CHAPITRE 26 : LE MINISTÈRE DE NOTRE SEIGNEUR EN PÉRÉE ET EN JUDÉE

 

Nous ne savons pas quand ni dans quelles circonstances notre Seigneur quitta Jérusalem après la fête des Huttes, en ce dernier automne de sa vie terrestre. Les auteurs des évangiles synoptiques ont rapporté de nombreux discours, paraboles et miracles qui marquèrent un voyage vers Jérusalem au cours duquel Jésus, accompagné des apôtres, traversa des parties de la Samarie et de la Pérée et les régions frontalières de la Judée. Nous lisons que le Christ était à Jérusalem lors de la fête de la Dédicace[1] de deux à trois mois après la fête des Huttes ; il est probable que certains des événements que nous allons maintenant étudier se produisirent au cours de cet intervalle[2]. Ce qui est certain, c'est que Jésus quitta Jérusalem peu après la fête des Huttes; il n'est pas dit clairement qu'il retourna en Galilée ou s'il ne se rendit qu'en Pérée, peut-être en faisant un bref détour pour traverser la frontière et entrer en Samarie. Comme nous l'avons fait jusqu'à présent, nous allons consacrer notre étude avant tout à ses paroles et à ses œuvres, en ne considérant que d'une manière secondaire le lieu, le temps ou la succession.

 

Comme le moment où sa trahison et sa crucifixion, qui lui étaient connues d'avance, s'approchait, il «prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem»[3]; toutefois, comme nous le verrons, il se dirigea par deux fois vers le nord, une fois parce qu'il se retira dans la région de Béthabara et de nouveau vers Ephraïm[4]

 

REJETÉ EN SAMARIE[5]

 

Jésus envoya des messagers devant lui pour annoncer sa venue et pour préparer sa réception. Dans l'un des villages samaritains on refusa de le recevoir et de l'entendre, «parce qu'il se dirigeait sur Jérusalem». Les préjugés raciaux l'avaient emporté sur les devoirs de l'hospitalité. Ce rejet forme un contraste défavorable avec les circonstances dans lesquelles eut lieu sa visite antérieure parmi les Samaritains, lorsqu'on l'avait reçu avec joie et qu'on l'avait supplié de rester, mais cette fois-là il ne se dirigeait pas vers Jérusalem mais s'en éloignait[6].

 

Le manque de respect que manifestèrent les Samaritains était plus que n'en pouvaient supporter les disciples sans protester. Jacques et Jean, ces fils du tonnerre, s'offensèrent au point d'aspirer à la vengeance. Ils dirent: «Seigneur, veux-tu que nous disions au feu de descendre du ciel et de les consumer[7]?» Jésus réprimanda ses peu charitables serviteurs comme suit: «Vous ne savez de quel esprit vous êtes (animés). Car le Fils de l'homme est venu non pour perdre les âmes des hommes mais pour les sauver.» Repoussé dans ce village, le petit groupe s'en alla dans un autre, comme les Douze avaient reçu l'ordre de le faire en des circonstances semblables[8]. Ce fut l'une des nombreuses leçons frappantes qui furent données aux apôtres en matière de tolérance, de patience, de charité et de longanimité.

 

Luc rapporte ensuite l'incident où trois hommes étaient désireux de devenir disciples du Christ ou disposés à le faire; l'un d'eux semble avoir été découragé à la perspective des vicissitudes qu'entraînait le ministère; les autres désirèrent être temporairement exemptés du service, l'un afin de pouvoir assister à l'ensevelissement de son père, l'autre afin de pouvoir faire tout d'abord ses adieux à ceux qui lui étaient chers. Matthieu rapporte cet événement ou un événement semblable dans un autre contexte, et nous l'avons déjà étudié dans ces pages[9].

 

LES SOIXANTE-DIX CHARGÉS DE MISSION ET ENVOYÉS

 

L’importance suprême du ministère de notre Seigneur et la brièveté du temps qui lui restait dans la chair exigeaient davantage de missionnaires. Les Douze devaient rester avec lui jusqu'à la fin; il fallait utiliser toutes les heures où il serait possible de les instruire et de les former pour continuer à les préparer aux grandes responsabilités qui reposeraient sur eux après le départ du Maître. Il appela et chargea de mission les soixante-dix, comme assistants dans le ministère, et les envoya immédiatement[10] «devant lui, deux à deux, dans toute ville et tout endroit où lui-même devait aller». Il expliqua la nécessité de leurs services dans l'introduction au discours impressionnant où il leur enseigna les devoirs de leur appel. «II leur disait: La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers[11]

 

Beaucoup de sujets dont les Douze avaient été instruits avant leur tournée missionnaire étaient maintenant répétés aux soixante-dix. Il leur fut dit qu'ils devaient s'attendre à être traités avec inimitié et même avec hostilité; leur situation serait semblable à celle d'agneaux au milieu des loups. Ils devaient voyager sans bourse ni sac et dépendre ainsi nécessairement de ce que Dieu leur donnerait par l'intermédiaire de ceux chez qui ils se rendraient. Comme leur mission était urgente, ils ne devaient pas s'arrêter en route pour faire ou renouveler des connaissances personnelles. En entrant dans une maison, ils devaient invoquer la paix sur elle; si le foyer méritait le don, la paix y demeurait, sinon les serviteurs du Seigneur sentiraient que leur invocation était nulle et non avenue[12]. Ils devaient bénir toutes les familles qui les recevraient, guérissant les affligés et proclamant que le royaume de Dieu s'était approché de cette maison. Ils ne devaient pas aller de maison en maison pour chercher à être mieux reçus, et ils ne devaient pas s'attendre non plus à être fêtés ni le désirer, mais ils devaient accepter ce qui était offert, mangeant ce qui était placé devant eux et partageant ainsi avec la famille. S'ils étaient rejetés dans une ville, ils devaient la quitter, laissant cependant leur témoignage solennel que la ville s'était détournée du royaume de Dieu qui avait été amené à ses portes et attestant de cela en se débarrassant de la poussière de cet endroit[13]. Il ne leur appartenait pas de prononcer d'anathème ou de malédiction, mais le Seigneur leur assura que cette ville s'attirerait un sort pire que la condamnation de Sodome[14]. Il leur rappela qu'ils étaient ses serviteurs, et que par conséquent quiconque les écoutait ou refusait de les écouter serait jugé comme si c'était lui qu'il avait traité ainsi.

 

Il ne leur fut pas interdit, comme cela l'avait été aux Douze, d'entrer dans des villes samaritaines ou dans les pays des Gentils. Cette différence correspond au changement de situation, car maintenant l'itinéraire futur de Jésus allait le conduire dans des territoires non Juifs où sa réputation s'était déjà répandue; et en outre, son plan prévoyait une extension de la propagation de l'Evangile, lequel devait finalement être mondial. Les préjugés étroits des Juifs contre les Gentils en général et contre les Samaritains en particulier devaient être désapprouvés, et il ne pouvait être donné de meilleure preuve de cette intention que d'envoyer des ministres autorisés parmi ces peuples. Nous devons garder à l'esprit le caractère progressif de l'œuvre du Seigneur. Tout d'abord le champ de la prédication évangélique était limité au pays d'Israël[15], mais le commencement de son extension fut inauguré au cours de la visite de notre Seigneur et fut expressément imposé aux apôtres après sa résurrection[16]. Dûment instruits, les soixante-dix se mirent en route pour leur mission[17].

 

Le fait de parler de la condamnation qui s'abattrait sur ceux qui rejetteraient volontairement les serviteurs autorisés de Dieu éveilla dans l'esprit du Seigneur le triste souvenir des rebuffades qu'il avait subies et des nombreuses âmes non repentantes dans les villes où il avait accompli tant d'œuvres puissantes. Avec un chagrin profond, il prédit les malheurs qui menaçaient alors Chorazin, Bethsaïda et Capernaüm[18].

 

LE RETOUR DES SOIXANTE-DIX

 

Il se peut qu'il se soit écoulé un temps considérable, des semaines voire des mois, entre le départ des soixante-dix et leur retour. On ne nous dit pas quand ni où ils rejoignirent le Maître; mais ce que nous savons, c'est que l'autorité et la puissance du Christ se manifestèrent abondamment dans leur ministère, et que cette constatation les réjouit. «Seigneur», dirent-ils, «les démons même nous sont soumis en ton nom[19].» A ce témoignage, le Seigneur répondit solennellement: «Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair.» Il faisait par là allusion à l'expulsion du fils du matin rebelle lorsqu'il eut été battu par Michel et les armées célestes[20]. Félicitant les soixante-dix pour leurs fidèles travaux, le Seigneur leur donna l'assurance qu'ils auraient davantage de pouvoir, à la condition qu'ils continuent à en êtres dignes: «Voici: je vous ai donné [version du roi Jacques: «Je vous donne» - N. d. T.] le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la puissance de l'ennemi, et rien ne pourra vous nuire[21].» Cette promesse qu'ils pourraient marcher sur les serpents et les scorpions voulait dire qu'ils seraient immunisés contre les piqûres d'animaux venimeux s'ils en rencontraient sur le sentier du devoir[22] et qu'ils auraient le pouvoir de vaincre les mauvais esprits qui servent le diable, lequel est expressément appelé ailleurs le serpent[23]. Aussi grands qu'aient été le pouvoir et l'autorité qui leur étaient ainsi donnés, ces disciples reçurent l'ordre de ne pas se réjouir de ceux-ci et surtout pas du fait que les esprits mauvais leur étaient soumis, mais plutôt de ce qu'ils étaient acceptés du Seigneur et de ce que leurs noms étaient écrits dans les cieux[24].

 

Jésus se réjouit de voir la joie sainte de ses serviteurs et de contempler leur fidélité. Son bonheur trouva son expression la plus appropriée dans la prière: «Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, parce que tel a été ton bienveillant dessein.» Comparés aux savants de l'époque, comme les rabbis et les scribes, dont la connaissance ne servait qu'à leur endurcir le cœur contre la vérité, ces serviteurs dévoués étaient comme des petits enfants en humilité, en confiance et en foi. Ces enfants étaient et sont parmi les nobles du royaume. Comme aux heures du chagrin le plus désespéré, de même en ce moment de sainte réjouissance pour la fidélité de ses disciples, Jésus communia avec le Père, dont il avait pour seul but de faire la volonté.

 

La joie de notre Seigneur en cette occasion est comparable à celle qu'il éprouva lorsque Pierre prononça impulsivement la confession de son âme: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Dans un discours solennel, Jésus dit: «Tout m'a été remis par mon Père, et personne ne connaît qui est le Fils, si ce n'est le Père, ni qui est le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.» Puis, en une communion plus intime avec les disciples, il ajouta: «Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu.»

 

QUI EST MON PROCHAIN?

 

Nous avons vu que les Pharisiens et ceux de leur espèce étaient constamment en alerte pour gêner et, si possible, déconcerter Jésus sur des points de loi et de doctrine, et pour le provoquer à quelque parole ou action ouverte[25]. C'est peut-être une tentative de ce genre que Luc rapporte immédiatement après avoir raconté le joyeux retour des soixante-dix[26], car il nous dit que le «docteur de la loi» dont il parle posa une question pour mettre à l'épreuve [la version du roi Jacques dit «tenter» ce qui entraîne le commentaire suivant - N. d. T.] Jésus. En contemplant les intentions du questionneur avec toute la charité possible, car le sens fondamental du verbe qui est rendu dans notre version [anglaise - N. d. T.] de la Bible par «tenter», c'est mettre à l'épreuve ou éprouver et pas nécessairement et uniquement entraîner au mal[27], bien que l'idée de prendre au piège y soit incluse, nous pouvons supposer qu'il désirait mettre à l'épreuve la connaissance et la sagesse du célèbre Maître, probablement afin de l'embarrasser. Il est certain que son objectif n'était pas la recherche sincère de la vérité.

 

Ce docteur de la loi, se levant parmi les gens qui s'étaient rassemblés pour entendre Jésus, demanda: «Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle[28]?» Jésus répondit par une autre question, dans laquelle il fit nettement entendre que si cet homme, qui professait être instruit de la loi, avait lu et étudié convenablement, il saurait sans le demander ce qu'il devait faire. «Qu'est-il écrit dans la loi? Qu'y lis-tu?» L’homme répondit, résumant admirablement les commandements: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi­même[29].» La réponse fut approuvée. «Fais cela, et tu vivras», dit Jésus. Ces mots tout simples constituaient une réprimande, comme le docteur de la loi dut s'en rendre compte; ils indiquaient le contraste entre connaître et faire. Ayant ainsi échoué dans son plan de confondre le Maître, et se rendant probablement compte que lui, le docteur de la loi, n'avait pas fait particulièrement honneur à son érudition en posant une question aussi simple et puis en y répondant lui-même, il chercha avec soumission à se justifier en demandant encore: «Et qui est mon prochain?» Nous pouvons bien être reconnaissants à ce docteur de la loi pour sa question, car elle servit à puiser du trésor de sagesse inépuisable du Maître l'une des ses paraboles les plus appréciées.

 

Cette histoire s'appelle la parabole du bon Samaritain, la voici:

 

«Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups et s'en allèrent en le laissant à demi-mort. Par hasard, un sacrificateur descendait par le même chemin; il vit cet homme et passa outre. Un Lévite arriva de même à cet endroit; il le vit et passa outre. Mais un Samaritain, qui voyageait, arriva près de lui, le vit et en eut compassion, Il s'approcha et banda ses plaies, en versant de l'huile et du vin; puis il le plaça sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux deniers, les donna à l'hôtelier et dit: Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras en plus, je te le paierai moi-même à mon retour.»

 

Alors Jésus demanda au docteur de la loi: «Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands? Il répondit: C'est celui qui a exercé la miséricorde envers lui. Et Jésus lui dit: Va, et toi, fais de même[30]

 

S'il y avait un but à la question: «Qui est mon prochain?» posée par le docteur de la loi, outre celui de se justifier et de s'extirper aussi honorablement que possible d'une situation embarrassante, nous pouvons concevoir que c'était le désir de trouver une limitation dans l'application de la loi, au-delà de laquelle il ne serait pas obligé d'aller. S'il devait aimer son prochain comme il s'aimait lui-même, il voulait avoir aussi peu de prochains que possible. Son désir était peut-être du même ordre que celui de Pierre, qui désirait vivement savoir exactement combien de fois il était obligé de pardonner à un frère qui l'offensait[31].

 

La parabole par laquelle notre Seigneur répondit à la question du docteur de la loi est d'un très grand intérêt, ne serait-ce que comme histoire, d'autant plus qu'elle contient des leçons précieuses. Elle représentait d'ailleurs si véritablement l'état des choses de l'époque que, comme l'histoire du semeur qui s'en alla planter et d'autres paraboles données par le Seigneur Jésus, ce peut être une histoire vraie aussi bien qu'une parabole. La route de Jérusalem à Jéricho était connue pour être infestée de voleurs de grand chemin; en fait, une section de l'artère était appelée le Sentier Rouge ou la Voie Sanglante à cause des atrocités qui s'y commettaient fréquemment. Jéricho était une résidence bien connue des prêtres et des Lévites. Un prêtre qui, par respect pour son office, non pour une autre raison, aurait dû être disposé et prompt à des actes de miséricorde, aperçut le voyageur blessé et passa son chemin sur l'extrême bas-côté de la route. Un Lévite suivit; il s'arrêta pour regarder puis passa son chemin. Ils auraient dû se souvenir des prescriptions de la loi: que si l'on voyait un âne ou un bœuf tomber sur le bord de la route, on ne devait pas se cacher mais aider le propriétaire à relever l’animal[32]. Si tel était leur devoir vis-à-vis de l'animal d'un frère, leur obligation en était d'autant plus grande lorsqu'un frère lui même était dans une situation si terrible.

 

Il ne fait aucun doute que le prêtre aussi bien que le Lévite fit taire sa conscience avec d'amples excuses pour sa conduite inhumaine; il se peut qu'il était pressé; il craignait peut-être le retour des pillards qui l'attaqueraient. Les excuses sont faciles à trouver; elles jaillissent aussi facilement et aussi abondamment que les mauvaises herbes au bord de la route. Lorsque le Samaritain passa et vit l'état misérable du blessé, il n'avait pas d'excuse parce qu'il n'en voulait pas. Lui ayant apporté, autant qu'il le pouvait, tous les premiers soins reconnus par la pratique médicale de l'époque, il plaça le blessé sur son propre animal, probablement une mule où un âne, et l'emmena à l'auberge la plus proche, où il le soigna personnellement et prit des dispositions pour qu'on continuât de le soigner. La différence essentielle entre le Samaritain et les autres était que le premier avait un cœur compatissant, tandis qu'eux étaient sans amour et égoïstes. Bien que cela n'ait pas été dit d'une manière nette, la victime des pillards était presque certainement un Juif; l'objectif de la parabole exige qu'il en soit ainsi. Le fait que l'homme miséricordieux était un Samaritain montrait que le peuple appelé hérétique et méprisé par les Juifs pouvait exceller en bonnes œuvres. Pour un Juif, les seuls prochains c'étaient les Juifs. Nous n'avons pas le droit de considérer le prêtre, le Lévite ou le Samaritain comme représentants de leur classe; il ne fait aucun doute qu'il y avait beaucoup de Juifs bons et charitables, et beaucoup de Samaritains sans cœur; mais la leçon du Maître était illustrée admirablement par les personnages de la parabole, et les paroles de son application étaient mordantes dans leur simplicité et leur à­propos.

 

MARTHE ET MARIE[33]

 

Lors de l'une de ses visites à Béthanie, petite ville située à quatre kilomètres environ de Jérusalem, Jésus fut reçu dans la maison où demeuraient deux sœurs, Marthe et Marie. Marthe était ménagère et assumait par conséquent la responsabilité de la bonne réception de l'hôte de marque. Tandis qu'elle veillait aux préparatifs et était «absorbée par les nombreux soucis du service», pleine de bonnes intentions pour assurer le confort et l'hospitalité de Jésus, Marie s'assit aux pieds du Maître, écoutant ses paroles avec une attention respectueuse. Marthe devint nerveuse dans son anxiété affairée et entra, disant: «Seigneur, tu ne te mets pas en peine de ce que ma sœur me laisse seule pour servir? Dis-lui donc de m'aider.» Elle parlait à Jésus, mais en réalité c'était à Marie. Elle avait temporairement perdu son calme en se souciant indûment de détails accessoires. Il est raisonnable de déduire que Jésus était un habitué de la maison, sinon la brave femme ne se serait pas adressée à lui pour une petite affaire domestique. Il répliqua à ses plaintes avec une tendresse marquée: «Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses. Or une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera pas ôtée.»

 

Il ne reprochait pas à Marthe son désir de bien faire les choses, et il n'était pas question non plus pour lui de sanctionner une négligence possible de la part de Marie. Nous devons supposer que Marie avait aidé de bon coeur avant l'arrivée du Maître; mais maintenant qu'il était là, elle désirait rester avec lui. Si elle avait négligé coupablement son devoir, Jésus ne l'aurait pas félicitée pour ce qu'elle faisait. Ce qu'il désirait, ce n'était pas seulement des repas bien servis et du confort matériel mais la compagnie des sœurs, et surtout leur attention réceptive à ce qu'il avait à dire. Il avait plus à leur donner qu'elles ne pouvaient lui fournir. Jésus aimait les deux sœurs aussi bien que leur frère[34]. Ces deux femmes étaient dévouées à Jésus, et chacune s'exprimait à sa manière. Marthe était du genre pratique, se souciant de services matériels; par nature, elle était hospitalière et pleine d'abnégation. Marie, contemplative et plus encline au spirituel, montrait sa dévotion par cet autre service qu'est la compagnie et l'appréciation[35].

 

En ne faisant pas attention aux devoirs du ménage, aux petits détails qui créent ou gâtent la paix familiale, mainte femme a transformé son foyer en maison sans confort; et mainte autre a éliminé les éléments essentiels du foyer en s'obligeant à un travail d'esclave constant, dans lequel elle refuse à ceux qu'elle aime le plaisir de sa compagnie aimante. Quelque dévoué qu'il soit, un service qui se limite à un domaine peut devenir de la négligence. Il y a un temps pour le travail au foyer comme à l'extérieur; dans chaque famille il faut trouver le temps de cultiver cette partie plus importante, cette chose nécessaire par excellence: le véritable développement spirituel.

 

DEMANDEZ ET L'ON VOUS DONNERA[36]

 

«Jésus priait un jour en un certain lieu. Lorsqu'il eut achevé, un de ses disciples lui dit: Seigneur, enseigne-nous à prier.» L'exemple de notre Seigneur et l'esprit de prière qui se manifestait dans sa vie quotidienne poussaient les disciples à lui demander de leur apprendre comment ils devaient prier. La loi ne disait pas comment on devait prier, mais les autorités juives avaient prescrit des prières officielles, et Jean-Baptiste avait appris à ses disciples à prier. Répondant à la demande de ses disciples, Jésus répéta ce bref modèle d'adoration et de supplication fervente que nous appelons le Notre Père. Il l'avait déjà donné lors du sermon sur la montagne[37]. En cette occasion où il la répétait, le Seigneur compléta la prière en expliquant qu'il était absolument nécessaire de faire preuve de sérieux et d'une persistance durable dans la prière.

 

La leçon fut expliquée clairement par la parabole de l'ami à minuit:

 

«Il leur dit encore: Lequel d'entre vous aura un ami qui se rendra chez lui au milieu de la nuit pour lui dire: Ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n'ai rien à lui offrir? Si, de l'intérieur, l'autre lui répond: Ne me cause pas d'ennui, la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne puis me lever pour te donner (des pains) - je vous le dis, même s'il ne se lève pas pour les lui donner, parce qu'il est son ami, il se lèvera à cause de son importunité et lui donnera tout ce dont il a besoin.»

 

L'homme chez qui un ami était venu à minuit ne pouvait permettre à son hôte attardé et fatigué d'avoir faim, et pourtant il n'y avait pas de pain chez lui. Il fit sien les besoins de son visiteur et supplia à la porte de son voisin comme s'il demandait pour lui-même. Le voisin répugnait à quitter son lit confortable et à déranger sa famille pour contenter autrui; mais, voyant que l'homme à la porte l'importunait, il finit par se lever et lui donna ce qu'il demandait de manière à se débarrasser de lui et à pouvoir dormir en paix. Le Maître ajouta en guise de commentaire et d'instruction: «Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira.»

 

L'homme hospitalier de la parabole avait refusé de se laisser repousser; il continua à frapper jusqu'à ce que la porte s'ouvrît; en conséquence, il reçut ce qu'il voulait, trouva ce qu'il était sorti chercher. Certains considèrent que la parabole est difficile à appliquer, puisqu'elle traite de cet élément de la nature humaine qui est égoïste et amoureux du confort, et l'utilise apparemment pour symboliser le retard délibéré de Dieu. Mais l'explication en est claire lorsque l'on examine dûment le contexte. La leçon du Seigneur est que si l'homme, malgré tout son égoïsme et son peu de désir de donner, accorde néanmoins ce que son prochain lui demande à bon droit et continue à demander en dépit de ses objections et de son refus temporaire, il est d'autant plus certain que Dieu accordera ce qu'on lui demande avec persistance, avec foi et avec une intention juste. Il n'y a aucun parallèle entre le refus égoïste de l'homme et l'attente sage et bienfaisante de Dieu. Il faut que l'individu soit conscient d'avoir vraiment besoin de prier et ait réellement confiance en Dieu pour que la prière soit efficace; et c'est avec miséricorde que le Père retarde parfois le don afin que la demande soit plus fervente. Et pour employer les termes de Jésus: «Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent.»

 

Quelque temps plus tard, Jésus prononça une autre parabole, dont la morale est si étroitement apparentée à celle de l'histoire du visiteur de minuit que cela nous pousse à étudier ici cette leçon ultérieure. C'est celle qu'on appelle la parabole du juge inique ou de la veuve importune:

 

«Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et qui n'avait d'égard pour personne. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire: Fais-moi justice de mon adversaire. Pendant longtemps il ne voulut pas. Mais ensuite il dit en lui-même: Bien que je ne craigne pas Dieu et que je n'aie d'égard pour personne, néanmoins parce que cette veuve me cause des ennuis, je lui ferai justice, de peur que jusqu'à la fin, elle ne vienne me casser la tête[38]

 

Le juge était un homme pervers; il refusait la justice à la veuve, qui ne pouvait obtenir réparation de nul autre. Il fut poussé à agir par le désir d'échapper aux importunités de la femme. Evitons l'erreur de comparer son action égoïste avec les voies de Dieu. Jésus ne voulait pas dire que Dieu céderait finalement aux supplications de la même manière que le juge inique l'avait fait; mais il fit remarquer que si même un être tel que ce juge, qui «ne craignait pas Dieu et qui n'avait d'égard pour personne», finissait par écouter la veuve et par lui accorder ce qu'elle demandait, nul ne devrait douter que Dieu, le Juste et le Miséricordieux, écouterait et répondrait. L’entêtement du juge, bien qu'entièrement pervers de sa part, peut avoir été finalement avantageux pour la veuve. Si elle avait aisément obtenu réparation, elle aurait pu devenir de nouveau imprudente, et il aurait pu se faire qu'un adversaire pire encore que le premier l'eût opprimée. Le but dans lequel le Seigneur donna cette parabole est déclaré expressément: «pour montrer qu'il faut toujours prier et ne pas se lasser»[39].

 

CRITIQUE CONTRE LES PHARISIENS ET LES DOCTEURS DE LA LOI[40]

 

L'acte de miséricorde que notre Seigneur accomplit lorsqu'il expulsa un démon d'un homme qui, en conséquence de cette possession maligne, était muet, suscita des commentaires divers quant à la source de ses pouvoirs surhumains. La vieille théorie pharisaïque qu'il chassait les démons par le pouvoir de «Béelzébul, prince des démons» fut remise sur le tapis. Il démontra la parfaite sottise de pareille conception, comme il l'avait fait lors d'une précédente occasion que nous avons examinée[41]. Les ténèbres spirituelles dans lesquelles les hommes méchants cherchent à tâtons des miracles, la déception et la condamnation qui les attendent, et d'autres préceptes précieux, Jésus les exposa dans un autre discours[42].

 

Puis, ayant été invité, il se rendit chez un Pharisien pour y diner. D'autres Pharisiens, de même que des docteurs de la loi et des scribes, étaient là. Jésus omit intentionnellement la purification cérémonielle des mains, que toutes les autres personnes de la compagnie accomplirent scrupuleusement avant de prendre place à table. Cette ommission provoqua un murmure de désapprobation, sinon une critique ouverte. Jésus profita de l'occasion pour faire une critique acerbe du formalisme des Pharisiens, qu'il compara à la purification des coupes et des plats à l'extérieur, tandis qu'on laisse l'intérieur sale. «Insensés! celui qui a fait le dehors n'a-t-il pas fait aussi le dedans?» Sous une autre forme, nous pourrions demander: Dieu, qui établit les observances extérieures de la loi, ne formula-t-il pas également les exigences intérieures et spirituelles de l'Evangile? En réponse à une question de l'un des docteurs de la loi, Jésus les inclut dans ses violents reproches. Pharisiens et scribes se vexèrent de la censure à laquelle on les avait soumis et «commencèrent à le presser violemment et à le faire parler sur beaucoup de sujets, lui tendant des pièges, pour surprendre quelque parole sortie de sa bouche». Comme les paroles que le Seigneur prononça en cette occasion apparaissent également dans sa dénonciation finale du pharisaïsme, laquelle fut prononcée au temple, nous pouvons retarder notre étude de cette question jusqu'au moment où nous parlerons, en son temps, de ce remarquable événement[43].

 

EXHORTATION ET ENCOURAGEMENT DES DISCIPLES[44]

 

Le peuple de la région qui se trouvait au-delà du Jourdain s'intéressait fortement aux mouvements de notre Seigneur, comme s'y était intéressé celui de Galilée. Nous lisons que «Ies gens s'[étaient] rassemblés par milliers, au point de s'écraser les uns les autres». S'adressant à la multitude, et plus particulièrement à ses disciples, Jésus les prévint contre le levain des Pharisiens, qu'il disait être l'hypocrisie[45]. La scène récente à la table d'un Pharisien donnait un sens particulier à cet avertissement. Il répéta ici certains des préceptes qui furent rapportés à propos de son ministère galiléen et insista en particulier sur la supériorité de l'âme par rapport au corps, et de la vie éternelle par opposition à la brièveté de l'existence mortelle.

 

Un homme du groupe, dont l'attention était tout entière concentrée sur ses intérêts égoïstes et qui était incapable de voir au-delà des affaires matérielles de la vie, dit: «Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage.» Jésus refusa promptement d'agir comme médiateur ou juge dans cette affaire. «Qui m'a établi sur vous pour être juge ou faire des partages?» Telle fut la réponse du Maître. La sagesse qui se cache derrière son refus d'intervenir est évidente. Comme dans le cas de la femme coupable qui avait été amenée devant lui pour qu'il la juge[46], de même ici, il s'abstenait d'intervenir dans des affaires d'administration légale. S'il avait fait l'inverse, cela l'aurait probablement mêlé à des disputes inutiles et aurait pu justifier une plainte l'accusant de s'arroger les fonctions des tribunaux légalement établis. Néanmoins, il fit de l'appel de cet homme le noyau d'un enseignement précieux; le fait qu'il clamait pour avoir une part dans l'héritage familial fit dire à Jésus: «Gardez-vous attentivement de toute cupidité; car même dans l'abondance, la vie d'un homme ne dépend pas de ce qu'il possède.» Il souligna ce mélange d'exhortation et de vérité profonde par la parabole du riche insensé. Voici l'histoire:

 

«La terre d'un homme riche avait beaucoup rapporté. Il raisonnait en lui-même et disait: Que ferai-je? car je n'ai pas de place pour amasser mes récoltes. Voici, dit-il, ce que je ferai: j'abattrai mes greniers, j'en bâtirai de plus grands, j'y amasserai tout mon blé et mes biens, et je dirai à mon âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années; repose-toi, mange, bois et réjouis­toi. Mais Dieu lui dit: Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée; et ce que tu as préparé, à qui cela sera-t-il? Il en est ainsi de celui qui accumule des trésors pour lui-même, et qui n'est pas riche pour Dieu[47]

 

L'homme avait accumulé sa richesse par le travail et l'économie; les champs négligés ou mal cultives ne donnent pas en abondance. On ne nous le présente pas comme quelqu'un qui possède une richesse qui ne lui appartient pas de droit. Les projets qu'il faisait pour conserver convenablement ses fruits et ses marchandises n'étaient pas mauvais en soi, bien qu'il eût pu concevoir de meilleurs moyens de répartir ses surplus, en soulageant les nécessiteux, par exemple. Son péché était double; premièrement, il considérait surtout ses grandes réserves comme le moyen de s'assurer le confort personnel et celui de ses sens; deuxièmement, il ne reconnaissait pas la part de Dieu dans sa prospérité matérielle et comptait même les années comme siennes. Il fut frappé au moment de sa jouissance égoïste. On ne nous dit pas si la voix de Dieu lui parvint comme un pressentiment terrible de sa mort imminente, ou par un messager angélique ou autrement; mais la voix prononça sa condamnation: «Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée[48].» Il avait utilisé son temps et les forces de son corps et de son esprit à semer, à récolter et à engranger: tout cela pour lui-même. Qu'advint-il de tout cela? A qui serait la richesse pour laquelle il avait mis son âme en danger? S'il n'avait pas été insensé, il aurait pu se rendre compte, comme l'avait fait Salomon, de la vanité de thésauriser pour qu'un autre, d'une moralité peut-être incertaine, possède ces richesses[49].

 

Se tournant vers les disciples, Jésus réitéra certaines des merveilleuses vérités qu'il avait prononcées lors de sa prédication sur la montagne[50] et prit les oiseaux de l'air, les lis et l'herbe des champs comme exemples du soin vigilant du Père; il exhorta ses auditeurs à chercher le royaume de Dieu; ce faisant, ils verraient que tout ce dont ils avaient besoin leur serait donné par surcroît.

 

«Sois sans crainte, petit troupeau», ajouta-t-il sur un ton affectueux et paternel, «car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume. » Il les exhorta à amasser leur richesse dans des bourses qui ne s’usent point[51], des récipients qui conviennent au trésor céleste, qui, contrairement aux biens du riche insensé, ne devra pas être abandonné lorsque l'âme sera appelée à rendre ses comptes. L’homme dont le trésor est de la terre le laisse entièrement à la mort; celui dont la richesse est dans le ciel va retrouver ce qui lui appartient, et la mort n'est que la porte de son trésor.

 

Les disciples furent exhortés à être toujours prêts, attendant, comme les serviteurs attendent, le soir, avec des flambeaux allumés, le retour de leur maître. Le Seigneur de la maison vient lorsqu'il le veut, dans les premières ou les dernières veilles et si, lorsqu'il arrive, il trouve ses serviteurs fidèles prêts à ouvrir aussitôt qu'il frappe, il les honorera comme ils le méritent. C'est ainsi que le Fils de l'homme viendra, peut-être quand on l'attendra le moins. Lorsque Pierre l'interrompit en demandant si «cette parabole» n'était que pour les Douze ou pour tous, Jésus ne répondit pas directement; cependant la réponse était contenue dans la suite de l'allégorie du contraste entre les serviteurs fidèles et les mauvais serviteurs[52]. «Quel est donc l'intendant fidèle et prudent que le maître établira sur ses gens de service pour leur donner leur ration de blé au moment convenable?» L'intendant fidèle est un bel exemple des apôtres, pris séparément ou en groupe. Economes ou intendants, ils étaient chargés de s'occuper des autres serviteurs et de la maison; et comme ils avaient reçu plus que les autres, il serait requis davantage d'eux; et ils seraient strictement tenus de rendre compte de leur intendance.

 

Le Seigneur fit alors allusion avec sentiment à sa propre mission et surtout aux terribles expériences par lesquelles il allait bientôt passer, disant: «Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien je suis pressé qu'il soit accompli!» Il parla de nouveau des luttes et des querelles qui suivraient la prédication de son Evangile et s'attarda sur la signification des événements qui étaient alors en cours. A ceux qui, toujours prêts à interpréter les signes du temps, restaient cependant volontairement aveugles aux choses importantes qui se passaient alors, il appliqua l'épithète mordante d'hypocrites[53]!

 

«SI VOUS NE VOUS REPENTEZ PAS, VOUS PÉRIREZ TOUT DE MEME[54]»

 

Certains de ceux qui écoutaient le discours de notre Seigneur lui racontèrent les circonstances d'un événement tragique qui s'était produit, peu de temps avant probablement, à l'intérieur de l'enceinte du temple. Un certain nombre de Galiléens avaient été assassinés par des soldats romains, au pied de l'autel, de sorte que leur sang s'était mêlé à celui des victimes sacrificatoires. Il est probable que le massacre de ces Galiléens avait eu lieu lors de quelque démonstration violente du ressentiment juif contre l'autorité romaine, que le procurateur, Pilate, considéra comme les débuts d'une insurrection qu'il fallait étouffer promptement par la force. Pareils éclats n'étaient pas rares; et la tour ou forteresse romaine d'Antonia avait été construite sur une position-clef dominant le temple et reliée à celui-ci par une volée d'escaliers, de sorte que des soldats pouvaient facilement avoir accès à l'enceinte dès les premiers signes de remous. Le but des informateurs qui portèrent cette affaire à l'attention de Jésus n'est pas indiqué, mais il est probable que ses allusions aux signes des temps leur avaient rappelé la tragédie, et qu'ils étaient enclins aux conjectures sur le sens profond de l'événement. Peut-être certains se demandaient-ils si le sort qui s'était abattu sur les victimes galiléennes constituait un châtiment mérité. En tout cas c'est contre une conception de ce genre que Jésus dirigea sa réponse. Par la méthode des questions et des réponses, il leur assura que ceux qui avaient été ainsi tués ne devaient pas être considérés comme plus grands pécheurs que les autres Galiléens; «mais, dit-il, si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même».

 

Puis, se reportant de sa propre initiative à une autre catastrophe, il cita le cas de dix-huit personnes qui avaient été tuées par la chute d'une tour à Siloé et affirma qu'il ne fallait pas les considérer comme de plus grands pécheurs que les autres gens de Jérusalem. «Mais», répéta-t-il, «si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même.» Il y en avait peut-être qui croyaient que les hommes sur qui la tour était tombée avaient mérité leur destin; et cette conception est d'autant plus probable, si la théorie généralement acceptée est correcte, que la calamité s'abattit sur les hommes tandis qu'ils étaient engagés à la solde des Romains à travailler sur l'aqueduc, pour la construction duquel Pilate avait utilisé le «corban» ou trésor sacré, donné par vœu au temple[55].

 

Il n'appartient pas à l'homme de contrôler les buts et les desseins de Dieu, ni de juger par la raison humaine seule que telle ou telle personne subit un désastre en conséquence directe des péchés qu'elle a commis[56]. Néanmoins les hommes ont toujours eu tendance à juger de cette manière. Il y en a beaucoup qui ont hérité de l'esprit des amis de Job, qui le considéraient comme certainement coupable à cause des grands malheurs et des grandes souffrances qui s'étaient abattus sur lui[57]. Alors même que Jésus parlait, une sombre et cruelle calamité menaçait le temple, la ville et la nation; et si le peuple ne se repentait pas et n'acceptait pas le Messie qui se trouvait alors en son milieu, le décret de destruction recevrait son terrible accomplissement. Par conséquent, comme Jésus le dit, si le peuple ne se repentait pas, il périrait. Le besoin impérieux de réforme fut illustré par la parabole du figuier stérile.

 

«Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher du fruit et n'en trouva pas. Alors il dit au vigneron: Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve pas. Coupe-le: Pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? Le vigneron lui répondit: Maître, laisse-le encore cette année; d'ici là je creuserai tout autour et j'y mettrai du fumier. Peut-être à l'avenir produira-t-il du fruit; sinon, tu le couperas[58]

 

Dans la littérature juive, et en particulier dans la tradition rabbinique, le figuier est souvent utilisé pour symboliser la nation. L’avertissement que contenait la parabole est clair; l'élément de salut possible n'est pas moins évident. Si le figuier représente le peuple de l'alliance, alors la vigne est naturellement le monde en général, et le vigneron est le Fils de Dieu qui, par son ministère personnel et ses soins pleins de sollicitude, intercède pour l'arbre stérile, dans l'espoir qu'il portera encore des fruits. Cette parabole s'applique universellement; dans son application particulière au «figuier» juif de l'époque, elle s'accompagnait de conséquences terribles. Le Baptiste avait crié l'avertissement que la cognée était déjà prête, et que tout arbre stérile serait abattu[59].

 

GUÉRISON D'UNE FEMME LE JOUR DU SABBAT[60]

 

Lors d'un certain sabbat, Jésus enseigna dans une synagogue; on ne nous dit pas dans quel endroit, bien que ce fut probablement dans une des villes de la Pérée. Il y avait là une femme qui souffrait depuis dix-huit ans d'une infirmité qui lui avait tellement tiré et atrophié les muscles qu'elle lui courbait le corps au point qu'elle ne pouvait se redresser. Jésus l'appela à lui et, sans attendre qu'elle lui demandât quoi que ce fût, dit simplement: «Femme, tu es délivrée de ton infirmité.» Il accompagna ces paroles par l'imposition des mains, aspect de son ministère guérisseur qu'on ne retrouve pas toujours. Elle fut immédiatement guérie et se tint debout, et, reconnaissant la source de la puissance par laquelle elle avait été délivrée de ses liens, glorifia Dieu en une fervente prière d'actions de grâce. Il ne fait aucun doute que beaucoup de spectateurs se réjouirent avec elle, mais il y en avait un dont l'âme n'était agitée que par l'indignation, et c'était le chef de la synagogue. Au lieu de s'adresser à Jésus, dont il craignait peut-être l'autorité, il laissa libre cours à ses mauvais sentiments sur le peuple en lui disant qu'il y avait six jours au cours desquels les hommes devaient travailler, et que lors de ces six jours ceux qui désiraient être guéris pouvaient venir, mais pas le jour du sabbat. La réprimande était ostensiblement adressée au peuple, et en particulier à la femme qui avait reçu la bénédiction, mais en réalité elle était dirigée contre Jésus; car, s'il y avait un élément de travail quelconque dans la guérison, c'est lui qui l'avait exécuté, et non la femme ni les autres. Le Seigneur se tourna alors directement vers le chef de la synagogue: «Hypocrites! chacun de vous, pendant le sabbat, ne détache-t-il pas de la crèche son bœuf ou son âne pour le mener boire? Et cette femme, qui est une fille d'Abraham et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, il n'aurait pas fallu la détacher de ce lien le jour du sabbat?»

 

On peut déduire que l'affliction de cette femme avait une base plus profonde que les muscles, car Luc qui était lui-même médecin[61] nous dit qu'elle était «rendue infirme par un esprit», et rapporte les paroles significatives du Seigneur disant que Satan la tenait liée depuis dix-huit ans. Mais quelle qu'ait été sa maladie, qu'elle ait été entièrement physique ou partiellement mentale et spirituelle, la femme fut libérée de ses liens. De nouveau le Christ triomphait, et ses adversaires étaient réduits au silence, tandis que les croyants se réjouissaient. Après avoir réprimandé le chef de la synagogue, Jésus prononça un bref discours dans lequel il donna à ces gens quelques-uns des enseignements qu'il avait déjà donnés en Galilée, entre autres la parabole du grain de moutarde et du levain[62].

 

Y AURA-T-IL BEAUCOUP OU PEU DE PERSONNES QUI SERONT SAUVEES[63]

 

Poursuivant son voyage vers Jérusalem, Jésus enseigna dans un grand nombre de villes et de villages de Pérée. Sa venue avait probablement été annoncée par les soixante-dix, qui avaient été envoyés préparer le peuple pour son ministère. L’un de ceux qui avaient été frappés par ses enseignements posa la question: «Seigneur, n'y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés?» Jésus répondit: «Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer et n'en seront pas capables[64].» Le Seigneur s'étendit sur ce conseil pour montrer que la négligence ou le retard à obéir aux conditions requises pour le salut peuvent avoir pour résultat la perte de l'âme. Lorsque la porte sera fermée pour le jugement, beaucoup viendront frapper, et certains supplieront, disant qu'ils ont connu le Seigneur, ayant mangé et bu en sa compagnie, et qu'il a enseigné dans leurs rues; mais le Seigneur dira à ceux qui ont refusé d'accepter la vérité lorsqu'elle leur a été offerte: «Je ne sais pas d'où vous êtes; éloignez-vous de moi, vous tous, qui commettez l'injustice.» Le peuple fut averti que son lignage israélite ne le sauverait nullement, car il y en avait beaucoup qui n'étaient pas du peuple de l'alliance qui croiraient et qui seraient sauvés, tandis que les Israélites indignes seraient jetés au-dehors[65]. C'est ainsi qu' «il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers».

 

JÉSUS AVERTI DU DESSEIN D'HÉRODE[66]

 

Le jour de ce dernier discours, certains Pharisiens vinrent trouver Jésus avec l'avertissement et le conseil: «Va-t'en, pars d'ici, car Hérode veut te tuer[67].» Nous avons vu jusqu'à maintenant que les Pharisiens avaient une hostilité ouverte envers le Seigneur ou complotaient secrètement contre lui; et certains commentateurs considèrent cet avertissement comme une autre preuve de la ruse des Pharisiens - désirant sans doute débarrasser la province de la présence du Christ ou le pousser vers Jérusalem, où il se trouverait de nouveau à portée de main du Tribunal Suprême. Ne devrions-nous pas être larges d'esprit et charitables dans notre jugement des intentions d'autrui? Il ne fait aucun doute qu'il y avait de braves gens dans la fraternité des Pharisiens[68], et ceux qui vinrent renseigner le Christ d'un complot contre sa vie étaient peut-être poussés par des motifs humains et ont peut-être cru intimement. Il semble très probable, d'après la réponse de Jésus, qu'Hérode voulait attenter à la liberté ou à la vie de notre Seigneur. Il reçut les renseignements avec beaucoup de sérieux, et le commentaire qu'il en fit est l'une des paroles les plus fortes qu'il ait prononcées contre quelqu'un: «Allez dire à ce renard: Voici: je chasse les démons et j'accomplis des guérisons aujourd'hui et demain; et le troisième jour, ce sera pour moi l'achèvement.» La précision d'aujourd'hui, de demain et du troisième jour était un moyen d'exprimer le présent dans lequel le Seigneur agissait alors, l'avenir immédiat, au cours duquel il continuerait à prêcher puisque, comme il le savait, le jour de sa mort se trouvait encore à plusieurs mois de là, et le moment où son œuvre terrestre serait terminée. Il mit hors de doute le fait qu'il n'avait pas l'intention de se hâter ni de couper court à son voyage ou de cesser ses travaux par peur d'Hérode Antipas, qui par sa ruse et sa méchanceté était parfaitement représenté par un renard rusé et meurtrier. Néanmoins, le Christ avait l'intention de continuer, et il allait d'ailleurs bientôt quitter tout naturellement la Pérée, qui faisait partie du domaine d'Hérode, et entrer en Judée; et à l'époque qu'il connaissait d'avance, il ferait son entrée finale à Jérusalem, car c'était dans cette ville qu'il allait accomplir son sacrifice. «Il ne convient pas, expliqua-t-il, qu'un prophète périsse hors de Jérusalem.» Le fait terrible que lui, le Christ, serait tué dans la ville principale d'Israël lui arracha cette apostrophe pathétique sur Jérusalem, qu'il répéta lorsque, pour la première fois, il fit entendre sa voix à l'intérieur de l'enceinte du temple[69].

 

NOTES DU CHAPITRE 26

 

1. Le ministère du Christ après son départ final de Galilée : Jean nous dit que lorsque Jésus quitta la Galilée pour aller à Jérusalem assister à la fête des Huttes, il y alla «non pas de façon manifeste, mais comme en secret» (7:10). Il semble improbable que les œuvres nombreuses que rapportent les écrivains synoptiques dans le cadre du ministère de notre Seigneur, et qui s'étendaient de la Galilée à travers la Pérée, en Samarie et dans des parties de la Judée, aient pu se produire au cours de ce voyage particulier, et pour ainsi dire secret, à l'époque de la fête des Huttes. Le désaccord qui existe parmi les auteurs quant à la succession des événements dans la vie du Christ est très grand. Une comparaison des «harmonies» publiées dans les principaux auxiliaires bibliques donne l'exemple de ces vues divergentes. Le sujet des enseignements de notre Seigneur conserve sa valeur intrinsèque indépendamment des événements, qui ne sont qu'accessoires. L’extrait suivant de Farrar (Life of Christ, chap. 42) sera utile à l'étudiant, qui doit cependant se souvenir que, du propre aveu de l'auteur, ce n'est qu'un arrangement provisoire ou possible. «Il est bien connu que toute une grande section de saint Luc - de 9:51 à 18:30 - forme un épisode du récit évangélique dont beaucoup d'événements ne sont racontés que par cet évangéliste uniquement, et dans lequel les quelques données de temps et de lieu indiquent toutes un voyage lent et solennel de Galilée à Jérusalem (9:51, 13:22, 17:11, 10:38). Après la fête de la Dédicace, notre Seigneur se retira en Pérée jusqu'à ce qu'il en fût rappelé par la mort de Lazare (Jn 10:40, 42, 11:1-46); après la résurrection de Lazare, il s'enfuit en Ephraïm (11:54), et il ne quitta sa retraite d'Ephraïm que lorsqu'il se rendit à Béthanie, six jours avant sa dernière Pâque (12:1).

 

Ce grand voyage de Galilée à Jérusalem, si riche en événements qui donnèrent lieu à certaines de ses paroles les plus mémorables, dut donc être soit un voyage vers la fête des Huttes ou vers la fête de la Dédicace. On peut considérer comme établi qu'il ne pouvait s'agir de la première, surtout parce que ce voyage-là était rapide et secret, tandis que celui-ci était éminemment public et lent.

 

«Presque tous les enquêteurs semblent différer dans une mesure plus ou moins grande quant à la succession et à la chronologie exacte des événements qui suivent. Sans entrer dans des analyses minutieuses et ennuyeuses, où il est impossible d'arriver à une certitude absolue, je raconterai cette période de la vie de notre Seigneur dans l'ordre qui, après une étude répétée des évangiles, me semble être le plus probable, et dans les détails duquel je me suis trouvé confirmé à maintes reprises par les conclusions d'autres chercheurs indépendants. Je ne donnerai ici que ma conviction:

 

«1. L’épisode de saint Luc jusqu'à 18:30 se rapporte principalement à un voyage unique, bien que l'unité de sujet, ou d'autres causes, ait pu amener l'auteur sacré à inclure à son récit certains événements ou paroles qui appartiennent à une époque antérieure ou postérieure.

«2. L’ordre des faits rapportés même par saint Luc seul n'est pas, et ne prétend en aucune façon être strictement chronologique, de sorte que le lieu d'un événement quelconque dans le récit n'indique pas nécessairement sa place véritable dans l'ordre du temps.

«3. Ce voyage est identique à celui qui est rapporté partiellement dans Mt 18:1, 20:16, Mc 10:1-31.

«4. (Comme des preuves internes semblent le démontrer) les événements rapportés dans Mt 20:17-28, Mc 10:32-45, Lc 18:31-34, n'appartiennent pas à ce voyage mais au dernier que Jésus fit: le voyage d'Ephraïm à Béthanie et à Jérusalem.»

 

2. Jésus à la maison de Béthanie : Certains auteurs (par ex. Edersheim) placent cet événement dans le cours du voyage de notre Seigneur pour assister à la fête des Huttes; d'autres (par ex. Geikie) pensent qu'il se produisit immédiatement après cette fête; d'autres encore (par ex. Farrar) le placent la veille de la fête de la Dédicace, presque trois mois plus tard. La place que nous lui donnons dans le texte est celle à laquelle il apparaît dans le récit scripturaire.

 

3. N'y en aura-t-il que peu qui seront sauvés? : Nous apprenons par la révélation des derniers jours que des degrés de conditions nous attendent dans l'au-delà, et qu'au-delà du salut il y a les gloires élevées de l'exaltation. Les royaumes (ou gloires) spécifiés des rachetés, à l'exception des fils de perdition, sont le céleste, le terrestre et le téleste. Nous voyons que ceux qui trouveront place dans le téleste, le plus bas des trois, sont «aussi innombrables que les étoiles du firmament ou que le sable sur les bords de la mer». Et ils ne seront pas tous égaux «car ils seront jugés selon leurs œuvres, et chacun recevra selon ses propres œuvres sa propre domination dans les demeures qui sont préparées. Et ils seront les serviteurs du Très-Haut; mais ils ne peuvent aller là où Dieu et le Christ demeurent, aux siècles des siècles» voir D&A 76:111, 112, lire la section tout entière; voir aussi les Articles de Foi, pp. 493-499 et p. XXX infra.

 



[1] Jn 10:22.

[2] Note 1, fin du chapitre.

[3] Lc 9:51.

[4] Jn 10:40, 11:54.

[5] Lc 9:51-56.

[6] Jn 4:4-42; page 193 supra.

[7] 9 Lc 9:54; cf. 2 R 1:10,12.

[8] Mt 10:23.

[9] Lc 9:57-62; voir pages 335-337 supra.

[10] Lc 10:1-12.

[11] Cf. Mt 9:37,38; voir aussi Jn 4:35.

[12] Edersheim (vol. II, p. 138) dit: «L’expression ‘si le fils de la paix est là’ est un hébraïsme équivalent à ‘si la maison en est digne’ (cf. Mt 10:13) et désigne la personnalité du chef de famille et l'atmosphère du foyer.»

[13] Cf. Mt 10: 14; page 361 supra.

[14] Comparer avec la mission donnée aux soixante-dix à celle des Douze, Mt 10:5-42, Mc 6:7-11, Lc 9:1-5; voir page 360 supra.

[15] Mt 10:5,6; 15:24.

[16] Mt 28:19; Mc 16:15.

[17] D&A 107:25,124:137-140; voir aussi Articles de Foi, pp, 255, 258. L’office des soixante-dix a été réinstauré dans l'Eglise rétablie; et en cette dernière dispensation, des collèges des soixante-dix existent pour l'œuvre du ministère. L’office des soixante-dix est un office qui appartient à la Prêtrise Supérieure ou Prêtrise de Melchisédek.

[18] Lc 10:13-15; cf. Mt 11:20-24; voir page 282 supra.

[19] Lc 10:17.

[20] Ap 9:1, 12:8,9; voir pages 6 et 7 supra.

[21] Lc 10: 19; lire versets 20-24.

[22] Cf. Mc 16:18, Ac 28:5.

[23] Ap 12:9, 20:2; cf. Gn 3:1-4,14,15.

[24] Cf. Ap 13:8, 20:12, 21:27.

[25] Cf. Mc 12:13; voir aussi Lc 11:53,54.

[26] Lc 10:25‑37.

[27] Cf. Gn 22:1.

[28] Cf. Mt 19:16, Mc 10:17, Lc 18:18.

[29] Lc 10:27; cf. Dt 6:5 et Lv 19:18; voir aussi Mt 22:35-40.

[30] Lc 10:30-37.

[31] Mt 18:21,22; cf. Lc 17:4, page 428 supra.

[32] Dt 22:4; cf. Ex 23:5.

[33] Lc 10:38-42. Note 2, fin du chapitre.

[34] Jn 11:5.

[35] Cf. Jn 12:2,3.

[36] Lc 11:1-13.

[37] Pages 261-264.

[38] Lc 18:2-5; lire versets 1 et 6-8. Voir aussi D&A 101:81-94.

[39] Lc 18:1; cf. 21:36, Rm 12:12, Ep 6:18, Col 4:2, 1 Th 5:17.

[40] Lc 11:37-54.

[41] Lc 11:14-18; voir page 290 supra.

[42] Lc 11:29-36; voir page 294 supra.

[43] Mt 23; voir chapitre 31, infra.

[44] Lc 2:1-12.

[45] Page 392.

[46] Page 442.

[47] Lc 12:14-21.

[48] Comparer avec le sort qui s'abattit sur Nebucadnetsar, alors même qu'il proférait encore des paroles orgueilleuses et vantardes (Dn 4:24-33), et celui de Belchatsar, devant les yeux duquel apparut la main du destin au milieu de son orgie; cette nuit-là l'âme du roi lui fut redemandée (Dn 5).

[49] Ec 2:18,19; cf. les versets suivants; voir aussi Ps 39:6,49:6-20, Job 27:16,17.

[50] Lc 12:22-31; cf. Mt 6:25-34

[51] Cf. Mt 6:20.

[52] Lc 12:35-48.

[53] Lc 12:49-57; cf. Mt 10:34-37.

[54] Lc 13:1-5.

[55] Josèphe, Guerres, II, 9:4 et page 385 supra

[56] Cf. Jn 9:2, 3 et page 450 supra.

[57] Jb 4:7, 8:2-14, 20, 22:5.

[58] Lc 13:6-9.

[59] Lc 3:9.

[60] Lc 13:11-17.

[61] Co 4:14.

[62] Lc 13:19:21; voir aussi pages 317, 318 supra.

[63] Lc 13:23-30. Note 3, fin du chapitre.

[64] Cf. Mt 7:13.

[65] Cf. Mt 7:23, 8:11,12, 19:30, Mc 10:31.

[66] Lc 13:31-33.

[67] Dans la version révisée [anglaise - N.d.T.] la dernière proposition est «car Hérode aimerait te tuer».

[68] Paul l'apôtre avait été un Pharisien du genre le plus strict (Actes 23:6, 26:5).

[69] Lc 13:34, 35; cf. Mt 23:37‑39.

 

 

 

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