliver Cowdery mentionnait huit «principes» qui avaient tous leur parallèle à la
section 20.
Il y eut, dans les premiers temps, dautres listes, antérieures à la lettre à
Wentworth, qui résumaient les grands principes des croyances des saints: une liste
préparée par Joseph Young pour publication par John Hayward dans The Religious Creeds
and Statistics of Every Christian Denomination in the United States (Boston, 1836, pp.
139-140). En cinq paragraphes, il esquissait les points de doctrine (1) de la divinité et
de lexpiation de Jésus-Christ; (2) les premiers principes et ordonnances de
lÉvangile accomplis par lautorité apostolique comme dans lÉglise
primitive du Christ, (3) le rassemblement dIsraël perdu et la restitution des dons
spirituels, (4) lavènement du Christ et (5) la résurrection et le jugement de
toute lhumanité.
Une autre liste de dix-huit «principes et points de doctrine» fut incluse par Parley P.
Pratt dans son introduction à son document «Late Persecution of the Church of Jesus
Christ of Latter-day Saints» (New York, 1840, pp. iii-xiii). Par exemple, «le premier
principe de théologie entretenu par cette Église est la foi en Dieu, le Père éternel,
et en son Fils Jésus-Christ, qui a en vérité été crucifié pour les péchés du
monde
et au Saint-Esprit, qui rend témoignage deux» (pp. iii-iv). Beaucoup
de formules de la liste de Pratt sont semblables à celles de la lettre à Wentworth.
Orson Pratt propose une «esquisse [détaillée et éloquente] de la foi et de la
doctrine» de lÉglise dans son «Interesting Account of Several Remarkable
Visions» (Édimbourg, 1840, pp. 24-31). Lordre dans lequel il présente ses thèmes
en dix-neuf paragraphes (dont beaucoup commencent par «nous croyons que
») est
presque identique à celui des treize points de la lettre à Wentworth. Les explications
dOrson Pratt contiennent des références bibliques et son témoignage personnel de
la véracité et des origines divines de ces enseignements.
Orson Hyde publia en allemand une histoire de lÉglise qui comprenait un chapitre de
seize articles (réellement des essais) sur des sujets tels que la Divinité,
lutilisation des Écritures, la foi, le repentir, le baptême, la confirmation, la
Sainte-Cène, la confession des péchés et la discipline dans lÉglise, les
enfants, les révélations, la prêtrise laïque, le baptême pour les morts, la prière,
les fêtes, le lavement des pieds et les bénédictions patriarcales (Ein Ruf aus der
Wüste, Francfort, 1842).
Même après que la lettre à Wentworth eut été publiée en mars 1842, beaucoup
dautres listes de croyances des saints continuèrent à paraître pour la
génération suivante. En avril 1849, James H. Flanigan inclut une liste de quatorze
déclarations dans une brochure éditée en Angleterre, et cette liste fut citée et
parfois modifiée dans diverses publications tout au long du XIXe siècle. Par exemple,
elle est citée dans le livre populaire de Charles MacKay The Mormons; or the Latter-day
Saints (Londres, 1851, pp. 46-47). Cette liste suit la lettre à Wentworth presque mot à
mot, ajoutant des points tels que «la Cène du Seigneur» à larticle 4, ajoutant
«la sagesse, la charité, [et] lamour fraternel» parmi les dons de lEsprit
dans le septième article et insérant un quatorzième article concernant la résurrection
littérale du corps. Dautres listes (habituellement composées par des
missionnaires) furent publiées tout au long de cette période dans diverses régions du
monde.
La canonisation, en 1880, de la lettre à Wentworth en tant quélément de la Perle
de Grand Prix en refléta et en assura la priorité incontestée. Et quand la Première
Présidence demanda, en 1891, à James E. Talmage de rédiger un ouvrage sur la théologie
qui servirait de manuel dans les écoles de lÉglise, cest de ces articles de
foi quil se servit pour le schéma de son volume. Publié en 1899 et toujours en
usage aujourdhui, le livre Les Articles de foi, de Talmage, détaille
considérablement les thèmes de la liste de Joseph Smith pour Wentworth. En vingt-quatre
chapitres, Talmage donne un commentaire en profondeur et les références scripturaires
concernant chacun des concepts mentionnés dans les treize articles, plus des sections sur
la dernière Cène et sur la résurrection du Seigneur (comme dans la liste de Flanigan)
et finalement une section sur la religion pratique (la bienveillance, la dîme et les
offrandes, la consécration, lordre social dans lÉglise, le mariage éternel,
la sainteté du corps et la sanctification du jour du sabbat).
Dès les années 1850, les missionnaires mormons imprimaient des affiches qui contenaient
les articles de foi. Avec le temps, ces affiches missionnaires furent réduites au format
de poche et sont toujours utilisées par les missionnaires dans le monde entier. Dans les
classes de la Primaire de lÉglise, les enfants apprennent par cur les
articles de foi en vue de leur sortie de la Primaire à lâge de douze ans et les
adultes ont aussi été encouragés à les apprendre et à les utiliser pour létude
personnelle et dans luvre missionnaire.
Bien que nétant pas un credo officiel, les articles de foi sont une synthèse
merveilleuse (moins de 400 mots) des croyances de base de lÉglise de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours. De nombreuses variantes ont été publiées depuis le temps
de Joseph Smith, mais le noyau de croyances énoncées dans ces articles vient des toutes
premières années du Rétablissement, un fait qui témoigne à la fois de sa cohérence
interne et de sa constance.
Bibliographie
Lyon, T. Edgar. "Origin and Purpose of the Articles of Faith." Instructor 87,
août-octobre 1952, pp. 230-231, 264-265, 275, 298-299, 319.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Sondrup, Steven P. "On Confessing Faith: Thoughts on the Language of the Articles of
Faith". Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, pp. 197-215. Provo,
Utah, 1981.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1899.
Welch, John W. "[Joseph Smith and Paul] Co-Authors of the Articles of Faith?"
Instructor 114, nov. 1969, pp. 422-426.
Whittaker, David J. "The Articles of Faith' in Early Mormon Literature and
Thought". Dans New Views of Mormon History, A Collection of Essays in Honor of
Leonard J. Arrington, dir. de publ. D. Bitton et M. Beecher, pp. 63-92. Salt Lake City,
1987.
DAVID J. WHITTAKER
Autel
Auteur : PORTER, BRUCE H.
Un point focal du culte religieux tout au long des siècles, et dans la plupart des
cultures, a été lautel, une construction naturelle ou faite par lhomme
utilisée pour la prière, le sacrifice et des buts de ce genre. Le sacrifice sur
lautel était un rite de base. La pratique caractéristique en matière de culte du
temps de lAncien Testament était sacrificatoire de nature, et par conséquent
lautel est devenu lun des objets rituels les plus importants décrits dans ce
livre dÉcriture.
Une signification sacrée et symbolique est attribuée à lautel. Les stipulations
de la «loi de lautel» (Ex. 20:24-26) suggèrent que sa construction est associée
à la création du monde et aux alliances de Dieu avec lhumanité. Quand les eaux de
la création se sont retirées, la terre sèche est apparue et on lappelle le
monticule primordial (première colline). Ici, selon la légende, les dieux se sont tenus
afin de terminer la création. À cause de la présence divine, cet endroit est devenu un
sol sacré ou saint, un point de contact entre ce monde et le monde céleste. Lautel
a été construit pour que le peuple puisse sy mettre à genoux pour communiquer et
faire des alliances avec son Dieu. Lautel dans Ézéchiel 43:15 est appelé «la
montagne de Dieu» (terme hébreu haharel) et devient lincarnation symbolique
de la Création, du monticule primordial et de la présence de Dieu.
Cest devant un autel quAdam a appris la signification du sacrifice (Moïse
5:5-8). Après le Déluge, le patriarche Noé a immédiatement construit un autel et a
offert ses sacrifices au Très-Haut. Quand il a reçu la promesse et lalliance
dun héritage pour sa postérité, Abraham a marqué cet événement sacré par la
construction dun autel (Ge. 12:6-7). Cest sur le mont Morija que le jeune
Isaac a été lié sur la table ou autel du sacrifice en vue de loffrande suprême
et de la démonstration dobéissance de son père (Ge. 22:9-14). La tradition veut
que lendroit de cet autel consacré soit devenu le site du temple de Jérusalem.
Le complexe du temple de Jérusalem avait quatre autels. Par ordre croissant de
supériorité sacrale, cétaient les suivants : Dabord, lautel du
sacrifice, souvent appelé autel des holocaustes ou table du Seigneur (Mal. 1:7, 12 ; 1
Co. 10:21), était placé en dehors du temple lui-même dans la cour dIsraël et
était plus public que les autres. Des sacrifices pour les péchés dIsraël y
étaient offerts, annonçant laccomplissement par le sacrifice de Jésus-Christ
(Hé. 9:25-26 ; Al. 34:9-10, 14-16). En second lieu, lautel des encens se trouvait
dans «le saint» devant le voile à lintérieur du temple proprement dit. Jean
décrit la fumée de cet autel comme étant «les prières de tous les saints, sur
lautel dor qui est devant le trône» (Ap. 8:3-4). Troisièmement, dans la
même enceinte du temple se trouvait lautel des pains de proposition, sur lequel on
mettait douze pains, de lencens et une offrande de boisson. Et quatrièmement,
larche de lalliance se trouvait dans le saint des saints, la chambre la plus
intérieure et la plus sacrée du temple. Larche était pour Israël le trône ou
propitiatoire et symbolisait la présence du Seigneur. Cétait ici que le grand
prêtre, une fois par an le jour des expiations (Hé. 9:7 ; Lé. 16:1-17), faisait des
alliances avec le Seigneur pour tout Israël, comme sil représentait tout le monde
à lautel.
Dans les temples des saints, des autels dune sorte différente jouent un rôle
majeur. Les saints sy agenouillent pour se livrer à des cérémonies dans
lesquelles se contractent des alliances. Ils font ces alliances, comme cela se faisait
anciennement, dans la présence symbolique de Dieu à lautel (Ps. 43:4 ; cf. Ps.
118:27). Ainsi, en se mettant à genoux à un autel dans un temple, un homme et une femme
font des alliances avec Dieu dans une cérémonie de mariage qui va être en vigueur dans
la condition mortelle et dans le monde éternel. Cest là que, si des parents
nétaient pas mariés précédemment dans un temple, eux et leurs enfants peuvent
être scellés ensemble pour le temps et léternité par le pouvoir et
lautorité de la prêtrise. De même, ces ordonnances peuvent être accomplies par
des représentants à un autel dans le temple au nom de personnes identifiées dans des
documents généalogiques comme étant décédées sans ces bénédictions.
Les gens dautrefois allaient à lautel pour communiquer et communier avec Dieu
; de même les membres de lÉglise, dans le temple, font un cercle de prière autour
de lautel. Unis de cur et desprit, les saints demandent à Dieu ses
bénédictions sur lhumanité, son Église et ceux qui ont des besoins spéciaux.
Dans une réunion de Sainte-Cène plus publique, lautel du sacrifice est symbolisé
par la «table de Sainte-Cène». Sur cette table se trouvent les emblèmes du sacrifice
de Jésus-Christ, le pain et leau représentant respectivement le corps et le sang
du Sauveur (Luc 22:19-20). Chaque semaine on peut participer à la Sainte-Cène et
renouveler ses alliances.
Aujourdhui les membres de lÉglise font des alliances sacrées avec Dieu et
consacrent leur vie et tout ce quils ont eu en bénédiction en «allant au Christ»
et déposent symboliquement tout sur lautel comme sacrifice. Pour eux un autel
sacré est un symbole réel de la présence de Dieu devant lequel ils se mettent à genoux
«le cur brisé et lesprit contrit» (2 Né. 2:7 ; 3 Né. 11:20).
Bibliographie
Eliade, Mircea. Patterns in Comparative Religion. New York, 1974.
Talmage, James E. The House of the Lord. Salt Lake City, 1971.
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
BRUCE H. PORTER
Autorité
Auteur: CAMERON, KIM S.
La prétention de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours à être
la seule église vraie et vivante sur la terre est basée sur la notion dautorité.
La croyance des saints a été bien énoncée par le président Joseph F. Smith: «Quant
à la question de lautorité, presque tout en dépend. Aucune ordonnance ne peut
être accomplie de manière à être acceptée de Dieu sans lautorité divine.
Quelle que soit la ferveur avec laquelle les hommes croient ou prient, sils ne sont
pas dotés de lautorité divine, ils ne peuvent quagir en leur propre nom, pas
légalement ni de manière acceptable au nom de Jésus-Christ, au nom de qui tout doit se
faire» (Smith, p. 102).
Étant donné que plusieurs définitions sont associées à lautorité dans les
Écritures, ce point de doctrine a souvent été mal compris:
1. Lautorité désigne le pouvoir officiel lié au poste, à la fonction ou à la
désignation légale comme dans lexemple de lautorité donnée à Joseph en
Égypte par le Pharaon (Ge. 41:40-41), par lhomme qui donne à ses serviteurs
autorité sur sa maison pendant son absence (Mc. 13:34) et par les officiers de
lÉglise désignés pour détenir lautorité sur les membres (Mt. 8:9; D&A
107:8). Lautorité dans ces cas présume un commandement en vertu du poste
conféré.
2. Lautorité est force, pouvoir ou maîtrise de ressources. Un exemple en est le
pouvoir sur Juda installé par les Philistins (Jg. 15) et par la domination de la Judée
par Rome du temps du Christ (Mt. 27:2). Dans ce sens, lautorité désigne la
supériorité ou la suprématie par rapport aux autres découlant dacquisitions, de
possessions ou de la force.
3. Lautorité est affaire de compétence, comme dans le cas dun expert dans un
domaine. Les exemples sont lautorité attribuée à Jésus, douze ans, suite à ses
enseignements dans le temple (Lu. 2:42, 46-47) et lautorité liée à la
prédication de prophètes tels que Néphi 1, Léhi, Abinadi et les fils de Mosiah 2 (Mos.
13:6; Al. 17:3; Hél. 5:18).
4. Lautorité est un mandat divin ou appel de Dieu. Par exemple, Jésus a donné à
ses apôtres lautorité spécifique de prêcher et dadministrer son Évangile
(Mt. 10:1; Jn. 15:16; 3 Né. 12:1), et certaines personnes ont reçu le pouvoir de
baptiser et daccomplir des miracles par cette autorité (Ac. 5:12-16; 8:5-17; Al.
5:3; Mos. 18:13, 18; Mro. 2:1-3). Transmise par Jésus-Christ, cette autorité signifiait
que les ordonnances accomplies sur terre seraient honorées au ciel et, réciproquement,
que délier (dissoudre une ordonnance) sur terre signifierait délier dans le ciel (Mt.
16:19). Le nom donné à ce genre dautorité dans les Écritures est la prêtrise
(Hé. 7:11-12, 14, 24; 1 Pi. 2:5, 9; D&A 84:107).
Ces sens ont souvent été confondus comme le montre la question posée par les scribes à
Jésus concernant la base de sa propre autorité: «Par quelle autorité fais-tu ces
choses ?» (Mt. 21:23-27). Ton autorité est-elle politique (définition 1) ou un pouvoir
den haut (définition 4) ? ont-ils demandé.
De même que lautorité du Christ était basée sur le pouvoir den haut, de
même lÉglise appuie sa prétention à être la seule Église vraie et vivante sur
la possession de lautorité divine dagir pour Dieu. Cette autorité
différencie lÉglise de toutes les autres. Les autres systèmes et organisations
peuvent posséder dautres types dautorité, mais lautorité divine liée
à lÉglise du Christ, la prêtrise, réside seulement dans celle-ci.
Une explication des caractéristiques de lautorité divine permet déclaircir
les prétentions de lÉglise. Dabord, «Nul ne sattribue cette dignité,
sil nest appelé de Dieu, comme le fut Aaron» (Hé. 5:4). Lautorité
divine ne sobtient pas par létude, un diplôme décerné par une école ou le
simple désir (Ac. 19:13-16). On doit lobtenir de la manière désignée par Dieu,
comme ce fut le cas dAaron (Ex. 28:41).
En second lieu, on obtient lautorité dagir au nom de Dieu par
limposition des mains par quelquun qui détient déjà cette autorité ou
prêtrise (1 Ti. 4:14; 2 Ti. 1:6; Mro. 2:1-3; De. 34:9). Simon, par exemple, désirait
acheter lautorité des apôtres, comme il avait pu le faire avec dautres types
dautorité. Pierre le condamna pour avoir désiré obtenir le «don de Dieu» à
prix dargent (Ac. 8:14-20), et lachat de lautorité porte son nom,
cest la simonie.
Troisièmement, les ordonnances accomplies dans lÉglise ne font spirituellement
force de loi que quand elles le sont en vertu de cette autorité divinement conférée et
reçue de la manière appropriée (Mos. 23:17; D&A 20:73; 132:13; 2 S. 6:6-7). Par
exemple, Paul a rebaptisé des Éphésiens qui avaient été précédemment baptisés par
une personne non autorisée (Ac. 19:1-6). Le roi Limhi et beaucoup de ses disciples ont
été convertis au Christ et étaient désireux dêtre baptisés, mais ils ont
attendu pour recevoir cette ordonnance parce que celui qui avait lautorité ne se
sentait pas digne (Mos. 21:33-35).
Un quatrième fait concernant lautorité divine est quelle a disparu de la
terre peu après la résurrection et lascension du Christ au ciel (voir Apostasie),
de sorte quun rétablissement de lautorité divine était nécessaire (2 Th.
2:1-4; 1 Ti. 4:1-3; 2 Ti. 3:1-7). En 1829, des messagers célestes, précédemment dotés
dautorité divine par le Christ lui-même, conférèrent lautorité à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery dans le cadre du rétablissement de lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (voir Prêtrise dAaron: Rétablissement;
Prêtrise de Melchisédek: Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Les membres
de lÉglise ordonnés à cette autorité notent maintenant leur «ligne
dautorité personnelle». Ce document indique le cheminement des ordinations reliant
leur autorité dans la prêtrise à Jésus-Christ lui-même.
Cinquièmement, lautorité de présider nest efficace pour une personne que
quand elle est accompagnée du consentement commun des membres de lÉglise que cette
personne présidera (D&A 20:65; 26:2; 42:11).
Les abus dautorité et lautoritarisme sont inhérents à tout système
organisé, et ces abus sont particulièrement associés à une autorité basée uniquement
sur les postes, la force ou la connaissance. Les personnes de lextérieur
perçoivent parfois des organisations telles que lÉglise comme autoritaires,
principalement à cause de la confusion concernant le sens du mot autorité. Si
lautorité dans lÉglise était basée sur la politique, des caractéristiques
ou des compétences personnelles, laccusation dautoritarisme pourrait se
justifier. Or, lautorité divine (définition 4) est inséparablement liée aux
principes de la justice et «lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés ou
d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec quelque degré
d'injustice que ce soit, une emprise, une domination ou une contrainte sur l'âme des
enfants des hommes, voici, les cieux se retirent; l'Esprit du Seigneur est attristé, et
lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la prêtrise ou de l'autorité de cet homme»
(D&A 121:37).
Les membres de lÉglise comprennent que lexercice de lautorité divine
comporte la responsabilité de faire du bien au peuple et de vaquer à son bien-être.
Lutilisation convenable de cette autorité est contraire à lautoritarisme et
aux abus dautorité, de sorte que les connotations négatives parfois associées à
lautorité ne sont généralement pas présentes dans lÉglise.
Bibliographie
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook, dir. de publ. The Words of Joseph Smith. Provo, Utah,
1980.
Richards, LeGrand. Une uvre merveilleuse et un prodige. Salt Lake City, 1968.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine. Salt Lake City, 1977.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1977.
KIM S. CAMERON
Baptême
Auteur: HAWKINS, CARL S.
Le quatrième article de foi de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours déclare que «le baptême par immersion pour la rémission des péchés» est
lun des «premiers principes et ordonnances de lÉvangile». Les saints des
derniers jours croient, comme beaucoup de chrétiens, que le baptême est une ordonnance
initiatrice essentielle pour toutes les personnes qui deviennent membres de
lÉglise, car elle les admet dans lÉglise du Christ sur terre (Jn. 3:3-5;
D&A 20:37, 68-74). Cest une étape primaire dans le processus, qui comprend la
foi, le repentir, le baptême de feu et du Saint-Esprit et la persévérance jusquà
la fin, étape par laquelle les membres peuvent recevoir la rémission de leurs péchés
et accéder au royaume céleste et à la vie éternelle (par exemple, Mc. 16:15-16; 2 Né.
31:13-21; D&A 22:1-4;84:64, 74; MD, pp. 69-72).
Les baptêmes modernes sont accomplis pour les convertis qui ont été dûment instruits
et ont au moins huit ans (lâge de responsabilité). Le baptême doit être fait par
quelquun qui a lautorité appropriée dans la prêtrise. Celui qui baptise
lève la main droite, récite la prière de baptême prescrite et immerge complètement le
candidat (3 Né. 11:23-26; D&A 20:71-74; 68:27). Le baptême symbolise lalliance
par laquelle les gens promettent dentrer dans la bergerie de Dieu, de prendre sur
eux le nom du Christ, dêtre témoins de Dieu, de garder ses commandements et de
porter les fardeaux les uns des autres, se montrant décidés à le servir jusquà
la fin et de se préparer à recevoir lesprit du Christ pour la rémission des
péchés. Le Seigneur, cest sa contrepartie de lalliance, doit déverser son
Esprit sur eux, les racheter de leurs péchés, les faire participer à la première
résurrection et leur donner la vie éternelle (Mos. 18:7-10; D&A 20:37).
Le symbolisme riche de lordonnance invite des candidats et des observateurs à
réfléchir à ses significations. Lensevelissement dans leau et la sortie de
leau symbolisent la foi du candidat en la mort, lensevelissement et la
résurrection de Jésus-Christ aussi bien quen la résurrection future de tous les
hommes. Il représente également la nouvelle naissance du candidat à une vie en Christ,
étant né de Dieu, donc né de nouveau deau et de lEsprit (Ro. 6:3-6; Mos.
18:13-14; Moï. 6:59-60; D&A 128:12-13).
Les Écritures modernes disent que lhistoire de cette ordonnance antidate le
ministère de Jean-Baptiste. En commençant par Adam (Moï. 6:64-66), le baptême par
immersion dans leau a été introduit comme pratique officielle et a été observé
dans toutes les dispensations suivantes de lÉvangile quand lautorité de la
prêtrise était sur la terre (D&A 20:25-27; 84:27-28). Comme variantes de tels
précédents, les saints des derniers jours retrouvent des initiations par le baptême
dans beaucoup de religions préchrétiennes (voir Meslin, 1987). Comme le rapporte le
Livre de Mormon, Léhi et Néphi 1 ont eu la vision du baptême de Jésus-Christ et ont
enseigné à leur peuple à suivre son exemple de justice (1 Né. 10:7-10; 11:27; 2 Né.
31:4-9). De plus, avant le temps de Jésus-Christ, Alma 1 introduisait les convertis dans
lÉglise de Dieu par le baptême comme signe de leur alliance (Mos. 18:8-17; Al.
4:4-5).
Selon le récit de son apparition aux Néphites, Jésus a enseigné la nécessité de la
foi, du repentir, du baptême et du don du Saint-Esprit, et il a donné autorité à douze
disciples de baptiser (3 Né. 11:18-41; 19:11-13; 26:17-21). Le Livre de Mormon donne les
instructions utiles pour le baptême et les paroles de la prière de baptême (3 Né.
11:23-28; Mro. 6:1-4; cf. D&A 20:73).
En plus des informations du Livre de Mormon, les saints des derniers jours suivent les
enseignements de Nouveau Testament sur le baptême. Jésus a enseigné que le baptême est
nécessaire au salut. Il a dit à Nicodème : «Si un homme ne naît deau et
dEsprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu» (Jean 3:1-5). Il exigeait le
baptême de la part de ceux qui professaient devenir ses disciples (Jn. 4:1-2). La mission
finale quil a donnée à ses apôtres était quils devaient aller à toutes
les nations, enseignant et baptisant (Mt. 28:19), et il a déclaré: «Celui qui croira et
sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné» (Mc. 16:16).
Paul, après sa vision miraculeuse sur le chemin de Damas, sentendit enseigner
lÉvangile par Ananias, qui lui dit: «Lève-toi, sois baptisé, et lavé de tes
péchés» (Ac. 22:16). À la multitude pénitente le jour de la Pentecôte, Pierre a
proclamé: «Repentezvous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de
JésusChrist, pour le pardon de vos péchés» (Ac. 2:38).
Les saints des derniers jours nacceptent pas les pratiques et les enseignements
relatifs au baptême qui sont apparus chez certains groupes chrétiens au cours des
siècles qui ont suivi la mort des apôtres, notamment le baptême des petits enfants, le
baptême par dautres moyens que limmersion et lidée que le baptême
nest pas nécessaire au salut. Le prophète néphite Mormon a dénoncé la pratique
du baptême des petits enfants, qui sétait apparemment introduite parmi son peuple,
et a déclaré que quiconque pensait que les petits enfants avaient besoin du baptême
niait la miséricorde du Christ, ignorant la valeur de son expiation et le pouvoir de sa
rédemption (Mro. 8:4-20).
Jean-Baptiste a rendu lautorité de baptiser à Joseph Smith et à Oliver Cowdery le
15 mai 1829 (JSH 1:68-72). Dès le début de lÉglise rétablie, des
missionnaires ont été envoyés pour «annoncer le repentir, la foi au Sauveur et la
rémission des péchés par le baptême» (D&A 19:31; 55:2; 84:27, 74). «Celui qui
croira et sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croira pas et ne sera pas baptisé
sera damné» (D&A 112:29). Cest lenseignement central de lÉvangile
de Jésus-Christ (3 Né. 11:31-40).
En conséquence, les personnes qui entrent dans lÉglise de Jésus-Christ des Saints
des Derniers Jours à lâge de huit ans ou plus doivent de soumettre au baptême,
même si elles ont été précédemment baptisées dans dautres églises (D&A
22). De même, les excommuniés passent de nouveau par le baptême une fois quils se
sont qualifiés pour la réadmission dans lÉglise.
La forme de lordonnance est prescrite dans la révélation moderne, qui dit de
manière explicite que le baptême doit être accompli par une personne qui a
lautorité de la prêtrise et quil faut pour cela immerger complètement le
candidat pénitent et le sortir ensuite de leau (3 Né. 11:25-26; D&A 20:72-74).
Le baptême est suivi de limposition des mains pour le don du Saint-Esprit.
La pratique courante dans lÉglise veut que le candidat soit interrogé et approuvé
par un officier autorisé de la prêtrise (habituellement lévêque ou un autre
dirigeant présidant lassemblée ou un dirigeant de mission), qui détermine si le
candidat remplit les conditions dun repentir véritable, de la foi au Seigneur
Jésus-Christ, dune compréhension des lois et des ordonnances de lÉvangile
et de la volonté dy obéir. Il est également nécessaire quun document
officiel de chaque baptême soit tenu par lÉglise.
Le baptême peut se faire dans les fonts baptismaux existant dans beaucoup déglises
ou dans tout plan deau convenant à cette occasion sacrée et suffisamment profond
pour permettre limmersion complète. Le candidat et la personne accomplissant
lordonnance doivent être vêtus de vêtements blancs simples et pudiques. La
cérémonie est sans prétention et a habituellement lieu en la présence de la famille du
candidat, les amis intimes et les membres de lassemblée que cela intéresse. Un
orateur ou deux peuvent donner quelques enseignements et souhaiter une joyeuse bienvenue
au candidat.
La pratique antérieure du rebaptême pour manifester le repentir et le renouvellement de
lengagement ou pour le retour à la santé en temps de maladie na plus cours
dans lÉglise.
La croyance que le baptême est nécessaire au salut de toutes les personnes qui
atteignent lâge de responsabilité (D&A 84:64, 74) ne condamne pas les
personnes qui sont mortes sans avoir eu loccasion dentendre le véritable
Évangile de Jésus-Christ ou de recevoir le baptême par lautorité appropriée de
la prêtrise. Les saints des derniers jours croient quun baptême doit être
accompli par procuration pour les morts (1 Co. 15:29; D&A 124:28-35, 127-128) et
quil devient effectif si le bénéficiaire décédé accepte lÉvangile tandis
quil est dans le monde desprit à attendre la résurrection (voir 1 Pi.
3:18-20; 4:6; cf. D&A 45:54). Cette uvre par procuration au profit des
générations précédentes, liant le cur des enfants à leurs pères (Mal. 4:5-6),
est une des ordonnances sacrées accomplies dans les temples modernes (D&A 128:12-13).
Bibliographie
Meslin, Michel. « Baptism. » Dans Encyclopedia of Religion, Mircea Eliade, dir. de publ.
vol. 2, pp. 59-63. New York, 1987.
Smith, Joseph Fielding, Doctrines du Salut, vol. 2, pp. 323-337. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. AF pp. 109-142. Salt Lake City, 1984.
CARL S. HAWKINS
Baptême - Prière
Auteur : WILSON, JERRY A.
Les paroles de la prière du baptême utilisées dans l'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours sont prescrites dans la compilation la plus ancienne
dinstructions pour le fonctionnement de l'Église (D&A 20). Quand quelquun
est baptisé, la personne qui a l'autorité appropriée dans la prêtrise descend dans
l'eau avec le candidat, lève le bras droit à angle droit, appelle l'intéressé par son
nom légal complet et dit: «Ayant reçu lautorité de Jésus-Christ, je te baptise
au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen» et immerge ensuite le candidat
(D&A 20:73). La même version de la prière est donnée par Jésus-Christ aux
Néphites et se trouve dans le Livre de Mormon (3 Né. 11:25).
Plus tôt dans le Livre de Mormon il y a une mention quelque peu différente de la prière
de baptême. Quand Alma lAncien, au deuxième siècle av. J.-C., fonde l'Église
parmi les Néphites, il prie: «Ô Seigneur, déverse ton Esprit sur ton serviteur, afin
qu'il fasse cette uvre avec sainteté de cur» (Mosiah 18:12). La prière de
baptême qui suit souligne l'alliance représentée par le baptême et la nécessité de
procéder ensuite à un baptême de l'Esprit : «Je te baptise, ayant autorité du Dieu
Tout-Puissant, en témoignage que tu as conclu l'alliance de le servir jusqu'à ce que tu
sois mort quant au corps mortel; et que l'Esprit du Seigneur soit déversé sur toi; et
qu'il t'accorde la vie éternelle, par l'intermédiaire de la rédemption du Christ, qu'il
a préparé dès la fondation du monde» (Mosiah 18:13; voir Baptême de feu et du
Saint-Esprit).
Bibliographie
Il est instructif de comparer la pratique et les récits scripturaires des saints des
derniers jours à la tradition chrétienne rapportée dans E. C. Whitaker, Documents of
the Baptismal Liturgy, Londres, 1970.
JERRY A. WILSON
Baptême de feu et du Saint-Esprit
Auteur: BRADSHAW, WILLIAM S.
Le baptême de feu et du Saint-Esprit désigne l'expérience de la personne qui reçoit
l'ordonnance de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. C'est la seconde
partie dune séquence et il suit le baptême par immersion dans l'eau par lequel la
personne repentante qui s'est engagée vis-à-vis du Christ et de son Évangile est née
de Dieu ou née de nouveau. Comme Jésus la expliqué à Nicodème, «si un homme ne
naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu» (Jn. 3:5). En
commentant ce passage, Joseph Smith a dit: «Le baptême d'eau nest quun
demi-baptême et nest bon à rien sans
le baptême du Saint-Esprit» (EPJS, p.
254). Le baptême de feu, assuré par le Saint-Esprit, se manifeste à travers un ensemble
de sensations, d'impressions et de découvertes personnelles qui constituent le
témoignage spirituel de la Divinité que l'on a reçu la rémission de ses péchés (2
Né. 31:17). Le baptême de feu inaugure la transmission de dons spirituels aux fidèles
pour les aider durant toute leur vie à rester fidèles à leur alliance du baptême (1
Co. 12; Mro. 10:8-23; D&A 46:10-33).
La doctrine des deux baptêmes a été enseignée par Jean-Baptiste: « Moi, je vous
baptise d'eau
mais celui qui vient après moi
vous baptisera du
SaintEsprit et de feu» (Mt. 3:11). Au baptême du Christ, le Saint-Esprit
sest manifesté par le signe d'une colombe (Lu. 3:22) et il est apparu aux disciples
le jour de la Pentecôte sous forme de langues de feu (Ac. 2:3; voir Jéhovah,
Jésus-Christ). L'ordonnance du don du Saint-Esprit a commencé avec les premiers
convertis chrétiens (Ac. 8:12-17; 3 Né. 18; Mro. 2-3; 6) et est une pratique (souvent
désignée sous le nom de confirmation) rendue à l'Église daujourdhui et
administrée par la Prêtrise de Melchisédek (D&A 20:38-41).
Symboles du baptême, l'eau (utilisée pour laver) et le feu (utilisé pour la fonte des
métaux) représentent les agents qui nettoient et purifient, la première
extérieurement, lautre intérieurement, menant à la sanctification (Al. 13:12;
Mro. 6:4). En outre, le feu suggère la chaleur et la lumière, réalisées sous forme de
sensations tangibles telles qu'une brûlure dans la poitrine et le sentiment
dillumination accompagnant la réception de l'esprit divin (D&A 9:8; 88:49).
Pour les saints des derniers jours, le baptême par le feu et le Saint-Esprit est un
phénomène réel en accomplissement littéral de l'alliance de Dieu avec ceux qui se
repentent et sont baptisés (2 Né. 31:10-21). Par cette expérience, la personne peut
réaliser les promesses faites par Jésus en ce qui concerne le rôle de Consolateur joué
par le Saint-Esprit, témoin de l'Expiation, instructeur et guide vers la vérité (Jn.
14:16, 26; 15:26).
Bibliographie
Cannon, Elaine, et Ed J. Pinegar. The Mighty Change. Salt Lake City, 1978.
WILLIAM S. BRADSHAW
Baptême Alliance du
Auteur: WILSON, JERRY A.
Quand une personne contracte le baptême chez les saints des derniers jours, elle fait une
alliance avec Dieu. Le baptême est un «signe
que nous faisons la volonté de Dieu,
et il ny a sous le ciel aucun autre moyen ordonné par Dieu pour permettre à
lhomme de venir à lui» (EPJS, p. 160).
Les candidats promettent d «entrer dans la bergerie de Dieu et être appelés son
peuple
[de] porter les fardeaux les uns des autres
[de] pleurer avec ceux qui
pleurent
[et d] être les témoins de Dieu
jusquà la mort» (Mos.
18:8-9). La personne qui contracte cette alliance doit le faire avec lattitude
appropriée dhumilité, de repentir et de détermination de garder les commandements
du Seigneur et de servir Dieu jusquà la fin (2 Né. 31:6-17; Mro. 6:2-4; D&A
20:37). De son côté, Dieu promet la rémission des péchés, la rédemption et la
purification par le Saint-Esprit (Ac. 22:16; 3 Né. 30:2). Cette alliance se fait au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Le baptisé peut renouveler cette alliance à chaque réunion de Sainte-Cène en prenant
la Sainte-Cène. Cette volonté permanente de se rappeler le Christ et de garder ses
commandements apporte la réalisation de la promesse du Seigneur quil donnera son
Esprit et produit les «fruits» (Ga. 5:22) et les «dons» (D&A 46) qui mènent à la
vie éternelle.
Bibliographie
Tripp, Robert M. Oaths, Covenants and Promises, pp. 11-19. Salt Lake City, 1973.
JERRY A. WILSON
Baptême pour les morts
Cette rubrique se compose de deux articles:
Baptême pour les morts: Pratique chez les saints des derniers jours
Baptême pour les morts: Sources antiques
Le premier article suit le développement de la doctrine mormone du baptême pour les
morts. Dans le deuxième article, le doyen de la faculté de théologie de Harvard traite
de la pratique dans les temps anciens.
Baptême
pour les morts: Pratique chez les saints des derniers jours
Auteur: BURTON, H. DAVID
Le
baptême pour les morts est laccomplissement par procuration de lordonnance du
baptême pour un défunt. Joseph Smith a enseigné: «Si nous pouvons baptiser un homme au
nom du Père [et] du Fils et du Saint-Esprit pour la rémission des péchés, cest
tout autant notre devoir dagir comme agents et dêtre baptisés pour la
rémission des péchés pour et en faveur de nos aïeux décédés qui nont pas
entendu lÉvangile ou sa plénitude» (Kenney, p. 165).
La première déclaration publique concernant lordonnance du baptême pour les morts
dans lÉglise a été le sermon funèbre prononcé en août 1840 à Nauvoo par
Joseph Smith à loccasion du décès de Seymour Brunson. Sadressant à une
veuve qui avait perdu un fils qui navait pas été baptisé, il a appelé le
principe «de bonnes nouvelles dune grande joie» contrairement à la tradition du
temps qui voulait que toute personne non baptisée soit damnée. Les premiers baptêmes
pour les morts des temps modernes ont eu lieu dans le Mississippi, près de Nauvoo.
Des révélations éclaircissant la doctrine et la pratique ont été données de temps en
temps:
1. Cétait une pratique du Nouveau Testament (1 Co. 15:29; cf. D&A 128; voir
Baptême pour les morts: Sources antiques).
2. Le ministère du Christ dans le monde desprit était au profit de ceux qui
étaient morts sans entendre lÉvangile ou sa plénitude (1 Pi. 4:6; voir Salut des
morts).
3. De tels baptêmes doivent avoir lieu dans un temple, dans des fonts baptismaux
consacrés à cette fin (EPJS, p. 248; cf. D&A 124:29-35). En novembre 1841, les fonts
baptismaux du temple inachevé de Nauvoo étaient consacrés.
4. Le langage de la prière de baptême est le même que pour les vivants, avec
lajout de «en lieu et faveur de» [les défunts].
5. Des témoins doivent être présents aux baptêmes par procuration et ceux-ci doivent
être enregistrés dans les archives de lÉglise (D&A 128:3, 8).
6. Des femmes doivent être baptisées pour les femmes et des hommes pour les hommes.
7. Ce nest pas seulement le baptême, mais aussi la confirmation et les ordonnances
supérieures du temple qui peuvent être accomplis par procuration (EPJS, pp. 294).
8. La loi du libre arbitre est inviolée dans ce monde et dans le monde à venir. Ainsi,
ceux qui sont servis par procuration ont le droit daccepter ou rejeter les
ordonnances.
Dans les premières années de lÉglise, les baptêmes par procuration ne se
faisaient que pour les ancêtres directs par le sang, en ne remontant habituellement pas
plus de quatre générations. Aujourdhui, les saints des derniers jours sont
baptisés non seulement pour leurs propres ancêtres mais également pour dautres
personnes non apparentées, identifiées par le programme dextraction des noms.
Cette pratique est lexpression du désir des enfants de retrouver leurs parents et
des parents de retrouver leurs enfants, ainsi que des sentiments charitables pour les
autres, pour quils reçoivent la plénitude des bénédictions de lÉvangile
de Jésus-Christ. Dans la perspective mormone, quoi que lon fasse dautre pour
faire son deuil, enterrer honorablement, chérir ou se souvenir des morts, cette
ordonnance divinement autorisée du baptême est une démonstration damour et a des
implications éternelles.
Baptême pour les morts:
Sources antiques
Auteur: STENDAHL, KRISTER
Dans sa
première épître aux Corinthiens Paul a écrit: «Autrement, que feraient ceux qui se
font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se
fontils baptiser pour eux?» (Conzelmann, 1 Corinthiens 15:29).
Ce verset fait partie de largumentation de Paul contre ceux qui niaient une
résurrection future (cf. 2 Ti. 2:18, Justin, Dial. 80). Il fait allusion à une pratique
de baptême par procuration, une pratique pour laquelle nous navons aucune autre
preuve dans les écrits de Paul ou les autres écrits du Nouveau Testament ou écrits du
début du christianisme. Les interprètes ont été intrigués par le fait que Paul semble
accepter cette pratique. Il nestime en tous cas pas utile de la condamner comme
hérétique, mais Paul fait clairement allusion à un groupe distinct dans lÉglise,
un groupe quil accuse de contradiction entre rituel et doctrine.
Les anciens commentateurs considéraient comme hérétique la pratique du baptême par
procuration pour les morts (par exemple parmi les Marcionites, 150 apr. J.-C.). Ils
interprétaient donc les paroles de Paul dans 1 Corinthiens 15:29 de manière à ce
quelles ne puissent être invoquées à lappui de telles pratiques ou de toute
théologie qui y était implicite. Au fil des siècles, leurs interprétations ont
persisté et se sont multipliées (B.M. Foschini rapporte et évalue quarante explications
distinctes de ce verset). La plupart des pères grecs interprétaient «les morts» comme
désignant le propre corps dune personne; dautres ont interprété le verset
comme désignant les païens désirant le baptême «pour se joindre à» des parents
chrétiens perdus. Dautres encore ont suggéré différentes structures de la
phrase: «Autrement que réaliseront ceux que lon baptise? Quelque chose simplement
pour leur corps mort?»
Une fois que lon se sent moins menacé par les pressions théologiques exercées par
des développements postérieurs éventuels de la pratique et de la doctrine, le texte
semble parler clairement dune pratique de baptême par procuration pour les morts
dans lÉglise. Cest le point de vue de la plupart des exégètes critiques
contemporains. Pareille pratique peut se comprendre par une analogie partielle avec
lallusion de Paul au fait que les conjoints païens et les enfants communs dans les
mariages mixtes sont sanctifiés et purifiés par les partenaires chrétiens (1 Co. 7:14).
On a souvent fait le rapport avec 2 Maccabées 12:39-46, où Judas Maccabée, «tenant
compte de la résurrection», fait lexpiation pour ses camarades morts.
(Cétait le passage même que le Dr. Eck a utilisé en faveur du purgatoire dans son
débat de 1519 à Leipzig avec Martin Luther. Cest ainsi devenu une partie de la
raison pour laquelle les bibles protestantes ont exclu les Apocryphes ou les ont
relégués dans une annexe.)
On pourrait ajouter à ceci que le lien suivant dans largumentation de Paul en
faveur dune future résurrection est sa propre exposition au martyre (1 Co.
15:30-32), un martyre que Paul pense certainement avoir un effet par procuration (Ph.
2:17, Ro. 15:16, cf. Col. 1:24).
Pareil lien peut être conscient ou inconscient. Dans lun ou lautre cas, cela
rend tout à fait raisonnable lidée que la remarque de Paul a trait à la pratique
dun baptême par procuration pour les morts.
Bibliographie
Conzelmann, H. 1 Corinthians. Hermeneia Series. Philadelphia, 1975.
Foschini, B. "Those Who Are Baptized for the Dead; 1 Cor. 15:29." Catholic
Biblical Quarterly 12 (1950):260-276, 378-388; 13 (1951):46-78, 172-198, 276-285.
KRISTER STENDAHL
Bénédictions patriarcales
Auteur: MORTIMER, WILLIAM JAMES
La pratique pour un père de bénir ses fils et ses filles remonte aux temps les plus
anciens. Adam, premier patriarche et père du genre humain, a béni son fils Seth,
promettant «que sa postérité serait lélue du Seigneur et quelle serait
préservée jusquà la fin de la terre» (D&A 107:42). Abraham, Isaac, et Jacob
ont béni leurs enfants, ouvrant une vision de leur héritage et de leur destinée (par
exemple, Ge. 28:4; 49:3-27).
Chaque famille dans lÉglise et la grande famille quest lÉglise
perpétuent cet héritage. Les membres ont le droit daller trouver le patriarche de
pieu pour avoir une bénédiction de lÉglise. Des patriarches de pieu sont
ordonnés partout où lÉglise est organisée afin que tous puissent avoir cette
possibilité.
La bénédiction patriarcale est donnée par lautorité de la Prêtrise de
Melchisédek qui «est de détenir les clefs de toutes les bénédictions spirituelles de
lÉglise» (D&A 107:18). Quand il a fait alliance avec Abraham quà
travers sa postérité toutes les familles de la terre seraient bénies, Dieu a promis les
«bénédictions de lÉvangile, lesquelles sont les bénédictions du salut, de la
vie éternelle» (Abr. 2:11). La portée de ces promesses, tant ici que dans
lau-delà, est décrite dans les Écritures modernes:
«Abraham reçut des promesses concernant sa postérité, le fruit de ses reins
promesses qui devaient continuer tant quelle était dans le monde; et en ce qui
concerne Abraham et sa postérité, ils devaient continuer hors du monde
Cette
promesse est également pour toi, parce que tu es dAbraham, et que la promesse fut
faite à Abraham» [D&A 132:30-31].
Une partie essentielle de la bénédiction patriarcale est la déclaration du lignage. Le
patriarche demande linspiration pour indiquer le lignage dominant qui remonte à
Abraham. La majorité des bénédictions modernes désignent Éphraïm ou Manassé comme
chaînon principal, mais dautres de toutes les tribus dIsraël ont également
été mentionnés. Quil sagisse dune déclaration de descendance par le
sang ou par adoption est sans importance (voir Abr. 2:10). Cest considéré comme le
lignage et lhéritage par lesquels les bénédictions de la personne lui sont
transmises. Cest ainsi que les bénédictions «dAbraham, dIsaac et de
Jacob» sont conférées.
En outre, selon linspiration de lEsprit, le patriarche peut être poussé à
donner des exhortations, des promesses et des assurances. Il peut mentionner différents
traits de personnalité et des points forts et des faiblesses. Dans le contexte des
prophéties sur les événements mondiaux, il peut mentionner le rôle et lappel de
chacun. Il peut préciser les dons, les talents, les qualifications et le potentiel
spirituel de la personne avec la gratitude et la consécration qui doivent les
accompagner. Karl G. Maeser a décrit ces bénédictions comme étant des «paragraphes du
livre de nos possibilités» (Alma P. Burton, Karl G. Maeser: Mormon Educator, p. 82 [Salt
Lake City, 1953]).
On enseigne continuellement dans lÉglise que laccomplissement des
bénédictions patriarcales, comme celui de toutes les promesses divines, est conditionné
par la foi et les uvres de la personne. Les bénédictions se terminent
habituellement par une déclaration telle que: «Je prononce ces bénédictions sur votre
tête selon votre foi et votre diligence à garder les commandements du Seigneur.»
La pratique de donner des bénédictions patriarcales est un rappel constant de
lhonneur et de la gloire de la famille: que lon nest pas seul et que
chaque personne se tient sur les épaules de ceux qui lont précédée. Elle incite
ceux qui reçoivent les bénédictions à « porte[r] les regards sur Abraham, [leur]
père» (2 Né. 8:2), à faire «les uvres dAbraham» (D&A 132:32; cf. Jn.
8:39), à être disposé à être «châti[é] et mis à lépreuve comme Abraham»
(D&A 101:4) et à reconnaître que la disposition dAbraham à offrir son fils
était «une similitude de Dieu et de son Fils unique» (Jcb. 4:5). En bref, le
commandement dhonorer son père et sa mère ne finit pas à la mort, ni avec la
croissance du genre humain.
Toutes les bénédictions patriarcales sont enregistrées et transcrites; les copies sont
conservées dans les archives officielles de lÉglise et par le bénéficiaire.
Elles sont considérées comme sacrées par ceux qui les reçoivent.
Dans lhistoire dIsraël, comme des saints des derniers jours, leffet
moteur de ces bénédictions est incalculable. Elles ouvrent beaucoup de portes à la
prise de conscience de soi. Elles ont inspiré des hommes et des femmes célèbres, aussi
bien que ceux qui se trouvent dans les endroits les plus obscurs et les plus isolés, à
se plonger dans laccomplissement dune mission, à uvrer et à donner
dans lesprit de consécration. Elles ont été une force au milieu des épreuves et
des tentations de la vie, un réconfort dans les ténèbres du deuil et une ancre dans les
tourmentes, «une aide quotidienne dans toutes les affaires de la vie» (Widtsoe, p. 74).
Bibliographie
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, pp. 72-77.
WILLIAM JAMES MORTIMER
Benjamin
Auteur: RICKS, STEPHEN D.
Benjamin, fils de Mosiah 1, est un roi important dans l'histoire néphite ( v. 121
av. J.-C.). Son règne se produit à un moment crucial de l'histoire des Néphites et est
culturellement et politiquement important. Son père, Mosiah 1, «averti par le Seigneur»
a emmené les Néphites hors du pays de Néphi au pays de Zarahemla (Om. 1:12, 19). Par la
suite, pendant son règne, Benjamin a combattu, comme le faisaient habituellement les rois
dans le monde antique (cf. Mos. 10:10), «avec la force de son bras» contre les
envahisseurs lamanites (Pa. 1:13), empêchant son peuple «de tomber entre les mains de
[ses] ennemis» (Mos. 2:31). Il réussit à consolider le règne néphite sur le pays de
Zarahemla (Om. 1:19) et y règne «en justice» sur son peuple (Pa. 1:17).
Benjamin, décrit comme étant «un saint homme» (Pa. 1:17) et «un homme juste devant le
Seigneur», dirige également son peuple en tant que prophète (Om. 1:25) et est, avec
l'aide d'autres prophètes et de saints hommes, capable surmonter les querelles parmi son
peuple et fait «encore une fois régner la paix dans le pays» (Pa. 1:18). En
conséquence, Amaléki, qui na «pas de postérité», lui confie les annales des
«petites plaques» (Om. 1:25). Vivement intéressé par la conservation des annales
sacrées, Benjamin instruit ses fils «dans toute la langue de ses pères» et
«concernant les annales qui étaient gravées sur les plaques dairain» (Mos.
1:2-3).
Mosiah 2-6
rapporte le discours d'adieu de Benjamin visant principalement à provoquer un
«changement de cur» chez son peuple et à lamener à Jésus-Christ. Il
traite des obligations de l'homme vis-à-vis de ses semblables et vis-à-vis de Dieu, du
châtiment en cas de rébellion contre Dieu, de la reconnaissance, de la foi et du
service. Ce discours conserve aujourdhui toute sa pertinence. En outre, rapportant
les paroles quun ange lui a dites, Benjamin prophétise que «le Seigneur
Omnipotent
descendra du ciel avec puissance parmi les enfants des hommes » en tant
que Messie, «accomplissant de grands miracles» (Mosiah 3:5). De plus, Benjamin déclare
que le Messie «sera appelé Jésus-Christ, le Fils de Dieu
et sa mère sera
appelée Marie» (3:8). La toute première mention du nom de celle-ci dans le Livre de
Mormon. En outre, Jésus «souffrira les tentations, et la souffrance du corps, la faim,
la soif et la fatigue, plus encore que l'homme ne peut en souffrir» (3:7). Après avoir
été crucifié, Jésus «se lèvera d'entre les morts; et voici, il se tient pour juger
le monde» (3:10). Chose importante, Benjamin enseigne que le pouvoir de l'expiation de
Jésus-Christ vaut pour lui et son peuple, «comme s'il était déjà venu» sur terre
(3:13).
On peut mesurer l'impact du discours de Benjamin sur les générations néphites suivantes
par le nombre de fois quon le mentionne plus loin dans le Livre de Mormon. Après la
mort de Benjamin, son fils et successeur, Mosiah 2, envoie Ammon et quinze autres
représentants de Zarahemla au pays de Néphi (Mos. 7:1-6) où ils trouvent le roi Limhi
et son peuple néphite asservis aux Lamanites. Après que les représentants se sont
identifiés, Limhi réunit son peuple au temple local où il s'adresse à lui. Ensuite,
Ammon «leur répéta aussi les dernières paroles que le roi Benjamin leur avait
enseignées, et les expliqua au peuple du roi Limhi, pour qu'il pût comprendre toutes les
paroles qu'il disait» (Mos. 8:3). De même, Hélaman 2 (v. 30 av. J.-C.) avertit ses fils
Léhi 4 et Néphi 2 en ces termes : «Souvenez-vous
des paroles que le roi Benjamin
a dites à son peuple; oui, souvenez-vous qu'il n'y a aucune autre manière ni aucun autre
moyen par lesquels l'homme puisse être sauvé, si ce n'est par le sang expiatoire de
Jésus-Christ» (Hél. 5:9). Ces paroles rappellent lun des thèmes centraux du
discours de Benjamin: «Le salut a été, et est, et sera, dans et par le sang expiatoire
du Christ» (Mos. 3:18-19; cf. Hél. 14:12).
Après un règne long et prospère, Benjamin décède vers 121 av. J.-C. Le plus grand de
tous les hommages à sa grandeur, cest son fils Mosiah 2 qui le lui rendra. Dans un
discours prononcé à la fin de son propre règne, dans lequel il soupèse les avantages
et les pièges de diverses formes de gouvernement, Mosiah dit : «S'il était possible que
vous ayez pour rois des hommes justes, qui établiraient les lois de Dieu et jugeraient ce
peuple selon ses commandements, oui, si vous pouviez avoir pour rois des hommes qui
feraient ce que mon père Benjamin a fait pour ce peuple
alors il serait opportun
que vous ayez toujours des rois pour vous gouverner» (Mos. 29:13).
Bibliographie
Nibley, Hugh W. An Approach to the Book of Mormon. Dans CWHN 4:295-310.
Bible
.
[La rubrique consacrée à la Bible donne une idée de lestime que les saints ont
pour ce recueil décrits et de lusage considérable quils en font. Les
articles sont:
Bible
Croyance des saints en la Bible
La King James Version
Édition de la Bible créée par lÉglise
Le premier article explique limportance de la Bible au sein des ouvrages canoniques
de lÉglise. Le deuxième explore la profondeur de la croyance en la Bible. Le
troisième examine lutilisation de la King James Version de la Bible par
lÉglise. Le dernier donne des informations sur ce que contient la Bible éditée
par lÉglise en 1979 et des détails sur la publication. Les articles qui traitent
de thèmes apparentés sont Ancien Testament et Nouveau Testament. On trouvera un
traitement sur léventail des sujets liés aux conceptions quont les saints
des Écritures en général dans Ouvrages canoniques et en particulier lensemble des
articles repris sous le titre général Écritures.]
Bible: Bible
Auteur: LUDLOW, VICTOR L.
La Bible
est à la base de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, constitue
lun de ses ouvrages canoniques et est acceptée comme étant la parole de Dieu.
Cest un passage du Nouveau Testament dans lépître de Jacques qui incita, en
1820, le jeune Joseph Smith à interroger Dieu au sujet des religions de son temps, sur
quoi il reçut sa Première Vision dans laquelle il vit Dieu le Père et Jésus-Christ
(Ja. 1:5; JSH 1:11-12, 17-18). Trois ans plus tard, ce furent des passages de
lAncien Testament et du Nouveau Testament qui furent la base scripturaire de la
deuxième grande expérience spirituelle de Joseph quand lange Moroni lui apparut et
linstruisit en sappuyant sur Malachie, Ésaïe, Joël, Daniel et dautres
Écritures (JSH 1:36-41; JD 24:241;
Messenger
and Advocate 1, avr. 1835, p. 109). Après avoir terminé la traduction du Livre de Mormon
et organisé lÉglise rétablie de Jésus-Christ en 1830, le prophète Joseph Smith
étudia à fond la Bible comme le Seigneur le lui avait commandé et fit la Traduction de
Joseph Smith de la Bible (TJS).
Dès
lenfance, les saints des derniers jours sont exposés aux enseignements de la Bible.
Certains passages sont soulignés dans lenseignement des enfants. La plupart des
enfants de la Primaire et en particulier ceux qui font partie de familles qui
tiennent la soirée familiale et appliquent un programme de lecture des Écritures
se familiarisent avec les événements racontés dans la Genèse, notamment les histoires
dAdam et Ève, Noé, Abraham, Jacob et Joseph. Les épisodes postérieurs des
prophètes, des juges, et des rois (tels que Moïse, Samson, Samuel, David, Salomon, Jonas
et Daniel), aussi bien que ceux des personnalités du Nouveau Testament (par exemple,
Pierre, Paul et Étienne), sont également des favoris. Les histoires de Débora, de Ruth,
dEsther et de Marie comptent parmi les préférées des filles. Ce sont cependant la
vie et les enseignements de Jésus-Christ qui sont les plus étudiés et les plus
appréciés (voir Jésus-Christ: Ministère de Jésus-Christ).
Lorsque les saints des derniers jours se livrent à une étude répétée de la Bible, il
sen dégage des enseignements évangéliques plus riches. Outre quils
reçoivent lenseignement dispensé par lÉcole du Dimanche, les adolescents
qui suivent les cours du séminaire passent deux ans de leurs quatre années à étudier
la Bible. Il en va de même des cours de religion de niveau supérieur dans les
universités du Département dÉducation de lÉglise et dans les cours des
instituts de religion dans dautres universités. Les missionnaires mormons se
réfèrent souvent à des passages de la Bible dans lenseignement quils
donnent aux amis de lÉglise. Une des preuves les plus convaincantes de
limportance de létude de la Bible pour les saints des derniers jours ressort
du programme de lÉcole du Dimanche pour les adultes. Dans les cours de Doctrine de
lÉvangile, deux années sur chaque cycle de quatre ans sont consacrées à la
lecture, à létude et aux discussions sur la Bible. Une autre grande preuve de
limportance que les saints accordent à la Bible réside dans les efforts et les
dépenses quoi ont été consentis pour assurer la publication de lédition anglaise
de lÉglise de la Bible en 1979. Les Autorités générales de lÉglise citent
fréquemment la Bible dans leurs écrits et leurs discours de conférence générale et
lors des conférences de pieu. La Bible constitue donc un fondement dÉvangile
important pour tous les membres de lÉglise, depuis les nouveaux baptisés
jusquaux officiers présidents.
ENSEIGNEMENTS ET PRATIQUES BIBLIQUES PRINCIPAUX. Parmi les enseignements de la Bible, il y
en a sur lesquels on insiste particulièrement. Par exemple, les saints des derniers jours
nont aucun mal à se reconnaître dans la pratique du Dieu de lAncien
Testament de parler par lintermédiaire des prophètes de lépoque (Am. 3:7),
une façon de faire que lon peut constater dans lÉglise
daujourdhui. Ils se sentent aussi proches de la maison dIsraël grâce
à leur bénédiction patriarcale individuelle, qui précise habituellement une ascendance
généalogique remontant à lune des tribus dIsraël. La notion de peuple de
lalliance, telle quenseignée dans la Genèse, lExode et le
Deutéronome, cadre bien avec la croyance des saints quils sont un peuple de
lalliance aujourdhui. Beaucoup de lois et de commandements, en particulier un
code de santé, caractérisent lIsraël antique et son équivalent spirituel moderne
dans lÉglise (Lé. 11; D&A 89; voir Parole de Sagesse). Les errances de
lIsraël antique et les difficultés à coloniser la Terre Promise ont aussi leur
pendant dans le début de lhistoire des saints à tel point que Brigham Young a
été qualifié de Moïse moderne (par exemple, Arrington, 1985; voir aussi Persécution;
Pionniers).
Les enseignements du Nouveau Testament sur lesquels les saints des derniers jours mettent
laccent sont les enseignements du Sauveur et des apôtres sur les principes de base
de lÉvangile, particulièrement la foi et le repentir, et les ordonnances de
lalliance, en particulier le baptême et le don du Saint-Esprit (voir Premiers
principes de lÉvangile). Lorganisation, les offices dans la prêtrise et
luvre missionnaire de lÉglise du Nouveau Testament ont leurs
contre-parties dans les croyances, les pratiques et lorganisation de lÉglise
actuelle (voir Organisation de lÉglise à lépoque du Nouveau Testament).
IMPORTANCE DES TEXTES BIBLIQUES DANS LE LIVRE DE MORMON. Parmi des écrits de
lAncien Testament, ceux de Moïse, dÉsaïe et de Malachie retiennent
particulièrement lattention des saints des derniers jours à cause de leur place
importante dans le Livre de Mormon. Les enseignements de Moïse tels quils se
trouvent dans le Pentateuque (avec lexpansion de Genèse 1-6 qui se trouve dans la
Perle de Grand Prix) constituent la matière qui permet de comprendre la dispensation
mosaïque de la maison dIsraël. Les annales du Livre de Mormon, qui commencent avec
Léhi et avec le peuple de Zarahemla (voir Mulek), proviennent essentiellement de ce cadre
israélite. Il y est question dAdam et Ève et des événements du jardin
dÉden (par exemple, 2 Né. 2:15-25) et du déluge du temps de Noé (par exemple,
Al. 10:22), de gens amenés par Dieu en Amérique à lépoque de la tour de Babel
(Ét. 1:3-5, 33), dévénements de la vie des patriarches (par exemple, 2 Né.
3:4-16), et de lappel, des uvres et des paroles de Moïse (par exemple, 1 Né.
17:23-31; 2 Né. 3:16-17; voir aussi Loi de Moïse). Le cinquième chapitre de 1 Néphi
mentionne les documents bibliques que la famille de Léhi a emportés de Jérusalem (voir
Plaques et annales du Livre de Mormon) et, avec 1 Néphi 17, met laccent sur les
événements bibliques principaux, en particulier lexode israélite dÉgypte,
bien que sans les détails fournis par le Pentateuque. Lexemple et les enseignements
des prophètes, des juges et des rois de lAncien Testament se trouvaient aussi dans
les documents bibliques de la communauté de Léhi. Puisque ce groupe se conforme à la
loi de Moïse (2 Né. 25:24), les pratiques religieuses de lAncien Testament se
poursuivent dans le Livre de Mormon.
On trouve un bon tiers des écrits dÉsaïe dans le Livre de Mormon, ce qui fait
quÉsaïe est le livre biblique qui y est le plus souvent cité. Vingt-deux des
soixante-six chapitres dÉsaïe sont cités en tout ou en partie dans le Livre de
Mormon (en tout 433 sur les 1.292 versets dÉsaïe). Les prophètes et les auteurs
du Livre de Mormon choisissaient les chapitres qui mettaient laccent sur les
relations de Dieu dans le cadre de lalliance et de ses promesses à Israël, sur le
rôle et lappel du Messie et sur les prophéties au sujet des derniers jours. Ces
thèmes sont également répandus dans la théologie contemporaine des saints (A de F 3,
4, 9, 10).
Les enseignements de Malachie dans le Livre de Mormon sont importants parce que Jésus
ressuscité les cite et par conséquent les souligne (cf. 3 Né. 24-25; Mal. 3-4; D&A
2:1-3). Les paroles de Malachie concernant un messager envoyé pour préparer la voie à
lavènement du Christ, le paiement de la dîme et des offrandes et la mission
dÉlie dans les derniers jours constituent ainsi un autre noyau important des
enseignements de lAncien Testament au sein de la société des saints des derniers
jours.
Comme la colonie principale du Livre de Mormon a quitté Jérusalem approximativement six
cents ans avant le début de la période du Nouveau Testament, les auteurs du Livre de
Mormon navaient pas accès aux écrits du Nouveau Testament. Ils avaient toutefois
accès à deux sources importantes de doctrine qui étaient en parallèle avec une partie
du Nouveau Testament: le Christ ressuscité et la révélation divine. Le Christ
ressuscité a prononcé devant ses auditeurs en Amérique un sermon essentiellement le
même que celui quil avait prononcé près du lac de Galilée. Il a également
apporté des ajouts et des éclaircissements importants qui traitent de lui-même en tant
que Rédempteur et Seigneur, de laccomplissement de la loi de Moïse et des derniers
jours (3 Né. 11-18; voir aussi Béatitudes; Sermon sur la montagne). En outre, il a
amplifié les enseignements donnés dans Jean 10, particulièrement le verset 16, au sujet
de son rôle de Bon Berger des tribus dispersées dIsraël (3 Né. 15:12-24). Les
enseignements importants de Mormon au sujet du baptême et au sujet de la foi, de
lespérance et de la charité constituent des parallèles avec les enseignements du
Nouveau Testament, particulièrement avec ceux de Paul dans 1 Corinthiens 13.
LA BIBLE EST-ELLE COMPLÈTE ? Les saints des derniers jours vénèrent la Bible comme
étant la parole de Dieu révélée à lhumanité. Cependant, Joseph Smith a reconnu
que les traductions ne rendent pas complètement et exactement les mots de loriginal
ni les intentions des prophètes antiques et des autres auteurs bibliques. Ainsi, dans la
lettre à Wentworth, il écrit: «Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la
mesure où elle est traduite correctement» (8e A de F). Joseph Smith a observé que
«nous pouvons déterminer notre latitude et notre longitude dans lhébreu originel
avec une bien plus grande précision que dans la version anglaise. Il y a une importante
distinction à faire entre ce que les prophètes voulaient réellement dire et la
traduction actuelle» (EPJS, p. 334). Bien quacceptant explicitement ce que la Bible
dit maintenant, les saints des derniers jours se rendent compte quil y a bien plus
à dire que ce qui se trouve dans le document biblique existant.
En plus des difficultés quengendre la traduction de langues anciennes vers des
langues modernes, dautres Écritures déclarent également que certaines parties du
texte biblique original ont été perdues ou corrompues (par exemple 1 Né. 13:28-29;
D&A 6:26-27; 93:6-18). Joseph Smith a fait ce commentaire sur le caractère incomplet
de la Bible: «Il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut des
hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant quelle ne fût compilée»
(EPJS, p. 6). Il dit plus tard: «Lhomme a reçu depuis le commencement beaucoup
dinstructions que nous ne possédons pas maintenant
Nous avons ce que nous
avons, et la Bible contient ce quelle contient» (EPJS, p. 46). Il a dit en outre:
«Je crois la Bible telle quelle est sortie de la plume des auteurs originels. Des
traducteurs ignorants, des copistes négligents ou des prêtres conspirateurs et corrompus
ont commis beaucoup derreurs» (EPJS, pp. 264-265). Ainsi, des contre-sens, des
lacunes et dautres erreurs affaiblissent la Bible; mais lesprit de ses
messages en révèle malgré tout assez de la parole de Dieu pour réaliser les desseins
quil sest fixés. Joseph Smith résume les choses comme suit: «Grâce à la
bonté de notre Père, une partie de sa parole quil a communiquée à ses saints
dautrefois est tombée entre nos mains [et] nous est présentée avec la promesse
dune récompense si nous y obéissons et dun châtiment si nous y
désobéissons» (EPJS, p. 46). Les saints des derniers jours ont continué à faire
confiance à lexactitude générale des textes bibliques tout en sachant que le
texte peut ne pas toujours être correct. Ainsi, ils étudient et vénèrent la Bible,
particulièrement dans le contexte dautres Écritures et de la révélation moderne,
qui ont beaucoup à dire à son sujet et sur la façon dont elle doit être interprétée,
et pendant quils étudient, ils méditent et prient pour recevoir linspiration
de Dieu et comprendre les messages de la Bible tels quils doivent être appliqués
à leur vie (cf. Mro. 10:3-5).
LA PREMIÈRE PRÉSIDENCE APPROUVE LA LECTURE DE LA BIBLE. Chacun des présidents de
lÉglise a encouragé les saints des derniers jours à lire les Écritures et à
appliquer leurs enseignements à leur vie, comme les Écritures nous le recommandent aussi
(cf. 2 Ti. 3:16; 1 Né. 19:23). Exemple de cette importance accordée à la Bible, en
1983, année déclarée «année de la Bible» aux États-Unis, les membres de la
Première Présidence de lÉglise ont publié une déclaration énergique à
lappui de la lecture et de lapplication de la Bible: «Nous recommandons à
tous les hommes de partout la lecture, la méditation et lapplication quotidiennes
des vérités divines de la sainte Bible.» Elle a aussi proclamé lattitude de
lÉglise vis-à-vis de la Bible en disant que «lÉglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours accepte la sainte Bible comme essentielle à la foi et à la
doctrine» et que lÉglise tient à ce quon lise la Bible et quon en
devienne spécialiste comme le prouve la publication dune édition augmentée de la
King James Version. «De plus, ajoutait-elle, la sainte Bible est chaque année le manuel
des classes des adultes, des jeunes et des enfants dans toute lÉglise.»
Dans la même déclaration, la Première Présidence met en évidence le rôle et la
valeur de la Bible dans la vie des gens. Elle fait la réflexion que quand «on la lit
avec respect et dans lesprit de la prière, la sainte Bible devient un volume
inestimable, convertissant lâme à la justice. Sa vertu principale est sa
déclaration que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, par qui le salut éternel peut
être donné à tous.» Elle ajoute la promesse que «quand nous lisons lÉcriture,
nous profitons de ce quil y a de mieux dans la littérature de ce monde» et elle
encourage tout le monde à «aller à la source de la vérité en sondant les Écritures,
en les lisant chez nous et en enseignant à nos enfants ce que le Seigneur a dit par
lintermédiaire des passages inspirés et inspirants de la sainte Bible»
(«Déclaration de la Première Présidence», p. 3).
Lusage que font les saints des derniers jours de la Bible diffère de la norme
judéo-chrétienne parce quelle nest pas la source unique dautorité
pour eux (voir Écritures: Autorité des Écritures). Les saints interprètent et
comprennent la Bible par quatre moyens importants: (1) les autres Écritures de
lÉglise qui enrichissent la compréhension des enseignements bibliques et lui
apportent un contexte; (2) les déclarations des prophètes et des apôtres modernes sur
la signification de certains passages bibliques; (3) la traduction de la Bible par Joseph
Smith et (4) la révélation personnelle par le don du Saint-Esprit, qui améliore la
compréhension des Écritures. Les saints des derniers jours ne sont donc pas laissés
sans information sur la signification de beaucoup de passages difficiles qui divisent le
monde chrétien tout entier depuis deux millénaires.
La vision que les saints ont de la Bible est bien résumée dans la déclaration de Heber
J. Grant, septième président de lÉglise, qui a dit: «Ma vie durant, je nai
cessé de trouver de nouvelles preuves de ce que la Bible est le Livre des livres et que
le Livre de Mormon est le plus grand témoin de la véracité de la Bible qui ait jamais
été publié» (IE 39, nov. 1936, p. 660).
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Arrington, Leonard. Brigham Young: American Moses. New York, 1985.
Barlow, Philip L. Mormons and the Bible. New York, 1990.
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Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Isaiah: Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Matthews, Robert J. A Bible! A Bible!. Salt Lake City, Utah, 1990.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah. Salt Lake City, 1979.
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Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also
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Talmage, James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
VICTOR L. LUDLOW
Bible: Croyance des saints en la
Bible
Auteur: HEDENGREN, PAUL
LÉglise
croit à la parole de Dieu contenue dans la Bible. Elle accepte la Bible «comme le
premier de ses livres canoniques, le premier des livres qui ont été proclamés être ses
guides écrits en foi et en doctrine. Dans le respect sacré que les saints des derniers
jours ont pour la Bible, ils ont la même position que les confessions chrétiennes en
général» (AF, éd. française, p. 291).
Les saints des derniers jours chérissent la Bible pour plusieurs raisons. La Bible
présente les révélations de Dieu dans plusieurs dispensations ou ères, chacune
dirigée par des prophètes. Ils lisent et suivent aussi la Bible pour la valeur
instructive et spirituelle des événements quelle décrit. Bien quune partie
de lAncien Testament décrive la loi de Moïse dont les saints des derniers jours
croient quelle a été accomplie avec lexpiation du Christ (3 Né. 9:17),
néanmoins les histoires, les commandements, les ordonnances, les proverbes et les écrits
prophétiques de lAncien Testament expriment malgré tout les notions de base de la
volonté de Dieu à légard de ses enfants et de la façon dont ils doivent agir
envers lui.
Les saints des derniers jours vénèrent le Nouveau Testament pour son récit de la
naissance, du ministère, de lexpiation et de la résurrection du Sauveur,
Jésus-Christ. Les enseignements de Jésus dans le Nouveau Testament constituent le
cur de la doctrine des saints et leur prééminence apparaît clairement du fait
quelles apparaissent fréquemment dans dautres ouvrages canoniques de
lÉglise et dans les écrits et les discours des saints.
Les écrits des apôtres du Nouveau Testament sont acceptés et appréciés pour leur
doctrine et leurs conseils sages et inspirés et pour leur mise en uvre de la
mission apostolique de proclamer lÉvangile, dadhérer aux enseignements
originaux du Christ, dassurer lunité de la foi et de favoriser la justice des
croyants dans une Église en croissance rapide. Les saints des derniers jours trouvent
aussi dans plusieurs épîtres des premiers apôtres des mentions de lapostasie
(voir Apostasie) qui a rendu nécessaire le Rétablissement, avertissant les fidèles
quils doivent rester ardents et actifs dans la foi et fidèles à lamour de
Jésus-Christ.
Malgré leur dévotion pour la Bible, les saints des derniers jours ne la considèrent pas
comme la source unique dinstruction religieuse et de conseils personnels. Ils
étudient également les récits des relations de Dieu avec dautres peuples antiques
comme ceux qui se trouvent dans le Livre de Mormon ainsi que les enseignements du
prophète Joseph Smith et des prophètes et apôtres actuels (voir Doctrine et Alliances;
Autorités générales; Traduction de la Bible par Joseph Smith [TJS]; Perle de Grand
Prix). Les saints des derniers jours considèrent la révélation personnelle comme la
source suprême de lhomme pour comprendre lÉcriture et connaître la volonté
de Dieu.
Quand on les voit comme harmonieuses entre elles, toutes ces sources se renforcent et
séclairent mutuellement et aident le lecteur moderne à comprendre et à traduire
correctement ces textes.
Les saints des derniers jours croient tout ce que Dieu a révélé. Ils cherchent à
connaître et à appliquer la parole de Dieu partout où elle a été révélée en
vérité et avec autorité. Ils croient que le salut est en Jésus-Christ et pas dans une
combinaison quelconque de mots ou de livres. Ils croient en Dieu et en son Fils
Jésus-Christ, dont on peut connaître les paroles et les voies par une vie détude
des Écritures, de service et de prière, et par révélation personnelle par le pouvoir
du Saint-Esprit.
Bibliographie
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
PAUL HEDENGREN
Bible: La King James Version
Auteur: OGDEN, D. KELLY
Dans les
divers pays où elle est installée, lÉglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours utilise une traduction de la Bible dans la langue locale. Dans les régions
dexpression anglaise, elle utilise la King James Version (ou Authorized Version)
(KJV), principalement parce que cétait le texte anglais de base utilisé par le
prophète Joseph Smith et parce que les dirigeants suivants de lÉglise ont
approuvé son utilisation. LÉglise ne prétend pas que la KJV est parfaite, mais
elle est actuellement la version anglaise préférée et elle a été utilisée dans
lédition de 1979 et dans les impressions postérieures de lédition de
lÉglise de la Bible.
Les livres de la Bible ont été écrits à lorigine en hébreu, en araméen ou en
grec. Il nexiste aujourdhui aucun manuscrit biblique original, mais ils ont
été copiés et traduits en beaucoup de langues dans lAntiquité. Beaucoup de
papyrus et de parchemins anciens sont parvenus jusquà nous. De nombreuses
traductions modernes ont été faites à partir de ces documents.
De 1604 à 1611, cinquante-quatre savants ont travaillé pour créer la KJV. Ce
nétait pas la première traduction en anglais. En 1382, John Wycliffe avait traduit
la Bible à partir de la Vulgate latine; une édition révisée avait été publiée en
1388. De 1523 à 1530, William Tyndale traduisit le Pentateuque de lhébreu et le
Nouveau Testament du grec. Plus tard encore dans les années 1500, dautres
traductions apparurent, notamment la Bible protestante de Genève en 1560 et la
Bishops Bible en 1568. La première eut du succès auprès des laïcs et la
dernière auprès des évêques protestants. La Bible catholique de Reims-Douai fut
achevée en 1609 (lAncien Testament en 1582, le Nouveau Testament en 1609) sur la
base de la Vulgate latine.
Dans le but daplanir les différends entre Anglicans et Puritains, le roi James
chargea un groupe de savants de créer une version de la Bible dont lutilisation
serait autorisée dans les églises anglaises. Ils utilisèrent les meilleurs textes dont
ils disposaient, principalement «le texte reçu du Nouveau Testament dans les éditions
multilingues («polyglottes»), présentant les Ancien et Nouveau Testaments en hébreu et
en grec respectivement, et dautres langues. La lignée longue et respectée des
Bibles anglaises fut aussi diligemment comparée et utilisée.
Le résultat, cest-à-dire la King James Version, fut publié en 1611. Diverses
éditions de la KJV parurent tout au long des années 1600, ce qui donna lieu à de
nombreuses erreurs dimpression. Les éditions de Cambridge (1762) et dOxford
(1769) présentaient un texte révisé, une orthographe mise à jour, une ponctuation
corrigée, des italiques accrus et des notes marginales changées.
Beaucoup dautres versions anglaises ont paru, particulièrement à la lumière de la
découverte dautres manuscrits anciens en commençant par la première découverte,
en 1844, par Constantin von Tischendorf au monastère de sainte Catherine dans la
péninsule du Sinaï. Ces traductions ont généralement essayé de rendre les textes
antiques dans le langage contemporain tout en reflétant, autant que possible, la forme
des manuscrits les plus anciens disponibles.
Les saints des derniers jours nont pas fait un usage intensif de ces autres
traductions. Beaucoup estiment que la vulgarisation tend à diluer la nature sacrée de la
Bible. Ils trouvent également que les variantes textuelles antiques sont relativement
insignifiantes, ne changeant habituellement pas les messages importants de la Bible, dont
la plupart sont, de toutes façons, corroborés ailleurs dans les Écritures modernes.
Bien que la KJV ait été sa Bible anglaise, Joseph Smith ne la considérait pas comme une
traduction parfaite ou officielle; cest pourquoi il étudia lhébreu et
entreprit la tâche de faire une révision inspirée des Écritures. Il a fait la
réflexion quil préférait certains aspects de la traduction de Martin Luther (HC
6:307, 364) et plusieurs autres dirigeants de lÉglise au XIXe siècle ont souligné
le besoin dune plus grande exactitude et de plus de vérité dans les traductions de
la Bible.
Les dirigeants de lÉglise au XXe siècle ont donné diverses raisons au maintien de
lutilisation de la KJV: cétait la traduction courante utilisée dans le monde
dexpression anglaise à lépoque du Rétablissement; cest sa
terminologie que lon retrouve dans tous les ouvrages canoniques; un grand nombre de
passages du Livre de Mormon, qui sont parallèles à ceux de la Bible, ont été traduits
dans le style anglais de la KJV; la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) était
basée sur la KJV, 90 % des versets nayant subi aucun changement. Tous les
prophètes modernes ont utilisé la KJV, et son emploi dans toutes les publications de
lÉglise a permis de standardiser les annotations et les index.
Beaucoup considèrent la KJV comme un chef duvre de la littérature anglaise.
Elle a été appelée «le monument le plus noble de la prose anglaise» et elle est
certainement la plus influente; ses traducteurs «ont montré une grande sensibilité» et
le résultat était «destiné à une influence et à un accueil extraordinaires»
(Speiser, pp. lxxiii-iv). H. L. Mencken la louée comme étant «probablement le
plus bel écrit de toute la littérature du monde» (Paine, p. viii).
La KJV est une traduction relativement conservatrice. Cest généralement un point
fort, bien quelle rende parfois les choses de manière obscure. De plus, sa langue
est maintenant en partie archaïque et grammaticalement incorrecte par rapport à
lusage actuel et elle nest pas logique dans lorthographe des noms dans
lAncien et le Nouveau Testament (par exemple, Isaiah/Esaias et Elijah/Elias). Des
mots identiques dans les Évangiles synoptiques sont parfois traduits différemment et
certaines fautes dimpression nont jamais été corrigées (par exemple, dans
Mt. 23:24, «strain at a gnat» aurait dû être rendu par «strain out a gnat»).
Néanmoins, après avoir étudié plusieurs traductions anglaises modernes, le Président
J. Reuben Clark, fils, conseiller dans la Première Présidence, a dit en 1956 que La KJV
était «la meilleure version à ce jour» (Clark, p. 33). Par exemple, il estimait que
les traducteurs de la KJV avaient clairement dépeint Jésus comme étant le Messie promis
et comme Fils de Dieu et acceptait le don de prophétie, la réalité des miracles et le
caractère unique de lamour du Christ, alors que les traductions modernes tendaient
à favoriser les explications naturalistes à laction divine, préféraient le mot
«signe» à «miracle» et utilisaient «amour» au lieu de «charité» et «nommer» au
lieu de «ordonner». Ses idées ont influencé la plupart des saints des derniers jours.
Bien entendu, toutes les traductions alternatives ne souffrent pas des problèmes relevés
par le président Clark.
Bibliographie
Barlow, Philip L. Mormons and the Bible, pp. 132-62. New York, 1990.
Bruce, F. F. History of the Bible in English, 3e éd. New York, 1978.
Clark, J. Reuben, Jr. Why the King James Version. Salt Lake City, 1956.
Daiches, David. The King James Version of the English Bible. Chicago, 1941.
Metzger, Bruce M. The Text of the New Testament. New York, 1968.
Paine, G. The Learned Men, p. viii. New York, 1959.
Speiser, E. Genesis, pp. lxiii-iv. Garden City, N.Y., 1964.
D. KELLY OGDEN
Bible: Édition
de la Bible créée par lÉglise
Auteur: MORTIMER, WILLIAM JAMES
Une
édition de la King James Version de la Bible avec de nouvelles aides à létude a
été publiée en 1979 par lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
après sept années de travail de la part des dirigeants et des érudits de
lÉglise. Le but était de rendre létude de la Bible plus intéressante pour
les membres de lÉglise en ajoutant des cartes, des diagrammes, des définitions,
des chapeaux de chapitre, des notes de bas de page et des références croisées entre les
quatre ouvrages canoniques et aussi de fournir une édition unique de la Bible pour
utilisation dans le programme détudes de lÉglise.
Ce projet commença en 1972, vers le moment où létude des Écritures devint le
sujet principal du programme détudes des adultes de lÉglise. Précédemment,
les instructeurs de lÉglise sétaient principalement appuyés sur des manuels
de leçons composés par des personnes ou des comités. Le travail fut commandité par la
Première Présidence, qui créa un Comité des Aides à létude de la Bible pour
superviser le projet. Ce comité (appelé plus tard Comité de publication des Écritures)
se composait au départ de Thomas S. Monson, Boyd K. Packer et Marvin J. Ashton, du
Collège des douze apôtres. Ashton reçut plus tard une autre tâche et Bruce R. McConkie
fut nommé à sa place.
Le comité appela des savants, des rédacteurs et des spécialistes en publication de
luniversité Brigham Young, du Département dÉducation de lÉglise et
de la Deseret Book Company pour élaborer des aides orientées sur les saints des derniers
jours pour permettre aux lecteurs de mieux comprendre le texte de la King James. Dès les
premiers temps du projet, la Première Présidence décida que le texte de la King James
serait utilisé tel quel. Il fut saisi dans une base de données avec le Livre de Mormon,
les Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix. Chaque verset fut examiné et les
sujets et les termes clefs furent relevés. Des listages dordinateur furent créés,
qui comportaient de longues listes de correspondances possibles parmi lesquelles on
choisit les citations utiles. Laccent fut mis sur les références du Livre de
Mormon, des Doctrine et Alliances et de la Perle de Grand Prix qui permettaient
déclaircir les passages de Bible ainsi que dabondantes références croisées
à lintérieur de la Bible. Elles se retrouvent maintenant dans les notes de bas de
page et dans le Guide par sujet (un index détaillé des sujets et une concordance
modifiée). Un dictionnaire de la Bible, 24 pages de cartes en couleur et un répertoire
complet ont été ajoutés. Le Dictionnaire de la Bible donne des explications concises
sur des sujets bibliques et ajoute souvent des détails intéressants pour les saints des
derniers jours. De brèves explications de certains mots ou expressions hébraïques et
grecs furent également incluses comme notes de bas de page, avec environ 600 passages de
la Traduction de la Bible par Joseph Smith (JST). Les sommaires au début de chaque
chapitre de cette édition de la King James donnent une idée du contenu doctrinal et
historique du chapitre dun point de vue mormon.
Le système de notes de bas de page organise toutes les aides disponibles dans cette
édition de la Bible. Certaines éditions plus anciennes de la Bible mettent les renvois
dans une colonne centrale de la page, mais ce format limite la quantité de données
quon peut y afficher. Un système souple de trois colonnes de notes de bas de page a
été conçu pour chaque page, avec des appels de note (a, b, c, etc.) prévus verset par
verset selon les besoins. Les notes de bas de page contiennent des références croisées
à dautres Écritures, au Guide par sujet et au Dictionnaire de la Bible, ainsi que
des explications sur les idiomes grecs et hébreux et dautres éclaircissements.
Une fois que le travail dérudition et dédition fut terminé au début de
1978, la composition commença. La Cambridge University Press à Cambridge (Angleterre)
fut choisie pour la composition, parce que cette presse, lun des premiers imprimeurs
de la King James Version après sa publication en 1611, a été sans interruption occupée
à des publications de la Bible depuis les années 1500. Son personnel expert joua un
rôle dune valeur inestimable auprès des membres de lÉglise qui
travaillaient avec eux à lédition de lexemplaire destiné à la composition
et à la préparation des pages finales. La composition fut entièrement réalisée en
Monotype hot metal. Chaque page fut préparée de telle manière que chaque note de bas de
page se trouve sur la même page que le verset auquel elle se rapporte. Pour répondre aux
besoins des programmes du Département dÉducation de lÉglise, léquipe
simposa septembre 1979 comme date limite pour la livraison des premiers exemplaires
de la Bible. La tâche redoutable de composer et de paginer 2.423 pages de texte complexe
fut menée à bien en mai 1979 après quinze mois defforts intenses.
Limpression et la reliure furent confiées à la University Press et à la
Publishers Book Bindery de Winchester (Massachusetts), qui sous-traitèrent une partie du
travail à la National Bible Press à Philadelphie (Pennsylvanie). Ce qui au début
semblait être un délai de production irréalisable fut accompli et les premiers
exemplaires sortirent le 8 août 1979. Beaucoup de saints des derniers jours reconnurent
la main de Dieu dans la réalisation de cette publication monumentale.
Cette édition de la King James Version de la Bible a renforcé lintérêt pour
létude de la Bible dans toute lÉglise. Elle a permis aux membres
davoir une compréhension et une appréciation accrues et approfondies de la Bible
en tant que parole de Dieu. Elle a également démontré que tous les ouvrages sacrés des
saints des derniers jours se recoupent de nombreuses manières de telle sorte quils
se soutiennent et senrichissent mutuellement.
Bibliographie
Anderson, Lavina Fielding. "Church Publishes First LDS Édition of the Bible."
Ensign 9 (Oct. 1979):8-18.
Matthews, Robert J. "The New Publications of the Standard Works-1979, 1981." BYU
Studies 22 (Fall 1982):387-424.
Mortimer, William James. "The Coming Forth of the LDS Éditions of Scripture."
Ensign 13 (Aug. 1983):35-41.
Packer, Boyd K. "Scriptures." Ensign 12 (Nov. 1982):51-53.
WILLIAM JAMES MORTIMER
Bible Érudition biblique
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
Les saints des derniers jours acceptent lérudition biblique et létude
intellectuelle de la Bible. Joseph Smith et ses associés ont étudié le grec et
lhébreu et ont enseigné que la connaissance religieuse sobtient par
létude et aussi par la foi (D&A 88:118). Cependant, les saints des derniers
jours préfèrent utiliser lérudition biblique plutôt que dêtre menés ou
dominés par elle.
Le prophète Joseph Smith a proposé quelques paramètres généraux pour létude
critique de la Bible par les saints : «Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu
dans la mesure où elle est traduite correctement ; nous croyons aussi que le Livre de
Mormon est la parole de Dieu» (8e A de F). Parce que les saints des derniers jours
préfèrent les prophètes aux savants comme guides spirituels, et linspiration de
lÉcriture et le Saint-Esprit au raisonnement de textes secondaires,
lérudition biblique joue un rôle plus restreint dans leur spiritualité que dans
certaines confessions.
Un principe de fonctionnement fondamental des religions «révélées» est que toute la
vérité ne peut pas être complètement découverte par la seule raison humaine. Sans
laide de Dieu, personne ne peut obtenir les données essentielles, les perspectives
convenables et les clefs dinterprétation pour le connaître (voir Raison et
révélation). Parce quils croient que leur religion est révélée par les
prophètes vivants de Dieu, les saints des derniers jours subordonnent la raison humaine
à la vérité révélée.
Dans cet ordre didées, les saints des derniers jours ont certaines affinités avec
lérudition biblique conservatrice catholique et évangélique contemporaine. Ils
acceptent et utilisent la plupart des résultats objectifs de lérudition biblique
tels que la linguistique, lhistoire et larchéologie, tout en rejetant les
thèses naturalistes de la discipline et ses méthodes et ses théories plus subjectives.
Dans les cas où lérudition biblique et la religion révélée sont en conflit, les
saints des derniers jours sen tiennent aux interprétations de la Bible qui
apparaissent dans les autres Écritures modernes et dans les enseignements des prophètes
actuels.
De ces observations découlent trois principes de base pour le fonctionnement de
lérudition biblique chez les saints des derniers jours :
1. Les manières daborder la Bible doivent accepter linspiration et la
révélation divines dans le texte biblique original : il présente la parole de Dieu et
nest pas simplement une production humaine. Par conséquent, toute méthodologie
critique qui ignore ou nie implicitement ou explicitement la participation importante de
Dieu au texte biblique est rejetée. À de rares exceptions près, comme le Cantique des
Cantiques, que Joseph Smith considérait comme non inspiré (cf. IE 18 mars 1915, p. 389),
le texte ne doit pas être traité dune manière fondamentalement naturaliste. La
participation de Dieu est considérée comme importante tant dans les événements
eux-mêmes que dans le processus de leur mise par écrit. Son activité est donc lun
des effets avec lesquels il faut compter lors de linterprétation des événements
et dans la compréhension des textes qui les rapportent.
2. En dépit de linspiration divine, le texte biblique nest pas exempt de
linfluence du langage humain et nest pas à labri des influences
négatives de son environnement humain, et il ny a aucune garantie que les
révélations données aux prophètes antiques aient été parfaitement préservées (cf.
1 Né. 13:20-27). Ainsi, létude critique de la Bible est justifiée pour expliquer
les erreurs humaines dans la formulation, la transmission, la traduction et
linterprétation des documents antiques et proposer les corrections qui
sindiquent.
3. Ce genre dérudition critique, en plus de reconnaître les origines divines de la
Bible, doit, dans ses conclusions, tenir compte des enseignements du Livre de Mormon et
des autres révélations données aux prophètes modernes dans les Doctrine et Alliances
et la Perle de Grand Prix, puisque pour les saints des derniers jours ces sources ont non
seulement la priorité sur les révélations rapportées dans lAntiquité (cf.
D&A 5:10) mais aident aussi à interpréter le texte biblique.
Les saints des derniers jours insistent sur une herméneutique objective,
cest-à-dire quils affirment que le texte biblique a une signification
précise et objective et que lintention de lauteur originel est à la fois
importante et en grande partie récupérable. Pour cette raison, les savants de
lÉglise, comme dautres conservateurs, se sont orientés vers les outils plus
objectifs de lérudition biblique, tels que la linguistique, lhistoire et
larchéologie tout en reconnaissant que ces outils eux-mêmes doivent être
évalués de manière critique et ont généralement évité les méthodes plus
subjectives de la critique littéraire.
Les commentateurs mormons de la Bible les plus influents sont James E. Talmage, Bruce R.
McConkie, Sidney B. Sperry et Hugh W. Nibley, bien que luvre de Talmage ait
été accomplie avant beaucoup de découvertes importantes et que celle de McConkie se
soucie moins de faire de lexégèse critique que de comprendre le Nouveau Testament
au sein de lensemble de la doctrine de lÉglise.
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965-1973.
Nibley, Hugh W. Collected Works of Hugh Nibley. Salt Lake City, 1986-.
Sperry, Sidney B. Pauls Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israels Prophets. Salt Lake City, 1961.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Talmage, James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.
STEPHEN E. ROBINSON
But de la vie sur terre
Cette rubrique se compose de deux articles: But de la vie sur terre: Perspective des
Saints traite de la compréhension que les saints ont du but de la vie. But de la
vie sur terre: Perspective comparative contraste la compréhension des saints avec
celle des grandes religions du monde.
But de la vie sur terre:
Perspective des Saints
Auteur: BELL, JAMES P.
Les
prophètes modernes ont affirmé le but de la vie dans le cadre de trois questions: (1)
Doù venons-nous? (2) Pourquoi sommes-nous ici ? (3) Quest-ce qui nous attend
dans lau-delà ? Le contexte scripturaire de ces questions est lassurance que
lâme est éternelle et que la terre a été créée pour que la famille de Dieu y
habite.
Tous les hommes et femmes ont vécu comme êtres desprit dans un état prémortel et
tous sont la postérité spirituelle de Dieu (Abr. 3:21-22). Dans le monde en question,
Dieu a enseigné à toute sa famille ses plans et ses buts. «Lors de la première
organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer
le Sauveur et établir le plan de salut et nous lavons sanctionné» (EPJS, p. 145).
Tous les enfants desprit de Dieu ont acquis divers degrés dintelligence et de
maturité. Ceux qui ont volontairement souscrit aux conditions de la vie ici-bas ont été
incarnés et soumis à la lumière du Christ «qui éclaire tout homme qui vient au
monde» (D&A 93:2). Pour que la vie terrestre puisse être une épreuve, un voile
doubli a été tiré sur notre ancienne vie.
Dans la condition mortelle, six buts au moins sont ouverts à lhumanité:
1. Recevoir un corps, dont les expériences et la maturation, et la résurrection
permanente finale, sont essentielles au perfectionnement de lâme. «Nous sommes
venus sur cette terre afin davoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans
le royaume céleste» (EPJS, p. 145; voir Corps physique; Résurrection).
2. Progresser dans la connaissance et développer des talents et des dons (voir
Intelligence). «Si vous voulez aller là où est Dieu, vous devez être comme Dieu ou
posséder les principes que Dieu possède, car si nous ne nous approchons pas de Dieu par
le principe, nous nous éloignons de lui et nous dirigeons vers le diable» (EPJS, p.
174).
3. Être mis à lépreuve. «Nous les mettrons ainsi à lépreuve, dit le
livre dAbraham, pour voir sils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur
commandera» (Abr. 3:25). Dans la condition mortelle, on connaît des contrastes et des
opposés la santé et la maladie, la joie et le chagrin, les bénédictions et les
problèmes et on apprend ainsi à apprécier le bien. «Adam tomba pour que les
hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie» (2 Né. 2:25). Cette joie, comme
B. H. Roberts, des soixante-dix, la écrit, nest possible que «si on a sondé
les profondeurs de lâme, éprouvé toutes les émotions dont lesprit est
capable, testé toutes les qualités et toute la force de lintellect» (Roberts, p.
439; voir Joie; Condition mortelle; Souffrance dans le monde).
4. Remplir et accomplir les missions et les appels qui ont été donnés ou préordonnés
(voir Préordination; Vie prémortelle). Les saints des derniers jours disent souvent de
la vie terrestre quelle est un second état et font allusion à la promesse donnée
à et par lintermédiaire dAbraham que «ceux qui gardent leur second état
[c.-à-d., réalisent les buts de la condition mortelle] recevront plus de gloire sur leur
tête pour toujours et à jamais» (Abr. 3:26).
5. Exercer le libre arbitre sans souvenir de lexistence prémortelle et donc
«marcher par la foi» et voir «renouvelées et confirmées les réalités prévues dans
le monde desprit» (voir Libre arbitre; Foi en Jésus-Christ).
6. Poser les fondements de relations familiales éternelles, dabord comme fils et
filles, puis comme pères et mères. La famille unie est lépitomé de la vie
accomplie et sainte (voir Mariage: Mariage éternel).
La vie à venir est le prolongement et laccomplissement du séjour sur terre: entrer
et vivre pour toujours en la présence de Dieu. Mais la mise à lépreuve ne finit
pas avec la mort. Pas plus que les occasions dentendre, accepter et appliquer les
vérités et les pouvoirs du Christ. En effet, Joseph Smith a enseigné que même pour les
fidèles, «il nest pas question de saisir tout cela dans ce monde; ce sera une
grande uvre que dapprendre notre salut et notre exaltation même au-delà de
la tombe» (EPJS, p. 282). Il a ajouté que quand lesprit est séparé du corps, le
processus est quelque peu freiné, doù limportance dutiliser, pour la
rédemption, le temps tandis que lon est dans la condition mortelle et la folie de
remettre à plus tard son repentir et son renouvellement.
Dans tout cela, la continuité de la vie précédente avec celle-ci et ensuite de cette
vie avec la prochaine est clairement enseignée. La tendance de beaucoup de religions,
orientales et occidentales, à diviser la vie en deux mondes et à affirmer quils
sont absolument distincts et différents est inversée. La vie est changement,
transformation et exaltation. La condition mortelle est une répétition générale en vue
du prochain monde. Là, la lumière, la gloire et la domination seront conférées dans
leur plénitude à ceux qui ont accompli les paroles de la vie éternelle dans ce monde et
sont donc préparés pour la vie éternelle dans le monde à venir.
Bibliographie
Roberts, B. H. "Modern Revelation Challenges Wisdom of Ages to Produce More
Comprehensive Conception of the Philosophy of Life." Liahona the Elders Journal
20, 8 mai 1923, pp. 433-439.
JAMES P. BELL
But de la vie sur
terre: Perspective comparative
Auteurs: SMITH, HUSTON et PETERSON, DANIEL C.
Les
religions ont tendance à présenter la vie comme ayant un sens quand elle se conforme à
un plan cosmique, un plan qui est soit intentionnellement institué par Dieu soit est le
fait dun cosmos qui est divin dorigine. Pour les saints des derniers jours,
lÉcriture tout entière parle dun cosmos dont lordre est voulu par
Dieu. Dans ce contexte, les Écritures modernes soulignent les thèmes entremêlés de
limportance cruciale du corps physique, des épreuves, de lexpérience de
lopposition, du caractère éternel de la famille et de la vision de la joie et de
la gloire à limage de Dieu (voir But de la vie sur terre: Perspective des Saints).
Les autres conceptions vont dans deux directions. Pour certains, sil ny a pas
de Dieu et si le sort ultime de toute vie humaine est lannihilation personnelle, la
vie na pas de sens. Cest la position, par exemple, dArthur Schopenhauer.
Les existentialistes, qui affirment, de manière générale, que les humains créent leur
propre sens dans un univers athée et objectivement absurde, prennent une position
semblable. Dautres, notamment certains naturalistes et humanistes, soutiennent que
la vie est valable même si les prétentions des religions au surnaturel sont fausses. Les
marxistes, par exemple, affirment quune société calculée, sinon un cosmos ayant
un sens, émerge comme une entité objective sous laction des processus inexorables
de lhistoire.
Certains penseurs affirment que la vie a un sens même si ce sens est enveloppé de
mystère. Lhédonisme affirme que lon ne peut pas répondre aux questions sur
le sens ultime des choses et que par conséquent il faut les ignorer et plutôt calculer
un maximum de plaisir et un minimum de souffrance. Le confucianisme a tendance à ne pas
aborder cette question. Il affirme lexistence dun ordre spirituel qui est
antérieur et supérieur à lordre social, mais se concentre sur les questions
relatives aux choses de ce bas monde. Beaucoup de versions du judaïsme adoptent la même
approche, croyant que la vie à venir est secondaire par rapport à la tâche de créer et
de maintenir une communauté sanctifiée dans ce monde et denvisager un jour où,
pour employer les termes dune prière hébraïque vénérable, «le monde sera rendu
parfait sous le règne du Tout-Puissant».
Les saints des derniers jours voient la vie comme un processus en trois étapes: une
existence prémortelle, mortelle et postmortelle. Toutes les étapes sont essentielles à
lépanouissement et au perfectionnement de soi, ce qui est luvre et la
gloire de Dieu. On peut caractériser le processus comme étant à la fois de ce monde et
hors du monde (voir Dieu le Père: uvre et gloire de Dieu; Condition mortelle;
Préexistence (Existence préterrestre); Résurrection).
Le «mythe de la caverne» de Platon dépeint la condition humaine comme un asservissement
à de fausses croyances et à des illusions que le vrai philosophe vise à dépasser. Dans
le Phédon, Socrate dit que le philosophe «est sans cesse occupé à poursuivre la mort
et à mourir». Le sage aspire à la séparation de son âme et de son corps, à
labsence de maladie, de fatigue et des tromperies des sens et à sa libération dans
un monde de contemplation intuitive. Le gnosticisme, un mouvement apparenté au
platonisme, avait la notion de la chute et de lascension espérée dune âme
divine, mais niait fréquemment le caractère bon de lunivers physique et de la
Divinité qui lavait fait. Au XIIIe siècle, Thomas dAquin a proposé
lénoncé classique de la position catholique que le but le plus élevé de
lhomme, même dans ce monde matériel, est «la vie contemplative», qui sera rendue
parfaite après la mort. Le bonheur des saints consistera en une «vision» intellectuelle
de lessence divine, pas une vision des yeux, mais une vision de lesprit. Les
Écritures modernes affirment à la fois la vie de lintelligence, définie comme la
lumière et la vérité, et la rédemption de lâme, définie comme étant
lesprit et le corps. Le but de la vie nest pas lévasion mais la
transformation de lhomme, de la communauté et du cosmos.
Dans les grandes traditions religieuses de lAsie orientale et méridionale, Dieu (ou
les dieux) a parfois un rôle marginal. Lhindouisme enseigne que le désir humain le
plus profond est linfinité, lexistence, la connaissance et la joie sans fin.
On doit donc rechercher le «mukti», la libération davec la finitude et les
limitations qui semblent être létat normal de lhumanité. Le mot
«semblent» est crucial parce que lhindouisme insiste sur le fait que derrière les
personnalités individuelles et finies se trouve lAtman-Brahman, la Divinité
elle-même. Les hommes et les femmes sont déjà infinis; la libération consiste
simplement bien que ce ne soit pas aussi simple! ¬ à reconnaître ce fait.
Le bouddhisme, sorti du terreau hindou et souvent considéré comme une sorte de réforme
de la religion plus ancienne, confirme essentiellement ce diagnostic de la condition
humaine, bien que ses formes non théistes diffèrent dans la manière dont il explique la
nature humaine. Le Bouddha (le titre vient dun mot signifiant en gros «être
illuminé») disait que le problème humain fondamental est le désir dêtre
séparé et que le but de la vie est lextinction de ce désir, permettant ainsi aux
hommes et aux femmes de surmonter, dans cette vie ou une série de vies, les désirs
égoïstes qui sont la source principale de leurs souffrances et de leur misère. La
pensée mormone rejette et la réincarnation et la théorie de la souffrance humaine comme
illusoires (voir Réincarnation; Souffrance dans le monde).
La notion que le but de la vie est la libération de lâme nest pas
étrangère aux religions de la tradition abrahamique, notamment celle des saints des
derniers jours, bien quelle ne soit pour ainsi dire jamais devenue le paradigme
dominant. Laffirmation des Écritures hébraïques que Dieu a déclaré le cosmos
matériel «bon» est restée la norme. Pour cette raison, entre autres, les pensées
chrétienne, musulmane et juive traditionnelles saccordent pour considérer que le
Dieu infiniment bon est directement responsable de la situation générale dans laquelle
les êtres humains se trouvent. Mais aucune tradition ne souligne plus que celle des
saints que chaque être humain sest «soumis volontairement» aux conditions de la
vie ici-bas (EPJS, p. 262; cf. D&A 93:30-31; voir aussi Théodicée). Les saints des
derniers jours saccordent de même pour dire que lunion finale avec Dieu
nimplique aucune perte de lidentité individuelle finie, mais plutôt une
relation avec lui.
Lopinion chrétienne généralement acceptée est exprimée par le Westminster
Shorter Catechism de 1647, qui déclare que «le but principal de lhomme est de
glorifier Dieu et de jouir de lui pour toujours». Dieu nous a créés pour acquérir de
la gloire, ce qui nétait pas de la vanité de sa part puisquil mérite
entièrement cette gloire au contraire des êtres humains et récompensera ceux
quil sauve en les faisant jouir de sa présence. On peut comparer ceci à la
position de la tradition islamique qui attribue à Dieu les mots: «Jétais un
trésor caché mais je souhaitais être connu, cest pourquoi jai créé le
monde.» Le but des êtres humains dans lIslam est donc de se soumettre (aslama) à
la volonté de Dieu et de le glorifier par leurs actes. Le judaïsme et lIslam sont
étroitement apparentés dans laccent quils mettent sur la loi et la bonne
conduite et dans leur déclaration que lobéissance aux commandements de Dieu est le
but de la vie. Toutefois le judaïsme diffère de lIslam dans sa croyance que la
gamme complète des commandements divins (mitzvoth) nincombe quaux Juifs, les
non-Juifs nétant soumis quaux quelques «préceptes noachiques» de base. Par
contre, lIslam insiste sur le fait que les exigences de Dieu sont identiques pour
tous les êtres humains. «Je nai créé les djinns et les hommes, dit Allah dans le
Coran, que pour madorer.»
Certains penseurs protestants ont affirmé que les êtres humains existent pour manifester
les attributs divins, pour incarner dans leur propre vie imparfaite quelque chose de la
gloire de Dieu. On trouve une idée semblable dans la déclaration du catéchisme
catholique de Baltimore que «Dieu nous a faits pour montrer sa bonté et pour partager
avec nous son bonheur éternel au ciel». Les Écritures modernes affirment que Dieu
partagera non seulement ses dons et son état béni mais aussi sa nature divine (voir
Déification, Premiers chrétiens). Mais les formes catholiques et protestantes de
christianisme séloignent lune de lautre; pour la première, les
objectifs de Dieu pour lhumanité se réalisent idéalement dans une vie de culte
sacramentel et liturgique, tandis que la dernière met laccent sur
lacceptation de la grâce gratuite du Christ. Les saints des derniers jours
affirment quune vie de sainteté est impossible sans accès à la grâce du Christ,
lobéissance librement consentie aux alliances, lois et ordonnances divinement
données dans lesquelles lexpiation et la grâce du Christ se manifestent et ensuite
le don de soi par une consécration totale comme disciple.
Bibliographie
Palmer, Spencer J. et Roger R. Keller. Religions of the World: A Latter-day Saint View.
Provo, Utah, 1989.
Romney, Thomas C. World Religions in the Light of Mormonism. Independence, Mo., 1946.
PETERSON de DANIEL C.
HUSTON SMITH
Catholicisme et Mormonisme
Auteurs : BENNEY, ALFRED et KELLER, ROGER R.
Les catholicismes romain et orthodoxe sont basés sur la même tradition théologique. Ils
se ressemblent du point de vue doctrinal et ont des enseignements qui diffèrent du
mormonisme.
DIEU. Les Églises catholique et orthodoxe croient que Dieu est le Créateur de l'univers
et que Dieu est trinitaire, que les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit
existent simultanément en une seule nature divine. Pour sa part, la doctrine des saints
des derniers jours est trithéiste ; elle est subordinationiste. Le Fils est subordonné
au Père et le Saint-Esprit «est envoyé par la volonté du Père par
lintermédiaire de Jésus-Christ, son Fils». Les deux traditions catholiques
enseignent que Dieu est un mystère qui se révèle lui-même et dont la manifestation
parfaite est en Jésus-Christ, qui est présent dans le monde dans l'Église. Les saints
des derniers jours affirment que Jésus-Christ a une nature distincte et est une entité
séparée du Père, et que de même que Jésus-Christ était et est visible, incarné et
glorifié, de même en est-il du Père (voir Doctrine : Enseignements distinctifs).
LE CHRIST. Selon la croyance catholique, Jésus est né d'une vierge et est «le Fils
incarné de Dieu». À la fois Dieu et homme, il est le «Sauveur du monde». Pour des
saints des derniers jours, le Christ n'était pas, n'est pas maintenant et ne sera jamais
uni ni en nature ni en substance au Père. Son unité avec le Père est spirituelle en
objectif et en volonté. Jésus, dans la croyance des saints, est le Fils unique du Père
dans la chair. Il est entré dans la condition mortelle, sujet à progression, et a
accompli la volonté du Père comme modèle, sauveur et médiateur. Il n'a obtenu tout
pouvoir sur terre et dans les cieux que quand il a reçu la plénitude de la gloire du
Père (voir Divinité).
LEXPIATION. Dans les deux traditions catholiques, lexpiation du Christ permet
d'accéder à la grâce salvatrice. La mort-résurrection du Christ est l'événement
sauveur et la croix, le symbole du salut. Pour les saints des derniers jours, l'expiation
de Jésus-Christ a été une descente au-dessous de toutes choses afin de lélever
au-dessus de tout. Il a souffert «selon la chair» parce quil naurait pu
daucune autre façon connaître l'angoisse du péché et de létat du
pécheur, donner lexemple de l'amour rédempteur et réconcilier la justice et la
miséricorde. L'Expiation réunit l'homme à Dieu par la sanctification et la
résurrection. Tout ce que le Christ a reçu du Père, lhomme peut le recevoir du
Père par le Christ. Cette transformation est apparentée à la conception que
lÉglise orthodoxe a de la théose. Le but de lappartenance à lÉglise
est de devenir, par le Christ, l'image et la ressemblance de Dieu (voir Expiation de
Jésus-Christ ; Déification chez les premiers chrétiens).
AUTORITÉ. Les catholiques croient que Jésus a accordé son autorité pastorale à
Pierre, qui est ainsi devenu le premier «Vicaire du Christ» et chef de l'Église et que
cette autorité denseigner et de sanctifier a été transmise dans une succession
ininterrompue dans l'institution de la Papauté. L'Église orthodoxe considère que Pierre
était le premier dentre des égaux, par conséquent les patriarches ont une
autorité égale. Ils attribuent également une autorité spéciale aux sept premiers
conseils cuméniques. Les saints des derniers jours croient que Pierre détenait les
clefs de l'autorité apostolique, qui avaient également été conférées aux douze
apôtres. Les pouvoirs de la prêtrise ne sont pas indélébiles mais inséparablement
liés à la justice. La perte des clefs complètes de la prêtrise fut due à
labsence de transmission. Leur réapparition aujourdhui sest faite sous
les mains de Pierre, Jacques et Jean (voir Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). Tout
homme digne dans l'Église doit recevoir l'ordination à la prêtrise avec l'autorité
daccomplir des ordonnances salvatrices et tout père doit fonctionner comme
patriarche de sa famille.
ÉCRITURE. Pour les catholiques et les orthodoxes, l'Ancien et le Nouveau Testament sont
«la source inépuisable de la foi chrétienne». Le canon est fermé. Pour les saints des
derniers jours, le canon reste ouvert. L'Écriture est le réceptacle des paroles des
prophètes prononcées sous l'inspiration. Il n'y a pas de révélation finale. La
révélation est permanente. Ni les Écritures ni la théologie naturelle ne remplacent
«les oracles vivants» (voir Expérience religieuse ; Révélation ; Écriture).
ÉGLISE. Le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe voient dans l'Église une
«communion des saints». Le Saint-Esprit anime l'Église par la grâce, en lui donnant le
pouvoir de continuer luvre du Christ dans l'histoire. C'est une communauté de
salut où lon prêche l'Évangile et où lon reçoit les sacrements. Les
saints des derniers jours croient que le rétablissement de la prêtrise supérieure
sest accompagné de trois éléments perdus par l'Église du Nouveau Testament : (1)
la structure organisationnelle et les offices qui sy rapportent, dont un collège de
douze apôtres ; (2) l'esprit de prophétie et tous les dons spirituels et (3) le temple
avec ses ordonnances et ses pratiques essentielles (voir Dons de l'Esprit ; Organisation ;
Temples). Les catholiques affirment que la grâce est centrée sur le don gratuit de Dieu
offert par lintermédiaire du Christ dans les sacrements et est infusée à l'âme.
Le baptême est essentiel au salut. Tous les sacrements sont les moyens nécessaires pour
obtenir la grâce requise pour le salut. Les rites ou les ordonnances mormons sont des
processus de nouvelle naissance spirituelle dans lesquels les pouvoirs du divin se
manifestent. Tout le monde les reçoit et toutes les ordonnances sont essentielles au
salut, depuis le baptême jusquaux ordonnances supérieures du temple. Leur
efficacité exige les formes appropriées, l'autorité de personnes ordonnées dans la
prêtrise et la foi et le repentir de la personne. Il y a des degrés de salut et la
plénitude du salut ou exaltation exige la totalité des ordonnances (voir Baptême ;
Confirmation ; Dotation ; Ordonnances du temple).
EUCHARISTIE. Pour les deux traditions catholiques, l'eucharistie est un sacrement dans
lequel le corps et le sang réels de Jésus sont physiquement présents, c'est-à-dire, la
réalité salvatrice du Seigneur. L'acte liturgique de consécration est un vrai sacrifice
dans lequel, par transsubstantiation, les éléments du pain et du vin deviennent le corps
et le sang du Christ. Les orthodoxes associent le geste du prêtre dans cette liturgie à
la vénération pour les icônes, qui représentent leur prototype, qui est le Christ. Les
saints des derniers jours voient dans la Sainte-Cène le souvenir du corps et du sang du
Christ. La sanctification vient de l'Esprit et se produit chez les bénéficiaires qui se
présentent le cur brisé et lesprit contrit (voir Sainte-Cène).
MARIAGE ET FAMILLE. Bien que le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe
considèrent le célibat comme un idéal spirituel, le mariage est un sacrement
accompagné de grâce qui symbolise le lien entre le Christ et l'Église. Pour les
catholiques c'est un contrat pour toute la vie et ils ne permettent pas le divorce. Les
saints des derniers jours enseignent que la glorification éternelle de la famille et de
la communauté des familles dans l'Église est la possibilité spirituelle la plus
élevée qui soit. De même que le grand prêtre qui officiait dans le temple autrefois
était marié et que les apôtres étaient mariés, de même aujourd'hui le mariage est
une ordonnance supérieure que les autres préparent. Le renforcement et l'amour de la
famille de l'homme, qui est en fin de compte la famille de Dieu, est luvre et
la gloire propres à une vie de sainteté. Une fois scellées et sanctifiées par
l'autorité de la prêtrise, les alliances, les relations et les devoirs de la condition
de parents continuent dans lautre monde (voir Célibat ; Mariage : Mariage
éternel).
Tout en honorant Marie, les saints des derniers jours n'ont aucun équivalent de la
doctrine de limmaculée conception, de la virginité perpétuelle ni de l'assomption
de Marie, ni de la vénération orthodoxe des icônes. Il y a d'autres enseignements des
saints qui diffèrent profondément de l'enseignement catholique traditionnel: une
modification de la compréhension classique de l'omnipotence et de l'omniprésence de
Dieu, l'existence prémortelle des esprits de toute l'humanité, l'affirmation que
l'esprit est une matière raffinée, la Chute comme quelque chose de planifié, de
volontaire et dessentiel à la progression de l'âme au milieu des contrastes et de
l'opposition, la dénégation du péché originel et le refus du baptême des petits
enfants, la nature universelle de l'alliance abrahamique et le remplacement de la
distinction ciel-enfer par l'enseignement des degrés de gloire dans la résurrection.
Bibliographie
Florovsky, Georges. Bible, Church, Tradition: An Eastern Orthodox View. Belmont, Mass.,
1972.
McBrien, Richard P. Catholicism, Study Edition. San Francisco, 1981.
McManners, John, dir. de publ. The Oxford Illustrated History of Christianity. New York,
1990.
Patrinacos, Rev. Nicon D. A Dictionary of Greek Orthodoxy. Pleasantville, N.Y., 1984.
Rahner, Karl, et Herbert Vorgrimler. Dictionary of Theology. New York, 1981.
ALFRED BENNEY
ROGER R. KELLER
Chasteté, loi de
Auteur: CHRISTENSEN, BRYCE J.
Dans la loi de chasteté, le Seigneur commande la retenue dans lexercice des
pouvoirs sexuels et procréateurs du corps. Comme révélé dans lÉcriture, cette
loi interdit tous rapports sexuels en dehors du mariage. Les autorités de lÉglise
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours condamnent également les actes sexuels
pervers ou coercitifs dans le mariage.
«Tu ne commettras point dadultère» déclare le Seigneur dans le Décalogue (Ex.
20:14). Ailleurs dans lÉcriture, il interdit la fornication, lhomosexualité,
linceste et la bestialité (Ex. 22:16; Lé. 18:6-23). Enseignant dans lAncien
et le Nouveau Monde, Jésus a dénoncé limpudicité en pensée comme dans les actes
(Mt. 5:27-28; 3 Né. 12:27-28). Le Seigneur affirme dans le Livre de Mormon quil se
«réjoui[t] de la chasteté des femmes», condamnant linfidélité des maris comme
étant une offense à légard des femmes et des enfants (Jcb. 2:28; 31-35). Le
prophète Abinadi condamne les prêtres du roi Noé pour relations avec des prostituées
et pour refus de vivre et denseigner la loi de Moïse qui interdit ladultère
(Mos. 12:29; 13:22). Alma lAncien enseigne à son fils, Corianton, que le péché
sexuel est «extrêmement abominabl[e] par-dessus tous les péchés, si ce nest
leffusion du sang innocent ou le reniement du Saint-Esprit» (Alma 39:5). Mormon
déplore la dégénérescence totale des soldats qui violent les prisonnières, leur
ravissant «ce quelles avaient de plus cher et de plus précieux, la chasteté et la
vertu» (Mro. 9:9).
Dans la révélation moderne, les dirigeants de lÉglise sont tenus
dexcommunier les adultères sils refusent de se repentir. Les Doctrine et
Alliances condamnent les désirs adultères comme étant un reniement de la foi,
disqualifiant les coupables de la compagnie de lEsprit (D&A 42:23-26; 63:16). Le
prophète Joseph Smith a vu en vision que les adultères et les fornicateurs non
repentants seront avec les menteurs et les sorciers dans le royaume téleste (D&A
76:103).
Les dirigeants de lÉglise ont à maintes reprises insisté sur lobéissance
à la loi de chasteté. Dans une déclaration officielle en 1942, la Première Présidence
a promis «les exaltations des éternités» à ceux qui restent chastes, déplorant
limmoralité sexuelle, destructrice des personnes et des nations. «La doctrine de
lÉglise, a-t-elle dit, est que le péché sexuel les relations sexuelles
illicites entre hommes et femmes ne le cède, dans son énormité, quau
meurtre. Le Seigneur na fait aucune distinction essentielle entre la fornication,
ladultère et la fréquentation des prostituées ou la prostitution. Chacun est
tombé sous sa condamnation solennelle et terrible» (CR 112, oct. 1942, pp. 10-12). Les
violations sexuelles profanent ce qui est saint, notamment les pouvoirs de procréation
qui nous sont donnés par Dieu, la sainteté de la vie, du mariage et de la famille. David
O. McKay a dit que la chasteté est «la partie la plus essentielle des fondements
dun mariage heureux et
la source de la force et de la perpétuation du genre
humain» (CR 137, avr. 1967, pp. 8). Les dirigeants de lÉglise ne reconnaissent
quune seule règle de chasteté pour les hommes et les femmes. Parlant en 1980,
Spencer W. Kimball a affirmé: «La chasteté totale avant le mariage et la fidélité
totale après sont toujours la norme dont on ne peut sécarter sans quil y ait
péché, malheur et chagrin» (CR 150, oct. 1980, p. 4).
La loi de chasteté sapplique non seulement au comportement mais également à
lhabillement, à la parole et à la pensée. Il est recommandé aux saints des
derniers jours de shabiller de manière pudique, dutiliser un langage digne en
parlant des fonctions corporelles et de cultiver des pensées vertueuses. En conséquence,
ils doivent éviter tout ce qui est pornographique dans la littérature, le cinéma, la
télévision et la conversation. Bien que beaucoup en dehors de lÉglise
considèrent la masturbation comme normale, les dirigeants de lÉglise enseignent
que la pratique est mauvaise, quelle alimente des appétits vils et peut mener à
dautres comportements pécheurs. De même, les couples non mariés qui se livrent à
des caresses intimes violent la loi de chasteté et stimulent des pulsions qui peuvent
mener à dautres péchés.
La chasteté favorise la paix et la confiance personnelles (voir D&A 121:45). Parlant
expressément de limpudicité, Alma écrit que «la méchanceté na jamais
été le bonheur» (Alma 41:10). LÉglise enseigne que ceux qui se rendent coupables
dinfidélité perdent lEsprit du Seigneur et attirent sur eux-mêmes et leur
famille la jalousie, le chagrin, la colère et la méfiance.
Les personnes coupables dimpudicité peuvent recevoir le pardon par un repentir
complet. Parce que limpudicité viole les vux du baptême et les vux
explicites du temple, les coupables pénitents doivent confesser ce genre de péché à
leur évêque, leur président de branche ou tout autre dirigeant compétent de
lÉglise. Après avoir examiné la transgression dans lesprit de la prière,
le dirigeant de lÉglise peut particulièrement dans les cas
dadultère, de fornication ou dhomosexualité réunir une commission
disciplinaire pour aider le transgresseur par le repentir et pour protéger
lintégrité de lÉglise. Selon loffense et la maturité spirituelle du
contrevenant, la commission disciplinaire peut excommunier, disqualifier, mettre à
lépreuve ou acquitter la personne.
Les commissions disciplinaires exigent habituellement des transgresseurs quils
demandent pardon aux personnes quils ont entraînées dans le péché sexuel et aux
conjoints trahis par linfidélité. Les transgresseurs doivent aussi demander pardon
à Dieu en réformant leur vie, en abandonnant les actes et les pensées impudiques. Dieu
promet quil ne se rappellera pas les péchés de ceux qui se repentent entièrement
(És. 1:18; D&A 58:42-43). Cependant, la récidive peut faire revenir le poids de
lancien péché (D&A 82:7) et avoir des conséquences plus graves (D&A
42:26).
Vivre la loi de chasteté nest pas synonyme dascétisme. Il sagit
plutôt de «tenir toutes [s]es passions en bride, afin d'être rempli d'amour» (Alma
38:12). Dans le mariage, lintimité physique renforce le lien voulu par Dieu entre
le mari et la femme. En protégeant lâme contre lesprit charnel, la chasteté
sauvegarde les joies du mariage dans cette vie et lexaltation dans la vie à venir.
Seuls ceux qui sont moralement purs peuvent entrer dans le temple, où les saints des
derniers jours font solennellement alliance de rester chastes de manière à pouvoir
recevoir la plus grande bénédiction de Dieu, la vie éternelle (D&A 14:7). En
recevant les ordonnances du temple et en restant dignes, le mari et la femme peuvent
accéder à une union parfaite scellée par le Saint-Esprit de promesse, réalisant ainsi
un mariage qui dure au-delà de la tombe, ayant en bénédiction une progéniture
desprit dans les éternités (D&A 132:19; cf. 131:1-4).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson, pp. 277-86. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. The Miracle of Forgiveness, pp. 61-89. Salt Lake City, 1969.
McKay, David O. Gospel Ideals, pp. 458-76. Salt Lake City, 1953.
BRYCE J. CHRISTENSEN
Chrétiens et christianisme
Auteur: KELLER, ROGER R.
Lorigine
du mot «chrétien» dans le Vieux Monde est obscure. Il a probablement été utilisé
pour la première fois par les païens dAntioche pour désigner ceux qui suivaient
le Christ. Cependant, vers la fin du premier siècle apr. J.-C., cétait un mot que
les membres de lÉglise acceptaient pour parler deux-mêmes comme le montrent
les écrits dIgnace (v. 35-v. 107 apr. J.-C.). Le mot est utilisé trois fois dans
le Nouveau Testament (Ac. 11:26; 26:28; 1 Pi. 4:16).
Dans le Nouveau Monde (le monde du Livre de Mormon), il y avait un terme semblable pour
désigner les membres de lÉglise (Mos. 18:12-17; Al. 46:13-16; 48:10).
«Chrétien» désignait ceux qui étaient «de vrais croyants au Christ» et qui étaient
«heureux de prendre sur eux le nom du Christ, ou de chrétiens comme on les appelait, à
cause de leur croyance au Christ qui allait venir» (Al. 46:15). Ici le terme
«chrétien» désignait ceux qui croyaient que le Christ viendrait, et pas seulement,
comme dans le Nouveau Testament, ceux qui croyaient quil était venu.
Le terme dabord utilisé par les chrétiens du Vieux Monde pour se désigner fut
sans doute le mot grec haguioï, signifiant les «saints». Les saints des derniers jours
ont adopté cette désignation du Nouveau Testament (Ac. 9:13; 32, 41; Ro. 1:7; 1 Co. 1:2;
Ph. 1:1). On retrouve cette terminologie dans le Livre de Mormon (1 Né. 13:5, 9; 14:12,
14; 2 Né. 9:18-19; Mrm. 8:23; Mro. 8:26), les Doctrine et Alliances (1:36; 84:2; 88:114;
104:15) et la Perle de Grand Prix (Moï. 7:56).
LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours ne se considère pas comme
une confession chrétienne de plus, mais plutôt comme le rétablissement par Dieu, dans
les derniers jours, de la plénitude de la foi et de la pratique chrétiennes. Cest
ainsi que, dès les tout premiers temps, les chrétiens saints des derniers jours ont
cherché à se distinguer des chrétiens dautres traditions. Ils considèrent que
les autres formes de christianisme, quoique contenant beaucoup de vérité et faisant
beaucoup de bien sous la direction du Saint-Esprit, sont incomplètes, dépourvues de
lautorité de la prêtrise de Dieu, des ordonnances du temple, de la compréhension
complète du plan du salut et de la compréhension non paradoxale de la Divinité. Par
conséquent, la désignation «saint» reflète lattachement à lÉglise du
Nouveau Testament et indique également une différence par rapport au christianisme
catholique, orthodoxe et protestant dans la dispensation actuelle.
En réponse à cela, et pour diverses autres raisons, certains chrétiens catholiques,
orthodoxes et protestants ont été réticents à appliquer le terme «chrétien» aux
saints des derniers jours. Lune de ces raisons est que ceux-ci affirment que
cest dans lÉglise que se trouve la seule ligne dautorité établie par
Dieu. Si cette autorité divine na pas été transmise après la mort des premiers
apôtres, la Sainte-Cène, les ordinations, les formulations de croyance et les structures
ecclésiastiques des autres groupes chrétiens sont dépourvues de la sanction divine.
Pour beaucoup de chrétiens traditionnels, cette prise de position place les saints des
derniers jours en dehors de la famille chrétienne telle que définie par certaines
confessions de foi et ordonnances admises.
De plus, les saints des derniers jours affirment que Dieu a parlé et sest
manifesté non seulement aux personnes des temps bibliques, mais également au peuple du
Livre de Mormon, et quil continue à parler aujourdhui à son peuple par la
révélation. Cest ainsi quils ne sont pas toujours considérés comme des
«chrétiens bibliques» quand ce terme exige la croyance que le canon de lÉcriture
est complet dans la Bible. Pour les mormons, Dieu est toujours le Dieu de la révélation
continue, ce qui signifie que les credo ne sont pas définitifs. Il nest pas de
confession, ni même lensemble des confessions, qui puisse englober complètement le
dynamisme de Dieu. Il faut lécouter et ses paroles doivent être mises par écrit
pendant quil continue à nous guider divinement par la révélation. Par
conséquent, le canon des saints des derniers jours est ouvert; les Doctrine et Alliances
deviennent un réceptacle officiel et ouvert pour les révélations qui affectent toute
lÉglise; et des révélations continuent à être données aux prophètes, aux
voyants et aux révélateurs vivants de lÉglise, pour être communiquées aux
membres.
Les saints des derniers jours considèrent que les chrétiens, au sens le plus large du
terme, sont ceux qui basent leurs croyances sur les enseignements de Jésus et qui ont une
relation personnelle avec lui. Selon cette définition, ils reconnaissent les catholiques
romains, les catholiques orthodoxes, les protestants et les saints des derniers jours
comme chrétiens, étant bien entendu que le christianisme des saints des derniers jours
est la plénitude rétablie de lÉvangile du Christ. La vie des saints des derniers
jours est leur affirmation de leur foi chrétienne. Comme la dit Brigham Young: «Si
nous ne sommes pas à limage du Christ nous ne sommes pas chrétiens» (Watson).
Le christianisme traditionnel subordonne souvent la qualité de chrétien à
lacceptation de certaines croyances et de certains dogmes. Comme les saints des
derniers jours nacceptent pas certains dogmes extra-scripturaires, en particulier
ceux qui portent la marque philosophique dun enseignement chrétien postérieur au
Nouveau Testament, certains, dans dautres églises, estiment que les saints des
derniers jours ne peuvent pas être chrétiens. Ils ne sont pas «orthodoxes» dans ce
sens. Mais pour les mormons, les croyances correctes (orthodoxie) et les comportements
corrects (orthopraxie) sont ceux qui sont conformes à la volonté révélée du Seigneur.
Certains des malentendus entre les communautés traditionnelles et les saints des derniers
jours relèvent du point de savoir si, pour être chrétien, lon doit dabord
croire aux dogmes traditionnels pour mener «une vie chrétienne correcte».
Il y a, dans le Livre de Mormon, une définition qui décrit bien le christianisme des
saints des derniers jours: «Et nous parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le
Christ, nous prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le Christ, et nous
écrivons selon nos prophéties, afin que nos enfants sachent vers quelle source ils
peuvent se tourner pour obtenir la rémission de leurs péchés» (2 Né. 25:26). Le
Christ et son sacrifice expiatoire sont, depuis le commencement, le message de base de
lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Le Christ a été le
message central de tous les prophètes et apôtres modernes. Ils savent que les prophètes
de lAncien Testament ont prévu sa venue, que les apôtres du Nouveau Testament
lont prêché et ont témoigné de lui, que les prophètes du Livre de Mormon
lont annoncé, et les Doctrine et Alliances présentent sa parole à notre
génération. Jésus-Christ est le Seigneur vivant de lÉglise. Hors de lui il
ny a pas de salut.
Le président Kimball a déclaré: «Il ne peut y avoir de christianisme réel et vrai,
même avec de bonnes uvres, que si nous sommes profondément, intimement convaincus
que Jésus-Christ est véritablement le Fils unique du Père qui nous a achetés dans le
grand acte de lExpiation» (Kimball, p. 68). Il a également exprimé lespoir
que tout le monde finira par se rendre compte que chaque prière, chaque cantique, chaque
sermon chez les saints a le Seigneur Jésus-Christ pour élément central. «Nous sommes
de vrais disciples de Jésus-Christ et nous espérons que le monde arrivera finalement à
la conclusion que, sil y a des chrétiens dans le monde, cest bien nous»
(Kimball, p. 434).
Bibliographie
Gealy, F. D. "Christian." In The Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 1,
pp. 571-572. Nashville, Tenn., 1962.
Grundmann, Walter. "Chiro." Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 9,
pp. 27-580. Grand Rapids, Mich., 1964-1974.
Kimball, Edward L., dir. de publ. The Teachings of Spencer W. Kimball. Salt Lake City,
1982.
Watson, Eldon J., comp. Brigham Young Addresses, Vol. 4, p. 5 pour le 14 juillet 1861. Non
publié, mars 1980.
ROGER R. KELLER
Collège des douze apôtres
Auteur: NELSON, WILLIAM O.
Douze hommes ordonnés à loffice dapôtre dans la Prêtrise de Melchisédek
constituent le Collège des douze apôtres, le deuxième collège président dans le
gouvernement de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Le premier
collège président est la Première Présidence, trois grands prêtres qui ont
généralement été apôtres, qui détiennent toutes les clefs (autorité) concernant les
affaires spirituelles et temporelles de l'Église. Les Douze exercent leurs fonctions sous
la direction de la Première Présidence. Les saints des derniers jours soutiennent ces
quinze hommes comme prophètes, voyants et révélateurs pour l'Église, qui reçoivent
«une dotation spirituelle spéciale en rapport avec lenseignement quils
donnent au peuple
. Les autres Autorités générales ne reçoivent pas cette
Dotation et cette autorité spirituelles spéciales couvrant leur enseignement» (J.
Reuben Clark, Jr., Church News, 31 juillet 1954, p. 9).
Plusieurs titres désignent le groupe des douze apôtres: Collège des Douze, Conseil des
Douze ou simplement les Douze. La désignation Collège des Douze est le titre
scripturaire et le nom officiel utilisé par la Première Présidence quand elle présente
les Douze aux membres de l'Église pour leur vote de soutien. La désignation Conseil des
Douze est couramment utilisée dans les publications de lÉglise et lorsque
lon communique avec des personnes d'autres cultes religieux.
HISTOIRE. Les premiers membres du Collège des Douze dans les temps modernes ont été
ordonnés le 14 février 1835. Ce type de collège a ses racines dans le précédent du
Nouveau Testament (Mt. 10:1) et dans la révélation moderne (D&A 18:26-39). Après
l'expédition du Camp de Sion de 1834, le prophète Joseph Smith convoqua en 1835 ceux qui
avaient participé et révéla que «c'était la volonté de Dieu que ceux qui étaient
allés en Sion, bien décidés à donner leur vie
fussent ordonnés au ministère»
(HC 2:182). Il dit alors aux Trois Témoins du Livre de Mormon (Oliver Cowdery, David
Whitmer et Martin Harris) de choisir dans l'esprit de la prière les Douze conformément
à une révélation précédente (D&A 18:37). La Présidence imposa ensuite les mains
aux Trois Témoins, leur donnant le pouvoir de faire le choix (HC 2:186-87). Furent
choisis: Thomas B. Marsh, David W. Patten, Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Hyde,
William E. McLellin, Parley P. Pratt, Luke S. Johnson, William B. Smith, Orson Pratt, John
F. Boynton et Lyman E. Johnson. Ces douze hommes furent ensuite ordonnés apôtres par les
Trois Témoins et reçurent les clefs relatives à leur saint appel. La Première
Présidence leur fit aussi limposition des mains et confirma ces bénédictions et
ces ordinations (T&S 2, 15 avr. 1845, p. 868). Oliver Cowdery donna ensuite aux Douze
la mission de «prêcher l'Évangile à toutes les nations» (HC 2:195).
Un mois plus tard, les Douze, qui se préparaient à prêcher, demandèrent encore
d'autres instructions divines. La réponse fut une révélation qui définissait leurs
fonctions et celles du collège récemment formé des soixante-dix (voir D&A
107:21-39). Les fonctions premières du Collège des Douze sont d'être «les témoins
spéciaux du nom du Christ dans le monde entier» «officie[r] au nom du Seigneur, sous la
direction de la présidence de l'Église» «pour édifier l'Église et en régler toutes
les affaires» et «ouvrir la porte [de toutes les nations] par la proclamation de
l'Évangile de Jésus-Christ» (D&A 107:23, 33, 35; cf. 112:16-21; 124:128).
Joseph Smith chargea les membres du Collège des Douze de gérer les branches dispersées
de l'Église. Plus tard, il les envoya en mission de prosélytisme dans des pays
étrangers. En 1840-1841, neuf des Douze firent une mission spéciale dans les îles
Britanniques. Quand ils quittèrent la Grande-Bretagne après douze mois, plus de quatre
mille personnes étaient devenues membres de lÉglise. Ces neuf frères jetèrent
aussi les bases dun programme continu démigration des saints britanniques
convertis vers lAmérique (voir Îles Britanniques, l'Église dans les; Mission des
Douze dans les îles Britanniques.)
Le succès missionnaire en Grande-Bretagne unit les membres des Douze en un collège
soudé sous la direction du président du collège, Brigham Young, nommé le 19 janvier
1841. Quand ils retournèrent au siège de lÉglise à Nauvoo (Illinois), Joseph
Smith étendit leurs devoirs à la gestion des affaires du pieu là-bas.
Vers la fin mars 1844, Joseph Smith conféra au Collège des Douze toutes les ordonnances,
clefs et autorité qu'il possédait. Décrivant cet événement, Wilford Woodruff dit que
Joseph Smith «a vécu jusqu'à ce que chaque clef, pouvoir et principe de la sainte
prêtrise aient été scellés sur les Douze et sur le président Young en tant que leur
président.» Il cite ensuite l'explication et l'injonction du prophète aux Douze: «J'ai
vécu jusqu'à ce que j'aie vu ce fardeau, qui reposait sur mes épaules, passer sur
celles d'autres hommes
les clefs du royaume sont plantées sur la terre pour ne plus
jamais être enlevées
À vous darrondir les épaules pour emporter le
royaume. Peu importe ce quil advient de moi» (JD 13:164).
Après que des émeutiers eurent assassiné Joseph Smith, le 27 juin 1844, et que la
Première Présidence eut été dissoute, l'Église affronta pour la première fois la
question de la succession à la présidence. La confusion qui en résulta fut résolue
quand le Collège des Douze, second collège président, savança et fut soutenu
pour succéder à la Première Présidence. De juin 1844 à décembre 1847, les Douze
gouvernèrent l'Église sous la direction de leur président, Brigham Young. En leur
qualité de collège président, ils publièrent, en 1845, une proclamation aux rois du
monde et au président des États-Unis d'Amérique (voir Proclamations de la Première
Présidence et du Collège des douze apôtres). Le président Young fut soutenu, le 5
décembre 1847, comme président de l'Église par les Douze et par les saints réunis en
conférence le 27 décembre 1847.
Cette transition dans la direction de lÉglise a créé le précédent et
lordre qui ont été suivis lors de toutes les réorganisations ultérieures de la
Première Présidence. À la mort d'un président de lÉglise, la Première
Présidence est dissoute et le Collège des Douze devient le conseil président de
l'Église. Le président des Douze, qui est le doyen des apôtres sur la terre, devient
lofficier président de l'Église et le reste jusqu'à ce qu'une nouvelle Première
Présidence soit organisée.
Un événement dune grande importance pour les Douze se produisit à la fin du
mandat du président Lorenzo Snow en 1901. Pendant plus de cinq décennies jusque là, les
Douze avaient passé moins de temps à porter l'Évangile aux autres nations à cause de
la nécessité de présider les saints au pays. En outre, les poursuites engagées par le
gouvernement des États-Unis contre les polygames avaient contraint certains d'entre eux
à l'exil. Peu avant la conférence générale d'octobre 1901, le président Snow rappela
aux Douze que les Écritures leur imposaient le devoir de prêcher l'Évangile au monde
entier; il ne suffisait pas de présider les pieux (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, pp.
689-690.)
À la session finale de cette conférence, le président Snow définit les devoirs des
apôtres, des soixante-dix, des grands prêtres et des anciens. Les Douze devaient
«s'occuper des intérêts du monde» (CR oct. 1901, p. 61). Le président Snow décéda
quatre jours après la conférence, mais les Douze avaient reconnu l'importance de ses
instructions. Joseph F. Smith, président du Collège, écrivit: «Nous acceptons ce que
[le président Snow a dit] sur les devoirs des Douze
comme étant la parole que le
Seigneur nous adresse à tous» (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 690). En
conséquence, les Douze renouvelèrent leur effort missionnaire international. Depuis
cette époque, sur directive de la Première Présidence, les Douze ont consacré beaucoup
de pays à la prédication de l'Évangile et continuent à superviser l'uvre
missionnaire dans toute l'Église.
NOMINATION. Un membre de Collège des Douze est choisi par la Première Présidence, qui
peut envisager plusieurs candidats. La présidence choisit alors une personne par
révélation et l'appelle au poste. Ceci implique essentiellement les mêmes principes que
le choix de Matthias pour remplir la vacance laissée par la mort de Judas Iscariot (Ac.
1:15-26).
Quand une nouvelle nomination au Collège doit être annoncée (habituellement à une
conférence générale), un membre de la Première Présidence présente les noms des
Autorités générales, dont le nouvel apôtre, et des autres dirigeants généraux de
l'Église qui doivent être soutenus par les membres de lÉglise. Le soutien
respecte le principe du consentement commun (D&A 26:2).
Après que les membres de l'Église ont soutenu la personne nouvellement appelée, la
Première Présidence et le Collège des Douze l'ordonnent à loffice d'apôtre et
lui donnent toutes les clefs du saint apostolat. Ce sont les mêmes clefs que
Jésus-Christ a conférées aux Douze quil a appelés à lépoque du Nouveau
Testament et également les mêmes clefs remises par Pierre, Jacques et Jean à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery dans notre dispensation. Les clefs données au nouvel apôtre
comprennent l'autorité de prêcher l'Évangile dans le monde entier et de sceller sur
terre des ordonnances qui seront scellées éternellement (Mt. 16:19; 28:19-20; Jn.
20:22-23).
Les appels au Collège des Douze sont à vie. La date à laquelle une personne devient
membre du collège (habituellement celle de son soutien en tant qu'apôtre) situe son
ancienneté dans le Collège. Celle-ci détermine qui sera le prochain président de
l'Église, car cet office passe au doyen des apôtres. Cet ordre divinement révélé
désigne l'apôtre le plus expérimenté comme futur président et empêche toute lutte
pour le pouvoir ou le poste (voir Succession à la présidence).
DEVOIRS. Conformément aux révélations antérieures, les Douze daujourd'hui sont
chargés douvrir les nations du monde à la prédication de l'Évangile (D&A
107:35). Par désignation de la Première Présidence, les membres des Douze rencontrent
les chefs d'État pour obtenir la permission officielle pour que l'Église enseigne
l'Évangile conformément aux lois de ces pays.
Quand ils agissent sous la direction de la Première Présidence, les Douze ont
l'autorité pour recevoir la révélation pour leurs tâches, qui comprennent la
supervision des soixante-dix, celle des pieux et la formation des dirigeants (D&A
107:33). Toutefois, seul le président de l'Église a le droit et l'autorité de recevoir
la révélation pour toute l'Église (D&A 28:2-3).
Les membres des Douze font partie de comités créés par la Première Présidence et
dautres au sein du Collège. Les tâches au sein des comités font lobjet
dune rotation périodique.
Le Collège des Douze dirige le travail des soixante-dix. Les Douze doivent «faire appel,
avant tous autres, aux Soixante-dix, lorsqu'il[s ont] besoin d'aide» (D&A 107:38).
Les présidents des collèges des soixante-dix font rapport aux Douze.
Les Douze se réunissent dans le temple de Salt Lake City, habituellement chaque semaine,
pour traiter toutes les affaires qui réclament une décision du Collège. Une fois ces
décisions prises, celui-ci les défère normalement à ses réunions avec la Première
Présidence. Ces deux corps constituent ensemble le Conseil de la Première Présidence et
des douze apôtres. Ce conseil prend les décisions finales sur tous les sujets qui
affectent l'Église, notamment les nouveaux appels de dirigeants de lÉglise, la
fixation des règles, des marches à suivre et des programmes, la création, la division
et la réorganisation des missions et des pieux. Les collèges de la prêtrise de
lÉglise sefforcent de parvenir à l'unanimité dans leurs décisions, comme
le demande la révélation (D&A 107:27). Le Collège des Douze ne prend aucune mesure
tant quun consensus nest pas atteint. Le président des Douze reporte
habituellement le sujet pour un nouvel examen. L'unanimité dans les collèges présidents
de l'Église donne aux membres lassurance que «la voix unie de la Première
Présidence et des Douze» «négarera jamais les saints ni nenverra au monde
des instructions contraires à la volonté du Seigneur» (Joseph Fielding Smith, Ensign 2,
juillet 1972, p. 88).
La Première Présidence charge les membres des Douze et les autres Autorités générales
de parler aux conférences générales semestrielles de l'Église, mais ne leur impose
normalement pas de sujet. Les membres de la Première Présidence et les Douze parlent à
chaque conférence générale; les autres Autorités générales parlent périodiquement
quand elles sont désignées. Les membres de l'Église considèrent les messages de la
Première Présidence et des Douze comme inspirés (D&A 68:4).
Chaque pieu a des conférences semestrielles de pieu. Une Autorité générale préside
habituellement lune de ces conférences par an sur désignation par le président du
Collège des Douze. À cause du nombre considérable et croissant des pieux, les membres
des Douze ne sont généralement désignés pour assister aux conférences de pieu que
pour organiser de nouveaux pieux, pour diviser les pieux existants ou pour réorganiser
des présidences de pieu.
Le président du Collège charge aussi les membres du Collège dassister aux
conférences là où plusieurs pieux se réunissent ensemble. Ces conférences
multirégionales donnent aux membres de lÉglise loccasion de voir et entendre
plus souvent les membres de la Première Présidence et des Douze.
Les membres des Douze sont les «témoins spéciaux» du nom de Jésus-Christ dans le
monde entier; ils possèdent la connaissance, par révélation, de la résurrection
littérale du Christ et celle qu'il dirige les affaires de son Église aujourd'hui. Cette
conviction commune unit les Douze dans un lien d'unité et d'amour.
Bibliographie
Allen, James B., et Malcolm R. Thorp. «The Mission of the Twelve to England, 1840-41:
Mormon Apostles and the Working Classes.» BYU Studies 15, été 1975, pp. 499-526.
Esplin, Ronald K., «The Emergence of Brigham Young and the Twelve to Mormon Leadership,
1830-1841», pp. 427-512. Thèse de Doctorat, université Brigham Young, 1981.
Larsen, Dean L. «Apostle and Prophet: Divine Priesthood Callings.» Priesthood, pp.
38-47. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R. Succession in Presidency. Church News, 23 mars 1974, pp.
7-9.
Smith, Joseph Fielding. The Holy Apostleship. DS, vol. 3, pp. 144-159.
Id. The Twelve Apostles. IE 59, nov. 1956, pp. 786-788.
Id. The First Presidency and the Council of the Twelve. IE 69, nov. 1966, pp.
977-979.
Talbot, Wilburn D. The Duties and Responsibilities of the Apostles of The Church of
Jesus Christ of Latter-day Saints, 1835-1945. Thèse de doctorat, université
Brigham Young, 1978.
WILLIAM O. NELSON
Commandements
Auteur: COONS, DIX S.
Les saints
des derniers jours croient que les commandements sont des directives divines pour une vie
juste, quils apportent le bonheur et des bénédictions spirituelles et temporelles
et quils font partie de la manière de Dieu de racheter ses enfants et de les doter
de la vie éternelle. Par conséquent, les commandements constituent non seulement une
épreuve de la foi, de lobéissance et de lamour pour Dieu et pour
Jésus-Christ mais également une occasion déprouver lamour de Dieu et de la
joie dans cette vie et dans la vie à venir. Les commandements sont donnés par
révélation directement de la part de la Divinité ou par ses prophètes. Les comptes
rendus de ces révélations se trouvent dans les Écritures, qui comprennent la Bible, le
Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances, et la Perle de Grand Prix.
Le 6 avril 1830, lors de lorganisation de lÉglise, Joseph Smith fut désigné
comme voyant, traducteur, prophète, apôtre et ancien. À cette occasion, le Seigneur dit
à lÉglise: «Vous prêterez loreille à toutes ses paroles [de Joseph Smith]
et à tous les commandements quil vous donnera à mesure quil les reçoit,
marchant en toute sainteté devant moi. Car vous recevrez sa parole, en toute patience et
avec une foi absolue, comme si elle sortait de ma propre bouche» (D&A 21:4-5; cf.
D&A 1:37-38; 5:10; 68:34). Sur la base de ces instructions, les membres de
lÉglise acceptent les instructions justes de ceux qui sont autorisés par Dieu
comme des commandements faisant force de loi sur lÉglise et sur les personnes.
En 1831, le Seigneur redit à lÉglise le «premier et grand» commandement (cf. Mt.
22:37-38): «Cest pourquoi, je leur donne un commandement qui dit ceci: Tu aimeras
le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cur, de tout ton pouvoir, de tout ton esprit et
de toute ta force; et tu le serviras au nom de Jésus-Christ» (D&A 59:5). Cette
répétition fut suivie des injonctions divines précédemment données de ne pas voler,
ne pas commettre dadultère ni de tuer (D&A 59:6).
Dans les Doctrine et Alliances, la section 42, que le Seigneur appelle la «loi de
lÉglise» (D&A 42:2, 59), les versets 19-27 réaffirment beaucoup
dinstructions qui se trouvent dans les dix commandements. Ces commandements de base
ont été réitérés lors de dispensations ou ères successives, essentiellement sous la
même forme (Ex. 20:3-17; De. 5:6-21; Mos. 12:34-36; D&A 42:19-27; cf. Mt. 5:17-48).
À lépoque de lAncien Testament, comme laccent était mis sur
linterdiction de certains actes extérieurs, on insistait apparemment davantage sur
les conséquences de la désobéissance que sur la rédemption spirituelle et physique par
lobéissance (voir Loi de Moïse). Le Nouveau Testament et le Livre de Mormon
mettent au contraire laccent sur le processus purificateur de lobéissance. Le
Christ a bien dit que les commandements devaient concerner non seulement les actes des
hommes et des femmes mais également leurs pensées et leurs mobiles. Dans le sermon sur
la montagne, il oppose lancienne loi et la nouvelle. Par exemple, il définit le
fait de regarder une femme avec convoitise dans le cur comme un type
dadultère (Mt. 5:28). Se mettre en colère contre son prochain, cest se
mettre en danger du jugement (Mt. 5:21-22). Plutôt que de chercher vengeance et l
«oeil pour oeil», les disciples de Jésus doivent tendre lautre joue et faire le
deuxième mille (Mt. 5:38-42). Pour résumer la nouvelle loi, le Christ dit: «Vous avez
appris quil a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais
moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à
ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous
persécutent
Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Mt.
5:43-44, 48; cf. 3 Né. 12:43-48).
Aux auditeurs du continent américain qui avaient survécu à la destruction de 34 apr.
J.-C., le Christ ressuscité a expliqué le rapport entre la loi et lÉvangile: «Ne
croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour
abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, pas un seul iota, pas un
seul trait de lettre nest passé de la loi, mais en moi elle a été toute
accomplie. Et voici, je vous ai donné la loi et les commandements de mon Père, afin que
vous croyiez en moi, et que vous vous repentiez de vos péchés et veniez à moi, le
cur brisé et lesprit contrit. Voici, vous avez les commandements devant vous,
et la loi est accomplie» (3 Né. 12:17-19). La nouvelle loi du Christ exige clairement
que ce ne soient pas seulement les actes extérieurs mais également les pensées et les
sentiments intérieurs qui se conforment à lesprit de la loi (cf. Al. 12:12-14;
D&A 88:109).
Dans lÉglise daujourdhui, le Seigneur a souligné que parmi ses
commandements il y a la responsabilité de lindividu de se gérer personnellement:
«Car voici, il nest pas convenable que je commande en tout, car celui quil
faut contraindre en tout est un serviteur paresseux et sans sagesse; cest pourquoi
il ne reçoit pas de récompense. En vérité, je le dis, les hommes doivent uvrer
avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire
beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir dagir par eux-mêmes» (D&A
58:26-28). Quand la «loi de lÉglise» fut donnée en 1831 (D&A 42), cette
responsabilité individuelle fut également soulignée: «Tu aimeras ta femme de tout ton
cur, et tu tattacheras à elle et à personne dautre» (42:22), et «Tu
ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort» (42:27). Plus tard, le
Seigneur dit: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tu ne déroberas pas et tu ne
commettras pas dadultère, ni ne tueras, ni ne feras rien de semblable» (D&A
59:6). Il est évident que Dieu exige que lon soit conscient de son libre arbitre et
accorde effectivement à chacun le pouvoir de se diriger. Quand on vit en accord avec les
commandements et que lon devient de ce fait plus sensible aux chuchotements du
Saint-Esprit, les observances extérieures deviennent moins importantes et lon
accorde plutôt son attention à la perfection des pensées et des mobiles.
Cest ainsi que les saints des derniers jours trouvent lépanouissement et le
bonheur dans lobéissance non seulement à des commandements spécifiques tels que
la Parole de Sagesse (D&A 89) et la loi de la dîme (D&A 119) mais également aux
recommandations que les dirigeants inspirés font lors des conférences de lÉglise
et dans les sources écrites approuvées telles que les publications officielles de
lÉglise.
Bibliographie
Richards, Stephen L. "Keep the Commandments." IE 52, mai 1949, pp. 273, 345-348.
Sill, Sterling W. "Keep the Commandments." Ensign 3, janv. 1973, pp. 82-83.
DIX S. COONS
Confirmation
Auteur : Craven, Rulon G.
La confirmation dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est une
ordonnance sacrée essentielle au salut. Cette ordonnance suit le baptême par immersion
pour la rémission des péchés et n'est efficace que par la foi au Seigneur Jésus-Christ
et le repentir. Elle est conférée par limposition des mains par des hommes ayant
l'autorité, dont l'un accomplit l'ordonnance et bénit le candidat. Cest de cette
façon quon devient membre de l'Église et que lon reçoit le don du
Saint-Esprit (Actes 2:37-38;19:1-7). Le baptême et la confirmation sont pour les
personnes qui ont au moins huit ans, l'âge de responsabilité (D&A 68:25-27).
La pratique de l'ordonnance de la confirmation est attestée dans les Écritures à
l'époque du Nouveau Testament. Lorsquils allèrent à Samarie et y trouvèrent des
disciples qui avaient reçu le baptême deau de Jean, Pierre et Jean « leur
imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit » (Actes 8:17; voir aussi les
versets 14-22).
La confirmation ne peut être faite que par ceux qui détiennent la Prêtrise de
Melchisédek. Le Livre de Mormon rapporte que Jésus « toucha, un par un, de la main les
disciples qu'il avait choisis, jusqu'à ce qu'il les eût touchés tous, et leur parla
tandis quil les touchait. [Ainsi] il leur donna le pouvoir de donner le Saint-Esprit
» (3 Né 18:36-37 ; Mro. 2:1-3). Les Doctrine et Alliances spécifient : « Quiconque
aura la foi, vous le confirmerez dans mon Église par l'imposition des mains, et je lui
conférerai le don du Saint-Esprit » (D&A 33:15).
L'ordonnance de la confirmation est habituellement accomplie lors du service de baptême
ou lors dun service de Sainte-Cène. Un ou plusieurs détenteurs de la Prêtrise de
Melchisédek posent les mains sur la tête du nouveau baptisé et le porte-parole,
appelant la personne par son nom, dit quelque chose comme : « Au nom de Jésus-Christ et
par l'autorité de la sainte Prêtrise de Melchisédek, je vous confirme membre de
l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et je vous dis : Recevez le
Saint-Esprit. » Il donne ensuite les bénédictions que lui inspire lEsprit
du Seigneur, invoquant les conseils divins, prononçant des paroles de réconfort, des
exhortations, des instructions ou des promesses. Il est souvent rappelé aux initiés que,
grâce à ce don, ils discerneront le bien du mal et que l'Esprit les éclairera en
chemin.
La réception du don du Saint-Esprit peut ou peut ne pas être manifeste immédiatement,
bien que le droit de recevoir ce don soit conféré à la confirmation. L'exhortation à
recevoir le Saint-Esprit implique quil faut vivre de manière à être réceptif aux
lumières de l'Esprit. Joseph Smith a enseigné : « Nul ne peut recevoir le Saint-Esprit
sans recevoir des révélations. Le Saint-Esprit est un révélateur » (EPJS, p. 265). On
est de même exhorté à rechercher avec ferveur les dons spirituels (1 Co. 12:1-11, 31;
D&A 46:9-26) et « les fruits de l'Esprit », notamment l'amour, la joie, la paix et
la patience (Ga. 5 ; Mro. 7:45-48).
Les Écritures appellent parfois l'influence sanctifiante du Saint-Esprit le « baptême
de feu » (Mt 3:11; 3 Né 19:13; Mrm. 7:10). La confirmation commence ce processus. Il est
considéré comme une recherche qui dure toute une vie, recherche officiellement
renouvelée chaque sabbat quand on prend la Sainte-Cène, dont les prières se terminent
en demandant que ceux qui ont pris sur eux le nom de Jésus-Christ « aient toujours son
Esprit avec eux » (Mro. 4:3).
Une fois quune personne a été confirmée membre de l'Église et a reçu le don du
Saint-Esprit, elle peut conserver ce don en restant digne, en apportant les correctifs
nécessaires, dans un processus constant de repentir et de fidélité.
RULON G. CRAVEN
Consécration
[Les deux articles suivants traitent de la notion mormone de consécration.
Consécration: Loi de Consécration, donne un aperçu de lorigine et de la pratique
des principes de la consécration chez les saints des derniers jours. Larticle
Consécration: Consécration en Ohio et au Missouri, traite spécialement des efforts des
saints pour vivre ces principes et de limpact économique qui en est résulté pour
les communautés de saints qui ont été florissantes dans ces états entre 1832 et 1846.]
Consécration: Loi de consécration
Auteur: HIRSCHI, FRANK W.
La loi de
consécration a été introduite par des révélations données au prophète Joseph Smith.
Dès 1829, il recevait du Seigneur le commandement: «Cherchez à promouvoir et à
établir la cause de Sion» (D&A 6:6; 11:6; 12:6; 14:6). Dans lAntiquité, la
Sion dHénoc était constituée dun peuple qui «était dun seul
cur et dun seul esprit, et [qui] demeurait dans la justice; et il ny
avait pas de pauvres en son sein» (Moï. 7:18). Ces qualités ont caractérisé le peuple
du Seigneur qui a accepté et appliqué la plénitude de lÉvangile dans sa vie,
comme le peuple de la ville dHénoc (Moï. 7:17-18) et lâge dor des
Néphites (4 Né. 1:2-3, 15-17) et certains des premiers chrétiens (Ac. 4:32-37). Les
saints des derniers jours ont également reçu la loi de consécration comme idéal et
promesse davenir (D&A 42:32-39).
Le niveau de la consécration requis pour vivre la loi de consécration a de nombreux
échos dans le monde antique. La Bible rapporte des actes de consécration expressément
liés à linstitution dalliances avec Dieu (par exemple, Ge. 9:8-17; No. 6).
Le fait quAbraham était disposé à sacrifier Isaac signifie quil était
totalement dévoué aux ordres de Dieu (Ge. 22:1-18). LExode et le Lévitique
mentionnent également divers actes sacrificatoires impliquant la consécration à Dieu,
principalement de la part dAaron et de ses fils (cf. Ex. 40:12-16; Lé. 1-7). Le
Nouveau Testament rapporte que les premiers chrétiens étaient invités à donner la
priorité au royaume de Dieu et à avoir «tout en commun» (Ac. 2, 4, 5).
Après que Jésus ressuscité eut fondé son Église en Amérique vers 34 apr. J.-C., le
peuple du Livre de Mormon observa la pratique de la consécration pendant presque 200 ans.
«Le peuple fut entièrement converti au Seigneur, sur toute la surface du pays, tant les
Néphites que les Lamanites, et il ny avait pas de querelles ni de controverses
parmi eux, et tous les hommes pratiquaient la justice les uns envers les autres. Et ils
avaient tout en commun; cest pourquoi il ny avait ni riches ni pauvres, ni
esclaves ni hommes libres, mais ils étaient tous affranchis et participants du don
céleste» (4 Né. 1:2-3).
Le 2 janvier 1831, le Seigneur révéla au prophète Joseph Smith à Fayette, New York,
quautrefois il avait pris à lui la Sion dHénoc et lui commanda ensuite
daller en Ohio recevoir la loi (D&A 38:4, 32; cf. Moï. 7:21). Quand Joseph
Smith arriva à Kirtland en février, il trouva les saints organisés en une société
communale appelée «la Famille». Il les persuada dabandonner cette pratique pour
«la loi plus parfaite du Seigneur». Le 9 février, tandis quil se trouvait en la
présence de douze anciens, il reçut la révélation qui contenait «la loi de
lÉglise» (HC 1:146-148; D&A 42). Cette révélation introduisait les lois du
gouvernement de lÉglise et de la conduite morale pour les membres et énonçait les
principes de base de la consécration (D&A 42:32-39).
Les principes clefs donnés dans les révélations sont conformes à ceux qui sont requis
pour la vie céleste: tout appartient à Dieu et son peuple en est lintendant
(D&A 38:17; 104:11-14); les hommes doivent estimer les autres comme eux-mêmes
(D&A 38:24-27; 51:3, 9; 70:14; 78:6; 82:17); lhumanité doit conserver le libre
arbitre (D&A 104:17); les hommes et les femmes sont rendus égaux selon leurs besoins
et la situation de leur famille (D&A 51:3) et il doit y avoir responsabilité (D&A
72:3; 104:13-18). Bien que la mise en application de la loi de consécration des biens
révélée au début des années 1830 ait été temporairement suspendue (cf. HC 4:93),
les principes eux-mêmes nont pas été abandonnés.
LES ALLIANCES DE LA CONSÉCRATION AUJOURDHUI. Le Seigneur a révélé plusieurs buts
de la loi de consécration: amener lÉglise à être indépendante de toutes les
autres institutions (D&A 78:14); fortifier Sion, lornant de beaux vêtements,
comme une jeune mariée préparée et digne de lépoux (D&A 33:17; 58:11; 65:3;
82:14, 18; etc.); et préparer les saints pour quils aient une place dans le royaume
céleste (D&A 78:7).
Commentant sur ce sujet, John Taylor a dit que la consécration est une loi céleste et
que lorsquils la respectent, ceux qui y adhèrent deviennent le peuple céleste (JD
17:177-181). Ainsi, les hommes et les femmes daujourdhui peuvent devenir comme
ceux du temps dHénoc, «dun seul cur et dun seul esprit» sans
pauvres parmi eux» (Moï. 7:18). Orson Pratt, lun des premiers apôtres, a observé
que si le peuple du Seigneur aspire au royaume céleste, il doit commencer à apprendre
lordre de vie qui y existe (JD 2:102-103).
APPLICATION DE LA LOI DE CONSÉCRATION. La loi de consécration exige que lon
consacre tout son temps, tous ses talents et tous ses biens à lÉglise et à ses
objectifs (D&A 82:19; 64:34; 88:67-68; 98:12-14). John A. Widtsoe, un apôtre, a fait
remarquer que son fonctionnement était tout simple. Ceux qui entraient dans un tel ordre
devaient mettre tous leurs biens dans un trésor commun, les riches leur richesse, les
pauvres leurs maigres revenus. Ensuite, chaque membre devait recevoir une part suffisante,
appelée «héritage», du trésor commun pour permettre à cette personne de continuer
dans lartisanat, les affaires ou la profession libérale comme elle le désirait. Le
fermier recevait la terre et léquipement; lartisan, les outils et les
matériaux; le négociant, le capital nécessaire; la personne exerçant une profession
libérale, les instruments, les livres et autres. Les membres travaillant pour
dautres devaient recevoir des intérêts proportionnels dans les entreprises
quils servaient. Personne ne serait sans propriété. Tous auraient un héritage
(Widtsoe, pp. 302-303).
Lhéritage dune personne devait se composer de biens personnels quelle
devait gérer de manière permanente et à son gré à son profit et à celui de la
famille. Si la personne se retirait de lordre, elle pourrait emporter son héritage,
mais elle naurait aucun droit sur les donations ou les biens excédentaires
déposés au commencement dans le trésor commun (D&A 51:3-6). Au bout dun an ou
dune période déterminée, le membre qui avait gagné plus que nécessaire pour sa
famille devait confier volontairement lexcédent au trésor commun. Les bénéfices
substantiels devaient être administrés par le groupe plutôt que par une seule personne.
Les hommes et les femmes qui, en dépit de leur diligence, avaient des pertes de
fonctionnement se verraient compenser leurs pertes par le trésor général pour pouvoir
recommencer ou pourraient avec leur accord être placés dans une activité
convenant mieux à leurs dons. En bref, le trésor général devait installer chaque
personne dans son domaine préféré et soccuper de ceux qui narrivaient pas
à tirer profit de leur héritage. Le trésor général, détenant les excédents des
membres, devait également financer les travaux publics et permettre toutes les
entreprises de la communauté décidées par le groupe (D&A 104:60-77).
J. Reuben Clark, Jr., conseiller dans la Première Présidence, a expliqué que la loi de
consécration, telle quelle fut pratiquée, nétait pas une vie entièrement
communale. Il ny avait pas de table commune. Chaque famille vivait de son côté.
Les biens qui nétaient pas rendus au donateur par le consentement mutuel du
donateur et de lévêque devenaient propriété de lÉglise et étaient mis
dans le magasin de lévêque. Chaque membre de lÉglise avait un accès égal
au contenu du magasin selon les besoins et la situation personnels et les besoins de la
famille (Clark, p. 3).
EFFORTS POUR VIVRE LA LOI DE CONSÉCRATION. Un premier effort pour vivre la loi de
consécration fut tenté en mai 1831 à Thompson (Ohio) par les membres de la branche de
Colesville venue de New York et installée là. Il y eut des complications quand un des
participants reprit son terrain et que certains des membres partirent pour le Missouri
pour aider à la création du lieu central de Sion avant que la pratique ne puisse
senraciner (Stewart, p. 125). Les efforts persistants pour apporter les
améliorations nécessaires à lapplication de la loi en Ohio finirent par échouer.
On fit en même temps une tentative semblable pour instaurer la loi de consécration et
dintendance au Missouri, mais lintolérance et les querelles entre certains
des saints ainsi que labsence de surplus à consacrer la firent échouer (voir
Consécration en Ohio et au Missouri ci-dessous).
Après ces échecs du début, le Seigneur adapta les exigences de la loi de consécration
aux capacités des saints et révéla la loi de la dîme comme pratique à suivre (HC
3:44; D&A 119). Bien quelle nexige pas de tout donner au Seigneur, la
dîme enseigne les éléments fondamentaux sur lesquels repose le caractère dun
peuple de Sion: maîtrise de soi, générosité, amour de ses semblables, amour pour Dieu
et désir détablir le royaume de Dieu. En donnant la dîme pendant plus dun
siècle, les saints prouvèrent leur capacité de vivre ce commandement et cela les
prépara à accepter aussi le programme dentraide présenté en 1936 par Heber J.
Grant, président de lÉglise (CR, oct. 1936, p. 3). Cinq ans après, J. Reuben
Clark, Jr., observa que les pratiques de la dîme, des dons de jeûne et de
lentraide de lÉglise avaient rapproché davantage les membres des principes
originaux de lordre uni et de la loi de consécration (CR, oct. 1942, p. 57).
Pour ce qui concerne le futur, Sion ne peut être rachetée que par lobéissance à
la loi de consécration. Le moment venu, les dirigeants du Seigneur mettront en
application le programme. On ignore quel procédé sera révélé, mais les saints des
derniers jours prévoient que tous les participants finiront par adopter les principes de
lintendance, de légalité, du libre arbitre et de la responsabilité et que
les buts recherchés dès le départ seront atteints (D&A 78:7, 14; 82:14).
Bibliographie
Clark, J. Reuben, Jr. "Testimony of Divine Origin of Welfare Plan." Deseret
News, Church Section, 8 août 1951, p. 3.
Cook, Lyndon W. Joseph Smith and the Law of Consecration. Provo, Utah, 1985.
Nelson, William O. "To Prepare a People." Ensign 9, janv. 1979, pp. 18-23.
Stewart, George, et al. Priesthood and Church Welfare. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1943.
FRANK W. HIRSCHI
Consécration:
Consécration en Ohio et au Missouri
Auteur: ANDERSON, KARL RICKS
Les
principes de la consécration furent mis en application sous diverses formes dans les
années 1830 en Ohio et au Missouri pour pourvoir aux besoins des pauvres et dune
Église financièrement en difficulté (voir Kirtland, Ohio; Kirtland, économie).
Beaucoup parmi les saints des derniers jours émigrant en Ohio et au Missouri
navaient pas les moyens de sentretenir et lÉglise avait peu de
ressources pour construire des bâtiments tels que le temple ou pour financer des
publications. Les diverses mises en application de la loi de consécration permirent de
répondre à ces besoins pratiques ainsi que denseigner aux participants à vivre
une loi céleste.
La loi de consécration ne fut jamais pratiquée complètement en Ohio, mais fut mise en
application sous plusieurs formes entre 1831 et 1839 au Missouri. Sous sa forme de 1831,
la loi de consécration exigeait de tous les participants ou «intendants» quils
consacrent ou transfèrent leurs possessions au magasin de lÉglise. Lévêque
rendait alors à chaque personne ou famille une «intendance» en terres, en argent et en
autres biens selon ses justes besoins. Les bénéfices excédentaires produits par ces
intendances étaient versés au magasin pour aider les pauvres et pour servir à
dautres fins générales. Pour administrer le système, des évêques et des
magasins distincts furent installés dans les deux centres de lÉglise : Kirtland et
Missouri.
En 1833, la pratique de la consécration fut modifiée pour intégrer la possession
privée des intendances et en 1838, le principe de la dîme introduisit un autre
changement. La loi de la dîme exigeait des saints quils donnent «tout le surplus
de leurs biens» à lévêque et, par la suite, «annuellement un dixième de tous
leurs revenus» (D&A 119:1, 4).
La mise en application de la consécration fut difficile pour les premiers saints des
derniers jours et ne se produisit que par intermittence. Les saints appauvris du Missouri
furent chassés et persécutés par les émeutiers et perdirent à plusieurs reprises
leurs biens, leurs terres et leur récoltes. Les biens de lÉglise furent souvent
pris ou détruits (voir Conflit au Missouri). Dans de telles circonstances, la plupart des
membres avaient besoin de plus pour leur intendance que ce quils pouvaient
contribuer au fonds commun des ressources. Dautres étaient réticents à donner
leur excédent et certains qui avaient quitté lÉglise eurent recours à des moyens
juridiques pour récupérer les biens consacrés. Face à de tels obstacles, les efforts
sincères de certains saints fidèles pour mettre la loi en application sont dautant
plus remarquables.
La Firme Unie, plus généralement connue sous le nom dOrdre Uni, une entreprise
basée sur les principes de la consécration, fut une deuxième application, plus
limitée, de la consécration, qui fonctionna à Kirtland, avec une branche au Missouri,
de mars 1832 à avril 1834. Une douzaine dhommes consacrèrent leurs possessions et
reçurent des intendances dans cette entreprise. Les excédents devaient aller au magasin
pour imprimer les révélations et pour répondre aux autres besoins de lÉglise. La
firme fut dissoute quand les remboursements de prêts ne purent être effectués.
La Firme Littéraire, une troisième application des principes de la consécration, dura
plus longtemps que les deux autres. Créée en novembre 1831 pour imprimer les
révélations et dautres publications pour lÉglise, elle fonctionna sous
plusieurs formes jusquen août 1837. Après les émeutes de 1833 au Missouri, les
travaux dimpression furent transférés dIndependence à Kirtland. Il y eut
jusquà huit hommes qui furent désignés comme intendants des révélations et qui
consacrèrent leurs efforts à réaliser la publication. Bien que constamment assaillie
par des problèmes, la société publia les Doctrine et Alliances (1ère éd.), le Livre
de Mormon (2ème éd.) et dautres livres et périodiques de lÉglise.
Bibliographie
Arrington, Leonard J., Feramorz Y. Fox, et Dean L. May. Building the City of God:
Community and Cooperation Among the Mormons. Salt Lake City, 1976.
Cook, Lyndon W. Joseph Smith and the Law of Consecration. Salt Lake City, 1985.
KARL RICKS ANDERSON
Conseil dans les cieux
Auteur: LUND, JOHN L.
Lexpression Conseil dans les cieux ou Grand Conseil dans les cieux désigne une
réunion de Dieu le Père avec ses fils et ses filles desprit pour discuter des
modalités et des conditions selon lesquelles ces esprits pourraient venir sur la terre en
tant quêtres physiques. Elle napparaît pas dans les Écritures, mais est
utilisée par le prophète Joseph Smith à propos de ces activités prémortelles
auxquelles il est fait allusion dans plusieurs Écritures (Job 38:4-7; Jé. 1:5; Ap.
12:3-7; Al. 13:3-9; D&A 29:36-38; 76:25-29; Moï. 4:1-4; Abr. 3:23-28; cf. EPJS, pp.
281, 289, 296; T&S 4, 1er févr. 1843, p. 82).
Lun des buts du conseil dans les cieux était de donner aux esprits loccasion
daccepter ou de rejeter le plan de salut du Père, qui proposait la création
dune terre où ses enfants desprit pourraient demeurer, chacun dans un corps
physique. Cette vie servirait de mise à lépreuve «pour voir sils [feraient]
tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commander[ait]» (Abr. 3:25). Les esprits de
toute lhumanité étaient libres daccepter ou de rejeter le plan du Père mais
ils étaient également responsables de leur choix. La Création, la Chute, la condition
mortelle, lExpiation, la Résurrection et le jugement final furent envisagés et
expliqués au Conseil (EPJS, p. 177, 281-282; MD, pp. 163-164; voir aussi Premier état).
Le plan prévoyait les erreurs dues au manque dexpérience et au péché et
prévoyait des remèdes. Beaucoup desprits furent préordonnés à des rôles et à
des missions spécifiques pendant leur expérience terrestre, en fonction de leur bonne
volonté et de leur fidélité dans la sphère prémortelle et leur promesse de rester
fidèles sur la terre. Le prophète Joseph Smith explique: «Quiconque est appelé à
exercer un ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but même dans
le grand conseil des cieux avant que le monde fût. Je suppose que cest dans ce
Grand Conseil que jai été ordonné à cet office même» (EPJS, p. 296; cf. 1 Pi.
1:20; Jé. 1:5; Abr. 3:22-23).
Bien quon le présente comme un conseil unique, il a pu y avoir des réunions
multiples où lon a enseigné lÉvangile et où des désignations ont été
faites. Jésus et les prophètes ont été préordonnés lors de ce conseil. Un
rédempteur devait accomplir la double mission de racheter lhumanité de la mort
physique et de la mort spirituelle causées par la chute dAdam et dassurer la
rédemption, après repentir, pour les péchés commis par les personnes. À un certain
moment du conseil, le Père demanda: «Qui enverrai-je [comme Rédempteur]?»
Jésus-Christ, alors connu comme étant le grand JE SUIS et comme Jéhovah, répondit:
«Me voici, envoie-moi» et accepta de suivre le plan du Père (Moï. 4:1-4; Abr. 3:27).
Sinscrivant en faux contre ce plan, Lucifer se proposa moyennant un amendement au
plan de salut conçu par le Père, amendement qui ne respecterait pas le libre arbitre de
lhumanité. La proposition visait également à élever Lucifer au-dessus du trône
de Dieu. La réponse du Père fut: «Jenverrai le premier» (voulant dire Jéhovah).
Lucifer se rebella et devint Satan ou «le diable». Une division se produisit parmi les
esprits et aucun deux ne resta neutre (DS 1:69). Il y eut guerre dans les cieux (Ap.
12:7-8) et le tiers des armées qui suivirent Lucifer fut chassé (Ap. 12:4; D&A
29:36). Ces esprits rebelles furent précipités avec Lucifer sur la terre sans corps
physique (Ap. 12:9; cf. És. 14:12-17). Le prophète Joseph Smith explique: «Le conflit
dans les cieux provient de ce que Jésus dit quil y aurait certaines âmes qui ne
seraient pas sauvées et le diable dit quil pouvait les sauver toutes et exposa ses
plans au grand conseil, lequel donna son vote en faveur de Jésus-Christ. Le diable se
souleva donc contre Dieu, se révoltant contre lui, et il fut précipité avec tous ceux
qui prirent son parti» (EPJS, p. 290). Notre Père céleste et les esprits fidèles dans
les cieux pleurèrent sur eux (D&A 76:25-29). Satan et ses disciples sont toujours en
guerre contre ces esprits qui sont venus au monde dans la condition mortelle (Ap. 12:9;
cf. «Guerre dans les cieux» p. 788).
Bibliographie
Bible Dictionary. "War in Heaven." Dans LDS Edition of the King James Version of
the Bible, p. 788. Salt Lake City, 1977.
McConkie, Joseph F. "Premortal Existence, Foreordinations and Heavenly
Councils". Dans Apocryphal Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W.
Griggs, pp. 173-198. Provo, Utah, 1986.
JOHN L. LUND
Consentement commun
Auteur: QUINN, ROBERT E.
Le consentement commun est un principe fondamental de la prise de décision à tous les
niveaux de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Quand ils
choisissent de nouveaux dirigeants et prennent des décisions administratives, les
dirigeants de lÉglise sont tenus de chercher la volonté de Dieu. Une fois que le
Seigneur a fait connaître sa volonté et quune décision est prise, laffaire
est portée devant le collège ou le groupe concerné de membres de lÉglise, lequel
est invité à soutenir la mesure ou à sy opposer. Grâce à ce processus,
lÉglise peut être dirigée par révélation, tout en protégeant le libre arbitre
des membres de sassurer personnellement si les décisions ont été correctes et
prises selon la volonté de Dieu.
Le principe du consentement commun fonctionne dans lÉglise depuis son commencement,
bien que les pratiques proprement dites dans lesquelles ce principe fonctionne aient
évolué sensiblement. La révélation sur le gouvernement de lÉglise, reçue quand
elle a été organisée en avril 1830, dit: «Nul ne doit être ordonné à un office dans
lÉglise, lorsquil y a une branche dûment organisée de celle-ci, sans le
vote de cette église» (D&A 20:65). Cette règle fut soulignée à nouveau trois mois
plus tard: «tout se fera par le consentement commun dans lÉglise» (D&A 26:2).
Les pratiques des saints peuvent avoir été influencées au cours de ces toutes
premières années par le modèle de gouvernement théocratique du Livre de Mormon qui
gérait ses «affaires par la voix du peuple» (Mosiah 29:25-26), et par lexemple
biblique (par exemple, Ex. 24:3; No. 27:19).
Il ressort des comptes rendus de certaines réunions et conférences des débuts de
lÉglise que beaucoup de dirigeants de lÉglise provenant de la
Nouvelle-Angleterre considéraient que les membres devaient être directement impliqués
lors des réunions de prise de décision, notamment en faisant des propositions sur les
questions de politique à suivre, conformément au procédé parlementaire courant dans
les réunions publiques, et en votant quand il sagissait de prendre les décisions
finales. Il arrivait que des membres exercent à titre personnel la prérogative de
convoquer une réunion et, une fois quelle était en cours, nimporte qui avait
le droit de sadresser au groupe. La direction de leurs réunions suivait le modèle
congrégationaliste quils connaissaient bien. Cependant, les premiers saints des
derniers jours ne tardèrent pas à se rendre compte que le fait davoir un prophète
à leur tête était une réalité dont il fallait tenir compte dans la prise de
décision, et quils ne pourraient pas suivre le modèle congrégationaliste
traditionnel sans nier lautorité et les révélations que Dieu avait accordées à
Joseph Smith, celles-ci étant les éléments essentiels du rétablissement qui les
avaient réunis dans lÉglise.
Un incident qui se produisit en septembre 1830, lors duquel Hiram Page prétendit avoir
reçu des révélations pour la direction de lÉglise, mit la question à
lordre du jour. La prétention de Page à être un deuxième révélateur, qui sema
le trouble chez Oliver Cowdery et dautres membres de lÉglise, fut
loccasion dune révélation donnée à Joseph Smith clarifiant le rôle
distinctif de Joseph en tant que prophète. Cette révélation disait aussi que «tout
doit se faire avec ordre et par consentement commun dans l'Église» (D&A 28:13).
Lautorité de Joseph Smith et de ses successeurs dans la fonction de président de
lÉglise continua à être éclaircie les années suivantes par dautres
révélations (D&A 107:65-67, 91-92) et le principe quil fallait obtenir le vote
de soutien des membres de lÉglise fut également réaffirmé à plusieurs reprises
(D&A 38:34; 42:11; 102:9; 124:144). Lorsque les conseils de prêtrise et les collèges
de prêtrise furent introduits dans lorganisation de lÉglise, ce furent
surtout eux qui se virent confier la responsabilité de lexamen général des
questions de politique intérieure et de la prise de décision lors des sessions de
conseil et ce fut moins un point de lordre du jour des conférences, qui, de leur
côté, se concentrèrent plus sur la prédication de lÉvangile.
Aujourdhui lÉglise continue à fonctionner par révélation divine et
consentement commun. Les appels à des postes dans lÉglise à tous les niveaux de
lorganisation et lordination à la prêtrise se font par linspiration
des dirigeants autorisés et sont ensuite portés devant lassemblée concernée pour
avoir son soutien ou son opposition. Les membres ne proposent pas des personnes à un
office, mais sont invités à émettre leur vote de soutien aux décisions des conseils de
présidence en levant la main droite et nimporte qui peut émettre un vote
dopposition de la même manière. Ce procédé est également suivi quand il
sagit daccepter des révélations importantes et des ajouts aux Écritures.
Selon une pratique beaucoup moins visible mais tout aussi importante, les décideurs à
tous les niveaux présentent les décisions de politique et les appels aux conseils de la
prêtrise pour que ceux-ci donnent leurs commentaires et leur approbation. Au niveau
local, lévêque discute dhabitude des décisions avec ses conseillers dans
lépiscopat avant de présenter un sujet au vote de soutien des membres de la
paroisse. Sur beaucoup de décisions de politique et de programmes, lépiscopat
consulte le conseil de paroisse et sefforce dobtenir le consensus dans ce
groupe avant dagir. De la même manière, le président de pieu consulte ses
conseillers dans la présidence de pieu et puis le grand conseil. La Première Présidence
procède de la même façon lors des réunions régulières avec le Collège des douze
apôtres pour ce qui est de la politique générale de lÉglise et des mesures à
prendre.
Lunanimité est lidéal pour tous ces processus de décision à cause de
limportance de lunité dans lÉglise: «Si vous n'êtes pas un, vous
n'êtes pas de moi» (D&A 38:27). Les trois collèges qui président lensemble
de lÉglise ont une autorité égale dans leur sphère propre (D&A 107:22-26),
mais leurs décisions nont «le même pouvoir ou la même validité» quune
fois prises «à lunanimité des voix» du collège (D&A 107:27). Il faut ce qui
semble être de longues périodes pour que des décisions importantes prennent forme parce
que les collèges tiennent beaucoup à réaliser lunanimité.
À cause de laccent mis sur la direction divine et prophétique et à cause de
normes et de valeurs bien établies dans les processus de prise de décision, les
contestations publiques concernant une proposition dappel ou de politique sont
rares. Il y a, cependant, des mécanismes qui permettent de tenir compte des divergences
dopinion. Normalement, si un ou plusieurs membres trouvent à redire à la mesure
proposée, ils sont invités à rencontrer lofficier président en privé pour lui
faire part de la raison de la question ou de lobjection. Après avoir examiné les
objections, les officiers présidents sont libres de prendre la décision quils
pensent être juste.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et Lyndon W. Cook, dir. de publ. Far West Record : Minutes of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1844. Salt Lake City, 1983.
Quinn, D. Michael. « The Evolution of the Presiding Quorums of the LDS Church ». Journal
of Mormon History 1, 1974, pp. 21-38.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, pp. 269-275. Salt Lake City, 1960.
Zuckerman, Michael. Peaceable Kingdoms. New York, 1970.
ROBERT E. QUINN
Contributions financières
Auteur: NADAULD, STEPHEN D.
Les
membres de lÉglise peuvent apporter leurs contributions financières de plusieurs
manières, notamment par le paiement de la dîme, loffrande de dons de jeûne et des
contributions à luvre missionnaire. Chaque type de contribution vise un but
spécifique et est basé sur les exhortations des Écritures anciennes et modernes (Mal.
3:8; D&A 119:4; cf. 2 Ch. 3:5-12; Ro. 15:26).
Le paiement de la dîme est attendu de chaque membre quels que soient son âge, le niveau
de ses revenus ou sa situation. Les saints des derniers jours fidèles donnent
annuellement un dixième de leurs revenus à lÉglise. Les membres considèrent ces
fonds de dîme comme de largent sacré et les dirigeants gèrent soigneusement leur
utilisation à chaque niveau dorganisation de lÉglise. La dîme est utilisée
pour payer la plupart des dépenses de fonctionnement de lÉglise et finance
maintenant aussi la construction de bâtiments, notamment déglises et de temples.
Le don de jeûne est un deuxième type de contribution financière attendu de tous les
membres de lÉglise. Une fois par mois, ceux-ci doivent se priver de nourriture pour
au moins deux repas et contribuer léquivalent de largent ainsi épargné
comme « don de jeûne » pour aider les pauvres et les nécessiteux. Ces contributions
sont réparties aux niveaux local et général de lÉglise; elles sont partagées
selon les nécessités dans toute lÉglise et sont à la disposition des évêques
locaux pour aider les personnes nécessiteuses de leurs paroisses. Dans des circonstances
extraordinaires, comme dans le cas de la famine de 1985 en Éthiopie, lÉglise a
demandé un jeûne spécial pour lever des fonds de secours pour un désastre précis
(voir Aide économique; Service humanitaire). Pendant de nombreuses années, la valeur des
deux repas non consommés pendant le jeûne a déterminé le montant de la contribution
mensuelle du don de jeûne. Aujourdhui, les dirigeants de lÉglise demandent
que le montant de loffrande volontaire soit associé moins à la valeur des deux
repas et plus à la capacité de répondre généreusement aux besoins.
Un troisième type de contribution fait par les membres de lÉglise soutient
luvre missionnaire, une activité importante de lÉglise qui est
financée en grande partie par les familles. Les jeunes gens et les jeunes filles peuvent
être «appelés» en mission, habituellement à dix-neuf et vingt et un ans
respectivement et sont responsables de la majeure partie de leur propre soutien financier,
notamment la nourriture, le loyer, les vêtements et le transport local. Les frais
importants de déplacement et de soins médicaux sont payés par les fonds de
lÉglise. Les parents et les dirigeants de lÉglise invitent les jeunes à
commencer à gagner et à épargner dès leur enfance de largent pour leur mission.
Les apports des parents, des membres de la famille et des amis complètent les fonds des
missionnaires pour constituer le soutien financier total nécessaire. Depuis 1991, le
soutien des missionnaires est donné directement à lÉglise à un taux uniforme,
mais est redistribué par lÉglise aux missionnaires selon les coûts variables de
la vie dans les différentes régions du service missionnaire. Les couples mariés peuvent
aussi être appelés en mission, et eux aussi sont responsables de leur soutien financier.
Les membres remettent confidentiellement la dîme et les autres dons à leur évêque
local. Chaque évêque de paroisse reçoit la dîme et la remet aux bureaux centraux de
lÉglise. Avec laide du greffier financier, lévêque remet une fiche de
dons aux donateurs et enregistre tout. Une fois par an, il passe confidentiellement en
revue le relevé des dons avec chaque membre. Les enregistrements des dons sont expédiés
au siège de lÉglise selon des pratiques uniformes. Les dirigeants de pieu font des
audits réguliers de ces enregistrements et de ces pratiques.
Lévêque, aidé par dautres dirigeants de paroisse, établit et envoie un
budget annuel de paroisse qui doit être approuvé par le président de pieu (voir Budget
de paroisse). Limportance du financement est déterminée par le nombre des membres
et lactivité de la paroisse. Lun des résultats de ce procédé est que les
dépenses locales sont déterminées par les besoins locaux et pas par les ressources des
membres dune paroisse donnée.
Jusquen 1990, les budgets de fonctionnement de paroisse dépendaient essentiellement
des dons des membres locaux faits en plus de la dîme, du don du jeûne et des
contributions au fonds missionnaire. Les activités des jeunes et des adultes, les manuels
et le matériel pédagogique, ainsi que lentretien du bâtiment étaient financés
localement. Depuis 1990, la dîme payée par les membres de lÉglise sert à
financer tous les programmes et activités locaux ainsi que lentretien des
bâtiments. Les membres prennent en charge une partie de lentretien à titre de
service bénévole.
La manière de financer la construction des bâtiments de lÉglise a également
varié considérablement avec le temps. Pendant de nombreuses années, la construction des
églises a été financée en grande partie par les contributions des membres locaux qui
allaient utiliser le bâtiment. Ces dons au fonds de construction venaient en plus de la
dîme, du don de jeûne et du fonds missionnaire payés par les membres de lÉglise.
Largent pour le fonds de construction pouvait être obtenu en demandant une
quote-part aux membres, par toutes sortes de projets de levée de fonds (banquets, fêtes,
etc.) et parfois par des dons de main-duvre et de matériaux (voir Programme
de construction). Les temples, qui sont des bâtiments réservés à des cérémonies
religieuses spéciales, ont été financés pendant de nombreuses années plus ou moins de
la même façon que les églises locales. Aujourdhui les églises et les temples
sont construits en grande partie avec les fonds de dîme.
LÉglise nayant pas de clergé professionnel, elle est administrée à tous
les niveaux par la participation et la direction de laïcs et les dirigeants autres que
les Autorités générales donnent de leur temps et de leurs talents sans rémunération.
Ainsi, des événements tels que les mariages, les enterrements et les baptêmes sont
organisés par des laïcs dans les bâtiments appartenant à lÉglise sans que les
membres naient à payer pour les services ou les locaux. Étant donné quelles
sont obligées de quitter leur métier pour uvrer à temps plein pour
lÉglise, les Autorités générales reçoivent une allocation modeste provenant des
revenus procurés par les investissements de lÉglise.
STEPHEN D. NADAULD
Conversion
Auteur : SMITH, KAY H.
Depuis le commencement jusquà nos jours, lÉglise a eu une forte orientation
missionnaire. Elle enseigne que la conversion est essentiellement un processus de repentir
et une expérience spirituelle personnelle (voir Témoignage ; Expérience religieuse ;
Devenir membre de lÉglise).
NATURE DE LA CONVERSION. Les sociologues ont avancé un certain nombre de théories pour
expliquer pourquoi les gens sont susceptibles de se convertir à une autre confession
religieuse. Pour Glenn M. Vernon, la conversion implique plusieurs sous-processus qui
doivent être expliqués, notamment (1) la façon dont le converti prend conscience du
groupe possédant lidéologie, (2) lacceptation de nouvelles définitions
religieuses et (3) lintégration du nouveau converti dans le groupe. John Lofland et
Rodney Stark voient dans la conversion un processus de résolution de problèmes dans
lequel lindividu utilise les équipements, les programmes et lidéologie de
lorganisation pour résoudre divers problèmes de la vie. Plus récemment, David A.
Snow, Louis A. Zurcher et Sheldon Ekland-Olson ont mis laccent sur le fait que la
proximité structurelle, la disponibilité et linteraction affective avec les
membres de la nouvelle confession sont les influences qui ont le plus de chances de
déterminer ceux qui vont sy rallier. Pour Roger A. Straus, la conversion religieuse
est une initiative de la personne qui se convertit. Il pense que les théories
précédentes se concentrent trop fortement sur lidée que la conversion est quelque
chose qui arrive à une personne en raison de circonstances externes à elle-même. De
même, C. David Gartrell et Zane K. Shannon avancent que la conversion doit être
caractérisée comme un choix rationnel basé sur lévaluation que la recrue fait
des résultats sociaux et cognitifs de la conversion ou du refus de conversion.
Il est certain quune sortie de crise, la proximité sociale avec des membres de
lÉglise et la résolution de problèmes personnels interviennent dans une certaine
mesure au moins dans certaines conversions. Cependant, les recherches sur les personnes
qui se sont converties à diverses églises, (Snow et Phillips ; Heirich) dont
lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (Seggar et Kunz), nont
pas apporté un grand appui à la théorie de la résolution de problèmes de Lofland et
Stark. Les recherches faites par David A. Snow et Cynthia L. Phillips et par Max Heirich
vont plutôt dans le sens de linfluence des réseaux sociaux dans la conversion.
Les théories scientifiques ne parlent cependant pas de linfluence, dans la
conversion, du Saint-Esprit qui est lélément dominant dans ce que les saints des
derniers jours entendent par conversion. Lapparition de Jésus-Christ à Paul sur le
chemin de Damas (Ac. 9:1-9) nentre dans aucune catégorie théorique profane. Paul
ne cherchait pas une nouvelle foi pour résoudre des problèmes dans sa vie. Il na
pas commencé à servir le Christ pour être accepté par ses amis. Il a persécuté les
chrétiens parce quil pensait quils avaient apostasié de la vraie foi. Homme
religieux, il a reconnu la voix de Dieu quand elle lui a parlé.
On trouve des récits de conversion semblables dans le Livre de Mormon. Par exemple,
tandis quils sen allaient enseigner que la religion de leurs pères
nétait pas vraie, Alma le Jeune et les fils du roi Mosiah 2 furent arrêtés par
lange du Seigneur qui leur demanda pourquoi ils persécutaient les croyants. Alma le
Jeune fut frappé de mutisme et tomba par terre, incapable de bouger. Tandis que son père
et dautres jeûnaient et priaient pour lui pendant deux jours et deux nuits, il
connut une souffrance atroce et finit par implorer la miséricorde de Jésus-Christ pour
quil lui ôte ses péchés. Immédiatement, la souffrance disparut et son âme fut
remplie dune joie exquise (Al. 36:6-22). Il se leva et proclama quil était
né de nouveau par lEsprit du Seigneur. Alma et les fils de Mosiah consacrèrent le
reste de leur vie à prêcher le Christ et à faire beaucoup de bonnes uvres (Mos.
27:8-31; cf. la nouvelle naissance spirituelle du peuple de Zarahemla du temps du roi
Benjamin dans Mosiah 4-5).
La plupart des conversions ne sont pas aussi spectaculaires que celles de Paul et
dAlma le Jeune et des fils de Mosiah. La conversion dAlma lAncien est
plus proche de ce que ressentent la plupart des gens qui deviennent membres de
lÉglise (Mos. 17:2-4; 18:1). Quand Abinadi les appela, lui et les autres prêtres
du méchant roi Noé, au repentir, Alma sut dans son cur quAbinadi avait dit
la vérité. Il se repentit de ses péchés et commença à garder les commandements,
quil connaissait déjà. Cela produisit un changement crucial dans sa vie.
De ces exemples et dautres récits du processus de conversion, il ressort que la
conversion «nimplique pas une simple acceptation mentale de Jésus et de son
enseignement mais également une foi motivante en lui et en son Évangile, une foi qui
accomplit une transformation, un changement réel dans la compréhension que lon a
du sens de la vie et dans sa fidélité à Dieu en intérêt, en pensée et en
conduite» (Romney, p. 1065). La conversion implique une nouveauté de vie, qui est
réalisée quand on reçoit le pardon divin qui remet les péchés (voir Né de Dieu).
Elle se caractérise par la volonté de faire continuellement le bien, labandon de
tous les péchés et la guérison de lâme par le pouvoir du Saint-Esprit, étant
rempli de paix et de joie (cf. Romney, p. 1066).
PROCESSUS DE LA CONVERSION A LÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DES SAINTS DES DERNIERS
JOURS. Les trois sous-processus proposés par Vernon correspondent tout à fait aux trois
aspects les plus évidents de la conversion à lÉglise. Le premier est «la façon
dont le converti prend conscience du groupe possédant lidéologie». Ceci
correspond à ce quon appelle dans les milieux missionnaires mormons «trouver».
Les gens entrent de différentes façons en contact avec les missionnaires. La source la
plus efficace est la référence donnée par les membres de lÉglise qui invitent
des amis ou des membres de la famille à rencontrer les missionnaires pour quils
leur parlent de lÉvangile. Une deuxième manière, cest le porte à porte par
les missionnaires pour inviter les gens à se renseigner sur lÉglise. Ils peuvent
également parler avec les gens quils rencontrent dans la rue ou dans nimporte
quelle autre forme de contact social normal. Les missionnaires installent de temps en
temps des stands aux foires ou aux expositions. LÉglise met aussi des annonces dans
les médias pour proposer de la documentation sur lÉglise. Elle gère également
plusieurs centres de visiteurs, habituellement dans le voisinage dun temple de
lÉglise ou dun site historique. Les deux les plus connus sont ceux de Temple
Square à Salt Lake City et de la cité historique de Nauvoo, en Illinois. Tous ces
centres pour visiteurs donnent aux personnes intéressées loccasion daccepter
des visites des missionnaires pour les instruire.
Le deuxième des sous-processus de Vernon, lacceptation de nouvelles définitions
religieuses, correspond à la deuxième grande activité missionnaire,
lenseignement. Les missionnaires enseignent les principes de base du plan du salut
de Dieu. Ils invitent ceux quils instruisent à en apprendre plus en étudiant la
Bible et le Livre de Mormon par eux-mêmes. Ils encouragent, informent, enseignent et
témoignent. Létude est une partie importante du processus de conversion, parce que
lintellect joue un rôle quand lami de lÉglise apprend à comprendre et
à méditer la sagesse, la logique et léthique des principes de lÉvangile.
Comme B.H. Roberts la dit un jour: «Il arrive fréquemment que la présentation
dun sujet, faite convenablement, rende sa véracité évidente
Pour être
connue, la vérité doit être énoncée et plus lénoncé est clair et complet,
meilleure sera loccasion pour le Saint-Esprit de témoigner à lâme de
lhomme que luvre est vraie» (Vol. 2, pp. vi-vii).
Les convertis éventuels sont invités à demander par la prière le témoignage spirituel
du Saint-Esprit pour leur faire connaître la vérité. Comme Roberts la dit
concernant le Livre de Mormon: «[Le Saint-Esprit] doit toujours être la source
principale de preuve de la véracité du Livre de Mormon. Toute autre preuve est
secondaire à celle-ci, la principale et linfaillible. Aucune logique, aussi
habilement quelle soit construite, aucun argument, aussi adroitement quil soit
conçu, ne pourront jamais prendre sa place» (pp. vi-vii). Une citation du Livre de
Mormon est généralement utilisée pour inviter le converti éventuel à rechercher cette
manifestation spirituelle de lexactitude du Livre de Mormon et du message de
lÉvangile : «Et lorsque vous recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à
Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies; et si vous
demandez d'un cur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous
en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit.» (Mro. 10:4).
La plupart des convertis à lÉglise ne semblent pas avoir des caractéristiques
personnelles qui les prédisposent à la conversion. Bien que ceux qui commencent à
examiner lÉglise aient tendance à être plus jeunes que la moyenne de la
population et à être un peu plus souvent des femmes, ces facteurs ne prédisent pas qui
acceptera finalement le baptême. Ceux qui recherchent le baptême nont pas tendance
à avoir plus de problèmes personnels que ceux qui nen veulent pas, et ils ne
diffèrent pas non plus de manière importante des autres personnes dans les traits de
caractère ou les dispositions personnelles.
La conversion à lÉglise nest habituellement pas précipitée. Le processus
commence par les premiers signes dintérêt et peut continuer pendant de nombreuses
années, même après le baptême. Ce nest pas simplement une question
dacceptation et de foi aux enseignements de lÉglise. Beaucoup qui acceptent
le baptême disent quils ne comprennent pas entièrement les enseignements, mais
quils en sont venus à sentir quaccepter le baptême est la bonne chose à
faire. La plupart dentre eux parviennent à une compréhension et à une acceptation
plus complètes de la doctrine de lÉglise quand ils sintègrent en devenant
membres. Ce genre dintégration est le troisième processus mentionné par Vernon
(voir Intégration des membres).
Devenir membre de lÉglise a de plus grandes implications que le simple fait
dadopter un nouvel ensemble de croyances religieuses. Pour beaucoup de nouveaux
membres, cela signifie adopter un nouveau mode de vie tout à fait différent de celui
auquel ils étaient accoutumés. Pour presque tous les nouveaux membres, cela signifie
également quils sintègrent à un nouveau réseau social damis et de
connaissances. Dans certains cas, le nouveau membre de lÉglise est rejeté et banni
par la famille et les anciens amis. Cette transition sociale est facilitée si le nouveau
converti sest précédemment fait des amis et des connaissances parmi des membres de
lÉglise.
UVRE MISSIONNAIRE DANS LÉGLISE. Ceux qui ont été convertis veulent
habituellement parler de leur nouvelle foi à dautres (cf. Perry, pp. 16-18). Paul,
Alma lAncien et Alma le Jeune ont enseigné passionnément la véracité de la
mission salvatrice du Christ tout le reste de leur vie après leur conversion. Pour le
converti qui aime les gens, il y a un équilibre à trouver entre avoir une tolérance
véritable pour les croyances des autres et remplir le désir et lobligation de leur
faire part de la joie de la conversion. Les grandes religions juives et chrétiennes sont
passées par des phases où lesprit de prosélytisme était dominant et
dautres périodes où le désir de convertir était restreint (Marty et Greenspahn).
LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a fait un prosélytisme
actif dès ses débuts. Ses dirigeants et ses membres ont accepté la tâche de proclamer
lÉvangile rétabli «à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout
peuple» (Ap. 14:6; D&A 133:37), à tous ceux qui écoutent. Peu après
lorganisation officielle de lÉglise, Samuel Smith, un frère de Joseph Smith,
est allé dun endroit à lautre, offrant le Livre de Mormon à ceux qui
voulaient bien le recevoir. Les missionnaires nont pas tardé à amener des
convertis des États-Unis, du Canada, dAngleterre, de Scandinavie et dEurope
de lOuest.
Quand le gros des membres se fut installé dans lIntermountain West,
luvre missionnaire continua. La responsabilité missionnaire fut de plus en
plus donnée aux jeunes hommes qui ne sétaient pas encore mariés. Leurs convertis
continuèrent à émigrer vers lOuest américain jusque bien après le début du
vingtième siècle, malgré le fait quà partir du changement de siècle, les
dirigeants de lÉglise eussent commencé à encourager les convertis à rester là
où ils étaient et à édifier lÉglise dans leur patrie.
Le taux de croissance de lÉglise depuis 1860 na jamais été inférieur à
trente pour cent par décennie. Depuis 1950, la croissance de lÉglise a accéléré
(voir Statistiques démographiques), progressant à plus de cinquante pour cent par
décennie de 1950 à 1980 (Cowan).
Ces dernières années, lÉglise est devenue de moins en moins une église confinée
à lOuest des États-Unis. En 1960 encore, plus de la moitié des membres de
lÉglise se trouvaient dans lIntermountain West, avec seulement dix pour cent
en dehors des États-Unis. En 1980, presque un tiers des membres de lÉglise
vivaient en dehors des États-Unis, avec seulement quelque quarante pour cent dans
lIntermountain West. En 1989, moins dun converti sur quatre était un citoyen
américain.
La croissance de loin la plus forte du nombre de convertis en dehors des États-Unis
sest produite en Amérique latine, en particulier au Mexique, au Brésil, au Chili,
au Pérou et en Argentine (voir Amérique du Sud, lÉglise en). Il y a également eu
une augmentation considérable du nombre de baptêmes en Asie et dans les Philippines. En
1979, il y avait trois missions aux Philippines; elles sont passées à douze en 1990 et
le nombre annuel des baptêmes de convertis a triplé au cours de cette même période
(voir Asie, lÉglise en : Est de lAsie). De nouvelles missions ont été
ouvertes en Europe de lEst en 1989 et en 1990. En 1990, lÉglise avait plus de
40.000 missionnaires à plein temps dans 257 missions dans le monde.
Les saints des derniers jours croient, comme la dit le président Marion G. Romney :
il se peut que «relativement peu parmi les milliards dhabitants de la terre soient
convertis. Néanmoins
il ny a aucun autre moyen par lequel les âmes des
hommes malades du péché puissent être guéries ou pour quun monde perturbé
trouve la paix» (p. 1067).
Bibliographie
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KAY H. SMITH
Cowdery, Oliver
Auteur: ANDERSON, RICHARD LLOYD
Oliver Cowdery (1806-1850) était, en 1830, le second en autorité par rapport à Joseph
Smith (D&A 21:10-12) et fut le deuxième témoin de beaucoup dévénements clefs
du rétablissement de lÉvangile. En tant que lun des trois témoins du Livre
de Mormon, il témoigna quun ange avait montré les plaques dor et que la voix
de Dieu avait proclamé quelles étaient traduites correctement. Il était avec
Joseph Smith quand Jean-Baptiste leur rendit la Prêtrise dAaron et quand Pierre,
Jacques et Jean les ordonnèrent à la Prêtrise de Melchisédek et à lapostolat et
de nouveau lors des visions importantes dans le temple de Kirtland (D&A 110).
Il provenait dune famille de la Nouvelle-Angleterre avec de fortes traditions de
patriotisme, dindividualité, dinstruction et de religion. Il naquit le 3
octobre 1806 à Wells, dans le Vermont. Cest sa sur cadette qui nous donne les
seuls renseignements fiables sur sa jeunesse: «Oliver a grandi à Poultney, comté de
Rutland, Vermont, et quand il est arrivé à lâge de vingt ans, il est parti pour
létat de New York où ses frères aînés étaient mariés et installés
Il a
été employé de magasin jusquen 1829, quand il a enseigné à lécole de
district de la localité de Manchester» (Lucy Cowdery Young à Andrew Jenson, 7 mars
1887, Archives de lÉglise).
Pendant quil était en pension chez les parents de Joseph Smith, il apprit leurs
convictions au sujet des annales antiques que leur fils traduisait de nouveau après que
Martin Harris eut perdu le manuscrit en 1828. Le jeune instituteur pria et reçut les
réponses que Joseph Smith mentionne dans une révélation (D&A 6:14-24). La première
histoire du prophète dit que «le Seigneur apparut
à Oliver Cowdery et lui montra
les plaques en vision et
ce que le Seigneur était sur le point de faire par moi,
son indigne serviteur. Par conséquent il était désireux de venir écrire pour que je
traduise» (PJS 1:10).
À partir du 7 avril jusquà la fin de juin 1829, quand ils finirent la traduction,
Joseph dicta tandis quOliver écrivait, avec «la plus grande gratitude» pour ce
privilège (Messenger and Advocate 1:14). Oliver écrivit alors une lettre, exprimant un
amour profond pour le Christ, un thème qui le suivit toute sa vie. Il raconta plus tard
comment Joseph et lui interrompirent leur travail tandis quils traduisaient le
compte rendu du ministère du Sauveur en Amérique après sa résurrection, et comment,
pendant quils priaient à propos du baptême, ils entendirent «la voix du
Rédempteur» et furent visités par Jean-Baptiste, qui leur donna lautorité de
baptiser (JSH 1:71, note).
En 1835, Oliver aida Joseph Smith à corriger et à éditer les révélations pour les
Doctrine et Alliances. La section 27 énumère les principaux messagers de prêtrise du
Rétablissement: Jean-Baptiste, que «je vous ai envoyé, mes serviteurs Joseph Smith,
fils, et Oliver Cowdery, pour vous ordonner à la première prêtrise que vous avez
reçue» (D&A 27:8) et «Pierre, Jacques et Jean, que je vous ai envoyés, par
lesquels je vous ai ordonnés et confirmés pour que vous soyez apôtres et témoins
spéciaux de mon nom, et pour que vous portiez les clefs de votre ministère» (D&A
27:12).
La moindre prêtrise fut rétablie le 15 mai 1829, deux semaines avant que le prophète et
Cowdery naillent sinstaller chez les Whitmer à New York pour terminer la
traduction du Livre de Mormon (HC 1:39-41, 48-49). La prêtrise supérieure fut également
donnée avant ce déménagement; David Whitmer se rappelait avoir été ordonné ancien
quelques semaines seulement après leur arrivée dans sa ferme dans le nord de
létat (Whitmer, p. 32). Les apôtres antiques apparurent avec des clefs de la
prêtrise pendant que Joseph et Oliver étaient en route entre leur maison de Pennsylvanie
et Colesville, New York (D&A 128:20), où Joseph Knight, père, vivait. Knight se
rappelait quils avaient besoin quon les aide à vivre pendant quils
traduisaient en avril ou en mai (Jessee, p. 36).
Après linstallation à la ferme de Whitmer, lange montra les plaques à
Joseph Smith et aux trois témoins en juin 1829. Oliver supervisa limpression du
Livre de Mormon cet automne et cet hiver-là. Après la publication du livre, le 26 mars,
lÉglise fut organisée le 6 avril 1830. Oliver parla à la réunion le dimanche
suivant, et ce fut «le premier discours public prononcé par lun de nous» (HC
1:81).
Peu ont fait mieux que Cowdery dans la logique de largumentation et le style
soutenu. De plus, ses discours et ses écrits portent la marque de la connaissance
personnelle. Remplissant dune manière générale les fonctions de rédacteur ou de
rédacteur adjoint lors des premières publications de lÉglise, Oliver écrivit
avec une régularité peu commune pendant deux décennies au cours desquelles ses écrits
et ses lettres personnelles furent édités. Il insistait sur le fait quune relation
avec Dieu exigeait le contact constant: «Toutes les fois que [Dieu] a eu un peuple sur
terre, il sest toujours révélé à lui par le Saint-Esprit, le ministère
danges ou sa propre voix» (Messenger and Advocate 1:2). Oliver Cowdery dirigea la
mission auprès des Lamanites, première grande mission de lÉglise (D&A 28:8;
30:5), qui doubla le nombre des membres de lÉglise et porta le Livre de Mormon aux
natifs américains. Après que lemplacement de temple eut été indiqué en 1831
dans le comté de Jackson, il sy rendit avec des copies des révélations pour leur
première impression. Comme la publication était essentielle pour répandre
lÉvangile et donner des instructions aux membres, Oliver fut appelé à travailler
avec William W. Phelps, un rédacteur expérimenté (D&A 55:4; 57:11-13). Après que
les voyous du Missouri eurent détruit la presse, Cowdery retourna en Ohio pour y tenir
conseil avec les dirigeants de lÉglise, qui le chargèrent de relocaliser les
publications de lÉglise là-bas. À cause de limportance de disposer
dinformations précises, Sidney Rigdon et lui restèrent en 1834 en Ohio où
beaucoup dhommes fidèles marchèrent vers le Missouri avec le camp de Sion pour
aider les saints à retourner dans leurs maisons et leurs terres dans le comté de
Jackson.
En 1830-1831, Oliver Cowdery fut le premier greffier de lÉglise, appel quil
remplit de nouveau entre 1835 et 1837 (voir Historiens de lÉglise). Même au cours
des autres années, il tint souvent les procès verbaux officiels des réunions et fut
souvent rédacteur et correspondant pour les premiers journaux de lÉglise. Il
écrivit, pour le Messenger and Advocate, des articles qui nous donnent des renseignements
sur les débuts de lhistoire de lÉglise. De juin à octobre 1830, il remplit
les fonctions de secrétaire tandis que le prophète achevait des parties importantes de
sa Traduction de la Bible.
Une révélation de 1830 situe Oliver Cowdery à la deuxième place après Joseph Smith
dans la direction de la prêtrise (D&A 20:2-3), une situation rendue officielle en
décembre 1834, quand il fut classé au-dessus de Sidney Rigdon, qui avait longtemps
rempli les fonctions de premier conseiller de Joseph. Chacun devait «officier en
labsence du président, selon son rang et sa désignation, à savoir: le président
Cowdery premier, le président Rigdon ensuite et le président Williams troisième» (PJS
1:21). Cowdery écrivit que cet appel avait été prédit lors de la première ordination
céleste, bien que les devoirs dimpression au Missouri fussent intervenus: «Cette
promesse fut faite par lange tandis quil était en compagnie du président
Smith, au moment où ils reçurent loffice de la moindre prêtrise» (PJS 1:21; cf.
HC 1:40-41). Son poste de second du Prophète parfois appelé «président
associé» fut donné en 1841 à Hyrum Smith (D&A 124:94-96), après
lexcommunication de Cowdery (voir Première Présidence).
La carrière dOliver dans lÉglise atteignit son apogée de 1834 à 1836. Les
procès verbaux et les lettres le décrivent comme un prédicateur, auteur et
administrateur extrêmement efficace. Son journal de 1836 existe encore, montrant son
dévouement à la religion et à la famille, ses activités politiques, son étude de
lhébreu et le pouvoir spirituel quil partagea lors de lachèvement du
temple de Kirtland. La dernière inscription de Cowdery dans ce journal, portée le jour
de la consécration du temple, dit à propos de la réunion du soir: «Jai vu la
gloire de Dieu, comme une grande nuée, descendre et reposer sur la maison
Jai
également vu des langues séparées les unes des autres comme de feu reposer sur beaucoup
tandis quils parlaient en dautres langues et prophétisaient»
(Arrington, p. 426).
Oliver fit également allusion à dautres choses. Un an plus tard, il écrivit un
«éditorial dadieu». Après avoir mentionné sa «mission de la part du saint
messager» avant lorganisation de lÉglise, il écrivit quil fallait
sattendre à de telles manifestations puisque lAncien Testament promettait que
Dieu «révélerait son bras glorieux» dans les derniers jours «et parlerait face à
face avec son peuple» (Messenger and Advocate 3:548). Les mots «face à face»
quil souligna correspondaient à sa vision récente du Christ le 3 avril 1836 dans
le temple, vision quil eut en compagnie du prophète (D&A 110:1-10). Ce fut
aussi le moment où ces premiers dirigeants de la prêtrise reçurent des clefs spéciales
de la prêtrise de Moïse, dÉlias et dÉlie, terminant le rétablissement des
«clefs du royaume» (D&A 27:6-13) et menant à bien la mission de Cowdery comme
«second témoin» de ce rétablissement. Oliver avait une confiance profonde dans les
apparitions divines. En 1835, il dit aux Douze nouvellement nommés: «Ne cessez jamais de
faire des efforts jusquà ce que vous ayez vu Dieu face à face» (HC 2:195).
En dépit de ces expériences spirituelles profondes, les lettres dOliver révèlent
un éloignement personnel et familial par rapport à Joseph Smith à partir du début de
1838. Les trois témoins avaient vu un ange avec Joseph Smith, mais plus tard ils eurent
tendance à concurrencer plutôt quà coopérer avec sa gestion. Cowdery
nétait pas daccord avec le programme économique et politique du prophète et
recherchait une indépendance financière personnelle qui allait à lencontre de
léconomie coopérative essentielle à la société de Sion que Joseph Smith
envisageait. Néanmoins, quand il passa en jugement pour son excommunication, il envoya
une lettre de démission dans laquelle il insistait sur le fait que la véracité de la
révélation moderne nétait pas en question: «Ne tirez aucune conclusion des
considérations ci-dessus autre que ma croyance en ce qui concerne le gouvernement
extérieur de cette Église» (Far West Record, pp. 165-166).
Ce procès était en rapport avec lexcommunication de John Whitmer et de David
Whitmer, beaux-frères dOliver, également à ce moment-là; ceci était en
parallèle avec le soutien apporté précédemment par Oliver à la famille Whitmer dans
la question des révélations concurrentes de Hiram Page (D&A 28:11-13). Le tribunal
ecclésiastique examina cinq accusations contre Cowdery: inactivité, accusation
dadultère à lencontre du prophète et trois accusations pour avoir commencé
à exercer le droit et avoir cherché à faire payer des dettes après la faillite de la
banque de Kirtland (voir Économie de Kirtland).
Laccusation dadultère portée par Oliver contre le prophète était
simpliste, parce quil était déjà au courant du principe du mariage plural.
Plutôt que de nier laccusation, le prophète témoigna que parce quOliver
avait été son «ami intime», il lui avait «confié beaucoup de choses» (Far West
Record, p. 168). Brigham Young dit plus tard que ce point de doctrine avait été
révélé à Joseph et à Oliver pendant la traduction du Livre de Mormon (cf. Jcb. 2:30);
il est clair quune compréhension plus complète du principe du mariage plural fut
donnée en 1832, lorsque Joseph Smith traduisit la Genèse (cf. D&A 130:1-2). Brigham
Young ajouta quOliver alla impétueusement de lavant sans la permission de
Joseph, ne connaissant pas «lordre, la façon de faire ni les résultats» (Charles
Walker Journal, 26 juillet 1872, Archives de lÉglise). Oliver épousa Elizabeth Ann
Whitmer en 1832, et les problèmes avec la polygamie le poussèrent apparemment, ainsi que
la famille Whitmer, à sopposer plus tard au principe.
En 1838, après son excommunication, Oliver retourna en Ohio, mais, contrairement à ce
que dit un acte fictif, il ne paya pas alors à lévêque Edward Partridge $1.000
pour la parcelle du temple à Independence au nom de ses enfants, John, Jane et Joseph
Cowdery. Ces enfants nont jamais existé; Oliver navait pas cet argent et ne
montra aucun intérêt pour le comté de Jackson que ce soit alors ou plus tard. En fait,
il continua létude du droit et exerça à Kirtland, mais en 1840 il déménagea
pour Tiffin (Ohio), où il devint une personnalité en vue en tant que fervent démocrate.
Ses annonces juridiques et son service public parurent régulièrement dans les journaux
locaux et il fut personnellement mentionné dans les mémoires cordiaux de William Lang,
avocat éminent dOhio, qui fit son apprentissage sous Cowdery et le décrivit comme
étant un homme menu, mesurant environ un mètre soixante-cinq, propre et courtois. Du
point de vue professionnel, Cowdery était décrit comme un «avocat capable», bien
informé, avec une capacité de parole «brillante»; pourtant «il était modeste et
réservé, ne disait jamais du mal de personne, ne se plaignait jamais» (Anderson, 1981,
p. 41).
En 1847, il sinstalla au Wisconsin où il poursuivit son métier dhomme de loi
et faillit être élu à la première législature détat malgré les articles de
journaux ridiculisant sa déclaration publiée davoir vu lange et les plaques.
Au cours des dix années quil passa en dehors de lÉglise, Cowdery ne succomba
jamais aux pressions considérables lincitant à renier son témoignage du Livre de
Mormon. En effet, les lettres quil écrivit à ses parents membres de lÉglise
montrent quil était blessé de voir lÉglise rejetée mais quil
continuait à croire profondément. Estimant que sa réputation avait été diffamée, il
demanda une disculpation publique, expliquant que nimporte qui serait sensible au
sujet de sa réputation «si vous vous étiez tenus en la présence de Jean avec notre
frère décédé Joseph, pour recevoir la moindre prêtrise, et en la présence de Pierre
pour recevoir la plus grande» (Gunn, pp. 250-251).
Ces déclarations contredisent une brochure quOliver aurait prétendument publiée
en 1839 comme «Défense» pour avoir quitté lÉglise (voir Contrefaçons de
documents historiques). Apparaissant en 1906, elle dépeint Oliver comme incertain
davoir vu Jean-Baptiste. Mais aucun original nexiste, ni aucune allusion à
cette brochure pendant le siècle de Cowdery. Son style emprunte des expressions de
Cowdery qui ont été publiées mais réarrange ses conclusions. Il y a une contrefaçon
plus maladroite, appelée «Confession dOliver Overstreet», qui prétend que
lauteur a été suborné pour personnifier Cowdery et retourner dans lÉglise.
Des documents abondants prouvent quOliver est revenu à Council Bluffs (Iowa) en
1848 avec sa femme et sa jeune fille.
Des journaux intimes et des procès verbaux officiels rapportent les paroles prononcées
par Oliver Cowdery à son retour dans lÉglise. Il voulait uniquement être
rebaptisé et retourner dans la communion des saints, pas avoir un poste. Il déclara
publiquement quil avait vu et manipulé les plaques du Livre de Mormon et quil
était présent avec Joseph Smith lorsque «de saints anges» avaient rendu les deux
prêtrises (Anderson, BYU Studies, 1968, p. 278). Le grand conseil linterrogea
soigneusement sur sa lettre (à David Whitmer) publiée dans laquelle Oliver prétendait
quil conservait les clefs de la direction de la prêtrise après la mort de Joseph
Smith. Cétait son avis, dit Oliver, avant de voir la révélation de Nauvoo donner
tous les pouvoirs à Hyrum Smith «qui furent autrefois placés sur celui qui était mon
serviteur Oliver Cowdery» (D&A 124:95). «Cest cette révélation qui a changé
mon point de vue à ce sujet» (Anderson, IE, nov. 1968, p. 19).
Comme elle sétait mise en route pour Council Bluffs tard dans la saison, la famille
Cowdery fut forcée de passer lhiver à Richmond (Missouri), où vivait la majeure
partie de la famille Whitmer. Les lettres écrites pendant toute lannée 1849
répètent lespoir dOliver de partir pour lOuest et révèlent
également son manque de moyens. Elles disent quil crachait du sang, un problème
respiratoire de longue durée qui allait finir par lui coûter la vie le 3 mars 1850. Le
tribunal de circuit enregistra une résolution de ses collègues avocats selon laquelle
dans la mort d «Oliver Cowdery, sa profession [avait] perdu un membre doué et la
collectivité, un citoyen précieux et digne» (Anderson, 1981, p. 46).
David Whitmer et dautres parents vivant près dOliver Cowdery dans sa
dernière année affirmèrent plus tard quil était en désaccord avec beaucoup de
points de doctrine de Kirtland et de Nauvoo, mais les critiques dOliver connues avec
certitude à lépoque ne concernent que lintolérance et une inquiétude
permanente concernant la polygamie. David Whitmer considérait Joseph comme un prophète
déchu, mais en 1848, Cowdery dit publiquement et en privé «que Joseph Smith avait
accompli fidèlement sa mission devant Dieu jusquà la mort» (Geo. A. Smith à
Orson Pratt, MS 11, 20 oct. 1848, p. 14) et «que la prêtrise était avec ce peuple et
que «les Douze étaient les seuls hommes qui pouvaient diriger lÉglise après la
mort de Joseph» (Anderson, IE, nov. 1968, p. 18). Dans sa dernière lettre connue, Oliver
accepta, de la part des Douze, la mission de faire du lobbying à Washington et reconnut
la direction des «bons frères de la vallée de [Salt Lake City]» (Gunn, p. 261).
Elizabeth Ann Whitmer Cowdery (1815-1892), la femme dOliver, lavait connu
quand il écrivait sous la dictée pendant la traduction du Livre de Mormon. Elle dit à
propos de son engagement indéfectible: «Il a toujours affirmé sans lombre
dun doute
la divinité et la véracité du Livre de Mormon» (Anderson, 1981,
p. 63). Cette assurance a résisté à lépreuve de la persécution, de la
pauvreté, de la perte de standing, dune santé défaillante et de la mort tragique
de cinq de ses six enfants. Mourant à quarante-trois ans, Oliver était entouré par les
membres de sa famille qui ont dit quil avait réaffirmé la divinité du Livre de
Mormon et de la prêtrise rétablie et avait exprimé une confiance totale au
Christ. Juste avant rejoindre lÉglise, il exprima ses espoirs intérieurs dans une
lettre à David Whitmer, qui avait été témoin avec lui: «Que le Seigneur défende
notre réputation et fasse briller notre témoignage, et alors les hommes seront sauvés
dans son royaume» (Oliver Cowdery à David Whitmer, 28 juillet 1847, Ensign of Liberty,
1:92).
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Porter, Larry C. "Dating the Restoration of the Melchizedek Priesthood". Ensign
9, juin 1979, pp. 5-10.
Whitmer, David. Address to All Believers in Christ. Richmond, Mo., 1887.
RICHARD LLOYD ANDERSON
Création, récits de la Création
Auteurs: Nielsen, F. Kent et Ricks, Stephen D.
Les saints des derniers jours ont, en plus de la Genèse biblique, deux restaurations
modernes de récits scripturaires antiques de la Création dans le livre de Moïse et le
livre dAbraham. Des informations faisant autorité sur le sujet apparaissent
également dans le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la cérémonie du temple.
Puisant dans cette abondance de textes sur la création, les saints des derniers jours
comprennent que Jésus-Christ, agissant sous la direction de Dieu le Père, a créé ce
monde-ci et dautres pour rendre possible limmortalité et la vie éternelle
dêtres humains qui existaient déjà comme enfants desprit du Père. Cette
compréhension diffère des récits scientifiques et des récits traditionnels chrétiens
parce quelle affirme le but et le rôle de Dieu, tout en reconnaissant la création
comme lorganisation de matériaux préexistants et pas comme un événement ex
nihilo (création à partir du néant). En outre, ces récits décrivent un rôle actif
pour les enfants desprit de Dieu dans la création et contiennent une version plus
détaillée des origines du mal.
Loccurrence fréquente de récits de la création dans les Écritures et les
cérémonies sacrées mormones correspond à ce que lon trouve dune manière
générale dans le monde antique, et dans lIsraël antique en particulier, où la
Création était régulièrement récitée ou rejouée. Les Israélites et les autres
peuples du Proche-Orient antique considéraient la Création et notamment sa
récitation et sa reconstitution rituelles comme possédant une nature dynamique,
pas statique. Selon Raffaele Pettazzoni, un historien bien connu des religions, «ce qui
sest produit au commencement a une valeur exemplaire et déterminante pour ce que se
passe aujourdhui et ce qui arrivera à lavenir» (p. 26).
La Création joue un rôle théologique central dans le Livre de Mormon. Les événements
entourant la Création sont liés à la chute de lange qui est devenu le diable (2
Né. 2:17; 9:8). Sa chute a, à son tour, mené à celle dAdam, à lopposition
comme partie intégrante de la condition mortelle et, finalement, au besoin de rédemption
divine de lhumanité (2 Né. 2:18-27). Les prophètes du Livre de Mormon voyaient la
Création comme un symbole de la bonté de Dieu et comme une pierre de touche de
lintendance humaine: «Voici, le Seigneur a créé la terre afin quelle soit
habitée; et il a créé ses enfants afin quils la possèdent» (1 Né. 17:36). Ceux
qui rejettent la bonté de Dieu symbolisée par la Création (et lExpiation) seront
inévitablement jugés et punis (cf. 2 Né. 1:10).
Le récit de la Création dans le livre de Moïse (révélé en 1830 comme commencement de
la traduction de la Bible par Joseph Smith) apporte plusieurs informations en plus de
celles qui sont dans la Genèse.
Dabord, le livre de Moïse montre que Moïse est bien lauteur de son récit de
la Création et précise que celui-ci est le résultat dune révélation qui lui a
été donnée à un certain moment entre lépisode du buisson ardent et lexode
(Moï. 1:17, 25).
Deuxièmement, il éclaircit le rôle de Jésus-Christ dans la Création: «Et je les ai
créées [ces terres et leurs habitants], par la parole de mon pouvoir, qui est mon Fils
unique, lequel est plein de grâce et de vérité» (Moï. 1:32-33); «Puis moi, Dieu, je
dis à mon Fils unique, qui était avec moi depuis le commencement: Faisons lhomme
à notre image» (Moï. 2:26-27); «Et moi, le Seigneur Dieu, je dis à mon Fils unique:
Voici, lhomme est devenu comme lun de nous, pour la connaissance du bien et du
mal» (Moï. 4:28). Ceci est conforme aux enseignements de Jean et de Paul dans le Nouveau
Testament (Jn. 1:3, 10; Ép. 3:9; Col. 1:13-16; Hé. 1:2, 10).
Troisièmement, la Création est placée dans un contexte beaucoup plus vaste de
créations continuelles de terres habitées innombrables avec leurs cieux respectifs (dans
lesquels le Christ a joué un rôle central): «Et jai créé des mondes sans
nombre; et je les ai également créés dans un dessein qui mest propre, et je les
ai créés par le Fils, qui est mon Fils unique
pour le mien possèdent le but; et
par le fils je les ai créés, qui est le mien seulement engendré
. Et
lorsquune terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il ny a pas de
fin à mes uvres ni à mes paroles.» (Moï. 1:33, 38; voir aussi Mondes). Moïse
reçoit des détails de la création de «ce ciel, et cette terre» seulement (Moï. 2:1;
cf. 1:35).
Quatrièmement, lorigine du mal est retracée jusquà la rébellion de Satan,
qui cherchait (1) à remplacer le Fils bien-aimé de Dieu, qui «était [l]élu
depuis le commencement» et (2) à recevoir et à utiliser le pouvoir de Dieu de racheter
tous les humains en détruisant leur libre arbitre (Moï. 4:1-4). Limportance du
libre arbitre humain est réaffirmée dans le commandement donné à Adam et à Ève au
sujet de larbre de la connaissance du bien et du mal: «Tu ne mangeras pas de
larbre de la connaissance du bien et du mal; néanmoins, tu peux choisir par
toi-même, car cela test donné; mais souviens-toi que je le défends, car le jour
où tu en mangeras, tu mourras» (Moï. 3:17).
Cinquièmement, le récit dans Moïse précise que tous les êtres vivants ont été
créés spirituellement dans les cieux avant leur création physique sur la terre: «Moi,
le Seigneur Dieu, je créai spirituellement toutes les choses dont jai parlé, avant
quelles fussent naturellement sur la surface de la terre
Et moi, le Seigneur
Dieu, javais créé tous les enfants des hommes, mais pas encore dhomme pour
cultiver le sol; car cest dans le ciel que je les avais créés; et il ny
avait pas encore de chair sur la terre, ni dans leau, ni dans lair» (Moï.
3:5).
Certains commentateurs mormons ont exploré la possibilité que le récit de Moïse puisse
résoudre le conflit existant dans lordre des actes créateurs de Dieu entre Genèse
1 et Genèse 2 en traitant la première comme une création desprit (O. Pratt, pp.
21-22; Roberts, pp. 264-268; cf. DS1:74-76 qui expose un point de vue différent). Les
révélations postérieures expliquent que la création desprit de lhumanité
avait eu lieu longtemps avant que les événements décrits dans aucun des récits de la
création de la terre. Dieu, notre Père céleste, est littéralement le «Père des
esprits» (Hé. 12:9). «Lhomme comme esprit a été engendré et est né de parents
célestes et a été élevé jusquà sa maturité dans les demeures éternelles du
Père avant de venir sur la terre dans un corps temporel» (voir Première Présidence,
«Lorigine de lhomme», nov. 1909 [Annexe]; voir aussi Corps desprit).
Le récit abrahamique est distinctif parmi les récits de la Création. Il décrit un
cosmos structuré, avec beaucoup détoiles, les unes au-dessus des autres, avec
leurs différentes périodes et ordres de gouvernement (Abr. 3:1-10). Dans ce contexte,
Abraham se renseigne également sur les esprits éternellement existants, lun
au-dessus de lautre en intelligence, jusquau «Seigneur, ton Dieu», qui est
«plus intelligent queux tous» (Abr. 3:19; voir les discours cités dans la
bibliographie). On lui montre un groupe dintelligences organisées (ou esprits ou
âmes, les mots sont ici utilisés lun pour lautre), au-dessus desquelles
règne Dieu et parmi lesquelles il demeure, et il apprend que Dieu «au commencement» est
descendu parmi elles et a dit de certaines qui étaient «nobles et grandes»: «De
ceux-ci je ferai mes gouverneurs
et il me dit: Abraham, tu es lun deux;
tu fus choisi avant ta naissance» (Abr. 3:18-23). Lun des buts de cette assemblée
prémortelle dans les cieux est formulé par quelquun «parmi eux qui était
semblable à Dieu» qui dit à ceux qui sont avec lui: «Nous descendrons là-bas
et
nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter; nous les mettrons ainsi à
lépreuve, pour voir sils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur
commandera» (Abr. 3:24-25). Ceci est suivi dune mention de la gloire qui sera
accordée à ceux qui se montrent dignes, du choix de quelquun «qui était
semblable au Fils de lHomme» (qui doit être envoyé pour réaliser ceci) et du
rejet de Satan, le tout fait par «le Seigneur», qui est identifié ailleurs comme étant
Jéhovah (Abr. 3:25-28; cf. Abr. 1:15-16; 2:7-8). Ensuite, «le Seigneur dit:
Descendons», sur quoi les Dieux «organisèrent et formèrent les cieux et la terre»
(Abr. 4:1). Un élément important de ce récit révélé est que lespace et les
matériaux pour créer la terre existaient explicitement avant sa création.
Cest dans ce contexte de lassemblée divine, ou Conseil dans les cieux, que le
récit dAbraham concernant la Création va de lavant en suivant, de manière
générale, la structure de la Genèse. Au moment où il publia cette «traduction» en
1842, Joseph Smith avait acquis une compréhension beaucoup plus profonde grâce à des
révélations supplémentaires et certaines par létude de lhébreu. À la
lumière de la doctrine du Conseil dans les cieux, Joseph Smith avait fait remarquer que
le terme hébreu Élohim, qui est un pluriel, devrait être rendu par «Dieux» dans le
récit de la Création et non par le «Dieu» traditionnel (WJS, p. 379). Cest ainsi
quil est rendu dans tout le récit dAbraham. À la lumière de la doctrine de
la nature éternelle de la matière, le mot traditionnellement traduit par «créa»
devient «organisa». Lexpression «informe et vide» (hébreu tohu va-bohu) est
rendue, tout à fait correctement, par «vide et désolée» et décrit létat de la
terre après quelle a été organisée, pas avant (Abr. 4:2).
Le terme «jour» (yom en hébreu) pour les sept «jours» de la création est rendu par
«temps», une option permise en hébreu et il est explicitement précisé que le
«temps» dans lequel Adam devrait mourir sil prenait du fruit défendu «était
selon le temps du Seigneur, qui était selon le temps de Kolob [une grande étoile dont
Abraham avait vu quelle était le plus près du trône de Dieu, dont la révolution,
dune durée de mille ans selon notre manière de calculer, est un jour pour le
Seigneur]; car les Dieux navaient pas encore désigné à Adam le calcul de son
temps» (Abr. 5:13; 3:2-4).
Sur la base du passage ci-dessus, qui exclut clairement la possibilité que des jours
terrestres de vingt-quatre heures soient les «jours» ou «périodes» de la création,
certains saints des derniers jours ont avancé que les « temps » de la création aussi
bien que le «temps» de la vie terrestre dAdam après la Chute étaient des
périodes de mille ans; dautres sont partisans de périodes indéterminées, le
temps nécessaire pour accomplir luvre concernée. Le récit dAbraham
contient effectivement le passage intéressant, en rapport avec «lorganisation»
des luminaires dans «létendue» du ciel: «Et les Dieux observèrent les choses
auxquelles ils avaient donné des ordres jusquà ce quelles eussent obéi»
(Abr. 4:14-18). Le récit dAbraham comprend en fait douze «travaux» des Dieux,
répartis parmi les «jours» à la manière de la Genèse. Le récit postérieur de la
création au temple donne une version abrégée de ces travaux, divisés différemment
parmi les sept jours tout en maintenant le même ordre, ce qui veut peut-être dire que le
jour où un travail donné est accompli importe peu.
Abraham relie les récits apparemment différents de Genèse 1 et 2 dans le contexte du
Conseil dans les cieux. Le récit en sept jours dAbraham suit luvre des
cinq premiers temps créateurs et dune partie du sixième comme création physique
de la terre et sa préparation pour recevoir la vie avant que celle-ci ny soit
effectivement placée. Ainsi, pendant le troisième temps, «les Dieux organisèrent la
terre afin quelle produisît de la verdure
et la terre afin quelle
produisît les arbres à partir de leur semence» (Abr. 4:12; italiques ajoutés). Et
pendant le cinquième temps, «les Dieux préparèrent les eaux afin quelles
produisissent de grands poissons et tous les animaux vivants
tous les oiseaux ailés
selon leur espèce.» (Abr. 4:21). De même, au sixième temps, «les Dieux préparèrent
la terre afin quelle produisît des animaux vivants selon leur espèce
et les
Dieux virent quils obéiraient» (Abr. 4:24-25). Ensuite lors du sixième temps, les
Dieux se consultèrent à nouveau et décidèrent de former lhomme et de lui donner
la domination sur les plantes et les animaux qui devaient venir sur la terre (Abr.
4:26-29). «Et les Dieux se dirent entre eux: Au septième temps, nous achèverons
luvre que nous sommes convenus de faire, et nous nous reposerons
Et
telles furent leurs décisions à lépoque où ils convinrent entre eux» (Abr.
5:2-3). Le récit parallèle à Genèse 2 vient ensuite tout naturellement comme récit du
placement proprement dit de la vie sur la terre: «Et les Dieux descendirent et formèrent
les origines des cieux et de la terre, quand ils furent formés le jour où les Dieux
formèrent la terre et les cieux. Selon tout ce quils avaient dit concernant chaque
plante des champs avant quelle fût sur la terre» (Abr. 5:4-5).
Plusieurs thèmes que lon trouve dans dautres récits antiques de la création
le conflit prémortel dans les cieux, la victoire divine sur les pouvoirs
dopposition du chaos et la promulgation de la loi au moment de la création
sont également connus dans les récits de la création des Écritures et de la théologie
des saints des derniers jours (2 Né. 2:17; 9:8; Moï. 4:3-4; Abr. 3:27-28; voir aussi
Guerre dans le ciel; Préexistence (Existence Préterrestre)). Il y a des allusions à ces
idées dans plusieurs passages de la Bible (cf. Ex. 15; Job 38-41; És. 40-42; Ps. 18; 19;
24; 33; 68; 93; 104; Prov. 8:22-33; Ha. 3:8; Ap. 12:7-12). Du début de lère
chrétienne jusquà la fin du XIXe siècle, linterprétation chrétienne
traditionnelle a généralement traité ces textes bibliques de manière allégorique ou
nen a pas du tout tenu compte dans létude de la Création. Une transformation
profonde de linterprétation chrétienne de ces passages a eu lieu pendant la
dernière partie du XIXe siècle avec la découverte et la traduction de récits de la
Création venant de la Mésopotamie et de lÉgypte anciennes. Bien quils
varient considérablement dans les détails, ces récits mentionnent habituellement des
combats prémortels, létablissement de lordre divin avant la création et la
création à partir du chaos. Les passages bibliques mentionnés ci-dessus sont maintenant
souvent compris à la lumière de ces descriptions des récits extrabibliques.
La doctrine de la création ex nihilo a été lexplication chrétienne
traditionnelle. Dans les commentaires récents sur le sujet, beaucoup dérudits
juifs se sont accordés pour dire quon ne trouve pas de croyance en une création ex
nihilo avant la période hellénistique, tandis que les savants chrétiens ne trouvent
aucun signe de pareille doctrine dans lÉglise chrétienne avant la fin du IIe
siècle apr. J.-C. Le rejet de la création ex nihilo dans lenseignement des saints
des derniers jours saccorde ainsi avec ce que lon sait de la conception la
plus ancienne de la Création dans lIsraël antique et dans le christianisme
primitif. De même, les saints des derniers jours ont vu dans des passages bibliques tels
que Jean 9:2 et Jérémie 1:4-5 une allusion à une existence individuelle prémortelle,
avec des implications pour lexistence terrestre postérieure. À lappui de
ceci, on peut préciser que divers chrétiens et groupes chrétiens des premiers siècles
du christianisme ont enseigné la même doctrine (cf. Origène, De Principiis 1:7; 2:8;
4:1) et quon la trouve également dans les croyances juives de la même période,
notamment Philon (De mutatione nominum 39; De opificio mundi 51; De cherubim 32), dans
certains écrits apocryphes (Sagesse de Salomon 8:19-20; 15:3) et chez les Esséniens
(Josèphe, Guerre des Juifs 2.8.11, aussi bien que dans le Talmud et le Midrash juifs).
Bibliographie
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Bible, Vol. 1, pp. 725-32. New York, 1962.
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McConkie, Bruce R. "Christ and the Creation". Ensign 12, juin 1982, pp. 9-15.
Pettazzoni, Raffaele. "Myths of Beginnings and Creation-Myths". Dans Pettazzoni,
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Pratt, Orson. "The Pre-existence of Man." Série darticles dans The Seer
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Pratt, Parley P. "Origin of the Universe". Dans Pratt, The Key to the Science of
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Roberts, B. H. The Gospel and Mans Relationship to Deity, pp. 256-273. Salt Lake
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Salisbury, Frank B. The Creation. Salt Lake City, 1976.
Smith, Joseph. Voir discours rapportés dans WJS, pp. 9, 33, 60, 341, 346, 351-352 et 359
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Smith, Joseph Fielding. Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
Winston, David. "Creation Ex Nihilo Revisited: A Reply to Jonathan Goldstein".
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Young, Brigham. Discourses of Brigham Young, chaps. 2, 4, 9. Salt Lake City, 1954.
F. KENT NIELSEN
STEPHEN D. RICKS
Damnation
Auteur: HOLZAPFEL, RICHARD NEITZEL
«Damnation» est un terme qui dérive du latin damnum, signifiant «dommages» et
«perte» et suggère souvent lidée de privation de ce que lon aurait dû
posséder. Tout comme il y a des degrés et des types divers de salut, liés à une
progression éternelle dans certains domaines (D&A 76:96-98; 131:1-4), de même il y a
des degrés et des types divers de damnation. Dans la doctrine des saints, être damné
signifie être arrêté, bloqué ou limité dans sa progression. Les individus sont
damnés toutes les fois quils sont empêchés datteindre leur plein potentiel
denfants de Dieu. La damnation, cest ne pas atteindre ce dont on aurait pu
jouir si lon avait accepté la loi tout entière de lÉvangile et si on y
avait été fidèle. Dans ce sens, tous ceux qui ne parviennent pas au degré le plus
élevé du royaume céleste sont damnés même sils sont sauvés dans un degré de
gloire. Ils sont damnés dans le sens quils ne jouiront pas dun accroissement
éternel ou de la continuation de la cellule familiale dans léternité (D&A
132:4, 19). Dans ce contexte, la damnation ne désigne pas nécessairement la souffrance
éternelle en enfer avec le diable, parce que la perte de bénédictions est en soi un
type denfer et de damnation. Les conceptions des saints sur ce sujet sont liées à
des écrits bibliques enrichis et clarifiés par des révélations supplémentaires; par
conséquent, le terme damnation a une application plus large que ne pourrait le laisser
croire lusage moderne (voir Degrés de gloire; Exaltation; Héritiers).
Dans les Écritures, damnation désigne habituellement le jugement ou la condamnation qui
seront prononcés par Jésus-Christ sur les méchants à la fin du monde (Mt. 25:41-46).
«Damnation» est léquivalent de lhébreu «rasha», qui signifie être
méchant, impie ou coupable, et du grec krino, qui implique une mise sous condamnation. Si
le mot «damnation» apparaît régulièrement dans la King James Version de la Bible,
(c.-à-d., dans le Nouveau Testament) on ne le trouve pas dans la version Segond, qui
utilise plutôt «condamnation».
Beaucoup de Juifs et de chrétiens rejettent lidée de la damnation comme étant une
notion théologique désuète, mais certains Juifs orthodoxes et chrétiens conservateurs
entretiennent une croyance en une damnation finale et éternelle. Les chrétiens
conservateurs croient généralement que Dieu lui-même condamnera les pécheurs
impénitents sur la base de la justice méritée par les intéressés (Mt. 12:41-42; Jn.
12:48; Ro. 3:8). Ils croient, en outre, que le Christ, le Rédempteur, est venu pour
sauver plutôt que pour condamner (Jn. 3:17) et que lui seul libère lindividu de la
damnation finale (Ro. 8:1-2).
La damnation résulte du refus de croire en lÉvangile (Mc. 16:16), daccepter
une lumière et une connaissance supplémentaires (Al. 12:9-11), du fait de croire à de
fausses doctrines (2 Pi. 2:1), dêtre paresseux et de devoir être commandé en tout
(D&A 58:26-29) et de refuser de shumilier, de se repentir et de vivre selon les
principes de lÉvangile. Le prophète Joseph Smith a expliqué: «Dieu a décrété
que tous ceux qui ne veulent pas obéir à sa voix néchapperont pas au châtiment
de la géhenne. Quest-ce que le châtiment de la géhenne ? Se retrouver dans la
société de ceux qui nont pas obéi à ses commandes» (EPJS, p. 160; cf. pp.
262-263).
Il y a aussi damnation quand on prend la Sainte-Cène indignement (1 Co. 11:29), quand on
se complaît dans linjustice (2 Th. 2:12), que lon se livre à des relations
adultères (1 Ti. 5:11-12), que lon rejette la loi de lÉglise (D&A
42:60), que lon néglige lalliance du mariage éternel (D&A 132:4), que
lon change la sainte parole de Dieu (Mrm. 8:33) et que lon rejette
Jésus-Christ (D&A 49:5). Si des personnes font ces choses et ne se repentent pas,
elles ne jouissent pas de la protection de la loi de Dieu et nont pas la nourriture
spirituelle quelles auraient pu avoir et, en conséquence, elles connaissent la
damnation.
Il ne faut pas confondre la damnation avec le tourment ou le châtiment sans fin. Une
révélation à Joseph Smith explique: «Il n'est pas écrit qu'il n'y aura pas de fin à
ce tourment, mais il est écrit tourment infini. Il est aussi écrit damnation éternelle;
ceci est plus explicite que d'autres Écritures afin d'agir sur le cur des enfants
des hommes» (D&A 19:6-7; voir aussi Infini et éternel). Le président Brigham Young
explique: «Nous croyons que seront damnés tous ceux qui nacceptent pas
lÉvangile de Jésus-Christ; mais nous ne croyons pas quils iront dans un
étang de feu et de soufre et quils subiront des tourments sans nom, infligés à
toute éternité par des démons cruels et malveillants. La doctrine sectaire des
récompenses et des châtiments finaux me paraît aussi étrange que leur Dieu sans corps,
sans parties et sans passions. Chaque homme recevra selon les actes accomplis dans le
corps, quils soient bons ou mauvais. Tous les hommes, sauf ceux qui pèchent contre
le Saint-Esprit, qui versent le sang innocent ou qui y consentent, seront sauvés dans un
royaume; car dans la maison de mon Père, dit Jésus, il y a plusieurs demeures» (JD
11:125-126).
La damnation finale et totale ne revient quau diable et à ses anges, qui se sont
rebellés dans le premier état, et aux fils de perdition, qui sont damnés éternellement
et se voient refuser lentrée dans un quelconque royaume de gloire dans
lau-delà (D&A 76:32-34). Les fils de perdition sont ceux qui sont coupables du
péché impardonnable contre le Saint-Esprit (D&A 132:27; cf. Mc. 3:29), qui inclut le
reniement obstiné du «Fils unique du Père, [layant] crucifié, pour leur part, et
[layant] exposé à l'ignominie» (D&A 76:35).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "Marriage and Divorce". Dans 1976 Speeches of the Year, p.
154. Provo, Utah, 1977.
Lee, Harold B. "Spiritual Rebirth and Death". IE 50, nov. 1947, pp. 716, 752,
754.
Stuy, Brian, dir. de publ. Discours de George Q. Cannon. Dans Collected Discourses, 3
vols.; Vol. 2, pp. 64-76. Sandy, Utah, 1987-1989.
RICHARD NEITZEL HOLZAPFEL
Daniel, prophéties de
Auteur : Chadwick, Jeffrey R.
L'Église
de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours considère le livre de Daniel comme les
écrits du Daniel qui fut déporté de Jérusalem à Babylone (v. 606 av. J.-C.) et
accepte luvre comme Écriture. Elle y voit des prophéties importantes sur les
derniers jours, notamment l'apostasie et le rétablissement de l'Évangile de
Jésus-Christ.
Selon Wilford Woodruff, l'ange Moroni a cité au prophète Joseph Smith le chapitre 2 de
Daniel, qui contient une prophétie du rétablissement de l'Évangile dans les derniers
jours dans le songe de Nebucadnetsar concernant « ce qui arrivera dans la suite des temps
» (Daniel 2:28 ; Whittaker, p. 159). Daniel voit dans la « tête d'or » du songe un
symbole de l'empire de Nebucadnetsar et les prophètes modernes ont précisé que la
pierre « détach[ée] sans le secours daucune main » (Daniel 2:34) représente le
Royaume de Dieu dans les derniers jours (D&A 65 ; HC 1:xxxiv-xi). Les autres symboles
ont été interprétés comme suit : « La poitrine et les bras d'argent » représentent
le royaume perse qui remplaça Babylone. « Le ventre et les cuisses d'airain »
préfigurent les états hellénistiques qui allaient suivre. Les deux « jambes de fer »
sont l'empire romain, annonçant la division entre Rome et Constantinople. Les pieds de
l'image, « en partie de fer et en partie dargile » symbolisent les royaumes
européens issus de la dissolution de l'empire romain à partir du cinquième siècle. Ces
royaumes fusionnèrent la culture de Rome avec celle des tribus européennes du nord et de
lest ; doù le mélange symbolique du fer et de l'argile.
Dans le temps de ces royaumes, prédit Daniel, « le Dieu des cieux suscitera un
royaume... [qui] subsistera éternellement » (2:44). Ce royaume final, représenté par
la pierre « détach[ée] sans le secours daucune main », est l'Église de Jésus
Christ des Saints des Derniers Jours rétablie en 1830, lorsque les monarques européens
gouvernaient encore. On voit que l'Église se propagerait partout dans le monde par le
fait que « la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit
toute la terre. » (2:34-35 ; Kimball, p. 8).
La vision de Daniel au chapitre sept sinterprète aussi dans le contexte des
derniers jours. Les « quatre grands animaux » (Daniel 7:3) semblent représenter les
empires successifs de Babylone, Perse, Macédoine et Rome et les « dix cornes » (7:7) du
quatrième animal semblent symboliser encore une fois les royaumes qui succédèrent à
l'empire romain. Les prophètes modernes identifient « lancien des jours » (7:22)
comme étant Adam, qui présidera une réunion qui se tiendra à Adam-ondi-Ahman, dans le
Missouri, avant la seconde venue de Jésus (D&A 116). Lors de cette assemblée,
Jésus, « le Fils de l'homme », apparaîtra. Agissant pour les dirigeants de la
prêtrise de toutes les dispensations, Adam rendra à Jésus ressuscité les clefs de la
prêtrise qui représentent la domination éternelle.
La prophétie des « soixante-dix semaines » au chapitre 9 intéresse les saints des
derniers jours parce qu'elle suggère que l'Église du Nouveau Testament tomberait dans
l'apostasie. Les soixante-neuf semaines (Daniel 9:24-26) pourraient symboliser la période
comprise entre le retour des Juifs à Jérusalem (537 av. J.-C.) et la venue de Jésus, le
Messie, qui expierait pour son peuple. Le verset 27 rapporte que le Seigneur « fera une
solide alliance avec plusieurs pour une semaine ». Cette soixante-dixième semaine
pourrait symboliser les décennies que la vraie Église du Christ a duré, alors dirigée
par des apôtres et des prophètes vivants, pour prendre fin peu après 100 de notre ère,
après le ministère de Jean l'apôtre. La prophétie fait également remarquer que
Jérusalem et son temple seraient détruits « durant la moitié de la semaine » (an 70),
mentionnant l'abomination de la désolation et la cessation des sacrifices au temple (cf.
Marc 13:14).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "A Stone Cut Without Hands." Ensign 6, mai 1976, p. 4-9.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, chap. 11, 47. Salt Lake City, 1982.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel's Prophets. Salt Lake City, 1952.
Whittaker, David J. "The Book of Daniel in Early Mormon Thought." Dans By Study
and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 1, p. 155-201. Salt Lake
City, 1990.
JEFFREY R. CHADWICK
Degrés de gloire
Auteur: DAHL, LARRY E.
L'Église
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours a une vision optimiste des récompenses
éternelles qui attendent l'humanité dans l'au-delà. Les membres de l'Église croient
qu'il y a «plusieurs demeures» (Jn. 14:2) et que l'expiation et la résurrection du
Christ sauveront toute l'humanité de la mort et finalement récupéreront tout le monde
de l'enfer excepté les fils de perdition (D&A 76:43-44). Ceux qui sont sauvés ne
sont cependant pas placés dans un état monolithique appelé le ciel. Dans la
résurrection du corps, ils sont affectés à différents degrés de gloire en fonction de
la loi à laquelle ils ont obéi. Il y a trois royaumes de gloire: le céleste, le
terrestre et le téleste. Lapôtre Paul parle de trois gloires qui diffèrent entre
elles comme le soleil, la lune et les étoiles diffèrent en éclat. Il appelle céleste
et terrestre les deux premières gloires, mais la troisième ne reçoit pas de nom dans la
Bible (1 Co. 15:40-41; cf. D&A 76:70-81, 96-98.) Le mot «téleste» est un terme
mormon, utilisé pour la première fois par le prophète Joseph Smith et Sidney Rigdon
quand ils rapportent une vision qu'ils reçoivent le 16 février 1832 (D&A 76; voir
aussi Royaume céleste; Royaume terrestre; Royaume téleste).
Lors du jugement final, tous, excepté le diable, ses anges et ceux qui deviennent fils de
perdition pendant la condition mortelle seront affectés à lun des trois royaumes
de gloire. Le diable et ses disciples seront affectés à un royaume sans gloire (D&A
76:25-39; 88:24, 32-35).
SOURCES SCRIPTURAIRES MORMONES. Bien que la Bible contienne des mentions de divers niveaux
de résurrection et de ciel (1 Co. 15:39-58; 2 Co. 12:2), la connaissance que les saints
ont de la question vient principalement des révélations données au prophète Joseph
Smith. La première révélation traitant directement ce sujet fut donnée le 16 février
1832 et est appelée «la Vision» (D&A 76). Pour ce qui est des circonstances dans
lesquelles cette révélation fut donnée, Joseph Smith explique: À mon retour de la
conférence d'Amherst, je repris la traduction des Écritures. D'après diverses
révélations qui avaient été reçues, il était clair que beaucoup de points importants
concernant le salut des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant qu'elle
ne fût compilée. D'après les vérités qui restaient, il semblait qu'il allât de soi
que si Dieu récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le
terme ciel, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre
plus d'un royaume. En conséquence, tandis que nous traduisions l'Évangile de Jean, nous
eûmes, frère Rigdon et moi-même, la vision suivante» [HC 1:245 et chapeau de la
section; voir aussi la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]).
Des révélations postérieures, particulièrement D&A 88, 131, 132, 137 et 138,
ajoutent des informations à ce sujet.
LA GLOIRE CÉLESTE. Le Royaume céleste est réservé à ceux qui reçoivent le
témoignage de Jésus et embrassent pleinement l'Évangile, c'est-à-dire, ont la foi en
Jésus-Christ, se repentent de leurs péchés, sont baptisés par immersion par
quelquun ayant l'autorité, reçoivent le Saint-Esprit par l'imposition des mains et
persévèrent dans la justice. Tous ceux qui atteignent ce royaume «demeureront pour
toujours et à jamais dans la présence de Dieu et de son Christ» (D&A 76:62). Il y
a, cependant, différentes bénédictions et différents pouvoirs dans ce royaume. «Il y
a, dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour obtenir le plus haut, l'homme
doit entrer dans cet ordre de la prêtrise [à savoir: la nouvelle alliance éternelle du
mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin
de son royaume; il ne peut avoir d'accroissement» (D&A 131:1-4). L
«accroissement», dans ce cas, signifie le fait davoir des enfants d'esprit après
la condition mortelle (voir Vies éternelles, Accroissement éternel). Joseph Smith
explique: «Si un homme et sa femme ne contractent pas une alliance éternelle et ne sont
pas mariés pour l'éternité par le pouvoir et l'autorité de la Sainte Prêtrise, ils
cesseront de saccroître quand ils mourront; c'est-à-dire quils n'auront pas
denfants après la résurrection» (EPJS, p. 242). Les saints des derniers jours
croient que ceux qui atteignent le plus haut niveau du Royaume céleste deviennent des
dieux, reçoivent l'exaltation et sont cohéritiers avec le Christ de tout ce que le Père
a (cf. Ro. 8:14-17; D&A 76:50-70; 84:33-39; 132:19-25).
Il n'y a aucune explication scripturaire concernant ceux qui vont dans les deux
catégories inférieures du Royaume céleste si ce nest qu'ils «ne sont pas dieux,
mais anges de Dieu, pour toujours et à jamais» des serviteurs chargés dun
ministère, qui «restent à toute éternité séparés et seuls, sans exaltation, dans
leur état sauvé» (D&A 132:16-17).
LA GLOIRE TERRESTRE. Les habitants du Royaume terrestre sont décrits comme étant les
gens honorables de la terre qui ont reçu le témoignage de Jésus mais n'ont pas été
suffisamment vaillants dans ce témoignage pour obéir à tous les principes et
ordonnances de l'Évangile (D&A 76:71-80). En outre, ceux «des nations païennes»
qui «sont morts sans loi», qui sont honorables mais qui n'acceptent pas la plénitude de
l'Évangile dans le monde d'esprit post-terrestre, sont candidats à la gloire terrestre
(D&A 45:54; 76:72). Dans l'au-delà, ils reçoivent la présence du Fils, mais pas la
plénitude du Père. La gloire du Royaume terrestre diffère de celle du céleste comme la
lumière que nous voyons de la lune diffère en gloire de celle du soleil. Il n'y a aucune
mention de différents degrés ou niveaux dans le Royaume terrestre, mais il est
raisonnable de croire que là, comme dans les royaumes céleste et téleste, les personnes
différeront en gloire les unes des autres (voir D&A 76:97-98).
LA GLOIRE TÉLESTE. Ceux qui, sur terre, sont des menteurs, des sorciers, des fornicateurs
et des adultères, qui ne reçoivent pas l'Évangile, ni le témoignage de Jésus, ni
celui des prophètes, vont dans le Royaume téleste. Ils sont jugés indignes de
ressusciter à l'avènement du Christ et reçoivent un temps supplémentaire en «enfer»
pour se repentir et se préparer pour une résurrection et un placement ultérieurs dans
un royaume de gloire moindre. Pendant cette période, ils apprennent à respecter des lois
qu'ils ont rejetées par le passé. Ils fléchissent le genou et admettent leur
dépendance vis-à-vis de Jésus-Christ, mais ils nacceptent toujours pas la
plénitude de l'Évangile. À la fin du millénium, ils sont extraits de l'enfer et sont
ressuscités dans une gloire téleste. Là, «ils seront les serviteurs du Très-Haut;
mais là où Dieu et le Christ demeurent, ils ne peuvent aller, aux siècles des
siècles» (D&A 76:112). Cependant, ils reçoivent «de l'Esprit-Saint par le
ministère des terrestres» (verset 86). Bien que différant de la gloire des royaumes
terrestre et céleste comme la lumière que nous percevons des étoiles diffère de celle
de la lune et de celle du soleil, la gloire du Royaume téleste «défie [malgré tout]
toute compréhension» (verset 89; voir D&A 76:81-90, 98-112; 88:100-101).
OCCASION DONNÉE À TOUS. L'Église enseigne que tous les hommes, à lexception des
fils de perdition, trouveront, dans lau-delà, une place dans lun des royaumes
de gloire et qu'ils choisissent eux-mêmes l'endroit par la vie quils mènent ici
sur terre et dans le monde d'esprit post-terrestre. Même la gloire la plus basse défie
toute compréhension pour les mortels. Tout le monde reçoit son libre arbitre (D&A
93:30-32). Tous ont accès au pouvoir révélateur de la Lumière du Christ, qui, à
condition quils la suivent, les conduira à la vérité de l'Évangile (Jn. 1:1-13;
Al. 12:9-11; Mro. 7:14-19; D&A 84:45-48). Tout le monde entendra l'Évangile de
Jésus-Christ sur terre ou dans le monde d'esprit post-terrestre et aura suffisamment
l'occasion de démontrer à quel point il laccepte (D&A 138; cf. 1 Pi. 4:6).
Ceux qui n'ont pas loccasion de recevoir l'Évangile sur cette terre, mais qui
lauraient entièrement accepté sils avaient pu l'entendre, et qui le
reçoivent donc dans le monde d'esprit, sont héritiers du royaume céleste de Dieu
(D&A 137:7-8). Ils accepteront les ordonnances salvatrices accomplies pour eux par
procuration dans un temple sur la terre (voir Salut des morts). Le Christ, victorieux et
plein de grâce, accorde à tous le désir de leur cur, leur permettant de choisir
leur récompense éternelle selon la loi quils sont disposés à respecter.
Bibliographie
Dahl, Larry E. The Vision of the Glories. Dans Studies in Scripture, dir. de
publ. R. L. Millet et K. P. Jackson, vol. 1, pp. 279-308. Sandy, Utah, 1984.
Smith, Joseph Fielding, DS, vol. 2, pp. 20-24. Salt Lake City? 1955.
Talmage, James E. AF, pp. 375-394. Salt Lake City, 1968.
LARRY E. DAHL
Déification chez les premiers
chrétiens
Auteur: NORMAN, KEITH E.
Du
deuxième au huitième siècle, le terme chrétien standard pour désigner le salut était
théopoièse ou théose, littéralement, «faire Dieu» ou déification. Ce langage a
survécu sporadiquement dans la tradition mystique de l'Occident et est toujours utilisé
dans l'Église catholique orthodoxe. La doctrine des saints relative à la progression
éternelle et à l'exaltation à l'état divin exprime une conception similaire du salut.
Sous sa forme classique, en particulier dans les ouvrages d'Athanase (évêque
d'Alexandrie au IVe siècle), la déification était basée sur la notion de l'incarnation
du Christ. Le Conseil de Nicée (325 apr. J.-C.) a défini le Fils comme homoousios (de la
même substance) avec le Père et donc pleinement Dieu. En prenant sur lui notre chair par
la naissance, Jésus, en tant que Dieu, a uni l'essence de l'humanité à la nature
divine. Finalement, la divinité du Christ a surmonté les limites de la chair par la
résurrection et la glorification, transformant et élevant son corps au niveau complet de
l'état divin. Comme Athanase la résumé: « Dieu a été fait homme pour que nous
puissions être faits Dieu » (De l'incarnation du Logos, 54).
Bien que ce point de doctrine ait été écarté par les savants postérieurs comme une
simple « théorie physique de la rédemption » concentrée sur la Résurrection, la
déification est plus qu'un synonyme de l'immortalité. Les Pères de l'Église
affirmaient que la déification non seulement rétablit l'image de Dieu qui a été perdue
au moment de la Chute, mais permet également à l'humanité de dépasser la nature
humaine de manière à posséder les attributs de Dieu. « Je peux devenir Dieu dans la
mesure où il est devenu homme », disait Grégoire de Nazianze vers la fin du IVe siècle
(Homélies 29.19). Les descriptions de la déification mentionnaient l'incorruptibilité
physique, l'immunité par rapport à la souffrance, la vertu parfaite, la pureté, la
plénitude de la connaissance et de la joie, la progression éternelle, la communion avec
Dieu, lhéritage de la gloire divine et la possibilité de régner conjointement à
jamais avec le Christ dans le royaume de Dieu dans les cieux.
Les racines de la doctrine chrétienne de la déification sont essentiellement bibliques.
En commençant par la création de l'humanité à l'image de Dieu (Ge. 1:26-27), les
Pères de lÉglise ont élaboré des aspects de la déification à partir de notions
telles que le commandement de parvenir à la perfection et à la sainteté morales (par
exemple, Lé. 19:1-2; Mt. 5:48; 1 Jn. 3:2; 1 Co. 11:1; 2 Pi. 1:3-7), ladoption comme
héritiers de Dieu (Ro. 8:15-17; Ga. 4:4-7), lunification avec Dieu en Christ (Jn.
17:11-23) et la participation aux souffrances du Christ afin de d'être élevés avec lui
dans la gloire (par exemple, Ro. 8:16-18; 2 Co. 3:18; 4:16-18; Ph. 3:20-21; 2 Ti.
2:10-12). Ils ont également mentionné des exemples dhumains décrits comme étant
des « dieux » dans l'Écriture (Ex. 4:16; 7:1; Ps. 82:6; Jn. 10:34-36).
La pensée juive, en particulier en réponse à lexpansion de la christologie et ce
quelle considérait comme une menace pour le monothéisme, avait plus de réticence
à parler dhumains atteignant létat divin. Néanmoins, les Juifs avaient
aussi certains des textes bibliques cruciaux sous-tendant la déification. Le judaïsme
talmudique avait tendance à souligner l'obligation de l'humanité d'imiter la sainteté
de Dieu puisquelle avait été créée à l'image divine. On disait de Moïse et
d'autres prophètes quils partageaient la gloire de Dieu et devenaient des «dieux
secondaires» par rapport aux autres mortels (Meeks, pp. 234-235). Philon dit de la
glorification de Moïse quelle était le «prototype
de laccession au
ciel que chaque disciple espérait se voir accorder » (Meeks, p. 244).
Du fait de son incompatibilité avec la doctrine de Dieu dans le christianisme occidental,
la déification a cessé dêtre la manière préférée de décrire le salut. La
théologie catholique a de plus en plus mis laccent sur la transcendance de Dieu,
seul être nécessaire et éternel. Tous les autres êtres étaient créés ex nihilo,
«à partir du néant», et navaient quune existence contingente. Cette
évolution théologique trouve son aboutissement chez Augustin. Pour lui, l'unité absolue
et l'altérité de Dieu étaient si différentes du statut dêtre créé et
dépendant vis-à-vis de la grâce divine quétait celui de l'humanité que le salut
ne pouvait pas franchir le fossé entre le Créateur éternel et les créatures
dépendantes de lui. Depuis lors, toute mention de déification a été suspecte ou
hérétique dans le christianisme occidental et a constitué un point de friction majeur
entre les chrétiens traditionnels et les enseignements des saints des derniers jours sur
le sujet.
Bibliographie
Barlow, Philip L. "Unorthodox Orthodoxy: The Idea of Deification in Christian
History". Sunstone 8, sept.-oct. 1983, pp. 13-18.
Benz, Ernst W. "Imago Dei: Man in the Image of God." Dans Reflections on
Mormonism, ed. T. Madsen, pp. 201-219. Provo, Utah, 1978.
Gross, Jules. La divinisation du chrétien d'après les pères grecs. Paris, 1938.
Meeks, Wayne A. The Prophet-King: Moses Tradition and the Johannine Christology. Leiden,
1967.
Norman, Keith E. "Deification: The Content of Athanasian Soteriology". Thèse de
doctorat, Duke University, 1980.
Norman, Keith E. "Divinization: The Forgotten Teaching of Early Christianity".
Sunstone 1, 1975, pp. 15-19.
Pelikan, Jaroslav. The Christian Tradition, Vols. 1 and 2. Chicago, 1971-1974.
KEITH E. NORMAN
Diable, Démons
Auteur: RIDDLE, CHAUNCEY C.
Dans la terminologie des saints, les mots «diable, démon» désignent quiconque favorise
la cause du mal, mais ils sappliquent particulièrement aux esprits non incarnés
qui se sont rebellés contre Dieu dans la vie prémortelle et ont été précipités du
ciel sur cette terre. Le diable, qui les dirige, est également connu sous les noms de
Lucifer dans lexistence prémortelle et de Satan depuis quil a été
précipité.
Le nom Lucifer signifie «porteur de lumière» en latin et est la traduction de
lhébreu heylel ben shakhar, qui signifie «annonciateur fils de laube» ou
«étoile du matin». Dans la vie prémortelle, Lucifer était un ange ayant autorité en
présence de Dieu. Il joua un rôle important lors du Conseil dans les cieux. Après que
le Père céleste eut offert le plan de justice pour aider ses enfants à devenir comme
lui, Lucifer proposa un plan différent.
Le plan du Père était de sauver et dexalter tous ses enfants obéissants. Pour
être obéissants, ils devaient garder ses commandements et faire le bien. Dans le plan du
Père, on savait davance que beaucoup rejetteraient lexaltation et recevraient
donc une gloire inférieure.
Le plan de Lucifer proposait de «sauver» tous les enfants du Père en forçant chacun à
obéir en toutes choses à la loi du Père. Lucifer désirait être récompensé de ce
grand exploit du salut universel en soctroyant lhonneur et la gloire du Père.
Comme les mortels ne peuvent être sauvés que par leur propre repentir librement
consenti, la proposition de Lucifer fut rejetée. Dans la guerre qui sensuivit dans
les cieux, il sacquit lallégeance du tiers des enfants desprit du
Père. Lucifer et ses partisans furent alors précipités du ciel sur la terre où il est
devenu Satan et ils sont tous devenus des démons (Moï. 4:1-3; D&A 29:36-37;
76:25-38).
Le nom Satan vient dune racine hébraïque signifiant «adversaire, ennemi», de là
«agresseur, accusateur» (voir Ap. 12:10). Sur cette terre, le rôle de Satan et de ses
démons est dempêcher laccomplissement duvres de justice et de
les détruire dans la mesure du possible (Moï. 4:4; D&A 10:20-23; 93:39).
La justice cest apporter le plus grand bonheur possible à toutes les personnes
concernées. On ne peut atteindre une pleine justice quavec laide dun
être omniscient et omnipotent. Cette pleine justice est lordre spécial du royaume
céleste où le Père demeure. Quand la volonté du Père est faite et que son ordre est
en place, chaque personne et chaque chose atteint, ou est en voie datteindre, le
potentiel quelle a de sépanouir et de connaître le bonheur. Cette justice
est le côté « bien » du bien et du mal. Elle doit faire contraste avec les désirs
humains qui sont contraires à lordre et à la volonté du Père.
Une bonne personne (juste) est un être libre qui ne choisit et ne fait que ce qui est
juste. Aucun mortel nest intrinsèquement et parfaitement bon et, à lui seul, aucun
mortel ne peut atteindre ce stade (Mt. 19:17). Mais les mortels peuvent poser des actes
justes et devenir justes par lintermédiaire du salut offert par Jésus-Christ. Le
Christ est la source de toute justice (Et. 12:28). Les enfants de Dieu peuvent atteindre
lordre de justice du Père par le Christ sils choisissent cet ordre en
rejetant expressément le mal.
Le mal est toute façon dexister qui nest pas juste. Un état de choses, un
acte ou une personne qui nest pas dans lordre de la justice est donc mauvais.
Laisser son prochain languir dans la pauvreté quand on a soi-même labondance,
voler autrui ou lui souhaiter du mal, tout cela est mal. Satan fait progresser le mal
partout il peut pour contrecarrer la justice de Dieu (voir D&A 10:27). Ainsi, Satan
tente les gens pour quils fassent le mal au lieu de la volonté du Père. Satan
lui-même nest pas nécessaire au mal, mais il accélère et encourage le mal
partout où il peut.
Les premières cibles de Satan sur terre ont été Adam et Ève dans le jardin
dÉden. Sachant que le Père leur avait commandé de ne pas manger du fruit défendu
sous peine de mort, Satan chercha à détruire luvre du Père en les incitant
à en manger malgré tout. Le succès de Satan a marqué le commencement du monde (pas de
la création de la terre), du royaume de Satan sur cette terre (voir TJS, Mt. 1:55).
En obéissant à Satan, Adam et Ève lui ont ouvert la porte pour quil ait une
domination partielle sur eux, sur la terre et sur tous leurs enfants (voir Chute
dAdam). Les exemples de sa domination partielle sur la terre accordée par le Père
sont sa capacité de posséder les corps des animaux (Mt. 8:28-32) et dutiliser
leau pour détruire les gens (D&A 61:14-19). Satan a acquis le pouvoir de tenter
ceux qui sont responsables de faire le mal (D&A 29:39), de communiquer avec des
individus pour leur enseigner des choses (habituellement mais pas toujours des mensonges),
de posséder leur corps, de provoquer la maladie et de causer la mort physique. Il stimule
le péché, les mauvaises actions, ce qui apporte la mort spirituelle au pécheur et le
malheur à toutes les personnes touchées. Dans chacune de ces occasions, le pouvoir de
Satan est limité: Il ne peut faire que ce que Dieu lui permet expressément de faire
(D&A 121:4; Lu. 8:30-33). On peut lui ôter son pouvoir en écoutant Dieu et en
utilisant correctement la sainte prêtrise pour limiter ses activités (D&A 50:13-35).
Ce que Satan na pas réalisé en Éden est que ce quil faisait en essayant de
détruire luvre du Père était en réalité la chose même qui était requise
pour accomplir son plan (Moï. 4:6). Les hommes ne pouvaient pas démontrer suffisamment
leur amour pour Dieu et leur disposition à accomplir luvre de la justice pour
les qualifier pour lexaltation sans être exposés à des adversaires mauvais tels
que Satan et ses armées et les vaincre (2 Né. 2:11-22).
Sur terre, Satan est donc le père de la tromperie, du mensonge et du péché de
tout ce qui est mal car il les encourage vigoureusement. Il peut apparaître comme
une contrefaçon dun ange de lumière ou en tant que prince des ténèbres, mais ses
manifestations habituelles aux mortels revêtent habituellement la forme dune
révélation mauvaise dans le cur et lesprit dune personne ou
indirectement par dautres personnes. Sa mission est de tenter chacun de choisir le
mal de sorte que les choix de chaque être humain responsable puissent servir de base
suffisante à un jugement final.
Cette vie terrestre est une épreuve mortelle pour tous ceux qui ont loccasion
daccepter et de mettre en pratique la nouvelle alliance éternelle tandis
quils vivent ici-bas. Ceux qui nont pas une occasion complète dans cette vie
terrestre verront leur épreuve se prolonger à travers lexistence dans le monde
desprit qui la suit. Quand viendra la résurrection, chacun des enfants du Père
aura fait un choix final entre le bien et le mal et chacun sera récompensé selon le bien
ou le mal choisi pendant lépreuve (Al. 41:10-15).
Quand Satan tente une personne de faire le mal, il y a des limites à ce quil peut
accomplir. Il peut mettre devant une personne nimporte quel genre doccasion de
mal faire, mais ce mal attire seulement si la personne tentée désire déjà cette chose.
Quand les gens sont tentés, cest en réalité par leur propre convoitise (Ja.
1:12-15).
Satan na de pouvoir sur terre que dans la mesure où les gens le lui donnent en
succombant à ses tentations (EPJS, p. 149). Le libre arbitre des êtres humains consiste
à choisir la justice par le Saint-Esprit de Dieu ou légoïsme par la chair en
succombant aux tentations de Satan (2 Né. 2:26-29). (La chair nest pas mauvaise en
soi, mais Satan peut tenter les humains par leur chair.) Ceux qui se repentent dans cette
vie sont néanmoins tentés par Satan jusquà leur mort; alors Satan na plus
jamais aucun pouvoir sur eux. Ceux qui meurent sans sêtre repentis sont toujours au
pouvoir de Satan dans la prison desprit (Al. 34:34-35). Tous sauf les fils de
perdition finiront par accepter le Christ et lui obéir et échapperont ainsi à la
domination de Satan (D&A 76:110). Cest ainsi que le plan
de libre arbitre du Père saccomplit.
Les trois tentations que Satan impose au Sauveur peuvent être considérées comme
représentatives de toutes les tentations humaines (voir David O. McKay, Gospel Ideals, p.
154, Salt Lake City, 1953). La tentation de créer du pain et de le manger alors
quil ne devrait pas le faire représente la tentation humaine de la chair,
dassouvir les sens de manière inique. La tentation de se jeter en bas du temple et
dêtre sauvé par des anges alors que cela ne devrait pas être représente la
tentation humaine de la notoriété. La tentation de recevoir les royaumes de ce monde
alors que cela ne devrait pas être représente la tentation dexercer une domination
ou un pouvoir impie sur les autres. Le Sauveur na cédé à aucune de ces tentations
parce que son cur était pur et quil savait que la voie de la justice
résidait seulement dans laccomplissement de la volonté du Père en toutes choses.
Tous les mortels responsables sont tentés, tout comme notre Sauveur la été. Quand
les mortels succombent, Satan acquiert du pouvoir et la vie sur terre devient un enfer.
Tout le monde peut résister à la tentation en choisissant le bien plutôt que le mal.
Mais les fausses informations, les traditions culturelles mauvaises (D&A 93:39), le
désespoir et les besoins humains impératifs, tout cela rend difficile le choix du bien,
même si la personne ne désire pas particulièrement un mal déterminé (2 Néphi 28 fait
une description détaillée des stratagèmes de Satan).
Grâce à Jésus-Christ et à la participation à sa nouvelle alliance éternelle, les
mortels ont la possibilité dacquérir le pouvoir de toujours choisir
infailliblement le bien plutôt que le mal. Ce faisant, ils sont à même détablir
la justice de Dieu et par conséquent le ciel sur terre (Moï. 7:18; D&A 50:34-35;
voir aussi Sion).
Les êtres humains résistent à Satan et au mal en dominant leurs désirs,
cest-à-dire (1) en ne désirant pas le mal que Satan propose, (2) en acquérant
plus de connaissance de manière à être capables de voir que les tentations de Satan ne
sont pas ce quils veulent vraiment et (3) en ayant le cur purifié par
Jésus-Christ de sorte quils ne désireront plus rien de mal mais désireront au
lieu de cela faire la volonté du Père en toutes choses (Mro. 7:48; cf. les réponses du
Sauveur dans Mt. 4:1-10).
La grande aide à la résistance à la tentation est le Saint-Esprit. Le but de Satan est
de demeurer dans et avec toutes les personnes qui nont pas le Saint-Esprit avec
elles, allant parfois jusquà prendre totalement possession du corps dune
personne au point de lui faire perdre son libre arbitre pendant un certain temps. Il peut
également y avoir possession partielle parce que toutes les fois quun être humain
se met en colère, il est au moins partiellement possédé par Satan (Ja. 1:20).
Dans son rôle de destructeur, Satan peut causer la maladie et la mort, mais seulement
avec la permission de Dieu. Il ne peut pas prendre les gens avant leur temps à moins
quils ne désobéissent à Dieu et ne renoncent ainsi à leur mission (Job 1:6-12).
Père du mensonge, Satan est lancé dans une campagne de désinformation. Il répand des
idées fausses à son propre sujet, au sujet de Dieu, au sujet des gens, au sujet du salut
tout cela dans le but dempêcher les actes de foi en Jésus-Christ. Les
mortels croient ses mensonges parce que ceux-ci sont agréables à lesprit charnel
et parce quils favorisent ou soutiennent les désirs égoïstes de celui qui les
croit. À propos de lui-même, Satan dit aux hommes quil ny a pas de diable,
que pareille idée est de limagination pure (2 Né. 28:22). À propos de Dieu, Satan
désire que les êtres humains croient soit quil nexiste pas soit quil
est un être lointain, inconnaissable ou redoutable. Il dit aux hommes quils doivent
conquérir dans ce monde selon leur force et que ce que lon fait, peu importe ce que
cest, nest pas un crime (Al. 30:17). Ses mensonges préférés au sujet du
salut sont soit quil est accordé à tous quoi quils fassent (Al. 21:6) ou
quil est réservé à un petit nombre dheureux élus (Al. 31:17). Ces
croyances incorrectes des pères, inculquées à leurs enfants sous forme de faux credo,
les Écritures les appellent «les chaînes de lenfer» (Al. 12:11; D&A
123:7-8).
Les combinaisons secrètes sont un autre moyen diabolique de répandre le malheur et de
bloquer la cause de la justice (Ét. 8:16-26; Hél. 6:16-32). Satan incite les individus
égoïstes à profiter des autres en les opprimant. Le secret est essentiel pour empêcher
toute revanche de la part des victimes et lapplication juste des lois contre de
telles combinaisons. Les combinaisons secrètes emploient un pouvoir personnel,
économique, éducatif, politique ou militaire qui domine ou asservit certaines personnes
pour le plaisir et le profit dautres.
Satan a également une influence sur lesprit de personnes mauvaises qui ont quitté
la condition mortelle par la mort et qui habitent la prison desprit (parfois
appelée hadès). Les habitants de cette prison ne souffrent pas encore de la douleur
purificatrice qui viendra plus tard, mais continuent à être sujets aux mensonges et aux
tentations de Satan (Al. 40-41). Ils ont également loccasion dentendre les
serviteurs du Christ (D&A 138:28-37) et sils nont pas eu loccasion
sur terre, ils peuvent maintenant se repentir en vue de lexaltation. Sils ont
eu loccasion sur terre mais ne lont pas utilisée, le passage par la prison
desprit leur permet de nouveau de rejeter Satan, ses mensonges et ses tentations,
mais avec la récompense dune gloire moindre (D&A 76:71-79).
Pendant le millénium, Satan sera lié (Ap. 20:2). Il sera toujours sur terre, essayant de
tenter tout le monde comme il le fait depuis la chute dAdam, mais il sera lié parce
que personne nécoutera ses tentations (1 Né. 22:26).
Vers la fin du millénium, Satan sera libéré (D&A 88:110-115) parce que les hommes
lécouteront de nouveau. Mais il sera vaincu et envoyé de cette terre dans les
ténèbres du dehors, où lui et ses disciples, tant esprits que fils de perdition
ressuscités (Satan est la Perdition), demeureront à jamais dans le malheur et les
ténèbres de légoïsme et de lisolement.
Bibliographie
On trouvera un traitement plus complet du concept du diable du point de vue des saints des
derniers jours dans LaMar E. Garrard, «A Study of the Problem of a Personal Devil and Its
Relationship to Latter-day Saint Beliefs» (Mémoire de maîtrise, université Brigham
Young, 1955). Un ouvrage particulièrement précieux est son recueil de citations des
premières Autorités générales de lÉglise à ce sujet. Les quatre ouvrages de
Jeffrey Burton Russel, The Devil: Perceptions of Evil from Antiquity to Primitive
Christianity (Ithaca, N.Y., 1977), Satan: The Early Christian Tradition (Ithaca, N.Y.,
1981), Lucifer: The Devil in the Middle Ages (Ithaca, N.Y., 1984) et Mephistopheles: The
Devil in the Modern World (Ithaca, N.Y., 1986) constituent une histoire complète du
concept du diable à travers la littérature, les arts et la philosophie depuis les temps
anciens jusquà nos jours. La présentation est un traitement approfondi mais ne
découle pas de la façon de penser des saints.
CHAUNCEY C. RIDDLE
Dieu
Auteur: YARN, DAVID H.
Les saints
des derniers jours déclarent: «Nous croyons en Dieu, le Père éternel, et en son Fils,
Jésus-Christ, et au Saint-Esprit» (A de F 1). Joseph Smith propose
léclaircissement suivant: «Le Père a un corps de chair et dos aussi
tangible que celui de lhomme, le Fils aussi; mais le Saint-Esprit na pas de
corps de chair et dos, cest un personnage desprit» (D&A 130:22;
voir Dieu le Père; Saint-Esprit; Jéhovah, Jésus-Christ).
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois êtres séparés et distincts qui
constituent une Divinité unique. Dune manière générale, le Père est le
Créateur, le Fils est le Rédempteur et le Saint-Esprit est le Consolateur et le Témoin
(cf. MFP 5:26-34; EPJS, p. 152). Beaucoup de passages scripturaires illustrent le
caractère distinct des membres de la Divinité. Par exemple, au baptême de Jésus, alors
quil était dans leau, la voix du Père sest fait entendre du ciel et le
Saint-Esprit est descendu «comme une colombe» et sest posé sur le Fils (Mt.
3:13-17; voir Jésus-Christ: Baptême de Jésus-Christ). Chacune des trois personnes
sest manifestée séparément et simultanément. En outre, Jésus dit: «Mon Père
est plus grand que moi» (Jean 14:28) et ailleurs: «Le Père ne juge personne, mais il a
remis tout jugement au Fils» (Jn. 5:22). De plus, Jésus indique que le Père et
lui-même sont deux témoins séparés de la divinité de son uvre (Jn. 5:32-37;
8:12-18). Sur la montagne de la Transfiguration, notre Père céleste, parlant à Pierre,
Jacques et Jean, appelle lhomme mortel quest Jésus, «mon Fils bien-aimé»
(Mt. 17:5). Par ailleurs, le Fils prie souvent son Père. À Gethsémané, il prie le
Père tandis quil est dans une angoisse profonde (Mc. 14:32-39; cf. Lu. 22:40-46;
D&A 19:16-19), et sur la croix, il crie au Père : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
mas-tu abandonné?» (Mt. 27:46; Mc. 15:34; cf. Ps. 22:1). Tous ces passages
prouvent bien que le Père est un être distinct du Fils. Bien quils soient un pour
ce qui est de la volonté et des buts, ils sont deux individus séparés et rendent
témoignage lun de lautre (cf. 3 Né. 11:7-11).
La nature de lunité de la Divinité est illustrée dans la prière où Jésus
souhaite que ses disciples soient un de même que le Père et lui sont un (Jn. 17:21-22;
cf. 3 Né. 11:27, 32-36; 28:10-11). Il prie ici pour que ses disciples soient unis en
esprit, en but, et en témoignage, pas pour quil y ait fusion de leur identité en
un être unique. Il prie pour quils soient un en désir, en but et en objectif,
exactement comme son Père et lui (EPJS, p. 301-302; voir Unité).
Le Père, en tant que Dieu, est omnipotent, omniscient et, par son Esprit, omniprésent
(voir Lumière du Christ). Il est miséricordieux et généreux, lent à la colère,
abondant en bonté. Sa voie est une ronde éternelle. Il est un Dieu de vérité et ne
fait pas acception de personnes. Il personnifie lamour.
Bien que les saints des derniers jours utilisent abondamment les Écritures pour
sinformer sur Dieu, leur connaissance fondamentale à son sujet est basée sur la
première vision de Joseph Smith, les révélations suivantes du prophète et la
révélation personnelle de chacun. Lhumanité peut raisonner ou échafauder des
théories sur lexistence de Dieu et sa nature, mais si elle veut connaître Dieu,
cela dépendra essentiellement de Sa disposition à se révéler à elle (voir Témoignage
de Jésus-Christ).
Avant 325 apr. J.-C., date du premier concile cuménique chrétien à Nicée, la
nature de Dieu faisait lobjet de débats chez les philosophes et les croyants.
Depuis lors, le concept de Dieu a été le sujet de conciles cuméniques, de
discussions philosophiques et darticles de foi. Aucun deux nest la
source de la compréhension que les saints ont de Dieu. Il va de soi que beaucoup
darguments classiques en faveur de lexistence de Dieu ont été avancés,
notamment les arguments ontologiques dAnselme, les cinq «preuves» de saint Thomas
dAquin, largument téléologique de Descartes, largument éthique de
Leibniz et les postulats de la raison pratique de Kant. Aussi impressionnants quils
puissent être comme réalisations de lintellect humain, aucun deux nest
la source de la foi en Dieu des saints des derniers jours, dont la foi est basée sur le
témoignage personnel enraciné dans une expérience personnelle (voir Épistémologie;
Foi en Jésus-Christ; Raison et révélation).
Le dernier chapitre du Livre de Mormon fait cette promesse: «Et lorsque vous recevrez ces
choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces
choses ne sont pas vraies; et si vous demandez d'un cur sincère, avec une intention
réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du
Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez connaître la vérité de
toutes choses.» (Mro. 10:4-5). La manifestation personnelle quon reçoit en
réponse à la prière sappelle un témoignage. Les saints des derniers jours
enseignent que, grâce à cette source, on peut recevoir le témoignage certain que Dieu
vit, la confirmation des divers principes que les Écritures enseignent et les
éclaircissements là où ils sont nécessaires.
Il est essentiel davoir une croyance en Dieu ou du moins une certaine foi en lui
pour découvrir quil existe réellement. Puisque Dieu existe et que les êtres
humains sont ses enfants, il est important que les hommes et les femmes connaissent ces
faits parce quune telle connaissance est un composant de la vie éternelle (Jn.
17:3). Les hommes doivent savoir quils sont eux-mêmes des êtres éternels, que
leur existence terrestre dépend de Dieu (cf. Mosiah 2:21) et que leur état futur dépend
des relations quils établissent avec Dieu et du respect de ses commandements (voir
Commandements; Obéissance).
Dieu aime ses enfants et leur a donné le moyen de réaliser leur potentiel divin (voir
État divin). Dieu a donné à lhumanité le programme pour lensemble de ses
enfants (voir Plan de salut, Plan de Rédemption) et, par le don du Saint-Esprit, il guide
spirituellement les personnes qui le désirent (voir Inspiration). Dieu a révélé sa
volonté aux prophètes dans les temps anciens et aux apôtres au midi des temps, et il
continue à se révéler aux prophètes et aux apôtres vivants des derniers jours.
Létude de lexistence de Dieu crée le désir de le connaître et de savoir ce
quil veut de nous. À mesure que notre foi et notre connaissance de Dieu augmentent,
nous désirons de plus en plus garder les commandements et nous sentir proches de lui
(voir Foi en Jésus-Christ). Le prophète Joseph Smith a enseigné que le fait de
connaître la véritable personnalité de Dieu constitue la base de la foi qui mène au
salut (Lectures on Faith 4:1; voir Discours sur la Foi). Jésus a promis que le
Consolateur ou Saint-Esprit sera envoyé à celui qui garde les commandements de Dieu (Jn.
14:26). Lidéal est de jouir continuellement de cette influence.
Le prophète Joseph Smith a dit : «Le premier principe de lÉvangile est de
connaître avec certitude la nature de Dieu et de savoir que nous pouvons converser avec
lui comme un homme converse avec un autre, et quil a jadis été un homme comme
nous: oui, que Dieu lui-même, notre Père à tous, a demeuré sur une terre tout comme
Jésus-Christ lui-même» (EPJS, p. 280). En outre : «Dieu lui-même a jadis été tel
que nous sommes maintenant et est un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux
là-haut ! Voilà le grand secret. Si le voile était déchiré aujourdhui et si le
grand Dieu qui maintient notre monde dans son orbite et qui soutient tous les mondes et
toutes choses par son pouvoir devait se rendre visible je dis, si vous deviez le
voir aujourdhui, vous le verriez sous la forme dun homme comme
vous-mêmes dans toute la personne, limage et la forme dun homme; car Adam fut
créé à la manière, à limage et à la ressemblance mêmes de Dieu, reçut des
instructions de lui et marcha, parla et conversa avec lui, comme un homme parle et
communie avec un autre» (EPJS, p. 279).
Ainsi, tous les humains doivent apprendre de Dieu qui ils sont, doù ils viennent,
pourquoi ils sont sur terre, où ils vont et ce qui est leur potentiel éternel en
étudiant les Écritures et en recevant la révélation personnelle. Tout est centré sur
Dieu.
Bibliographie
«Le Père et le Fils: Un exposé de doctrine par la Première Présidence et les Douze»,
MFP 5:26-34.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding. DS 1:11-61. Édition française, Francfort, n.d.
Talmage, James E. AF, pp. 61-68. Édition française révisée, 1962.
DAVID H. YARN, Jr.
Dieu le Père
Cette rubrique se compose de quatre articles:
Dieu le Père: Aperçu
Dieu le Père: Noms et titres
Dieu le Père: Gloire de Dieu
Dieu le Père: uvre et gloire de Dieu
Le premier article est une introduction à la doctrine relative à Dieu le Père et aux
sources où lon peut la trouver. Le deuxième article mentionne les noms et les
titres principaux donnés à Dieu dans les Écritures de lÉglise. Le troisième
article traite brièvement de la gloire de Dieu. Larticle final va dans le détail
de la notion des buts de Dieu par rapport à lhumanité.
Dieu le Père: Aperçu
Auteur: ROBINSON, STEPHEN E.
Les saints
des derniers jours appellent généralement Dieu, le Père éternel, Élohim, un pluriel
hébreu (elohim) signifiant Dieu ou dieux, et son Fils Jésus-Christ, Jéhovah (voir
Élohim; Jéhovah, Jésus-Christ). Il nest pas possible de distinguer les personnes
du Père et du Fils par des termes plus ambigus comme «Dieu». Le fait dappeler le
Père «Élohim» est donc une convention utile tant que lon se rappelle que, dans
certains passages de la Bible hébraïque, le titre élohim ne désigne pas exclusivement
la personne de Dieu le Père. Un terme moins ambigu pour désigner Dieu le Père dans le
langage des saints pourrait être «Ahman»(cf. D&A 78:15, 20), qui, selon Orson
Pratt, est un nom du Père (JD 2:342).
Dans la théologie de lÉglise, la doctrine de la nature de Dieu est davantage
précisée par la première vision du prophète Joseph Smith que par toute autre chose.
Ici, Joseph Smith a vu par lui-même que le Père et le Fils étaient deux êtres
séparés et distincts, possédant chacun un corps à limage et à la ressemblance
duquel les mortels sont créés. Pour les saints des derniers jours, aucune conception
théologique ou philosophique de Dieu ne peut lemporter sur lexpérience
directe du prophète (voir Première Vision).
Dans un certain sens, cest créer une légère distorsion que se concentrer sur un
seul membre de la Divinité et traiter de ses caractéristiques en lisolant de
celles des deux autres, car Père, Fils et Saint-Esprit sont un en volonté, en but et en
personnalité (Jn. 10:30; 17:11, 21-23). La majeure partie de ce qui peut être dit du
Père est également vrai du Fils et vice-versa. Le prophète Joseph Smith a dit que le
Fils ne fait rien dont le Père ne soit pas lexemple (EPJS, p. 252; cf. Jn.
5:19-20).
Pourtant Dieu le Père nest pas un en substance avec le Fils ou le Saint-Esprit,
mais est un être séparé. Le Père a existé avant le Fils et le Saint-Esprit et est la
source de leur divinité. En termes classiques, la théologie des saints est
subordinationniste, cest-à-dire quelle considère le Fils et le Saint-Esprit
comme subordonnés et dépendants de Dieu, le Père éternel. Ils descendent de lui.
Cest pour cela que Joseph Smith appelle le Père «Dieu le premier» pour souligner
sa primauté dans la Divinité (EPJS, p. 152). Le Fils et le Saint-Esprit étaient «au
commencement avec Dieu», mais seul le Père a existé avant le commencement de
lunivers tel quon le connaît. Il est la source ultime de tout et le Père de
tout, parce quau commencement il a engendré le Fils et, par lentremise de son
agent, le Fils, le Père a réalisé la création de tout.
Les saints des derniers jours perçoivent le Père comme un Homme exalté dans le sens le
plus littéral et le plus anthropomorphique du terme. Ils ne considèrent pas la
terminologie de la Genèse comme allégorique; les êtres humains sont créés dans la
forme et à limage dun Dieu qui a une forme et une image physiques (Ge. 1:26).
Le prophète Joseph Smith explique: «Le Père a un corps de chair et dos aussi
tangible que celui de lhomme; le Fils aussi; mais le Saint-Esprit na pas de
corps de chair et dos, cest un personnage desprit» (D&A 130:22).
Ainsi, «Dieu est esprit» (Jn. 4:24) en ce sens que le Saint-Esprit, le membre de la
Divinité qui traite le plus souvent et le plus directement avec les humains, est un Dieu
et un esprit, mais Dieu le Père et Dieu le Fils sont des esprits ayant un corps physique
et ressuscité. Les saints des derniers jours nient la nature abstraite de Dieu le Père
et affirment quil est un être concret, quil possède un corps physique et
quil est dans lespace et le temps. Ils rejettent en outre toute idée que Dieu
le Père est le «totalement autre», inconnaissable ou incompréhensible. Selon la
doctrine de lÉglise, connaître le Père et le Fils est une condition préalable à
la vie éternelle (Jn. 17:3; D&A 88:49). De lavis de beaucoup de saints des
derniers jours, le concept dune Divinité abstraite et incompréhensible constitue
une intrusion des catégories philosophiques grecques dans le message biblique.
Le Père, Élohim, est appelé le Père parce quil est le Père littéral de
lesprit des mortels (Hé. 12:9). Cette paternité nest pas allégorique. Tous
les esprits humains ont été engendrés (et pas créés de rien ou faits) par le Père
dans un état prémortel, où ils ont vécu et ont été éduqués par des Parents
célestes. Ces enfants desprit du Père viennent sur terre recevoir un corps mortel;
il y a des liens familiaux littéraux entre les hommes. Joseph Smith a enseigné: «Si les
hommes ne comprennent pas la personnalité de Dieu, ils ne se comprennent pas eux-mêmes»
(EPJS, p. 278). Les Dieux et les humains représentent une lignée divine unique, la même
espèce dêtre, bien queux et lui soient à différentes étapes de
progression. Ce point de doctrine est énoncé avec concision dans un couplet bien connu
du président Lorenzo Snow: «Ce que lhomme est maintenant, Dieu le fut autrefois;
ce que Dieu est maintenant, lhomme peut le devenir» (voir État divin). Ce principe
est clairement démontré dans la personne de Jésus-Christ, un Dieu qui est devenu
mortel, et cependant un Dieu comme qui les mortels peuvent devenir (Ro. 8:29; 2 Co. 3:18).
Mais la maxime vaut aussi bien pour le Père. Comme le prophète Joseph Smith la
dit: «Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes maintenant et est un homme exalté
et siège sur son trône dans les cieux là-haut! Voilà le grand secret» (EPJS, p. 279).
Ainsi, le Père est devenu le Père à un moment donné avant «le commencement» tel que
les humains le connaissent, en passant par une condition mortelle semblable à celle que
nous vivons sur terre. Il y a eu des théories parmi certains saints des derniers jours
sur les implications de ce point de doctrine, mais rien na été révélé à
lÉglise au sujet de ce qui existait avant «le commencement» tel que les mortels
le connaissent. Les points importants de cette doctrine pour les saints des derniers jours
sont que les Dieux et les humains sont la même espèce dêtres, mais à
différentes étapes du développement dans un continuum divin et que le Père et la Mère
célestes sont le modèle et lexemple célestes de ce que les mortels peuvent
devenir par lobéissance à lÉvangile (voir Mère céleste). Le fait de
savoir quils sont la descendance littérale de parents célestes et quils
peuvent devenir comme eux par lÉvangile de Jésus-Christ est une source
intarissable de motivation religieuse. Avec Dieu comme Père littéral et les humains
comme dotés de la capacité de devenir comme lui, la réponse aux questions religieuses
de base «Doù viens-je?», «Pourquoi suis-je ici?» et «Quel est mon destin?»
trouvent fondamentalement leur réponse.
Les saints des derniers jours attribuent également lomnipotence et
lomniscience au Père. Il sait tout ce qui concerne lunivers dans lequel les
mortels vivent et est lui-même la source et le possesseur de tout le vrai pouvoir qui
sy manifeste. Cela fait partie de ce que signifie être exalté et cest pour
cela que les êtres humains peuvent sans risque mettre leur foi et leur confiance en Dieu
le Père, un être exalté. Néanmoins, dans la plupart des choses relatives à ce monde,
le Père agit par lintermédiaire dun médiateur, son Fils, Jésus-Christ. À
de rares exceptions près, les mentions de Dieu ou même du Père dans les Écritures se
rapportent en réalité à Jésus-Christ parce que le Père est représenté par son Fils.
Dans les quelques occasions où le Père sest clairement manifesté, il a
apparemment limité sa participation personnelle à rendre témoignage du Fils, comme au
baptême de Jésus (Mt. 3:17), à la Transfiguration (Mt. 17:5), lors de son témoignage
aux Néphites et aux Lamanites (3 Né. 11:7) et lors de la Première Vision de Joseph
Smith (JSH 1:17). Le Christ est lagent du Père, et puisque lui seul, par son
expiation, a rendu possible laccès au Père, les saints des derniers jours adorent
et prient le Père et lui offrent toutes les autres observances au nom du Fils,
Jésus-Christ (Moï. 5:8).
Un autre attribut personnel important du Père est son amour parfait (1 Jn. 4:8). À cause
de cet amour, il est de la nature du Père daméliorer tout et tout le monde dans la
mesure où on le lui permet. A partir du chaos préexistant, de la matière non
organisée, le Père a créé un univers ordonné. À partir dintelligences
préexistantes, il a engendré des enfants desprit. Même ceux de ses enfants qui ne
veulent pas coopérer ni obéir et qui ne peuvent donc pas devenir comme lui, il les sauve
malgré tout, sils le permettent, et les place dans des royaumes de gloire moindre
(D&A 76:42-43; voir Salut): «Car voici mon uvre et ma gloire: réaliser
limmortalité et la vie éternelle de lhomme» (Moï. 1:39). Lamour du
Père ne se limite pas à ceux qui ladorent et lui obéissent, bien que ce soient
eux qui auront la plus grande récompense, mais il sétend à tous ses enfants.
Luvre et la gloire du Père sont daimer et dédifier tous ses
enfants dans la mesure où ils le permettent. Les saints des derniers jours croient que
lintention du Père est de rendre tous les êtres humains aussi heureux quil
leur est possible de lêtre. Cest dans ce but que le Père a créé le plan du
salut. Il désire que tous les êtres humains soient exaltés comme lui, reçoivent les
pouvoirs et les joies quil possède et éprouvent une plénitude de joie dans
léternité. La limite est la mesure dans laquelle les humains, en manifestant leur
foi et leur obéissance et en faisant des choix sages, permettent au Père de les bénir
en réalisant ce but. Parfois avoir foi en Dieu signifie avoir la foi que le plan du Père
accomplira ce quil est censé devoir accomplir: apporter le bonheur maximum aux
êtres humains. Néanmoins, les saints des derniers jours croient, contrairement à
certaines autres conceptions, que le Père ne viole jamais le libre arbitre individuel en
forçant ses enfants à lexaltation et au bonheur. La coercition, à quelque niveau
que ce soit, même sous forme de prédestination au royaume céleste, est contraire à la
nature du Père. Tout rapport avec lui, toute association avec lui est volontaire.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et Larry E. Dahl. The Prophet Joseph Smith's King Follett Discourse: A
Six Column Comparison of Original Notes and Amalgamations. Provo, Utah, 1983.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, pp. 58-65. Salt Lake City,
1985.
Smith, Joseph Fielding. DS, Vol. 1, pp. 11-27.
STEPHEN E. ROBINSON
Dieu le Père: Noms et titres
Auteur: BURGON, GLADE L.
Les noms
et les titres connus de Dieu le Père éternel sont peu nombreux, particulièrement une
fois quon les compare aux noms appliqués à Jésus-Christ (voir Jésus-Christ, noms
et titres de). Pour les saints des derniers jours, la Divinité se compose de trois
personnes distinctes: le Père, Jésus-Christ, son Fils, et le Saint-Esprit (D&A
130:22). Par conséquent, quand il est nécessaire de distinguer Dieu le Père des deux
autres membres de la Divinité, les membres de lÉglise choisissent parmi les noms
qui se trouvent dans les Écritures.
DIEU. Chez les saints des derniers jours, le titre «Dieu» désigne généralement Dieu
le Père. De temps en temps, le mot Dieu peut désigner la Divinité unifiée du Père, du
Fils et du Saint-Esprit (cf. 2 Né. 31:21; D&A 20:28) et parfois chaque membre
séparément (AF, pp. 60-68). Cette caractéristique rend parfois très difficiles les
tentatives de distinguer le Père de Jésus-Christ dans les Écritures. Chose importante,
les déclarations de Jésus selon lesquelles le Père et lui sont «un» et que connaître
lun cest connaître lautre, indiquent que lunité de la Divinité
en but et en esprit et témoignant lun de lautre est
lessentiel et semble diminuer limportance des distinctions entre ses membres.
Les Écritures enseignent que pour connaître le Père il faut dabord connaître le
Christ (Jn. 14:6-23; D&A 84:35-38; 93:1-22; 132:12). Les instructions de Jésus selon
lesquelles ses fidèles doivent être «un» avec lui comme il est «un» avec le Père
sont fondamentales dans sa doctrine (cf. Jn. 17:1-26; 3 Né. 11:32-36).
PÈRE, PÈRE CÉLESTE. Le nom-titre «Père céleste» se rapporte à celui qui a dirigé
la création et est le Père des esprits de toute lhumanité (MFP 5:26-27). Jésus a
utilisé les termes «mon Père», «notre Père» et «le Père» dans son enseignement
sur le Père et en le priant. Le mot araméen abba (père) est resté dans la traduction
du Nouveau Testament (Mc. 14:36; Ro. 8:15; Ga. 4:6). Dans le Livre de Mormon, Jésus
ressuscité utilise continuellement le titre «Père» en parlant du Père céleste (par
exemple, 3 Né. 11:11; 19:20-23). Parfois, cependant, Père peut désigner le Fils (voir
Jésus-Christ, Paternité et Filiation de). Selon le Nouveau Testament et le Livre de
Mormon, les âmes fidèles qui sont converties à Jésus-Christ et qui font des alliances
personnelles avec lui naissent spirituellement de nouveau, devenant «ses fils et ses
filles» (par exemple, Mosiah 5:7; cf. 1 Co. 4:15; 2 Co. 6:18; MFP 5:27-31).
DIEU LE PÈRE. La combinaison du titre «Dieu» et de lappellatif «le Père»
indique quil sagit du Père de Jésus-Christ et de tous les esprits. Les
saints des derniers jours adorent Dieu le Père et Jésus-Christ et prient le Père au nom
du Christ comme le Seigneur la commandé (D&A 88:64).
ÉLOHIM. Le terme généralement utilisé pour «Dieu» ou «dieux» dans la Bible
hébraïque est élohim, une forme plurielle dont le singulier est eloah ou el et a le
sens d «élevé» ou «exalté». Les premiers dirigeants de lÉglise ont
pris pour habitude de désigner Dieu le Père par le nom-titre exalté «Élohim» (cf.
MFP 5:26; voir Élohim; Nom de Dieu). Cette terminologie est toujours utilisée.
JÉHOVAH, SEIGNEUR, SEIGNEUR DIEU. Le terme «Seigneur», imprimé en majuscules dans
beaucoup de versions anglaises de lAncien Testament, remplace le nom Jéhovah (yhwh
dans la Bible hébraïque). Bien quidentifiant Jésus-Christ à Jéhovah (3 Né.
15:3-5; cf. D&A 110:1-4; voir Jéhovah, Jésus-Christ), les saints des derniers jours
utilisent le titre «Seigneur» pour le Père et le Fils, comme cest courant dans
toute lÉcriture. Le titre «Seigneur Dieu» dans la Bible hébraïque est un
composé délohim précédé soit de yhwh (Jéhovah) ou dadonaï (seigneur ou
maître). Ce nom-titre combiné désigne surtout Jéhovah dans lAncien Testament.
Dans le Nouveau Testament, dans le Livre de Mormon et dans dautres Écritures
modernes «Seigneur Dieu» peut désigner soit le Père (par exemple, Moïse 4:1-4) soit
le Fils (Mosiah 3:21). [NdT: Pour ce qui est de la Version Segond, lauteur utilise
uniquement les termes Éternel, Éternel Dieu. Il est à remarquer que le Tétragramme
IHVH doit probablement se prononcer Yahvé. La prononciation Jéhovah provient du fait que
les voyelles du mot «adonaï», Seigneur, couramment utilisé parce quil était
interdit de prononcer le nom divin, ont été intégrées aux consonnes du Tétragramme.]
AHMAN. Dans deux révélations à Joseph Smith (D&A 78:20; 95:17), Jésus-Christ se
désigne lui-même par le nom «Fils Ahman», ce qui veut dire quil est possible que
«Ahman» signifie Dieu et soit lun des noms du Père (voir Ahman). Le nom apparaît
également dans un nom de lieu composé, Adam-ondi-Ahman (D&A 116:1; 117:8, 11).
HOMME DE SAINTETÉ. Adam a appris par révélation quun des noms de Dieu le Père
est «Homme de Sainteté» (Moïse 6:57). Hénoc a également noté les paroles de Dieu:
«Voici, je suis Dieu; Homme de Sainteté est mon nom; Homme de Conseil est mon nom; et
Infini et Éternel est mon nom aussi.» (Moïse 7:35; voir Infini et Éternel).
Dans la Bible et les Écritures modernes, dautres titres de Dieu portent une
signification précieuse: «Père des esprits», «Dieu de tous les autres Dieux»,
«Infini», «le Dieu vivant» et «Seigneur des armées, ce qui est, par interprétation,
le créateur du premier jour, le commencement et la fin.» (D&A 95:7).
Bibliographie
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1915.
Dieu le Père: Gloire de Dieu
Auteur: TURNER, RODNEY
La gloire
est un attribut et une émanation intrinsèques de Dieu, que les Écritures modernes
associent à la loi divine et au pouvoir et à lEsprit qui «sort de la présence de
Dieu pour remplir limmensité de lespace» (D&A 88:7-13). Les termes les
plus importants qui désignent «lEsprit de gloire» (1 Pi. 4:14) sont lEsprit
de Dieu, le Saint-Esprit, lEsprit du Seigneur, la lumière de la vérité, la
Lumière du Christ et lEsprit du Christ. Cet Esprit qui imprègne tout est si pur et
si raffiné quil nest pas perceptible aux mortels dans les circonstances
ordinaires (D&A 131:7-8; EPJS, p. 167). Il est pourtant arrivé, comme en témoignent
les prophètes, que la gloire innée ait été manifestée de manière visible sous la
forme dun feu spirituel flamboyant (Ex. 24:17; Ac. 2:3; Hél. 5:43-45; 3 Né. 17:24;
19:13-14; HC 1:30-32). Moïse et Jésus ont été transfigurés par le même pouvoir
glorificateur (Ex. 34:29-35; Mt. 17:2).
Parce que la gloire rayonne de Dieu, il est décrit comme étant un «feu dévorant» (De.
4:24; cf. És. 33:14). Dieu peut retenir ou cacher sa gloire (EPJS, pp 129, 144, 262).
Mais il peut également rayonner de lui une lumière et une chaleur si transcendantes
quaucune chair mortelle ne peut supporter sa présence (Mal. 4:1; D&A 133:41,
49; HC 1:17, 37). Ce nest que quand on est revêtu de lEsprit que lon
peut supporter la présence glorieuse de Dieu (Moï. 1:2, 11; D&A 67:11).
Lesprit de gloire imprègne les créations de Dieu (D&A 63:59; 88:41). Par
conséquent, elles sont des royaumes de gloire et voir la moindre de ses créations
cest voir une partie de sa gloire (Moï. 1:5; Ps. 19:1; D&A 88:45-47; EPJS, p.
284). Étant donné que les uvres de Dieu sont sans fin, sa gloire est sans cesse
croissante (Abr. 3:12; Moï. 1:38; 7:30). Son uvre et sa gloire cest réaliser
limmortalité et la vie éternelle de ses enfants (Moï. 1:39). De même que le fait
pour Jésus de se soumettre à la volonté de son Père les a glorifiés tous les deux, de
même lobéissance de ses enfants les glorifie, Dieu et eux (Jn. 13:31; 17:1). On
parvient à être un avec Dieu par cette relation de gloire (Jn. 17:21-23; D&A 88:60).
La mesure dans laquelle les hommes et les femmes mortels acquièrent et vivent les
principes moraux et spirituels de la lumière et de la vérité inhérents à
lintelligence divine détermine la mesure dans laquelle ils seront remplis de la
gloire de Dieu quand ils ressusciteront et, en conséquence, la sphère de gloire
quils hériteront dans léternité (D&A 88:22-32; 93:20, 28; 130:18-19;
EPJS, p. 296). RODNEY TURNER
Dieu le Père: uvre et
gloire de Dieu
Auteur: LARGEY, DENNIS L.
Une
révélation reçue par Moïse entre son expérience du buisson ardent (Ex. 3:1-4:17) et
son retour en Égypte (Ex. 4:20; cf. Moï. 1:26) dit que luvre et la gloire de
Dieu consistent à «réaliser limmortalité et la vie éternelle de lhomme»
(Moï. 1:39). Ce passage, qui est lun de ceux qui sont le plus souvent cités de
lÉcriture dans les sermons décrit le but principal des actions de Dieu en faveur
de ses enfants.
Précédemment dans cette vision, Moïse avait vu «beaucoup de pays. Chaque pays était
appelé terre, et il y avait des habitants à sa surface» (Moï. 1:29). Alors le Seigneur
lui dit que «lorsqu'une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il n'y a pas
de fin à mes uvres ni à mes paroles» (1:38). Après avoir reçu cet aperçu
global des créations de Dieu, Moïse demande au Seigneur: «Dis-moi, je te prie, pourquoi
ces choses sont ainsi, et par quoi tu les as faites?» (1:30).
Le Seigneur répond à la première question en expliquant: «Voici mon uvre et ma
gloire: réaliser limmortalité et la vie éternelle de lhomme» (Moï. 1:39).
Créer des mondes et les peupler de ses enfants, cest ce qui constitue la majeure
partie de «luvre» de Dieu. Il crée des terres où ses enfants desprit
peuvent demeurer, où ils reçoivent un corps physique et apprennent à marcher par la
foi. Tandis que limmortalité est la vie sans fin, la vie éternelle signifie
devenir comme Dieu (voir État divin). Ainsi, la «gloire» de Dieu consiste à permettre
à lhumanité de parvenir à la gloire éternelle, lultime étant la vie
éternelle.
En réponse à la deuxième question de Moïse (c.-à-d., «par quoi tu les as faites?»
), le Seigneur dit que les mondes ont été créés par le pouvoir du «Fils unique, qui
est plein de grâce et de vérité» (Moï. 1:32). Ce passage souligne la conception que
les actes créateurs de Dieu, qui comprennent tous les mondes habitables (Moï. 1:33; cf.
Jn. 1:1-2), sont faits par lintermédiaire du Fils unique, agent de Dieu, et sont
faits en grâce et en vérité au profit de ses enfants.
DENNIS L.
LARGEY
Dispensation de la plénitude des
temps
Auteur: PACKER, RAND H.
La dispensation de la plénitude des temps est la dispensation finale pour cette terre.
Les dispensations sont des périodes où l'Évangile de Jésus-Christ est administré par
de saints prophètes appelés et ordonnés par Dieu pour remettre son message aux
habitants du monde. Luvre centrale de la «dispensation de la plénitude des
temps» consiste à rassembler toutes les ordonnances et vérités d'Évangile des
dispensations passées et certains points propres aux derniers jours. Paul a parlé d'un
temps futur où toutes les choses qui sont dans le ciel et sur terre seraient enfin
rassemblées, et il la appelé la «dispensation de la plénitude des temps» (Ép.
1:10 selon la KJV).
Cette dispensation a commencé par la Première Vision de Joseph Smith, le prophète, et
toutes les révélations et tous les dons divins des anciennes dispensations sy
déversent continuellement. À ce sujet, Joseph Smith a écrit le 6 septembre 1842: «Il
est nécessaire pour l'inauguration de la dispensation de la plénitude des temps,
laquelle dispensation commence à être inaugurée, qu'une union et un rattachement
complets et parfaits de dispensations, de clefs, de pouvoirs et de gloires se produisent
et soient révélés depuis le temps d'Adam jusqu'à nos jours» (D&A 128:18).
David W. Patten, membre de Collège des douze apôtres, a dit en 1838: «La dispensation
de la plénitude des temps se compose de toutes dispensations qui ont jamais eu lieu
depuis que le monde a commencé jusqu'aujourdhui
Tous [les prophètes] ont
reçu de leur temps une dispensation par révélation de Dieu pour accomplir le grand plan
du rétablissement
dont la fin est la dispensation de la plénitude des temps, dans
laquelle saccomplira tout ce dont il a été parlé depuis que la terre a été
faite» (HC 3:51).
La révélation et le rétablissement caractérisent la plénitude des temps. La
prêtrise, les clefs (autorisation d'agir), les ordonnances, les alliances et les
enseignements des dispensations passées ont été, ou seront encore rétablis, et ceci
nest possible que par révélation. Des messagers célestes ont exercé leur
ministère auprès de Joseph Smith et Oliver Cowdery, leur donnant l'autorité, les clefs,
les points de doctrine et les ordonnances des dispensations passées qui avaient été
perdus pour le monde pour des raisons de fragmentation, d'abus et d'apostasie. Les
Doctrine et Alliances rapportent plusieurs situations où ces deux hommes ont vu des
prophètes anciens ressuscités, ont parlé avec eux et ont reçu de lautorité de
leur part. Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste les a ordonnés à la Prêtrise d'Aaron (D&A
13). Peu de temps après, Pierre, Jacques et Jean, trois des apôtres originels du Christ,
leur ont conféré la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12). Le 3 avril 1836, dans le
temple de Kirtland, Moïse leur a donné «les clefs pour rassembler Israël des quatre
coins de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du nord» (D&A 110:11);
Élias leur a confié les clefs de la dispensation de l'Évangile d'Abraham (D&A
110:12) et Élie a accompli la promesse de Malachie 4:5-6 en leur conférant le pouvoir de
scellement, «de tourner le cur des
enfants vers leurs pères» et de rendre
accessibles les ordonnances salvatrices de l'Évangile à tous ceux qui ont vécu sur
terre (D&A 110:13-15). Dans le cadre du rétablissement, le Livre de Mormon, témoin
scripturaire de Jésus-Christ et de ses relations avec le peuple ancien dAmérique,
a été traduit par Joseph Smith par la puissance divine. Ces événements faisaient
partie du programme visant à «réunir toutes choses en Christ» (Ép. 1:10; D&A
27:7-13; voir aussi Rétablissement de toutes choses). La prêtrise a été révélée
«pour la dernière fois» et ceux qui détiennent maintenant les clefs, les ont
«conjointement avec tous ceux qui ont reçu une dispensation, à quelque époque que ce
soit, depuis le début de la création» (D&A 112:30-31).
Le prophète Joseph Smith a écrit à propos des choses qui sont propres à la
dispensation de la plénitude des temps: «Ces choses qui n'ont jamais été révélées
depuis la fondation du monde, mais ont été cachées aux sages et aux intelligents,
seront révélées à de petits enfants et à des nourrissons en cette dispensation, qui
est la dispensation de la plénitude des temps» (D&A 128:18). Bien que le plan du
salut soit le même dans chaque dispensation, la plénitude des temps verra
l'accomplissement dévénements spécifiques et uniques, notamment la reconstruction
de la vieille Jérusalem, la construction de la nouvelle Jérusalem, la prédication de
l'Évangile à toutes les nations, familles, langues et peuples, le rassemblement
d'Israël et la seconde venue de Jésus-Christ. Tout ce qui est nécessaire pour
introduire le millénium rentre dans le domaine de la dispensation de la plénitude des
temps, qui continuera jusqu'à ce que le Christ ait soumis tous ses ennemis et ait rendu
parfaite son uvre (D&A 76:106; EPJS, p. 186).
Bibliographie
Matthews, Robert J. "The Fulness of Times." Ensign 19, déc. 1989, pp. 46-51.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, pp. 137, 320. Salt Lake City,
1985.
RAND H. PACKER
Dispensations de l'Evangile
Auteur: LASSETTER, COURTNEY J.
Le terme «dispensation» est une traduction du grec oïkonomia, dénotant une idée
d'intendance et de mise en ordre des affaires d'un ménage. Les «dispensations» sont
également des périodes de temps au cours desquelles le Seigneur met sur la terre la
connaissance, la prêtrise et les clefs d'autorité nécessaires pour mettre en
application son plan de salut pour ses enfants. Ce plan, avec la prêtrise, a dabord
été donné à Adam (Moï. 5:4-12; 6:62-68; D&A 84:16-18; EPJS, pp 124, 133), mais
par suite de l'apostasie et de la fragmentation qui se sont produites plus tard parmi ses
descendants, il n'est pas resté constamment sur la terre. Par conséquent, le Seigneur a
de temps en temps appelé de nouveaux prophètes et a de nouveau révélé le plan et
conféré l'autorité sacerdotale nécessaire, créant une nouvelle dispensation.
Chaque nouvelle dispensation ou période de vérité rétablie propose aux hommes et aux
femmes une intendance divine qui est daccomplir luvre du Seigneur sur la
terre. Les bénéficiaires deviennent gardiens et collaborateurs de Dieu dans la
réalisation de ses buts. Ils uvrent selon son dessein ordonné et révélé. Son
plan tient compte des faiblesses humaines et prévoit des périodes de renouvellement
après apostasie, tout comme il prévoit une rédemption par rapport aux manquements des
gens par le repentir et l'obéissance (D&A 121:31-32). Les notions d'intendance et
d'ordre sont des thèmes importants dans la théologie des saints.
Les prophètes sont des intendants qui prêchent et organisent luvre de
rédemption dans chaque dispensation. Il est devenu traditionnel, dans certains
commentaires mormons non officiels, de compter sept grandes dispensations appelées du nom
du prophète principal de chacune delles: Adam, Hénoc, Noé, Abraham, Moïse,
Jésus-Christ (qui a dirigé la dispensation du midi des temps) et Joseph Smith (qui a
introduit la dispensation de la plénitude des temps; voir Actes 3:21). Cependant, cette
liste ne tient pas compte d'autres dispensations, comme celle chez les Jarédites, les
Néphites et les dix tribus perdues d'Israël.
Il est rare que des dispensations de l'Évangile aient été universelles, touchant toutes
les nations, bien que ce soit l'idéal (par exemple, Abr. 2:11). Le plus souvent,
cest un seul peuple qui a été sensible, alors que les autres nations languissaient
dans l'ignorance et l'incrédulité. Cependant, la dispensation adamique a dû être
communiquée de son temps à toute la famille d'Adam (voir Moï. 5:12) et de nouveau, dans
la dispensation finale, la plénitude des temps, l'Évangile «sera prêché à toute
nation, famille, langue et peuple» (voir D&A 133:37; cf. 90:9-11). Le midi des temps
a reçu le même mandat (Mt. 28:19-20), mais nous n'avons aucun document permettant de
dire que l'Évangile a touché toutes les nations de lépoque.
Plusieurs éléments fondamentaux sont communs à toutes les dispensations:
lautorité de la prêtrise, le baptême par immersion et l'imposition des mains pour
le don du Saint-Esprit, le pouvoir de scellement (D&A 128:9-11) et le culte du temple.
Les points de doctrine de base de l'Évangile, notamment la chute d'Adam, la foi en
Jésus-Christ, le repentir et la nécessité d'une expiation infinie ont été enseignés
à chaque époque à partir du temps d'Adam toutes les fois qu'il y a eu des prophètes
vivants choisis par le Seigneur (Moï. 5:4-12; D&A 112:29-32).
Certains prophètes ont reçu des clefs et la responsabilité daspects spécifiques
du plan de Dieu pour cette terre. Dans le sens de dispensation ou d'intendance, chacune de
ces tâches pourrait être appelée, à bon droit, une dispensation spéciale. Joseph
Smith a enseigné qu'Adam, en tant que «père de tous les vivants», se trouve à la
tête de l'ordre patriarcal de la prêtrise pour cette terre sous le Christ (EPJS, p. 125;
D&A 78:16) et détient les clefs de génération en génération. Toutes les fois que
l'Évangile est révélé à nouveau, cest sous la direction d'Adam. Noé, le
«père de tous les vivants» après Adam, est également connu comme Gabriel et suit Adam
en autorité dans la prêtrise (EPJS, pp. 124, 133). Moïse détient les clefs du
rassemblement d'Israël (D&A 110:11) et Élie, celles du scellement des générations
(D&A 2; 110:13-16; JS-H 1:38-39). Jean-Baptiste a eu pour rôle spécial de préparer
la venue du Messie (TJS Mt. 11:13-15; 17:10-14). Pierre, Jacques et Jean ont reçu les
clefs de la Prêtrise de Melchisédek (EPJS, p. 125) de Jésus, de Moïse, et d'Élie).
Moroni a la responsabilité du Livre de Mormon (D&A 27:5). Chacun de ces prophètes a
reçu une dispensation de clefs dont il assume lintendance et dont il rendra compte
au Seigneur (D&A 27:5-13). Dans une future réunion, tous ceux qui détiennent des
clefs feront un rapport d'intendance à Adam, et lui, au Christ (EPJS, p. 124; cf. TJS Lu.
3:8-9).
Pour linstallation de la dispensation finale, le Seigneur a préparé Joseph Smith
en envoyant des prophètes de dispensations précédentes lui conférer leurs clefs (voir
D&A 110; 112:32; 128:20-21). Ainsi, dans la dispensation de la plénitude des temps,
toutes choses seront réunies (voir Ép. 1:10; D&A 27:13). Puisque la dispensation
finale est le point culminant de tout ce qui a précédé, Joseph Smith est vénéré
comme une personnalité éminente sous Jésus-Christ (D&A 128:18; 135:3).
Chaque dispensation, en commençant par celle dAdam, a été une dispensation de
l'Évangile du salut par Jésus-Christ. C'est-à-dire que, dans chaque dispensation, le
même plan de rédemption par lintermédiaire du Sauveur et la sainte prêtrise
nécessaire a été révélé par Dieu d'une façon semblable et cohérente.
La logique générale du plan n'exclut pas des différences dans les recommandations
révélées et les directives appropriées à la diversité des temps et des cultures des
différentes dispensations. La circoncision, par exemple, importante dans les
dispensations précédentes comme signe d'alliance, n'était plus essentielle dans les
dispensations postérieures. Les sacrifices sanglants exigés du temps de l'Ancien
Testament pour préfigurer l'Expiation ont été accomplis en Christ, lequel a prescrit
les nouveaux emblèmes rédempteurs du pain et du vin. Les saints des derniers jours sont
fortement conscients des changements et de la progression dans l'histoire sacrée. La
progression personnelle et ce que cela implique dans loptique de la création d'une
société de Sion rendue parfaite est essentielle dans l'eschatologie des saints (voir
Progression éternelle). Cette notion de la progression est démontrée dans le concept
que la dispensation finale bâtit sur les précédentes et réalise leurs buts à toutes
avec la célestialisation de la terre. La terre deviendra alors une résidence glorieuse
pour ceux de toutes les dispensations qui auront été ressuscités et rendus parfaits en
Christ (D&A 88:17-26).
Une lignée précise d'autorité de la prêtrise est un composant essentiel de la
compréhension que les saints ont des dispensations. Ainsi, Moïse et Élie ont visité
Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la Transfiguration pour rétablir certaines
clefs d'autorité et, comme déjà souligné, ceux-ci et beaucoup d'autres prophètes
anciens ont visité Joseph Smith pour lui donner la même autorité (voir Rétablissement
de l'Évangile de Jésus-Christ).
Bien que l'Église du Seigneur, dans des dispensations successives, ait cessé de
fonctionner sur terre pour cause d'apostasie, luvre du Seigneur dans chaque
dispensation nest jamais clôturée, menant à la dispensation finale.
Luvre du Seigneur qui n'a pas été achevée dans une dispensation
précédente continuera dans la dispensation finale, qui s'appelle, à juste titre, «la
plénitude des temps». Dans cette dernière dispensation, certains idéaux, qui
navaient encore jamais été atteints sur la terre, seront réalisés (p. ex., le
rassemblement d'Israël, la seconde venue de Jésus-Christ et le millénium).
Bibliographie
Arrington, F. L. "Dispensationalism". Dans Dictionary of Pentecostal and
Charismatic Movements, dir. de publ. Stanley M. Burgess et Gary B. McGee. Grand Rapids,
Mich., 1988.
Hunter, Milton R. The Gospel Through the Ages. Salt Lake City, 1945.
Matthews, Robert J. "The Fulness of Times". Ensign 19, déc. 1989, pp. 46-51.
Roberts, B. H., dir. de publ. A Comprehensive History of The Church of Jesus Christ of
Latter-day Saints, Introduction. Salt Lake City, 1930.
COURTNEY J. LASSETTER
Divinité
Auteur : Dahl, Paul E.
[On trouvera un traitement sur les trois membres de la Divinité et leurs attributs
divins, ainsi que leurs manifestations dans le monde, dans Dieu ; Dieu le Père ; Élohim
; Homme de sainteté ; Jéhovah ; Jésus-Christ ; Saint-Esprit ; Don du Saint-Esprit ;
Colombe, signe de la.Voir aussi État divin ; Infini et éternel ; Nom de Dieu ;
Intelligence ; Prescience de Dieu ; Dieu omnipotent ; Omniprésence de Dieu ; Omniscience
de Dieu.]
Les saints des derniers jours croient en Dieu le Père, en son Fils, Jésus Christ, et au
Saint-Esprit (1er art. de foi). Ces trois Dieux forment la Divinité, qui détient les
clefs du pouvoir sur l'univers. Chaque membre de la Divinité est un personnage
indépendant, séparé et distinct des deux autres, les trois étant dans une unité et
dans une entente parfaites entre eux (AF, chap. 2).
Cette connaissance concernant la Divinité découle principalement de la Bible et des
révélations de Joseph Smith, le Prophète (voir Smith, Joseph : Enseignements de Joseph
Smith). Par exemple, les trois membres de la Divinité se manifestent séparément au
baptême de Jésus (Matthieu 3:16-17) et à la lapidation d'Étienne (Actes 7:55-56).
Joseph Smith fait ce commentaire : « Pierre et Étienne témoignent qu'ils ont vu le Fils
de l'Homme debout à la droite de Dieu. Quiconque a vu les cieux ouverts sait qu'il y a
trois Personnages dans le ciel qui détiennent les clés du pouvoir, et que lun
préside sur tous » (EPJS, p. 252).
Le 16 juin 1844, dans son dernier sermon dominical avant son martyre, Joseph Smith
déclara que « dans toutes les assemblées », il avait enseigné « la pluralité des
Dieux » depuis quinze ans : « Je tiens à vous déclarer que Dieu est un Personnage
distinct, que Jésus-Christ est un Personnage distinct et séparé de Dieu le Père, et
que le Saint-Esprit est un Personnage distinct et un Esprit : et ces trois-là constituent
trois Personnages distincts et trois Dieux » (EPJS, p. 300). Les deux récits les plus
anciens qui existent encore de la première vision de Joseph ne donnent pas de détails
sur la Divinité, mais il est clairement démontré, documents à lappui, qu'il a
toujours enseigné, dans la plupart des périodes de sa vie, que le Père et le Fils
étaient des personnages séparés (p. ex., D&A 76:23 [1832], 137:3 [1836], sa
Première Vision, JSH 1:17[écrite en 1838], D&A 130:22 [1843]). Bien que
n'identifiant pas le Saint-Esprit comme étant un « personnage »,
le cinquième discours sur la foi (1834) affirme que « le Père, le Fils et le
Saint-Esprit constituent la Divinité » (cf. Millet, p. 223-234).
Bien que les trois membres de la Divinité soient des personnages distincts, leur
Divinité est « une » en ce que tous les trois sont unis dans leurs pensées, leurs
actes et leur but, chacun ayant une plénitude de connaissance, de vérité et de
puissance. Chacun est un Dieu. Cela n'implique pas une union mystique de la substance ou
de la personnalité. Joseph Smith a enseigné : « Beaucoup d'hommes disent il y a un seul
Dieu ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu. Je dis que c'est là
un Dieu étrange de toutes façons : trois en un et un en trois ! C'est une curieuse
organisation. Père, je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu mas
donnés... afin qu'ils soient un comme nous
Je veux vous lire moi-même le
texte : Je suis d'accord avec le Père et le Père est d'accord avec moi, et nous
sommes d'accord comme une seule personne. Le grec montre que ce devrait être
être daccord. Père, je prie pour ceux que tu m'as donnés hors
du monde... afin queux aussi soient daccord avec nous et que tous
viennent tous demeurer dans l'unité » [EPJS, p. 302 ; cf. Jean 17:9-11, 20-21 ; cf.
aussi WJS, p. 380].
L'unité demandée dans Jean 17 constitue le modèle de ce que les mormons entendent par
l'unité de la Divinité : celle que lon atteint par lunité d'intention, par
la foi et par la volonté et l'action divines. Joseph Smith a enseigné que la Divinité
était unie par « une alliance éternelle [qui] fut faite entre [ces] trois personnages
avant que notre terre ne fût organisée » à propos de ce quils devaient dispenser
à ses habitants (EPJS, p. 152). L'objectif principal de la Divinité et de tous ceux qui
sont unis avec elle est de « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme »
(Moïse 1:39 ; Hinckley, p. 49-51).
Chaque membre de la Divinité s'acquitte de fonctions particulières à l'égard de chacun
des autres et de l'humanité. Dieu le Père préside la Divinité. Il est le Père de tous
les esprits humains et du corps physique de Jésus-Christ. Le corps humain a été créé
à son image.
Jésus-Christ, Fils Premier-né de Dieu le Père dans l'esprit et Fils unique dans la
chair, est l'agent créateur de la Divinité et le médiateur rédempteur entre le Père
et l'humanité. Cest par lui que Dieu a tout créé et cest par son
intermédiaire que Dieu a révélé les lois du salut. Cest en lui que tous seront
rendus vivants et cest par son expiation que toute l'humanité peut être
réconciliée avec le Père.
Le Saint-Esprit est un personnage d'esprit qui témoigne de la vérité. Le Père et le
Saint-Esprit témoignent du Fils et le Fils et le Saint-Esprit témoignent du Père (3
Néphi 11:32; cf. Jean 8:18). Cest par l'intermédiaire du Saint-Esprit que les
révélations du Père et du Fils sont données.
La doctrine mormone de la Divinité se distingue des divers concepts de la Trinité.
Plusieurs doctrines trinitaires postbibliques sont apparues dans le christianisme. Cette
« évolution du dogme se produisit progressivement dans le contexte de la philosophie
émanationniste du stoïcisme et du néoplatonisme (notamment de la théologie mystique de
ce dernier) et dans le cadre du monothéisme juif strict » (ER 15:54). Les doctrines
trinitaires cherchaient à élever l'unicité de Dieu, allant dans certains cas
jusquà qualifier Jésus de consubstantiel avec le Père afin d'exclure toute
possibilité de prétendre que Jésus n'était pas pleinement divin. La conception
mormone, formulée par la révélation moderne par l'intermédiaire de Joseph Smith,
rejette l'idée que Jésus ou qui que ce soit dautre perd son individualité en
atteignant létat divin ou en se retrouvant dans des relations divines et
éternelles avec les autres êtres exaltés. [Voir aussi Christologie ; Déification chez
les premiers chrétiens.]
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. "The Father, Son, and Holy Ghost." Ensign 16, nov. 1986, p.
49-51.
Millet, Robert L. "The Supreme Power over All Things: The Doctrine of the Godhead in
the Lectures on Faith." Dans The Lectures on Faith in Historical Perspective, dir. de
publ. L. Dahl et C. Tate, p. 221-240. Provo, Utah, 1990.
Roberts, B. H. "The Doctrine of the Church in Respect of the Godhead." IE 1,
août 1898, p. 754-769.
PAUL E. DAHL
Doctrine
[Cette rubrique se compose de cinq articles:
Doctrine: Signification, source et histoire du mot
Doctrine: Enseignements distinctifs
Doctrine: Doctrine mormone comparée aux autres doctrines chrétiennes
Doctrine: Harmonisation des paradoxes
Doctrine: Traités sur la doctrine
On trouvera des articles apparentés dans Articles de foi; Évangile de Jésus-Christ;
Jéhovah, Jésus-Christ; et Plan de salut, Plan de rédemption. Voir aussi Histoire
intellectuelle et Smith, Joseph: Enseignements de. Joseph Smith. Pour des articles à
caractère philosophique, voir, entre autres, Épistémologie; Éthique; Connaissance;
Métaphysique; Philosophie; Raison et révélation; Théologie; et Vérité.]
Doctrine:
Signification, source et histoire du mot
Auteurs: BRADFORD, GERALD M. et DAHL, LARRY E.
SIGNIFICATION DU MOT DOCTRINE. Le mot «doctrine» dans les Écritures signifie
«enseignement, ce quon enseigne». Le plus souvent, dans lÉglise, il
désigne les enseignements ou la doctrine de Jésus-Christ, compris dans un sens assez
spécifique. Donc du point de vue scripturaire, le terme «doctrine» signifie le message
central de Jésus le Christ, à savoir que Jésus est le Messie, le Rédempteur. Tous les
autres enseignements sont subordonnés à ceux par lesquels tout le monde «sait comment
aller au Christ et être sauvé» cest-à-dire, aux «points de doctrine» comme la
foi, le repentir, le baptême et la réception du don du Saint-Esprit. Un jour, en
soulignant la prééminence et la nature fondamentale de ce message, Jésus a enseigné:
«Et quiconque annonce plus ou moins que cela et l'établit comme étant ma doctrine,
celui-là vient du mal et n'est pas bâti sur mon roc» (3 Né. 11:40).
Dans la King James Version (KJV) de lAncien Testament, le mot «doctrine» apparaît
six fois (De. 32:2; Job 11:4; Pr. 4:2; És. 28:9, 29:24; Jé. 10:8), habituellement comme
traduction du mot hébreu leqakh, signifiant «instruction» ou, plus littéralement, «ce
qui doit être reçu». Dans le Nouveau Testament de la KJV, il est utilisé une
cinquantaine de fois, le plus souvent en rapport avec lenseignement ou les
instructions de Jésus-Christ, moins fréquemment avec les enseignements dautres
personnes.
La «doctrine de Jésus-Christ», que les auditeurs du Sauveur trouvaient frappante (Mt.
7:28) et «nouvelle» (Mc. 1:27) et quil attribuait au Père (Jn. 7:16-19), est
synonyme de son message central, lÉvangile de Jésus-Christ. Selon les termes de
Paul, cétait la bonne nouvelle que le royaume de Dieu est proche et que Dieu «nous
a réconciliés à lui par Christ» (2 Co. 5:18).
Les apôtres, après la mort et la résurrection du Sauveur, continuèrent à enseigner ce
message essentiel (Ac. 13:12; 1 Ti. 6:1). Ils utilisaient le mot «doctrine» le plus
souvent pour désigner ce quune personne devait croire et faire pour être sauvée
(Ac. 2:41-47; 1 Ti. 4:16; Hé. 6:1-3).
La plupart des occurrences du terme «doctrine» dans le Nouveau Testament sont au
singulier et se rapportent à la «doctrine de Jésus-Christ». Le pluriel «doctrines»
désigne habituellement les enseignements des hommes et des démons, des enseignements
faux et vains contraires à la « doctrine » du Sauveur ou la niant. Le message de Jésus
vient du Père et a son contenu en Jésus-Christ, le Messie et le Rédempteur, le chemin
du salut. La «doctrine» de Jésus-Christ est la base sur laquelle tous les autres
enseignements, principes et pratiques reposent.
Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances utilisent le mot «doctrine» de la même
manière. Au singulier, il désigne toujours la «doctrine de Jésus-Christ» ou les
«points de sa doctrine» et signifie «ce qui assurera le salut de ceux qui
lacceptent et agissent en conséquence». Au pluriel, il désigne les faux
enseignements des démons ou dautres (2 Né. 3:12; 28:9; D&A 46:7). Le Livre de
Mormon utilise «doctrine» dans ce sens spécial comme étant la «doctrine de
Jésus-Christ» ou lÉvangile (vingt-huit fois). Jésus attribuait son enseignement
au Père: «Et ceci est ma doctrine
que le Père commande à tous les hommes de
partout de se repentir et de croire en moi. Et quiconque croit en moi et est baptisé,
celui-là sera sauvé; et ce sont ceux-là qui hériteront le royaume de Dieu» (3 Né.
11:32-33). Plus tard il déclara: «Ceci est l'Évangile que je vous ai donné: que je
suis venu au monde pour faire la volonté de mon Père
Et mon Père m'a envoyé pour
que je sois élevé sur la croix
et
quiconque se repent et est baptisé en mon
nom sera rassasié; et s'il persévère jusqu'à la fin, voici, je le tiendrai pour
innocent devant mon Père en ce jour où je me tiendrai pour juger le monde» (3 Né.
27:13-16; cf. D&A 76:40-42).
Ainsi, la «doctrine de Jésus-Christ» est le seul enseignement qui puisse être
qualifié correctement de «doctrine». Elle est fixe et invariable. Elle ne peut pas
être modifiée ou contredite, mais simplement amplifiée par la révélation de vérités
supplémentaires qui approfondissent la compréhension et lappréciation de sa
signification. Cest la base sur laquelle se fait lépreuve de la foi et le roc
ou le fondement de tous les autres enseignements, principes et pratiques révélés.
Certains de ces autres enseignements comportent ce qui est parfois désigné sous le nom
de plan de salut, qui est le cadre historique général dans lequel la «doctrine de
Jésus-Christ» est située et par conséquent mieux comprise. Cest le plan
élaboré dès le commencement par le Père, qui a pour centre lexpiation de
Jésus-Christ, moyen nécessaire par lequel tous les hommes sont sauvés et exaltés. Tous
les autres enseignements révélés sont soit des aspects de la doctrine de Jésus-Christ,
soit des prolongements, des amplifications ou des annexes de cette doctrine. Le prophète
Joseph Smith a enseigné: «Les principes fondamentaux de notre religion sont le
témoignage des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, quil est mort,
a été enterré et est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel; et toutes
les autres choses qui ont trait à notre religion nen sont que des annexes» (EPJS,
p. 95).
Les «annexes» qui sont explicitement mentionnées dans les Écritures comme éléments
de la doctrine de Jésus-Christ sont (1) la foi au Seigneur Jésus-Christ, le Fils de
Dieu; (2) le repentir de tous les péchés; (3) le baptême par immersion pour la
rémission des péchés; (4) le don du Saint-Esprit par limposition des mains par
ceux qui ont lautorité; (5) la persévérance jusquà la fin dans la justice
et (6) la résurrection de tous les êtres humains pour être jugés par le Christ (3 Né.
9:1-16; 11:23-39; 19:7-28; 27:13-21; D&A 10:62-69; 33:10-15; 39:5-6; 76:40-43). Les
enseignements supplémentaires, qui sont étroitement liés à ce fondement, sont la
connaissance de la nature de Dieu, de la création et de la chute dAdam, du libre
arbitre, de la révélation continue, dun canon ouvert et de la recherche
continuelle de la vérité de toutes choses, de la vie prémortelle, du rassemblement
dIsraël, du rôle dun peuple de lalliance, la diffusion de
lÉvangile, lespérance et la charité, létablissement de Sion,
lavènement du Christ, le règne du Christ sur terre pendant mille ans, les
ordonnances du temple pour les vivants et les morts, la prédication de lÉvangile
dans le monde desprit post-terrestre, la nécessité de la prêtrise, les degrés de
gloire dans lau-delà, le mariage éternel et le concept de lexaltation finale
en présence de Dieu pour partager sa gloire et sa vie.
En plus de son utilisation scripturaire, le mot «doctrine» a un sens très général
dans le langage mormon de tous les jours, où il est utilisé pour désigner pratiquement
tout ce qui est ou a été enseigné ou est cru par les saints des derniers jours. Dans ce
sens, les enseignements doctrinaux répondent à une foule de questions. Certains sont
étroitement liés au message essentiel de lÉvangile de Jésus-Christ;
dautres sont plus éloignés et débordent de manière non systématique sur des
disciplines telles que lhistoire, la psychologie, la philosophie, les sciences, la
politique, les affaires, léconomie. Certaines de ces croyances peuvent être
considérées comme doctrine officielle et sont données aux saints à titre de conseil,
dexhortation, de réprimande et dinstructions (2 Ti. 3:16). Des efforts
continuels sont faits pour harmoniser et mettre en application ces principes et cette
doctrine dans une vie juste. Dautres enseignements, qui ne jouissent pas dun
statut officiel ni ne font autorité, peuvent également être répandus à nimporte
quel moment parmi des membres de lÉglise.
SOURCE DE LA DOCTRINE. Dieu est la source de la doctrine. Elle nest pas créée ni
élaborée par lhomme. Elle est basée sur la vérité éternelle et est révélée
par Dieu à lhomme. Elle ne peut être correctement comprise que par révélation
par lintermédiaire de lEsprit de Dieu (1 Co. 2:11-14; Jcb. 4:8).
Dieu dispense les vérités éternelles «ligne sur ligne, précepte sur précepte» (2
Né. 28:30). Parfois, il a révélé la plénitude de lÉvangile et ceux qui
lont acceptée et lont vécue ont été reçus dans sa présence. Quand les
hommes ont ignoré ou rejeté son Évangile, Dieu a occasionnellement retenu son Esprit et
les hommes ont dû vivre dans un état de ténèbres spirituelles (voir Apostasie).
Dieu révèle autant de lumière que ce que lhumanité est disposée à respecter.
Par conséquent, des quantités variables de la vraie doctrine ont existé sur la terre à
différentes époques et ceux qui habitaient la terre pendant la même époque ont connu
des quantités différentes de vérité. Dans ce sens, on peut dire quil y a une
histoire de la doctrine, cest-à-dire un récit de la façon dont lhumanité,
au cours des temps, a soit grandi soit diminué dans la connaissance des choses de Dieu,
de lhomme et du monde. Joseph Smith a enseigné: «Tel est le principe sur lequel le
gouvernement du ciel est géré, par la révélation adaptée aux circonstances dans
lesquelles sont placés les enfants du royaume» (EPJS, p. 206).
Beaucoup de facteurs influencent la quantité que Dieu révèle, à qui et dans quelles
circonstances. Parmi ces facteurs il y a: (1) qui saisit loccasion de demander au
Père au nom du Christ; (2) quelle foi ont ceux qui cherchent la connaissance; (3) ce
quils demandent; (4) ce quil est bon quils reçoivent (D&A 18:18);
(5) à quel point ils sont disposés à obéir à ce qui est donné (Al. 12:9-11); (6) ce
quexigent la volonté et la sagesse de Dieu, car il donne «tout ce qu'il juge bon
qu'[ils] aient» (Al. 29:8); (7) si la foi des gens a besoin dêtre mise à
lépreuve (Mormon était sur le point den écrire plus, mais «le Seigneur me
l'interdit, disant: Je veux éprouver la foi de mon peuple» [3 Né. 26:8-11]); et (8)
comment les gens spirituellement préparés doivent recevoir la révélation (par exemple,
Jésus a enseigné par paraboles afin de protéger ceux qui nétaient pas prêts à
comprendre [Lu. 8:10; D&A 19:22]). Les vérités éternelles constituant
lÉvangile ne changent pas et finalement tous ceux qui sont exaltés dans le royaume
de Dieu les comprendront et les appliqueront entièrement. Cependant, la connaissance et
la compréhension que lhumanité a de ces vérités changent au même titre que les
règles et les pratiques relevant des niveaux correspondants de compréhension et
dobéissance.
Puisque la maison de Dieu «est une maison dordre
et pas une maison de
confusion» (D&A 132:8), il doit y avoir quelquun qui peut parler pour Dieu pour
toute lÉglise et également pour aplanir les différends. Dans lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, le prophète en vie est le seul autorisé à
recevoir des révélations et des commandements faisant force de loi pour lÉglise
entière (D&A 28:1-7; 43:1-7; 128:11). Depuis le moment où lÉglise a été
organisée, il y a eu et il y aura toujours «un prophète, reconnu de Dieu et de son
peuple, qui continuera à interpréter la volonté du Seigneur» (Spencer W. Kimball,
Ensign 7, mai 1977, p. 78). Dhabitude, le prophète agit de concert avec ses
conseillers dans la Première Présidence et le Collège des douze apôtres, ceux qui
détiennent, avec le prophète, les «clefs du royaume» (D&A 81:2; 112:30), avec le
principe que lunanimité du collège et le consentement commun des membres de
lÉglise donnent pouvoir et validité à leurs décisions (D&A 26:2; 107:27-31).
Agissant collectivement et sous linspiration de Dieu, ces dirigeants ont autorité
pour définir à nimporte quel moment la position de lÉglise en matière de
doctrine, de règles et de pratique. Cest le canal par lequel les changements se
produisent. Les saints des derniers jours croient que Dieu «révélera encore beaucoup de
choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu» (9e A de F). Ces
révélations sont censées permettre une compréhension accrue de la doctrine.
Beaucoup de gens écrivent ou prêchent leurs idées. Certains, par létude et
lobéissance, peuvent apprendre des vérités qui vont au-delà de la position
déclarée de lÉglise, mais cela ne les autorise pas à parler officiellement pour
elle ni à présenter leurs idées comme faisant force de loi sur lÉglise. Il y a
beaucoup de sujets sur lesquels les Écritures ne sont pas claires et à propos desquels
lÉglise na fait aucune déclaration officielle. Dans de tels cas, on peut
trouver des divergences dopinion entre les membres et les dirigeants de
lÉglise. Tant que la vérité dans ces domaines nest pas manifestée par la
révélation, il y a place pour différents niveaux de compréhension et
dinterprétation des questions non réglées.
HISTOIRE DE LA DOCTRINE. La doctrine de lÉglise a été révélée principalement
par le prophète Joseph Smith, bien que des ajouts et des éclaircissements aient été
apportés plus tard. Ces vérités font partie de la plénitude de lÉvangile de
Jésus-Christ, connues autrefois sur terre mais maintenant perdues, rendant un
rétablissement par révélation nécessaire.
Le prophète Joseph Smith a reçu et a communiqué ligne sur ligne sa compréhension
doctrinale, depuis le moment de sa première vision en 1820 jusquà sa mort en 1844.
Dans beaucoup de cas, sa propre compréhension a été progressivement augmentée. Dans
dautres domaines, il a appris rapidement certains principes mais ne les a enseignés
quà mesure que ses disciples étaient aptes et disposés à les accepter. Pour ce
qui concerne lau-delà, par exemple, il a dit: «Je pourrais en expliquer cent fois
plus que je ne lai jamais fait sur les gloires des royaumes qui mont été
manifestées dans la vision, si cela métait permis et si le peuple était prêt à
le recevoir» (EPJS, p. 246).
Il ny a pas de structure simple ni dordre prévisible dans la croissance de la
connaissance de Joseph Smith. Sa compréhension doctrinale sest graduellement
développée par les révélations quil recevait en réponse aux diverses situations
et circonstances contemporaines que dut affronter lÉglise naissante mais en
croissance rapide. Dautres enseignements ont paru tout à fait spontanément. Ses
perceptions devenaient plus complètes et plus détaillées, mais elles ne perdaient pas
leur ancrage historique dans les dispensations passées ni leur but immuable damener
les hommes au Christ.
Un catalyseur important dans ce processus fut lexamen systématique de la Bible
auquel Joseph Smith se livra (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]), qui
produisit des interprétations bibliques et des restaurations de textes inspirées. En
outre, beaucoup de sections des Doctrine et Alliances sont des révélations répondant
aux questions qui se présentèrent lors de ce processus (par exemple, D&A 76, 91,
132).
Les enseignements de Joseph au sujet de la Divinité illustrent les points précédents.
Au début, il enseignait simplement que Dieu le Père et le Fils étaient des personnages
distincts, sans mentionner explicitement la nature de leurs corps, même si 3 Néphi 11:15
(traduit en 1829) disait clairement que le corps ressuscité de Jésus était tangible.
Plus tard, à Nauvoo, il déclara que «il ny a pas dautre Dieu dans le ciel
que ce Dieu qui a chair et os» (EPJS, p. 145, commentaire fait en 1841 sur le texte
biblique de Jean 5:26) et que le Père et le Fils ont tous deux un corps «de chair et
dos aussi tangible que celui de lhomme» (D&A 130:22). Deux mois avant sa
mort, Joseph, pour la première fois dans un sermon public enregistré, en fait dans son
ultime sermon sur la nature de Dieu, le discours sur King Follett, enseigna que Dieu est
un homme exalté. Et deux semaines avant sa mort, il parla dune «pluralité de
Dieux», accroissant notre compréhension, dans Genèse 1, du pluriel hébreu élohim, ou
«dieux» (Joseph avait étudié lhébreu en 1835), expliquant que «il y a
plusieurs Dieux et plusieurs Seigneurs, mais pour nous il ny en a quun seul et
cest à celui-là que nous devons être assujettis», déclarant que pendant quinze
ans il avait toujours prêché «la pluralité de Dieux» (EPJS, p. 301; cf. 1 Co. 8:5-6).
De même, les enseignements de Joseph concernant des choses telles que la nature de
lhomme, son existence prémortelle, son libre arbitre et son potentiel éternel
daccéder à létat divin lui ont également été graduellement dévoilés,
à lui et à son entourage. Il apprit en décembre 1830 que «tous les enfants des
hommes» ont été créés «spirituellement, avant [de lêtre] naturellement sur la
surface de la terre» (Moï. 3:5). Une révélation de 1833 lui apprit quune
composante de tout individu existait avant sa création spirituelle, une composante
appelée intelligence, qui «n'a été ni créée ni faite et ne peut assurément pas
l'être» (D&A 93:29). Pendant la période de 1835 à 1842, tout en traduisant le
livre dAbraham, Joseph Smith apprenait quAbraham avait regardé à
lintérieur du monde prémortel et contemplé les myriades d «intelligences
qui furent organisées avant que le monde fût» en la présence de Dieu (Abr. 3:22).
Beaucoup dentre elles étaient «nobles et grandes» et choisirent de suivre le
Christ. À ceci il fut ajouté en 1841 que «lors de la première organisation dans le
ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et
établir le plan de salut et nous lavons sanctionné» (EPJS, p. 145).
On peut montrer que les enseignements du Prophète sur lexpiation de Jésus-Christ,
la création, la préordination, le salut pour les morts, la prêtrise, les ordonnances du
temple, le mariage éternel, lexaltation et beaucoup dautres sujets ont tous
fait lobjet dun développement similaire pendant son ministère (Cannon, Dahl
et Welch).
En 1844, la structure doctrinale de base de lÉglise était en place. Toutefois,
depuis cette époque, il y a eu des déclarations officielles clarifiant la compréhension
doctrinale ou adaptant les applications doctrinales à des circonstances particulières.
Certaines font maintenant partie des Doctrine et Alliances; dautres sont publiées
sous forme de messages officiels de la Première Présidence (cf. MFP). Au cours des
années, on a mis plus ou moins daccent sur diverses manières de procéder et
pratiques à mesure que des changements se produisaient dans la situation économique
(voir Consécration: Loi de consécration; Dîme; Ordres unis; Entraide), les
circonstances politiques (voir Église et État; Politique; Guerre et paix),
latmosphère intellectuelle (voir Histoire intellectuelle), la croissance de
lÉglise (voir Organisation), et beaucoup dautres domaines. Mais la doctrine
essentielle de lÉglise est demeurée constante parmi ces changements.
Certains dirigeants de lÉglise ont beaucoup écrit sur ce quils comprenaient
de la doctrine de lÉglise et, par conséquent, ont eu une influence importante sur
ce que beaucoup de membres croient (voir traités de doctrine ci-dessous). Parmi ceux-ci,
Parley P. Pratt, Orson Pratt, James E. Talmage, John A. Widtsoe, B. H. Roberts, Joseph
Fielding Smith et Bruce R. McConkie. Leurs écrits révèlent quelques divergences de vues
sur des questions non réglées, tout comme il existe différentes écoles de pensée
parmi les membres de lÉglise en général sur certaines questions. Il y a, par
exemple, les efforts pour réconcilier les enseignements scientifiques actuels et les
vérités révélées, pour réfléchir à la nature de lintelligence incréée et
pour définir la progression éternelle. Les saints des derniers jours ont la foi que les
réponses seront un jour révélées et sont invités, en attendant, à chercher la
connaissance par tous les moyens disponibles et à montrer de la tolérance à
légard de ceux qui entretiennent des avis différents sur de tels sujets.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., Larry E. Dahl et John W. Welch. "The Restoration of Major
Doctrines Through Joseph Smith: The Godhead, Mankind, and the Creation." Ensign 19
(janv. 1989):27-33; et "The Restoration of Major Doctrines Through Joseph Smith:
Priesthood, the Word of God, and the Temple", Ensign 19 (févr. 1989):7-13.
Lyon, T. Edgar. "Doctrinal Development of the Church During the Nauvoo Sojourn,
1839-1846." BYU Studies 15, été 1975, pp. 435-46.
M. GERALD BRADFORD
LARRY E. DAHL
Doctrine: Enseignements distinctifs
Auteur: BURTON, ALMA P.
Peu denseignements doctrinaux religieux sont uniques au sens strict du terme, mais
beaucoup sont suffisamment rares pour être considérés comme des éléments distinctifs
de telle ou telle religion ou confession. Plusieurs points de doctrine des saints des
derniers jours sont distinctifs dans ce sens, bien que dans la plupart des cas
dautres chrétiens aient à un moment donné entretenu des croyances identiques ou
similaires. Les saints des derniers jours insistent sur le fait que leurs points de
doctrine distinctifs ont été révélés par Dieu dans de précédentes dispensations
dirigées par Adam, Hénoc, Noé et ainsi de suite jusquau temps du Christ. Ainsi,
alors quils peuvent être distincts parmi les confessions modernes, ces points de
doctrine nouvellement révélés étaient partagés par la seule vraie Église de
Jésus-Christ dans les temps anciens.
Quelque chose qui est unique dans la théologie de lÉglise moderne est la
conception que la Divinité se compose de trois êtres distincts, dont deux possèdent un
corps de chair et dos et un, un corps desprit. Une déclaration officielle au
sujet de la Divinité dit: «Le Père a un corps de chair et dos aussi tangible que
celui de lhomme; le Fils aussi; mais le Saint-Esprit na pas de corps de chair
et dos, cest un personnage desprit» (D&A 130:22). Les saints des
derniers jours prennent la Bible, Ancien et Nouveau Testaments, dans un sens littéral et
anthropomorphe, attribuant à Dieu à la fois une forme humaine et des émotions. Ils
acceptent aussi bien lunicité que la «tricité» de la Divinité comme enseignée
dans la Bible. Cependant, ils rejettent la doctrine traditionnelle de la Trinité et
croient, au contraire, que la Divinité est une en pensée, en dessein et en témoignage,
mais trois en nombre. Ainsi, ils croient que Dieu est esprit dans le sens quil est
empreint desprit, et dans le sens que le Saint-Esprit est un esprit, mais ils ne
limitent pas le Père ou le Fils à limmatérialité.
Les saints des derniers jours identifient expressément Jéhovah, Dieu de lAncien
Testament, à Jésus-Christ. Ils croient que le Dieu dAbraham, dIsaac et de
Jacob, le Dieu qui a marché avec Hénoc et qui a parlé avec Moïse sur le mont Sinaï,
était Jésus-Christ prémortel, ou Dieu le Fils, agissant en tant quagent de son
Père.
Les saints des derniers jours ont également des points de doctrine distincts en ce qui
concerne la nature de lunivers et la façon dont il a commencé. Parce quils
croient que lesprit et la matière sont en fait la même chose à des degrés
différents de raffinement (voir D&A 131:2), ils conçoivent lunivers comme deux
domaines, le physique et le spirituel, mais ceux-ci ne sont pas antithétiques. Ils nient
la dichotomie esprit/matière et soulignent que lesprit et la matière constituent
un univers éternel unique.
De plus, pour eux, «au commencement» veut dire «au commencement de notre partie de
lhistoire» ou, dans létat prémortel, «quand Dieu a commencé à créer
notre monde». Ils ne croient pas en un commencement absolu, car dans leur théologie,
lesprit, la matière et lélément sont tous éternels. Les créations peuvent
passer dun ordre inférieur à un ordre supérieur, et luvre et la
gloire de Dieu est de réaliser cette évolution (Moï. 1:39), mais il ny a jamais
eu de temps où la matière nexistait pas. Les saints des derniers jours rejettent
lidée courante dune création ex nihilo que Dieu ait tiré tout ce qui
existe du néant. Ils enseignent au contraire que Dieu a tout créé à partir de
matériaux préexistants mais non organisés. Il a organisé les éléments préexistants
pour créer des mondes et il a organisé lintelligence préexistante pour engendrer
des esprits. Les esprits de tous les êtres humains ont existé en tant quenfants
desprit de Dieu avant leur naissance ici-bas.
Leschatologie mormone présente également plusieurs points de doctrine distinctifs.
Par exemple, les saints des derniers jours croient en un état temporaire entre la mort et
la résurrection que les Écritures appellent le monde desprit. Ce monde temporaire
desprit comprend le paradis, où les esprits des justes attendent leur résurrection
glorieuse, et lenfer, où les esprits des méchants souffrent pour leurs péchés
tandis quils attendent la résurrection vers un degré de gloire inférieur (Al.
40:11-14; cf. Lu. 16:22-23). La doctrine des saints enseigne que tout être humain
ressuscitera. Beaucoup ont été ressuscités peu après la résurrection de Jésus; les
justes restants seront ressuscités lors de la seconde venue du Christ et les méchants à
la fin du règne millénaire du Christ sur terre. Lenfer est un état temporaire,
qui rendra ses esprits captifs à la résurrection, tout comme la mort rendra ses corps (2
Né. 9:10-14; cf. Ap. 20:13-14). Dans la Résurrection, toute souffrance prendra fin
(D&A 76:84, 88-89) et tous les êtres humains, excepté les fils de perdition, seront
sauvés dans lun des trois royaumes ou degrés de gloire: le céleste, le terrestre
ou le téleste (D&A 76:1-19; 88:29-32; cf. 1 Co. 15:4-42).
Parmi les points de doctrine distinctifs des saints sur la nature de lÉglise, il y
a la croyance que lÉglise de Jésus-Christ a été plusieurs fois sur la terre, en
commençant par Adam, plus ou moins sous la même forme que maintenant et avec la même
doctrine. LÉglise et lÉvangile de Jésus-Christ sont éternels. Ils ont
été révélés au peuple dAdam, de Hénoc, de Noé, dAbraham, de Moïse, de
Jared, de Léhi, et dautres. Adam a connu lÉvangile, a été baptisé par
immersion au nom de Jésus-Christ et a reçu le don du Saint-Esprit, tout comme les saints
dans toutes les autres dispensations. Parfois lhumanité a rejeté ou a déformé
lÉvangile et est tombée dans lapostasie. Mais, par la suite,
lÉvangile a été rétabli dans sa pureté originelle par des prophètes appelés
à lancer une nouvelle dispensation. Tout récemment, ce même Évangile éternel a été
rétabli par le prophète moderne Joseph Smith. Ainsi, la fondation de lÉglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours na pas été le résultat dune
longue évolution religieuse, ni simplement le rétablissement du christianisme primitif,
mais a été le rétablissement final sur la terre dun Évangile éternel de
Jésus-Christ révélé bien des fois à lhumanité depuis le commencement.
Ce qui distingue «lÉglise vraie et vivante» de toutes les autres églises est la
possession des clefs de la prêtrise du royaume des cieux (voir Mt. 16:19). La croyance
que la possession des clefs apostoliques est nécessaire dans la véritable Église
nest pas propre aux saints des derniers jours; ce qui lest, cest
linsistance quune de ces clefs accorde nécessairement les dons de prophétie
et de révélation. Détenir les clefs du royaume comme Pierre la fait, cest
être prophète, voyant et révélateur comme lui. Et pour être « vraie et vivante »,
une Église doit recevoir ces clefs apostoliques exercées et transmises par
lintermédiaire de ses prophètes vivants. Comme un arbre nest vivant que
quand ses branches sont attachées à son tronc et à ses racines, une église nest
vivante que quand elle est rattachée par un chenal ouvert de révélation à sa source
divine. Quand les dirigeants ecclésiastiques nont aucun lien prophétique de ce
genre avec les cieux, une église peut même enseigner des points de doctrine vrais, mais
elle ne peut pas être «vraie et vivante» (voir D&A 1:30; 27:12-13), parce
quil lui manque la communication nécessaire avec ses racines divines.
Étant donné laccent mis sur le besoin de prophètes vivants, il sensuit que
la parole de Dieu est principalement la parole adressée aux prophètes et communiquée
par eux. La parole mise sur papier, les Écritures, est toujours importante comme
précédent historique et comme compte rendu de ce que le Seigneur a dit à son peuple
dans le passé, mais elle nest quun complément et est secondaire par rapport
à ce quil peut dire maintenant par son prophète vivant. Comme les saints des
derniers jours croient au don véritable de prophétie, il sensuit que les
révélations reçues par les prophètes modernes doivent être estimées au même niveau
que celles reçues par ceux dautrefois. Par conséquent, le canon des Écritures des
saints des derniers jours ne peut jamais être fermé: «Nous croyons tout ce que Dieu a
révélé, tout ce quil révèle maintenant, et nous croyons quil révélera
encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu» (9e A de
F).
Les saints des derniers jours sont également uniques dans plusieurs aspects de leur
conception du salut. Si la plupart des points de doctrine des saints sont connus des
autres chrétiens par exemple, lExpiation, la justification, la
sanctification et la grâce il y a, chez eux, plusieurs points distinctifs. Ils
font une distinction entre le «salut» général, qui signifie pour eux que par
lexpiation du Christ on est délivré de la tombe et du pouvoir de Satan et de
lenfer pour entrer dans un degré de gloire, et «lexaltation», qui signifie
que par lexpiation du Christ et lobéissance personnelle aux principes et aux
ordonnances de lÉvangile de Jésus-Christ on est élevé au degré le plus haut de
gloire pour prendre part aux pouvoirs et aux privilèges de Dieu, sasseoir sur son
trône et régner dans léternité (voir D&A 76:1-119; 88:22-23; cf. Ap. 1:6;
3:21). Être exalté, cest devenir comme Dieu (voir Déification chez les premiers
chrétiens).
Les saints des derniers jours fidèles reçoivent dans les temples de lÉglise les
ordonnances et la connaissance nécessaires à lexaltation céleste. Une partie de
ces rites sacrés est appelée la dotation du temple parce quelle constitue un
élément majeur du don suprême accordé à lhumanité par lexpiation du
Christ. Une autre ordonnance du temple est le scellement du mari et de la femme, des
parents et des enfants dans des familles qui dureront pendant le temps et toute
léternité. Le royaume céleste se composera de la famille céleste de Dieu unie
dans lamour comme maris et femmes, parents et enfants, et frères et surs pour
toujours. En tant que personnes isolées, les êtres humains peuvent être sauvés dans
des degrés de gloire moindres, mais seules les familles peuvent être exaltées.
Tout le monde na pas loccasion dentendre lÉvangile du Christ et
de recevoir toutes ordonnances de lexaltation ici-bas. Les saints des derniers jours
enseignent que Dieu a pris des dispositions pour que tous entendent lÉvangile de
manière à pouvoir accepter ou rejeter ses bénédictions. Ceux qui nen ont pas
loccasion dans la condition mortelle la recevront dans le monde desprit. Le
Nouveau Testament enseigne que Jésus lui-même a visité le monde desprit après sa
mort sur la croix et a prêché aux esprits qui sy trouvaient: «Christ aussi a
souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à
Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à
lEsprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison» (1 Pi.
3:18-19). Le but de sa prédication aux esprits est révélé au chapitre suivant: «Car
lÉvangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été jugés
comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à lEsprit» (1 Pi.
4:6). Cet enseignement a été amplifié et expliqué dans la révélation moderne
(D&A 137, 138; voir Salut des morts).
Dautres domaines dans lesquels les idées des saints des derniers jours diffèrent
sensiblement de celles du monde religieux contemporain sont les concepts de temps et
déternité, la Lumière du Christ, le don du Saint-Esprit, lévaluation
positive de la création et de la terre physique, la nécessité éternelle des
ordonnances, la place centrale de lalliance abrahamique pour les chrétiens modernes
et le concept que le ciel est un Royaume céleste situé sur cette terre renouvelée et
glorifiée.
Bibliographie
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians: Let's Talk. Ann Arbor, Mich.,
1986.
Madsen, Truman G. "Are Christians Mormon?" BYU Studies 15, automne 1974, pp.
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McConkie, Bruce R. MD. Salt Lake City, 1966.
Robinson, Stephen E. Are Mormons Christians?, chaps. 6-8. Salt Lake City, 1991.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1924.
ALMA P. BURTON
Doctrine:
Comparaison entre la doctrine des saints et dautres doctrines chrétiennes
Auteur: ROBINSON, STEPHEN E.
Comme le savant biblique W. D. Davies la un jour fait remarquer, la doctrine des
saints peut être décrite comme étant le christianisme biblique séparé du
christianisme hellénisé, une conjonction du judaïsme et du christianisme du premier
siècle. Les saints des derniers jours acceptent la Bible et ses enseignements
apostoliques comme étant la parole de Dieu, mais rejettent beaucoup
dinterprétations postérieures de la Bible qui sont lexpression de
préoccupations philosophiques grecques ils acceptent Jean et Paul mais rejettent
Augustin. Par exemple, les saints des derniers jours acceptent le caractère triple de
Dieu et son unité comme étant des enseignements bibliques. Le Père, le Fils et le
Saint-Esprit sont trois personnalités divines qui constituent ensemble une seule
Divinité. Mais les mormons rejettent les tentatives du christianisme post-biblique et non
apostolique de définir la relation entre lunicité et le caractère triple de Dieu.
Ils acceptent la doctrine biblique de la Trinité, mais rejettent la doctrine
philosophique de la Trinité telle que définie au Concile de Nicée et plus tard. En
bref, les saints des derniers jours rejettent lautorité et les conclusions des
théologiens et des philosophes lorsquil sagit de définir ou
dinterpréter ce que la Bible, les apôtres ou les prophètes nont pas
précisé. Ils acceptent le christianisme biblique, mais pas son extension dans les credo
et les traditions extra-bibliques.
Pour les chrétiens qui ont soudé la Bible à son interprétation postérieure et ne
peuvent pas séparer Platon et Augustin de Pierre et de Paul et qui ne peuvent pas
concevoir le «vrai» christianisme daprès les catégories du premier siècle, la
doctrine des saints peut sembler iconoclaste en ce quelle sépare les textes
bibliques de leur interprétation «traditionnelle» postérieure. Néanmoins, les saints
des derniers jours estiment que les saints du Nouveau Testament auraient été tout aussi
mal à laise queux devant les credo philosophiques du christianisme
postérieur.
Le rejet par les saints dune grande partie du christianisme post-biblique est basé
sur la croyance en une apostasie antique annoncée et rapportée dans le Nouveau Testament
(par exemple, 2 Th. 2:1-5; 3 Jn. 9-10). Lautorité apostolique a cessé juste après
la période du Nouveau Testament et, sans la direction ni lautorité apostoliques,
lÉglise a vite été submergée par des pressions intellectuelles et culturelles
étrangères. Les affirmations simples de la foi biblique ont été remplacées par les
propositions complexes de la théologie. Bien que les églises qui sen sont suivies
aient toujours été «chrétiennes», aux yeux des saints des derniers jours elles ne
possédaient plus la plénitude de lÉvangile de Jésus-Christ ni de
lautorité apostolique. Les saints seraient daccord avec les catholiques et
les protestants de la «Haute Église» que lautorité apostolique est essentielle
dans la vraie Église mais seraient daccord également avec dautres
protestants pour dire que lautorité apostolique était absente dans
lorthodoxie médiévale. On trouve un parallèle étroit dans le rejet protestant
des prétentions catholiques à détenir une autorité apostolique faisant force de loi.
Tandis que les saints des derniers jours font remonter lapostasie en gros au
deuxième siècle et rejettent lorthodoxie qui lui succède, la plupart des
protestants la placeraient quelque part plus près du quinzième siècle et rejetteraient
ensuite le catholicisme qui la suivie.
Les protestants qui niaient la nécessité de la succession apostolique ou qui ne
croyaient pas que son enchaînement était interrompu par la Réforme affirmaient
généralement que la plénitude de lÉvangile pouvait être réalisée en
réformant lÉglise romaine. Les saints des derniers jours, qui insistent sur la
nécessité de la succession apostolique mais croient que son enchaînement a été très
vite rompu, considèrent quune réforme ne suffit pas pour retrouver la plénitude
de lÉvangile et rétablir le christianisme originel. Seul le rétablissement total
de la doctrine et de lautorité apostoliques pouvait rétablir le christianisme pur
du premier siècle. LÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours se
considère comme constituant ce rétablissement.
Le rejet par les saints de la philosophie hellénistique en matière de doctrine explique
les nombreuses différences caractéristiques entre les saints des derniers jours et les
autres chrétiens. Par exemple, les saints des derniers jours rejettent la dichotomie
platonique esprit-matière, qui soutient que lesprit et la matière sont opposés et
hostiles entre eux. Ils croient, au contraire, que lesprit est une matière
raffinée et que lesprit et la matière sont éternels, nétant ni créés ni
détruits. Le prophète Joseph Smith a enseigné que «la matière immatérielle, cela
nexiste pas. Tout esprit est matière, mais il est plus raffiné ou plus pur et ne
peut être discerné que par des yeux plus purs» (D&A 131:7).
Il ny a donc, pour les saints des derniers jours, aucune incompatibilité finale
entre lesprit et la matière ou entre les domaines spirituel et physique. Dans la
théologie des saints, les éléments physiques sont coéternels avec Dieu. Les saints
rejettent lidée que la matière physique est transitoire, corrompue ou incompatible
avec la vie spirituelle ou éternelle. Ils définissent habituellement le «spirituel»
comme «imprégné desprit» plutôt que comme «non physique». Cette conception
unitaire de lesprit et de la matière leur permet daccepter le Père et le
Fils comme les êtres concrets et anthropomorphiques quils sont dans les Écritures
et de rejeter la définition de Dieu comme le non-être abstrait, le «totalement autre»
de la théologie philosophique. Pour les saints, Dieu existe dans le sens normal en
association avec le temps et lespace plutôt que dans le sens platonicien abstrait
au-delà du temps et de lespace. La conception traditionnelle qui avilit la matière
et létat dexistence physique nest pas bien fondée du point de vue
biblique et les saints des derniers jours croient quelle est un produit de la
pensée hellénistique. Ils pensent également que le concept de Dieu «sans corps, ni
parties ni passions» tient trop peu compte des données bibliques ou les allégorise
excessivement.
Du fait que les mormons croient que les éléments sont éternels, il sensuit
quils nient la création ex nihilo. Lunivers, au contraire, a été créé
(organisé) à partir déléments préexistants que Dieu a organisés en imposant
des lois physiques. Le prophète Joseph Smith a aussi enseigné que lintelligence
est également éternelle et incréée: «Lintelligence des esprits na pas de
commencement et naura pas de fin
lintelligence est éternelle et existe
en vertu dun principe existant par lui-même» (EPJS, pp. 286-287).
De même quil a organisé la matière préexistante pour créer lunivers, de
même Dieu a organisé lintelligence préexistante pour créer les esprits qui sont
par la suite devenus des êtres humains. En conséquence, les saints des derniers jours ne
considèrent pas Dieu comme la cause totale de ce que sont les êtres humains.
Lintelligence humaine nest pas créée par Dieu et est donc indépendante de
son contrôle. Les saints insistent donc sur le fait que les êtres humains sont libres
dans le sens le plus complet du terme et nient la doctrine de la grâce prévenante et
celle de la grâce irrésistible, selon lesquelles cest le choix de Dieu qui
détermine le salut ou la damnation. Dieu ne contraint pas des volontés indépendantes et
existant par elles-mêmes. Bien quil désire lexaltation de tous et
loffre de manière égale à tous, son accomplissement exige la coopération
individuelle, une relation par alliance. De cette façon, la théologie des saints
échappe au dilemme classique de la prédestination et de la théodicée quimpose la
croyance que Dieu a tout créé de rien et est donc seul responsable du produit final.
Leur doctrine radicale du libre arbitre individuel permet également aux saints de
contester la théorie de la dépravation humaine. La chute dAdam na pas rendu
les humains totalement incapables de faire quoi que ce soit de bien ils restent
capables de choisir et daccomplir le bien ou le mal. De plus, les saints des
derniers jours acceptent le concept de «lheureuse faute» (mea culpa). La Chute
était une étape nécessaire dans la progression de lhumanité: «Adam tomba pour
que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie» (2 Né. 2:25).
La vision positive de lunivers physique et de lhomme permet également aux
saints des derniers jours de prévoir une vie physique après la mort, le Royaume
céleste, une communauté dêtres physiquement ressuscités transformés et rendus
parfaits. À la différence de beaucoup de pères de lÉglise dautrefois, ils
naspirent pas à échapper au royaume de la chair, mais à le sanctifier. Par
conséquent, aux yeux des saints, même les rapports physiques de la famille et du mariage
peuvent continuer dans un état sanctifié dans les éternités. Ainsi il ny a
guère dascétisme et pas de célibat dans la théologie des saints, qui voit dans
ces deux tendances un refus de la bonté de la création physique accomplie par Dieu (Ge.
1:31) et leur théologie évite le dénigrement traditionnel du corps humain et le mépris
pour la sexualité humaine qui sont dus en grande partie au néoplatonisme de la fin de
lAntiquité.
Bien que lacceptation de la Bible et de ses enseignements, problèmes
dinterprétation mis à part, soit le point commun des saints des derniers jours et
des autres chrétiens, le mormonisme saccorde avec lorthodoxie de la «Haute
Église» contre le protestantisme conservateur sur la doctrine de la suffisance des
Écritures. Bien quils acceptent la Bible, les saints des derniers jours, comme les
catholiques romains et orthodoxes orientaux, par exemple, ne croient pas que le texte
biblique soit à lui seul suffisant pour le salut. Lenseignement biblique, quoique
vrai et accepté, a été imparfaitement préservé et ne peut être entièrement
reconstitué que grâce à des révélations supplémentaires. Ce nest pas parce que
le christianisme du Nouveau Testament était défectueux, mais parce quil nest
préservé que partiellement dans la Bible moderne. Les points de doctrine qui nont
pas été préservés doivent être rétablis; par conséquent, les mormons nient
linfaillibilité biblique et lidée quelle est suffisante. Puisque les
apôtres et les prophètes du christianisme le plus ancien recevaient la révélation
directe de la part de Dieu (voir, par exemple, Actes 10:9-16, 28), les saints des derniers
jours croient quune église qui affirme avoir la plénitude de lÉvangile doit
également jouir de ce don.
Ce principe crucial de la révélation continue est illustré dans lexpérience du
prophète Joseph Smith, dont des visions et les révélations forment la base de la
doctrine des saints. Tout comme le magistère de lÉglise est fondamental pour les
catholiques romains et comme les Écritures sont la base pour les protestants, pour les
saints des derniers jours, la plus haute autorité en matière de religion, cest la
révélation continue venant de Dieu, donnée par les apôtres et les prophètes vivants
de son Église, commençant avec Joseph Smith et continuant jusquaux dirigeants
actuels.
Les saints des derniers jours insistent sur le fait que le canon des Écritures et la
structure de la théologie sont toujours ouverts et que Dieu peut toujours y ajouter par
la révélation à ses prophètes (9e A de F). Grâce à cela, ils ont reçu des
éclaircissements sur des points de doctrine biblique qui sont contestés dans
dautres confessions, par exemple, le ministère du Christ auprès des morts dans 1
Pi. 3:18 et 4:6 (voir D&A 128; 137; 138). En outre, par la révélation moderne, les
saints des derniers jours ont reçu certains points de doctrine distinctifs que lon
ne trouve pas explicitement dans la Bible. Dans ces cas la révélation moderne na
pas reconstitué un point de doctrine qui nest pas clair, mais en a rétabli un qui
avait été entièrement perdu.
Les saints des derniers jours partagent avec la plupart des chrétiens la conviction que
le salut nest rendu possible que par lexpiation de Jésus-Christ, dont la
nature est représentative, exemplaire et vicariale. Le Christ est le médiateur de
lhumanité auprès du Père au lieu dAdam qui est déchu; il donne un exemple
que les humains peuvent imiter et il prend la place de lhumanité en souffrant pour
les péchés.
Les saints des derniers jours sont monophysites dans leur christologie, cest-à-dire
quils croient que le Christ na quune seule nature, qui est
simultanément humaine et divine. Cest possible parce que lhumain et le divin
ne sont pas des catégories qui sexcluent mutuellement dans la pensée des saints,
contrairement à la christologie duophysite de beaucoup de confessions traditionnelles.
Comme Lorenzo Snow la dit: «Ce que lhomme est maintenant, Dieu le fut
autrefois. Ce que Dieu est maintenant, lhomme peut le devenir» (Snow, p. 46). La
plupart des chrétiens seraient daccord avec la première moitié de ce couplet tel
quappliqué à la personne du Christ, mais les saints des derniers jours
lappliquent aussi au Père. La deuxième moitié du couplet est plus orthodoxe au
sens confessionnel du terme que le sont les protestants ou les catholiques, parce que les
saints des derniers jours partagent la doctrine biblique antique de la déification
(apothéose) avec lorthodoxie orientale. Plusieurs des premiers théologiens du
christianisme ont dit essentiellement la même chose que Lorenzo Snow. Irénée a dit:
«Si la parole est devenue homme, cest pour que les hommes puissent devenir des
dieux» (Contre les hérésies, 4. Pref.) et Athanase a maintenu que «[le Christ] est
devenu homme pour que nous puissions être rendus divins " (De lIncarnation,
54). Pourtant les saints des derniers jours combinent les deux moitiés du couplet pour
parvenir à ce quils estiment être la seule conclusion: lhumain et le divin
ne sont pas des catégories qui sexcluent mutuellement. Pour eux, les deux
catégories ne font quun: Les humains sont de la lignée des dieux. Les saints des
derniers jours seraient entièrement daccord avec C.S. Lewis dans Mere Christianity:
Il a dit (dans la Bible) que nous étions des «dieux» et il va donner suite à ses
paroles. Si nous le lui permettons car nous pouvons len empêcher si nous le
voulons il transformera le plus faible et le plus souillé dentre nous en un
Dieu ou une Déesse, un être éclatant, radieux, immortel, palpitant, dans toute sa
personne, dune énergie, dune joie, dune sagesse et dun amour que
nous ne pouvons pas imaginer maintenant [p. 175].
Bibliographie
Dodds, Erwin. Pagan and Christian in an Age of Anxiety. New York, 1970.
Keller, Roger. Reformed Christians and Mormon Christians: Let's Talk. Ann Arbor, Mich.,
1986.
Lash, Symeon. "Deification." Dans The Westminster Dictionary of Christian
Theology, dir. de publ. A. Richardson et J. Bowden. Philadelphie, 1983.
Madsen, Truman, dir. de publ. Reflections on Mormonism: Judaeo-Christian Parallels. Salt
Lake City, 1978.
Robinson, Stephen. Are the Latter-day Saints Christians? Salt Lake City, 1991.
Snow, Eliza R. Biography and Family Record of Lorenzo Snow. Salt Lake City, 1884.
STEPHEN E. ROBINSON
Doctrine: Harmonisation du paradoxe
Auteur: PAULSEN, DAVID L.
Parce quils rejettent linfluence du néoplatonisme sur la théologie
chrétienne originale, les saints des derniers jours ne sont pas concernés par les
dilemmes que posent certains des paradoxes de la théologie chrétienne traditionnelle.
Cela ne veut cependant pas dire que la vie éthique des saints et leur pensée religieuse
soient exemptes de paradoxes. La perspective des saints a tendance à harmoniser beaucoup
de paradoxes par sa conception que lopposition est nécessaire en toutes choses et
que Dieu et lhumanité sont dans le même ordre de réalité mais à des étapes
différentes de connaissance et de progression.
Tel quutilisé dans le vocabulaire courant, le mot «paradoxe» désigne
habituellement une déclaration qui, à première vue, est incroyable parce quelle
est apparemment contradictoire avec elle-même ou est contraire à des faits bien
établis, au bon sens ou aux croyances généralement reçues. Si beaucoup de paradoxes
sont indubitablement faux, tous ne le sont pas nécessairement. En effet, dans
lhistoire de la pensée humaine, beaucoup de paradoxes effrontés ont renversé une
croyance généralement reçue mais fausse, pour devenir eux-mêmes, par la suite,
généralement acceptés « paradoxe à un moment donné, mais maintenant le temps lui
apporte sa preuve» (Hamlet 3.1.115).
La théologie chrétienne classique est paradoxale à beaucoup dégards. Cest
souvent le résultat des fusions théologiques instables qui se sont produites au cours
des premiers siècles du christianisme quand (a) les idées qui provenaient de la
révélation personnelle judéo-chrétienne ont été (b) refondues par interprétation au
sein dune conception néoplatonicienne impersonnelle de la réalité. En voici
quelques-unes:
1. (a) Le Dieu aimant qui est profondément touché par le sentiment de nos infirmités
est (b) sans passions et ne subit aucune influence extérieure.
2. (a) Le Dieu qui agit dans lhistoire humaine et répond aux prières personnelles
est (b) intemporel et immuable.
3. (b) Le Dieu sans corps ni parties est devenu (a) incarné en la personne de Jésus de
Nazareth.
4. Le Dieu qui est (b) absolument illimité et bon et qui a tout créé de rien (a) a
créé un monde où les maux abondent.
5. (a) La Divinité se compose de trois personnes parfaites et séparées qui (b)
constituent collectivement une substance métaphysique unique.
Tout en affirmant (a) les dimensions judéo-chrétiennes des propositions précitées
concernant Dieu, la doctrine mormone rejette (b) le cadre néoplatonicien et la
métaphysique néoplatonicienne à lintérieur desquels la révélation
judéo-chrétienne a été historiquement interprétée. Cest à cause de cela que
la compréhension que les saints ont de la doctrine chrétienne ne manifeste pas les
paradoxes qui sont le résultat de lunion de ces deux croyances incompatibles.
La pensée des saints des derniers jours construit des ponts entre des entités et des
quantités qui sont normalement considérées comme incongrues (voir Métaphysique). Ils
ne considèrent pas la réalité comme une dichotomie mais comme une continuité
graduelle: ainsi, lon considère que lesprit est une forme de matière, mais
une forme hautement raffinée; et le temps fait partie de léternité. Un Dieu
corporel est omniprésent par la lumière qui émane de lui et qui est dans et à travers
toutes choses (D&A 88:12-13).
Dans le discours moral, le principe axiomatique et éternel du libre arbitre exige
quil y ait «une opposition en toutes choses» (2 Né. 2:11) pour garantir que
lon pourra faire des choix valables, non seulement entre le bien et le mal mais
également parmi un choix de possibilités justes (voir Éthique; Mal; Souffrance dans le
monde; Théodicée). La faiblesse existe pour apporter la force (Ét. 12:27). Ainsi, la
vie morale des saints des derniers jours se situe entre des options qui sont souvent
paradoxales: les impératifs de saméliorer ou de servir les autres, de passer du
temps chez soi ou de servir lÉglise, de favoriser lindividualité ou
linstitutionnel, dobtenir la richesse ou de donner aux pauvres, de trouver sa
vie en la perdant au service dautrui (Mt. 10:39).
Ces opposés nempêchent cependant pas les saints dagir et on ne les
transcende pas par le mysticisme, lironie ou la résignation (que ce soit dans le
sens optimiste ou pessimiste du terme). Ils sont englobés dans une série de principes
évangéliques agissant les uns sur les autres qui guident la vie des saints, notamment
la révélation personnelle (par le Saint-Esprit chacun peut savoir ce qui mène au
Christ [Mro. 7:12-13; 10:5-6])
lobligation dagir (la connaissance de ce qui est juste sobtient
en le faisant [Jn. 7:17])
lengagement volontaire dans des alliances (on sengage par ce quon
accepte de faire)
une notion étendue du moi (aider les autres revient à saider soi-même)
lexpiation de Jésus-Christ (son jugement englobera la grâce divine et les
oeuvres humaines, la justice punitive et la miséricorde compatissante)
la relativité éternelle des royaumes et de la progression (malgré toutes leurs
différences, tous sont sur le même chemin de la perfection).
Pour les saints des derniers jours, les paradoxes de la connaissance sont généralement
résolus en vertu du concept de «la révélation continue» (voir Épistémologie;
Révélation). Sils sont enclins à croire que toute vérité est logique avec
elle-même et avec toute autre vérité, les saints des derniers jours reconnaissent
également limperfection de la compréhension humaine. Les tentatives de la part des
mortels de comprendre ou dexprimer les vérités divines sont par nature exposées
à lerreur pour au moins deux raisons: (1) le cadre linguistique et conceptuel dans
lequel ces faits sont exprimés et interprétés est conditionné par la culture et
manifestement insatisfaisant; et (2) la conscience que lhumanité a de ces faits est
fragmentaire et incomplète, «Car
autant les cieux sont élevés audessus de
la terre, autant mes voies sont élevées audessus de vos voies, et mes pensées
audessus de vos pensées» (És. 55:8-9) et, dans la condition mortelle, «l'homme
ne comprend pas tout ce que le Seigneur peut comprendre» (Mosiah 4:9). Mais par la
révélation, la connaissance humaine peut augmenter: «Nul n'a connaissance [des voies de
Dieu], si cela ne lui est révélé» (Jacob 4:8). «Lhomme animal ne reçoit pas
les choses de lEsprit de Dieu
et il ne peut les connaître, parce que
cest spirituellement quon en juge» (1 Co. 2:14).
Ainsi, là où une révélation définitivement claire semble contredire lopinion
généralement reçue, le bon sens ou des faits bien établis, les saints des derniers
jours accordent la priorité à la révélation et espèrent que le temps fournira la
preuve de ce qui semble maintenant paradoxal ou que, dans la compréhension plus complète
des choses que Dieu possède, il puisse y avoir des principes intermédiaires permettant
de réconcilier deux vérités partielles apparemment contradictoires. Cette confiance,
cet espoir de révélations futures permettent dapaiser des paradoxes aussi
insondables que le point de savoir comment la connaissance totale de Dieu peut être
conciliée avec le libre arbitre de lhumanité, comment les récits scripturaires et
scientifiques de la création peuvent être harmonisés ou comment, dune manière
générale, létude et la foi, la raison et la révélation, la vision symbolique et
lesprit pratique et littéral peuvent être satisfaits simultanément. La doctrine
des saints résiste aux extrêmes: ce qui fait son autorité na pas été
transformé en abstractions ou en absolus et ses révélations ne se sont pas égarées
dans le mysticisme ou le flou. Cest ainsi que la doctrine de lÉvangile
éternel conserve son propre ensemble de tensions dans un monde mortel.
Bibliographie
Hafen, Bruce C. "Love Is Not Blind: Some Thoughts for College Students on Faith and
Ambiguity." Dans BYU Speeches of the Year, pp. 8-17. Provo, Utah, 1979.
DAVID L. PAULSEN
Doctrine: Traités sur la doctrine
Auteur: KNOWLES, ELEANOR
Les ouvrages de doctrine cest-à-dire les périodiques, les brochures et les
livres ont été nombreux dans la tradition des saints, reflet du caractère
laïque du ministère, du grand nombre dÉcritures et du souci permanent dune
croyance correcte aussi bien que dune conduite juste.
Des lettres officielles, notamment les exposés de doctrine, de la Première Présidence
sont éditées dans Messages of the First Presidency, dir. de publ. James R. Clark, 6
vols, Salt Lake City, 1965-1975. Des brochures influentes ont été compilées dans le
Handbook of the Restoration et dans le ScrapBook of Mormon Literature, comp. Ben E. Rich,
2 vols, Chicago, n.d..
En plus des volumes sur les enseignements de Joseph Smith (EPJS, WJS), il y a des
déclarations doctrinales dans le Journal of Discourses, 1980. Les compilations des
discours des présidents de lÉglise, toutes publiées à Salt Lake City,
contiennent Brigham Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe,
1954; John Taylor, The Gospel Kingdom, dir. de publ. G. Homer Durham , 1987; Discourses of
Wilford Woodruff, dir. de publ. G. Homer Durham , 1946; Teachings of Lorenzo Snow, comp.
Clyde J. Williams , 1984; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine , 1939; Heber J. Grant, Gospel
Standards , 1941; George Albert Smith, Sharing the Gospel with Others , 1948; David O.
McKay, Gospel Ideals , 1953; Joseph Fielding Smith, Doctrines of Salvation, comp. Bruce R.
McConkie, 3 vols. , 1954-1956; Harold B. Lee, Stand Ye in Holy Places and Ye Are the Light
of the World , 1974; Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball ,
1982; et Teachings of Ezra Taft Benson, 1988.
On trouvera ci-après une liste de livres qui ont fait des apports importants à la
compréhension de la doctrine, sauf indication contraire, ces ouvrages ont été publiés
à Salt Lake City: Parley P. Pratt, A Voice of Warning, New York, 1837, et Key to
Theology, 1856; Orson Pratt, An Interesting Account of Several Remarkable Visions and of
the Late Discovery of Ancient American Records, Edimbourg, 1840; Orson Spencer, Spencer's
Letters, Liverpool ey Londres, 1852; John Taylor, Mediation and Atonement, 1882, et The
Government of God, 1884; Franklin D. Richards et James Little, A Compendium of the
Doctrines of the Gospel, 1882; B. H. Roberts, The Gospel, Liverpool, 1888, Mormon Doctrine
of Deity and Jesus Christ: The Revelation of God, 1903 et The Seventy's Course in
Theology, 5 vols., 1907-1912; James E. Talmage, Articles of Faith, 1899 et Jesus the
Christ, 1915; Orson F. Whitney, Gospel Themes, 1914, et Saturday Night Thoughts, 1921;
Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, 1919; Brigham Young, Discourses of Brigham Young, dir.
de publ. John A. Widtsoe, 1926; John A. Widtsoe, Priesthood and Church Government, 1939, A
Rational Theology, 1945, et Evidences and Reconciliations, 3 vols. en 1, 1960; Joseph
Smith, Teachings of the Prophet Joseph Smith, comp. by Joseph Fielding Smith, 1938; Orson
Pratt, Orson Pratt's Works, dir. de publ. Parker P. Robison, 1945, et Masterful Discourses
of Orson Pratt, dir. de publ. N. B. Lundwall, 1946; Milton R. Hunter, The Gospel Through
the Ages, 1945; Daniel H. Ludlow, dir. de publ., Latter-day Prophets Speak, 1948; J.
Reuben Clark, Jr., On the Way to Immortality and Eternal Life, 1949; Writings of Parley P.
Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison, 1952; Bruce R. McConkie, Mormon Doctrine, 1958,
rév. 1966; Spencer W. Kimball, The Miracle of Forgiveness, 1969; et George Q. Cannon,
Gospel Truth, dir. de publ. Jerreld Newquist, 2 vols., 1972, 1974.
Traités plus courts: Oliver Cowdery, "General Charge to the Twelve", 1835;
Collège des Douze, "A Proclamation to the World", 1845; Lorenzo Snow, "Law
of Tithing", 1899; James E. Talmage, "The Honor and Dignity of the
Priesthood", 1914; J. Reuben Clark, Jr., "The Charted Course of the Church in
Education", 1938, et "When Are the Writings or Sermons of Church Leaders
Entitled to the Claim of Scripture?", 1954; Harold B. Lee, "Priesthood
Core of All Activity", 1961, et "Priesthood Correlation", 1961; Spencer W.
Kimball, "When the World Will Be Converted", 1974, "Lengthening Our
Stride", 1974, et "Becoming Pure in Heart", 1978; N. Eldon Tanner,
"Church Administration", 1979.
ELEANOR KNOWLES
Doctrine et Alliances, éditions des
Auteur : Woodford, Robert J.
Les
Doctrine et Alliances contiennent des révélations de Dieu données au Prophète Joseph
Smith et aux présidents de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours qui
lui ont succédé et comprennent d'autres écrits inspirés et déclarations doctrinales
acceptées comme écritures par les saints des derniers jours. La première édition parut
en 1835. Les rééditions contiennent des révélations supplémentaires et des
références. Les Doctrine et Alliances ont été traduites en de nombreuses langues, bien
que l'édition anglaise soit la version officielle.
Arrivé lautomne 1831, Joseph Smith avait enregistré soixante-dix révélations ou
davantage, dont la plupart contenaient des instructions aux membres de l'Église. Lors
dune conférence spéciale tenue le 1er novembre 1831 à Hiram (Ohio), l'Église
décida de publier une sélection de ces révélations ou « commandements ». Une
nouvelle révélation fut reçue à cette occasion pour servir de «préface au livre de
mes commandements », qui a probablement inspiré le choix du titre de la compilation de
1833, le Livre des Commandements (D&A 1:6). Cette publication ne fut jamais achevée ;
des émeutiers détruisirent en juillet 1833 la presse d'Independence, Missouri, et tout
sauf une centaine dexemplaires inachevés. Ces quelques exemplaires du Livre des
Commandements circulèrent dans l'Église et furent souvent appelés le « Livre des
Alliances », en référence à la section principale, qui avait été largement diffusée
dans des versions manuscrites sous le titre « Articles et Alliances de l'Église ».
Reçue le jour où l'Église fut organisée, cette révélation est maintenant la section
20 des Doctrine et Alliances.
L'édition de 1835. Peu de temps après quil eut été mis fin à la tentative
infructueuse de 1833 dimprimer le Livre des Commandements, des plans furent faits
pour publier les révélations à Kirtland (Ohio). Renommé les Doctrine et Alliances de
l'Église des Saints des Derniers Jours, le livre fut présenté aux membres de l'Église
et accepté par eux à une conférence en août 1835 comme étant la parole de Dieu. Le
changement de nom en Doctrine et Alliances reflète un changement dans le contenu. À la
différence du Livre des Commandements, qui ne contenait que des révélations, les
Doctrine et Alliances étaient divisées en deux parties. La nouvelle première partie se
composait de sept présentations théologiques aujourdhui appelées Discours sur la
Foi mais intitulées à lépoque « De la doctrine de lÉglise des Saints des
Derniers Jours ». La partie contenant les révélations publiées précédemment, la
préface originale et un certain nombre de nouvelles révélations qui ne se trouvaient
pas dans la compilation de 1833, fut intitulée « Partie Deux, Alliances et Commandements
». Le titre Doctrine et Alliances reflète les sous-titres de ces deux parties.
Lors de la préparation de l'édition de 1835, Joseph Smith et un comité désigné, le 24
septembre 1834 (HC 2, p.165, 243-244), pour accomplir la tâche éditèrent les
révélations précédemment parues dans le Livre des Commandements. Ils corrigèrent les
fautes de copistes et d'impression et éclaircirent occasionnellement le texte. Ils
ajoutèrent des explications sur les devoirs des officiers qui étaient nouveaux dans
l'organisation de l'Église depuis que les révélations précédentes avaient été
données. Ils combinèrent également certaines des révélations pour simplifier la
publication et corrigèrent les problèmes grammaticaux.
Lédition de 1835 des Doctrine et Alliances contenait 103 sections. Deux sections
reçurent par inadvertance le numéro 66, de sorte que la dernière reçut le numéro 102.
Les sections 1-100 étaient des révélations à Joseph Smith. La section 101 prescrivait
les pratiques pour le mariage. La section 102 énonçait les rapports que lÉglise
devait avoir avec les gouvernements (voir Politique : Enseignements politiques). Ces deux
sections nétaient pas des révélations, mais furent incluses en tant
qu'expressions de la croyance de l'Église à ce moment-là. Oliver Cowdery (et,
éventuellement, W. W. Phelps) les écrivit, probablement en réponse aux critiques de la
doctrine et des activités de l'Église. Joseph Smith confirma plus tard la déclaration
sur le gouvernement, mais il y a lieu de penser qu'il était dès le début contre
linclusion de la déclaration sur le mariage et elle finit par être enlevée (voir
Cook, p. 348 et 349, n. 11).
L'édition de Nauvoo de 1844. En 1840, l'Église eut besoin dune nouvelle édition
des Doctrine et Alliances. L'édition de 1835 était épuisée et Joseph Smith avait reçu
des révélations supplémentaires. La nouvelle édition parut à Nauvoo peu après la
mort de Joseph Smith en 1844. Les huit révélations nouvellement ajoutées sont les
sections 103, 105, 112, 119, 124, 127, 128 et 135 dans l'édition de 1981. Les plaques
métalliques d'impression de l'édition de 1844 furent utilisées pour les réimpressions
de 1845 et 1846.
L'édition de Liverpool, Angleterre, de 1845. En 1847, Brigham Young conduisit les membres
de l'Église dans la vallée du lac Salé, où ils n'avaient aucune installation pour
imprimer des livres. En 1845, Wilford Woodruff imprima 3 000 exemplaires des Doctrine et
Alliances en Angleterre pour la population croissante de saints dans les îles
Britanniques. Cette édition comprenait les nouvelles révélations publiées dans
l'édition de Nauvoo de 1844. Dautres représentants de l'Église assurèrent des
réimpressions en Angleterre en 1849, 1852, 1854, 1866 et 1869 et expédièrent la plus
grande partie de l'impression de 1854 à Salt Lake City à cause des moyens
dimpression très limités qui existaient là-bas.
L'édition de 1876. En 1876, Orson Pratt, un membre du Collège des douze apôtres et
historien de l'Église, agissant sous la direction du président Brigham Young, prépara
une nouvelle édition des Doctrine et Alliances à Salt Lake City. Il divisa chaque
révélation en versets et ajouta les vingt-six révélations qui
n'avaient pas été incluses. Ce sont maintenant les sections 2, 13, 77, 85, 87, 108-111,
113-118, 120-123, 125, 126, 129-132 et 136. Comme la section 132 contenait des
informations sur le mariage plural incompatibles avec larticle de 1835 sur le
mariage, ce dernier fut éliminé.
L'édition de 1879. Trois ans plus tard, Pratt publia, en Angleterre, une autre édition
dans laquelle il ajouta des notes de bas de page au texte. Il demanda aussi au président
John Taylor la permission d'abandonner les « Discours sur la Foi », mais il lui fut
répondu que, bien que le temps pourrait venir pour le faire, ce n'était pas encore
maintenant. Cette édition fut publiée en 1879 en Angleterre et en 1880 à Salt Lake City
à partir de plaques en double. Le président George Q. Cannon, conseiller dans la
Première Présidence, présenta cette édition aux membres de l'Église lors dune
conférence pour le jubilé, qui se tint en octobre 1880 ; ils acceptèrent le livre comme
écriture.
De 1880 à 1920, l'Église publia au moins vingt-huit réimpressions de cette édition. À
partir de 1908, chaque impression inclut une concordance et des extraits du « Manifeste
» de Wilford Woodruff, président de lÉglise, une déclaration officielle mettant
fin au mariage plural.
L'édition de 1921. En 1920, le président Heber J. Grant chargea un comité de six
membres du Conseil des Douze de préparer une nouvelle édition des Doctrine et Alliances.
Le changement majeur dans l'édition de 1921 fut la suppression des « Discours sur la Foi
», qui nétaient pas jugés comme étant des révélations. Le comité révisa
également les notes et divisa les pages en doubles colonnes. Malgré le fait que le nom
du recueil avait été changé dans l'édition de 1835 pour signaler l'ajout des «
Discours sur la Foi », il ne fut pas de nouveau changé quand les discours furent
supprimés. L'édition de 1921 a été la norme jusqu'en 1981.
L'édition de 1981. Un comité nommé par la Première Présidence de l'Église dirigea la
publication d'une nouvelle édition des Doctrine et Alliances en 1981. Les nouvelles
fonctionnalités comprenaient des notes de bas de page entièrement révisées et de
nouveaux chapeaux de sections. Deux sections supplémentaires et une deuxième
déclaration officielle furent également incorporées. La section 137 est une partie
d'une vision du Royaume céleste donnée, le 21 janvier 1836, à Joseph Smith dans le
Temple de Kirtland. L'article 138 est une vision de la rédemption des morts donnée, en
1918, à Joseph F. Smith, sixième président de l'Église. La Déclaration officielle n°
2 est l'annonce de 1978, par la Première Présidence, que tous les membres masculins
dignes de l'Église peuvent être ordonnés à la prêtrise.
Éditions en langues étrangères. L'Église a également publié les Doctrine et
Alliances dans beaucoup de langues autres que l'anglais. À partir de1851 avec l'édition
galloise, les Doctrine et Alliances ont été traduites et publiées dans leur
intégralité dans une vingtaine de langues ou plus et des sélections dans beaucoup
d'autres.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith: A Historical and
Bibliographical Commentary of the Doctrine and Covenants. Salt Lake City, 1985.
Gentry, Leland H. "What of the Lectures on Faith?" BYU Studies 19, automne 1978,
p. 5-19.
Lambert, A. C. The Published Editions of the Book of Doctrine and Covenants of the Church
of Jesus Christ of Latter-day Saints in All Languages, 1833 -1950. Provo, Utah, 1950.
Woodford, Robert J. "The Historical Development of the Doctrine and Covenants."
3 vols. these de doctorat, université Brigham Young, 1974.
Woodford, Robert J. "The Doctrine and Covenants: A Historical Overview." Dans
Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 1, pp. 3-22. Sandy,
Utah, 1984.
ROBERT J. WOODFORD
Doctrine et Alliances: Aperçu
Auteur: DOXEY, ROY W.
Les
Doctrine et Alliances sont une compilation de révélations dont la plupart ont été
reçues par le prophète Joseph Smith pour l'établissement et le gouvernement du royaume
de Dieu dans les derniers jours. C'est un ouvrage canonique de lÉglise qui
représente sa Constitution ecclésiastique ouverte et sans cesse croissante. Son objectif
principal est d'édifier lÉglise de Jésus-Christ et d'amener les hommes à se
mettre en accord avec le royaume du Christ. Il est considéré comme la pierre de faîte
de lÉglise; le Livre de Mormon, qui est louvrage qui va de pair avec lui, est
considéré comme la clef de voûte (Benson, pp. 83-85). Le Livre de Mormon a été écrit
pour convaincre tous les hommes que Jésus est le Christ (voir Livre de Mormon: Aperçu);
les Doctrine et Alliances ont été données pour les organiser et les orienter selon la
volonté et le royaume de Dieu.
Des 138 sections et des 2 déclarations actuellement dans ce recueil, 133 ont été
reçues principalement par Joseph Smith, le premier prophète et président de
lÉglise. Les sept sections restantes ont été reçues ou écrites par ou sous la
direction d'Oliver Cowdery (sections 102 et 134), de John Taylor (section 135), de Brigham
Young (section 136), de Joseph F. Smith (section 138), de Wilford Woodruff (Déclaration
officielle 1) et de Spencer W. Kimball (Déclaration officielle 2).
La plupart des passages des Doctrine et Alliances ont un cadre historique précis et
pratiquement chaque verset contient de la sagesse, des enseignements généraux, des
principes religieux ou de la doctrine. La plupart des révélations ont été reçues en
réponse à des demandes précises faites dans la prière. Bien que beaucoup aient été
données au profit de personnes déterminées, leurs conseils sont, de manière
générale, d'application universelle, ce qui rend ces révélations aussi actuelles
aujourd'hui que lorsquelles ont été reçues. Elles ont été données aux
serviteurs du Seigneur «dans leur faiblesse, selon leur langage, afin qu'ils les
comprennent» (1:24). Les saints des derniers jours y voient «la volonté du
Seigneur
l'avis du Seigneur
la parole du Seigneur
la voix du Seigneur et
le pouvoir de Dieu pour le salut» (68:4).
Les révélations des Doctrine et Alliances ont été reçues de diverses façons.
Certaines lont été par l'inspiration, l'esprit étant éclairé par le
Saint-Esprit (par exemple, les sections 20-22), d'autres sont venues d'un ange (les
sections 2, 13, 27, 110), dans des visions, habituellement par les yeux spirituels du
prophète (les sections 76, 137-138), par le murmure doux et léger, une voix qui se fait
entendre dans l'esprit (la section 85) ou par une voix audible (section 130:12-13). À
certaines occasions, d'autres personnes étaient présentes et partageaient les
manifestations spirituelles (voir Visions de Joseph Smith).
Les sections sont de types variés, contenant divers genres de textes et de documents
historiques. Par exemple, la section 102 contient le compte rendu d'une session du Grand
Conseil; la section 113 répond à des questions sur les écrits d'Ésaïe; les sections
121-123 font partie d'une lettre écrite par Joseph Smith au sujet des persécutions; les
sections 127-128 sont des épîtres sur les baptêmes pour les morts; la section 134 est
un article sur le gouvernement et les lois et la section 135 rapporte le martyre de Joseph
et de Hyrum Smith. La section 7 est la traduction d'un document écrit et caché par
l'apôtre Jean; les sections 65 et 109 sont des prières; d'autres sections sont des
enseignements (les sections 130-131) et des prophéties (les sections 87 et 121). La
section 1 est la préface du Seigneur aux autres révélations. La section 133 est
appelée lappendice; elle a été donnée deux jours après la préface et contient
des données eschatologiques. Les deux sections 1 et 133 ont été fournies en vue de la
publication des révélations.
La première compilation des révélations données à Joseph Smith fut imprimée en 1833
sous le nom de Livre des Commandements, pour le gouvernement de lÉglise du Christ
(voir Livre des Commandements). Elle contenait soixante-cinq chapitres. Ce recueil fut
proposé le 1er novembre 1831 à une conférence de la prêtrise de lÉglise pour
approbation avant publication. Comme le langage des révélations nétait pas
dun haut niveau, un membre mit en doute leur authenticité. Une révélation, la
section 67 dans les éditions modernes, défia toute personne d'écrire une révélation;
quand le sceptique admit qu'il ne pouvait pas le faire, le recueil fut approuvé par les
personnes assemblées. Limprimerie de lÉglise à Independence (Missouri)
ayant été détruite en juillet 1833 par des émeutiers alors que le livre était en
cours dimpression, quelques exemplaires seulement de ce premier recueil compilation
sont parvenus jusquà nous.
Au cours des années qui suivirent la première impression, d'autres révélations furent
reçues et certains textes plus anciens furent supprimés. Une édition de 1835, publiée
à Kirtland (Ohio), fut intitulée Doctrine et Alliances de lÉglise des saints des
derniers jours et contenait 103 sections. Lors des éditions suivantes, dautres
sections furent ajoutées (voir Doctrine et Alliances Éditions). Les ajouts les
plus récents sont les sections 137 (1836) et 138 (1918) sur le salut des morts, et la
Déclaration Officielle 2 annonçant que la prêtrise pouvait être donnée à tous
les membres masculins de lÉglise qui étaient dignes (1978). Un article sur le
mariage écrit par Oliver Cowdery en 1835 fut supprimé de l'édition de 1876. À partir
de l'édition de 1921, un ensemble de leçons appelé Lectures on Faith ne fut plus
inclus.
Cent des révélations ont été reçues avant 1834, pendant les premières années
formatrices de lÉglise. Beaucoup dentre elles sadressaient à des
personnes précises qui voulaient que le prophète leur dise ce que Dieu avait pour elles.
Les points de doctrine de l'Évangile ne furent généralement pas révélés dans leur
plénitude au début, mais furent reçus progressivement, de temps en temps. Tandis que
lÉglise se développait et déménageait, les questions concernant l'administration
de lÉglise, les devoirs des officiers, les conseils pour les membres de
lÉglise et les événements du futur devinrent le sujet d'autres révélations.
Toutes les révélations reçues par Joseph Smith ne se trouvent pas dans les Doctrine et
Alliances (voir Révélations non publiées). Il y en a qui se trouvent dans la History of
the Church, donnant des recommandations et des instructions à des particuliers (HC
1:229), sur le déplacement des saints vers les montagnes Rocheuses (HC 5:85) et une
prophétie sur Stephen A. Douglas (HC 5:393-394).
La décision quant aux révélations à inclure dans les Doctrine et Alliances est une
prérogative de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres. Le choix est
alors confirmé par le consentement commun des membres de lÉglise.
Les Doctrine et Alliances sadressent aux hommes de notre génération. Pour les
saints des derniers jours, c'est la voix du Seigneur Jésus-Christ qui confirme et
révèle le chemin du salut et donne des instructions pour le gouvernement de son Église.
Elles menacent les hommes et les nations dune destruction imminente s'ils ne se
repentent pas. Elles témoignent de la réalité de la vie après la mort.
Parmi leurs enseignements, il y a tout particulièrement les principes, les alliances et
les ordonnances spécifiques qui mènent à la vie éternelle. Elles prescrivent les
ordonnances de la prêtrise depuis le baptême jusquau mariage scellé pour
l'éternité. Le salut des morts est également révélé par des révélations au sujet
du baptême pour les morts et des visions de la prédication aux esprits qui attendent la
résurrection.
Laccent quelles mettent sur la nature spirituelle de questions temporelles
renforce l'appréciation et le respect pour cette vie. Par exemple, son code de santé,
connu sous le nom de Parole de Sagesse, promet la santé spirituelle et physique à ceux
qui y obéissent (section 89).
Les Doctrine et Alliances contiennent de nombreux enseignements et des déclarations
vigoureuses qui influencent fortement la vie et les sentiments quotidiens des saints des
derniers jours, qui donnent le ton du service dans lÉglise et insufflent de la
vitalité dans le travail. Parmi ses passages fréquemment cités il y a les maximes, les
recommandations et les assurances divines suivantes: «Si vous êtes préparés vous ne
craindrez pas» (D&A 38:30); «ne cherche pas la richesse mais la sagesse» (11:7);
«celui qui accomplit les uvres de la justice recevra sa récompense,
cest-à-dire la paix dans ce monde et la vie éternelle dans le monde à venir»
(59:23); «cherchez des paroles de sagesse dans les meilleurs livres; cherchez la
connaissance par étude et aussi par la foi» (88:118); «sans la foi, tu ne peux rien
faire» (8:10); «de vous il est requis de pardonner à tous les hommes» (64:10); «les
hommes doivent uvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur
plein gré et produire beaucoup de justice» (58:27); «toutes ces choses te donneront de
l'expérience et seront pour ton bien» (122:7); «je me susciterai un peuple pur qui me
servira avec justice» (100:16); «ne vous lassez pas de bien faire» (64:33); «cherchez
diligemment, priez toujours et croyez, et tout concourra à votre bien» (90:24); et «or,
qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu? Une voix d'allégresse! Une voix
de miséricorde venant du ciel et une voix de vérité sortant de la terre, de bonnes
nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse pour les vivants et les morts, de bonnes
nouvelles d'une grande joie» (128:19).
Doctrine et Alliances: Contenu
Auteur: CALDWELL, C. MAX
Les
révélations compilées dans les Doctrine et Alliances contiennent les directives et les
points de doctrine nécessaires pour inspirer, organiser et administrer les affaires de
lÉglise. Elles n'ont pas été reçues ou écrites comme manuel, comme traité ou
comme un ensemble de plans de leçons, mais ont été reçues par intermittence quand le
prophète Joseph Smith et d'autres désiraient la volonté de Dieu dans diverses
circonstances.
Malgré le fait que beaucoup de ces révélations sadressent personnellement à
certaines personnes ou groupes dans des circonstances propres au dix-neuvième siècle,
elles contiennent des principes qui ont une application éternelle et donc une valeur
actuelle. Les révélations contiennent des avertissements de jugements divins sur les
méchants, des enseignements sur la progression des âmes humaines vers l'exaltation et la
vie éternelle grâce à l'Évangile de Jésus-Christ, des informations sur les
Écritures, notamment la parution du Livre de Mormon et la traduction de la Bible par
Joseph Smith, des instructions sur la prêtrise, son rétablissement, ses fonctions, ses
offices et ses ordonnances, des commandements et des instructions au peuple de
lÉglise concernant la conduite personnelle, l'éducation, les terres et la
propriété, les bâtiments et le soin des pauvres et des appels et des conseils sur la
prédication et la pratique de l'Évangile.
La section 1 est la Préface, donnée le 1er novembre 1831, lors dune conférence de
lÉglise. Elle constitue la réponse à la demande de Joseph Smith davoir
lautorisation du Seigneur de publier certaines des révélations qu'il avait
précédemment reçues. Le Seigneur y accepte la demande et publie le défi et la
déclaration suivants à tous ceux qui la liront: «Sondez ces commandements, car ils sont
vrais et dignes de foi, et les prophéties et les promesses quils contiennent
saccompliront toutes» (D&A 1:37).
Les sections 2-19 sont des révélations reçues avant l'organisation de lÉglise en
1830. Le Seigneur y instruit Joseph Smith et ses compagnons sur beaucoup de sujets,
particulièrement sur la traduction, la publication et la valeur du Livre de Mormon, et
sur la nécessité de se fier complètement au Seigneur et de sauvegarder les choses
sacrées (sections 3, 5, 10, 17, 20). Elles enseignent à Joseph Smith, père, Hyrum
Smith, Joseph Knight, père, John, Peter et David Whitmer, Oliver Cowdery et Martin Harris
comment participer à luvre qui était sur le point de paraître et reçoivent
un enseignement sur son caractère sacré (sections 4, 6, 8-9, 11-12, 14-19). Elles leur
conseillent aussi de devenir dignes de recevoir l'Esprit du Seigneur afin de pouvoir
reconnaître les révélations de Dieu et de faire sa volonté (sections 6, 8-9, 11).
Cest aussi à cette époque que l'autorité d'agir au nom du Seigneur fut rétablie
(voir Prêtrise) et que le but et la portée de cette autorité furent expliqués
(sections 13, 18, 20; cf. 27). Le Seigneur donne des recommandations concernant la valeur
des âmes et encourage ses serviteurs à travailler chacun pour le salut des autres en
enseignant l'Évangile rétabli et en amenant les hommes au repentir (section 18). La
valeur et la nécessité de lexpiation de Jésus-Christ sont révélées et il est
commandé aux hommes daller à lui pour obtenir le pardon et la
force spirituelle (section 19).
Les sections 20-40 donnent en 1830 des instructions à lÉglise nouvellement
organisée à New York. Les points de doctrine de base de lÉglise tels que contenus
dans la Bible et le Livre de Mormon et les critères pour contracter des alliances avec le
Seigneur sont résumés et les responsabilités des membres et des détenteurs de la
prêtrise dans lÉglise sont définies (section 20).
Le Seigneur donna une révélation au sujet des relations entre le prophète et le
Seigneur et entre les membres de lÉglise et la parole du Seigneur par
lintermédiaire de son prophète (section 21). C'est un sujet majeur des Doctrine et
Alliances et il constitue la base de la compréhension du processus de la révélation
continue via le président de lÉglise (section 28; cf. 43, 68, 81, 90, 124).
D'autres révélations furent reçues au profit de diverses personnes et pour
lÉglise en général, révélations qui contiennent beaucoup de points de doctrine
sur des sujets tels que le baptême (section 22), la mise en pratique des conseils
donnés, (sections 23-24, 31), la musique et des recommandations à Emma Smith, épouse du
prophète (section 25), le consentement commun (section 26), la Sainte-Cène (section 27),
le Saint-Esprit (sections 29-30, 34, cf. 46, 50, 75, 79), la prédication aux Indiens
d'Amérique ou Lamanites (sections 30, 32), la proclamation de l'Évangile au monde entier
dans les derniers jours (sections 29, 33, 35, 38; cf. 43, 45, 86-87, 90, 101, 116, 133) et
le travail de Joseph Smith sur la traduction de la Bible et dautres documents
(sections 35, 37; cf. 41-42, 45, 73-74, 76-77, 86, 91, 93-94, 124:89). Cest par ce
travail de traduction que beaucoup de points de doctrine de lÉglise furent
révélés à Joseph Smith (voir Joseph Smith Matthieu).
Le Seigneur commanda aux membres de lÉglise de se rassembler en Ohio, où il promit
de leur donner sa loi, détablir Sion et de les doter du pouvoir d'en haut (sections
37-38, 42). Cest sur la base des alliances quils contractent et respectent que
les hommes deviennent le peuple de Dieu ou ses disciples (sections 39-41).
Les sections 41-123 furent données pendant que lÉglise était en Ohio et au
Missouri (1831-1839) et contiennent diverses instructions au sujet des affaires de
lÉglise. Au cours de ces années seront révélés beaucoup de points de doctrine
et de principes de l'Évangile qui permettront la création dun cadre doctrinal
essentiel pour lÉglise. La première révélation enregistrée par Joseph Smith en
Ohio appelait Edward Partridge à remplir les fonctions de premier évêque de
lÉglise (section 41). Comme promis, les saints reçurent les lois du Seigneur par
lesquelles les membres de lÉglise sont régis, notamment la loi de l'enseignement
(sections 42, 68, 88, 93, 100), les lois morales (sections 42, 58-59), la loi de
consécration (sections 42, 51, 54, 70, 78, 82-83, 104), la loi du travail (sections 42,
60, 68, 75; voir Travail, rôle du), des instructions concernant limposition des
mains aux malades (sections 42, 46, 63), des lois concernant la rémunération pour les
marchandises et les services (sections 42, 43, 70, 106) et les lois relatives aux
transgresseurs (sections 42, 58, 102, 107). Joseph Smith reçut aussi des instructions au
sujet de l'importance du mariage et de la famille (section 49; cf. 131-32) et le Seigneur
révéla des informations sur la façon de détecter et déviter les contrefaçons
et les pratiques mauvaises (sections 43, 46, 50, 52; cf. 129).
Un thème majeur des Doctrine et Alliances est l'établissement et lédification de
Sion, tant comme lieu (voir Nouvelle Jérusalem) que comme état desprit du peuple
(ceux qui ont le cur pur; D&A 97:21). Joseph Smith fut chargé daller au
Missouri où l'emplacement de la ville de Sion serait révélé (section 52). Une fois
là-bas, il recevrait des directives du Seigneur au sujet de l'établissement de Sion et
de son peuple (sections 57-59). Les saints commencèrent à se rassembler au Missouri pour
répondre aux exigences du Seigneur et des révélations supplémentaires furent reçues
concernant leurs responsabilités respectives (sections 63-64). Il leur fut enseigné
quil fallait construire et avoir un temple ou maison du Seigneur pour devenir un
peuple de Sion (sections 57, 84, 88, 97, 101, 109-110; cf. 124). Certains membres n'ayant
pas atteint le niveau de consécration et d'obéissance attendu d'une société de Sion,
ils ne réussirent pas à créer Sion à ce moment-là. Ils furent expulsés du Missouri
et lédification de Sion à cet endroit fut temporairement suspendue (sections 101,
103, 105).
Pendant ce même temps et plus tard, d'autres révélations instructives furent données
à propos des règles de santé (sections 49, 89), la vie, la lumière, l'esprit et le
pouvoir du Christ (sections 50, 84, 88, 93), luvre missionnaire (sections 75,
79-80, 84, 99), le sabbat (section 59), lobéissance et le sacrifice (sections
58-59, 82, 97, 117-18), le pardon lobtenir et laccorder (sections 58,
64, 82, 98), le plan du salut pour toute l'humanité (sections 76, 93; cf. 131, 137-38),
les fonctions et les collèges de la prêtrise (sections 81, 84, 90, 107, 112, 121; cf.
124; et Déclaration Officielle 2 de 1978), les guerres imminentes (section 87),
les textes bibliques (sections 74, 77, 113) et la dîme (sections 119-120).
Les sections 124-135 furent écrites à Nauvoo pendant les dernières années de la vie de
Joseph Smith (1839-1844). Elles contiennent des directives à lÉglise concernant le
temple de Nauvoo, le premier temple dont les ordonnances étaient complètes (section
124), les ordonnances et le salut pour les morts (sections 124, 127-128); la nature de la
Divinité et des êtres exaltés (sections 130, 132), le mariage éternel et plural
(sections 131-32; voir aussi Manifeste de 1890), les lois et les gouvernements politiques
(section 134) et un énoncé des apports de Joseph Smith et de son témoignage au moment
de son martyre (sections 135-136).
Doctrine et Alliances: Section 1
Auteur: PACE, GEORGE W.
La section 1 des Doctrine et Alliances est appelée la «Préface».
C'est une révélation reçue le 1er novembre 1831 par Joseph Smith entre les sessions
d'une conférence à Hiram (Ohio). La conférence avait été convoquée pour examiner la
publication de soixante-trois des révélations que Joseph Smith avait reçues (voir Livre
des Commandements). La conférence vota unanimement de les publier comme étant la parole
du Seigneur. Conformément à la déclaration du Seigneur, cette section fut publiée à
titre de «ma préface au livre de mes commandements» (D&A 1:6). Elle donne le ton de
la totalité des Doctrine et Alliances, qui est pressant.
Comme les révélations quelle introduit, la section 1 est écrite principalement à
la première personne comme étant la parole du Seigneur: «Ce que moi, le Seigneur, ai
dit, je lai dit» (verset 38). Elle proclame au monde que par le rétablissement de
son Église, Dieu sest mis en devoir pour la dernière fois de racheter ses enfants
et de préparer la terre pour le retour du Sauveur.
La section 1 est la déclaration hardie que Dieu voit tout et parle à tous les hommes,
que ses paroles iront à toutes les nations par lintermédiaire des disciples
quil sest choisis, que chaque personne finira par entendre l'Évangile dans sa
propre langue de sorte que chacune puisse comprendre et que les choses faibles du monde
vaincront les puissantes et les fortes et que lÉglise sera amenée hors de
l'obscurité par le pouvoir de Dieu (voir aussi la révélation donnée deux jours plus
tard, D&A 133).
La section 1 présente de manière équilibrée le jugement et le soulagement. C'est une
voix d'avertissement de jugements imminents: «Préparez-vous, préparez-vous» (verset
12). Elle avertit que ceux qui ne se repentent pas connaîtront de grandes douleurs, parce
que létat de péché du monde a allumé «la colère du Seigneur» et que les
hommes «se sont écartés de [ses] ordonnances et ont rompu [son] alliance éternelle»
(versets 13-15). Il est par contre promis, à ceux qui écoutent, des enseignements, des
châtiments, des corrections, de la connaissance et des bénédictions de Dieu.
La section finit sur la garantie du Seigneur que toutes ses prophéties et promesses,
quoique données aux hommes dans leur faiblesse, sont vraies et seront accomplies.GEORGE
W. PACE
Doctrine et Alliances: Sections 20-22
Auteur: UNDERWOOD, GRANT
Sections
20-22
Les sections 20-22 des Doctrine et Alliances sont les documents formateurs fondamentaux
des débuts de l'histoire de lÉglise. Elles continuent à remplir la fonction de
déclaration définitive de la foi et des devoirs de la prêtrise. À lorigine, les
sections 20 et 22 ont été publiées ensemble sous le titre «articles et alliances de
lÉglise du Christ». Elles ont été publiées pour la première fois dans le
Painesville Telegraph (Ohio) en avril 1831 et plus tard sur la première page du premier
numéro de lEvening and Morning Star en juin 1832. La version la plus ancienne
connue de la section 20 est datée de juin 1829. Beaucoup de copies anciennes ont été
faites à partir dun brouillon de la main d'Oliver Cowdery.
Les sections 20-22 furent officiellement adoptées en tant que révélations doctrinales
par lÉglise lors de sa première conférence, le 9 juin 1830, et furent les
premières sections des Doctrine et Alliances à être approuvées comme telles. Plus
tard, les missionnaires lurent souvent des copies manuscrites de ces «articles» aux
réunions et aux conférences publiques parce qu'on leur avait dit d'inclure les
«Articles de lÉglise» dans leurs enseignements (D&A 42:13). La section 20
était le chapitre II de l'édition 1835 des Doctrine et Alliances, directement après la
Préface révélée. L'ordre actuel date de l'édition de 1876.
La section 20 est un texte composite qui se divise en un prologue historique (versets
1-16), une déclaration de croyances (versets 17-36) et un recueil de règles et de
procédures (versets 37-84). Non seulement ses principes continuent à guider les saints
des derniers jours aujourd'hui, mais ses dispositions donnent aussi un aperçu de la vie
de lÉglise dans ses premières années. Le prologue contient les mentions publiées
les plus anciennes de l'ordination de Joseph Smith et d'Oliver Cowdery comme apôtres
(versets 2-3) et de la première vision de Joseph Smith: «il [fut] vraiment
manifesté à ce premier ancien qu'il avait reçu la rémission de ses péchés» (verset
5). La dimension personnelle de ce récit est cohérente avec les récits faits par Joseph
en 1832 et 1835 de sa Première Vision.
La section 20 contient également la déclaration de foi la plus ancienne connue de
lÉglise. Elle affirme des points de doctrine chrétiens de base, suivant la façon
commune de faire de la plupart des confessions protestantes, commençant par la nature de
Dieu (verset 17), la création (versets 18-19), la chute (verset 20), Jésus-Christ,
l'Expiation et le plan de salut (versets 21-28). Les autres commentaires parlent de la
possibilité de «déchoir de la grâce» et de la nature de la sanctification, qui
étaient des questions à lordre du jour dans les années 1820. Le verset 35 exprime
une conscience du monde chrétien environnant, assurant que ces articles najoutent
ni ne retranchent rien «à la prophétie [du livre de Jean], aux saintes Écritures ou
aux révélations de Dieu qui viendront plus tard».
La majeure partie de la section 20 donne des directives pour le gouvernement de
lÉglise. Sappuyant en partie sur les textes du Livre de Mormon, elle explique
les ordonnances du baptême et de la Sainte-Cène et les devoirs des membres baptisés. À
l'origine, les prêtres, les instructeurs et les diacres étaient les dirigeants adultes
locaux de la prêtrise, ce qui explique la charge pastorale importante qui leur est
donnée (versets 46-59) et leur fonction de signer les certificats de dignité pour les
membres qui se déplaçaient d'une branche de lÉglise à l'autre (verset 84). La
Prêtrise d'Aaron avait pour ministère public de «prêcher, enseigner, expliquer,
exhorter» (verset 46) et devait avoir une «licence» (verset 64).
Reçue le jour où lÉglise a été juridiquement reconnue, la section 21 définit
le rôle directeur de Joseph Smith dans la nouvelle Église comme «voyant, traducteur,
prophète, apôtre de Jésus-Christ» (verset 1), avec Oliver Cowdery comme ancien «sous
sa main» (verset 11). Il est conseillé aux membres de lÉglise de tenir des
registres et de recevoir la parole de Joseph «comme si elle sortait de ma propre bouche»
(versets 1, 5).
La section 22, reçue le même mois, requiert de tous, même de ceux qui ont été
précédemment baptisés, quils soient baptisés dans «une nouvelle alliance
éternelle» (verset 1).
Ensemble, ces trois sections constituent une base d'organisation ferme pour lÉglise
rétablie du Christ.
Doctrine et Alliances: Section 25
Auteur: VOLKENING, KLIS HALE
Cette
révélation fut donnée à Harmony (Pennsylvanie), en juillet 1830, trois mois après
l'organisation de lÉglise. Elle fut intégrée en 1833 comme chapitre Xxvi au Livre
des Commandements. Elle sadresse à Emma Smith, épouse du prophète Joseph Smith.
Dans la version la plus ancienne, Emma Smith est appelée «ma fille en Sion». Joseph
Smith augmenta plus tard ce verset en ajoutant: «tous ceux qui reçoivent mon Évangile
sont des fils et des filles dans mon royaume.»
La section a cinq composants principaux:
1. Emma
est désignée comme «dame élue» (verset 3). Plus tard, le 17 mars 1842, quand elle
devint la première présidente de la Société de Secours et que les femmes furent
organisées selon l'ordre de la prêtrise, Joseph expliqua que c'était le devoir de son
appel d «élue». L'organisation de bienfaisance qu'elle dirigea devait passer à
plus de 3 millions de femmes en 1990.
2. Emma est exhortée à l'unité avec son mari: «Tu lui serviras de secrétaire» et
«tu partiras avec lui lorsqu'il partira» (verset 6). Elle accepta ces appels, bien
qu'elle dût plus tard abandonner sa maison et sa sécurité.
3. Emma est appelée à être «ordonnée sous sa main [de Joseph] pour expliquer les
Écritures et pour exhorter l'Église, selon que cela te sera donné par mon Esprit»
(verset 7). Il lui est aussi commandé d'étudier et de consacrer son temps «à écrire
et à apprendre beaucoup» (verset 8). Au cours de sa vie, elle enseigna, expliqua,
exhorta, présida et oeuvra dans beaucoup dorganisations de lÉglise. Les
femmes de lÉglise ont toujours pour tâche de maîtriser les Écritures, de
manière à diriger avec dautant plus de puissance, à enseigner, à exercer leur
ministère et à servir.
4. Emma est chargée de choisir des cantiques sacrés et un manifeste est donné du
pouvoir spirituel de la musique: «Le chant des justes est une prière pour moi» (verset
12). Son livre de cantiques fut publié en 1836 (bien que ce soit 1835 qui apparaisse à
la page de titre). Ce recueil utilise beaucoup de paroles et de mélodies chrétiennes
classiques mais contient aussi des chants liés à la plupart des événements et des
enseignements propres au Rétablissement (voir Cantiques; Musique).
5. Emma reçoit lavertissement quelle ne doit pas murmurer, mettre son
ministère public avant son rôle comme compagne de son mari, rechercher «les choses de
ce monde» (verset 10) et faire preuve d'orgueil. «Que ton âme se réjouisse de ton
mari» (verset 14). Elle doit faire honneur à son mari tandis qu'elle soccupe de
son ministère public. Emma sacquitta de chacun de ces appels, subit la perte de
cinq enfants et soutint Joseph jusqu'à son martyre. Cette inclusion des femmes dans des
rôles de direction dans lÉglise, la présidence dans certaines organisations et
sur certaines fonctions sacrées, sécartait de manière marquante de ce qui se
pratiquait au dix-neuvième siècle. Les dirigeants de lÉglise, hommes et femmes,
continuent à mentionner des passages de cet appel inspiré d'Emma pour citer en exemple
certains des potentiels des femmes et pour faciliter leur participation pleine et entière
à tous les appels et bénédictions spirituels de l'Évangile.
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. «If Thou Art Faithful» Ensign 14 (nov. 84), pp. 89-92.
KLIS VOLKENING HALE
Doctrine et Alliances: Section 42
Auteur: BROWN, VICTOR L., SR.
Cette
section est appelée la «Loi du Christ» et la «Loi de lÉglise» et sa réception
accomplit une promesse faite le 2 janvier 1831, dans Doctrine et Alliances 38:32, que la
loi serait donnée à lÉglise en Ohio. Comme condition préalable (voir D&A
41:2-3), les anciens devaient sunir dans la prière de la foi. Les soixante-dix
premiers versets de la section 42 furent donnés le 9 février 1831, tandis que douze
anciens étaient, comme le dit le document, «unis en prière fervente». Les versets
71-93 furent reçus deux semaines plus tard dans des circonstances semblables. La
révélation fut publiée dans The Evening and The Morning Star en juillet et octobre
1832, et fut incluse en 1833 en tant que chapitres 44 et 47 du Livre des Commandements.
Des conditions strictes étaient imposées ici à une Église naissante à la population
réduite et dispersée qui avait peu de formation et dexpérience. On peut les
répartir en six domaines principaux:
1. La
responsabilité missionnaire de se rendre dans lOuest (versets 1-17). Ses membres
devaient aller deux par deux, avec l'ordination et l'autorité appropriées, enseigner les
principes de l'Évangile à laide de la Bible et du Livre de Mormon et
nenseigner que «par l'Esprit».
2. La réaffirmation des dix commandements (versets 18-29). Le décalogue antique de
Moïse mettait laccent sur les lois du comportement. Le Nouveau Testament,
particulièrement le sermon sur la montagne, et un sermon semblable dans 3 Néphi
soulignent l'acte et létat mental, la lettre et l'esprit. La section 42 affirme
également les attentes et les aspirations plus larges de la nouvelle alliance éternelle.
On trouve en plus: «Tu ne mentiras pas
tu ne médiras pas de ton prochain et tu ne
lui feras aucun tort» et «Tu aimeras ta femme de tout ton cur, et tu t'attacheras
à elle et à personne d'autre.» Il est dit du contrevenant quil «n'aura pas
l'Esprit» et quil sera dans la crainte.
3. Une déclaration sur les lois de l'intendance et de la consécration (versets 30-39).
Les biens devaient être consacrés par une alliance «qui ne [peut] être rompu[e]» pour
le soutien des pauvres, chaque personne agissant comme intendant de ses propres biens et
un grand conseil et un évêque comme intendants du magasin de lÉglise. Ce dernier,
rempli par les surplus, pourvoirait aux besoins des pauvres et des indigents. «Dans la
mesure où vous le faites aux plus petits de ceux-ci, c'est à moi que vous le faites.»
Par ces principes, lÉglise devait obtenir des terres, construire des maisons de
culte et finalement fonder la nouvelle Jérusalem.
4. Mises en garde contre l'orgueil du cur, l'ostentation, l'oisiveté et l'impureté
(versets 40-42).
5. Exhortation aux soins compatissants pour les malades qui nont pas le don de la
foi pour guérir (versets 43-52). Des signes, notamment la guérison, suivront des dons
spécifiques de foi, mais la forme la plus élevée de foi est «le pouvoir de devenir mes
fils». Ceux qui meurent dans le Seigneur se voient assurés que leur mort «leur sera
douce» (verset 46).
6. Instructions sur les procédures de lÉglise concernant les transgresseurs, les
procès, les témoins, la discipline de lÉglise par rapport aux lois du pays et le
mode de confession et de réconciliation (versets 53-93). [Voir également Mesures
disciplinaires.]
Bibliographie
Otten, L.G., et C.M. Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1, pp.
195-206. Springville, Utah, 1982.
VICTOR L. BROWN, SR.
Doctrine et Alliances: Section 45
Auteur: CALDWELL, C. MAX
Cette
révélation des Doctrine et Alliances fut reçue au début de mars 1831, une époque où
«beaucoup de faux bruits, de mensonges et dhistoires insensées étaient publiés
dans les journaux et circulaient en tous sens pour empêcher les gens d'étudier
luvre ou d'embrasser la foi» (HC 1:158). Le Seigneur y appelle les saints à
écouter sa voix et fait remarquer quil plaide pour eux auprès du Père (D&A
45:1-7). Il leur dit ensuite qu'il «prophétiserai[t] comme aux hommes dautrefois»
et leur donne ce qu'il a donné à ses disciples à Jérusalem au sujet des événements
qui auraient lieu en ce jour-là, dans les derniers jours et à sa seconde venue.
Trois événements auraient lieu au cours de la génération même du Sauveur: (1) le
temple de Jérusalem serait détruit (versets 18-20); (2) la nation juive serait
dévastée et détruite (verset 21); et (3) les Juifs seraient dispersés parmi toutes les
nations (verset 24). L'histoire prouve que ces prophéties se sont accomplies. Avant la
fin du premier siècle, les conquêtes romaines causèrent laccomplissement
littéral et exact de tout ce que Jésus avait décrit. Certains de ceux qui l'entendirent
prophétiser vécurent assez pour être témoins de ces événements.
Beaucoup dévénements se produiraient dans les derniers jours précédant la
seconde venue du Seigneur: 1. Les Juifs seront rassemblés à Jérusalem (verset 25). 2.
Il y aura des guerres et des bruits de guerres (verset 26). 3. Le cur des hommes
leur manquera (verset 26). 4. Certains affirmeront que le Christ retarde sa venue (verset
26). 5. L'amour des hommes se refroidira (verset 27). 6. L'iniquité abondera (verset 27).
7. La plénitude de l'Évangile sera rétablie (verset 28). 8. Les temps des Gentils
seront accomplis (verset 30). 9. Il y aura un fléau débordant et une maladie
dévastatrice (verset 31). 10. Les méchants maudiront Dieu (verset 32). 11. Il y aura des
tremblements de terre et beaucoup de désolations (verset 33). 12. Il y aura des
manifestations de phénomènes célestes: soleil, lune, étoiles (versets 40-44).
Les temps des Gentils mentionnés au point 8 ont commencé quand les apôtres ont porté
l'Évangile aux Gentils après la mort du Christ. Les Gentils ont eu une deuxième
occasion lorsque Joseph Smith a rétabli l'Évangile pour quil soit prêché d'abord
aux Gentils et puis aux Juifs.
Quand il reviendra, le Sauveur fera au moins trois apparitions générales:
1. Il
apparaîtra aux saints ou membres de lalliance de son Église (versets 45-46,
56-57). Le Sauveur a comparé ces membres fidèles aux cinq vierges sages qui avaient pris
le Saint-Esprit pour guide (cf. Mt. 25:1-13).
2. Il apparaîtra aux Juifs de Jérusalem (versets 47-53). Quand ceux-ci seront engagés
dans une bataille pour leur survie, le Sauveur apparaîtra et interviendra en leur faveur
et ils le reconnaîtront comme leur Messie.
3. Il apparaîtra au monde (versets 74-75). Cette apparition ne sera pas limitée à un
groupe choisi, mais sera au contraire d'une telle ampleur que les méchants seront
détruits, ne laissant que les justes pour jouir du règne millénaire du Sauveur. La
seconde venue du Sauveur coïncidera avec la résurrection des membres fidèles de
l'alliance de son église qui seront enlevés à sa rencontre quand il viendra en gloire
(verset 45). Et les païens qui ont vécu sans loi seront ressuscités, ainsi que «ceux
qui nont pas connu de loi» (verset 54).
La révélation connue sous le nom de section 45 se concentre ensuite sur
luvre de Joseph Smith sur la traduction de la Bible (versets 60-62) et
mentionne également des guerres à l'étranger et au pays (verset 63). Les derniers
versets appellent les saints à se rassembler «d'un seul cur et d'un seul
esprit
[pour édifier] la nouvelle Jérusalem, pays de paix, ville de refuge, lieu
de sécurité pour les saints du Dieu Très-Haut» (versets 65-66).
Bibliographie
Département dÉducation de lÉglise. Doctrine et Alliances, manuel de
l'étudiant. Salt Lake City, 1981.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Otten, Leaun G. et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1.
Springville, Utah, 1982.
C. MAX CALDWELL
Doctrine et Alliances: Section 76
Auteur: CANNON, DONALD Q.
La section
76 présente une vision sur le plan du salut, en particulier la nature des trois royaumes
ou cieux de gloire que l'humanité peut hériter après la résurrection selon la
fidélité de chacun (voir Degrés de gloire).
Le 16 février 1832, tandis quils travaillaient à la traduction de la Bible (TJS),
Joseph Smith et Sidney Rigdon arrivèrent à Jean 5:29 au sujet de la résurrection des
justes et des injustes. Joseph explique à ce propos: «Il était clair que
si Dieu
récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme
ciel, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre plus
dun royaume
Tandis que nous traduisions l'évangile de Jean, nous eûmes,
frère Rigdon et moi-même, la vision suivante» (HC 1:245). Il y avait au moins dix
personnes dans la pièce quand cette révélation fut donnée. L'une d'elles, Philo
Dibble, raconta soixante ans plus tard comment Joseph et Sidney, presque immobiles pendant
une heure environ, rapportaient alternativement et se confirmaient mutuellement ce qu'ils
voyaient simultanément dans la vision (Cannon, pp. 303-304).
La révélation contient une série de six visions: Ils voient le Fils de Dieu à la
droite de Dieu (versets 1-24); ils voient comment le diable et ses partisans se sont
rebellés et ont été précipités (25-49); ils voient le royaume céleste (50-70), le
royaume terrestre (71-80) et le royaume téleste (81-90), et ceux qui hériteront chacun
de ces degrés de gloire; et ils voient les trois royaumes de gloire comparés (91-119).
Le texte fut publié en juillet 1832 dans lEvening and Morning Star et fut inclus en
tant que section 91 dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
Du fait que cette section, appelée «la Vision», s'éloigne considérablement de la
conception chrétienne traditionnelle qui est un seul ciel et un seul enfer, certains
eurent du mal à laccepter au début. Brigham Young dit: «Mes traditions étaient
telles que quand jai lu la Vision pour la première fois, elle était si totalement
contraire et opposée à mon ancienne éducation que j'ai dit: un instant; je ne l'ai pas
rejetée, mais je ne pouvais pas la comprendre» (Deseret News, Extra, 14 septembre 1852,
p. 24). Des branches entières de lÉglise eurent le même problème. John Murdock
et Orson Pratt, qui faisaient à lépoque une mission en Ohio, eurent du mal à
aider les membres de lÉglise de là-bas à accepter ce nouveau regard sur
l'éternité. Néanmoins, la plupart des membres ne tardèrent pas à croire et à
comprendre les concepts, et finirent par vénérer cette vision comme lune des plus
belles et des plus impressionnantes jamais données.
Joseph Smith lui-même se réjouit de «la lumière qui a jailli sur le monde grâce à la
vision précitée» (EPJS p. 6), qu'il dit être «une transcription des registres du
monde éternel. La sublimité des idées, la pureté de la langue, le domaine laissé à
l'action, le temps prolongé accordé pour mener laction à bien, afin que les
héritiers du salut puissent confesser le Seigneur et fléchir le genou, les récompenses
pour la fidélité et les châtiments pour les péchés se situent tellement au-delà de
la mesquinerie des hommes que chacun est contraint de sexclamer: «Elle vient de
Dieu» (EPJS, p. 6-7).
Bibliographie
Cannon, George Q., dir. de publ. "Recollections of the Prophet Joseph Smith."
Juvenile Instructor, 27 (15 mai 1892), pp. 302-304.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, pp. 157-166, 311-312. Provo,
Utah, 1981.
Dahl, Larry E. "The Vision of the Glories." Dans Studies in Scripture, Vol. 1,
pp. 279-308. Sandy, Utah, 1984.
DONALD Q. CANNON
Doctrine et Alliances: Section 84
Auteur: OTTEN, LEAUN G.
Donnée
les 22-23 septembre 1832, à Kirtland (Ohio), la section 84 fut dabord publiée en
tant que chapitre Iv dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. On lappelle
la révélation sur la prêtrise et elle fut donnée en la présence de six anciens qui
venaient de rentrer de mission des États de lEst. La révélation comporte quatre
thèmes principaux.
SION. Précédemment, l'établissement de Sion et la nécessité dun temple comme
centre avaient été révélés (D&A 57:1-3). La section 84 rend lÉglise
responsable du rassemblement des saints et de lédification de la nouvelle
Jérusalem (Sion), en commençant par le temple. Les deux entreprises doivent être
achevées en une «génération». Sion doit être établie par le pouvoir et l'autorité
de la Prêtrise de Melchisédek (versets 1-5).
PRÊTRISE. La prêtrise est le pouvoir et l'autorité délégués à lhomme
dagir pour Dieu pour sauver les âmes et on ne peut pas se lattribuer, mais
elle doit être transmise de quelquun qui la déjà. La section 84 distingue
clairement deux prêtrises, à savoir, celle de Melchisédek et celle dAaron.
Moïse, par exemple, reçut la Prêtrise de Melchisédek de Jéthro, qui l'avait reçue
dhéritiers légitimes remontant jusquà «Adam, qui était le premier homme»
(versets 6-17). La Prêtrise de Melchisédek administre l'Évangile et détient les clefs
des mystères du royaume et de la connaissance de Dieu. Grâce aux ordonnances
administrées par cette prêtrise, les hommes et les femmes participent aux pouvoirs de la
piété. Ce nest quainsi quils peuvent voir son visage et supporter sa
présence (versets 19-22).
La Prêtrise d'Aaron détient les clefs du ministère danges et de l'Évangile
préparatoire. Elle a continué dans une ligne ininterrompue depuis Aaron et était la
prêtrise de la Loi de Moïse. C'était également la prêtrise détenue par
Jean-Baptiste. Cet Évangile préparatoire comporte la foi, le repentir et le baptême, et
mène à la Prêtrise de Melchisédek et à ses ordonnances (versets 26-27).
SERMENT ET ALLIANCE DE LA PRÊTRISE. Quand des hommes dignes reçoivent la Prêtrise de
Melchisédek, ils entrent dans un rapport d'alliance avec le Seigneur. Ils font alliance
de magnifier leurs appels dans la fidélité et l'obéissance cest-à-dire
quils honoreront et rempliront avec fidélité et obéissance leurs intendances. En
gardant cette alliance, le détenteur de la prêtrise reçoit le serment du Père, qui
mène à recevoir le royaume du Père et «tout ce que [le] Père a» (verset 38). Ceux
qui violent ou rompent cette alliance et sen détournent complètement «n'aur[ont]
pas la rémission des péchés dans ce monde ni dans le monde à venir» (verset 41; voir
aussi Serment et alliance de la prêtrise).
Les anciens de lÉglise sentendent dire quà cause de la «vanité» et
de «l'incrédulité», eux et tous les enfants de Sion ont été spirituellement
enténébrés et sont sous la condamnation devant le Seigneur. Ils doivent se repentir et
se rappeler la «nouvelle alliance», à savoir le Livre de Mormon. Sils obéissent
à cette recommandation, leurs péchés leur seront pardonnés et ils produiront du fruit
digne du royaume (versets 54-61).
CONSEILS MISSIONNAIRES. La section 84 donne des instructions et fait des promesses à ceux
qui sont émissaires de Jésus-Christ. Sous leur direction, l'Évangile doit être porté
au monde entier. Ceux qui désirent entrer dans le royaume du Christ doivent être
baptisés et recevoir le don du Saint-Esprit. Des signes suivront ceux qui croient. Les
missionnaires se voient promettre la protection aussi bien que les nécessités de la vie
(versets 62-119, cf. Mt. 10).
En résumé, il est recommandé aux détenteurs de la prêtrise dapprendre leurs
devoirs et de remplir fidèlement leurs offices et leurs appels. Chaque appel est
essentiel dans le royaume du Christ (versets 109-110).
Bibliographie
Otten, Leaun G., et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, 2 vols.
Springville, Utah, 1983.
Smith, Hyrum M., et Janne M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév. Salt
Lake City, 1978.
LEAUN G. OTTEN
Doctrine et Alliances: Section 88
Auteur: CARTER, BARBARA R.
La section
88 fut donnée par Joseph Smith dans la «salle de traduction» du magasin de Whitney à
Kirtland. Les versets 1-126 furent donnés les 27 et 28 décembre 1832, et les versets
127-141 le 3 janvier 1833. La révélation fut enregistrée dans le Minutier du Conseil de
Kirtland et des parties en furent publiées en février et mars 1833 dans The Evening and
The Morning Star. Elle fut imprimée en tant que section 7 dans l'édition de 1835 des
Doctrine et Alliances.
Le jour de Noël de 1832, Joseph Smith reçut ce qui a pris le nom de prophétie sur la
guerre (D&A 87), qui prédisait «la mort et la misère de beaucoup dâmes».
Cela perturba ses frères. Ils sunirent dans le jeûne et la prière devant le
Seigneur, voulant connaître sa volonté au sujet de lédification de Sion. Le
prophète appela la révélation suivante (D&A 88) «la feuille dolivier» et
«le message de paix que le Seigneur nous adresse» (HC 1:316).
La section souvre sur une promesse intime «sur vous, mes amis» qui est donnée de
Dieu par Jésus-Christ, son Fils (D&A 88:3-5) et est comparable à la promesse de Jean
14 sur le Consolateur et le Saint-Esprit de promesse.
Suivent des passages sur l'immanence universelle de la lumière divine: La Lumière du
Christ illumine les yeux et vivifie lintelligence (voir Lumière et ténèbres).
Elle est en et à travers tout, la lumière même du soleil, de la lune et des étoiles.
Elle «sort de la présence de Dieu pour remplir limmensité de l'espace» (verset
12). Elle est mise sur le même pied que la vie, la loi et le pouvoir de Dieu.
Dans ce contexte les points de doctrine suivants sont clarifiés:
L'esprit et le corps sont l'âme de l'homme. Il y a trois degrés de gloire et trois
ordres de corps glorifiés. On reçoit un corps ressuscité selon la loi à laquelle on se
conforme ici-bas: «Votre gloire sera cette gloire par laquelle votre corps sera
vivifié» (verset 28). Dans la résurrection on reçoit en entier ce qu'en ce monde on
na eu quen partie. Un quatrième ordre de corps ressuscités concerne les fils
de Perdition, qui, bien que ressuscités, ne reçoivent aucune gloire (versets 32-33).
La terre elle-même est vivante. Elle mourra et sera glorifiée, et les corps qui sont
vivifiés par un esprit céleste hériteront; «cest dans ce but quelle a
été faite et créée, et cest dans ce but quils sont sanctifiés» (verset
20).
Il y a des mondes multiples, des créations multiples, tous régis par la loi. «À tout
royaume est donnée une loi; et à toute loi il y a certaines limites et certaines
conditions» (verset 38). La loi comporte des temps, des saisons et des ordres cosmiques
aussi bien que les attributs et les pouvoirs divins de la miséricorde, de la justice et
du jugement. «Tous les êtres qui ne se conforment pas à ces conditions ne sont pas
justifiés» (verset 39; voir Justification). Ceux qui cherchent à se faire la loi à
eux-mêmes ne seront pas et ne peuvent pas être sanctifiés.
Une parabole sur des ouvriers dans un champ enseigne l'ampleur des créations du Seigneur
(versets 46-61), que la glorification ne se produit quà un moment et dans un ordre
désignés, «chacun en son ordre» (verset 60).
L'appel est donné de construire un temple et de tenir une assemblée solennelle. Le
temple doit devenir une maison de Dieu: de prière, de jeûne, de foi, de science, de
gloire et d'ordre. Toutes les entrées et les sorties et les salutations seront au nom du
Seigneur. Il est commandé aux saints quils «s'organisent, et se préparent, et se
sanctifient» (verset 74) par la solennité et l'étude sobre, pour être prêts pour
l'expérience de temple. (Voir Temple de Kirtland; Temples: Consécrations de temples de
lÉglise.)
Un programme d'études complet pour l'école des prophètes est présenté. Il comprend
des langues, lhistoire et une étude «des guerres et [d]es perplexités des
nations
et aussi une connaissance des pays et des royaumes» (verset 79).
Des prophéties sont réitérées au sujet des changements, des tremblements de terre, des
tempêtes et des bouleversements de la terre et des cieux qui précéderont la seconde
venue du Christ. Six périodes ou époques de mille ans chacune sont désignées. Elles
doivent trouver leur point culminant à la septième ou ère millénaire. Un ange et une
trompette sonnée par un ange symbolisent chaque période.
La révélation conclut sur des instructions précises sur la conduite des réunions, les
devoirs de la présidence, l'admission à l'école des prophètes et le lavement des
pieds, sur le modèle de Jean 13, comme ordonnance dinitiation et de purification
pour les membres de l'école.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, Utah, 1981.
BARBARA R. CARTER
Doctrine et Alliances: Section 89
Auteur: PETERSON, PAUL H.
Cette
section, connue sous le nom de Parole de Sagesse daprès ses premiers mots, fut
reçue le 27 février 1833 lors d'une réunion de l'école des prophètes à létage
du magasin des Whitney, à Kirtland. Selon Zebedee Coltrin, lun des vingt-deux
dirigeants de lÉglise présents, Joseph Smith reçut la révélation dans une
pièce voisine en présence de deux ou trois frères, entra avec le document en mains et
en lut le contenu aux membres de lécole réunis. La révélation fut imprimée en
décembre 1833 ou en janvier 1834 sur une feuille grand format et fut incluse dans
l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
La Parole de Sagesse fut donnée «en conséquence des mauvaises intentions et des
desseins qui existent et existeront dans les derniers jours dans le cur des
conspirateurs» (verset 4). Comme certains de ces desseins concernent ce que lon
mange et boit, la Parole de Sagesse donne des directives de base sur ce qui est bon et pas
bon et pose en principe une forte relation entre ce que les gens ingèrent et leur
bien-être physique et spirituel. La révélation interdit trois choses: le tabac, les
boissons fortes et les boissons brûlantes (versets 5-9). On a interprété les «boissons
fortes» comme étant les boissons alcoolisées; les premiers dirigeants de lÉglise
ont défini les «boissons brûlantes» comme étant le thé et le café. Les dirigeants
de lÉglise ont traditionnellement limité les conditions requises pour la dignité
aux interdits. La révélation recommande également l'utilisation prudente des herbes et
des fruits, la consommation fugale de la viande et l'utilisation de «tout grain» mais
particulièrement du «blé pour l'homme» (versets 10-17). La santé et la force, la
sagesse et la connaissance et la protection contre l'ange exterminateur sont promises aux
saints qui obéissent aux recommandations (versets 18-21).
La Parole de Sagesse était une réponse inspirée à des problèmes ou à des paradoxes
précis dans lÉglise et à des problèmes sociaux dactualité dans la
société américaine de lépoque. Brigham Young rappela en 1868 que Joseph Smith
était perturbé par le caractère manifestement incongru de discussions concernant des
sujets spirituels dans un nuage de fumée de tabac et par le fait que cela dérangeait
Emma Smith, femme de Joseph, de devoir nettoyer le plancher taché de chiques. Il est
également probable que le prophète était sensible et favorable au mouvement
généralisé en faveur de la tempérance des années 1830. Comme il le faisait
dhabitude, le prophète demanda des instructions au Seigneur et la section 89 se
distingue par le fait que c'est un code de santé divinement approuvé.
Les interprétations et les applications de la Parole de Sagesse ont graduellement changé
au cours des années. Ce changement correspond en partie à la croyance de lÉglise
en la révélation continue par les prophètes modernes. En ce qui concerne cette section
particulière, les interprétations diverses reflètent également une certaine
ambiguïté du verset 2, qui dit que la révélation a été donnée «non par
commandement ou par contrainte». Comme les versets 1-4 faisaient partie de l'introduction
de cette section dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances, il y a eu, au cours
des années, des divergences de vues quant à savoir si la Parole de Sagesse est un
commandement dans le sens que son observance est obligatoire pour jouir de la pleine
communion de lÉglise comme de savoir si l'observance implique l'abstinence ou
simplement la modération.
Au milieu des années 1830, beaucoup de membres de lÉglise estimaient que
l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café était un critère pour jouir de la
communion des saints. Lunique exception possible à cette interprétation sinon
stricte était le vin, que certains des premiers dirigeants de lÉglise ont pu ne
pas considérer comme «boisson forte». Cette insistance du début sur l'abstinence ou
une quasi-abstinence ne fut pas généralement ni officiellement acceptée dans
lÉglise, en dépit de la déclaration de Joseph Smith quaucun membre
nétait «digne de détenir un office» une fois que la Parole de Sagesse lui avait
été enseignée et «sil néglige de sy conformer et dy obéir» (EPJS,
p.91.). Néanmoins, la déclaration dorigine fit graduellement place à un accent
sur la modération. Joseph F. Smith enseigna plus tard que le Seigneur n'avait pas
insisté sur la conformité stricte dans ces premières années afin d'accorder à une
génération intoxiquée par des substances nocives quelques années pour se débarrasser
de mauvaises habitudes. Cette pratique de la modération, que lon a pu observer dès
les années 1840, continua pendant tout le dix-neuvième siècle. Le président Taylor
entreprit, au début des années 1880, une réforme dans laquelle il soulignait que tous
les dirigeants de lÉglise devaient s'abstenir des produits interdits, mais ses
efforts furent réduits à néant par la désintégration sociale provoquée par les raids
fédéraux contre la polygamie. Au XIXe siècle, les dirigeants de lÉglise
n'exigèrent pas l'abstinence, mais ils insistèrent sur la modération, mirent fortement
en garde contre l'ivrognerie et sopposèrent à la création de distilleries et de
débits de boissons ou les limitèrent soigneusement. Les nombreuses observations faites
par les visiteurs du territoire d'Utah attestent du bon ordre et de la sobriété
générale des communautés mormones et démontrent l'efficacité de ces prédications.
Le cheminement qui allait mener à la position actuelle sur la Parole de Sagesse commença
avec la présidence de Joseph F. Smith (1901-1918) et aboutit avec l'administration de
Heber J. Grant (1918-1945), qui, plus que n'importe quel autre dirigeant de
lÉglise, prêcha fréquemment et avec ferveur le respect strict du principe. Au
début des années 1930, l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café étaient
devenue un test officiel de la participation à la communion des saints. Il n'y eut pas de
révélation expresse pour produire ce résultat. Il découla des préoccupations que les
dirigeants de lÉglise avaient à légard des effets physiques et spirituels
nocifs de l'alcool, du tabac, du thé et du café sur les personnes et sur les
collectivités. L'agitation nationale et locale en Amérique concernant la Prohibition et
laccumulation des preuves scientifiques attestant des effets nocifs de certaines
substances intensifièrent ce souci.
La Parole de Sagesse a eu, entre autres, pour résultat une meilleure santé physique dans
la population de lÉglise (voir Statistiques démographiques) et la confirmation
concrète des vérités reçues par la révélation. Elle constitue aussi un signe
distinctif qui rappelle aux saints des derniers jours leurs engagements et leurs
responsabilités dans le domaine religieux.
Bibliographie
Alexander, Thomas G. Mormonism in Transition, pp. 258-271. Urbana, Illinois, 1986.
Bush, Lester E., Jr. «The Word of Wisdom in Early Nineteenth-Century Perspective»
Dialogue 14 (automne 1981) pp. 47-65.
PAUL H. PETERSON
Doctrine et Alliances: Section 93
Auteur: WORKMAN, DAN J.
La section
93 est une révélation reçue le 6 mai 1833 par le prophète Joseph Smith pendant une
conférence des grands prêtres à Kirtland, Ohio. Elle fut imprimée e tant que chapitre
82 de l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. Les idées contenues dans cette
révélation sont à la base de la compréhension que les saints des derniers jours ont de
la nature et des rapports de Dieu et de l'homme.
Elle commence par la promesse divine que toute âme qui abandonne le péché, va au
Christ, invoque son nom, obéit à sa voix et garde ses commandements verra sa face «et
saura que je suis, que je suis la vraie lumière qui éclaire tout homme qui vient au
monde» (versets 1-2).
Les versets suivants mentionnent des paroles d'un document de Jean qui doit encore être
révélé dans son intégralité. Ils font penser au prologue à l'Évangile de Jean, mais
ils témoignent également du baptême de Jésus par Jean-Baptiste.
Le Christ est appelé le Père et est un avec lui parce quil lui «a donné de sa
plénitude» (verset 4). Il est appelé la Parole parce qu'il est le «messager du salut»
(verset 8). En lui est «la vie des hommes et la lumière des hommes» (verset 9). «Les
mondes ont été faits par lui, les hommes ont été faits par lui, tout a été fait par
lui, par son intermédiaire et de lui» (verset 10).
Contrairement aux théologies de lexistence statique, plusieurs versets affirment le
devenir du Christ. Trois fois ils réitèrent que le Christ n'a pas reçu de plénitude au
début mais a reçu «grâce sur grâce» jusqu'à recevoir une plénitude de la gloire du
Père (versets 12, 13, 14; cf. Lu. 2:40; Hé. 5:8-9). Le Christ nest devenu comme le
Père, dans le sens exalté du terme, quaprès sa résurrection et sa glorification
(cf. Ap. 5:12-13). La compréhension de ce processus est la base dun culte
authentique.
La révélation nie la notion de la création ex nihilo. L'intelligence de l'homme, «la
lumière de la vérité» (verset 29), n'est pas créée mais existe delle-même.
Lhomme, comme le Christ lui-même, «était
au commencement avec Dieu»
(verset 29). En outre, «les éléments sont éternels» (verset 33).
La vérité est la «connaissance des choses telles quelles sont, telles
quelles étaient et telles quelles sont à venir» (verset 24). La vérité et
l'intelligence sont indépendantes dans la sphère dans laquelle Dieu les a placées
(verset 30). L'esprit de l'homme fait partie intégrante de l'esprit de vérité, qui
«est clairement manifesté» dès le commencement (verset 31). C'est la base du libre
arbitre et de la responsabilité. «Tout homme dont lesprit ne reçoit pas la
lumière est sous la condamnation» (verset 32).
Le Christ est le modèle en toutes choses. Tous peuvent «ven[ir] au Père en mon nom»
(verset 19) et, en temps voulu, être «glorifié[s] en moi, comme je suis dans le Père»
(verset 20). L'homme est un temple et un temple souillé sera détruit. «Lesprit et
l'élément» inséparablement liés (ressuscités) peuvent recevoir une plénitude de
joie. «La gloire de Dieu est lintelligence» définie comme étant «la lumière et
la vérité». Quelquun qui reçoit la lumière et la vérité délaisse le Malin
(verset 37).
«Lesprit de tout homme était innocent au commencement; et Dieu ayant racheté
l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance, innocents devant
Dieu» (verset 38). Par la désobéissance les hommes deviennent pécheurs, «la lumière
et la vérité» leur étant enlevées quand ils adoptent «la tradition de leurs pères»
(verset 39).
La révélation clôture en exhortant les grands prêtres rassemblés à mettre leur
maison en ordre en enseignant plus complètement l'Évangile à leur famille (versets
42-50). Sidney Rigdon doit proclamer «l'Évangile de salut» (verset 51) et les Frères
doivent se hâter «de traduire mes Écritures» (Bible) et «obtenir la connaissance de
l'histoire, des pays, des royaumes, des lois de Dieu et de l'homme» tout cela «pour le
salut de Sion» (verset 53). DAN J. WORKMAN
Doctrine et Alliances: Section 107
Auteur: BOWEN, WALTER D.
La section
107 est l'une des déclarations les plus importantes des Écritures modernes sur les
divisions, les offices, les collèges et les conseils de la prêtrise. La section 107
définit un arrangement ordonné des responsabilités dune prêtrise laïque à
plusieurs niveaux. Elle fut publiée en tant que chapitre lii dans l'édition de 1835 des
Doctrine et Alliances et fut intitulée «De la Prêtrise». Au fil des années elle a
été acceptée comme un document dimportance majeure et a été considérée comme
une charte sage et efficace sur les clefs et les offices de la prêtrise. Elle est la base
de l'administration de lÉglise par la prêtrise (voir Organisation).
Le 28 mars 1835, à Kirtland (Ohio), le Collège des douze apôtres récemment organisé
se réunit en vue de sa mission dans l'Est des États-Unis. Éprouvant le sentiment de ne
pas être à la hauteur de son nouvel appel comme témoin spécial du Christ, le collège
rédigea une lettre au prophète Joseph Smith demandant une révélation en sa faveur:
«Le moment où nous sommes sur le point de nous séparer est proche et Dieu seul sait
quand nous nous réunirons de nouveau; nous souhaitons donc demander à celui que nous
avons reconnu comme notre Prophète et Voyant qu'il s'enquière auprès de Dieu pour nous
et obtienne une révélation (si cest faisable) afin que nous puissions la regarder
quand nous serons séparés, que notre cur puisse être consolé» (HC 2:209-210).
Joseph «consulta le Seigneur» et reçut la section 107:1-57. Le document distingue la
Prêtrise de Melchisédek de la Prêtrise d'Aaron et définit quels offices relèvent de
chacune: La Première Présidence, et sous elle les douze apôtres, les grands prêtres et
les anciens, officient dans la Prêtrise de Melchisédek et agissent dans toutes les
«choses spirituelles» (versets 1-12, 18-19, 21-26); l'évêque, avec ses conseillers,
agit dans la Prêtrise d'Aaron, qui administre «les ordonnances extérieures» de
lÉglise, notamment le baptême (versets 13-17, 20). La Première Présidence
préside lÉglise; les Douze sont «les témoins spéciaux du nom du Christ dans le
monde entier» (verset 23); et les soixante-dix sont appelés à prêcher l'Évangile à
l'étranger (verset 25).
Les principes de l'organisation de la prêtrise fixés par cette révélation combinent
des éléments démocratiques et hiérarchiques. «Il y a nécessairement des
présidents» sur les divers offices (verset 21), mais toute décision d'un des trois
collèges qui gouvernent lÉglise «doit être à lunanimité des voix qui le
composent» (verset 27), prise «en toute justice, en sainteté, avec humilité de
cur» (verset 30). La Première Présidence, le Collège des Douze et les collèges
des soixante-dix sont «éga[ux] en autorité» mais fonctionnent sous les clefs de
prêtrise de la Première Présidence ou du Collège des Douze quand la présidence est
dissoute à la mort du président (versets 22-26). La révélation remonte aussi le
lignage de la prêtrise patriarcale dans les temps anciens d'Adam à Noé (versets 39-57).
À peu d'exceptions près, les versets 58-100 ont été extraits d'une révélation et
d'une vision que Joseph Smith avait reçues précédemment. Elle déclare que le
Président de la Haute Prêtrise doit «présider lÉglise entière
et
être semblable à Moïse» (verset 91), et définit les devoirs, les présidences et le
nombre maximum de membres des collèges danciens, de prêtres, dinstructeurs
et de diacres. Elle précise aussi les devoirs de l'évêque en tant que juge en Sion et
donne la marche à suivre pour juger de la conduite d'un officier général de
lÉglise.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, pp. 215-216, 326-329. Provo,
Utah, 1981.
WALTER D. BOWEN
Doctrine et Alliances: Sections 109-110
Auteur: WILCOX, S. MICHAEL
Sections
109-110
La section 109 est la prière de consécration du temple de Kirtland. Joseph Smith écrit
qu'il a reçu cette prière par l'esprit de révélation (HC 2:420). La prière contient
un certain langage propre au temple, tiré de Doctrine et Alliances 88 (voir, par exemple,
88:119-121) et quelques passages qui sy trouvent et qui ont trait à la rédemption
de Jérusalem se retrouvent dans la prière d'Orson Hyde prononcée cinq ans plus tard sur
le mont des Oliviers.
La section 109 est hébraïque dans le ton et rappelle la consécration par Salomon du
premier temple et les bénédictions que la tradition juive lie au temple (cf. 1 R. 8).
Elle commence par des actions de grâces: «Grâces soient rendues à ton nom, ô Seigneur
Dieu d'Israël, toi qui gardes l'alliance et fais preuve de miséricorde», demande
lapprobation divine et la manifestation visible de la gloire divine sur le temple et
les fidèles, demande que Dieu accepte ce qui a été fait dans l'esprit de sacrifice,
désigne le bâtiment comme maison de Dieu, de prière, de jeûne, de foi, d'étude, de
gloire et d'ordre (verset 8; cf. verset 16), où le nom divin peut être mis sur ses
serviteurs, demande le pardon et leffacement des péchés, plaide pour que les
émissaires de la vérité aillent avec puissance et scellent leur témoignage avec
pouvoir, demande protection contre les ennemis et que lon soit délivré des
calamités du Missouri, et prie pour la miséricorde sur les nations de la terre, pour
l'expansion des pieux, pour le rassemblement de Jacob et de Juda dispersés, pour la
rédemption de Jérusalem «dès cette heure» (verset 62), et finalement pour des
bénédictions sur les maisons et les familles des dirigeants de lÉglise. Elle
finit par «Ô entends, ô entends, ô entends-nous, ô Seigneur!
afin que nous
mêlions nos voix à celles de ces séraphins resplendissants qui entourent ton trône»
et «Amen et amen» (versets 78, 80).
La section 110 rend compte dévénements qui ont suivi la consécration du temple le
3 avril 1836. Le récit (non canonique dans lÉglise Réorganisée) fut écrit par
Warren Cowdery, secrétaire de Joseph, et publié une semaine après les événements
quil décrit dans le Messenger and Advocate, et fut plus tard inclus dans l'édition
de 1876 des Doctrine et Alliances (voir lintroduction). Après avoir pris la
Sainte-Cène et sêtre prosternés «en prière solennelle et silencieuse», Joseph
Smith et Oliver Cowdery reçurent une vision commune. Le Sauveur apparut et accepta le
temple en disant: «Mon nom sera ici; et je me manifesterai avec miséricorde à mon
peuple dans cette maison» (verset 7). Moïse apparut ensuite pour rétablir «les clefs
pour rassembler Israël des quatre coins de la terre» (verset 11) en vue du
renouvellement des temples et du culte du temple (voir Israël: Rassemblement d'Israël;
Ordonnances du temple). Élias «remit la dispensation de l'Évangile d'Abraham» (verset
12) pour rétablir la promesse de l'alliance faite à Abraham que par lui et par sa
postérité toutes les générations seraient bénies (voir Alliance abrahamique;
Évangile d'Abraham). Enfin Élie apparut et conféra les clefs du scellement pour toutes
les ordonnances de la prêtrise, notamment le scellement des familles, et annonça
l'imminence de la seconde venue du Messie (versets 13-16). Ceci était en accord avec la
prophétie finale de Malachie qu'Élie viendrait pour tourner le cur des enfants
vers les pères avant le jour grand et redoutable du Seigneur (Ma. 4:5-6; voir Élie,
Esprit d).
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
S. MICHAEL WILCOX
Doctrine et Alliances: Sections 121-123
Auteur: HOWE, SUSAN
Sections
121-123
Ces sections sont des extraits dune longue lettre écrite par Joseph Smith le 20
mars 1839, dans la prison de Liberty (Missouri), adressée «à lÉglise des saints
des derniers jours à Quincy (Illinois) et dispersée à l'étranger et à lévêque
Partridge en particulier» (HC 3:289). La puissance et la richesse de la lettre, son
contenu doctrinal et ses images littéraires sont sans doute le résultat de la souffrance
personnelle du prophète.
La section 121 commence par une prière, un cri de «Ô Dieu, où es-tu ?» une
supplication pour que Dieu reconnaisse les souffrances des saints, punisse leurs ennemis
et venge le mal quon leur a fait (versets 1-6). Au verset suivant, le prophète
entend la voix consolatrice de l'inspiration dire: «Mon fils, que la paix soit en ton
âme! Ton adversité et tes afflictions ne seront que pour un peu de temps» (verset 7).
Il lui est rappelé: «tes amis se tiennent à tes côtés» et il sentend promettre
que «ils t'accueilleront de nouveau, le cur chaleureux et la main amicale» (verset
9). «Tu nes pas encore comme Job» (verset 10). La justice des actions des saints
est confirmée; au moment voulu par le Seigneur, ceux qui ont affligé les saints seront
punis (des versets 11-25).
Les versets 26-33 promettent des bénédictions de connaissance qui seront bientôt
déversées par le Saint-Esprit sur les saints des derniers jours, notamment la
connaissance de toutes les dominations de Dieu et les lois par lesquelles elles
fonctionnent. La dernière partie de la section 121 sont des versets qui sont parmi les
plus sensibles et les plus puissants des Écritures modernes. Ici le prophète
soppose à toutes les formes de domination mauvaise. La vraie autorité, écrit-il,
est toujours liée à lamour. «Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne
devraient être exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la
longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère» (verset 41).
La section 122 est une révélation adressée expressément à Joseph Smith pour l'aider
à comprendre les épreuves par lesquelles il passe. Elle l'assure qu'il sera connu en
bien parmi les nobles et vertueux de la terre et que son propre peuple ne se tournera
jamais contre lui à cause «du témoignage de traîtres» (verset 3). Les versets
décrivent dune manière percutante les dangers et les trahisons qu'il a soufferts
ou quil va encore souffrir puis ajoute: «Sache, mon fils, que toutes ces choses te
donneront de l'expérience et seront pour ton bien» (verset 7). La section finit en
rappelant au jeune prophète que «Le Fils de l'Homme est descendu plus bas que tout
cela» (verset 8).
La section 123 instruit les saints des mesures qu'ils devraient prendre pour demander
réparation pour leur persécution et leurs pertes au Missouri. Il leur est recommandé de
faire la liste des torts infligés aux propriétés, aux personnes et à leur réputation,
de faire des déclarations sous serment et de rassembler les publications diffamatoires
afin de pouvoir présenter leur cas devant les autorités. Il leur est expliqué que cette
façon de faire est le dernier devoir qu'ils doivent à Dieu, à leur famille et à la
génération montante. La section finit en assurant aux saints que ces efforts, même
sils nen comprennent pas la valeur, seront importants à lavenir pour
lÉglise (verset 15).
Doctrine et Alliances: Section 124
Auteur: RICHARDS, PAUL C.
La section
124, donnée le 19 janvier 1841 au prophète Joseph Smith, est la plus longue révélation
des Doctrine et Alliances. C'est la première section reçue à Nauvoo et elle a été
imprimée dans l'édition de 1844 des Doctrine et Alliances sous le numéro 103.
En 1839, les membres de lÉglise s'étaient enfuis du Missouri en Illinois pour
échapper à l'ordre d'extermination du Gouverneur Lilburn W. Boggs. La rive orientale du
fleuve Mississippi devint un lieu de refuge et le siège de lÉglise. Dès 1841,
Nauvoo y avait été créée et le village avait grandi jusquà compter quelque
3.000 habitants. Dans ce cadre, la section 124 constituait une inauguration importante, un
genre de constitution pour le développement ultérieur de Nauvoo et de lÉglise.
Elle donne des instructions sur des sujets temporels, doctrinaux et d'organisation et
donne des tâches et des recommandations à cinquante-cinq personnes.
La section 124 comprend ce qui suit:
Une mission confiée à Joseph Smith de «faire une proclamation solennelle» de
l'Évangile aux souverains de tous les pays (versets 2-14, 16-17, 107).
Des directives pour construire la Maison de Nauvoo, un hôtel où «le voyageur
fatigué trouve la santé et la sécurité tandis qu'il contemple la parole du Seigneur»
(versets 22-24, 56-82).
Un commandement aux membres daider à construire le temple de Nauvoo,
commencé trois mois plus tôt. Il devait être un endroit où le Seigneur pourrait
rétablir la plénitude de la prêtrise et révéler «des choses qui ont été cachées
dès avant la fondation du monde» concernant la dispensation de la plénitude des temps»
(versets 25-28, 40-44; voir aussi Ordonnances du temple).
Une promesse que si les membres écoutent la voix de Dieu et de ses serviteurs,
«ils ne seront pas enlevés de leur place» (versets 45-46).
Des éclaircissements sur le baptême pour les morts, défini comme une ordonnance
du temple. La révélation dit que Moïse avait reçu la même mission de construire un
tabernacle pour des ordonnances (versets 25-48).
La déclaration que les efforts des saints pour créer une ville et un temple au
Missouri ont été acceptés par le Seigneur, même si les persécutions ont empêché
leur création à ce moment-là (versets 49-54).
Des appels et des confirmations de divers postes dans lÉglise, notamment une
liste de nouveaux officiers et la répétition de certains appels précédents. Par
exemple, Hyrum Smith est appelé comme patriarche en remplacement de son père, décédé
le 14 septembre 1840. Joseph Smith, Sidney Rigdon et William Law sont nommés à la
Première Présidence. Brigham Young reçoit le nouveau titre de président du Collège
des douze apôtres (il avait été soutenu à ce poste le 14 avril 1840) et des tâches
sont confiées à ce collège. Douze membres sont appelés pour former un grand conseil de
pieu et d'autres sont appelés dans des présidences de grands prêtres, danciens,
de soixante-dix, de deux épiscopats, et de prêtres. Il est fait mention
dorganisations dinstructeurs, de diacres et de pieux, mais aucun appel de
direction dans ces dernières n'est fait (versets 20-21, 123-142). PAUL C. RICHARDS
Doctrine et Alliances: Sections 127-128
Auteur: DURRANT, GEORGE D.
Sections
127-128
Les sections 127 et 128 sont deux lettres doctrinales dictées par le prophète Joseph
Smith tandis quil est «en exil» près de Nauvoo pendant la première semaine de
septembre 1842. Son secrétaire était William Clayton. Les sections furent publiées dans
The Times and Seasons les 14 septembre et 1er octobre 1842, et parurent d'abord en 1844
dans les Doctrine et Alliances sous les numéros 105 et 106.
Ces documents éclaircissent et officialisent la doctrine et la pratique du baptême pour
les morts, pratique attestée au premier siècle à Corinthe (1 Co. 15:29). Deux ans plus
tôt, le 15 août 1840, lors dun discours prononcé à loccasion
dobsèques, Joseph Smith annonça pour la première fois en public la
responsabilité des membres de lÉglise d'accomplir des baptêmes pour les morts
(EPJS, p. 143). «Il présente l'Évangile du Christ sur une échelle probablement plus
vaste que certains l'ont imaginé» (EPJS, p. 143). Immédiatement après, les membres de
lÉglise commencèrent à accomplir des baptêmes par procuration dans le
Mississippi. Un an après, Joseph Smith déclarait: «Il ny aura plus de baptêmes
pour les morts avant que lordonnance ne puisse être accomplie dans les fonts de la
Maison du Seigneur» (HC 4:426). Le 21 novembre 1841, quand les fonts baptismaux du temple
de Nauvoo furent achevés, des baptêmes pour les morts y furent accomplis (HC 4:454).
Les sections 127 et 128 soulignent la nécessité de la présence de témoins oculaires et
dun greffier à tous les services de baptême de ce genre. Sans documents
authentifiés sur terre et dans le ciel, un baptême n'est pas considéré comme valide
(D&A 127:6-9;128:3-10).
À la section 128, le prophète commente Malachie 4:5-6 et explique que le baptême pour
les morts est «un chaînon» entre les parents et les enfants (D&A 128:18). Il
explique, en outre, qu'à moins que les enfants ne soient scellés par les ordonnances du
temple à leurs ancêtres décédés, lesquels sont à leur tour scellés entre eux dans
la famille de Dieu, ni les uns ni les autres ne peuvent être entièrement sauvés et
exaltés (versets 14, 15, 18). «sans nous ils ne peuvent parvenir à la perfection
et sans nos morts, nous ne pouvons pas non plus parvenir à la perfection» (verset 15;
cf. Hébreux 11:40).
Les baptêmes et les autres ordonnances du temple pour les morts restent une partie
essentielle de la doctrine et de la pratique de lÉglise. GEORGE D. DURRANT
Doctrine et Alliances: Sections 131-132
Auteur: GRANT, PAUL
Sections
131-132
Ces sections expliquent que le principe du mariage éternel est une condition pour
parvenir au degré le plus élevé de gloire dans le royaume céleste (D&A 131:1-4;
cf. 76:50-70). Dans cet état exalté, les hommes et les femmes deviennent des dieux (voir
Divinité), continuent à avoir des enfants (voir Vies éternelles, Accroissement
éternel) et parviennent à la connaissance totale de Dieu (D&A 132:23-24).
La section 131 contient un recueil de déclarations faites par Joseph Smith du 16 au 17
mai 1843, pendant une visite aux membres de lÉglise à Ramus (Illinois), à 35
kilomètres à l'est de Nauvoo (HC 5:391-93). Elles ont été notées par William Clayton
dans son journal intime. En plus de ses enseignements sur le mariage éternel, la section
131 définit également lexpression «parole prophétique plus certaine», déclare
que personne ne peut être sauvé dans l'ignorance (cf. EPJS, p. 243) et explique que
l'esprit est de la matière purifiée.
La section 132 contient la base doctrinale de la pratique du mariage plural. Si elle fut
une cause de désarroi pour certains, d'autres estimèrent que le mariage plural était
«le point de doctrine le plus saint et le plus important jamais révélé» (W. Clayton,
dans A. Jensen, Historical Record, 6:226). Cette révélation fut mise par écrit le 12
juillet 1843, dans le magasin de briques de Nauvoo. Sur linsistance de Hyrum Smith,
afin qu'Emma Smith puisse être convaincue de sa véracité, le prophète Joseph Smith la
dicta phrase par phrase. Clayton écrivit que «lorsque le tout fut écrit, Joseph me
demanda de la lire lentement et soigneusement, ce que je fis, et il la déclara correcte»
(CHC 2:106-7). Ce soir-là, lévêque Newel K. Whitney reçut la permission de
copier la révélation. Le jour suivant, son secrétaire, Joseph C. Kingsbury, copia le
document, et Whitney et Kingsbury comparèrent la copie à loriginal. Cette copie
fut donnée à Brigham Young en mars 1847; elle fut officiellement adoptée comme
révélation en août 1852, lors dune conférence générale à Salt Lake City et
fut publiée en septembre 1852 dans le Deseret News.
Les points de doctrine de cette révélation furent probablement reçus en 1831 tandis que
le prophète traduisait la Bible. En réponse à des questions sur la légitimité des
mariages pluraux des prophètes antiques, le Seigneur révéla à Joseph Smith les
conditions requises dans lesquelles le mariage plural devait être observé. Lyman Johnson
dit à Orson Pratt que «Joseph lui avait fait connaître [à lui, Johnson] dès 1831 que
le mariage plural était un principe correct» mais avait dit que ce n'était pas encore
le moment de l'enseigner ni de le pratiquer (MS. 40 [1878], p. 788). Cette date fut plus
tard confirmée dans diverses déclarations et déclarations sous serment rassemblées par
Joseph F. Smith et d'autres auprès de ceux qui avaient été proches de Joseph Smith à
Nauvoo.
La section 132 dit que toutes les alliances doivent être faites de la manière
appropriée, par lautorité compétente, et être scellées par le Saint-Esprit de
promesse pour être valides éternellement (versets 7-19) et que par leur fidélité, des
bénédictions éternelles sont garanties à ceux qui se marient selon cette nouvelle
alliance éternelle: «Alors ils seront dieux, parce qu'ils n'ont pas de fin; c'est
pourquoi, ils seront de toute éternité à toute éternité, parce qu'ils continuent»
(verset 20). Cette loi fut décrétée avant que le monde fût, et par elle Abraham reçut
la promesse de vies éternelles par sa postérité (versets 28-37). Des interdictions
strictes en ce qui concerne l'adultère accompagnent la loi du mariage éternel (versets
38-44, 61-63). Dans les derniers versets, Dieu confirme à Joseph Smith sa situation
éternelle auprès de lui et accepte ses uvres (versets 45-50); il exhorte Emma et
d'autres à observer cette loi et à multiplier et remplir la terre pour que Dieu puisse
être glorifié (versets 51-66).
Bibliographie
Danel W. Bachman. «New Light on an Old Hypothesis: The Ohio Origins of the Revelation on
Eternal Marriage». Journal of Mormon History 5 (1978), pp. 19-32.
PAUL GRANT
Doctrine et Alliances: Sections 137-138
Auteur: HARTSHORN, LEON R.
La section
137 rapporte une vision du royaume céleste notée dans le journal intime de Joseph Smith.
Le 21 janvier 1836, lui et plusieurs autres dirigeants de lÉglise se réunirent
dans le temple de Kirtland pour les ordonnances des ablutions et de l'onction. Joseph
bénit et oignit son vieux père, Joseph Smith, père, qui à son tour oignit les membres
de la présidence de lÉglise et scella des bénédictions sur le prophète. Joseph
écrit que quand la présidence posa les mains sur sa tête et prophétisa, «les cieux
s'ouvrirent à nous, et je vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce royaume»
(verset 1). Il en vit les rues comme pavées dor. Le Père et le Fils étaient assis
sur un trône flamboyant. Adam et Abraham étaient là, de même que les parents de
Joseph, qui étaient encore vivants au moment de la vision, et son frère Alvin, qui
était mort avant que la prêtrise nait été rétablie et par conséquent n'avait
pas été baptisé pour la rémission des péchés. La vision continua au-delà de ce qui
se trouve à la section 137 (HC 2:380-81; Pwjs, pp. 145-146). Beaucoup parmi les personnes
présentes reçurent des visions et témoignèrent que la gloire de Dieu remplissait la
salle.
La vision de Joseph fut la première révélation doctrinale donnée à lÉglise
révélant que le Seigneur donnera à tous ceux qui meurent sans entendre l'Évangile
loccasion de l'entendre et de laccepter dans le monde d'esprit de manière à
pouvoir entrer dans le royaume céleste (D&A 137:8-9, explicitant 76:72) et que les
enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité (huit ans) sont héritiers du royaume
céleste (D&A 137:10).
La section 138 est le compte rendu d'une vision reçue le 3 octobre 1918 par le président
Joseph F. Smith, tandis quil réfléchissait à la nature universelle de l'expiation
de Jésus-Christ et se demandait comment le Sauveur avait instruit les esprits en prison
dans le bref laps de temps entre sa mort et sa résurrection (D&A 138:1-11; cf. 1 Pi.
3:19; 4:6). Il y voit la visite du Sauveur auprès des esprits des justes au paradis. Il
remarque aussi que Jésus ne va pas en personne parmi les méchants et les désobéissants
mais quil organise parmi les esprits des justes des représentants pour porter
l'Évangile «à tous les esprits des hommes» (D&A 138:30). Ceux à qui l'Évangile
na pas été enseigné sur terre recevront l'occasion de l'entendre et d'accepter sa
plénitude exaltante quand il est enseigné par les représentants autorisés du Christ
dans le monde d'esprit; les esprits qui sont «dans les ténèbres et dans la servitude du
péché
qui se repentent seront rachetés» (versets 138:57-58; cf. 76:74).
Les récits de ces deux visions ont été canonisés lors de la conférence générale
d'avril 1976 comme ajouts à la Perle de Grand Prix. En 1981, Ils sont devenus des
sections des Doctrine et Alliances.
Bibliographie
Millet, Robert L. "Salvation Beyond the Grave (D&C 137 et 138)." Dans
Studies in Scripture, Vol. 1, pp. 549-563, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Sandy,
Utah, 1984.
LEON R. HARTSHORN
Doctrine et
Alliances: Déclaration officielle 2
Auteur: JACOBSON, CARDELL
La
déclaration 2 révèle que «le jour promis depuis si longtemps est venu où tous
les hommes fidèles et dignes de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise.» Cette
«révélation sur la prêtrise» permettait que tous les membres masculins dignes soient
ordonnés à tous les niveaux de la prêtrise. La prêtrise était précédemment refusée
aux membres noirs de lÉglise, ce qui les empêchait de détenir des appels dans la
prêtrise et de participer à la plupart des ordonnances du temple.
Ce fut le président Spencer W. Kimball qui reçut la révélation «après avoir supplié
longuement et avec ferveur» dans le temple de Salt Lake City. Cette même révélation
fut donnée à ses conseillers et au Collège des douze apôtres au temple. Elle fut
ensuite présentée à toutes les autres Autorités générales, qui l'approuvèrent à
l'unanimité. Elle fut annoncée par courrier à tous les dirigeants de la prêtrise de
lÉglise et à la presse le 8 juin 1978. La déclaration 2 contient le texte
de cette lettre et constitue le compte rendu de sa présentation et de son acceptation le
30 septembre 1978 en conférence générale par le consentement commun des membres de
lÉglise. La révélation résolut des problèmes pour beaucoup de membres qui
avaient été tourmentés par la pratique antérieure (Bush et Mauss), dont les origines
et les ramifications historiques étaient devenues le sujet de beaucoup de débats et de
réflexions.
Depuis l'annonce, les missionnaires ont fait un prosélytisme actif dans beaucoup de pays
ayant de fortes populations noires où des milliers de personnes sont devenues membres de
lÉglise. Dallin H. Oaks, un apôtre, a mentionné cette croissance lors du colloque
afro-américain tenu à l'université Brigham Young à l'occasion du dixième anniversaire
de la révélation (Oaks). Il a particulièrement relevé la croissance rapide des
convertis noirs dans les Caraïbes, l'Afrique Occidentale et le Brésil.
Bibliographie
Bush, Lester E., et Armand L. Mauss, dir. de publ. Neither White nor Black: Mormon
Scholars Confront the Race Issue in a Universal Church. Midvale, Utah, 1984.
Grover, Mark L. "The Mormon Priesthood Revelation and the Sao Paulo Brazil
Temple." Dialogue 23 (Spring 1990), pp. 39-53.
McConkie, Bruce R. "All Are Alike unto God." Dans Second Annual CES Symposium,
pp. 3-5. Salt Lake City, 1978.
Oaks, Dallin H. "For the Blessing of All His Children." Discours, LDS
Afro-American Symposium. Provo, 8 juin 1988.
CARDELL JACOBSON
Doctrine et Alliances
Éditions
Auteur: Woodford, Robert J.
Les
Doctrine et Alliances contiennent les révélations de Dieu données à Joseph Smith et à
dautres présidents de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
et d'autres écrits inspirés et déclarations doctrinales admises comme Écritures par
les saints des derniers jours. La première édition parut en 1835. Les éditions
postérieures intègrent des révélations supplémentaires et des aides de référence.
Les Doctrine et Alliances ont été traduites en beaucoup de langues, mais cest
l'édition anglaise qui est la version officielle.
Dès lautomne 1831, Joseph Smith avait écrit soixante-dix révélations ou plus,
dont la plupart contenaient des instructions à des membres de lÉglise. Lors
dune conférence spéciale tenue le 1er novembre 1831 à Hiram (Ohio),
lÉglise décida d'éditer un choix de ces révélations ou «commandements». Une
nouvelle révélation fut reçue à cette occasion en tant que «ma préface au livre de
mes commandements» ce qui est peut-être à lorigine du titre de la compilation de
1833, le Livre des Commandements (D&A 1:6). Cette édition ne fut jamais terminée;
des émeutiers détruisirent, en juillet 1833, la presse dimprimerie d'Independence
(Missouri) et tout sauf une centaine dexemplaires inachevés. Ces quelques
exemplaires du Livre des Commandements furent distribués au sein de lÉglise et
furent souvent appelés le «Livre des Alliances» en référence à la section
principale, qui avait connu une grande diffusion dans des versions manuscrites sous le
titre de «Articles et Alliances de lÉglise». Reçue le jour où lÉglise
fut organisée, cette révélation est maintenant la section 20 des Doctrine et Alliances.
L'ÉDITION DE 1835. Peu de temps après léchec de l'effort d'impression du Livre
des Commandements en 1833, on envisagea la publication des révélations à Kirtland. Sous
le nouveau titre Doctrine et Alliances de lÉglise des Saints des Derniers Jours, le
livre fut présenté aux membres de lÉglise et accepté par eux comme parole de
Dieu lors dune conférence en août 1835. Le changement de nom en Doctrine et
Alliances correspond à un changement de contenu. À la différence du Livre des
Commandements, qui ne contenait que des révélations, les Doctrine et Alliances étaient
divisées en deux parties. La nouvelle première partie se composait de sept
présentations théologiques maintenant connues sous le nom de Lectures on Faith mais
intitulées à lépoque «De la doctrine de lÉglise des saints des derniers
jours». La partie contenant les révélations éditées précédemment, la préface
originelle et un certain nombre de nouvelles révélations qui ne se trouvaient pas dans
la compilation de 1833, étaient intitulées «Deuxième Partie, Alliances et
Commandements». Le titre: Doctrine et Alliances, fait écho aux sous-titres de ces deux
parties.
En préparant l'édition de 1835, Joseph Smith et un comité désigné pour la tâche le
24 septembre 1834 (HC 2:165, 243-244) publièrent les révélations qui apparaissaient
précédemment dans le Livre des Commandements. Ils corrigèrent les fautes de rédaction
et dimpression et éclaircirent le texte çà et là. Ils ajoutèrent des
explications sur les devoirs des dirigeants qui étaient nouveaux dans l'organisation de
lÉglise depuis que les révélations précédentes avaient été reçues. Ils
combinèrent aussi certaines des révélations pour simplifier la publication et
corrigèrent les problèmes grammaticaux.
L'édition de 1835 des Doctrine et Alliances contenait 103 sections, mais comme deux
dentre elles avaient reçu erronément le numéro 66, le numéro de la dernière
était 102. Les sections 1-100 étaient des révélations à Joseph Smith. La section 101
prescrivait les pratiques en matière de mariage. La section 102 déclarait les relations
que lÉglise devait avoir avec le gouvernement (voir Politique: Enseignements
politiques). Ces deux sections n'étaient pas des révélations mais furent incluses comme
expressions de la croyance de lÉglise à lépoque. Ce fut Oliver Cowdery (et
probablement W.W. Phelps) qui les écrivit, probablement en réponse à ceux qui
critiquaient la doctrine et les activités de lÉglise. Joseph Smith approuva plus
tard la déclaration sur le gouvernement, mais il y a des indications quil était
opposé dès le départ à ce que lon inclue la déclaration sur le mariage et on
finit par la supprimer (voir Cook, pp. 348-349, n. 11).
L'ÉDITION DE NAUVOO DE 1844. Dès 1840, lÉglise eut besoin dune nouvelle
édition des Doctrine et Alliances. L'édition de 1835 était épuisée et Joseph Smith
avait reçu des révélations supplémentaires. La nouvelle édition parut à Nauvoo peu
de temps après la mort de Joseph Smith en 1844. Les huit nouvelles révélations
ajoutées sont les sections 103, 105, 112, 119, 124, 127, 128 et 135 dans l'édition de
1981. Les plaques dimprimerie de métal de l'édition de 1844 furent utilisées pour
les réimpressions de 1845 et de 1846.
L'ÉDITION DE LIVERPOOL DE 1845. En 1847, Brigham Young conduisit les membres de
lÉglise dans la vallée du lac Salé, où ils n'avaient pas léquipement pour
imprimer des livres. En 1845, Wilford Woodruff imprima 3.000 exemplaires des Doctrine et
Alliances en Angleterre pour la population croissante de lÉglise dans les îles
Britanniques. Cette édition contenait les nouvelles révélations publiées dans
l'édition de Nauvoo de 1844. D'autres représentants de lÉglise procédèrent à
des réimpressions en Angleterre en 1849, 1852, 1854, 1866 et 1869 et envoyèrent la
majeure partie de limpression de 1854 à Salt Lake City à cause du manque
déquipement pour imprimer là-bas.
L'ÉDITION DE 1876. En 1876, Orson Pratt, membre du Collège des douze apôtres et
historien de lÉglise, agissant sous la direction de Brigham Young, créa une
nouvelle édition des Doctrine et Alliances à Salt Lake City. Il divisa chaque
révélation en versets et ajouta vingt-six révélations qui ne sy trouvaient pas
précédemment. Ce sont maintenant les sections 2, 13, 77, 85, 87, 108-111, 113-118,
120-123, 125, 126, 129-132 et 136. Du fait que la section 132 contenait sur le mariage
plural des informations qui étaient en contradiction avec l'article de 1835 sur le
mariage, ce dernier fut éliminé.
L'ÉDITION DE 1879. Trois ans plus tard, Pratt publia en Angleterre une autre édition où
il ajouta des notes de bas de page au texte. Il demanda aussi au président John Taylor la
permission de laisser tomber les «Lectures on Faith» mais il lui fut répondu que le
moment nétait pas encore venu. Cette édition fut publiée en 1879 en Angleterre et
en 1880 à Salt Lake City à partir de copies de plaques. George Q. Cannon, conseiller
dans la Première Présidence, présenta cette édition aux membres de lÉglise lors
de la cinquantième conférence, dite conférence de jubilé, tenue en octobre 1880; le
livre fut accepté comme Écriture.
De 1880 à 1920, lÉglise publia au moins vingt-huit réimpressions de cette
édition. À partir de 1908, chaque impression comporta une concordance et des extraits du
«Manifeste» de Wilford Woodruff, président de lÉglise, déclaration officielle
mettant fin au mariage plural.
L'ÉDITION DE 1921. En 1920, le président Heber J. Grant chargea un comité de six
membres du Conseil des douze de préparer une nouvelle édition des Doctrine et Alliances.
Le changement principal apporté dans l'édition 1921 fut la suppression des «Lectures on
Faith» qui n'étaient pas considérées comme des révélations. Le comité mit aussi à
jour les notes de bas de page et divisa les pages en doubles colonnes. Malgré le fait que
le nom du recueil eût été changé dans l'édition de 1835 pour signaler l'ajout des
«Lectures on Faith», il ne fut pas rechangé quand les «Lectures» furent supprimées.
L'édition de 1921 resta inchangée jusqu'en 1981.
L'ÉDITION DE 1981. Un comité désigné par la Première Présidence de lÉglise
dirigea la publication d'une nouvelle édition des Doctrine et Alliances en 1981. Les
nouveautés étaient des notes de bas de page complètement révisées et de nouvelles
introductions pour chaque section. Deux sections supplémentaires et une deuxième
déclaration officielle furent également incorporées. La section 137 est une partie
d'une vision du royaume céleste donnée le 21 janvier 1836 à Joseph Smith dans le temple
de Kirtland. La section 138 est une vision sur la rédemption des morts donnée en 1918 à
Joseph F. Smith, sixième président de lÉglise. La Déclaration Officielle
2 est l'annonce faite en 1978 par la Première Présidence que tous les membres masculins
de lÉglise qui étaient dignes pouvaient être ordonnés à la prêtrise.
ÉDITIONS EN LANGUES ÉTRANGÈRES. LÉglise a également édité les Doctrine et
Alliances dans beaucoup de langues autres que l'anglais. La première traduction fut faite
en gallois en 1851, et depuis lors les Doctrine et Alliances ont été traduites et
publiées dans leur intégralité dans une vingtaine de langues et des extraits dans
beaucoup d'autres.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith: A Historical and
Bibliographical Commentary of the Doctrine and Covenants. Salt Lake City, 1985.
Gentry, Leland H. "What of the Lectures on Faith?" BYU Studies 19 (Automne
1978), pp. 5-19.
Lambert, A. C. The Published Editions of the Book of Doctrine and Covenants of the Church
of Jesus Christ of Latter-day Saints in All Languages, 1833 -1950. Provo, Utah, 1950.
Woodford, Robert J. "The Historical Development of the Doctrine and Covenants" 3
vols. Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1974.
Woodford, Robert J. "The Doctrine and Covenants: A Historical Overview". Dans
Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 1, pp. 3-22. Sandy,
Utah, 1984.
ROBERT J. WOODFORD
Les Doctrine et
Alliances en tant que littérature
Auteur: Walker, Steven C.
La
qualité littéraire des Doctrine et Alliances se voit particulièrement bien dans ses
ressemblances avec une proche parente littéraire, «le monument le plus noble de la prose
anglaise», la King James Version de la Bible. Bien qu'étant un texte religieux
véritablement unique, les Doctrine et Alliances contiennent plus de 2.000 parallèles
étroits avec des passages bibliques et la manière littéraire du livre est semblable à
la Bible pour ce qui est des thèmes. Comme les Écritures précédentes, les Doctrine et
Alliances offrent un éventail de genres littéraires. Le recueil de révélations va de
formes aussi transcendantes que des visions (sections 3, 76, 110), des annonces par des
anges (sections 2, 13, 27) et des prophéties (sections 87, 121), en passant par des
proclamations ecclésiastiques telles que prières (sections 109, 121), épîtres
(sections 127, 128), explications scripturaires (sections 74, 77, 86), commandements
(section 19) et déclarations officielles, jusquà des instructions terre à terre
(sections 130, 131) et des comptes rendus de réunions (section 102).
La parenté littéraire des Doctrine et Alliances avec la Bible est plus évidente dans le
ton que dans le style. Les Doctrine et Alliances, par exemple, impressionnent par un ton
direct simple et condensé qui se prête à des déclarations remarquablement riches dans
leurs implications. Les deux exemples suivants proviennent dune même section: «La
vérité, c'est la connaissance des choses telles qu'elles sont, telles qu'elles étaient
et telles qu'elles sont à venir» (D&A 93:24). «La gloire de Dieu c'est
l'intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité» (93:36). Ces lignes
sont moins des lignes placées dans un contexte qui les illumine que des conclusions de
sorites sans utilisation de thèse et d'antithèse.
La richesse du ton s'exprime parfois en des métaphores frappantes. Une même section des
Doctrine et Alliances, par exemple, expose une séquence délicate dimages
deau en mouvement comme les «eaux qui coulent» qui ne peuvent pas «rester
impures» (D&A 121:33), les projets pervers qui «fondront comme la gelée blanche
fond sous les rayons ardents du soleil levant» (121:11) et une doctrine qui «se
distillera sur ton âme comme la rosée des cieux» (121:45).
Compilation la plus récente des prophéties divines de lÉglise de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours, les Doctrine et Alliances ont l'avantage littéraire
inestimable quest leur caractère immédiat; grâce à ce livre, le lecteur moderne
peut aborder naturellement et directement le divin. Il localise le lecteur non pas dans le
passé lointain d'Ophir ou de Tarse mais dans l'histoire récente de paysages familiers
tels que New York et Boston, où Dieu se révèle de près. Cette proximité est visible
dans sa façon de sexprimer; les bénéficiaires de ses révélations, il les
appelle une demi-douzaine de fois ses «amis» dans le livre (D&A 84:63; 84:77; 94:1;
98:1; 100:1; 104:1).
C'est comme cela que la voix du Dieu d'Abraham et d'Isaac et de Pierre et de Paul appelle
«amis» les lecteurs des Doctrine et Alliances. La caractéristique littéraire la plus
saisissante du livre est le caractère direct de son accès à Dieu. Quand Joseph Smith
sécrie dans une longue et douloureuse prière de reproche: «Ô Dieu, où es-tu ?»
la réponse du Père apporte une consolation aussi immédiate au lecteur
daujourdhui qu'au prophète: «Mon fils, que la paix soit en ton âme»
(D&A 121:1, 7). Les Doctrine et Alliances répondent avec une force biblique aux
conditions immédiates de la vie moderne. Dans les moments les plus difficiles des
circonstances actuelles, les Doctrine et Alliances élèvent le regard du lecteur
au-dessus des déceptions mortelles vers des espoirs éternels: «Toutes ces choses te
donneront de l'expérience et seront pour ton bien» (122:7).
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
Walker, Steven C. "The Voice of the Prophet." BYU Studies 10 (Automne 1969), pp.
95-106.
STEVEN C. WALKER
Don du Saint-Esprit
Auteur: PORTER, BRUCE D.
Le don du Saint-Esprit est le droit de recevoir des manifestations divines, des dons
spirituels et des directives du Saint-Esprit. Ce don est conféré aux membres de
lÉglise par limposition des mains après le baptême. On le considère comme
lune des ordonnances essentielles de lÉvangile de Jésus-Christ et comme
absolument nécessaire au salut.
Le Saint-Esprit est le troisième membre de la Divinité, tandis que le don du
Saint-Esprit consiste à avoir le droit de recevoir linspiration, les manifestations
et dautres dons et bénédictions spirituels de ce membre de la Divinité (EPJS, p.
160). Parmi les bénédictions spirituelles les plus importantes liées au don du
Saint-Esprit il y a le pouvoir sanctificateur ou purificateur du Saint-Esprit par lequel
les hommes et les femmes naissent de Dieu. Par ce baptême de feu et du Saint-Esprit, les
curs et les désirs sont purifiés et lesprit est rendu pur, ce qui est le
point culminant du processus du repentir et du baptême (2 Né. 31:13, 17; 3 Né. 27:20).
Les autres manifestations importantes du Saint-Esprit sont le témoignage de Jésus-Christ
et des vérités divines, linspiration et les avertissements, si cela
sindique, et le discernement du bien et du mal.
Le don du Saint-Esprit est la clef de tous les «dons spirituels» que lon trouve
dans lÉglise, notamment les dons de prophétie et de révélation, de guérison, de
parler en langues et de traduction et dinterprétation des langues. Ces dons
distinctifs de lEsprit ne se manifestent normalement que parmi ceux qui ont reçu le
don du Saint-Esprit et qui se qualifient par leurs besoins et leur dignité pour recevoir
cette aide divine, de même que les apôtres originaux du Christ ne reçurent ces dons
quune fois que le Saint-Esprit fut venu sur eux le jour de la Pentecôte (Ac.
2:1-17).
Dans la pratique, le don du Saint-Esprit est donné, chez les saints, par
limposition des mains comme indiqué dans le Nouveau Testament (voir Ac. 8:17-18;
19:2-6; 2 Ti. 1:6; Hé. 6:2), normalement juste après ou quelques jours après le
baptême deau. Un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek (auquel se joignent
habituellement quelques autres hommes détenant la même prêtrise) pose les mains sur la
tête du membre nouvellement baptisé, appelle la personne par son nom, la confirme membre
de lÉglise et dit: «Recevez le Saint-Esprit.» La formulation exacte de cette
ordonnance nest pas prescrite, mais elle mentionne toujours la confirmation comme
membre, loctroi du don du Saint-Esprit et lautorité dans la prêtrise par
laquelle lordonnance est accomplie. Ces composants de base de lordonnance sont
souvent suivis dune bénédiction verbale qui donne des recommandations au nouveau
membre. Dans les ordonnances par procuration du temple pour les personnes décédées, la
même confirmation de base suit lordonnance du baptême pour les morts.
Le récit, qui apparaît dans le Nouveau Testament, de la façon dont les saints de
Samarie reçurent le don du Saint-Esprit précise que loctroi de ce don nécessite
une plus haute autorité que celle qui est nécessaire pour accomplir le baptême (voir
Ac. 8:14-17).
Quand il visite les Néphites, Jésus-Christ donne dabord lautorité de
baptiser (3 Né. 11:22) et lors dune autre visite, il confère lautorité de
donner le Saint-Esprit en touchant et en parlant à chacun des douze disciples
individuellement (3 Né. 18:36-37). Alors que le baptême peut être fait par des prêtres
dans la Prêtrise dAaron, le Saint-Esprit ne peut être conféré que par des
détenteurs de la prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek (Mro. 2:2; JSH
1:70). Jean-Baptiste fait allusion à cette distinction fondamentale entre les deux
prêtrises: «Moi, je vous baptise deau, pour vous amener à la repentance ; mais
celui qui vient après moi est plus puissant que moi
Lui, il vous baptisera du
SaintEsprit et de feu» (Mt. 3:11).
Le don du Saint-Esprit nest conféré officiellement quune seule une fois à
une personne donnée, mais les bienfaits spirituels liés à ce don peuvent et doivent
être constants pendant toute une vie. On enseigne aux saints des derniers jours
quils doivent vivre de manière à avoir le Saint-Esprit comme «compagnon
constant» pour les fortifier et pour les aider à choisir le bien (D&A 121:46).
Toutefois, le seul fait que le don est conféré ne garantit pas ces inspirations. La
réception proprement dite du Saint-Esprit est fonction de lhumilité, de la foi et
de la dignité de la personne qui se voit accorder le don. Joseph F. Smith a enseigné que
le don du Saint-Esprit confère aux membres dignes et désireux «le droit de
recevoir
le pouvoir et la lumière de la vérité du Saint-Esprit, bien
qu[ils] puissent souvent être laissés à [leur] esprit et à leur jugement» (GD,
pp. 60-61).
Le prophète Joseph Smith considère le don du Saint-Esprit comme lun des principes
et des ordonnances de base de lÉvangile, étant intégralement lié à la foi en
Jésus-Christ, au repentir et au baptême par immersion pour la rémission des péchés
(voir Premiers principes de lÉvangile; 4e A de F). Ensemble ces quatre constituent
les «premiers principes» de lÉvangile de Jésus-Christ (voir Évangile de
Jésus-Christ; 3 Né. 27:19-21) et le seul moyen par lequel les hommes et les femmes
puissent être purifiés de tout péché pour devenir purs et immaculés et dignes
dentrer en la présence de Dieu.
Le Saint-Esprit continue à aider au processus de purification spirituelle par «le
baptême de feu», qui a été décrit en ces termes: «Par le pouvoir du Saint-Esprit
qui est le Sanctificateur (3 Né. 27:19-21) limpureté,
liniquité, le charnel, la sensualité et tout ce qui est mauvais est consumé dans
lâme repentie comme par le feu; la personne purifiée devient littéralement une
nouvelle créature du Saint-Esprit
Elle naît de nouveau» (MD, P. 73). Cest
de cette nouvelle naissance spirituelle que le Sauveur voulait parler quand il a dit à
Nicodème: «Si un homme ne naît deau et dEsprit, il ne peut entrer dans le
royaume de Dieu» (Jn. 3:5).
Le seul fait de passer par la nouvelle naissance nassure pas le salut. Il est
également nécessaire de «persévérer jusquà la fin», un élément essentiel de
lÉvangile du Christ (2 Né. 31:20; 3 Né. 27:16-17). Le prophète Néphi 1 a
enseigné que pour persévérer jusquà la fin, il faut se faire «un festin des
paroles du Christ» en suivant linspiration du Saint-Esprit dans «tout ce que vous
devez faire» (2 Né. 32:3-5). Le don du Saint-Esprit garantit ainsi que la direction
divine et le renouvellement spirituel se produisent durant toute la vie, à condition que
le repentir et lhumilité requis soient manifestés.
Bibliographie
Lampe, G. W. H. "Holy Spirit". Dans The Interpreters Dictionary of the
Bible, Vol. 2, pp. 626-639. Nashville, Tenn., 1962.
Shepherd, M. H., Jr. "Hands, Laying on of." Dans The Interpreters
Dictionary of the Bible, Vol. 2, pp. 521-522. Nashville, Tenn., 1962.
Talmage, James E. AF, pp. 157-170.
BRUCE D. PORTER
Dons de lEsprit
Auteur: BICKERSTAFF, H. GEORGE
Le septième article de foi de lÉglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours dit: «Nous croyons au don des langues, de prophétie, de révélation, de visions,
de guérison, dinterprétation des langues, etc.» Toutes ces dotations célestes
viennent sous forme de dons de lEsprit, cest-à-dire par la grâce de Dieu et
laction et le pouvoir du Saint-Esprit. Pour pouvoir obtenir de tels dons, il faut
avoir préalablement reçu les ordonnances du baptême et du don du Saint-Esprit de la
part dun détenteur de la prêtrise autorisé, chercher avec ferveur à obtenir le
ou les dons et faire des efforts sincères pour garder les commandements du Seigneur.
Il est clair que lEsprit peut accorder nimporte quel don susceptible de
répondre à un besoin donné; par conséquent, aucune liste exhaustive nest
possible, mais beaucoup de dons ont été promis à lÉglise. Grâce au Nouveau
Testament, les lecteurs connaissent les six mentionnés ci-dessus: les deux liés aux dons
des langues et de leur interprétation ou du pouvoir de parler dans une langue non apprise
précédemment et la capacité dinterpréter un tel discours; le don de prophétie,
parfois manifesté dans son sens prédictif mais plus souvent dans le sens que «le
témoignage de Jésus est lesprit de la prophétie» (Ap. 19:10); la révélation ou
la réception inspirée par le ciel de connaissance, de sagesse ou dorientation; les
visions ou manifestations spirituelles visuelles telles que les prophètes en ont reçu à
toutes les époques et comme Joël les a prédites pour beaucoup dautres dans les
derniers jours (Jo. 2:28-29); la guérison ou le pouvoir «dimposer les mains aux
malades» pour quils puissent se remettre (Mc. 16:18).
Selon les Écritures, les dons de lEsprit comptent parmi les signes qui
«accompagneront ceux qui auront cru» (Mc. 16:17). Impatients de recevoir ces dons promis
mais manquant de compréhension, certains des premiers convertis à lÉglise
(1831-1832) se livrèrent aux excès «spirituels» qui étaient courants lors des
réunions en plein air des réveils religieux et quils connaissaient bien. Dans les
premiers temps à Kirtland, dit le prophète Joseph Smith, «beaucoup de faux esprits
furent introduits
on se livra à beaucoup de choses ridicules de nature à
amener lEsprit de Dieu à se retirer» (EPJS, p. 172). Dans les assemblées autour
de Kirtland, Parley P. Pratt releva des activités spirituelles «dégoûtantes», «des
gestes inconvenants», des gens qui entraient en «extase et
déformés par des
contorsions
des crises» (Pratt, p. 61). Joseph Smith condamna ces pratiques comme
nétant pas naturelles et sans utilité, puisquelles ne communiquaient aucune
information (EPJS, pp. 164, 172). Dissociant ainsi lÉglise des extravagances
spirituelles du christianisme de la frontière américaine, les autorités agirent
promptement contre de telles pratiques, récupérant les membres quelles pouvaient
et excommuniant ceux qui persistaient dans leur erreur.
Au cours du développement doctrinal de la jeune Église, Joseph Smith reçut des
révélations concernant les dons spirituels, notamment celle du 8 mars 1831 (maintenant
D&A 46). Après avoir dabord mis en garde contre les tromperies par de faux
esprits, la révélation énonçait les dons tout comme Paul et Moroni 2 lavaient
fait respectivement pour lÉglise du premier siècle et lÉglise néphite,
(voir 1 Co. 12; Moroni 10). En plus des six évoqués ci-dessus étaient mentionnés la
connaissance, la sagesse, la foi pour guérir, laccomplissement de miracles, la
connaissance de la façon dont les dons peuvent être administrés et le discernement des
esprits, sils sont de Dieu ou du diable. Étaient aussi repris le don du témoignage
de lEsprit concernant Jésus-Christ et son expiation pour les péchés du monde et,
pour certains, le don de croire aux paroles de celui qui proclame ce témoignage (D&A
46:14).
La révélation promet au moins un don à tous les saints des derniers jours fidèles. Les
évêques et les autres officiers présidents, en vertu de leur appel à veiller sur
lÉglise, peuvent recevoir des dons multiples, notamment le don spécial du
discernement pour détecter les faux esprits des vrais. À propos de ce dernier point,
Joseph Smith a mis en garde contre «lerreur courante de considérer toutes les
manifestations surnaturelles comme étant de Dieu», avertissant que les esprits mauvais
peuvent, tout comme les célestes, par exemple, parler en langues et les interpréter; et
que dans leur volonté de tromper, ils peuvent même en attribuer le mérite au Sauveur et
à ses serviteurs autorisés (EPJS, pp. 166-172, 186; aussi Lu. 4:33-35; Ac. 16:16-18).
Beaucoup de journaux intimes des premiers saints racontent des expériences en matière de
dons spirituels: En 1830, Newel Knight eut une vision du ciel apparemment semblable à
celle décrite par le martyr Étienne («Newel Knights Journal» pp. 52-53). À
Kirtland, en 1831, Chloe Smith, qui avait langui aux portes de la mort, recouvra
immédiatement la santé après une bénédiction de Joseph Smith (Pratt, pp. 66-67). Lors
dune réunion en Ontario (Canada) en 1833, Lydia Bailey (plus tard Knight) parla en
langues (Journal History, 19 oct. 1833). Suivant la promesse prophétique de Heber C.
Kimball en 1836 quun fils naîtrait de Parley et Thankful Pratt, qui étaient sans
enfants après dix ans de mariage, un fils leur naquit un an plus tard (Pratt, pp.
130-131, 165). Alors comme maintenant, les dirigeants et les membres en général
jouissaient de ces dons.
On doit rechercher les dons de lEsprit pour leur effet bénéfique plutôt que pour
leur caractère remarquable (voir 1 Co. 14). En fait, comme Joseph Smith la
observé, il ny a quun ou deux des dons qui sont visibles quand ils sont en
action. Dans le sens où il est généralement compris, le don des langues est lun
de ceux-là, mais le président Joseph F. Smith a souligné son aspect plus pratique:
«Jai eu besoin une fois du don des langues et le Seigneur me la donné.
Jétais dans un pays étranger, envoyé prêcher lÉvangile à un peuple dont
je ne pouvais pas comprendre la langue. Alors jai prié avec ferveur pour avoir le
don des langues, et grâce à ce don et à létude, cent jours après avoir
débarqué sur ces îles, je pouvais parler aux gens dans leur langue comme je vous parle
maintenant dans ma langue maternelle. Cétait un don qui était digne de
lÉvangile. Il avait un but» (Smith, p. 201). Cest ainsi que les
missionnaires de lÉglise jouissent fréquemment aujourdhui de ce don.
Dans le monde entier, les saints des derniers jours rapportent toutes sortes de dons
spirituels dans le cours normal de leur vie. Les membres fidèles reçoivent couramment
par lEsprit le don du témoignage de Jésus-Christ et de son Évangile rétabli et
ces témoignages individuels constituent la force de lÉglise; un très grand nombre
ont le don de la connaissance des choses spirituelles; quotidiennement, les détenteurs de
la prêtrise font limposition des mains aux membres de leur famille ou de leurs amis
malades, à leur demande (voir Ja. 5:14-15) et leur apportent les pouvoirs de guérison du
ciel, fréquemment avec un effet instantané; des hommes, des femmes et des jeunes
reçoivent, selon les besoins, la révélation pour eux-mêmes, leur famille ou ceux
quils servent dans les appels dans lÉglise. Pratiquement toutes ces
activités et dautres dune importance spirituelle équivalente ont lieu dans
lintimité du foyer et du cur à linsu du public.
Tous les dons spirituels sont nécessaires dans lÉglise (1 Co. 12), mais les
écrits de Paul montrent que certains sont plus désirables que dautres: On doit
chercher les meilleurs dons. Ce qui est spécialement important pour tous ceux qui
désirent «une voie par excellence» (1 Co. 12:31), cest de recevoir et de cultiver
le don de la charité. Cet «amour pur du Christ» est une marque fondamentale du vrai
disciple, une chose nécessaire à la vie éternelle et une qualité pour laquelle on doit
donc prier et travailler de toute lénergie de son cur (Mro. 7:47-48; 10:21;
Ét. 12:34). Lexposé magistral de Paul sur la charité (1 Co. 13) définit
davantage cette qualité et confirme que lamour est le grand commandement et le
besoin crucial du chrétien. Les disciples doivent manifester ce don et en désirer
également dautres (1 Co. 14:1), en agissant par le pouvoir de Dieu et par les dons
de lEsprit (Mro. 10:25).
Bibliographie
"Newel Knight's Journal". Dans Scraps of Biography. Salt Lake City, 1883.
Pratt, Parley P. Autobiography of Parley Parker Pratt. Salt Lake City, 1967.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine. Salt Lake City, 1977.
H. GEORGE BICKERSTAFF
Dotation
Auteur: BURTON, ALMA P.
Une dotation est généralement un cadeau, mais dans un sens spécialisé, c'est un
ensemble dinstructions, dordonnances et dalliances donné seulement dans
les temples consacrés de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. [Les
mots «doter, dotation» napparaissent pas dans la version Segond où ils sont
remplacés par des verbes exprimant lidée équivalente dêtre habillé,
revêtu, doté dattributs]. Le Christ commande à ses apôtres de rester à
Jérusalem «jusquà ce [quils soient] revêtus de la puissance den
haut» (Luc 24:49), une promesse accomplie, au moins en partie, le jour de la Pentecôte
(Ac. 2). À lépoque moderne, une révélation semblable a été donnée: «Je vous
ai donné le commandement de bâtir une maison, maison dans laquelle j'ai dessein de doter
du pouvoir d'en haut ceux que j'ai élus. Car telle est la promesse que le Père vous
fait; c'est pourquoi, je vous commande de demeurer, comme mes apôtres à Jérusalem»
(D&C 95:8-9).
Bien qu'il y ait eu des déversements spirituels préliminaires et préparatoires sur les
saints des derniers jours en Ohio et au Missouri, la Dotation dans son plein sens ne sera
reçue quà lépoque du temple de Nauvoo. Quand, en 1842, il introduisit les
ordonnances du temple à Nauvoo, le prophète Joseph Smith enseigna quelles
«concernaient les choses spirituelles et ne devaient être reçues que par ceux qui
étaient tournés vers les choses spirituelles» (EPJS, p. 191). La dotation était
nécessaire, dit-il, pour organiser complètement l'Église, afin que les saints soient
organisés selon les lois de Dieu, et, comme demandé dans la prière de consécration du
temple de Kirtland, quils «se préparent à recevoir tout ce qui est nécessaire»
(D&C 109:15). La Dotation avait pour but de donner «une vue globale de notre
situation et de nos rapports véritables avec Dieu» (EPJS, p. 262), de «préparer les
disciples pour leurs missions auprès du monde» (p. 221), dempêcher dêtre
«vaincus par ces maux» (p. 209), de leur permettre de «sassurer la plénitude des
bénédictions qui ont été préparées pour lÉglise du Premier-né» (p. 191).
La Dotation de «pouvoir den haut» dans les temples modernes a quatre aspects
principaux. Tout d'abord il y a l'ordonnance préparatoire, des ablutions et une onction
cérémonielles, après quoi lusager du temple met le vêtement sacré du temple.
Vient ensuite une série dinstructions sous forme dexposés et de
représentations. Ceux-ci comportent le récit des événements les plus importants de la
Création, une description figurée de l'arrivée d'Adam et Ève et de tous les hommes et
femmes, de l'entrée d'Adam et Ève dans le jardin d'Éden, de l'expulsion hors du jardin,
de leur situation dans le monde et de leur réception du plan du salut conduisant au
retour en la présence de Dieu (Talmage, pp. 83-84). Les instructions de la Dotation
utilisent toutes les facultés humaines pour que la signification de l'Évangile soit
éclaircie par l'art, le théâtre et les symboles. Tous les participants portent la robe
blanche du temple symbolisant la pureté et l'égalité de toutes les personnes devant
Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ. Le temple devient une maison de révélation par
laquelle on est instruit plus parfaitement «en théorie, en principe et en doctrine»
(D&A 97:14). «Le caractère complet de ce tour dhorizon et de cette explication
du plan de lÉvangile fait du culte du temple lune des méthodes les plus
efficaces de rafraîchir la mémoire concernant la totalité de la structure de
l'Évangile» (Widtsoe, 1986, p. 5).
Troisièmement, il y a la conclusion dalliances. On voit dans la Dotation du temple
lépanouissement ou lapogée des alliances contractées au baptême. Les
alliances du temple donnent des «tests permettant de voir la disposition et la capacité
de pratiquer la justice» (Widtsoe, p. 335). EIles comportent «lengagement et la
promesse d'observer la loi de la vertu la plus stricte et de la chasteté, dêtre
charitable, bienveillant, tolérant et pur; de consacrer ses talents et ses moyens
matériels à la propagation de la vérité et au progrès [du genre humain], de rester
dévoué à la cause de la vérité, et de chercher à contribuer de toutes les manières
possibles aux grands préparatifs faits en vue que la terre puisse recevoir
Jésus-Christ » (Talmage, p. 101). On promet également de garder sacrées ces alliances
et de ne pas «prend[re] les choses sacrées à la légère» (D&C 6:12).
Quatrièmement, il y a le sentiment de la présence divine. Dans la prière de
consécration du temple de Kirtland, le prophète Joseph Smith demande «que tous ceux qui
passeront le seuil de la maison du Seigneur sentent ta puissance et se sentent contraints
de reconnaître que tu l'as sanctifiée et qu'elle est ta maison, lieu de ta sainteté»
(D&C 109:13). Il est promis à propos des temples construits par le sacrifice au nom
du Seigneur Jésus-Christ, consacrés par son autorité et révérés dans son Esprit:
«mon nom sera ici; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette
maison» (D&A 110:7). Dans les temples il y a une « aura de divinité» qui se
manifeste à ceux qui sont dignes (Kimball, pp. 534-535). Par la Dotation du temple, on
peut chercher «une plénitude du Saint-Esprit» (D&A 109:15). Les ordonnances du
temple sont considérées comme le moyen de recevoir l'inspiration et des instructions par
l'Esprit-Saint et de se préparer à retourner en la présence de Dieu.
À Nauvoo, le prophète Joseph a enseigné pour la première fois que les saints des
derniers jours ont la bénédiction d'agir en tant qu'agents en faveur de leurs ancêtres
décédés. Après réception de leur propre Dotation au temple, ils y retournent souvent
pour participer à la cérémonie de dotation par procuration pour et en faveur de
personnes décédées. Ils croient que, conformément à la loi du libre arbitre, ceux qui
sont ainsi servis sont tout à fait libres dans le monde d'esprit daccepter ou de
rejeter la bénédiction spirituelle qui leur est ainsi offerte (HC 5:350). [Voir aussi
Baptême pour les morts; Salut des morts; Ordonnances du temple.]
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball. Salt
Lake City, 1982.
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur, éd. française n. d..
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Temple Worship. Salt Lake City, 1986.
ALMA P. BURTON
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