L’interaction entre les membres d’une
confession religieuse et ceux d’autres confessions peut être à l’occasion
un sujet sensible, bien que l’injonction du Christ soit claire : Nous
devons aimer notre prochain, quel qu’il soit, comme nous-mêmes. C’est une
question d’amour chrétien et aussi d’éducation et de tolérance. Cela peut
aider de prendre un peu de recul et d’essayer de voir les choses comme
Dieu doit les voir. À ce propos, les idées avancées dans un discours
prononcé lors de la conférence annuelle de 2004, organisée par FAIR, nous
ont semblé pertinentes. Nous avons voulu en faire profiter nos lecteurs,
mais l’auteur, un ancien pasteur presbytérien devenu membre de l’Église,
reste naturellement seul responsable du contenu de son discours.
L'APOSTASIE
par Roger Keller
© FAIR
Le thème que je voudrais traiter aujourd’hui est : Comment aborder la
question de l'apostasie. Je pense que nous, les saints des derniers jours,
nous nous y prenons souvent mal.
J'ai eu l’occasion d’enseigner en Israël pendant une année environ et deux
de mes étudiantes sont venues nous trouver, ma femme et moi. Elles étaient
en larmes et nous avons dit : « Qu’est-ce qui vous arrive ? »
L'une d'elles a dit : « On nous a menti. »
J'ai dit : « Qu’est-ce que vous voulez dire ? »
« Eh ! bien, on nous a dit toute notre vie que les seules personnes
spirituelles au monde étaient les saints des derniers jours, alors que
c’est tout à fait faux : Nous avons rencontré des chrétiens, des musulmans
et des juifs profondément spirituels. »
Ce que nous avons essayé de les aider à comprendre, c’est que oui, il y a
des saints des derniers jours qui pensent que l'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours est le seul véhicule par lequel Dieu agit ; il
faudrait sans doute élargir un peu leur vision du monde.
J'ai également eu l’occasion de faire quelques conférences de zone
missionnaires dans la mission de Jackson (Mississippi), en plein cœur du «
Bible Belt » [les États du sud des États-Unis, profondément protestants,
NdT]. À la première à laquelle j’ai participé, j’ai demandé : « Combien
parmi vous connaissent des gens qui ne sont pas saints des derniers jours
qui connaissent vraiment Jésus-Christ ? » Beaucoup de mains se sont levées.
Or il s’agit de missionnaires ! J'ai demandé : « Combien d’entre vous
connaissent des gens qui ne sont pas saints des derniers jours qui ont
vraiment le Saint-Esprit dans leur vie ? » Beaucoup de mains se sont
levées. Alors je leur ai demandé : « Que devez-vous leur enseigner alors ?
Qu’est-ce que le mormonisme a de plus que vous devez leur apporter ? Car
ils commençaient à se rendre compte que Dieu ne limite pas son œuvre à la
seule communauté des saints des derniers jours et que par conséquent ils
devaient régler la question de savoir ce qu’ils pouvaient bien dire à des
gens qui connaissent déjà le Sauveur.
Là était la question, et c’est le problème que nous avons dû résoudre, ma
femme et moi, quand nous sommes entrés dans l'Église, parce qu'il y avait
beaucoup de saints des derniers jours qui nous donnaient l'impression que
si nous cessions de croire ce en quoi nous croyions, ils nous
apprendraient ce qui est juste. Et cela, c’est quelque chose de vraiment
blessant pour des gens qui connaissent le Seigneur ou pour des personnes
qui ont déjà eu des expériences avec la Divinité, quel que soit le nom
sous lequel elles rencontrent ce Dieu.
Ainsi donc, quand nous parlons d'apostasie, il ne s’agit pas d’une
situation où les lumières se sont soudainement éteintes, où toute la
lumière et la vie spirituelles se sont éteintes pour le genre humain vers
100 apr. J.-C. pour ne réapparaître que quelque part aux environs de 1820.
En traitant de cette question de ce qu’est l'apostasie, nous allons
également traiter du rapport qu’il y a entre l'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours et toutes les autres traditions religieuses du
monde. Je trouve et je crois – et je vous montrerai tout à l’heure ce que
cela a à y voir – je crois que Dieu ne laisse aucun de ses enfants seul
sans guide spirituel. Et ce guide peut être donné par le bouddhisme, il
peut être donné par l'hindouisme, il peut être donné par le taoïsme, par
n’importe quelle autre grande tradition religieuse, par l'Islam, et ainsi
de suite.
Il y a quinze jours, j'étais à Barcelone pour le Parlement mondial des
religions. J'étais entouré de personnes venues de toute la surface de la
terre avec des traditions spirituelles profondes et un amour profond pour
leur prochain. Personne n'était là pour changer quelqu’un d’autre. J'aime
ce genre de conférences. Je n'aime pas être dans des situations où je ne
peux pas être moi-même dans des échanges avec des personnes d'autres
religions.
Au cours de mes rapports avec ces personnes, j’ai pu sentir l'Esprit, et
le moment où l'Esprit a été le plus fort, c’est quand j'ai entendu des
musulmans très fidèles parler de l'essence de leur foi et des points de
contact que cela pouvait avoir avec des personnes d'autres religions.
L'Esprit était profondément présent pendant que je mangeais du langar au
centre sikh où l’on fournissait le déjeuner pour tous les participants de
la conférence qui voulaient venir. Des Sikhs venant littéralement de toute
l'Europe, un bon nombre d'entre eux d'Angleterre, étaient venus simplement
dans le but unique de servir d'autres êtres humains, peu importe leur
tradition religieuse.
J’aborde cette question de l'apostasie en sachant que mon Dieu, celui que
j'adore par Jésus-Christ, est également le Dieu de tous mes frères et
sœurs et les attire tous à lui et pas simplement par l’intermédiaire de
notre tradition.
Maintenant après avoir dit cela, je voudrais que vous gardiez deux époques
à l'esprit. La première est celle que les saints des derniers jours
appellent le midi des temps, le temps de Jésus-Christ, de sa vie
historique. Ensuite, je voudrais que vous gardiez à l'esprit l’époque du
Rétablissement. C’est entre autres de cette période qui se situe entre les
deux que nous allons parler, mais ce sont là les pôles avec lesquels je
veux travailler.
Pourquoi Jésus est-il venu ? (Réponses de l’auditoire.) Oui, il est venu
pour accomplir l'Expiation, mais en même temps il est venu pour organiser
l'Église.
Savait-il qu’elle allait disparaître ? Certainement. Si Paul le savait
dans 2 Thessaloniciens, le Sauveur le savait aussi. Pourquoi s’est-il donc
donné la peine de la créer ? Parce qu'il a voulu nous donner un modèle qui
nous montrerait à quoi l’Église devrait ressembler quand le moment serait
venu pour elle d’être sur la terre comme le Seigneur le veut.
Ce modèle, quel est-il ? Structurellement, des apôtres, un Collège des
Douze et des soixante-dix. Faut-il une Première Présidence pour que
l’autorité soit présente sur la terre ? Non. Sinon il n'y aurait eu aucune
autorité de 1844 à 1847. L'autorité de l'Église réside dans le Collège des
Douze.
Il appelle donc douze disciples et il appelle aussi et envoie des
soixante-dix. Et nous, les saints des derniers jours, nous avons cela.
Dans ce Collège des Douze réside l'autorité d’administrer les ordonnances
salvatrices de l'Évangile. Quand ce groupe disparaît, qu’est-ce qui
disparaît avec lui ? L’autorité. Mais est-ce que toute la connaissance
disparaît ? Non, absolument pas. Quand nous parlons d'apostasie, nous, les
saints des derniers jours, ce sur quoi nous devrions nous focaliser en
tout premier lieu, c’est cette question de l'autorité, parce que c'est
cela qui a disparu vers 100 de notre ère.
C'était l'autorité d’administrer les ordonnances salvatrices de l'Évangile
et, eh bien, oui, avec elle une certaine connaissance a également disparu.
Mais les lumières ne se sont pas éteintes. Plus aucun historien compétent
n’emploie encore l’expression « âge des ténèbres », parce qu'il sait que
tandis que les invasions germaniques de l'Europe et autres avaient lieu,
la lumière du Christ, la lumière de l'Évangile y était préservée dans le
contexte des ordres monastiques et les lumières ne se sont jamais éteintes
dans la partie orientale de l'empire. L'Église orthodoxe d’Orient était
grandissante, saine et vivante et envoyait des missionnaires en Russie et
en d'autres endroits.
Ainsi, quand nous regardons l'apostasie, nous ne disons pas à nos frères
et sœurs d'autres traditions chrétiennes qu'ils ne savent rien. Je dois
vous dire que je suis aussi sûr aujourd'hui qu'il y a 30 à 35 ans, que
c’est Dieu qui m'a appelé à être pasteur presbytérien ; je le sais
aujourd'hui tout aussi sûrement que je l’ai su alors et il m'a donné
l'autorité de faire ce qu'il m'a appelé à faire parce que Dieu n'appelle
pas des gens à faire des choses sans leur donner l'autorité de faire ce
qu'il les appelle à faire.
Alors, quelle autorité avais-je ? Vous est-il jamais venu à l’esprit que
j’aie pu en avoir ? Quelle autorité avais-je ? De prêcher. De prêcher quoi
? De prêcher ce que je savais. Et qu’est-ce que je savais ? Je connaissais
le Christ. Je connaissais le Christ, mon Sauveur, et Dieu m'a donné
l'autorité de lui amener des gens par la parole prêchée et par la parole
sacramentelle et c’est ce que j’ai fait.
Quand j’ai envisagé de devenir membre de l’Église, cette question de
l'autorité est devenue très importante pour moi parce que je savais par
expérience que le Christ m'avait appelé et ce n’est que quand j’ai pris
conscience de ce que j’étais simplement invité à ajouter à ce que je
savais que j’ai pu faire cette transition. Cela m’a permis de parler
beaucoup plus facilement à ma mère, qui était présidente de presbytère
l'année où j'ai été ordonné et a ainsi présidé à mon ordination, pour lui
dire : « Maman, je n'ai pas jeté par-dessus bord tout ce que tu m’as
enseigné. J'ai simplement bâti dessus. J'y ai simplement ajouté. »
Ainsi donc, quand nous parlons d'apostasie, la toute première chose dont
nous parlons est la perte de l'autorité d’administrer les ordonnances
salvatrices de l'Évangile. C'est pour cela que j'ai baptisé mes enfants
deux fois. Une fois en tant que pasteur presbytérien et encore une fois
quand j'ai été baptisé et confirmé dans l'Église, et que j’ai reçu la
Prêtrise d'Aaron pour pouvoir baptiser mes enfants et mon épouse dans
l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
J'avais l'autorité d’amener les gens au Christ, mais je n'avais pas
l'autorité d’administrer les ordonnances salvatrices de l'Évangile, qui,
croyons-nous, ne peuvent être trouvés que dans l'Église de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours. Nous sommes très « catholiques » dans notre
vision de la place des ordonnances. Le catholique croit que les sacrements
sont l’endroit où l’on va pour rencontrer le Christ et nous croyons que
les ordonnances de l’Évangile – ce qui est simplement le mot que nous
utilisons pour désigner les sacrements – sont les endroits spéciaux où
nous pouvons aller pour être sûrs de rencontrer le Sauveur.
Pourquoi ? Parce qu'elles conduisent vers l'Expiation. En soi, aucune
d’elles ne nous sauve. Ce sont des ordonnances salvatrices parce qu'elles
nous permettent de faire une rencontre avec l'Expiation du Seigneur. Je ne
suis donc pas sauvé par la foi ou par le repentir ou par le baptême ou par
le don du Saint-Esprit ou par la dotation ou par les ordonnances du
scellement. Chacune d’elles conduit vers l'Expiation de Jésus-Christ où je
peux avoir l’assurance que je rencontrerai le Seigneur. C'est pourquoi il
est impératif non seulement que nous allions à la réunion de Sainte-Cène et
participions au sacrement du repas du Seigneur ou tout simplement à ce que
nous appelons la Sainte-Cène ; mais il est tout aussi impératif, si nous
voulons être des saints des derniers jours au sens plein du terme, que
nous participons de nouveau à ces ordonnances dans le temple parce que
c'est là que nous rencontrons le Seigneur. Ce sont là les choses qui nous
sont fournies par l’intermédiaire de la prêtrise autorisée de l'Église,
que l’on ne peut trouver nulle part ailleurs.
Reportez-vous maintenant à 100 apr. J.-C. environ. Vous avez admis que les
lumières ne se sont pas complètement éteintes. Si c’est vrai, comment
l'Évangile s’est-il perpétué ? Comment le connaissait-on ? Grâce à la
Bible, n’est-ce pas ? Nous avons les paroles du Seigneur par les prophètes
de l'Ancien Testament, nous avons les paroles du Seigneur par lui-même et
par les apôtres du Nouveau Testament. La Bible contient-elle la plénitude
de l'Évangile ?
Laissez-moi vous lire quelque chose ici. « Le Livre de Mormon est un
volume d'Écritures saintes comparable à la Bible. Il est le compte rendu
des relations de Dieu avec les anciens habitants de l'Amérique et contient,
comme la Bible, la plénitude de l'Évangile éternel [1]. » La Bible
contient-elle la plénitude de l’Évangile ? Parfaitement.
Mais vous savez que si un Juif lit l'Ancien Testament, il n’y voit pas la
même chose qu'un chrétien, parce que nous le lisons avec les yeux de
quelqu’un qui a rencontré le Seigneur Jésus-Christ. Nous le lisons à
travers sa vie, sa souffrance, sa mort, sa résurrection et par conséquent
c’est comme si nous mettions des lunettes et y voyions des choses qu'une
personne de la communauté juive ne voit pas.
Pour moi, quand le saint des derniers jours lit la Bible, il utilise des
verres à double foyer. Il la lit non seulement à travers la vie, la
souffrance, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, il la lit aussi à
travers le Rétablissement et ce qui s’y est produit.
Pourquoi y voyons-nous des choses qu'un baptiste, un presbytérien ou un
catholique pourraient ne pas voir ? Parce que nous regardons à travers
d’autres lentilles, mais cela ne veut pas dire que la Bible serait
éventuellement déficiente. Elle ne l’est absolument pas, elle est
exactement ce que le Seigneur, pendant presque deux millénaires, a
souhaité nous mettre entre les mains avant d’ajouter les verres à double
foyer.
Quand nous parlons avec des personnes qui ont d'autres traditions
religieuses, en particulier des traditions religieuses chrétiennes, nous
devons veiller à rendre à la Bible ce qui lui revient de droit. Si vous
lisez les sermons de Joseph Smith, combien de fois cite-t-il le Livre de
Mormon ? Très rarement. Que cite-t-il ? La Bible.
Quand je veux vraiment l'inspiration spirituelle après presque soixante
ans maintenant, je me tourne toujours vers la Bible de préférence à
n'importe quel autre livre d'Écriture, mais je le fais maintenant avec
d’autres lunettes à cause de ma connaissance du Livre de Mormon, des
Doctrine et Alliances et de la Perle de Grand Prix.
Nous devons aider nos frères et sœurs qui ne sont pas de la tradition des
saints des derniers jours à comprendre qu'ils sont invités à édifier sur
les expériences qu'ils ont déjà faites avec le Seigneur, pas à les rejeter,
l’important étant ici que quand nous parlons de l'apostasie ce n'est pas
que l'Évangile n'était pas sur la terre ; ce qui était absent, c’était
l'autorité de la prêtrise.
Ainsi donc, qui apporte l'Évangile aux gens de la terre depuis presque
deux millénaires ? Les catholiques et les protestants. Nos frères et sœurs
catholiques, nos frères et sœurs protestants font partie du plan de Dieu
pour que la plénitude de l'Évangile arrive dans les derniers jours.
Dale LeBaron a écrit un petit livre appelé « All Are Alike Unto God » [Tous
sont égaux devant Dieu]. Il y interviewe 400 noirs qui sont devenus
membres de l'Église en Afrique juste après la révélation de 1978. Un jour
j'ai eu l’occasion de demander à Dale : « Combien parmi ces 400 personnes
étaient chrétiennes avant de devenir des chrétiens saints des derniers
jours ? » Que m’a-t-il répondu, pensez-vous ? 398 ; deux d'entre eux
étaient musulmans.
Supposez maintenant que les missionnaires catholiques et protestants ne
soient jamais allés en Afrique noire avant 1978. Combien parmi ces 400
personnes seraient dans l'Église ? Peut-être deux, les musulmans.
Nous devons nous rendre compte que nos frères et sœurs catholiques et
protestants préparent la voie. Cela les fait parfois grimper au mur de
voir qu'ils préparent la voie et que nous arrivons ensuite. J'ai des amis
évangéliques qui ont des ministères en Amérique du Sud. Ils envoient des
équipes de missionnaires remonter l'Amazone, ils trouvent une tribu isolée,
ils apprennent la langue, ils traduisent la Bible dans cette langue, les
convertissent au christianisme et ensuite, qui apparaît ? Les
missionnaires mormons ou les témoins de Jéhovah pour finir le travail ; et
ils trouvent que ce n’est pas juste.
Mais nous affirmons que le mormonisme a quelque chose de plus ; c'était
précisément ce que j’essayais de faire comprendre aux missionnaires de la
mission de Jackson. Qu’effectivement, vous rencontrez des gens qui
connaissent le Sauveur et qui le connaissent bien, peut-être mieux que
vous et l’Esprit inonde véritablement leur vie. Nous ne devons jamais, de
quelque façon que ce soit, leur donner à entendre que ce n'est pas une
véritable expérience religieuse. C’en est une. Je l’ai eue. Mais nous leur
offrons plus.
Donc au cours de cette période de 100 à 1820, le Seigneur préparait la
voie au Rétablissement et si vous regardez la situation du monde à
l’époque du Rétablissement, vous n’aurez aucun mal à comprendre qu’il
fallait qu’il y ait un endroit très spécial pour que ceci se produise. Si
vous regardez l'Europe, elle était dominée par des églises d'État et les
groupes dissidents des années 1700s et 1800 et avant étaient violemment
persécutés. Si vous voulez une histoire de persécutions, voyez tout
simplement l'histoire des méthodistes d’Angleterre au début des années
1800 quand ils étaient considérés par certains comme dissidents de
l'Église épiscopalienne ou de l'Église anglicane. L'Angleterre n'était pas
le seul pays ; toute l'Europe était dominée par des églises d'État où
l'État et l'Église faisaient cause commune.
Le Rétablissement ne pouvait pas se produire dans un environnement qui
n'était pas essentiellement pluraliste. Il ne pouvait pas se produire dans
des pays non-chrétiens, parce que personne ne rechercherait quoi que ce
soit. Nous devons nous rendre compte que le Rétablissement a eu lieu dans
ce pays dans un contexte qui le rendait possible.
Au début des années 1800, nous commençons à voir un mouvement dans le sens
d’un rétablissement balayer le pays, depuis la Nouvelle-Angleterre en
descendant jusque dans les Virginies et puis vers l’ouest à travers le
Kentucky et en remontant vers l'Ohio et la Pennsylvanie et ainsi de suite
; des gens qui recherchaient quelque chose qu’ils voyaient dans le Nouveau
Testament et qu'ils ne pouvaient pas trouver dans leur église. Et si
Sidney Rigdon, Oliver Cowdery et d'autres sont entrés dans l’Église, c’est
parce qu’ils étaient à la recherche d’un rétablissement du christianisme
du Nouveau Testament. La question n'était pas de savoir s'il devait y
avoir un rétablissement. La question était : « Est-ce ceci ? » Et Sidney a
eu le sentiment que c’était le cas et a amené un certain nombre de ses
disciples campbellites.
Il fallait donc qu’un pays soit préparé. 1776 est une date capitale dans
l'histoire de l’Église, parce que c'est la déclaration d'indépendance ;
ensuite il y a eu la Constitution, qui dit en gros pour la première fois
que le pluralisme religieux doit faire partie intégrante de la vie humaine,
que nous ne devons pas tous être les mêmes. Je vous l’accorde, étant donné
notre histoire, c'était sur papier, ce n'était pas nécessairement dans la
réalité des choses. Il n’empêche que le pluralisme même qui existe dans ce
pays est ce qui nous permet d'exister et a permis au Rétablissement de se
produire parce qu'il y avait la liberté religieuse.
Et puis en 1820, nous avons la Première Vision et puis nous commençons à
voir le Seigneur agir dans ce pays. Et il y a un passage dans les Doctrine
et Alliances que Robert Millet et moi avons tous deux utilisé dans nos
déplacements et notre enseignement et ce passage-là, la première fois que
vous le lisez en étant attentif à l’action de Dieu à l’extérieur de
l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, il vous sidère.
C'est D&A 10, en commençant par le verset 52 :
« Or, voici, selon la foi qu'ils ont mise dans leurs prières, je ferai
connaître cette partie de mon Évangile à mon peuple. Voici, je ne la fais
pas connaître pour détruire ce qu'ils ont reçu, mais pour l'édifier. C'est pour cette raison que j'ai dit: Si cette génération ne s'endurcit
pas le cœur, j'établirai mon Église parmi elle. Or, je ne dis pas cela pour détruire mon Église, mais je le dis pour
édifier mon Église [2]. »
Quelle Église ? Nous sommes en 1828, mes amis, de quelle Église peut-il
bien parler quand il dit qu’il va l’édifier ? Ce n'est pas l'Église de
Jésus-Christ qui n’est pas encore organisée ; c'est l'Église du Christ qui
est déjà présente sur la terre, qui a préparé la voie pour la plénitude de
l'Évangile.
Et ainsi, quand nous parlons d'apostasie, nous ne pouvons pas mettre des
étiquettes ou des marques qui sont de nature à diminuer le pouvoir et
l'expérience spirituels de nos frères et sœurs d'autres traditions, car
ils font partie du plan de Dieu. Ils préparent la voie pour la plénitude
que nous offrons. Mais ils font partie du plan de Dieu, parfaitement.
L’étape suivante se produit en 1829. Avant que le Livre de Mormon ne soit
terminé, qu’est-ce que les trois témoins sont appelés à faire ? Trouver
les Douze. En 1829, avant même que le Livre de Mormon soit fini, et alors
nous commençons à voir le rétablissement de l'autorité de la Prêtrise
d'Aaron et un peu plus tard, celui de la Prêtrise de Melchisédek.
Nous n’aurons cependant de collège officiel de douze apôtres et un de
soixante-dix qu’en 1835. Comment concilier ceci avec le fait que j’ai dit
tout à l’heure que, sans Collège des Douze, il n’y a aucune autorité sur
la terre ? Je crois que pendant ces quelques premières années que le
Collège des Douze était le collège dirigé par Pierre, Jacques et Jean dans
les cieux, mais que l'autorité pour administrer les ordonnances
salvatrices de l'Évangile a été officiellement transmise à ces groupes
officiels des Douze et des Soixante-dix en 1835 ; et depuis lors il ne
peut y avoir aucune autorité sur la terre pour administrer les ordonnances
salvatrices sans Collège des Douze.
Vous remarquerez que j’ai dit que ce que le Seigneur a fait au midi des
temps a été de créer un modèle. C'était un modèle qui nous montrait à quoi
ressemblerait l'Église. C'était un modèle avec des Douze et des
Soixante-dix.
En 1835, nous voyons cela entièrement reproduit dans l'Église de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours. Il y a quelques autres traditions
chrétiennes qui ont un Collège des Douze, mais je n’en connais aucune qui
soit guidée par un Collège de Douze et un de Soixante-dix. Nous voyons
ainsi que ce qui a été perdu dans l'apostasie, l’autorité d’administrer
les ordonnances salvatrices de l'Évangile, revient maintenant à un moment
où l'Église peut être ce que Dieu veut que nous soyons.
À votre avis, à combien de personnes la Première Présidence
s’adresse-t-elle lors des conférences générales ou aux sessions de
formation de la prêtrise ? Elles couvrent la surface de la terre, n’est-ce
pas ? Les personnes peuvent littéralement être guidées par la voix du
prophète du Seigneur. Cela aurait-il pu se produire au midi des temps ?
Cela aurait-il pu se produire au début de l'ère apostolique ? Non. Les
moyens de transport et de communication ne le permettaient tout simplement
pas. Si la tradition est exacte, qui dit que Thomas est allé en Inde et y
est mort; il n'avait aucun moyen d'envoyer un câble à Rome pour dire :
Dites, les gars, vous auriez intérêt à reconstituer le collège : Je
commence à faiblir ici. Le Collège des Douze a disparu par suite des décès,
de causes naturelles, des persécutions, que sais-je.
Mais maintenant, combien de temps après la mort de Joseph a-t-il fallu
pour rassembler le Collège des Douze ? En un mois environ, ils étaient
tous de retour et ensemble. Et quand vous y pensez, regardez ce qui s'est
produit depuis lors en matière de transport et de communication.
En 1838, Morse envoyait son premier message à l’aide d’un fil. Déjà du
temps de Joseph Smith, des bateaux à vapeur parcouraient les eaux des
Grands Lacs. Si on allait de New York à Albany, on le faisait en train et
regardez l’explosion qui s’est produite depuis ce temps-là dans le domaine
du transport et de la communication.
Supposez que quelque chose aille de travers dans l'Église quelque part
dans le monde, combien de temps faut-il pour y envoyer une Autorité
générale pour mettre de l’ordre dans le chaos ? Vingt-quatre heures
peut-être ?
Quand les missionnaires catholiques sont allés en Amérique dans les années
1500, ils y sont allés munis d’instructions sur ce qu'ils devaient faire.
Ils ont fait de leur mieux, mais ils n’ont plus eu aucune nouvelle
d’aucune autorité centrale et il ne faut pas s’étonner, quand on regarde
le catholicisme en Amérique du Sud, de voir un catholicisme mélangé de
traditions et de religions indigènes parce qu'il n'y avait aucune autorité
centrale pour guider ces prêtres dans la façon de faire les choses et ce
qu’ils avaient à faire. Ils ont fait ce qu’ils pouvaient.
Que pensez-vous qu’il se produirait si nous isolions Tooele de l'Église
pendant une décennie ? À quoi l'Église y ressemblerait-elle, à votre avis
? Je pense que cela pourrait être très intéressant. C'est pour cela que
ceci est la dispensation de l'Église dans les derniers jours. C'est comme
cela que le Seigneur voulait que l'Église soit, parce que maintenant elle
est guidée par une seule voix et nous avons la promesse qu'elle ne
disparaîtra jamais de la surface de la terre jusqu'au retour de Seigneur.
Mais sans les miracles modernes du transport et de la communication, nous
connaîtrions le destin de l’Église primitive.
Alors, qu’est-ce que l’apostasie ? C'est en premier lieu la perte de
l'autorité. Oui, avec elle, il y a des choses qui disparaissent,
particulièrement celles qui étaient probablement trop sacrées pour être
mises par écrit – comme les cérémonies de temple peut-être. Mais
l'Évangile a été préservé pour qu'il puisse y avoir un rétablissement dans
cette terre choisie.
Ceci dit, qu’en est-il des autres traditions ? Je voudrais vous lire
quelques citations. Celle-ci se trouve à la première page de mon cours sur
les religions du monde à BYU. Elle est de Brigham Young :
« Pour moi, le plan de salut doit… englober la connaissance qui se trouve
sur la face de la terre, sinon il n'est pas de Dieu. Un tel plan contient
tous les systèmes de vraie doctrine de la terre, qu'ils soient
ecclésiastiques, moraux, philosophiques ou civils, il renferme toutes les
bonnes lois qui ont été faites de l'époque d'Adam jusqu'à présent; il
absorbe les lois des nations, car il les dépasse toutes en connaissance
et en pureté; il englobe les doctrines du jour, prend à gauche et à droite,
réunit toutes les vérités en un seul système, et laisse là la balle qui
sera dispersée çà et là [3]. »
Qu'entendez-vous Brigham dire ici ? Je l'entends dire que partout où je
trouve la vérité, que ce soit dans la physique ou l’hindouisme ou le
bouddhisme, peu importe, partout où se trouve la vérité je touche à quoi ?
Je touche à l'Évangile. Pas nécessairement dans sa plénitude, mais tout ce
qui est vrai fait partie de l'Évangile de Jésus-Christ et où que je le
trouve je devrais me réjouir et être heureux que ce soit là, car la vérité
enrichit la vie humaine.
Ou… voyons cette citation-ci. Elle est d’Orson F. Whitney, le président
Hunter la cite dans un discours prononcé en conférence générale en 1991 :
« Dans un discours de conférence, Orson F. Whitney a expliqué que beaucoup
de grands dirigeants religieux ont été inspirés. Il a dit : ‘[Dieu]
n’utilise pas seulement son peuple de l'alliance, mais aussi d'autres gens
pour accomplir une œuvre prodigieuse, magnifique et en même temps trop
ardue pour qu’une petite poignée de saints suffise pour l’accomplir… ‘Au fil des siècles, des détenteurs de l'autorité de la sainte prêtrise
– patriarches, prophètes, apôtres et autres – ont officié au nom du
Seigneur en accomplissant ce qui était requis d’eux ; en dehors du cercle
de leurs activités, d'autres hommes, bons et grands, ne détenant pas la
prêtrise, mais d’une profondeur de pensée d’une grande sagesse et désireux
d’édifier leurs semblables, ont été envoyés par le Tout-Puissant dans de
nombreuses nations pour leur donner, non pas la plénitude de l'Évangile,
mais la part de vérité qu'elles pouvaient recevoir et utiliser avec
sagesse. » (Dans Conference Report, avril 1921, pp. 32-33.) [4]
Qui sont ces gens ? Mahomet, Siddhartha Gautama, le Bouddha ; Confucius,
Lao-tseu, Baha'ullah ; ce sont là des messagers du Seigneur si je lis bien
ce qu'Orson F. Whitney dit. Ou essayez celle-ci, vous devez bien la
connaître :
« Car voici, ainsi dit le Seigneur Dieu: Je donnerai aux enfants des
hommes ligne sur ligne, précepte sur précepte, un peu ici et un peu là… »
Nous savons tous que c’est comme cela que nous progressons, mais vous
est-il jamais venu à l’esprit que c’est de cette façon que chaque être
humain progresse ?
« … et bénis sont ceux qui écoutent mes préceptes et prêtent l'oreille à
mes recommandations, car ils apprendront la sagesse; car à celui qui
reçoit, je donnerai davantage; et à ceux qui diront: Nous avons assez, on
ôtera même ce qu'ils ont [5]. »
« Car je commande à tous les hommes, à la fois à l'est et à l'ouest, et au
nord et au sud, et dans les îles de la mer… »
Ce qui, je pense, ne laisse personne de côté, ni homme ni femme.
« … qu'ils écrivent les paroles que je leur dis; car c'est d'après les
livres qui seront écrits que je jugerai le monde, chacun selon ses œuvres,
selon ce qui est écrit. Car voici, je parlerai aux Juifs, et ils
l'écriront… »
Qu’est-ce que c’est ? La Bible.
« … et je parlerai aussi aux Néphites, et ils l'écriront… »
Le Livre de Mormon.
« … et je parlerai aussi aux autres tribus de la maison d'Israël, que j'ai
emmenées, et elles l'écriront… »
Qu'est-ce que c'est ? Ce sont toutes les autres Écritures dont nous allons
avoir besoin en temps voulu et alors nous les recevrons: Et ceci :
« … et je parlerai aussi à toutes les nations de la terre, et elles
l'écriront [6]. »
Qu'est-ce que c'est ? Les Védas, le Bhagavad-gita, le Tripitika, les
Analectes, le Coran ; personne ne sera jugé en fonction de ce qu'il n'a
pas reçu, mais Dieu ne laisse pas ses enfants seuls. Il les guide pour les
préparer ; et peut-être que mon voisin bouddhiste travaille à sa
spiritualité et que mon voisin musulman travaille à des questions de
morale et moi, je travaille à être un serviteur parce que j'étais de toute
évidence tellement égoïste dans la vie pré-mortelle que j'ai dû devenir un
saint des derniers jours.
Je voudrais encore lire cette citation :
« Dans nos humbles efforts pour créer une fraternité et enseigner la
vérité révélée, nous disons aux habitants du monde ce que le président
George Albert Smith a suggéré avec tant d’amour : « Nous ne sommes pas
venus pour vous enlever la vérité ni la vertu que vous possédez. Nous ne
sommes pas venus pour vous critiquer. Nous ne sommes pas venus ici pour
vous réprimander pour des choses que vous n'avez pas faites ; mais nous
sommes venus ici en tant que vos frères… et pour vous dire : « Conservez
tout ce que vous avez de bon et permettez-nous de vous apporter encore de
bonnes choses pour que vous soyez plus heureux et pour que vous soyez
prêts à entrer en la présence de notre Père céleste. » [Sharing the Gospel
with Others, compilé par Preston Nibley, Salt Lake City, Deseret News
Press, 1948, pp. 12-13.]
« Notre religion ne s’éteindra jamais. Elle est fondée sur la vérité
éternelle et salvatrice. Son message d'amour et de fraternité se trouve
dans les Écritures et dans les révélations que le Seigneur donne à son
prophète vivant. Elle embrasse toute la vérité. Elle englobe toute la
sagesse : tout ce que Dieu a révélé aux hommes et tout ce qu’il révélera
encore. De cette révélation éternelle, je témoigne au nom de Jésus-Christ
[7]. »
Mon témoignage, à moi, ce serait que le « plus » apporté par le mormonisme,
le plus qui édifie sur ces autres traditions et y ajoute, c’est l'autorité
de la prêtrise de Dieu qui ne peut être trouvée qu’ici et je vous le dis
au nom de Jésus-Christ, amen.
NOTES
[1] Introduction du Livre de Mormon. L’expression « comme la Bible » se
trouve dans l’édition anglaise de 1981. Nous ne savons pas pourquoi elle
n’apparaît pas dans l’édition française (NdT).
[2] D&A 10:52-54.
[3] Brigham Young, Discours de Brigham Young, p. 4, tel qu’affiché sur
Idumea.
[4] Howard W. Hunter, « L’Évangile, foi globale », L’Étoile, janvier 1992,
p. 21.
[5] 2 Néphi 28:30.
[6] 2 Néphi 29:11-12.
[7] Howard W. Hunter, « L’Évangile, foi globale », L’Étoile, janvier 1992,
p. 21.
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