CHAPITRE 21 : L’EGLISE PARDONNERA

 

«… celui qui transgresse contre moi, tu le jugeras selon les péchés qu'il a commis; et s'il confesse ses péchés devant toi et moi, et se repent dans la sincérité de son cœur, tu lui pardonneras, et je lui pardonnerai aussi.» (Mosiah 26:29).

 

Les membres consciencieux de la vraie Eglise de Jésus-Christ ne peuvent manquer de se faire du souci pour leurs péchés et ceux des autres, en ce qui concerne les relations au sein de l'Eglise. Rappelons-nous à ce sujet les effets du péché et le pouvoir de la repentance décrits dans un discours de Hugh B. Brown:

 

«Le péché crée un conflit intérieur, cause la perte du respect de soi, sape la force morale, fait du tort aux autres et les éloigne de nous, rend les hommes plus sensibles à la tentation et retarde, freine et bloque en de nombreuses autres manières subtiles notre voyage vers notre but. Ces incitations ont tendance à nous écarter des idéaux moraux et à obscurcir notre perspective des objectifs désirables. Le vrai repentir arrête cette désintégration et, quand il est suivi du baptême et du don du Saint-Esprit, nous oriente sur le chemin d'une vie réussie. Avec la compagnie de cet Esprit, on peut libérer la puissance qui est dans l'âme humaine, tout comme les hommes ont pu libérer la puissance de l'atome. Cette puissance, quand elle est libérée et divinement dirigée, conduit à l'immortalité et à la vie éternelle[1]

 

En vérité, on a cette puissance quand on est membre fidèle de l'Eglise, celle-ci étant le moyen principal par lequel on peut l'exercer et la développer. Il est donc important qu'un membre soit pleinement intégré dans l'Eglise. Un péché grave produit une perte de puissance, car le pécheur se retranche presque invariablement des fréquentations de l'Eglise et des influences qui viennent de la fréquentation des gens qui recherchent la justice. La puissance est alors mise en veilleuse et reste inefficace dans l'âme du transgresseur.

 

Mais la puissance peut être libérée de ses chaînes d'esclavage. Le repentir et sa promesse de pardon la libèreront pour qu'elle soit de nouveau efficace dans notre vie. Et pour ce faire, quand le péché est de grandes proportions, il y a deux pardons que celui qui ne se repent pas doit obtenir: le pardon du Seigneur et le pardon de l'Eglise du Seigneur, par les autorités appropriées.

 

Le pardon de I'Eglise

 

Nous traiterons du pardon du Seigneur dans le prochain chapitre. Sur le sujet général du pardon de l'Eglise, j'ai écrit entre autres ce qui suit à un jeune homme qui avait confessé avoir commis l'adultère:

 

«L'autre pardon s'obtient par l'intermédiaire de votre dirigeant ecclésiastique: l'évêque, le président de pieu, le président de mission ou l'Autorité Générale qui a l'autorité de lever les châtiments. Vous avez offensé l'Eglise et son peuple aussi bien que le Seigneur en enfreignant la loi de chasteté, ce qui est le péché le plus grave après le meurtre. Si vous êtes arrogant, effronté et impénitent, vous pouvez être ‘retranché’ ou excommunié de l'Eglise. Mais si l'officier ecclésiastique est convaincu de votre repentir total et soutenu, il peut lever ce châtiment - ce que l'on peut qualifier dans un sens de pardon. Simultanément le transgresseur doit commencer à demander au Seigneur le pardon final. Dieu peut effacer ou absoudre les péchés. Votre évêque n'a pas de pouvoir de ce genre. Votre Père céleste a promis le pardon si vous vous repentez totalement et si vous répondez à toutes les conditions requises, mais ce pardon, il ne suffit pas de le demander pour l'obtenir. Il faut qu'il y ait des œuvres - beaucoup d’œuvres - et une reddition totale avec une grande humilité et ‘le cœur brisé et l'esprit contrit’. C'est de vous qu'il dépend que vous soyez ou non pardonné et quand. Il peut se passer des semaines, des années, des siècles avant que ne vienne ce jour heureux où vous aurez l'assurance positive que le Seigneur vous a pardonné. Cela dépend de votre humilité, de votre sincérité, de vos œuvres, de votre attitude. Continuez vos efforts avec un zèle accru et vos prières avec une intensité plus grande. Lisez le Livre d'Enos et (va, et toi fais de même). Lisez les Ecritures ci-incluses et apprenez par cœur les plus courtes.»

 

Fonction des dirigeants de l'Eglise

 

Les affaires de l'Eglise de Jésus-Christ sont administrées par la présidence de l'Eglise et les douze apôtres, avec l'aide de nombreuses autres Autorités Générales, et aussi par l'intermédiaire des présidents de pieu et de mission et par les évêques. Ces hommes sont les bergers du troupeau. Le Seigneur les a placés pour diriger son royaume sur la terre et leur a conféré l'autorité et la responsabilité, chacun dans sa sphère particulière. Il leur a donné la Prêtrise de Melchisédek qui est son pouvoir et son autorité délégués aux hommes. Il reconnaît et ratifie les actes de ces serviteurs choisis et oints.

 

Le Seigneur pardonnera à ceux qui se repentent vraiment. Mais avant que le Seigneur ne puisse pardonner, le pécheur doit lui ouvrir son cœur avec une contrition et une humilité totales, se déchargeant, car le Seigneur voit dans notre âme même. De même, pour avoir le pardon de l'Eglise, il faut que l'on se décharge de son péché sur ceux qui sont dûment nommés à cet effet dans l'Eglise.

 

La fonction des autorités constituées de l'Eglise en matière de pardon est double:

 

1.       Exiger le châtiment approprié - par exemple, lancer une action officielle en ce qui concerne le pécheur dans les cas qui justifient soit la disqualification, soit l'excommunication;

2.       Lever le châtiment et tendre la main avec fraternité au transgresseur. Quelle que soit celle des deux mesures qui est prise, que ce soit le pardon ou les mesures disciplinaires de l'Eglise, cela doit se faire à la lumière de tous les faits et d'après l'inspiration qui peut être accordée à ceux qui prennent la décision. Il est donc important que le transgresseur repentant se confesse pleinement à l'autorité appropriée.

 

Les châtiments impliquent la privation

 

Tout écart par rapport au droit chemin est sérieux. Celui qui enfreint une seule loi est coupable de toutes, dit l'Ecriture (Jacques 2:10). Cependant il y a des offenses moindres qui, si le Seigneur, ses dirigeants ou l'Eglise ne peuvent fermer les yeux sur elles, ne sont pas punies sévèrement. Puis il y a des péchés graves qui ne peuvent être tolérés sans jugement, qui doivent être examinés par le dirigeant habilité et qui mettent en cause la situation du pécheur dans l'Eglise.

 

Les châtiments de l'Eglise pour le péché impliquent des privations le refus des bénédictions du temple, des avancements à la prêtrise, des positions et autres occasions de servir et de progresser. Ces privations résultent d'erreurs qui ne sont pas toujours punissables par des mesures graves mais qui rendent le coupable indigne de diriger et de recevoir de hauts honneurs et de hautes bénédictions dans le royaume de Dieu. Ce sont là tous des retards dans sa progression éternelle que l'intéressé s'attire sur lui-même. Même sans aucune action officielle de l'Eglise, par exemple, une personne qui enfreint la Parole de Sagesse s'exclut des offices et souvent - en n'allant pas aux réunions - de la fraternité de l'Eglise.

 

Quand l'évêque est ordonné, il devient juge de son peuple. Il détient les clefs qui mènent aux temples et aucun des membres de sa paroisse ne peut entrer dans un temple sans que l'évêque ne tourne la clef. S'il considère quelqu'un indigne de recevoir ces merveilleux privilèges du temple, il peut punir en refusant le privilège. Beaucoup d'autres bénédictions sont refusées pour donner à l'intéressé un peu de temps pour mettre sa vie au niveau requis. La privation est donc la méthode ordinaire pour discipliner dans l'Eglise. Dans les cas extrêmes décrits ci-après le transgresseur se voit privé de l'activité et de la participation par la disqualification ou est totalement exclu par l'excommunication.

 

Pouvoirs des officiers de l'Eglise

 

Ce n'est pas tout le monde ni n'importe quel détenteur de la prêtrise qui est autorisé à recevoir les confessions sacrées de culpabilité du transgresseur. Le Seigneur a organisé un programme ordonné et logique. Tout membre de l'Eglise est responsable devant une autorité ecclésiastique. Dans la paroisse c'est l'évêque, dans la branche le président, dans le pieu ou la mission, le président, et à l'échelon d'autorité supérieur, les Autorités Générales avec la Première Présidence et les douze apôtres à la tête.

 

La fonction de chacun ressemble à celle de l'évêque, c'est pourquoi nous allons le mentionner particulièrement puisqu'il donne le modèle. L'ordre du ciel prévoit que les membres de la paroisse consultent l'évêque. Il est, de par la nature même de son appel et de par son ordination, un ‘Juge en Israël (voir D&A 107:72). Le Seigneur lui a donné dans son ordination, certains pouvoirs et une certaine autorité.

 

«Et il devra être donné à l'évêque de l'Eglise et à tous ceux que Dieu nommera et ordonnera pour veiller sur l'Eglise et pour être anciens de l'Eglise, de discerner tous ces dons, de peur qu'il y en ait parmi vous qui professent être de Dieu, tout en ne l'étant pas» (D&A 46:27).

 

«Ainsi nul ne sera exempté de la justice et des lois de Dieu, afin que tout se fasse dans l'ordre et la dignité devant lui, selon la vérité et la justice» (D&A 107:84).

 

L'évêque déterminera les mérites du cas. C'est lui qui décidera d'après les faits et par le pouvoir de discernement qui lui appartient, si la nature du péché et le degré de repentir manifesté justifient le pardon. Il  peut considérer le péché comme étant d'une gravité suffisante, le degré de repentir comme suffisamment douteux et la publicité et le mal faits de proportions si considérables, que le cas doive être traité par un tribunal de l'Eglise selon la procédure prévue par le Seigneur. Toute cette responsabilité repose sur les épaules de l'évêque. Les instructeurs de séminaire, les directeurs d'institut, les officiers des auxiliaires et les autres officiers de l'Eglise peuvent exercer une puissante influence sur les gens en détresse en les conseillant et en leur manifestant leur sympathie et leur compréhension, mais ils n'ont aucune autorité ni aucune juridiction ecclésiastique et n'essayeront pas de supprimer les châtiments, mais enverront le pécheur à son évêque qui doit déterminer la mesure de confession publique et de discipline nécessaire.

 

Si un examen soigneux en révèle la nécessité, on envisage la disqualification, ce qui retire à l'intéressé les bénédictions de l'activité et de la participation dans l'Eglise mais ne le prive pas de sa qualité de membre ou de sa prêtrise. Quand une telle mesure est prise, il reste au pécheur repentant à continuer de s'efforcer d’être fidèle et de se montrer digne de faire tout ce qu'il lui serait normalement permis de faire. Quand ceci est accompli à suffisance, à la satisfaction du tribunal de l'Eglise qui a imposé le châtiment, on peut, en général, réintégrer celui qui a erré et lui permettre de reprendre une activité et une participation complètes.

 

Mais si, une fois tous les facteurs considérés, la nature et la gravité de la transgression, semblent, pour l'évêque, nécessiter l'excommunication, le transgresseur est invité à être jugé devant un tribunal approprié de l'Eglise pour que son cas soit examiné. Dans les cas de frères détenant la Prêtrise d'Aaron, ou n'ayant aucune prêtrise, et pour toutes les sœurs, il suffit d'une décision d'un tribunal de l'évêque pour le jugement, y compris même l'excommunication, bien que les tribunaux supérieurs puissent juger en première instance. Pour les détenteurs de la Prêtrise de Melchisédek, le tribunal de l'évêque peut envisager le premier le cas et ne peut que disqualifier; le tribunal doit renvoyer le transgresseur au tribunal supérieur si une mesure plus radicale est recommandée.

 

Lorsque la présidence de pieu et le grand conseil ont jugé un cas, si le défendeur estime que la justice n'a pas été respectée ou que ceux qui l'ont entendu ne l'ont pas jugé équitablement, il peut aller en appel auprès de la Première Présidence de l'Eglise et du Conseil des Douze. (On trouvera tous les détails dans le Manuel d'lnstructions.)

 

L’excommunication

 

Les Ecritures parlent de membres de l'Eglise qui sont ‘chassés’ ou ‘retranchés’ ou dont les noms sont “rayés”. Cela signifie l'excommunication. Cette action terrible signifie que l'individu est totalement séparé de l'Eglise. La personne qui est excommuniée perd sa qualité de membre de l'Eglise et toutes les bénédictions qui l'accompagnent. En tant que personne excommuniée, elle se trouve dans une situation pire qu'elle n'était avant de devenir membre de l'Eglise. Elle a perdu le Saint-Esprit, sa prêtrise, ses dotations, ses scellements, ses privilèges et son droit à la vie éternelle. C'est la chose la plus triste qui puisse arriver à quelqu'un. Il vaudrait mieux qu'il souffrît la pauvreté, la persécution, la maladie et même la mort. Un vrai saint des derniers jours préférerait de loin voir un être cher dans la tombe qu'excommunié de l'Eglise. Si celui qui est retranché n'a pas ce sentiment de désolation, de stérilité, de perte extrême, c'est la preuve qu'il n'a pas compris le sens de l'excommunication.

 

Quelqu'un qui est excommunié n'a aucun droit dans l'Eglise. Il ne peut pas assister aux réunions de la prêtrise (puisqu'il n'a pas de prêtrise); il ne peut pas prendre la Sainte-Cène, remplir de fonctions dans l'Eglise, faire de prière en public ni prendre la parole dans les réunions; il ne peut pas payer la dîme sauf à certaines conditions déterminées par l'évêque. Il est ‘retranché’, ‘chassé’ et livré à son Seigneur pour le jugement final. «C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant» (Hébreux 10:31) surtout quand on est déjà marqué comme apostat ou transgresseur.

 

«Si vous êtes retranchés pour cause de transgression, vous ne pourrez échapper aux tourments de Satan, jusqu'au jour de la rédemption. Et maintenant, je vous donne, dès à présent, des pouvoirs afin que si quiconque parmi vous qui êtes de l'ordre, s'avère être transgresseur et ne se repent pas du mal, vous le livriez aux tourments de Satan; et il n'aura pas le pouvoir de vous attirer du mal» (D&A 104:9,10).

 

Il est possible que l'excommunié retrouve les bénédictions de l'Eglise et redevienne membre à part entière, mais ceci ne peut se faire que par le baptême après un repentir satisfaisant. Le chemin est dur et rude et, sans l'aide du Saint-Esprit pour chuchoter, plaider, avertir et encourager, l'ascension est infiniment plus difficile que s'il devait se repentir avant d'avoir perdu le Saint-Esprit, son état de membre et la communion avec les Saints. Le temps est ordinairement long, très long, comme l'attesteront ceux qui ont remonté la pente. Tous ceux qui ont été finalement rétabli donneront le même conseil: repentez-vous d'abord, n'attendez pas d'être excommunier, s'il vous est possible de vous sauver de cette terrible calamité.

 

De nombreuses Ecritures montrent le pouvoir qu'ont les autorités habilitées de l'Eglise, de juger ceux de ses membres qui sont dans le péché. Le prophète AIma jugeait ceux qui avaient été dans l'iniquité et qui confessaient et se repentaient, et levait les châtiments ordinaires:

 

«Et ceux qui se repentirent de leurs péchés et les confessèrent, il les compta parmi le peuple de l'Eglise. Et ceux qui ne voulurent pas confesser leurs péchés, ni se repentir de leur iniquité, ceux-là ne furent pas comptés parmi le peuple de l'Eglise, et leurs noms furent rayés. Et AIma mit en ordre toutes les affaires de l'Eglise» (Mosiah 26:35-37).

 

Le Sauveur avait dit précédemment à Alma:

 

«C'est pourquoi je te dis: Va; et celui qui transgresse contre moi, tu le jugeras selon les péchés qu'il a commis; et s'il confesse ses péchés devant toi et moi, et se repent dans la sincérité de son cœur, tu lui pardonneras, et je lui pardonnerai aussi» (Mosiah 26:29).

 

Quand le Seigneur dit aux habitants de Palestine: «Ne jugez point afin que vous ne soyez point jugés», il donnait évidemment des instructions générales à la masse de l'humanité via l'assemblée réunie devant lui. Dans l'Ecriture précitée, il parle aux dirigeants ecclésiastiques qui ont la responsabilité de juger le peuple et de régler les affaires de l'Eglise. En tant qu'individu, l'évêque ou tout autre dirigeant de l'Eglise ne jugera pas ses semblables, mais dans sa situation officielle d'évêque et de juge, il doit être le juge de leurs actes.

 

La promesse du Seigneur à Alma est rassurante:

 

«Oui, et toutes les fois que mon peuple se repentira, je lui pardonnerai ses offenses envers moi » (Mosiah 26:30).

 

Le pouvoir de lier et de délier

 

Il y a des ergoteurs qui prétendent que l'Eglise pourrait exclure quelqu'un mais ne pourrait pas affecter son statut éternel ni lui enlever le Saint-Esprit, ni sa prêtrise, ni ses bénédictions du temple. C'est prendre ses désirs pour la réalité, car le Seigneur s'est engagé à reconnaître les actes de ses serviteurs et son Eglise est son royaume. Quand la personne est excommuniée par l'épiscopat, le grand conseil ou les conseils supérieurs, c'est comme si le Seigneur avait prononcé le châtiment de sa propre voix.

 

Les paroles du Sauveur montrent clairement que ce genre d’autorité, prolongeant ses effets de cette vie jusque dans les phases futures de l'éternité, devait être caractéristique de l'Eglise de Jésus-Christ:

 

«Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux» (Matt. 16:18-19).

 

Le Seigneur parlait à Pierre, qui était le chef des apôtres, et c'est le premier apôtre qui détient toutes les clefs de la prêtrise. Plus tard Jésus dit:

 

«Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel» (Matt. 18:18).

 

Joseph Smith le prophète explique:

 

«Or donc, tout le secret de l'affaire... consiste à obtenir les pouvoirs de la Sainte Prêtrise. Celui à qui les clefs sont données n'a aucune difficulté à obtenir la connaissance de faits qui ont trait au salut des enfants des hommes... Voici donc où résident la gloire, l'honneur, l'immortalité et la vie éternelle... (D&A 128:11,12).

 

Les évêques lèvent les châtiments, mais pas les péchés

 

Bien qu'il y ait beaucoup d'officiers ecclésiastiques dans l'Eglise dont la situation leur donne le droit et exige d'eux d'être des juges, l'autorité de ces postes ne les qualifie pas nécessairement pour pardonner ou remettre les péchés. Ceux qui peuvent faire cela sont extrêmement rares dans ce monde.

 

L'évêque et les autres personnes qui détiennent des postes semblables peuvent pardonner dans le sens qu'ils peuvent lever les châtiments. Dans notre manière floue de nous exprimer, nous appelons parfois ceci pardon, mais ce n'est pas du pardon dans le sens d'’effacer’ ou d'absoudre. Cette levée du châtiment signifie cependant que l'individu n'aura pas besoin d'être de nouveau jugé pour la même erreur, et qu'il peut redevenir actif et fréquenter le peuple de l'Eglise. En recevant la confession et en levant le châtiment, l'évêque représente le Seigneur. Il aide à porter les fardeaux, soulage la tension du transgresseur et lui assure la continuation de l'activité dans l'Eglise. C'est toutefois le Seigneur qui pardonne le péché. Cette idée, et la position de l'évêque et des officiers comparables en la matière, a été soulignée dans les instructions suivantes données le 5 avril 1946 aux évêques de l'Eglise par J. Reuben Clark:

 

«J'ai été très intéressé par ce que l'évêque a dit concernant le pardon. Ceci implique un grand principe, comme il l'a montré, et nous ne devons pas, je pense, en conclure qu'il suffit de demander le pardon pour l'obtenir. Notre attention a été attirée sur le fait que dans une de nos missions étrangères, des garçons sont allés trouver l'officier président, ont reconnu leur péché; ils ont confessé, ils regrettaient, je suppose qu'ils ont pleuré, et il leur a pardonné. Puis ils sont rentrés dans les rangs, sont revenus un mois ou six semaines plus tard, ont de nouveau confessé, et sont repartis pardonnés. Je ne comprends pas ainsi la loi de l'Eglise. Le péché est une chose terrible. Le Seigneur pardonne certes, et l'Eglise exige de nous que nous pardonnions, parce qu'il a dit: «Je pardonne à qui je veux pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à tous les hommes.» Nous leur pardonnons en tant que membres de l'Eglise et les admettons à nouveau comme membres. Il y a dans l'Eglise... le pouvoir de remettre les péchés, mais je ne crois pas qu'il réside chez les évêques. C'est un pouvoir qui doit être exercé en vertu de l'autorité appropriée de la prêtrise et par ceux qui détiennent les clefs qui appartiennent à cette fonction. Ramenez tous les pécheurs. Pardonnez-leur personnellement. Le Seigneur l'a dit. Faites tout ce que vous pouvez, mais une fois cette rémission officielle accordée, l'affaire repose entre le transgresseur et le Seigneur, qui est miséricordieux, qui connaît toutes les circonstances, qui ne veut qu'aider ses enfants, leur donner de la consolation, les guider et les aider. Mais le Seigneur a dit: «Je ne puis considérer le péché avec le moindre degré d'indulgence.» Nous nous en remettons donc à lui, et nos prières accompagnent celles du transgresseur pour que Dieu lui pardonne, mais le chemin du pécheur n'a jamais été facile et je crois qu'il ne le sera jamais. Nous devons subir le châtiment, mais la miséricorde de Dieu tempère sa justice. Son amour est sans limite, son désir de nous sauver est infini, nous avons tous fait quelque chose que nous aurions mieux fait de ne pas faire. Nous avons tous besoin de la miséricorde de Dieu et de son amour, et nous devons regarder tous les autres, nos frères et sœurs, avec le sentiment que nous, comme eux, avons des choses à nous faire pardonner, mais nous devons nous souvenir que nous devons payer tout le prix que le Seigneur exige.»

 

Disons, pour souligner, que même la Première Présidence et les apôtres n'ont pas pour pratique d'absoudre les péchés. Ils lèvent les châtiments dans le cours de leur ministère. Ainsi le pardon ou la levée du châtiment n'est pas quelque chose à prendre à la légère ou d'une manière irréfléchie et ne doit pas être accordé simplement parce que l'on a fait un effort de principe ou un essai, mais uniquement pour un repentir authentique et fait de tout cœur. On ne peut guère attendre de récompense pour un minuscule effort pour se repentir, car le Seigneur a dit que ce doit être un repentir total, «de tout son cœur», et l'erreur doit être pleinement et entièrement abandonnée, mentalement aussi bien que physiquement. Celui qui entretient des pensées malsaines le jour ou la nuit, ou l'adultère qui a encore des désirs envers l'objet de son péché, ou trouve encore du plaisir dans le souvenir de son péché, ne l'a pas abandonné «de tout son cœur» comme l'exige l'Écriture sainte. Mais si le repentir est total, le «Tu pardonneras» scriptural non seulement est requis des individus, mais semble ouvrir des portes même pour les dirigeants.

 

Fausses prétentions à propos de la rémission des péchés

 

Tout ce que l'on a dit à propos de la levée du châtiment et de l'absolution des péchés, montre qu'il est insensé de croire que l'argent, la souffrance, la pénitence, le jeûne ou la confession apporteront en soi le pardon. La prescience prophétique de Moroni annonçait le temps où pareille idée serait avancée. Il dit que les promesses éternelles du Seigneur doivent continuer jusqu'à ce qu'elles soient toutes accomplies. Et ceci viendrait en un jour où on dirait que les miracles ont cessé, où le pouvoir de Dieu serait renié, où il y aurait beaucoup de commérages dans les églises, où il y aurait des guerres et des bruits de guerres, des tremblements de terre, et beaucoup de pollution sur la terre, avec des meurtres, des vols et beaucoup de péchés.

 

«Oui, cela arrivera en un jour où seront établies des Eglises qui diront: Venez à moi, et pour votre argent vous obtiendrez le pardon de vos péchés» (Mormon 8:32).

 

Etant donné que le pouvoir de remettre les péchés est si soigneusement et strictement limité au sein de la vraie Eglise de Jésus-Christ, où tant d'hommes détiennent la vraie prêtrise de Dieu, c'est une présomption monumentale de la part d'hommes non autorisés que de prétendre absoudre les gens de leurs péchés.

 

«... quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé...» (Luc 14:11).

 

Nous pouvons être assurés qu'une grande condamnation tombera sur ceux qui assument pareille autorité. La parole du Seigneur constitue un avertissement solennel contre les imposteurs:

 

«C'est pourquoi que tous les hommes prennent garde à la façon dont ils mettent mon nom sur leurs lèvres. Car voici, en vérité, je le dis, il y en a beaucoup qui sont sous cette condamnation, qui se servent du nom du Seigneur et l'utilisent en vain, n’ayant pas d'autorité» (D&A 63:61,62).

 

La confession est confidentielle et volontaire

 

Il est attendu de I'Evêque qu'il garde confidentielles les confessions du transgresseur à moins qu'il ne considère les péchés comme suffisamment graves et le repentir suffisamment faible, pour porter l'affaire devant le tribunal de l'évêque ou le tribunal du grand conseil. Le fait que la confidence soit entièrement respectée permet à la personne repentante de conserver la confiance et d'acquérir le soutien amical de tous ceux qu'elle fréquente. Si l'évêque estime qu'il doit pardonner la transgression, c'est-à-dire, lever les châtiments, il peut tenir à rester très proche du pécheur pendant une assez grande période de temps pour l'aider et l'encourager tandis que celui-ci surmonte ses erreurs et transforme sa vie. Et à la discrétion de l'évêque, ceux qui ont réglé leurs transgressions et partagé leurs fardeaux avec leur évêque ou l'autorité habilitée, peuvent alors de nouveau être actifs dans l'Eglise avec liberté et assurance.

 

Si la plupart des missionnaires entrent purs et dignes dans le champ de la mission, il y en a un de temps en temps qui part en mission avec une culpabilité qu'il n'a pas liquidée et doit mener une lutte continuelle pour conserver l'esprit de la mission. Certains échouent même dans la lutte, car le conflit intérieur les détruit presque. Mais le missionnaire coupable de transgression qui s'est vraiment repenti, a pleinement confessé son péché et s'est, dans la mesure du possible, totalement débarrassé de son fardeau, va dans le champ de la mission le cœur léger, plein de liberté et d'assurance. Il a agi volontairement pour se libérer. Sa confession et le pardon qui en résulte lui apportent la sécurité et de grandes récompenses.

 

La question de sa transgression est gardée d'une manière strictement confidentielle entre lui, son évêque et son président de pieu. C'est leur prérogative en tant qu'évêque et président de pieu de décider dans leur cœur, avec l'aide de leur Père céleste, si le jeune homme en question est digne de partir; s'ils estiment qu'il est suffisamment repentant, après avoir examiné tous les faits et constaté qu'il est digne pour le service missionnaire, ils peuvent lui accorder leur recommandation. Une Autorité Générale est ordinairement appelée à juger aussi des cas portant sur la loi de chasteté plus difficiles.

 

Un traitement varié pour des péchés semblables

 

On demande souvent pourquoi le traitement des transgresseurs est varié, pourquoi un certain péché n'entraîne pas toujours le même châtiment. Il suffit de se rendre compte ici que les erreurs sont d'ampleurs différentes, les raisons et les motivations sont différentes. Le degré et l'intensité du repentir différent aussi.

 

Un membre d'une ville de l'Est m'a écrit en me demandant pourquoi un homme n'avait pas été excommunié. Il dit que le cas était flagrant et notoire. Il voulait aussi savoir pourquoi l'évêque n'était pas châtié pour avoir pardonné à l'offenseur et lui avoir permis de continuer à rester actif dans l'Eglise. La réponse que j'ai faite pourrait éclaircir la question pour d'autres, c'est pourquoi je la cite en partie ici:

 

« Cher frère,

 

«Le péché d'adultère est un péché abominable et mérite une discipline stricte. Nos évêques et nos présidents de pieu ont pour commandement de ne pas faire traîner ces affaires et de les régler avec miséricorde, avec compréhension et avec amour.

 

«Chaque cas relève de la responsabilité de chaque dirigeant ecclésiastique. Parfois, le président de pieu peut, lui aussi, prendre l'affaire directement en main.

 

«Les règles concernant le traitement de ces affaires sont assez souples. Sachant que le repentir est capital pour notre salut à tous, puisque tous les hommes pèchent à un degré plus ou moins grand et puisque l'intensité du repentir, qui est une chose intangible, ne peut être pleinement déterminée que par l'inspiration et le discernement, il est généralement laissé à la discrétion du dirigeant ecclésiastique de décider de la manière de traiter du cas, étant donné que tous les cas sont différents. Certains sont pervers, intentionnels, prémédités, répétés et il n'y a pas eu de repentir; d'autres semblent avoir des circonstances atténuantes ou peuvent avoir été accomplis dans un moment de passion ou sous la pression de situations très particulières et sont suivis d'un repentir sincère. En conséquence, le traitement de ces cas est laissé en grande partie à l'évêque de la paroisse, au président de pieu ou au président de mission.

 

«Selon mon expérience, j'ai constaté que le repentir est, lui aussi, un impondérable. On doit juger par le sentiment plutôt que par ce que l'on dit ou fait, et, selon mon expérience, bien des fois deux personnes ont commis le même péché et l'une peut être pardonnable et avoir la bénédiction de l'Eglise au bout de quelques mois, là où l'autre ne serait pas prête avant des années. En fait, j'ai vu ceci: l'un dur, froid, vindicatif et impénitent et l'autre prostré dans ‘le sac et les cendres’, ‘le cœur brisé et l'esprit contrit’ et disposé à tout faire pour réparer. Il doit être évident qu'on ne peut pas prendre pour facteur déterminant une période quelconque d'un an, de dix ans, d'un mois ou de toute une vie. Même le Seigneur ne pardonnera pas quelqu'un dans ses péchés. Si l'évêque ou le président de pieu est insouciant et accorde le pardon quand il n'est pas justifié, la responsabilité lui revient.»

 

Il est évident que le public ne peut pas connaître le degré ni l'intensité du repentir. Une personne qui a commis un péché grave peut avoir versé des flots de larmes et prié pendant de nombreuses heures et jeûné pendant bien des jours, peut avoir manifesté le repentir le plus total et le plus efficace, sans que pourtant le public ait le moyen de le savoir. Il serait tout à fait inconvenant de la part de l'évêque ou du président de pieu qui a accompli les entretiens d'annoncer ceci en public. En conséquence, les gens doivent laisser cette affaire à l'évêque ou au président de pieu et, comme je l'ai déjà dit, ils peuvent le faire en toute confiance. Il convient, quand nous estimons que quelque chose ne va pas et a pu être oublié par l'autorité présidente, que nous attirions son attention là-dessus, et quand nous l'avons fait, la responsabilité est transférée au dirigeant ecclésiastique.

 

A la base: le repentir

 

Les dirigeants de l'Eglise appelés à juger les membres en transgression portent un lourd fardeau de responsabilité. Avec leur aide, et par un repentir sincère, le pécheur peut faire les ajustements qui lui permettront de retrouver toute sa qualité de membre de l'Eglise. Le même genre de repentir lui assurera le miracle du pardon de Dieu, dont nous discutons dans les chapitres qui restent.

 

 


[1] Tiré d'un discours à la radio prononcé le 7 décembre 1947.

 

 

 

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