Contrairement à ce que prétendent daucuns, nous ne
vouons aucun culte à Joseph Smith, le prophète. Mais nous le respectons en tant que
prophète de Dieu et pour le fait quil a été linstrument choisi pour le
rétablissement de lÉvangile. Comme tout homme, il a été perçu différemment par
les uns et par les autres. Portrait.
Joseph Smith, l'homme : Quelques réflexions
sur un sujet controversé
par Marvin S. Hill [1]
© BYUStudies, 1981, vol. 21, n°2
Une des choses que l'historien apprend quand il commence à fouiller en profondeur dans
les sources historiques, cest que les grands hommes du passé ont toujours fait
lobjet de violentes controverses. Ils ont eu leurs défenseurs, mais ils ont aussi
eu leurs détracteurs.
Dans les années 1790, un héros célèbre de l'ère révolutionnaire américaine
écrivait à un autre : « Quant à vous, Monsieur, le monde aura lembarras de
décider si vous êtes un apostat ou un imposteur, si vous avez abandonné les bons
principes ou si vous en avez jamais eu [2]. Lauteur de cette vitupération était
Thomas Paine, dont la plupart des historiens considèrent que le pamphlet Common Sense a
été ce qui a amené les Américains à exiger leur indépendance de la Grande-Bretagne
en 1776 ; le destinataire de cette lettre au vitriol était George Washington. Selon un
autre partisan politique des années 1790, un dirigeant du parti dopposition était
coupable de « l'esprit le plus ambitieux, l'orgueil et larrogance les plus
présomptueux, de sorte que les apparences extérieures de pure démocratie ne constituent
quun voile dérisoire jeté sur les manifestations internes de faste, de sensualité
et dépicurisme aristocratiques [3]. » Ici, le diffamateur était un ami
d'Alexander Hamilton ; la personne ainsi dénoncée était Thomas Jefferson, le champion
de la démocratie américaine. Un autre Américain qui fut extrêmement controversé
pendant ses années à la fonction publique fut fustigé comme « illettré, grossier et
vulgaire », comme « meneur démeutiers, fomenteur de haine contre les Sudistes,
fou et chimpanzé ». Cet homme déprécié était Abraham Lincoln [4].
Comme d'autres grands Américains, le prophète Joseph Smith n'était pas à labri
de ce genre de dénigrements. Il avait des amis qui parlaient de lui en bien et il avait
des détracteurs qui étaient souvent aigris. Cela a donné des désaccords profonds sur
sa réputation et sa personnalité. Si nous envisageons des points tels que son aspect
personnel, la première impression qu'il faisait sur les autres, sa façon de traiter les
gens, ses aptitudes linguistiques et oratoires et son intégrité financière, nous
trouvons beaucoup de contradictions parmi ses connaissances. Je voudrais passer en revue
quelques-uns de ces points de vue opposés, en examiner quelques raisons et proposer
ensuite certaines façons dont l'historien peut traiter le désaccord. Je voudrais, enfin,
exprimer ce qui a été, je pense, une attitude sage des premiers saints vis-à-vis du
côté humain de Joseph Smith.
Pendant sa vie, le prophète a évolué du garçon de ferme pauvre quil était à
Palmyra (New York), pour devenir le dirigeant d'une grande et influente église. Quand
nous examinons laspect quil avait au début, nous devons garder à l'esprit sa
pauvreté. Un de ceux qui l'ont connu dans sa jeunesse, cétait Daniel Hendrix, qui
travaillait dans un magasin à Palmyra et qui dit que Joseph sy rendait presque
quotidiennement. Il le décrit comme « le type le plus loqueteux de l'endroit et ce
nest pas peu dire. »
David Hendrix dit que Joseph
«
avait environ vingt-cinq ans, je peux encore le voir maintenant, dans mon
souvenir, avec son pantalon déchiré et rapiécé qui lui tenait à laide
dune paire de bretelles faites de morceaux de drap de lit, avec sa chemise de coton
sale et noire comme de la terre et ses cheveux hirsutes passant par les trous de son vieux
chapeau cabossé. En hiver, javais pitié de lui, parce que ses chaussures étaient
tellement usées qu'il devait souffrir dans la neige et la gadoue [5]. »
Pomeroy Tucker, rédacteur d'un journal local, le Wayne Sentinel, dit quà Palmyra
on se souvenait de Joseph quand il avait entre douze et vingt ans comme dun « jeune
au regard terne et aux cheveux blond filasse [6] ». Isaac Hale, le beau-père de Joseph,
le décrit en 1825 comme un « jeune homme non soigné [7] ».
Il est difficile de trouver, au cours de cette période, une description de Joseph par ses
nombreux amis. Celles qui existent ne fournissent pas tous détails que nous voudrions. La
description de Parley P. Pratt en est un bon exemple. Il dit quen 1830, « le
président Joseph Smith était grand et bien bâti de sa personne, fort et actif, avait le
teint clair, les cheveux blonds, les yeux bleus, très peu de barbe et une expression qui
lui était propre, qui accrochait tout naturellement le regard [8]. » Il ne parle pas de
l'habillement de Joseph, des détails qui auraient été utiles pour évaluer ce que David
Hendrix disait.
Si nous étudions l'aspect de Joseph plus tard dans la vie, nous trouvons des divergences
constantes. Charles Francis Adams, qui sera plus tard ministre américain auprès de la
Grande-Bretagne pendant la guerre de Sécession, dit que quand il le rencontra en 1844,
Joseph « portait un costume de compagnon charpentier quand il était au travail.
Cétait un garçon chaleureux, daspect athlétique, avec des yeux bleus
tranchant sur son teint clair, un long nez et un front fuyant. Il portait un pantalon
rayé et une veste de toile qui n'avait pas récemment vu la bassine et une barbe de trois
jours [9]. »
Mais Bathsheba Smith, membre de l'Église, avait un meilleur souvenir de Joseph : « Le
prophète était un bel homme il avait lair splendide, un homme costaud,
grand, aux cheveux châtain clair. Il avait un très beau teint, les yeux étaient bleus,
et les cheveux dun brun doré et très beaux [10]. »
Si nous examinons le genre de première impression que Joseph faisait, nous retrouvons une
fois de plus des versions contradictoires. Orlando Saunders, qui habitait Palmyra dans son
enfance et avait travaillé avec Joseph à la ferme des Smith, disait que Joseph était un
bon ouvrier mais un « greeny, costaud et fort [11] ». Par « greeny », il
entendait un être fruste, gauche et un peu attardé. Quelquun qui étudiait
l'Église était du même avis, disant quil perdit tout intérêt pour l'Église
après avoir découvert que Joseph « nétait pas aussi impressionnant que je
my attendais. Il avait lair fruste et pas très intelligent. Jai été
déçu et je suis rentré chez moi [12]. » D'autre part, Jonathan Crosby, qui devint
membre de lÉglise, trouvait la simplicité de Joseph rafraîchissante. Il dit : «
Jai dabord pensé que cétait un drôle dhomme pour un prophète,
il n'avait pas exactement lapparence que je mattendais à trouver chez un
prophète de Dieu
J'ai trouvé que cétait un homme amical, agréable,
plaisant et gai. Je ne pouvais pas mempêcher de le trouver sympathique [13]. »
Nancy Towles, qui rencontra Joseph juste après son déménagement à Kirtland, dit qu'il
était « un garçon des champs ignorant, un type bon-enfant et sans éducation [14] ».
Mais Newel Knight, qui était l'ami de Joseph et son converti au comté de Chenango (New
York), dit que dès le début, Joseph avait fait une bonne impression sur les Knight. Il
travaillait dur et, dit Newel : « Je n'ai jamais vu quelquun prendre le dessus sur
lui, pourtant il était toujours gentil et conservait la bonne volonté de ses amis [15].
»
Cependant, certains non-mormons estimaient que Joseph avait mauvais caractère. Michael
Morse, qui devint plus tard lun de ses beaux-frères, disait se rappeler que quand
Joseph fréquentait Emma, certains des frères de la jeune fille étaient mal disposés à
son égard « et trouvaient des occasions de lénerver et de le vexer ».
Finalement, Joseph en avait eu assez et « ôta son veston et proposa de se défendre [16]
».
Luke Johnson, un membre de l'Église, dit que quand un certain homme qui avait grandi avec
Joseph arriva à Kirtland comme pasteur d'une autre confession, il se conduisit de
manière impolie. Après avoir passé la nuit chez le prophète, il traita Joseph «
dhypocrite et dimposteur ». Luke Johnson raconte que Joseph « couvrit les
oreilles du pasteur de ses deux mains et le jeta dehors dun coup de pied [17] ».
Peter H. Burnett, qui était l'avocat de Joseph au Missouri, et qui fut plus tard
gouverneur de Californie, dit quil assista à une réunion au cours de laquelle un
certain John McDaniel déclara publiquement qu'il ne croyait pas en la capacité de Joseph
de prophétiser. Le lendemain, un sabbat, quand Joseph se leva, il était en fureur et dit
que « personne ne pouvait le calomnier de cette façon, et que si les frères présents
ne faisaient pas quelque chose à ce sujet, il le ferait [18]. »
Mais par contre, il y en avait qui avaient une perception tout à fait différente. Daniel
Tyler, un membre, raconte quun jour, à Kirtland, William Smith, frère de Joseph,
et certains autres contestèrent ouvertement la direction de l'Église par le prophète et
la température monta. Joseph convoqua une réunion spéciale quil ouvrit par une
prière, les joues baignées de larmes. Le dos tourné pour quon voie moins son
chagrin, Joseph pria. Daniel Tyler écrit :
« J'avais entendu des hommes et des femmes prier - particulièrement les premiers -
depuis les plus ignorants quant aux lettres et à l'intellect, jusquaux plus
instruits et aux plus éloquents, mais jamais jusque-là, je navais entendu un homme
s'adresser à son Créateur comme s'il était présent, en train découter comme un
Père aimant écouterait les souffrances d'un enfant obéissant. [La prière] était en
faveur de ceux qui l'accusaient de s'être égaré et dêtre tombé dans le péché,
afin que le Seigneur leur pardonne et leur ouvre les yeux afin qu'ils voient juste
Il n'y avait aucune ostentation, aucun élévation de la voix sous leffet de
lenthousiasme, mais un ton de conversation tout simple, comme un homme s'adresserait
à un ami présent
C'était le couronnement de toutes les prières que j'avais
jamais entendues [19]. »
Certains non-membres trouvaient que dans sa façon de traiter les autres, Joseph était
brusque, voire grossier. William A. West, en visite à Kirtland, dit quil se rendait
un jour vers le temple et vit Joseph parler avec plusieurs des frères. Ils parlaient «
banque, argent, moulins à vapeur et ainsi de suite, et le prophète était très occupé
». West dit que Joseph finit par se détacher du groupe, mais qualors un autre
homme le rattrapa et demanda à lui parler encore quelques instants. Contrarié, Joseph
sexclama : « Ô Dieu, ce que je voudrais être enlevé » et séloigna en
maugréant que « tout le monde voulait parler avec lui rien quune minute [20] ».
Lors d'une réunion en plein air à Nauvoo, Joseph sénerva lorsque l'assemblée se
laissa distraire par un vol d'oies pendant qu'il faisait son discours. Il arrêta son
sermon et quitta la chaire en disant : « Si les jacasseries des oies vous intéressent
plus que ce que je dis, tant pis ! [21] »
Il y a plusieurs histoires qui donnent une perception totalement différente de Joseph.
Emma a rappelé à son fils, Joseph III, combien de fois les anciens allaient trouver le
prophète et combien il aimait leur compagnie. Elle lui dit : « Joseph
Je ne pense
pas que tu pourrais en faire beaucoup plus au jardin que ton père et je n'ai jamais voulu
qu'il aille travailler au jardin, car s'il le faisait, il ne fallait pas quinze minutes
pour que trois ou quatre hommes, parfois une douzaine, lentourent et ils
piétinaient le sol plus vite quil ne le houait [22]. »
Jane S. Richards précise que Joseph « sintéressait personnellement à tout son
peuple [23] ». On raconte une anecdote qui semble venir à lappui de ceci à propos
de ses derniers jours à Nauvoo. Pendant une forte pluie, certains membres de la Légion
de Nauvoo avaient été dehors en patrouille toute la nuit à la recherche
démeutiers qui menaçaient la ville. Quand ses hommes rentrèrent à l'aube, les
pieds endoloris et fatigués, Joseph les attendait et commença à les interroger sur leur
travail. Après un moment il remarqua qu'un des hommes avait saigné sur un tronc sur
lequel ils étaient assis et constata que les chaussures de l'homme étaient en lambeaux
et quil avait de vilaines entailles aux pieds. En regardant mieux, il vit que
d'autres étaient dans le même état. Il invita immédiatement les hommes dans son
magasin pour leur donner une nouvelle paire de chaussures. Quand le magasinier lui dit il
n'y avait plus de chaussures mais seulement des bottes coûteuses, Joseph dit : «
Donnez-leur des bottes alors [24]. »
Une autre anecdote va dans ce sens. Tandis que Joseph conversait avec certains des
frères, près de sa maison à Nauvoo, un homme sapprocha et dit que sa maison
venait dêtre incendiée par des émeutiers. Joseph sortit cinq dollars, regarda les
autres hommes et dit : « Je me sens désolé pour ce frère à concurrence de cinq
dollars ; pour combien vous sentez-vous désolés ? [25] »
Non seulement certains des détracteurs du prophète ont dit que Joseph était grossier
vis-à-vis des étrangers, ils ont même affirmé qu'il était méprisant à légard
de son père. Isaac Hale dit que Joseph était « très impertinent et insolent envers son
père [26] ». Pourtant une histoire racontée par Joseph Knight, un des premiers membres
de lÉglise, montre quil y avait des liens d'amour entre Joseph et son père.
Quand le prophète vit Martin Harris et Joseph Smith, père, baptisés, il fut presque
accablé par lémotion. Joseph Knight raconte : « Joseph était rempli à un haut
degré de lesprit de voir son père et M. Harris, qui avait tant été avec lui,
baptisés. Il éclata de joie et sembla vouloir sortir de la vue de tout le monde pour
sangloter et pleurer et après un moment il rentra, mais je nai jamais vu un homme
aussi bouleversé que lui [27]. »
L'auteur de History of Wayne County, New York, dit quil avait entendu dire que
Joseph était taciturne si on ne lui parlait pas [28]. Par contre, Daniel Hendrix se
rappelle que Joseph avait « un air jovial, détendu et insouciant qui lui valait beaucoup
damis ». Hendrix dit : « Il parlait bien et aurait fait un bon orateur électoral,
s'il en avait eu la formation [29]. » Peter H. Burnett dit que dans la « conversation il
était lent et utilisait trop de mots pour exprimer ses idées, et n'allait généralement
pas directement au fait. » Burnett affirme que Joseph était « un orateur maladroit mais
véhément [30] ». Pourtant Christopher Crary, un non-mormon, dit : « Son langage, dans
la mesure où je suis qualifié pour en juger, était correct, énergique, et dans le
sujet et convaincant [31]. » Wandle Mace dit que le prophète était « très
intéressant et éloquent [32] », tandis que Job Smith disait qu'il était « puissant
dans les invectives et sarcastique à loccasion [33]. »
Un ecclésiastique universaliste qui rencontra Joseph se plaignit qu'il détestait «
lair fanfaron et vantard » du prophète [34]. Mais David Whitmer, grand ami du
prophète, dit que quand il le rencontra pour la première fois, Joseph « était un homme
très humble [35] ».
Il y a une autre contradiction entre l'historien du comté de Wayne qui disait que «
lon navait jamais vu rire » Joseph [36] et le membre du Congrès Elisha
Potter, qui déclara que le prophète avait « lesprit vif [37] ». Il y en a une
autre encore entre Benjamin F. Johnson, qui disait que personne navait jamais commis
de plus grandes erreurs dans le choix de ses associés que Joseph [38] et Peter H.
Burnett, pour qui Joseph savait juger les hommes [39].
Sam Brown, un habitant de Kirtland, affirme que vers la fin du séjour des mormons à
Kirtland, il nétait plus disposé à prêter encore de l'argent à Joseph de peur
de ne pas le récupérer [40]. De son côté, Christopher Crary dit que Joseph était
toujours scrupuleusement honnête à payer ce quil devait à Crary [41]. Pendant
quil était temporairement brouillé avec le prophète après la faillite de la
Safety Society Bank de Kirtland, l'apôtre Parley P. Pratt accusa Joseph de faire payer «
des prix exorbitants » pour trois terrains [42]. Par contre, David Osborne dit quen
une autre occasion, Joseph fut très irrité contre certains des frères riches qui
avaient acheté bon marché des terres au gouvernement et les avaient revendues pour un
prix élevé en petits lots aux pauvres. Il dit que Joseph était mécontent dune
telle conduite [43]. Quel que soit le sujet abordé concernant Joseph Smith, on peut
trouver des témoignages contradictoires.
Au vu de toutes ces contradictions concernant le prophète, comment l'historien sy
prend-il pour trouver la vérité ? Comment séparer le vrai du faux ? Commençons par
examiner la question de l'aspect physique de Joseph et de la première impression qu'il
faisait aux gens. Quand nous essayons d'évaluer les réflexions de Daniel Hendrix sur la
pauvreté de laspect de Joseph, nous devons garder plusieurs choses à l'esprit.
Daniel Hendrix avait quatre-vingt-sept ans quand il fut interviewé sur ses souvenirs de
Joseph Smith et il est difficile de déterminer la précision de sa mémoire. Il dit que
Joseph était habituellement habillé de vieux vêtements en lambeaux. Ceci semble
possible ces années-là, parce que nous savons que la famille Smith passait par des
moments financièrement difficiles [44]. Toutefois, dun autre côté, certaines des
choses que Hendrix dit ne sont pas confirmées par d'autres faits qui sont fermement
établis. Il dit que Joseph était paresseux, mais ceci est contredit par d'autres
témoignages de la période où Joseph était à Palmyra ; il est également contredit par
beaucoup d'éléments directs provenant d'une période postérieure [45]. En conséquence,
on doit faire attention avec un récit comme celui de Hendrix, écrit à un moment où il
était bien vu de dire des choses peu flatteuses sur Joseph Smith.
Il est significatif, je pense, que quand Parley P. Pratt décrit Joseph en 1830, il ne dit
rien sur ce que Joseph portait, mais parle de sa taille, de son teint et de sa
personnalité. Quand il nous dit que Joseph était une personne sur laquelle ses yeux se
posaient avec intérêt, ce quil nous dit, cest quil réagissait
positivement à Joseph et qu'il était plus intéressé par son caractère et sa
personnalité que par son aspect extérieur. Ceci semblerait être caractéristique chez
un de ses partisans. Bathsheba Smith, membre de l'Église, se souvient que les cheveux de
Joseph étaient « beaux », mais ne dit rien au sujet de son habillement. On pourrait
déduire de ce silence que l'habillement de Joseph n'avait rien de spécial aux yeux de
Bathsheba. Quand il considère Joseph comme plutôt négligent dans son aspect personnel,
Charles Francis Adams le juge probablement en fonction de ce qui se portait parmi l'élite
de Boston, pas en fonction de ce qui se portait dans lOuest.
Quand on en vient à la façon dont Joseph traitait les autres, les éléments négatifs
avancés semblent souvent tendancieux. Isaac Hale se souvient que Joseph nétait pas
gentil avec son père. Mais on doit se poser la question : Combien de fois Isaac Hale
avait-il vu Joseph avec son père ? Cela na pas pu être souvent. Lucy Mack Smith ne
signale que deux occasions où Joseph et son père étaient ensemble à Harmony
(Pennsylvanie) [46]. Isaac Hale a donc pu généraliser sur la base de quelques brèves
rencontres. Les autres éléments dont nous disposons donnent fortement à penser que
pendant la majeure partie de sa vie, Joseph sest coupé en deux pour prendre soin de
son père, quil l'aimait profondément. S'il y a eu un conflit temporaire entre eux
en 1825, quand Isaac Hale les a connus, il n'y a aucune indication qu'il ait continué. Le
but d'Isaac Hale quand il écrivit sa déclaration sous serment pour Hurlbut en 1833
était de discréditer Joseph. Il était fâché au sujet du mormonisme en général et
parce que Joseph était parti avec sa fille. Par conséquent on ne peut pas prendre ce
quil dit pour argent comptant.
Nous en savons cependant assez daprès ce quen ont dit les amis de Joseph et
de par ce que le Prophète lui-même a reconnu, pour comprendre quil était
effectivement sujet à des accès de colère. Benjamin F. Johnson, un de ses amis les plus
intimes, dit que Joseph « ne tolérait aucune arrogance, aucune trop grande liberté ; et
les critiques, même par ses associés, étaient rarement acceptables ; et les
contradictions éveillaient immédiatement en lui le lion [47]. » Nous savons par les
comptes rendus de journaux et les registres de tribunaux que Joseph participa à plus d'un
pugilat. Il y a cependant dabondantes indications quil fallait quil soit
provoqué par des insultes directes pour avoir recours à la violence. Il ne faut pas
oublier quil était courant, à cette époque de l'histoire américaine, de régler
les différends entre personnes par des affrontements, voire même des duels. Andrew
Jackson, Henry Clay et le sénateur Thomas Hart Benton, pour nen citer que trois,
participèrent à des duels pour défendre leur honneur ou leur image publique [48].
Maints prédicateurs de frontière se lançaient dans des rixes quand ils se faisaient
chahuter par des gens dans lassistance. C'était, par rapport à ce qui se fait
aujourdhui, une époque rude. Quant à Joseph, nous savons qu'il ne prenait pas
plaisir à se battre, que cela lui faisait éprouver des remords profonds. Il dit un jour
à Allen Stout à Nauvoo qu'il avait parfois été trop querelleur, que « dans sa
jeunesse il avait appris à se battre très à contre-cur » et que « chaque fois
qu'il mettait la main avec colère sur un de ses semblables, cela lui causait du chagrin
et un sentiment de honte [49]. » Apparemment Joseph sefforça de se repentir dans
ce domaine.
Quoi quil en soit, les signes de sa colère ne contrebalancent pas les nombreux
exemples que nous avons de sa tendance générale à traiter les gens avec courtoisie et
considération. Peter H. Burnett dit à cet égard : « Il avait un air gentil et familier
qui plaisait. Il était très courtois dans les discussions, reconnaissait qu'il n'avait
pas lintention de contredire et ne marquait pas son opposition avec brusquerie, mais
avait le respect des sentiments dautrui [50]. »
Si l'événement à Kirtland au cours duquel il rejeta la demande de lancien de lui
consacrer encore une minute de son temps est rapporté correctement, ce ne serait pas, en
soi, une preuve suffisante dune attitude générale dimpatience ou de manque
de considération. Il devait être extrêmement fatigué ou sous pression de commencer à
travailler à autre chose. Nous avons tous connu des moments de ce genre où notre
patience était à bout. Encore une fois, les impressions négatives ou positives au sujet
du langage et du comportement de Joseph dépendent de celui qui fait la réflexion. Joseph
n'était pas et ne prétendait pas être un homme instruit. Il nempêche que ses
qualifications semblent convenir à son époque et à son lieu. C'était lépoque
où Andrew Jackson arriva à la Maison Blanche et Jackson nétait ni raffiné ni
instruit.
Pour ce qui est du sens de l'humour du prophète, l'historien du comté de Wayne dit que
Joseph était « bon-enfant », se contredisant de ce fait sur ce point. Un exemple de
l'humour de Joseph nous a été conservé par Willard Richards, qui raconte qu'un jour
Joseph lui dit qu'il allait « étudier quelques ouvrages de droit et devenir un grand
homme de loi ». Il se peut que ce soit Emma qui lait encouragé à étudier le
droit, parce quelle dit à son fils, Joseph III, après la mort du prophète, que
Joseph se serait évité beaucoup d'ennuis juridiques sil en avait su davantage en
matière de droit. Quoi quil en soit, dans lanecdote racontée par Willard
Richards, la manière d'étudier de Joseph « fut de poser la tête sur le livre de loi et
de tomber endormi ». Willard Richards dit que « il se mit à ronfler [51]. » Joseph
n'avait pas beaucoup destime pour les avocats, ce qui était une attitude très
répandue au début du dix-neuvième siècle.
Pour ce qui est de la question soulevée par Parley P. Pratt et Sam Brown à propos de
l'intégrité financière de Joseph, le professeur Larry Wimmer, du département de
sciences économiques, Keith Rooker, qui appartenait alors à la faculté de droit, et
moi, nous avons passé plusieurs années à faire de la recherche [52]. La question
financière a fait lobjet de beaucoup de polémiques à lépoque et en fait
toujours lobjet parmi quelques historiens. Beaucoup ont accusé Joseph de se livrer
à des spéculations imprudentes et même de se livrer à de la fraude financière. Ils
ont prétendu que le Prophète avait investi avec imprudence dans des terres et pratiquait
des prix exorbitants, qu'il avait fondé une banque illégale avec l'intention
dimprimer des devises sans valeur pour les échanger contre des biens qui en
avaient, qu'il a encouru une dette énorme et s'est enfui de Kirtland pour éviter de la
payer. Nous avons constaté que ces accusations ont été portées sans preuves
suffisantes et sans compréhension des forces économiques qui sexerçaient à
Kirtland. Il est vrai que le Prophète a acheté des terres à Kirtland et les a
revendues, mais le prix des terres à Kirtland n'était pas différent de la demande
générale en terres ni du prix des terres dans les collectivités voisines. Joseph eut
des dettes importantes à la suite de ses transactions, mais il avait aussi de grands
actifs avec lesquels il aurait pu payer ses dettes si l'économie ne sétait pas
effondrée. Joseph mit sur pied sa banque pour convertir les richesses en terres en
capitaux disponibles et, sil avait pu obtenir une charte du gouvernement de
létat, il aurait pu créer une banque modeste mais marchant bien. Mais en 1836-37,
pour des raisons politiques et économiques, le gouvernement de l'état n'accorda plus de
nouvelles chartes pour des banques et Joseph dut improviser. Il fonda une société
d'anti-opérations bancaires qui était en fait une simple société ayant le pouvoir
démettre des billets. Il fut sans doute juridiquement mal conseillé en ceci, mais
des banques du même genre étaient établies ailleurs dans l'état à lépoque
[53]. Le nombre de billets émis est loin davoir été aussi grand que les
détracteurs lont dit, et quand Joseph apprit que les billets ne circuleraient pas
à leur valeur nominale, il retira son appui à la banque. Joseph subit ici des pertes
personnelles plus grandes que n'importe qui dautre, de sorte quil na en
aucun sens risqué l'argent des autres là où il ne risquait pas le sien. Joseph était
capitaliste, mais honnête. Quand il arriva à Nauvoo, il sefforça de régler
beaucoup de ses dettes de Kirtland.
Des recherches historiques soigneuses peuvent nous aider à comprendre le pourquoi de
nombreuses choses que le Prophète a faites et contrebalancer les interprétations
négatives que certains essayent dimposer. Cependant l'existence de ces éléments
contradictoires devrait nous inciter à hésiter à nous lancer dans des conclusions
hâtives ou injustifiées ou à déclarer définitives des études historiques qui
tiennent plutôt du rapport provisoire.
Si un coup dil sur laspect humain de Joseph Smith semble parfois
légèrement moins flatteur, cela ne vient en aucune façon dune volonté de le
diminuer. Cela vient plutôt de la croyance que, dans l'Église, nous avons parfois
tendance à trop attendre de lui, à lui demander d'être plus quhumain dans tout ce
quil faisait. Cest quelque chose qui risque de provoquer des déceptions,
sil nous arrive de constater quil nétait pas à la hauteur de notre
attente. Les premiers saints évitaient habituellement ce genre d'erreur. Brigham Young a
dit de Joseph : « Bien que conscient intérieurement et sachant en tout temps que Joseph
était un être humain et sujet à lerreur, je navais pas à moccuper de
ses défauts [54]. » Brigham préférait voir le positif.
Parley P. Pratt disait que Joseph était « comme les autres hommes, comme les prophètes
et les apôtres dautrefois, capable de commettre des erreurs, qui n'étaient pas
inspirées du ciel, mais provoquées par
[son] propre jugement [55]. »
Ces frères connaissaient Joseph comme un homme qui avait des faiblesses humaines et
cependant ils croyaient en son appel divin et en sa grandeur. Il leur semblait que ce
qu'il avait réalisé en tant que prophète lemportait de loin sur ses
imperfections. En fin de compte, leur amour pour lui et leur foi dans son appel eurent un
effet décisif sur le cours de leur vie. Alors même quils voyaient Joseph dans ses
divers états desprit, ils le considéraient toujours comme un prophète de Dieu.
Cela me semble être la bonne attitude pour un saint des derniers jours. Je n'aime pas
voir des membres de lÉglise potentiellement bons séloigner quand ils
constatent que Joseph avait des faiblesses humaines. Il y a des non-membres qui voudraient
en tirer profit pour leurs propres buts. Mais les fidèles voient la volonté du Seigneur
agir dans son Église, même sil doit faire exécuter cette volonté par des agents
terrestres. Conscient de ce quil y avait des choses de la terre chez Joseph,
Benjamin F. Johnson avait malgré tout ceci à dire à son sujet : « Depuis ma prime
jeunesse jusquau jour de son martyre, j'ai fréquenté de près le prophète Joseph
Smith, jai été son ami et son associé daffaires de confiance, son parent,
et son ami intime. Et je sais que cétait le plus pur, le plus fidèle et le plus
noble des hommes dignes de ce nom [56]. »
Joseph a dit de lui-même : « Je ne prétends pas, et je nai jamais prétendu être
autre chose qu'un homme, sujet aux passions et susceptible, sans la grâce du Sauveur pour
maider, de dévier de ce chemin parfait quil nous est commandé à tous de
suivre [57]. » Il a également dit : « Dieu est mon ami, en lui je trouverai le
réconfort. J'ai remis ma vie entre ses mains. Je suis prêt à partir à son appel et je
désire être avec le Christ. Ma vie ne mest chère que pour faire sa volonté [58].
» Et il a dit : « Le Seigneur se révèle à moi. Je le sais [59]. »
Ceux qui veulent comprendre le prophète doivent tenir compte de son côté spirituel
aussi bien que de son côté humain. Cétait son engagement intense vis-à-vis des
choses spirituelles qui le rendait si conscient de ses faiblesses humaines, si désireux
de surmonter ses faiblesses et de donner tout ce quil avait à luvre du
Seigneur.
NOTES
[1] Marvin S. Hill, professeur dhistoire à luniversité Brigham Young, a fait
ce discours le 20 mai 1980 au Forum Assembly à luniversité Brigham Young.
[2] James Thomas Flexner, Washington: The Indispensable Man, Boston, Little, Brown and
Company, 1974, p. 354.
[3] Dumas Malone, Jefferson and the Rights of Man, Boston, Little, Brown and Company,
1951, p. 474.
[4] Stephen B. Oates, With Malice Toward None, New York, Mentor Books, 1979, p. 203.
[5] Saint Louis Globe Democrat, 21 février 1897, p. 34.
[6] Pomeroy Tucker, Origin, Rise, and Progress of Mormonism, New York, D. Appleton and
Company, 1867, p. 16.
[7] Eber D. Howe, Mormonism Unvailed [sic], or a Faithful Account of That Singular
lmposition and Delusion, from Its Rise to the Present Time, Painesville, Ohio, publié par
lauteur, 1834, p. 263.
[8] Autobiography of Parley P. Pratt, Salt Lake City, Utah, Deseret Book Company, 1961).
p. 45.
[9] Cité dans William A. Mulder et A. Russell Mortensen, dir. de publ., Among the
Mormons, New York, Alfred A. Knopf, 1958, p. 133.
[10] Young Woman's Journal 16, 1905: 549.
[11] Frederic G. Mather, «The Early Days of Mormonism», Lippincott's Magazine 26, 1880,
198.
[12] «Journal of Luman Andrus Shurtliff», p. 19, texte dactylographié de journal dans
Special Collections, Harold B. Lee Library, université Brigham Young, Provo, Utah;
appelé ci-après BYU Special Collections.
[13] «Autobiography of Jonathan Crosby», pp. 13-14, olographe, Library-Archives,
Historical Department of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, Salt Lake City,
Utah; appelé ci-après Church Archives.
[14] Nancy Towles, Vicissitudes Illustrated, Portsmouth, N. H., John Caldwell, 1833,
p.157.
[15] «Newel Knight's Journal», Scraps of Biography, Tenth Book of the Faith Promoting
Series, Salt Lake City, Juvenile Instructor Office, 1883, p. 46.
[16] True Latter Day Saints Herald 26, 15 juin 1879, 190-91.
[17] «History of Luke Johnson», Luke Johnson File, Church Archives.
[18] «Peter H. Burnett, An Old California Pioneer, Oakland: Biobooks, 1946, p. 34.
[19] «Recollections of the Prophet Joseph Smith», Juvenile Instructor 27, 15 février
1892, pp. 127-128.
[20] William A. West, A Few Interesting Facts Respecting the Rise, Progress and
Pretentions of the Mormons, n.p., 1837, p. 14.
[21] Edwin F. Parry, Stones about Joseph Smith, the Prophet, Salt Lake City: Deseret News
Press, 1934, pp. 22-23.
[22] Emma Smith à Joseph Smith III, 1er août, n.d., mais après 1847, dans Emma Bidamon
Papers, Library-Archives, the Reorganized Church of Jesus Christ of Latter Day Saints, the
Auditorium, Independence, Mo.; appelé ci-après RLDS Church Archives.
[23] «Reminiscences of Mrs. F. D. Richards», p. 11, olographe, Hubert Howe Bancroft
Library, University of California at Berkeley, Berkeley. Calif.
[24] Parry, Stories about Joseph Smith, pp. 126-128.
[25] Id., p. 22.
[26] E. D. Howe, Mormonism Unvailed, p. 263.
[27] «Autobiography of Joseph Knight», p. 10, MS, Church Archives.
[28] History of Wayne County, New York, Philadelphia: Everts & Ensign, 1877, p.150.
[29] Saint Louis Globe Democrat, 21 février 1897, p. 34.
[30] Burnett, An Old California Pioneer, p. 40.
[31] Christopher Crary, Pioneer & Personal Reminiscences, Marshalltown, Iowa: Marshall
Printing Company, 1893, p. 21.
[32] «Autobiography of Wandle Mace», p. 37, texte dactylographié, BYU Special
Collections.
[33] «Diary of Job Smith», p. 6, olographe, Henry E. Huntington Library, San Marino,
Calif.
[34] W. S. B. était un universaliste, qui visita Nauvoo in 1844. Voir le Universalist
Union, 27 avril 1844, p. 393.
[35] Deseret News, 16 août 1878.
[36] History of Wayne County, p. 150.
[37] Mulder et Mortensen, Among the Mormons, p.134.
[38] «An Interesting Letter from Benjamin F. Johnson to George F. Gibbs», p. 17, texte
dactylographié, BYU Special Collections.
[39] Burnett, An Old California Pioneer, p.40.
[40] James H. Kennedy, Early Days of Mormonism, New York, Charles Scribner's Sons, 1888,
p. 158.
[41] Crary, Pioneer & Personal Reminiscences, p. 21.
[42] Reproduit dans Richard Livesey, An Exposure of Mormonism, Preston, England: J.
Livsey, 1838, p.9.
[43] Juvenile Instructor 27, 15 mars 1892, p. 173.
[44] Lucy Mack Smith décrit certaines des difficultés financières de la famille dans sa
History of Joseph Smith, Salt Lake City, Bookcraft, 1954, pp. 65, 85, 93-99. Orlando
Saunders de Palmyra dit à William H. Kelly quils étaient pauvres. Voir son
témoignage dans «The Hill Cumorah, and the Book of Mormon», Saints Herald 28, 1er juin
1881, p. 165.
[45] «Journal of Newel Knight», p. 46; et Orlando Saunders à William H. Kelly, Saints
Herald 28, 1er juin 1881, p. 165. Lhistoire de Joseph cite plusieurs situations dans
lesquelles il travaillait aux champs avec les anciens ou sur le temple, etc., tandis que
William Walker dit que bien des fois Joseph coupait du foin à Nauvoo pendant dix heures
daffilée, Life Incidents and Travels of Elder William Holmes Walker [1943], p. 8).
[46] Smith, History of Joseph Smith, pp. 93, 133.
[47] «Benjamin F. Johnson à George F. Gibbs», p. 4.
[48] Voir Daniel J. Boorstin. The Americans: The National Experience, New York, Vintage
Books, 1965, p.208.
[49] Cragun Cox, «Reminiscences of Joseph Smith», MS, Utah State Historical Society,
Salt Lake City.
[50] Burnett, An Old California Pioneer, p. 40.
[51] Voir le journal de Joseph Smith tenu par Willard Richards, 18 mars 1843, MS, Church
Archives.
[52] Marvin S. Hill, Keith Rooker et Larry T. Wimmer, Kirtland Economy Revisited: A Market
Critique of Sectarian Economics, Provo, Brigham Young University Press, 1977).
[53] Crary, Pioneer & Personal Reminiscences, p. 37.
[54] Journal of Discourses, 4:297.
[55] Elders Journal l, juillet 1838, p. 50.
[56] Benjamin F. Johnson, «Mormonism as an Issue: An Open Letter to the Editor of the
Arizona Republican», n.d.
[57] Latter day Saints Messenger and Advocate l, décembre 1834, p. 40.
[58] Joseph Smith à Emma Smith, 6 juin 1832, Joseph Smith Letters Collection. RLDS Church
Archives.
[59] Cité dans le New York Spectator, 23 septembre 1843.
|